le millet setaria italica, une plante à découvrir (étude bibliographique)

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Yamama Naciri J. Belliard Le millet Setaria italica, une plante à découvrir (étude bibliographique) In: Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée. 34e année,1987. pp. 65-87. Citer ce document / Cite this document : Naciri Yamama, Belliard J. Le millet Setaria italica, une plante à découvrir (étude bibliographique). In: Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée. 34e année,1987. pp. 65-87. doi : 10.3406/jatba.1987.3964 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jatba_0183-5173_1987_num_34_1_3964

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Yamama NaciriJ. Belliard

Le millet Setaria italica, une plante à découvrir (étudebibliographique)In: Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée. 34e année,1987. pp. 65-87.

Citer ce document / Cite this document :

Naciri Yamama, Belliard J. Le millet Setaria italica, une plante à découvrir (étude bibliographique). In: Journal d'agriculturetraditionnelle et de botanique appliquée. 34e année,1987. pp. 65-87.

doi : 10.3406/jatba.1987.3964

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jatba_0183-5173_1987_num_34_1_3964

AbstractFoxtail millet Setaria italica is an autogamous plant of Panicoïdés tribe, which seems to be one of thefirst cultivated cereal in Europe and Asia. Although China seems to be the oldest birthplace of foxtailmillet, recent studies would point out that this part of the world is not its only center of origin (withHarlan's meaning). Indeed, foxtail millet would not only have been domesticated in Europe and China,but also in India, Japan and South of Russia, at different times and independantly. Migrations andintrogressions would have occured afterwards ; and so have been created the current geographicalgroups. The extension of foxtail millet is due to its agronomical (autogamy, hardiness...) and nutritionaladvantages (high protein and fatty acid contents...). Actually, foxtail millet is, among other uses, a cerealof high nutritive value. Foxtail millet is still widely cultivated in Asia for human food, but it has nearlydisappeared in Europe except for bird food because of maize introduction and because of a lack ingenetic improvment. Nevertheless, in the current context of overproduction and diversification, a wideand unused variability and a high nutritive value make of foxtail millet an interesting culture for the futur.

RésuméLe millet Setaria italica, plante autogame de la tribu des Panicoïdés, semble avoir été une despremières céréales cultivées dans le périmètre euro-asiatique. Bien que la Chine semble être leberceau le plus ancien du millet, les études récentes tendent à démontrer que cette région du mondene serait pas le seul centre d'origine (au sens de Harlan) de la céréale. En effet, elle aurait étédomestiquée de façon indépendante à des périodes différentes en Europe et en Chine mais aussi enInde, au Japon ou dans le Sud de la Russie, migrations et introgressions s'étant produites par la suite,permettant ainsi la formation des groupes géographiques actuels. L'extension passée et actuelle dumillet s'explique par des avantages agronomiques (pouvoir de multiplication, autogamie, rusticité...) etnutritionnels (forte teneur en protéines, en acides gras, etc..) : entre autres utilisations, le millet est unecéréale alimentaire de bonne valeur. Si le millet est toujours cultivé de façon importante en Asie pourl'alimentation humaine, sa culture a presque disparu en Europe, concurrencée par l'extension du maïset par une absence de travaux d'amélioration génétique. Cependant l'existence d'une variabilité nonexploitée et le contexte actuel de diversification des productions associés aux qualités de la céréale enfont une culture intéressante pour l'avenir.

Journ. d'Agric. Trad, et de Bota. Appl. Vol., XXXIV, 1987

LE MILLET SETARIA ITALICA UNE PLANTE À REDECOUVRIR

(Etude bibliographique)

Yamama NACIRI (*), Jacques BELLIARD (*)

Résumé. — Le millet Setaria italica, plante autogame de la tribu des Panicoïdés, semble avoir été une des premières céréales cultivées dans le périmètre euro-asiatique. Bien que la Chine semble être le berceau le plus ancien du millet, les études récentes tendent à démontrer que cette région du monde ne serait pas le seul centre d'origine (au sens de Harlan) de la céréale. En effet, elle aurait été domestiquée de façon indépendante à des périodes différentes en Europe et en Chine mais aussi en Inde, au Japon ou dans le Sud de la Russie, migrations et introgressions s'étant produites par la suite, permettant ainsi la formation des groupes géographiques actuels. L'extension passée et actuelle du millet s'explique par des avantages agronomiques (pouvoir de multiplication, autogamie, rusticité...) et nutritionnels (forte teneur en protéines, en acides gras, etc..) : entre autres utilisations, le millet est une céréale alimentaire de bonne valeur.

Si le millet est toujours cultivé de façon importante en Asie pour l'alimentation humaine, sa culture a presque disparu en Europe, concurrencée par l'extension du maïs et par une absence de travaux d'amélioration génétique. Cependant l'existence d'une variabilité non exploitée et le contexte actuel de diversification des productions associés aux qualités de la céréale en font une culture intéressante pour l'avenir.

Abstract. — Foxtail millet Setaria italica is an autogamous plant of Panicoïdés tribe, which seems to be one of the first cultivated cereal in Europe and Asia. Although China seems to be the oldest birthplace of foxtail millet, recent studies would point out that this part of the world is not its only center of origin (with Harlan's meaning). Indeed, foxtail millet would not only have been domesticated in Europe and China, but also in India, Japan and South of Russia, at different times and independantly. Migrations and introgressions would have occured afterwards; and so have been created the current geographical groups.

The extension of foxtail millet is due to its agronomical (autogamy, hardiness...) and nutritional advantages (high protein and fatty acid contents...). Actually, foxtail millet is, among other uses, a cereal of high nutritive value.

Foxtail millet is still widely cultivated in Asia for human food, but it has nearly disappeared in Europe except for bird food because of maize introduction and because of a lack in genetic improvment. Nevertheless, in the current context of overproduction and diversification, a wide and unused variability and a high nutritive value make of foxtail millet an interesting culture for the futur.

* IUT Louis Pasteur, ULP Université Strasbourg I, Département de biologie appliquée, 3 rue de l'Argonne 67000 Strasbourg.

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INTRODUCTION

Le millet Setaria italica (L. Beauv.) est une céréale autogame de la tribu des Panicoïdées actuellement très cultivée en Chine, au Japon, en Corée, en Inde, dans le Sud-ouest de l'URSS et dans le Sud-est asiatique. Il est utilisé en général pour l'alimentation humaine. En France, il n'est plus cultivé actuellement que pour le marché des oiseleurs, ce qui lui vaut le nom de « millet des oiseaux » (cf. Figure 1).

Travaillant sur le millet dans le but de réintroduire et réhabiliter sa culture en France, nous avons été amenés à nous pencher sur l'histoire de cette céréale, souvent présentée comme la plus anciennement cultivée, et à rechercher les raisons qui ont entraîné sa désaffection dans ce pays après une longue présence dans les systèmes agricoles.

REMERCIEMENTS

Cette recherche bibliographique a été effectuée en partie sur des documents de la bibliothèque de l'Institut de Botanique de Strasbourg et je tiens à remercier tout particulièrement Mme KELLER, Bibliothécaire de cet Institut, pour son aide précieuse dans la «prospection » des ouvrages, ainsi que Florence SALMON, étudiante à l'ULP, pour ses talents de traductrice.

I. - HISTORIQUE DE LA PRÉSENCE DU MILLET À TRAVERS LE MONDE

1) Une première mise au point

Dans de nombreux textes, il est fait allusion à une référence de Pickering selon laquelle le millet Setaria italica aurait été cultivé par les anciens Egyptiens. Il semblerait en fait que les bas-reliefs d'El Kab étayant cette thèse représentent plutôt le millet Panicum miliaceum (de Candolle 1883, Woenig 1886) et que ce soient aussi les restes de cette plante que l'on a retrouvés dans le tombeau de Ramsès, contrairement à ce que rapportent Unger (1857), et Unger et Prantl (1889) qui affirment que la culture de Setaria italica date de l'âge de pierre dans ce pays.

Il faut aussi observer la plus grande prudence quant aux interprétations de Theophraste et Pline (1809) citant la présence de milium (et de panicum) en Europe méditerranéenne, la Campanie en particulier, et dans le Nord et l'Est de l'Afrique (Ethiopie). De même, les références nombreuses, vraisemblablement inspirées des premières, présentant le millet Setaria italica comme une plante largement cultivée par les anciens Grecs et Romains (Hegi 1906, Unger 1857), sont largement sujettes à

PACIFIQ

UE

Fig. 1. —

Répartition mondiale de Setaria italica

Légende : ▲ Régions ou Setaria italica est présent sous forme cultivée ou subspontanée

▲ ? Zones dans lesquelles nous n'avons pas la certitude qu'il s'agisse bien du millet Setaria

D'après Ph. Brabant et al., 1981

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caution ainsi que le soulignent quelques auteurs en suggérant qu'il s'agirait, là aussi, de Panicum miliaceum (de Candolle 1883, Hoops 1905, Link 1817, Link 1826, Buchan 1895).

Cette réfutation se fonde sur plusieurs observations : — absence totale de cultures de S et aria italica dans l'Egypte actuelle — nom vernaculaire du millet dokn ou dokan qui, tant en arabe qu'en hébreu, se

rattache plutôt au Panicum miliaceum, céréale encore cultivée en Egypte et dans la péninsule arabique, région probable de sa domestication (Buchan 1895),

— absence de preuves manifestes que Setaria italia ait été cultivé dans la vallée du Nil (Woenig 1889).

Cette première mise au point permet de délimiter les régions probables de la domestication du millet Setaria et de souligner dès à présent (Hoops 1905), qu'il est avant tout une céréale euro-asiatique.

2) La Chine : berceau le plus ancien du millet

C'est incontestablement en Chine que les traces du millet S. italica sont les plus anciennes.

En effet, d'après de Wet (1979), cette plante aurait été cultivée et non simplement cueillie par les proto-Chinois dans le sud du Shaanxi un peu après 5000 av. J-C. Le botaniste suisse de Candolle avance par ailleurs que Setaria viridis, forme spontanée du millet cultivé, existait en Chine il y a des milliers d'années avant toute forme d'agriculture.

Nous sommes ainsi en possession de nombreuses références attestant l'ancienneté de l'existence du millet et de sa culture en Chine : — dans le site de Banpo, dans la Province du Shaanxi, sur les hauts plateaux de loess

cultivés durant la période de la culture de Yang-Shao (civilisation chinoise la plus anciennement connue et assez limitée géographiquement, cf. Figure 2), où le millet constituait la nourriture de base des premières communautés des fermiers (site daté de 4115 + 110 à 3635 + 105 av. J.C.). (Bray 1978, de Wet 1979, Harlan 1987, Ho Ping Ti 1969),

— entre 2550 et 2140 av. J.C. où le millet Setaria est cité comme étant l'une des cinq plantes sacrées (avec le riz Oriza sativa, le blé Triticum aestivum, l'orge Hordeum vulgare L., et le millet Panicum miliaceum (Chang 1983) devant être semée symboliquement chaque année au printemps par l'Empereur lui-même pour assurer une récolte abondante (de Candolle 1883, Kornicke 1885, Engler 1889, Hoops 1905, Simmonds 1976),

— aux IIe et IIP siècles av. J.C. (—2140, —1711) où il est mentionné (Chang, 1983) que l'ancêtre légendaire de la tribu des Zhou était « Hou Ji » dont le nom signifie « dieu des millets »,

— au VIe siècle de notre ère, date à laquelle les Chinois ont dressé un répertoire des variétés existantes recensant entre autres (Bray 1981) : « 14 variétés fleurissant tôt et résistant à la sécheresse », « 24 variétés résistant au vent et non attaquées par les oiseaux », « 10 variétés résistant à l'inondation »,

LOESS 260 m

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LOESS R

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Fig. 2.

Centre de

la Chine

du Nord :

Répartition des zones

de Loess

et découvertes

archéologiques concernant les millets et le riz

D'après Ho, 1969 In « Les plantes Cultivées et l'H

omm

e » Harlan

. 1987

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— le « Livre des merveilles» de Marco Polo, daté du XIIIe siècle, qui fait état à plusieurs reprises de la présence du millet et de sa culture en Chine où le Grand Khan, prince mongol alors Empereur à Pékin, l'utilisait comme nourriture pour les oiseaux ou le stockait comme réserve alimentaire pour prévenir les disettes,

— au XIX' siècle, date d'établissement d'un calendrier impressionnant de toute une gamme de variétés (Bray 1981).

De nos jours, le millet est encore largement cultivé en Chine, dans de nombreuses provinces au nord du 30e parallèle (cf. Figure 3). Si la plante a sensiblement reculé devant le maïs et le sorgho, son importance est toujours primordiale dans ces régions où elle est la base du régime alimentaire et où il existe une gamme fort impressionnante de variétés différentes permettant d'adapter la culture à de très nombreux milieux et à de multiples utilisations.

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Fig. 3. — Localisation des principales régions de culture du millet prospectées par Pernes et ai, en 1979.

3) L'Inde

D'après de Candolle (1883), Setaria viridis, forme spontanée du millet cultivé, existait aussi avant toute culture il y a des milliers d'années dans l'archipel indien. La culture de cette plante serait donc très ancienne ainsi que l'atteste l'existence de noms sanscrits dont les plus communs sont kungoo et priyungoo, prijangus et kangus

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selon Hoops (1905) ou encore priyamgu et kangu selon Joret (1904). Ce dernier auteur affîrme par ailleurs que la culture de Setaria italica est aussi sinon plus ancienne, que celle du froment anù. De même, Link (1826) mentionne que Setaria, comme Panicum, est considéré comme une céréale indienne.

Actuellement, le millet Setaria est toujours cultivé en Inde où il fait l'objet de nombreuses recherches tant dans le domaine agronomique que dans celui de l'amélioration des plantes et des ressources génétiques, l'accent étant mis principalement sur son utilisation dans les zones sèches où se pratique la culture pluviale. Notons que le centre ICRISAT d'Hyderabad (Inde) assure actuellement la gestion à moyen et long terme d'une collection d'environ 1200 génotypes de millet Setaria à côté de collections de mil (Pennisetum typhoïdes), éleusine (Eleusine coracana) et autres millets.

4) L'Eurasie et la Russie, l'Orient

Dans l'Antiquité, Setaria italica était aussi une céréale très répandue en Asie Mineure (Kornicke 1885 d'après Hérodote, Xénophon et Strabon) de même qu'en Assyrie (Joret 1897 d'après Hérodote). Ce même auteur (Joret 1904) rapporte que pendant toute l'Antiquité et le Moyen Age, le millet Setaria était cultivé par les habitants de la vallée du Touran et de l'Iran, dans le Bélouchistan et la vallée de l'Ilmend sans qu'il lui soit pourtant possible de dire à quand remonte cette culture.

D'après des inscriptions relevées sur le palais de Cyrus (1) la céréale était consommée sous forme de bouillies.

La présence du millet Setaria et son utilisation dans l'alimentation humaine ont aussi été relevées en Asie Centrale et au sud de l'actuelle URSS de même qu'en Mongolie (Regel 1884 et Hoops 1905) où les nomades mongols la cultivaient comme seule céréale, et ce depuis très longtemps. Dans les régions de Transcaucasie (Turkestan, mers Noire et Caspienne), la coutume était d'enterrer les morts avec du pain, de l'eau de vie et un pot rempli de millet (Hoops 1905).

5) L'Europe

La présence du millet a été signalée en Europe dès le Néolithique et cela dans de nombreux pays (Tableau A).

On retrouve des traces de cette céréale au Moyen- Age (XIIe et XIIIe siècles d'après Fisher (1929) dans la région de Bamberg). Charlemagne recommandait sa culture (Hegi 1906).

Les références sont plus nombreuses pour le XIXe siècle tant en France qu'en Allemagne. Ainsi Nowacki (1886) le cite, ajoutant que le millet, alors réduit au rôle de nourriture pour oiseaux ou de fourrage, avait connu des jours meilleurs. De même Doll (1857) souligne qu'il était peu répandu en Allemagne au XIXe. Krause (1918) précise que le millet était cultivé dans toute l'Alsace et les Vosges jusqu'à 500 m puis vendu au marché de Strasbourg. Dès 1830 il perd son rôle de céréale alimentaire et en 1893, on ne recense plus que 16,5 ha de millet dans la région. Heuze (1893) donne

(1) Nous n'avons pas pu savoir s'il s'agissait de Cyrus I (640 à 600 av. J.C.), Cyrus II son petit-fils (550 à 530 av. J.C.), dit « le Grand » ou de Cyrus « le Jeune » (424 à 401 av. J.C.).

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Tableau A. — Recensement de quelques sites de fouilles archéologiques en Europe, où des restes de Setaria italica ont été retrouvés.

Néolithique Italie : Cités lacustres de Casale et d'Isola Virginia (Varèse). Suisse : Cités lacustres de Robenhausen, Wangen et Niederwil. Roumanie : Site de Coucoubéni (prés de Jassy). Hongrie : Grottes de Aggtelek.

Site de Longquel.

Age de bronze France : Cité lacustre du Bourget. Italie : Cité lacustre prés de Parme. Danemark : Site de Lâaland (Hallein). Suisse : Cité lacustre de Peterdimdel et de Montelier (dans le Canton de Fribourg). Autriche : Grotte de Byciskàla

Cité lacustre d'Olmûtz.

Age de fer Allemagne : Dans des restes de huttes à Burgwall Niemitzch.

Dans des tombeaux à Pribernow (Pomméranie), Frieiwalde et entre Sehlieben et Wittenberg.

Suisse : Site helvéto-romain à Bucks près de Zùrick. Autriche : Chez les Heidengebirge (Hallein), Rabensburg en Basse Autriche et Klagenfurt.

Huttes à Jàgendorf.

Et sites préhistoriques En Bohème, où il existe des preuves de la culture de Setaria italica, En Autriche, à Hallstatter et Lobositz, Dans les régions de Baden, Nidau, Salsberg et Auvernier

D'après Buschan (1895), Engler (1889), Hoops (1905), Harlan (1987), Li (1970).

des chiffres plus optimistes : 40.000 ha de millet (toutes espèces confondues), les départements principalement concernés étant ceux des Landes, de la Gironde, du Lot et Garonne, du Vaucluse, de la Vendée et du Morbihan.

Des recensements publiés dans l'Omnium Agricole (1911) indiquent une surface de 36.000 ha en 1882 et 23.000 en 1906.

Actuellement, le millet n'est plus cultivé que sur 700 ha environ en Maine et Loire pour le marché des oiseleurs !

II. — LA DOMESTICATION DU MILLET : OU ET QUAND ?

Plusieurs hypothèses ont été émises quant à l'origine du millet cultivé Setaria italica et à la localisation du ou des centres de sa première domestication.

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1) Les partisans d'un centre unique

Faisant référence à Pickering, Darwin (1868) proposait l'Egypte comme pays d'origine du millet, ce dernier étant « remonté » par la suite vers le Nord et les cités lacustres de Suisse. Les professeurs du Jardin du Roi (1885), Unger (1857) et Link (1826) s'accordaient pour dire que Setaria italica aurait, de façon presque certaine, été domestiqué en Inde. Kornicke (1885) proposait le Nord de l'Inde (Népal ou Mongolie) alors que Simmonds (1976) penche pour la Chine comme centre d'origine probable.

2) Une argumentation plus poussée

Sans être totalement fausses, sauf en ce qui concerne l'Egypte nous l'avons vu, ces hypothèses sont largement incomplètes.

De Candolle (1883), repris par Hoops (1905) apporte une vison plus nuancée à la lumière de connaissances nouvelles. S'appuyant sur des découvertes archéologiques, des documents historiques, linguistiques et botaniques, il avance que l'espèce Setaria viridis aurait existé avant toute culture il y a des milliers d'années en Chine, au Japon et dans l'Archipel Indien. Sa domestication puis sa culture ont dû se répandre très anciennement vers l'Ouest, probablement par la Russie et l'Autriche, arrivant ainsi chez les lacustres de l'âge de pierre en Europe. Ainsi s'expliquerait l'absence de cette culture dans tout le bassin méditerranéen.

3) Vavilov et Harlan

Dans le cadre de sa théorie sur l'origine des plantes cultivées, Vavilov, situe l'origine du millet Setaria en Chine tempérée (Vavilov 1949/1950). Au même titre que les huit autres centres d'origine (cf. Figure 4), cette région de Chine a été délimitée par Vavilov au vu de nombreux critères parmi lesquels : — une classification linnéenne basée sur la systématique, la morphologie, la

génétique, la cytologie et l'étude des résistances aux maladies, — la localisation des espèces dans le passé, — l'étude des variétés botaniques et des races de chaque espèce, — la localisation des régions où les variétés principales sont concentrées, — l'étude des espèces proches des variétés cultivées, — la localisation des régions où les plantes présentent des caractères génétiquement

dominants, les formes récessives résultant de la consanguinité ou des mutations, se trouvant généralement à la périphérie des aires centrales de distribution des plantes cultivées,

— enfin, des arguments historiques et linguistiques. C'est au crible de tous ces critères que Vavilov a localisé le centre chinois dont

les plantes endémiques les plus importantes sont trois sortes de millets : Setaria italica, Panicum miliaceum, Echinochloa frumentacea, de même que le sarrasin (Fagopyrum esculentum) le soja {Glycine max), etc.

A cette vision de type diffusionniste, avec un centre d'origine très limité géographiquement, et à l'extérieur duquel il y a eu diffusion de l'agriculture, Harlan

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Fig. 4. — Les huit centres d'origine des plantes cultivées D'après Vavilov (1949/1950)

Les huit foyers mondiaux (centres d'origine) des plantes cultivées, d'après N.I. Vavilov. 1. Foyer chinois; 2. Foyer indien; 2a. Foyer indomalais; 3. Foyer d'Asie moyenne; 4. Foyer d'Asie mineure; 5. Foyer méditerranéen; 6. Foyer abyssin; 7. Foyer centre américain; 8. Foyer sud-américain; 8a. Foyer chilien (Ile Chiloé); 8b. Foyer brasilo-paraguayen.

(1987) apporte son interprétation personnelle selon laquelle l'agriculture a été acquise indépendamment, dans plusieurs régions du globe, de façon plus ou moins diffuse dans le temps et dans l'espace (cf. notion de non-centre, Figure 5).

C'est pourquoi Harlan n'exclut pas la possibilité de domestications géographi- quement séparées et indépendantes pour le millet Setaria, ceci après avoir mis en évidence l'impossibilité d'une domestication en Chine suivie d'une diffusion en Europe antérieure à 4.000 ans av. J.C., les échanges étant extrêmement réduits et aucune autre plante ne présentant pareille dispersion à cette époque. De même, le processus inverse semble peu probable, les échanges d'Europe vers la Chine, avant la civilisation Yang Shao, étant inexistants. Ces présomptions sont d'autant plus fortes que l'agriculture chinoise est restée très longtemps repliée sur elle-même, les premiers contacts réguliers avec la Perse ne datant que de 323 av. J.C.

4) L'apport des études biochimiques et génétiques

De Wet (1979) souligne que Setaria viridis, ancêtre présumé du millet Setaria, est une mauvaise herbe très répandue en Eurasie et que c'était une céréale sauvage

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Fig. 5. — Centres et non centres d'origine de l'agriculture D'après Harlan (1975)

Les centres et les non-centres d'origine de l'agriculture, d'après J.R. Harlan {Science, 1971 ; Crops and Man, 1975). A 1. Centre proche-oriental; A 2. Non-Centre africain; B 1. Centre chinois septentrional; B 2. Non-Centre sud-est asiatique et sud pacifique; C A. Centre mésoaméricain; C 2. Non-Centre sud-américain. Dans l'optique de J.R. Harlan les non-centres correspondent à des origines dispersées, non concentrées de primodomestication.

importante dans ces régions avant l'apparition de l'agriculture. Théoriquement le millet a donc pu être domestiqué partout. Allant dans le même sens, des études électrophorétiques (N'guyen Van et Pernes 1985) ont montré que les Setaria viridis spontanés chinois et français se ressemblaient moins entre eux qu'ils ne ressemblent aux formes cultivées de leurs zones de culture respectives.

Cette étude portant sur dix marqueurs enzymatiques et sur des données morphologiques obtenus sur 121 variétés de provenances diverses (Japon, Chine, Botel Tobago, France, jardins botaniques, etc.) a permis de dégager plusieurs tendances: — il y aurait bien eu domestications multiples en plusieurs lieux géographiques

distincts, aboutissant soit à un type morphologique unique, soit à des types différenciés correspondant aux sous-espèces fourragères (s.sp. moharia) ou céréalières (s.sp. maxima ), et ceci pouvant parfois avoir lieu en un même endroit.

— d'après certains caractères (tallage-précocité), il semblerait que les moharia ne correspondent pas à un stade intermédiaire de domestication vers le type maxima (hypothèse formulée par de Wet) mais à un idéotype fourrager particulier ayant fait l'objet d'une sélection dans ce but.

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— des migrations et introgressions ont certainement dû avoir lieu, mais des barrières de recombinaison ont dû intervenir en limitant les flux de gènes et en maintenant l'individualité de chaque sous-espèce et cultivar gèographiquement isolé (Figure 6). Ceci a été confirmé par Croulebois (1987) qui a observé une barrière reproductive partielle entre millets chinois et européens.

rfc

MACRO MOHA FRANCE INDIA KOREAN MONGOLIAN TROPICAL

III VI V VII

MANDCHOURIAN IVe

o'.st o:»o o.t2 o:t4 o.m o.m i:oo Fig. 6a. — Dendrogrammes décrivant les 8 groupes obtenus par la méthode des distances de Nei.

Fig. 6b. — Premier plan (axes 1-2) de l'Analyse Factorielle des Correspondances établi sur la base de locus électrophorétiques étudiés soit 26 zymogrammes différents. Les 4 symboles utilisés O if. * * représentent 4 groupes de zynogrammes obtenus en appliquant l'algorythme de

Diday au résultat de l'AFC. D'après Nguyen Van et Pernes, 1985.

L'aspect complexe de l'histoire du millet cultivé est bien illustré par de Wet (1979) dans une étude des protéines de réserve de millets européens, chinois et afghans. Il apparaît ainsi que : — les variétés cultivées chinoises sont très homogènes entre elles (la Chine a

longtemps vécu repliée sur elle-même),

-77 —

— les variétés spontanées européennes sont proches des variétés cultivées de la même zone géographique. Certaines d'entre elles ressemblent plus aux variétés afghanes, d'autres aux variétés chinoises.

— quelques variétés primitives d'Afghanistan ressemblent beaucoup aux s.sp. maxima chinoises,

— enfin, les variétés afghanes sont très proches des sauvages qui les accompagnent. Tout ceci amène de Wet et son équipe à conclure que les échanges entre Europe

et Asie via la Russie du Sud et la Transcaucasie ont dû avoir lieu depuis au moins 2.000 ans, ce qui a complètement masqué l'histoire originelle des centres de variations européens et asiatiques en ce qui concerne le millet Setaria.

Se référant à l'étude de la stérilité du pollen chez certains hybrides, Kawase et Sakamoto (1987) proposent le schéma inverse : il y aurait eu une première domestication du millet Setaria dans une région allant de l'Inde à l'Afghanistan puis dispersion vers l'Est et l'Ouest avec différenciation graduelle. Cette hypothèse s'appuie sur l'existence, déjà soulignée par de Wet, de variétés afghanes présentant de nombreuses caractéristiques morphologiques primitives. Ceci concorderait avec la présence de nombreux sites néolithiques en Chine et en Europe, mais n'expliquerait pas l'absence de tels sites dans la région concernée.

Cependant, comme le souligne de Wet et al, (1987), cette absence n'est pas suffisante pour étayer l'hypothèse d'une introduction tardive de la plante en Inde. En effet, la distribution de l'espèce et sa variabilité morphologique suggèrent le contraire (Sakamoto 1985).

Conclusion

Au vu de ce qui a été dit précédemment, il semble difficile d'être catégorique. Cependant, une hypothèse semble attirante : celle de considérer que le millet Setaria a été domestiqué tout autant en Europe et en Chine qu'au Japon et en Inde ou bien encore dans le Sud de la Russie. Ceci correspondrait à un immense « non-centre » au sens d'HARLAN et de Wet (1987) s'étirant de l'Europe à l'Asie et dans lequel, pour reprendre une hypothèse déjà citée plus haut, il y aurait eu plus ou moins tôt migration et introgression mais aussi différenciation et barrières reproductives permettant la formation de groupes plus ou moins facilement identifiables à l'heure actuelle, mais cependant bien réels.

III. - POURQUOI UNE TELLE EXTENSION DU MILLET ? LES CARACTÉRISTIQUES DE LA PLANTE ET SON UTILISATION

L'extension du millet à travers les âges et l'espace est assez troublante. Pourquoi une telle unanimité autour de cette céréale ? Comment expliquer qu'elle ait été l'une des premières graminées domestiquée ?

A cette double question, deux types de réponses peuvent être apportées.

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1) Les avantages agronomiques

De nombreuses caractéristiques ont pu rendre le millet Setaria attractif pour les premiers agriculteurs : — son fort pouvoir de multiplication, — son régime de reproduction : l'autogamie, — une bonne résistance à la sécheresse et à la chaleur, — une rusticité intéressante, la plante se contentant de sols pauvres (mais de

préférence légers), — une bonne résistance à la verse quelle que soit la hauteur des plantes.

Les deux premières caractéristiques sont communes à tous les millets (genres très divers comme Setaria, Panicum, Echinochloa, Eragrostis, Digitaria, Eleusine, etc.). Mais, Setaria italica se singularise cependant, vis-à-vis du Panicum en particulier, par une rusticité plus grande aux conditions difficiles lors de temps chauds (Tieman et Kaempffer 1941). La plante est par ailleurs sensible aux gelées bien qu'elle supporte assez bien les basses températures. Ce dernier point peut expliquer son extension limitée dans les zones trop septentrionales.

A ces paramètres s'ajoute l'existence d'une grande variabilité génétique qui a été tout particulièrement bien exploitée en Chine où il existe des milliers de cultivars différents adaptés à des conditions pédo-climatiques très diverses : la gamme des variétés est très étendue, des précoces fleurissant en 60 jours aux tardives à fort tallage donnant lieu à plusieurs coupes (Tieman et Kaempffer 1941), en passant par des variétés résistant au sel, au vent ou à l'engorgement des terres (Bray 1981, de Wet 1979).

2) Les avantages nutritionnels

En Chine, le millet a la réputation d'être une céréale reconstituante conseillée aux convalescents, aux adolescents et aux femmes relevant de couches (Pernes et al, 1979). Il est aussi utilisé dans ce pays comme plante médicinale et Fisher (1929) rapporte qu'au Moyen Age, en Europe de l'Ouest, Setaria italica était conseillé pour faire chuter la fièvre.

Au delà de ces affirmations, il importait de connaître les raisons d'une telle réputation, et certaines données, quoique fragmentaires, sont maintenant en mesure d'apporter des éclaircissements : — le millet ne se caractérise pas tant par son taux de protéines, assez semblable à

celui d'autres céréales (entre 12 et 14% selon les sources), cf. Tableau 1 que par son équilibre en acides aminés essentiels. Les résultats des Tableaux 2, 3 et 4 montrent que le millet contient huit acides aminés indispensables dont la teneur est toujours supérieure (ou égale) à celle du riz et du blé, sauf pour la lysine.

Par ailleurs, il faut souligner que le taux de protéines est largement influencé par le milieu comme le suggère le Tableau 5 et que ceci se répercute sur les teneurs en acides aminés comme l'a démontré Taira (1974) (cf. Tableau 6). — le millet se caractérise aussi par une forte teneur en lipides (entre 4.3 et 4.8 %)

contenant une forte proportion d'acide linoléique. Bien que légèrement divergentes

-79-

Tableau 1. — Taux de protéines du millet Setaria.

Source UCAAB, 1982 Tiemann, Kaempffer, 1941 Li Donghui, Wang Yaogin, 1986

Matériel ? ?

1111 variétés chinoises

Taux 11.8% 14.35 % 12.71 %

de protéines

9.8% < 10% 37% > 12%

53% de 10 à 12%

Tableau 2. — Composition en acides aminés des céréales, (en g pour 100 g de protéines)

Gly Ala Val lieu Leu Asp Glu Lys Arg His Phe Tyr Pro Try Met Cys Ser Thr

Riz 4.4 6.6 6.5 4.5 7.6 8.0

16.0 4.2 5.6 2.2 4.4 2.5 6.2 1.3 2.5 1.1 4.5 4.0

Blé 4.1 3.1 4.3 3.9 6.2 4.9

29.7 3.1 5.3 2.0 4.4 2.0

12.4 1.3 1.8 1.3 5.3 3.4

Seigle 3.7 4.4 4.9 3.5 5.9 5.3

23.7 4.6 5.1 1.3 4.8 1.5

13.1 1.1 1.5 1.4 3.7 3.3

Orge 3.5 4.3 4.7 3.6 6.5 5.3

22.6 3.2 3.4 2.0 4.4 1.3

11.0 1.4 1.2 2.0 5.5 3.1

Setaria 2.8 8.9 5.5 3.9

11.9 6.8

19.9 2.2 2.7 2.1 4.9 2.2

10.8 1.7 2.8 1.4 5.8 4.4

Panicum 2.5

12.1 5.2 4.1 12.1 6.3

22.2 2.2 3.2 2.1 4.9 2.6

10.4 1.3 2.8 1.8 7.0 4.0

Eleusine 2.4

10.1 6.2 4.6

11.6 6.1

24.0 1.7 3.7 1.9 5.8 2.4

10.1 1.0 1.8 2.8 5.7 3.7

Sorgho 2.8

10.7 5.3 4.2

13.4 6.4

23.3 2.0 3.6 2.0 4.5 2.7

13.0 2.0 1.7 1.1 5.5 3.9

Maïs 3.8 7.5 5.2 3.9

12.7 6.1

18.1 3.4 4.5 2.4 4.4 2.4

11.9 0.7 2.0 2.0 5.2 4.2

D'après Taira, 1974.

Tableau 3. — La Teneur en Acides Aminés du Millet.

Année de l'analyse

1982 1983 1984 1985

Nombre de variétés

100 8

35 20

Moyenne ** Thr. — Thréonine

Met. — Méthionine Leu. — Leucine Ly. — Lysine

Teneur en % du poids total

Thr. .544 .472 .426 .452 .474

Val. .764 .648 .636 .625 .668

Met. .468 .351 .391 .370 .395 Val. - Isol. Phal. Tr. -

Isol. .656 .530 .587 .517 .572

Leu. 2.021 1.791 1.573 1.595 1.737

— Valine — Isoleucine

Phal. .827 .681 .676 .653 .709

— Phénylalanine - Tryptophane

Ly. .271 .250 .274 .238 .258

Tr.

— .199 .187 .193

D'après Li Donghui et Wang Yaoqin, 1986.

Tableau 4

Composition en acides am

inés (g pour 16 g d'azote) Setaria italica

(N x 6,25)%

m

s Gly Ala

Val Leu Ile Ser Thr Tyr Phe Trp Pro M

et Cys Lys His Arg Asx Gix

Rt en N des analyses %

(1) S.50.79 Gif 80

11,4 3,15 8,8 5,6

12,45 4,5 5,0 4,1 3,4 5,6 1,95 7,8 3,75 2,4 2,45 2,25 3,75 8,1

20,8

94,2

(2) S.59.79 Gif 80

12,75 3,0 8,9 5,3

12,75 4,05 5,05 4,0 3,5 5,35 1,7 7,6 3,2 2,25 2,55 2,2 4,05 8.15

20,3

93,5

(3) S.67.79 Gif 80

14,0 2,85 9,85 5,05

13,3 4,3 5,15 3,95 3,7 5,7 1,9 7,8 3,75 2,35 2,35 2,35 4,05 8,15

20,8

98,2

(4) S.65.79

14,2 2,75

10,95 5,65

14,4 4,8 5,35 4,2 3,6 6,05 1,95 8,25 3,75 2,5 2,1 2,25 3,5 8,05

22.7

101,2

(5) S.56.79

16,45 2,65

10,35 5,3

13,9 4,55 5,15 4,05 3,5 5,75 1,9 8,2 3,6 2,3 1,9 2,15 3,55 7,9

21,75

98,2

(6) S. 125.79 Gif 80

16,15 2,95

10,00 5,9

13,0 4,9 5,05 4,1 3,6 5,7 1,9 7,85 3,75 2,35 2,3 2,2 3,7 8,2

21,25

97,4

(7) S. 15.80 Gif 80

19,3 2,25

11,4 5,9

15,3 4,85 5,45 4,1 3,6 6,1 2,0 9,0 3,65 2,1 1,3 1,95 2,65 7,75

24,15

100,2

(8) S.65.79

La M

inière 80

15,3 2,80

10,2 5,45

13,1 4,8 5,1 4,0 3,45 5,7 1,85 7,9 3,35 2,25 2,1 2,1 3,5 7,75

21,35

96,5

(9) S. 15.80

La M

inière 80

22,8 2,4

10,75 5,6

13,7 4,65 5,4 4,05 3,5 5,85 2,0 8,65 3,6 2,05 1,65 2,05 3,25 7,65

23,00

97,9

(10) S.67.79

La M

inière 80

12,6 2,8 9,25 5,4

12,45 4,15 5,0 3,9 3,6 5,4 1,75 7,45 3,45 2,25 2,35 2,15 4,15 7,75

20,15

93,9

(11) S.59.79

La M

inière 80

13,6 2,8

10,15 5,75

13,6 4,25 5,05 4,05 2,9 5,55 1,8 7,75 3,0 2,3 2,35 2,35 3,85 7,55

21,55

99,5

(12) S.56.79

La M

inière 80

16,5 2,75 9,85 5,65

13,5 4,5 5,1 4,1 3,1 5,7 1,8 8,55 3,65 2,2 2,15 2,15 3,55 7,75

22,1

96,1

(13) S.50.79

La M

inière 80

15,7 2,9 9,4 5,45

13,5 4,6 4,95 3,95 3,55 5,8 1,95 7,95 3,2 2,15 2,15 2,3 3,4 8,2

21,75

95,0

D'après Brabant et al., 1981.

-81 -

Tableau 5. — Taux de protéines du millet Setaria italica selon la région de culture.

Numéro des

variétés 1 2 3 4 5 6 7 8 9

10 11 12

Moyenne n

A

13,22 14,76 14,25 12,71 16,12 11,86 13,31 12,80 14,67 15,70 14,08 14,08

13,87 12

La quantité de protéines en

B

11,78 11,77 11,35 11,94 12,63

11,26 14,25

12,14 7

C D

19,71 14,50 17,75 18,26 15,95

14,76 12,71 15,87

11,00 11,52 11,60 16,55

15,47 10

g/100g

E

9,00 8,60 7,30

7,30 7,20 8,70

8,02 6

H 14,80 14,76 14,62 13,53 12,58 11,74 11,11 13,31 13,30 11,50 10,96 13,11

12,88

A Pékin B Harbin DQinghaï E Hubéî

C Sud-est de Quizhou

D'après Li Donghui et Wang Yaoqin.

Tableau 6. — Corrélations entre taux de protéines et qualité de ces protéines.

Qualité des protéines Ac. Glutamique GLU Proline PRO Lysine LYS Ac. Aspartique ASP Arginine ARG Prolamine

Taux de protéines + + - - - + D'après Taira, 1974.

quant aux différences entre variétés glutineuses et non-glutineuses, les sources japonaises et chinoises se recoupent bien dans l'ensemble (cf. Tableaux 7 et 8). cette richesse en lipides se double d'une richesse en vitamines et principalement en vitamines liposolubles A et E (cf. Figure 7 et Tableau 9). La figure 7 souligne l'importance de la vitamine E reconnue comme essentielle dans les processus de régénération des tissus. Enfin, notons que les teneurs en vitamines A, Bl et B2 du millet Setaria sont supérieures à celles du blé, du riz, du maïs ou du sorgho.

-82 —

Tableau 7. — Proportions d'acides gras.

Taux d'acides gras N.G. type A 4,391% 0,214 G. type A 4,692% 0,209

type B 4,510% 0.109 type B 4,885% 0,021 Différence hautement significative entre variétés N.G. et G.

— de type A — de type B

Taux d'acide linoléique N.G. type A 68.01% 1.34 G. type A 68,29% 1.96

type B 70.65 % 0.94 type B 69,40 % 0.28 Différence hautement significative pour les variétés N.G. entre type A et type B Type A : Plus d'acides stéarique, linolénique et arachidonique Type B : Plus d'acides palmitique. oléique et linoléique Etude sur 31 variétés glutineuses (G.) et 23 non-glutineuses (N.G.).

D'après Taira, 1984.

lt.11

12.13

grains rouges (9)

grains blancs

(33) grains grains jaunes noirs 1 (39) (5)

grains grains ors verts (7) (7)

Unité : ug/g symboles : Variétés sans viscosité (non-glutineuses) ÏÏ233 Variétés avec viscosité (glutineuses)

D'après U DONGHUI et WANG YAOQIN.1 986. Fie 7. — La teneur en Vitamine E a du Millet.

-83-

Tableau 8. — Taux de lipides et d'acide linoléique.

Taux de lipides : 4,05 % sur 1 018 variétés chinoises Taux d'acide linoléique : Etude sur 260 variétés N.G. 13,44% 78.24% M =45,84% G. 66,81 % 75.05 % M = 70,93 %

D'après Li Donghui et Wang Yaoqin, 1986.

Tableau 9. — Teneurs en vitamines du millet Setaria. Etude sur 144 variétés chinoises.

Vitamine A 81,56 UI Vitamine Bl 0,786 mg/ 100 g Vitamine B2 0. 1 2 1 mg/ 1 00 g

D'après Li Donghui et Wang Yaoqin, 1986.

— Setaria italica se caractérise par un bon équilibre en éléments minéraux (environ 2.8 % d'après l'UCAAB 1982) et la présence de Sélénium, actif sembte-t-il contre le vieillissement (71Ppb de Sélénium en moyenne et C.V. = 14.5%). L'existence de différences significatives entre variétés laisse entrevoir la possibilité de sélectionner pour des teneurs élevées en cet élément

— enfin, le millet est reconnu comme étant une céréale légère et très digeste pour les humains, et comme un fourrage très appétant pour le bétail et tout particulièrement pour les chevaux qui en sont très friands.

3) Les utilisations du millet

Les utilisations du millet sont très diverses selon l'aire de culture et l'importance économique de la céréale : — le millet joue un rôle essentiel dans l'alimentation humaine dans certaines

provinces de Chine et du Japon (de Wet 1979) où il remplace le riz comme céréale de base. Il est accomodé en bouillies ou en grains associés à des légumineuses. La farine, associée à celle d'autres céréales donne un pain qui reste frais longtemps ou des pâtes alimentaires (Cariot et Chirat 1855), et elle est fort appréciée en pâtisserie (cf. Tableau 10). Cet emploi se retrouve aussi en Inde et en Afghanistan ou l'on en fait du porridge et du pain non-levé ou pain azyme. De Wet (1979) rapporte de même qu'en Géorgie et dans le sud de l'Ukraine, le millet est utilisé en brasserie.

— le millet joue, en général, un rôle encore important dans l'alimentation humaine en Asie du Sud-Est, en Inde et en Asie Centrale, régions ou cette plante a toujours été cultivée pour cet usage et ou le nombre de cultivars est le plus important.

— en Europe, la réputation du millet est plus celle d'une céréale à laquelle on a recours en période de disette (Cariot et Chirat 1855). Notons à ce propos qu'il en est de même en Chine et au Japon où le millet est aussi la céréale des moments

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Tableau 10. — Menu Chinois

UN ORDINAIRE PAYSAN

Une semaine d'alimentation quotidienne, rapportée par une paysanne du Shaanxi (nord de la Chine) à Jan Myrdal (Un village de la Chine populaire, Paris, 1964, pp. 252-253). Lundi 20 août 1962 :

Petit déjeuner : bouillie de millet et pain de maïs, et un plat de légumes comprenant tomates, haricots et pommes de terre hachés et cuits ensemble dans de l'huile... et piments frits... (en cette saison, piments, oignons et ail sont présents à tous les repas). Déjeuner : « riz jaune » à la vapeur — c'est du millet — , les mêmes légumes que le matin et une bouillie de légumes. Diner : bouillie de millet.

Mardi 21 août : Petit déjeuner : bouillie de millet avec du potiron. Ça fait une épaisse bouillie sucrée. Pommes frites. Déjeuner : nouilles de farine de haricots et de farine de blé, moitié-moitié, tomates, haricots et pommes de terre hachés et frits à l'huile. Avec les nouilles... une sauce forte, faite de ciboulette avec du poivre et du sel. Dîner : bouillie de millet.

Mercredi 22 août : Petit déjeuner : comme mardi. Déjeuner : « riz jaune » à la vapeur, haricots frits. Dîner : bouillie de millet.

Jeudi 23 août : Petit déjeuner : bouillie de millet, raves, pain de maïs et légumes frits. Déjeuner .épaisse bouillie de maïs faite de grains de maïs avec pommes frites et fenouil frais. Dîner : bouillie de maïs.

Vendredi 24 août : Petit déjeuner : comme jeudi. Déjeuner : nouilles de blé avec sauce forte et un plat de légumes fait de tomates et de choux. Dîner : non précisé par l'auteur.

Samedi 25 août : Petit déjeuner : comme mardi. Déjeuner .boulettes de pommes de terre finement hachées et mélangées de farine de blé passées à la vapeur... des haricots verts frais, de l'oignon et de l'ail... Dîner : bouillie de millet, épis de maïs, potiron à la vapeur.

Dimanche 26 août : Petit déjeuner : bouillie de millet et pain de maïs. Déjeuner : pain de blé à la vapeur avec un plat de haricots et de tomates. Dîner : bouillie de millet, épis de maïs, potiron à la vapeur.

D'après «Techniques Alimentaires et culture chinoise», Cl. Aubert et Cheng Ying. 1987.

-85-

difficiles. Jusqu'au XIXe siècle, le millet a joué un rôle important dans l'alimentation humaine, en particulier dans le Sud-Ouest de la France comme le prouvent certaines recettes traditionnelles landaises où la farine de millet mélangée à celle de seigle servait à confectionner des pâtisseries appréciées, (millas - milloque, etc.).

A partir du XIXe siècle, le millet Setaria a été confiné à une utilisation presque exclusive en oisellerie ou comme fourrage pour le bétail, fourrage d'ailleurs très appétant et recommandé ainsi que l'attestent quelques articles des premières décennies du XXe siècle (Omnium Agricole 1911, La Semaine 1939) et toute l'histoire du commerce du millet landais vers les haras anglais remontant à l'époque où le Sud-Ouest était encore sous domination anglo-saxonne (Haudricourt 1987).

Conclusion

II existe une contradiction certaine entre les éloges qui ont été faits sur le millet et sa quasi-disparition actuelle des champs cultivés, du moins dans les régions occidentales du globe, comme nous l'avons déjà souligné.

Plusieurs explications peuvent être données à cet état de fait : — une certaine réputation de « céréale de pauvre » malgré ses qualités organolepti-

ques et nutritionnelles, — une réputation de culture exigeant une certaine technicité (semis délicat, problèmes

de désherbage etc.) — l'autogamie, régime de reproduction peu attractif pour les sélectionneurs et qui

explique peut-être le faible nombre de variétés en France et la perte de variabilité qui en a découlé.

— en Allemagne, les raisons d'abandon citées le plus souvent sont la sensibilité à certaines maladies et l'absence de variétés suffisamment précoces pour arriver à maturité avant les premières gelées. Ces données corroborent l'hypothèse avancée plus haut selon laquelle, dans ces régions, la perte de variabilité utilisable par manque de travaux d'amélioration génétique a conduit à une désaffection pour cette culture.

CONCLUSION GÉNÉRALE

Malgré quelques inconvénients, le millet présente des avantages certains qu'il serait possible de mettre en valeur, en particulier dans le contexte actuel de l'agriculture française. En effet, dans des régions comme l'Alsace en particulier, le monde agricole est demandeur de cultures nouvelles autres que maïs, blé, orge, etc. permettant de dégager des marges brutes rémunératrices.

Le millet peut parfaitement s'inscrire dans cette conjoncture et y défendre ses chances sachant qu'il existe des débouchés potentiels en alimentation diététique (marché de plus en plus porteur) ou en alimentation animale sous forme de fourrages

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verts (variétés Moha) ou de grains (variétés céréalières), sachant aussi que sa culture ne nécessite pas d'investissements particuliers en matériel agricole et que certaines variétés à cycles courts permettraient par exemple de rattraper un semis raté de maïs tout en récoltant les épis fin septembre (variétés de 90 jours).

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