grille aggir et aide à la spécification des besoins des personnes âgées en perte d’autonomie
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Titre
Grille AGGIR et aide à la spécification des besoins des personnes âgées en perte d’autonomie
AGGIR scale: a contribution to specifying the needs of disabled elders.
Auteurs : Aguilova, L., Sauzéon, H., Balland, E., Consel. C., N’Kaoua, B.
Résumé
Il existe plusieurs instruments permettant l’évaluation de la dépendance, mais le plus utilisé
en France est la grille AGGIR (Autonomie Gérontologie Groupes Iso-Ressources). Cette
grille d’évaluation porte à la fois sur des dimensions dîtes instrumentales, correspondant à des
activités relativement complexes (la cuisine, le suivi du traitement, la gestion de budget, etc.)
et sur des dimensions à forte composante physique (dimension appelée fondamentale et
correspondant aux activités telles que le déplacement, l’habillage, la toilette, etc.). Or, à
l’heure actuelle, seules les activités fondamentales sont prises en compte dans l’évaluation de
la dépendance des personnes âgées.
L’objectif de notre étude était d’identifier l’importance relative de ces 2 dimensions
(fondamentales et instrumentales) dans la définition et l’identification des difficultés que les
personnes âgées rencontrent au quotidien. Une analyse en composantes principales a été
réalisée à partir des grilles AGGIR de 525 personnes âgées vivant à domicile. Les résultats
indiquent que la prise en compte des activités instrumentales pourrait améliorer l’évaluation
du degré de dépendance des âgés et faciliter ainsi la mise en place de réponses adaptées au
besoin des personnes en perte d’autonomie.
Mots clés : AGGIR, autonomie, dépendance, I/AVQ, vieillissement.
Abstract
Several instruments are used for the assessment of the disability, and the scale AGGIR (Autonomie
Gérontologie Groupes Iso-Ressources) is the one most commonly used in France. This scale
covers so called instrumental dimensions, that correspond to relatively complex activities with
the dominating cognitive component (cooking, medication use, finances, etc.) as well as
dimensions with the dominating physical component (so called fundamental dimensions that
are related to such activities as walking, dressing, toileting, etc.). However, at present, only
the fundamental activities are taken into account while assessing the dependency of the
elderly within the scale AGGIR.
The aim of our study was to identify the relative importance of these two dimensions
(fundamental and instrumental) in the definition and identification of difficulties that older
people encounter in their everyday life. A principal components analysis was carried out
using 525 AGGIR scales of non-institutionalized elders living at their homes. The results
indicate that the inclusion of instrumental activities may improve the assessment of
dependency of the elderly and thus facilitate the implementation of appropriate responses to
the needs of disabled people.
Key words: AGGIR, ageing, dependency, I/ADL.
Introduction
La dépendance peut se définir comme l'impossibilité (ou la difficulté durable) à accomplir
seul et sans aide les gestes de la vie quotidienne et à participer normalement à la vie sociale.
Aujourd’hui, presque tous les travaux relatifs à la dépendance se réfèrent à deux publications
majeures concernant ce que l’on appelle l’index d’indépendance dans les activités de la vie
quotidienne (A.V.Q. en français et ADL pour Activities of Daily Life en anglais) (Katz et al.,
1963 ; Katz et al., 1970). Six fonctions sont décrites comme centrales pour réaliser un
diagnostique de dépendance: se laver, s’habiller, aller à la toilette, se transférer,
l’incontinence et manger.
A la même époque, Lawton et Brody, (1969) développent l’évaluation des activités
instrumentales de la vie quotidienne (A.I.V.Q. en français et IADL pour Instrumental
Activities of Daily Life en anglais). Cette évaluation cible huit fonctions plus élaborées
permettant l’autonomie domestique et sociale, à savoir les capacités d’utiliser le téléphone, de
faire ses courses, faire la cuisine, d’entretenir la maison, etc. Ces travaux princeps serviront de
base à tous les développements ultérieurs.
En France, le système Autonomie Gérontologie Groupes Iso-Ressources (AGGIR) a été
retenu comme outil d’évaluation de la dépendance (Vetel et al., 1998). Il s’agit d’un outil de
mesure de l’autonomie reposant sur l’observation de 10 activités que peut ou non effectuer
seule une personne âgée : se laver, s’habiller, se déplacer, etc. L’outil permet la classification
des personnes en 6 groupes GIR (Groupes Iso-Ressources) allant du groupe 1 (personnes
ayant perdue toute autonomie mentale, corporelle, locomotrice et sociale) au groupe 6
(personnes autonomes pour les actes discriminants de la vie courante).
A côté de l’évaluation de ces activités dîtes fondamentales (à forte composante physique et
sensori-motrice), la grille AGGIR évalue également des activités instrumentales (plus
complexes sur le plan cognitif), mais qui ne rentrent pas en compte dans le diagnostic final de
dépendance. Il s’agit notamment de la cuisine, les achats, la gestion de budget, l’organisation
du temps libre, les transports et le ménage.
Or, aujourd’hui, les répercussions des difficultés cognitives sur la gestion des activités
instrumentales (Dodge et al., 2006 ; Allaire et al., 2009 ; Aretouli et Brandt, 2010), et de
façon plus générale, sur la gestion des activités de la vie quotidienne (Njegovan, et al., 2001 ;
Paúl et al., 2010 ) ont clairement été identifiées. Par exemple, Dodge et al. (2006) ont mis en
relation, dans une étude longitudinale, les difficultés cognitives dans de très nombreux
domaines (apprentissage, mémoire, fonctions exécutives, dénomination, capacités visuo-
spatiales, fluences catégorielles, etc.) avec les activités instrumentales évaluées à l’aide de
l’évaluation OARS (Older American Ressources and Services). Ils montrent que les profils
cognitifs (quelque soit le domaine évalué) sont d’excellents prédicteurs des déclins
fonctionnels liés à l’âge.
Dans ce travail, nous avons réalisé une analyse factorielle à partir des données de 525
personnes âgées ayant bénéficié d’une évaluation AGGIR, en prenant en compte à la fois les
activités fondamentales (habituellement utilisées dans le diagnostic de dépendance) mais
également les activités instrumentales. L’objectif est d’identifier l’importance relative de ces
2 dimensions (fondamentales et instrumentales) dans la définition et l’identification des
difficultés que les personnes âgées rencontrent au quotidien. Il s’agit également de montrer
que la prise en compte des activités instrumentales peut améliorer l’évaluation du degré de
dépendance et faciliter ainsi la mise en place de réponses adaptées au besoin des personnes en
perte d’autonomie.
Matériel et méthode
Population d’étude
La présente étude porte sur l’analyse des données recueillies auprès de 525 personnes âgées
vivant à leur domicile en Gironde (France). Les caractéristiques socio-démographiques des
personnes sont résumées dans le tableau 1. Toutes les personnes sont bénéficiaires d’une
assistance à domicile fourni par les CCAS (Centres Communaux d’Action Sociale).
Il s’agit d’une étude rétrospective sur dossier portant sur les données fournies par l’UDCCAS
de Gironde qui constitue le principal réseau public d’aide à domicile en France. Ces données
correspondent aux personnes gérées par l’UDCCAS 33 entre 2011 et 2013.
La cotation AGGIR
La grille nationale Autonomie Gérontologie Groupes Iso-Ressources a pour but d’évaluer le
dégrée de perte d’autonomie et de dépendance des personnes âgées à l’aide d’un système de
classification en 6 Groupes Iso-Ressources (Coutton, 2001).
La grille d’évaluation comporte deux ensembles de variables :10 variables discriminantes (ou
de classification) : Cohérence (communication et comportement), Orientation (dans le temps
et dans l’espace), Toilette (du haut et du bas du corps), Habillage (du haut, du milieu et de
bas du corps), Alimentation (se servir et manger), Elimination (fécale et urinaire), Transferts,
Déplacements à l’intérieur, Déplacements à l’extérieur, Communication à distance (téléphone,
alarme). Ces variables correspondent à des activités fondamentales de la vie quotidienne
(Coutton, 2001) et permettent le calcul du score GIR ; 7 variables illustratives (Gestion,
Cuisine, Ménage, Transport, Achats, Suivi du traitement, Activités de temps libres). Celles-ci
ne sont pas prises en compte dans le calcul du score GIR, mais sont utilisés pour l’élaboration
du plan d’aide personnalisé. Ces variables correspondent aux activités instrumentales de la vie
quotidienne (Lafont et al., 1999). Pour chaque variable, trois modalités de réponses sont
proposées : personnes effectuant seul, totalement, habituellement et correctement les
activités ; personnes effectuant ces activités partiellement, ou non habituellement ou non
correctement ; et personnes n’effectuant pas ces activités.
Le classement, effectué par un algorithme de calcul, regroupe les personnes qui nécessitent
des ressources ou qui génèrent des coûts similaires (groupes iso-ressources). Les personnes
sont alors affectées à l’un des groupes allant du GIR 6 (personnes qui n’ont pas perdu leur
autonomie pour les actes discriminants de la vie quotidienne) au GIR 1 (personnes confinées
au lit ou au fauteuil, dont les fonctions mentales sont gravement altérées et qui nécessitent une
présence indispensable et continue d'intervenants).
Analyses statistiques
Les analyses statistiques ont été réalisé à l’aide d’une Analyse en Composantes Principales
(ACP) sans puis avec rotation Varimax. L’analyse en composantes principales, notée ACP,
fait partie des techniques descriptives multidimensionnelles. A partir d’une base de données à
‘’n’’ observations et ‘’p’’ variables (quantitatives), l’analyse permet de résumer l’information
disponible à l’aide de quelques variables synthétiques appelées facteurs. L’interprétation de
ces facteurs permet d’extraire, de hiérarchiser et de donner un sens aux informations
contenues dans la base de données initiale. La rotation Varimax est une rotation orthogonale
des facteurs permettant de maximiser l’extraction d’informations pertinentes.
Résultats
Parmi les 525 dossiers analysés, 28,8% étaient des hommes et 71,2% des femmes. L’âge
moyen est de 81,1 ans (+/- 9 ans). L’étude de la répartition montre qu’une très forte
proportion des sujets (78,1%) est classée dans les groupes les moins dépendants – groupes 4,5
et 6 (29,1% des personnes appartiennent au groupe 6 et sont donc totalement autonomes).
Même si cette proportion diminue avec l’âge, 68,6% des sujets les plus âgées (85 ans et plus)
sont encore classés dans les groupes 4,5 et 6.
Une analyse en composantes principales (ACP) sans et avec rotation orthogonale Varimax a
été utilisée pour étudier la structure factorielle des 525 grilles AGGIR (Woods et al., 1986).
L’ACP sans rotation a permis d’identifier une solution à quatre facteurs : facteur 1 (47 p.100),
facteur 2 (10 p.100), facteur 3 (8 p.100) et facteur 4 (6 p.100) (Tableau II). Afin de préciser
ces facteurs, une rotation orthogonale Varimax a été effectuée (Tableau III).
La rotation Varimax a également permis d’identifier 4 facteurs. Le facteur 1 (22 p.100)
comporte des variables telles que les achats, les activités de temps libre, l’utilisation des
transports, le suivi de traitement, la gestion de budget, la cuisine, les déplacements
extérieures, la communication à distance (téléphone, alarme), et le ménage. Il s’agit, pour
l’essentiel, de variables correspondant à des activités instrumentales complexes de la vie
quotidienne. Le facteur 2 (19 p.100) identifie des variables qui correspondent à des activités
demandant des efforts physiques modérés : l’habillage et la toilette. Le facteur 3 (16 p.100)
identifie essentiellement les variables cohérence et orientation. Le facteur 4 (14 p.100)
comporte de variables correspondants aux activités fondamentales de la vie quotidienne telles
que les déplacements à l’intérieure, le transfert de positions, l’alimentation et l’élimination.
Discussion
Dans ce travail nous avons analysé les grilles AGGIR de 525 personnes âgées vivant à
domicile. L’objectif était d’identifier l’importance relative des activités dîtes fondamentales (à
forte composante physique) et instrumentales (à forte composante cognitive) dans la
définition et l’identification des difficultés que les personnes âgées rencontrent au quotidien.
Il s’agissait également de montrer que la prise en compte des activités instrumentales dans
l’analyse des grilles AGGIR pouvait améliorer l’évaluation du degré de dépendance et
faciliter ainsi la mise en place de réponses adaptées au besoin des personnes en perte
d’autonomie.
L’analyse en composantes principales a permis d’identifier 4 facteurs expliquant 71 pourcent
de la variance totale. Le premier facteur comporte principalement des variables liées aux
activités instrumentales de la vie quotidienne avec, en particulier, les achats, les activités de
temps libre, l’utilisation des transports, le suivi de traitement, la gestion de budget, la cuisine,
les déplacements extérieurs, la communication à distance, et le ménage. L’atteinte de ces
activités a déjà été identifiée comme jouant un rôle crucial dans le diagnostic de perte
d’autonomie (Kovar et Lawton, 1994). Plusieurs études récentes suggèrent que les fonctions
exécutives seraient parmi les premières fonctions cognitives à subir les effets négatifs du
vieillissement normal. Or, ces fonctions jouent un rôle fondamental dans la gestion des
activités instrumentales comme ont pu le démontrer différents auteurs. Par exemple, dans une
étude longitudinale, Royall et al., (2004) ont observé une corrélation importante entre le score
obtenu à une mesure des fonctions exécutives (l’Executive Interview test), et le déclin des
activités instrumentales chez les personnes âgées (appréhendée par l’Older Adults Resources
Scale) [voir également Johnson et al., (2007) et Vaughan et Giovanello (2010) pour des
résultats similaires].
L’atteinte des fonctions exécutives liée au vieillissement serait donc le principal médiateur
des atteintes des activités quotidiennes et en particuliers des activités instrumentales
nécessitant la mise en jeu de processus de planification, de flexibilité, d’inhibition, etc. (telles
que les activités correspondants à notre premier facteur).
Le facteur 2, identifie des variables qui renvoient à des activités élémentaires des la vie
quotidienne (l’habillage et la toilette). Il faut noter que le lien entre les limitations
fonctionnelles (difficultés sensorielles, cognitives, physiques, etc.) de la personne âgée et les
difficultés et/ou le besoin d’aide pour réaliser des activités élémentaires (telles que se nourrir,
se laver, s’habiller, aller aux toilettes, se lever du lit et se coucher) est relativement complexe
et dépend de nombreux paramètres. Par exemple, selon l’enquête Handicap-incapacités-
dépendance de l’Insee (Cambois et Robine, 2003), sur les 14,75 millions de personnes âgées
de 55 ans ou plus, la moitié présente un ou plusieurs problèmes fonctionnels, c’est-à-dire
concrètement des difficultés à voir, se déplacer, se pencher, se souvenir, etc.. Parmi les
personnes qui présentent ces gênes, une sur cinq rencontre de sérieuses difficultés pour
réaliser des activités élémentaires de la vie quotidienne (se nourrir, se laver, s’habiller, aller
aux toilettes, se lever du lit et se coucher). Les autres personnes parviennent à mener seules
ces activités, en dépit de leurs problèmes fonctionnels. Ce qui différencie les personnes qui
maintiennent leur autonomie pour ces activités peut être la nature physique, sensorielle ou
cognitive des problèmes fonctionnels, leur fréquence et leur gravité ou encore la façon de les
compenser (aménagement de l’environnement, aidants familiaux, professionnels, etc.)
(Cambois et Robine, 2003)..
Le facteur 3 identifie des variables en lien avec le comportement et la communication (item
noté cohérence) et l’orientation dans le temps et dans l’espace. Tout comme le facteur 1 ces
variables renseignent sur les difficultés cognitives des personnes âgées mais témoignent d’une
aggravation importante des difficultés de la vie quotidienne. En effet, il a été établi que les
incohérences de communication, les troubles visuospatiaux et de l’orientation, ainsi que les
difficultés d’adaptation comportementale font partie des pré-requis pour le diagnostic de la
démence et sont des facteurs clairement identifiés de perte d’autonomie chez la personne âgée
(pour revue voir Dubois, 2009). Enfin, le facteur 4 identifie les variables suivantes : les
déplacements à l’intérieure, les transferts de positions (couché/assis/debout), l’alimentation et
l’élimination. Tout comme, le facteur 2, il s’agit de variables en lien avec l’activité physique
et locomotrice, mais là encore, un déclin de ces activités témoigne d’une aggravation
importante des difficultés quotidiennes. Par exemple, plusieurs travaux ont identifié les
troubles de l’alimentation et de l’élimination comme des indicateurs majeurs (voire ultimes)
de perte d’autonomie chez la personne âgée (Katz et Akpom, 1976 ; Spector et Fleishman,
1998 ; LaPlante, 2010).
Dans notre étude, les deux premiers facteurs (respectivement 47% et 10% de la variance)
identifient essentiellement les difficultés dans les activités instrumentales (premier facteur) et
fondamentales (second facteur). Or, comme nous l’avons vu, dans la grille AGGIR,
l’évaluation des difficultés de la vie quotidienne repose en grande partie sur une synthèse des
travaux de Katz autour des activités fondamentales (A.V.Q - Katz et al., 1963 ; Katz et al.,
1970), et des travaux de Lawton et Brody (1969) autour des activités instrumentales de la vie
quotidienne (A.I.V.Q). Les résultats de notre étude confirment l’intérêt de prendre en compte
ces 2 composantes dans l’identification des difficultés des âgés et dans la mise en place de
réponses adaptées.
Dans une étude réalisée auprès de 2977 personnes âgées, Spector et Fleishman (1998) avaient
déjà indiqués qu’une combinaison des échelles A.V.Q et A.I.V.Q augmentait la sensibilité aux
effets du vieillissement. Par la suite, LaPlante (2010) ont confirmé ce résultat auprès de 25470
personnes en montrant qu’une échelle combinant les A.V.Q et les I.A.V.Q montrait une plus
grande validité pour définir les besoins d’aide des âgés, ainsi qu’une plus grande sensibilité à
l’âge, en comparaison de l’échelle classique d’A.V.Q.
Roudier et Al-Aloucy (2004) ont également réalisé une ACP à partir des items de la grille
AGGIR mais sans prendre en compte les variables instrumentales. Ils ont essentiellement
inclus des sujets déments dont l’état cognitif a été apprécié par le MMS (Mini Mental State,
Folstein et al., 1975) et la SIB (Severe Impairment Battery, Saxton et al., 1990). L’analyse a
identifié 5 facteurs en fonction des variables les mieux représentées : Propreté (habillage,
toilette, élimination), Dynamique (transferts, déplacements à l’intérieure), Cognitif
(cohérence, orientation, alimentation), déplacements à l’extérieur, communication à distance.
Mais les auteurs soulignent la nécessité de prendre en compte, dans l’évaluation des
difficultés, les variables évaluant les troubles cognitifs (instrumentaux) et psycho-
comportementaux.
Même si la conclusion de ces derniers auteurs rejoint les conclusions de notre étude, il faut
noter qu’une des limites de notre travail est que nous n’avons pas pu accéder aux données
concernant les éventuels troubles cognitifs et les comorbidités de notre échantillon. Les
conséquences sont atténuées du fait que les sujets explorés vivent essentiellement à domicile,
ce qui explique qu’une très forte proportion des sujets (78,1%) est classée dans les groupes les
moins dépendants – groupes 4,5 et 6 (29,1% des personnes appartiennent au groupe 6 et sont
donc totalement autonomes). Mais il sera intéressant à l’avenir d’inclure les données
concernant le statut cognitif et médical des âgés afin d’en évaluer l’impact sur les difficultés
au quotidien.
Enfin, il faut noter également que les caractéristiques de notre échantillon (personnes vivant à
domicile) limitent également la portée des conclusions. Ces caractéristiques expliquent
certainement en partie la prévalence des difficultés instrumentales (facteur 1) sur les
difficultés dans les activités élémentaires (facteur 2). En effet, l’enquête Handicaps-
incapacités-dépendance de l’Insee (Cambois et Robine, 2003) montre de larges différences
entre la population vivant en institutions et celle vivant à domicile (le leur, celui d’un proche
ou un logement-foyer). Dans la population âgée de 55 ans et plus, les limitations
fonctionnelles (vue, orientation dans le temps, souplesse et manipulation, locomotion et
équilibre) touchent 95 % des résidents des institutions et 48 % des personnes vivant à
domicile. Les restrictions d’activité sévères pour réaliser les soins personnels (se nourrir, se
laver…) concernent quant à elles respectivement 65 et 9 % de ces deux groupes de
population. Il sera donc intéressant à l’avenir de comparer nos résultats à ceux issus d’analyse
incluant des personnes âgées vivant en institution.
En conclusion, comme nous l’avons indiqué, la grille AGGIR est le système retenu, sur le
plan national, pour identifier le degré de dépendance des personnes âgées. Mais, à l’heure
actuelle, la classification en groupes iso-ressources ne repose que sur les variables dîtes
fondamentales. Or, notre étude montre que la prise en compte des activités instrumentales
pourrait améliorer l’évaluation du degré de dépendance des âgés et faciliter ainsi la mise en
place de réponses adaptées au besoin des personnes en perte d’autonomie.
Déclaration d’intérêts
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts en relation avec cet article.
Remerciements
Cette étude a été co-financée par la CARSAT Aquitaine.
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Tableau I. – Caractéristiques socio-demographiques des sujets et groupes iso-ressources (GIR), N= 525
(eng : Table I. - AGGIR groups and socio-demographic characteristics of subjects, N=525)
GIR 1 GIR 2 GIR 3 GIR 4 GIR 5 GIR 6 Total
n (%) n (%) n (%) n (%) n (%) n (%) n (%)
Ensemble des sujets 3(0,6)
48(9,1)
64(12,2)
146(27,8)
112(21,3)
152(29,0)
525(100)
Age
moyenne (écart-type) 82,7(2,1)
81,8(10,2)
84,2(7,8)
82,2(7,3)
79,9(11,5)
79,2(8,8)
81,1(9,2)
en classes: < 75 ans -
9(19,1)
6(9,5)
23(16,5)
17(15,9)
27(21,8)
82(17,0)
75-79 ans -
5(10,6)
7(11,1)
28(20,1)
28(26,2)
33(26,6)
101(21,0)
80-84 ans 2(66,7)
9(19,1)
15(23,9)
27(19,4)
24(22,4)
32(25,8)
109(22,6)
85 ans et + 1(33,3)
24(51,1)
35(55,6)
61(43,9)
38(35,5)
32(25,8)
191(39,5)
Sexe
Hommes
1(33,3)
1(31,3)
19(29,7)
41(28,1)
30(26,8)
45(29,6)
151(28,8)
Femmes 2(66,7) 33(68,8) 45(70,3) 105(71,9) 82(73,2) 107(70,4) 374(71,2)
Tableau II. – ACP AGGIR : sans rotation (eng : Table II. – PCA AGGIR: no rotation)
VARIABLES Facteur 1 Facteur 2 Facteur 3 Facteur 4
Habillage du milieu du corps 0,816 -0,283 -0,342 -0,184
Suivie du traitement 0,788 0,037 0,309 -0,051
Habillage de haut du corps 0,785 -0,270 -0,359 -0,220
Se servir 0,776 0,243 -0,128 0,188
Toilette du haut du corps 0,769 -0,302 -0,377 -0,237
Transports 0,739 -0,098 0,302 0,072
Habillage du bas du corps 0,737 -0,325 -0,300 -0,251
Communication à distance 0,732 0,111 0,296 0,028
Toilette du bas du corps 0,729 -0,360 -0,348 -0,237
Achats 0,722 -0,236 0,394 -0,012
Cuisine 0,715 -0,197 0,259 -0,130
Manger 0,689 0,287 -0,220 0,243
Déplacements intérieures 0,686 -0,166 -0,003 0,287
Déplacements extérieures 0,663 -0,207 0,283 0,154
Transfert des positions 0,641 -0,245 -0,020 0,358
Elimination fécale 0,631 0,189 -0,264 0,548
Elimination urinaire 0,630 0,198 -0,285 0,546
Tableau III. – ACP AGGIR : rotation Varimax.(eng : Table III. – PCA AGGIR: Varimax rotation)
VARIABLES Facteur 1 Facteur 2 Facteur 3 Facteur 4
Achats 0,792
Activités temps libre 0,721
Transports 0,698
Suivie du traitement 0,693
Gestion de budget 0,682
Cuisine 0,673
Déplacements extérieures 0,670
Communication à distance 0,632
Ménage 0,541
Toilette du haut du corps
0,862
Toilette du bas du corps
0,851
Habillage du haut du corps
0,837
Habillage du milieu du corps
0,835
Habillage du bas du corps
0,816
Orientation dans le temps
0,874
Cohérence de comportement
0,844
Orientation dans l'espace
0,811
Cohérence de communication
0,797
Elimination urinaire
0,846
Elimination fécale
0,840
Manger
0,611
Se servir
0,567
Transfert des positions
0,546
Déplacements intérieures
0,512
Pourcentage 22 19 16 14
Les valeurs > 0,50 ont été retenues comme significatives, les valeurs < 0,50 ont été supprimées pour la clarté du
tableau.
(eng. Only the values >0,50 have been retained as significant ; the values <0,50 were removed for the clarity of the
table )
Cohérence de communication 0,629 0,554 -0,059 -0,193
Activités temps libre 0,624 -0,163 0,400 0,053
Cohérence de comportement 0,612 0,609 -0,046 -0,218
Gestion de budget 0,564 0,029 0,469 -0,045
Ménage 0,481 -0,227 0,259 -0,130
Orientation dans le temps 0,577 0,656 0,016 -0,238
Orientation dans l'espace 0,564 0,571 0,023 -0,272
Pourcentage 47 10 8 6