la mine du fournel (l’argentière-la-bessée, hautes-alpes, france) : l’exploitation rationelle...

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IL MONTE CALISIO E UARGENTO NELLE ALPI DALUANTICHITÀ AL XVIII SECOLO - Giacimenti, storia e rapporti con la tradizione mineraria mitteleuropea Atti del Convegno Europeo 12- 14 ottobre 1995 1 \ Comune di Civezzano Cnmune di Fo rnace Il

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IL MONTE CALISIO E UARGENTO NELLE ALPI DALUANTICHITÀ AL XVIII SECOLO

-

Giacimenti, storia e rapporti con la tradizione mineraria mitteleuropea

Atti del Convegno Europeo 12- 14 ottobre 1995

1 \ • Comune di Civezzano Cnmune di Fornace Il

La mine du Fournel (L'Argentière-La-Bessée, Hautes­Alpes, France): 1' exploitation rationnelle aux Xème­

XIVème siècles d 'un filon de plomb argentifère

BRUNOANCEL

CCSTJ du Château St . Jean, F - 051 20 L'Argentière-la-Bessée

RÉSUMÉ- La m ine d 'argent du Fourn e l est localisée d a ns une gorge e t sur un versant (1000-1400 m). E ll e fut explo itée au moyen-âge pui s a u X!Xèm e sièc le. Elle es t le cadre d e fouil les archéologiques depuis 199 1 et fa it l'obje t d ' un e valo risation touristiqu e . Les a nciens trava ux corresponde nt à l' exploitation d e lphi na le m e ntio nn ée dans les a rchives du XII è m e au XIV è m e siècles, data tion confirmée par le Cl4 (Xème-X!Vème s.). Les vestiges d e surface conce rn e nt l' activité extractive. Les d iffére nts fil ons ont é té a ttaqués depuis leur a ffleure ments par des travaux en tranch ée ou e n d écap age . De courts trave rs-ban cs rej o ig n ent éga le m e nt les min é ra lisatio ns proches de la su rface. Les ouvrages soute rrain s sont co nstitu és d e galeries/ boyaux , d e pe tits puits et d e cha mbres d 'exp lo itation . Les ga leries dépassent ra re m ent 1 m de sec t io n. Les traces d 'outi ls sont rares. Les ar rondis d es voû tes e t la su ie té mo ig ne nt d ' un e a ttaque au feu. Des gale r ies ple in es d e suie se déve loppe nt au d essus d es explo itati o ns. Ell es communiquent avec l'exté ri eur par d es puits et avec les cha ntie rs pa r d es recoupes. Les o uvrages ve rti caux (foncées) son t gé né rale ment comblés. Il s re lie nt les diffé re nts panneaux d 'explo itatio n e t sont cre usés sur les rej e ts d e fai lle . Les chambres d 'ex traction se d éve loppent sur toute l'é tend ue d es panneaux de fil on, m a is n 'a ffec te nt qu e la p a rti e ri c he (20-1 50 c m). El les prése ntent un toit constitué d ' une succession d e voûtes arro ndies, soute nues par d e rares p ili e rs. La tota lité des c h a mbres est r e mb la yée , pre squ e jusqu 'au p la fond . Grâce au x re levés topographiques on consta te d es d éve loppements p resque co ntin us d e p lus d e 100 m , les po in ts ex trê mes se situan t pa rfois à près d e 200 m d 'un e entrée . L'analyse archéo logique fait apparaître un e organisa tion d e l 'espace souterrain: les mineurs ont cre usé su r les fa illes qui affecten t! le g ise m e nt un résea u d e ga le ri es d e rec h e rc h e e t d 'accès a u x c h a nti e rs ; l 'aé ra t io n é ta it parfa ite m e nt maîtri sée grâce à un e ga le ri e supérie ure; l'exhaure é tait assurée pa r grav ité p ar une ga lerie située à la base d e l' explo ita tion . Ainsi , au Xè me-X!Vè me siècle la m ine du Fourne l présente une orga n isa tion de l' espace soute rra in tout à fait re marquable, préfigura nt ce lle des grandes exploitations de la Re naissance.

ABSTRACT - The Fournel m ine (L'Argentière-la-Bessée, Hautes-Alpes, France): the rational exploita­tion from the Xth to the XNth centuries of a silve r-bearing lead vein . The Fournel si lver mine is located in a gorge on a 1000- 1400m slope. It was exp loited in the Middle Ages and then in the X!Xth century. The site is the object of an archaeological dig and a heri tage development project since 1991. The old workings are due to the Dauphin 's e nterprise mentioned in the Xllth/ XNth century archives, confirmed by Cl4 dating (Xth- XIVth centuries) . T he surface re­mains concern mineral extraction. The veins were opened up from visible occurance by trench or scrape works. Short adits reach near-sur face veins. The underground works comprise galleries/ tunnels, sm ali shafts and extraction stopes. The galleries are rare ly larger th an 1 m in sec tion . Toolmarks are rare . The round arches and soot are witnesses of fire-setting. Blackened upper galle ries fo llow the extraction workings. They are Iinked to the exterior by shafts and to the wo rkings by side tunnels. The shafts are gene rally fi lied in . T hey link the diffe rent work-faces and follow the vein leadings. The stopes fo llow the who le length of the mineral vein, but on ly exploit the ri cher parts (20-J50cm ) . They are roofed by a

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succesion of rounded vaults, supported by infrequent pillars. ~They are fill ed-in nearly to the roofs. The topographie survey shows a continuous development of nearly a hundred me tres, the further points reaching sometimes to 200m from the entry. The archaeological analysis shows an unde rground space organisation: the min ers dug a ne twork of exploration and communication tunnels along the faul ts in the vein ; ventilation was perfectly assured by an uppe r gallery ; drainage was by gravity along a tunnel under the workings. Thus in the Xth-XIVth centuries the Fourne l min e presents a remarkable underground space o r­ganisation, prefiguring the grea t Renaissance workings.

MOTS CLEF: Alpes, mine d'argent, technique d'extraction, dynamique opératoire, Xèrne-XJVèrne s.

KEY WORDS: silver mine, extraction technique, treatment system, Xth - XJVth centuries.

Le gisement du Fournel a connu 2 temps forts d'exploita tion. Le premier, au moyen-âge, a laissé d'importants vestiges souterrains qui sont l'objet d e la présente étude. Le second, au XIXème s. , nous a légué également des ouvrages d'extraction étendus mais aussi les ruines d 'un établissement de préparation mécanique encaissé au fond d'une gorge (Ancel1992, 1993).

Depuis 1991 ce patrimoine minier est le cadre d'une fouille archéologique (programme H 03 «Mines et Métallurgie») et d'un programme de valorisation touristique largement soutenus par les collectivités. Le site est inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.

Les investigations menées par l'équipe de fouille du Centre de Culture Scientifique, Technique e t Industrielle de L'Argentière-La-Bessée sont très variées: compilation bibliographique, recherche en archives (XVIIIème et XIXème s.), prospection systématique en surface dans les gorges et les falaises ; exploration souterraine, relevés topographiques et archéométriques, photographies, fouille souterraine, etc . qui concernent autant les vestiges médiévaux que ceux de la période industrielle.

L'étude des réseaux souterrains anciens comporte des difficultés considérables, notamment liées à l'abondance des déblais qui masquent des portions de l'exploitation ainsi que les sols d'occupation primitifs. Chaque année des portions de réseaux sont péniblement dégagées ; le potentiel de découvertes reste encore important.

1. CADRE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE

Le secteur minier du Fournel est situé sur le territoire de la commune de L'Argentière-La-Bessée (département des Hautes-Alpes), dans la haute vallée de la Durance, à 15 km en aval de la ville de Briançon (Fig. 1). Les sites d'extraction e t de métallurgie sont localisés à l'ouest de la ville dans le vallon du Fournel, de 1050 à 1800 rn d'altitude.

Le fond du vallon du Fournel est très encaissé e t forme une gorge sur 1 km de longueur, où est concentrée la majeure partie des vestiges d e la reprise d 'exploitation au XIXème s. En amont, cette gorge débouche dans un vallon glaciaire, l 'Alp Martin, au-delà d 'un resserrement impressionnant appelé le Gorgea. En aval, la gorge s'ouvre peu à peu et débouche sur la vallée de la Durance. Le Fournel est un torrent impétueux dont certaines crues ont provoqué de grands dégâts par le passé.

Au dessus des gorges, en rive droite, le versant présente rapidement une pente régulière assez raide et boisée. En rive gauche, le versant est d'abord très escarpé, puis présente une pente herbeuse, occupée par le hameau de l'Eyssaillon,

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puis se redresse progressivement vers les Têtes. Vers l'aval cette pente douce est interrompue par une barre rocheuse dominée par la petite chapelle St Roch. Ce versant nord est légèrement entaillé par des talwegs, dont le Corn bal Tirrière qui débouche à l'aval de l'établissement XIXème., et la Combe Blanche qui borde le secteur minier à l'est.

De prime abord le secteur semble difficile d'accès. Pour des personnes habituées au milieu montagnard il n'en est rien. L'altitude ne constitue pas un gros handicap sur le plan météorologique. Hormis le fond des gorges, le secteur est exposé au sud et en hiver les précipitations neigeuses disparaissent rapidement.

Du point de vue géologique le gisement est située dans la zone briançonnaise du massif alpin. Il appartient à la nappe de Champcella qui chevauche le <<flysch >> de l'Alp Martin. Schématiquement, d'est en ouest, les terrains géologiques se composent de grès houiller du carbonifère, de conglomérats permiens (faciès Verrucano), et de quartzites et de calcaires triasiques. Tous ces terrains ont été redressés à la verticale par le mouvement de charriage de la nappe et sont disloqués par de nombreuses failles (Baudinot 1861 ; Gueymard 1830).

On distingue plusieurs filons encaissés dans les quartzites et découpés en panneaux orientés NE-SO, inclinés vers le sud-est de 15 à 50° ou subverticals. Leur puissance varie de 0,50 rn jusqu'à 7 à 8 rn, avec en moyenne 1,20 à 1,50 m. Le minerai est presque exclusivement de la galène argentifère (sulfure de plomb titrant 0,15% d'argent) mélangée à du quartz et de la barytine.

2. LE POINT SUR LES SOURCES ÉCRITES

La tradition locale attribue généralement le début de l'exploitation des mines d'argent du Fournel à l'époque romaine. En fait cette opinion a été développée en 1836 par l'ingénieur des mines Scipion Gras impressionné par l'ampleur des anciens travaux: <<la vaste étendue, les excavations et la difficulté de les pratiquer dans une roche extrêmement dure sans le secours de la poudre, donnent l'idée d'une grande exploitation, de nombreux ouvriers et de ressources immenses qui ne pouvaient appartenir qu'à une nation aussi puissante et aussi avancée dans la civilisation que l'étaient les Romains. » (rapport du 18 décembre 1836 ; archives de la DRIRE) Mais à cette époque ce point de vue n'était pas partagé, notamment par l'ingénieur Graff (1869) pour qui il n'avait <<d'autre garant que la tradition du pays, qui ici, comme presque partout ailleurs où les Romains ont eu des possessions, leur attribue sans distinction tous les ouvrages d'une certaine grandeur.»

De nombreux auteurs ont analysé les quelques textes anciens qui citent l'exploitation de L'Argentière: Albert (1783), Brun-Durand (1874), Fournier (réédité en 1890), Guillaume (1883, 1886), Humbert (1972), Roman (1883, 1886, 1888, 1895), Sclafert (1926). Généralement une confusion est entretenue avec les mines de Freissinières et de Châteauroux situées plus au sud dans la vallée de la Durance . Roman éclaircit la situation dans son dernier article.

La mine du Fournel apparaît au Xllème s. sous le nom de mine de Rame. Le 13 janvier 1155 l'empereur Frédéric 1er, dit Barberousse, concède la mine qui existe à l'Argentière au Dauphin Guigues V avec l'autorisation de frapper monnaie à Cezan na en Piémont. Cette concession est confirmée en juillet 1155. En 1202 le Dauphin André épouse la fille du comte de Forcalquier et récupère en dot le mandement de l'Argentière avec les revenus miniers qui s'y rattachent.

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En 1232 l'Argentière d evient une châtellenie. Les droits sur la mine sont renouvelés par l'empereur Frédéric II en avril1238 au profit du Dauphin Guigues VII. En 1260 celui-ci prélève 1/ 20 de la production .

Nous avons donc des m entions qui attes te nt d 'une exploitation à l 'Argentière qui aurait au moins commencé durant la premiè re moitié du XII ème siècle jusqu'au moins la seconde moitié du Xlllème siècle , soit plus d'un siècle. Au XIVème s. ces mines semblent abandonnées.

L'Intendant Bouchu (Mémoire sur l'état de la Généralité de Grenoble, Bouchu 1698 ; Archives Nationales Hl.1 588. 19) signale une r e prise d'exploitation au XVIIème s. <<On en a ouvert une autre (mine de plomb) à l'Argentière, village situé sur la Durance à 4 lieues au dessous d e Briançon , dont le travail a cessé à cause du peu de matière que l'on en tirait. >> . Chambon (1714, cité par Gobet 1779) confirme que <<en 1670 ou environ , Olof Borrich , é tan t venu en France, il observa la mine d'argent du lieu d e l'Argentière sur la Durance qui était alors exploitée par Boquet; il remarqua le rocher veiné, comme le bois qui est à Briançon. ». Une autre source mentionne une mine de plomb abandonnée par sa pauvreté e t une mine d 'argent exploitée en 1670 par M. Boget. (Etat de la Généralité du Dauphiné, 1783; Archives Nationales F14.8131). Les travaux abandonnés à cette époque par suite des malheurs publics furent repris dans la première moitié du XVIIIème siècle et abandonnés de nouveau en 1740 comme improductifs (Cailleaux 1875). Au XIXème s. on découvre dans une galerie ancienne un douzain de Gaston D'Orléans (Roman 1888) .

A la fin du XVIIIème s. la mine n'est pas complètement oubliée et est en partie accessible. << On voit encore les creux et les cavernes qu 'on y avait fait, e t qui sont bien avant d ans les rochers. Il s'y trouve plusieurs cavités où l'on entre de l'une à l' autre par des ouvertures fort étroites, de sorte qu'on est souvent obligé de se coucher par terre , pour pouvoir passe r d an s ces chambres souterraines. On y voit des murailles à pierres sèches, et l'empreinte dans le roc des coups d e marteaux. L'endroit où l'on épurait les minéraux, est à l' en trée de la mo ntagne d 'Alp-Martin .» . (Albert 1783)

Les ingénieurs des reprises modernes (1789-1792 ; 1836-1841 ; 1847-1881 ; 1891-1894 ; 1899-1907) décrivent également d e façon succinct les travaux anciens.

<<Les vieux travaux sont immenses ; on a d éjà reconnus sept ateliers d 'exploitation détruits et ne communiquant point entre eux ; on désigne sous le nom de Mine Basse, Galerie du Bois, Lauze Brun, Saint Roch , Combe Blanche, la Rouble , la Pinet; en pénétrant dans l' inté rieur d e ces travaux on y rencontre d es puits inclinés, d e nombreuses galeries irrégulières et presque partout de grandes excavations dont le toit est soutenu par de rares piliers. Cependant il n 'y a pas eu d'éboulement parce que la roche est excessivement dure; quelques endroits sont entièrement remblayés, dans d 'autres on trouve sur le sol des amas de minerai pauvres qui pourront ê tre utilisés.» (Scipion Gras, rapport du 18 décembre 1836; archives d e la DRIRE)

<<. d es bûch ers trouvés dans des excavations, d es galeries et cheminées encore pleines d e suie attestent que l'on travaillait par le moyen du feu . Les an ciens ont pratiqué une foule de galeries qui se croisent en tout sens. Ils en ont aussi fait plusieurs qui sortent de la masse et qui n'ont pas rencontré de minéral.. Les anciens avaient une autre exploitation plus haut dans la même montagne, et dans le même rocher . (St Roch) les travaux faits sur elle sont considérable.]' en ai visité une partie , mais je n 'ai pu les suivre tous, surtout en profo ndeur. Il est à croire que les anciens ont laissé beaucoup à exploiter ; ils cassaient le minéral dans la mine même, dans d es excavations arrangées pour

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cela, que l'on reconnaît encore, et il paraît par cles attraits qu'ils n'emportaient que les plus riches.» (Muthuon, rapport du 8 pluviose An IV; Archives Nationales F14.8050)

<<En montant au dessus de la mine du Gorjat, douze à quinze cents mètres environ, on trouve des travaux anciens qui ont été repris par une galerie dite de St Roch, qui a donné son nom à la mine. Lorsque ces travaux furent découverts, ils étaient presque entièrement inondés . Les travaux de cette mine étaient très étendus, lorsqu 'on y pénétra malgré les eaux qui s'y étaient amassées, mais depuis il s'y est fait plusieurs éboulements considérables par l'effet des mines qui ont été tirées en enlevant quelques piliers très riches en minerai. On a remarqué que les anciens n'avaient en général enlevé que le minerai le plus riche. » (Héricart de Thury, rapport du 4 Brumaire An XIV ; Arch . Départ. Hautes-Alpes, 8S.3017)

Les descriptions des vestiges en surface sont moins fréquentes et souvent confuses en ce qui concerne leur localisation précise.

<< . le filon est mis à découvert sur une surface d'environ 1600 mètres carrés ; le toit (ou éponte supérieure) a complètement disparu, il paraît qu'il aurait glissé par suite d'un phénomène de soulèvement .. Enfin un dernier filon est visible dans les escarpements qui dominent la chapelle St Roch. Trois fouilles ont été ouvertes sur ce gîte à différents niveaux par les anciens . . >> (Grüner, rapport du 1 août 1853 ; archives de la DRlRE)

<< Des exploitations anciennes ont eu lieu à la Rouille, au dessus du hameau appelé Bourgeat. Si on devait juger de leur importance par la grande quantité de déblais répandus sur le coteau, on serait en droit de conclure que les travaux ont été· très étendus et avancés dans la montagne, ce qui suppose une grande richesse puisqu 'à cette époque on devait rencontrer beaucoup d'obstacles dans la préparation mécanique et la fusion.>> (Gueymard, rapport du 20 décembre 1841 ; archives de la DRlRE)

Au XIXème s. un ingénieur estime pour la seule mine des Vieux Travaux que les anciens ont dépilé le filon sur une longueur de 67 rn, une largeur moyenne de 16 rn et une hauteur de 2 à 3 rn soit l'extraction de 12 000 t de minerai, soit environ 5 000 t de plomb et 18 t d'argent. (Graff 1869). Ces chiffres sont exagérés.

Les travaux souterrains de la période récente (à partir de 1789) sont bien identifiés grâce aux analyses des rapports techniques (Archives Départementales, Archives Nationales, Archives de la DRIRE) et des investigations archéologiques (les travaux à la poudre sont bien caractérisés). Par contre nous savons très peu de choses sur les travaux des années 1670 et 1730. Le probable caractère archaïque de ces reprises d'exploitation ne permet peut-être pas de les distinguer des ouvrages plus anciens.

3. ÉLÉMENTS DE DATATION ABSOLUE

15 analyses de charbon de bois ont été confiées au Centre de Datation par le Radiocarbone de l'Université Claude Bernard Lyon 1 (Fig. 2). L'exploitation du Fournel s'inscrit sur une période sûre allant du Xème au XIVème s.

La date la plus ancienne est donnée par un charbon de St Roch autour de l'an 600. Il s'agit probablement d'un accident (vieux bois réutilisé). Les dates les plus récentes sont également données par des charbons de St Roch. Elles sont clairement postérieures au XIVème s. mais les limites de la méthode ne

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peuvent donner d 'âge plus précis (reprise des XVIIème et XVIII ème s. ?) . Les quartiers situés au fond des gorges (Vieux Travaux et Lauzebrune) sont plus globalement plus anciens que ceux situés sur le versant (St Roch et Combe Blanche).

Nous sommes donc en présence d'une exploitation active dès leXèmes, antérieure à la donation au Dauphin (1155), antérieure également à l'exploitation voisine de Brandes en Oisans (1236) (Bailly-Maitre & Bruno­Dupraz 1994).

L'état actuel de nos connaissances sur la région de la Haute-Durance au Xème et Xlème s. laisse entrevoir une période de trouble et d'instabilité défavorable au développement d'une activité d'extraction de l'argent ; ce jugement serait donc à réviser.

4. LES VESTIGES DE SURFACE

La totalité des vestiges de l'exploitation médiévale visibles en surface concerne l'extraction. Il s'agit soit de chantiers à ciel ouvert, d'orifices de galerie ou de tas de déblais (haldes). Il se répartissent en 5 ensembles: au fond des gorges, le Gorgeât et Lauzebrune; en rive droite, l'Albret; en rive gauche et le long de la crête rocheuse, Combe Blanche/ St Roch, la Rouille et la Pi née (Fig. 3 et 4) .

4.1. Le Gorgeât (ou Mine Basse)

En rive gauche, au-dessus de la falaise dominant le torrent, doivent se trouver les orifices primitifs des Vieux Travaux. La configuration des travaux souterrains explorés permet d'imaginer des travaux à ciel ouvert sur l'affleurement du filon , ainsi que le débouché d'un puits d'aérage. Tous ces travaux supposés sont actuellement invisibles, car obstrués par les éboulis de pente et recouverts de broussailles.

Au pied de la falaise , s'ouvrent 3 galeries en travers-bancs. Au ras du torrent, s'ouvre une galerie de drainage en partie ensablée. En peu en aval, en rive droite, en face de l'ancienne fonderie XVIIIème s., on remarque une attaque ancienne de moins d'un mètre de profondeur (traces de charbon de bois au sol), perchée dans la falaise sur un ancien niveau de berge sapé par les crues.

Plus en aval, dans le vallon du Combal des Filles où s'ouvrait la galerie moderne St Pierre, doivent se trouver des travaux anciens qui auraient été rencontrés en 1868 par un montage de la galerie Nord n°l: «ce lambeau avait été anciennement exploité et contenait des vestiges d'anciens travaux qui ont donné immédiatement un bon courant d 'air. >> (rapport du garde-mine Albert, juillet 1868 ; arch. DRIRE)

4.2. Lauzebrune

Au fond des gorges, très en aval de l'établissement XIXème, juste avant les vieilles prises d'eau, sont situés plusieurs sites d'extraction. En rive droite , à 30 rn du torrent, au pied d'un escarpement rocheux s'ouvre une galerie d'environ 30 rn de longueur butant sur éboulement montant. Nous n'avons pas trouvé d'autres vestiges plus en hauteur.

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En face en rive gauche, mais bien haut sur le versant très escarpé, on peut suivre sur 30 rn un dépilage vertical, large de 40 cm à 1 rn, obstrué par des blocs et des éboulis. Sa base est masquée par les éboulis de pente. A son sommet un passage étroit entre blocs donne accès au petit réseau souterrain de Salon. A la base de ce dépilage on suppose l'existence de travaux inclinés (effondrement). Au delà d'une zone d'éboulis on retrouve ce dépilage incliné ( 40 à 50°), comblé, dans la falaise qui domine le torrent. Un passage entre blocs permet d'en visiter une partie (galerie des Crânes). Une foncée moderne s'enfonce de quelques mètres et retrouve les travaux remblayés. Sous ces travaux inclinés on remarque un autre dépilage vertical obstrué. L'affleurement du filon minéralisé se voit bien au bord du torrent. Latéralement 2 galeries superposées y sont ouvertes mais sont rapidement obstruées par des éboulis. Vers l'aval, le dépilage incliné disparaît au niveau d'une zone très fracturée. Mais on retrouve rapidement un orifice donnant accès à une petite chambre remblayée.

Au delà d'un couloir d'éboulis, toujours en rive gauche, on retrouve des travaux sur 2 filons verticaux. Le filon amont doit être exploité depuis la surface mais ces travaux sont masqués par des éboulis. Le filon aval est légèrement attaqué par 2 galeries superposées ouvertes dans la falaise qui borde le torrent. Un travers-bancs taillé au feu y rejoint en 10 rn les travaux obstrués du filon amont. Ces galeries étaient totalement ensablées, alors qu'elles sont à 10 rn au­dessus du lit actuel.

Plus en aval, en rive gauche, dans la falaise on remarque une entrée de galerie ensablée. Plus en aval, en rive droite, au niveau du coude du torrent où se trouvent les premiers vestiges de prise d'eau, s'ouvre une galerie rapidement ensablée. La prospection du ravin supérieur n'a rien donné. Plus en aval, en rive gauche, au niveau du bassin de mise en charge de l'ancienne conduite forcée souterraine, on voit dans la falaise une petite attaque au feu et un petit dépilage incliné, en partie éboulé. La base de ces travaux est occupée par un petit abri en béton moderne (prise d'eau des années 1920).

4.3. L'Albret (ou Galerie du Bois)

En rive droite, assez haut sur le versant, au-dessus du canal de l'Ubac, on remarque des travaux anciens en partie repris au XIXème s. Au niveau d 'un escarpement rocheux entaillée par un talweg on note de grandes dépressions (éboulements) et un dépilage à ciel ouvert obstrué par des alluvions.

4.4. Combe Blanche / St Roch

Au-dessus de Lauze brune et pratiquement jusqu'à la Rouille, les quartzites qui encaissent les minéralisations sont masquées par un chevauchement des conglomérats du Verrucano. On ne peut donc pas suivre les affleurements des filons visibles dans les gorges.

Au dessus du chemin de l'Alp et du canal de l'Eychaillon, le ravin de Combe Blanche entaille les conglomérats et on retrouve dans une «fenêtre >> la minéralisation au contact des quartzites (Fig. 4). Il s'agit d'un filon principal incliné de 30 à 60°. Au moins 2 branches parallèles sont visibles. Il apparaît que dans la Combe, la minéralisation a été décapée par le toit sur plus de 700 m2, sur une dénivelée de 60 m. Cette sorte de minière à ciel ouvert domine les ruines du château médiéval d'Urgon (Fig. 5). L'estimation XIXème s. de 1600

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m2 décapés prend sans doute en compte tout-e l'étendue de la combe, sans distinguer les zones minéralisées des zones stériles, à moins qu'il y ait confusion avec le chantier de laPinée.

Le décapage inférieur (branche du Mur), visible au bas de la Combe, est coupé par un ressaut (rejet de faille). A la pointe nord-est on remarque une petite galerie de 5 rn presque totalement remblayée de blocs depuis l'extérieur. Des cotés nord et est, l'exploitation de cette branche s'enfonce en souterrain mais son toit est complètement effondré. Mais on perçoit localement du courant d'air. Cette zone de chaos paraît correspondre aux parties sud du réseau souterrain de St Roch. Le décapage supérieur (branche du Toit) , visible au sommet de la Combe, ne présente pas de grandes extensions souterraines. Le long de la paroi de la Combe on note 4 galeries de quelques mètres, dont une présente une petite zone dépilée (Fig. 6).

Vers le bas la Combe se resserre localement puis s'évase largement sur le versant de Pré Chastel. En suivant la fracture stérile inclinée qui semble prolonger la minéralisation vers le bas, on tombe sur la discrète entrée de la Galerie Combe Blanche qui est un orifice d'aérage. Cette galerie donne accès à des travaux sur un filon vertical. Par contre, en contrebas il n'a pas été possible de localiser l'entrée inférieure que ce réseau doit forcément posséder. Vers le haut la Combe se termine par un étroit couloir où doit se trouver le puits d'aérage principal du réseau St Roch; il est masqué par des éboulis.

A l'ouest de la Combe, s'étale la vaste halde de la galerie moderne dite des << Romains >> (Fig. 5). Les déblais modernes recouvrent des déblais plus anciens et masquent les entrées supposées de St Roch. Au sud-ouest de la Combe, un rocher porte une petite croix gravée: est-elle en rapport avec l'exploitation ancienne ? Ni les archives modernes, ni le cadastre ne permettent de l'interpréter.

4 .5. La Rouille (ou la Rouble)

Sur le versant est de la montagne, celui qui domine la ville de L'Argentière, les quartzites affleurent à nouveau au sommet de grands éboulis (Fig. 4). La couleur rouille qui affecte certaines coulées de ces éboulis correspond à la présence de déblais minéralisés. La minéralisation principale est un filon qui est souvent parallèle à la surface du versant.

Du coté sud, la plus grosse coulée rouille est coiffée par un replat: un plateau de halde. Au dessus, un chaos de blocs masque une éventuelle entrée. Ce chaos pourrait avoir été formé par l'effondrement et le glissement du toit d'une zone dépilée qui se développait à peu de distance de la surface. Au­dessus du chaos, au pied d'une barre rocheuse, s'ouvre un large puits incliné qui recoupe une zone dépilée à peu de distance de la surface.

Plus haut et vers le nord, on trouve un puits vertical de faible gabarit, profond de 15 rn et percé dans des schistes rouges. Il donne accès à des travaux se développant sur un filon vertical. D'autres orifices devraient logiquement être situés dans les alentours, mais rien est visible. Plus vers le nord, toujours au sommet des éboulis on observe une zone fissurée qui peut-être correspond à une entrée effondrée.

4.6. LaPinée

Au nord de la Rouille, du coté droit des grands éboulis, le filon principal incliné est, comme à Combe Blanche, l'objet d'un grand décapage couvrant

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une superficie de 1600 m2 (Fig. 4). Au sommet~ le panneau est recoupé par une faille minéralisée qui est en partie exploitée par des travaux au feu et qui est explorée par 4 galeries modernes. Du coté nord l' exploitation semble se poursuivre en souterrain mais elle serait complètement effondrée. On peut cependant pénétrer dans une petite chambre vers la base du décapage.

Plus vers le nord, dans les escarpements rocheux, on remarque un petit décapage sur un lambeau de filon, et en contrehaut un puits d'aérage taillé au feu, obstrué au bout de quelques mètres. En dessous de ce dernier point, dans la falaise on observe un large renfoncement taillé au feu. A la base de cette falaise, les éboulis sont riches en minéralisation. On note la trace d'un puits presque complètement masqué par les déblais.

Beaucoup plus bas, à l'extrême droite des grands éboulis, on observe une h alde bien marquée qui pourrait correspondre à des travaux totalement effondrés au pied d'un escarpement.

4. 7. Organisation générale des travaux visibles en surface

On observe donc que les travaux médiévaux paraissent s'organiser sur 3 grands ensembles minéralisés: - à l'ouest le quartier du Gorgeât est axé sur le filon principal, incliné et découpé

en de nombreux panneaux, qui a fait l'objet de la reprise du XIXème s. à l 'est un second filon incliné (ou le même rejeté de 200 rn), peu ou pas découpé en panneaux, est exploité en souterrain et par décapages de surface dans plusieurs quartiers sans connexion apparente, à la Pinée, la Rouille, Combe Blanche 1 St Roch et Lauze brune

- tantôt au mur, tantôt au toit de ce second ensemble, plusieurs filons sub­verticaux parallèles ont été ponctuellement exploités à La Rouille, Combe Blanche, Lauzebrune et l'Albret

Des deux derniers ensembles, il résulte une succession de travaux denses qui s'alignent sur environ 1 km de longueur et 350 rn de dénivelée.

A l'affleurement les minéralisations ont été systématiquement exploitées et de diverses façons selon la topographie des lieux. Sur le filon vertical de Lauzebrune l'attaque du gîte consiste en une tranchée verticale haute de 30 rn environ. L'affleurement incliné du Gorgeât est aujourd'hui invisible. Celui de Lauzebrune est en partie masqué par l'effondrement de son toit ; il devait développer plus de 70 rn de long, interrompu par quelques piliers de soutènement. Dans ce cas précis on observe que le comblement de la cavité par des stériles atteignait presque la surface.

A Combe Blanche et à la Pinée la minéralisation affleure par son toit, le filon étant localement parallèle à la pente du versant. Ici l'exploitation a pris la forme d'un décapage en carrières de plusieurs centaines de mètres carrés, qui épousent l'allure du filon et ses petits rejets de faille (Fig. 5). La surface de l'affleurement primitif semble avoir été augmentée par effondrement volontaire du toit du filon sur la périphérie de la <<fenêtre>> de l'affleurementjusqu'à obtenir un front d'abattage haut de plusieurs mètres sous lequel l'exploitation se poursuit en souterrain. Il est possible qu'au début de la reprise XIXème ces vestiges étaient encore bien conservés et permettaient un accès aisé aux réseaux souterrains; les chaos d'effondrements visibles actuellement résulteraient des abattages de piliers intempestifs déplorés dans les rapports des Ingénieurs des Mines.

Il s'avère que chaque panneau minéralisé a été attaqué lorsqu'il affleure. Cela n 'a pas empêché l'ouverture d'autres orifices à l' écart du filon.

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Plusieurs travers-bancs sont visibles au Gorgeât €t à Lauze brune . Ils atteignent en moins de 20 rn un filon déjà reconnu en surface. Dans la plupart des quartiers les éboulis de pente masquent souvent l'emplacement potentiel de ces entrées que l'exploration souterraine met en évidence. En amont des exploitations souterraines on peut encore reconnaître plusieurs bouches d'aérage préservées sous des escarpements rocheux.

Dans les gorges les rejets de stériles ont pratiquement disparu, emportés par les ruissellements et les crues du torrent. Idem dans la Combe Blanche qui doit certainement son appellation aux épandages de quartz et de barytine qui devaient la tapisser à l'origine. Les haldes sont encore bien apparentes sur les glacis de St Roch, de la Rouille et de laPinée, mais leur morphologie est considérablement atténuée, leur limite est devenue floue, après des siècles de mouvements d'éboulis, d'avalanches et de piétinements.

4.8. La question des ateliers de traitement

Les vestiges d'ateliers de traitement n'ont pas laissé de traces visibles. Bien que les mineurs du moyen-âge n'aient extrait que les parties les plus riches du filon, la <<bande massive>> qui contient de 50 à 60% de galène argentifère , ils leur étaient indispensable d'effectuer un traitement minimum avant toute opération métallurgique.

Muthuon dit avoir vu dans la mine même des petites salles où se faisait un premier tri manuel, ce qui explique l'abondance des remblais souterrains. Au jour ce traitement devait certainement se poursuivre par un concassage au mortier, et pour certains faciès de minerais par un enrichissement à la main et/ ou à l'eau. Si la part de rejet était importante ce traitement devait alors se dérouler à proximité des sites d'extraction. Au fond des gorges les crues du Fournel auront fait disparaître toutes traces de telles installations somme toute assez sommaires. Au pied des escarpements de St Roch, les éboulis auront tout recouvert. A la Pinée cependant, à l'extrême nord, la dernière halde visible montre une granulométrie assez fine. Des sondages sont à effectuer pour en déterminer la nature.

Albert (1783) dit que l'endroit où l'on épurait les minéraux est à l'entrée de la montagne d'Alp-Martin. Ce toponyme désigne les pâturages de la vallée du Fournel dont l'entrée est marquée par les gorges . L'auteur parle-t-il d'un atelier dont les ruines auraient été encore visibles ou tout simplement des masses considérables de déblais qui s'étalent au pied de la crête de St Roch et qui sont nettement visibles depuis la plaine de la Durance?

La métallurgie (grillage , fonte et affinage) devait sans doute être concentrée en un seul lieu. Le site du château d'Urgon (attesté dès le début du Xlllème s.) pourrait être tout indiqué (Fig. 3). Sa position est sur un éperon qui domine la plaine de la Durance. Il contrôle l'accès aux gorges et surveille parfaitement les affleurements supérieurs. Sa basse cour est très étendue. Cette situation rappelle celle du château de San Silvestro (Campiglia Marittima, Toscane) qui renferme des ateliers de métallurgie du plomb et du cuivre en activité durant la même période (Francovich 1988). Une étude du site d'Urgon vient d'être commencée et devrait se poursuivre par des fouilles archéologiques. On en attend des résultats qui étayeraient notre hypothèse.

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S. LES OUVRAGES SOUTERRAINS EXPLORÉS

A l'heure actuelle, on distingue sur le site du Fournel une dizaine de réseaux souterrains anciens dépassant les 10 rn de profondeur:

au Gorgeât, les Vieux Travaux (ou Mine Basse): 6SO rn topographiés à Lauzebrune, les travaux de Salon (60 rn), la galerie des Crânes (2S rn), plusieurs galeries en bord de torrent à St Roch, le réseau St Roch (860 rn) et le réseau Combe Blanche (220 rn) qui s'avèrent constituer une seule exploitation d'une étendue considérable à la Rouille , le Grand Puits (21 rn), le Puits des Schistes Rouges ( 41 rn) à la Pinée, les travaux du Rocher de Chanterelle

S .1. Les Vieux Travaux

6 entrées sont actuellement attribuées à la période ancienne de l'exploitation (Fig. 7). 3 d'entre-elles s'ouvrent vers +Sen bordure du torrent. Elles s'enfoncent vers le nord en suivant le découpage des bancs de quartzites et atteignent en une dizaine de mètres un premier panneau minéralisé. Les 4ème et Sème entrées sont obstruées. Elles devaient s'ouvrir vers +22 et +30 dans l'escarpement rocheux et débuter en descenderie avant de s'enfoncer en puits. D'autres entrées existaient vraisemblablement dans les escarpements qui surplombent le réseau: il devait s'agir d'orifices ouverts sur l'affleurement du filon. Une 6ème entrée, également obstruée, a été découverte en 1992 au bord du torrent (cote 0).

Cette entrée de base a été dégagée suite aux travaux d'aménagement de la mine des <<Vieux Travaux>>. Toute la roche de la berge a été décapée sous l'entrée de la galerie, ce qui a permis de découvrir sous les alluvions cette entrée médiévale au ras du torrent. Il s'agit d'une galerie que l'on retrouve à l'intérieur et qui apparaît sur un plan de 1796. Sa vocation de galerie de drainage paraît évidente. Cette galerie est comblée par des sables de crues ; elle a été décombrée sur près de 10 rn sans qu'apparaissent d'aménagements spécifiques.

La << galerie amont >> +S est bien ouverte au-dessus de la trace d ' une ancienne terrasse XIXème (prise d'eau et chemin). Sa section est sub-circulaire (Fig. 8 ; S.1, S.2 ) . Au bout de 7 rn, elle oblique vers le nord-est et bute sur un éboulement montant. On peut se glisser entre le plafond et les éboulis, et constater vers S rn de hauteur un colmatage de blocs et de terre : il y a là une ouverture au jour totalement effondrée (Sème entrée). Cette galerie a été fouillée en 1994. Son remplissage était peu épais et totalement stérile. Le sol est assez irrégulier. Vers le fond obstrué on a l'impression que cette galerie est entrée en jonction avec un ouvrage creusé depuis la Sème entrée.

La <<galerie centrale>> +S était en grande partie remblayée, et son entrée était à moitié obturée par la chute de gros blocs. On atteignait à 10 rn une remontée en chatière qui communique avec le réseau souterrain. Cet axe de galerie se poursuit vers le nord avec la galerie supérieure des «1000 et 1 nuits>>. Cette galerie a été également fouillée en 1994. Le remplissage consistait en un dépôt de sables de crue de quelques centimètres et des cailloutis provenant du délitage des parois. Il s'avère donc que depuis le XIVème siècle les crues du torrent ont pu atteindre cette côte de la berge.

La << galerie aval»+S a été reprise par les exploitants modernes. La mauvaise conservation des parois et l'effondrement du plafond sur une assez

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grande hauteur ne permettent pas de reconstitYer l'ancien tracé. Cette galerie rejoint rapidement le premier panneau minéralisé.

Une << première zone exploitée» s'étend sur 30 x 7 rn , de +14 à l'ouest à +0 à l 'est, tronçonnée en 3 grandes parties par des rejets de failles . La partie inférieure est reprise par l'exploitation du XIXème s. Les parties centrale et supérieure conservent malles traces de creusement et certaines parois sont très concrétionnées. La partie supérieure (ouest) est encombrée par un éboulement, le même que celui déjà mentionné pour la <<galerie amont>>. La fouille de 1995 a montré un sol de chantier très inégal et recouvert d'une mince couche de déblais fins et charbonneux. La partie centrale est très remaniée par les travaux modernes. Elle communique avec la partie inférieure par deux foncées creusées sur le rejet de faille. En 1993, un décombrement dans cette salle d'entrée a confirmé l'existence en profondeur de travaux anciens qui communiquent avec la galerie d 'exhaure par un puits vertical et une galerie inclinée. La partie inférieure est décalée de 3 rn vers le bas par un rejet de faille. Elle est traversée par la galerie d'exhaure qui se prolonge vers le nord-est. Elle présente d'abord une section rectangulaire (S.4 et S.5) puis une voûte arrondie (S.6) et atteint la zone du <<bassin>>. En deux endroits on observe des lucarnes de jonction avec des travaux supérieurs remblayés: ces lucarnes collectent les eaux d'infiltration. Au-dessus de cette galerie d'exhaure, à +2 part vers le nord une galerie remblayée et obstruée au bout de 9 m. Elle communiquait avec la seconde zone exploitée.

Au delà de la 1ère salle, il est difficile de reconnaître la suite des anciens travaux. La galerie moderne élargit probablement un ancien boyau et atteint une seconde zone exploitée , dite du << bassin». Sa partie supérieure est soit remblayée, soit reprise par les travaux modernes. Son parement nord-ouest présente de belles voûtes arrondies et noircies. On y voit le prolongement de la galerie +2 décrite précédemment, à présent perchée à+ 7, en partie remblayée. La partie inférieure est également considérablement remblayée et a fait l'objet de nombreuses retouches modernes, cela sur l'essentiel de son pourtour, notamment côté sud où s'est formé un petit bassin d'eau dont les bords portent des traces de taille à 1' explosif.

Plus vers le nord, le filon présente des zones exploitées plus grandes et plus jointives, que nous avons arbitrairement distinguées, en allant du sud vers le nord, en zone des «1000 et 1 nuitS>>, zone de la << faille pourrie >> et zone des << coulées vertes >> , coiffées par un système de <<galeries noires >> ; et plus vers le nord-ouest, en zone des << voûtes >> et zone du << chaos >> . L'importance des remblaiements, les effondrements, la reprise moderne qui affecte autant les parois que les remblais, gênent considérablement l' interprétation de ces ouvrages anciens.

La zone des «1000 et 1 nuitS >> comprend un vaste chantier remblayé, très concrétionné, le seul qui semble ne pas avoir été modifié par la reprise. Ses limites précises ne sont pas connues, les remblais empêchant son exploration intégrale (20 x 12 rn, +5 à +13). On y observe 4 piliers en place, et souvent la portée du toit dépasse les 8 rn de longueur. La hauteur de la cavité est masquée par les déblais, lesquels sont totalement recouverts d'un concrétionnement qui forme parfois des cascades de gours. Le plafond y est constellé de fistuleuses. La visite de ce chantier implique donc une reptation précautionneuse entre les remblais anguleux et les fragiles stalactites, dans un espace compris entre 90 et 30 cm. Le bord sud de ce chantier est affecté par un soutirage des remblais. Les exploitants modernes ont dégagé un passage dans le chantier inférieur et vidé en partie une grande foncée comblée. Ils ont certainement visité les travaux

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anciens sans les modifier. Ce soutirage est réalisé dans un ancien ressaut médiéval foncé sur une faille qui rejette le filon. Du sud arrivent 2 galeries superposées issues de la première zone exploitée. La galerie supérieure ( + 10) est accessible sur 10 rn : elle est en partie remblayée, présente une lucarne de jonction avec des travaux ouest effondrés, et débouche (S.3) dans les <<1000 et 1 nuits >> par un ressaut. La galerie inférieure (+7) se développe sur 12 rn: elle est également encombrée de déblais, communique par une lucarne avec des travaux ouest, présente une seconde lucarne de jonction éboulée, s'élève et débouche à la base du ressaut de la galerie supérieure. Dans ce ressaut on observe une large saignée creusée sur le filon qui aurait pu servir de niche pour poser une lampe. En 3 points sont attestés l'existence d e travaux plus à l 'ouest, qui ne sont pratiquement pas accessibles et qui semblent directement issus de la Sème ouverture au jour, vers +9.

La zone de la <<faille pourrie >> est desservie par deux gale ries. La galerie ouest, dite << galerie médiane>>, dirigée N 40, est dans le prolongement de la galerie d 'entrée aval (S.32) . Elle s'élève en pente légère (15 à 20°) sur 20 rn , avec des remblais au pied de ses parois. La galerie est, dirigée N 170, déjà décrite plus haut (issue d e la 1ère zone dépilée) , est obstruée sous la galerie médiane. A leur point de jonction s'élève une étroite cheminée directement issue de la 4ème entrée. La zone de la << faille pourrie» est limitée à l' est par une faille où la roche est assez altérée; d'importants effondrements y m asquent les travaux miniers. Elle s'é tend sur 20 rn vers le nord et environ 15 rn vers l'ouest ( + 12 à+ 17) pour se raccord er avec les zones des << 1000 et 1 nuits», << des voûtes» e t des << Coulées vertes» (limites arbitraires). Elle présente un pilier stérile d e grande taille du côté sud, et de plus petits du côté ouest. La reprise moderne paraît non négligeable: on note des traces de fleuret assez mal conservées et une importante reprise des déblais. Cette zone est surmontée par le système de << galeries noires» avec leque l elle communique par 3 passages: une descenderie principale qui débouche au sud-est, dans le secteur effondré ( + 14) ; une lucarne de jonction (S.ll) qui débouche à l' est au sommet du secteur effondré central (+17) ; une galerie déclive qui débouche au nord-ouest (S.lO) dans la zone remblayée ( + 16).

La zone des <<voûtes» est peu accessible (15 x 10 rn, + 17 à + 19) e t s'étend en amont des «1000 et 1 nuits» (partie remblayée) , e n aval du << chaos» (rejet du filon, comblé) , et au sud-ouest de la zone des << coulées vertes» (partie stérile) . Là encore il s'agit d e travaux anciens repris par les modernes: nombreuses traces de fleuret, piliers rognés, d éblais déplacés. Vers le sud-ouest le chantier se referme en une succession de pe tites salles voûtées coalescentes. A son extrémité, une galerie nord bute sous l 'effondrement du << chaos», et une galerie sud débouche à la base d'un plan incliné, creusé sur une grande faille (N 105-60 N). Ce plan incliné est encombré de blocs et est éboulé des deux cô tés ( +24). A l'ouest on remarque des boisages et un front de taille ancien; à l' est la faille est effondrée très en hauteur et l' é troit passage laisse filtrer un courant d'air importa nt. Le dépil age semble se poursuivre vers l'ouest mais il est complètement effondré. Il y a donc dans ce secteur des travaux anciens inexplorés, pouvant être connectés au sud-est avec les travaux effondrés d es «1000 et 1 nuits» et pouvant très bien posséder leur propre ouve rture au jour.

La zone des << coulées vertes» (15 x 15 rn , + 17 à +24) est coupée en deux parties par un rejet comblé des travaux. Elle s'étend en amont d e la <<faille pourrie», en aval du <<chaos», au nord d 'une bande stérile la séparant des <<voûtes» et d es «milles et une nuits», au sud de la galerie moderne d e contournement. Toute sa partie centrale est remblayée. Au sud le compartiment supérieur du

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filon a été en partie décombré par les exploitants modernes. Au nord le bord du chantier est encore accessible (par la galerie de contournement) et présente par endroit un important concrétionnement coloré par des oxydes de cuivre (coulées vertes). Cette zone communique avec le système de << galeries noires»: à +19 par une galerie déclive (S.14) ; par l'extrémité de la principale «galerie noire» (comblement +22).

La zone du «Chaos>> s'étend (20 x 10 rn, +25 à +30) à l'extrême nord­ouest du réseau, en amont du filon sous le contact quartzites-schistes. L'extension exacte des travaux anciens est difficile à apprécier: les bords du chantier ont été retouchés à l'explosif, les piliers ont disparu, le toit s'est en partie effondré.

Le système des «galeries noires » se développe au dessus des zones exploitées et peut être décomposé en deux parties: la «galerie de la cheminée» axée en N40 et la «galerie noire» axée en N130. Vers +30 arrive du nord-ouest une descenderie, encombrée de blocs, envahie par des racines et son entrée supposée est éboulée. Elle débouche au sommet d'une sorte de puits creusé sur une fai lle: la «grande cheminée >> . Celle-ci s'enfonce par paliers vers le nord-est et perce le plafond de la «galerie médiane» vers + 11. Ses parois sont irrégulières et complètement concrétionnées ; le haut du puits est envahi par des cascades stalagmitiques blanches et beiges donnant au site un aspect de cavité naturelle. A +19 part vers le nord-est une galerie (S.7 et S.S), d'abord de section sub­rectangulaire, puis à voûte arrondie. Au bout de 12 rn elle oblique vers le nord­ouest et débouche dans la «descenderie». La «descenderie» démarre à +14 au début de la zone de la «faille pourrie» et dans le prolongement de la galerie médiane. De section rectangulaire, d'abord exiguë (1,20 x 1,10 rn) elle augmente de gabarit (S. ll , 1,50 x 1,20) et se poursuit à+ 24 par un ouvrage tortueux. Vers + 17 se situ ent 3 embranchements: au plafond arrive la «galerie de la cheminée» ; à l'est une courte galerie perce par une lucarne (S.9) le sommet de la zone de la «faille pourrie» ; au nord-ouest descend une galerie de jonction (S.10) avec les zones dépilées remblayées. A+ 19 démarre vers le nord-ouest la «galerie noire» (Tav. 6a). Large et haute de 0,70 à 1,20 rn, de section quadrangulaire à semi-circulaire (S.12 et S.13, S.15 à S.19), elle est sinueuse en direction et en pente, et ses parois plus ou moins lisses sont recouvertes de suie noire. Au bout de 9 rn la galerie présente à la fois un ressaut vers le haut, et une lucarne de jonction (S.14) avec une galerie venant de la zone des «voûtes». Puis elle reprend ( +21) vers le nord-ouest, présente de p lus fortes sinuosités avant d 'être progressivement colmatée par des remblais. L'ensemble de ce système de galeries anciennes se développe à l'écart du filon en roche très dure.

5.2 . Confrontation avec le plan de 1791

Le rapport de Muthuon (1796) est accompagné d'un plan dressé quand il dirigeait la mine de L'Argentière en 1791 (Fig. 9). Ce document est une représentation schématique de la «mine du Gorgas» c'est à dire des Vieux Travaux. Il est intitulé «Plan des anciens travaUX>> et représente pour l'essentiel l'exploitation médiévale. Sont figurés: 2 entrées de galeries anciennes au bord du torrent; des tracés de galeries par portions rectilignes marquées par 2 traits parallèles ; une galerie inondée, peinte en bleu clair et cantonnée à la partie inférieure de la mine; un réseau de «galeries supérieureS>> dont le tracé est hachuré qui semble correspondre à un système d'aération de la partie reculée de l'exploitation; 7 puits ou ressauts marqués par un quadrilatère noir; 10 chantiers d'extraction de forme polygonale, peints en brun clair (remblais?) et traversés

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par des tracés en pointillé prolongeant les galeries d'accès; 5 zones inaccessibles (remblais ou éboulement) ; 2 figurés suggérant une zone boisée ; une <<galerie d'écoulement qu'en partie exécutée>> qui est une nouvelle galerie d'écoulement commencé en 1791. Muthuon rajoute en note: <<j'avais le plan des autres travaux des mines de Largentière mais je les ai perdu à Baygorry lors du pillage>> (il a travaillé à cette mine du pays basque en 1792-1794) .

D'après l'échelle l'exploitation ancienne paraît s'étendre jusqu'à environ 100 rn des entrées situées en bordure du torrent. Seuls les 50 premiers mètres sont reconnaissables sur les plans du XIX ème s. et sur nos relevés topographiques (Fig. 7). Très vite on s'y perd: on arrive à comparer la zone d'entrée, la zone du << bassin », la << galerie médiane », la zone de la << faille pourrie », le système des <<galeries noires», puis la confrontation devient hasardeuse. Ce plan tient plus du croquis approximatif que d'une véritable topographie souterraine. L'entrée amont pourtant bien dégagée n'est pas mentionnée. Les travaux inférieurs sont inondés, notamment la galerie d'exhaure (son entrée n'est pas représentée) . De nombreuses galeries reculées n'ont pas été retrouvées sur le terrain, entre autres les galeries supérieures situées plus au nord que notre système des <<galeries noires», et à vrai dire, on ne voit pas trop où elles pourraient se cacher.

5.3. Le réseau de Salon

Cet ouvrage coiffe le quartier de Lauzebrune. Il s'agit d 'un dépilage vertical qui s'ouvrait à flanc de falaise et qui est actuellement comblé sur plus de la moitié de son étendue supposée.

On entre par le sommet grâce à un passage étroit entre blocs ; on débouche alors dans une crevasse verticale et perpendiculaire au filon. Il s'agit en fait d 'une fente tectonique marquant un décollement d'une partie de la falaise. On poursuit vers le bas en s'enfilant dans le dépilage vertical très étroit, et par une série de ressauts on descend dans des travaux verticaux jusque vers -20. Il s'agit d 'un seul et même dépilage comportant plusieurs piliers de roches en place supportant des déblais stockés par les mineurs et des éboulis qui ont glissé depuis la surface. En profondeur on voit apparaître de petits travaux sur une veine sécante. Il y a également de courtes galeries de recherches vers l'ouest qui présentent une belle taille au feu.

5.4. La Galerie des Crânes

A vrai dire il ne s'agit pas d'une galerie mais du faîte du dépilage incliné. En profondeur il est remblayé ; en hauteur il est obstrué par des effondrements du toit (proximité de la surface). On progresse donc par une succession de passages étroits et de petites salles. L'intérêt de cette cavité est de démontrer l'existence d'une importante zone dépilée dans ce quartier. De nombreux crânes d 'animaux ont été trouvés ; repaire de renard?

5. 5. Le réseau St Roch

On y accède actuellement par la galerie << des Romains» (cote 0) ; il s'agit d'une galerie ouverte en 1905 et dénommée ainsi en raison de la tradition locale (Fig. 10 et 11) . Les travaux d e recherches modernes s'étendent

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principalement vers l'ouest à l'inverse des travaux anciens. Vers le nord, au sommet du réseau, une galerie moderne recoupe le faîte d'un chantier ancien. Il s'agit de la << branche du Mur>> du filon, pentée de 30°, dépilée sur environ 26 rn de long et 6 rn d e dénivelé. Ce chantier est en grande partie remblayé par des d éblais anciens e t modernes contenus par des empilements de blocs. Vers le sud les travaux sont comblés par des éboulis manifestement venus du jour: il s'agirait d e 2 entrées superposées et obstruées sous les déblais d e la reprise moderne . Vers le centre d e ce chantier arrive un travers-bancs est-ouest.

A la base de ce premier chantier se développe une galerie ancienne creusée sur une faille verticale: la galerie des Signes. La roche y est tendre et des traces d 'outils (type pointerolle) sont bien visibles au faîte de la galerie. Son gabarit est assez important (h. 1,80 rn) . En hauteur d es boyaux comblés paraissen t rejoindre un ouvrage d'aération. Une paroi de cette galerie porte une inscription en partie effacée, non déchiffrée mais sans doute XVIIIème ou XIXème s. Au bout de 20 rn cette gale rie est en partie remblayée. On y remarque les vestiges d 'un mur qui la fermait (cloison pour l'aérage ?) . On arrive ensuite à un carrefour: à gauche un é largissement moderne permet de rej o indre la base remblayée du premie r chantier e t des travaux modernes (branche du Mur). Les travaux an ciens se poursuivent vers le bas, en partie remblayés; c'est l 'accès à la partie reculée du réseau (voir plus loin). Tout droit la galerie des Signes arrive dans une pe tite salle qui correspond à la partie supérieure d 'un ch antier ancien (branche du Toit) où d ébouchent des ouvrages d'aération. A gauche, au sol , un petit puits carré rejoint les travaux anciens de la branche du Mur. Tout droit le chantier ancien est encore visible sur 15 rn, puis lui succède un dépilage moderne suivi d 'une recherche moderne d e 21 m.

Au dessus de ce niveau de galerie se développen t des ouvrages d 'aération. Au niveau du travers-bancs qui rejoint le premier chantier (voir précédemmen t) se trouve un éboulement correspondant sans doute à un puits débouchant au jour. Une galerie très petite se poursuit vers le nord et bute sur front de taille au bout de 12 m . Elle communique par une foncée assez longue avec une seconde petite galerie qui parait ê tre issue du plafond de la galerie des Signes. Cette seconde galerie débouche au plafond d e la salle du puits carré. Au plafond de cette salle on devine la suite de cette galerie d'aération, qui s'élève obliquement vers le nord et arrive sur une foncée comblée à environ 30 rn de son départ. U n montage tortueux se poursuit ensuite par une galerie qui monte vers le sud et qui est rapidement obstruée par d es éboulis de surface .

Cette partie du réseau est facilement accessible d epuis l'entrée moderne. Elle était donc fréquentée jusqu'à la pose d 'une grille en 1994. La partie suivante était cachée par des remblais et ne semble pas avoir été très fréquentée depuis le moyen-âge, peut-être même pas du tout pour les parties les plus profondes et les plus difficiles d 'accès.

Revenons sur le chantier ancien de la branche du Mur qui se poursuit en profondeur. On suit le bord nord d e ce chantier jusqu 'à la côte -19. Mais tout le corps principal de la cavité est remblayé ; on y devine également l' arrivée d'un puits comblé. Au sud-est, vers -10, on peut accéder un chantier très peu penté (branche médiane pentée de 10°). D 'un côté il donne accès à une galerie ronde (Tav. 6b) qui débouche au sommet d 'un autre chantier (branche du Mur rejetée par une faille) . Celui-ci est peu accessible et bute vers le sud sur des éboulements importants qu'il faut mettre en relation avec le chaos visible en surface sur la branche du Mur qui affleure dans la Combe Blanche. D'un autre côté on accède à la Salle Basse qui se poursuit à l' est par un chantier très remblayé, leque l rejoint la téralement ve rs -1 3 le Grand Dépilage. De la Salle Basse on accède au

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sud-est à la base d 'un puits rectangulaire (avec un fragment de chaîne) et à un petit chantier secondaire.

Au dessus de ces ouvrages sud-est, s'ouvre un travers-bancs sur faille (-8) . Son entrée est éboulée en bordure de la Combe Blanche . Au bout d e 8 rn il se divise en 2 conduits: celui de droite d ébouche au sommet du Puits de la Chaîne ; celui de gauche descend en pente douce et rejoint un carrefour. A gauche une gale rie en partie remblayée atteint un chantier situé sous la Galerie des Signes (branche du Mur). A droite une autre galerie atteint l'extrémité du Grand Dépilage (branche du Toit), juste en dessous d'un puits d 'aérage obstrué qui semble posséder le même orifice au j our que celui de la première partie de la mine.

Le Grand Dépilage s'é tend sur plus de 25 rn de long et 8 rn de hauteur non remblayée (Tav. 7a). Son pendage est fort: 70°. Son plafond est noirci: il correspond au passage primitif d'une galerie d'aération que l'on re trouve à chaque extrémité. Côté sud sa largeur d épasse 1,50 m. Des traces de remblais collés sur les parois attestent d'un ancien remplissage: reprise d' exploita tion de remblais riches ou effondrement des remblais ? Côté nord, le dépilage s'abaisse et s'interrompt, m ais il s'en dégage 2 galeries: au sommet se trouve la suite de la galerie d 'aérage, de faible gabarit, qui rejoint le chantier suivant au bout de 15 rn ; au pied des éboulis, se poursuit une galerie d e grand gabarit, barrée par un mur (aération) e t qui semble ê tre en fait le sommet d 'un chan tier remblayé.

Au delà de ces 15 rn de filon stérile, s'étend un second chantier très étendu: plus de 50 rn d e longueur et au moins 15 rn de dénivelé . Son pendage est faible: 30 à 50°. Il est en grande partie remblayé, et n e sont accessibles que le faîte de l'exploitation e t des niveaux de galeries plus ou moins préservées au sein des remblais. Dans la p remière partie le faîte du chantier est assez d égagé et on peut se rendre compte que si la bordure est souvent étroite (50 cm de largeur) le chantier a en fait plus de un à d eux mètres d 'épaisseur. Dans la seconde partie le comblement est presque total et il ne reste que 30 à 50 cm d 'espace pour circuler (il a fallu souvent d éblayer pour progresser dans ce secteur). Sur les bordures du chantier et mêm e au sein des remblais on observe des empilemen ts d e blocs qui préservent des passages pour une circulation en profondeur. Ainsi, vers -27, on peut suivre sur plus de 40 rn un niveau de galerie aménagée soit sous des piliers de minerai laissés en place, soit sous des remblais maintenus p ar d es murets ou des fantômes d e boisage. Cette galerie d e circulation est assez spacieuse et montre localement des traces de passage d e traîneaux (Ta v. 7b).

Ce réseau ancien encore accessible est d'une taille considérable mais il n 'est que la partie visible d'une exploitation qui s'étendait vers les profondeurs et dont le réseau Combe Blanche constitue la base.

5.6. Le réseau Combe Blanche

Ce réseau doit posséder 3 entrées au minimum: seule la plus haute est ouverte ; l' en trée moyenne est localisée en surface ; l 'entrée inférieure reste introuvable alors qu ' il s'agit d e l'orifice qui a servi à la fois à la sortie des matériaux et à l'exhaure (Fig. 10 et 11) .

L'orifice supérieur (cote 0) est une galerie d 'aérage, certainement creusée depuis l'intérieur. Au-delà d 'une salle d'entrée (7 x 1,50 rn) on parcourt une galerie basse qui s' incline et débouche au sommet de 2 foncées étroites qui se rejoignent vers le bas vers -9. Puis le conduit vertical s'enfonce encore jusqu'à -

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16 et débouche latéralement dans un chantier vertical. Localement on note quelques trous de fleuret correspondant à des élargissements de passage trop étroits (travaux de visite en 1790 ou 1837) . On a re trouvé à la base d es renforts d 'échelle.

Le chantier atteint se développe sur un filon vertical et sur une longueur d'au moins 70 m . Il est taillé au feu et présente une largeur d'environ 1 m. Il est pour l'essentiel remblayé . Ces remblais montrent de belles stratifications de charbon de bois. Vers le sud des soutirages permettent d'atteindre la cote -24, soit -86 par rapport à St Roch. L'absence d'eau implique l'existence d'une entrée inférieure en dessous de cette cote, vers -100. On note cependant des traces d 'inondation sur les parois, sans doute consécutives à une crue. A l'extrémité sud on atteint la base d'un puits. A son sommet, 5 rn plus haut, se trouve l'entrée moyenne effondrée ainsi qu'une recherche avec une foncée inondée. Du côté nord, le chantier est plus remblayé mais l'espace libre reste confortable. Le faîte du chantier s'élève pour atteindre une salle où l'on observe une reprise à la poudre avec des fleurets de gros diamètre (travaux du XVllème s. ?) . Puis au­d elà d'une étroiture on débouche dans une salle à moitié remblayée où sont rencontrés des travaux sur le filon incliné de St Roch. Ces travaux sont fortement remblayés mais on peut s'y faufiler en prenant des précautions. On peut ainsi reconnaître la bordure nord d'un vaste chantier incliné à 30° visitable jusque vers + 14, soit -50 sous St Roch . Dans un renfoncement se trouve le squelette d 'un chien. L'animal semble s'être blotti à cet endroit pour mourir. Vu les obstacles du parcours, il n 'a pu arriver là que par le haut, par St Roch.

5. 7. Le Puits de la Rouille

L'orifice de ce puits (3,20 x 1 rn) s'ouvre au pied d'une barre rocheuse qui le surplombe. Des arrachements de parois sont tombés dans le puits et le comblent vers -8. Il est creusé sur une faill e nord-sud inclinée de 70° vers l'ouest. A -5 le puits donne accès du côté est à un chantier légèrement incliné vers l' est et très remblayé. Au bout de 4 rn ce chantier est complètement effondré sous la surface.

Apparemment l'exploitation de la Rouille se développe sur un panneau filonien incliné parallèle à la pente du versant. Sa base serait complètement effondrée ce qui aurait donné naissance au chaos qui domine la grande halde. Manifestement la faille N-S du puits doit décrocher ce filon vers la profondeur. Le puits aurait donc servi à la fois à retrouver la minéralisation e t à extraire les produits de l'exploitation. Malheureusement le sommet de ce puits est très altéré ce qui ne pe rmet pas d'y obse rver d' éventuels am énagements.

5.8 . Le Puits des Schistes Rouges

Ce puits présente un petit orifice de 1,40 x 0,60 m. Son gabarit augmente en d escendant et il paraît avoir été creusé du bas vers le haut (cheminée d'aérage). Plusieurs décollements de parois expliquent des élargissements du gabarit et sont la cause de son comblement à -1 3. A sa base on peut suivre vers le sud sur 10 rn une galerie remblayée, jusqu'à un éboulement montant. On peut encore s'enfoncer et revenir sous la galerie vers -18 jusque sous le puits comblé. Ce réseau doit forcément communiquer avec d 'autres entrées invisibles en surface.

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5.9. Traits généraux des travaux souterrains

Les travaux anciens sont constitués de 3 types d'ouvrages: des galeries 1 boyaux, des foncées et des chambres d'exploitations ou dépi lages. Les descriptions des exploitants des XVIIIème et XIXème sont compatibles avec nos observations. Mais nous n'avons pas reconnu les excavations décrites par Muthuon comme des lieux de cassage et de tri. Nous avons bien trouvé des petites salles qui auraient pu jouer cette fonction mais aucun objet (mortier), ni la granulométrie d es déblais ne permettent de se prononcer. L'ingénieur nous a laissé plus une interpré tation qu'une description. De même il n'y a pas de travaux noyés ; Héricart de Thury décrit sans doute des travaux qui auraient peut-être été temporairement inondés après des pluies diluviennes comme cela est possible dans Combe Blanche.

5. 9 .1 Les galeries

Les 3/4 des galeries reconnues sont creusés en suivant des zones de fai lles ou des strates de quartzites fracturées (pendage sub-vertical, direction nord­sud). Elles sont de forme quadrangulaire puisque qu'elles sont délimitées par des surfaces géologiques (Fig. 8; section 4, 5, 7) ; parfois les angles sont arrondis. Quand la roche est tendre (zone de fai lle) on peut y observer des traces d'outils de type pointerolle fine mais sans la continuité que l'on connaît pour les mines de la Renaissance (Ance! 1990). Leur gabarit est généralement de l'ordre du mètre, mais il n'est pas rare de rencontrer des galeries principales plus hautes.

L'autre quart restant des galeries est taillé au feu. Il s'agit plus exactement de travers bancs de faible longueur qui s'ouvrent au jour ou qui servent de liaison entre 2 branches de filon , ou de galeries d'aérage creusées au dessus du plan du filon. Un tronçon de ces galeries ne dépasse jamais les 20 rn sans entrer en jonction avec d'autres travaux. Les arrondis des voûtes et parfois l'abondance de suie les caractérisent (Tav. 6b). En roche très dure la surface des parois est souvent lisse. L'extrême dureté des quartzites rend difficile l 'attaque au marteau et à la pointerolle en dehors des zones de faiblesse de la roche. Aussi les mineurs recourent à cette technique de la taille au fe u utilisée depuis l' antiquité e t qui a perduré jusqu'au XIXème s.: un bûcher de bois est allumé au pied du front de taille et la chaleur dégagée dilate et fragilise la roche sur une épaisseur de quelques décimètres. Une te lle méthode d'extraction implique une forte consommation de bois et aussi une bonne aération de la mine (Berg 1992)

Aucun aménagement du sol de ces galeries n'a été observé, hormis les traces de traîneau relevés dans St Roch (Tav. 7b). La largeur de la trace des patins est de 5 cm ; leur écartement de 17 cm, soit une largeur totale de 27 cm. Les niveaux de galeries qui semblent avoir joué un rôle dans le transport des matériaux présentent un sol nivelé par des déblais. Les autres galeries, notamment celles dévolues à l'aérage, montrent un sol très inégal.

5.9.2. Les ouvrages verticaux

Les ouvrages verticaux sont des foncées généralement comblées. Il n 'y a pas de puits à proprement parlé , c'est à dire aménagés avec une salle de manutention à leur sommet. Ces foncées relient les niveaux d 'exploitation et sont donc creusées sur les failles qui décalent les panneaux de filon. Leur gabarit

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est de l'ordre de 2 x 1 rn ; leur profondeur dépend de la hauteur du rejet de faille traversé par les mineurs, soit moins de 8 m.

Les cheminées d'aérage sont plus exiguës, ne dépassant guère 1 rn de section. Elles semblent souvent être creusées du bas vers le haut. Pour les portions s'ouvrant au jour, généralement comblées, cela est difficile à dire.

5.9.3. Les dépilages

Les chambres d'exploitation se développent sur toute l'étendue des panneaux de filon minéralisé, mais n'affectent que la partie riche dite << bande massive>>, épaisse de 20 cm à 1,50 m. Elles présentent un toit composé d'une succession de voûtes arrondies fréquemment noircies. Ces voûtes attaquent souvent inutilement des zones stériles ou pauvres du filon. Le toit est soutenu par de rares piliers de roche, mais la bonne tenue des quartzites contribue à la stabilité des travaux. Nous n'avons pas observé de restes de bûcher en place. Les charbons de bois sont toujours dispersés sur ou dans les remblais. Dans les chantiers peu pentés il est aisé d'imaginer la confection de ces bûchers contre le front de taille. Par contre dans les chantiers verticaux, comme à Combe Blanche, la couronne du dépilage est souvent perchée à plusieurs mètres au-dessus du remblai: il faut envisager un échafaudage pour installer un bûcher près de la voûte.

Ces chantiers sont remblayés à plus de 90%: souvent on y circule qu'en rampant. Lorsque ce comblement est poussé à son maximum et il ne reste que quelques passages très étroits pour circuler. Quand une partie d'un chantier n'est pas remblayée on se rend compte alors que la puissance du dépilage atteint le mètre et dépasse parfois 2 rn (Tav. 7a). Sur ses bordures le chantier se rétrécit tout comme la minéralisation et ses extrémités s'effilent et ne dépassent guère 40 cm d'épaisseur. On voit souvent une en taille étroite témoignant d'une attaque à la pointerolle.

La partie supérieure d'un chantier est parfois très noircie par la suie lorsqu'il a servi de passage pour les fumées en l'absence de galerie d'aérage. Ainsi dans le cas de St Roch il est clair que la galerie d'aérage à précédé la chambre d'exploitation.

Dans les chantiers peu inclinés on peut cheminer au sein des remblais dans des zones moins remblayées où l'on peut exceptionnellement se tenir debout. Dans le cas des Vieux Travaux il est difficile toutefois de faire la part entre ce qui est ancien et ce qui est dû à la reprise moderne. Dans les chantiers fortement inclinés ces voies de circulation s'organisent en passages sub-horizontaux et passages de plus grande pente ou «coulisses» larges de 50 à 70 cm. Ces passages sont alors séparés des remblais par des empilements de blocs pas toujours très bien agencés (Tav. 7b) ou par des boisages dont il ne reste que les traces des étais verticaux.

A partir des relevés topographiques on constate que l'exploitation des Vieux Travaux se développe de façon pratiquement continue sur une étendue de 50 x 60 rn (Fig. 7), les points extrêmes étant ainsi situés à environ 100 rn (cheminement pédestre) des entrées actuelles. Dans St Roch la branche du Toit serait dépilée sur une étendue de 120 x 90 rn (Fig. 11), les points extrêmes étant alors situés à près de 200 rn d'une entrée.

5.9.4. Les ouvrages d'aérage

Dans les grands réseaux les galeries supérieures d'aérage, noircies par la suie, se développent au dessus des chambres d'extraction, en toute logique

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puisque les fumées chaudes des bûchers s'élèvent et ne peuvent s'échapper naturellement que par un orifice supérieur.

Dans les Vieux Travaux ces ouvrages d'aération se développent sur plus de 50 rn de longueur (Tav. 6a) et communiquent avec l'extérieur par un puits d'aération de 12 rn de hauteur. Ils communiquent avec les chantiers par plusieurs embranchements tous les 15 rn environ. Dans St Roch il existe un premier système d 'aération au dessus de la Galerie des Signes et un second système au dessus du Grand Dépilage, tous deux ayant le même orifice au jour, au sommet de la Combe Blanche. Cette cheminée atteindrait la hauteur de 25 m.

Malgré l'absence de trace d'outils sur les parois, il est néanmoins possible à partir de la géométrie de ces galeries de pressentir leur sens de creusement. Il apparaît qu'elles sont constituées de tronçons différents creusés soit à partir du système d'aérage déjà existant, soit à partir des chantiers qui ont besoin d'aérage: les jonctions sont donc fréquentes et assez bien ajustées.

5.9.5. Le mobilier

Aucun mobilier ancien n'a été découvert dans les travaux anciens. On y a découvert plusieurs objets de la reprise moderne ; fleuret, pelle, lampe, pince à moucheter, bouteille, etc . Un doute subsiste à propos de petits coins en fer trouvés dans des remblais remaniés.

5.1 0 Dynamique opératoire

De prime abord en visitant rapidement les travaux anciens du Fournel on pense avoir affaire à une exploitation menée de façon non rationnelle et dans des conditions de travail très difficiles. On songe alors à la représentation de Kutna-Hora (XVème s.) qui montre un labyrinthe de boyaux où l'on circule à quatre pattes (Ance! 1990).

Cependant les relevés topographiques et l'analyse architecturale des réseaux font apparaître une organisation de l'espace souterrain: sur les failles qui rejettent le filon, un réseau de galeries à permis d'explorer le gisement et d'accéder aux chantiers; l'aération est parfaitement maîtrisée grâce à des galeries supérieures, parfois creusées en zone stérile au toit de l'exploitation; l'exhaure est assurée par gravité grâce à des galeries ou des travers-bancs situés à la base de l'exploitation. Certes l'évacuation des matériaux par traîneaux devait y être assez pénible (le transport par wagonnet en bois n'apparaît qu'au XV ème siècle dans les mines), ce qui explique l'acharnement à stocker le maximum de stériles sur place, en réservant cependant des passages pour la circulation qui paraissent constituer un réseau à la fois dense et régulier.

Mais une grande partie des travaux anciens n'est pas connue, étant comblée par les remblais, foudroyée ou défigurée par la reprise de 1789-1792. Des éboulements, des fragments de réseaux entre-aperçus indiquent la présence de nombreuses entrées inconnues. Aussi l'interprétation de la dynamique opératoire reste imprécise.

L'exploitation aurait systématiquement démarré sur les affleurements. Puis des travers-bancs ont été creusés pour faciliter 1 'exhaure et peut-être le transport. Des foncées ont exploré les rejets de failles. Avec l'approfondissement des chantiers, des ouvrages d'aérage et d'exhaure ont été continuellement adaptés.

Dans les Vieux Travaux (Fig. 12) il semble que l'exploitation s'est faite

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dans un premier temps par le haut, à partir des affleurements (X-XIème s.) ; ensuite les parties profondes auraient été reconnues en remontant le pendage du filon à partir des galeries ouvertes sur la berge du torrent ; en arrière des galeries d 'exploration et de transport, les galeries d ' aérage et d'exhaure auraient été prolongées selon les nécessités (XI-XIVème s.).

A St Roch l'exploitation s'est cantonnée en surface pendant une certaine durée , dans cette sorte de carrière suspendue qu'est la Combe Blanche. Puis elle s'est étendue vers l'intérieur de la montagne à partir des fronts de taille de la carrière (Fig. 13). Le filon n'affleurant pas au-dessus et en dessous, 1 'exploration n'a pu se faire que par la voie souterraine (XII-XIIIème s.). Une fois le gisement bien positionné dans l'espace, des ouvertures supérieures ont pu être pratiquées à travers les éboulis de pente et un réseau de galeries d'aérage a pu être progressivement mis en place. On perce successivement 3 puits d'aérage toujours plus haut sur la pente pour suivre l'approfondissement de l'exploitation. La complexité du gisement (2 branches découpées par des failles) a nécessité des travers-bancs de liaison, lesquels ont parfois permis la découverte de lambeaux minéralisées. Hélas pour nous, les parties les plus anciennes de cette exploitation sont à présent inaccessibles car foudroyées par la reprise moderne. On ne peut observer aujourd'hui que ses parties supérieures et reculées, fortement remblayées dans lesquelles s'organisent nettement des niveaux de circulation horizontale.

Le filon vertical de Combe Blanche n'affleure apparemment pas (Fig. 13). Il a donc été découvert soit par l'intérieur, à l'extrémité des travaux profonds de St Roch, soit lors du percement d'un important ouvrage de drainage qui l'aurait décelé par hasard ou par déduction des observations que l'on peut faire dans le quartier de Lauzebrune. Les datations C 14 montrent que son exploitation est tardive (XIIIème s.) . La physionomie des travaux sur le filon vertical suggère une exploitation par chantiers remontants avec stockage des stériles sur place.

A Lauzebrune les escarpements rocheux permettent d'attaquer horizontalement les différents filons, de les suivre sous les zones d'éboulis et d'ouvrir facilement des galeries d'exhaure en bordure du torrent. Ces exploitations ne paraissent pas être très profondes. Les ouvrages du réseau de Salon paraissent traduire une progression horizontale du chantier avec de nombreux piliers de roche abandonnés.

5.11. Approche quantitative

Tenter de quantifier la production de la mine médiévale est un exercice difficile et approximatif. Pour les ouvrages bien explorés il est assez facile de calculer la surface de filon qui a été dépilée. Pour les Vieux Travaux elle serait de 2600 m2. Pour les autres ouvrages il faut estimer l'étendue des portions comblées et inaccessibles ; pour St Roch on obtient un ordre de grandeur de 8500 m2. Sur l'ensemble du site on arrive au chiffre indicatif de 18000 m2, le chiffre réel devant être compris entre 13000 et 23000 m2. Signalons que la superficie exploitée au moyen-âge est équivalente à celle exploitée au XIXème siècle.

Grâce aux explorations souterraines on observe une hauteur d'exploitation variant de 0,50 à 3 m. Pour chaque réseau, ou portion de réseau, on peut donc estimer le volume excavé: près de 4000 m3 pour les Vieux Travaux, 12500 m3 pour St Roch, 1000 m3 pour Combe Blanche, etc. On arrive à un

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total indicatif de 21000 m3 de roches abattues, la majeure partie au moyen de la taille au feu. A Konsberg au XVIIIème siècle, en roche dure, la quantité d e bois consommée est 8 x supérieure à la quantité de roche abattue (Berg 1992). Le Fournel aurait nécessité 170000 m3 de bois de chauffe ? Réparti sur 4 à 5 siècles d'exploitation continue cela donne une moyenne de 0,2 m3 abattu chaque jour, soit l'équivalent d'un gros bûcher. Si l' exploitation a été discontinue, le nombre de chantiers actifs en même temps chaque jour passe à 2, 3 ou 4, e t reste faible. Ainsi l'étendue considérable des travaux du Fournel n'implique pas forcément une activité fébrile.

Les Anciens ont exploité la partie massive du filon, d'une puissance utile de 0,10 à 1 rn , où la galène en grains fins est intimement mélangée à du quartz ou de la barytine pour une teneur de 40 à 60 %. Après un calcul adapté à ch aqu e réseau et comparé à la production du XIXème s., on obtient une production totale de 15000 t de minerai riche, soit 6000 t de plomb et 17 t d 'argent. Compte tenu des approximations la production en argent du Fournel doit être comprise entre 10 et 20 t d'argent. Ces chiffres sont provisoire et demandent à être affinés .

6. BILAN

La situation géographique des mines d'argent du Fournel est assez privilégiée. Les sites d'extraction sont nichés dans des lie ux rocheux ponctuellement difficiles d 'accès (escarpements, gorges) mais très favorables pour la recherche des indices minéralisés. Et ils sont à proximité immédiate de la vallée de la Durance, voie de passage millénaire: Via Domitia des romains, chemin de pèlerinage vers Compostelle au moyen-âge. Ce facteur a certainement favorisé le d éveloppement économique de l'exploitation et sa notoriété. Les haldes blanches, l'extraction en carrières, les cheminées fumantes n'ont pu échapper au regard du voyageur et ont probablement suscité admirations et convoitises. L'implantation du Château d 'Urgon est certainement liée au souci de protéger et de contrôler l'activité minière.

L'escarpement d es lieux n 'a pas constitué un handicap important pour une exploitation basée essentie llement sur le travail manuel et un portage à d os d'homme ou de mulet. Au contraire la forte dénivelée a fac ilité le développement vertical des chantiers, l 'évacuation de l'air vicié par ascension thermique et le drainage des eaux d'infiltration par écoulement gravitaire. L'affleurement d e nombreux panneaux minéralisés a permis le développement d 'exploitation à ciel ouvert importante: classiquement par tranchées , de façon plus originale par décapages. Cette extraction aisée a certainement joué un rôle bénéfique dans le démarrage de l'entreprise.

Les vestiges d'une préparation mécanique e t d'une métallurgie n'ont pas été retrouvés à ce jour. Les vestiges d e l'activité extractive sont par contre considérables. Le site du Fournel se démarque ainsi de la plupart des autres mines médiévales par son ampleur, son état de conservation et son accessibilité. Il constitue ainsi un témoignage représentatif des techniques minières d 'avant la Renaissan ce.

L'essentiel des ouvrages se calque sur le gîte exploré et exploité. Leur répartition et leur allure sont conditionnées par l'extension de la masse convoitée et des zones de faibles résistance. Néanmoins des ouvrages d'assistance s'en détachent, à une faible distance et avec des développements peu importants: à proximité ou intimement associés, pour l'exploration et la circulation ; au-dessus,

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pour l'aérage; en-dessous, pour l'exhaure. Les-datations C 14 n'attribuent pas ces aménagements à une phase récente , au contraire. Au Xème- XIVème siècle la mine du Fournel présente une organisation rationnelle de l'espace souterrain, préfigurant celle des grandes exploitations de la Renaissance (Ance! 1992).

Cette organisation reste ramassée autour d e la masse exploitée. Plusieurs facteurs peuvent l'expliquer. Le gîte est riche, la miné ralisation est puissante. Le découpage en panneaux est important mais les rejets sont restés faibles , exceptés pour les grands panneaux que seuls les exploitants modernes pourront retrouver en creusant des galeries d e recherche assez longues. La majeure partie de ces panneaux présente un affleurement à la surface. L'exploitation ancienne a pu prendre une extension considérable sans avoir à affronter de grandes passées stériles. La roche encaissante est l'une des plus dures qui puisse exister: une quartzite. Mais elle est fréquemment microfracturée, voire pulvérulente, dans les zones de failles. Il a donc fallu économiser les efforts, utiliser au mieux les zones d e moindre résistance et limiter les travaux en roche dure stérile. L'absence d'artifices n'a pas nécessité la création d 'ouvrages rectilignes: pas d e galerie régulière pour le roulage en chariot; pas d e puits régulier pour le tirage ou l'exhaure par des machines. La mine s'est adaptée au terrain , le mineur a dû s'adapter à l'inconfort de la mine . Un inconfort en fait limité à certains ouvrages peu fréquentés: les galeries d'aérage, les chantiers remblayés. Les galeries d e circulation sont d'un gabarit plus élevé ; les chantiers avant leur remblaiement sont généralement spacieux. .

La taille par le feu s'est imposée : dureté de la roche, ressources en bois disponible dans un environnement de moyenne montagne, et sans doute difficultés à s'approvisionner en outils en fer de qualité pour que prédomine une taille à la pointerolle. L'imprécision de cette méthode a engendré des cavités superflues et des déchets abondants. La difficulté du transport par traîneau a nécessité une gestion optimum des déblais, stockés dans le proche voisinage des chantiers. Tout en préservant d es passages pour la circulation horizontale et verticale, les mineurs remblayent au fur et à mesure l'espace excavé . En chantier riche la masse stérile est limitée et le front de taille reste spacieux ; en chantier pauvre les déblais abondent e t envahissent le moindre recoin. Dans certains cas l'engorgement est tel que l'on ne reconnaît plus les fronts de taille . Cette préoccupation de gestion de l'espace expliquerait l'ébauche d'un maillage des passages préservés au sein des empilements, une organisation dont on connaît de beaux exemples à partir du XVIème siècle.

Ce caractère d e rationalité transparaît également dans la dynamique opératoire des chantiers. Ils sont généralement en taille remontante, permettant une évacuation gravitaire des matériaux. On a déjà souligné le développement à la base des galeries de circulation et au faîte des galeries d'aérage. Il ne s'agit pas encore comme au XVIème s. d'ouvrages très importants et visiblement conçus dès le démarrage de l'exploitation. Ici la géométrie de ces ouvrages d' assistance témoignent d 'une certaine improvisation imputable à la complexité du gisement et au souci d 'économiser les efforts. Ils obligent à une adaptation constante des tracés pour coller au plus près des nouveaux chantiers à desservir. Pour les galeries d 'aérage nous mettons en évidence une construction de réseau à partir de plusieurs points d 'attaque. Les jonctions sont excellentes, même lorsque les cheminements sont complexes et à l'écart d 'accidents géologiques majeurs qui pourraient servir de guide. L'exploitant percevait parfaitement son espace souterrain: bénéficiait-il de l'aide d 'un relevé topographique sommaire?

L'examen attentif des mines d 'argent du Fournel nous fournit la vision d'une exploitation médiévale très élaborée et efficace, oeuvre de professionnels.

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Tous les panneaux minéralisés affleurants ont-été découverts, mis en chantiers et complètement vidés de leur partie riche. Sur leur trace, les exploitants modernes n 'ont pu que récupérer les déblais pauvres et abattre les piliers de soutènement. L'exploita tion XIXème s. n 'a pu prospérer qu'avec la découverte de panneaux vierges, éloignés des affleurements et hors de portée des moyens de prospection des Anciens.

Les points d'ombres restent nombreux mais le champ d'investigations est encore large. A présent bien explorés et topographiés les réseaux souterrains peuvent être soumis à des relevés archéométriques. De nombreux passages obstrués méritent d'être dégagés. Plusieurs endroits sont propices à des sondages du sol. L'aménagement touristique des Vieux Travaux permet le dégagement intégral de certains chantiers. Des analyses C 14 vont ê tre reconduites . Des recherches historiques sont lancées sur le contexte régional au moyen-âge. Des études sont lancées sur les autres exploitations anciennes des Alpes du Sud: Faravel dans les Hautes-Alpes (prospection B. An cel) , St Geniez dans les Alpes de Haute Provence (prospection D. Morin), Vallauria, Caire Faraud, Baume de Rance dans les Alpes Maritimes (prospection B. Ance!), m assif des Maures dans le Var (prospection M.P. Lanza). La confrontation de ces données affinera notre vision de l'histoire minière dans les Alpes du Sud au moyen-âge.

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REMERCIEMENTS

Re merciements au Service Régional de l'Archéologie de la région Provence-Alpes-Côte d 'Azur, à la co mmune de L'Argentiè re-La-Bessée, à l'antenne DRIRE des H autes-Alpes, aux Archives Départementales, aux Archives Nationales , aux fou illeurs des campagnes 1991 à 1995. L'essentie l des investigations souterraines a é té réalisé grâce à l'assistance précieuse de Ro lande CARRE.

186

0 r ~- · .. 1 ' ~ .·,

~

Fig. 1 - Localisation du site du l'ourne l dans le dé parte ment d es Hautes-Alpes (05). Fig. 1- Locatio n of th e Fournel site in th e Hautes-Alpes department (l'ran ce)

Réseau Echant. Code labo. Act. 14C

Vieux Travaux VT8 Ly 6297 92,56 ± 1,08

VT 3 Ly 6296 89,67 ± 1,10

VT 24 Ly 7129 86,54 ± 0,45

VT 26 Ly 7130 88,35 ± 0,53

VT 27 Ly 7131 88,13 ± 0,41 Lauzebrune U29 Ly 7132 87,42 ± 0,43

U30 Ly 7133 90,22 ± 0,48

St Roch SR 11 Ly 6298 96,36 ± 0,80

SR 12 Ly 6299 90,27 ± 0,71

SR 13 Ly 6300 93,09 ± 1,46

SR 14 Ly 7134 88,60 ± 0,45

SR 15 Ly 7135 83,54 ± 0,47

SR 17 Ly 7136 91 ,06 ± 0,45

Combe Blanche CB 19 Ly 7137 90,00 ± 0,48

C8 20 Ly 7138 91,25 ± 0,49

Fig. 2- Tableau des analyses radio-carbone Fig. 2- Radio-carbon analysis chan

AgeBP inteNalle

621 ± 94 1225 -1443

875±100 976- 1274

1160 ± 40 786-977

995 ±50 976- 11 65

101 5± 40 974- 11 50

1080 ± 40 893-1017

825 ± 45 1072-1277

300 ± 150 1327 -1955

820 ± 65 1046 -1 271

575 ± 125 1225-1634

975 ± 40 1007-1168

1445 ± 45 545-663

750 ± 40 1223- 1306

845 ± 45 1059-1272

735 ± 45 1227- 1377

pic

1359 1305 1379

1167 1130 1070

888 940 830

1024 1110 1150

101 8

984 900

1227 -

1224 1130 -

1 030 1 1 1 0 1 1 50

632 570

1281

1219

1285

187

• Albret

Pi née

••• • • Rouil le

route

château d'Urgon

250 m

Fig. 3- Carte de répartition des sites d' extraction: gris foncé= torrent du Fournel; gris clair = route et ancien chemin. Fig. 3- Plan of extraction sites: dark gray= fournel torrent; light gray= road and old pa th

Fig. 4- Panorama du site depuis la plaine de la Durance: à gauche, les gorges; au centre, la crête d e St Roch ; à droite, grand éboulis de la Rouille et de laPinée. Fig. 4- Site panorama from the Durance p lain : to the left, the gorges; at centre, the St. Roch crest; to the right, the great la Rouille and la Pinée screes.

188

25m

ha/de moderne

Fig. 5- Plan d es travaux à ciel ouvert d e la Combe Blanche : e n grisé, d écapage du fil on. Fig. 5 - Plan o f the open-air workings at la Cornbe Blanche : in gray, the ve in scrapings

Fig. 6- Vue des travaux à ciel o uve rt de la Combe Blanche, ve rs -8. Départ de trava ux souLerrain s. Fig. 6 - Yiew of th e open-air workings at la Cornbe Blanc/te, around -8. Entry of th e u nde rgro und w01·kin gs

189

galerie d'exhaure

Fig. 7- Relevé topographique en pl an d es Vie ux Travaux. Fig. 7- Topograph ie plan sur­vey of les Vieux Travaux

_O_Q_~_fJ __ O_O_O_D _o _Q_O _û __ 0 _ 0 _0 _ CJ

, . Vieux Travaux _ C] _ Q _ o _ L sections de galeries anciennes

Fig. 8- Re levés de sec lions de gale ries dan s les Vieux Travaux. Fig. 8 - Galler y sec tion surveys in les Vieux Tmvaux

190

Fig. 9- Ancien plan des Vie ux Travaux (Muthuon 1791). Fig. 9- Old plan of les Vieux Travaux (Muthuon 1791)

191

St Roch

Combe Blanche

~ -63

Fig. 10- Relevé topographique en plan du réseau St Roch- Combe Blanche. Fig. 10- To pographie plan survey of the St. Roch - la Combe Blanche wo rkings

galeriedutr.uncau

<.:haos

JOrn

Fig. 11 -Relevé topographique en coupe du réseau St Roch- Combe Blanche. Fig. 11- Topographie section survey of th e St. Roch - la Combe Blanche wo rkings

192

+20\

20 m

SI Roch +20

-50 ( ?

?

0

+8

torrent

+0

?

?

50m

Fig. 12 - Plan sch ématique des Vi e u x Travaux g risé = zo ne d épilée ; trait noir = galeri e d 'aé rage; trai t gris fon cé= ga le­ri e de circu lati o n ; trait g ris cl air =galerie d' ex haure ; carré= pui­ts ; ro nd = en trée de galerie. Fig . 12 - Sche matic p lan of les Vieux Travaux : gray = stope ; black line =ventilation gallery; dark gray li ne= communication gall er y ; light gray line = draina­ge gallery; square= shaft ; circle =galler y entry

Fig. 13- coupe sc hé matique du réseau St Roc h - Combe Blan che : gri sé= zon e dépil ée ; trait noir =gale ri e d 'aérage ; trait gris fo n­cé= galerie de circulation ; trait gris clair = galeri e d 'exhaure ; ca rré = puits ; ro nd =entrée de gale ri e . Fig. 13 - Sche mati c plan of th e St. Roch - la Combe Blancheworki n­gs: gray= stope ; black li ne= ven­ti la tio n galle ry; dark gray li ne= communicati o n gall e r y ; li g h t gray lin e = dra inage gall e r y ; square = shaft ; circle = ga lle ry entry

193

B. Ancel

Ta\'. 6a ·Galerie noire cl'aéragc dans les Vie ux Travaux.

Tav. 6b - Galerie La i liée au feu dans SL Roch (v<"rs -1 0).

B. Ance!

Tav. 7a- Grand dépilage dans St Roch; au somment passage de la galerie d 'aérage.

Ta v. 7h- Niveau de circulation dans St Roch (ve rs -27) avec trace de pas­sage de traîneau.