dr s. rezgui 4 ème année pharmacie -janvier 2015
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Les cocci Gram positif font partie des flores commensales de la peau et des muqueuses chez l’homme. De ce fait, ils sont fréquemment isolés en bactériologie médicale, le problème étant de faire la part, lorsqu’une culture est positive, entre une situation pathogène et une contamination par une bactérie commensale. Nous allons étudier deux familles: les Staphylococcaceae et les Micrococcaceae. La première jouerait un rôle majeur en pathologie humaine, tandis que la deuxième renfermerait des bactéries de l’environnement dont le pouvoir pathogène est extrêmement faible, considérés presque toujours comme contaminants des prélèvements.
Les genres Staphylococcus et Micrococcus apparaissent
dans la littérature à la fin du XIXème siècle
(Micrococcus Cohn 1872, Staphylococcus Ogston 1883
et Rosenbach 1884).
Jusque là classés dans la famille des Micrococcaceae, en
1997, Stackebrandt et coll. proposent une modification de
cette famille. Les Staphylococcus, bactéries à Gram positif
ont un GC% faible (30 à 39%), contrairement au Micrococcus
qui possèdent un GC% élevé (68 à 74%).
Les Staphylocoques sont des germes ubiquitaires, on les retrouve dans l’air, le sol, les eaux et ils font partie de la flore commensale de la peau et des muqueuses de l’homme et des animaux. Germes très fréquemment isolés en pathologie humaine, particulièrement autours des suppurations.
Règne: Bacteria
Division: Firmicutes
Classe : Bacilli
Ordre : Bacillales
Famille : Staphylococcaceae
Genre : Staphylococcus
Comprend environ 35 espèces (44 espèces et sous espèces)
En pratique médicale courante, les espèces les plus couramment isolées
sont :
Staphylococcus aureus (2 s/espèces aureus / anaerobius) : « le plus
pathogène »
Staphylococcus epidermidis : souvent considéré comme opportuniste.
Staphylococcus saprophyticus : responsable d’I.U chez la femme jeune.
S.haemolyticus, S.hominis, S.capitis, S.warneri.
Certaines espèces ont émergé ces 20 dernières années: S.lugdunensis,
S.schleiferi, S.caprae. D’autres espèces sont plus rarement isolées ou
difficilement identifiées: S.auricularis, S.cohnii, S.intermedius, S.pasteuri.
Aussi les études moléculaires (l’hybridation ADN/ADN et
l’analyse des séquences nucléotidiques des gènes d’ARNr
16S) ont permis de définir plusieurs groupes:
Le groupe S.epidermidis
Le groupe S.saprophyticus
Le groupe S.simulans
Le groupe S.sciuri
Le groupe S.hyicus
Le groupe S.intermedius
S.aureus, S.auricularis, S.lugdunensis n’appartiennent à aucun
des groupes précédents.
Commensale de la peau et des muqueuses de l’Homme
et des animaux (rhinopharynx - intestins - vagin)
1/3 des sujets normaux l’hébergent dans leurs
muqueuses nasales.
La transmission manu portée = mode essentiel de
contamination.
Le portage intestinal est moins fréquent.
2-1 Morphologie :
CGP, isolés ou groupés en diplolocoques ou en amas++
ayant la forme de grappe de raisin (0,8 à 1µm Ø).
Immobile, asporulé, certaines de ces souches possède
une capsule = souches smouth.
2-2 Caractères culturaux :
Cultive facilement sur milieux ordinaires, en aérobiose comme
en anaérobiose.
En bouillon : S. aureus donne un trouble uniforme en
quelques heures.
Sur gélose ordinaire : les colonies sont lisses, rondes, bombées, brillantes de1 à 2 mm de diamètre. Elles produisent habituellement un pigment jaune doré ou jaune citrin.
Sur gélose au sang frais, la plus part des souches sont Béta- hémolytiques.
C’est une bactérie aéro-anaérobie facultative. Les conditions idéales pour sa croissance sont : une t° de 37°
et un pH de 7,5 (mais tolère de grandes variations). Comme tous les Staphylococcaceae, elle se multiplie en
présence de fortes concentrations de NaCl, caractère qui est mis à profit dans le milieu sélectif hypersalé CHAPMAN (75 g NaCl + mannitol + rouge de phénol) pour isoler le Staph d’un prélèvement polymicrobien, sur ce milieu les colonies apparaissent jaunes entourées d’un halo jaune clair.
2-3 Caractères biochimiques :
Catalase +
Oxydase –
NR +
Coagulase +
Fermente le glucose et le mannitol ainsi que d’autres sucres
Indole -, VP +, uréase +
Réduction du tellurite de potassium (sur le milieu Baird Parker).
Staphylococcus aureus élabore des protéines diffusibles douées soit d’activité
toxique, soit d’activité enzymatique ou alors ce sont seulement des substances
antigéniques.
3-1 Toxines :
Hémolysines : action cytotoxique sur la mb des cellules eucaryotes (en particulier GB-GR-plaquettes) (α, β, γ, δ )
α: Protéine thermostable, antigénique, retrouvée chez la quasi-totalité des souches
80 à 90%.
Elle provoque :
- la mort des cellules (plaquettes, monocytes): libération de cytokines + médiateurs
de la réaction inflammatoire : choc septique des infections sévères
- la destruction des cellules endothéliales : métastases infectieuses par dissémination
des bactéries
β : Protéine thermolabile, c’est une sphingomyélinase type C
γ : FI + FII : action pro-inflammatoire
δ : agit comme un détergent sur les membranes des cellules
TSST-1 : toxine responsable du choc toxique staphylococcique
Protéine antigénique = super antigène : entraîne l’activation
simultanée de plusieurs sous populations lymphocytaires : libération
de plusieurs médiateurs (IL, IFNγ, TNFα et β)
Leucocidine de Panton et Valentine : PVL
Formée de 2 facteurs (codés par 2 gènes distincts LukF-PV et LucS-PV)
agissant en synergie.
Elle agit sur PN + macrophages : perte de mobilité (immobilisation),
destruction du noyau et lyse cellulaire. Elle joue un rôle important
dans la formation du pus, existe chez les souches provoquant des
furonculoses et pneumonies nécrosantes.
Exfoliatine : Epidermolysine
Il existe 2 sérotypes A (gène chromosomique), B (gène plasmidique).
Une même souche peut produire les 2 sérotypes.
Rôle : elle dissocie la couche de l’épithélium (décollement intra-
épidermique) elle serait responsable de lésions bulleuses.
Les souches toxinogènes sont responsables d’infections néonatales++,
d’impétigo bulleux staphylococcique.
Entérotoxines :
Il existe 11 sérotypes (protéines thermostables), elles possèdent un
pouvoir émétisant.
Rôle : responsables d’intoxication alimentaire
Les sérotypes les plus fréquents dans les intoxications alimentaires sont
A++, B et D.
30 à 60% des souches de S.aureus produisent une entérotoxine.
Coagulase libre : protéine extracellulaire, thermostable. Elle a la
propriété de former un complexe avec la prothrombine entrainant la
Coagulation du plasma humain ou de lapin.
Rôle : elle est à l’origine des thrombophlébites suppurées, et elle inhibe la phagocytose.
Remarque : à coté du S. aureus, d’autres espèces peuvent produire cette enzyme S. hyicus et S. intermedius, S. delphini, S. schleiferi subsp coagulans.
Coagulase liée : substance fixée à la surface de la cellule, diffusible
dans le milieu après autolyse, elle réagit directement avec le fibrinogène
ou monomères de fibrine, entrainant l’agglutination des staphylocoques.
Fibrinolysine : Staphylokinase
Active le plasminogène en plasmine, elle libère des micro-embols
septiques = facteur de septicémie et de localisation septique secondaire.
Hyaluronidase : hydrolyse l’acide hyaluronique (tissu conjonctif)
permettant ainsi la diffusion des bactéries.
DNase : spécifique de l’espèce aureus++ (mais peut être produite par
d’autres espèces)
Protéine thermostable, facteur de destruction des noyaux cellulaires.
Autres : Lipase, gélatinase, phosphatase,….
Les composants de la paroi:
Acide teichoique: polymères linéaires de ribitol
phosphate
Ce sont des R de bactériophages (lysotypie)
Polysaccharides capsulaires: 11 sérotypes, les types 5 et
8 sont les plus fréquents. La capsule permet la résistance à
l’opsonisation et la phagocytose.
Glycocalix: certaines souches produisent un exopolysac
entrainant la formation d’un biofilm permettant l’adhésion
aux surfaces extérieures.
Facteurs d’invasion et d’adhésion:
Protéine A: protéine constitutive de la paroi de S.aureus, antigénique, elle fixe la fraction Fc des Ig (IgG1, IgG2, IgG4) ainsi que le facteur de Von Willebrand.
Clumping factor: protéine de liaison au fibrinogène (coagulase liée).
protéine de liaison à la fibronectine: permet l’adhésion de S.aureus aux caillots plasmatiques et aux biomatériaux.
Protéine de liaison au collagène
Protéine de liaison à l’élastine
Pathogénie :
Porte d’entrée : lésion élémentaire (cutanée ou autre)
Signes inflammatoires
Suppuration + nécrose
Processus diffus atteinte des veines : phlébite
Aggravation de l’état
Coagulation + fibrinolyse fragments de thrombus (emboles)
Libération des staphylocoques sang organes
On peut classer les formes cliniques en : 1- Formes cutanéo-muqueuses :
Formes cutanées :
Atteinte du follicule pilo-sébacé : folliculite, furoncle, furonculose, anthrax.
Atteinte péri-unguéale : onyxis Atteinte sous cutanée : panaris Impétigo : forme superficielle qui peut se compliquer de
lésions bulleuses graves (production d’exfoliatine). Formes muqueuses :
Atteinte des muqueuses : otite, sinusite, conjonctivite,… mastoïdite (bovins)
2- Formes généralisées :
Septicémie : succède à un foyer initial cutanéo-muqueux, ou septicémie iatrogène (mise en place d’un matériel étranger contaminé). A partir de laquelle on peut avoir des foyers secondaires
(inf ostéo-articulaire, pneumonie, endocardite,….) Formes intestinales : staphylococcies non suppuratives Intoxication alimentaire : absorption de toxines préformée dans
l’aliment. Entérocolite aigue pseudomembraneuse : post antibiothérapie
ayant sélectionné une souche de Staphylocoques entérotoxique ++ Syndrome de choc toxique : exotoxine TSST1 Fièvre sup 39C°, choc (hypotension), érythrodermie diffuse, desquamation,….
L’isolement et la caractérisation de la souche responsable
de l’infection constituent la base du diagnostic biologique
des staphylococcies :
Prélèvement : ponction de pus++, urine, sang,… dans des conditions d’asepsie rigoureuse.
Transport: pas de conditions particulières de transport, bactéries assez résistantes.
Examen direct: CGP + PN plus ou moins altérés (bactérie pyogène)
Culture : milieu ordinaire, milieu au sang (hémolyse), milieux sélectifs (prvt polymicrobien): Chapman et milieux chromogènes
Identification :
Aspect des colonies
Gram
Identification biochimique
Identification de l’espèce
L’espèce S. aureus doit être identifiée et différenciée des
SCN et tout particulièrement des espèces les plus
impliquées en pathologie humaine, à savoir :
S. epidermidis, S. haemolyticus, S. saprophyticus,…
S. aureus S. epidermidis S. heamolyticus S. saprophyticus Autres
Staphylocoques
Coagulase + - - - v
Clumping-
factor
+ - - - v
Fermentation
Glucose
Mannitol
Xylitol
+
+
-
+
-
-
+
v
-
+
+
+
+
v
-
Phosphatase + + - - v
DNase + - - - v
Novobiocine S S S R v
Antibiogramme : méthode de diffusion sur gélose MH
1- recherche de la pénicillinase++
2- recherche de la méthicillino-résistance (résistance à l’oxacilline)++
Les antibiotiques testés pour le Staphylocoque sont :
Péni G: 99,9% de résistance
Oxacilline: active sur les MSSA
Aminosides: Gentamycine++, amikacine, tobramycine
MLS: Erythromycine, spiramycine, lincomycine,
Clindamycine, pristinamycine.
Tétracycline, vancomycine, Rifampicine
Autres: ◦ Ofloxacine ◦ Acide fusidique ◦ Chloramphénicol ◦ Tétracyclines ◦ Cotrimoxazole ◦ Fosfomycine ◦ Rifampicine
Cefoxitine: pour rechercher la résistance à l’oxacilline
Novobiocine: diagnostic
Composé vibriostatique O129: diagnostic
Bêtalactamines:
◦ Pénicilline G
◦ Oxacilline
Aminosides:
◦ Amikacine
◦ Kanamycine
◦ Gentamicine
Macrolides:
◦ Erythromycine
◦ Clindamycine
◦ Pristinamycine
Glycopeptides
◦ Vancomycine
◦ Teicoplanine
Micrococcus est un genre représenté par des bactéries à
coloration de Gram positive appartenant à la famille
des Micrococcaceae. Les bactéries sont des coques de 0,5
à 2 µm de diamètre, souvent groupées en paire ou en
tétrade, généralement immobile (Micrococcus agilis est
mobile).
Ce sont des bactéries aérobies, à métabolisme oxydatif,
possédant une catalase, chimio-organotrophe.
Ces bactéries ont pour habitat le sol, les eaux douces, les
aliments ; elles sont fréquentes sur la peau de l'Homme et
celle des animaux.
Staphylococcaceae Micrococcaceae
Type respiratoire Aéro-anaérobie Aérobie
Oxydase - +
Fermentation du glucose + -
Fermentation du glycérol + -
Culture à 45C° + -
Composé O129 (disque) R S
Nitrofurantoine (disque) S R
Bacitracine (disque) R S
Lysostaphine (disque) S R
Règne: Bacteria
Embranchement: Actinobacteria
Classe : Actinobacteria
Sous-classe: Actinobacteridae
Ordre : Actinomycetales
Sous-ordre: Micrococcineae
Famille : Micrococcaceae
Genre : Micrococcus
Micrococcus luteus est isolé de la peau des mammifères.
Micrococcus agilis est isolé de l'eau, du sol et de la peau de l'Homme.
Micrococcus caseolyticus est une bactérie de l'industrie fromagère (affinage).
Micrococcus conglomeratus est isolé de fromage
Micrococcus ureae est une bactérie majeure du sol.
Micrococcus denitrificans
Micrococcus halobius
Micrococcus roseus
La culture de cette bactérie dans un
échantillon de sang est en général une
contamination du prélèvement, sauf chez
les personnes immunodéprimées ou chez
les porteurs du VIH et étant atteint du
SIDA qui sont en risque de développer une
bactériémie réelle et une infection grave.
M. luteus est une bactérie du sol, des poussières, de l'eau et
de l'air et fait partie de la flore naturelle de la peau des
mammifères. La bactérie peut aussi coloniser la bouche,
les muqueuse de l'oropharynx et les voies respiratoires
supérieures humaines.
Bien que M. luteus ne soit pas pathogène et est considéré
comme un contaminant naturelle, cette bactérie pourrait être
un pathogène émergeant engendrant des infections
nosocomiales chez des patients immunodéprimés.
M. luteus est résistant à un potentiel hydrique réduit et peut
tolérer la dessiccation et de fortes concentrations salines.