Économie des matières premières au paléolithique moyen en limousin cristallin

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Économie des matières premières au Paléolithique moyen en Limousin cristallin périché à verneuil-sur-vienne (haute-vienne) David COLONGE, Laurent Bruxelles, Fabrice Chevreuse, Marie-Hélène Jamois 395 Le gisement de Périché, à Verneuil-sur-Vienne (Haute-Vienne) a livré une industrie du Paléolithique moyen au sein du dernier cycle d’écoulements d’un petit cône de déjection fossilisé grâce à une loupe de glissement qui l’a protégé de l’érosion. Cette série modeste est essentiellement réalisée aux dépens de matériaux locaux, beaucoup de quartz et quelques quart- zites équitablement sous forme de galets et de blocs filoniens. Tous sont assez diversifiés, avec des variétés présentant des aptitudes à la taille très inégales, mais qui restent moyennes. Quelques pièces en silex provenant de distances avoisinant 75 à 80 km à vol d’oiseau vers l’ouest voire le sud-ouest complètent ce panel. Le fonds technologique général couvre la grande majorité des méthodes du Paléolithique moyen dans le Sud-Ouest de la France, mais fait l’objet d’une véritable économie des matières premières. La méthode Levallois est dévolue aux silex importés. Les blocs filoniens sont massivement débités selon des exploitations limitées et peu structurées. Les galets, enfin, font l’objet de débitages plus établis, principalement Discoïdes. Les artisans de Périché ont visiblement tiré le meilleur parti possible de ressources locales abondantes mais difficiles à exploiter, en prenant plus en compte la forme des blocs que leur nature pétrographique. e Périché site, at Verneuil-sur-Vienne (Haute-Vienne, France) contains a Middle Paleolithic industry discovered in the uppermost flow unit of a small alluvial fan fossilized by a landslide block/?solifluxion lobe that has protected it from erosion. is modest corpus is mainly composed of local raw materials, mostly quartz and some quartzites, which were collected equally as pebbles and vein blocks. Each group is moderately diversified, with varieties showing very unequal knapping proper- ties, but which nevertheless remain of average quality. A few flint items were imported from outcrops located to the west or south- west, at a distance of between 75 and 80 km. e overall technical repertoire covers the vast majority of Middle Paleolithic methods known in southwestern France, but reflects a true economy of raw materials. e Levallois method is employed on imported flints. e vein blocks are massively knapped by limited and less structured working. Finally, the pebbles are fashioned by more established methods, mainly Discoid flaking. e craftsmen of Périché seem to have managed the best they could with the local resources, which were abundant but difficult to exploit, selecting the blocks according to their shape rather than their petrographic nature.

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Économie des matières premières

au Paléolithique moyen en Limousin cristallin

périché à verneuil-sur-vienne (haute-vienne)

•David COLONGE, Laurent Bruxelles, Fabrice Chevreuse, Marie-Hélène Jamois

395••

Le gisement de Périché, à Verneuil-sur-Vienne (Haute-Vienne) a livré une industrie du Paléolithique moyen au sein du dernier cycle d’écoulements d’un petit cône de déjection fossilisé grâce à une loupe de glissement qui l’a protégé de l’érosion.

Cette série modeste est essentiellement réalisée aux dépens de matériaux locaux, beaucoup de quartz et quelques quart-zites équitablement sous forme de galets et de blocs filoniens. Tous sont assez diversifiés, avec des variétés présentant des aptitudes à la taille très inégales, mais qui restent moyennes. Quelques pièces en silex provenant de distances avoisinant 75 à 80 km à vol d’oiseau vers l’ouest voire le sud-ouest complètent ce panel.

Le fonds technologique général couvre la grande majorité des méthodes du Paléolithique moyen dans le Sud-Ouest de la France, mais fait l’objet d’une véritable économie des matières premières. La méthode Levallois est dévolue aux silex importés. Les blocs filoniens sont massivement débités selon des exploitations limitées et peu structurées. Les galets, enfin, font l’objet de débitages plus établis, principalement Discoïdes.

Les artisans de Périché ont visiblement tiré le meilleur parti possible de ressources locales abondantes mais difficiles à exploiter, en prenant plus en compte la forme des blocs que leur nature pétrographique.

The Périché site, at Verneuil-sur-Vienne (Haute-Vienne, France) contains a Middle Paleolithic industry discovered in the uppermost flow unit of a small alluvial fan fossilized by a landslide block/?solifluxion lobe that has protected it from erosion.

This modest corpus is mainly composed of local raw materials, mostly quartz and some quartzites, which were collected equally as pebbles and vein blocks. Each group is moderately diversified, with varieties showing very unequal knapping proper-ties, but which nevertheless remain of average quality. A few flint items were imported from outcrops located to the west or south-west, at a distance of between 75 and 80 km.

The overall technical repertoire covers the vast majority of Middle Paleolithic methods known in southwestern France, but reflects a true economy of raw materials. The Levallois method is employed on imported flints. The vein blocks are massively knapped by limited and less structured working. Finally, the pebbles are fashioned by more established methods, mainly Discoid flaking. The craftsmen of Périché seem to have managed the best they could with the local resources, which were abundant but difficult to exploit, selecting the blocks according to their shape rather than their petrographic nature.

D a v i d C O L O N G E , L a u r e n t B r u x e l l e s , F a b r i c e C h e v r e u s e , M a r i e - H é l è n e J a m o i s

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0 100 km

50 km

Fig. 1. Localisation géographique du gisement de Périché à Verneuil-sur-

Vienne (Haute-Vienne) et des principales stations

moustériennes environnantes.

É c o n o m i e d e s m a t i è r e s p r e m i è r e s a u P a l é o l i t h i q u e m o y e n e n L i m o u s i n c r i s t a l l i n

397••

Introduction•

Alors que le Paléolithique moyen bénéficie d’une importante documentation dans le Sud-Ouest de la France, abondamment renouvelée ces dernières années autour de zones phares, le Limousin cristallin est encore de ces régions « marginales » pour laquelle les références demeurent indigentes. L’archéologie préventive peut, comme ici, contribuer à combler ces lacunes.

Le gisement de Périché, identifié au cours de la phase 2a de diagnostics archéologiques systématiques sur la partie méridionale de la RD 2000 à l’ouest de Limoges au printemps 2005 (Bruxelles et al., 2005), a ainsi fourni la seule série du Paléolithique moyen récoltée en stratigraphie dans la région de Limoges lors d’une fouille menée en septembre de la même année (Colonge et al., 2006) sur la commune de Verneuil-sur-Vienne (Haute-Vienne, fig. 1).

Malgré un contexte stratigraphique peu favorable, la fouille quasi exhaustive du gisement et une bonne homogénéité de la série fournissent un échan-tillon fiable. Fortement marqué par les spécificités des ressources lithiques locales, il relève cependant d’un fonds technologique du Paléolithique moyen assez classique avec des chaînes opératoires adaptées beaucoup plus aux morphologies des blocs récoltés qu’à leur nature pétrographique. Classique et originale, empreinte de fonds techno-culturel et de contraintes environnementales, la série lithique de Périché vient illustrer d’une nouvelle facette la variabilité et l’adap-tabilité des comportements techniques et écono-miques des populations néandertaliennes qui ont parcouru le Sud-Ouest de la France.

Contextes•

Le gisement de Périché se situe au sud de la commune de Verneuil-sur-Vienne, à 500 m au sud du hameau de La Merlie (fig. 1), sur le versant de rive droite d’un petit ruisseau tributaire de la Vienne, le Félix. La fouille a été réalisée avec des moyens mécaniques complétés de tests manuels de référence.

• Contexte géologique

et géomorphologique •

Périché se trouve au cœur des plateaux du Limousin, qui forment le piémont occidental du Massif central entre Vézère et Creuse. Ils dessinent

des séries de surfaces planes entre 250 et 350 m NGF. Largement disséqués par un important réseau hydro-graphique pérenne, ils ne forment généralement que des croupes adoucies dont seuls les sommets d’alti-tudes concordantes permettent d’en projeter l’ancien développement tabulaire.

Ces morphologies sont développées sur des substrats géologiques métamorphiques et éruptifs, largement affectés de phénomènes d’anatexie (fonte partielle ou totale des roches) liés au métamorphisme de contact (Guyonnaud et al., 1977). Localement, nous sommes en présence de gneiss leptynites homo-gènes à grains moyens, de couleurs claires, avec des schistosités assez frustes. Des quartz néoformés abondent sous forme de plages dans les diaclases ou de lentilles de cristaux. Fortement sujets à l’altération, ces substrats sont la plupart du temps masqués par de puissantes épaisseurs d’arènes qui alimentent elles-mêmes ensuite d’importants dépôts de pente qui contribuent à adoucir les reliefs. Les filons de quartz sont démantelés par les phénomènes érosifs et les blocs qui en sont issus abondent dans les altérites et colluvions.

Les points hauts des plateaux ont conservé locale-ment des placages d’anciennes nappes alluviales d’une paléo-Vienne et de ses affluents plio-pléistocènes. Les graves sont essentiellement constituées de galets de quartz, de quelques quartzites et de rares blocs mous limono-argileux et de fragments de roches alté-rées, pris dans une matrice de sables de quartz et de feldspath pulvérulents peu argileux. Ces formations ne se manifestent plus qu’en lambeaux restreints, mais ont largement alimenté les dépôts de pente qui empâtent les versants. Des galets abondent donc dans le paysage.

• Le site : configuration

et stratigraphie •

Le site est localisé au bas du versant de rive droite du Félix, sur un lambeau de replat lié à un ancien stade d’enfoncement. Il est recoupé perpendiculai-rement par un talweg peu marqué qui se prolonge, légèrement en contrebas du replat, par un cône de déjection formant une légère élévation en pied de versant.

L’unique couche archéologique qui renferme les vestiges lithiques se trouve dans le dernier cycle de dépôts de ce modeste relief. Elle a été presque inté-gralement fouillée : 461 sur les 500 m² estimés.

La séquence (fig. 2) est constituée de dépôts détritiques plus ou moins chenalisés et hétéromé-triques. Leurs variations et discordances matérialisent

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log

225

225

226

224

223

222

évaluation

PR

OF

IL 1

PR

OF

IL 2

PR

OF

IL 3

PROFIL 4

PROFIL 5

PROFIL 6

PROFIL 7

PR

OF

IL 8

Y=92650

Y=92655

Y=92660

Y=92665

Y=92670

Y=92675

X=

507050

X=

507045

X=

507055

X=

507060

X=

507065

X=

507070

X=

507075

X=

507050

X=

507045

X=

507055

X=

507060

X=

507065

X=

507070

X=

507075

0 5m.

Topographie & DAO: F. Chevreuse / INRAP

: 0

: 1 à 2

: 2 à 4

: 5 à 10

: 11 et +

Pièces en 10 000

507000

507100

92600

92700

0 10 20 30 40 50m.

Topographie & DAO: F. Chevreuse / INRAP

Loupe de glissement

Cône de déjection

Quartz Quartzites Autres locaux Silex Total blocs

Blocs filoniens 36,1% 4,2% 40,3%

Galets 34,4% 5,4% 0,3% 40,1%

Rognons 1,0% 1,0%

Non déterminables 16,1% 2,1% 0,4% 18,6%

Total MP 86,6% 11,7% 0,3% 1,4% 100,0%

Fig. 2. Stratigraphie et configuration

du gisement de Périché.

Tableau 1 – Fréquence des matières premières en fonction des types de blocs.

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la mobilité et la diversité des écoulements. La présence de matériel archéologique dans cette formation montre qu’il existait un site en amont de ce cône.

Des déformations postérieures à l’édification du cône correspondent à un glissement des sédiments vers la base du versant (Bertran et al., 2004 ; Bertran et Fabre, 2005) qui a permis la conservation des vestiges dans une topographie concave.

Différents éléments indiquent que le bassin d’ali-mentation du cône de déjection a dû être restreint : ce n’est vraisemblablement qu’un seul site originel qui a été déplacé.

L’industrie lithique•

La série lithique du gisement de Périché totalise 521 pièces formant un corpus homogène marqué par un émoussé général. Il est cependant carencé en petits modules qui forment la grande majorité d’un ensemble expérimental ou très bien conservé (Bertran et al., 2006). Les causes en sont les remanie-ments qui ont redistribué les vestiges, une méthode de fouille qui favorise la reconnaissance des objets les plus visibles et des matériaux débités qui produisent beaucoup de débris spontanés difficilement discrimi-nables d’éléments de la fraction grossière naturelle. Ici, cette fraction ne recèle que très peu de pièces diagnostiques.

• Les matières premières •

Les plateaux cristallins du Limousin se caractérisent par l’absence de substrats sédimentaires, et donc de silex. Les matières premières locales sont constituées du cortège des roches cristallophylliennes et méta-morphiques où le quartz domine largement.

À Périché, les matières premières sont peu diver-sifiées (tabl. 1) : une grande majorité de quartz, quelques quartzites, de rares silex, schiste et lydienne. Les nodules récoltés sont équitablement des blocs filoniens et des galets, avec quelques rognons, pour le silex, et près d’1/5 de non déterminables. Quartz et quartzites, se répartissent entre galets et blocs filo-niens en reprenant leurs proportions générales. Les combinaisons roche-bloc sont détaillées en variétés identifiées par des codes alphanumériques.

Les blocs filoniens abondent dans l’environ-nement du gisement, issus des versants en cours d’érosion. Ces volumes anguleux sont parcourus de diaclases et comportent de nombreuses impuretés,

comme la tourmaline ou des placages de gneiss des épontes de filons. Il s’agit essentiellement de quartz et de quelques quartzites. Les premiers sont plus variés, mais largement dominés par la variété la plus abondante. Il s’agit pourtant d’un matériau de piètre qualité : des tests de taille ont révélé une réponse au débitage aléatoire, avec des accidents très fréquents et des tranchants médiocres. Ils n’en sont pas moins massivement utilisés, ce qui est vraisemblablement un reflet de leur abondance locale. Les variétés de très mauvaise qualité ne sont qu’anecdotiques, ce qui indique tout de même une certaine sélection. La qualité générale des blocs filoniens, en quartz comme en quartzites, est mauvaise à médiocre, constat vérifié par des tests expérimentaux.

Les galets sont issus des alluvions ponto-pliocènes des plateaux et dépôts de pente environnants. Leur ancienne variété pétrographique se limite aujourd’hui aux matériaux les plus résistants : des quartz, majo-ritaires, et des quartzites. Les variétés de meilleure qualité sont mieux représentées que les autres, pour les quartz surtout, ce qui tendrait à indiquer un choix délibéré. L’aptitude au débitage de ces galets est globalement moyenne à bonne, bien meilleure que celle des blocs filoniens. Le néocortex fluviatile offre également de meilleures qualités de tranchants que le cœur des matériaux (Mourre, 1996). Nous pouvons enfin noter que les morphologies sont en général massives, épaisses, à bord arrondis voire orthogonaux.

La provenance des blocs de silex est obligatoi-rement exogène 1. La plupart des éléments sont azoïques, signant les contextes jurassiques qui forment l’amorce des bassins sédimentaires vers l’ouest. C’est le cas en particulier de la matière première S-I-1 (n = 1), que nous pouvons rapprocher des faciès de Sommières-du-Clain (Vienne) et de S-R-2 (n = 3) qui renvoie à ceux de Civaux (Vienne). Des plages corticales indiquent qu’ils proviennent de rognons, en gîtes primaires ou secondaires très proches. Ces sources sont distantes de 75 à 80 km. Deux petits échantillons, S-R-1, dénotent : teintes noires à grises, texture plus fine et cortex partiellement roulés. Sans pouvoir les exclure complètement d’origines juras-siques, ils se rapprochent cependant fortement de galets de silex sénoniens tels qu’ils peuvent être rencontrés dans la vallée de la Charente près d’Angoulême à partir des premières formations crétacées, à environ 75 km. Ces acquisitions de distances équivalentes sont orientées vers le nord-ouest, et peut-être l’ouest (fig. 3).

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ChauvignyPOITIERS

Le Blanc

Montmorillon

Bellac

LIMOGES

ANGOULEME

Confolens

Ruffec

AnglinVienne

Tardoire

Charente

Clai

n

Civaux

Sommières-du-Clain

PERICHE

100 kmMassif Central

ancienmoyenJurassique

supérieur

Crétacé

Oligocène à Pliocène

Provenances les plus probables

Provenance possible

Fig. 3. Origines des silex du gisement de Périché.

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• La série lithique (tabl. 2) •

La phase d’acquisition est assez bien documentée par quelques percuteurs entiers, tous des galets de quartz, un lot étoffé de blocs et galets à enlèvements (« testés »), et des cassons/fragments de galets.

En plus des percuteurs classiques, des traces de percussion active se retrouvent aussi dans diverses catégories technologiques : les accidents de percussion conduisent donc plus souvent à un recyclage qu’à un abandon pur et simple.

Les galets et blocs à enlèvements portent de 1 à 3 détachements, la plupart du temps contigus, parfois sur enclume

La phase de production rassemble plus de 81 % des vestiges. L’obtention d’éclats est l’objectif exclusif, selon des chaînes opératoires structurées sur une double dichotomie : entre matières premières exogènes et matériaux locaux tout d’abord, et au sein de ces derniers entre blocs filoniens et galets. Les

produits, de manière générale, sont le plus souvent à tranchants périphériques, rarement à dos opposé à un tranchant. Leur morphométrie reste cantonnée à des dimensions petites à moyennes sans structura-tion en groupes particuliers.

Les blocs filoniens (fig. 4) font essentiellement l’objet de débitages non structurés et peu développés. Les nucléus peu exploités et indéterminés en repré-sentent les deux tiers, ce que confirme une part importante d’éclats quelconques, à face supérieure naturelle ou à enlèvement antérieur unique. La méthode Discoïde est représentée par un tiers des nucléus, équitablement répartis entre les diverses modalités et un lot d’éclats à talons ouverts et faces supérieures à enlèvements antérieurs centripètes.

Malgré l’absence de nucléus, le débitage sur enclume (Mourre, 2004) est bien présent sur les blocs filoniens, attesté par des éclats à points d’impacts affrontés et plans de détachement orthogonaux par rapport aux plans de frappe.

a Quartz Quartzites Autres locaux Silex Total catégories

Percuteurs 0,6 0,6

Blocs / galets à enlèvement(s) 9,8 1,2 10,9

Fragments de blocs / galets 5,0 0,8 5,8

Cassons 1,0 0,2 1,2

Débris 15,2 1,5 16,7

Fragments d’éclats 18,4 3,6 0,8 22,8

Éclats 22,3 2,7 0,4 0,6 25,9

Nucléus 14,0 1,7 15,7

Outils lourds façonnés 0,4 0,4

Total MP 86,6 11,7 0,4 1,3 100

b Blocs filoniens Galets Rognons Non précisable Total catégories

Percuteurs 0,6 0,6

Blocs / galets à enlèvement(s) 4,2 6,5 10,7

Fragments de blocs / galets 0,8 5,0 0,2 6,0

Cassons 1,0 0,2 1,2

Débris 8,1 2,3 6,3 16,7

Fragments d’éclats 9,2 5,4 0,8 7,5 22,8

Éclats 12,5 9,0 0,6 3,8 25,9

Nucléus 4,6 10,9 0,2 15,7

Outils lourds façonnés 0,4 0,4

Total blocs 40,3 40,1 1,3 18,2 100

Tableau 2 – Fréquence des catégories technologiques en fonction des matières premières (a) et des types de blocs (b).

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402••

#5066 : Q-F-1, nucléus Discoïde bifacial partiel

5 cm

1

2

3 4

5

6 7 8

Fig. 4. Périché, industrie lithique, blocs filoniens :

1 – nucléus Discoïde bifacial partiel ; 2 – éclat cortical ; 3, 4 – produits Discoïdes ;

5 à 8 – produits du débitage sur enclume.

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403••

5 cm

#10038a : Q-G-3, nucléus Discoïde unifacial

#10014a : Q-G-5, nucléus sur enclume

#5066 : Q-G-5, nucléus polyèdrique

#5301 : Q-G-1, nucléus Discoïde bifacial

1

6

3

2

5

7

8

910

12 1311

5 cm

4

Fig. 5. Périché, industrie lithique, galets. Nucléus : 1 – Discoïde unifacial partiel ; 2 – Discoïde unifacial ; 4 – Discoïde bifacial partiel ; 5 – Discoïde bifacial ; 6 – polyèdrique ; 3 – sur enclume. Éclats : 7 à 10 – produits Discoïdes ; 11 à 13 – produits unipolaires.

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404••

Globalement, les volumes résiduels montrent une forte hétérométrie des blocs récoltés et des exploita-tions au mieux moyennes, le plus souvent limitées.

Les galets (fig. 5), ont majoritairement été débités suivant les différentes variantes de la méthode Discoïde, principalement unifaciale partielle (Mourre, 1996), illustrée par un lot significatif de produits caractéristiques, en « quartiers d’orange » en particulier.

Des exploitations limitées et indéterminées forment le deuxième groupe d’importance et peuvent renvoyer à nombre d’éclats quelconques.

Nous trouvons ensuite en proportions équiva-lentes les débitages sur enclume et unipolaires et leurs produits : éclats à doubles points d’impact affrontés pour les premiers et éclats à négatifs d’enlèvements antérieurs parallèles de même direction, souvent à plage néocorticale distale, pour les seconds.

Enfin, des exploitations multidirectionnelles forment un groupe individualisé, au moins au sein des nucléus. De morphométrie homogène, ils relèvent plus souvent d’un développement opportu-niste au gré de l’ouverture de plans de frappe que de réorientations de nucléus plus structurés, Discoïdes par exemple (un seul cas).

Les états d’avancement sont disparates, rarement à exhaustion, avec des volumes résiduels qui reflètent la récolte de modules variés. Globalement, les exploitations demeurent moyennes, cependant plus poussées que sur les blocs filoniens.

Le silex, enfin, ne comporte que peu d’éléments techniques, la plupart des pièces étant de petites dimensions. Cependant, un fragment mésial de grand produit ovalaire préférentiel (fig. 6) atteste de la méthode Levallois sur silex.

La phase de transformation n’occupe dans la série qu’une place modeste, répartie en deux composantes très inégales.

Une chaîne opératoire de façonnage est présente à Périché sous la forme d’un macro-outillage de galets aménagés : deux choppers à tranchants transversaux façonnés sur des galets de quartz (0,2 % de la série, fig. 7).

L’outillage léger retouché (tabl. 3) est légèrement plus important. Les quartz sont les seuls matériaux locaux utilisés, préférentiellement en blocs filoniens (10), plutôt qu’en galets (4), et sont complétés par 2 silex. Leur morphométrie ne montre aucune struc-turation particulière, sauf les deux silex aux dimen-sions très proches : il n’y a pas d’indication de sélection spécifique dans le stock ou de production ciblée. Ce petit lot est assez ubiquiste avec une majorité d’outils divers et un fort groupe des denticulés, mais pointe moustérienne et racloir lui donnent cepen-dant un certain cachet moustérien (fig. 8).

• Diagnose et comparaisons •

Cette série nous permet de proposer un bilan assez complet : les artisans paléolithiques de Périché ont exploité très majoritairement les ressources lithiques locales et abandonné quelques déchets de matériaux beaucoup plus lointains, selon des chaînes

Casson Débris Frgt. éclat Éclat Total

Pointe moustérienne 1 1

Racloir 1 1

Encoche 1 2 3

Denticulé 1 1 2 4

Bec 1 1

Perçoir 1 1

Divers 3 1 1 5

Total supports 1 4 5 6 16

Tableau 3 – effectifs des types d’outils retouchés en fonction des supports utilisés.

5 cm

Fig. 6. Périché, industrie lithique, silex : mésial de

produit Levallois.

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405••

5 cm

1

2

5

6

7

8

910

11 12

3

4

5 cm

Fig. 7. Périché, industrie lithique, outillage. En haut : choppers transversaux. En bas : outils retouchés : 1 à 4 – denticulés ; 5 à 7 – encoches ; 8 à 10 – divers ; 11 – fragment de pointe moustérienne ; 12 – fragment de racloir.

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406••

Fig. 8. Proposition de modélisation

des chaînes opératoires et de l’économie

des matières premières à Périché.

10%14%

86% 90%

Périché GaletsBlocs filonniensblocs

IndéterminéPeu exploitéDiscoïdeSur enclume

débitage

retouche

galetsDiscoïdeUnipolaireSur enclumePolyèdrique

débitage

retouche

percuteurs

façonnage

75 à 80 km

75 à 80 km

75 à 80 km

affle

urem

ents

élo

ignés

QUARTZ

QUARTZITES

(débitage) abandon

X

Levallois

utilisation

opératoires différenciées en fonction des matières premières et des types de blocs.

Des blocs filoniens de quartz, et exceptionnel-lement de quartzite, sont issus de l’environnement local, détachés par l’érosion, facilitée par une puis-sante arénisation, des filons qui parcourent le socle gneissique. L’acquisition semble opportuniste, plus liée à l’accessibilité qu’à la qualité des matériaux. Ces blocs concernent toutes les catégories technologiques, à l’exception des percuteurs et outils lourds façonnés. Leur vocation principale est cependant la produc-tion d’éclats, à près de 80 %. Contradictoirement, les nucléus sont peu présents, (< 10 %), avec des états d’abandon peu avancés : nombre d’entre eux ont dû éclater en fragments informes. Les exploi-tations les moins structurées et les moins avancées qui sont prépondérantes, phénomène conditionné par la mauvaise qualité des matériaux et des blocs disponibles. Les produits sont essentiellement des éclats non corticaux, de morphologies quadrangu-laires en général.

Des galets de quartz, majoritairement, et de quartzites, complétés de lydienne et schiste, sont récoltés localement dans de vieilles alluvions tertiaires

au sommet des plateaux ou dans des dépôts de pente. De gabarits assez élevés, leurs morphologies sont peu ovoïdes, épaisses, avec des bords souvent quasi ortho-gonaux. Ce sont les variétés les plus aptes à la taille qui sont le mieux représentées, signalant donc une certaine sélection. Cette acquisition est généraliste : elle concerne toutes les catégories technologiques. À côté des percuteurs, de nombreuses autres pièces portent des traces de percussion active : il ne s’agit pas d’une finalité exclusive puisque ces pièces sont recyclées dans les chaînes opératoires mises en œuvre après accidents. La principale d’entre elle, largement dominante, est la production d’éclats. Celle-ci est réalisée par des méthodes diversifiées, préférentielle-ment les plus structurées : discoïde, unipolaire et sur enclume. Le degré général d’exploitation reste moyen à faible, bien que globalement plus poussé que sur les blocs filoniens. Peu d’éclats sont retouchés, ce qui peut refléter des qualités intrinsèques, de tran-chants en particulier, plus intéressantes que pour les blocs filoniens. Une chaîne opératoire de façonnage se manifeste par un macro-outillage sur galets.

Quelques éléments en silex complètent la série. Les sources attestées se trouvent dans la bordure juras-

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sique du Poitou, secteurs de Civaux et de Sommières-du-Clain. Deux pièces peuvent cependant évoquer également des faciès sénoniens de l’Angoumois. Ces approvisionnements sont distants d’environ 75 à 80 km de Périché. Une production d’éclats par la méthode Levallois est la seule identifiée. Elle est frag-mentaire, uniquement représentée par des fragments de dimensions réduites.

Cet ensemble traduit une bonne adapta-tion aux propriétés de matières premières exploi-tées dans un vaste espace, avec un investissement technique proportionnel au potentiel de chacune, adapté ensuite à chaque bloc. Les artisans de Périché connaissaient donc bien les ressources lithiques disponibles dans les diverses zones fréquentées, leurs disponibilités et potentialités. Toutes sont utilisées en première intention suivant des chaînes opératoires adaptées et maîtrisées, exploitation optimale d’un territoire et de ses ressources d’après un fond tech-nologique vaste.

La série de Périché correspond à un Paléolithique moyen limousin (Colonge et al., 2008), encore peu décrit, fortement conditionné par les matériaux locaux, pour lequel il est impossible d’avancer une fourchette chronologique ; quelques indications dans le rare outillage peuvent évoquer le Moustérien.

Face à cette diagnose partielle la documentation régionale reste également indigente. Même si le Limousin apparaît précocement dans l’historiographie (Breuil, 1905), la bibliographie ne compte que quelques sites de surface, dont beaucoup ne recèlent qu’un ou quelques biface(s) (Fitte, 1968, 1970 et 1985 ; Fitte et Texier, 1969 ; Fitte et Lafossas, 1971 ; Mazière et Raynal, 1976a et b). Seul Les Blads à Meilhac (Fitte, 1971) a fourni des indications stra-tigraphiques limitées. La Croix du Mas (Fitte et Sazerat, 1972) et de la Croix des Vilettes (Fitte et Desroches, 1972), à Saint-Jean-Ligoure (Haute-Vienne, fig. 1), sont les seules stations suffisamment étoffées pour une caractérisation poussée. Il y est question de Moustérien de Tradition Acheuléenne, par les nombreux bifaces en silex isolés, pressi-gniens pour certains, et par les diagrammes cumu-latifs de leur outillage (ibid.). L’absence de fragment ou sous-produit de chaîne opératoire de façonnage bifacial à Périché indique que cet ensemble ne relève vraisemblablement pas de cette ambiance MTA environnante. La série de Périché ne trouve donc d’autre comparaison proche que l’importation systé-matique de silex.

L’élargissement des comparaisons vers les régions environnantes n’apporte guère d’éléments de réponses supplémentaires. Les rapprochements,

essentiellement technologiques, les mieux exprimés se font avec des domaines qui recèlent les matières premières les plus proches des nôtres, le Quercy (Jaubert, 1999 ; Chalard et al., 2007) ou le bassin de Brive (Bouyssonie et al., 1959 ; Lhomme, 2000) en particulier. Si ces convergences seraient ainsi plus celles des matières premières que des comporte-ments techniques, l’opposition Discoïde et enclume sur matériaux grenus locaux vs. Levallois sur silex importés reste un argument de poids. D’autre part, les origines des silex nous amènent à nous tourner vers le centre-ouest, le seuil du Poitou en particu-lier (Primault, 2005 et ce volume) : cependant, la confrontation des séries achoppe immédiatement. Celle-ci est un peu plus concluante avec la documen-tation charentaise (Delagnes, 1990 ; Matilla, 2004) mais pas totalement satisfaisante : il s’agit néanmoins du meilleur compromis entre circulation de matières premières et comparaisons techno-culturelles.

Matières premières et techno-économie

Tout d’abord, les contextes du Limousin four-nissent des matériaux mis en œuvre ailleurs mais disponibles ici sous des variétés et des morphologies particulières. Ils contribuent à illustrer que quartz et quartzites ne constituent pas des entités monoli-thiques à travers le Sud-Ouest de la France mais se déclinent en types et en blocs qu’il faut préciser si on veut en appréhender correctement l’impact sur le déroulement des chaînes opératoires (Colonge et Mourre, 2009).

Ensuite, à Périché, la diversité des sources est gérée par une hiérarchisation des acquisitions et une économie des matières premières, en fonction de contraintes techniques globalement fortes.

Les blocs filoniens en portent les plus prégnantes : importants réseaux de diaclases, présence d’impuretés, morphologies anguleuses sans cortex ni néocortex véritables, qui ne permettent que difficilement le développement des méthodes classiques de ces matériaux, comme débitage Discoïde ou sur enclume essentiellement. Même si elles sont mises en pratique, la production apparaît majoritairement comme peu structurée et atypique. L’acquisition est fonction de l’abondance des nodules : probablement expédiente, elle est une réponse immédiate à un besoin avec le matériau le plus directement accessible.

Les galets sont issus de formations alluviales pliocènes. Comme dans beaucoup de ce type de

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formations, formation de St-Denis-Catus (Colonge et Bruxelles, 2006), cônes sous-pyrénéens (Colonge, 2005), épandages molassiques, etc., ils ont été charriés sur des parcours assez courts qui leur ont conservé des volumes importants et peu modifiés. À Périché, les galets sont sélectionnés manifeste-ment en fonction de leur aptitude à la taille et font l’objet de débitages plus structurés. Les morpholo-gies épaisses et peu arrondies conditionnent cepen-dant un recours fréquent au débitage sur enclume, le plus « rentable » dans cette configuration, limitent le développement classique du débitage Discoïde centripète et tiennent vraisemblablement une grande place dans l’importance des exploitations polyé-driques. Ainsi, l’impression de relative faible struc-turation des méthodes et de maigre rentabilité des exploitations, meilleures tout de même que pour les blocs filoniens, est largement contrainte. La sélection perceptible des nodules transcrit une démarche plus active d’obtention de produits plus fonctionnels pour des besoins prévus.

Les silex importés semblent exclusivement voués à la méthode la plus exigeante : le Levallois. La gestion en est drastique : seuls sont abandonnés des sous-produits de configuration de blocs en cours d’exploitation, produits et outils cassés sans potentiel de transformation secondaire. Il s’agit d’un stock lointain difficile à renouveler et fortement géré.

Ces éléments indiquent un fonds technologique du Paléolithique moyen large et généraliste associé à une bonne connaissance des matériaux, connus, maîtrisés et exploités en tant que tels, hiérarchisés en fonction de leur potentiel technique dans une économie poussée des matières premières.

La mise en évidence de circulations de silex depuis l’ouest pose la question du statut de ce site, et peut-être au-delà de ceux connus dans le Limousin, dans leurs relations avec ces régions occidentales.

S’agit-il de groupes pratiquant une mobilité résidentielle aux marges occidentales du Massif central, entre Limousin, Charente et Poitou ? Le fond technologique vaste que nous avons mis en évidence, décliné localement sur diverses matières premières en fonction de leurs limites peut aller dans ce sens.

S’agit-il de groupes cantonnés dans les plateaux limousins effectuant des expéditions logistiques vers l’ouest pour acquérir une ressource lithique particu-lière ? Cela semble plus envisageable pour les sites MTA que pour Périché : les premiers présentent une exploitation globale ou du moins terminale des blocs de silex alors que le second ne témoigne que d’une exploitation en transit.

Enfin, à l’inverse, s’agit-il de groupes venant de l’ouest progressant vers le Massif Central, à l’instar de ce qui est avancé pour le Quercy par exemple (Turq et al., à paraître) ? La modestie de la série et l’économie de transit du silex pourraient effectivement indiquer que Périché est une simple étape, assez courte, dans un parcours « expéditionnaire ». L’adéquation des chaînes opératoires avec les ressources locales et leurs contraintes pourrait nuancer tout de même l’image de populations totalement étrangères à la zone, bien que ce puisse être aussi le fruit de l’expérience acquise au cours de fréquentations répétées.

Conclusion•

Le gisement de Périché a permis de renouveler notre connaissance du peuplement paléolithique du Limousin cristallin par la récolte de la première série Paléolithique moyen en stratigraphie. Elle illustre une économie des matières premières où les ressources locales sont largement prépondérantes sur de rares importations de silex. Elle a ainsi un caractère plus « limousin » que la documentation locale dominée par des Moustériens de tradition acheuléenne sur silex abondants.

Ces quartz et quartzites de l’environnement local ne sont pas des matériaux de substitution, mais des ressources connues et maîtrisées grâce à des chaînes opératoires plus ou moins spécifiques. Les artisans néandertaliens du Paléolithique moyen ont parcouru et exploité des territoires vastes et divers, y compris aux matières premières limitatives et contraignantes, avec un bagage technique large leur permettant de s’adapter sans dépendre de leur(s) matière(s) première(s) de prédilection, ou de meilleure qualité, dans le cadre le plus souvent d’une forte mobilité résidentielle (Faivre et al., à paraître). Cette capacité adaptative des hommes du Moustérien constitue un de leur fort marqueur socio-économique qui tranche avec celui d’hommes anatomiquement modernes plus dépendants de ressources spécifiques pour leurs productions exigeantes, dans des systèmes de mobi-lités plus logistiques (Bon, 2010).

L’expression de cette polyvalence au cours d’une étape dans un contexte restrictif comme le Limousin peut produire des séries comme celle-ci, ne portant pas de « charge » culturelle évidente, faute de marqueurs. Périché est ainsi difficile à caractériser, classer, comparer, mais encourage à poursuivre les recherches dans les « marges » mal documentées de nos géographies préhistoriques.

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