claude zilberberg, un nouveau paradigme sÉmiotique?

13
Driss Ablali, Sémir Badir et alii ANALYTIQUES DU SENSIBLE Pour Claude Zilberberg Lambert- Lucas Ll.YIOGES

Upload: univ-lorraine

Post on 06-Apr-2023

0 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Driss Ablali Seacutemir Badir et alii

ANALYTIQUES DU SENSIBLE Pour Claude Zilberberg

Lambert- Lucas LlYIOGES

12

CLAUDE ZILBERBERG

UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE

Driss ABLALI

Le passage du continu au discontinu est bien ce en quoi consiste de tregraves haut le problegraveme du langage

Valeacutery Cahiers Ill 50

Le titre que nous avons choisi nest pas ambigu en tous cas ne soushyhaite pas lecirctre Il ne sagit pas de proceacuteder au deacutenombrement de tous les paradigmes seacutemiotiques et de montrer comment celui de Zilbershyberg sil en est un s en distingue Tout le monde le sait la seacutemioshytique de Greimas et de son eacutecole est la seule seacutemiotique en France agrave avoir un grand passeacute theacuteorique derriegravere elle eacutetendu sur presque un demi-siegravecle Il y avait l eacutepoque de la narrativiteacute de la discursiviteacute des passions de la cognition et depuis le deacutebut des anneacutees quatre-vingtshydix de la pheacutenomeacutenologie Nous ne parlerons pas non plus de tous les tournants et nous bornerons au dernier Que middotse passe-t-il depuis plus dune deacutecennie en seacutemiotique en particulier et sur la scegravene des sciences du langage en geacuteneacuteral pour voir autant de theacuteories recourir agrave la pheacutenomeacutenologie pour leacutetude de la langue et des textes Comment se fait-il que le tournant pheacutenomeacutenologique ait eacuteclateacute comme le tonshynerre dans le ciel jusque lagrave serein de la seacutemiotique Peut-on y voir un projet qui consiste agrave donner agrave nouveaux frais une reacuteponse linguistique et seacutemiotique au vieux problegraveme philosophique des rapports entre lacircme et le corps Les travaux de AJ Greimas de J Petitot de J-Cl Coquet P Ouellet et de J Fontanille revendiquent des concepts pheacuteshynomeacutenologiques La foudre a frappeacute jusquaux rivages de la seacutemanshytique comme en teacutemoignent les travaux de P Cadiot et J-M Visetti ougrave les reacutefeacuterences aux theacuteories gestaltistes et aux pheacutenomeacutenologues de

196 DRISS ABLALl

la perception saffichent comme une assise fondamentale de leur theacuteoshyrie des laquo fonnes seacutemantiques raquo

Restons dans la seacutemiotique On observe depuis le deacutebut des anneacutees quatre-vingt-dix une tentative dallonger le chapelet theacuteorique lamshybition de creacuteer un nouveau paradigme pheacutenomeacutenologique loin des postulats du structuralisme de la linguistique et de la logique forshymelle Nous tenons agrave rappeler que cette rencontre avec la pheacutenomeacuteshynologie eacutetait pour la seacutemiotique un renfort de poids pour y prendre de leacutelan y retrouver de nouveaux concepts qui aident agrave frayer le chemin dun accegraves agrave des niveaux danalyse trop compliqueacutes pour que la seacutemiotique du discontinu (Ablali 2003) puisse en rendre compte

Pour cemer de plus cette relation entre seacutemiotique et pheacutenomeacutenoshylogie et ensuite entre la seacutemiotique pheacutenomeacutenologique et la seacutemioshytique tensive de Zilberberg nous proceacutederons en trois temps dabord le cadre eacutepisteacutemologique de cette rencontre avec la pheacutenomeacutenologie puis un rapprochement entre les travaux de Husserl et Merleau-Ponty dune part et ceux des seacutemioticiens dautre part afin de voir les reacuteshypercussions de ce genre de conceptualisation sur la question du sens Cest agrave ce moment-lagrave que nous ferons appel au paradigme tensif dom Zilberberg est le preacutecurseur pour tenter de comprendre lequel des deux convient agrave la seacutemiotique elle qui se veut textuelle Nous terminerons sur les diffeacuterences entre ces deux paradigmes lesquels nous tenons agrave le rappeler quitte agrave anticiper sont tous les deux continuistes sauf que la paradigme pheacutenomeacutenologique procircne un accegraves agrave lamont du sens par le biais dune heuristique non linguistique alors que le paradigme tensif revendique aussi une base continuiste mais pour deacutevelopper une acception linguistique du discours

On peut regrouper non sans risques en deux axes les grandes eacutetapes dans la conceptualisation de la seacutemiotique franccedilaise dobeacuteshydience greimassienne une seacutemiotique du discontinu et une seacutemioshytique du continu La premiegravere qui va des anneacutees soixante jusquagrave la fin des anneacutees quatre-vingt avait pour objectif de mettre en place avec comme toile de fond la penseacutee de Propp et de Hjelmslev les principes dorganisation de tous les discours nanmiddotatifs asseoir une grammaire universelle du discontinu sous forme de scheacutemas narratif theacutematique et discursif de fonctions solidaires et invariables La recherche s est focaliseacutee sur 1laquo actantialiteacute raquo la laquo structure eacuteleacutementaire raquo les laquo moshydaliteacutes raquo le laquo parcours geacuteneacuteratif raquo les laquo isotopies raquo leacutenonciation et les passions Lanalyse seacutemiotique des texte dans ses diffeacuterentes substances devra donc deacutefinir les structures immanentes de la signishyfication conccedilues comme un construit et non comme un donneacute Les textes sont confineacutes dans leur logique inteme coupeacutes des deacuteterminashytions exogegravenes Limmanence reacutegnait en force

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 197

Icur theacuteo- Trente ans plus tard Greimas convaincu des laquo limites du corps et de lesprit raquo juge indispensable ] intelTogation des laquo preacuteconditions de

1es anneacutees la signification raquo source de toute discontinuiteacute en prenant le texte lamshy dans son eacutetat ab quo en se posant des questions comme D ougrave

loin des viennent les modaliteacutes Quelle est leur source Comment s opegravere le ~ ique forshy passage aux valeurs et aux sujets Il fallait donc preacutevoir les preacutecondishypheacutenomeacuteshy tions anteacuterieures au laquo carreacute seacutemiotique raquo et aux laquo modaliteacutes raquo dougrave la

dre de neacutecessite deacutelargir le compas theacuteorique Jambition de creacuteer un noushy hemin veau paradigme continuiste loin des postulats linguistiques que la

ur que la seacutemiotique revendiquait jusque lagrave -c

tDomeacutenoshy LE PARADIGME PHEacuteNOMEacuteNOLOGIQUE

la seacutemioshy Une fois ces deux axes reacutesumeacutes quoique de faccedilon hasardeuse nous d abord commenccedilons par une question Pourquoi ce vif inteacuterecirct pour la pheacuteshy

--nologie nomeacutenologie Profond renouvellement eacutepisteacutemologique donc Ce qui

I-Ponty tient ensemble agrave 1heure actuelle une bonne partie des multiples proshy

llr les reacuteshy grammes de recherche que lon regroupe sous le nom de laquo seacutemiotiquedll sens du continu raquo cest le travail philosophique qui est fait agrave leur propos

if dont Sans la pheacutenomeacutenologie il ny aurait pas de seacutemiotique du continu l des deux Cest elle qui systeacutematise discipline et regravegle lheuristique de base qui mllneron reacutegit actuellement les travaux en seacutemiotique Mais il ne faut pas

loublier cette rencontre avec la pheacutenomeacutenologie ne date pas dhier elle remonte aux anneacutees cinquante Depuis son article sur Saussure Greimas (1956) manifeste un grand inteacuterecirct pour la litteacuterature pheacutenoshymeacutenologique La chose se confirme dans Seacutemantique structurale Le nom de Merleau-Ponty abordeacute pour la question de la laquo perception raquo domine les premiegraveres pages deacutepassant mecircme celui de Saussure et de

_rande~ Hjelmslev Au-delagrave de la valeur statistique on y lit dabord un choix

_ d obp shymeacutethodologique et heuristique Mais ce que Greimas ny allegravegue pas dune maniegravere explicite lorsqu il aborde le problegraveme de la perception cest quil ya deux faccedilons denvisager cette derniegravere soit on la cerne en amont comme le fait le pheacutenomeacutenologue soit on la cerne en aval cest la tradition saussurienne Sans exclure la premiegravere voie Greimas sengage reacutesolument dans leacutetude de la nature discregravete des eacuteleacutements constitutifs de la signification Au lieu decirctre attentif agrave l expeacuterience perceptive il leacutecarte au profit de lobjet perccedilu comme lexplique clairement ce passage de Seacutemantique structurale

La question de savoir si les eacuteleacutements des signifiants sont discrets ou non anteacuterieurement agrave leur perception relegraveve des conditions de leacutemission de la signification que nous ne pouvons pas nous permettre danalyser (Greishymas 1966 12)

Mais apregraves la peacuteriode dite structuraliste beaucoup de problegravemes 5ont resteacutes non reacutesolus Au milieu des anneacutees quatre-vingt des deacuteplashy

198 DRISS ABLALI

cements dinteacuterecircts se sont produits sur la scegravene des sciences du lanshygage La linguistique a bien enterreacute le comparatisme et l histoire agrave cause de la doxa des universaux et du cognitivisme Le spectre du cognitivisme hantait toutes les sciences de luniversiteacute Aucune discishypline na pu reacutesister aux theacuteories cognitives pour sattirer les bonnes gracircces de lesprit nouveau Du coup les structures qui laquo ne pouvaient pas descendre dans la rue raquo sont devenues dynamiques les theacuteories de lauto-organisation procircnent que les systegravemes sauto-organisent et lavegravenement des sciences cognitives remettait en question ce qui resshytait de 1heacuteritage structuraliste Bien eacutevidemment la seacutemiotique ne pouvant pas rester indiffeacuterente agrave ces changements va rencontrer vers le deacutebut des anneacutees quatre-vingt-dix de nouvelles questions et de nouveaux centres dinteacuterecircts qui vont leacuteloigner de ses origines linshyguistiques et textuelles Dougrave lapparition dune nouvelle probleacutemashytique en seacutemiotique appeleacutee laquo continue raquo Ainsi ce qui a eacuteteacute eacutecarteacute dans Seacutemantique structurale simpose maintenant avec force sur le devant de la scegravene seacutemiotique

Si le dialogue avec la pheacutenomeacutenologie est resteacute pendant longtemps en seacutemiotique un sujet tabou Greimas au fur et agrave mesure quil eacutelargisshysait leacutechafaudage de la demeure seacutemiotique incorporait des concepts pheacutenomeacutenologiques sur le laquo simulacre raquo les laquo passions raquo la laquo pershyception raquo et la laquo protensiviteacute raquo Les travaux de 1-Cl Coquet vont aussi dans ce sens Lauteur de La Quecircte du sens est lun des premiers seacuteshymioticiens de lEcole de Paris agrave avoir oseacute lever le tabou de la reacutealiteacute et de la substance dans son approche eacutenonciative du discours en proposhysant le point de vue de laquo la pheacutenomeacutenologie appliqueacutee agrave la linguisshytique et agrave la seacutemiotique Sa tacircche est de mettre en lumiegravere lactiviteacute parlante comme disent les linguistes cette activiteacute quon ne peut dissocier de la reacutealiteacute du discours et de ses instancesraquo (1997 1)

Plusieurs des voies de recherche qui sont avanceacutees par ladite laquo nouvelle seacutemiotique raquo visent agrave bacirctir un autre monde du sens gisant derriegravere les structures seacutemio-narratives celui du procegraves deacutemergence de la signification procegraves qui aurait tendance agrave en croire les seacutemiotishyciens agrave se manifester dans le texte tout autant que les structures seacutemio-narratives elles-mecircmes Ce procegraves n est autre que ce que Merleau-Ponty appelle laquo leacutetat naissant raquo la couche primordiale ougrave naissent les ideacutees comme les choses cest-agrave-dire la maniegravere fuyante d apparaicirctre la substance en train de devenir forme - la laquo qualiteacute de substance raquo dirait Hjelmslev 1laquo eacuteveil du percevoir raquo selon Valeacutery Aussi bien Husserl que Merleau-Ponty insistent sur le laquo revenir aux choses mecircmes raquo mais que signifie exactement cette notion de laquo choses mecircmes raquo chez les deux philosophes les plus citeacutes par Greimas Et quelle est sa relation avec la notion de laquo preacuteconditions

CLAUDE ZI LBLRBEJ

de fa signification dans un travail paru dans les deacuteveloppem les laquo choses mecircme~

ception revenir aux avant la connaissaJ1c duquel toute deacutetemu pendante raquo (Merleau-Plt

Cette influence de 1 tique greimassienne lgt

que la seacutemiotique a aux laquo choses mecircme comme celle daller tions preacutealables agrave sa n Fontanille

du flou originel el

et son laquo actual iS311 preacuteconditions eacuteplgtl~

Il)

Agrave cet eacutegard les d naviguent de consef prend appui sur la pe1

une phase vague cl

entiegraverement mais sujet et du monde qw 1

indissolublement lie ci 1991 26) comme 1 Cest ce que Valeacutery (15

Dans cette approc discours de la phenonl perceptive le SUJ l1 nj

conscience decirctre 1 choses non vues el

est toujours limiteacutee rience perceptive il f perccedilois Et cest pour celui du rappolt laquo n eacutecrire le sensible a sentir tandis que le et du sujet il e~ t lui connaissent pas de dl fusion Greimas e l FOI qui laquo nest pour le m

scegravene des sciences du lanshyomparatisme et lhistoire agrave ognitivisme Le spectre du

l universiteacute Aucune discishymiddotes pour sattirer les bonnes

structures qui laquo ne pouvaient dynamiques les theacuteories

legravemes sauto-organisent et ugraveait en question ce qui resshydemment la seacutemiotique ne cements va rencontrer vers nouvclles questions et de

bull -Joigner de ses origines linshyd unc nouvelle probleacutemashy

-insi ce qui a eacuteteacute eacutecarteacute menant avec force SUr le

resteacute pendant longtemps 1 agrave mesure quil eacutelargisshy

e incorporait des concepts bull les laquo passions raquo la laquo pershy

de J-C1 Coquet vont aussi 1 lun des premiers seacuteshy

er le tabou de la reacutealiteacute et ive du discours en proposhy_le appliqueacutee agrave la linguisshyIre en lumiegravere lactiviteacute

__ C activiteacute quon ne peut

cesraquo (1997 1) o nt avanceacutees par ladite

mn monde du sens gisant 1 du procegraves deacutemergence

-~ agrave en croire les seacutemiotishyUl8 nl que les structures n est autre que ce que

ouche primordiale ougrave --dire la maniegravere fuyante

~-r fonne - la laquo quali teacute de rcevoir raquo selon Valeacutery nt sur le laquo revenir aux ment cette notion de

phes les plus citeacutes par rion de laquo preacuteconditions

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 199

de la significationraquo des seacutemioticiens Nous avons deacuteveloppeacute ceci dans un travail paru dans Semiotica (Ablali 2004) et sans entrer ici dans les deacuteveloppements neacutecessaires nous dirons quelques mots sur les laquo choses mecircmes raquo Pour lauteur de la Pheacutenomeacutenologie de la pershyception revenir aux choses mecircmes c est laquo cest revenir agrave ce monde avant la connaissance dont la cOimaissance parle toujours et agrave leacutegard duquel toute deacutetermination scientifique est abstraite signitive et deacuteshypendanteraquo (Merleau-Ponty 1945 1Il)

Cette influence de la pheacutenomeacutenologie sur le discours de la seacutemioshytique greimassienne sobserve dans cette notion de laquo choses mecircmes raquo que la seacutemiotique a adapteacutee aux besoins de son heuristique Ce retour aux laquo choses mecircmesraquo lui pennet douvrir de nouvelles interrogations comme celle daller du discours manifeste agrave limagination des condishytions preacutealables agrave sa reacutealisation de partir comme le disent Greimas et Fontanille

du flou originel et laquo potentiel raquo pour aboutir agrave travers sa laquo virtualisalion raquo et son laquoactualisation raquo jusquau stade de la laquo reacutealisation raquo en passant des preacuteconditions eacutepisteacutemologiques aux manifestations discursives (J 991 J J)

Agrave cet eacutegard les discours de la seacutemiotique et de la pheacutenomeacutenologie naviguent de conserve la seacutemiotique en affirmant que la signification prend appui sur la perception et le sensible deacutefinit le continu comme une phase vague et confuse ougrave ni le sujet ni lobjet ne se saisissent entiegraverement mais se font simplement imaginer Cest une fusion du sujet et du monde qui est eacutevoqueacutee une fusion laquo dun sujet protensifraquo indissolublement lieacute agrave une laquo ombre de valeurraquo (Greimas et Fontanille 1991 26) comme le disent les auteurs de Seacutemiotique des passions Cest ce que Valeacutery (1990) cher agrave Zilberberg appelle laquo linfonne raquo

Dans cette approche de l amorphe la seacutemiotique rejoint alors le discours de la pheacutenomeacutenologie de Merleau-Ponty dans l expeacuterience perceptive le sujet ne sassume pas entiegraverement il na pas encore conscience decirctre le sujet autour de ma vision il y a un horizon de choses non vues et non visibles car la vision est preacutepersonnelJe elle est toujours limiteacutee Si nous voulons traduire exactement cette expeacuteshyrience perceptive il faut dire quon perccediloil en moi et non pas que je perccedilois Et cest pour faire du sensible un mode plus eacuteleacutementaire que celui du rapport laquo noegravese-noegraveme raquo que Merleau-Ponty commence agrave eacutecrire le sensible avec majuscule Le laquo sensibleraquo signifie l objet du sentir tandis que le laquo Sensibleraquo deacutesigne le milieu fonnateur de Jobjet et du sujet il est lui-mecircme la laquo chair raquo ougrave le sujet et l objet ne connaissent pas de distinction Sinspirant de Merleau-Ponty cette fusion Greimas et Fontanille la deacutesignent par laquo tensiviteacute phorique raquo

qui laquo nest pour le monde humain qu une des proprieacuteteacutes fondamenshy

200 DRISS ABLALI

tales de cet espace inteacuterieur que nous avons reconnu et deacutetini comme le rabattement du monde naturel sur le sujet en vue de constituer le monde propre de l existence seacutemiotiqueraquo (Greimas amp Fontanille 1991 17)

Pourtant ici il faut souligner que cette laquo tensiviteacute phorique raquo car cest agrave ce niveau que la seacutemiotique commence agrave s eacuteloigner du giron de la linguistique et du texte relegraveve de limaginaire cest-agrave-dire quelle est inaccessible directement dans le texte elle est seulement reconsshytruite par preacutesupposition laquo encatalyseacutee raquo dirait Hjelmslev Mais la question que nous nous posons puisquon est dans le domaine du texte est la suivante est-ce que les textes portent en eux et seulement en eux les traces de cette tensiviteacute phorique En dautres termes estshyce quil existe des marques linguistiques narratives ou eacutenonciatives pour expliquer linexplicable ou l imaginaire ou pour repreacutesenter les laquo images intraduites raquo pour citer encore une fois Valeacutery

La faccedilon dont est deacutecrit le continu dans Seacutemiotique des passions teacutemoigne clairement de son involution speacuteculative qui la vite coupeacute de la description seacutemio-linguistique des textes Dans cet ouvrage nous ne manquons pas de relever le retour des mecircmes formulations chaque fois que les auteurs eacutevoquent la possibiliteacute de rapporter la signification du texte agrave un domaine dobjectiviteacute indeacutependant des textes En tant que lieu insaisissable le continu ne peut ecirctre quimaginaire dougrave les fOlmulations suivantes

Avant de laquo poserraquo un sujet tensif face agrave des valeurs investies dans des objets (ou le monde comme valeur) il convient d imaginer un palier de laquo pressentimentsraquo ougrave se trouveraient intimement lieacutes lun agrave lautre le sujet pour le monde et le monde pour le sujet (1991 25)

Une page plus loin Greimas et Fontanille eacutecrivent

Cest une situation comparable mais anteacuterieure au positionnement actanshytiel qu il s agit dimaginer (ibid 26)

Et plus loin

On pourrait imaginergt provisoirement que le sujet de quecircte avant de reshycevoir le vouloir et le devoir est instaureacute lorsquil deacutecouvre lexistence dun systegraveme de valeurs et que cette instauration preacutealable en ferait un sujet potentialiseacute (ibid 57-58 cest nous qui soulignons dans les trois passages)

Acceptons pour linstant lideacutee daccegraves au continu agrave travers limashygination et posons quelques questions sur les chemins qui y megravenent Comment la seacutemiotique pourrait-elle preacutetendre deacutevoiler le sens le plus profond du texte sa phase originaire qui preacutecegravede la textualisation et qui la fonde lncombe-t-il agrave la seacutemiotique de reacutesoudre ce genre de problegravemes Comme la dit clairement Greimas dans son deacutebat avec Ricœur

CLAUDE ZILBER

On est obligeacute de reo qui ne sexpliqu chose Et ceSl d structures les plushyseacutemiotique) il pouvons rien dire capable d en di n 203)

La solution qui gt

dans ce deacutebat avec R agrave placer la seacutemioliql seacutee deacutetenir la con nai Cest la pheacutenomeacuten adeacutequate pour inle~

limperfection la d est importante les multiplieacutees chez G Ouellet et chez Fon tique sont pheacutenom horizon profondeur

Lenjeu pour le preacutecoce de la gen middot texte sa phase origll fonde Certes le cc mais il faut rappeler ri que car il est d abordeacute par le pa radi limaginaire il est senteacute comme purem quement partageacutee ( naturellement de- BII discontinuiteacute qu il cr agrave propos du laquo sujet 1 laquo theacuteoriquement ) continu qui puisse egrave que dune instance manifestation dis nous percevons n f

seulement recontn cregravetes et cateacutegoris nous rejoignons Il la nature est conUII et je ne crois pas

1

deacutefini comme ons ti tuer le

F ontanille

bori que raquo car r du giron de

- -dire quelle 1 men t reconsshym 1 v Mais la 1 do maine du ln t seulemenl D termes e Lshy

oo nonciativ~

r r r nter 1

1t P sim rira ile ou -

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 201

On est obligeacute de reconnaicirctre que le discours ccedila bouge quil y a des forces qui ne s expliquent pas entiegraverement par les modaliteacutes quil y a autre chose Et cest donc lagrave le problegraveme [ J D ougrave lideacutee que derrieacutere les structures les plus eacuteleacutementaires - articulables - de la signification (carreacute seacutemiotique) il y a un horizon ontique dont nous autres seacutemioticiens ne pouvons rien dire parce quavec les instruments seacutemiotiques on nest pas capable den dire quelque chose [ J Alors quelle est la solution (1994 203)

La solution qui simpose delle-mecircme dapregraves Greimas aussi bien dans ce deacutebat avec Ricœur que dans Seacutemiotique des passions consiste agrave placer la seacutemiotique sous la deacutependance dune autre discipline censhyseacutee deacutetenir la cOlUlaissance sur le continu agrave savoir la pheacutenomeacutenologie Cest la pheacutenomeacutenologie qui montre donc agrave la seacutemiotique la voie adeacutequate pour interroger le niveau continu du texte Depuis surtout De limperfection la dette des seacutemioticiens envers les pheacutenomeacutenologues est importante les reacutefeacuterences agrave Husserl et agrave Merleau-Ponty se sont multiplieacutees chez Greimas lui-mecircme chez Coquet chez Petitot chez OueJlet et chez Fontanille Les concepts fondamentaux de la seacutemioshylique sont pheacutenomeacutenologiques laquo preacutesence champ corps estheacutesie horizon profondeur intentiolUlaliteacute perception raquo etc

Lenjeu pour le seacutemioticien consiste donc agrave saisir agrave un stade tregraves reacutecoce de la genegravese de la signification le sens le plus profond du

xte sa phase originaire et sensible qui preacutecegravede la textualisation et la onde Certes le continu est au commencement de la signification

is il faut rappeler que ce postulat ne sappuie sur aucune base empishyque car il est de lordre de la croyance Le continu tel quil est

rdeacute par le paradigme pheacutenomeacutenologique relegraveve pour le reacutepeacuteter de maginaire il est invisible car non articuleacute cest-agrave-dire qu il est preacuteshy

teacute comme purement inteacuterieur sans aucune repreacutesentation linguistishyment partageacutee Cest une creacuteation du seacutemioticien qui sefface tout

e llement devant sa repreacutesentation il cegravede entiegraverement devant la iOIltinuiteacute quil met en place il est laquo barreacuteraquo comme le dit 1 Lacan

pos du laquo sujet barreacute raquo il nest plus lagrave il se barre noccupant que riquement raquo sa place Il ny a donc pas de sujet au niveau du

bull u qui puisse ecirctre empirique et psychologique Il ne sagit en fait d une instance imagineacutee dans une masse amorphe agrave partir dune estation discursive Nous nacceacutedons jamais au continu ce que percevons nest autre que le discontinu Ainsi le continu est

ent reconstructible par preacutesupposition agrave partir des uniteacutes disshye cateacutegoriseacutees mais sans aucun fondement textuel Lagrave aussi ~j ignons lideacutee de R Thom qui dit ceci laquo Savoir si le fond de

e est continu ou discontinu c est un problegraveme meacutetaphysique rois pas que quiconque dispose dune reacuteponseraquo (1991 67)

202 DRISS ABLALl

laquo Nous sommes faits pour voir essentiellement des discontinuiteacutes Elles seules sont significativesraquo (68) Agrave la source donc du sens saisi comme reacutesultat se trouvent la perception la passion et la sensibiliteacute cest-agrave-dire que deniegravere les formes laquo saillantes raquo pour reprendre une expression laquo catastrophiste raquo de Petitot il y a place dans le texte pour une laquo preacutegnance thymique raquo pour un laquo avant-coup du sens raquo sauf que ce dernier na aucune base textuelle ni linguistique car il est laquo inexshyprimable indicible raquo (Petitot 1985 292-293) Or comment peut-on accepter dune theacuteorie qui se veut textuelle revendiquant des principes saussuriens et hjelmsleviens de travailler sur linconnaissable et lindicible agrave moins de se transfonner en une philosophie

LE PARADIGME TENSIF

Cette laquo pheacutenomeacutenologisation raquo de la seacutemiotique agrave laquelle nous asshysistons depuis plus dune deacutecennie ne fait queacuteloigner la seacutemiotique des rivages du texte et des problegravemes de la textualiteacute pour la placer dans le giron des theacuteories philosophiques et meacutetaphysiques Il ne faut pas oublier quune seacutemiotique du continu est un projet philosophique qui ne convient pas agrave la description seacutemiotique des textes Et comme le dit Zilberberg

Effectif ou non fondeacute ou non ce laquo tournant pheacutenomeacutenologiqueraquo constishylue une mise en demeure En faisant siennes les positions de la pheacutenomeacuteshynologie notamment telle quelle est configureacutee dans lœuvre de MerleaushyPonty la seacutemiotique ne seacuteloigne-t-elle pas de sa double reacutefeacuterence saussushyricnne et hjelmslevienne Si tel eacutetait le cas nest-on pas en droit de consideacuterer que laquo fatigueacute raquo le conccedilu se retire devant la laquo fraicirccheurraquo du perccedilu Nous laissons de cocircteacute ici la question de savoir si une discipline exigeante peut changer dassise conceptuelle sans avoir agrave connaicirctre d imshyportantes conseacutequences (2002 1 (7)

Or chez Zilberberg lapproche continue de la tensiviteacute emprunte dautres voix Approche continue oui mais sans fondement pheacutenoshymeacutenologique Elle nest ni ne preacutetend ecirctre une seacutemiotique de la pershyception ou de la cognition comme cest le cas par exemple chez Greimas Petitot ou chez Ouellet Du continu oui agrave base pheacutenomeacuteshynologique non Une seacutemiotique du continu sans Husserl ni MerleaushyPont y avec Saussure et Hjelmslev En ce point il nest pas inutile dl souligner que Hjelmslev est la forme qui marque le plus doccurrence dans le corpus Zilberberg corpus dont nous disposons en version eacutelectronique et qui a eacuteteacute soumis agrave un logiciel de statistique (Hypcrshybase 1) lequel livre des reacutesultats inteacuteressants Hjelmslev est citeacute 651 fois Saussure aussi enregistre des reacutesultats satisfaisants 286 or Merleau-Ponty comme Husserl sont marqueacutes par une tregraves basse freacuteshy

1 Logiciel de statistique conccedilu par Etienne Brunet Universiteacute de Nice

CLl

lingulsn iscours

155 d~tJE unjle~al

Elz

-u

e re dolli ~ ml

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 203

quence 50 occurrences pour le premier et pour le second 3 occurshy~ource donc du sens saisi

a passion et la sensibiliteacute aDies raquo pour reprendre une a place dans le texte pour

ecirclJ1I-COUp du sens raquo sauf que nguistique car il est laquo inexshy

-] 93) Or comment peut-on revendiquant des principes 1er sur linconnaissable et ~ philosophie

tique agrave laquelle nous asshy~ qu eacute loigner la seacutemiotique la textualiteacute pour la placer

i meacutetaphysiques Il ne faut C~ l un projet philosophique lque des textes Et comme

pheacutenomeacutenologiqueraquo constishy les positions de la pheacutenomeacuteshy

= _ e dans lœuvre de Merleaushy

5 nest-on pas en droit de c re devant la laquo fraicirccheurraquo du

de savoir si une discipline os avoir agrave connaicirctre dimshy

de la tensiviteacute emprunte s sans fondement pheacutenoshyune seacutemiotique de la pershyle cas par exemple chez

liou oui agrave base pheacutenomeacuteshyu sans Husserl ni Merleaushy

__ point il nest pas inutile de

marque le plus d occurrences nou disposons en version

~Icic l de statistique (HypershylS Hjelmslev est citeacute 651

alS satisfaisants 286 or ueacutes par une tregraves basse freacuteshy

lj orsiteacute de Nice

rences Cela sexplique par labondance dun vocabulaire seacutemioshylinguistique le mot valeur enregistre 603 occurrences temps 575 discours 365 systegraveme 328 rythme 307 tempo 203 eacuteveacutenement 155 diffeacuterence 132 eacutenonceacute 114 immanence 46 perception 30 universaliteacute Il Lhistogramme suivant lillustre clairement

700 ~ -shy

600 i=

500 1 1-shy

400 1 1-shy - 300 1 r- r- l

200 1 r- rshy - r- F F oC

100 rshy -shy - rshy - r-

Jho -shy bull III - - _ Syshy__ h_ E~~ I)o f fs-enee Enonce ~cnoe Percpton un

Et Zilberberg lui-mecircme sen explique ainsi et sans ambages

Autant la preacutevalence accordeacutee au perccedilu semble eacuteloigner la seacutemiotique de ses reacutefeacuterences linguistiques deacuteclareacutees autant l attention que nous accorshydons avec d autres et apregraves dautTes au vegravecu e t au ressenti permet de maintenir intacte sans que lon puisse parler de paradoxe ou de provocashytion la reacutefeacuterence linguistique (2006 8)

Contrairement au paradigme pheacutenomeacutenologique et cognitif qui stishypulent lexistence dun espace originel non linguistique agrave partir dushyquel on pourrait expliquer des faits linguistiques Zilberberg met le texte en dehors de toute tentative dexpliquer la signification agrave partir dun niveau laquo anteacute-linguistique raquo en eacutecartant du paradigme tensif toute conception qui ramegravene le sens agrave un aspect de la penseacutee et du comportement plutocirct quune caracteacuteristique du langage et du texte L acception qui se deacutegage du modegravele de Zilberberg sur le continu consiste agrave mettre ce dernier en relation avec le langage et de reacutecuser qu un lien puisse se nouer au sein des textes entre un sens non encore cateacutegoriseacute sans fondement physique et verbal et les structures texshytuelles qui elles sont intelligibles et visibles En teacutemoignent les concepts cleacutes de Zilberberg et qui mettent tous laccent sans eacutequishyvoque sur laspect discontinu de lanalyse Entres autres nous poushyvons accompagneacutes de leur freacutequence citer intervalle 116 eacuteveacuteneshy

204 DRISS ABLALl

ment 155 rythme 229 tempo 181 aspectualiteacute 49 acte 106 seuils 102 limites 104 diffeacuterence 136 entre autres La seacutemiosis est ainsi deacutefinie pour citer Zilberberg laquo non comme repos mais comme acte raquo

Et entre les deux paradigmes continuistes la balance est loin decirctre eacutegale Pour le paradigme tensif laspect linguistique preacutevaut largeshyment Nous ferons eacutetat de trois suggestions la place que le point de vue tensif accorde agrave lanalyse linguIstique l espace tensif est constishytueacute par le recoupement de lintensiteacute et de lextensiteacute et le rabattement de celle-ci sur celle-lagrave le rocircle des notions de seuils et limites division et eacuteveacutenement comme composantes diffeacuterentielles des objets

On a sans doute compris ougrave nous voulions en venir la seacutemiotique tensive nest pas une autre seacutemiotique qui sopposerait agrave la seacutemioshytique dite structurale Elle sinteacuteresse de fait agrave un ensemble de pheacuteshynomegravenes discursifs que leur caractegravere graduel continu dynamique ou affectif rendait difficilement accessibles agrave une approche discontinue binaire statique et strictement narrative Ce faisant elle deacutecouvre luniteacute dun autre domaine de recherches celui du discours en acte de leacutenonciation vivante celui de la preacutesence sensible agrave l autre et au monde celui des eacutemotions et des passions mais dans leur fonne linshyguistique et textuelle Et pour se deacutemarquer du paradigme pheacutenomeacuteshynologique qui part du mental pour aller au linguistique le paradigme tensif lui agrave leacutegard du continu se pose agrave leacutegard du tempo de la toniciteacute de la temporaliteacute et de la spatialiteacute la question suivante

Comment justement passe-t-on du style intensif laquo boire dun seul coup d un seul trait raquo au style extensif laquo boire agrave petits coups agrave petites gorshygeacutees raquo Comment passe-t-on dun laquo continuum non analyseacute mais analyshysableraquo (Hjelmslev) agrave une articulation projetant forceacutement une mesure et un nombre sajustant harmonieusement en fin de compte lun agrave lautre ~ (Zilberberg 2006 43)

Derriegravere la conviction tensive de cette prioriteacute orientant linteacuterecirct vers laspect linguistique de l analyse se trouve une reacuteflexion eacutepisteacuteshymologique sur la seacutemiotique en geacuteneacuteral sur la conception du texte sur les principes qui reacutegissent lanalyse bref sur le faire du seacutemioticien Comme on le sait Zilberberg est lun des rares seacutemioticiens agrave avoir vraiment lu Hjelmslev il a aussi participeacute agrave rendre accessible la penshyseacutee du danois en France Mais cela ne la pas empecirccheacute de croiser le fer avec lui sur certaines questions cruciales qui ont peseacute et qui pegravesent toujours dans le deacutebat sur le texte et lanalyse Mais en mecircme temps on peut dire que Zilberberg est le plus hjelmslevien des seacutemioticiens nous dirons le plus danois des seacutemioticiens franccedilais parce quil est agrave la fois hjelmslevien et bf0ndalien Le duel fut lun contre lautre aussi bien scientifiquement que humainement Or chez Zilberberg Hjelm-

CLAUDE LI

slev et Bf0ndal modeacutereacute le pacshyles jointures qu faudra un jour Hjelmslev agrave simpliciteacute lun sleviens que tlt

textes lana l~

nente Mais la bull de doctorat en dun texte pow ces principe~ les reacuteflexions pouvant pas Cf

sage qui eacuteta it 1 que sur la seacutenll emplir de terrcu

Le prinCi pe j la simpl icite Jexhausli il( matheacutematiq pas aux cim

En effet 1 mites de c~na lesquels ne c conduit imm3l gecircneacute le deacute elo nc soucienl culturel Car dehors de la shy

Cest donc moins l eacutepisi maire geacuteleacutera qu on ne p-ur berg dOn la contre eux 00

me semblc-t-tJ sens de la pn jourd hui sur poser une t)

(1 997 1801 ReSie agrave

l une des rm

mgui tique le para 1 regard du tempo

JI 1( boire dun enl - JX1I t coups agrave P il bull ~

m non analyseacute mai 1c 1 torcement une ln

- de compte lun acirc

e Wle reacuteflexion eacutepl_ oDception du tG (

Olf le fa ire du seacutemioti rares seacutemioticiens agrave J

rendr_ accessible la empecirccheacute de croiser le ui ont peseacute et qui p~ _

1ais en mecircme te le ien des seacutemiotiei

rmccedilai parce quil c lun contre lautre a ~h z Zilberberg Hjelc

CLAUDE ZILBERBERG UN NOU1EAL JRJDGMeacute ~tM()1QUE ~ 205

~ V et Brendal ne sauraient ecirctre lun sans lautre Lantagonisme est deacutereacute le pacifisme est deacuteclareacute Laccent est beaucoup plus mis sur jointures que sur les points de deacutesaccord Question sur laquelle il

udra un jour se pencher Mais pour linstant nous 110US limiterons agrave J elmslev agrave des principes comme lempirisme lexhaustiviteacute la

wlpliciteacute luniversaliteacute et limmanence Ce sont les principes hjelmshy viens que tous les seacutemioticiens ont appliqueacute dans lanalyse des

tes lanalyse seacutemiotique du texte doit ecirctre empirique et immashynte Mais la question que nous nous sommes poseacutee dans notre thegravese

e doctorat en 1997 est la suivante est-ce quune analyse seacutemiotique un texte pour ecirctre deacutesigneacutee comme telle doit impeacuterativement suivre

principes Et cest lagrave ougrave nous avons fait une vraie rencontre avec _ reacuteflexions eacutepisteacutemologiques de Zilberberg Faute de temps et ne

pouvant pas entrer dans leurs menus deacutetails nous en citons un passhy-age qui eacutetait Jun des moments cleacutes de notre reacuteflexion eacutepisteacutemologishyue sur la seacutemiotique Leacutenonciation mecircme de ce passage est propre agrave mplir de terreur le plus teacutemeacuteraire Avec teacutemeacuteriteacute Zilberberg dit ceci

Le principe dempirisme reacuteunissant lexhaustiviteacute la non-contradiction et la simpliciteacute est peu adapteacute au Iraitement des questions seacutemiotiques lexhaustiviteacute est une fiction [ J La nonmiddotcontradiction deacutecisive pour les matheacutematiques et importante pour les sciences dites exactes ne convient pas aux sciences henneacuteneutiques (1997 180-181)

En effet la question du sens conduit Zilberberg agrave eacuteprouver les lishymites de certains principes comme luniversaliteacute et limmanence lesquels ne conviennent pas aux theacuteories de linterpreacutetation Tout ceci conduit immanquablement agrave souligner que ces principes ont beaucoup gecircneacute le deacuteveloppement de la seacutemiotique vis-agrave-vis de la textualiteacute Ils ne soucient guegravere de la speacutecificiteacute des textes et de leur contexte socioshyculturel Car elles eacutecartent toute conception de la signification en dehors de la stabiliteacute des structures

Cest donc un autre Hjelmslev qui a inteacuteresseacute Zilberberg peut-ecirctre moins leacutepisteacutemologue que le linguiste celui des Principes de gramshymaire geacuteneacuterale et de La cateacutegorie des cas Et lagrave encore d une faccedilon qu on ne peut que lire comme intentionnellement eacuteclairante Zilbershyberg dont la penseacutee sest construite avec les autres parfois aussi contre eux nous livre agrave leacutegard de son maicirctre Greimas ceci laquo Je dois me semble-t-il agrave Al Greimas lexigence de rigueur et de preacutecision le sens de la proportion et le souci de la geacuteneacuteralisation mecircme si aushyjourd hui sur ce point je considegravere que la seacutemiotique doit plutocirct proshyposer une typologie des possibles plutocirct qu une liste duniversauxraquo (1997 180)

Reste agrave preacuteciser que lapproche de Zilberberg des discours est l une des rares agrave aborder le texte dans sa speacutecificiteacute textuelle et non

206 DRfSS ABLALl

comme un preacutetexte pour mettre en exergue lapplicabiliteacute des mashychines theacuteoriques Il suffit de lire ces analyses de Baudelaire Rimbaud et Valeacutery Valeacutery justement qui dans un passage des Cahiers reacutesum de faccedilon on ne peut plus claire notre exposeacute laquo Le passage du continu au discontinu est bien ce en quoi consiste de tregraves haut le problegraveme du langage [ ] La confusion est au commencement de la connaissanc~ _

Le continu naccegravede jamais agrave la preacutesenceraquo (1990 50) Ce sera notr dernier mot

REacuteFEacuteRENCES

Ablali D 2003 La Seacutemiotique du texte du discontinu au continu Paris LHarmattan collection laquo Seacutemantiques raquo

Ablali D 2004 laquo Seacutemiotique et pheacutenomeacutenologie raquo Semioti ca vol 151104 219-240

Coquet J-c 1997 La Quecircte du sens Paris Puf

Greimas AJ 1956 laquo Lactualiteacute du saussurisme raquo Le Franccedilais moshyderne 191-204

Greimas AJ 1966 Seacutemantique stncturale Paris Seuil

Greimas AJ 1994 laquo Deacutebat entre Greimas et Ricœur raquo dans Heacutenau h A (eacuted) Le Pouvoir comme passion Paris Puf 195-216

Greimas AJ et Fontanille J J99 J Seacutemiotique des passions Pari Seuil

Husserl E 1950 ideacutees directrices pour une pheacutenomeacutenologie Pari shyGallimard

Merleau-Ponty M 1945 Pheacutenomeacutenologie de la perception Pari_

Gallimard

Petitot J 1985 Morphogenegravese du sens Paris Puf

Valeacutely P 1990 Cahiers m Paris GaIlimard

Zilberberg c 1988 Raison et poeacutetique du sens Paris Puf

Zilberberg c 1997 laquo Une continuiteacute incertaine Saussure Hjelmshyslev Greimas raquo in A Zinna (eacuted) Hjelmslev aujourdhui Turnshyhout Brepols 165-192

Zilberberg c 2002 laquo Preacutecis de grammaire tensive raquo Tangence 70 111-143

Zilberberg c 2006 Eleacutements de grammaire tensive Limoges Pulim

Zilberberg C et Fontanille 1 1998 Tension et signification Liegravege

Mardaga

12

CLAUDE ZILBERBERG

UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE

Driss ABLALI

Le passage du continu au discontinu est bien ce en quoi consiste de tregraves haut le problegraveme du langage

Valeacutery Cahiers Ill 50

Le titre que nous avons choisi nest pas ambigu en tous cas ne soushyhaite pas lecirctre Il ne sagit pas de proceacuteder au deacutenombrement de tous les paradigmes seacutemiotiques et de montrer comment celui de Zilbershyberg sil en est un s en distingue Tout le monde le sait la seacutemioshytique de Greimas et de son eacutecole est la seule seacutemiotique en France agrave avoir un grand passeacute theacuteorique derriegravere elle eacutetendu sur presque un demi-siegravecle Il y avait l eacutepoque de la narrativiteacute de la discursiviteacute des passions de la cognition et depuis le deacutebut des anneacutees quatre-vingtshydix de la pheacutenomeacutenologie Nous ne parlerons pas non plus de tous les tournants et nous bornerons au dernier Que middotse passe-t-il depuis plus dune deacutecennie en seacutemiotique en particulier et sur la scegravene des sciences du langage en geacuteneacuteral pour voir autant de theacuteories recourir agrave la pheacutenomeacutenologie pour leacutetude de la langue et des textes Comment se fait-il que le tournant pheacutenomeacutenologique ait eacuteclateacute comme le tonshynerre dans le ciel jusque lagrave serein de la seacutemiotique Peut-on y voir un projet qui consiste agrave donner agrave nouveaux frais une reacuteponse linguistique et seacutemiotique au vieux problegraveme philosophique des rapports entre lacircme et le corps Les travaux de AJ Greimas de J Petitot de J-Cl Coquet P Ouellet et de J Fontanille revendiquent des concepts pheacuteshynomeacutenologiques La foudre a frappeacute jusquaux rivages de la seacutemanshytique comme en teacutemoignent les travaux de P Cadiot et J-M Visetti ougrave les reacutefeacuterences aux theacuteories gestaltistes et aux pheacutenomeacutenologues de

196 DRISS ABLALl

la perception saffichent comme une assise fondamentale de leur theacuteoshyrie des laquo fonnes seacutemantiques raquo

Restons dans la seacutemiotique On observe depuis le deacutebut des anneacutees quatre-vingt-dix une tentative dallonger le chapelet theacuteorique lamshybition de creacuteer un nouveau paradigme pheacutenomeacutenologique loin des postulats du structuralisme de la linguistique et de la logique forshymelle Nous tenons agrave rappeler que cette rencontre avec la pheacutenomeacuteshynologie eacutetait pour la seacutemiotique un renfort de poids pour y prendre de leacutelan y retrouver de nouveaux concepts qui aident agrave frayer le chemin dun accegraves agrave des niveaux danalyse trop compliqueacutes pour que la seacutemiotique du discontinu (Ablali 2003) puisse en rendre compte

Pour cemer de plus cette relation entre seacutemiotique et pheacutenomeacutenoshylogie et ensuite entre la seacutemiotique pheacutenomeacutenologique et la seacutemioshytique tensive de Zilberberg nous proceacutederons en trois temps dabord le cadre eacutepisteacutemologique de cette rencontre avec la pheacutenomeacutenologie puis un rapprochement entre les travaux de Husserl et Merleau-Ponty dune part et ceux des seacutemioticiens dautre part afin de voir les reacuteshypercussions de ce genre de conceptualisation sur la question du sens Cest agrave ce moment-lagrave que nous ferons appel au paradigme tensif dom Zilberberg est le preacutecurseur pour tenter de comprendre lequel des deux convient agrave la seacutemiotique elle qui se veut textuelle Nous terminerons sur les diffeacuterences entre ces deux paradigmes lesquels nous tenons agrave le rappeler quitte agrave anticiper sont tous les deux continuistes sauf que la paradigme pheacutenomeacutenologique procircne un accegraves agrave lamont du sens par le biais dune heuristique non linguistique alors que le paradigme tensif revendique aussi une base continuiste mais pour deacutevelopper une acception linguistique du discours

On peut regrouper non sans risques en deux axes les grandes eacutetapes dans la conceptualisation de la seacutemiotique franccedilaise dobeacuteshydience greimassienne une seacutemiotique du discontinu et une seacutemioshytique du continu La premiegravere qui va des anneacutees soixante jusquagrave la fin des anneacutees quatre-vingt avait pour objectif de mettre en place avec comme toile de fond la penseacutee de Propp et de Hjelmslev les principes dorganisation de tous les discours nanmiddotatifs asseoir une grammaire universelle du discontinu sous forme de scheacutemas narratif theacutematique et discursif de fonctions solidaires et invariables La recherche s est focaliseacutee sur 1laquo actantialiteacute raquo la laquo structure eacuteleacutementaire raquo les laquo moshydaliteacutes raquo le laquo parcours geacuteneacuteratif raquo les laquo isotopies raquo leacutenonciation et les passions Lanalyse seacutemiotique des texte dans ses diffeacuterentes substances devra donc deacutefinir les structures immanentes de la signishyfication conccedilues comme un construit et non comme un donneacute Les textes sont confineacutes dans leur logique inteme coupeacutes des deacuteterminashytions exogegravenes Limmanence reacutegnait en force

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 197

Icur theacuteo- Trente ans plus tard Greimas convaincu des laquo limites du corps et de lesprit raquo juge indispensable ] intelTogation des laquo preacuteconditions de

1es anneacutees la signification raquo source de toute discontinuiteacute en prenant le texte lamshy dans son eacutetat ab quo en se posant des questions comme D ougrave

loin des viennent les modaliteacutes Quelle est leur source Comment s opegravere le ~ ique forshy passage aux valeurs et aux sujets Il fallait donc preacutevoir les preacutecondishypheacutenomeacuteshy tions anteacuterieures au laquo carreacute seacutemiotique raquo et aux laquo modaliteacutes raquo dougrave la

dre de neacutecessite deacutelargir le compas theacuteorique Jambition de creacuteer un noushy hemin veau paradigme continuiste loin des postulats linguistiques que la

ur que la seacutemiotique revendiquait jusque lagrave -c

tDomeacutenoshy LE PARADIGME PHEacuteNOMEacuteNOLOGIQUE

la seacutemioshy Une fois ces deux axes reacutesumeacutes quoique de faccedilon hasardeuse nous d abord commenccedilons par une question Pourquoi ce vif inteacuterecirct pour la pheacuteshy

--nologie nomeacutenologie Profond renouvellement eacutepisteacutemologique donc Ce qui

I-Ponty tient ensemble agrave 1heure actuelle une bonne partie des multiples proshy

llr les reacuteshy grammes de recherche que lon regroupe sous le nom de laquo seacutemiotiquedll sens du continu raquo cest le travail philosophique qui est fait agrave leur propos

if dont Sans la pheacutenomeacutenologie il ny aurait pas de seacutemiotique du continu l des deux Cest elle qui systeacutematise discipline et regravegle lheuristique de base qui mllneron reacutegit actuellement les travaux en seacutemiotique Mais il ne faut pas

loublier cette rencontre avec la pheacutenomeacutenologie ne date pas dhier elle remonte aux anneacutees cinquante Depuis son article sur Saussure Greimas (1956) manifeste un grand inteacuterecirct pour la litteacuterature pheacutenoshymeacutenologique La chose se confirme dans Seacutemantique structurale Le nom de Merleau-Ponty abordeacute pour la question de la laquo perception raquo domine les premiegraveres pages deacutepassant mecircme celui de Saussure et de

_rande~ Hjelmslev Au-delagrave de la valeur statistique on y lit dabord un choix

_ d obp shymeacutethodologique et heuristique Mais ce que Greimas ny allegravegue pas dune maniegravere explicite lorsqu il aborde le problegraveme de la perception cest quil ya deux faccedilons denvisager cette derniegravere soit on la cerne en amont comme le fait le pheacutenomeacutenologue soit on la cerne en aval cest la tradition saussurienne Sans exclure la premiegravere voie Greimas sengage reacutesolument dans leacutetude de la nature discregravete des eacuteleacutements constitutifs de la signification Au lieu decirctre attentif agrave l expeacuterience perceptive il leacutecarte au profit de lobjet perccedilu comme lexplique clairement ce passage de Seacutemantique structurale

La question de savoir si les eacuteleacutements des signifiants sont discrets ou non anteacuterieurement agrave leur perception relegraveve des conditions de leacutemission de la signification que nous ne pouvons pas nous permettre danalyser (Greishymas 1966 12)

Mais apregraves la peacuteriode dite structuraliste beaucoup de problegravemes 5ont resteacutes non reacutesolus Au milieu des anneacutees quatre-vingt des deacuteplashy

198 DRISS ABLALI

cements dinteacuterecircts se sont produits sur la scegravene des sciences du lanshygage La linguistique a bien enterreacute le comparatisme et l histoire agrave cause de la doxa des universaux et du cognitivisme Le spectre du cognitivisme hantait toutes les sciences de luniversiteacute Aucune discishypline na pu reacutesister aux theacuteories cognitives pour sattirer les bonnes gracircces de lesprit nouveau Du coup les structures qui laquo ne pouvaient pas descendre dans la rue raquo sont devenues dynamiques les theacuteories de lauto-organisation procircnent que les systegravemes sauto-organisent et lavegravenement des sciences cognitives remettait en question ce qui resshytait de 1heacuteritage structuraliste Bien eacutevidemment la seacutemiotique ne pouvant pas rester indiffeacuterente agrave ces changements va rencontrer vers le deacutebut des anneacutees quatre-vingt-dix de nouvelles questions et de nouveaux centres dinteacuterecircts qui vont leacuteloigner de ses origines linshyguistiques et textuelles Dougrave lapparition dune nouvelle probleacutemashytique en seacutemiotique appeleacutee laquo continue raquo Ainsi ce qui a eacuteteacute eacutecarteacute dans Seacutemantique structurale simpose maintenant avec force sur le devant de la scegravene seacutemiotique

Si le dialogue avec la pheacutenomeacutenologie est resteacute pendant longtemps en seacutemiotique un sujet tabou Greimas au fur et agrave mesure quil eacutelargisshysait leacutechafaudage de la demeure seacutemiotique incorporait des concepts pheacutenomeacutenologiques sur le laquo simulacre raquo les laquo passions raquo la laquo pershyception raquo et la laquo protensiviteacute raquo Les travaux de 1-Cl Coquet vont aussi dans ce sens Lauteur de La Quecircte du sens est lun des premiers seacuteshymioticiens de lEcole de Paris agrave avoir oseacute lever le tabou de la reacutealiteacute et de la substance dans son approche eacutenonciative du discours en proposhysant le point de vue de laquo la pheacutenomeacutenologie appliqueacutee agrave la linguisshytique et agrave la seacutemiotique Sa tacircche est de mettre en lumiegravere lactiviteacute parlante comme disent les linguistes cette activiteacute quon ne peut dissocier de la reacutealiteacute du discours et de ses instancesraquo (1997 1)

Plusieurs des voies de recherche qui sont avanceacutees par ladite laquo nouvelle seacutemiotique raquo visent agrave bacirctir un autre monde du sens gisant derriegravere les structures seacutemio-narratives celui du procegraves deacutemergence de la signification procegraves qui aurait tendance agrave en croire les seacutemiotishyciens agrave se manifester dans le texte tout autant que les structures seacutemio-narratives elles-mecircmes Ce procegraves n est autre que ce que Merleau-Ponty appelle laquo leacutetat naissant raquo la couche primordiale ougrave naissent les ideacutees comme les choses cest-agrave-dire la maniegravere fuyante d apparaicirctre la substance en train de devenir forme - la laquo qualiteacute de substance raquo dirait Hjelmslev 1laquo eacuteveil du percevoir raquo selon Valeacutery Aussi bien Husserl que Merleau-Ponty insistent sur le laquo revenir aux choses mecircmes raquo mais que signifie exactement cette notion de laquo choses mecircmes raquo chez les deux philosophes les plus citeacutes par Greimas Et quelle est sa relation avec la notion de laquo preacuteconditions

CLAUDE ZI LBLRBEJ

de fa signification dans un travail paru dans les deacuteveloppem les laquo choses mecircme~

ception revenir aux avant la connaissaJ1c duquel toute deacutetemu pendante raquo (Merleau-Plt

Cette influence de 1 tique greimassienne lgt

que la seacutemiotique a aux laquo choses mecircme comme celle daller tions preacutealables agrave sa n Fontanille

du flou originel el

et son laquo actual iS311 preacuteconditions eacuteplgtl~

Il)

Agrave cet eacutegard les d naviguent de consef prend appui sur la pe1

une phase vague cl

entiegraverement mais sujet et du monde qw 1

indissolublement lie ci 1991 26) comme 1 Cest ce que Valeacutery (15

Dans cette approc discours de la phenonl perceptive le SUJ l1 nj

conscience decirctre 1 choses non vues el

est toujours limiteacutee rience perceptive il f perccedilois Et cest pour celui du rappolt laquo n eacutecrire le sensible a sentir tandis que le et du sujet il e~ t lui connaissent pas de dl fusion Greimas e l FOI qui laquo nest pour le m

scegravene des sciences du lanshyomparatisme et lhistoire agrave ognitivisme Le spectre du

l universiteacute Aucune discishymiddotes pour sattirer les bonnes

structures qui laquo ne pouvaient dynamiques les theacuteories

legravemes sauto-organisent et ugraveait en question ce qui resshydemment la seacutemiotique ne cements va rencontrer vers nouvclles questions et de

bull -Joigner de ses origines linshyd unc nouvelle probleacutemashy

-insi ce qui a eacuteteacute eacutecarteacute menant avec force SUr le

resteacute pendant longtemps 1 agrave mesure quil eacutelargisshy

e incorporait des concepts bull les laquo passions raquo la laquo pershy

de J-C1 Coquet vont aussi 1 lun des premiers seacuteshy

er le tabou de la reacutealiteacute et ive du discours en proposhy_le appliqueacutee agrave la linguisshyIre en lumiegravere lactiviteacute

__ C activiteacute quon ne peut

cesraquo (1997 1) o nt avanceacutees par ladite

mn monde du sens gisant 1 du procegraves deacutemergence

-~ agrave en croire les seacutemiotishyUl8 nl que les structures n est autre que ce que

ouche primordiale ougrave --dire la maniegravere fuyante

~-r fonne - la laquo quali teacute de rcevoir raquo selon Valeacutery nt sur le laquo revenir aux ment cette notion de

phes les plus citeacutes par rion de laquo preacuteconditions

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 199

de la significationraquo des seacutemioticiens Nous avons deacuteveloppeacute ceci dans un travail paru dans Semiotica (Ablali 2004) et sans entrer ici dans les deacuteveloppements neacutecessaires nous dirons quelques mots sur les laquo choses mecircmes raquo Pour lauteur de la Pheacutenomeacutenologie de la pershyception revenir aux choses mecircmes c est laquo cest revenir agrave ce monde avant la connaissance dont la cOimaissance parle toujours et agrave leacutegard duquel toute deacutetermination scientifique est abstraite signitive et deacuteshypendanteraquo (Merleau-Ponty 1945 1Il)

Cette influence de la pheacutenomeacutenologie sur le discours de la seacutemioshytique greimassienne sobserve dans cette notion de laquo choses mecircmes raquo que la seacutemiotique a adapteacutee aux besoins de son heuristique Ce retour aux laquo choses mecircmesraquo lui pennet douvrir de nouvelles interrogations comme celle daller du discours manifeste agrave limagination des condishytions preacutealables agrave sa reacutealisation de partir comme le disent Greimas et Fontanille

du flou originel et laquo potentiel raquo pour aboutir agrave travers sa laquo virtualisalion raquo et son laquoactualisation raquo jusquau stade de la laquo reacutealisation raquo en passant des preacuteconditions eacutepisteacutemologiques aux manifestations discursives (J 991 J J)

Agrave cet eacutegard les discours de la seacutemiotique et de la pheacutenomeacutenologie naviguent de conserve la seacutemiotique en affirmant que la signification prend appui sur la perception et le sensible deacutefinit le continu comme une phase vague et confuse ougrave ni le sujet ni lobjet ne se saisissent entiegraverement mais se font simplement imaginer Cest une fusion du sujet et du monde qui est eacutevoqueacutee une fusion laquo dun sujet protensifraquo indissolublement lieacute agrave une laquo ombre de valeurraquo (Greimas et Fontanille 1991 26) comme le disent les auteurs de Seacutemiotique des passions Cest ce que Valeacutery (1990) cher agrave Zilberberg appelle laquo linfonne raquo

Dans cette approche de l amorphe la seacutemiotique rejoint alors le discours de la pheacutenomeacutenologie de Merleau-Ponty dans l expeacuterience perceptive le sujet ne sassume pas entiegraverement il na pas encore conscience decirctre le sujet autour de ma vision il y a un horizon de choses non vues et non visibles car la vision est preacutepersonnelJe elle est toujours limiteacutee Si nous voulons traduire exactement cette expeacuteshyrience perceptive il faut dire quon perccediloil en moi et non pas que je perccedilois Et cest pour faire du sensible un mode plus eacuteleacutementaire que celui du rapport laquo noegravese-noegraveme raquo que Merleau-Ponty commence agrave eacutecrire le sensible avec majuscule Le laquo sensibleraquo signifie l objet du sentir tandis que le laquo Sensibleraquo deacutesigne le milieu fonnateur de Jobjet et du sujet il est lui-mecircme la laquo chair raquo ougrave le sujet et l objet ne connaissent pas de distinction Sinspirant de Merleau-Ponty cette fusion Greimas et Fontanille la deacutesignent par laquo tensiviteacute phorique raquo

qui laquo nest pour le monde humain qu une des proprieacuteteacutes fondamenshy

200 DRISS ABLALI

tales de cet espace inteacuterieur que nous avons reconnu et deacutetini comme le rabattement du monde naturel sur le sujet en vue de constituer le monde propre de l existence seacutemiotiqueraquo (Greimas amp Fontanille 1991 17)

Pourtant ici il faut souligner que cette laquo tensiviteacute phorique raquo car cest agrave ce niveau que la seacutemiotique commence agrave s eacuteloigner du giron de la linguistique et du texte relegraveve de limaginaire cest-agrave-dire quelle est inaccessible directement dans le texte elle est seulement reconsshytruite par preacutesupposition laquo encatalyseacutee raquo dirait Hjelmslev Mais la question que nous nous posons puisquon est dans le domaine du texte est la suivante est-ce que les textes portent en eux et seulement en eux les traces de cette tensiviteacute phorique En dautres termes estshyce quil existe des marques linguistiques narratives ou eacutenonciatives pour expliquer linexplicable ou l imaginaire ou pour repreacutesenter les laquo images intraduites raquo pour citer encore une fois Valeacutery

La faccedilon dont est deacutecrit le continu dans Seacutemiotique des passions teacutemoigne clairement de son involution speacuteculative qui la vite coupeacute de la description seacutemio-linguistique des textes Dans cet ouvrage nous ne manquons pas de relever le retour des mecircmes formulations chaque fois que les auteurs eacutevoquent la possibiliteacute de rapporter la signification du texte agrave un domaine dobjectiviteacute indeacutependant des textes En tant que lieu insaisissable le continu ne peut ecirctre quimaginaire dougrave les fOlmulations suivantes

Avant de laquo poserraquo un sujet tensif face agrave des valeurs investies dans des objets (ou le monde comme valeur) il convient d imaginer un palier de laquo pressentimentsraquo ougrave se trouveraient intimement lieacutes lun agrave lautre le sujet pour le monde et le monde pour le sujet (1991 25)

Une page plus loin Greimas et Fontanille eacutecrivent

Cest une situation comparable mais anteacuterieure au positionnement actanshytiel qu il s agit dimaginer (ibid 26)

Et plus loin

On pourrait imaginergt provisoirement que le sujet de quecircte avant de reshycevoir le vouloir et le devoir est instaureacute lorsquil deacutecouvre lexistence dun systegraveme de valeurs et que cette instauration preacutealable en ferait un sujet potentialiseacute (ibid 57-58 cest nous qui soulignons dans les trois passages)

Acceptons pour linstant lideacutee daccegraves au continu agrave travers limashygination et posons quelques questions sur les chemins qui y megravenent Comment la seacutemiotique pourrait-elle preacutetendre deacutevoiler le sens le plus profond du texte sa phase originaire qui preacutecegravede la textualisation et qui la fonde lncombe-t-il agrave la seacutemiotique de reacutesoudre ce genre de problegravemes Comme la dit clairement Greimas dans son deacutebat avec Ricœur

CLAUDE ZILBER

On est obligeacute de reo qui ne sexpliqu chose Et ceSl d structures les plushyseacutemiotique) il pouvons rien dire capable d en di n 203)

La solution qui gt

dans ce deacutebat avec R agrave placer la seacutemioliql seacutee deacutetenir la con nai Cest la pheacutenomeacuten adeacutequate pour inle~

limperfection la d est importante les multiplieacutees chez G Ouellet et chez Fon tique sont pheacutenom horizon profondeur

Lenjeu pour le preacutecoce de la gen middot texte sa phase origll fonde Certes le cc mais il faut rappeler ri que car il est d abordeacute par le pa radi limaginaire il est senteacute comme purem quement partageacutee ( naturellement de- BII discontinuiteacute qu il cr agrave propos du laquo sujet 1 laquo theacuteoriquement ) continu qui puisse egrave que dune instance manifestation dis nous percevons n f

seulement recontn cregravetes et cateacutegoris nous rejoignons Il la nature est conUII et je ne crois pas

1

deacutefini comme ons ti tuer le

F ontanille

bori que raquo car r du giron de

- -dire quelle 1 men t reconsshym 1 v Mais la 1 do maine du ln t seulemenl D termes e Lshy

oo nonciativ~

r r r nter 1

1t P sim rira ile ou -

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 201

On est obligeacute de reconnaicirctre que le discours ccedila bouge quil y a des forces qui ne s expliquent pas entiegraverement par les modaliteacutes quil y a autre chose Et cest donc lagrave le problegraveme [ J D ougrave lideacutee que derrieacutere les structures les plus eacuteleacutementaires - articulables - de la signification (carreacute seacutemiotique) il y a un horizon ontique dont nous autres seacutemioticiens ne pouvons rien dire parce quavec les instruments seacutemiotiques on nest pas capable den dire quelque chose [ J Alors quelle est la solution (1994 203)

La solution qui simpose delle-mecircme dapregraves Greimas aussi bien dans ce deacutebat avec Ricœur que dans Seacutemiotique des passions consiste agrave placer la seacutemiotique sous la deacutependance dune autre discipline censhyseacutee deacutetenir la cOlUlaissance sur le continu agrave savoir la pheacutenomeacutenologie Cest la pheacutenomeacutenologie qui montre donc agrave la seacutemiotique la voie adeacutequate pour interroger le niveau continu du texte Depuis surtout De limperfection la dette des seacutemioticiens envers les pheacutenomeacutenologues est importante les reacutefeacuterences agrave Husserl et agrave Merleau-Ponty se sont multiplieacutees chez Greimas lui-mecircme chez Coquet chez Petitot chez OueJlet et chez Fontanille Les concepts fondamentaux de la seacutemioshylique sont pheacutenomeacutenologiques laquo preacutesence champ corps estheacutesie horizon profondeur intentiolUlaliteacute perception raquo etc

Lenjeu pour le seacutemioticien consiste donc agrave saisir agrave un stade tregraves reacutecoce de la genegravese de la signification le sens le plus profond du

xte sa phase originaire et sensible qui preacutecegravede la textualisation et la onde Certes le continu est au commencement de la signification

is il faut rappeler que ce postulat ne sappuie sur aucune base empishyque car il est de lordre de la croyance Le continu tel quil est

rdeacute par le paradigme pheacutenomeacutenologique relegraveve pour le reacutepeacuteter de maginaire il est invisible car non articuleacute cest-agrave-dire qu il est preacuteshy

teacute comme purement inteacuterieur sans aucune repreacutesentation linguistishyment partageacutee Cest une creacuteation du seacutemioticien qui sefface tout

e llement devant sa repreacutesentation il cegravede entiegraverement devant la iOIltinuiteacute quil met en place il est laquo barreacuteraquo comme le dit 1 Lacan

pos du laquo sujet barreacute raquo il nest plus lagrave il se barre noccupant que riquement raquo sa place Il ny a donc pas de sujet au niveau du

bull u qui puisse ecirctre empirique et psychologique Il ne sagit en fait d une instance imagineacutee dans une masse amorphe agrave partir dune estation discursive Nous nacceacutedons jamais au continu ce que percevons nest autre que le discontinu Ainsi le continu est

ent reconstructible par preacutesupposition agrave partir des uniteacutes disshye cateacutegoriseacutees mais sans aucun fondement textuel Lagrave aussi ~j ignons lideacutee de R Thom qui dit ceci laquo Savoir si le fond de

e est continu ou discontinu c est un problegraveme meacutetaphysique rois pas que quiconque dispose dune reacuteponseraquo (1991 67)

202 DRISS ABLALl

laquo Nous sommes faits pour voir essentiellement des discontinuiteacutes Elles seules sont significativesraquo (68) Agrave la source donc du sens saisi comme reacutesultat se trouvent la perception la passion et la sensibiliteacute cest-agrave-dire que deniegravere les formes laquo saillantes raquo pour reprendre une expression laquo catastrophiste raquo de Petitot il y a place dans le texte pour une laquo preacutegnance thymique raquo pour un laquo avant-coup du sens raquo sauf que ce dernier na aucune base textuelle ni linguistique car il est laquo inexshyprimable indicible raquo (Petitot 1985 292-293) Or comment peut-on accepter dune theacuteorie qui se veut textuelle revendiquant des principes saussuriens et hjelmsleviens de travailler sur linconnaissable et lindicible agrave moins de se transfonner en une philosophie

LE PARADIGME TENSIF

Cette laquo pheacutenomeacutenologisation raquo de la seacutemiotique agrave laquelle nous asshysistons depuis plus dune deacutecennie ne fait queacuteloigner la seacutemiotique des rivages du texte et des problegravemes de la textualiteacute pour la placer dans le giron des theacuteories philosophiques et meacutetaphysiques Il ne faut pas oublier quune seacutemiotique du continu est un projet philosophique qui ne convient pas agrave la description seacutemiotique des textes Et comme le dit Zilberberg

Effectif ou non fondeacute ou non ce laquo tournant pheacutenomeacutenologiqueraquo constishylue une mise en demeure En faisant siennes les positions de la pheacutenomeacuteshynologie notamment telle quelle est configureacutee dans lœuvre de MerleaushyPonty la seacutemiotique ne seacuteloigne-t-elle pas de sa double reacutefeacuterence saussushyricnne et hjelmslevienne Si tel eacutetait le cas nest-on pas en droit de consideacuterer que laquo fatigueacute raquo le conccedilu se retire devant la laquo fraicirccheurraquo du perccedilu Nous laissons de cocircteacute ici la question de savoir si une discipline exigeante peut changer dassise conceptuelle sans avoir agrave connaicirctre d imshyportantes conseacutequences (2002 1 (7)

Or chez Zilberberg lapproche continue de la tensiviteacute emprunte dautres voix Approche continue oui mais sans fondement pheacutenoshymeacutenologique Elle nest ni ne preacutetend ecirctre une seacutemiotique de la pershyception ou de la cognition comme cest le cas par exemple chez Greimas Petitot ou chez Ouellet Du continu oui agrave base pheacutenomeacuteshynologique non Une seacutemiotique du continu sans Husserl ni MerleaushyPont y avec Saussure et Hjelmslev En ce point il nest pas inutile dl souligner que Hjelmslev est la forme qui marque le plus doccurrence dans le corpus Zilberberg corpus dont nous disposons en version eacutelectronique et qui a eacuteteacute soumis agrave un logiciel de statistique (Hypcrshybase 1) lequel livre des reacutesultats inteacuteressants Hjelmslev est citeacute 651 fois Saussure aussi enregistre des reacutesultats satisfaisants 286 or Merleau-Ponty comme Husserl sont marqueacutes par une tregraves basse freacuteshy

1 Logiciel de statistique conccedilu par Etienne Brunet Universiteacute de Nice

CLl

lingulsn iscours

155 d~tJE unjle~al

Elz

-u

e re dolli ~ ml

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 203

quence 50 occurrences pour le premier et pour le second 3 occurshy~ource donc du sens saisi

a passion et la sensibiliteacute aDies raquo pour reprendre une a place dans le texte pour

ecirclJ1I-COUp du sens raquo sauf que nguistique car il est laquo inexshy

-] 93) Or comment peut-on revendiquant des principes 1er sur linconnaissable et ~ philosophie

tique agrave laquelle nous asshy~ qu eacute loigner la seacutemiotique la textualiteacute pour la placer

i meacutetaphysiques Il ne faut C~ l un projet philosophique lque des textes Et comme

pheacutenomeacutenologiqueraquo constishy les positions de la pheacutenomeacuteshy

= _ e dans lœuvre de Merleaushy

5 nest-on pas en droit de c re devant la laquo fraicirccheurraquo du

de savoir si une discipline os avoir agrave connaicirctre dimshy

de la tensiviteacute emprunte s sans fondement pheacutenoshyune seacutemiotique de la pershyle cas par exemple chez

liou oui agrave base pheacutenomeacuteshyu sans Husserl ni Merleaushy

__ point il nest pas inutile de

marque le plus d occurrences nou disposons en version

~Icic l de statistique (HypershylS Hjelmslev est citeacute 651

alS satisfaisants 286 or ueacutes par une tregraves basse freacuteshy

lj orsiteacute de Nice

rences Cela sexplique par labondance dun vocabulaire seacutemioshylinguistique le mot valeur enregistre 603 occurrences temps 575 discours 365 systegraveme 328 rythme 307 tempo 203 eacuteveacutenement 155 diffeacuterence 132 eacutenonceacute 114 immanence 46 perception 30 universaliteacute Il Lhistogramme suivant lillustre clairement

700 ~ -shy

600 i=

500 1 1-shy

400 1 1-shy - 300 1 r- r- l

200 1 r- rshy - r- F F oC

100 rshy -shy - rshy - r-

Jho -shy bull III - - _ Syshy__ h_ E~~ I)o f fs-enee Enonce ~cnoe Percpton un

Et Zilberberg lui-mecircme sen explique ainsi et sans ambages

Autant la preacutevalence accordeacutee au perccedilu semble eacuteloigner la seacutemiotique de ses reacutefeacuterences linguistiques deacuteclareacutees autant l attention que nous accorshydons avec d autres et apregraves dautTes au vegravecu e t au ressenti permet de maintenir intacte sans que lon puisse parler de paradoxe ou de provocashytion la reacutefeacuterence linguistique (2006 8)

Contrairement au paradigme pheacutenomeacutenologique et cognitif qui stishypulent lexistence dun espace originel non linguistique agrave partir dushyquel on pourrait expliquer des faits linguistiques Zilberberg met le texte en dehors de toute tentative dexpliquer la signification agrave partir dun niveau laquo anteacute-linguistique raquo en eacutecartant du paradigme tensif toute conception qui ramegravene le sens agrave un aspect de la penseacutee et du comportement plutocirct quune caracteacuteristique du langage et du texte L acception qui se deacutegage du modegravele de Zilberberg sur le continu consiste agrave mettre ce dernier en relation avec le langage et de reacutecuser qu un lien puisse se nouer au sein des textes entre un sens non encore cateacutegoriseacute sans fondement physique et verbal et les structures texshytuelles qui elles sont intelligibles et visibles En teacutemoignent les concepts cleacutes de Zilberberg et qui mettent tous laccent sans eacutequishyvoque sur laspect discontinu de lanalyse Entres autres nous poushyvons accompagneacutes de leur freacutequence citer intervalle 116 eacuteveacuteneshy

204 DRISS ABLALl

ment 155 rythme 229 tempo 181 aspectualiteacute 49 acte 106 seuils 102 limites 104 diffeacuterence 136 entre autres La seacutemiosis est ainsi deacutefinie pour citer Zilberberg laquo non comme repos mais comme acte raquo

Et entre les deux paradigmes continuistes la balance est loin decirctre eacutegale Pour le paradigme tensif laspect linguistique preacutevaut largeshyment Nous ferons eacutetat de trois suggestions la place que le point de vue tensif accorde agrave lanalyse linguIstique l espace tensif est constishytueacute par le recoupement de lintensiteacute et de lextensiteacute et le rabattement de celle-ci sur celle-lagrave le rocircle des notions de seuils et limites division et eacuteveacutenement comme composantes diffeacuterentielles des objets

On a sans doute compris ougrave nous voulions en venir la seacutemiotique tensive nest pas une autre seacutemiotique qui sopposerait agrave la seacutemioshytique dite structurale Elle sinteacuteresse de fait agrave un ensemble de pheacuteshynomegravenes discursifs que leur caractegravere graduel continu dynamique ou affectif rendait difficilement accessibles agrave une approche discontinue binaire statique et strictement narrative Ce faisant elle deacutecouvre luniteacute dun autre domaine de recherches celui du discours en acte de leacutenonciation vivante celui de la preacutesence sensible agrave l autre et au monde celui des eacutemotions et des passions mais dans leur fonne linshyguistique et textuelle Et pour se deacutemarquer du paradigme pheacutenomeacuteshynologique qui part du mental pour aller au linguistique le paradigme tensif lui agrave leacutegard du continu se pose agrave leacutegard du tempo de la toniciteacute de la temporaliteacute et de la spatialiteacute la question suivante

Comment justement passe-t-on du style intensif laquo boire dun seul coup d un seul trait raquo au style extensif laquo boire agrave petits coups agrave petites gorshygeacutees raquo Comment passe-t-on dun laquo continuum non analyseacute mais analyshysableraquo (Hjelmslev) agrave une articulation projetant forceacutement une mesure et un nombre sajustant harmonieusement en fin de compte lun agrave lautre ~ (Zilberberg 2006 43)

Derriegravere la conviction tensive de cette prioriteacute orientant linteacuterecirct vers laspect linguistique de l analyse se trouve une reacuteflexion eacutepisteacuteshymologique sur la seacutemiotique en geacuteneacuteral sur la conception du texte sur les principes qui reacutegissent lanalyse bref sur le faire du seacutemioticien Comme on le sait Zilberberg est lun des rares seacutemioticiens agrave avoir vraiment lu Hjelmslev il a aussi participeacute agrave rendre accessible la penshyseacutee du danois en France Mais cela ne la pas empecirccheacute de croiser le fer avec lui sur certaines questions cruciales qui ont peseacute et qui pegravesent toujours dans le deacutebat sur le texte et lanalyse Mais en mecircme temps on peut dire que Zilberberg est le plus hjelmslevien des seacutemioticiens nous dirons le plus danois des seacutemioticiens franccedilais parce quil est agrave la fois hjelmslevien et bf0ndalien Le duel fut lun contre lautre aussi bien scientifiquement que humainement Or chez Zilberberg Hjelm-

CLAUDE LI

slev et Bf0ndal modeacutereacute le pacshyles jointures qu faudra un jour Hjelmslev agrave simpliciteacute lun sleviens que tlt

textes lana l~

nente Mais la bull de doctorat en dun texte pow ces principe~ les reacuteflexions pouvant pas Cf

sage qui eacuteta it 1 que sur la seacutenll emplir de terrcu

Le prinCi pe j la simpl icite Jexhausli il( matheacutematiq pas aux cim

En effet 1 mites de c~na lesquels ne c conduit imm3l gecircneacute le deacute elo nc soucienl culturel Car dehors de la shy

Cest donc moins l eacutepisi maire geacuteleacutera qu on ne p-ur berg dOn la contre eux 00

me semblc-t-tJ sens de la pn jourd hui sur poser une t)

(1 997 1801 ReSie agrave

l une des rm

mgui tique le para 1 regard du tempo

JI 1( boire dun enl - JX1I t coups agrave P il bull ~

m non analyseacute mai 1c 1 torcement une ln

- de compte lun acirc

e Wle reacuteflexion eacutepl_ oDception du tG (

Olf le fa ire du seacutemioti rares seacutemioticiens agrave J

rendr_ accessible la empecirccheacute de croiser le ui ont peseacute et qui p~ _

1ais en mecircme te le ien des seacutemiotiei

rmccedilai parce quil c lun contre lautre a ~h z Zilberberg Hjelc

CLAUDE ZILBERBERG UN NOU1EAL JRJDGMeacute ~tM()1QUE ~ 205

~ V et Brendal ne sauraient ecirctre lun sans lautre Lantagonisme est deacutereacute le pacifisme est deacuteclareacute Laccent est beaucoup plus mis sur jointures que sur les points de deacutesaccord Question sur laquelle il

udra un jour se pencher Mais pour linstant nous 110US limiterons agrave J elmslev agrave des principes comme lempirisme lexhaustiviteacute la

wlpliciteacute luniversaliteacute et limmanence Ce sont les principes hjelmshy viens que tous les seacutemioticiens ont appliqueacute dans lanalyse des

tes lanalyse seacutemiotique du texte doit ecirctre empirique et immashynte Mais la question que nous nous sommes poseacutee dans notre thegravese

e doctorat en 1997 est la suivante est-ce quune analyse seacutemiotique un texte pour ecirctre deacutesigneacutee comme telle doit impeacuterativement suivre

principes Et cest lagrave ougrave nous avons fait une vraie rencontre avec _ reacuteflexions eacutepisteacutemologiques de Zilberberg Faute de temps et ne

pouvant pas entrer dans leurs menus deacutetails nous en citons un passhy-age qui eacutetait Jun des moments cleacutes de notre reacuteflexion eacutepisteacutemologishyue sur la seacutemiotique Leacutenonciation mecircme de ce passage est propre agrave mplir de terreur le plus teacutemeacuteraire Avec teacutemeacuteriteacute Zilberberg dit ceci

Le principe dempirisme reacuteunissant lexhaustiviteacute la non-contradiction et la simpliciteacute est peu adapteacute au Iraitement des questions seacutemiotiques lexhaustiviteacute est une fiction [ J La nonmiddotcontradiction deacutecisive pour les matheacutematiques et importante pour les sciences dites exactes ne convient pas aux sciences henneacuteneutiques (1997 180-181)

En effet la question du sens conduit Zilberberg agrave eacuteprouver les lishymites de certains principes comme luniversaliteacute et limmanence lesquels ne conviennent pas aux theacuteories de linterpreacutetation Tout ceci conduit immanquablement agrave souligner que ces principes ont beaucoup gecircneacute le deacuteveloppement de la seacutemiotique vis-agrave-vis de la textualiteacute Ils ne soucient guegravere de la speacutecificiteacute des textes et de leur contexte socioshyculturel Car elles eacutecartent toute conception de la signification en dehors de la stabiliteacute des structures

Cest donc un autre Hjelmslev qui a inteacuteresseacute Zilberberg peut-ecirctre moins leacutepisteacutemologue que le linguiste celui des Principes de gramshymaire geacuteneacuterale et de La cateacutegorie des cas Et lagrave encore d une faccedilon qu on ne peut que lire comme intentionnellement eacuteclairante Zilbershyberg dont la penseacutee sest construite avec les autres parfois aussi contre eux nous livre agrave leacutegard de son maicirctre Greimas ceci laquo Je dois me semble-t-il agrave Al Greimas lexigence de rigueur et de preacutecision le sens de la proportion et le souci de la geacuteneacuteralisation mecircme si aushyjourd hui sur ce point je considegravere que la seacutemiotique doit plutocirct proshyposer une typologie des possibles plutocirct qu une liste duniversauxraquo (1997 180)

Reste agrave preacuteciser que lapproche de Zilberberg des discours est l une des rares agrave aborder le texte dans sa speacutecificiteacute textuelle et non

206 DRfSS ABLALl

comme un preacutetexte pour mettre en exergue lapplicabiliteacute des mashychines theacuteoriques Il suffit de lire ces analyses de Baudelaire Rimbaud et Valeacutery Valeacutery justement qui dans un passage des Cahiers reacutesum de faccedilon on ne peut plus claire notre exposeacute laquo Le passage du continu au discontinu est bien ce en quoi consiste de tregraves haut le problegraveme du langage [ ] La confusion est au commencement de la connaissanc~ _

Le continu naccegravede jamais agrave la preacutesenceraquo (1990 50) Ce sera notr dernier mot

REacuteFEacuteRENCES

Ablali D 2003 La Seacutemiotique du texte du discontinu au continu Paris LHarmattan collection laquo Seacutemantiques raquo

Ablali D 2004 laquo Seacutemiotique et pheacutenomeacutenologie raquo Semioti ca vol 151104 219-240

Coquet J-c 1997 La Quecircte du sens Paris Puf

Greimas AJ 1956 laquo Lactualiteacute du saussurisme raquo Le Franccedilais moshyderne 191-204

Greimas AJ 1966 Seacutemantique stncturale Paris Seuil

Greimas AJ 1994 laquo Deacutebat entre Greimas et Ricœur raquo dans Heacutenau h A (eacuted) Le Pouvoir comme passion Paris Puf 195-216

Greimas AJ et Fontanille J J99 J Seacutemiotique des passions Pari Seuil

Husserl E 1950 ideacutees directrices pour une pheacutenomeacutenologie Pari shyGallimard

Merleau-Ponty M 1945 Pheacutenomeacutenologie de la perception Pari_

Gallimard

Petitot J 1985 Morphogenegravese du sens Paris Puf

Valeacutely P 1990 Cahiers m Paris GaIlimard

Zilberberg c 1988 Raison et poeacutetique du sens Paris Puf

Zilberberg c 1997 laquo Une continuiteacute incertaine Saussure Hjelmshyslev Greimas raquo in A Zinna (eacuted) Hjelmslev aujourdhui Turnshyhout Brepols 165-192

Zilberberg c 2002 laquo Preacutecis de grammaire tensive raquo Tangence 70 111-143

Zilberberg c 2006 Eleacutements de grammaire tensive Limoges Pulim

Zilberberg C et Fontanille 1 1998 Tension et signification Liegravege

Mardaga

196 DRISS ABLALl

la perception saffichent comme une assise fondamentale de leur theacuteoshyrie des laquo fonnes seacutemantiques raquo

Restons dans la seacutemiotique On observe depuis le deacutebut des anneacutees quatre-vingt-dix une tentative dallonger le chapelet theacuteorique lamshybition de creacuteer un nouveau paradigme pheacutenomeacutenologique loin des postulats du structuralisme de la linguistique et de la logique forshymelle Nous tenons agrave rappeler que cette rencontre avec la pheacutenomeacuteshynologie eacutetait pour la seacutemiotique un renfort de poids pour y prendre de leacutelan y retrouver de nouveaux concepts qui aident agrave frayer le chemin dun accegraves agrave des niveaux danalyse trop compliqueacutes pour que la seacutemiotique du discontinu (Ablali 2003) puisse en rendre compte

Pour cemer de plus cette relation entre seacutemiotique et pheacutenomeacutenoshylogie et ensuite entre la seacutemiotique pheacutenomeacutenologique et la seacutemioshytique tensive de Zilberberg nous proceacutederons en trois temps dabord le cadre eacutepisteacutemologique de cette rencontre avec la pheacutenomeacutenologie puis un rapprochement entre les travaux de Husserl et Merleau-Ponty dune part et ceux des seacutemioticiens dautre part afin de voir les reacuteshypercussions de ce genre de conceptualisation sur la question du sens Cest agrave ce moment-lagrave que nous ferons appel au paradigme tensif dom Zilberberg est le preacutecurseur pour tenter de comprendre lequel des deux convient agrave la seacutemiotique elle qui se veut textuelle Nous terminerons sur les diffeacuterences entre ces deux paradigmes lesquels nous tenons agrave le rappeler quitte agrave anticiper sont tous les deux continuistes sauf que la paradigme pheacutenomeacutenologique procircne un accegraves agrave lamont du sens par le biais dune heuristique non linguistique alors que le paradigme tensif revendique aussi une base continuiste mais pour deacutevelopper une acception linguistique du discours

On peut regrouper non sans risques en deux axes les grandes eacutetapes dans la conceptualisation de la seacutemiotique franccedilaise dobeacuteshydience greimassienne une seacutemiotique du discontinu et une seacutemioshytique du continu La premiegravere qui va des anneacutees soixante jusquagrave la fin des anneacutees quatre-vingt avait pour objectif de mettre en place avec comme toile de fond la penseacutee de Propp et de Hjelmslev les principes dorganisation de tous les discours nanmiddotatifs asseoir une grammaire universelle du discontinu sous forme de scheacutemas narratif theacutematique et discursif de fonctions solidaires et invariables La recherche s est focaliseacutee sur 1laquo actantialiteacute raquo la laquo structure eacuteleacutementaire raquo les laquo moshydaliteacutes raquo le laquo parcours geacuteneacuteratif raquo les laquo isotopies raquo leacutenonciation et les passions Lanalyse seacutemiotique des texte dans ses diffeacuterentes substances devra donc deacutefinir les structures immanentes de la signishyfication conccedilues comme un construit et non comme un donneacute Les textes sont confineacutes dans leur logique inteme coupeacutes des deacuteterminashytions exogegravenes Limmanence reacutegnait en force

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 197

Icur theacuteo- Trente ans plus tard Greimas convaincu des laquo limites du corps et de lesprit raquo juge indispensable ] intelTogation des laquo preacuteconditions de

1es anneacutees la signification raquo source de toute discontinuiteacute en prenant le texte lamshy dans son eacutetat ab quo en se posant des questions comme D ougrave

loin des viennent les modaliteacutes Quelle est leur source Comment s opegravere le ~ ique forshy passage aux valeurs et aux sujets Il fallait donc preacutevoir les preacutecondishypheacutenomeacuteshy tions anteacuterieures au laquo carreacute seacutemiotique raquo et aux laquo modaliteacutes raquo dougrave la

dre de neacutecessite deacutelargir le compas theacuteorique Jambition de creacuteer un noushy hemin veau paradigme continuiste loin des postulats linguistiques que la

ur que la seacutemiotique revendiquait jusque lagrave -c

tDomeacutenoshy LE PARADIGME PHEacuteNOMEacuteNOLOGIQUE

la seacutemioshy Une fois ces deux axes reacutesumeacutes quoique de faccedilon hasardeuse nous d abord commenccedilons par une question Pourquoi ce vif inteacuterecirct pour la pheacuteshy

--nologie nomeacutenologie Profond renouvellement eacutepisteacutemologique donc Ce qui

I-Ponty tient ensemble agrave 1heure actuelle une bonne partie des multiples proshy

llr les reacuteshy grammes de recherche que lon regroupe sous le nom de laquo seacutemiotiquedll sens du continu raquo cest le travail philosophique qui est fait agrave leur propos

if dont Sans la pheacutenomeacutenologie il ny aurait pas de seacutemiotique du continu l des deux Cest elle qui systeacutematise discipline et regravegle lheuristique de base qui mllneron reacutegit actuellement les travaux en seacutemiotique Mais il ne faut pas

loublier cette rencontre avec la pheacutenomeacutenologie ne date pas dhier elle remonte aux anneacutees cinquante Depuis son article sur Saussure Greimas (1956) manifeste un grand inteacuterecirct pour la litteacuterature pheacutenoshymeacutenologique La chose se confirme dans Seacutemantique structurale Le nom de Merleau-Ponty abordeacute pour la question de la laquo perception raquo domine les premiegraveres pages deacutepassant mecircme celui de Saussure et de

_rande~ Hjelmslev Au-delagrave de la valeur statistique on y lit dabord un choix

_ d obp shymeacutethodologique et heuristique Mais ce que Greimas ny allegravegue pas dune maniegravere explicite lorsqu il aborde le problegraveme de la perception cest quil ya deux faccedilons denvisager cette derniegravere soit on la cerne en amont comme le fait le pheacutenomeacutenologue soit on la cerne en aval cest la tradition saussurienne Sans exclure la premiegravere voie Greimas sengage reacutesolument dans leacutetude de la nature discregravete des eacuteleacutements constitutifs de la signification Au lieu decirctre attentif agrave l expeacuterience perceptive il leacutecarte au profit de lobjet perccedilu comme lexplique clairement ce passage de Seacutemantique structurale

La question de savoir si les eacuteleacutements des signifiants sont discrets ou non anteacuterieurement agrave leur perception relegraveve des conditions de leacutemission de la signification que nous ne pouvons pas nous permettre danalyser (Greishymas 1966 12)

Mais apregraves la peacuteriode dite structuraliste beaucoup de problegravemes 5ont resteacutes non reacutesolus Au milieu des anneacutees quatre-vingt des deacuteplashy

198 DRISS ABLALI

cements dinteacuterecircts se sont produits sur la scegravene des sciences du lanshygage La linguistique a bien enterreacute le comparatisme et l histoire agrave cause de la doxa des universaux et du cognitivisme Le spectre du cognitivisme hantait toutes les sciences de luniversiteacute Aucune discishypline na pu reacutesister aux theacuteories cognitives pour sattirer les bonnes gracircces de lesprit nouveau Du coup les structures qui laquo ne pouvaient pas descendre dans la rue raquo sont devenues dynamiques les theacuteories de lauto-organisation procircnent que les systegravemes sauto-organisent et lavegravenement des sciences cognitives remettait en question ce qui resshytait de 1heacuteritage structuraliste Bien eacutevidemment la seacutemiotique ne pouvant pas rester indiffeacuterente agrave ces changements va rencontrer vers le deacutebut des anneacutees quatre-vingt-dix de nouvelles questions et de nouveaux centres dinteacuterecircts qui vont leacuteloigner de ses origines linshyguistiques et textuelles Dougrave lapparition dune nouvelle probleacutemashytique en seacutemiotique appeleacutee laquo continue raquo Ainsi ce qui a eacuteteacute eacutecarteacute dans Seacutemantique structurale simpose maintenant avec force sur le devant de la scegravene seacutemiotique

Si le dialogue avec la pheacutenomeacutenologie est resteacute pendant longtemps en seacutemiotique un sujet tabou Greimas au fur et agrave mesure quil eacutelargisshysait leacutechafaudage de la demeure seacutemiotique incorporait des concepts pheacutenomeacutenologiques sur le laquo simulacre raquo les laquo passions raquo la laquo pershyception raquo et la laquo protensiviteacute raquo Les travaux de 1-Cl Coquet vont aussi dans ce sens Lauteur de La Quecircte du sens est lun des premiers seacuteshymioticiens de lEcole de Paris agrave avoir oseacute lever le tabou de la reacutealiteacute et de la substance dans son approche eacutenonciative du discours en proposhysant le point de vue de laquo la pheacutenomeacutenologie appliqueacutee agrave la linguisshytique et agrave la seacutemiotique Sa tacircche est de mettre en lumiegravere lactiviteacute parlante comme disent les linguistes cette activiteacute quon ne peut dissocier de la reacutealiteacute du discours et de ses instancesraquo (1997 1)

Plusieurs des voies de recherche qui sont avanceacutees par ladite laquo nouvelle seacutemiotique raquo visent agrave bacirctir un autre monde du sens gisant derriegravere les structures seacutemio-narratives celui du procegraves deacutemergence de la signification procegraves qui aurait tendance agrave en croire les seacutemiotishyciens agrave se manifester dans le texte tout autant que les structures seacutemio-narratives elles-mecircmes Ce procegraves n est autre que ce que Merleau-Ponty appelle laquo leacutetat naissant raquo la couche primordiale ougrave naissent les ideacutees comme les choses cest-agrave-dire la maniegravere fuyante d apparaicirctre la substance en train de devenir forme - la laquo qualiteacute de substance raquo dirait Hjelmslev 1laquo eacuteveil du percevoir raquo selon Valeacutery Aussi bien Husserl que Merleau-Ponty insistent sur le laquo revenir aux choses mecircmes raquo mais que signifie exactement cette notion de laquo choses mecircmes raquo chez les deux philosophes les plus citeacutes par Greimas Et quelle est sa relation avec la notion de laquo preacuteconditions

CLAUDE ZI LBLRBEJ

de fa signification dans un travail paru dans les deacuteveloppem les laquo choses mecircme~

ception revenir aux avant la connaissaJ1c duquel toute deacutetemu pendante raquo (Merleau-Plt

Cette influence de 1 tique greimassienne lgt

que la seacutemiotique a aux laquo choses mecircme comme celle daller tions preacutealables agrave sa n Fontanille

du flou originel el

et son laquo actual iS311 preacuteconditions eacuteplgtl~

Il)

Agrave cet eacutegard les d naviguent de consef prend appui sur la pe1

une phase vague cl

entiegraverement mais sujet et du monde qw 1

indissolublement lie ci 1991 26) comme 1 Cest ce que Valeacutery (15

Dans cette approc discours de la phenonl perceptive le SUJ l1 nj

conscience decirctre 1 choses non vues el

est toujours limiteacutee rience perceptive il f perccedilois Et cest pour celui du rappolt laquo n eacutecrire le sensible a sentir tandis que le et du sujet il e~ t lui connaissent pas de dl fusion Greimas e l FOI qui laquo nest pour le m

scegravene des sciences du lanshyomparatisme et lhistoire agrave ognitivisme Le spectre du

l universiteacute Aucune discishymiddotes pour sattirer les bonnes

structures qui laquo ne pouvaient dynamiques les theacuteories

legravemes sauto-organisent et ugraveait en question ce qui resshydemment la seacutemiotique ne cements va rencontrer vers nouvclles questions et de

bull -Joigner de ses origines linshyd unc nouvelle probleacutemashy

-insi ce qui a eacuteteacute eacutecarteacute menant avec force SUr le

resteacute pendant longtemps 1 agrave mesure quil eacutelargisshy

e incorporait des concepts bull les laquo passions raquo la laquo pershy

de J-C1 Coquet vont aussi 1 lun des premiers seacuteshy

er le tabou de la reacutealiteacute et ive du discours en proposhy_le appliqueacutee agrave la linguisshyIre en lumiegravere lactiviteacute

__ C activiteacute quon ne peut

cesraquo (1997 1) o nt avanceacutees par ladite

mn monde du sens gisant 1 du procegraves deacutemergence

-~ agrave en croire les seacutemiotishyUl8 nl que les structures n est autre que ce que

ouche primordiale ougrave --dire la maniegravere fuyante

~-r fonne - la laquo quali teacute de rcevoir raquo selon Valeacutery nt sur le laquo revenir aux ment cette notion de

phes les plus citeacutes par rion de laquo preacuteconditions

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 199

de la significationraquo des seacutemioticiens Nous avons deacuteveloppeacute ceci dans un travail paru dans Semiotica (Ablali 2004) et sans entrer ici dans les deacuteveloppements neacutecessaires nous dirons quelques mots sur les laquo choses mecircmes raquo Pour lauteur de la Pheacutenomeacutenologie de la pershyception revenir aux choses mecircmes c est laquo cest revenir agrave ce monde avant la connaissance dont la cOimaissance parle toujours et agrave leacutegard duquel toute deacutetermination scientifique est abstraite signitive et deacuteshypendanteraquo (Merleau-Ponty 1945 1Il)

Cette influence de la pheacutenomeacutenologie sur le discours de la seacutemioshytique greimassienne sobserve dans cette notion de laquo choses mecircmes raquo que la seacutemiotique a adapteacutee aux besoins de son heuristique Ce retour aux laquo choses mecircmesraquo lui pennet douvrir de nouvelles interrogations comme celle daller du discours manifeste agrave limagination des condishytions preacutealables agrave sa reacutealisation de partir comme le disent Greimas et Fontanille

du flou originel et laquo potentiel raquo pour aboutir agrave travers sa laquo virtualisalion raquo et son laquoactualisation raquo jusquau stade de la laquo reacutealisation raquo en passant des preacuteconditions eacutepisteacutemologiques aux manifestations discursives (J 991 J J)

Agrave cet eacutegard les discours de la seacutemiotique et de la pheacutenomeacutenologie naviguent de conserve la seacutemiotique en affirmant que la signification prend appui sur la perception et le sensible deacutefinit le continu comme une phase vague et confuse ougrave ni le sujet ni lobjet ne se saisissent entiegraverement mais se font simplement imaginer Cest une fusion du sujet et du monde qui est eacutevoqueacutee une fusion laquo dun sujet protensifraquo indissolublement lieacute agrave une laquo ombre de valeurraquo (Greimas et Fontanille 1991 26) comme le disent les auteurs de Seacutemiotique des passions Cest ce que Valeacutery (1990) cher agrave Zilberberg appelle laquo linfonne raquo

Dans cette approche de l amorphe la seacutemiotique rejoint alors le discours de la pheacutenomeacutenologie de Merleau-Ponty dans l expeacuterience perceptive le sujet ne sassume pas entiegraverement il na pas encore conscience decirctre le sujet autour de ma vision il y a un horizon de choses non vues et non visibles car la vision est preacutepersonnelJe elle est toujours limiteacutee Si nous voulons traduire exactement cette expeacuteshyrience perceptive il faut dire quon perccediloil en moi et non pas que je perccedilois Et cest pour faire du sensible un mode plus eacuteleacutementaire que celui du rapport laquo noegravese-noegraveme raquo que Merleau-Ponty commence agrave eacutecrire le sensible avec majuscule Le laquo sensibleraquo signifie l objet du sentir tandis que le laquo Sensibleraquo deacutesigne le milieu fonnateur de Jobjet et du sujet il est lui-mecircme la laquo chair raquo ougrave le sujet et l objet ne connaissent pas de distinction Sinspirant de Merleau-Ponty cette fusion Greimas et Fontanille la deacutesignent par laquo tensiviteacute phorique raquo

qui laquo nest pour le monde humain qu une des proprieacuteteacutes fondamenshy

200 DRISS ABLALI

tales de cet espace inteacuterieur que nous avons reconnu et deacutetini comme le rabattement du monde naturel sur le sujet en vue de constituer le monde propre de l existence seacutemiotiqueraquo (Greimas amp Fontanille 1991 17)

Pourtant ici il faut souligner que cette laquo tensiviteacute phorique raquo car cest agrave ce niveau que la seacutemiotique commence agrave s eacuteloigner du giron de la linguistique et du texte relegraveve de limaginaire cest-agrave-dire quelle est inaccessible directement dans le texte elle est seulement reconsshytruite par preacutesupposition laquo encatalyseacutee raquo dirait Hjelmslev Mais la question que nous nous posons puisquon est dans le domaine du texte est la suivante est-ce que les textes portent en eux et seulement en eux les traces de cette tensiviteacute phorique En dautres termes estshyce quil existe des marques linguistiques narratives ou eacutenonciatives pour expliquer linexplicable ou l imaginaire ou pour repreacutesenter les laquo images intraduites raquo pour citer encore une fois Valeacutery

La faccedilon dont est deacutecrit le continu dans Seacutemiotique des passions teacutemoigne clairement de son involution speacuteculative qui la vite coupeacute de la description seacutemio-linguistique des textes Dans cet ouvrage nous ne manquons pas de relever le retour des mecircmes formulations chaque fois que les auteurs eacutevoquent la possibiliteacute de rapporter la signification du texte agrave un domaine dobjectiviteacute indeacutependant des textes En tant que lieu insaisissable le continu ne peut ecirctre quimaginaire dougrave les fOlmulations suivantes

Avant de laquo poserraquo un sujet tensif face agrave des valeurs investies dans des objets (ou le monde comme valeur) il convient d imaginer un palier de laquo pressentimentsraquo ougrave se trouveraient intimement lieacutes lun agrave lautre le sujet pour le monde et le monde pour le sujet (1991 25)

Une page plus loin Greimas et Fontanille eacutecrivent

Cest une situation comparable mais anteacuterieure au positionnement actanshytiel qu il s agit dimaginer (ibid 26)

Et plus loin

On pourrait imaginergt provisoirement que le sujet de quecircte avant de reshycevoir le vouloir et le devoir est instaureacute lorsquil deacutecouvre lexistence dun systegraveme de valeurs et que cette instauration preacutealable en ferait un sujet potentialiseacute (ibid 57-58 cest nous qui soulignons dans les trois passages)

Acceptons pour linstant lideacutee daccegraves au continu agrave travers limashygination et posons quelques questions sur les chemins qui y megravenent Comment la seacutemiotique pourrait-elle preacutetendre deacutevoiler le sens le plus profond du texte sa phase originaire qui preacutecegravede la textualisation et qui la fonde lncombe-t-il agrave la seacutemiotique de reacutesoudre ce genre de problegravemes Comme la dit clairement Greimas dans son deacutebat avec Ricœur

CLAUDE ZILBER

On est obligeacute de reo qui ne sexpliqu chose Et ceSl d structures les plushyseacutemiotique) il pouvons rien dire capable d en di n 203)

La solution qui gt

dans ce deacutebat avec R agrave placer la seacutemioliql seacutee deacutetenir la con nai Cest la pheacutenomeacuten adeacutequate pour inle~

limperfection la d est importante les multiplieacutees chez G Ouellet et chez Fon tique sont pheacutenom horizon profondeur

Lenjeu pour le preacutecoce de la gen middot texte sa phase origll fonde Certes le cc mais il faut rappeler ri que car il est d abordeacute par le pa radi limaginaire il est senteacute comme purem quement partageacutee ( naturellement de- BII discontinuiteacute qu il cr agrave propos du laquo sujet 1 laquo theacuteoriquement ) continu qui puisse egrave que dune instance manifestation dis nous percevons n f

seulement recontn cregravetes et cateacutegoris nous rejoignons Il la nature est conUII et je ne crois pas

1

deacutefini comme ons ti tuer le

F ontanille

bori que raquo car r du giron de

- -dire quelle 1 men t reconsshym 1 v Mais la 1 do maine du ln t seulemenl D termes e Lshy

oo nonciativ~

r r r nter 1

1t P sim rira ile ou -

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 201

On est obligeacute de reconnaicirctre que le discours ccedila bouge quil y a des forces qui ne s expliquent pas entiegraverement par les modaliteacutes quil y a autre chose Et cest donc lagrave le problegraveme [ J D ougrave lideacutee que derrieacutere les structures les plus eacuteleacutementaires - articulables - de la signification (carreacute seacutemiotique) il y a un horizon ontique dont nous autres seacutemioticiens ne pouvons rien dire parce quavec les instruments seacutemiotiques on nest pas capable den dire quelque chose [ J Alors quelle est la solution (1994 203)

La solution qui simpose delle-mecircme dapregraves Greimas aussi bien dans ce deacutebat avec Ricœur que dans Seacutemiotique des passions consiste agrave placer la seacutemiotique sous la deacutependance dune autre discipline censhyseacutee deacutetenir la cOlUlaissance sur le continu agrave savoir la pheacutenomeacutenologie Cest la pheacutenomeacutenologie qui montre donc agrave la seacutemiotique la voie adeacutequate pour interroger le niveau continu du texte Depuis surtout De limperfection la dette des seacutemioticiens envers les pheacutenomeacutenologues est importante les reacutefeacuterences agrave Husserl et agrave Merleau-Ponty se sont multiplieacutees chez Greimas lui-mecircme chez Coquet chez Petitot chez OueJlet et chez Fontanille Les concepts fondamentaux de la seacutemioshylique sont pheacutenomeacutenologiques laquo preacutesence champ corps estheacutesie horizon profondeur intentiolUlaliteacute perception raquo etc

Lenjeu pour le seacutemioticien consiste donc agrave saisir agrave un stade tregraves reacutecoce de la genegravese de la signification le sens le plus profond du

xte sa phase originaire et sensible qui preacutecegravede la textualisation et la onde Certes le continu est au commencement de la signification

is il faut rappeler que ce postulat ne sappuie sur aucune base empishyque car il est de lordre de la croyance Le continu tel quil est

rdeacute par le paradigme pheacutenomeacutenologique relegraveve pour le reacutepeacuteter de maginaire il est invisible car non articuleacute cest-agrave-dire qu il est preacuteshy

teacute comme purement inteacuterieur sans aucune repreacutesentation linguistishyment partageacutee Cest une creacuteation du seacutemioticien qui sefface tout

e llement devant sa repreacutesentation il cegravede entiegraverement devant la iOIltinuiteacute quil met en place il est laquo barreacuteraquo comme le dit 1 Lacan

pos du laquo sujet barreacute raquo il nest plus lagrave il se barre noccupant que riquement raquo sa place Il ny a donc pas de sujet au niveau du

bull u qui puisse ecirctre empirique et psychologique Il ne sagit en fait d une instance imagineacutee dans une masse amorphe agrave partir dune estation discursive Nous nacceacutedons jamais au continu ce que percevons nest autre que le discontinu Ainsi le continu est

ent reconstructible par preacutesupposition agrave partir des uniteacutes disshye cateacutegoriseacutees mais sans aucun fondement textuel Lagrave aussi ~j ignons lideacutee de R Thom qui dit ceci laquo Savoir si le fond de

e est continu ou discontinu c est un problegraveme meacutetaphysique rois pas que quiconque dispose dune reacuteponseraquo (1991 67)

202 DRISS ABLALl

laquo Nous sommes faits pour voir essentiellement des discontinuiteacutes Elles seules sont significativesraquo (68) Agrave la source donc du sens saisi comme reacutesultat se trouvent la perception la passion et la sensibiliteacute cest-agrave-dire que deniegravere les formes laquo saillantes raquo pour reprendre une expression laquo catastrophiste raquo de Petitot il y a place dans le texte pour une laquo preacutegnance thymique raquo pour un laquo avant-coup du sens raquo sauf que ce dernier na aucune base textuelle ni linguistique car il est laquo inexshyprimable indicible raquo (Petitot 1985 292-293) Or comment peut-on accepter dune theacuteorie qui se veut textuelle revendiquant des principes saussuriens et hjelmsleviens de travailler sur linconnaissable et lindicible agrave moins de se transfonner en une philosophie

LE PARADIGME TENSIF

Cette laquo pheacutenomeacutenologisation raquo de la seacutemiotique agrave laquelle nous asshysistons depuis plus dune deacutecennie ne fait queacuteloigner la seacutemiotique des rivages du texte et des problegravemes de la textualiteacute pour la placer dans le giron des theacuteories philosophiques et meacutetaphysiques Il ne faut pas oublier quune seacutemiotique du continu est un projet philosophique qui ne convient pas agrave la description seacutemiotique des textes Et comme le dit Zilberberg

Effectif ou non fondeacute ou non ce laquo tournant pheacutenomeacutenologiqueraquo constishylue une mise en demeure En faisant siennes les positions de la pheacutenomeacuteshynologie notamment telle quelle est configureacutee dans lœuvre de MerleaushyPonty la seacutemiotique ne seacuteloigne-t-elle pas de sa double reacutefeacuterence saussushyricnne et hjelmslevienne Si tel eacutetait le cas nest-on pas en droit de consideacuterer que laquo fatigueacute raquo le conccedilu se retire devant la laquo fraicirccheurraquo du perccedilu Nous laissons de cocircteacute ici la question de savoir si une discipline exigeante peut changer dassise conceptuelle sans avoir agrave connaicirctre d imshyportantes conseacutequences (2002 1 (7)

Or chez Zilberberg lapproche continue de la tensiviteacute emprunte dautres voix Approche continue oui mais sans fondement pheacutenoshymeacutenologique Elle nest ni ne preacutetend ecirctre une seacutemiotique de la pershyception ou de la cognition comme cest le cas par exemple chez Greimas Petitot ou chez Ouellet Du continu oui agrave base pheacutenomeacuteshynologique non Une seacutemiotique du continu sans Husserl ni MerleaushyPont y avec Saussure et Hjelmslev En ce point il nest pas inutile dl souligner que Hjelmslev est la forme qui marque le plus doccurrence dans le corpus Zilberberg corpus dont nous disposons en version eacutelectronique et qui a eacuteteacute soumis agrave un logiciel de statistique (Hypcrshybase 1) lequel livre des reacutesultats inteacuteressants Hjelmslev est citeacute 651 fois Saussure aussi enregistre des reacutesultats satisfaisants 286 or Merleau-Ponty comme Husserl sont marqueacutes par une tregraves basse freacuteshy

1 Logiciel de statistique conccedilu par Etienne Brunet Universiteacute de Nice

CLl

lingulsn iscours

155 d~tJE unjle~al

Elz

-u

e re dolli ~ ml

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 203

quence 50 occurrences pour le premier et pour le second 3 occurshy~ource donc du sens saisi

a passion et la sensibiliteacute aDies raquo pour reprendre une a place dans le texte pour

ecirclJ1I-COUp du sens raquo sauf que nguistique car il est laquo inexshy

-] 93) Or comment peut-on revendiquant des principes 1er sur linconnaissable et ~ philosophie

tique agrave laquelle nous asshy~ qu eacute loigner la seacutemiotique la textualiteacute pour la placer

i meacutetaphysiques Il ne faut C~ l un projet philosophique lque des textes Et comme

pheacutenomeacutenologiqueraquo constishy les positions de la pheacutenomeacuteshy

= _ e dans lœuvre de Merleaushy

5 nest-on pas en droit de c re devant la laquo fraicirccheurraquo du

de savoir si une discipline os avoir agrave connaicirctre dimshy

de la tensiviteacute emprunte s sans fondement pheacutenoshyune seacutemiotique de la pershyle cas par exemple chez

liou oui agrave base pheacutenomeacuteshyu sans Husserl ni Merleaushy

__ point il nest pas inutile de

marque le plus d occurrences nou disposons en version

~Icic l de statistique (HypershylS Hjelmslev est citeacute 651

alS satisfaisants 286 or ueacutes par une tregraves basse freacuteshy

lj orsiteacute de Nice

rences Cela sexplique par labondance dun vocabulaire seacutemioshylinguistique le mot valeur enregistre 603 occurrences temps 575 discours 365 systegraveme 328 rythme 307 tempo 203 eacuteveacutenement 155 diffeacuterence 132 eacutenonceacute 114 immanence 46 perception 30 universaliteacute Il Lhistogramme suivant lillustre clairement

700 ~ -shy

600 i=

500 1 1-shy

400 1 1-shy - 300 1 r- r- l

200 1 r- rshy - r- F F oC

100 rshy -shy - rshy - r-

Jho -shy bull III - - _ Syshy__ h_ E~~ I)o f fs-enee Enonce ~cnoe Percpton un

Et Zilberberg lui-mecircme sen explique ainsi et sans ambages

Autant la preacutevalence accordeacutee au perccedilu semble eacuteloigner la seacutemiotique de ses reacutefeacuterences linguistiques deacuteclareacutees autant l attention que nous accorshydons avec d autres et apregraves dautTes au vegravecu e t au ressenti permet de maintenir intacte sans que lon puisse parler de paradoxe ou de provocashytion la reacutefeacuterence linguistique (2006 8)

Contrairement au paradigme pheacutenomeacutenologique et cognitif qui stishypulent lexistence dun espace originel non linguistique agrave partir dushyquel on pourrait expliquer des faits linguistiques Zilberberg met le texte en dehors de toute tentative dexpliquer la signification agrave partir dun niveau laquo anteacute-linguistique raquo en eacutecartant du paradigme tensif toute conception qui ramegravene le sens agrave un aspect de la penseacutee et du comportement plutocirct quune caracteacuteristique du langage et du texte L acception qui se deacutegage du modegravele de Zilberberg sur le continu consiste agrave mettre ce dernier en relation avec le langage et de reacutecuser qu un lien puisse se nouer au sein des textes entre un sens non encore cateacutegoriseacute sans fondement physique et verbal et les structures texshytuelles qui elles sont intelligibles et visibles En teacutemoignent les concepts cleacutes de Zilberberg et qui mettent tous laccent sans eacutequishyvoque sur laspect discontinu de lanalyse Entres autres nous poushyvons accompagneacutes de leur freacutequence citer intervalle 116 eacuteveacuteneshy

204 DRISS ABLALl

ment 155 rythme 229 tempo 181 aspectualiteacute 49 acte 106 seuils 102 limites 104 diffeacuterence 136 entre autres La seacutemiosis est ainsi deacutefinie pour citer Zilberberg laquo non comme repos mais comme acte raquo

Et entre les deux paradigmes continuistes la balance est loin decirctre eacutegale Pour le paradigme tensif laspect linguistique preacutevaut largeshyment Nous ferons eacutetat de trois suggestions la place que le point de vue tensif accorde agrave lanalyse linguIstique l espace tensif est constishytueacute par le recoupement de lintensiteacute et de lextensiteacute et le rabattement de celle-ci sur celle-lagrave le rocircle des notions de seuils et limites division et eacuteveacutenement comme composantes diffeacuterentielles des objets

On a sans doute compris ougrave nous voulions en venir la seacutemiotique tensive nest pas une autre seacutemiotique qui sopposerait agrave la seacutemioshytique dite structurale Elle sinteacuteresse de fait agrave un ensemble de pheacuteshynomegravenes discursifs que leur caractegravere graduel continu dynamique ou affectif rendait difficilement accessibles agrave une approche discontinue binaire statique et strictement narrative Ce faisant elle deacutecouvre luniteacute dun autre domaine de recherches celui du discours en acte de leacutenonciation vivante celui de la preacutesence sensible agrave l autre et au monde celui des eacutemotions et des passions mais dans leur fonne linshyguistique et textuelle Et pour se deacutemarquer du paradigme pheacutenomeacuteshynologique qui part du mental pour aller au linguistique le paradigme tensif lui agrave leacutegard du continu se pose agrave leacutegard du tempo de la toniciteacute de la temporaliteacute et de la spatialiteacute la question suivante

Comment justement passe-t-on du style intensif laquo boire dun seul coup d un seul trait raquo au style extensif laquo boire agrave petits coups agrave petites gorshygeacutees raquo Comment passe-t-on dun laquo continuum non analyseacute mais analyshysableraquo (Hjelmslev) agrave une articulation projetant forceacutement une mesure et un nombre sajustant harmonieusement en fin de compte lun agrave lautre ~ (Zilberberg 2006 43)

Derriegravere la conviction tensive de cette prioriteacute orientant linteacuterecirct vers laspect linguistique de l analyse se trouve une reacuteflexion eacutepisteacuteshymologique sur la seacutemiotique en geacuteneacuteral sur la conception du texte sur les principes qui reacutegissent lanalyse bref sur le faire du seacutemioticien Comme on le sait Zilberberg est lun des rares seacutemioticiens agrave avoir vraiment lu Hjelmslev il a aussi participeacute agrave rendre accessible la penshyseacutee du danois en France Mais cela ne la pas empecirccheacute de croiser le fer avec lui sur certaines questions cruciales qui ont peseacute et qui pegravesent toujours dans le deacutebat sur le texte et lanalyse Mais en mecircme temps on peut dire que Zilberberg est le plus hjelmslevien des seacutemioticiens nous dirons le plus danois des seacutemioticiens franccedilais parce quil est agrave la fois hjelmslevien et bf0ndalien Le duel fut lun contre lautre aussi bien scientifiquement que humainement Or chez Zilberberg Hjelm-

CLAUDE LI

slev et Bf0ndal modeacutereacute le pacshyles jointures qu faudra un jour Hjelmslev agrave simpliciteacute lun sleviens que tlt

textes lana l~

nente Mais la bull de doctorat en dun texte pow ces principe~ les reacuteflexions pouvant pas Cf

sage qui eacuteta it 1 que sur la seacutenll emplir de terrcu

Le prinCi pe j la simpl icite Jexhausli il( matheacutematiq pas aux cim

En effet 1 mites de c~na lesquels ne c conduit imm3l gecircneacute le deacute elo nc soucienl culturel Car dehors de la shy

Cest donc moins l eacutepisi maire geacuteleacutera qu on ne p-ur berg dOn la contre eux 00

me semblc-t-tJ sens de la pn jourd hui sur poser une t)

(1 997 1801 ReSie agrave

l une des rm

mgui tique le para 1 regard du tempo

JI 1( boire dun enl - JX1I t coups agrave P il bull ~

m non analyseacute mai 1c 1 torcement une ln

- de compte lun acirc

e Wle reacuteflexion eacutepl_ oDception du tG (

Olf le fa ire du seacutemioti rares seacutemioticiens agrave J

rendr_ accessible la empecirccheacute de croiser le ui ont peseacute et qui p~ _

1ais en mecircme te le ien des seacutemiotiei

rmccedilai parce quil c lun contre lautre a ~h z Zilberberg Hjelc

CLAUDE ZILBERBERG UN NOU1EAL JRJDGMeacute ~tM()1QUE ~ 205

~ V et Brendal ne sauraient ecirctre lun sans lautre Lantagonisme est deacutereacute le pacifisme est deacuteclareacute Laccent est beaucoup plus mis sur jointures que sur les points de deacutesaccord Question sur laquelle il

udra un jour se pencher Mais pour linstant nous 110US limiterons agrave J elmslev agrave des principes comme lempirisme lexhaustiviteacute la

wlpliciteacute luniversaliteacute et limmanence Ce sont les principes hjelmshy viens que tous les seacutemioticiens ont appliqueacute dans lanalyse des

tes lanalyse seacutemiotique du texte doit ecirctre empirique et immashynte Mais la question que nous nous sommes poseacutee dans notre thegravese

e doctorat en 1997 est la suivante est-ce quune analyse seacutemiotique un texte pour ecirctre deacutesigneacutee comme telle doit impeacuterativement suivre

principes Et cest lagrave ougrave nous avons fait une vraie rencontre avec _ reacuteflexions eacutepisteacutemologiques de Zilberberg Faute de temps et ne

pouvant pas entrer dans leurs menus deacutetails nous en citons un passhy-age qui eacutetait Jun des moments cleacutes de notre reacuteflexion eacutepisteacutemologishyue sur la seacutemiotique Leacutenonciation mecircme de ce passage est propre agrave mplir de terreur le plus teacutemeacuteraire Avec teacutemeacuteriteacute Zilberberg dit ceci

Le principe dempirisme reacuteunissant lexhaustiviteacute la non-contradiction et la simpliciteacute est peu adapteacute au Iraitement des questions seacutemiotiques lexhaustiviteacute est une fiction [ J La nonmiddotcontradiction deacutecisive pour les matheacutematiques et importante pour les sciences dites exactes ne convient pas aux sciences henneacuteneutiques (1997 180-181)

En effet la question du sens conduit Zilberberg agrave eacuteprouver les lishymites de certains principes comme luniversaliteacute et limmanence lesquels ne conviennent pas aux theacuteories de linterpreacutetation Tout ceci conduit immanquablement agrave souligner que ces principes ont beaucoup gecircneacute le deacuteveloppement de la seacutemiotique vis-agrave-vis de la textualiteacute Ils ne soucient guegravere de la speacutecificiteacute des textes et de leur contexte socioshyculturel Car elles eacutecartent toute conception de la signification en dehors de la stabiliteacute des structures

Cest donc un autre Hjelmslev qui a inteacuteresseacute Zilberberg peut-ecirctre moins leacutepisteacutemologue que le linguiste celui des Principes de gramshymaire geacuteneacuterale et de La cateacutegorie des cas Et lagrave encore d une faccedilon qu on ne peut que lire comme intentionnellement eacuteclairante Zilbershyberg dont la penseacutee sest construite avec les autres parfois aussi contre eux nous livre agrave leacutegard de son maicirctre Greimas ceci laquo Je dois me semble-t-il agrave Al Greimas lexigence de rigueur et de preacutecision le sens de la proportion et le souci de la geacuteneacuteralisation mecircme si aushyjourd hui sur ce point je considegravere que la seacutemiotique doit plutocirct proshyposer une typologie des possibles plutocirct qu une liste duniversauxraquo (1997 180)

Reste agrave preacuteciser que lapproche de Zilberberg des discours est l une des rares agrave aborder le texte dans sa speacutecificiteacute textuelle et non

206 DRfSS ABLALl

comme un preacutetexte pour mettre en exergue lapplicabiliteacute des mashychines theacuteoriques Il suffit de lire ces analyses de Baudelaire Rimbaud et Valeacutery Valeacutery justement qui dans un passage des Cahiers reacutesum de faccedilon on ne peut plus claire notre exposeacute laquo Le passage du continu au discontinu est bien ce en quoi consiste de tregraves haut le problegraveme du langage [ ] La confusion est au commencement de la connaissanc~ _

Le continu naccegravede jamais agrave la preacutesenceraquo (1990 50) Ce sera notr dernier mot

REacuteFEacuteRENCES

Ablali D 2003 La Seacutemiotique du texte du discontinu au continu Paris LHarmattan collection laquo Seacutemantiques raquo

Ablali D 2004 laquo Seacutemiotique et pheacutenomeacutenologie raquo Semioti ca vol 151104 219-240

Coquet J-c 1997 La Quecircte du sens Paris Puf

Greimas AJ 1956 laquo Lactualiteacute du saussurisme raquo Le Franccedilais moshyderne 191-204

Greimas AJ 1966 Seacutemantique stncturale Paris Seuil

Greimas AJ 1994 laquo Deacutebat entre Greimas et Ricœur raquo dans Heacutenau h A (eacuted) Le Pouvoir comme passion Paris Puf 195-216

Greimas AJ et Fontanille J J99 J Seacutemiotique des passions Pari Seuil

Husserl E 1950 ideacutees directrices pour une pheacutenomeacutenologie Pari shyGallimard

Merleau-Ponty M 1945 Pheacutenomeacutenologie de la perception Pari_

Gallimard

Petitot J 1985 Morphogenegravese du sens Paris Puf

Valeacutely P 1990 Cahiers m Paris GaIlimard

Zilberberg c 1988 Raison et poeacutetique du sens Paris Puf

Zilberberg c 1997 laquo Une continuiteacute incertaine Saussure Hjelmshyslev Greimas raquo in A Zinna (eacuted) Hjelmslev aujourdhui Turnshyhout Brepols 165-192

Zilberberg c 2002 laquo Preacutecis de grammaire tensive raquo Tangence 70 111-143

Zilberberg c 2006 Eleacutements de grammaire tensive Limoges Pulim

Zilberberg C et Fontanille 1 1998 Tension et signification Liegravege

Mardaga

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 197

Icur theacuteo- Trente ans plus tard Greimas convaincu des laquo limites du corps et de lesprit raquo juge indispensable ] intelTogation des laquo preacuteconditions de

1es anneacutees la signification raquo source de toute discontinuiteacute en prenant le texte lamshy dans son eacutetat ab quo en se posant des questions comme D ougrave

loin des viennent les modaliteacutes Quelle est leur source Comment s opegravere le ~ ique forshy passage aux valeurs et aux sujets Il fallait donc preacutevoir les preacutecondishypheacutenomeacuteshy tions anteacuterieures au laquo carreacute seacutemiotique raquo et aux laquo modaliteacutes raquo dougrave la

dre de neacutecessite deacutelargir le compas theacuteorique Jambition de creacuteer un noushy hemin veau paradigme continuiste loin des postulats linguistiques que la

ur que la seacutemiotique revendiquait jusque lagrave -c

tDomeacutenoshy LE PARADIGME PHEacuteNOMEacuteNOLOGIQUE

la seacutemioshy Une fois ces deux axes reacutesumeacutes quoique de faccedilon hasardeuse nous d abord commenccedilons par une question Pourquoi ce vif inteacuterecirct pour la pheacuteshy

--nologie nomeacutenologie Profond renouvellement eacutepisteacutemologique donc Ce qui

I-Ponty tient ensemble agrave 1heure actuelle une bonne partie des multiples proshy

llr les reacuteshy grammes de recherche que lon regroupe sous le nom de laquo seacutemiotiquedll sens du continu raquo cest le travail philosophique qui est fait agrave leur propos

if dont Sans la pheacutenomeacutenologie il ny aurait pas de seacutemiotique du continu l des deux Cest elle qui systeacutematise discipline et regravegle lheuristique de base qui mllneron reacutegit actuellement les travaux en seacutemiotique Mais il ne faut pas

loublier cette rencontre avec la pheacutenomeacutenologie ne date pas dhier elle remonte aux anneacutees cinquante Depuis son article sur Saussure Greimas (1956) manifeste un grand inteacuterecirct pour la litteacuterature pheacutenoshymeacutenologique La chose se confirme dans Seacutemantique structurale Le nom de Merleau-Ponty abordeacute pour la question de la laquo perception raquo domine les premiegraveres pages deacutepassant mecircme celui de Saussure et de

_rande~ Hjelmslev Au-delagrave de la valeur statistique on y lit dabord un choix

_ d obp shymeacutethodologique et heuristique Mais ce que Greimas ny allegravegue pas dune maniegravere explicite lorsqu il aborde le problegraveme de la perception cest quil ya deux faccedilons denvisager cette derniegravere soit on la cerne en amont comme le fait le pheacutenomeacutenologue soit on la cerne en aval cest la tradition saussurienne Sans exclure la premiegravere voie Greimas sengage reacutesolument dans leacutetude de la nature discregravete des eacuteleacutements constitutifs de la signification Au lieu decirctre attentif agrave l expeacuterience perceptive il leacutecarte au profit de lobjet perccedilu comme lexplique clairement ce passage de Seacutemantique structurale

La question de savoir si les eacuteleacutements des signifiants sont discrets ou non anteacuterieurement agrave leur perception relegraveve des conditions de leacutemission de la signification que nous ne pouvons pas nous permettre danalyser (Greishymas 1966 12)

Mais apregraves la peacuteriode dite structuraliste beaucoup de problegravemes 5ont resteacutes non reacutesolus Au milieu des anneacutees quatre-vingt des deacuteplashy

198 DRISS ABLALI

cements dinteacuterecircts se sont produits sur la scegravene des sciences du lanshygage La linguistique a bien enterreacute le comparatisme et l histoire agrave cause de la doxa des universaux et du cognitivisme Le spectre du cognitivisme hantait toutes les sciences de luniversiteacute Aucune discishypline na pu reacutesister aux theacuteories cognitives pour sattirer les bonnes gracircces de lesprit nouveau Du coup les structures qui laquo ne pouvaient pas descendre dans la rue raquo sont devenues dynamiques les theacuteories de lauto-organisation procircnent que les systegravemes sauto-organisent et lavegravenement des sciences cognitives remettait en question ce qui resshytait de 1heacuteritage structuraliste Bien eacutevidemment la seacutemiotique ne pouvant pas rester indiffeacuterente agrave ces changements va rencontrer vers le deacutebut des anneacutees quatre-vingt-dix de nouvelles questions et de nouveaux centres dinteacuterecircts qui vont leacuteloigner de ses origines linshyguistiques et textuelles Dougrave lapparition dune nouvelle probleacutemashytique en seacutemiotique appeleacutee laquo continue raquo Ainsi ce qui a eacuteteacute eacutecarteacute dans Seacutemantique structurale simpose maintenant avec force sur le devant de la scegravene seacutemiotique

Si le dialogue avec la pheacutenomeacutenologie est resteacute pendant longtemps en seacutemiotique un sujet tabou Greimas au fur et agrave mesure quil eacutelargisshysait leacutechafaudage de la demeure seacutemiotique incorporait des concepts pheacutenomeacutenologiques sur le laquo simulacre raquo les laquo passions raquo la laquo pershyception raquo et la laquo protensiviteacute raquo Les travaux de 1-Cl Coquet vont aussi dans ce sens Lauteur de La Quecircte du sens est lun des premiers seacuteshymioticiens de lEcole de Paris agrave avoir oseacute lever le tabou de la reacutealiteacute et de la substance dans son approche eacutenonciative du discours en proposhysant le point de vue de laquo la pheacutenomeacutenologie appliqueacutee agrave la linguisshytique et agrave la seacutemiotique Sa tacircche est de mettre en lumiegravere lactiviteacute parlante comme disent les linguistes cette activiteacute quon ne peut dissocier de la reacutealiteacute du discours et de ses instancesraquo (1997 1)

Plusieurs des voies de recherche qui sont avanceacutees par ladite laquo nouvelle seacutemiotique raquo visent agrave bacirctir un autre monde du sens gisant derriegravere les structures seacutemio-narratives celui du procegraves deacutemergence de la signification procegraves qui aurait tendance agrave en croire les seacutemiotishyciens agrave se manifester dans le texte tout autant que les structures seacutemio-narratives elles-mecircmes Ce procegraves n est autre que ce que Merleau-Ponty appelle laquo leacutetat naissant raquo la couche primordiale ougrave naissent les ideacutees comme les choses cest-agrave-dire la maniegravere fuyante d apparaicirctre la substance en train de devenir forme - la laquo qualiteacute de substance raquo dirait Hjelmslev 1laquo eacuteveil du percevoir raquo selon Valeacutery Aussi bien Husserl que Merleau-Ponty insistent sur le laquo revenir aux choses mecircmes raquo mais que signifie exactement cette notion de laquo choses mecircmes raquo chez les deux philosophes les plus citeacutes par Greimas Et quelle est sa relation avec la notion de laquo preacuteconditions

CLAUDE ZI LBLRBEJ

de fa signification dans un travail paru dans les deacuteveloppem les laquo choses mecircme~

ception revenir aux avant la connaissaJ1c duquel toute deacutetemu pendante raquo (Merleau-Plt

Cette influence de 1 tique greimassienne lgt

que la seacutemiotique a aux laquo choses mecircme comme celle daller tions preacutealables agrave sa n Fontanille

du flou originel el

et son laquo actual iS311 preacuteconditions eacuteplgtl~

Il)

Agrave cet eacutegard les d naviguent de consef prend appui sur la pe1

une phase vague cl

entiegraverement mais sujet et du monde qw 1

indissolublement lie ci 1991 26) comme 1 Cest ce que Valeacutery (15

Dans cette approc discours de la phenonl perceptive le SUJ l1 nj

conscience decirctre 1 choses non vues el

est toujours limiteacutee rience perceptive il f perccedilois Et cest pour celui du rappolt laquo n eacutecrire le sensible a sentir tandis que le et du sujet il e~ t lui connaissent pas de dl fusion Greimas e l FOI qui laquo nest pour le m

scegravene des sciences du lanshyomparatisme et lhistoire agrave ognitivisme Le spectre du

l universiteacute Aucune discishymiddotes pour sattirer les bonnes

structures qui laquo ne pouvaient dynamiques les theacuteories

legravemes sauto-organisent et ugraveait en question ce qui resshydemment la seacutemiotique ne cements va rencontrer vers nouvclles questions et de

bull -Joigner de ses origines linshyd unc nouvelle probleacutemashy

-insi ce qui a eacuteteacute eacutecarteacute menant avec force SUr le

resteacute pendant longtemps 1 agrave mesure quil eacutelargisshy

e incorporait des concepts bull les laquo passions raquo la laquo pershy

de J-C1 Coquet vont aussi 1 lun des premiers seacuteshy

er le tabou de la reacutealiteacute et ive du discours en proposhy_le appliqueacutee agrave la linguisshyIre en lumiegravere lactiviteacute

__ C activiteacute quon ne peut

cesraquo (1997 1) o nt avanceacutees par ladite

mn monde du sens gisant 1 du procegraves deacutemergence

-~ agrave en croire les seacutemiotishyUl8 nl que les structures n est autre que ce que

ouche primordiale ougrave --dire la maniegravere fuyante

~-r fonne - la laquo quali teacute de rcevoir raquo selon Valeacutery nt sur le laquo revenir aux ment cette notion de

phes les plus citeacutes par rion de laquo preacuteconditions

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 199

de la significationraquo des seacutemioticiens Nous avons deacuteveloppeacute ceci dans un travail paru dans Semiotica (Ablali 2004) et sans entrer ici dans les deacuteveloppements neacutecessaires nous dirons quelques mots sur les laquo choses mecircmes raquo Pour lauteur de la Pheacutenomeacutenologie de la pershyception revenir aux choses mecircmes c est laquo cest revenir agrave ce monde avant la connaissance dont la cOimaissance parle toujours et agrave leacutegard duquel toute deacutetermination scientifique est abstraite signitive et deacuteshypendanteraquo (Merleau-Ponty 1945 1Il)

Cette influence de la pheacutenomeacutenologie sur le discours de la seacutemioshytique greimassienne sobserve dans cette notion de laquo choses mecircmes raquo que la seacutemiotique a adapteacutee aux besoins de son heuristique Ce retour aux laquo choses mecircmesraquo lui pennet douvrir de nouvelles interrogations comme celle daller du discours manifeste agrave limagination des condishytions preacutealables agrave sa reacutealisation de partir comme le disent Greimas et Fontanille

du flou originel et laquo potentiel raquo pour aboutir agrave travers sa laquo virtualisalion raquo et son laquoactualisation raquo jusquau stade de la laquo reacutealisation raquo en passant des preacuteconditions eacutepisteacutemologiques aux manifestations discursives (J 991 J J)

Agrave cet eacutegard les discours de la seacutemiotique et de la pheacutenomeacutenologie naviguent de conserve la seacutemiotique en affirmant que la signification prend appui sur la perception et le sensible deacutefinit le continu comme une phase vague et confuse ougrave ni le sujet ni lobjet ne se saisissent entiegraverement mais se font simplement imaginer Cest une fusion du sujet et du monde qui est eacutevoqueacutee une fusion laquo dun sujet protensifraquo indissolublement lieacute agrave une laquo ombre de valeurraquo (Greimas et Fontanille 1991 26) comme le disent les auteurs de Seacutemiotique des passions Cest ce que Valeacutery (1990) cher agrave Zilberberg appelle laquo linfonne raquo

Dans cette approche de l amorphe la seacutemiotique rejoint alors le discours de la pheacutenomeacutenologie de Merleau-Ponty dans l expeacuterience perceptive le sujet ne sassume pas entiegraverement il na pas encore conscience decirctre le sujet autour de ma vision il y a un horizon de choses non vues et non visibles car la vision est preacutepersonnelJe elle est toujours limiteacutee Si nous voulons traduire exactement cette expeacuteshyrience perceptive il faut dire quon perccediloil en moi et non pas que je perccedilois Et cest pour faire du sensible un mode plus eacuteleacutementaire que celui du rapport laquo noegravese-noegraveme raquo que Merleau-Ponty commence agrave eacutecrire le sensible avec majuscule Le laquo sensibleraquo signifie l objet du sentir tandis que le laquo Sensibleraquo deacutesigne le milieu fonnateur de Jobjet et du sujet il est lui-mecircme la laquo chair raquo ougrave le sujet et l objet ne connaissent pas de distinction Sinspirant de Merleau-Ponty cette fusion Greimas et Fontanille la deacutesignent par laquo tensiviteacute phorique raquo

qui laquo nest pour le monde humain qu une des proprieacuteteacutes fondamenshy

200 DRISS ABLALI

tales de cet espace inteacuterieur que nous avons reconnu et deacutetini comme le rabattement du monde naturel sur le sujet en vue de constituer le monde propre de l existence seacutemiotiqueraquo (Greimas amp Fontanille 1991 17)

Pourtant ici il faut souligner que cette laquo tensiviteacute phorique raquo car cest agrave ce niveau que la seacutemiotique commence agrave s eacuteloigner du giron de la linguistique et du texte relegraveve de limaginaire cest-agrave-dire quelle est inaccessible directement dans le texte elle est seulement reconsshytruite par preacutesupposition laquo encatalyseacutee raquo dirait Hjelmslev Mais la question que nous nous posons puisquon est dans le domaine du texte est la suivante est-ce que les textes portent en eux et seulement en eux les traces de cette tensiviteacute phorique En dautres termes estshyce quil existe des marques linguistiques narratives ou eacutenonciatives pour expliquer linexplicable ou l imaginaire ou pour repreacutesenter les laquo images intraduites raquo pour citer encore une fois Valeacutery

La faccedilon dont est deacutecrit le continu dans Seacutemiotique des passions teacutemoigne clairement de son involution speacuteculative qui la vite coupeacute de la description seacutemio-linguistique des textes Dans cet ouvrage nous ne manquons pas de relever le retour des mecircmes formulations chaque fois que les auteurs eacutevoquent la possibiliteacute de rapporter la signification du texte agrave un domaine dobjectiviteacute indeacutependant des textes En tant que lieu insaisissable le continu ne peut ecirctre quimaginaire dougrave les fOlmulations suivantes

Avant de laquo poserraquo un sujet tensif face agrave des valeurs investies dans des objets (ou le monde comme valeur) il convient d imaginer un palier de laquo pressentimentsraquo ougrave se trouveraient intimement lieacutes lun agrave lautre le sujet pour le monde et le monde pour le sujet (1991 25)

Une page plus loin Greimas et Fontanille eacutecrivent

Cest une situation comparable mais anteacuterieure au positionnement actanshytiel qu il s agit dimaginer (ibid 26)

Et plus loin

On pourrait imaginergt provisoirement que le sujet de quecircte avant de reshycevoir le vouloir et le devoir est instaureacute lorsquil deacutecouvre lexistence dun systegraveme de valeurs et que cette instauration preacutealable en ferait un sujet potentialiseacute (ibid 57-58 cest nous qui soulignons dans les trois passages)

Acceptons pour linstant lideacutee daccegraves au continu agrave travers limashygination et posons quelques questions sur les chemins qui y megravenent Comment la seacutemiotique pourrait-elle preacutetendre deacutevoiler le sens le plus profond du texte sa phase originaire qui preacutecegravede la textualisation et qui la fonde lncombe-t-il agrave la seacutemiotique de reacutesoudre ce genre de problegravemes Comme la dit clairement Greimas dans son deacutebat avec Ricœur

CLAUDE ZILBER

On est obligeacute de reo qui ne sexpliqu chose Et ceSl d structures les plushyseacutemiotique) il pouvons rien dire capable d en di n 203)

La solution qui gt

dans ce deacutebat avec R agrave placer la seacutemioliql seacutee deacutetenir la con nai Cest la pheacutenomeacuten adeacutequate pour inle~

limperfection la d est importante les multiplieacutees chez G Ouellet et chez Fon tique sont pheacutenom horizon profondeur

Lenjeu pour le preacutecoce de la gen middot texte sa phase origll fonde Certes le cc mais il faut rappeler ri que car il est d abordeacute par le pa radi limaginaire il est senteacute comme purem quement partageacutee ( naturellement de- BII discontinuiteacute qu il cr agrave propos du laquo sujet 1 laquo theacuteoriquement ) continu qui puisse egrave que dune instance manifestation dis nous percevons n f

seulement recontn cregravetes et cateacutegoris nous rejoignons Il la nature est conUII et je ne crois pas

1

deacutefini comme ons ti tuer le

F ontanille

bori que raquo car r du giron de

- -dire quelle 1 men t reconsshym 1 v Mais la 1 do maine du ln t seulemenl D termes e Lshy

oo nonciativ~

r r r nter 1

1t P sim rira ile ou -

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 201

On est obligeacute de reconnaicirctre que le discours ccedila bouge quil y a des forces qui ne s expliquent pas entiegraverement par les modaliteacutes quil y a autre chose Et cest donc lagrave le problegraveme [ J D ougrave lideacutee que derrieacutere les structures les plus eacuteleacutementaires - articulables - de la signification (carreacute seacutemiotique) il y a un horizon ontique dont nous autres seacutemioticiens ne pouvons rien dire parce quavec les instruments seacutemiotiques on nest pas capable den dire quelque chose [ J Alors quelle est la solution (1994 203)

La solution qui simpose delle-mecircme dapregraves Greimas aussi bien dans ce deacutebat avec Ricœur que dans Seacutemiotique des passions consiste agrave placer la seacutemiotique sous la deacutependance dune autre discipline censhyseacutee deacutetenir la cOlUlaissance sur le continu agrave savoir la pheacutenomeacutenologie Cest la pheacutenomeacutenologie qui montre donc agrave la seacutemiotique la voie adeacutequate pour interroger le niveau continu du texte Depuis surtout De limperfection la dette des seacutemioticiens envers les pheacutenomeacutenologues est importante les reacutefeacuterences agrave Husserl et agrave Merleau-Ponty se sont multiplieacutees chez Greimas lui-mecircme chez Coquet chez Petitot chez OueJlet et chez Fontanille Les concepts fondamentaux de la seacutemioshylique sont pheacutenomeacutenologiques laquo preacutesence champ corps estheacutesie horizon profondeur intentiolUlaliteacute perception raquo etc

Lenjeu pour le seacutemioticien consiste donc agrave saisir agrave un stade tregraves reacutecoce de la genegravese de la signification le sens le plus profond du

xte sa phase originaire et sensible qui preacutecegravede la textualisation et la onde Certes le continu est au commencement de la signification

is il faut rappeler que ce postulat ne sappuie sur aucune base empishyque car il est de lordre de la croyance Le continu tel quil est

rdeacute par le paradigme pheacutenomeacutenologique relegraveve pour le reacutepeacuteter de maginaire il est invisible car non articuleacute cest-agrave-dire qu il est preacuteshy

teacute comme purement inteacuterieur sans aucune repreacutesentation linguistishyment partageacutee Cest une creacuteation du seacutemioticien qui sefface tout

e llement devant sa repreacutesentation il cegravede entiegraverement devant la iOIltinuiteacute quil met en place il est laquo barreacuteraquo comme le dit 1 Lacan

pos du laquo sujet barreacute raquo il nest plus lagrave il se barre noccupant que riquement raquo sa place Il ny a donc pas de sujet au niveau du

bull u qui puisse ecirctre empirique et psychologique Il ne sagit en fait d une instance imagineacutee dans une masse amorphe agrave partir dune estation discursive Nous nacceacutedons jamais au continu ce que percevons nest autre que le discontinu Ainsi le continu est

ent reconstructible par preacutesupposition agrave partir des uniteacutes disshye cateacutegoriseacutees mais sans aucun fondement textuel Lagrave aussi ~j ignons lideacutee de R Thom qui dit ceci laquo Savoir si le fond de

e est continu ou discontinu c est un problegraveme meacutetaphysique rois pas que quiconque dispose dune reacuteponseraquo (1991 67)

202 DRISS ABLALl

laquo Nous sommes faits pour voir essentiellement des discontinuiteacutes Elles seules sont significativesraquo (68) Agrave la source donc du sens saisi comme reacutesultat se trouvent la perception la passion et la sensibiliteacute cest-agrave-dire que deniegravere les formes laquo saillantes raquo pour reprendre une expression laquo catastrophiste raquo de Petitot il y a place dans le texte pour une laquo preacutegnance thymique raquo pour un laquo avant-coup du sens raquo sauf que ce dernier na aucune base textuelle ni linguistique car il est laquo inexshyprimable indicible raquo (Petitot 1985 292-293) Or comment peut-on accepter dune theacuteorie qui se veut textuelle revendiquant des principes saussuriens et hjelmsleviens de travailler sur linconnaissable et lindicible agrave moins de se transfonner en une philosophie

LE PARADIGME TENSIF

Cette laquo pheacutenomeacutenologisation raquo de la seacutemiotique agrave laquelle nous asshysistons depuis plus dune deacutecennie ne fait queacuteloigner la seacutemiotique des rivages du texte et des problegravemes de la textualiteacute pour la placer dans le giron des theacuteories philosophiques et meacutetaphysiques Il ne faut pas oublier quune seacutemiotique du continu est un projet philosophique qui ne convient pas agrave la description seacutemiotique des textes Et comme le dit Zilberberg

Effectif ou non fondeacute ou non ce laquo tournant pheacutenomeacutenologiqueraquo constishylue une mise en demeure En faisant siennes les positions de la pheacutenomeacuteshynologie notamment telle quelle est configureacutee dans lœuvre de MerleaushyPonty la seacutemiotique ne seacuteloigne-t-elle pas de sa double reacutefeacuterence saussushyricnne et hjelmslevienne Si tel eacutetait le cas nest-on pas en droit de consideacuterer que laquo fatigueacute raquo le conccedilu se retire devant la laquo fraicirccheurraquo du perccedilu Nous laissons de cocircteacute ici la question de savoir si une discipline exigeante peut changer dassise conceptuelle sans avoir agrave connaicirctre d imshyportantes conseacutequences (2002 1 (7)

Or chez Zilberberg lapproche continue de la tensiviteacute emprunte dautres voix Approche continue oui mais sans fondement pheacutenoshymeacutenologique Elle nest ni ne preacutetend ecirctre une seacutemiotique de la pershyception ou de la cognition comme cest le cas par exemple chez Greimas Petitot ou chez Ouellet Du continu oui agrave base pheacutenomeacuteshynologique non Une seacutemiotique du continu sans Husserl ni MerleaushyPont y avec Saussure et Hjelmslev En ce point il nest pas inutile dl souligner que Hjelmslev est la forme qui marque le plus doccurrence dans le corpus Zilberberg corpus dont nous disposons en version eacutelectronique et qui a eacuteteacute soumis agrave un logiciel de statistique (Hypcrshybase 1) lequel livre des reacutesultats inteacuteressants Hjelmslev est citeacute 651 fois Saussure aussi enregistre des reacutesultats satisfaisants 286 or Merleau-Ponty comme Husserl sont marqueacutes par une tregraves basse freacuteshy

1 Logiciel de statistique conccedilu par Etienne Brunet Universiteacute de Nice

CLl

lingulsn iscours

155 d~tJE unjle~al

Elz

-u

e re dolli ~ ml

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 203

quence 50 occurrences pour le premier et pour le second 3 occurshy~ource donc du sens saisi

a passion et la sensibiliteacute aDies raquo pour reprendre une a place dans le texte pour

ecirclJ1I-COUp du sens raquo sauf que nguistique car il est laquo inexshy

-] 93) Or comment peut-on revendiquant des principes 1er sur linconnaissable et ~ philosophie

tique agrave laquelle nous asshy~ qu eacute loigner la seacutemiotique la textualiteacute pour la placer

i meacutetaphysiques Il ne faut C~ l un projet philosophique lque des textes Et comme

pheacutenomeacutenologiqueraquo constishy les positions de la pheacutenomeacuteshy

= _ e dans lœuvre de Merleaushy

5 nest-on pas en droit de c re devant la laquo fraicirccheurraquo du

de savoir si une discipline os avoir agrave connaicirctre dimshy

de la tensiviteacute emprunte s sans fondement pheacutenoshyune seacutemiotique de la pershyle cas par exemple chez

liou oui agrave base pheacutenomeacuteshyu sans Husserl ni Merleaushy

__ point il nest pas inutile de

marque le plus d occurrences nou disposons en version

~Icic l de statistique (HypershylS Hjelmslev est citeacute 651

alS satisfaisants 286 or ueacutes par une tregraves basse freacuteshy

lj orsiteacute de Nice

rences Cela sexplique par labondance dun vocabulaire seacutemioshylinguistique le mot valeur enregistre 603 occurrences temps 575 discours 365 systegraveme 328 rythme 307 tempo 203 eacuteveacutenement 155 diffeacuterence 132 eacutenonceacute 114 immanence 46 perception 30 universaliteacute Il Lhistogramme suivant lillustre clairement

700 ~ -shy

600 i=

500 1 1-shy

400 1 1-shy - 300 1 r- r- l

200 1 r- rshy - r- F F oC

100 rshy -shy - rshy - r-

Jho -shy bull III - - _ Syshy__ h_ E~~ I)o f fs-enee Enonce ~cnoe Percpton un

Et Zilberberg lui-mecircme sen explique ainsi et sans ambages

Autant la preacutevalence accordeacutee au perccedilu semble eacuteloigner la seacutemiotique de ses reacutefeacuterences linguistiques deacuteclareacutees autant l attention que nous accorshydons avec d autres et apregraves dautTes au vegravecu e t au ressenti permet de maintenir intacte sans que lon puisse parler de paradoxe ou de provocashytion la reacutefeacuterence linguistique (2006 8)

Contrairement au paradigme pheacutenomeacutenologique et cognitif qui stishypulent lexistence dun espace originel non linguistique agrave partir dushyquel on pourrait expliquer des faits linguistiques Zilberberg met le texte en dehors de toute tentative dexpliquer la signification agrave partir dun niveau laquo anteacute-linguistique raquo en eacutecartant du paradigme tensif toute conception qui ramegravene le sens agrave un aspect de la penseacutee et du comportement plutocirct quune caracteacuteristique du langage et du texte L acception qui se deacutegage du modegravele de Zilberberg sur le continu consiste agrave mettre ce dernier en relation avec le langage et de reacutecuser qu un lien puisse se nouer au sein des textes entre un sens non encore cateacutegoriseacute sans fondement physique et verbal et les structures texshytuelles qui elles sont intelligibles et visibles En teacutemoignent les concepts cleacutes de Zilberberg et qui mettent tous laccent sans eacutequishyvoque sur laspect discontinu de lanalyse Entres autres nous poushyvons accompagneacutes de leur freacutequence citer intervalle 116 eacuteveacuteneshy

204 DRISS ABLALl

ment 155 rythme 229 tempo 181 aspectualiteacute 49 acte 106 seuils 102 limites 104 diffeacuterence 136 entre autres La seacutemiosis est ainsi deacutefinie pour citer Zilberberg laquo non comme repos mais comme acte raquo

Et entre les deux paradigmes continuistes la balance est loin decirctre eacutegale Pour le paradigme tensif laspect linguistique preacutevaut largeshyment Nous ferons eacutetat de trois suggestions la place que le point de vue tensif accorde agrave lanalyse linguIstique l espace tensif est constishytueacute par le recoupement de lintensiteacute et de lextensiteacute et le rabattement de celle-ci sur celle-lagrave le rocircle des notions de seuils et limites division et eacuteveacutenement comme composantes diffeacuterentielles des objets

On a sans doute compris ougrave nous voulions en venir la seacutemiotique tensive nest pas une autre seacutemiotique qui sopposerait agrave la seacutemioshytique dite structurale Elle sinteacuteresse de fait agrave un ensemble de pheacuteshynomegravenes discursifs que leur caractegravere graduel continu dynamique ou affectif rendait difficilement accessibles agrave une approche discontinue binaire statique et strictement narrative Ce faisant elle deacutecouvre luniteacute dun autre domaine de recherches celui du discours en acte de leacutenonciation vivante celui de la preacutesence sensible agrave l autre et au monde celui des eacutemotions et des passions mais dans leur fonne linshyguistique et textuelle Et pour se deacutemarquer du paradigme pheacutenomeacuteshynologique qui part du mental pour aller au linguistique le paradigme tensif lui agrave leacutegard du continu se pose agrave leacutegard du tempo de la toniciteacute de la temporaliteacute et de la spatialiteacute la question suivante

Comment justement passe-t-on du style intensif laquo boire dun seul coup d un seul trait raquo au style extensif laquo boire agrave petits coups agrave petites gorshygeacutees raquo Comment passe-t-on dun laquo continuum non analyseacute mais analyshysableraquo (Hjelmslev) agrave une articulation projetant forceacutement une mesure et un nombre sajustant harmonieusement en fin de compte lun agrave lautre ~ (Zilberberg 2006 43)

Derriegravere la conviction tensive de cette prioriteacute orientant linteacuterecirct vers laspect linguistique de l analyse se trouve une reacuteflexion eacutepisteacuteshymologique sur la seacutemiotique en geacuteneacuteral sur la conception du texte sur les principes qui reacutegissent lanalyse bref sur le faire du seacutemioticien Comme on le sait Zilberberg est lun des rares seacutemioticiens agrave avoir vraiment lu Hjelmslev il a aussi participeacute agrave rendre accessible la penshyseacutee du danois en France Mais cela ne la pas empecirccheacute de croiser le fer avec lui sur certaines questions cruciales qui ont peseacute et qui pegravesent toujours dans le deacutebat sur le texte et lanalyse Mais en mecircme temps on peut dire que Zilberberg est le plus hjelmslevien des seacutemioticiens nous dirons le plus danois des seacutemioticiens franccedilais parce quil est agrave la fois hjelmslevien et bf0ndalien Le duel fut lun contre lautre aussi bien scientifiquement que humainement Or chez Zilberberg Hjelm-

CLAUDE LI

slev et Bf0ndal modeacutereacute le pacshyles jointures qu faudra un jour Hjelmslev agrave simpliciteacute lun sleviens que tlt

textes lana l~

nente Mais la bull de doctorat en dun texte pow ces principe~ les reacuteflexions pouvant pas Cf

sage qui eacuteta it 1 que sur la seacutenll emplir de terrcu

Le prinCi pe j la simpl icite Jexhausli il( matheacutematiq pas aux cim

En effet 1 mites de c~na lesquels ne c conduit imm3l gecircneacute le deacute elo nc soucienl culturel Car dehors de la shy

Cest donc moins l eacutepisi maire geacuteleacutera qu on ne p-ur berg dOn la contre eux 00

me semblc-t-tJ sens de la pn jourd hui sur poser une t)

(1 997 1801 ReSie agrave

l une des rm

mgui tique le para 1 regard du tempo

JI 1( boire dun enl - JX1I t coups agrave P il bull ~

m non analyseacute mai 1c 1 torcement une ln

- de compte lun acirc

e Wle reacuteflexion eacutepl_ oDception du tG (

Olf le fa ire du seacutemioti rares seacutemioticiens agrave J

rendr_ accessible la empecirccheacute de croiser le ui ont peseacute et qui p~ _

1ais en mecircme te le ien des seacutemiotiei

rmccedilai parce quil c lun contre lautre a ~h z Zilberberg Hjelc

CLAUDE ZILBERBERG UN NOU1EAL JRJDGMeacute ~tM()1QUE ~ 205

~ V et Brendal ne sauraient ecirctre lun sans lautre Lantagonisme est deacutereacute le pacifisme est deacuteclareacute Laccent est beaucoup plus mis sur jointures que sur les points de deacutesaccord Question sur laquelle il

udra un jour se pencher Mais pour linstant nous 110US limiterons agrave J elmslev agrave des principes comme lempirisme lexhaustiviteacute la

wlpliciteacute luniversaliteacute et limmanence Ce sont les principes hjelmshy viens que tous les seacutemioticiens ont appliqueacute dans lanalyse des

tes lanalyse seacutemiotique du texte doit ecirctre empirique et immashynte Mais la question que nous nous sommes poseacutee dans notre thegravese

e doctorat en 1997 est la suivante est-ce quune analyse seacutemiotique un texte pour ecirctre deacutesigneacutee comme telle doit impeacuterativement suivre

principes Et cest lagrave ougrave nous avons fait une vraie rencontre avec _ reacuteflexions eacutepisteacutemologiques de Zilberberg Faute de temps et ne

pouvant pas entrer dans leurs menus deacutetails nous en citons un passhy-age qui eacutetait Jun des moments cleacutes de notre reacuteflexion eacutepisteacutemologishyue sur la seacutemiotique Leacutenonciation mecircme de ce passage est propre agrave mplir de terreur le plus teacutemeacuteraire Avec teacutemeacuteriteacute Zilberberg dit ceci

Le principe dempirisme reacuteunissant lexhaustiviteacute la non-contradiction et la simpliciteacute est peu adapteacute au Iraitement des questions seacutemiotiques lexhaustiviteacute est une fiction [ J La nonmiddotcontradiction deacutecisive pour les matheacutematiques et importante pour les sciences dites exactes ne convient pas aux sciences henneacuteneutiques (1997 180-181)

En effet la question du sens conduit Zilberberg agrave eacuteprouver les lishymites de certains principes comme luniversaliteacute et limmanence lesquels ne conviennent pas aux theacuteories de linterpreacutetation Tout ceci conduit immanquablement agrave souligner que ces principes ont beaucoup gecircneacute le deacuteveloppement de la seacutemiotique vis-agrave-vis de la textualiteacute Ils ne soucient guegravere de la speacutecificiteacute des textes et de leur contexte socioshyculturel Car elles eacutecartent toute conception de la signification en dehors de la stabiliteacute des structures

Cest donc un autre Hjelmslev qui a inteacuteresseacute Zilberberg peut-ecirctre moins leacutepisteacutemologue que le linguiste celui des Principes de gramshymaire geacuteneacuterale et de La cateacutegorie des cas Et lagrave encore d une faccedilon qu on ne peut que lire comme intentionnellement eacuteclairante Zilbershyberg dont la penseacutee sest construite avec les autres parfois aussi contre eux nous livre agrave leacutegard de son maicirctre Greimas ceci laquo Je dois me semble-t-il agrave Al Greimas lexigence de rigueur et de preacutecision le sens de la proportion et le souci de la geacuteneacuteralisation mecircme si aushyjourd hui sur ce point je considegravere que la seacutemiotique doit plutocirct proshyposer une typologie des possibles plutocirct qu une liste duniversauxraquo (1997 180)

Reste agrave preacuteciser que lapproche de Zilberberg des discours est l une des rares agrave aborder le texte dans sa speacutecificiteacute textuelle et non

206 DRfSS ABLALl

comme un preacutetexte pour mettre en exergue lapplicabiliteacute des mashychines theacuteoriques Il suffit de lire ces analyses de Baudelaire Rimbaud et Valeacutery Valeacutery justement qui dans un passage des Cahiers reacutesum de faccedilon on ne peut plus claire notre exposeacute laquo Le passage du continu au discontinu est bien ce en quoi consiste de tregraves haut le problegraveme du langage [ ] La confusion est au commencement de la connaissanc~ _

Le continu naccegravede jamais agrave la preacutesenceraquo (1990 50) Ce sera notr dernier mot

REacuteFEacuteRENCES

Ablali D 2003 La Seacutemiotique du texte du discontinu au continu Paris LHarmattan collection laquo Seacutemantiques raquo

Ablali D 2004 laquo Seacutemiotique et pheacutenomeacutenologie raquo Semioti ca vol 151104 219-240

Coquet J-c 1997 La Quecircte du sens Paris Puf

Greimas AJ 1956 laquo Lactualiteacute du saussurisme raquo Le Franccedilais moshyderne 191-204

Greimas AJ 1966 Seacutemantique stncturale Paris Seuil

Greimas AJ 1994 laquo Deacutebat entre Greimas et Ricœur raquo dans Heacutenau h A (eacuted) Le Pouvoir comme passion Paris Puf 195-216

Greimas AJ et Fontanille J J99 J Seacutemiotique des passions Pari Seuil

Husserl E 1950 ideacutees directrices pour une pheacutenomeacutenologie Pari shyGallimard

Merleau-Ponty M 1945 Pheacutenomeacutenologie de la perception Pari_

Gallimard

Petitot J 1985 Morphogenegravese du sens Paris Puf

Valeacutely P 1990 Cahiers m Paris GaIlimard

Zilberberg c 1988 Raison et poeacutetique du sens Paris Puf

Zilberberg c 1997 laquo Une continuiteacute incertaine Saussure Hjelmshyslev Greimas raquo in A Zinna (eacuted) Hjelmslev aujourdhui Turnshyhout Brepols 165-192

Zilberberg c 2002 laquo Preacutecis de grammaire tensive raquo Tangence 70 111-143

Zilberberg c 2006 Eleacutements de grammaire tensive Limoges Pulim

Zilberberg C et Fontanille 1 1998 Tension et signification Liegravege

Mardaga

198 DRISS ABLALI

cements dinteacuterecircts se sont produits sur la scegravene des sciences du lanshygage La linguistique a bien enterreacute le comparatisme et l histoire agrave cause de la doxa des universaux et du cognitivisme Le spectre du cognitivisme hantait toutes les sciences de luniversiteacute Aucune discishypline na pu reacutesister aux theacuteories cognitives pour sattirer les bonnes gracircces de lesprit nouveau Du coup les structures qui laquo ne pouvaient pas descendre dans la rue raquo sont devenues dynamiques les theacuteories de lauto-organisation procircnent que les systegravemes sauto-organisent et lavegravenement des sciences cognitives remettait en question ce qui resshytait de 1heacuteritage structuraliste Bien eacutevidemment la seacutemiotique ne pouvant pas rester indiffeacuterente agrave ces changements va rencontrer vers le deacutebut des anneacutees quatre-vingt-dix de nouvelles questions et de nouveaux centres dinteacuterecircts qui vont leacuteloigner de ses origines linshyguistiques et textuelles Dougrave lapparition dune nouvelle probleacutemashytique en seacutemiotique appeleacutee laquo continue raquo Ainsi ce qui a eacuteteacute eacutecarteacute dans Seacutemantique structurale simpose maintenant avec force sur le devant de la scegravene seacutemiotique

Si le dialogue avec la pheacutenomeacutenologie est resteacute pendant longtemps en seacutemiotique un sujet tabou Greimas au fur et agrave mesure quil eacutelargisshysait leacutechafaudage de la demeure seacutemiotique incorporait des concepts pheacutenomeacutenologiques sur le laquo simulacre raquo les laquo passions raquo la laquo pershyception raquo et la laquo protensiviteacute raquo Les travaux de 1-Cl Coquet vont aussi dans ce sens Lauteur de La Quecircte du sens est lun des premiers seacuteshymioticiens de lEcole de Paris agrave avoir oseacute lever le tabou de la reacutealiteacute et de la substance dans son approche eacutenonciative du discours en proposhysant le point de vue de laquo la pheacutenomeacutenologie appliqueacutee agrave la linguisshytique et agrave la seacutemiotique Sa tacircche est de mettre en lumiegravere lactiviteacute parlante comme disent les linguistes cette activiteacute quon ne peut dissocier de la reacutealiteacute du discours et de ses instancesraquo (1997 1)

Plusieurs des voies de recherche qui sont avanceacutees par ladite laquo nouvelle seacutemiotique raquo visent agrave bacirctir un autre monde du sens gisant derriegravere les structures seacutemio-narratives celui du procegraves deacutemergence de la signification procegraves qui aurait tendance agrave en croire les seacutemiotishyciens agrave se manifester dans le texte tout autant que les structures seacutemio-narratives elles-mecircmes Ce procegraves n est autre que ce que Merleau-Ponty appelle laquo leacutetat naissant raquo la couche primordiale ougrave naissent les ideacutees comme les choses cest-agrave-dire la maniegravere fuyante d apparaicirctre la substance en train de devenir forme - la laquo qualiteacute de substance raquo dirait Hjelmslev 1laquo eacuteveil du percevoir raquo selon Valeacutery Aussi bien Husserl que Merleau-Ponty insistent sur le laquo revenir aux choses mecircmes raquo mais que signifie exactement cette notion de laquo choses mecircmes raquo chez les deux philosophes les plus citeacutes par Greimas Et quelle est sa relation avec la notion de laquo preacuteconditions

CLAUDE ZI LBLRBEJ

de fa signification dans un travail paru dans les deacuteveloppem les laquo choses mecircme~

ception revenir aux avant la connaissaJ1c duquel toute deacutetemu pendante raquo (Merleau-Plt

Cette influence de 1 tique greimassienne lgt

que la seacutemiotique a aux laquo choses mecircme comme celle daller tions preacutealables agrave sa n Fontanille

du flou originel el

et son laquo actual iS311 preacuteconditions eacuteplgtl~

Il)

Agrave cet eacutegard les d naviguent de consef prend appui sur la pe1

une phase vague cl

entiegraverement mais sujet et du monde qw 1

indissolublement lie ci 1991 26) comme 1 Cest ce que Valeacutery (15

Dans cette approc discours de la phenonl perceptive le SUJ l1 nj

conscience decirctre 1 choses non vues el

est toujours limiteacutee rience perceptive il f perccedilois Et cest pour celui du rappolt laquo n eacutecrire le sensible a sentir tandis que le et du sujet il e~ t lui connaissent pas de dl fusion Greimas e l FOI qui laquo nest pour le m

scegravene des sciences du lanshyomparatisme et lhistoire agrave ognitivisme Le spectre du

l universiteacute Aucune discishymiddotes pour sattirer les bonnes

structures qui laquo ne pouvaient dynamiques les theacuteories

legravemes sauto-organisent et ugraveait en question ce qui resshydemment la seacutemiotique ne cements va rencontrer vers nouvclles questions et de

bull -Joigner de ses origines linshyd unc nouvelle probleacutemashy

-insi ce qui a eacuteteacute eacutecarteacute menant avec force SUr le

resteacute pendant longtemps 1 agrave mesure quil eacutelargisshy

e incorporait des concepts bull les laquo passions raquo la laquo pershy

de J-C1 Coquet vont aussi 1 lun des premiers seacuteshy

er le tabou de la reacutealiteacute et ive du discours en proposhy_le appliqueacutee agrave la linguisshyIre en lumiegravere lactiviteacute

__ C activiteacute quon ne peut

cesraquo (1997 1) o nt avanceacutees par ladite

mn monde du sens gisant 1 du procegraves deacutemergence

-~ agrave en croire les seacutemiotishyUl8 nl que les structures n est autre que ce que

ouche primordiale ougrave --dire la maniegravere fuyante

~-r fonne - la laquo quali teacute de rcevoir raquo selon Valeacutery nt sur le laquo revenir aux ment cette notion de

phes les plus citeacutes par rion de laquo preacuteconditions

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 199

de la significationraquo des seacutemioticiens Nous avons deacuteveloppeacute ceci dans un travail paru dans Semiotica (Ablali 2004) et sans entrer ici dans les deacuteveloppements neacutecessaires nous dirons quelques mots sur les laquo choses mecircmes raquo Pour lauteur de la Pheacutenomeacutenologie de la pershyception revenir aux choses mecircmes c est laquo cest revenir agrave ce monde avant la connaissance dont la cOimaissance parle toujours et agrave leacutegard duquel toute deacutetermination scientifique est abstraite signitive et deacuteshypendanteraquo (Merleau-Ponty 1945 1Il)

Cette influence de la pheacutenomeacutenologie sur le discours de la seacutemioshytique greimassienne sobserve dans cette notion de laquo choses mecircmes raquo que la seacutemiotique a adapteacutee aux besoins de son heuristique Ce retour aux laquo choses mecircmesraquo lui pennet douvrir de nouvelles interrogations comme celle daller du discours manifeste agrave limagination des condishytions preacutealables agrave sa reacutealisation de partir comme le disent Greimas et Fontanille

du flou originel et laquo potentiel raquo pour aboutir agrave travers sa laquo virtualisalion raquo et son laquoactualisation raquo jusquau stade de la laquo reacutealisation raquo en passant des preacuteconditions eacutepisteacutemologiques aux manifestations discursives (J 991 J J)

Agrave cet eacutegard les discours de la seacutemiotique et de la pheacutenomeacutenologie naviguent de conserve la seacutemiotique en affirmant que la signification prend appui sur la perception et le sensible deacutefinit le continu comme une phase vague et confuse ougrave ni le sujet ni lobjet ne se saisissent entiegraverement mais se font simplement imaginer Cest une fusion du sujet et du monde qui est eacutevoqueacutee une fusion laquo dun sujet protensifraquo indissolublement lieacute agrave une laquo ombre de valeurraquo (Greimas et Fontanille 1991 26) comme le disent les auteurs de Seacutemiotique des passions Cest ce que Valeacutery (1990) cher agrave Zilberberg appelle laquo linfonne raquo

Dans cette approche de l amorphe la seacutemiotique rejoint alors le discours de la pheacutenomeacutenologie de Merleau-Ponty dans l expeacuterience perceptive le sujet ne sassume pas entiegraverement il na pas encore conscience decirctre le sujet autour de ma vision il y a un horizon de choses non vues et non visibles car la vision est preacutepersonnelJe elle est toujours limiteacutee Si nous voulons traduire exactement cette expeacuteshyrience perceptive il faut dire quon perccediloil en moi et non pas que je perccedilois Et cest pour faire du sensible un mode plus eacuteleacutementaire que celui du rapport laquo noegravese-noegraveme raquo que Merleau-Ponty commence agrave eacutecrire le sensible avec majuscule Le laquo sensibleraquo signifie l objet du sentir tandis que le laquo Sensibleraquo deacutesigne le milieu fonnateur de Jobjet et du sujet il est lui-mecircme la laquo chair raquo ougrave le sujet et l objet ne connaissent pas de distinction Sinspirant de Merleau-Ponty cette fusion Greimas et Fontanille la deacutesignent par laquo tensiviteacute phorique raquo

qui laquo nest pour le monde humain qu une des proprieacuteteacutes fondamenshy

200 DRISS ABLALI

tales de cet espace inteacuterieur que nous avons reconnu et deacutetini comme le rabattement du monde naturel sur le sujet en vue de constituer le monde propre de l existence seacutemiotiqueraquo (Greimas amp Fontanille 1991 17)

Pourtant ici il faut souligner que cette laquo tensiviteacute phorique raquo car cest agrave ce niveau que la seacutemiotique commence agrave s eacuteloigner du giron de la linguistique et du texte relegraveve de limaginaire cest-agrave-dire quelle est inaccessible directement dans le texte elle est seulement reconsshytruite par preacutesupposition laquo encatalyseacutee raquo dirait Hjelmslev Mais la question que nous nous posons puisquon est dans le domaine du texte est la suivante est-ce que les textes portent en eux et seulement en eux les traces de cette tensiviteacute phorique En dautres termes estshyce quil existe des marques linguistiques narratives ou eacutenonciatives pour expliquer linexplicable ou l imaginaire ou pour repreacutesenter les laquo images intraduites raquo pour citer encore une fois Valeacutery

La faccedilon dont est deacutecrit le continu dans Seacutemiotique des passions teacutemoigne clairement de son involution speacuteculative qui la vite coupeacute de la description seacutemio-linguistique des textes Dans cet ouvrage nous ne manquons pas de relever le retour des mecircmes formulations chaque fois que les auteurs eacutevoquent la possibiliteacute de rapporter la signification du texte agrave un domaine dobjectiviteacute indeacutependant des textes En tant que lieu insaisissable le continu ne peut ecirctre quimaginaire dougrave les fOlmulations suivantes

Avant de laquo poserraquo un sujet tensif face agrave des valeurs investies dans des objets (ou le monde comme valeur) il convient d imaginer un palier de laquo pressentimentsraquo ougrave se trouveraient intimement lieacutes lun agrave lautre le sujet pour le monde et le monde pour le sujet (1991 25)

Une page plus loin Greimas et Fontanille eacutecrivent

Cest une situation comparable mais anteacuterieure au positionnement actanshytiel qu il s agit dimaginer (ibid 26)

Et plus loin

On pourrait imaginergt provisoirement que le sujet de quecircte avant de reshycevoir le vouloir et le devoir est instaureacute lorsquil deacutecouvre lexistence dun systegraveme de valeurs et que cette instauration preacutealable en ferait un sujet potentialiseacute (ibid 57-58 cest nous qui soulignons dans les trois passages)

Acceptons pour linstant lideacutee daccegraves au continu agrave travers limashygination et posons quelques questions sur les chemins qui y megravenent Comment la seacutemiotique pourrait-elle preacutetendre deacutevoiler le sens le plus profond du texte sa phase originaire qui preacutecegravede la textualisation et qui la fonde lncombe-t-il agrave la seacutemiotique de reacutesoudre ce genre de problegravemes Comme la dit clairement Greimas dans son deacutebat avec Ricœur

CLAUDE ZILBER

On est obligeacute de reo qui ne sexpliqu chose Et ceSl d structures les plushyseacutemiotique) il pouvons rien dire capable d en di n 203)

La solution qui gt

dans ce deacutebat avec R agrave placer la seacutemioliql seacutee deacutetenir la con nai Cest la pheacutenomeacuten adeacutequate pour inle~

limperfection la d est importante les multiplieacutees chez G Ouellet et chez Fon tique sont pheacutenom horizon profondeur

Lenjeu pour le preacutecoce de la gen middot texte sa phase origll fonde Certes le cc mais il faut rappeler ri que car il est d abordeacute par le pa radi limaginaire il est senteacute comme purem quement partageacutee ( naturellement de- BII discontinuiteacute qu il cr agrave propos du laquo sujet 1 laquo theacuteoriquement ) continu qui puisse egrave que dune instance manifestation dis nous percevons n f

seulement recontn cregravetes et cateacutegoris nous rejoignons Il la nature est conUII et je ne crois pas

1

deacutefini comme ons ti tuer le

F ontanille

bori que raquo car r du giron de

- -dire quelle 1 men t reconsshym 1 v Mais la 1 do maine du ln t seulemenl D termes e Lshy

oo nonciativ~

r r r nter 1

1t P sim rira ile ou -

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 201

On est obligeacute de reconnaicirctre que le discours ccedila bouge quil y a des forces qui ne s expliquent pas entiegraverement par les modaliteacutes quil y a autre chose Et cest donc lagrave le problegraveme [ J D ougrave lideacutee que derrieacutere les structures les plus eacuteleacutementaires - articulables - de la signification (carreacute seacutemiotique) il y a un horizon ontique dont nous autres seacutemioticiens ne pouvons rien dire parce quavec les instruments seacutemiotiques on nest pas capable den dire quelque chose [ J Alors quelle est la solution (1994 203)

La solution qui simpose delle-mecircme dapregraves Greimas aussi bien dans ce deacutebat avec Ricœur que dans Seacutemiotique des passions consiste agrave placer la seacutemiotique sous la deacutependance dune autre discipline censhyseacutee deacutetenir la cOlUlaissance sur le continu agrave savoir la pheacutenomeacutenologie Cest la pheacutenomeacutenologie qui montre donc agrave la seacutemiotique la voie adeacutequate pour interroger le niveau continu du texte Depuis surtout De limperfection la dette des seacutemioticiens envers les pheacutenomeacutenologues est importante les reacutefeacuterences agrave Husserl et agrave Merleau-Ponty se sont multiplieacutees chez Greimas lui-mecircme chez Coquet chez Petitot chez OueJlet et chez Fontanille Les concepts fondamentaux de la seacutemioshylique sont pheacutenomeacutenologiques laquo preacutesence champ corps estheacutesie horizon profondeur intentiolUlaliteacute perception raquo etc

Lenjeu pour le seacutemioticien consiste donc agrave saisir agrave un stade tregraves reacutecoce de la genegravese de la signification le sens le plus profond du

xte sa phase originaire et sensible qui preacutecegravede la textualisation et la onde Certes le continu est au commencement de la signification

is il faut rappeler que ce postulat ne sappuie sur aucune base empishyque car il est de lordre de la croyance Le continu tel quil est

rdeacute par le paradigme pheacutenomeacutenologique relegraveve pour le reacutepeacuteter de maginaire il est invisible car non articuleacute cest-agrave-dire qu il est preacuteshy

teacute comme purement inteacuterieur sans aucune repreacutesentation linguistishyment partageacutee Cest une creacuteation du seacutemioticien qui sefface tout

e llement devant sa repreacutesentation il cegravede entiegraverement devant la iOIltinuiteacute quil met en place il est laquo barreacuteraquo comme le dit 1 Lacan

pos du laquo sujet barreacute raquo il nest plus lagrave il se barre noccupant que riquement raquo sa place Il ny a donc pas de sujet au niveau du

bull u qui puisse ecirctre empirique et psychologique Il ne sagit en fait d une instance imagineacutee dans une masse amorphe agrave partir dune estation discursive Nous nacceacutedons jamais au continu ce que percevons nest autre que le discontinu Ainsi le continu est

ent reconstructible par preacutesupposition agrave partir des uniteacutes disshye cateacutegoriseacutees mais sans aucun fondement textuel Lagrave aussi ~j ignons lideacutee de R Thom qui dit ceci laquo Savoir si le fond de

e est continu ou discontinu c est un problegraveme meacutetaphysique rois pas que quiconque dispose dune reacuteponseraquo (1991 67)

202 DRISS ABLALl

laquo Nous sommes faits pour voir essentiellement des discontinuiteacutes Elles seules sont significativesraquo (68) Agrave la source donc du sens saisi comme reacutesultat se trouvent la perception la passion et la sensibiliteacute cest-agrave-dire que deniegravere les formes laquo saillantes raquo pour reprendre une expression laquo catastrophiste raquo de Petitot il y a place dans le texte pour une laquo preacutegnance thymique raquo pour un laquo avant-coup du sens raquo sauf que ce dernier na aucune base textuelle ni linguistique car il est laquo inexshyprimable indicible raquo (Petitot 1985 292-293) Or comment peut-on accepter dune theacuteorie qui se veut textuelle revendiquant des principes saussuriens et hjelmsleviens de travailler sur linconnaissable et lindicible agrave moins de se transfonner en une philosophie

LE PARADIGME TENSIF

Cette laquo pheacutenomeacutenologisation raquo de la seacutemiotique agrave laquelle nous asshysistons depuis plus dune deacutecennie ne fait queacuteloigner la seacutemiotique des rivages du texte et des problegravemes de la textualiteacute pour la placer dans le giron des theacuteories philosophiques et meacutetaphysiques Il ne faut pas oublier quune seacutemiotique du continu est un projet philosophique qui ne convient pas agrave la description seacutemiotique des textes Et comme le dit Zilberberg

Effectif ou non fondeacute ou non ce laquo tournant pheacutenomeacutenologiqueraquo constishylue une mise en demeure En faisant siennes les positions de la pheacutenomeacuteshynologie notamment telle quelle est configureacutee dans lœuvre de MerleaushyPonty la seacutemiotique ne seacuteloigne-t-elle pas de sa double reacutefeacuterence saussushyricnne et hjelmslevienne Si tel eacutetait le cas nest-on pas en droit de consideacuterer que laquo fatigueacute raquo le conccedilu se retire devant la laquo fraicirccheurraquo du perccedilu Nous laissons de cocircteacute ici la question de savoir si une discipline exigeante peut changer dassise conceptuelle sans avoir agrave connaicirctre d imshyportantes conseacutequences (2002 1 (7)

Or chez Zilberberg lapproche continue de la tensiviteacute emprunte dautres voix Approche continue oui mais sans fondement pheacutenoshymeacutenologique Elle nest ni ne preacutetend ecirctre une seacutemiotique de la pershyception ou de la cognition comme cest le cas par exemple chez Greimas Petitot ou chez Ouellet Du continu oui agrave base pheacutenomeacuteshynologique non Une seacutemiotique du continu sans Husserl ni MerleaushyPont y avec Saussure et Hjelmslev En ce point il nest pas inutile dl souligner que Hjelmslev est la forme qui marque le plus doccurrence dans le corpus Zilberberg corpus dont nous disposons en version eacutelectronique et qui a eacuteteacute soumis agrave un logiciel de statistique (Hypcrshybase 1) lequel livre des reacutesultats inteacuteressants Hjelmslev est citeacute 651 fois Saussure aussi enregistre des reacutesultats satisfaisants 286 or Merleau-Ponty comme Husserl sont marqueacutes par une tregraves basse freacuteshy

1 Logiciel de statistique conccedilu par Etienne Brunet Universiteacute de Nice

CLl

lingulsn iscours

155 d~tJE unjle~al

Elz

-u

e re dolli ~ ml

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 203

quence 50 occurrences pour le premier et pour le second 3 occurshy~ource donc du sens saisi

a passion et la sensibiliteacute aDies raquo pour reprendre une a place dans le texte pour

ecirclJ1I-COUp du sens raquo sauf que nguistique car il est laquo inexshy

-] 93) Or comment peut-on revendiquant des principes 1er sur linconnaissable et ~ philosophie

tique agrave laquelle nous asshy~ qu eacute loigner la seacutemiotique la textualiteacute pour la placer

i meacutetaphysiques Il ne faut C~ l un projet philosophique lque des textes Et comme

pheacutenomeacutenologiqueraquo constishy les positions de la pheacutenomeacuteshy

= _ e dans lœuvre de Merleaushy

5 nest-on pas en droit de c re devant la laquo fraicirccheurraquo du

de savoir si une discipline os avoir agrave connaicirctre dimshy

de la tensiviteacute emprunte s sans fondement pheacutenoshyune seacutemiotique de la pershyle cas par exemple chez

liou oui agrave base pheacutenomeacuteshyu sans Husserl ni Merleaushy

__ point il nest pas inutile de

marque le plus d occurrences nou disposons en version

~Icic l de statistique (HypershylS Hjelmslev est citeacute 651

alS satisfaisants 286 or ueacutes par une tregraves basse freacuteshy

lj orsiteacute de Nice

rences Cela sexplique par labondance dun vocabulaire seacutemioshylinguistique le mot valeur enregistre 603 occurrences temps 575 discours 365 systegraveme 328 rythme 307 tempo 203 eacuteveacutenement 155 diffeacuterence 132 eacutenonceacute 114 immanence 46 perception 30 universaliteacute Il Lhistogramme suivant lillustre clairement

700 ~ -shy

600 i=

500 1 1-shy

400 1 1-shy - 300 1 r- r- l

200 1 r- rshy - r- F F oC

100 rshy -shy - rshy - r-

Jho -shy bull III - - _ Syshy__ h_ E~~ I)o f fs-enee Enonce ~cnoe Percpton un

Et Zilberberg lui-mecircme sen explique ainsi et sans ambages

Autant la preacutevalence accordeacutee au perccedilu semble eacuteloigner la seacutemiotique de ses reacutefeacuterences linguistiques deacuteclareacutees autant l attention que nous accorshydons avec d autres et apregraves dautTes au vegravecu e t au ressenti permet de maintenir intacte sans que lon puisse parler de paradoxe ou de provocashytion la reacutefeacuterence linguistique (2006 8)

Contrairement au paradigme pheacutenomeacutenologique et cognitif qui stishypulent lexistence dun espace originel non linguistique agrave partir dushyquel on pourrait expliquer des faits linguistiques Zilberberg met le texte en dehors de toute tentative dexpliquer la signification agrave partir dun niveau laquo anteacute-linguistique raquo en eacutecartant du paradigme tensif toute conception qui ramegravene le sens agrave un aspect de la penseacutee et du comportement plutocirct quune caracteacuteristique du langage et du texte L acception qui se deacutegage du modegravele de Zilberberg sur le continu consiste agrave mettre ce dernier en relation avec le langage et de reacutecuser qu un lien puisse se nouer au sein des textes entre un sens non encore cateacutegoriseacute sans fondement physique et verbal et les structures texshytuelles qui elles sont intelligibles et visibles En teacutemoignent les concepts cleacutes de Zilberberg et qui mettent tous laccent sans eacutequishyvoque sur laspect discontinu de lanalyse Entres autres nous poushyvons accompagneacutes de leur freacutequence citer intervalle 116 eacuteveacuteneshy

204 DRISS ABLALl

ment 155 rythme 229 tempo 181 aspectualiteacute 49 acte 106 seuils 102 limites 104 diffeacuterence 136 entre autres La seacutemiosis est ainsi deacutefinie pour citer Zilberberg laquo non comme repos mais comme acte raquo

Et entre les deux paradigmes continuistes la balance est loin decirctre eacutegale Pour le paradigme tensif laspect linguistique preacutevaut largeshyment Nous ferons eacutetat de trois suggestions la place que le point de vue tensif accorde agrave lanalyse linguIstique l espace tensif est constishytueacute par le recoupement de lintensiteacute et de lextensiteacute et le rabattement de celle-ci sur celle-lagrave le rocircle des notions de seuils et limites division et eacuteveacutenement comme composantes diffeacuterentielles des objets

On a sans doute compris ougrave nous voulions en venir la seacutemiotique tensive nest pas une autre seacutemiotique qui sopposerait agrave la seacutemioshytique dite structurale Elle sinteacuteresse de fait agrave un ensemble de pheacuteshynomegravenes discursifs que leur caractegravere graduel continu dynamique ou affectif rendait difficilement accessibles agrave une approche discontinue binaire statique et strictement narrative Ce faisant elle deacutecouvre luniteacute dun autre domaine de recherches celui du discours en acte de leacutenonciation vivante celui de la preacutesence sensible agrave l autre et au monde celui des eacutemotions et des passions mais dans leur fonne linshyguistique et textuelle Et pour se deacutemarquer du paradigme pheacutenomeacuteshynologique qui part du mental pour aller au linguistique le paradigme tensif lui agrave leacutegard du continu se pose agrave leacutegard du tempo de la toniciteacute de la temporaliteacute et de la spatialiteacute la question suivante

Comment justement passe-t-on du style intensif laquo boire dun seul coup d un seul trait raquo au style extensif laquo boire agrave petits coups agrave petites gorshygeacutees raquo Comment passe-t-on dun laquo continuum non analyseacute mais analyshysableraquo (Hjelmslev) agrave une articulation projetant forceacutement une mesure et un nombre sajustant harmonieusement en fin de compte lun agrave lautre ~ (Zilberberg 2006 43)

Derriegravere la conviction tensive de cette prioriteacute orientant linteacuterecirct vers laspect linguistique de l analyse se trouve une reacuteflexion eacutepisteacuteshymologique sur la seacutemiotique en geacuteneacuteral sur la conception du texte sur les principes qui reacutegissent lanalyse bref sur le faire du seacutemioticien Comme on le sait Zilberberg est lun des rares seacutemioticiens agrave avoir vraiment lu Hjelmslev il a aussi participeacute agrave rendre accessible la penshyseacutee du danois en France Mais cela ne la pas empecirccheacute de croiser le fer avec lui sur certaines questions cruciales qui ont peseacute et qui pegravesent toujours dans le deacutebat sur le texte et lanalyse Mais en mecircme temps on peut dire que Zilberberg est le plus hjelmslevien des seacutemioticiens nous dirons le plus danois des seacutemioticiens franccedilais parce quil est agrave la fois hjelmslevien et bf0ndalien Le duel fut lun contre lautre aussi bien scientifiquement que humainement Or chez Zilberberg Hjelm-

CLAUDE LI

slev et Bf0ndal modeacutereacute le pacshyles jointures qu faudra un jour Hjelmslev agrave simpliciteacute lun sleviens que tlt

textes lana l~

nente Mais la bull de doctorat en dun texte pow ces principe~ les reacuteflexions pouvant pas Cf

sage qui eacuteta it 1 que sur la seacutenll emplir de terrcu

Le prinCi pe j la simpl icite Jexhausli il( matheacutematiq pas aux cim

En effet 1 mites de c~na lesquels ne c conduit imm3l gecircneacute le deacute elo nc soucienl culturel Car dehors de la shy

Cest donc moins l eacutepisi maire geacuteleacutera qu on ne p-ur berg dOn la contre eux 00

me semblc-t-tJ sens de la pn jourd hui sur poser une t)

(1 997 1801 ReSie agrave

l une des rm

mgui tique le para 1 regard du tempo

JI 1( boire dun enl - JX1I t coups agrave P il bull ~

m non analyseacute mai 1c 1 torcement une ln

- de compte lun acirc

e Wle reacuteflexion eacutepl_ oDception du tG (

Olf le fa ire du seacutemioti rares seacutemioticiens agrave J

rendr_ accessible la empecirccheacute de croiser le ui ont peseacute et qui p~ _

1ais en mecircme te le ien des seacutemiotiei

rmccedilai parce quil c lun contre lautre a ~h z Zilberberg Hjelc

CLAUDE ZILBERBERG UN NOU1EAL JRJDGMeacute ~tM()1QUE ~ 205

~ V et Brendal ne sauraient ecirctre lun sans lautre Lantagonisme est deacutereacute le pacifisme est deacuteclareacute Laccent est beaucoup plus mis sur jointures que sur les points de deacutesaccord Question sur laquelle il

udra un jour se pencher Mais pour linstant nous 110US limiterons agrave J elmslev agrave des principes comme lempirisme lexhaustiviteacute la

wlpliciteacute luniversaliteacute et limmanence Ce sont les principes hjelmshy viens que tous les seacutemioticiens ont appliqueacute dans lanalyse des

tes lanalyse seacutemiotique du texte doit ecirctre empirique et immashynte Mais la question que nous nous sommes poseacutee dans notre thegravese

e doctorat en 1997 est la suivante est-ce quune analyse seacutemiotique un texte pour ecirctre deacutesigneacutee comme telle doit impeacuterativement suivre

principes Et cest lagrave ougrave nous avons fait une vraie rencontre avec _ reacuteflexions eacutepisteacutemologiques de Zilberberg Faute de temps et ne

pouvant pas entrer dans leurs menus deacutetails nous en citons un passhy-age qui eacutetait Jun des moments cleacutes de notre reacuteflexion eacutepisteacutemologishyue sur la seacutemiotique Leacutenonciation mecircme de ce passage est propre agrave mplir de terreur le plus teacutemeacuteraire Avec teacutemeacuteriteacute Zilberberg dit ceci

Le principe dempirisme reacuteunissant lexhaustiviteacute la non-contradiction et la simpliciteacute est peu adapteacute au Iraitement des questions seacutemiotiques lexhaustiviteacute est une fiction [ J La nonmiddotcontradiction deacutecisive pour les matheacutematiques et importante pour les sciences dites exactes ne convient pas aux sciences henneacuteneutiques (1997 180-181)

En effet la question du sens conduit Zilberberg agrave eacuteprouver les lishymites de certains principes comme luniversaliteacute et limmanence lesquels ne conviennent pas aux theacuteories de linterpreacutetation Tout ceci conduit immanquablement agrave souligner que ces principes ont beaucoup gecircneacute le deacuteveloppement de la seacutemiotique vis-agrave-vis de la textualiteacute Ils ne soucient guegravere de la speacutecificiteacute des textes et de leur contexte socioshyculturel Car elles eacutecartent toute conception de la signification en dehors de la stabiliteacute des structures

Cest donc un autre Hjelmslev qui a inteacuteresseacute Zilberberg peut-ecirctre moins leacutepisteacutemologue que le linguiste celui des Principes de gramshymaire geacuteneacuterale et de La cateacutegorie des cas Et lagrave encore d une faccedilon qu on ne peut que lire comme intentionnellement eacuteclairante Zilbershyberg dont la penseacutee sest construite avec les autres parfois aussi contre eux nous livre agrave leacutegard de son maicirctre Greimas ceci laquo Je dois me semble-t-il agrave Al Greimas lexigence de rigueur et de preacutecision le sens de la proportion et le souci de la geacuteneacuteralisation mecircme si aushyjourd hui sur ce point je considegravere que la seacutemiotique doit plutocirct proshyposer une typologie des possibles plutocirct qu une liste duniversauxraquo (1997 180)

Reste agrave preacuteciser que lapproche de Zilberberg des discours est l une des rares agrave aborder le texte dans sa speacutecificiteacute textuelle et non

206 DRfSS ABLALl

comme un preacutetexte pour mettre en exergue lapplicabiliteacute des mashychines theacuteoriques Il suffit de lire ces analyses de Baudelaire Rimbaud et Valeacutery Valeacutery justement qui dans un passage des Cahiers reacutesum de faccedilon on ne peut plus claire notre exposeacute laquo Le passage du continu au discontinu est bien ce en quoi consiste de tregraves haut le problegraveme du langage [ ] La confusion est au commencement de la connaissanc~ _

Le continu naccegravede jamais agrave la preacutesenceraquo (1990 50) Ce sera notr dernier mot

REacuteFEacuteRENCES

Ablali D 2003 La Seacutemiotique du texte du discontinu au continu Paris LHarmattan collection laquo Seacutemantiques raquo

Ablali D 2004 laquo Seacutemiotique et pheacutenomeacutenologie raquo Semioti ca vol 151104 219-240

Coquet J-c 1997 La Quecircte du sens Paris Puf

Greimas AJ 1956 laquo Lactualiteacute du saussurisme raquo Le Franccedilais moshyderne 191-204

Greimas AJ 1966 Seacutemantique stncturale Paris Seuil

Greimas AJ 1994 laquo Deacutebat entre Greimas et Ricœur raquo dans Heacutenau h A (eacuted) Le Pouvoir comme passion Paris Puf 195-216

Greimas AJ et Fontanille J J99 J Seacutemiotique des passions Pari Seuil

Husserl E 1950 ideacutees directrices pour une pheacutenomeacutenologie Pari shyGallimard

Merleau-Ponty M 1945 Pheacutenomeacutenologie de la perception Pari_

Gallimard

Petitot J 1985 Morphogenegravese du sens Paris Puf

Valeacutely P 1990 Cahiers m Paris GaIlimard

Zilberberg c 1988 Raison et poeacutetique du sens Paris Puf

Zilberberg c 1997 laquo Une continuiteacute incertaine Saussure Hjelmshyslev Greimas raquo in A Zinna (eacuted) Hjelmslev aujourdhui Turnshyhout Brepols 165-192

Zilberberg c 2002 laquo Preacutecis de grammaire tensive raquo Tangence 70 111-143

Zilberberg c 2006 Eleacutements de grammaire tensive Limoges Pulim

Zilberberg C et Fontanille 1 1998 Tension et signification Liegravege

Mardaga

scegravene des sciences du lanshyomparatisme et lhistoire agrave ognitivisme Le spectre du

l universiteacute Aucune discishymiddotes pour sattirer les bonnes

structures qui laquo ne pouvaient dynamiques les theacuteories

legravemes sauto-organisent et ugraveait en question ce qui resshydemment la seacutemiotique ne cements va rencontrer vers nouvclles questions et de

bull -Joigner de ses origines linshyd unc nouvelle probleacutemashy

-insi ce qui a eacuteteacute eacutecarteacute menant avec force SUr le

resteacute pendant longtemps 1 agrave mesure quil eacutelargisshy

e incorporait des concepts bull les laquo passions raquo la laquo pershy

de J-C1 Coquet vont aussi 1 lun des premiers seacuteshy

er le tabou de la reacutealiteacute et ive du discours en proposhy_le appliqueacutee agrave la linguisshyIre en lumiegravere lactiviteacute

__ C activiteacute quon ne peut

cesraquo (1997 1) o nt avanceacutees par ladite

mn monde du sens gisant 1 du procegraves deacutemergence

-~ agrave en croire les seacutemiotishyUl8 nl que les structures n est autre que ce que

ouche primordiale ougrave --dire la maniegravere fuyante

~-r fonne - la laquo quali teacute de rcevoir raquo selon Valeacutery nt sur le laquo revenir aux ment cette notion de

phes les plus citeacutes par rion de laquo preacuteconditions

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 199

de la significationraquo des seacutemioticiens Nous avons deacuteveloppeacute ceci dans un travail paru dans Semiotica (Ablali 2004) et sans entrer ici dans les deacuteveloppements neacutecessaires nous dirons quelques mots sur les laquo choses mecircmes raquo Pour lauteur de la Pheacutenomeacutenologie de la pershyception revenir aux choses mecircmes c est laquo cest revenir agrave ce monde avant la connaissance dont la cOimaissance parle toujours et agrave leacutegard duquel toute deacutetermination scientifique est abstraite signitive et deacuteshypendanteraquo (Merleau-Ponty 1945 1Il)

Cette influence de la pheacutenomeacutenologie sur le discours de la seacutemioshytique greimassienne sobserve dans cette notion de laquo choses mecircmes raquo que la seacutemiotique a adapteacutee aux besoins de son heuristique Ce retour aux laquo choses mecircmesraquo lui pennet douvrir de nouvelles interrogations comme celle daller du discours manifeste agrave limagination des condishytions preacutealables agrave sa reacutealisation de partir comme le disent Greimas et Fontanille

du flou originel et laquo potentiel raquo pour aboutir agrave travers sa laquo virtualisalion raquo et son laquoactualisation raquo jusquau stade de la laquo reacutealisation raquo en passant des preacuteconditions eacutepisteacutemologiques aux manifestations discursives (J 991 J J)

Agrave cet eacutegard les discours de la seacutemiotique et de la pheacutenomeacutenologie naviguent de conserve la seacutemiotique en affirmant que la signification prend appui sur la perception et le sensible deacutefinit le continu comme une phase vague et confuse ougrave ni le sujet ni lobjet ne se saisissent entiegraverement mais se font simplement imaginer Cest une fusion du sujet et du monde qui est eacutevoqueacutee une fusion laquo dun sujet protensifraquo indissolublement lieacute agrave une laquo ombre de valeurraquo (Greimas et Fontanille 1991 26) comme le disent les auteurs de Seacutemiotique des passions Cest ce que Valeacutery (1990) cher agrave Zilberberg appelle laquo linfonne raquo

Dans cette approche de l amorphe la seacutemiotique rejoint alors le discours de la pheacutenomeacutenologie de Merleau-Ponty dans l expeacuterience perceptive le sujet ne sassume pas entiegraverement il na pas encore conscience decirctre le sujet autour de ma vision il y a un horizon de choses non vues et non visibles car la vision est preacutepersonnelJe elle est toujours limiteacutee Si nous voulons traduire exactement cette expeacuteshyrience perceptive il faut dire quon perccediloil en moi et non pas que je perccedilois Et cest pour faire du sensible un mode plus eacuteleacutementaire que celui du rapport laquo noegravese-noegraveme raquo que Merleau-Ponty commence agrave eacutecrire le sensible avec majuscule Le laquo sensibleraquo signifie l objet du sentir tandis que le laquo Sensibleraquo deacutesigne le milieu fonnateur de Jobjet et du sujet il est lui-mecircme la laquo chair raquo ougrave le sujet et l objet ne connaissent pas de distinction Sinspirant de Merleau-Ponty cette fusion Greimas et Fontanille la deacutesignent par laquo tensiviteacute phorique raquo

qui laquo nest pour le monde humain qu une des proprieacuteteacutes fondamenshy

200 DRISS ABLALI

tales de cet espace inteacuterieur que nous avons reconnu et deacutetini comme le rabattement du monde naturel sur le sujet en vue de constituer le monde propre de l existence seacutemiotiqueraquo (Greimas amp Fontanille 1991 17)

Pourtant ici il faut souligner que cette laquo tensiviteacute phorique raquo car cest agrave ce niveau que la seacutemiotique commence agrave s eacuteloigner du giron de la linguistique et du texte relegraveve de limaginaire cest-agrave-dire quelle est inaccessible directement dans le texte elle est seulement reconsshytruite par preacutesupposition laquo encatalyseacutee raquo dirait Hjelmslev Mais la question que nous nous posons puisquon est dans le domaine du texte est la suivante est-ce que les textes portent en eux et seulement en eux les traces de cette tensiviteacute phorique En dautres termes estshyce quil existe des marques linguistiques narratives ou eacutenonciatives pour expliquer linexplicable ou l imaginaire ou pour repreacutesenter les laquo images intraduites raquo pour citer encore une fois Valeacutery

La faccedilon dont est deacutecrit le continu dans Seacutemiotique des passions teacutemoigne clairement de son involution speacuteculative qui la vite coupeacute de la description seacutemio-linguistique des textes Dans cet ouvrage nous ne manquons pas de relever le retour des mecircmes formulations chaque fois que les auteurs eacutevoquent la possibiliteacute de rapporter la signification du texte agrave un domaine dobjectiviteacute indeacutependant des textes En tant que lieu insaisissable le continu ne peut ecirctre quimaginaire dougrave les fOlmulations suivantes

Avant de laquo poserraquo un sujet tensif face agrave des valeurs investies dans des objets (ou le monde comme valeur) il convient d imaginer un palier de laquo pressentimentsraquo ougrave se trouveraient intimement lieacutes lun agrave lautre le sujet pour le monde et le monde pour le sujet (1991 25)

Une page plus loin Greimas et Fontanille eacutecrivent

Cest une situation comparable mais anteacuterieure au positionnement actanshytiel qu il s agit dimaginer (ibid 26)

Et plus loin

On pourrait imaginergt provisoirement que le sujet de quecircte avant de reshycevoir le vouloir et le devoir est instaureacute lorsquil deacutecouvre lexistence dun systegraveme de valeurs et que cette instauration preacutealable en ferait un sujet potentialiseacute (ibid 57-58 cest nous qui soulignons dans les trois passages)

Acceptons pour linstant lideacutee daccegraves au continu agrave travers limashygination et posons quelques questions sur les chemins qui y megravenent Comment la seacutemiotique pourrait-elle preacutetendre deacutevoiler le sens le plus profond du texte sa phase originaire qui preacutecegravede la textualisation et qui la fonde lncombe-t-il agrave la seacutemiotique de reacutesoudre ce genre de problegravemes Comme la dit clairement Greimas dans son deacutebat avec Ricœur

CLAUDE ZILBER

On est obligeacute de reo qui ne sexpliqu chose Et ceSl d structures les plushyseacutemiotique) il pouvons rien dire capable d en di n 203)

La solution qui gt

dans ce deacutebat avec R agrave placer la seacutemioliql seacutee deacutetenir la con nai Cest la pheacutenomeacuten adeacutequate pour inle~

limperfection la d est importante les multiplieacutees chez G Ouellet et chez Fon tique sont pheacutenom horizon profondeur

Lenjeu pour le preacutecoce de la gen middot texte sa phase origll fonde Certes le cc mais il faut rappeler ri que car il est d abordeacute par le pa radi limaginaire il est senteacute comme purem quement partageacutee ( naturellement de- BII discontinuiteacute qu il cr agrave propos du laquo sujet 1 laquo theacuteoriquement ) continu qui puisse egrave que dune instance manifestation dis nous percevons n f

seulement recontn cregravetes et cateacutegoris nous rejoignons Il la nature est conUII et je ne crois pas

1

deacutefini comme ons ti tuer le

F ontanille

bori que raquo car r du giron de

- -dire quelle 1 men t reconsshym 1 v Mais la 1 do maine du ln t seulemenl D termes e Lshy

oo nonciativ~

r r r nter 1

1t P sim rira ile ou -

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 201

On est obligeacute de reconnaicirctre que le discours ccedila bouge quil y a des forces qui ne s expliquent pas entiegraverement par les modaliteacutes quil y a autre chose Et cest donc lagrave le problegraveme [ J D ougrave lideacutee que derrieacutere les structures les plus eacuteleacutementaires - articulables - de la signification (carreacute seacutemiotique) il y a un horizon ontique dont nous autres seacutemioticiens ne pouvons rien dire parce quavec les instruments seacutemiotiques on nest pas capable den dire quelque chose [ J Alors quelle est la solution (1994 203)

La solution qui simpose delle-mecircme dapregraves Greimas aussi bien dans ce deacutebat avec Ricœur que dans Seacutemiotique des passions consiste agrave placer la seacutemiotique sous la deacutependance dune autre discipline censhyseacutee deacutetenir la cOlUlaissance sur le continu agrave savoir la pheacutenomeacutenologie Cest la pheacutenomeacutenologie qui montre donc agrave la seacutemiotique la voie adeacutequate pour interroger le niveau continu du texte Depuis surtout De limperfection la dette des seacutemioticiens envers les pheacutenomeacutenologues est importante les reacutefeacuterences agrave Husserl et agrave Merleau-Ponty se sont multiplieacutees chez Greimas lui-mecircme chez Coquet chez Petitot chez OueJlet et chez Fontanille Les concepts fondamentaux de la seacutemioshylique sont pheacutenomeacutenologiques laquo preacutesence champ corps estheacutesie horizon profondeur intentiolUlaliteacute perception raquo etc

Lenjeu pour le seacutemioticien consiste donc agrave saisir agrave un stade tregraves reacutecoce de la genegravese de la signification le sens le plus profond du

xte sa phase originaire et sensible qui preacutecegravede la textualisation et la onde Certes le continu est au commencement de la signification

is il faut rappeler que ce postulat ne sappuie sur aucune base empishyque car il est de lordre de la croyance Le continu tel quil est

rdeacute par le paradigme pheacutenomeacutenologique relegraveve pour le reacutepeacuteter de maginaire il est invisible car non articuleacute cest-agrave-dire qu il est preacuteshy

teacute comme purement inteacuterieur sans aucune repreacutesentation linguistishyment partageacutee Cest une creacuteation du seacutemioticien qui sefface tout

e llement devant sa repreacutesentation il cegravede entiegraverement devant la iOIltinuiteacute quil met en place il est laquo barreacuteraquo comme le dit 1 Lacan

pos du laquo sujet barreacute raquo il nest plus lagrave il se barre noccupant que riquement raquo sa place Il ny a donc pas de sujet au niveau du

bull u qui puisse ecirctre empirique et psychologique Il ne sagit en fait d une instance imagineacutee dans une masse amorphe agrave partir dune estation discursive Nous nacceacutedons jamais au continu ce que percevons nest autre que le discontinu Ainsi le continu est

ent reconstructible par preacutesupposition agrave partir des uniteacutes disshye cateacutegoriseacutees mais sans aucun fondement textuel Lagrave aussi ~j ignons lideacutee de R Thom qui dit ceci laquo Savoir si le fond de

e est continu ou discontinu c est un problegraveme meacutetaphysique rois pas que quiconque dispose dune reacuteponseraquo (1991 67)

202 DRISS ABLALl

laquo Nous sommes faits pour voir essentiellement des discontinuiteacutes Elles seules sont significativesraquo (68) Agrave la source donc du sens saisi comme reacutesultat se trouvent la perception la passion et la sensibiliteacute cest-agrave-dire que deniegravere les formes laquo saillantes raquo pour reprendre une expression laquo catastrophiste raquo de Petitot il y a place dans le texte pour une laquo preacutegnance thymique raquo pour un laquo avant-coup du sens raquo sauf que ce dernier na aucune base textuelle ni linguistique car il est laquo inexshyprimable indicible raquo (Petitot 1985 292-293) Or comment peut-on accepter dune theacuteorie qui se veut textuelle revendiquant des principes saussuriens et hjelmsleviens de travailler sur linconnaissable et lindicible agrave moins de se transfonner en une philosophie

LE PARADIGME TENSIF

Cette laquo pheacutenomeacutenologisation raquo de la seacutemiotique agrave laquelle nous asshysistons depuis plus dune deacutecennie ne fait queacuteloigner la seacutemiotique des rivages du texte et des problegravemes de la textualiteacute pour la placer dans le giron des theacuteories philosophiques et meacutetaphysiques Il ne faut pas oublier quune seacutemiotique du continu est un projet philosophique qui ne convient pas agrave la description seacutemiotique des textes Et comme le dit Zilberberg

Effectif ou non fondeacute ou non ce laquo tournant pheacutenomeacutenologiqueraquo constishylue une mise en demeure En faisant siennes les positions de la pheacutenomeacuteshynologie notamment telle quelle est configureacutee dans lœuvre de MerleaushyPonty la seacutemiotique ne seacuteloigne-t-elle pas de sa double reacutefeacuterence saussushyricnne et hjelmslevienne Si tel eacutetait le cas nest-on pas en droit de consideacuterer que laquo fatigueacute raquo le conccedilu se retire devant la laquo fraicirccheurraquo du perccedilu Nous laissons de cocircteacute ici la question de savoir si une discipline exigeante peut changer dassise conceptuelle sans avoir agrave connaicirctre d imshyportantes conseacutequences (2002 1 (7)

Or chez Zilberberg lapproche continue de la tensiviteacute emprunte dautres voix Approche continue oui mais sans fondement pheacutenoshymeacutenologique Elle nest ni ne preacutetend ecirctre une seacutemiotique de la pershyception ou de la cognition comme cest le cas par exemple chez Greimas Petitot ou chez Ouellet Du continu oui agrave base pheacutenomeacuteshynologique non Une seacutemiotique du continu sans Husserl ni MerleaushyPont y avec Saussure et Hjelmslev En ce point il nest pas inutile dl souligner que Hjelmslev est la forme qui marque le plus doccurrence dans le corpus Zilberberg corpus dont nous disposons en version eacutelectronique et qui a eacuteteacute soumis agrave un logiciel de statistique (Hypcrshybase 1) lequel livre des reacutesultats inteacuteressants Hjelmslev est citeacute 651 fois Saussure aussi enregistre des reacutesultats satisfaisants 286 or Merleau-Ponty comme Husserl sont marqueacutes par une tregraves basse freacuteshy

1 Logiciel de statistique conccedilu par Etienne Brunet Universiteacute de Nice

CLl

lingulsn iscours

155 d~tJE unjle~al

Elz

-u

e re dolli ~ ml

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 203

quence 50 occurrences pour le premier et pour le second 3 occurshy~ource donc du sens saisi

a passion et la sensibiliteacute aDies raquo pour reprendre une a place dans le texte pour

ecirclJ1I-COUp du sens raquo sauf que nguistique car il est laquo inexshy

-] 93) Or comment peut-on revendiquant des principes 1er sur linconnaissable et ~ philosophie

tique agrave laquelle nous asshy~ qu eacute loigner la seacutemiotique la textualiteacute pour la placer

i meacutetaphysiques Il ne faut C~ l un projet philosophique lque des textes Et comme

pheacutenomeacutenologiqueraquo constishy les positions de la pheacutenomeacuteshy

= _ e dans lœuvre de Merleaushy

5 nest-on pas en droit de c re devant la laquo fraicirccheurraquo du

de savoir si une discipline os avoir agrave connaicirctre dimshy

de la tensiviteacute emprunte s sans fondement pheacutenoshyune seacutemiotique de la pershyle cas par exemple chez

liou oui agrave base pheacutenomeacuteshyu sans Husserl ni Merleaushy

__ point il nest pas inutile de

marque le plus d occurrences nou disposons en version

~Icic l de statistique (HypershylS Hjelmslev est citeacute 651

alS satisfaisants 286 or ueacutes par une tregraves basse freacuteshy

lj orsiteacute de Nice

rences Cela sexplique par labondance dun vocabulaire seacutemioshylinguistique le mot valeur enregistre 603 occurrences temps 575 discours 365 systegraveme 328 rythme 307 tempo 203 eacuteveacutenement 155 diffeacuterence 132 eacutenonceacute 114 immanence 46 perception 30 universaliteacute Il Lhistogramme suivant lillustre clairement

700 ~ -shy

600 i=

500 1 1-shy

400 1 1-shy - 300 1 r- r- l

200 1 r- rshy - r- F F oC

100 rshy -shy - rshy - r-

Jho -shy bull III - - _ Syshy__ h_ E~~ I)o f fs-enee Enonce ~cnoe Percpton un

Et Zilberberg lui-mecircme sen explique ainsi et sans ambages

Autant la preacutevalence accordeacutee au perccedilu semble eacuteloigner la seacutemiotique de ses reacutefeacuterences linguistiques deacuteclareacutees autant l attention que nous accorshydons avec d autres et apregraves dautTes au vegravecu e t au ressenti permet de maintenir intacte sans que lon puisse parler de paradoxe ou de provocashytion la reacutefeacuterence linguistique (2006 8)

Contrairement au paradigme pheacutenomeacutenologique et cognitif qui stishypulent lexistence dun espace originel non linguistique agrave partir dushyquel on pourrait expliquer des faits linguistiques Zilberberg met le texte en dehors de toute tentative dexpliquer la signification agrave partir dun niveau laquo anteacute-linguistique raquo en eacutecartant du paradigme tensif toute conception qui ramegravene le sens agrave un aspect de la penseacutee et du comportement plutocirct quune caracteacuteristique du langage et du texte L acception qui se deacutegage du modegravele de Zilberberg sur le continu consiste agrave mettre ce dernier en relation avec le langage et de reacutecuser qu un lien puisse se nouer au sein des textes entre un sens non encore cateacutegoriseacute sans fondement physique et verbal et les structures texshytuelles qui elles sont intelligibles et visibles En teacutemoignent les concepts cleacutes de Zilberberg et qui mettent tous laccent sans eacutequishyvoque sur laspect discontinu de lanalyse Entres autres nous poushyvons accompagneacutes de leur freacutequence citer intervalle 116 eacuteveacuteneshy

204 DRISS ABLALl

ment 155 rythme 229 tempo 181 aspectualiteacute 49 acte 106 seuils 102 limites 104 diffeacuterence 136 entre autres La seacutemiosis est ainsi deacutefinie pour citer Zilberberg laquo non comme repos mais comme acte raquo

Et entre les deux paradigmes continuistes la balance est loin decirctre eacutegale Pour le paradigme tensif laspect linguistique preacutevaut largeshyment Nous ferons eacutetat de trois suggestions la place que le point de vue tensif accorde agrave lanalyse linguIstique l espace tensif est constishytueacute par le recoupement de lintensiteacute et de lextensiteacute et le rabattement de celle-ci sur celle-lagrave le rocircle des notions de seuils et limites division et eacuteveacutenement comme composantes diffeacuterentielles des objets

On a sans doute compris ougrave nous voulions en venir la seacutemiotique tensive nest pas une autre seacutemiotique qui sopposerait agrave la seacutemioshytique dite structurale Elle sinteacuteresse de fait agrave un ensemble de pheacuteshynomegravenes discursifs que leur caractegravere graduel continu dynamique ou affectif rendait difficilement accessibles agrave une approche discontinue binaire statique et strictement narrative Ce faisant elle deacutecouvre luniteacute dun autre domaine de recherches celui du discours en acte de leacutenonciation vivante celui de la preacutesence sensible agrave l autre et au monde celui des eacutemotions et des passions mais dans leur fonne linshyguistique et textuelle Et pour se deacutemarquer du paradigme pheacutenomeacuteshynologique qui part du mental pour aller au linguistique le paradigme tensif lui agrave leacutegard du continu se pose agrave leacutegard du tempo de la toniciteacute de la temporaliteacute et de la spatialiteacute la question suivante

Comment justement passe-t-on du style intensif laquo boire dun seul coup d un seul trait raquo au style extensif laquo boire agrave petits coups agrave petites gorshygeacutees raquo Comment passe-t-on dun laquo continuum non analyseacute mais analyshysableraquo (Hjelmslev) agrave une articulation projetant forceacutement une mesure et un nombre sajustant harmonieusement en fin de compte lun agrave lautre ~ (Zilberberg 2006 43)

Derriegravere la conviction tensive de cette prioriteacute orientant linteacuterecirct vers laspect linguistique de l analyse se trouve une reacuteflexion eacutepisteacuteshymologique sur la seacutemiotique en geacuteneacuteral sur la conception du texte sur les principes qui reacutegissent lanalyse bref sur le faire du seacutemioticien Comme on le sait Zilberberg est lun des rares seacutemioticiens agrave avoir vraiment lu Hjelmslev il a aussi participeacute agrave rendre accessible la penshyseacutee du danois en France Mais cela ne la pas empecirccheacute de croiser le fer avec lui sur certaines questions cruciales qui ont peseacute et qui pegravesent toujours dans le deacutebat sur le texte et lanalyse Mais en mecircme temps on peut dire que Zilberberg est le plus hjelmslevien des seacutemioticiens nous dirons le plus danois des seacutemioticiens franccedilais parce quil est agrave la fois hjelmslevien et bf0ndalien Le duel fut lun contre lautre aussi bien scientifiquement que humainement Or chez Zilberberg Hjelm-

CLAUDE LI

slev et Bf0ndal modeacutereacute le pacshyles jointures qu faudra un jour Hjelmslev agrave simpliciteacute lun sleviens que tlt

textes lana l~

nente Mais la bull de doctorat en dun texte pow ces principe~ les reacuteflexions pouvant pas Cf

sage qui eacuteta it 1 que sur la seacutenll emplir de terrcu

Le prinCi pe j la simpl icite Jexhausli il( matheacutematiq pas aux cim

En effet 1 mites de c~na lesquels ne c conduit imm3l gecircneacute le deacute elo nc soucienl culturel Car dehors de la shy

Cest donc moins l eacutepisi maire geacuteleacutera qu on ne p-ur berg dOn la contre eux 00

me semblc-t-tJ sens de la pn jourd hui sur poser une t)

(1 997 1801 ReSie agrave

l une des rm

mgui tique le para 1 regard du tempo

JI 1( boire dun enl - JX1I t coups agrave P il bull ~

m non analyseacute mai 1c 1 torcement une ln

- de compte lun acirc

e Wle reacuteflexion eacutepl_ oDception du tG (

Olf le fa ire du seacutemioti rares seacutemioticiens agrave J

rendr_ accessible la empecirccheacute de croiser le ui ont peseacute et qui p~ _

1ais en mecircme te le ien des seacutemiotiei

rmccedilai parce quil c lun contre lautre a ~h z Zilberberg Hjelc

CLAUDE ZILBERBERG UN NOU1EAL JRJDGMeacute ~tM()1QUE ~ 205

~ V et Brendal ne sauraient ecirctre lun sans lautre Lantagonisme est deacutereacute le pacifisme est deacuteclareacute Laccent est beaucoup plus mis sur jointures que sur les points de deacutesaccord Question sur laquelle il

udra un jour se pencher Mais pour linstant nous 110US limiterons agrave J elmslev agrave des principes comme lempirisme lexhaustiviteacute la

wlpliciteacute luniversaliteacute et limmanence Ce sont les principes hjelmshy viens que tous les seacutemioticiens ont appliqueacute dans lanalyse des

tes lanalyse seacutemiotique du texte doit ecirctre empirique et immashynte Mais la question que nous nous sommes poseacutee dans notre thegravese

e doctorat en 1997 est la suivante est-ce quune analyse seacutemiotique un texte pour ecirctre deacutesigneacutee comme telle doit impeacuterativement suivre

principes Et cest lagrave ougrave nous avons fait une vraie rencontre avec _ reacuteflexions eacutepisteacutemologiques de Zilberberg Faute de temps et ne

pouvant pas entrer dans leurs menus deacutetails nous en citons un passhy-age qui eacutetait Jun des moments cleacutes de notre reacuteflexion eacutepisteacutemologishyue sur la seacutemiotique Leacutenonciation mecircme de ce passage est propre agrave mplir de terreur le plus teacutemeacuteraire Avec teacutemeacuteriteacute Zilberberg dit ceci

Le principe dempirisme reacuteunissant lexhaustiviteacute la non-contradiction et la simpliciteacute est peu adapteacute au Iraitement des questions seacutemiotiques lexhaustiviteacute est une fiction [ J La nonmiddotcontradiction deacutecisive pour les matheacutematiques et importante pour les sciences dites exactes ne convient pas aux sciences henneacuteneutiques (1997 180-181)

En effet la question du sens conduit Zilberberg agrave eacuteprouver les lishymites de certains principes comme luniversaliteacute et limmanence lesquels ne conviennent pas aux theacuteories de linterpreacutetation Tout ceci conduit immanquablement agrave souligner que ces principes ont beaucoup gecircneacute le deacuteveloppement de la seacutemiotique vis-agrave-vis de la textualiteacute Ils ne soucient guegravere de la speacutecificiteacute des textes et de leur contexte socioshyculturel Car elles eacutecartent toute conception de la signification en dehors de la stabiliteacute des structures

Cest donc un autre Hjelmslev qui a inteacuteresseacute Zilberberg peut-ecirctre moins leacutepisteacutemologue que le linguiste celui des Principes de gramshymaire geacuteneacuterale et de La cateacutegorie des cas Et lagrave encore d une faccedilon qu on ne peut que lire comme intentionnellement eacuteclairante Zilbershyberg dont la penseacutee sest construite avec les autres parfois aussi contre eux nous livre agrave leacutegard de son maicirctre Greimas ceci laquo Je dois me semble-t-il agrave Al Greimas lexigence de rigueur et de preacutecision le sens de la proportion et le souci de la geacuteneacuteralisation mecircme si aushyjourd hui sur ce point je considegravere que la seacutemiotique doit plutocirct proshyposer une typologie des possibles plutocirct qu une liste duniversauxraquo (1997 180)

Reste agrave preacuteciser que lapproche de Zilberberg des discours est l une des rares agrave aborder le texte dans sa speacutecificiteacute textuelle et non

206 DRfSS ABLALl

comme un preacutetexte pour mettre en exergue lapplicabiliteacute des mashychines theacuteoriques Il suffit de lire ces analyses de Baudelaire Rimbaud et Valeacutery Valeacutery justement qui dans un passage des Cahiers reacutesum de faccedilon on ne peut plus claire notre exposeacute laquo Le passage du continu au discontinu est bien ce en quoi consiste de tregraves haut le problegraveme du langage [ ] La confusion est au commencement de la connaissanc~ _

Le continu naccegravede jamais agrave la preacutesenceraquo (1990 50) Ce sera notr dernier mot

REacuteFEacuteRENCES

Ablali D 2003 La Seacutemiotique du texte du discontinu au continu Paris LHarmattan collection laquo Seacutemantiques raquo

Ablali D 2004 laquo Seacutemiotique et pheacutenomeacutenologie raquo Semioti ca vol 151104 219-240

Coquet J-c 1997 La Quecircte du sens Paris Puf

Greimas AJ 1956 laquo Lactualiteacute du saussurisme raquo Le Franccedilais moshyderne 191-204

Greimas AJ 1966 Seacutemantique stncturale Paris Seuil

Greimas AJ 1994 laquo Deacutebat entre Greimas et Ricœur raquo dans Heacutenau h A (eacuted) Le Pouvoir comme passion Paris Puf 195-216

Greimas AJ et Fontanille J J99 J Seacutemiotique des passions Pari Seuil

Husserl E 1950 ideacutees directrices pour une pheacutenomeacutenologie Pari shyGallimard

Merleau-Ponty M 1945 Pheacutenomeacutenologie de la perception Pari_

Gallimard

Petitot J 1985 Morphogenegravese du sens Paris Puf

Valeacutely P 1990 Cahiers m Paris GaIlimard

Zilberberg c 1988 Raison et poeacutetique du sens Paris Puf

Zilberberg c 1997 laquo Une continuiteacute incertaine Saussure Hjelmshyslev Greimas raquo in A Zinna (eacuted) Hjelmslev aujourdhui Turnshyhout Brepols 165-192

Zilberberg c 2002 laquo Preacutecis de grammaire tensive raquo Tangence 70 111-143

Zilberberg c 2006 Eleacutements de grammaire tensive Limoges Pulim

Zilberberg C et Fontanille 1 1998 Tension et signification Liegravege

Mardaga

200 DRISS ABLALI

tales de cet espace inteacuterieur que nous avons reconnu et deacutetini comme le rabattement du monde naturel sur le sujet en vue de constituer le monde propre de l existence seacutemiotiqueraquo (Greimas amp Fontanille 1991 17)

Pourtant ici il faut souligner que cette laquo tensiviteacute phorique raquo car cest agrave ce niveau que la seacutemiotique commence agrave s eacuteloigner du giron de la linguistique et du texte relegraveve de limaginaire cest-agrave-dire quelle est inaccessible directement dans le texte elle est seulement reconsshytruite par preacutesupposition laquo encatalyseacutee raquo dirait Hjelmslev Mais la question que nous nous posons puisquon est dans le domaine du texte est la suivante est-ce que les textes portent en eux et seulement en eux les traces de cette tensiviteacute phorique En dautres termes estshyce quil existe des marques linguistiques narratives ou eacutenonciatives pour expliquer linexplicable ou l imaginaire ou pour repreacutesenter les laquo images intraduites raquo pour citer encore une fois Valeacutery

La faccedilon dont est deacutecrit le continu dans Seacutemiotique des passions teacutemoigne clairement de son involution speacuteculative qui la vite coupeacute de la description seacutemio-linguistique des textes Dans cet ouvrage nous ne manquons pas de relever le retour des mecircmes formulations chaque fois que les auteurs eacutevoquent la possibiliteacute de rapporter la signification du texte agrave un domaine dobjectiviteacute indeacutependant des textes En tant que lieu insaisissable le continu ne peut ecirctre quimaginaire dougrave les fOlmulations suivantes

Avant de laquo poserraquo un sujet tensif face agrave des valeurs investies dans des objets (ou le monde comme valeur) il convient d imaginer un palier de laquo pressentimentsraquo ougrave se trouveraient intimement lieacutes lun agrave lautre le sujet pour le monde et le monde pour le sujet (1991 25)

Une page plus loin Greimas et Fontanille eacutecrivent

Cest une situation comparable mais anteacuterieure au positionnement actanshytiel qu il s agit dimaginer (ibid 26)

Et plus loin

On pourrait imaginergt provisoirement que le sujet de quecircte avant de reshycevoir le vouloir et le devoir est instaureacute lorsquil deacutecouvre lexistence dun systegraveme de valeurs et que cette instauration preacutealable en ferait un sujet potentialiseacute (ibid 57-58 cest nous qui soulignons dans les trois passages)

Acceptons pour linstant lideacutee daccegraves au continu agrave travers limashygination et posons quelques questions sur les chemins qui y megravenent Comment la seacutemiotique pourrait-elle preacutetendre deacutevoiler le sens le plus profond du texte sa phase originaire qui preacutecegravede la textualisation et qui la fonde lncombe-t-il agrave la seacutemiotique de reacutesoudre ce genre de problegravemes Comme la dit clairement Greimas dans son deacutebat avec Ricœur

CLAUDE ZILBER

On est obligeacute de reo qui ne sexpliqu chose Et ceSl d structures les plushyseacutemiotique) il pouvons rien dire capable d en di n 203)

La solution qui gt

dans ce deacutebat avec R agrave placer la seacutemioliql seacutee deacutetenir la con nai Cest la pheacutenomeacuten adeacutequate pour inle~

limperfection la d est importante les multiplieacutees chez G Ouellet et chez Fon tique sont pheacutenom horizon profondeur

Lenjeu pour le preacutecoce de la gen middot texte sa phase origll fonde Certes le cc mais il faut rappeler ri que car il est d abordeacute par le pa radi limaginaire il est senteacute comme purem quement partageacutee ( naturellement de- BII discontinuiteacute qu il cr agrave propos du laquo sujet 1 laquo theacuteoriquement ) continu qui puisse egrave que dune instance manifestation dis nous percevons n f

seulement recontn cregravetes et cateacutegoris nous rejoignons Il la nature est conUII et je ne crois pas

1

deacutefini comme ons ti tuer le

F ontanille

bori que raquo car r du giron de

- -dire quelle 1 men t reconsshym 1 v Mais la 1 do maine du ln t seulemenl D termes e Lshy

oo nonciativ~

r r r nter 1

1t P sim rira ile ou -

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 201

On est obligeacute de reconnaicirctre que le discours ccedila bouge quil y a des forces qui ne s expliquent pas entiegraverement par les modaliteacutes quil y a autre chose Et cest donc lagrave le problegraveme [ J D ougrave lideacutee que derrieacutere les structures les plus eacuteleacutementaires - articulables - de la signification (carreacute seacutemiotique) il y a un horizon ontique dont nous autres seacutemioticiens ne pouvons rien dire parce quavec les instruments seacutemiotiques on nest pas capable den dire quelque chose [ J Alors quelle est la solution (1994 203)

La solution qui simpose delle-mecircme dapregraves Greimas aussi bien dans ce deacutebat avec Ricœur que dans Seacutemiotique des passions consiste agrave placer la seacutemiotique sous la deacutependance dune autre discipline censhyseacutee deacutetenir la cOlUlaissance sur le continu agrave savoir la pheacutenomeacutenologie Cest la pheacutenomeacutenologie qui montre donc agrave la seacutemiotique la voie adeacutequate pour interroger le niveau continu du texte Depuis surtout De limperfection la dette des seacutemioticiens envers les pheacutenomeacutenologues est importante les reacutefeacuterences agrave Husserl et agrave Merleau-Ponty se sont multiplieacutees chez Greimas lui-mecircme chez Coquet chez Petitot chez OueJlet et chez Fontanille Les concepts fondamentaux de la seacutemioshylique sont pheacutenomeacutenologiques laquo preacutesence champ corps estheacutesie horizon profondeur intentiolUlaliteacute perception raquo etc

Lenjeu pour le seacutemioticien consiste donc agrave saisir agrave un stade tregraves reacutecoce de la genegravese de la signification le sens le plus profond du

xte sa phase originaire et sensible qui preacutecegravede la textualisation et la onde Certes le continu est au commencement de la signification

is il faut rappeler que ce postulat ne sappuie sur aucune base empishyque car il est de lordre de la croyance Le continu tel quil est

rdeacute par le paradigme pheacutenomeacutenologique relegraveve pour le reacutepeacuteter de maginaire il est invisible car non articuleacute cest-agrave-dire qu il est preacuteshy

teacute comme purement inteacuterieur sans aucune repreacutesentation linguistishyment partageacutee Cest une creacuteation du seacutemioticien qui sefface tout

e llement devant sa repreacutesentation il cegravede entiegraverement devant la iOIltinuiteacute quil met en place il est laquo barreacuteraquo comme le dit 1 Lacan

pos du laquo sujet barreacute raquo il nest plus lagrave il se barre noccupant que riquement raquo sa place Il ny a donc pas de sujet au niveau du

bull u qui puisse ecirctre empirique et psychologique Il ne sagit en fait d une instance imagineacutee dans une masse amorphe agrave partir dune estation discursive Nous nacceacutedons jamais au continu ce que percevons nest autre que le discontinu Ainsi le continu est

ent reconstructible par preacutesupposition agrave partir des uniteacutes disshye cateacutegoriseacutees mais sans aucun fondement textuel Lagrave aussi ~j ignons lideacutee de R Thom qui dit ceci laquo Savoir si le fond de

e est continu ou discontinu c est un problegraveme meacutetaphysique rois pas que quiconque dispose dune reacuteponseraquo (1991 67)

202 DRISS ABLALl

laquo Nous sommes faits pour voir essentiellement des discontinuiteacutes Elles seules sont significativesraquo (68) Agrave la source donc du sens saisi comme reacutesultat se trouvent la perception la passion et la sensibiliteacute cest-agrave-dire que deniegravere les formes laquo saillantes raquo pour reprendre une expression laquo catastrophiste raquo de Petitot il y a place dans le texte pour une laquo preacutegnance thymique raquo pour un laquo avant-coup du sens raquo sauf que ce dernier na aucune base textuelle ni linguistique car il est laquo inexshyprimable indicible raquo (Petitot 1985 292-293) Or comment peut-on accepter dune theacuteorie qui se veut textuelle revendiquant des principes saussuriens et hjelmsleviens de travailler sur linconnaissable et lindicible agrave moins de se transfonner en une philosophie

LE PARADIGME TENSIF

Cette laquo pheacutenomeacutenologisation raquo de la seacutemiotique agrave laquelle nous asshysistons depuis plus dune deacutecennie ne fait queacuteloigner la seacutemiotique des rivages du texte et des problegravemes de la textualiteacute pour la placer dans le giron des theacuteories philosophiques et meacutetaphysiques Il ne faut pas oublier quune seacutemiotique du continu est un projet philosophique qui ne convient pas agrave la description seacutemiotique des textes Et comme le dit Zilberberg

Effectif ou non fondeacute ou non ce laquo tournant pheacutenomeacutenologiqueraquo constishylue une mise en demeure En faisant siennes les positions de la pheacutenomeacuteshynologie notamment telle quelle est configureacutee dans lœuvre de MerleaushyPonty la seacutemiotique ne seacuteloigne-t-elle pas de sa double reacutefeacuterence saussushyricnne et hjelmslevienne Si tel eacutetait le cas nest-on pas en droit de consideacuterer que laquo fatigueacute raquo le conccedilu se retire devant la laquo fraicirccheurraquo du perccedilu Nous laissons de cocircteacute ici la question de savoir si une discipline exigeante peut changer dassise conceptuelle sans avoir agrave connaicirctre d imshyportantes conseacutequences (2002 1 (7)

Or chez Zilberberg lapproche continue de la tensiviteacute emprunte dautres voix Approche continue oui mais sans fondement pheacutenoshymeacutenologique Elle nest ni ne preacutetend ecirctre une seacutemiotique de la pershyception ou de la cognition comme cest le cas par exemple chez Greimas Petitot ou chez Ouellet Du continu oui agrave base pheacutenomeacuteshynologique non Une seacutemiotique du continu sans Husserl ni MerleaushyPont y avec Saussure et Hjelmslev En ce point il nest pas inutile dl souligner que Hjelmslev est la forme qui marque le plus doccurrence dans le corpus Zilberberg corpus dont nous disposons en version eacutelectronique et qui a eacuteteacute soumis agrave un logiciel de statistique (Hypcrshybase 1) lequel livre des reacutesultats inteacuteressants Hjelmslev est citeacute 651 fois Saussure aussi enregistre des reacutesultats satisfaisants 286 or Merleau-Ponty comme Husserl sont marqueacutes par une tregraves basse freacuteshy

1 Logiciel de statistique conccedilu par Etienne Brunet Universiteacute de Nice

CLl

lingulsn iscours

155 d~tJE unjle~al

Elz

-u

e re dolli ~ ml

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 203

quence 50 occurrences pour le premier et pour le second 3 occurshy~ource donc du sens saisi

a passion et la sensibiliteacute aDies raquo pour reprendre une a place dans le texte pour

ecirclJ1I-COUp du sens raquo sauf que nguistique car il est laquo inexshy

-] 93) Or comment peut-on revendiquant des principes 1er sur linconnaissable et ~ philosophie

tique agrave laquelle nous asshy~ qu eacute loigner la seacutemiotique la textualiteacute pour la placer

i meacutetaphysiques Il ne faut C~ l un projet philosophique lque des textes Et comme

pheacutenomeacutenologiqueraquo constishy les positions de la pheacutenomeacuteshy

= _ e dans lœuvre de Merleaushy

5 nest-on pas en droit de c re devant la laquo fraicirccheurraquo du

de savoir si une discipline os avoir agrave connaicirctre dimshy

de la tensiviteacute emprunte s sans fondement pheacutenoshyune seacutemiotique de la pershyle cas par exemple chez

liou oui agrave base pheacutenomeacuteshyu sans Husserl ni Merleaushy

__ point il nest pas inutile de

marque le plus d occurrences nou disposons en version

~Icic l de statistique (HypershylS Hjelmslev est citeacute 651

alS satisfaisants 286 or ueacutes par une tregraves basse freacuteshy

lj orsiteacute de Nice

rences Cela sexplique par labondance dun vocabulaire seacutemioshylinguistique le mot valeur enregistre 603 occurrences temps 575 discours 365 systegraveme 328 rythme 307 tempo 203 eacuteveacutenement 155 diffeacuterence 132 eacutenonceacute 114 immanence 46 perception 30 universaliteacute Il Lhistogramme suivant lillustre clairement

700 ~ -shy

600 i=

500 1 1-shy

400 1 1-shy - 300 1 r- r- l

200 1 r- rshy - r- F F oC

100 rshy -shy - rshy - r-

Jho -shy bull III - - _ Syshy__ h_ E~~ I)o f fs-enee Enonce ~cnoe Percpton un

Et Zilberberg lui-mecircme sen explique ainsi et sans ambages

Autant la preacutevalence accordeacutee au perccedilu semble eacuteloigner la seacutemiotique de ses reacutefeacuterences linguistiques deacuteclareacutees autant l attention que nous accorshydons avec d autres et apregraves dautTes au vegravecu e t au ressenti permet de maintenir intacte sans que lon puisse parler de paradoxe ou de provocashytion la reacutefeacuterence linguistique (2006 8)

Contrairement au paradigme pheacutenomeacutenologique et cognitif qui stishypulent lexistence dun espace originel non linguistique agrave partir dushyquel on pourrait expliquer des faits linguistiques Zilberberg met le texte en dehors de toute tentative dexpliquer la signification agrave partir dun niveau laquo anteacute-linguistique raquo en eacutecartant du paradigme tensif toute conception qui ramegravene le sens agrave un aspect de la penseacutee et du comportement plutocirct quune caracteacuteristique du langage et du texte L acception qui se deacutegage du modegravele de Zilberberg sur le continu consiste agrave mettre ce dernier en relation avec le langage et de reacutecuser qu un lien puisse se nouer au sein des textes entre un sens non encore cateacutegoriseacute sans fondement physique et verbal et les structures texshytuelles qui elles sont intelligibles et visibles En teacutemoignent les concepts cleacutes de Zilberberg et qui mettent tous laccent sans eacutequishyvoque sur laspect discontinu de lanalyse Entres autres nous poushyvons accompagneacutes de leur freacutequence citer intervalle 116 eacuteveacuteneshy

204 DRISS ABLALl

ment 155 rythme 229 tempo 181 aspectualiteacute 49 acte 106 seuils 102 limites 104 diffeacuterence 136 entre autres La seacutemiosis est ainsi deacutefinie pour citer Zilberberg laquo non comme repos mais comme acte raquo

Et entre les deux paradigmes continuistes la balance est loin decirctre eacutegale Pour le paradigme tensif laspect linguistique preacutevaut largeshyment Nous ferons eacutetat de trois suggestions la place que le point de vue tensif accorde agrave lanalyse linguIstique l espace tensif est constishytueacute par le recoupement de lintensiteacute et de lextensiteacute et le rabattement de celle-ci sur celle-lagrave le rocircle des notions de seuils et limites division et eacuteveacutenement comme composantes diffeacuterentielles des objets

On a sans doute compris ougrave nous voulions en venir la seacutemiotique tensive nest pas une autre seacutemiotique qui sopposerait agrave la seacutemioshytique dite structurale Elle sinteacuteresse de fait agrave un ensemble de pheacuteshynomegravenes discursifs que leur caractegravere graduel continu dynamique ou affectif rendait difficilement accessibles agrave une approche discontinue binaire statique et strictement narrative Ce faisant elle deacutecouvre luniteacute dun autre domaine de recherches celui du discours en acte de leacutenonciation vivante celui de la preacutesence sensible agrave l autre et au monde celui des eacutemotions et des passions mais dans leur fonne linshyguistique et textuelle Et pour se deacutemarquer du paradigme pheacutenomeacuteshynologique qui part du mental pour aller au linguistique le paradigme tensif lui agrave leacutegard du continu se pose agrave leacutegard du tempo de la toniciteacute de la temporaliteacute et de la spatialiteacute la question suivante

Comment justement passe-t-on du style intensif laquo boire dun seul coup d un seul trait raquo au style extensif laquo boire agrave petits coups agrave petites gorshygeacutees raquo Comment passe-t-on dun laquo continuum non analyseacute mais analyshysableraquo (Hjelmslev) agrave une articulation projetant forceacutement une mesure et un nombre sajustant harmonieusement en fin de compte lun agrave lautre ~ (Zilberberg 2006 43)

Derriegravere la conviction tensive de cette prioriteacute orientant linteacuterecirct vers laspect linguistique de l analyse se trouve une reacuteflexion eacutepisteacuteshymologique sur la seacutemiotique en geacuteneacuteral sur la conception du texte sur les principes qui reacutegissent lanalyse bref sur le faire du seacutemioticien Comme on le sait Zilberberg est lun des rares seacutemioticiens agrave avoir vraiment lu Hjelmslev il a aussi participeacute agrave rendre accessible la penshyseacutee du danois en France Mais cela ne la pas empecirccheacute de croiser le fer avec lui sur certaines questions cruciales qui ont peseacute et qui pegravesent toujours dans le deacutebat sur le texte et lanalyse Mais en mecircme temps on peut dire que Zilberberg est le plus hjelmslevien des seacutemioticiens nous dirons le plus danois des seacutemioticiens franccedilais parce quil est agrave la fois hjelmslevien et bf0ndalien Le duel fut lun contre lautre aussi bien scientifiquement que humainement Or chez Zilberberg Hjelm-

CLAUDE LI

slev et Bf0ndal modeacutereacute le pacshyles jointures qu faudra un jour Hjelmslev agrave simpliciteacute lun sleviens que tlt

textes lana l~

nente Mais la bull de doctorat en dun texte pow ces principe~ les reacuteflexions pouvant pas Cf

sage qui eacuteta it 1 que sur la seacutenll emplir de terrcu

Le prinCi pe j la simpl icite Jexhausli il( matheacutematiq pas aux cim

En effet 1 mites de c~na lesquels ne c conduit imm3l gecircneacute le deacute elo nc soucienl culturel Car dehors de la shy

Cest donc moins l eacutepisi maire geacuteleacutera qu on ne p-ur berg dOn la contre eux 00

me semblc-t-tJ sens de la pn jourd hui sur poser une t)

(1 997 1801 ReSie agrave

l une des rm

mgui tique le para 1 regard du tempo

JI 1( boire dun enl - JX1I t coups agrave P il bull ~

m non analyseacute mai 1c 1 torcement une ln

- de compte lun acirc

e Wle reacuteflexion eacutepl_ oDception du tG (

Olf le fa ire du seacutemioti rares seacutemioticiens agrave J

rendr_ accessible la empecirccheacute de croiser le ui ont peseacute et qui p~ _

1ais en mecircme te le ien des seacutemiotiei

rmccedilai parce quil c lun contre lautre a ~h z Zilberberg Hjelc

CLAUDE ZILBERBERG UN NOU1EAL JRJDGMeacute ~tM()1QUE ~ 205

~ V et Brendal ne sauraient ecirctre lun sans lautre Lantagonisme est deacutereacute le pacifisme est deacuteclareacute Laccent est beaucoup plus mis sur jointures que sur les points de deacutesaccord Question sur laquelle il

udra un jour se pencher Mais pour linstant nous 110US limiterons agrave J elmslev agrave des principes comme lempirisme lexhaustiviteacute la

wlpliciteacute luniversaliteacute et limmanence Ce sont les principes hjelmshy viens que tous les seacutemioticiens ont appliqueacute dans lanalyse des

tes lanalyse seacutemiotique du texte doit ecirctre empirique et immashynte Mais la question que nous nous sommes poseacutee dans notre thegravese

e doctorat en 1997 est la suivante est-ce quune analyse seacutemiotique un texte pour ecirctre deacutesigneacutee comme telle doit impeacuterativement suivre

principes Et cest lagrave ougrave nous avons fait une vraie rencontre avec _ reacuteflexions eacutepisteacutemologiques de Zilberberg Faute de temps et ne

pouvant pas entrer dans leurs menus deacutetails nous en citons un passhy-age qui eacutetait Jun des moments cleacutes de notre reacuteflexion eacutepisteacutemologishyue sur la seacutemiotique Leacutenonciation mecircme de ce passage est propre agrave mplir de terreur le plus teacutemeacuteraire Avec teacutemeacuteriteacute Zilberberg dit ceci

Le principe dempirisme reacuteunissant lexhaustiviteacute la non-contradiction et la simpliciteacute est peu adapteacute au Iraitement des questions seacutemiotiques lexhaustiviteacute est une fiction [ J La nonmiddotcontradiction deacutecisive pour les matheacutematiques et importante pour les sciences dites exactes ne convient pas aux sciences henneacuteneutiques (1997 180-181)

En effet la question du sens conduit Zilberberg agrave eacuteprouver les lishymites de certains principes comme luniversaliteacute et limmanence lesquels ne conviennent pas aux theacuteories de linterpreacutetation Tout ceci conduit immanquablement agrave souligner que ces principes ont beaucoup gecircneacute le deacuteveloppement de la seacutemiotique vis-agrave-vis de la textualiteacute Ils ne soucient guegravere de la speacutecificiteacute des textes et de leur contexte socioshyculturel Car elles eacutecartent toute conception de la signification en dehors de la stabiliteacute des structures

Cest donc un autre Hjelmslev qui a inteacuteresseacute Zilberberg peut-ecirctre moins leacutepisteacutemologue que le linguiste celui des Principes de gramshymaire geacuteneacuterale et de La cateacutegorie des cas Et lagrave encore d une faccedilon qu on ne peut que lire comme intentionnellement eacuteclairante Zilbershyberg dont la penseacutee sest construite avec les autres parfois aussi contre eux nous livre agrave leacutegard de son maicirctre Greimas ceci laquo Je dois me semble-t-il agrave Al Greimas lexigence de rigueur et de preacutecision le sens de la proportion et le souci de la geacuteneacuteralisation mecircme si aushyjourd hui sur ce point je considegravere que la seacutemiotique doit plutocirct proshyposer une typologie des possibles plutocirct qu une liste duniversauxraquo (1997 180)

Reste agrave preacuteciser que lapproche de Zilberberg des discours est l une des rares agrave aborder le texte dans sa speacutecificiteacute textuelle et non

206 DRfSS ABLALl

comme un preacutetexte pour mettre en exergue lapplicabiliteacute des mashychines theacuteoriques Il suffit de lire ces analyses de Baudelaire Rimbaud et Valeacutery Valeacutery justement qui dans un passage des Cahiers reacutesum de faccedilon on ne peut plus claire notre exposeacute laquo Le passage du continu au discontinu est bien ce en quoi consiste de tregraves haut le problegraveme du langage [ ] La confusion est au commencement de la connaissanc~ _

Le continu naccegravede jamais agrave la preacutesenceraquo (1990 50) Ce sera notr dernier mot

REacuteFEacuteRENCES

Ablali D 2003 La Seacutemiotique du texte du discontinu au continu Paris LHarmattan collection laquo Seacutemantiques raquo

Ablali D 2004 laquo Seacutemiotique et pheacutenomeacutenologie raquo Semioti ca vol 151104 219-240

Coquet J-c 1997 La Quecircte du sens Paris Puf

Greimas AJ 1956 laquo Lactualiteacute du saussurisme raquo Le Franccedilais moshyderne 191-204

Greimas AJ 1966 Seacutemantique stncturale Paris Seuil

Greimas AJ 1994 laquo Deacutebat entre Greimas et Ricœur raquo dans Heacutenau h A (eacuted) Le Pouvoir comme passion Paris Puf 195-216

Greimas AJ et Fontanille J J99 J Seacutemiotique des passions Pari Seuil

Husserl E 1950 ideacutees directrices pour une pheacutenomeacutenologie Pari shyGallimard

Merleau-Ponty M 1945 Pheacutenomeacutenologie de la perception Pari_

Gallimard

Petitot J 1985 Morphogenegravese du sens Paris Puf

Valeacutely P 1990 Cahiers m Paris GaIlimard

Zilberberg c 1988 Raison et poeacutetique du sens Paris Puf

Zilberberg c 1997 laquo Une continuiteacute incertaine Saussure Hjelmshyslev Greimas raquo in A Zinna (eacuted) Hjelmslev aujourdhui Turnshyhout Brepols 165-192

Zilberberg c 2002 laquo Preacutecis de grammaire tensive raquo Tangence 70 111-143

Zilberberg c 2006 Eleacutements de grammaire tensive Limoges Pulim

Zilberberg C et Fontanille 1 1998 Tension et signification Liegravege

Mardaga

deacutefini comme ons ti tuer le

F ontanille

bori que raquo car r du giron de

- -dire quelle 1 men t reconsshym 1 v Mais la 1 do maine du ln t seulemenl D termes e Lshy

oo nonciativ~

r r r nter 1

1t P sim rira ile ou -

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 201

On est obligeacute de reconnaicirctre que le discours ccedila bouge quil y a des forces qui ne s expliquent pas entiegraverement par les modaliteacutes quil y a autre chose Et cest donc lagrave le problegraveme [ J D ougrave lideacutee que derrieacutere les structures les plus eacuteleacutementaires - articulables - de la signification (carreacute seacutemiotique) il y a un horizon ontique dont nous autres seacutemioticiens ne pouvons rien dire parce quavec les instruments seacutemiotiques on nest pas capable den dire quelque chose [ J Alors quelle est la solution (1994 203)

La solution qui simpose delle-mecircme dapregraves Greimas aussi bien dans ce deacutebat avec Ricœur que dans Seacutemiotique des passions consiste agrave placer la seacutemiotique sous la deacutependance dune autre discipline censhyseacutee deacutetenir la cOlUlaissance sur le continu agrave savoir la pheacutenomeacutenologie Cest la pheacutenomeacutenologie qui montre donc agrave la seacutemiotique la voie adeacutequate pour interroger le niveau continu du texte Depuis surtout De limperfection la dette des seacutemioticiens envers les pheacutenomeacutenologues est importante les reacutefeacuterences agrave Husserl et agrave Merleau-Ponty se sont multiplieacutees chez Greimas lui-mecircme chez Coquet chez Petitot chez OueJlet et chez Fontanille Les concepts fondamentaux de la seacutemioshylique sont pheacutenomeacutenologiques laquo preacutesence champ corps estheacutesie horizon profondeur intentiolUlaliteacute perception raquo etc

Lenjeu pour le seacutemioticien consiste donc agrave saisir agrave un stade tregraves reacutecoce de la genegravese de la signification le sens le plus profond du

xte sa phase originaire et sensible qui preacutecegravede la textualisation et la onde Certes le continu est au commencement de la signification

is il faut rappeler que ce postulat ne sappuie sur aucune base empishyque car il est de lordre de la croyance Le continu tel quil est

rdeacute par le paradigme pheacutenomeacutenologique relegraveve pour le reacutepeacuteter de maginaire il est invisible car non articuleacute cest-agrave-dire qu il est preacuteshy

teacute comme purement inteacuterieur sans aucune repreacutesentation linguistishyment partageacutee Cest une creacuteation du seacutemioticien qui sefface tout

e llement devant sa repreacutesentation il cegravede entiegraverement devant la iOIltinuiteacute quil met en place il est laquo barreacuteraquo comme le dit 1 Lacan

pos du laquo sujet barreacute raquo il nest plus lagrave il se barre noccupant que riquement raquo sa place Il ny a donc pas de sujet au niveau du

bull u qui puisse ecirctre empirique et psychologique Il ne sagit en fait d une instance imagineacutee dans une masse amorphe agrave partir dune estation discursive Nous nacceacutedons jamais au continu ce que percevons nest autre que le discontinu Ainsi le continu est

ent reconstructible par preacutesupposition agrave partir des uniteacutes disshye cateacutegoriseacutees mais sans aucun fondement textuel Lagrave aussi ~j ignons lideacutee de R Thom qui dit ceci laquo Savoir si le fond de

e est continu ou discontinu c est un problegraveme meacutetaphysique rois pas que quiconque dispose dune reacuteponseraquo (1991 67)

202 DRISS ABLALl

laquo Nous sommes faits pour voir essentiellement des discontinuiteacutes Elles seules sont significativesraquo (68) Agrave la source donc du sens saisi comme reacutesultat se trouvent la perception la passion et la sensibiliteacute cest-agrave-dire que deniegravere les formes laquo saillantes raquo pour reprendre une expression laquo catastrophiste raquo de Petitot il y a place dans le texte pour une laquo preacutegnance thymique raquo pour un laquo avant-coup du sens raquo sauf que ce dernier na aucune base textuelle ni linguistique car il est laquo inexshyprimable indicible raquo (Petitot 1985 292-293) Or comment peut-on accepter dune theacuteorie qui se veut textuelle revendiquant des principes saussuriens et hjelmsleviens de travailler sur linconnaissable et lindicible agrave moins de se transfonner en une philosophie

LE PARADIGME TENSIF

Cette laquo pheacutenomeacutenologisation raquo de la seacutemiotique agrave laquelle nous asshysistons depuis plus dune deacutecennie ne fait queacuteloigner la seacutemiotique des rivages du texte et des problegravemes de la textualiteacute pour la placer dans le giron des theacuteories philosophiques et meacutetaphysiques Il ne faut pas oublier quune seacutemiotique du continu est un projet philosophique qui ne convient pas agrave la description seacutemiotique des textes Et comme le dit Zilberberg

Effectif ou non fondeacute ou non ce laquo tournant pheacutenomeacutenologiqueraquo constishylue une mise en demeure En faisant siennes les positions de la pheacutenomeacuteshynologie notamment telle quelle est configureacutee dans lœuvre de MerleaushyPonty la seacutemiotique ne seacuteloigne-t-elle pas de sa double reacutefeacuterence saussushyricnne et hjelmslevienne Si tel eacutetait le cas nest-on pas en droit de consideacuterer que laquo fatigueacute raquo le conccedilu se retire devant la laquo fraicirccheurraquo du perccedilu Nous laissons de cocircteacute ici la question de savoir si une discipline exigeante peut changer dassise conceptuelle sans avoir agrave connaicirctre d imshyportantes conseacutequences (2002 1 (7)

Or chez Zilberberg lapproche continue de la tensiviteacute emprunte dautres voix Approche continue oui mais sans fondement pheacutenoshymeacutenologique Elle nest ni ne preacutetend ecirctre une seacutemiotique de la pershyception ou de la cognition comme cest le cas par exemple chez Greimas Petitot ou chez Ouellet Du continu oui agrave base pheacutenomeacuteshynologique non Une seacutemiotique du continu sans Husserl ni MerleaushyPont y avec Saussure et Hjelmslev En ce point il nest pas inutile dl souligner que Hjelmslev est la forme qui marque le plus doccurrence dans le corpus Zilberberg corpus dont nous disposons en version eacutelectronique et qui a eacuteteacute soumis agrave un logiciel de statistique (Hypcrshybase 1) lequel livre des reacutesultats inteacuteressants Hjelmslev est citeacute 651 fois Saussure aussi enregistre des reacutesultats satisfaisants 286 or Merleau-Ponty comme Husserl sont marqueacutes par une tregraves basse freacuteshy

1 Logiciel de statistique conccedilu par Etienne Brunet Universiteacute de Nice

CLl

lingulsn iscours

155 d~tJE unjle~al

Elz

-u

e re dolli ~ ml

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 203

quence 50 occurrences pour le premier et pour le second 3 occurshy~ource donc du sens saisi

a passion et la sensibiliteacute aDies raquo pour reprendre une a place dans le texte pour

ecirclJ1I-COUp du sens raquo sauf que nguistique car il est laquo inexshy

-] 93) Or comment peut-on revendiquant des principes 1er sur linconnaissable et ~ philosophie

tique agrave laquelle nous asshy~ qu eacute loigner la seacutemiotique la textualiteacute pour la placer

i meacutetaphysiques Il ne faut C~ l un projet philosophique lque des textes Et comme

pheacutenomeacutenologiqueraquo constishy les positions de la pheacutenomeacuteshy

= _ e dans lœuvre de Merleaushy

5 nest-on pas en droit de c re devant la laquo fraicirccheurraquo du

de savoir si une discipline os avoir agrave connaicirctre dimshy

de la tensiviteacute emprunte s sans fondement pheacutenoshyune seacutemiotique de la pershyle cas par exemple chez

liou oui agrave base pheacutenomeacuteshyu sans Husserl ni Merleaushy

__ point il nest pas inutile de

marque le plus d occurrences nou disposons en version

~Icic l de statistique (HypershylS Hjelmslev est citeacute 651

alS satisfaisants 286 or ueacutes par une tregraves basse freacuteshy

lj orsiteacute de Nice

rences Cela sexplique par labondance dun vocabulaire seacutemioshylinguistique le mot valeur enregistre 603 occurrences temps 575 discours 365 systegraveme 328 rythme 307 tempo 203 eacuteveacutenement 155 diffeacuterence 132 eacutenonceacute 114 immanence 46 perception 30 universaliteacute Il Lhistogramme suivant lillustre clairement

700 ~ -shy

600 i=

500 1 1-shy

400 1 1-shy - 300 1 r- r- l

200 1 r- rshy - r- F F oC

100 rshy -shy - rshy - r-

Jho -shy bull III - - _ Syshy__ h_ E~~ I)o f fs-enee Enonce ~cnoe Percpton un

Et Zilberberg lui-mecircme sen explique ainsi et sans ambages

Autant la preacutevalence accordeacutee au perccedilu semble eacuteloigner la seacutemiotique de ses reacutefeacuterences linguistiques deacuteclareacutees autant l attention que nous accorshydons avec d autres et apregraves dautTes au vegravecu e t au ressenti permet de maintenir intacte sans que lon puisse parler de paradoxe ou de provocashytion la reacutefeacuterence linguistique (2006 8)

Contrairement au paradigme pheacutenomeacutenologique et cognitif qui stishypulent lexistence dun espace originel non linguistique agrave partir dushyquel on pourrait expliquer des faits linguistiques Zilberberg met le texte en dehors de toute tentative dexpliquer la signification agrave partir dun niveau laquo anteacute-linguistique raquo en eacutecartant du paradigme tensif toute conception qui ramegravene le sens agrave un aspect de la penseacutee et du comportement plutocirct quune caracteacuteristique du langage et du texte L acception qui se deacutegage du modegravele de Zilberberg sur le continu consiste agrave mettre ce dernier en relation avec le langage et de reacutecuser qu un lien puisse se nouer au sein des textes entre un sens non encore cateacutegoriseacute sans fondement physique et verbal et les structures texshytuelles qui elles sont intelligibles et visibles En teacutemoignent les concepts cleacutes de Zilberberg et qui mettent tous laccent sans eacutequishyvoque sur laspect discontinu de lanalyse Entres autres nous poushyvons accompagneacutes de leur freacutequence citer intervalle 116 eacuteveacuteneshy

204 DRISS ABLALl

ment 155 rythme 229 tempo 181 aspectualiteacute 49 acte 106 seuils 102 limites 104 diffeacuterence 136 entre autres La seacutemiosis est ainsi deacutefinie pour citer Zilberberg laquo non comme repos mais comme acte raquo

Et entre les deux paradigmes continuistes la balance est loin decirctre eacutegale Pour le paradigme tensif laspect linguistique preacutevaut largeshyment Nous ferons eacutetat de trois suggestions la place que le point de vue tensif accorde agrave lanalyse linguIstique l espace tensif est constishytueacute par le recoupement de lintensiteacute et de lextensiteacute et le rabattement de celle-ci sur celle-lagrave le rocircle des notions de seuils et limites division et eacuteveacutenement comme composantes diffeacuterentielles des objets

On a sans doute compris ougrave nous voulions en venir la seacutemiotique tensive nest pas une autre seacutemiotique qui sopposerait agrave la seacutemioshytique dite structurale Elle sinteacuteresse de fait agrave un ensemble de pheacuteshynomegravenes discursifs que leur caractegravere graduel continu dynamique ou affectif rendait difficilement accessibles agrave une approche discontinue binaire statique et strictement narrative Ce faisant elle deacutecouvre luniteacute dun autre domaine de recherches celui du discours en acte de leacutenonciation vivante celui de la preacutesence sensible agrave l autre et au monde celui des eacutemotions et des passions mais dans leur fonne linshyguistique et textuelle Et pour se deacutemarquer du paradigme pheacutenomeacuteshynologique qui part du mental pour aller au linguistique le paradigme tensif lui agrave leacutegard du continu se pose agrave leacutegard du tempo de la toniciteacute de la temporaliteacute et de la spatialiteacute la question suivante

Comment justement passe-t-on du style intensif laquo boire dun seul coup d un seul trait raquo au style extensif laquo boire agrave petits coups agrave petites gorshygeacutees raquo Comment passe-t-on dun laquo continuum non analyseacute mais analyshysableraquo (Hjelmslev) agrave une articulation projetant forceacutement une mesure et un nombre sajustant harmonieusement en fin de compte lun agrave lautre ~ (Zilberberg 2006 43)

Derriegravere la conviction tensive de cette prioriteacute orientant linteacuterecirct vers laspect linguistique de l analyse se trouve une reacuteflexion eacutepisteacuteshymologique sur la seacutemiotique en geacuteneacuteral sur la conception du texte sur les principes qui reacutegissent lanalyse bref sur le faire du seacutemioticien Comme on le sait Zilberberg est lun des rares seacutemioticiens agrave avoir vraiment lu Hjelmslev il a aussi participeacute agrave rendre accessible la penshyseacutee du danois en France Mais cela ne la pas empecirccheacute de croiser le fer avec lui sur certaines questions cruciales qui ont peseacute et qui pegravesent toujours dans le deacutebat sur le texte et lanalyse Mais en mecircme temps on peut dire que Zilberberg est le plus hjelmslevien des seacutemioticiens nous dirons le plus danois des seacutemioticiens franccedilais parce quil est agrave la fois hjelmslevien et bf0ndalien Le duel fut lun contre lautre aussi bien scientifiquement que humainement Or chez Zilberberg Hjelm-

CLAUDE LI

slev et Bf0ndal modeacutereacute le pacshyles jointures qu faudra un jour Hjelmslev agrave simpliciteacute lun sleviens que tlt

textes lana l~

nente Mais la bull de doctorat en dun texte pow ces principe~ les reacuteflexions pouvant pas Cf

sage qui eacuteta it 1 que sur la seacutenll emplir de terrcu

Le prinCi pe j la simpl icite Jexhausli il( matheacutematiq pas aux cim

En effet 1 mites de c~na lesquels ne c conduit imm3l gecircneacute le deacute elo nc soucienl culturel Car dehors de la shy

Cest donc moins l eacutepisi maire geacuteleacutera qu on ne p-ur berg dOn la contre eux 00

me semblc-t-tJ sens de la pn jourd hui sur poser une t)

(1 997 1801 ReSie agrave

l une des rm

mgui tique le para 1 regard du tempo

JI 1( boire dun enl - JX1I t coups agrave P il bull ~

m non analyseacute mai 1c 1 torcement une ln

- de compte lun acirc

e Wle reacuteflexion eacutepl_ oDception du tG (

Olf le fa ire du seacutemioti rares seacutemioticiens agrave J

rendr_ accessible la empecirccheacute de croiser le ui ont peseacute et qui p~ _

1ais en mecircme te le ien des seacutemiotiei

rmccedilai parce quil c lun contre lautre a ~h z Zilberberg Hjelc

CLAUDE ZILBERBERG UN NOU1EAL JRJDGMeacute ~tM()1QUE ~ 205

~ V et Brendal ne sauraient ecirctre lun sans lautre Lantagonisme est deacutereacute le pacifisme est deacuteclareacute Laccent est beaucoup plus mis sur jointures que sur les points de deacutesaccord Question sur laquelle il

udra un jour se pencher Mais pour linstant nous 110US limiterons agrave J elmslev agrave des principes comme lempirisme lexhaustiviteacute la

wlpliciteacute luniversaliteacute et limmanence Ce sont les principes hjelmshy viens que tous les seacutemioticiens ont appliqueacute dans lanalyse des

tes lanalyse seacutemiotique du texte doit ecirctre empirique et immashynte Mais la question que nous nous sommes poseacutee dans notre thegravese

e doctorat en 1997 est la suivante est-ce quune analyse seacutemiotique un texte pour ecirctre deacutesigneacutee comme telle doit impeacuterativement suivre

principes Et cest lagrave ougrave nous avons fait une vraie rencontre avec _ reacuteflexions eacutepisteacutemologiques de Zilberberg Faute de temps et ne

pouvant pas entrer dans leurs menus deacutetails nous en citons un passhy-age qui eacutetait Jun des moments cleacutes de notre reacuteflexion eacutepisteacutemologishyue sur la seacutemiotique Leacutenonciation mecircme de ce passage est propre agrave mplir de terreur le plus teacutemeacuteraire Avec teacutemeacuteriteacute Zilberberg dit ceci

Le principe dempirisme reacuteunissant lexhaustiviteacute la non-contradiction et la simpliciteacute est peu adapteacute au Iraitement des questions seacutemiotiques lexhaustiviteacute est une fiction [ J La nonmiddotcontradiction deacutecisive pour les matheacutematiques et importante pour les sciences dites exactes ne convient pas aux sciences henneacuteneutiques (1997 180-181)

En effet la question du sens conduit Zilberberg agrave eacuteprouver les lishymites de certains principes comme luniversaliteacute et limmanence lesquels ne conviennent pas aux theacuteories de linterpreacutetation Tout ceci conduit immanquablement agrave souligner que ces principes ont beaucoup gecircneacute le deacuteveloppement de la seacutemiotique vis-agrave-vis de la textualiteacute Ils ne soucient guegravere de la speacutecificiteacute des textes et de leur contexte socioshyculturel Car elles eacutecartent toute conception de la signification en dehors de la stabiliteacute des structures

Cest donc un autre Hjelmslev qui a inteacuteresseacute Zilberberg peut-ecirctre moins leacutepisteacutemologue que le linguiste celui des Principes de gramshymaire geacuteneacuterale et de La cateacutegorie des cas Et lagrave encore d une faccedilon qu on ne peut que lire comme intentionnellement eacuteclairante Zilbershyberg dont la penseacutee sest construite avec les autres parfois aussi contre eux nous livre agrave leacutegard de son maicirctre Greimas ceci laquo Je dois me semble-t-il agrave Al Greimas lexigence de rigueur et de preacutecision le sens de la proportion et le souci de la geacuteneacuteralisation mecircme si aushyjourd hui sur ce point je considegravere que la seacutemiotique doit plutocirct proshyposer une typologie des possibles plutocirct qu une liste duniversauxraquo (1997 180)

Reste agrave preacuteciser que lapproche de Zilberberg des discours est l une des rares agrave aborder le texte dans sa speacutecificiteacute textuelle et non

206 DRfSS ABLALl

comme un preacutetexte pour mettre en exergue lapplicabiliteacute des mashychines theacuteoriques Il suffit de lire ces analyses de Baudelaire Rimbaud et Valeacutery Valeacutery justement qui dans un passage des Cahiers reacutesum de faccedilon on ne peut plus claire notre exposeacute laquo Le passage du continu au discontinu est bien ce en quoi consiste de tregraves haut le problegraveme du langage [ ] La confusion est au commencement de la connaissanc~ _

Le continu naccegravede jamais agrave la preacutesenceraquo (1990 50) Ce sera notr dernier mot

REacuteFEacuteRENCES

Ablali D 2003 La Seacutemiotique du texte du discontinu au continu Paris LHarmattan collection laquo Seacutemantiques raquo

Ablali D 2004 laquo Seacutemiotique et pheacutenomeacutenologie raquo Semioti ca vol 151104 219-240

Coquet J-c 1997 La Quecircte du sens Paris Puf

Greimas AJ 1956 laquo Lactualiteacute du saussurisme raquo Le Franccedilais moshyderne 191-204

Greimas AJ 1966 Seacutemantique stncturale Paris Seuil

Greimas AJ 1994 laquo Deacutebat entre Greimas et Ricœur raquo dans Heacutenau h A (eacuted) Le Pouvoir comme passion Paris Puf 195-216

Greimas AJ et Fontanille J J99 J Seacutemiotique des passions Pari Seuil

Husserl E 1950 ideacutees directrices pour une pheacutenomeacutenologie Pari shyGallimard

Merleau-Ponty M 1945 Pheacutenomeacutenologie de la perception Pari_

Gallimard

Petitot J 1985 Morphogenegravese du sens Paris Puf

Valeacutely P 1990 Cahiers m Paris GaIlimard

Zilberberg c 1988 Raison et poeacutetique du sens Paris Puf

Zilberberg c 1997 laquo Une continuiteacute incertaine Saussure Hjelmshyslev Greimas raquo in A Zinna (eacuted) Hjelmslev aujourdhui Turnshyhout Brepols 165-192

Zilberberg c 2002 laquo Preacutecis de grammaire tensive raquo Tangence 70 111-143

Zilberberg c 2006 Eleacutements de grammaire tensive Limoges Pulim

Zilberberg C et Fontanille 1 1998 Tension et signification Liegravege

Mardaga

202 DRISS ABLALl

laquo Nous sommes faits pour voir essentiellement des discontinuiteacutes Elles seules sont significativesraquo (68) Agrave la source donc du sens saisi comme reacutesultat se trouvent la perception la passion et la sensibiliteacute cest-agrave-dire que deniegravere les formes laquo saillantes raquo pour reprendre une expression laquo catastrophiste raquo de Petitot il y a place dans le texte pour une laquo preacutegnance thymique raquo pour un laquo avant-coup du sens raquo sauf que ce dernier na aucune base textuelle ni linguistique car il est laquo inexshyprimable indicible raquo (Petitot 1985 292-293) Or comment peut-on accepter dune theacuteorie qui se veut textuelle revendiquant des principes saussuriens et hjelmsleviens de travailler sur linconnaissable et lindicible agrave moins de se transfonner en une philosophie

LE PARADIGME TENSIF

Cette laquo pheacutenomeacutenologisation raquo de la seacutemiotique agrave laquelle nous asshysistons depuis plus dune deacutecennie ne fait queacuteloigner la seacutemiotique des rivages du texte et des problegravemes de la textualiteacute pour la placer dans le giron des theacuteories philosophiques et meacutetaphysiques Il ne faut pas oublier quune seacutemiotique du continu est un projet philosophique qui ne convient pas agrave la description seacutemiotique des textes Et comme le dit Zilberberg

Effectif ou non fondeacute ou non ce laquo tournant pheacutenomeacutenologiqueraquo constishylue une mise en demeure En faisant siennes les positions de la pheacutenomeacuteshynologie notamment telle quelle est configureacutee dans lœuvre de MerleaushyPonty la seacutemiotique ne seacuteloigne-t-elle pas de sa double reacutefeacuterence saussushyricnne et hjelmslevienne Si tel eacutetait le cas nest-on pas en droit de consideacuterer que laquo fatigueacute raquo le conccedilu se retire devant la laquo fraicirccheurraquo du perccedilu Nous laissons de cocircteacute ici la question de savoir si une discipline exigeante peut changer dassise conceptuelle sans avoir agrave connaicirctre d imshyportantes conseacutequences (2002 1 (7)

Or chez Zilberberg lapproche continue de la tensiviteacute emprunte dautres voix Approche continue oui mais sans fondement pheacutenoshymeacutenologique Elle nest ni ne preacutetend ecirctre une seacutemiotique de la pershyception ou de la cognition comme cest le cas par exemple chez Greimas Petitot ou chez Ouellet Du continu oui agrave base pheacutenomeacuteshynologique non Une seacutemiotique du continu sans Husserl ni MerleaushyPont y avec Saussure et Hjelmslev En ce point il nest pas inutile dl souligner que Hjelmslev est la forme qui marque le plus doccurrence dans le corpus Zilberberg corpus dont nous disposons en version eacutelectronique et qui a eacuteteacute soumis agrave un logiciel de statistique (Hypcrshybase 1) lequel livre des reacutesultats inteacuteressants Hjelmslev est citeacute 651 fois Saussure aussi enregistre des reacutesultats satisfaisants 286 or Merleau-Ponty comme Husserl sont marqueacutes par une tregraves basse freacuteshy

1 Logiciel de statistique conccedilu par Etienne Brunet Universiteacute de Nice

CLl

lingulsn iscours

155 d~tJE unjle~al

Elz

-u

e re dolli ~ ml

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 203

quence 50 occurrences pour le premier et pour le second 3 occurshy~ource donc du sens saisi

a passion et la sensibiliteacute aDies raquo pour reprendre une a place dans le texte pour

ecirclJ1I-COUp du sens raquo sauf que nguistique car il est laquo inexshy

-] 93) Or comment peut-on revendiquant des principes 1er sur linconnaissable et ~ philosophie

tique agrave laquelle nous asshy~ qu eacute loigner la seacutemiotique la textualiteacute pour la placer

i meacutetaphysiques Il ne faut C~ l un projet philosophique lque des textes Et comme

pheacutenomeacutenologiqueraquo constishy les positions de la pheacutenomeacuteshy

= _ e dans lœuvre de Merleaushy

5 nest-on pas en droit de c re devant la laquo fraicirccheurraquo du

de savoir si une discipline os avoir agrave connaicirctre dimshy

de la tensiviteacute emprunte s sans fondement pheacutenoshyune seacutemiotique de la pershyle cas par exemple chez

liou oui agrave base pheacutenomeacuteshyu sans Husserl ni Merleaushy

__ point il nest pas inutile de

marque le plus d occurrences nou disposons en version

~Icic l de statistique (HypershylS Hjelmslev est citeacute 651

alS satisfaisants 286 or ueacutes par une tregraves basse freacuteshy

lj orsiteacute de Nice

rences Cela sexplique par labondance dun vocabulaire seacutemioshylinguistique le mot valeur enregistre 603 occurrences temps 575 discours 365 systegraveme 328 rythme 307 tempo 203 eacuteveacutenement 155 diffeacuterence 132 eacutenonceacute 114 immanence 46 perception 30 universaliteacute Il Lhistogramme suivant lillustre clairement

700 ~ -shy

600 i=

500 1 1-shy

400 1 1-shy - 300 1 r- r- l

200 1 r- rshy - r- F F oC

100 rshy -shy - rshy - r-

Jho -shy bull III - - _ Syshy__ h_ E~~ I)o f fs-enee Enonce ~cnoe Percpton un

Et Zilberberg lui-mecircme sen explique ainsi et sans ambages

Autant la preacutevalence accordeacutee au perccedilu semble eacuteloigner la seacutemiotique de ses reacutefeacuterences linguistiques deacuteclareacutees autant l attention que nous accorshydons avec d autres et apregraves dautTes au vegravecu e t au ressenti permet de maintenir intacte sans que lon puisse parler de paradoxe ou de provocashytion la reacutefeacuterence linguistique (2006 8)

Contrairement au paradigme pheacutenomeacutenologique et cognitif qui stishypulent lexistence dun espace originel non linguistique agrave partir dushyquel on pourrait expliquer des faits linguistiques Zilberberg met le texte en dehors de toute tentative dexpliquer la signification agrave partir dun niveau laquo anteacute-linguistique raquo en eacutecartant du paradigme tensif toute conception qui ramegravene le sens agrave un aspect de la penseacutee et du comportement plutocirct quune caracteacuteristique du langage et du texte L acception qui se deacutegage du modegravele de Zilberberg sur le continu consiste agrave mettre ce dernier en relation avec le langage et de reacutecuser qu un lien puisse se nouer au sein des textes entre un sens non encore cateacutegoriseacute sans fondement physique et verbal et les structures texshytuelles qui elles sont intelligibles et visibles En teacutemoignent les concepts cleacutes de Zilberberg et qui mettent tous laccent sans eacutequishyvoque sur laspect discontinu de lanalyse Entres autres nous poushyvons accompagneacutes de leur freacutequence citer intervalle 116 eacuteveacuteneshy

204 DRISS ABLALl

ment 155 rythme 229 tempo 181 aspectualiteacute 49 acte 106 seuils 102 limites 104 diffeacuterence 136 entre autres La seacutemiosis est ainsi deacutefinie pour citer Zilberberg laquo non comme repos mais comme acte raquo

Et entre les deux paradigmes continuistes la balance est loin decirctre eacutegale Pour le paradigme tensif laspect linguistique preacutevaut largeshyment Nous ferons eacutetat de trois suggestions la place que le point de vue tensif accorde agrave lanalyse linguIstique l espace tensif est constishytueacute par le recoupement de lintensiteacute et de lextensiteacute et le rabattement de celle-ci sur celle-lagrave le rocircle des notions de seuils et limites division et eacuteveacutenement comme composantes diffeacuterentielles des objets

On a sans doute compris ougrave nous voulions en venir la seacutemiotique tensive nest pas une autre seacutemiotique qui sopposerait agrave la seacutemioshytique dite structurale Elle sinteacuteresse de fait agrave un ensemble de pheacuteshynomegravenes discursifs que leur caractegravere graduel continu dynamique ou affectif rendait difficilement accessibles agrave une approche discontinue binaire statique et strictement narrative Ce faisant elle deacutecouvre luniteacute dun autre domaine de recherches celui du discours en acte de leacutenonciation vivante celui de la preacutesence sensible agrave l autre et au monde celui des eacutemotions et des passions mais dans leur fonne linshyguistique et textuelle Et pour se deacutemarquer du paradigme pheacutenomeacuteshynologique qui part du mental pour aller au linguistique le paradigme tensif lui agrave leacutegard du continu se pose agrave leacutegard du tempo de la toniciteacute de la temporaliteacute et de la spatialiteacute la question suivante

Comment justement passe-t-on du style intensif laquo boire dun seul coup d un seul trait raquo au style extensif laquo boire agrave petits coups agrave petites gorshygeacutees raquo Comment passe-t-on dun laquo continuum non analyseacute mais analyshysableraquo (Hjelmslev) agrave une articulation projetant forceacutement une mesure et un nombre sajustant harmonieusement en fin de compte lun agrave lautre ~ (Zilberberg 2006 43)

Derriegravere la conviction tensive de cette prioriteacute orientant linteacuterecirct vers laspect linguistique de l analyse se trouve une reacuteflexion eacutepisteacuteshymologique sur la seacutemiotique en geacuteneacuteral sur la conception du texte sur les principes qui reacutegissent lanalyse bref sur le faire du seacutemioticien Comme on le sait Zilberberg est lun des rares seacutemioticiens agrave avoir vraiment lu Hjelmslev il a aussi participeacute agrave rendre accessible la penshyseacutee du danois en France Mais cela ne la pas empecirccheacute de croiser le fer avec lui sur certaines questions cruciales qui ont peseacute et qui pegravesent toujours dans le deacutebat sur le texte et lanalyse Mais en mecircme temps on peut dire que Zilberberg est le plus hjelmslevien des seacutemioticiens nous dirons le plus danois des seacutemioticiens franccedilais parce quil est agrave la fois hjelmslevien et bf0ndalien Le duel fut lun contre lautre aussi bien scientifiquement que humainement Or chez Zilberberg Hjelm-

CLAUDE LI

slev et Bf0ndal modeacutereacute le pacshyles jointures qu faudra un jour Hjelmslev agrave simpliciteacute lun sleviens que tlt

textes lana l~

nente Mais la bull de doctorat en dun texte pow ces principe~ les reacuteflexions pouvant pas Cf

sage qui eacuteta it 1 que sur la seacutenll emplir de terrcu

Le prinCi pe j la simpl icite Jexhausli il( matheacutematiq pas aux cim

En effet 1 mites de c~na lesquels ne c conduit imm3l gecircneacute le deacute elo nc soucienl culturel Car dehors de la shy

Cest donc moins l eacutepisi maire geacuteleacutera qu on ne p-ur berg dOn la contre eux 00

me semblc-t-tJ sens de la pn jourd hui sur poser une t)

(1 997 1801 ReSie agrave

l une des rm

mgui tique le para 1 regard du tempo

JI 1( boire dun enl - JX1I t coups agrave P il bull ~

m non analyseacute mai 1c 1 torcement une ln

- de compte lun acirc

e Wle reacuteflexion eacutepl_ oDception du tG (

Olf le fa ire du seacutemioti rares seacutemioticiens agrave J

rendr_ accessible la empecirccheacute de croiser le ui ont peseacute et qui p~ _

1ais en mecircme te le ien des seacutemiotiei

rmccedilai parce quil c lun contre lautre a ~h z Zilberberg Hjelc

CLAUDE ZILBERBERG UN NOU1EAL JRJDGMeacute ~tM()1QUE ~ 205

~ V et Brendal ne sauraient ecirctre lun sans lautre Lantagonisme est deacutereacute le pacifisme est deacuteclareacute Laccent est beaucoup plus mis sur jointures que sur les points de deacutesaccord Question sur laquelle il

udra un jour se pencher Mais pour linstant nous 110US limiterons agrave J elmslev agrave des principes comme lempirisme lexhaustiviteacute la

wlpliciteacute luniversaliteacute et limmanence Ce sont les principes hjelmshy viens que tous les seacutemioticiens ont appliqueacute dans lanalyse des

tes lanalyse seacutemiotique du texte doit ecirctre empirique et immashynte Mais la question que nous nous sommes poseacutee dans notre thegravese

e doctorat en 1997 est la suivante est-ce quune analyse seacutemiotique un texte pour ecirctre deacutesigneacutee comme telle doit impeacuterativement suivre

principes Et cest lagrave ougrave nous avons fait une vraie rencontre avec _ reacuteflexions eacutepisteacutemologiques de Zilberberg Faute de temps et ne

pouvant pas entrer dans leurs menus deacutetails nous en citons un passhy-age qui eacutetait Jun des moments cleacutes de notre reacuteflexion eacutepisteacutemologishyue sur la seacutemiotique Leacutenonciation mecircme de ce passage est propre agrave mplir de terreur le plus teacutemeacuteraire Avec teacutemeacuteriteacute Zilberberg dit ceci

Le principe dempirisme reacuteunissant lexhaustiviteacute la non-contradiction et la simpliciteacute est peu adapteacute au Iraitement des questions seacutemiotiques lexhaustiviteacute est une fiction [ J La nonmiddotcontradiction deacutecisive pour les matheacutematiques et importante pour les sciences dites exactes ne convient pas aux sciences henneacuteneutiques (1997 180-181)

En effet la question du sens conduit Zilberberg agrave eacuteprouver les lishymites de certains principes comme luniversaliteacute et limmanence lesquels ne conviennent pas aux theacuteories de linterpreacutetation Tout ceci conduit immanquablement agrave souligner que ces principes ont beaucoup gecircneacute le deacuteveloppement de la seacutemiotique vis-agrave-vis de la textualiteacute Ils ne soucient guegravere de la speacutecificiteacute des textes et de leur contexte socioshyculturel Car elles eacutecartent toute conception de la signification en dehors de la stabiliteacute des structures

Cest donc un autre Hjelmslev qui a inteacuteresseacute Zilberberg peut-ecirctre moins leacutepisteacutemologue que le linguiste celui des Principes de gramshymaire geacuteneacuterale et de La cateacutegorie des cas Et lagrave encore d une faccedilon qu on ne peut que lire comme intentionnellement eacuteclairante Zilbershyberg dont la penseacutee sest construite avec les autres parfois aussi contre eux nous livre agrave leacutegard de son maicirctre Greimas ceci laquo Je dois me semble-t-il agrave Al Greimas lexigence de rigueur et de preacutecision le sens de la proportion et le souci de la geacuteneacuteralisation mecircme si aushyjourd hui sur ce point je considegravere que la seacutemiotique doit plutocirct proshyposer une typologie des possibles plutocirct qu une liste duniversauxraquo (1997 180)

Reste agrave preacuteciser que lapproche de Zilberberg des discours est l une des rares agrave aborder le texte dans sa speacutecificiteacute textuelle et non

206 DRfSS ABLALl

comme un preacutetexte pour mettre en exergue lapplicabiliteacute des mashychines theacuteoriques Il suffit de lire ces analyses de Baudelaire Rimbaud et Valeacutery Valeacutery justement qui dans un passage des Cahiers reacutesum de faccedilon on ne peut plus claire notre exposeacute laquo Le passage du continu au discontinu est bien ce en quoi consiste de tregraves haut le problegraveme du langage [ ] La confusion est au commencement de la connaissanc~ _

Le continu naccegravede jamais agrave la preacutesenceraquo (1990 50) Ce sera notr dernier mot

REacuteFEacuteRENCES

Ablali D 2003 La Seacutemiotique du texte du discontinu au continu Paris LHarmattan collection laquo Seacutemantiques raquo

Ablali D 2004 laquo Seacutemiotique et pheacutenomeacutenologie raquo Semioti ca vol 151104 219-240

Coquet J-c 1997 La Quecircte du sens Paris Puf

Greimas AJ 1956 laquo Lactualiteacute du saussurisme raquo Le Franccedilais moshyderne 191-204

Greimas AJ 1966 Seacutemantique stncturale Paris Seuil

Greimas AJ 1994 laquo Deacutebat entre Greimas et Ricœur raquo dans Heacutenau h A (eacuted) Le Pouvoir comme passion Paris Puf 195-216

Greimas AJ et Fontanille J J99 J Seacutemiotique des passions Pari Seuil

Husserl E 1950 ideacutees directrices pour une pheacutenomeacutenologie Pari shyGallimard

Merleau-Ponty M 1945 Pheacutenomeacutenologie de la perception Pari_

Gallimard

Petitot J 1985 Morphogenegravese du sens Paris Puf

Valeacutely P 1990 Cahiers m Paris GaIlimard

Zilberberg c 1988 Raison et poeacutetique du sens Paris Puf

Zilberberg c 1997 laquo Une continuiteacute incertaine Saussure Hjelmshyslev Greimas raquo in A Zinna (eacuted) Hjelmslev aujourdhui Turnshyhout Brepols 165-192

Zilberberg c 2002 laquo Preacutecis de grammaire tensive raquo Tangence 70 111-143

Zilberberg c 2006 Eleacutements de grammaire tensive Limoges Pulim

Zilberberg C et Fontanille 1 1998 Tension et signification Liegravege

Mardaga

CLAUDE ZILBERBERG UN NOUVEAU PARADIGME SEacuteMIOTIQUE 203

quence 50 occurrences pour le premier et pour le second 3 occurshy~ource donc du sens saisi

a passion et la sensibiliteacute aDies raquo pour reprendre une a place dans le texte pour

ecirclJ1I-COUp du sens raquo sauf que nguistique car il est laquo inexshy

-] 93) Or comment peut-on revendiquant des principes 1er sur linconnaissable et ~ philosophie

tique agrave laquelle nous asshy~ qu eacute loigner la seacutemiotique la textualiteacute pour la placer

i meacutetaphysiques Il ne faut C~ l un projet philosophique lque des textes Et comme

pheacutenomeacutenologiqueraquo constishy les positions de la pheacutenomeacuteshy

= _ e dans lœuvre de Merleaushy

5 nest-on pas en droit de c re devant la laquo fraicirccheurraquo du

de savoir si une discipline os avoir agrave connaicirctre dimshy

de la tensiviteacute emprunte s sans fondement pheacutenoshyune seacutemiotique de la pershyle cas par exemple chez

liou oui agrave base pheacutenomeacuteshyu sans Husserl ni Merleaushy

__ point il nest pas inutile de

marque le plus d occurrences nou disposons en version

~Icic l de statistique (HypershylS Hjelmslev est citeacute 651

alS satisfaisants 286 or ueacutes par une tregraves basse freacuteshy

lj orsiteacute de Nice

rences Cela sexplique par labondance dun vocabulaire seacutemioshylinguistique le mot valeur enregistre 603 occurrences temps 575 discours 365 systegraveme 328 rythme 307 tempo 203 eacuteveacutenement 155 diffeacuterence 132 eacutenonceacute 114 immanence 46 perception 30 universaliteacute Il Lhistogramme suivant lillustre clairement

700 ~ -shy

600 i=

500 1 1-shy

400 1 1-shy - 300 1 r- r- l

200 1 r- rshy - r- F F oC

100 rshy -shy - rshy - r-

Jho -shy bull III - - _ Syshy__ h_ E~~ I)o f fs-enee Enonce ~cnoe Percpton un

Et Zilberberg lui-mecircme sen explique ainsi et sans ambages

Autant la preacutevalence accordeacutee au perccedilu semble eacuteloigner la seacutemiotique de ses reacutefeacuterences linguistiques deacuteclareacutees autant l attention que nous accorshydons avec d autres et apregraves dautTes au vegravecu e t au ressenti permet de maintenir intacte sans que lon puisse parler de paradoxe ou de provocashytion la reacutefeacuterence linguistique (2006 8)

Contrairement au paradigme pheacutenomeacutenologique et cognitif qui stishypulent lexistence dun espace originel non linguistique agrave partir dushyquel on pourrait expliquer des faits linguistiques Zilberberg met le texte en dehors de toute tentative dexpliquer la signification agrave partir dun niveau laquo anteacute-linguistique raquo en eacutecartant du paradigme tensif toute conception qui ramegravene le sens agrave un aspect de la penseacutee et du comportement plutocirct quune caracteacuteristique du langage et du texte L acception qui se deacutegage du modegravele de Zilberberg sur le continu consiste agrave mettre ce dernier en relation avec le langage et de reacutecuser qu un lien puisse se nouer au sein des textes entre un sens non encore cateacutegoriseacute sans fondement physique et verbal et les structures texshytuelles qui elles sont intelligibles et visibles En teacutemoignent les concepts cleacutes de Zilberberg et qui mettent tous laccent sans eacutequishyvoque sur laspect discontinu de lanalyse Entres autres nous poushyvons accompagneacutes de leur freacutequence citer intervalle 116 eacuteveacuteneshy

204 DRISS ABLALl

ment 155 rythme 229 tempo 181 aspectualiteacute 49 acte 106 seuils 102 limites 104 diffeacuterence 136 entre autres La seacutemiosis est ainsi deacutefinie pour citer Zilberberg laquo non comme repos mais comme acte raquo

Et entre les deux paradigmes continuistes la balance est loin decirctre eacutegale Pour le paradigme tensif laspect linguistique preacutevaut largeshyment Nous ferons eacutetat de trois suggestions la place que le point de vue tensif accorde agrave lanalyse linguIstique l espace tensif est constishytueacute par le recoupement de lintensiteacute et de lextensiteacute et le rabattement de celle-ci sur celle-lagrave le rocircle des notions de seuils et limites division et eacuteveacutenement comme composantes diffeacuterentielles des objets

On a sans doute compris ougrave nous voulions en venir la seacutemiotique tensive nest pas une autre seacutemiotique qui sopposerait agrave la seacutemioshytique dite structurale Elle sinteacuteresse de fait agrave un ensemble de pheacuteshynomegravenes discursifs que leur caractegravere graduel continu dynamique ou affectif rendait difficilement accessibles agrave une approche discontinue binaire statique et strictement narrative Ce faisant elle deacutecouvre luniteacute dun autre domaine de recherches celui du discours en acte de leacutenonciation vivante celui de la preacutesence sensible agrave l autre et au monde celui des eacutemotions et des passions mais dans leur fonne linshyguistique et textuelle Et pour se deacutemarquer du paradigme pheacutenomeacuteshynologique qui part du mental pour aller au linguistique le paradigme tensif lui agrave leacutegard du continu se pose agrave leacutegard du tempo de la toniciteacute de la temporaliteacute et de la spatialiteacute la question suivante

Comment justement passe-t-on du style intensif laquo boire dun seul coup d un seul trait raquo au style extensif laquo boire agrave petits coups agrave petites gorshygeacutees raquo Comment passe-t-on dun laquo continuum non analyseacute mais analyshysableraquo (Hjelmslev) agrave une articulation projetant forceacutement une mesure et un nombre sajustant harmonieusement en fin de compte lun agrave lautre ~ (Zilberberg 2006 43)

Derriegravere la conviction tensive de cette prioriteacute orientant linteacuterecirct vers laspect linguistique de l analyse se trouve une reacuteflexion eacutepisteacuteshymologique sur la seacutemiotique en geacuteneacuteral sur la conception du texte sur les principes qui reacutegissent lanalyse bref sur le faire du seacutemioticien Comme on le sait Zilberberg est lun des rares seacutemioticiens agrave avoir vraiment lu Hjelmslev il a aussi participeacute agrave rendre accessible la penshyseacutee du danois en France Mais cela ne la pas empecirccheacute de croiser le fer avec lui sur certaines questions cruciales qui ont peseacute et qui pegravesent toujours dans le deacutebat sur le texte et lanalyse Mais en mecircme temps on peut dire que Zilberberg est le plus hjelmslevien des seacutemioticiens nous dirons le plus danois des seacutemioticiens franccedilais parce quil est agrave la fois hjelmslevien et bf0ndalien Le duel fut lun contre lautre aussi bien scientifiquement que humainement Or chez Zilberberg Hjelm-

CLAUDE LI

slev et Bf0ndal modeacutereacute le pacshyles jointures qu faudra un jour Hjelmslev agrave simpliciteacute lun sleviens que tlt

textes lana l~

nente Mais la bull de doctorat en dun texte pow ces principe~ les reacuteflexions pouvant pas Cf

sage qui eacuteta it 1 que sur la seacutenll emplir de terrcu

Le prinCi pe j la simpl icite Jexhausli il( matheacutematiq pas aux cim

En effet 1 mites de c~na lesquels ne c conduit imm3l gecircneacute le deacute elo nc soucienl culturel Car dehors de la shy

Cest donc moins l eacutepisi maire geacuteleacutera qu on ne p-ur berg dOn la contre eux 00

me semblc-t-tJ sens de la pn jourd hui sur poser une t)

(1 997 1801 ReSie agrave

l une des rm

mgui tique le para 1 regard du tempo

JI 1( boire dun enl - JX1I t coups agrave P il bull ~

m non analyseacute mai 1c 1 torcement une ln

- de compte lun acirc

e Wle reacuteflexion eacutepl_ oDception du tG (

Olf le fa ire du seacutemioti rares seacutemioticiens agrave J

rendr_ accessible la empecirccheacute de croiser le ui ont peseacute et qui p~ _

1ais en mecircme te le ien des seacutemiotiei

rmccedilai parce quil c lun contre lautre a ~h z Zilberberg Hjelc

CLAUDE ZILBERBERG UN NOU1EAL JRJDGMeacute ~tM()1QUE ~ 205

~ V et Brendal ne sauraient ecirctre lun sans lautre Lantagonisme est deacutereacute le pacifisme est deacuteclareacute Laccent est beaucoup plus mis sur jointures que sur les points de deacutesaccord Question sur laquelle il

udra un jour se pencher Mais pour linstant nous 110US limiterons agrave J elmslev agrave des principes comme lempirisme lexhaustiviteacute la

wlpliciteacute luniversaliteacute et limmanence Ce sont les principes hjelmshy viens que tous les seacutemioticiens ont appliqueacute dans lanalyse des

tes lanalyse seacutemiotique du texte doit ecirctre empirique et immashynte Mais la question que nous nous sommes poseacutee dans notre thegravese

e doctorat en 1997 est la suivante est-ce quune analyse seacutemiotique un texte pour ecirctre deacutesigneacutee comme telle doit impeacuterativement suivre

principes Et cest lagrave ougrave nous avons fait une vraie rencontre avec _ reacuteflexions eacutepisteacutemologiques de Zilberberg Faute de temps et ne

pouvant pas entrer dans leurs menus deacutetails nous en citons un passhy-age qui eacutetait Jun des moments cleacutes de notre reacuteflexion eacutepisteacutemologishyue sur la seacutemiotique Leacutenonciation mecircme de ce passage est propre agrave mplir de terreur le plus teacutemeacuteraire Avec teacutemeacuteriteacute Zilberberg dit ceci

Le principe dempirisme reacuteunissant lexhaustiviteacute la non-contradiction et la simpliciteacute est peu adapteacute au Iraitement des questions seacutemiotiques lexhaustiviteacute est une fiction [ J La nonmiddotcontradiction deacutecisive pour les matheacutematiques et importante pour les sciences dites exactes ne convient pas aux sciences henneacuteneutiques (1997 180-181)

En effet la question du sens conduit Zilberberg agrave eacuteprouver les lishymites de certains principes comme luniversaliteacute et limmanence lesquels ne conviennent pas aux theacuteories de linterpreacutetation Tout ceci conduit immanquablement agrave souligner que ces principes ont beaucoup gecircneacute le deacuteveloppement de la seacutemiotique vis-agrave-vis de la textualiteacute Ils ne soucient guegravere de la speacutecificiteacute des textes et de leur contexte socioshyculturel Car elles eacutecartent toute conception de la signification en dehors de la stabiliteacute des structures

Cest donc un autre Hjelmslev qui a inteacuteresseacute Zilberberg peut-ecirctre moins leacutepisteacutemologue que le linguiste celui des Principes de gramshymaire geacuteneacuterale et de La cateacutegorie des cas Et lagrave encore d une faccedilon qu on ne peut que lire comme intentionnellement eacuteclairante Zilbershyberg dont la penseacutee sest construite avec les autres parfois aussi contre eux nous livre agrave leacutegard de son maicirctre Greimas ceci laquo Je dois me semble-t-il agrave Al Greimas lexigence de rigueur et de preacutecision le sens de la proportion et le souci de la geacuteneacuteralisation mecircme si aushyjourd hui sur ce point je considegravere que la seacutemiotique doit plutocirct proshyposer une typologie des possibles plutocirct qu une liste duniversauxraquo (1997 180)

Reste agrave preacuteciser que lapproche de Zilberberg des discours est l une des rares agrave aborder le texte dans sa speacutecificiteacute textuelle et non

206 DRfSS ABLALl

comme un preacutetexte pour mettre en exergue lapplicabiliteacute des mashychines theacuteoriques Il suffit de lire ces analyses de Baudelaire Rimbaud et Valeacutery Valeacutery justement qui dans un passage des Cahiers reacutesum de faccedilon on ne peut plus claire notre exposeacute laquo Le passage du continu au discontinu est bien ce en quoi consiste de tregraves haut le problegraveme du langage [ ] La confusion est au commencement de la connaissanc~ _

Le continu naccegravede jamais agrave la preacutesenceraquo (1990 50) Ce sera notr dernier mot

REacuteFEacuteRENCES

Ablali D 2003 La Seacutemiotique du texte du discontinu au continu Paris LHarmattan collection laquo Seacutemantiques raquo

Ablali D 2004 laquo Seacutemiotique et pheacutenomeacutenologie raquo Semioti ca vol 151104 219-240

Coquet J-c 1997 La Quecircte du sens Paris Puf

Greimas AJ 1956 laquo Lactualiteacute du saussurisme raquo Le Franccedilais moshyderne 191-204

Greimas AJ 1966 Seacutemantique stncturale Paris Seuil

Greimas AJ 1994 laquo Deacutebat entre Greimas et Ricœur raquo dans Heacutenau h A (eacuted) Le Pouvoir comme passion Paris Puf 195-216

Greimas AJ et Fontanille J J99 J Seacutemiotique des passions Pari Seuil

Husserl E 1950 ideacutees directrices pour une pheacutenomeacutenologie Pari shyGallimard

Merleau-Ponty M 1945 Pheacutenomeacutenologie de la perception Pari_

Gallimard

Petitot J 1985 Morphogenegravese du sens Paris Puf

Valeacutely P 1990 Cahiers m Paris GaIlimard

Zilberberg c 1988 Raison et poeacutetique du sens Paris Puf

Zilberberg c 1997 laquo Une continuiteacute incertaine Saussure Hjelmshyslev Greimas raquo in A Zinna (eacuted) Hjelmslev aujourdhui Turnshyhout Brepols 165-192

Zilberberg c 2002 laquo Preacutecis de grammaire tensive raquo Tangence 70 111-143

Zilberberg c 2006 Eleacutements de grammaire tensive Limoges Pulim

Zilberberg C et Fontanille 1 1998 Tension et signification Liegravege

Mardaga

204 DRISS ABLALl

ment 155 rythme 229 tempo 181 aspectualiteacute 49 acte 106 seuils 102 limites 104 diffeacuterence 136 entre autres La seacutemiosis est ainsi deacutefinie pour citer Zilberberg laquo non comme repos mais comme acte raquo

Et entre les deux paradigmes continuistes la balance est loin decirctre eacutegale Pour le paradigme tensif laspect linguistique preacutevaut largeshyment Nous ferons eacutetat de trois suggestions la place que le point de vue tensif accorde agrave lanalyse linguIstique l espace tensif est constishytueacute par le recoupement de lintensiteacute et de lextensiteacute et le rabattement de celle-ci sur celle-lagrave le rocircle des notions de seuils et limites division et eacuteveacutenement comme composantes diffeacuterentielles des objets

On a sans doute compris ougrave nous voulions en venir la seacutemiotique tensive nest pas une autre seacutemiotique qui sopposerait agrave la seacutemioshytique dite structurale Elle sinteacuteresse de fait agrave un ensemble de pheacuteshynomegravenes discursifs que leur caractegravere graduel continu dynamique ou affectif rendait difficilement accessibles agrave une approche discontinue binaire statique et strictement narrative Ce faisant elle deacutecouvre luniteacute dun autre domaine de recherches celui du discours en acte de leacutenonciation vivante celui de la preacutesence sensible agrave l autre et au monde celui des eacutemotions et des passions mais dans leur fonne linshyguistique et textuelle Et pour se deacutemarquer du paradigme pheacutenomeacuteshynologique qui part du mental pour aller au linguistique le paradigme tensif lui agrave leacutegard du continu se pose agrave leacutegard du tempo de la toniciteacute de la temporaliteacute et de la spatialiteacute la question suivante

Comment justement passe-t-on du style intensif laquo boire dun seul coup d un seul trait raquo au style extensif laquo boire agrave petits coups agrave petites gorshygeacutees raquo Comment passe-t-on dun laquo continuum non analyseacute mais analyshysableraquo (Hjelmslev) agrave une articulation projetant forceacutement une mesure et un nombre sajustant harmonieusement en fin de compte lun agrave lautre ~ (Zilberberg 2006 43)

Derriegravere la conviction tensive de cette prioriteacute orientant linteacuterecirct vers laspect linguistique de l analyse se trouve une reacuteflexion eacutepisteacuteshymologique sur la seacutemiotique en geacuteneacuteral sur la conception du texte sur les principes qui reacutegissent lanalyse bref sur le faire du seacutemioticien Comme on le sait Zilberberg est lun des rares seacutemioticiens agrave avoir vraiment lu Hjelmslev il a aussi participeacute agrave rendre accessible la penshyseacutee du danois en France Mais cela ne la pas empecirccheacute de croiser le fer avec lui sur certaines questions cruciales qui ont peseacute et qui pegravesent toujours dans le deacutebat sur le texte et lanalyse Mais en mecircme temps on peut dire que Zilberberg est le plus hjelmslevien des seacutemioticiens nous dirons le plus danois des seacutemioticiens franccedilais parce quil est agrave la fois hjelmslevien et bf0ndalien Le duel fut lun contre lautre aussi bien scientifiquement que humainement Or chez Zilberberg Hjelm-

CLAUDE LI

slev et Bf0ndal modeacutereacute le pacshyles jointures qu faudra un jour Hjelmslev agrave simpliciteacute lun sleviens que tlt

textes lana l~

nente Mais la bull de doctorat en dun texte pow ces principe~ les reacuteflexions pouvant pas Cf

sage qui eacuteta it 1 que sur la seacutenll emplir de terrcu

Le prinCi pe j la simpl icite Jexhausli il( matheacutematiq pas aux cim

En effet 1 mites de c~na lesquels ne c conduit imm3l gecircneacute le deacute elo nc soucienl culturel Car dehors de la shy

Cest donc moins l eacutepisi maire geacuteleacutera qu on ne p-ur berg dOn la contre eux 00

me semblc-t-tJ sens de la pn jourd hui sur poser une t)

(1 997 1801 ReSie agrave

l une des rm

mgui tique le para 1 regard du tempo

JI 1( boire dun enl - JX1I t coups agrave P il bull ~

m non analyseacute mai 1c 1 torcement une ln

- de compte lun acirc

e Wle reacuteflexion eacutepl_ oDception du tG (

Olf le fa ire du seacutemioti rares seacutemioticiens agrave J

rendr_ accessible la empecirccheacute de croiser le ui ont peseacute et qui p~ _

1ais en mecircme te le ien des seacutemiotiei

rmccedilai parce quil c lun contre lautre a ~h z Zilberberg Hjelc

CLAUDE ZILBERBERG UN NOU1EAL JRJDGMeacute ~tM()1QUE ~ 205

~ V et Brendal ne sauraient ecirctre lun sans lautre Lantagonisme est deacutereacute le pacifisme est deacuteclareacute Laccent est beaucoup plus mis sur jointures que sur les points de deacutesaccord Question sur laquelle il

udra un jour se pencher Mais pour linstant nous 110US limiterons agrave J elmslev agrave des principes comme lempirisme lexhaustiviteacute la

wlpliciteacute luniversaliteacute et limmanence Ce sont les principes hjelmshy viens que tous les seacutemioticiens ont appliqueacute dans lanalyse des

tes lanalyse seacutemiotique du texte doit ecirctre empirique et immashynte Mais la question que nous nous sommes poseacutee dans notre thegravese

e doctorat en 1997 est la suivante est-ce quune analyse seacutemiotique un texte pour ecirctre deacutesigneacutee comme telle doit impeacuterativement suivre

principes Et cest lagrave ougrave nous avons fait une vraie rencontre avec _ reacuteflexions eacutepisteacutemologiques de Zilberberg Faute de temps et ne

pouvant pas entrer dans leurs menus deacutetails nous en citons un passhy-age qui eacutetait Jun des moments cleacutes de notre reacuteflexion eacutepisteacutemologishyue sur la seacutemiotique Leacutenonciation mecircme de ce passage est propre agrave mplir de terreur le plus teacutemeacuteraire Avec teacutemeacuteriteacute Zilberberg dit ceci

Le principe dempirisme reacuteunissant lexhaustiviteacute la non-contradiction et la simpliciteacute est peu adapteacute au Iraitement des questions seacutemiotiques lexhaustiviteacute est une fiction [ J La nonmiddotcontradiction deacutecisive pour les matheacutematiques et importante pour les sciences dites exactes ne convient pas aux sciences henneacuteneutiques (1997 180-181)

En effet la question du sens conduit Zilberberg agrave eacuteprouver les lishymites de certains principes comme luniversaliteacute et limmanence lesquels ne conviennent pas aux theacuteories de linterpreacutetation Tout ceci conduit immanquablement agrave souligner que ces principes ont beaucoup gecircneacute le deacuteveloppement de la seacutemiotique vis-agrave-vis de la textualiteacute Ils ne soucient guegravere de la speacutecificiteacute des textes et de leur contexte socioshyculturel Car elles eacutecartent toute conception de la signification en dehors de la stabiliteacute des structures

Cest donc un autre Hjelmslev qui a inteacuteresseacute Zilberberg peut-ecirctre moins leacutepisteacutemologue que le linguiste celui des Principes de gramshymaire geacuteneacuterale et de La cateacutegorie des cas Et lagrave encore d une faccedilon qu on ne peut que lire comme intentionnellement eacuteclairante Zilbershyberg dont la penseacutee sest construite avec les autres parfois aussi contre eux nous livre agrave leacutegard de son maicirctre Greimas ceci laquo Je dois me semble-t-il agrave Al Greimas lexigence de rigueur et de preacutecision le sens de la proportion et le souci de la geacuteneacuteralisation mecircme si aushyjourd hui sur ce point je considegravere que la seacutemiotique doit plutocirct proshyposer une typologie des possibles plutocirct qu une liste duniversauxraquo (1997 180)

Reste agrave preacuteciser que lapproche de Zilberberg des discours est l une des rares agrave aborder le texte dans sa speacutecificiteacute textuelle et non

206 DRfSS ABLALl

comme un preacutetexte pour mettre en exergue lapplicabiliteacute des mashychines theacuteoriques Il suffit de lire ces analyses de Baudelaire Rimbaud et Valeacutery Valeacutery justement qui dans un passage des Cahiers reacutesum de faccedilon on ne peut plus claire notre exposeacute laquo Le passage du continu au discontinu est bien ce en quoi consiste de tregraves haut le problegraveme du langage [ ] La confusion est au commencement de la connaissanc~ _

Le continu naccegravede jamais agrave la preacutesenceraquo (1990 50) Ce sera notr dernier mot

REacuteFEacuteRENCES

Ablali D 2003 La Seacutemiotique du texte du discontinu au continu Paris LHarmattan collection laquo Seacutemantiques raquo

Ablali D 2004 laquo Seacutemiotique et pheacutenomeacutenologie raquo Semioti ca vol 151104 219-240

Coquet J-c 1997 La Quecircte du sens Paris Puf

Greimas AJ 1956 laquo Lactualiteacute du saussurisme raquo Le Franccedilais moshyderne 191-204

Greimas AJ 1966 Seacutemantique stncturale Paris Seuil

Greimas AJ 1994 laquo Deacutebat entre Greimas et Ricœur raquo dans Heacutenau h A (eacuted) Le Pouvoir comme passion Paris Puf 195-216

Greimas AJ et Fontanille J J99 J Seacutemiotique des passions Pari Seuil

Husserl E 1950 ideacutees directrices pour une pheacutenomeacutenologie Pari shyGallimard

Merleau-Ponty M 1945 Pheacutenomeacutenologie de la perception Pari_

Gallimard

Petitot J 1985 Morphogenegravese du sens Paris Puf

Valeacutely P 1990 Cahiers m Paris GaIlimard

Zilberberg c 1988 Raison et poeacutetique du sens Paris Puf

Zilberberg c 1997 laquo Une continuiteacute incertaine Saussure Hjelmshyslev Greimas raquo in A Zinna (eacuted) Hjelmslev aujourdhui Turnshyhout Brepols 165-192

Zilberberg c 2002 laquo Preacutecis de grammaire tensive raquo Tangence 70 111-143

Zilberberg c 2006 Eleacutements de grammaire tensive Limoges Pulim

Zilberberg C et Fontanille 1 1998 Tension et signification Liegravege

Mardaga

mgui tique le para 1 regard du tempo

JI 1( boire dun enl - JX1I t coups agrave P il bull ~

m non analyseacute mai 1c 1 torcement une ln

- de compte lun acirc

e Wle reacuteflexion eacutepl_ oDception du tG (

Olf le fa ire du seacutemioti rares seacutemioticiens agrave J

rendr_ accessible la empecirccheacute de croiser le ui ont peseacute et qui p~ _

1ais en mecircme te le ien des seacutemiotiei

rmccedilai parce quil c lun contre lautre a ~h z Zilberberg Hjelc

CLAUDE ZILBERBERG UN NOU1EAL JRJDGMeacute ~tM()1QUE ~ 205

~ V et Brendal ne sauraient ecirctre lun sans lautre Lantagonisme est deacutereacute le pacifisme est deacuteclareacute Laccent est beaucoup plus mis sur jointures que sur les points de deacutesaccord Question sur laquelle il

udra un jour se pencher Mais pour linstant nous 110US limiterons agrave J elmslev agrave des principes comme lempirisme lexhaustiviteacute la

wlpliciteacute luniversaliteacute et limmanence Ce sont les principes hjelmshy viens que tous les seacutemioticiens ont appliqueacute dans lanalyse des

tes lanalyse seacutemiotique du texte doit ecirctre empirique et immashynte Mais la question que nous nous sommes poseacutee dans notre thegravese

e doctorat en 1997 est la suivante est-ce quune analyse seacutemiotique un texte pour ecirctre deacutesigneacutee comme telle doit impeacuterativement suivre

principes Et cest lagrave ougrave nous avons fait une vraie rencontre avec _ reacuteflexions eacutepisteacutemologiques de Zilberberg Faute de temps et ne

pouvant pas entrer dans leurs menus deacutetails nous en citons un passhy-age qui eacutetait Jun des moments cleacutes de notre reacuteflexion eacutepisteacutemologishyue sur la seacutemiotique Leacutenonciation mecircme de ce passage est propre agrave mplir de terreur le plus teacutemeacuteraire Avec teacutemeacuteriteacute Zilberberg dit ceci

Le principe dempirisme reacuteunissant lexhaustiviteacute la non-contradiction et la simpliciteacute est peu adapteacute au Iraitement des questions seacutemiotiques lexhaustiviteacute est une fiction [ J La nonmiddotcontradiction deacutecisive pour les matheacutematiques et importante pour les sciences dites exactes ne convient pas aux sciences henneacuteneutiques (1997 180-181)

En effet la question du sens conduit Zilberberg agrave eacuteprouver les lishymites de certains principes comme luniversaliteacute et limmanence lesquels ne conviennent pas aux theacuteories de linterpreacutetation Tout ceci conduit immanquablement agrave souligner que ces principes ont beaucoup gecircneacute le deacuteveloppement de la seacutemiotique vis-agrave-vis de la textualiteacute Ils ne soucient guegravere de la speacutecificiteacute des textes et de leur contexte socioshyculturel Car elles eacutecartent toute conception de la signification en dehors de la stabiliteacute des structures

Cest donc un autre Hjelmslev qui a inteacuteresseacute Zilberberg peut-ecirctre moins leacutepisteacutemologue que le linguiste celui des Principes de gramshymaire geacuteneacuterale et de La cateacutegorie des cas Et lagrave encore d une faccedilon qu on ne peut que lire comme intentionnellement eacuteclairante Zilbershyberg dont la penseacutee sest construite avec les autres parfois aussi contre eux nous livre agrave leacutegard de son maicirctre Greimas ceci laquo Je dois me semble-t-il agrave Al Greimas lexigence de rigueur et de preacutecision le sens de la proportion et le souci de la geacuteneacuteralisation mecircme si aushyjourd hui sur ce point je considegravere que la seacutemiotique doit plutocirct proshyposer une typologie des possibles plutocirct qu une liste duniversauxraquo (1997 180)

Reste agrave preacuteciser que lapproche de Zilberberg des discours est l une des rares agrave aborder le texte dans sa speacutecificiteacute textuelle et non

206 DRfSS ABLALl

comme un preacutetexte pour mettre en exergue lapplicabiliteacute des mashychines theacuteoriques Il suffit de lire ces analyses de Baudelaire Rimbaud et Valeacutery Valeacutery justement qui dans un passage des Cahiers reacutesum de faccedilon on ne peut plus claire notre exposeacute laquo Le passage du continu au discontinu est bien ce en quoi consiste de tregraves haut le problegraveme du langage [ ] La confusion est au commencement de la connaissanc~ _

Le continu naccegravede jamais agrave la preacutesenceraquo (1990 50) Ce sera notr dernier mot

REacuteFEacuteRENCES

Ablali D 2003 La Seacutemiotique du texte du discontinu au continu Paris LHarmattan collection laquo Seacutemantiques raquo

Ablali D 2004 laquo Seacutemiotique et pheacutenomeacutenologie raquo Semioti ca vol 151104 219-240

Coquet J-c 1997 La Quecircte du sens Paris Puf

Greimas AJ 1956 laquo Lactualiteacute du saussurisme raquo Le Franccedilais moshyderne 191-204

Greimas AJ 1966 Seacutemantique stncturale Paris Seuil

Greimas AJ 1994 laquo Deacutebat entre Greimas et Ricœur raquo dans Heacutenau h A (eacuted) Le Pouvoir comme passion Paris Puf 195-216

Greimas AJ et Fontanille J J99 J Seacutemiotique des passions Pari Seuil

Husserl E 1950 ideacutees directrices pour une pheacutenomeacutenologie Pari shyGallimard

Merleau-Ponty M 1945 Pheacutenomeacutenologie de la perception Pari_

Gallimard

Petitot J 1985 Morphogenegravese du sens Paris Puf

Valeacutely P 1990 Cahiers m Paris GaIlimard

Zilberberg c 1988 Raison et poeacutetique du sens Paris Puf

Zilberberg c 1997 laquo Une continuiteacute incertaine Saussure Hjelmshyslev Greimas raquo in A Zinna (eacuted) Hjelmslev aujourdhui Turnshyhout Brepols 165-192

Zilberberg c 2002 laquo Preacutecis de grammaire tensive raquo Tangence 70 111-143

Zilberberg c 2006 Eleacutements de grammaire tensive Limoges Pulim

Zilberberg C et Fontanille 1 1998 Tension et signification Liegravege

Mardaga

206 DRfSS ABLALl

comme un preacutetexte pour mettre en exergue lapplicabiliteacute des mashychines theacuteoriques Il suffit de lire ces analyses de Baudelaire Rimbaud et Valeacutery Valeacutery justement qui dans un passage des Cahiers reacutesum de faccedilon on ne peut plus claire notre exposeacute laquo Le passage du continu au discontinu est bien ce en quoi consiste de tregraves haut le problegraveme du langage [ ] La confusion est au commencement de la connaissanc~ _

Le continu naccegravede jamais agrave la preacutesenceraquo (1990 50) Ce sera notr dernier mot

REacuteFEacuteRENCES

Ablali D 2003 La Seacutemiotique du texte du discontinu au continu Paris LHarmattan collection laquo Seacutemantiques raquo

Ablali D 2004 laquo Seacutemiotique et pheacutenomeacutenologie raquo Semioti ca vol 151104 219-240

Coquet J-c 1997 La Quecircte du sens Paris Puf

Greimas AJ 1956 laquo Lactualiteacute du saussurisme raquo Le Franccedilais moshyderne 191-204

Greimas AJ 1966 Seacutemantique stncturale Paris Seuil

Greimas AJ 1994 laquo Deacutebat entre Greimas et Ricœur raquo dans Heacutenau h A (eacuted) Le Pouvoir comme passion Paris Puf 195-216

Greimas AJ et Fontanille J J99 J Seacutemiotique des passions Pari Seuil

Husserl E 1950 ideacutees directrices pour une pheacutenomeacutenologie Pari shyGallimard

Merleau-Ponty M 1945 Pheacutenomeacutenologie de la perception Pari_

Gallimard

Petitot J 1985 Morphogenegravese du sens Paris Puf

Valeacutely P 1990 Cahiers m Paris GaIlimard

Zilberberg c 1988 Raison et poeacutetique du sens Paris Puf

Zilberberg c 1997 laquo Une continuiteacute incertaine Saussure Hjelmshyslev Greimas raquo in A Zinna (eacuted) Hjelmslev aujourdhui Turnshyhout Brepols 165-192

Zilberberg c 2002 laquo Preacutecis de grammaire tensive raquo Tangence 70 111-143

Zilberberg c 2006 Eleacutements de grammaire tensive Limoges Pulim

Zilberberg C et Fontanille 1 1998 Tension et signification Liegravege

Mardaga