declarations diverses cabotages nantes

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1739-1741 (B 4614*)- Déclaration extraordinaire contre les habitants de Batz 7 août 1739. A comparu François Bertrand, maître de la barge les « Trois cousins » de Trentonnoux du port d’environ un tonneau. Lequel nous a dit et déclaré que lui et ses gens partirent de chez eux le lundi 27 e juillet dernier pour aller à la pêche du poisson frais le long des côtes de cette province sous congé de S.A.S. Monseigneur l’amiral. Que le lendemain étant à la côte du bourg de Batz à midi, ils mirent leurs filets à l’eau en présence de plusieurs habitants du lieu qui pêchaient aussi à la ligne mais au soir à soleil couchant, voulant lever leurs filets, lesdits habitants du bourg de Batz tombèrent tout d’un coup sur eux et leur lancèrent de pierres dont ils avaient fait plusieurs tas et qui tombaient dans leur barge, quoique le déclarant et ses consorts ne leur parlèrent qu’avec beaucoup de douceur pour les calmer mais loin de s’apaiser ces gens s’en armèrent davantage et continuèrent à leur jeter des pierres, de façon que le déclarants et ses consorts furent obligés de s’éloigner et de leur abandonner leurs filets ne pouvant tenir contre la grêle de pierres qui tombait sur eux et les dits particuliers au nombre de sept à huit les croyant retirer, ils amarrèrent une pierre au bout d’une corde qu’ils jetèrent sur la bouée de ses filets, l’attirèrent à eux et l’emportèrent et firent tous leurs effort pour attirer également lesdits filets, en quoi ils ne purent réussir et ces maltraitements et voies de faits furent accompagnées d’une infinité d’injures que lesdits particuliers tonnèrent au déclarant et à ses gens les traitant de chiens et de bougres qui n’avaient point de permission d’approcher de la côte et les menacèrent que s’ils y revenaient ils les tireraient à coups de fusils. Que vers les onze heures du même soir, les dits particuliers s’étant retirés, le déclarant et ses consorts se rapprochèrent de leurs filets, qu’ils levèrent et trouvèrent tous rompus avec perte de leur baillée, n’ayant pu rien prendre par le trouble ci-dessus leur causé par lesdits particuliers de Batz dont ils ne purent apprendre les noms si ce n’est d’un, appelé Vincent Picaud, ainsi qu’il leur fut dit par un ancien homme du lieu. 1739-1741 (B 4614*)- Naufrage d’une barge à Donges 26 septembre 1739.

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1739-1741 (B 4614*)- Déclaration extraordinaire contre les habitants de Batz7 août 1739. A comparu François Bertrand, maître de la barge les « Trois cousins » de Trentonnoux du port d’environ un tonneau. Lequel nous a dit et déclaré que lui et ses gens partirent de chez eux le lundi 27e juillet dernier pour aller à la pêche du poisson frais le long des côtes de cette province sous congé de S.A.S. Monseigneur l’amiral. Que le lendemain étant à la côte du bourg de Batz à midi, ils mirent leurs filets à l’eau en présence de plusieurs habitants du lieu qui pêchaient aussi à la ligne mais au soir à soleil couchant, voulant lever leurs filets, lesdits habitants du bourg de Batz tombèrent tout d’un coup sur eux et leur lancèrent de pierres dont ils avaient fait plusieurs tas et qui tombaient dans leur barge, quoique le déclarant et ses consorts ne leur parlèrent qu’avec beaucoup de douceur pour les calmer mais loin de s’apaiser ces gens s’en armèrent davantage et continuèrent à leur jeter des pierres, de façon que le déclarants et ses consorts furent obligés de s’éloigner et de leur abandonner leurs filets ne pouvant tenir contre la grêle de pierres qui tombait sur eux et les dits particuliers au nombre de sept à huit les croyant retirer, ils amarrèrent une pierre au bout d’une corde qu’ils jetèrent sur la bouée de ses filets, l’attirèrent à eux et l’emportèrent et firent tous leurs effort pour attirer également lesdits filets, en quoi ils ne purent réussir et ces maltraitements et voies de faits furent accompagnées d’une infinité d’injures que lesdits particuliers tonnèrent au déclarant et à ses gens les traitant de chiens et de bougres qui n’avaient point de permission d’approcher de la côte et les menacèrent que s’ils y revenaient ils les tireraient à coups de fusils. Que vers les onze heures du même soir, les dits particuliers s’étant retirés, le déclarant et ses consorts se rapprochèrent de leurs filets, qu’ils levèrent et trouvèrent tous rompus avec perte de leur baillée, n’ayant pu rien prendre par le trouble ci-dessus leur causé par lesdits particuliers de Batz dont ils ne purent apprendre les noms si ce n’est d’un, appelé Vincent Picaud, ainsi qu’il leur fut dit par un ancien homme du lieu.

1739-1741 (B 4614*)- Naufrage d’une barge à Donges26 septembre 1739.

A comparu Jacques Chollet, barger, demeurant ordinairement à Donges. Lequel nous a dit et déclaré qu’il y a environ trois semaines qu’il fut frété par le sieur Dumats de la Barillais pour voiturer à Nantes des grains et vins provenant de sa terre de la Barillais et le 19 se trouvant ensemble à Nantes ; il fut convenu entre eux que le déclarant tiendrait sa barge prête au 21 à recevoir sa charge dans l’étier de la douve neuve. Effectivement il fut voituré de la maison dudit sieur Dumats dans la barge du déclarant douze barriques et six pochées de grains de différentes espèces et cela depuis les cinq heures du matin dudit jour 21 jusqu’à environ les six heures du soir. Quoique suivant leurs conventions, les chargements dus être finis avant midi afin que le déclarant eut profité de la marée du soir, en sorte que par ce retardement causé de la part dudit sieur Dumats il ne put sortir dudit étier qu’après les six heures lorsque la marée était pleine et il se rendit au port de Donges où il mouilla son grappin d’un assez beau temps afin qu’au flot il fit route pour Nantes, mais vers les onze heures par un orage qui s’était formé à l’approche de la nuit, l’air se trouva tout enflammé et les vents régnants dans la partie du sud-sud-ouest soufflèrent avec tant de violence que la mer en fut extraordinairement agitée et par ses vagues remplissait la barge, alors le déclarant et deux hommes qui composaient son équipage, ne se trouvant pas en sureté levèrent le grappin et nagèrent de force pour gagner l’étier de Donges et s’y mettre à l’abri, mais étant arrivés à l’entrée après avoir sondé, ils trouvèrent qu’il n’y avait point assez d’eau pour y monter, ce qui les fit mouiller le grappin dans l’endroit où ils étaient en attendant que la marée montante leur permit de remonter l’étier. Mais sur les deux heures après minuit au flot de la mer devenue encore plus orageuse et le vent soufflant avec plus de violence, la barge se trouva aussitôt remplie d’eau par les flots qui la couvraient et coula à fonds de manière que le déclarant et ses gens se virent sur le point de perdre la vie et dans la triste nécessité de se jeter à la nage pour se sauver. En quoi ils eurent le bonheur de réussir par un secours du ciel à la faveur des vagues qui les poussèrent à terre, que sur les onze heures du matin du 22, à la basse mer et nonobstant la tempête qui durait toujours, ils rentrèrent leur barge et tirèrent les tristes effets que le naufrage leur avait causé. C’est-à-dire qu’ils n’y trouvèrent que huit barriques et six pochées de grains dans leur entier mais mouillées, deux autres barriques en bottes

dont le grain et de deux autres barriques entièrement défoncées étaient répandus en pagaille. Qu’à l’aide des habitants de Donges, ils retirèrent de ladite barge tout ce qui leur fut possible d’en sauver et sauvèrent effectivement une grande partie des grains sans pouvoir déclarer positivement combien ; qu’ils mirent dans un grenier au bourg de Donges pour en bénéficier après avoir donné avis du tout au sieur Dumats qui malgré que la chose le touchât plus que tout autre n’en voulut cependant prendre aucune connaissance et en laissai tout l’embarras au déclarant, à qui il doit contre toute raison qu’il fit comme il voudrait et qu’il en supporterait l’avarie. Que depuis ce temps, lui, ses gens et des journaliers qu’il a pris ont toujours été occupés au sauvement et à bénéficier lesdits grains mis en grenier, ce qui a fait qu’il n’a pu faire plus tôt la présente déclaration en ce greffe ni même en faire une autre à Paimboeuf en ayant d’ailleurs été empêché par la tourmente qui régna continuellement pendant deux jours sans avoir pu permettre à la barge du passage de Donges d’aller à Paimboeuf d’aller à Paimboeuf que le mercredi 23 au soir qu’il faisait encore très mauvais temps.

1739-1741 (B 4614*)- Déclaration des pêcheurs de Trentemoux contre ceux de Bouin23 octobre 1739. Ont comparu Jean Aubin, maître de la barge le Saint-Jean de Trentemoux et Pierre Beauju, maître de la barge le Saint-Pierre aussi de Trentemoux, lesquels nous ont déclaré que le vendredi 16 de ce mois se trouvant à la pêche du poisson frais, ils relâchèrent par vents contraires à l’île de Bouin dans le havre de Lepoy, où étant dans leurs barges ils furent appelés de terre par des marchands de la paroisse de Bois qui se trouvèrent là et auxquels ils vendirent leur poisson. Ensuite se retirèrent à leurs barges où après avoir viré, ils s’endormirent sur les deux à trois heures de l’après-midi en attendant que la marée vienne pour les mettre dehors. Mais pendant qu’ils dormaient, ils entendirent des habitants du lieu faire des cris sur eux et s’approchant les virent lancer des pierres dont la première pensa tuer un de leurs gens ayant porté sur un bois qui leur servait à cabaner et contre lequel il était appuyé à reposer dans la barge dudit Aubin et continuèrent à leur jeter d’autres pierres. Une desquelles aurait attrapé ledit Aubin si en la voyant lancée il ne se fut jeté promptement du lieu où il

était à côté pour la parer et non contents de leur avoir jeté ces pierres, un desdites particuliers pêcheurs à la drague prit un bâton de son bateau et s’avançant sur la barge dudit Aubin fit contenance de l’en frapper ayant l’avantage de son bateau qui était plus haut que le sien et l’eut effectivement fait si ledit Aubin ne se fut jeté à sa merci lui demandant grâce et en criant miséricorde. De quoi ils allèrent incontinent faire leur déclaration au greffe de l’amirauté à Beauvoir mais revenus à leurs barges et ayant besoin de vin et d’eau, ils voulurent redescendre audit village de Lespoy pour en avoir, alors tous les habitants du lieu, tant grands que petits s’attroupèrent de nouveau et les chargèrent d’une grêle de pierres dont une quantité tomba dans leurs barges, tellement, qu’ils furent contraints de mettre au large pour se garantir des maltraitements des dits habitants de Lepoy et s’en retirèrent sous Noirmoutier où le mardi 21 de ce dit mois un desdits particuliers pêcheurs de Lepoy vint en son bateau de son havre aborder et côtoyer leurs barges en les menaçant que s’ils retournaient jamais à Lepoy ils les couleraient bas et seraient arrivés le jour d’hier de leur dite pêche.

13 novembre 1739. NoyadeA comparu Nicolas Phelipot, maître de la barque la Sainte-Anne de Bourgneuf du port d’environ vingt tonneaux. Lequel nous a déclaré avoir parti de Lorient le 6 de ce mois pour venir à Nantes chargé de 24 balles simple de poivre, 5 caisses de thé provenant de la vente des marchandises de la Compagnie des Indes pour le compte du sieur Lafiton de cette ville et de 5 tonneaux de lest et serait arrivé le jour d’hier au soir sur les quatre heures à la Fosse. Déclare de plus que vers les neuf heures ayant été invité à boire chopine par Noël Normand, maître de la barque la Marie Françoise mouillée auprès de la sienne avis la Croix des Capucins, ils y allèrent ensemble et en compagnie de Nicolas Carron, matelot du déclarant chez la Tavelin, aubergiste à la Fosse et après y avoir bu quelques bouteilles de vin, chacun s’en retourna à son bord environ les dix heures et le déclarant se coucha aussitôt dans sa cabane mais il arriva qu’à son insu et lorsqu’il était endormi avec son autre matelot que ledit Carron s’en fut de son bord à celui dudit Normand ou soit par dispute qu’ils purent avoir ensemble ou autrement, s’étant pris l’un l’autre, ils eurent le malheur de tomber ensemble à la rivière et s’y noyèrent ainsi que ledit

déclarant l’a appris ce matin avec bien de l’étonnement, d’autant plus que lorsqu’ils sortirent tous ensemble du cabaret, ils n’étaient point épris de vin et n’avaient eu aucune dispute. Ajoute que ledit matelot Carron était de Bourgneuf, âgé de vingt-deux ans ou environ, de la hauteur de quatre pieds et demi, portant cheveux châtains, le visage un peu long, vêtu d’une veste et culotte brune, gilet, bas gris blancs et souliers aux pieds avec boucles d’argent, qu’il n’a laissé que quelques hardes de peu de valeur à bord et qu’il était engagé avec lui à la part pour le voyage actuel.

13 novembre 1739- NoyadeA comparu Louis Brochet, matelot sur la barque la Marie Françoise de Bouin, actuellement mouillée à la Fosse et dont était maître Noël Normand. Lequel nous a déclaré que ledit Normand ayant pris ses expéditions pour sortir et s’en retourner à Bouin, ils se préparaient à faire voile le jour d’hier au soir lorsqu’il fut prier Nicolas Phelipot aussi maître de barque qui venait d’arriver d’aller boire chopine et ils furent ensemble à une auberge à la Fosse, et s’en revinrent chacun à leur bord en compagnie du nommé Carron, matelot duit Phelipot par la barque duquel Normand passa comme la plus proche pour entrer dans la sienne qui était mouillée en couple et amarrée dessus, mais ledit Carron en largua l’amarre ce qui pouvait faire aller ladite barque la Marie Françoise à la dérive et occasionna selon toute apparence une dispute entre Normand et Carron, lequel vint aussitôt à bord dudit Normand et s’étant pris l’un l’autre après s’être dit quelques paroles que le déclarant ne peut précisément rapporter étant alors couché dans sa cabane, sinon que ledit Normand disait à l’autre « je te donnerai bien ce que tu demandes » et tombèrent sur le champ à la rivière de dessus le pont de cette barque qui n’a environ un pied de vibord. Ajoute le déclarant que lorsque ledit Normand eut proféré les paroles qu’il vient de rapporter en sortant de sa chambre pour monter dessus le pont, lui dit déclarant lui demanda en ces termes « où allez-vous mon compère », il répondit « je ne suis pas un homme à frapper le monde, j’aurai bien raison de cela sans faire de bruit », ce qui fit que le déclarant resta dans sa cabane mais malheureusement il entendit dans l’instant les cris du petit garçon qui était sur le pont et di que ces deux hommes étant tombés. Que dans le moment il se leva, entra dans son bateau

et le petit garçon dans celui de Carron pour aller chercher lesdits Normand et Carron et les sauver s’il eut été possible, mais en vain. Ils ne les aperçurent point sinon le petit garçon qui vit leurs chapeaux aller à la dérive et qui avaient déjà dépassé les barques, les hommes ayant en apparence coulé à fonds ou été emportés par la rapidité du courant qui est très fort à cause de la crue des eaux, ce qui se passa vers les onze heures. Déclare que ledit Normand est de petite taille et peut avoir environ trente ans, sans savoir l’état de ses affaires et ce qu’il a laissé à bord où il a un coffre.

11 janvier 1740-GlacesA comparu Simon Luco, maître de la barque nommée la Sainte Anne de l’île-aux-Moines, du port d’environ vingt-huit tonneaux. Duquel le serment pris la main levée devant nous, il a promis et juré de dire vérité. Ensuite de quoi il nous a dit et déclaré qu’il serait parti de Vannes le vingt-six décembre dernier pour venir à Nantes, chargé de 15 tonneaux de froment, 15 tonneaux de seigle et 10 barriques de miel à l’adresse du sieur Chenard et autres marchands de cette ville. Que le 3e de ce mois il vint mouiller au port La Vigne n’ayant pu monter plus haut mais que le neuf prévoyant que les glaces qui commençaient déjà à descendre l’endommageraient s’il y restait plus longtemps, il prit le parti de lever l’ancre et d’appareiller pour aller à Indre s’y mettre à couvert, que vers les trois heures de l’après-midi il eut le malheur de toucher sur un banc avis la Basse Indre, ce que voyant le déclarant entra dans son canot et fut audit lieu d’Indre, y prit quatre barges afin de décharger sa barque et mis dans lesdites barges environ 8 tonneaux de froment et 10 barriques de miel qui furent transportés dans la gabarre du nommé Gaudin qui était échouée le bout à terre avis ledit lieu d’Indre et malgré ce déchargement sa barque ne flotta point de sorte qu’il a été obligé de rester sur ledit banc jusqu’au matin de ce jour environ les quatre heures que la marée l’a levé et comme les glaces l’environnaient de tous côtés et l’empêchaient de faire aucune manœuvre pour se tirer, il a été obligé de se laisser aller à la dérive au gré des courants qui l’ont portés sur un autre banc à la pointe de l’île d’Indrette où il est encore actuellement et en danger de perdre sa barque et sa cargaison, attendu que les glaces qui descendent avec impétuosité fracassent beaucoup sa dite barque et ne manqueront pas sans

doute de l’endommager et couper quelques bordages, pourquoi craignant que ses grains soient mouillés et avariés fait les protestations requises et nécessaires en pareil cas suivant l’ordonnance vers et contre tous ceux qu’il appartiendra.

12 janvier 1740- glacesOnt comparu Pierre et Laurent Hervé, bargers demeurants ordinairement au bourg et paroisse de Saint-Jean de Boiseau, desquels le serment séparément pris la main levée devant nous, ils ont promis et juré de dire vérité, ensuite de quoi nous ont dit et déclaré ayant été chargé par le sieur Letort d’onze barriques de vin dans l’étier de Saint-Jean de Boiseau pour porter à bord du navire l’Europe mouillé au port de Paimboeuf, ils en sortirent le huit de ce mois environ les deux heures de l’après-midi, que vers les dix heures ils mouillèrent au Migron pour y passer la nuit et que le lendemain voyant qu’ils étaient en danger de périr s’ils restaient là plus longtemps, attendu que les glaces descendaient avec impétuosité, ils résolurent de se présenter à l’étier dudit lieu du Migron pour voir s’ils y pourraient entrer afin de s’y mettre à couvert, mais ce fut inutilement car outre que l’étier était déjà pris par les glaces, la marée survint qui les remontait grand frais parmi les glaçons et les jetait visiblement au large malgré leurs efforts, de sorte qu’ils furent contraints pour se sauver de se jeter sur la glace pour aller à terre et d’abandonner leur barge au gré des courants, après l’avoir néanmoins amarrée avec un cordage le mieux qu’ils purent à une grosse pierre sur le bord du rivage et que le jour d’hier environ midi, la mer montante, les glaces coupèrent ledit cordage, ce qui fit que la barge s’en fut à la dérive jusqu’avis la Ramée, où ils ont laissé un homme afin de voir où les courants la jetterait et si par l’effort des glaces, elle ne coulera point bas, ce qu’il y a beaucoup à craindre.

12 janvier 1740- Perte d’une gabarreA comparu Yves Buzeau, gabarrier demeurant à la Basibinnière lequel nous a dit et déclaré que vendredi dernier 8 de ce mois, il aurait chargé dans sa gabarre pour le compte du sieur Thollemand le jeune, la quantité de 16 tonneaux de vin pour conduire à Paimboeuf à bord du navire la Ville de Shoonhone, capitaine Willem Culleman. Que ladite gabarre partit ledit jour conduite par ses deux fils et deux autres hommes, que le froid

leur ayant fait prévoir les glaces, ils entrèrent la gabarre en l’étier du Migron où elle fut amarrée et qu’il vient d’avoir avis que le flux et reflux ayant remué les glaces, elles ont coupé les amarres de la gabarre et tout entraîné dehors et dans la rivière où elle a coulé à fond par les dites glaces et que ses enfants et les deux autres hommes ont manqué de périr, que cependant ils ont resté sur les lieux dans l’espérance de pouvoir travailler au sauvement de ladite gabarre et chargement.

1er mars 1740-noyadeA comparu Jean Page contremaître sur le navire nommé le Saint Jacques d’Argenton du port d’environ trente-deux tonneaux. Duquel le serment pris la main levée devant nous, il a promis et juré de dire vérité, en suite de quoi nous a dit et déclaré que sous le commandement de Jean Lestideau, maître dudit navire qui s’est malheureusement noyé comme il sera dit ci-après. Ils seraient partis de Pontuval le quinze janvier dernier pour venir à Nantes chargé de 30 tonneaux de froment, seigle et orge, que par mauvais temps ils relâchèrent à Argenton le lendemain, d’où ils sortirent le vingt-trois, que depuis ils ont encore essuyé beaucoup de mauvais temps et reçu quantité de coups de mer sur son pont, que le vingt-six étant dans la bonne anse entre la pierre percée et Saint-Nazaire à louvoyer pour tâcher d’entrer audit Saint-Nazaire faisant alors un grand vent d’est et ledit Jean Lestideau étant à la barre à gouverner, ils se mirent en devoir de virer de bord, mais le navire refusa, ce qui fit que la grande voile ne s’éventa pas dans le moment, de sorte que la baume ou l’armure de ladite voile emporta ledit Lestideau à la mer, et comme le vent était très impétueux et la mer fort agitée, il leur fut impossible de le sauver. Déclare de plus que ledit maître était de cinq pieds de hauteur ou environ, cheveux noirs frisés, habillé en toile avec bas et souliers aux pieds et des boucles d’argent. Le tout suivant qu’il est plus au long porté dans la déclaration qu’en fit le comparant à Paimboeuf le 30e dudit mois de janvier, une expédition de laquelle il nous a apparue signé Guillou, qu’il a déposée en ce greffe en s’y référant et serait arrivé à la Fosse le jour d’hier à l’adresse du sieur Rodey négociant.

16 mars 1740A comparu François Le Breton, maître de la barque le Saint Paul d’Ouessant du port d’environ dix-huit tonneaux. Lequel

nous a déclaré avoir parti de Hennebont le 4e de ce mois pour venir à Nantes chargé de seize tonneaux de seigle. Que les mauvais temps l’ont beaucoup contrariés pendant sa route et l’ont obligé de prendre le parti d’aller relâcher à Crac et que faisant route pour ce lieu le septième environ les onze heures du matin, le nommé Gildas Lenoret, son matelot voulant pêcher des congres avec un scillot eut le malheur de tomber à la mer et quelques efforts qu’ils firent pour le sauver ils ne purent le faire et entrèrent à Crac le même jour à trois heures de l’après-midi, où étant il fit sa déclaration de tout ce que dessus, une expédition de laquelle il nous a apparue, signée Desalleur, qu’il a déposée en ce greffe et en sortit pour continuer sa route le 13e de ce mois, pour quoi il a fait toutes les protestations requises et nécessaires en pareil cas suivant l’ordonnance et serait arrivé ce jour à la Fosse, à l’adresse du sieur Daniel.

28 avril 174- perte d’un navireA comparu le sieur François Goesby ci-devant commandant le navire nommé le Jeune André au lieu et place de François Pillet, maître d’icelui navire qui tomba malade. Ledit navire étant sous voile à Paimboeuf et dans lequel le comparant fut établi maître pour le conduire à sa destination, le susdit navire le Jeune André de Nantes, du port d’environ 70 tonneaux, équipé de 8 hommes tout compris par noble homme Patrice Archer et compagnie, négociant à la Fosse y demeurant paroisse de Saint-Nicolas bourgeois et armateur dudit navire. Duquel dit sieur Goesby le serment pris la main levée devant nous, il a promis et juré de dire vérité, ensuite de quoi, nous a dit et déclaré qu’il serait parti de Paimboeuf rivière de Nantes le 27e décembre dernier pour aller à l’île de Man en Angleterre chargé de 31 334 livres de thé, 1 786 livres café, 16 pièces de mouchoirs de Bengale, une ancre d’eau-de-vie et un millier de merrain. Qu’étant à l’entrée du havre de l’île de Man qui était très mauvaise, et voyant apparence de mauvais temps, de l’avis de son équipage, il prit le parti d’aller relâcher à Dublin pour s’y mettre à l’abri et pour cet effet il retourna sur ses pas et appareilla pour y aller, et cela arriva le huit janvier suivant, mais qu’étant à la mer la tempête devint si furieuse qu’il lui fut impossible d’y entrer et resta toute la nuit à battre la mer et se trouvait à tout moment en danger de périr par les violents

coups de qu’il en recevait, de sorte que le jour étant venu, et voyant qu’il ne pouvait plus tenir, il fut obligé de l’avis de son équipage et pour sauver le bâtiment, sa cargaison et leurs vies de donner à la première côte qui se présenterait et apercevant de loin le port de Dundalk, il fit route pour y aller, mais chemin faisant, il eut le malheur de toucher sur un banc environ trois quarts de lieues du port de Dundalk, où étant son équipage et lui ayant beaucoup soufferts et avaient même les pieds gelés, rapport à la rigueur de l’hiver et dans ce triste état ne pouvaient secourir le navire, en sortirent, et le déclarant fit aussitôt avertir le correspondant de son bourgeois à Dublin afin qu’il eut envoyé du secours pour sauver les marchandises et le navire s’il eut été possible ; en sorte que par son ordre et à l’aide de plusieurs hommes de sa part, ils furent au navire qui était toujours au même endroit et commençait déjà à s’ensabler, et se mirent en devoir de tirer les marchandises de son chargement, mais voyant qu’ils ne le pouvaient faire sans couper les mâts également que le pont, ils le firent et par ce moyen ils tirèrent presque toutes les marchandises qu’ils trouvèrent très avariées et travaillèrent au sauvetage pendant plus d’un mois parce qu’ils ne pouvaient aller audit navire que lorsque la mer était basse. Le tout ainsi qu’il est plus au long porté par le procès-verbal en fait et signé de lui et son équipage, en date du neuf dudit mois de janvier qu’il nous apparu et déposé en ce greffe en s’y référant ; et que le vingt février suivant après bien des efforts et par le moyen des barriques vides dont ils entouraient le navire, ils l’enlevèrent et le conduisirent dans le port de Dundalk, où étant et voyant qu’il était hors d’état de reprendre la mer pour son retour le sieur Archer négociant à Dublin et correspondant de son bourgeois s’en chargea pour le faire dépecer n’étant plus propre à rien, et le fit embarquer avec son équipage pour passer en France sur le navire « l’Heureux retour » de Dublin et seraient arrivés en cette ville depuis quelques jours.

20 mai 1740- noyade au PèlerinA comparu le sieur Martin La Ralde, capitaine commandant le navire la Notre-Dame de Bonne garde de Nantes, du port d’environ 80 tonneaux dont est armateur noble homme Vanvoorne, négociant en cette ville. Ledit navire actuellement mouillé au Pèlerin, duquel dit sieur comparant le serment pris la main levée devant nous, il a promis et juré de dire vérité,

ensuite de quoi nous a déclaré qu’il a eu avis par un de ses officiers que lundi dernier seize du présent mois environ les six heures du soir, les nommées François Burgos matelot de Saint-Hilaire, évêché de Luçon et Honoré Perruchau aussi matelot des Sables se mirent à badiner sur le pont et danser sur le pont en se tenant les mains, mais malheureusement ils s’approchèrent trop près du bord et tombèrent subitement à l’eau, ce que voyant, l’équipage dudit navire qui se préparait à souper, se jeta dans la chaloupe pour les sauver et qu’on ne pût avoir que ledit Perruchau, et l’autre ne parut plus sur l’eau, et malgré la perquisition qui en a été faite on n’a pu le trouver. Déclare de plus que ledit Burgos paraissait avoir environ vingt-deux à vingt-trois ans, de la hauteur de cinq pieds un pouce ou environ, cheveux châtains, habillé d’une veste d’étoffe couleur gris fer, un gilet d’étoffe blanche par-dessous, un mouchoir rouge au col, une culotte pareille à la veste dont les jarretières étaient attachées avec des boucles d’argent et dans la poche de laquelle culotte il y avait un mouchoir de soie neuf, avec un écu de six livres et un de trois livres qu’il avait pris en badinant aux nommés De Bureau et Pierre Girard, matelots sur le même navire ; qu’il avait outre dans ses pieds une paire de bas grise que le nommé Jacques Chevrier, matelot, lui avait prêté, avec des escarpins et des boucles d’argent appartenant au défunt et que le déclarant ne lui doit rien.

17 juin 1740- NaufrageA comparu Etienne La Grange, voiturier par eau, demeurant ordinairement dans la ville de Tours, paroisse de Saint-Pierre du Bouël et de présent en ce port avec ses bateaux. Duquel le serment pris la main levée devant nous, il a promis et juré de dire vérité, ensuite de quoi nous a dit et déclaré qu’il serait parti de Moulins en Bourbonnais le vingt-neuf avril dernier pour venir à Nantes chargé de 159 voyes de charbon de terre dans dix bateaux de l’envoi du sieur Jean Hussard de Montreuil, à l’adresse du sieur Guillet de la Brosse, négociant en cette ville, dont il aurait déchargé par ordre du sieur Conzey, commissionnaire des chargeurs à Tours en passant la quantité de 26 voyes et demi, mais que le jour d’hier entre trois et quatre heures du soir descendant le derrière le premier sous la deuxième arche du pont de la Belle Croix du côté de la Prée, un de ses bateaux marqué E toucha sur des pieux et eut les planches du dessous crevées, ce qui fit que l’eau entra en

abondance, en sorte que malgré ses efforts, il coula bas à la distance d’environ quarante toises du pont et dont il ne parait actuellement que le bout du devant dudit bateau, que depuis ce temps il a toujours travaillé et fait travailler au sauvetage du même bateau et son chargement mais il n’a pu y parvenir et va encore donner tous ses soins pour le tirer, si faire se peut.

21 juin 1740- noyadeA comparu Jean Gergand, maître de la chaloupe la Catherine Françoise de Méan, du port d’environ 8 tonneaux, lequel nous a déclaré avoir parti dudit lieu de Mean le jour d’hier environ les dix heures du matin pour venir à Nantes chargé de mottes, mais qu’une demi-heure ou trois quarts d’heure après sa chaloupe montant à la voile, le nommé René Jameau, son garçon de chaloupe se mit dans le devant et s’y tenait debout, de sorte que soit que le pied lui manqua ou que la grande écoute l’eut touché, il tomba à la mer sans savoir comment, ce que voyant le déclarant fit abattre ses voiles et virer de bord afin de le sauver mais il ne le vit plus et n’en a plus entendu parler depuis. Déclare de plus que ledit jeune homme noyé était âgé d’environ quinze ans, qu’il était vêtu d’une camisole de toile, culotte de toile avec une chemise, des bas de fil aux pieds sans autres chaussures, qu’il pouvait avoir quatre pied et demi de hauteur, visage long et cheveux châtains et que ledit comparant ne lui doit rien.

28 novembre 1740-noyadeA comparu Joseph Beriet, maître de la barque l’Augustin d’Audierne, du port d’environ 36 tonneaux, duquel le serment pris la main levée devant nous il a promis et juré de dire vérité, ensuite de quoi nous a dit et déclaré que le jour d’hier entre les deux et trois heures de l’après-midi, étant mouillé avis la Basse Indre, le nommé Yves Guillon, mousse de Plogoff en Basse-Bretagne ayant descendu dans la chaloupe qui était à côté du bord de ladite barque, il voulut s’asseoir sur le bord de ladite chaloupe, mais il tomba malheureusement à l’envers dans la rivière, aussitôt les matelots de l’équipage du déclarant se jetèrent dans la chaloupe pour le sauver, ce qu’ils ne purent faire malgré leurs efforts et ne purent attraper que son bonnet, en sorte qu’il n’a pas été vu depuis. Déclare de plus que ledit jeune homme noyé pouvait être âgé d’environ 17 ans, visage

rond, cheveux châtains et de cinq pieds un pouce de hauteur ou environ, vêtu d’une veste et culotte de toile, bas noirs aux jambes et des sabots aux pieds et que ledit déclarant ne lui doit rien.

16 mai 1741-perte d’une barqueA comparu Gildas Faucheux, ci-devant maître de la barque la Marie Joseph de Rhuys du port d’environ 20 tonneaux, lequel nous a dit et déclaré avoir parti de Maran le cinq de ce mois pour venir à Nantes chargé de 34 tonneaux de froment, mesure de Maran, mais que le huit environ une heure de l’après minuit, il survint un gros vent, la mer fort grosse, qui occasionna une voix d’eau dans le dessous du navire, ce qu’ayant aperçu il se mit avec partie de son équipage à la pompe, qu’ils faisaient agir sans discontinuer d’un moment jusques vers les huit heures et ayant vu qu’il y avait plus de quatre pieds d’eau dans la cale, joint à ce qu’ils ne pouvaient tenir davantage étant trop fatigués et que la barque coulait bas malgré eux, ils crièrent et appelèrent un navire qu’ils virent passer pour les venir sauver, à quoi le capitaine ayant déferré, fit carguer ses voiles pour les attendre. Aussitôt ledit déclarant fit route pour aller vers lui, l’aborda et se jeta avec son équipage dans ledit navire, qu’il a appris se nommer le Saint Louis de Bayonne commandé par le sieur Martin La Magnière qui les voulut bien recevoir et le vent ayant un peu tombé et la mer moins agitée, ledit déclarant pria le sieur de La Maquière de lui prêter sa chaloupe avec quelques-uns de ses matelots pour aller à sa barque sauver ce qu’ils pourraient, et y étant il sauva un câble de la longueur de 40 brasses sur cinq pouces de grosseur tout neuf, avec une misaine, qu’il porta à bord dudit navire le Saint Louis, où il ne fut pas plus tôt arrivé qu’il vit sa dite barque couler bas en un instant ; et cet accident est arrivé entre Belle-Île et l’Île d’Yeu et serait arrivé en cette ville le jour d’hier.

28 juin 1741- NoyadeOnt comparu François Le Roux, âgé de vingt-huit ans et Julien Tabarre, âgé de quinze ans, tous deux matelots sur la chaloupe la « Berlote » de Montoir, y demeurant au village de Guersac. Desquels le serment séparément pris, ils ont promis et juré, la main levée devant nous, de dire vérité, ensuite de quoi nous ont dit et déclaré que le jour d’hier environ les quatre heures

du matin, ils seraient partis dudit lieu de Montoir sous le commandement de René Gergaud, maître de ladite chaloupe, pour venir à Nantes chargé de mottes ; mais qu’étant à la terre du nord à un demi quart de lieue du banc de la Martinière, il survint un coup de vent, ayant un ris pris, qui fit casser la barre du gouvernail que tenait ledit Gergaud, et à l’instant ils virent ce dernier tomber dans la rivière la tête la première. Aussitôt les déclarants descendirent toutes les voiles et nagèrent sur lui afin de le sauver et quelques efforts qu’ils aient fait ils n’ont pu y parvenir, ni le voir depuis, ayant tombé tout d’un coup à fond et cet accident arriva environ les deux heures de l’après-midi du même jour. Déclarent de plus que ledit Gergaud était âgé de vingt-trois ans ou environ, de moyenne taille, visage rond, cheveux noirs, vêtu d’un gilet d’étoffe brune, une culotte de toile longue, bas noirs sur les jambes et des souliers aux pieds attachés avec des boucles de métal et seraient arrivés à la Fosse à l’échelle de Saint Julien le même jour au soir sur les cinq heures.

28 juin 1741- Pillage de sardinesA comparu Louis Le Palmec, maître de la chaloupe la Marguerite d’Houat du port d’environ 3 tonneaux. Lequel nous a déclaré avoir parti de Belle-Île le matin de ce jour environ les huit heures pour venir en ce port avec quatre milliers et demi de sardines fraîches et serait arrivé au Port Giraud à six heures du soir de ce même jour. Qu’à peine ils ont été au port qu’une troupe de revendeuses se sont jetées (sic) dans sa chaloupe, où elles sont encore actuellement et se sont rendues maîtresses de ladite chaloupe et de ses sardines sur lesquelles elles se sont jetées à corps perdu, les ont pilées aux pieds et les donnent à qui bon leur semble, sans que le déclarant non plus que son équipage aient pu les en empêcher, de façon qu’il court grand risque de perdre ses sardines, pour quoi il fait toutes les protestations qui sont requises et nécessaires tant contre les nommées Ribet femme Violleau, les filles de Jeanne Landel, Marie Laillé femme Nodeau, la Turpin, la Jamais femme de Sauzeau, les filles de la veive Peigné et les filles de la Blanvillain, que contre toutes les autres revendeuses et compteuses dont il ne sait les noms et qui sont actuellement dans sa chaloupe. Se réservant de se pourvoir incessamment contre elles par les voix de droit et requiert à ce sujet l’adhésion du procureur du Roi, déclarant au surplus leur

abandonner lesdites sardines à leurs risques, périls et fortunes, sur le pied de quarante livres le millier.

5 septembre 1741Ont comparu les nommés Guillaume Paumier, Jacques Thomas Chapel et Jean Arnaud, les tous ci-devant matelots de l’équipage du navire le Saint Jacques de Nantes du port d’environ 70 tonneaux, armé de deux canons et quatre pierriers par les sieurs Guillaume Ellis et Jacques Collins, négociants, armateurs et bourgeois et propriétaires d’icelui. Lesdits comparants demeurant ordinairement savoir : ledit Paumier à Plevenon paroisse dudit lieu évêché de Saint-Brieuc, ledit Chapel en la paroisse de Saint-Servan, faubourg de Saint-Malo et Jean Arnaud demeurant en cette ville de Nantes paroisse de Sainte-Croix, desquels le serment séparément pris la main levée, ils ont promis et juré de dire vérité, ensuite de quoi ils nous ont dit et déclaré qu’ils seraient partis du bas de cette rivière sous le commandement du nommé Guillaume Herviou, capitaine dudit navire le 27e décembre 1739 pour aller en caravane dans le levant, chargé de vin et eau-de-vie, qu’ils arrivèrent à Bantry le quatre janvier 1740, y déchargèrent lesdits vins et eau-de-vie et y chargèrent des sardines, cuirs, beurres et saumons pour porter à Livourne où ils arrivèrent le 4e avril suivant, y vendirent et déchargèrent lesdites marchandises et après y avoir pris du lest ils en sortirent le seize mai même année pour aller à Gallipoli, où ils arrivèrent le 30e dudit mois de mai et y étant ils prirent un chargement d’huile pour Hambourg, qu’ils partirent dudit lieu de Gallipoli le 17 juin dit an 1740 et arrivèrent audit Hambourg dans le mois de décembre même année, y déchargèrent leurs huiles et en sortirent avec du lest le vingt-neuf mars dernier, qu’ils arrivèrent à Baltimore en Irlande le cinq avril suivant et en firent voile au commencement du mois de mai de cette présente année et ledit Guillaume Herviou les mena dans la baie de Bantry où ils arrivèrent environ le quinze ou le seize du même mois de mai et après y avoir resté douze jours ledit Herviou capitaine leur dit qu’il fallait aller à Swennezey côte de Galle y prendre du charbon de terre pour s’en retourner en France, mais qu’étant au bas de ladite baie de Bantry le sieur Gallwey beau-père dudit sieur Ellis vint un jour qu’ils ne peuvent précisément coter à bord dudit navire le Saint Jacques et amena avec lui à différentes fois neuf à dix bateaux chargés

de laine, qui fut embarqué dans ledit navire, et à l’aide des mêmes bateaux ils sortirent de ladite baie de Bantry, et étant parvenus à environ 40 lieues dans l’ouest d’Ouessant, ils firent rencontre, l’onze juin derniers vers les deux heures de l’après-midi d’un vaisseau de guerre anglais qui était monté de 50 pièces de canons, et le capitaine dudit bâtiment envoya deux canots ou chaloupes armés de plusieurs officiers et matelots, à bord dudit navire le Saint Jacques, où étant et voyant qu’ils étaient chargés de laine d’Irlande, ils dirent audit Herviou que son navire était confisqué avec son chargement ; et en même temps ôtèrent le pavillon français qu’ils avaient et arborèrent pavillon anglais ; amarinèrent le navire et le conduisirent à Cork en Irlande, où il a resté aux possessions des anglais et lesdits déclarants avec les autres gens de l’équipage ne furent expulsés et chassés, à l’exception dudit Herviou qui resta au service dudit bâtiment de guerre anglais, s’étant accommodé avec le capitaine dudit vaisseau en sorte qu’ils furent obligés d’aller à Bantry afin d’y trouver un navire pour passer en France, à quoi ils parvinrent et s’embarquèrent sur le bâtiment la Marie Joseph capitaine Jacques Berriet et sont lesdits déclarants arrivés en cette ville, depuis quelques jours.

18 décembre 1741- Déclaration extraordinaire d’une disparitionA comparu Gabriel Roquet, maître du bâtiment nommé la Belle Suzanne de Saint-Gilles du port d’environ 50 tonneaux. Duquel le serment pris la main levée devant nous, il a promis et juré dire vérité, ensuite de quoi nous a dit et déclaré qu’il aurait pris dès le douze de ce mois un congé de S.A.S. Mgr l’amiral pour aller audit lieu de Saint-Gilles chargé d’ardoises et autres marchandises prendre également que dans les autres bureaux ses expéditions à ce nécessaires. Que le treizième de ce même mois ledit déclarant se proposant de faire voile pour suivre sa destination et n’ayant point de pain il envoya ledit jour environ midi le nommé Pierre Simon, matelot sur ledit navire avec deux hommes de l’équipage chercher du pain, que les deux autres hommes se rendirent bien à bord dudit navire après avoir pris chez un boulanger les vivres qu’il fallait pour l’équipage, mais que ledit Simon ne revint point et fut très surpris de ce qu’il ne se rendait point à bord et que quelques recherches qu’il en ait fait et fait faire il n’a pu parvenir à savoir ce qu’il était devenu, pour quoi il est venu en faire la

présente pour valoir et servir ce qu’il appartiendra. Déclare que ledit Pierre Simon était âgé d’environ 49 ans, de la hauteur d’environ cinq pieds et quelques pouces, portant cheveux noirs et vêtu d’un capot de grosse étoffe noire, avec une veste par-dessous, aussi de même étoffe noire, culotte de toile et une autre culotte d’étoffe gris blanc par-dessous celle de toile, bas noir et sabots aux pieds, et qu’il a laissé à bord un coffre fermé dont il a la clef et qu’il croit ne lui devoir que quelques choses, lui ayant donné dix écus quelques jours auparavant.

1741-1744 (B 4615*)27 janvier 1742- Ont comparu Hervé Labat et Louis Raffin, tous deux bateliers demeurant séparément rue du Vieil Hôpital paroisse de Saint-Saturnin, desquels le serment pris chacun la main levée devant nous ils ont promis et juré de dire vérité, ensuite de quoi nous ont dit et déclaré que le 25 de ce mois ils furent avec deux toues au quai du sieur Hoguet sur les points de Dos d’âne où ce dernier fit charger dans lesdites deux toues quarante barils d’harengs pour voiturer au port de la Poterne et les ayant chargés, ils démarrèrent du susdit quai environ les deux heures de l’après-midi du même jour, mais que vers les quatre heure du même soir étant à la queue de la prée des Récollets, il survint un coup de vent qui emporta la voile, les mâts et les haubans avec une haussière d’une desdites toues dans l’eau et voyant qu’ils ne pouvaient résister au mauvais temps, ils se mirent le bout à terre et la tempête continuant toujours rempli dans l’instant les bateaux d’eau, ce qui les fit couler bas, et les contraignit de se jeter dans la rivière et se sauvèrent comme ils purent, cependant, craignant que l’eau eut entraîné leurs marchandises par son agitation, ils prirent le parti de s’y jeter pour retourner à leurs bateaux, et sauvèrent avec bien de la peine dix-neuf barils d’harengs, qu’ils mirent le long de la prée au Duc et s’en furent ne pouvant en sauver davantage ; et le lendemain matin étant revenus environ les cinq heures ils virent que des 19 barils de harengs qu’ils avaient sauvés le jour précédent il n’y en avait plus que cinq le long de la côte, ce qui leur fait croire que l’eau aura entraîné les autres, après quoi ils furent dans leurs bateaux, en présence des sieurs Mersan, Laroche, Breteché, Potier et autres qui étaient sur les

lieux, où étant ils trouvèrent leurs dits bateaux en très mauvais état et ne trouvèrent que douze barils de harengs dedans qu’ils déchargèrent sur la prée, les autres ayant été entraînés pendant la nuit par le courant de l’eau qui était agitée par les vents.

17 février 1742.A comparu Tudual Le Gars, maître de la barque la Sainte-Anne de Concarneau, du port d’environ 18 tonneaux, duquel le serment pris la main levée devant nous il a promis et juré de dire vérité, ensuite de quoi nous a dit et déclaré qu’ayant pris des expéditions en ce greffe dès le 3 janvier dernier, et dans les autres bureaux, il a appareillé de l’Echelle d’Ausin à la Fosse le jour d’hier environ les deux heures de l’après-midi, ayant le nommé Mathurin Brand, pilote lamaneur à son bord pour le descendre de la rivière, afin d’aller à Quimper et Concarneau chargé de cinq tonneaux, trois barriques de vin, une barrique et huit quarts de vinaigre et autres diverses marchandises suivant et autres de ses connaissements et qu’il ne peut articuler quant à présent mais que descendant la rivière avis l’arche du quai d’Estrée, sa barque eut le malheur de toucher sur une carcasse qui est au milieu de la rivière, n’ayant pu ranger et passer par le vrai chenal, attendu qu’il y avait cinq chalands et deux barques amarrés bord à bord dans ledit chenal et le barraient et son bâtiment tomba avec tant de force sur ladite carcasse qu’il y a grande apparence qu’il se creva dans le dessous, puisqu’un quart d’heure après il coula bas, ce que voyant le déclarant fit couper le pont afin de sauver ses marchandises, à quoi il a été occupé jusqu’à présent et qu’effectivement il en a sauvé la plus grande partie, qui s’est trouvée mouillée et avariée, sans savoir ce qui peut rester de ses marchandises dans sa barque pour n’avoir pas eu le temps encore de voir ce qui a été sauvé ; que ce matin environ les dix heures il est venu deux gabares qui se sont mises des deux côtés de son bâtiment pour le lever, à quoi on travaille actuellement.

5 juin 1742- NoyadeA comparu Pierre Manguy, maître de la barque « le Jean » de Bourgneuf, du port d’environ 18 tonneaux, duquel le serment pris la main levée devant nous il a promis et juré de dire vérité, ensuite de quoi, nous a déclaré que le jour d’hier environ les

trois heures de l’après-midi, le nommé Etienne Manguy son frère, matelot sur ladite barque actuellement mouillé au port de la Vigne, descendit dans la chaloupe pour laver une chemise, mais voulant la tremper dans l’eau, il eut le malheur d’y tomber la tête la première, sans l’avoir vu depuis, ayant coulé tout d’un coup à fond et quelques perquisitions qu’on en fit dans le temps et qu’on en ait fait depuis, on n’a pu le trouver. Déclare de plus que ledit Etienne Manguy était âgé d’environ trente-six ans, de moyenne taille, cheveux noirs et courts, visage rond, habillé d’un gilet d’étoffe blanche, une culotte brune, bas blancs sur les jambes, des souliers aux pieds avec des boucles d’étant ayant deux écus de six livres dans ses poches de culotte que lui dit déclarant lui avait donné peu de temps auparavant pour solde de ses gages.

28 juin 1742- NoyadeA comparu François Grolleau, batelier, demeurant à Oudon paroisse de Saint-Martin, duquel le serment pris la main levée devant nous il a promis et juré de dire vérité, ensuite de quoi nous a dit et déclaré que le matin de ce jour, environ les neuf heures, il aurait chargé dans la toue du nommé Michel Sagot, la quantité de dix barriques et un tierçon vide pour conduire audit lieu d’Oudon, qu’étant parti du port Maillard peu de temps après avec ladite toue dans laquelle était ledit Sagot et le sieur Godolphe pour lequel on voiturait lesdites barriques, ils sont parvenus jusqu’à vis Saint Sébastien du côté de la prée de Mauve environ les onze heures de ce matin ; et comme lui dit déclarant avec ledit Sagot tiraient à l’aussière sur la prée, il s’est rencontré deux chalands en couple qui étaient mâtés, ce qui a fait que ledit Sagot voulant sauter sur un desdits bateaux a eu le malheur de tomber entre les deux, son pied ayant glissé, et quelques soins et peines que l’on se soit donné pour le sauver, on n’a pu y parvenir et ne l’a pas vu depuis. Déclare de plus que ledit Sagot était de la hauteur d’environ cinq pieds, visage long, cheveux bruns de moyenne longueur, habillé d’une chemise seulement, culotte longue de toile, bas de fil sur les jambes et souliers aux pieds.

30 juin 1742. NoyadeA comparu le sieur Guillaume Le Godec, maître du navire le « Saint Joseph » de Pennerf du port d’environ 80 tonneaux, actuellement mouillé à l’Hermitage, duquel le serment pris la

main levée devant nous il a promis et juré de dire vérité, ensuite de quoi nous a dit et déclaré que le vingt-huit de ce mois environ les onze heures du soir les gens de son équipage furent éveiller lui dit déclarant qui dormait dans sa chambre et lui dirent qu’il leur manquait un homme et qu’ils avaient entendu quelqu’un tomber dans la rivière et ayant appelé tous ses gens il s’aperçut que c’était le nommé Pierre Dorseau, matelot de Pennerf qui avait tombé dans l’eau et n’a pu le trouver depuis. Déclare de plus que ledit Dorseau était de la hauteur de cinq pieds ou environ, cheveux bruns et courts, habillé d’un gilet d’étoffe blanche, bas de laine blancs sur ses jambes et des souliers aux pieds auquel Le Godec ne doit rien.

7 juillet 1742- NoyadeA comparu le sieur Thomas Loison Rondinière capitaine commandant le navire nommé « les Deux Cousins » de Nantes, du port d’environ deux cents tonneaux, armateur le sieur Nicolas Charet négociant en cette ville, duquel dit sieur Loison le serment pris la main levée devant nous il a promis et juré de dire vérité, ensuite de quoi nous a dit et déclaré que le sieur Manquet, lieutenant dudit navire, actuellement mouillé en cette rivière près la Basse Indre, lui a marqué par sa lettre datée du jour d’hier que le nommé François Savari qui était établi à Saint-Malo, marinier travaillant en qualité de matelot à bord dudit navire « les Deux Cousins » a eu le malheur qu’étant à tenir le hauban de misaine le même jour d’hier étant sur le port hauban l’amarrage ayant manqué avec la dire à la main aurait tombé à la main aurait tombé à la mer et que malgré toutes les diligences et mouvements qu’in aurait pu se donner pour le pouvoir sauver il aurait été impossible d’y pouvoir parvenir de sorte que ledit Savari aurait coulé à fonds et se serait noyé.

9 juillet 1742- NoyadeA comparu Jacques Riou, matelot de l’équipage de la barque nommé la « Sainte Famille » de l’île d’Ars actuellement mouillée à Cluzine dont était maître Joseph Leguenogau, duquel dit Riou le serment pris la main levée devant nous, il a promis et juré de dire vérité en suite de quoi nous a dit et déclaré que ledit Leguenogau après avoir soupé à bord de ladite barque samedi septième de ce mois alla dans sa cabane faire sa prière comme à l’ordinaire entre les huit à neuf heures

du soir et pendant ce temps le garçon de la barque ayant dit qu’il allait serrer la voile, ce quoi ledit Leguenogaud répondit qu’il allait lui-même le faire après qu’il aurait prié dieu et en effet après sa prière finie il serait monté sur le gaillard de derrière où étant en voulant ferler ladite voile il aurait eu le malheur de tomber dans la rivière om il se serait noyé malgré toutes les diligences et les soins que le comparant et le petit garçon se seraient sonnés pour parvenir à le sauver, ce qui aurait été impossible de faire attendu qu’il aurait disparu sitôt avoir tombé à l’eau. Ajoute que ledit Leguenogau était âgé d’environ 55 ans, portant petits cheveux crépés, de hauteur d’environ 5 pieds un pouce, vêtu d’une camisole bleue et culotte marron.

12 juillet 1742- NoyadeA comparu Pierre Gandon, maître de la gabarre nommée la Minerve, demeurant à la Fosse, paroisse de Saint-Nicolas, duquel le serment pris la main levée devant nous, il a promis et juré de dire vérité, ensuite de quoi nous a dit et déclaré qu’ayant monté sa gabarre venant de Paimboeuf jusqu'avis la maison de la Baye dans la paroisse de Chantenay où il est mouillé depuis le dix de ce mois, il laissa sa gabarre à la garde du nommé Pierre, sans autrement savoir son nom, qui était garçon sur ladite gabarre et lui dit déclarant s’en vint le jour d’hier environ les trois heures de l’après-midi en sa dite demeure où il a couché cette nuit, mais il a été bien surpris ce matin environ les cinq heures, lorsque le nommé Jean Vian, aussi garçon sur la gabarre est venu lui dire que le jour d’hier environ les six à sept heures du soir ledit garçon nommé Pierre voulant sauter de ladite gabarre la Minerve sur une autre gabarre qui était à côté eut le malheur de tomber dans la rivière, et quelques mouvements et peines que l’on se donna pour le sauver, on ne put y parvenir. Déclare de plus que ledit homme noyé était de la hauteur de cinq pieds ou plus, visage rond, portant cheveux plats châtains et courts, habillé d’une chemise, une vareuse et une culotte de toile, ayant des souliers aux pieds sans bas.

4 août 1742- petit garçon noyéA comparu Vincent Lebiboul, maître de la barque nommée La Marie Guillaume de Rhuys, du port d’environ 28 tonneaux, actuellement mouillée en ce port au bout du quai du Sanitat,

duquel le serment pris la main levée devant nous, il a promis et juré de dire vérité, ensuite de quoi il nous a dit et déclaré qu’ayant été requis de la part du nommé Julien Payen aussi maître de barque de lui envoyer ses deux matelots pour lui aider à charger du sel dans sa dite barque qu’il les lui aurait effectivement envoyé et qu’environ les 9 heures du soir ses deux matelots revenant de ladite barque de Julien Payen, après y avoir souper, s’étant portés sur le rivage avis leur bord et appelé le canot afin de s’y rendre, le comparant aurait aussitôt donné ordre à ses deux garçons de leur mener à le canot à terre et s’étant mis en devoir de le faire, l’un de ses deux garçons nommé Joseph Le Palmecq, âgé d’environ 13 ans, natif de la paroisse de Saint-Gustan en Rhuys aurait eu le malheur qu’en descendant du bord pour entrer dans le canot de tomber à la mer où il se serait noyé quelque diligence que ledit déclarant et l’autre garçon ayant pu faire pour le sauver ils n’y auraient pu parvenir étant aussitôt coulé à fonds et selon toute apparence entraîné par le courant et comme il pourrait peut-être être inquiété au sujet de la perte de ce garçon, lequel était vêtu d’une mauvaise camisole brune, d’une culotte de toile, bas blancs, souliers aux pieds portant petits cheveux, pourquoi il est venu en ce greffe nous en donner la présente déclaration pour valoir et servir ce qu’il appartiendra.

24 octobre 1742- noyadeA comparu le sieur Guillaume Forbin, capitaine commandant le navire nommé les Deux Sœurs de Nantes, actuellement mouillé à Chezine dont est armateur le sieur Lobie Cluck, négociant à la Fosse de Nantes, duquel dit sieur Forbin le serment pris la main levée devant nous, il a promis et juré de dire vérité, ensuite de quoi il nous a dit et déclaré que le sieur Jean Touldrait, natif du Port-Louis, âgé d’environ vingt-cinq ans, second lieutenant sur ledit navire aurait eu le malheur dimanche au soir vingt-un de ce mois entre onze heures et minuit, étant de compagnie du nommé Augustin Jacob, maître d’équipage, en voulant s’embarquer dans une toue pour monter à bord aurait tombé dans la rivière sans ledit Augustin Jacob avoir pu lui donner aucun secours par rapport à la rapidité du courant et la brume qu’il faisait alors de sort qu’il se noya et ce ainsi que la rapporté ledit Augustin Jacob au sieur comparant, pour quoi il est venu en ce greffe nous en faire la présente déclaration pour valoir et servir ce qu’il

appartiendra, ajoutant que lorsque ledit sieur Jean Touldrait se noya il était vêtu seulement d’une veste qu’il portait ordinairement perruque et était de petite taille, poil noir.

1er décembre 1742A comparu le sieur Henry Lasalle capitaine commandant le navire nommé la Dominique de Bayonne du port d’environ 104 tonneaux, actuellement mouillé à Nantes, duquel le serment pris la main levée devant nous, il a promis et juré de dire vérité, ensuite de quoi il nous a dit et déclaré que le 22 de ce mois environ les 3 heures de l’après-midi ayant envoyé à terre par le moyen d’un futreau le nommé Jean Villeneuve, natif de Biodosse, matelot de son équipage pour parler au sieur Lamarre directeur audit lieu de Couëron, lui ayant donné pour l’assister à aller à terre les nommés Jean Laffite et Pierre Covoles, matelot et un mousse aussi de son équipage, que s’en retournant à bord, ledit Villeneuve aurait eu le malheur de tomber à la mer où il se serait noyé malgré tous les mouvements que purent se donner les deux autres personnes qui étaient dans le gabareau et les autres gens de son équipage qui débordèrent promptement avec la chaloupe pour aller à son secours mais inutilement car aussitôt qu’il eut tombé à l’eau l’on ne le vit plus. Cet homme était âgé de 18 ans, portant petits cheveux bruns frisés, vêtu d’un gilet rouge et bas blancs.

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1765-1769 (B 4617*)11 novembre 1765- NoyadeA comparu André Huet, matelot sur le bâtiment nommé « la Marie » de Rhuys, du port de 18 tonneaux dont était maître Joachim Fardel, lequel nous a déclaré qu’ils ont parti de Lorient le 22 8bre dernier pour venir à Nantes à vide où ils seraient arrivés le 27 dudit mois d’octobre ; que le jour d’hier environ les six heures et demie du soir, lui déclarant étant sur le bord du quai d’Anssin avis ledit bâtiment mouillé au dit endroit pour attendre le retour dudit Joachim Fardel, qui avait été à terre pour y faire ses affaires, que lui comparant le voyant arrivé sur le bord dudit quai avis son dit bâtiment fut par-dessus les rances d’une gabare pour aller chercher le canot à bord dudit bâtiment « la Marie » afin de venir prendre

ledit Joachim Fardel à bord dudit quai où il s’était arrêté pour l’attendre ; mais qu’aussitôt il entendit tomber ledit Joachim Fardel à l’eau ; que sur ces entrefaites le garçon du bord ayant déjà parti dudit bord avec le canot fut aussitôt à l’endroit avec le déclarant qui au bruit qu’il avait entendu avait rétrogradé qu’ils firent l’un et l’autre tout ce qu’ils purent avec ledit canot pour le sauver, qu’ils ne purent y parvenir, et qu’il se serait noyé malgré tous les soins qu’ils se donnèrent pour le sauver ; qu’il a encore tâché ce matin de pouvoir le retrouver mais qu’il n’a pu ; malgré tout son travail pour y parvenir. Que ledit Joachim Fardel était âgé d’environ 64 ans, portant cheveux et barbe grises, la tête chauve, vêtu d’un paletot de couleur brun foncé, ayant bas et souliers aux pieds avec une paire boucles d’argent.

23 novembre 1765- NoyadeA comparu le sieur Jacob Riulles, maître du bâtiment « le Zonnemaren » de Leuwarden en Frise, du port de 110 tonneaux assisté de M. Pierre Boudet, interprète juré des langues étrangères par le moyen duquel il nous a déclaré qu’étant mouillé à la Fosse de cette ville, le nommé Hendrick Pieters de la ville de Bremen, second capitaine à bord dudit navire étant à terre et qu’en revenant à bord le jour d’hier sur les neuf heures et demie du soir il aurait en s’embarquant dans le canot dudit navire tombé dans la rivière, que malgré les soins que s’est donné le capitaine et les gens de son équipage, ils n’ont pu le sauver et s’est noyé. Ledit Hendrick Pieters âgé de 35 ans, barbe noire portant perruque, casaque de toile, culotte de drap brun, mouchoir au col bleu de coton, bas de laine blancs et souliers avec boucles d’argent rondes, montre d’argent dans le gousset de sa culotte.

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1775-1778 (B 4619*)19 avril 1775A comparu Louis Le Breton, maître du bâtiment « L’Aimable Marie » de Noirmoutier du port de 45 tonneaux, lequel nous a déclaré le 17 de ce mois descendant la rivière avec son bâtiment, il fut obligé de mouiller au Pèlerin, que trois de ses matelots étant pour cet effet embarquer dans le canot, lorsque l’opération fut faite en revenant à bord, le nommé Jean Martin

demeurant ordinairement à Noirmoutier, âgé d’environ 25 ans, étant à nager avec un aviron, tomba par-dessus le bord et se noya sans qu’il fut possible de le secourir, le vent et le courant étant extrêmement rapides.

1er mai 1775A comparu Mathurin Ledars, maître du bâtiment le « Saint Gilles » de Lorient du port de 46 tonneaux. Lequel après avoir la main levée devant nous promis et juré de dire vérité nous a déclaré être parti de Saint-Brieuc le 27 mars dernier pour venir en ce port chargé de 125 cuirs verts et autres marchandises. Que le trente-et-un du même mois étant en travers l’île de Bréhat environ les neuf heures du matin, il fut surpris par le calme, que les courants se trouvant extrêmement rapides dans cet endroit, il prit le parti d’aller en relâche à la dite île de Bréhat, mais la marée se trouvant basse, il fut entraîné par les courants sur un rocher appelé le Pas Clos au sud-est de ladite île et son bâtiment chavira entièrement. Que pour lors il s’embarqua avec son équipage dans sa chaloupe et à la mer montante ils se remorquèrent dans une anse nommé le Port de la Chambre dudit Bréhat ; que, ledit bâtiment fut pendant l’espace 48 heures presque plein d’eau ; qu’étant audit port de la Chambre il fit décharger les dits cuirs qui se trouvèrent tous mouillés et son bâtiment ayant beaucoup de dommages il y fit faire les réparations les plus essentielles pour reprendre la mer afin de se rendre au port de Lorient pour y faire son radoub ; qu’il lui en coutât audit lieu de Bréhat 24£ 2s 3d pour différentes réparations et ayant rechargé les dits cuirs, il se rendit à Lorient, et pendant cette traversée son bâtiment faisait eau de toute part et quelque soin que l’on eut de pomper continuellement il se voyait à chaque moment prêt à couler bas étant toujours entre deux eaux. Qu’il arriva à Lorient le 17 du mois dernier, où il a fait faire beaucoup de réparations audit bâtiment qui avait quatre membres et quatre varangues cassés du côté de tribord, tous les bordages largués et le vegoge ( ?) en dedans pareillement cassé, que le grand mât a été cassé à environ sept pieds au-dessus du pont ; que les cordages qui s’étaient trouvés sur le pont lorsqu’il chavira tombèrent à la mer et furent perdues ainsi que diverses ustensiles et deux avirons ; la patte de la grande ancre fut cassée en manœuvrant pour retirer le navire ; que le radoub étant fini, il partit de Lorient pour venir en ce port, et est

arrivé le jour d’hier au quai d’Anin. Que n’ayant pu avoir le compte des frais fait à Lorient il réserve de le représenter pour en respecter le montant.

10 mai 1775A comparu le sieur Julien Geoffroy, capitaine du bâtiment le « Bien Aimé » de Honfleur, du port de 40 tonneaux. Lequel nous a déclaré avoir parti de Redon le 6 de ce mois pour venir à Nantes, ayant seulement à bord 12 dames Jeanne de verre pleines d’esprit de vitriol et autres marchandises en paniers et ballots ; également que les dames Jeanne qui sont en paniers chacune séparément ; que le 7 étant mouillé sur son ancre à l’île du May pour attendre la marée ; environ les 10 heures du matin, lorsqu’il était à appareiller, ayant aperçu de la fumée qui sortait de sa calle, il fit promptement ouvrir les panneaux, était un grand feu, qu’ayant vivement travaillé à l’éteindre, à quoi il ne put parvenir que par le moyen de ses voiles mouillées qu’il jeta pour étouffer le feu ; remarquant que c’était une des dames Jeannes ou bouteille de huile de vitriol qui était enflammée ; que pour éteindre totalement ledit feu voir s’il y en avait au-dessous et empêcher qu’il ne communiquât et fit sauter les autres dames Jeannes qui en étaient à peu de distance, le nommé Baptiste Le Court, matelot de son bord étant descendu vivement dans la calle prit ladite dame Jeanne en feu pour la sortir en haut et voulant la donner à lui déclarant qui n’ayant pu la prendre, la flamme et la fumée offusquant ladite dame Jeanne aurait retombé en bas et le restant de l’esprit se serait répandu sur les cuisses et les jambes dudit Le Court qui a été tout brûlé et pénétré jusqu’aux chairs et nerfs dont il est très malade sans pouvoir même remuer ; qu’ayant enfin attrapé ladite dame Jeanne avec une gaffe, lui déclarant, il l’aurait jetée à la mer pour l’éteindre étant toute vide et l’a ensuite ressauvé ; qu’ayant examiné le dommage qu’a occasionné le feu, il a remarqué que le tillac est brûlé environ 5 à 6 pieds sous néanmoins avoir beaucoup pénétré ayant d’abord qu’il s’était aperçu de l’accident, jeté de l’eau qui avait couru dessus, que dans ces circonstances, il s’est trouvé un prélat endommagé ; qu’il attribue cet accident soit à la faiblesse de la dame Jeanne qui a pu se crever d’elle-même par la violence et la force de cette huile ; ou par quelque froissement ou choc occasionné par la secousse et l’agitation que la mer cause d’ordinaire aux bâtiments dans les roulis ;

qu’il partit de suite dudit lieu pour entrer en cette rivière et que viron un quart d’heure après il s’aperçut qu’il faisait beaucoup d’eau même à faire agir les deux pompes ; que le jour d’hier étant arrivé à Coueron viron 11 heures du matin, il fit échouer son bâtiment à la côte afin de le faire visiter et prit à cet effet un charpentier. Qu’il remarqua qu’une cheville de fer à l’endroit ayant été endommagé par le feu et la violence de cette drogue occasionnait la voie d’eau que le charpentier ayant ôté cette cheville en a remis une autre et a étanché son bâtiment qu’en ayant parti le jour de hier sur viron les 4 heures à 5 heures du soir ; il est arrivé au quai de cette ville à l’Hermitage ce jour. A envoyé à son bord un chirurgien pour panser ledit Le Court.

3 juin 1775A comparu Pierre Ertaud demeurant en l’île de Trentemoult, lequel nous a déclaré qu’étant le 11 de 9bre 1773 dans une barge sur la rivière de Loire entre Paimboeuf et Donges avec Athanase Estaud et Simon Moriceau dudit lieu, ils virent périr par la force du mauvais temps une barge à peu de distance d’eux, dans laquelle il y avait trois hommes qui étant Louis Chauvelon, maître de ladite barge, Jean-Baptiste Bruneau et François François tous de ladite île de Trentemoult, qui furent noyés et totalement perdus avec ladite barge sans qu’on ait pu en rien sauver ni apprendre depuis.

12 juin 1775Ont comparu les nommés Vincent Leguenan, matelot et Claude Moreau, garçon de bateau demeurants l’un et l’autre au bourg de Billiers et de l’équipage du bateau le « Saint Pierre » de Billiers. Lesquels nous ont déclaré que hier sur les onze heures et quart du matin étant tous avec leur dit bateau le « Saint Pierre » commandé par François Gentilhomme maître d’icelui dans la rivière au vis-à-vis de Pierre Rouge montant à Nantes ; ledit François Gentilhomme en manœuvrant aurait eu le malheur de tomber à l’eau ayant été abordé par le bout dehors où il s’est noyé et a été entraîné par le courant malgré tous les soins que les déclarants se sont donnés pour tâcher de le sauver ayant même appelé du secours. Ledit Gentilhomme âgé d’environ 33 ans, de moyenne taille, les chevaux et barbe noirs, vêtu d’un gilet bleu et d’une veste d’étoffe de brun foncé dessus, ayant au col un mouchoir bleu taché de blanc, bas

blancs aux jambes, des souliers aux pieds attachés, une culotte blanche en forme de caleçon avec dessus une grande culotte de toile ; déclarant lesdits comparants qu’il devait avoir dans ses poches environ neuf à dix écus produit de la vente de son poisson vendu à Billiers, un livre, un chapelet, un mouchoir bleu, son portefeuille contenant son rôle, son passeport et divers papiers. Sont lesdits déclarants arrivés avec ledit bateau le « Saint Pierre » de Billiers au quai de cette ville près la machine le jour de hier.

6 juillet 1775A comparu François Provost, barger, demeurant rue de la Nation, paroisse de Saint-Nicolas, lequel nous a déclaré que le jour d’hier environ sept heures et demi du soir, en demeurant du quai vis-à-vis la Croix des Capucins, pour aller chercher du bois, le nommé François Laurain, âgé d’environ vingt-deux ans, demeurant aussi à la Fosse même paroisse, son consort, en armant l’aviron pour nager, tomba dans la rivière et s’y est noyé sans qu’on ait pu lui prêter aucun secours, ayant été englouti sur le champ. Ajoute qu’il est vêtu d’un gilet bleu, une grande culotte de toile et des souliers tout neufs.

25 juillet 1775Ont comparu les nommés Jean Marion, âgé de viron 40 ans et Paul Hemon, âgé de 20 ans, demeurant ordinairement en la paroisse de Baden, évêché de Vannes, matelots du bateau la « Sainte Anne » de Kerboulaven du port de 3 tonneaux dont était maître le nommé François Leroy, lesquels nous ont déclaré qu’étant mouillés en cette rivière depuis hier viron 10 heures du soir entre Roche Maurice et Chantenay, ils ont couché tous trois dans leur dit bateau ; que sur les 4 heures d’aujourd’hui, lorsqu’ils se sont éveillés ils ont trouvé ledit François Leroy mort entre eux deux sans leur avoir paru malade ni s’en être plaint lorsqu’ils se couchèrent après avoir soupé les uns et les autres à leur ordinaire.

26 juillet 1775A comparu Jacques Fauconnet, maître du bateau la « Reine des Anges », lequel nous a déclaré que le matin de ce jour étant à appareiller de l’île d’Indret pour descendre la rivière, le nommé Guillaume Collemine, de Langonneul, mousse, est tombé à la mer ; que sur le champ deux hommes sont descendu

dans le canot pour le secourir mais il n’a point reparu sur l’eau en sorte qu’il s’est noyé et l’on n’a pu sauver que son chapeau et son gilet qu’il avait sous son bras lors de sa chute.

27 juillet 1775A comparu le nommé Jean Durant, garçon cloutier demeurant et travaillant chez le sieur Deschamps, maître cloutier à Pont Rousseau. Lequel nous a déclaré que lui et le nommé Lallemant dont il ne sait autrement le nom, aussi garçon cloutier travaillant chez le sieur Toucheron, maître cloutier audit lieu de Pont Rousseau venant de Nantes se présentèrent ensemble à la Charière vers les minuit ou une heure de mardi à mercredi jour de hier pour y passer afin de se rendre à leur demeure. Que les passagers qu’ils appelèrent en conséquence, leur ayant dit et répondu de leur cabane qu’ils ne les passeraient pas ; qu’ils eussent à passer s’ils le voulaient ; ce que voyant ils prirent une toue attachée auprès pour y passer ; qu’y étant l’un et l’autre, le comparant prit un aviron qu’il y avait dedans pour la faire aller, et ledit Lallemant se plaça sur le derrière pour la faire gouverner. Qu’aussitôt l’écrou en ayant manqué ; il tomba à l’eau où il s’est noyé malgré les soins que se donna le déclarant pour pouvoir le sauver ainsi que les passagers qu’il appela à son secours. Ledit Lallemant de la taille d’environ 5 pieds, beaucoup piqué de vérole, cheveux et barbe blondins, âgé d’environ 28 à 30 ans ; vêtu d’une veste bleue, culotte de nanquin bleu, bas noirs aux jambes, souliers avec des boucles de composition blanches ayant son tablier de travail ceint autour de lui.

21 août 1775A comparu le sieur Jacques Pillet, ci-devant capitaine du navire « la Ville de Millau » de ce port, duquel après avoir pris le serment la main levée devant nous il a promis et juré de dire vérité et nous a déclaré, qu’étant parti de Marseille le 10 juin dernier avec un chargement de diverses marchandises destinées pour cette ville et Brest. Après environ un mois de traversée, se trouvant pour lors, suivant son estime, à trente lieues au large du cap Saint-Vincent, il se forma une voie d’eau à son bâtiment qui ayant continué pendant plusieurs jours sans qu’il fut possible d’y remédier, l’obligea ainsi que son équipage d’abandonner le dit navire le douze juillet et de s’embarquer à bord d’un navire anglais qui le conduisit au Ferrat, que s’étant

transporté de là à la Corogne, il fit le vingt-neuf du même mois de juillet une déclaration détaillée de la perte de son bâtiment, devant le Consul Général de France, résidant audit lieu de La Corogne. Laquelle fut vérifiée et attestée le même jour par les gens de son équipage et qu’il dépose en ce greffe pour valoir et servir ce que de raison, déclarant se référer au contenu en icelle et vouloir ajouter néanmoins, qu’avant de quitter son navire, il envoya sa chaloupe avec une partie de son équipage prier le capitaine anglais de lui envoyer quelques-uns de ses matelots pour l’aider à pomper ; qu’en attendant le retour de la chaloupe, il était resté à bord avec la moitié de son équipage, et ils ne cessèrent de pomper, qu’il avait aussi fait prier le capitaine anglais de le prendre à la remorque pour tâcher de le conduire à terre, si cela était possible, que le second capitaine de l’anglais vint dans la chaloupe avec une partie de l’équipage anglais parmi lesquels était le nommé Cyprien Aubert, de Marseille, matelot parlant la langue anglaise qui lui dit de la part du second capitaine qu’il n’était pas possible de prendre le navire à la remorque parce que le sien faisait beaucoup d’eau et que ce serait s’exposer à de plus grands dangers vu qu’il faisait de très mauvais temps ; qu’il fallait qu’il se décida à abandonner son navire et à s’embarquer avec lui s’il ne voulait être englouti avec son bâtiment qui ne tarderait pas à couler bas puisque l’eau touchait les barreaux de l’entrepont, que pour lors n’ayant plus d’espérance de sauver ledit navire, il voulut avant de l’abandonner ainsi que l’équipage sauver ce qu’ils pourraient de leurs hardes, qu’étant obligé d’avoir de la chandelle dans l’entrepont à l’endroit où les matelots tiennent leurs effets un d’eux nommé Mathurin Henry occupé à chercher les siens, entendant crier de la chaloupe qu’on eut à s’embarquer promptement parce que le navire coulait et épouvanté par une secousse qu’éprouvât dans ce moment ledit navire, laissa en s’enfuyant tomber la chandelle sur une balle de coton qui avait été défaite pour larder une bonnette que véritablement le feu s’y communiqua puis que dans le moment qu’il coulant à fond, on s’aperçut qu’il sortait un peu de fumée par le panneau, mais que cet accident n’a pu en aucune façon contribuer à la perte de ce navire, que ce fait peut être vérifié par deux gens de l’équipage du navire anglais qui étaient à bord de son navire dans ce temps-là et qui sont actuellement en cette ville.

6 septembre 1775A comparu le sieur Samson Le Bras, capitaine du bâtiment le « Saint Louis » de Paimpol, mouillé en cette rivière, près la machine au large de 3 autres bâtiments. Lequel nous a déclaré que hier au soir entre 9 et 10 heures allant pour rentrer à son bord il appelé à son bâtiment pour que quelqu’un vint le prendre. Que le nommé Joseph Servichet, mousse, âgé de viron 13 ans, étant sur le pont d’un chasse-marée mouillé près le bâtiment du déclarant l’ayant entendu à sa voix se serait empressé à venir le chercher et aurait à cet effet pris le canot du chasse-marée où il était à s’amuser avec d’autres enfants, pour être plus tôt rendu, qu’aussitôt lui comparant aurait entendu crier qu’il était tombé à l’eau entre ledit canot et un bateau à laver, qu’ayant crié de lui donner promptement du secours ; les gens des bâtiments mouillés auprès s’empressèrent à le chercher sans pouvoir réussir, n’ayant pu sauver que le chapeau, quelques diligences qu’on ait fait ainsi que son équipage qui était déjà couché se mit promptement dans la chaloupe, le courant l’ayant aussitôt entraîné. Ledit Servichet de la taille de viron 3 pieds et demi, cheveux bruns, ayant bas et souliers aux pieds et un gilet d’étoffe brun châtain.

14 septembre 1775A comparu le sieur Charles Ledu, maître du bâtiment « L’Anonyme » de Tréguier, du port de 10 tonneaux, lequel nous a déclaré que dans la nuit dernière environ une heure, le nommé François Parloir, de la paroisse de Plouescanvau, diocèse de Tréguier, matelot de l’équipage de son dit bâtiment qui est mouillé au quai de la Fosse vis-à-vis la machine depuis son arrivée dudit lieu de Tréguier se serait levé de son lit pour apparemment quelques besoins naturels et était sur le bord du bâtiment d’où il a tombé à l’eau, que le garçon mousse l’ayant entendu tomber aurait appelé le déclarant et l’autre matelot qui se sont promptement mis en devoir de le sauver en descendant vitement dans leur canot qui était le long du bord, mais qu’ils n’ont pu le trouver, le courant de l’eau l’ayant aussitôt entraîné et noyé. Ledit François Parloir, âgé d’environ 42 ans, de moyenne taille, n’ayant pour tout vêtement que sa chemise et son bonnet sur la tête, les cheveux blondins et en partie chauve et a ledit Ledu déclaré s’en retourner au dit Tréguier chargé de sucre et autres marchandises.

20 septembre 1775A comparu Yves Le Bascand, garçon domestique demeurant chez le sieur Guyot, marchand et négociant de cette ville. Lequel nous a déclaré que hier au soir sur environ les 8 heures du soir étant dans une toue en passant vis-à-vis de la maison de M. Broury, le nommé Jean Bouton, demeurant rue des Capucins, homme de journée qui était avec lui dans ladite toue et qui l’a gouvernait serait tombé à l’eau sans que le comparant s’en aperçut ; que tout à coup il entendit les gens d’un train de bateaux contre lesquels ils passaient, crier « voilà un homme tombé à l’eau », qu’aussitôt il s’empressa ainsi que tous ceux qui vinrent au secours à le sauver sans avoir pu le trouver ; le courant l’ayant de suite entraîné et noyé. Ledit Jean Bouton, âgé d’environ 40 ans, de moyenne taille, chevaux et barbe bruns, vêtu d’une veste blanche, culotte longue de toile sans bas, seulement des souliers avec boucles dont il ne peut dire leur état.

20 octobre 1775Ont comparu Yves Gedo fils, Georges Gedo père, Joseph Even, Laurent Gauguié et Guy Pasca, les tous maître et matelots du bateau pêcheur la « Sainte Claire » de Locmariaquer, département de Vannes, lesquels nous ont déclaré que hier au soir sur les 7 heures après avoir tous soupé ensemble à bord, le nommé Pierre Bourdier, aussi matelot de leur dit bateau en serait sorti pour aller à terre ; que n’étant pas rentré, ils ne savent ce qu’il peut être devenu, personne de leur connaissance ne l’ayant vu ni rencontré ; qu’ils ont à craindre et présument qu’il a peut-être pu tomber à l’eau en voulant revenir à bord, vu le mauvais temps, la pluie, le vent et l’obscurité qu’il faisait. Qu’il est âgé d’environ 33 ans, taille de 5 pieds à peu près ; vêtu d’un paletot bleu, un gilet dessous d’étoffe blanche, ayant une grande culotte de toile, des bas blancs et sabots, cheveux et barbe noirs.

14 novembre 1775A comparu Jacques Person, matelot du bâtiment, la « Sainte Anne » du Port-Louis, actuellement mouillé au quai de cette ville vis-à-vis la maison Durbec, lequel nous a déclaré qu’étant seul à bord dudit bâtiment dimanche dernier après midi, viron les 6 heures du soir, le sieur Nicolas Herois, capitaine dudit bâtiment étant à terre pour ses affaires ainsi que les autres

gens ; la femme du nommé Marais, domestique en cette ville, nommée Perrine Louise Le Borgne, s’était accordée avec ledit Herois pour passer dans le bâtiment qui allait à Auray, s’y était rendue en conséquence dans l’après-midi dudit jour à bord, lui paraissant avoir bu et en être incommodée, qu’ayant quitté et travailler à la chaudière, il ne la vit plus et ne sait si elle aurait sorti du bord ou tombé à l’eau ; qu’ayant demandé aux gens des bâtiments mouillés près du leur s’ils n’auraient pas vu sortir du bord ladite femme ou tomber à l’eau. On lui répondit qu’on n’en avait aucune connaissance. Ladite femme âgée d’environ 36 ans, vêtue d’une robe d’indienne, chaussée de bas noirs et souliers avec boucles de composition, de moyenne taille, cheveux noirs.

27 novembre 1775A comparu Jean Guegan, second capitaine du chasse-marée le « Saint Alexis » de Lorient, du port de 44 tonneaux, lequel nous a déclaré être arrivé de Lorient en ce port il y a environ huit jours avec ledit bâtiment, que le 25 de ce mois sur les sept heures du soir, le nommé Guillaume Stephan maître dudit bâtiment en rentrant à bord tomba dans la rivière où il se noya et ne fut retrouvé le lendemain et il l’a fait enterrer dans la paroisse de Saint Nicolas ainsi qu’il est constaté par l’extrait de sépulture qui lui a été délivré par le sieur La Combe.

9 janvier 1776A comparu Gratien Dainé, batelier demeurant rue de la Charurerie paroisse de Saint-Nicolas. Duquel le serment pris la main levée devant nous, il a promis et juré de dire vérité et nous a déclaré que le 6 de ce mois environ les six heures du soir étant à bord de son bateau mouillé au quai de la Mentaudouine, avec le nommé Gilles Quirien, son matelot, ils manœuvrèrent pour mettre le dit bateau au large et monter dans la rivière d’Erdre afin d’y débarquer des vins dont il était chargé. Que ledit Quirien étant occupé à pousser ledit bateau d’un navire à un autre, tomba dans l’eau avec sa gaffe, que lui comparant s’en étant aperçu, accourut promptement pour le secourir ainsi que les matelots de l’équipage du navire près duquel il avait tombé mais les courants étaient si rapides, qu’il fut dans l’instant englouti et ne reparut plus ; déclare que ledit Quirien est âgé d’environ trente-huit ans, natif de la paroisse de Saint-Mesne près Machecoul, qu’il était marié et demeurait

en Vretais paroisse de Sainte-Croix, qu’il était vêtu d’un gilet de laine et d’un sarrau de toile, d’une grande culotte et d’une autre par-dessous, de toile avec des bas de laine et des sabots.

15 janvier 1776Ont comparu Charles Cormat maitre du bateau le Saint-Yves de Baden et Vincent Divelle et Pierre Perret, matelots dudit bateau demeurants au lieu de Baden et de l’île aux Moines paroisse d’Aradon au diocèse de Vannes ; lesquels nous ont déclaré qu’étant mouillés avec leur dit bateau en-dessous du pont de l’île Feydeau du côté de la Bourse où ils s’étaient placés pour vendre les huitres qu’ils ont apportées en cette ville samedi dernier 13 de ce mois viron 7 heures du soir, le nommé François André dudit endroit d’Arradon, aussi matelot du même bateau ayant été à bord du bateau de Vincent Lecadre aussi mouillé au même endroit à bâbord et en couple de celui des déclarants qui avait pareillement des huitres pour remettre audit Vincent Lecadre l’argent qu’il avait fait des huitres que l’avait prié de vendre en ville ledit Lecadre et voulant repasser un instant après dudit bateau en celui des comparants dont était pour l’instant absent ledit Cormat, il eut le malheur de tomber à l’eau, le pied lui ayant manqué où il s’est noyé malgré le prompt secours qui lui fut donné aussitôt, tant par les gens dudit bateau d’où il sortait que par Divelles et Perret ; sans qu’ils aient pu le trouver, le violent courant de l’eau qui est fort à la sortie dudit pont l’ayant apparemment entraîné dès l'instant de sa chute. Ledit François André, âgé de viron 33 ans, de 5 pieds et demie, cheveux bruns et barbe un peu rousse, le visage piqué de petite vérole, habillé d’un pantalon de grosse étoffe brune assez bon, boutons de coco, gilet d’étoffe bleue, grande culotte de toile, bas aux jambes et souliers.

27 janvier 1776Ont comparu Jean Bruneau, Pierre Artaud, Noël De Joye, Pierre Pontit, Guillaume Allain, Pierre Alain, François Alain, les tous maîtres pêcheurs demeurant en l’île de Trentemoult, paroisse de Bèze, desquels le serment pris la main levée devant nous, ils ont promis et juré de dire vérité, après quoi ils nous ont déclaré que le douze août de l’année 1775, étant tous de compagnie à faire la pêche du poisson frais à l’île d’Oléron, les nommés Toussaint Estaud, Joseph Blouet et Jean Estaud, aussi

pêcheurs de ladite île de Trentemoult, faisant pareillement la pêche dans le même endroit en partirent le dit jour douze août pour aller vendre à La Rochelle le poisson qu’ils avaient pêché, qu’à peine furent-ils à une lieue et demi au large qu’il survint un fort coup de vent qui fit chavirer la barge des dits Toussaint Ertaud, Jean Blouet et Jean Ertaud ; lesquels périrent sans qu’il fut possible aux comparants de leur porter aucun secours par rapport au mauvais temps qu’il faisait alors, que la barge fut jetée à la côte où elle fut trouvée trois jours après.

9 février 1776Ont comparu Julien Pillet, barger, demeurant à Coueron et François Lepage, meunier, demeurant aussi au même lieu de Coueron, lesquels nous ont déclaré que venant dudit lieu à Nantes dans la barge d’un particulier nommé Rigault de la rue des Capucins paroisse de Saint-Nicolas, ledit Rigault lorsqu’ils furent vis-à-vis Indret se mit à se soulager, que aussitôt ils s’aperçurent qu’il était tombé à l’eau ; qu’ayant promptement été pour le secourir ils ne le virent plus, la force du courant l’avait déjà entraîné ; qu’ils emmenèrent la voile qu’ils avaient pour tâcher de le sauver mais ils ne purent le trouver quelque soins qu’ils se soient donnés. Qu’il est de taille de 5 pieds, habillé d’un paletot et gilet brun, une grande culotte de toile, bas et souliers, un fichu de soie noire au col, cheveux bruns et un peu frisés et barbe de même couleur.

13 mars 1776Ont comparu Jean Luneau, François Blondel, Jean Brelet, demeurant à La Houssaye paroisse du Loroux et François Blondel et René Huben, portefaix, demeurants en cette ville. Desquels chacun séparément le serment pris la main levée devant nous, ils ont promis et juré dire vérité et nous ont déclaré que à environ trois heures étant sur le quai de l’hôpital, ils ont vu le nommé Joseph Pétard dudit lieu de La Houssaye, batelier qui en manœuvrant dans son bateau qui était auprès du pont de La Belle Croix, a tombé d’une secousse et repousse par la gaffe dont il se servait dans l’eau où il s’est noyé sans qu’il ait été possible de lui donner aucun secours, et ledit Brelet qui est garçon dans le bateau dudit Pétard a déclaré qu’il doit avoir dans ses poches viron 10 ou onze écus provenant d’une voiture de vin qu’il venait de faire.

22 mars 1776- Déclaration d’un bateau de charbon qui coula bas sous le pont de la Belle Croix. A comparu Pierre Boucher, maître de bateau, demeurant ordinairement en Anjou, paroisse des Tuffaux Saint-Laurent actuellement en cette ville où il a emmené de Saumur du charbon de terre, lequel nous a déclaré que mercredi dernier 20 de ce mois, M. Gerbier, négociant à Nantes pour qui il avait emmené le charbon vendit au sieur François de Richebourg tout le charbon qui était dans le bateau ou sapine appartenant à lui déclarant qui était mouillé alors à Chesine vis-à-vis le magasin de M. Tessier ; que lui Boucher le jour de hier a vendu audit Fruneau son bateau dans lequel était le charbonneau dont il devait prendre livraison le prix de 70 livres et 24 sols. Que le matin de ce jour viron les 6 heures ledit Fruneau ayant envoyé 7 hommes pour chercher ledit bateau et charbon et le mener au Richebourg et étant entrés dans ledit bateau avec ledit Fruneau afin de le faire monter la rivière, ils ont engagé tous conjointement le comparant à leur aider à conduire ledit bateau, que passant dans la voie d’entre les arches du point de la Belle Croix, il aurait touché dans le mur du quai où il s’est endommagé malgré leurs soins à séparer ; qu’alors ils ont appelé du secours, que leur étant venu plusieurs personnes pour leur aider ils n’ont pu le garantir de couler bas avec sa charge à l’entrée de ladite voie de dessous le point où il s’est brisé en grande partie et tombé au fond, pour quoi il est venu en ce greffe faire la présente déclaration pour valoir et servir ce que de raison et répéter ses droits vers qui il appartiendra pour ledit bateau, lesdits hommes s’en étant de suite retournés chez ledit Fruneau leur maître qui avait quitté ses gens aussitôt qu’ils ont démarré ledit bateau.

1er avril 1776- Déclaration d’un noyé. A comparu Pierre Menant demeurant à Saint-Julien de Concelles, pêcheur, lequel nous a déclaré que le jour de hier étant viron 7 et 8 heures du soir dans l’étier des Bouquenais pour y faire la pêche avec le nommé Joseph Bellouer aussi de Saint-Julien de Concelles, ayant chacun leur bateau qu’ils conduisaient séparément. Que ledit Belloir dans cet instant ayant dit à lui déclarant de se haller l’un et l’autre de l’avant ; que lui Menant répondit qu’il serait mieux d’aller en dessous d’une gabarre qui était mouillé au-dessus de l’étier. Qu’en conséquence ils se mirent à le faire ; que Belloir se hallant sur le câble de la gabarre à ce qu’il présume, tomba à l’eau sans

que le comparant s’en soit aperçu ; que l’ayant appelé lorsqu’il fut passé au-dessous de la gabarre, il s’aperçut que le bateau était en devant de ladite gabarre ; que s’en étant approché lui Menant il n’y trouva point ledit Belloir ; qu’il appela tout de suite les nommés Jean Bouin, Julien Bouin et Jean Villain qui étaient sur le bord de la terre à les attendre et se mit promptement à le chercher pour tâcher de le sauver ; ce que firent pareillement ceux qu’il avait appelé à son secours sans qu’ils aient pu le trouver quelques soins qu’ils aient pris jusqu’à ce moment, que le courant qui était bien fort dans cet endroit l’aura à ce qu’il croit entraîné aussitôt sa chute ne l’ayant aucunement entendu, qu’il est âgé d’environ 40 ans, de 5 pieds, cheveux et barbe noirs, vêtu de deux gilets noirs, une culotte noire avec une de toile en dessus ayant des bas noirs aux jambes et sabots.

17 mai 1776- Déclaration d’un noyé. A comparu Claude Salo, maître du navire le Saint-Louis de Lorient, actuellement mouillé au quai d’Ancien, lequel nous a déclaré que le jour d’hier environ les sept heures du soir le nommé Jean Landurene, matelot de son bord, natif de la paroisse de Plemur diocèse de Vannes, tomba dans la rivière, venant de dessus le quai audit navire ; que les gens de son équipage et des différents navires mouillés autour de lui se mirent promptement dans leurs canots pour le pêcher mais il avait disparu et personne n’en eut plus aucune connaissance. Ajoute que ledit Landurene est âgé d’environ trente ans, de la taille de 4 pieds 4 pouces, vêtu d’un paletot brun, un gilet blanc, une culotte de toile, des bas noirs et des souliers.

7 juin 1776- Déclaration d’un noyé. Ont comparu René Forget, maître du bâtiment la « Sainte Anne » de Rhuys, et François Fardel, matelot à bord dudit bâtiment, lesquels nous ont déclaré que s’étant expédiés le 5 de ce mois pour aller à Lorient et étant mouillé à Coueron, le jour de hier environ les 2 heures après midi, lorsqu’ils vinrent à affourcher audit endroit, ils se mirent dans le canot lui, François Fardet avec les nommés Guillaume Lorgouet et François Lesaint pour aller allonger l’ancre en affourchant, que lorsqu’ils jetaient ladite ancre, elle accrocha par le dos et entraîna ledit Guillaume Lorgouet à fond où il s’est noyé, quelques soins et vigilance qu’ils aient employés pour le

sauver, n’ayant pu parer assez vite leur canot, et le courant l’ayant emporté avant qu’ils aient pu le secourir. Ledit Largouet âgé de 23 ans, taille de 5 pieds, cheveux bruns sans barbe, vêtu d’un gilet brun, grande culotte de toile, bas bruns et souliers aux pieds avec boucles de plomb ou d’étain.

11 juin 1776- Déclaration de deux noyés. Ont comparu Pierre Canquois et Etienne Liron, marins, demeurant ordinairement à Meau, lesquels nous ont déclaré après leur serment pris que venant dudit lieu dans un petit canot et ayant avec eux les nommés François Bossegnant, Pierre Timon, aussi marins de Sureau et le sieur … Martin, employé dans les fermes demeurant à la Basse Indre, allant tous pour monter à Nantes ; lorsqu’ils ont été à travers la Haute Indre, ledit canot a chaviré et renversé et ont tombé tous à l’eau où se sont noyés lesdits Timon et Martin, malgré les secours qui leurs ont été donnés par les gens d’un chasse-marée qui était à portée d’eux et qui a été promptement les secourir. Ledit Timon de taille de 5 pieds, âgé de viron 24 ans, cheveux blonds, gros, habillé d’un gilet bleu et paletot brun, grande culotte de toile, bas aux jambes et souliers à boucles de composition et ledit Martin de 5 pieds aussi, âgé de viron 40 à 50 ans, cheveux noirs, gros, habillé d’un habit bleu avec une redingote brune en toile panne bleue, bas aux jambes, souliers aux pieds, sans pouvoir dire de quel était sont les boucles, qu’ils ont connaissance de lui avoir vu une montre.

6 juillet 1776- BlessureA comparu Madeleine Tremoureux fille domestique demeurant actuellement chez Me Joubert, greffier des traites, rue des Jacobins, paroisse de Sainte-Croix, laquelle nous a déclaré que le 3 de ce mois elle s’embarqua à la Fosse dans la barge du nommé Thebaud pour se rendre à Montoir, lieu de la résidence de son père, et que passant au Pellerin environ les 11 heures du matin, près le navire hollandais nommé « Hilvrindeschop » capitaine Jacob Wessel ; on laça dans ladite barge du bord dudit navire un caillou de la grosseur du poing qui vint la frapper au derrière de la tête avec une telle force qu’encore bien qu’elle fut assise elle tomba sans connaissance et toute couverte de sang. Ce coup fut si violent que les autres passagers la croire en risque de perdre la vie la firent mettre à terre au Pellerin et appelèrent le sieur Poisson, chirurgien dudit lieu pour lui administrer les secours les plus prompts ;

qu’ayant été grièvement blessée, elle s’est vue contrainte de séjourner chez le sieur Baudouin, aubergiste audit endroit et les accidents commençants à cesse, elle profite du premier instant que ses forces lui permettent pour venir solliciter justice ; observant qu’elle a si peu donné lieu au coup qui lui a été porté qu’elle était assise et tournait même le dos au navire d’où partit le caillou, qu’aucun des autres passagers ne l’a également provoqué, chacun s’amusant dans la barge à de petits jeux de cartes ; mais que l’équipage de ce navire hollandais est dans la dangereuse habitude de s’exercer à lancer des cailloux sur les petites embarcations qui passent le long de son bord et que plusieurs particuliers ont été assaillis ; que la sureté publique exige qu’une pareille conduite soit réprimée et que d’ailleurs, elle, exposante, souffre considérablement de sa blessure, tant par les risques de sa vie que par les frais et retardements que cela lui occasionne. Pourquoi elle fait la présente déclaration qu’elle affirme véritable par serment après lecture requérant qu’il plaise à M. le procureur du Roi, attendu son peu de familles, de faire les poursuites qui doivent se faire en pareil cas suivant les ordonnances ; et nous a représenté un caillou ou pierre de forme ronde appelé galet, qu’elle nous a dit être le même dont elle a été frappée ; qu’elle a présentement déposé en ce greffe.

22 juillet 1776- Déclaration d’un noyé. Ont comparu Etienne Juhault, François Joyeux et Jean Charon, maîtres de barques, demeurants ordinairement à Méan paroisse de Montoir, de présent à bord de leurs barques mouillées à Chesine paroisse de Chantenay. Lesquels nous ont déclaré que le jour d’hier environ neuf heures du soir, le nommé Pierre Jouhault, maître de la barque le « Zéphir » de Méan, mouillée actuellement audit lieu de Chesine et en décharge de sel pour la ferme, rentrant dans sa dite barque à bord de laquelle il est seul, ayant renvoyé son équipage depuis samedi dernier, tomba dans l’eau entre son navire et un chalan, destiné pour recevoir son chargement, que lesdits comparants ayant entendu cette chute demandèrent du secours et de concert avec les équipages de tous les bâtiments mouillés aux environs, s’empressèrent d’en donner audit Pierre Jouhault mais comme il faisait extrêmement obscur, on ne put parvenir à le trouver, et ce n’a été que ce matin environ les dix heures qu’on y est parvenu, qu’il était au fond de l’eau à la

distance de soixante pieds de son bâtiment, qu’on l’a transporté sur le quai et qu’on n’a remarqué sur lui aucune contusions, ajoutent qu’il est âgé d’environ cinquante-cinq ans, qu’il soupa hier chez le nommé Masson, aubergiste à Chesine, qu’il mangea et bu peu et était fort gai quand il retourna à son bord.

3 août 1776- Sapine coulée près le Sanitat. A comparu Jean Herand, maître d’une grande sapine ou bateau, lequel nous a déclaré qu’emmenant de Saumur et Saint-Florent ladite sapine chargée de charbon de terre pour le compte des sieurs Gerbier négociants de Nantes, on l’aurait fait descendre au quai de cette ville près le sanitat où est situé le magasin où il devait décharger ledit charbon pour y être mis. Que le jour de hier sur environ les huit heures et environ neuf heures du soir, étant ancré et mouillé audit endroit, il avait déjà commencé à décharger ; un baquin de mâts qui descendaient la rivière conduit par deux hommes dont il ne sait pas le nom seraient tombés avec violence sur sa dite sapine et l’auraient fait entièrement couler bas avec le charbon dedans en plus grande partie ; qu’elle est tellement dans l’eau qu’on ne la peut voir qu’à basse eau.

13 septembre 1776- Déclaration d’un noyé. Ont comparu le sieur Jean Jumé, maître du bâtiment la « Marie Anne » de Méan et le nommé Jean Doucet, pilote de cette rivière en la Haute Indre présentement pilote à bord de la « Marie Anne » pour le descendre la rivière étant expédié avec un chargement pour Redon. Lesquels nous ont déclaré que le jour de hier environ les 6 heures et demie du soir, les nommés César Besnigneul et Jean Labour, matelots de l’équipage dudit bâtiment amarré s’étant mis à lever le grappin qui était sur le bord afin de le mettre plu en-dedans, ils auraient eu le malheur de tomber à l’eau avec ledit grappin qui les entraîna, s’étant apparemment trouvé accroché par une de ses cinq papes contre le bâtiment lorsqu’ils le voulaient mettre de dessus le bord en dedans, qu’ils se seraient mis promptement ainsi que ceux qui étaient à portée d’eux à les sauver ; qu’ils auraient rattrapé ledit Labour aussitôt mais que n’ayant pu ravoir ledit César Bessigneul, qu’après environ un quart d’heure qu’on a employé à le tirer de l’eau, il s’y est noyé, qu’ayant une espèce d’espérance de pouvoir le ramener à la vie, ils l’ont

promptement à l’aide de ceux qui se sont trouvés, transporté au Sanitat afin de le soigner, mais que ç’a été en vain ne lui ayant vu aucun signe de vie.

26 septembre 1776- AccrochageA comparu Thomas Kbastard, maître du bateau la « Marie Louise » de Baden, du port de 5 tonneaux, lequel nous a déclaré qu’arrivant et montant la rivière pour venir à la grève avec des sardines, lieu ordinaire où on a coutume de les décharger et étant un peu au-dessus de la Machine où un chaland ou sapine qui montait aussi la rivière était dérivé ayant leur contre marée, ne lui laissant qu’un très petit passage, lui déclarant ayant alors baissé sa misaine avant d’arriver audit chaland, que la marée le faisant tourner, ledit chaland qui était d’ailleurs amarré à deux autres qui montaient aussi ; lui auraient diminué ledit passage et le comparant ne pouvant plus virer pour passer dans un autre endroit et la marée le portant, il aurait abordé avec son dit bateau un desdits chalands ou sapines qui a été un peu largué derrière dans l’abordage et néanmoins a coulé à fond sur la grève, qu’il a aidé ainsi que ses gens à haler ladite sapine ; que son gouvernail parait endommagé pour avoir poussé à culer sur ledit chaland afin de pouvoir le relever et pour empêcher que les gens de dedans ne fussent en danger de se noyer. Qu’il a employé tout ce qu’il a de cordages pour garantir ladite sapine.

25 octobre 1776- Déclaration d’un noyé.Ont comparu le Sr Jean Thomas, second capitaine du bâtiment la « Demoiselle Nettye » de Rusterveen en Frise et Willem Durks, matelot sur le même navire, assistés de Me Boudet, interprète juré des langues étrangères par le moyen duquel ils nous ont déclaré que le jour d’hier étant mouillés devant Chantenay à environ un quart de lieu du quai, le capitaine nommé Jelle Riuses ayant fait appareiller à environ trois heures et demie de l’avis du pilote nommé Massonnet ci-présent, pour monter au quai, le vent étant dans la partie de l’est-nord-est, ils coururent deux bordées, et voulant manœuvrer pour virer de bord, le capitaine qui était sur le derrière tomba à l’eau et disparut ; qu’ils firent toutes les recherches possibles pour parvenir à le sauver sans pouvoir le découvrir, que ledit capitaine est âgé d’environ trente-trois ans, qu’il était vêtu d’un gilet de calmande brune damassée,

d’une culotte d’étoffe brune, qu’il avait dans son gousset une montre d’argent avec un cordon vert, environ 60£ monnaie de France, des boucles d’argent à ses souliers et deux boutons d’or au collet de sa chemise.

14 décembre 1776- Déclaration d’un noyé.A comparu le sieur Jean Rippen, capitaine du navire la « Sara  Maria » assisté de Me René Odiette de la Banche, interprète juré des langues étrangères par le moyen duquel, il nous a déclaré que le nommé Grooitses Vockerts, matelot de son dit navire, âgé d’environ 40 ans, natif de Blesse en Friselande, aurait eu le malheur de tomber à l’eau sur les une à deux heures de la nuit dernière en sortant du bord du navire les « Trois Litskes », capitaine Sneke Paulus Schuyt, mouillé à l’Hermitage où il avait soupé avec les autres, et il s’est noyé malgré tout ce qu’on a pu faire pour pouvoir le sauver sans qu’il ait été possible de réussir. Que sur les 9 heures de ce matin ayant été à l’endroit avec leur canot, ils auraient trouvé ledit matelot mort étant tombé dans l’eau sur des pierres sur lesquelles il s’est probablement tué en tombant ; qu’ils l’ont tout de suite fait transporter à Coueron pour l’y faire enterrer, pour quoi il est venu en ce greffe faire la présente déclaration pour lui valoir et servir ce que de raison. De laquelle lecture et interprétation lui faite, il a dit qu’elle contient vérité ; qu’ils n’ont point vu ni lui déclarant ni ses gens tomber ledit homme à l’eau ; non plus que ceux de l’équipage dudit navire les « Trois Lytskes » qui l’ont seulement entendu tomber en sortant du bord pour aller à terre.

25 décembre 1776- Bateau coulé basOnt comparu les nommés Etienne Angebaud demeurant à Trentemoult, paroisse de Reze et Pierre Marais, demeurant au village du Boischaot paroisse des Bougenois, lesquels nous ont déclaré qu’ayant été le jour de hier au matin par le commandement et ordre du sieur Coussin, marchand de vin à Nantes à la Fosse prendre avec un bateau 13 barriques de vin gâté et aigre dans un magasin des Récollets sur les ponts pour les conduire aux Couets et descendant la rivière avec le bateau chargé qu’ils conduisaient, ils furent tout à coup surpris d’un violent coup de vent accompagné d’un fort grain sur les 3 heures après-midi étant alors à la queue de l’île de Trentemoult vis-à-vis les Chantenay qui les renversa et fit

totalement couler bas ledit bateau qui fut au fond de l’eau avec le chargement tellement qu’ils eurent beaucoup de peine à se sauver du péril où ils étèrent (sic) de se noyer ; par les secours que leur donnèrent tout à coup des particuliers qui étaient dans un chaland chargé de bois près cet endroit ; qu’ils ont aussitôt donné tous leurs soins à l’aide de 5 à 6 personnes pour tâcher de sauver ledit bateau et le vin mais qu’ils n’ont pu sauver encore que ledit bateau et cinq barriques dudit vin seulement, le reste s’étant trouvé apparemment dispersé dans la rivière, embarrassé au fond ou emporté plus loin par la violence du courant ; déclarant au surplus qu’ils vont travailler à faire la recherche des autres barriques de vin et à les sauver ayant prévenu ledit Coussin de leur accident.

7 janvier 1777- Déclaration d’un noyé.A comparu le sieur Pierre Divoort, capitaine du bâtiment la « Sainte Catherine » de Dunkerque, actuellement mouillé près le quai de l’île Feydeau en charge pour ledit lieu de Dunkerque, lequel nous a déclaré que hier au soir sur viron les 8 heures du soir, le nommé Nicolas Develand, âgé de 16 ans, dudit endroit de Dunkerque, novice sur son navire, étant resté sur le pont avec un matelot de son équipage pour s’amuser à ouïr des particuliers qui se divertissaient dans un chaland voisin ; quoique lui déclarant leur eut dit en se retirant pour aller en ca cabane se coucher de descendre en bas, qu’ils auraient froid, que lorsqu’il fut retiré, un d’eux descendit effectivement en bas pour y pouiller un paletot ; et ledit Develand ayant apparemment froid voulut à ce qu’on a dit au comparant descendre pour aller se chauffer au feu dudit chaland et tomber à l’eau où il s’est noyé malgré tous les soins de lui sieur Divoort, ses gens qui se mirent en devoir de le sauver au cri des gens dudit chaland qui leur aidèrent à le chercher sans qu’ils aient pu réussir malgré leur recherche jusqu’à viron deux heures de ce matin, le courant et les glaces l’ayant sans doute entraîné aussitôt. Ledit Develand de moyenne taille, ayant cheveux châtains, habillé d’un gilet rouge, culottes longues de toile, bas et souliers aux pieds avec boucles de métal.

15 janvier 1777- vie quotidienneA comparu Jeanne Larogue, fille, demeurant entre les portes Saint Nicolas, laquelle nous a déclaré qu’elle a un bateau sur la

rivière d’Erdre attaché d’ordinaire au quai entre le pont et les maisons de la Casserie qui lui sert à laver ; que la nommée Martine Souffrant et sa compagne désamarre ledit bateau à tout instant et en coupent l’amarre de sorte que quand elle va pour s’en servir, elle ne l’y trouve plus, l’ayant envoyé en dérive entre les arches ; et non contentes de cela, elles jettent souvent de l’eau à la déclarante et lui disent des invectives, l’ont battue plusieurs fois, notamment la journée d’hier lorsqu’elle était à y travailler et luit jetèrent un morceau de coipeau.

24 janvier 1777- Bateau coulé basa comparu Pierre Thebaud, demeurant à Saint-Jean-des-Boiseau, batelier, lequel nous a déclaré qu’ayant été prendre dans un bateau quarante-cinq barriques de vin à Sainte Paisanne pour les emmener au sieur Chiron, marchand de vin aux Coëts, un homme avec lui en aide, ce matin environ les 7 heures et demie à huit heures étant ras de terre et son homme halant le bateau n’a pu le retenir, le courant et le vent l’ayant entraîné et qu’un coup de mer survenu à l’instant l’a empli d’eau et fait couler bas où il serait péri lui déclarant s’il n’était venu une barge à son secours qui l’a sauvé. Que le vin est allé en dérive par la rivière ainsi que leurs hardes de rechange qu’ils avaient dans le bateau.

8 février 1777- Perte d’un bateauOnt comparu les sieurs Jean-Baptiste Garreau, maître sur le navire la « Geneviève » de ce port dont est armateur M. Deluynes, comparant pour le sieur Latouche, second capitaine, resté à bord pour les affaires du navire, le sieur Le Chevert qui en est capitaine et commandant étant malade et Pierre Nicolon, pilote étant à bord pour monter ledit navire qu’il a pris à Paimboeuf au lieu du Pellerin ; lesquels nous ont déclaré après leur serment pris qu’étant parvenus vis-à-vis l’île de Carrée hier viron les deux heures ou deux heures et demie de l’après-midi ; ils ont été abordés par la gabarre du nommé Coudreau chargée de sucres et autres marchandises montant aussi la rivière. Les déclarants courront la bande ou bordée d’ouest, l’amarre à tribord et ledit Coudreau courant la bande à l’est, l’amarre à bâbord ; que venant, les dits comparants de virer de bord pour s’élever au vent et mettre dans le chenal, sortant de dessus le Somme qui ne commençait qu’à flotter, ce

qui les empêchait de pouvoir faire la manœuvre pour éviter ledit Coudreau, ils ont été abordés par ladite gabarre qui a coulé bas dans cet abordage si vivement qu’il ne leur a pas été possible d’y porter aucun secours ; les gens de dedans s’étant promptement jetés dans leur toue se voyant périr si subitement quoique lui, le pilotin ainsi que les autres gens de l’équipage eussent rappelé plusieurs fois audit Coudrau de tenir le vent et de virer de bord pour les éviter ne pouvant eux parer parce qu’ils ne pouvaient gouverner leur navire restant immobile sur la passe ne commençant qu’à prendre de l’air, ce qui lui fit réitérer de crier par différentes fois qu’il allait les aborder. Que ledit Coudreau n’a fait aucune manœuvre pour les éviter quoiqu’ils fissent eux tout ce qu’ils pouvaient pour tâcher de le parer ; que voyant qu’il n’y avait pas d’espoir dans le malheureux accident de sauver ladite gabarre ni les marchandises, ils ont continué de monter jusqu’à vis-à-vis Buzey où ils ont laissé ledit navire la « Geneviève » mouiller et sont venus faire la présente déclaration qu’ils affirment l’un et l’autre véritables.

8 février 1777- Mauvais traitementsA comparu Louise Guerché veuve Guérineau, marchande, demeurant à la Belle-Croix, paroisse de Sainte-Croix, laquelle nous a déclaré que Claude Louis Guerineau son fils, s’étant embarqué en qualité de pilotin sur le navire le « Dominique » capitaine Bonvatel pour faire un voyage de la côte de Guinée, partit du bas de cette rivière le 27 7bre 1775, que pendant la traversée d’ici à la côte, le sieur Le Roux, officier sur ledit navire lui donna plusieurs coups de pied et de poing sur toutes les parties du corps, parce qu’étant monté pour serrer les voiles, il n’avait pas manœuvré à son gré, qu’il a récidivé ces maltraitements à différentes fois ; que dans la même traversée ledit sieur Le Roux conjointement avec le sieur Boileau, second capitaine, attachèrent le dit Guérineau sur les haubans, et le firent mordre par un chien qui appartenait audit sieur Le Roux, et eut dans cette scène un bras tout écorché, que ledit Guérineau étant tombé malade tant par l’excès du travail que les maltraitements qu’il souffrit de la part du Sieur Le Roux, ne pouvait faire le service à l’arrivée du navire à Malimbe où la traite se fit. Le sieur Le Roux le menaça et le traita très durement qu’il fit venir un nègre à qui il dit : « Arrache moi le nez à ce B[ougre] là », que le dit nègre le mordit effectivement

au nez et le lui mit tout en sang ; que Guérineau ayant les jambes enflées et s’asseyant souvent sur les bords du navire pour se reposer, le sieur Le Roux toutes les fois qu’il le rencontrait le poussait dans le dessein de le faire tomber à la mer et lui disait après : « Comment Guérineau, tu as peur, tu n’es pas bon soldat », qu’il lui disait souvent : « Tu n’es pas encore crevé, quand crèveras-tu, tu as la vérole de naissance, tu n’en réchapperas pas » ; que dans la traversée de Saint-Marc en France le sieur Corvesier aussi officier sur ce même navire prit ledit Guérineau attaché et lui ayant tenu divers propos le maltraita à coups de picot par le corps et à coups de poing par la tête, qu’il arriva enfin le 24 du mois de novembre dernier à Nantes et fut obligé de se mettre au lit où il est encore détenu, qu’il est couvert de plaies et de blessures qu’elle attribue aux mauvais traitements qu’il a essuyés pendant ce voyage, que les chirurgiens qui l’ont visité ont rapporté à la déclaration qu’il ne pourra guérir que dans les beaux temps, ce qui lui occasionnera des retardements et des dépenses considérables, et comme elle a lieu de se croire fonder à demander des dommages et intérêts vers lesdits sieurs Leroux, Boileau et Corvisier, auteurs de ces maltraitements et que d’ailleurs de pareils excès méritent la répréhension de la Justice, elle est venue en ce greffe faire la présente déclarations et requiert qu’il plaise à M. le procureur du Roi, attendu son peu de faculté faire les suites qu’il jugera convenables contre lesdits sieurs Leroux, Boileau et Corvoisier, indiquant pour témoins les gens de l’équipage qui étaient à bord de ce navire dont elle ne sait pas les noms.

9 février 1777- Naufrage d’une gabarreA comparu Pierre Coudreau demeurant à Nantes à la Fosse, maître de la gabarre le « Saint Pierre » du port de 80 tonneaux environ de ce port, lequel nous a déclaré qu’ayant reçu depuis mercredi dernier et pris charge en sa dite gabarre à bord du navire le « Salomon » commandé par le sieur Abautret, consistant son chargement en quatre-vingt-une barriques de sucre terré et brut ; vingt-un quarts de café, trois futailles idem ; six balles de coton ; onze madriers de bois d’acajou ; le coffre de chirurgie dudit navire et un petit paquet qu’on lui a dit être de retour d’une caisse renvoyée ; il partit de Paimboeuf en bon état au flot environ les onze heures du matin de vendredi dernier, sept de ce présent mois pour monter en cette

ville ; qu’étant déjà monté au sud de Pipi, il aurait fait rencontre du navire la « Geneviève », capitaine le sieur Chevert, portant le cap au nord ; y ayant bien environ un quart d’heure qu’il avait viré de bord, les vents étant alors à N.N.E., lui comparant ayant le cap à l’est ; que voulant faire arriver sa gabarre sous le vent dudit navire la « Geneviève » afin de l’éviter, il aurait lui, ainsi que Pierre Legeai, matelot et Antoine Coudreau son fils, crié plusieurs fois à bord dudit bâtiment d’arriver sous le vent, qu’ils allaient les aborder et couler bas ; que ceux qui manœuvraient alors à bord du navire se voyant prêt à border la gabarre du déclarant lui auraient crié de faire vent devant ou de virer de bord, mais le déclarant ayant sa voile éventée et ledit navire portant ses voiles en plein et ne faisant aucune manœuvre pour l’éviter tomba de suite sur ladite gabarre étant d’ailleurs poussé par sa voilure sans qu’il eut pu en faire aucune et l’aborda dans son milieu côté de tribord environ les trois heures à trois heures et demie de l’après-midi et l’a fit couler bas si vivement qu’elle fut démâtée et coupée et qu’à peine purent-ils se sauver dans leur toue du péril où ils étaient de perdre la vie ; qu’il reconnut pour pilote à bord de ce dit navire le nommé Nicolou ; qu’ils abordèrent avec beaucoup de peine dans leur toue, qu’en abordant terre ils trouvèrent à la côte cinq balles de coton provenant du chargement de sa gabarre ; qu’ils sauvèrent promptement et firent mettre à couvert chez le brigadier de l’endroit également qu’une sixième qui avait déjà été sauvée par un chasse-marée. Qu’il descendit ensuite lui déclarant à Paimboeuf où il fit ledit jour sa déclaration de tout ce que dessus au greffe de ce siège établi audit lieu environ les 6 heures du soir dont il requit copie qu’il nous a apparu, signée Fouchard, greffier. Que ce dit greffier n’ayant pu lui expédier de suite cette copie il le remit au lendemain matin 8 de ce mois 8 heures du matin ; que ladite copie lui ayant été expédiée il se trouva en état de partir dudit lieu ledit jour sur les 9 heures du matin mais que n’ayant pas trouvé de barge qui voulut monter à Nantes, il partit à pied et parvenu au Pellerin sur viron les 5 heures et demie à six heures du soir, ne trouvant pas les passagers dudit lieu par rapport au mauvais temps et à la neige qu’il faisait il eut recours à un de ses amis dudit endroit qui le passa dans son bateau au port Launay et de là se rendit à Coueron où il coucha ; qu’il en a parti ce jour neuf sur viron les 4 heures du matin pour venir de son pied en cette ville n’ayant pu avoir de

chevaux en cet endroit, et est venu de suite à son arrivée faire la présente déclaration.

26 février 1777. Guerre d’Indépendance AméricaineA comparu le sieur François Maillet, pilote lamaneur au port de Saint-Nazaire, y demeurant. Lequel après avoir la main levée devant nous promis et juré de dire vérité, nous a déclaré que dans le courant de janvier dernier, il fit marché avec le sieur Lambert Wesch, capitaine commandant le corsaire « la Représaille » de Philadelphie, armé de 16 canons et de 130 hommes d’équipage, pour conduire ledit corsaire du port de Saint-Nazaire en droiture à celui de Lorient ; qu’à cet effet il partit de Saint-Nazaire le 26 dudit mois de janvier à 4 heures du matin, que sur les 5 heures du soir étant au S.E. de Belle-Île, le capitaine lui demanda s’il comptait entrer au port de Lorient dans le même jour, il lui répondit que cela ne se pouvait, et qu’il mouillerait sous le Palais de Belle-Île, que le capitaine lui dit que ce n’était pas ses desseins, et que même avant d’entrer à Lorient il voulait faire une croisière, qu’il fit changer la route du côté de la Manche et ayant croisé le long des côtes de Bretagne pendant l’espace de dix-huit jours, ledit corsaire prit 4 bâtiments marchands anglais et le paquebot de la même nation et se rendit ensuite à Lorient où le déclarant débarqua et se rendit par terre en cette ville, ajoute que ledit capitaine Wechs lui a fait faire cette course contre son grès en lui disant qu’il n’irait à terre que lorsqu’il irait lui-même, mais qu’il lui assurât qu’il aurait sa part dans les prises qu’il pourrait faire et qu’il lui payerait son temps et son pilotage. Qu’effectivement à l’arrivée à Lorient ledit capitaine l’a satisfait de son pilotage, mais ne lui a rien donné de ce qui concerne les prises, pour quoi il est venu en ce greffe faire la présente déclaration.

[Nantes, Sainte-Croix-BMS-1777] Le huit mars mil sept cent soixante-dix-sept en vertu d’un permis à nous adressé par Mr le lieutenant général de l’amirauté de cette ville en date du jour d’hier signé Roger, a été inhumé au cimetière le corps d’un homme trouvé noyé et jeté par le flot près le quai de l’île Gloriette qu’on nous a dit se nommer Jacques Facier ou Facié, marinier, âgé d’environ trente-six ans, natif de la paroisse Saint-Pierre-des-Moutiers, diocèse de Nîmes.

[Nantes, Sainte-Croix-BMS-1777] Le treize mars mil sept cent soixante-dix-sept a été inhumé au cimetière le corps d’un inconnu trouvé noyé sur le rivage de l’île Gloriette en cette paroisse, suivant le permis

en date du même jour de monsieur Roger de l’amirauté. Nota : Depuis l’enterrement fait, deux personnes qui ont dit bien connaitre ledit noyé, nous ont déclaré qu’il s’appelait Barthélémi Boiseau, marin, fils de François et de Marie Rochard, natif de la paroisse de Saint Arrès, évêché de Nevers, et qu’il était âgé de trente ans.

15 mars 1777- Déclaration d’un noyé.A comparu Jean Hervé, barger, demeurant à Rochebalu, paroisse de Bouquerais, lequel nous déclaré que hier au soir, entre 9 et 10 heures, descendant la rivière de Loire du quai de cette ville avec sa barge chargée de paille pour aller la porter à la Basse Indre, lui et le nommé Pierre Tozé, de la paroisse de Saint-Jean pour lui aider et vis-à-vis de Trentemoult, étant le comparant à nager devant ; ladite barge étant venue à ne plus gouverner, il appela ledit Tozé, la paille les empêchant de s’entrevoir ; que ne l’entendant pas, il le soupçonna d’être tombé à l’eau ; qu’ayant mouillé au plus vite son grappin, il appela à son secours un homme de l’île de Trentemoult et ne virent l’un et l’autre aucunement ledit Pierre Tozé, qui apparemment fut aussitôt entraîné par les courants qui l’auront fait se noyer tout de suite ; il est âgé d’environ 38 à 39 ans, de taille de 5 pieds et quelques pouces, cheveux frisés noirs et barbe de même couleur, habillé d’un paletot d’étoffe noire, une grande culotte de toile, avec seulement des bas aux jambes sans chaussure.

21 mars 1777- Bateau couléA comparu Louis Udo, batelier, lequel nous a déclaré, qu’il avait deux bateaux accouplés, chargés de fumier pour conduire au pays de Ré, et qu’étant à l’ancre proche l’île de l’Hermitage depuis environ huit jours en attendant le beau temps pour se rendre à sa destination, le jour d’hier entre quatre à cinq heures on lança à l’eau un grand navire construit par M. Bourmand dont le câble ayant cassé lorsqu’il fut à l’eau, il dériva sur les bateaux dudit déclarant et il en coula un à fond, qui se trouvant chargé de fumier ne peut être relevé qu’à beaucoup de frais.

2 avril 1777- Toue couléeA comparu Pierre Piet demeurant à Tours et présentement mouillé avec ses bateaux près le pont de la Belle Croix, lequel nous a déclaré que sur les 2 heures de l’après-midi de ce jour, un bâtiment dont le capitaine qu’on lui a dit se nommé Daniel,

ancré un peu au-dessus des bateaux du déclarant, voulant se mettre au large étant venu en travers de ses bateaux a fait couler bas une petite toue qui était attachée le long d’un d’iceux et qu’il croit entièrement crevée étant tout à fait au fond de l’eau audit endroit. Que ledit capitaine Daniel a continué sa manœuvre et s’est mis au large du chenal vis-à-vis l’hôpital sans aucunement s’inquiéter d’aider ni faire relever la toue du comparant.

7 avril 1777- Déclaration d’un noyé. A comparu Pierre Delisle, batelier demeurant au bourg et paroisse de Vue, lequel nous a déclaré que samedi 29 de mars, veille de Pâques sur environ les 8 heures et demie du soir, le nommé Pierre Haria, garçon de bateaux, voulant embarquer de dessus le bord de la terre sur une espèce d’appontement donnant en bout contre terre et l’autre sur le bord d’un bateau de tête eut le malheur de tomber dans la rivière de dessus ledit appontement entre la terre et ledit bateau de tête où il s’est noyé et a été de suite entraîné par le courant et la force de l’eau malgré les prompts secours que le déclarant et autres personnes qui se trouvaient là, dont plusieurs se jetèrent à l’eau pour tâcher de le ravoir sans avoir pu réussir, quoiqu’ils virent son bonnet sur l’eau. Ledit Haria âgé de 34 ans, taille de 4 pieds 8 à 9 pouces, cheveux plats noirs ainsi que la barbe, habillé d’un gilet d’étoffe blanche, une culotte de toile, sans bas aux jambes, de la paroisse de Saint-Cyr près Bourgneuf ; et est venu ce jour faire la présente déclaration qu’il affirme véritable pour valoir et servir ce que de raison, déclarant que ses affaires et la maladie de sa femme l’ont empêché de pouvoir venir plus tôt déclarer ce que dessus, s’attendant d’ailleurs qu’on l’eut trouvé l’ayant fait chercher plusieurs fois.

9 avril 1777- Sapine couléeOnt comparu les nommés Simon Josset et Paul Bertin, demeurants l’un et l’autre à Boiseau ; bargers. Lesquels nous ont déclaré que le jour de hier environ les 9 heures du soir, descendant la rivière de Loire avec un bateau ou sapine chargé de tuffeaux d’ardoises, de carreaux, de lattes et de bois de charpente, qu’ils avaient pris à Nantes par ordre de Mr Champelonière, maître aux comptes pour les porter aux pèle par le marais ; et voyant que le mauvais temps augmentait de plus en plus pour éviter d’être échoués et de se perdre, ils

mouillèrent à l’entrée de l’île de Bouée, que voulant étaler la première ancre qu’ils avaient jetée ayant par la force du mauvais temps fait ouvrir le bord par le câble qui tirait dessus leur occasionna une voie d’eau considérable, qu’ils mouillèrent aussitôt la seconde ancre sur le pré pour tâcher de tirer la sapine à terre, mais que le devant de leur dit bateau où les câbles étaient amarrés étant venus à manquer il fut poussé par le vent et la force du courant à travers d’une barge qui était mouillée à une assez grande distance en-dessous ce qui le fit en partie couler bas. Que continuant de manœuvrer pour pouvoir se haler à terre, vu le danger où ils étaient, ils sentirent qu’il coulait tout à fait sous leurs pieds ; qu’aussitôt il fut rempli d’eau qui leur vint jusqu’à la ceinture, ce que voyant ils se mirent promptement dans la barge qu’ils avaient à côté dudit bateau qu’ils conduisaient ; que le bois de charpente s’en fut en dérive lorsque ledit bateau fut tout à fait au fond de l’eau ; qu’ils ont perdu leurs hardes et divers effets qui leurs servaient au manœuvres ; ajoutent que le matin la force du vent avait fait casser le mât de ladite barge, qu’ils n’ont pu rien sauver dudit bateau ou sapine.

14 avril 1777- Déclaration d’un noyé.A comparu le sieur Jean Robert, capitaine du bâtiment la Marie de Saint-Eustache du port de 80 tonneaux, mouillé actuellement à Coueron, assisté de Me René Odiette de La Bauche, interprète juré des langues étrangères, par le moyen duquel il nous a déclaré que samedi 12 de ce mois environ les 7 heures du soir, le nommé Jean Hoquen, matelot de son équipage, voulant aller de bord à terre eut le malheur de tomber à l’eau où il s’est noyé malgré les prompts secours qu’on lui donné sur le champ ; qu’ils l’ont repêché et mis à terre audit lieu de Coueron afin de la faire enterrer. Âgé d’environ 40 ans, d’Irlande, sans que le déclarant sache précisément de quelle ville.

9 mai 1777-Mousse jeté par-dessus le quai et mort noyéA comparu le sieur Abel Guyot, maître du bâtiment « La Samaritaine » de Nantes, actuellement mouillé au quai d’Aiguillon à l’Hermitage et en armement pour faire le voyage de Marseille avec dix hommes d’équipage tout compris, lequel nous a déclaré, que le jour d’hier rentrant à bord de son dit navire environ les sept heures du soir, plusieurs gens de son

équipage lui dirent que le nommé Yves Le Vaillant de Penerf, âgé d’environ quinze ans, l’un de ses mousses, avait été jeté de dessus le bord du quai dans la rivière par des gens de terre et s’était noyé sans qu’il eut été possible de le secourir et ajoutèrent qu’il était dessous le gaillard environ les six heures et demie du soir lorsque cet accident était arrivé, ils n’avaient point connaissance de ce qui y avait donné lieu. Que s’étant informé à d’autres matelots des navires voisins comment la chute s’était passée, un mousse du navire « la Société » capitaine François Le Cadre, nommé Maguer Questreber, lui dit qu’étant sur le bord du navire « la Samaritaine » avec le dit Le Vaillant, ils virent une petite embarcation conduite par trois jeunes gens de la ville qui naviguaient autour du dit navire et donnaient des coups de gaffe dans un bateau de pêche qui était mouillé le long du bord, que Le Vaillant et lui Maguer crièrent à ces jeunes gens qu’il ne fallait pas donner des coups de gaffe à ce bateau parce que cela l’endommagerait. Qu’ils leur répondirent des sottises et s’en dirent réciproquement ; que ces jeunes gens descendirent à terre et montèrent sur le quai, en continuant d’insulter les dits mousses et les défiants de venir aussi sur le quai, que Le Vaillant s’y rendit et aussitôt qu’il fut auprès de ces trois particuliers, l’un d’eux lui donna un coup de poing dans l’estomac et le renversa en dehors du quai dans la rivière, qu’il nagea un instant et le nommé Olivier Benoit, matelot de « la Samaritain » s’étant mis promptement dans le canot pour le secourir ne put y parvenir assez tôt, les eaux l’engloutirent dans le moment qu’il arrivait.

10 mai 1777- Déclaration d’un noyé.A comparu Louis Barraud, demeurant au Pellerin, barger, lequel nous a déclaré que montant hier l’après-midi dudit lieu pour Nantes environ les 5 heures avec une grande barge d’environ 5 tonneaux dans laquelle était des meubles qu’il apportait en cette ville et M. Taillard capitaine de navire et un anglais passagers qu’il avait pris audit lieu du Pèlerin et étant vis-à-vis et à la tête de la Basse Indre, le nommé François duret qu’il avait avec lui pour son matelot et lui aider à manœuvrer voulant larguer l’armure de la voile pour se parer d’un filet de pêcheur qui était dans l’eau afin de passer à côté et de ne le pas endommager eu le malheur de tomber à l’eau en le faisant où les courants l’ont de suite entraîné et noyé malgré l’empressement du déclarant à vouloir le sauver ainsi que ceux

qui étaient avec lui et un pêcheur qui était plus loin qui avança promptement pour lui donner secours, ce qu’ils ne purent faire ni les uns ni les autres ; que ledit pêcheur le chercha beaucoup à l’endroit et voyant qu’on ne le pouvait trouver, le comparant continua de monter à Nantes où il est arrivé entre sept et huit heures. Ledit François Duret âgé d’environ 26 à 27 ans, de taille de 5 pieds et quelques pouces, cheveux plats noirs ainsi que la barbe, en chemise ayant seulement une grande culotte de toile et bas aux jambes, ayant laissé ses sabots sans la cabane pour manœuvrer.

[Nantes, Sainte-Croix-BMS-1777] Le vingt un mai mil sept cent soixante-dix-sept, en vertu d’un permis à nous adressé par Mr le lieutenant général de l’amirauté de cette ville signé Roger en date de ce jour, a été inhumé le corps de Donatien Guilbaud, gabarier, âgé de trente ans, trouvé noyé près le quai Deurbrouq, époux de Marie Cochard.

21 juin 1777- Déclaration d’un noyé.A comparu Anne Le Fort femme de Pierre Guérin, barger, demeurant à la Haute Indre, laquelle nous a déclaré que le samedi 14 de ce mois, il y a aujourd’hui 8 jours environ les 7 heures et demie à 8 heures du soir, leur fils, nommé Pierre Guérin revenant de Couesron en passant sur l’arche de la Garenne ou l’eau était par la crue de la rivière de Loire eut le malheur de tomber à l’eau où il s’est noyé en ayant été entraîné sur le cham, au rapport fait à ladite comparante et à son mari par le nommé le valet de meunier sans qu’elle sache son nom autrement, demeurant à la Basse Indre, qui le vit tomber, étant en chemin dudit lieu de la Basse Indre à Coueron chargé d’une pochée de hardes qu’il jeta par terre pour aller à son secours mais qu’il ne put le sauver, l’eau l’en empêchant ; que depuis on n’a pu le trouver, quelques recherches que l’on fasse ; le mari de ladite déclarante étant toujours avec du monde à le chercher dans cet endroit et au-dessous l’eau ne se retirant pas encore ; qu’elle n’a pu venir plus tôt faire la présente déclaration. Ledit Pierre Guérin, âgé d’environ 30 ans, taille de 5 pieds, fort, cheveux et barbe bruns, vêtu d’un gilet brun tout neuf, une culotte de toile aussi neuve, souliers neufs, boucles et bas aux jambes.

27 août 1777- Déclaration d’un noyé.A comparu le sieur André Pineau, maître du bâtiment le « Saint Vincent » mouillé en cette rivière vis-à-vis le quai de M.

Deurbrouq ; lequel nous a déclaré que dimanche dernier 24 de ce mois pendant que lui comparant était en ville aux vêpres sur les 4 heures ou environ de l’après-midi, un petit garçon nommé Nicolas Ménard, de Noirmoutier, âgé d’environ treize ans, qui lui avait été envoyé par le commissaire de cet endroit pour l’embarquer avec lui, et qu’il avait laissé à bord avec deux hommes de l’équipage qui dormaient, disparut pendant leur sommeil à ce qu’ils rapportèrent au déclarant à son retour en son navire, que s’étant informé aux gens des bâtiments des environs s’ils auraient vu ledit enfant descendre à terre, ou tomber par accident à l’eau on leur répondit ne l’avoir aucunement vu ; que lui dit Pineau l’a cherché et fait chercher depuis ce jour jusqu’au jour d’hui sans pour le découvrir ; qu’il vient d’apprendre néanmoins qu’on a trouvé à la Basse Indre à marée montante un petit garçon noyé et entraîné par l’eau, vêtu d’un gilet d’étoffe rouge à ce qu’on lui a dit, et qui parait âgé d’environ 12 à 13 ans, qu’il présume que c’est celui qui a disparu de son dit bâtiment qui apparemment aura tombé à l’eau par accident en allant d’un endroit à l’autre du bord pendant que ses gens dormaient et aura été emporté par le courant jusqu’en cet endroit.

5 septembre 1777- Prisonnier anglais.A comparu le sieur William Chaunel, capitaine commandant ci-devant le navire nommé Ferry Boat de Londres, assisté de Me Pierre Boudet, interprète des langues étrangères par l’organe duquel il nous a déclaré être parti du port de Waterford en Irlande le 17 août passé dans le soir pour aller à Halifax et New Frendland chargé de bœuf et lard salés ; et diverses autres provisions ; que le 19 étant à environ 12 ou 13 lieues ouest sud ouest du cap dear, il fut pris par un corsaire anglo-américain nommé le « Mars » de Boston, monté de 16 canons de six sur le pont et de 8 canons de quatre sur son gaillard derrière commandé par le sieur Thomas Trenton, que son second et un matelot furent laissées dans le bâtiment du déclarant qui avec le reste de son équipage furent mis à bord dudit corsaire, et après avoir donné des instructions au capitaine de la prise ils envoyèrent ledit bâtiment le « Ferry Boat » à Boston. Déclare ledit sieur comparant que le 23 dudit mois ledit corsaire prit un bateau qui allait de Cadix à Glasgow et les envoyèrent pareillement à Boston, et le 28, ils prirent aussi le brick nommé « Marguerite et Marry » commandé par

le capitaine James Keinis qi venait d’Halifax et allait à Londres ; qu’alors le sieur capitaine Thomas Trenton fit appeler le déclarant à sa chambre et lui dit que cette prise allait à Nantes, qu’il avait la liberté d’en profiter pour aller en France, ce qu’il accepta le 31 dudit mois passé ; qu’il entra dans ledit bâtiment le 1er de ce mois en cette rivière et mouilla à Paimboeuf, que de là il est venu en cette ville pour faire la présente déclaration.

15 septembre 1777- Bâtiment touchéA comparu Jean Benoît, maître du chasse-marée le « Saint Jean » de Lorient, lequel nous a déclaré qu’étant chargé de charbon pour la destination de Brest et descendant la rivière hier à 4 heures après-midi à la marée étant dans le chenal ordinaire vis-à-vis l’arche de Chezine et ayant à bord pour pilote le nommé François Mocquard, barger de la Haute Indre qu’il avait pris à défaut de pilote ; il eut le malheur de toucher sur l’ancre d’un navire appartenant au sieur Viau dont il ne sait par le nom, mouillée droit dans le chenal et dont on n’apercevait point la bouée qu’on n’a pu voir qu’à marée basse y ayant même encore 5 à 6 pouces d’eau dessus vers les onze heures moins un quart de la nuit passée qui creva son bâtiment par-dessous et lui fit faire beaucoup d’eau et couler en partie bas à moins d’une demie heure, ce que voyant ils se mirent promptement à pomper et à mettre une ancre dehors afin de tâcher de se parer de dessus celle-là, que l’eau les gagnant, il travailla de suite à sauver des cafés, drogueries, librairies, faïenceries et autres marchandises sèches ; avant qu’elles fussent atteintes d’eau qui montait déjà au-dessus du charbon ; qu’il appela plusieurs personnes à son secours pour l’aider ; ainsi qu’à relever son dit bâtiment s’il était possible, que le sieur Passart, maître de quai lui ayant vitement envoyés deux gabareaux avec du monde et de pelles, ils commencèrent aussitôt à décharger dudit charbon jusqu’à environ 10 tonneaux, que l’eau les gagnant ils ont cessé une heure après minuit de ce matin, que la marée revenant devers viron les trois heures, ils ont porté une aussière à terre afin de pouvoir se retirer du chenal mais qu’il n’y a eu que la partie du derrière de son bâtiment qui a un peu bougé, l’autre partie du devant étant tenue par l’ancre qui est entrée dedans, qu’il est actuellement tout rempli d’eau sans espoir même d’en retirer le restant du charbon ; que néanmoins à la marée basse, s’il lui

est possible d’avoir deux gabarres, il tâchera d’en retirer le reste du chargement.

16 septembre 1777. - Déclaration d’un noyé.A comparu le Sieur Reyer Durks, flapeer, maître du bâtiment le « Jeune Dirke » de Workum en Frise, assisté de Me Bouvet, interprète juré des langues étrangères, par l’organe duquel il nous a déclaré que le quatorze de ce mois se disposant à descendre son navire de Chezine à Coueron où il est actuellement mouillé, et faisant à cet effet les préparatifs nécessaires, le nommé Pieters Jans, natif de Frisland, âgé de 22 ans, matelot, monta sur le devant du navire pour y faire une rousture sur le câble d’une des ancres qui était sur le devant et après qu’il eut fait cette opération, en rentrant dans le navire, le pied lui manqua et il tomba à l’eau, que lui et son équipage s’empressèrent à le secourir, mais ils ne purent y réussir. Ledit matelot étant coulé à fond et n’ayant pas reparu sur l’eau ; que le jour d’hier ayant entendu dire qu’on avait trouvé le cadavre d’un homme noyé à Roche Marie, il s’y transporta sur le champ et il reconnut que c’était celui dudit Pieters Jans, tant à sa figure qu’aux vêtements qui le couvraient qui consistent en une grande culotte de toile, un gilet et autres hardes de travail.

27 septembre 1777- Bateau couléA comparu Jean Tiron, maître du bâtiment du Saint-Joseph Marie de Méan du port de 28 tonneaux, lequel nous a déclaré qu’il partit de Saint-Gilles le 6 de ce mois pour venir à Nantes chargé de cendres de goémon ; que le 7 étant en grande rade il fit examen de sa colle par une ouverture aux planches de sa chambre et s’aperçut qu’il y avait beaucoup d’eau dans le trou où elle s’aperçoit, quand le bâtiment fait de l’eau ; qu’il travailla promptement à pomper, que voyant que la pompe n’arrangeait pas et soupçonnant d’avoir une voie d’eau, il fit route pour l’étier de Méan, les vents étant pour lors de la partie d’est-nord-est où il put entrer le 8, que s’étant fait accoster de deux chaloupes de Méan qui vinrent à son secours ; il fit pratiquer des ouvertures en formes de sabords pour y passer des câbles à l’aide desquels le bâtiment se soutint entre deux eaux ; et fit faire la déclaration de cet événement le 9 à Saint-Nazaire ; que les chaloupes qui accostaient la sienne n’ayant pu la lever, il la déchargea à basse marée dans lesdites chaloupes ; d’environ le tiers de son

chargement. Que la marée étant revenu son dit bâtiment coula tout à fait bas, l’eau passant dessus, qu’il a resté dans cet état jusqu’au 17, malgré l’allégement qu’on y avait fait ; que ledit jour 17, il se ressaisit sur lesdites chaloupes, plaça des matures en avant, au milieu et en arrière, qu’outre la manœuvre qu’il avait fait faire en ouvrant des sabords, il leva à tribord et à bâbords de son grand beau les planches du pont pour saisir les mâtures et par ce moyen parvint à s’échouer à l’endroit que dans l’effort des allèges ou des mâts de 54 pieds s’enlisa à 15 pieds de son petit bout, qu’il a été obligé de prendre à son compte en en payant la valeur ; que le 18 il fit creuser les vases à bâbord de la chaloupe pour trouver la voie d’eau, que le nommé Pierre Geffroi, charpentier présent qu’il avait appelé ; la visita et y fit les réparations nécessaires pour se remettre en état de suivre sa destination ; que la cendre ou matière de goémon qui composait son chargement a été dissoute par l’eau et fort avariée et est devenue en vase et boue ; que la voie d’eau qu’il avait, était occasionnée par un bout de bordage de la longueur de 2 pieds sur 8 pouces de largeur, à quinze pieds de l’étrave à bâbord et à six bordages de la quille qui était éclaté et que ledit Geoffroi charpentier a été obligé de lever et d’y appliquer un appareil pièce de bois qu’il y a cloué ; qu’il y avait en outre dudit côté de bâbord un éclat en la couture d’un autre bordage de la longueur de 8 pouces sur un pouce environ de largeur ; où il manquait de l’étoupe, qu’étant réparé le mieux possible, il a repris lesdites cendres de goémon et a reparti dudit endroit le 23.

6 octobre 1777. NoyadeOnt comparu les nommés Alain Lamer et Michel Lesaut, second capitaine et matelot sur le bâtiment le « Saint Laurent » de Morlaix, actuellement mouiller au quai de cette ville vis-à-vis le sanitat, en chargement pour Saint-Brieuc. Lesquels nous ont déclaré que le sieur Jacques Lamer, capitaine dudit bâtiment, étant disparu le jour de hier du bord, environ les 5 heures et demie du matin ; un particulier d’un bâtiment mouillé à peu de distance du leur, leur dit qu’il avait entendu tomber quelqu’un dans l’eau ; mais qu’il ne savoir pas trop de quel bâtiment c’était ; que soupçonnant que ce pouvait être ledit Lamer sur ce qu’il n’était point à bord et qu’il ne devait pas en être sorti à leur insu ; qui apparemment était tombé par malheur du bord à l’eau en se mettant pour

quelques besoins naturel, dont il était souvent pressé, étant incommodé depuis quelque temps. Qu’ils se mirent aussitôt à le chercher autour de leur dit bâtiment sans avoir pu réussir à le trouver parce que les courants et la force de l’eau l’auront entrainé de suite.

31 octobre 1777- NoyadeA comparu Jean Bibont, maître du bâtiment la « Marie Angélique » de Rhuys. Lequel nous a déclaré que le jour d’hier son bâtiment étant mouillé près la Machine, un de ses matelots, nommé Pierre Dion, âgé d’environ 27 ans, natif de la paroisse de Sarzeau en Rhuys, rentrant à bord environ les huit heures et demie, tomba dans la rivière en marchant sur une planche qui était sur le bord du quai pour servir de pont, que les gens de l’équipage firent sur le champ les plus exactes recherches pour le sauver, mais ils ne purent le trouver.

18 novembre 1777- NoyadeOnt comparu Joseph Legain, Jean Baval, Joseph Dréa, maître et matelots du bâtiment la « Marie Joseph » de Rhuys, du port de 90 tonneaux, venant de Brest. Lesquels nous ont déclaré qu’étant à Indret où leur bâtiment est en chargé de bois de construction pour ledit lieu de Brest, hier sur les 7 heures du matin comme ils s’allaient mettre à travailler, ils appelèrent le nommé René Blanchet qu’ils ne voyaient pas et sur ce qu’il ne répondait pas lui Dreano fut voir à sa cabane où il ne le trouva point ; mais seulement ses hardes et souliers ; qu’ils présument les uns et les autres qu’il a pu se lever dans la nuit pour quelques besoins naturels et qu’il aura tombé à l’eau sans qu’on l’ait entendu ; s’étant couché à leur connaissance dimanche au soir dès six heures à six heures et demie du soir et se sera trouvé emporté par le courant et noyé. Ayant aussitôt cherché dans leur autour de leur bâtiment et même au-dessous et vers la terre. Ledit René Blanchet était âgé d’environ 38 ans, de moyenne taille, cheveux et barbe blonds châtains et ne doit avoir sur son corps que sa chemise blanche et une culotte de peluche bleue et demeurait à Sarzeau.

30 décembre 1777-Information sur des navires anglais croisant au large de Belle-ÎleA comparu Jean Martin Dionie, maître du chasse-marée le « Saint Jean-Baptiste » de Belle-Île, du port de 12 tonneaux et le sieur Arnaud Bon, aubergiste audit Belle-Île, passager sur

ledit chasse-marée ; lesquels ont déclaré être partis dudit lieu vendredi dernier 26 de ce mois pour venir à Nantes, et qu’il y avait sous Belle-Île 4 frégates anglaises dont deux de 36 canons et deux de 26 et un sloop mouillés depuis le 24 ; qu’au surplus ils ont appris avant leur départ par les pilotes lamaneurs qu’il y avait trois vaisseaux anglais armés en guerre qui croisaient dans le O.S.O. de Belle-Île et qu’il y a environ trois semaines que deux corsaires dont un de 24 canons et l’autre de 6 s’approvisionnèrent audit lieu et y étaient restés 8 à 10 jours. Ajoute ledit sieur Bon qu’un des capitaines desdits bâtiments était chez lui, dit avoir des ordres de visiter tous les bâtiments français allant et venant de l’Amérique et d’arrêter ceux qui se trouveraient chargés de munitions de guerre et de denrées provenant du cru de l’Amérique anglaise.

8 janvier 1778- Bâtiment pris par un anglo-américainA comparu le sieur Thomas Riches, ci-devant capitaine du bâtiment la « Marie » de Yarmouth du port de 120 tonneaux assisté de M. René Odiette de la Bauche interprète juré des langues étrangères par l’organe duquel il nous a déclaré qu’il partit de Malaga le 21 8bre de l’année dernière chargé de 465 caisses de citrons et 700 potiches et boites de raisins pour la destination de Londres. Qu’après différents vents et temps, se trouvant le 23 9bre suivant par les 47 degrés de latitude nord et par les 14 degrés et ½ de longitude, il fut pris par un navire anglo-américain nommé le « Ranger » armé de 18 canons, de 6 pierriers et de 140 hommes d’équipage commandé par le sieur John Paul Jones, qui le fit transférer à bord de son dit navire où il fut fait prisonnier, qu’ils arrivèrent dans la rivière de Loire le 2 de décembre dernier, qu’il fut toujours depuis ce temps retenu prisonnier à bord dudit navire jusqu’au 3 de ce présent mois de janvier, qu’il se jeta à la nage pour se sauver à terre ; ajoute ledit comparant que son bâtiment pris entra dans cette rivière quelques jours après et qu’il l’a ensuite vu ressortir sans qu’il sache où les américains l’ont conduit.

18 février 1778- Bateau coulé basOnt comparu Pierre Simoine père et Pierre Simoine fils, demeurant ordinairement à Saint-Clément en Anjou, venus en cette ville avec leurs bateaux chargés de grains, lesquels nous ont déclaré qu’ils sont arrivés en ce port le 9 de ce mois et qu’étant ce jour entre une heure et deux heures à décharger

celui nommé « Soubre grand » bâteau de chêne, chargé de 24 fournitures de seigle mesure de Saumur, d’envoi des soiers Gautier le jeune et fils aîné, négociants aux Rosiers pour le compte et à l’adresse du sieur Fescorde suivant la lettre de voiture du 22 décembre, mouillé en cette rivière vis-à-vis le quai du sanitat un peu au-dessus où il avait baissé par ordre dudit sieur Fescardode avec un de ses chaland mâté où étaient 9 fournitures de seigle pour la même destination avec des mesureurs dans une gabarre mouillée à côté dans laquelle on le jetait de son bord dedans pour en faire le mesurage ; il aurait fondu tout à coup comme s’il eut été crevé en-dessous ou que quelque cordage des bâtiments mouillés là en flottant contre en eusse enlevé bâbord d’une planche dessous ce qu’on n’a pu aucunement voir. L’accident étant arrivé si subitement qu’on n’a pas eu le temps d’en rien sauver ; ce qui est arrivé après avoir ôté environ 6 à 7 tonneaux plus ou moins qui devait être mis en total dans la gabarre ci-dessus dite mouillée à côté pour ensuite y être mesuré par ordre dudit sieur Frescorode et versé dans la barque « l’Aimable Anne Jacquette » dont est maître Milbeau, mouillé avis le quai de Lavererie ; que ce malheureux événement est arrivé au moment de l’allonger pour décharger du devant ; s’apercevant alors que ledit bateau s’emplissait d’eau par le fond sur le devant qui l’a fait couler à fond tout subitement avec le restant du seigle qui a été à l’instant tout couvert d’eau ainsi que le bateau.

4 mars 1778- NoyadesA comparu François Semire maître du bâtiment le …. De 28 tonneaux. Lequel a déclaré que son bâtiment est mouillé près la Machine depuis son arrivée de Brest il y a environ quinze jours, que hier au soir sur les 5 heures du soir, il fut à l’Hermitage avec deux hommes de son équipage nommés Noël Jaffrey et Joseph Portanguen de la paroisse du Port-Louis, chercher un canot, qu’il avait acheté d’un constructeur, que lorsqu’ils remontaient la rivière pour se rendre au bord de son navire et en étant peu éloignés le courant porta le canot sur l’étrave d’un chaland qui se trouvait mouillé là, et malgré tous leurs efforts le canot fut coulé à fond et vu lesdits Jaffrey et Portanguen, et lui comparant ayant eu le bonheur de s’accrocher au chaland, fut retiré par les gens qui étaient dedans, mais qu’il fut impossible de sauver les autres qui ne reparurent point sur l’eau.

4 avril 1778- NoyadeOnt comparu Nicolas Herviau, maître du bâtiment le « Saint-Charles » de Lorient actuellement mouillé au quai de cette ville près la Machine, Mathurin Cosson et Jean Tiobé, matelots du même bâtiment, lesquels nous ont unanimement déclaré que hier environ 8 heures du soir le nommé Nicolas Breuret, matelot dudit équipage venant de terre et voulant retourner à leur bord aurait eu le malheur de tomber à l’eau, le pied lui ayant manqué en mettant le pied d’un bord à l’autre des bâtiments mouillés auprès du sien pour y parvenir ; que lui Tiobé l’ayant vu tomber aurait promptement appelé du monde desdits bâtiments et seraient mis de suite à le repêcher sans qu’ils aient pour y parvenir, le courant l’ayant apparemment entraîné et noyé aussitôt sa chute ; ou se sera trouvé emporté ou embarrassé en-dessous de quelque bâtiment. Ledit Breuret, âgé d’environ 22 à 23 ans, de la paroisse de Riantec près Lorient, de petite taille, cheveux et barbe noirs, habillé d’un gilet bleu, grande culotte de toile, jambes nues avec des souliers boules de boucles dont ils ne se rappellent point l’espèce.

4 avril 1778-NoyadeA comparu Christophe Pajot maître de la gabare le « Saint Jacques » de cette rivière, demeurant île Feydeau, paroisse de Sainte-Croix. Lequel a déclaré qu’environ heure après-midi de ce jour, les nommés Georges Imbert et Gabriel, compagnons et sa gabare étant à hisser la voile de ladite gabare mouillée à Chezine à l’effet de l’a conduire à l’île Feydeau. Ledit Georges Imbert est tombé dans l’eau, qu’à l’instant de sa chute plusieurs canots et toues se sont mis en devoir de la pêcher, mais malgré toutes les perquisitions qu’on a pu faire, il n’a pas été possible de le trouver.

8 avril 1778- Toue couléeA comparu Simon Fouillard, maître de bateaux, demeurant ordinairement Arbret près Tours, actuellement à Nantes dans les bateaux mouillés en cette rivière au quai de la Fosse vis-à-vis la Croix des Capucins. Lequel nous a déclaré après son serment pris, qu’étant mouillé auparavant un peu plus haut qu’il est présentement ce jour environ les 7 heures du matin la gabare du nommé Legé qui descendait la rivière l’aurait

abordé en se mettant en travers l’étiage de ses bateaux et a fait couler à fond une petite toue attachée à l’appui du cul d’un de ses bateaux, l’ayant totalement crevée et brisée tellement qu’elle est au fond de l’eau sous une autre gabare mouillée près de ses dits bateaux et resté pendante à l’amarre ou commande qui la tenait à son dit bateau, que dans cet abordage ladite gabare a entraîné les bateaux dans l’endroit où ils sont maintenant, lesquels ont aussi entraîné d’autres par cet effort leurs ancres ayant chevalé.

22 avril 1778- NoyadeA comparu François Reto maître du vaisseau le « Corsaire » de Redon mouillé vis-à-vis les Salerges neuves à Chesine, lequel a déclaré, que le 18 de ce mois à huit heures du soir, le nommé Nicolas Derau, matelot de l’île d’Ars revenant à bord dudit bâtiment le « Corsaire », avec le canot, tomba dans la rivière en passant sous une amarre, et quelques secours qu’on put lui porter, il ne fut pas possible de le sauver parce qu’il ne parut plus. Ajoute que dans le jour il lui avait donné dix écus, qui lui étaient dû pour son voyage de Redon en cette ville, laquelle somme il doit avoir sur lui, qu’il est vêtu d’une grande culotte de toile, un gilet blanc et un paletot bleu, qu’il est âgé d’environ 48 ans, de la taille de 5 pieds, cheveux noirs.

23 avril 1778- Noyade d’un enfantA comparu Raimond Roi, maître du bâtiment la « Comtesse de Cabarra », mouillé en cette rivière vis-à-vis l’arche de Chezine, lequel nous a déclaré que mardi dernier 21 de ce mois étant lui déclarant aux vêpres dans la chapelle du Sanitat. Son fils nommé Pierre Roi, âgé de viron 10 ans voulant vider l’eau qui était dans leur canot tomba par malheur en la rivière où il fut aussitôt entraîné par le courant et noyé malgré les soins que lui donna promptement son autre fils qu’il avait aussi laissé à bord pour le repêcher sans y avoir pu parvenir, ce que lui comparant fit aussi s’étant rendu vitement à l’endroit dès qu’il en fut averti ; que depuis il a fait tout ce qu’il a pu à l’aide de plusieurs personnes et de ses gens pour le trouver et n’ont encore pu réussir parce qu’il se sera apparemment trouvé engagé sous quelque bâtiment ou que la force du courant l’aura entraîné bien loin. Que son dit enfant est de taille de 3 pieds et demi aux environs, vêtu d’un gilet brun, grande

culotte de toile, bas rouges aux jambes, chevelure rousse, marqué de petite vérole.

17 juin 1778- NoyadeOnt comparu les nommés Charles Buron et Jean Pesneau, maître et aide de gabare, demeurant l’un et l’autre au village du Chesne paroisse de Vertou, lesquels nous ont déclaré qu’environ les 3 heures de l’après-midi de ce jour étant mouillés avec leur gabarre au quai du Plessis île Gloriette, chargée de port à forme pour un navire mouillé à Paimboeuf, le nommé Jean Mercereau, âgé d’environ 38 à 40 ans, aussi aide de gabare avec eux, aurait eu le malheur de tomber à l’eau en amarrant un bout de corde pour mettre leur nuit, où il s’est noyé malgré les empressements des déclarants à lui donner du secours, la crue d’eau qu’il y a en rivière l’ayant apparemment entraîné aussitôt, qu’ils ont travaillé à la repêcher eux et plusieurs autres personnes qui sont promptement venus les aider avec araignée et filet sans avoir pu le trouver. Ledit Mercereau de taille de 5 pieds 4 pouces, cheveux châtains et barbe de même couleur, habillé et couvert seulement de sa chemise, d’une grande culotte de toile, bas bruns aux jambes et souliers bouclés de bloucles de plomb, ayant la jambe gauche un peu torse.

22 juin 1778- NoyadeA comparu Jean Charles maître du bâtiment le « Saint Alexis » de Lorient, du port de 40 tonneaux venant de Lorient, actuellement mouillé au quai de la Fosse près la Machine, lequel nous a déclaré que le nommé Louis Inquielo, âgé de 50 ans, matelot de son équipage en rentrant à bord samedi dernier environ les onze heures et demie du soir eut le malheur de tomber à l’eau en passant sur une planche qui prenait de la terre sur une des gabares mouillées entre son bâtiment et le quai et s’est noyé n’ayant été vu tomber par personne. Que le jour de hier il fut trouvé et retiré de l’eau vers les onze heures du matin.

30 juin 1778- NoyadeA comparu Arnaud Dutreuil, maître du vaisseau le « Saint-Louis » de Bordeaux, mouillé à Chezine. Lequel nous a déclaré que sur les trois heures, en déchargeant des effets d’une gabare, dans ledit bateau le nommé Pierre Guinodeau de

Lusson, âgé d’environ 15 ans, mousse, est tombé dans la rivière entre ladite gabare et le bâtiment qu’on a fait toute diligence pour le pêcher et environ une demi-heure après on l’a retiré avec des gaffes, qu’on l’a mis sur le pont et on a essayé de le faire revenir, mais il n’a donné aucun signe de vie ayant vraisemblablement été étouffé entre les deux bords et dans l’eau.

7 août 1778- NoyadeA comparu Pierre Subileau, barger, demeurant au Pèlerin. Lequel nous a déclaré que le jour d’hier sur les cinq heures du soir le nommé Pierre, garçon de sa barge qui était à son service depuis la Saint Jean et qu’il croit être de la paroisse de Héry sans connaitre son nom de famille ni ses parents, âgé d’environ 18 ans, de la taille d’environ 5 pieds, visage brun et rond, cheveux châtains, tomba dans la rivière un peu en poussant au large pour aller à bord d’un navire hollandais, mouillé à Coueron conduire deux passagers, qu’il fit son possible avec le canot du navire hollandais pour le sauver mais tous les soins qu’ils prirent furent inutiles, cet homme n’ayant point paru au-dessus de l’eau. Ajoute qu’il était vêtu d’un chemise, d’une culotte d’étoffe et une grande culotte de toile avec des bas.