la révolte des juifs contre les romains

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La révolte des Juifs de la diaspora sous le règne de l’empereur Trajan (98–117). La révolte des Juifs dans les provinces orientales de l’Empire. Sous le règne de l’empereur Trajan (98–117), les sources romaines men- tionnent le soulèvement des commu- nautés juives dans plusieurs régions de l’Empire romain. L’année 115 est géné- ralement considérée comme le début des hostilités par les historiens. Ces dif- férentes révoltes s’organisent autour de plusieurs leaders comme Artémion à Chypre ou Andréas en Cyrénaïque. ??? C ÉDRIC C HADBURN 72 Champs de bataille 50 www.net4war.com 72 Champs de bataille 48 www.net4war.com La révolte des contre les au II e siècle

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La révolte des Juifs de la diaspora sous le règne de l’empereur Trajan (98–117).

La révolte des Juifs dans les provinces orientales de l’Empire.

Sous le règne de l’empereur Trajan (98–117), les sources romaines men-

tionnent le soulèvement des commu-nautés juives dans plusieurs régions de l’Empire romain. L’année 115 est géné-ralement considérée comme le début des hostilités par les historiens. Ces dif-férentes révoltes s’organisent autour de plusieurs leaders comme Artémion à Chypre ou Andréas en Cyrénaïque.

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CédriC Chadburn

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JuifsRomains

La révolte des

contre les

au IIe siècle

Eusèbe de Césarée parle aussi d’un certain Loucouas pour la Cyrénaïque (Histoire ecclésiastique, IV, 2). Selon Dion Cassius, les révoltes provoquent le massacre de nombreux Romains et Grecs dans des conditions affreuses : « Cependant les Juifs de la Cyrénaïque, mettant à leur tête un certain Andréas, égorgèrent les Romains et les Grecs, mangèrent leur chair, se ceignirent de leurs entrailles, se frottèrent de leur sang et se couvrirent de leur peau ; ils en scièrent plusieurs de haut en bas par le milieu du corps, en exposèrent d’autres aux bêtes, et en contraignirent quelques–uns de se battre comme des gladiateurs, tellement qu’ils en firent périr jusqu’à deux cent vingt mille. Ils se portèrent à de pareils excès en Egypte et en Chypre, sous la conduite d’Artémion, et il périt, là encore, deux cent quarante mille hommes.» (Dion Cassius, Histoire romaine, 68, 32). Les récits des auteurs anciens sont peut–être exagérés mais ces révoltes sont si graves que l’empereur Trajan est obligé d’envoyer l’un de ses meilleurs généraux Marcius Turbo pour rétablir l’ordre en Cyrénaïque. Les combats sont si rudes que l’armée romaine éprouve les plus grandes difficultés à soumettre les insurgés : « Contre eux, l’empereur envoya Marcius Turbo avec une force

La diaspora juive au 1er siècle.

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Antiquité

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d’infanterie, des navires et de la cavale-rie. Celui–ci mena avec peine la guerre contre eux en de nombreux combats et pendant un long temps. Il tua de nom-breux milliers de Juifs, non seulement de ceux de Cyrène, mais aussi de ceux d’Egypte qui s’étaient soulevés avec Lou-couas, leur roi » (Histoire ecclésiastique, IV, 2). De nombreuses inscriptions en Cy-rénaïque sur des temples païens (temple de Zeus) ou sur des édifices publics (ba-silique et thermes) attestent des destruc-tions, notamment dans la cité de Cyrène.

A Chypre, les émeutes sont si vio-lentes que l’île est ensuite interdite à tout Juif sous peine de mort. Dion Cas-sius signale que les naufragés de confes-sion juive sont carrément mis à mort : Voilà pourquoi il est défendu aux Juifs de mettre le pied en Chypre, et, si l’un d’eux est jeté dans l’île par la violence du vent, il est mis à mort ». On ne connaît pas exactement le rôle des Juifs de Pales-

Décret en l’honneur du gouverneur romain

Marcus Tittius de la part du politeuma juif de Cyrène

rassemblée à l’occasion de la fête des Cabanes.

« L’an 53, le 25 du mois de Phaôph, lors de la fête des Tabernacles, sous l’archonlat de Cléandros fils de Stralonicos, Euphranor fils d’Ariston, Sosigénès fils de Sosippos, Andromachos fils d’Andromachos, Marcus Lelius Onasion fils d’Apollonios, Philonidès fils d’Oagémon, Autoclès fils de Zenon, Sonicos fils de Théodotos, Joseph fils de Straton, attendu que Marcus Tittius fils de Sextus, de la tribu Aemilia, homme de mérite, depuis son arrivée dans la province à l’administration des affaires publiques en assura la direction avec humanité et avec succès; qu’il ne cesse

de témoigner dans sa conduite la douceur de son caractère ; qu’il se montre d’un commerce facile non seulement dans les affaires publiques mais encore envers les citoyens qui s’adressent à lui en particulier, que, de plus, envers les Juifs de notre communauté, tant publiquement qu’en privé, sa direction est très utile, et qu’il ne cesse de se comporter d’une façon digne de ses mérites : pour ces motifs, les archontes et la communauté des Juifs de Bérénikè ont décidé de lui décerner l’éloge, de le couronner nominativement à chaque assemblée et nouménie d’une couronne d’olivier avec bandelette. Que les archontes fassent transcrire le décret sur une stèle en marbre de Paros, et le placent dans le lieu le plus en vue de l’amphithéâtre.Tous (les jetons de vote) blancs ».

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tine dans ces révoltes contre Rome. Les sources juives parlent d’une « guerre de Qitos » en Judée. Ce personnage est évi-dement le fameux général Maure Lusius Quietus qui participe, au côté de l’empe-reur Trajan, aux guerres contre les Daces et les Parthes. Dion Cassius confirme son rôle dans l’écrasement de révoltes juives mais sans préciser le lieu de son inter-vention : « Parmi ceux qui soumirent les Juifs, il y eut Lusius envoyé par Trajan » (Dion Cassius, Histoire romaine, 68, 32). La participation des Juifs de Judée à cette révolte n’est donc pas certaine même si un passage de l’Histoire Auguste parle de soulèvement en 117 : « l’Egypte était agitée de séditions et enfin la Libye et la Palestine manifestaient leur esprit de rébellion » (Histoire Auguste, Hadrien, 5, 2). En tout cas, Lusius remplit si bien sa mission qu’il est récompensé par l’empe-reur Trajan du gouvernement de la Pales-tine. La révolte s’étend aussi à la Méso-potamie car Eusèbe de Césarée précise que l’empereur Trajan « ayant soupçonné les Juifs de Mésopotamie d’attaquer aus-si les gens de ce pays, ordonna à Lusius Quietus d’en purifier la province. Celui–ci fit avancer ses troupes contre eux et massacra une très grande multitude » (Histoire ecclésiastique, IV, 2). Il semble que de nombreux temples païens ont été détruits ainsi que dans la cité de Sala-mine de Chypre.

La révolte des Juifs en Egypte.

Les Juifs se révoltent également en Egypte sans que l’on puisse déterminer si l’insurrection éclate avant ou après celle de Cyrénaïque. Eusèbe de Césarée signale que « vers la dix–huitième année de l’empereur (Trajan), une nouvelle sé-dition des Juifs prit naissance et fit périr un très grand nombre d’entre eux. En effet, à Alexandrie et dans tout le reste de l’Egypte, et aussi du côté de Cyrène, ils semblèrent entraînés par un esprit redoutable de révolte et se soulevèrent en sédition contre les Grecs qui vivaient avec eux. La sédition s’accrut considéra-blement et, l’année suivante, ils provo-quèrent une guerre considérable, alors que Lupus était gouverneur de toute l’Egypte. Certes, lors du premier enga-gement, il arriva que les Juifs l’empor-tèrent sur les Grecs ; ceux–ci s’enfuirent à Alexandrie, firent la chasse aux Juifs qui habitaient dans la ville et les tuèrent.

Les Juifs de Cyrène, privés du secours qu’ils attendaient, se mirent à piller le pays d’Egypte et à dévaster les nomes qui s’y trouvent, sous le commandement de Loucouas » (Histoire ecclésiastique, IV, 2). Le gouverneur romain d’Egypte M. Rutilius Lupus est certainement placé sous l’autorité du général Marcius Turbo envoyé par l’empereur Trajan. Les papy-rus découverts en Egypte apportent des informations supplémentaires aux récits des auteurs romains. La vengeance des Grecs d’Alexandrie est sans pitié. Ils pourchassent les Juifs pour les tuer et le préfet d’Alexandrie est obligé de les menacer pour tempérer leur ardeur belli-queuse : « Je les avertis de ne pas feindre la colère par cupidité. Qu’ils sachent que nous les perçons à jour ! Qu’ils ne fient pas à mon indulgence ( ?)……. Si quelqu’un a des accusations à formuler, il y a un juge envoyé par l’empereur à cet effet. Car même les préfets n’ont pas le droit de faire périr quelqu’un sans juge-ment ; mais pour le jugement, il faut un temps et un lieu appropriés, et pour le châtiment, un caractère approprié. An 19 de Trajan, le 16 du mois de Phaophi (14

Décret en l’honneur d’un citoyen romain membre du politeuma juif de Cyrène.

« L’an ...., le 5 du mois de Phamenôth, sous l’archontat de…. , Dorion fils de Ptolémée, fils de Cnaeus, Ariston fils d’Arasés (?), …..fils d’Andromachos, Nicias fils de….. , ….fils de Simon, attendu que Decimus Valerius Dionysius, fils de Gaius ne cesse de se montrer homme de mérite …..et faisant tout le bien qu’il peut tant en public qu’en particulier à chacun des citoyens et….. qu’il a stuqué le sol de l’amphithéâtre et en a décoré les murs

: les archontes et la communauté des Juifs de Bérénikè ont décidé de l’inscrire…., et de le dispenser de toute charge publique; et aussi, semblablement, de le couronner à chaque assemblée et nouménie d’une couronne d’olivier à bandelette, nominativement. Que les archontes fassent transcrire ce décret sur une stèle de marbre de Paros et le placent dans le lieu le plus en vue de l’amphithéâtre. Tous (les jetons de vote) blancs. Decimus Valerius Dionysius, fils de Gaius, a stuqué le sol et l’amphithéâtre et (l’) a décoré à ses frais, comme contribution volontaire en faveur de la communauté ».

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La révolte des Juifs contre les Romains au IIe siècle

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octobre 115) » (Papyrus Milano Vogliano II, 47 ; CPJud. II, 435, coll.III–IV).

D’autres papyrus fournissent des in-formations sur les combats menés par les Grecs à l’extérieur de la capitale égyp-tienne. Il s’agit de la correspondance du Grec Apollonios avec sa femme Aline. Celui–ci est le stratège (fonctionnaire im-périal), probablement entre 113 et 120, du nome (circonscription administrative égyptienne) d’Apollinopolite d’Heptako-mie en Haute Egypte. Il réside à Heptako-mie aujourd’hui Kôm Eshfaht, capitale du nome, où vivent des Grecs et des Egyp-tiens. Dans une de ses lettres, datant du mois d’aout ou de septembre 115, sa femme exprime son angoisse pour la vie de son mari à cause de la violence des combats : « Aline à Apollonios, son frère, salut. Je suis terriblement inquiète pour toi à cause de ce qu’on dit sur ce qui se passe et parce que tu m’as quitté si sou-dainement. Je n’ai envie ni de boire ni de manger, mais jour et nuit je reste éveil-lée avec un seul souci : ta sécurité. Seule la sollicitude de mon père me maintient en vie ; le premier jour du nouvel an, je serai restée couchée à jeun, je le jure par ton salut, si mon père n’était pas venu me forcer à manger. Je t’en prie, prend bien soin de toi et ne t’engage pas

dans le danger seul sans ta garde. Fais comme le stratège d’ici qui laisse le far-deau à ses officiers » (Papyrus de Gies-sen 19 ; CPJud. II, 436). Une des lettres de la belle mère d’Apollonios lui souhaite de ne pas se faire rôtir : « ….si les dieux le veulent, et en particulier l’invincible Hermès, qu’ils ne te fassent pas rôtir ! A part cela, garde–toi en bonne santé avec tous les tiens. Heraidous, votre fille, que le mauvais œil soit loin, vous salue » (Papyrus de Giessen 24 ; CPJud. II, 437). Le stratège a probablement demandé à sa famille de quitter Heptakomie pour se mettre à l’abri dans un autre nome ce qui explique que sa femme parle de la pré-sence d’un autre stratège. La situation militaire est donc catastrophique comme le prouve le départ précipité d’Apollonios avec ses troupes. La révolte s’est donc propagée rapidement à toute l’Egypte et elle échappe totalement au contrôle des autorités romaines. L’intensité des com-bats est confirmé par Eusèbe de Césa-rée qui note que de nombreux Grecs sont obligés de s’enfuir vers Alexandrie. Lors de ses opérations Apollonios est envoyé à Memphis à plusieurs centaines de kilo-mètre de chez lui. Dans le nome d’Her-mopolite, les villageois égyptiens sou-tiennent même les Grecs contre les Juifs. Leur défaite près de Memphis provoque la

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L’Egypte grecque et romaine.

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La révolte des Juifs contre les Romains au IIe siècle

joie des troupes, commandées par Apollonios, qui se féli-citent des « victoires et suc-cès » de l’armée romaine. A l’automne 117, Apollonios retourne chez lui. Le 28 novembre 117, il demande au nouveau gouverneur ro-main d’Egypte Q. Rammius Martialis 60 jours de repos pour s’occuper de ses affaires personnelles dans le nome d’Hermopolite (CPJ II, 443. Cette date est généralement considérée comme la fin des hostilités en Egypte par les historiens.

Cette guerre entraîne la destruction de nombreuses édifices païens ou juifs dont la fameuse synagogue d’Alexandrie : « Qui n’a pas vu la double colonnade d’Alexan-drie n’a pas vu la splendeur d’Israël de sa vie. C’était une sorte de grande basilique avec des colonnes disposées face à face. Elle pouvait contenir deux fois le nombre des Hébreux qui sortirent d’Egypte. Il y avait soixante–dix cathèdres d’or ins-crustées de pierres précieuses et de perles pour les soixante–dix anciens (…). Au centre se dressait une tribune de bois où se tenait le chantre (…). Pour chaque bénédiction qui se faisait, le préposé agi-tait une étoffe et l’on répondait après lui Amen. Malgré cela, on n’était pas assis en désordre mais chaque corporation

était assise à part et, s’il venait un étranger, il se joignait à sa corporation et trouvait, grâce à elle, sa subsistance. Et qui l’a détruite ? C’est l’impie de Trajan » (Talmud de Jéru-

salem Sukka V, 1, 55a). L’historien romain Appien

mentionne aussi la destruction du temple de la déesse Némésis :

« Quand on apporta à César la tête de Pompée, il le prit très mal, et ordonna de l’ensevelir dans une petite enceinte qu’il lui destina à proximité de la ville et qu’on appela Enceinte de Némésis. Mais elle fut, à mon époque, quand l’empereur romain Trajan extermina les Juifs d’Égypte, dé-vastée par ces derniers pour les besoins de la guerre » (Appien, Guerres civiles, II, 90).

La seconde révolte des Juifs de Palestine sous le règne de l’empereur Hadrien (117–138).

Une révolte dirigée d’une main de fer.

Quelques années après la révolte des Juifs de la diaspora, c’est le tour de ceux de Palestine en 132 entraînant l’Empire dans une terrible guerre provoquant encore la mort de milliers de Juifs. A la différence de la première révolte juive de 66, les informations dont nous dispo-sons ne permettent pas de se faire une idée précise du déroulement des opéra-tions militaires. Pour cette révolte, nous ne disposons pas d’un récit détaillé des combats similaire à celui de l’ouvrage de Flavius Josèphe. Les sources juives indiquent seulement que cette nouvelle guerre dure longtemps : « Combien de

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campagnes Hadrien a–t–il mené en terre d’Israël ? Deux maîtres divergent là–des-sus : l’un dit cinquante–deux et l’autre cinquante–quatre » (Talmud de Jérusa-lem Ta’anit IV, 8, 69). D’après les mon-naies frappées par les insurgés, on es-time que l’affrontement dure un peu plus de trois ans car les monnaies vont jusqu’à « l’an III de la rédemption d’Israël ». Elle est conduite par un homme déterminé dont le nom diffère selon les textes. Les sources juives parlent d’un certain Ben ou Bar Koziba tandis que les sources chrétiennes comme Eusèbe parle d’« un homme du nom de Barkhokhebas était alors à la tête des Juifs : ce nom signi-fie étoile. Pour le reste, il était un voleur et un meurtrier, mais par son nom il en imposait à des esclaves, comme s’il était une lumière venue du Ciel pour eux et miraculeusement destinée à les éclairer dans leurs malheurs » (Eusèbe, Histoire ecclésiastique, IV, 6, 2). Cependant, plu-sieurs documents, découverts en 1951 dans le désert de Juda, ont permis de connaître son véritable nom Simon Ben Kosba, ou Simon Bar Kosba, ce qui si-gnifie en araméen « fils de l’étoile ». Les sources antiques ne nous fournissent

aucune information sur ses origines fa-miliales. On sait seulement, d’après les monnaies, qu’il porte le titre de nasi que l’on peut traduire par celui de Patriarche.

Simon Ben Kosba se montre inflexible envers ses hommes en les comman-dant d’une main de fer. Plusieurs de ces lettres, découvertes dans le désert de Juda, témoignent de sa discipline impla-cable. Dans une d’entre elles, il exige à deux de ces commandants militaires (Jonathan et Masabala) probablement d’En–Guédi, près de la mer Morte, de lui rapporter du blé confisqué à un certain Tanhum ben Yishmaél sous peine d’être sanctionné : « Et si vous ne le faites pas, vous serez sévèrement punis ». Dans une autre lettre, il exige que les hommes de Téqoa, peut–être un groupe de Juifs dissident, ne soient pas hébergés. Ceux qui désobéissent auront leurs maisons détruites par le feu : « En ce qui concerne les hommes de Téqoa qui seront trouvés chez vous, les maisons qu’ils habitent seront brûlées et vous [serez aussi] punis ». Il demande expressément que ceux–ci lui soient envoyés ce qui ne laisse présager rien de bon pour leur sort :

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Plan de la ville d’Alexandrie.

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La révolte des Juifs contre les Romains au IIe siècle

« Faites en sorte que tous les hommes de Téqoa et d’ailleurs qui sont chez vous me soient envoyés sans délai. Et si vous ne les envoyez pas, soyer sûrs que vous serez châtiés ». Dans une autre lettre, il menace de jeter en prison un autre de ses commandants militaires (Jésus fils de Galgula) : « Je prends le Ciel à témoin contre moi […] je vous mettrai les fers aux pieds, comme je l’ai fait pour Ben–Aplul ! ». Le chrétien Justin est le seul auteur à préciser que les troupes de Si-mon s’en prennent aux chrétiens : « Dans la récente guerre de Judée en effet, le chef de la révolte, Bar Kokheba (Barcho-chebas) faisait subir aux seuls chrétiens les derniers supplices, s’ils se refusaient à renier et à blasphémer Jésus–Christ » (Justin, Apol I, 36, 6). Vu la détermina-tion de Simon il est fort probable que les chrétiens de Palestine aient fait l’objet de tracasserie voir de persécutions. Si c’est le cas, les raisons sont aussi bien politiques que religieuses surtout si Si-mon Ben Kosba se considère comme le nouveau messie des juifs. Alors que Si-mon mène une guerre acharnée contre l’armée la plus puissante de l’antiquité, il n’oublie pas de respecter scrupuleuse-ment les fêtes religieuses juives ce qui montre encore sa forte détermination. Dans une lettre rédigée en araméen à Yehouda ben Menascha, il exige qu’on lui envoie dans son camp militaire tous les éléments pour préparer le bouquet de la fête des cabanes ou des tabernacles

qui commence cinq jours après Yom Kip-pour pour commémorer la traversée du désert après la sortie d’Égypte : « Vous demeurerez dans les souccot (cabanes) sept jours, tout habitant d’Israël s’ins-tallera dans les cabanes, afin que vos générations sachent que J’ai installé les enfants d’Israël dans des souccot lorsque Je les fais sortir du pays d’Egypte, Je suis l’Eternel votre Dieu. Et vous pren-drez pour vous, le premier jour, le fruit de l’arbre de beauté, des branches de palmiers, des feuilles d’arbre de myrte et des saules de rivière, et vous vous réjoui-rez devant l’Eternel votre Dieu sept jours » (Lévitique vayikra 23). Ses hommes ne doivent pas combattre le jour du sab-bat. D’après des papyrus découverts dans les grottes de Murabba’ât près de la mer Morte, le quartier général de Simon semble être la forteresse de l’Hérodium.

On y trouve des greniers et le trésor des insurgés comme le montre ce bail signé par Eléazar fils de Selonite : « Le vingt de Sebat, An deux de la Libération d’Israël, par l’Autorité de Siméon Bar Ko-siba, Prince (Nasi) d’Israël qui se trouve en son camp d’Herodium. Éléazar fils de Selonite a déclaré à Hillel fils de Garis : Moi, de mon propre gré je t’accorde en fermage une parcelle de terrain dont je suis le Gérant pour le compte de Siméon, le Prince d’Israël, et qui se trouve à Ir Nahas. S’il ne cultive pas et n’exploite pas ce terrain, il sera expulsé et perdra le ????

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tout. Je lui accorde ce terrain en fermage dès aujourd’hui et jusqu’à la prochaine année Sabbatique. Le Loyer sera payé ici, tous les ans, en blé de bonne qualité et pur, à savoir quatre kor et huit seah, qui auront été soumis préalablement à la Dîme, et qui sera versé au Trésor à Hero-dium, tous les ans ». Le quartier général de Simon Bar Kosiba est ainsi relative-ment éloigné des places fortes militaires romaines. Le foyer principal de la révolte est vraisemblablement la Judée et plus précisément l’ensemble des territoires localisés entre le nord–ouest de la ville de Béthar et le sud–ouest d’Hébron jusqu’à la rive occidentale de la mer Morte à l’est tandis que le point le plus septentrional de la révolte est le Wadi ed–Daliyé à une vingtaine de kilomètres au nord–ouest de Jéricho. Il semble que les Juifs de Galilée n’ont pas participé à cette révolte mais des découvertes récentes montrent que ceux–ci se préparaient cependant à re-joindre les insurgés de Judée comme le montre la mise à jour de galeries sou-terraines. D’ailleurs, les archéologues ont trouvé de telles galeries au nord de Jérusalem. Les rares monnaies de Simon Ben Kosba découvertes dans la ville de Jérusalem semblent démontrer que les insurgés n’ont pas réussi à s’emparer de la ville.

La stratégie militaire des Juifs.

Les combats sont acharnés et les Romains subirent de grosses pertes

(Dion Cassius, 69, 14). Les combattants juifs évitent d’affronter l’armée romaine en rase campagne privilégiant la gué-rilla: « lorsque le prince fut éloigné, ils se soulevèrent ouvertement. Ils n’osaient pas,

néanmoins, les affronter en bataille rangée ; mais ils se saisissaient des po-sitions favorables et les fortifiaient de murailles et de souterrains, qui devaient leur servir de refuges lorsqu’ils seraient refoulés, et assurer entre eux des com-munications secrètes par terre, creusant, dans la partie supérieure de leurs routes souterraines, des ouvertures destinées à leur donner de l’air et du jour » (Dion Cassius, 69, 12). Dion Cassius rapporte qu’ils se rassemblent et font « beaucoup de mal aux Romains, ouvertement ou en cachette » (Dion Cassius, 69, 13). Les combattants juifs ont pleinement conscience qu’ils ne font pas le poids face aux troupes impériales. Flavius Josèphe notait déjà lors de la révolte de 66 que ceux–ci combattaient sans protection avec des armes usagées et des engins de siège pris aux Romains. Cette supériorité romaine s’exprime dans le discours de l’empereur Vespasien : « L’absence de cir-conspection, la poussée furieuse ne sont pas des procédés de combats romains : nous devons tous nos succès au métier et à la discipline ; ce sont des procédés propres aux Barbares qui valent aux Juifs la plupart de leurs désastres ». Dans la

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La révolte des Juifs contre les Romains au IIe siècle

plaine de Judée les archéologues ont re-trouvé des centaines de galeries, datant de la révolte de Simon Ben Kosba, creu-sées dans le calcaire. C’est le cas aussi dans les régions montagneuses près de Jérusalem ou d’Hébron. Elles sont sou-vent situées sous des habitations. Elles comportent parfois des citernes et des entrepôts. Cela démontre clairement que les Juifs ont soigneusement préparé leurs révoltes. Plusieurs de ces cachettes, dans le désert du Judée, ont fourni de nom-breuses informations aux archéologues. On peut évoquer la « Grotte aux lettres » et la « Grotte des horreurs ». Les deux se situent près du cours d’eau du Nahal He-ver qui se jette dans la Mer morte. Elles ont été découvertes au début des années cinquante. La première doit son nom à cause des nombreux documents notam-ment des papyrus à l’intérieur de celle–ci ; la seconde aux dizaines de crânes et de squelettes qui ont été découverts. Elle se trouve sur la falaise qui forme la rive sud du Nahal Hever. Au sommet de la falaise, les archéologues ont trouvé les vestiges de camps romains proches de ceux de Massada lors de la première révolte des Juifs contre les Romains.

Le gouverneur romain de la province Tineius Rufus éprouve cependant les plus grandes difficultés à mater la révolte. Les juifs connaissent le sort qu’il leur ait réservé et ils n’ont donc rien à perdre. Le gouverneur de Syrie Publicius Marcellus est obligé d’intervenir tandis que l’empe-reur Hadrien envoie son meilleur géné-ral Julius Sévérus en Palestine pour lui confier le haut commandement des troupes romaines : « Hadrien envoya contre eux ses meilleurs généraux, parmi lesquels le premier fut Julius Sévérus, qu’il manda de la Bretagne, où il commandait, pour lui confier la guerre contre les Juifs ». L’empereur Hadrien est certainement présent lors des opérations militaires car lors d’un message adressé au Sénat, il déclare « Si vous allez bien ainsi que vos en-fants, c’est bien. Moi–même et les lé-gions allons bien » (Dion Cassius, 69, 14). Les effectifs romains sont consi-dérables avoisinant certainement les 70 000 hommes composés de plus de 4 légions (la légion III Cyrenaïca, la lé-gion III Gallica, la légion X Fretensis et la légion VI Ferrata) ainsi que de nom-

breuses troupes auxiliaires. La stratégie de l’armée est proche de celle menée par Vespasien lors de la première révolte des Juifs. D’après Dion Cassius, Julius Sévé-rus divise ses troupes pour attaquer les insurgés sur plusieurs fronts afin de les encercler : « les attaquant séparément, grâce au nombre de ses soldats et de ses lieutenants, il parvint, en leur coupant les vivres et en les enserrant, il parvint, dis–je, lentement, il est vrai, mais sans hasarder ses troupes, à écraser, à étouf-fer, à anéantir leur sédition » (Dion Cas-sius, 69, 13).

L’armée romaine s’empare des for-teresses et des villes insurgées les unes après les autres provoquant le massacre de milliers de Juifs : « Il y en eut peu qui échappèrent à ce désastre. Cinquante de leurs places les plus importantes, neuf cent cinquante–cinq de leurs bourgs les plus renommés, furent ruinés ; cent quatre–vingt mille hommes furent tués dans les incursions et dans les batailles (on ne saurait calculer le nombre de ceux qui périrent par la faim et par le feu, en sorte que la Judée presque entière ne fut plus qu’un désert, comme il leur avait été prédit avant la guerre : le monument de Salomon, que ce peuple a en grande vénération, s’affaissa de lui–même et s’écroula ; des loups et des hyènes en grand nombre fondirent dans les villes avec des hurlements » (Dion Cassius, 69, 14). D’après les sources juives (Midrash) les Juifs sont obligés de se réfugier dans

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des grottes où ils souffrent terriblement de la faim : « Les Juifs qui se réfugiaient dans les grottes en étaient réduits à man-ger la chair de leurs frères tués. Chaque jour, l’un des survivants s’aventurait au dehors de leur cachette et rapportait un cadavre qu’ils se partageaient. Un jour, ils dirent : « Il faut (de nouveau) que l’un d’entre nous sorte, et, s’il peut trouver un autre corps, qu’il le rapporte afin que nous puissions manger. « Celui qui fut désigné sortit, et trouva le cadavre de son propre père : il s’empressa aussitôt de l’enter-rer, et marqua l’emplacement afin qu’il puisse le localiser plus tard. Puis, il s’en retourna dans leur cachette et rapporta qu’il n’avait rien pu trouver. Alors les in-surgés dirent : « Qu’un autre aille dehors, et, s’il trouve quelque chose, qu’il le rap-porte, afin que nous puissions manger ! « Un autre Juif fut donc désigné, et il se dirigea en humant l’air afin de rechercher un cadavre. C’est ainsi qu’il découvrit le corps de l’homme qui venait d’être enter-ré. Il le rapporta dans la grotte et ils le dévorèrent. Après qu’ils l’eurent mangé,

ils lui demandèrent : « Où as tu trouvé ce corps ? Il répondit : « Dans tel endroit particulier. Ils lui demandèrent alors : Y avait–il un signe distinctif permettant de retrouver cet emplacement ? Il leur décri-vit la marque qui indiquait effectivement l’emplacement de cette Sépulture. Celui qui y avait enterré le cadavre s’exclama alors: O Malheur sur moi ! J’ai mangé la chair de mon propre père ! ».

Lors des combats, Simon Ben Kosba confie le commandement de l’Hérodium à Bar Daroma et se replie dans la ville de Béthar à une dizaine de kilomètres au sud–ouest de Jérusalem. A l’automne 134, l’armée romaine s’empare de la for-teresse puis elle se dirige vers Béthar. Simon Bar Kosba a vraisemblablement pris soin de dissimuler ses richesses pour éviter qu’elles ne tombent entre les mains des soldats romains. En effet, au début des années 50, les archéologues ont découvert dans une grotte (grotte 3 de Qumrân), sur la rive occidentale de la mer Morte, deux rouleaux de cuivre

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La révolte des Juifs contre les Romains au IIe siècle

comportant une liste de trésors dissimu-lés qui avoisinent les 160 tonnes d’or et d’argent.

L’écrasement de la révolte.

La ville de Béthar correspond pro-bablement au site de Khirbet el Yahud (ruines des Juifs) proche aujourd’hui du village de Bittir à 11 km au sud–ouest de Jérusalem. Eusèbe de Césarée indique que le siège de la ville provoque la soif et la faim au sein de la population : « Le siège dirigé du dehors ayant duré long-temps, les révoltés furent poussés par la faim et par la soif aux dernières extrémi-tés de la destruction. Celui qui était cause de leur folie en subit le juste châtiment » (Histoire ecclésiastique IV, 6, 3). La conquête de la ville par l’armée romaine entraîne le massacre complet de sa po-pulation. Les sources juives nous ont laissé une description apocalyptique sans doute un peu éloignée de la réalité mais elles montrent que ce massacre a pro-fondément marqué la conscience juive : « Les Romains égorgèrent ensuite tant de Juifs que les chevaux s’enfonçaient dans le sang jusqu’aux naseaux ; ces flots de sang soulevèrent des rochers pesant 40 saas, et les roulaient jusqu’à la mer, qu’ils colorèrent de sa teinte pourpre

jusqu’à quatre milles au large des côtes. Et ce n’est pas que Béthar était près de la mer : en effet, cette localité en est dis-tante de quarante milles. On raconte que 300 cervelles de jeunes enfants gisaient écrasées, rien que sur une seule pierre, et l’on trouva trois hottes pleines de phylactères... On a enseigné que Rabbi Siméon Gamaliel (fils et successeur de Gamaliel II) disait : Il y avait 500 écoles à Béthar dont la moindre avait 500 élèves enfants qui proclamaient : Si les ennemis réussissent à parvenir jusqu’à nous, nous les attaquerons avec nos stylets et nous leur crèverons les yeux ». A la mort de Simon Bar Kosba, la ville de Jérusalem est transformée en colonie romaine avec le titre de Colonia Aelia Capitolina du nom de la famille d’Hadrien. Pire encore pour les Juifs, la ville leur est désormais interdite sous peine de mort : « Depuis ce temps (Bar Kochba), tout le peuple re-çut la défense absolue, par une décision ayant force de loi et par des comman-dements d’Hadrien, d’approcher même des environs de Jérusalem, de telle sorte que celui–ci interdit aux Juifs de contem-pler, même de loin, le sol de la patrie. C’est là ce que raconte Ariston de Pella. Ainsi la ville de Jérusalem fut réduite à être totalement désertée par le peuple

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juif et à perdre ceux qui l’avaient habitée autrefois (Eusèbe, HE, IV, 6, 3–4). Cette mesure désastreuse pour les Juifs est encore confirmée par Tertullien : « nous remarquons que dans cette ville de Beth-léem, il ne reste plus aujourd’hui un seul membre de la race d’Israël. Il y a plus. Depuis que la défense en a été portée, aucun Juif ne peut même demeurer dans le voisinage de cette contrée, si bien que la menace du prophète s’est accomplie à la lettre » (Tertullien, Contre les Juifs, 13). La ville de Jérusalem est désormais une ville païenne avec ses temples. D’après le chrétien Jérôme de nombreux Juifs sont vendus en esclavage. Le nombre est si grand que le prix des prisonniers sur le marché d’Hébron chute pour ne pas dé-passer le prix d’un cheval. A la différence de Titus, l’empereur Hadrien ne frappa pas de monnaies pour célébrer sa victoire sur les Juifs. Cette seconde guerre du IIe siècle contre l’Empire romain se termine en 135 avec la prise de la ville de Béthar et la mort de Simon.

Les facteurs de la révolte des Juifs de la diaspora et de Palestine.

La situation particulière des Juifs d’Egypte.

Lors de la révolte en Egypte, Eusèbe de Césarée mentionne que les Juifs s’en prennent aux Grecs et que cette ré-volte n’est pas la première en Egypte. Pour comprendre cette hostilité, il faut remonter à l’installation des Juifs en Egypte. Lorsqu’Alexandre le Grand fait la conquête de cette province perse au IVe siècle avant notre ère, il recrute de nom-breux juifs en Palestine dans son armée composée de soldats grecs et macédo-niens. Pour les récompenser, le conqué-rant macédonien, selon Flavius Josèphe, octroie alors à ceux–ci « la faculté de rési-der dans la cité avec les mêmes droits que les Grecs. Cette prérogative leur fut maintenue par ses successeurs, qui leur attribuèrent en outre un quartier particu-lier pour qu’ils conservent plus purement leur mode de vie, puisque les étrangers se mêleraient moins à eux, et les auto-risèrent à agir en qualité de Macédo-

niens ». Comme le rapporte l’historien J. Mélèze Modrzejewski « le Juif fait partie de la communauté des Hellènes dans l’Egypte ptolémaïque. Il reste juif par sa religion, tout en étant grec par sa langue, sa culture, sa condition sociale ». Après la mort d’Alexandre, l’un de ses géné-raux Ptolémée Ier Sôter (305–283) fait de l’Egypte un royaume indépendant dont la dynastie (Lagides) règne jusqu’à la conquête romaine au Ier siècle avant notre ère avec la mort de Cléopâtre VII Théa Philopator considérée à tort comme une égyptienne.

Durant toute cette période, les Juifs continuent de bénéficier d’un statut pri-vilégié les assimilant à la communauté des Grecs toujours « en récompense de leur aide militaire », selon Flavius Joseph, alors que les Egyptiens ne sont que des sujets soumis aux rois d’Alexandrie de culture grecque. La maîtrise de la langue et de la culture grecque constituent donc

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La révolte des Juifs contre les Romains au IIe siècle

le ciment de cette communauté mais certains Egyptiens peuvent très bien apprendre la langue grecque. Un autre élément, beaucoup plus important, per-mettant à ses membres de se distinguer du reste de la population égyptienne, notamment ceux vivant dans la cam-pagne, est la conviction d’être toujours des citoyens grecs. C’est–à–dire que les descendants des soldats d’Alexandre le Grand se considèrent toujours comme appartenant à la communauté civique de la cité d’origine de leur ancêtre alors que la plupart n’y ont jamais mis les pieds. Ce lien est fondamental car les Grecs voient la cité comme le cadre de vie de l’homme civilisé. Ce statut civique est également reconnu par les autorités lagides aux in-dividus originaires de régions du monde grec où la cité n’est pas le cadre de vie des populations comme la Thrace.

Les Juifs s’intègrent parfaitement dans cette communauté en adoptant des noms grecs (Ptolémaïos ou Arsinoé) ou

des noms hébraïques grécisés (Abramis) ainsi que la langue des conquérants. La seule différence est leurs pratiques reli-gieuses (circoncision, interdits alimen-taires et le sabbat) mais celles–ci ne posent aucun problème aux autorités d’Alexandrie car chaque « citoyen » est libre de respecter les cultes de sa « cité ». Cependant, cette différence est souvent source de tensions et d’incompréhen-sion. L’historien grec Hécatée d’Abdère affirme même que Moïse a mis en place « un mode de vie contraire à l’humanité et à l’hospitalité ». Cette différence suscite des antagonismes mais c’est la conquête romaine de l’Egypte qui va accroître les tensions entre les « Grecs » et les Juifs.

Lorsque l’Egypte devient province romaine, les autorités impériales re-jettent cette conception trop souple de la citoyenneté. Elle n’est reconnue qu’aux Grecs vivant dans les cités grecques d’Alexandrie, de Naucratis ou de Ptolé-maïs. Les Juifs et les Grecs vivant dans

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la campagne égyptienne en sont exclus. Aux yeux des Romains, les premiers ne sont que des orientaux comme l’en-semble de la population égyptienne. Après avoir été considérés comme des membres de l’élite conquérante, les Juifs se voient donc reléguer au rang des vain-cus c’est–à–dire des Egyptiens. Comme le dit l’historien J. Mélèze Modrzewski « les Juifs étaient des Hellènes ; ils sont devenus Egyptiens ». En outre, ils sont désormais soumis à l’impôt personnel comme les Egyptiens de 14 à 62 ans.

Ce changement de statut ne peut que faire naître une profonde frustra-tion au sein de la communauté juive contre le pouvoir romain Le récit du Juifs Hélènos fils de Tryphon résume à lui seul le déchirement vécu par les Juifs d’Egypte. Celui–ci adresse une requête au préfet (gouverneur) d’Egypte Gaius Turranius vers 5–4 avant notre ère. Sa lettre retrouvée sur un papyrus (Corpus Papyrorum Judaicarum. II, 151) est un brouillon. L’auteur commence en se dé-signant comme Alexandrin puis ce mot est barré pour être remplacé par « un des Juifs d’Alexandrie ». Celui–ci se consi-dère donc comme un citoyen de la cité d’Alexandrie alors qu’il n’en possède pas le statut juridique: « A Gaius Turranius de la part d’Hélènos, fils de Tryphon, Alexandrin (barré dans le texte), un des Juifs d’Alexandrie. Très puissant gouver-neur, bien que mon père ait été citoyen alexandrin et que j’aie toujours vécu ici, ayant reçu une éducation appropriée, pour autant que les moyens de mon père lui permettaient de me la donner, je cours à présent le risque non seulement d’être privé de ma propre patrie, mais…Il arrive en effet qu’Horos contrôleur public….. » (CPJud. II, 151). Hélènos est donc dans l’obligation de payer l’impôt personnel à la différence des citoyens Alexandrins ou Romains. Le problème est que si Hélènos quitte Alexandrie il sera considéré comme un Egyptien ce qui pour un homme de culture grecque est une vraie humilia-tion. Cette frustration est d’autant plus forte que les Grecs vivant dans la cam-pagne égyptienne perdent leur statut civique mais ils bénéficient d’une diminu-tion de l’impôt personnel car les autori-tés romaines ont besoin de s’appuyer sur une aristocratie locale de culture grecque pour asseoir leur domination.

Cette hostilité entre communauté est parfois attisée par les gouverneurs romains d’Alexandrie pour asseoir leurs propres ambitions personnelles comme Aulus Avilius Flaccus. La situation dégé-nère et la communauté juive d’Alexan-drie fait alors l’objet de persécutions. Selon Philon d’Alexandrie (vers 12 avant notre ère–54 après notre ère) en août 38, les biens des Juifs sont méthodique-ment pillés : « Il y a cinq quartiers dans la ville, qu’on désigne par les cinq pre-mières lettres de l’alphabet. Deux de ces quartiers sont appelés quartiers juifs parce qu’un très grand nombre de Juifs y habitent ; mais ils ne sont pas rares, ceux qui habitent dans les autres quartiers, un peu partout. Que fit–on ? On chassa de leurs maisons les Juifs de quatre quar-tiers et on les concentra dans une partie restreinte d’un seul quartier. En raison de leur grand nombre, les Juifs durent déborder sur les grèves, les tas d’or-dures, et parmi les tombeaux, dans un dénuement total. Les autres envahirent les maisons ainsi évacuées et se livrèrent au pillage ; ils se partageaient le butin comme à la guerre, et comme personne ne les empêchait, ils forcèrent aussi les ateliers des Juifs qui se trouvaient fer-més à cause du deuil pour Drusilla ; et tout ce qu’ils y trouvèrent, il y avait là quantité de choses, ils l’emportèrent ; emmenant tout cela en plein marché, ils traitaient le bien des autres comme s’il était à eux » (Philon d’Alexandrie, Contre Flaccus, 55–56). Les actes de violence ne se limitent pas seulement aux biens personnels: « Ils sont sans nombre ceux qu’ils exterminèrent et firent disparaître par diverses sortes de mauvais traite-ments inventés pour satisfaire la terrible cruauté de ces fanatiques que la sauva-gerie transformait en bêtes féroces. Tous les Juifs qu’ils apercevaient où que ce fût, ils les frappaient à coups de pierre ou à coups de bâton en évitant de por-ter ces coups tout de suite sur les parties vitales, de crainte qu’une mort rapide ne vînt trop rapidement mettre fin à leurs tortures. D’aucuns, rendus plus pétulants par l’impunité et la licence propres à ces déplorables circonstances, méprisant les armes plus faibles, avaient recours à celles qui sont les plus efficaces de toutes : le feu et le fer. Ils en tuèrent un grand nombre à coups d’épée et en firent disparaître beaucoup d’autres par le feu.

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Le comble : c’était par familles entières, hommes et femmes, petits enfants avec leurs parents, que les firent brûler ces hommes les plus insensibles du monde, en pleine ville, sans pitié pour la vieillesse ou l’enfance innocence. Quand ils man-quaient de bois à brûler, ils prenaient des broussailles et tuaient ainsi plus par la fumée que par le feu, procédé ingénieux pour infliger une mort plus lamentable et plus lente à ces malheureux dont les corps, à demi brûlés, gisaient pêle–mêle, pénible et affligeant spectacle » (Philon d’Alexandrie, Contre Flaccus, 66–68). La perte de son statut privilégié et la mul-tiplication des persécutions expliquent certainement la révolte de 115 des Juifs d’Egypte. La guerre romaine de 66 et la destruction du Temple de Jérusalem ont certainement encore renforcé ce senti-ment anti–romain.

La situation dans les autres provinces orientales de l’Empire.

Pour les autres provinces de l’Empire,

les sources littéraires ne fournissent au-cune explication. D’ailleurs, Dion Cassius est le seul à évoquer la révolte des Juifs sur l’île de Chypre. Dans la province de Cyrénaïque, les relations avec les Grecs sont parfois tendues car Flavius Joseph note que les Juifs éprouvent des diffi-cultés pour envoyer de l’argent pour le Temple de Jérusalem : « Les Juifs de Cy-rène en faveur desquels Auguste a déjà écrit au préteur Flavius qui gouvernait alors la Libye et aux autres magistrats de la province, afin qu’ils puissent envoyer sans empêchement leurs contributions sacrées à Jérusalem selon leurs coutumes ancestrales, se sont présentés à moi parce qu’ils sont molestés par quelques délateurs et empêchés d’envoyer cet argent, sous le prétexte faux qu’ils de-vraient certains impôts. J’ordonne qu’on remette tout dans l’état antérieur sans les inquiéter en rien, et si de l’argent sacré a été enlevé dans certaines villes, j’ordonne que les gens chargés de ce pré-lèvement en fassent réparation aux Juifs

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de ces endroits » (Flavius Joseph, XVI, 169–170).

Cependant, les relations peuvent être cordiales au sein de l’élite municipale. C’est le cas dans la cité de Cyrène où le juif Eléazar, fils de Jason, se trouve dans la liste des magistrats de la cité. Flavius Joseph signale aussi que les Juifs oc-cupent « de hautes fonction ». En outre, deux inscriptions en langue grecque de la cité de Bérénice (Bengazi), montrent clairement que les Juifs entretiennent de très bonnes relations avec les autorités locales. Dans la première, le gouver-neur romain Marcus Tittius fils de Sex-tus est qualifié par les Juifs d’« homme de mérite, depuis son arrivée » et qu’il gouverne la province « avec humanité et avec succès ». La seconde inscription indique qu’un citoyen romain du nom de Decimus Valerius Dionysius prend des mesures pour l’entretien et la déco-ration d’un amphithéâtre appartenant à la communauté juive : « il a stuqué le sol de l’amphithéâtre et en a décoré les murs ». Avant la domination romaine, ceux–ci obtiennent l’égalité devant la loi (isonomia) avec les autres habitants de la cité de Cyrène tandis qu’Auguste leur accorde ensuite l’égalité devant l’impôt. Ils ne sont donc pas soumis aux taxes payées par les étrangers (métèques). La communauté juive semble relativement importante car ses membres sont suf-fisamment nombreux pour former une classe à part entière parmi les quatre (les citoyens, les laboureurs, les métèques et les Juifs) évoquées par Flavius Joseph (Flavius Josèphe, XIV, 115). D’ailleurs, les inscriptions funéraires du cimetière de Teucheira, datant du Ier siècle, ont livré près de 30% de noms juifs en sachant qu’il faut rajouter les juifs portant des noms grecs que l’on ne peut identifier. Les autorités locales se montrent géné-ralement bienveillantes envers les Juifs.

Cependant, la guerre de Judée va rompre cet équilibre. D’après Flavius Josèphe, plusieurs extrémistes juifs de Judée se réfugient en Cyrénaïque dont un certain Jonathan qui pousse d’autres juifs à le rejoindre dans le désert. L’aristocra-tie juive de Cyrène comprend vite que la situation peut rapidement dégénérer et ils demandent alors au gouverneur Ca-tullus d’intervenir : « Ce dernier envoya

contre lui de la cavalerie et de l’infanterie et vint facilement à bout de cette foule sans armes, dont la plus grande partie périt dans la rencontre ». Cependant, le gouverneur romain en profite pour s’en prendre ensuite aux riches juifs de Cy-rène en exécutant plus de « trois mille hommes d’un coup ». Il est fort possible qu’à partir de ce moment les rapports entre les Juifs et les Grecs se soient ag-gravés pour aboutir à la révolte de 115.

Selon certains historiens la croyance religieuse en la venue d’un rédempteur peut aussi expliquer la révolte des Juifs de la diaspora. Ils s’appuient sur le fait qu’Eusèbe mentionne que le leader des insurgés juifs de Cyrénaïque porte le titre de roi donnant ainsi à cette révolte un caractère messianique. D’ailleurs, cette attente d’un monde nouveau est entre-tenue par une littérature apocalyptique profondément hostile à Rome. C’est le cas des Oracles sibyllins dont le livre V affirme que le feu céleste embrasera à la fois « Babylone (Rome) elle–même et la terre d’Italie par qui beaucoup d’Hébreux périrent, saints, loyaux, peuple de véri-té » (v.159–160).

On retrouve également cette vision hostile dans les sources chrétiennes. Dans le Nouveau Testament l’un des passages de l’Apocalypse (chapitre 18) prédit la destruction de Rome qualifiée de nouvelle Babylone : « Il s’écria d’une voix puissante : elle est tombée, elle est tombée, Babylone la Grande ; elle s’est

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changée en demeure de démons, en re-paire pour toutes sortes d’esprits impurs, en repaire pour toutes sortes d’oiseaux impurs et dégoûtants ». L’assimilation de Rome à Babylone implique que l’Empire, comme celui de Babylone, va bientôt dis-paraître notamment depuis la destruction du second Temple de Jérusalem. En effet, quelques années après la destruction du Temple de Jérusalem (en 587 avant notre ère) par le roi babylonien Nabuchodono-sor II, l’Empire babylonien est conquis en 539 par l’armée du roi Cyrus fondateur de l’Empire perse achéménide (550–330). En outre, il est fort probable que les guerres menées par l’Empire romain contre les Parthes arsacides en Orient ait suscité au sein de certains milieux juifs le rêve d’une défaite de l’armée romaine et de la reconstruction du Temple avec l’aide des Parthes dont l’Empire s’étend sur une grande partie de celui des Perses achémé-nides à l’exception de certains territoires comme la Palestine ou l’Egypte. Cepen-dant, comme le souligne l’historienne M. Hadas–Lebel, le problème est de savoir quels sont les milieux concernés par ce courant apocalyptique et son impact sur les couches populaires. La seule certitude est qu’elle entretient un sentiment d’at-tente eschatologique, dans l’ensemble des communautés juives de l’Empire, qui ne peut que s’exaspérer au fur à mesure que le temps passe.

Les causes de la seconde révolte des Juifs de Palestine.

Les causes ne sont pas clairement établies par les historiens. Les sources lit-

téraires romaines et juives mentionnent généralement deux mesures pour l’expli-quer. La première concerne l’interdiction de la circoncision : « Les Juifs eux aussi, dans leur impétuosité, entamèrent une guerre, car on leur avait défendu de bles-ser leurs parties génitales » (Histoire Au-guste, Vie d’Hadrien, 14, 2). La décision de l’empereur Antonin (138–161) d’auto-riser les Juifs à pratiquer la circoncision sur leurs fils (Digeste XLVIII, 8, 11, 1) semble confirmer cette interdiction sous le règne d’Hadrien. Les sources rabbi-niques rapportent aussi que l’empereur Hadrien (117–138) pris de nombreuses mesures contre les Juifs. Le problème est qu’on ne sait pas si elles ont été adoptées avant ou après la révolte.

En outre, certains historiens notent qu’une telle interdiction est en contra-diction avec la politique pacifique menée par Hadrien d’autant plus qu’il ne peut ignorer qu’une telle mesure provoquerait automatiquement de graves troubles et entraîner ainsi Rome dans une nouvelle guerre. On peut aussi mettre en avant que les révoltes récentes des Juifs de la diaspora et le souvenir de la terrible guerre de Titus au Ier siècle ne peut que pousser les autorités impériales à la pru-dence. Ces différents éléments poussent certains historiens à rejeter une loi inter-disant la circoncision. Cependant, ces différents évènements ont peut–être pu pousser l’empereur Hadrien à mener une politique hostile aux Juifs. D’ailleurs, l’Histoire Auguste rapporte qu’il « observa avec beaucoup de scrupules les cultes ro-

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mains, tandis qu’il n’eut que mépris pour les cultes étrangers ». (Histoire Auguste, Hadrien, 22, 10). Mais, une autre mesure d’Hadrien semble remettre en cause to-talement cette fameuse prudence envers les Juifs.

La seconde mesure concerne la volon-té de l’empereur Hadrien de transformer Jérusalem en une colonie romaine sous le nom Aelia Capitolina et de construire un temple consacré à Zeus sur l’emplace-ment du Temple, probablement l’espla-nade, détruit par Titus selon l’historien romain Dion Cassius : « La fondation à Jérusalem, en place de la ville qui avait été renversée, d’une colonie, à laquelle il donna le nom d’Aelia Capitolina, et la construction d’un nouveau temple à Ju-piter en place du temple de Dieu, don-nèrent naissance à une guerre terrible et qui dura longtemps. Les Juifs, irrités de voir des étrangers habiter leur ville et y établir des sacrifices contraires aux leurs, se tinrent tranquilles tant qu’Adrien fut en Egypte et lorsqu’il fut retourné en Syrie ; seulement, ils fabriquèrent mal à des-sein les armes qu’on leur avait comman-dées, afin de pouvoir s’en servir comme d’armes refusées par les Romains ; mais, lorsque le prince fut éloigné, ils se sou-levèrent ouvertement. Ils n’osaient pas, néanmoins, les affronter en bataille ran-gée ; mais ils se saisissaient des posi-tions favorables et les fortifiaient de murailles et de souterrains, qui devaient leur servir de refuges lorsqu’ils seraient refoulés, et assurer entre eux des com-munications secrètes par terre, creusant, dans la partie supérieure de leurs routes souterraines, des ouvertures destinées à leur donner de l’air et du jour » (Dion Cas-sius, Histoire romaine, 69, 12). Plusieurs monnaies romaines avec l’inscription Aelia Capitolina, datant de cette révolte, confirme le récit de Dion Cassius. Ces différents éléments démontrent claire-ment que la transformation de Jérusalem en une cité païenne est antérieure à la révolte et qu’elle est vraisemblablement la principale cause et non la conséquence de la révolte.

A ces différentes causes, on peut évi-dement ajouté le courant messianique évoqué précédemment. Si les termes de messie ou de roi ne sont jamais men-tionnés sur les monnaies de Simon Ben

Kosba, le fait qu’Eusèbe fasse référence à une « lumière venue du Ciel » et que Si-mon Ben Kosba signifie « fils de l’étoile » donne un caractère messianique à cette révolte. D’ailleurs, certains symboles sur les monnaies, comme la grappe de raisin évoquent aussi la fécondité de la terre d’Israël aux temps messianiques. En outre, dans le chapitre 37 d’Ezéchiel, Da-vid porte aussi le titre de nasi qui semble désigner le roi de la fin des temps : « Mon serviteur David sera leur roi, et ils auront tous un seul pasteur. Ils suivront mes or-donnances, ils observeront mes lois et les mettront en pratique » (Ezéchiel, 37, 24).

La représentation sur plusieurs mon-naies du fronton du Temple de Jérusalem, du tabernacle, d’objets de culte et la men-tion « Jérusalem » semblent indiquer que l’objectif militaire principal de Simon Ben Kosba est la conquête de Jérusalem afin de reconstruire le Temple et de restaurer son culte. Par contre, la situation éco-nomique de la Palestine a certainement favorisé la colère contre Rome. Depuis la guerre de 66, la situation des classes populaires s’est considérablement aggra-vée. Les paysans juifs se sont appauvris car nombreux sont ceux qui ne sont plus propriétaires de leurs terres confisquées par le pouvoir impérial. En outre, la des-truction de nombreuses villes et de vil-lages a complètement désorganisé le tissu économique et social tandis qu’on estime qu’un tiers de la population a été anéantie. A cela s’ajoute l’obligation pour les Juifs de verser désormais l’impôt au-trefois réservé au Temple (fiscus Judai-cus) à celui du temple de Jupiter capitolin à Rome suite à une décision de l’empe-reur Vespasien. Finalement, sans reje-ter ces différents facteurs, la principale motivation des Juifs est de retrouver tout simplement leur indépendance. Nom-breuses sont les monnaies de Simon à comporter la légende avec le mot liberté : « An II de la liberté d’Israël » ou « Pour la liberté de Jérusalem ». Ce rêve s’exprime aussi dans le choix de la langue des lé-gendes monétaires. Comme le souligne l’historienne Mireille Hadas–Lebel, elles sont rédigées en hébreux alors que l’ara-méen et le grec sont devenus les princi-pales langues de la Palestine à l’époque romaine.

Bibliographie

• –JérusalemcontreRome.ParMireilleHadas–Lebel.Editionducerf.

• –Rome,LaJudéeetlesJuifs.ParMireilleHa-das–Lebel.EditionPicard.

• –HistoiredesJuifsdansl’antiquité.ParPeterSchäfer.Editionducerf.

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• –L’Hérodium,quartiergénéraldeBarKokhba?ParErnest–MarieLaperrousaz.SyriaAnnée1964.Volume41.pp.157–172.

• –LesJuifsd’ÉgyptedeRamsèsIIàHadrien.ModrzejewskiMélèzeJoseph.EditionPUF.

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