antoine philippe, 2013 : le mariage en afrique : quels progrès des connaissances depuis 50 ans....

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. Il y a près de cinquante ans, en janvier 1966, se tenait la première conférence africaine de la population à Ibadan. Cinquante ans plus tard, les connaissances de la nuptialité se sont améliorées, des transformations importantes se sont se sont améliorées, des transformations importantes se sont produites et des comportements nouveaux sont apparus. Mais la polygamie subsiste et la mobilité matrimoniale demeure importante. Dans nombre de pays, on a noté la transformation de certains modèles matrimoniaux et des représentations de ce qu’est un couple. La montée de la scolarisation, notamment féminine, n’a pas comme seul effet le recul de l’âge au mariage, elle modifie aussi les représentations en termes de choix du conjoint.

� La première conférence africaine de la population avait pour objectif

de comprendre les phénomènes et dégager les tendances

démographiques de l’Afrique subsaharienne.

� La détermination de la situation matrimoniale était présentée

comme la plus difficile des investigations en Afrique subsaharienne.

John Caldwell dans son introduction note qu’ il existe trop de � John Caldwell dans son introduction note qu’ il existe trop de

variantes dans la façon de faire connaître un mariage traditionnel.

Devant la diversité des f ormes d’union, il préconise de procéder

comme pour les enquêtes comme au Ghana : il y a mariage si le

couple se considère comme marié.

� Les auteurs constatent que l’écart d’âge se maintient et que

l’incidence de la polygamie et de l’instabilité matrimoniale diminue.

Pour que le mariage reste « universel »,.l’écart d’âge devra

diminuer.

� En 1960 parait un bilan des enquêtes récentes . Concernant la nuptialité «Les femmes présentent une nuptialité à la fois précoce et très forte (le célibat n'existe pratiquement plus à partir de 20 célibat n'existe pratiquement plus à partir de 20 ans), tandis que les hommes ne se trouvent engagés dans le mariage que beaucoup plus tard, avec, par contre, une proportion de polygames généralement de plus en plus forte à mesure que l'âge augmente et généralement plus importante parmi les travailleurs du secteur public.»

APPORTS

METHODOLOGIQUES

En 1977 côté francophone parait une série de manuels. Une démographie démographie encore marquée par la tradition française de l’analyse démographique

Les méthodes d'analyse sont identiques pour des données issues d'une enquête ou d'un recensement. L'âge moyen au mariage est un des indices synthétiques les plus couramment utilisés: la méthode de Hajnal qui repose sur l'estimation du nombre moyen d'années que les individus l'estimation du nombre moyen d'années que les individus d'une cohorte fictive qui finissent par se marier ont passé dans le célibat ou autrement dit de leur âge moyen au 1ermariage. L’auteur juge préférable de construire des tables de nuptialité à partir des proportions de célibataires (par année d'âge ou groupes quinquennaux) et il présente plusieurs méthodes

.

. � De la proportion de célibataire on passe à une table

A partir de 1972 se met en place un vaste programme de collecte de données sur la fécondité. Le programme d’Enquête mondiale sur la fécondité (EMF), ou World fertility survey (WFS) jusqu’en 1984. Son objectif était de mesurer le niveau de fécondité, ses variations et ses mesurer le niveau de fécondité, ses variations et ses déterminants parmi lesquels le mariage. Les objectifs de santé ont été joints à ceux de l'EMF pour aboutir, à partir de 1985, au lancement d'un nouveau programme mondial, les Enquêtes démographique et de santé (EDS) (ou Demographic and health survey, DHS) où les questions de nuptialité sont abordés en quelques questions.

MODÈLE DE BONGAARTS

Le mariage est une variable intermédiaire intermédiaire de la fécondité

� Les indicateurs sur la nuptialité se déduisent des données du moment, recensement ou enquête par sondage.

� Ces indicateurs du moment sont reconnus plus fiables (Lesthaeghe et al., 1989 ; van de Walle, 1996), que les (Lesthaeghe et al., 1989 ; van de Walle, 1996), que les indicateurs rétrospectifs, sujets à des biais de déclaration des âges importants (en particulier sur la précision de l’âge au premier mariage).

� La nuptialité est donc un sujet délicat qui nécessite une certaine prudence pour l’élaboration de synthèse à partir de statistiques provenant de différentes opérations démographiques nationales.

Des options différentes de collectesont relevées. D’après Van de Walle (1996), «il est probable qu’un “mariage”, au sens des recensements, représente une union relativement stable,

plus ou moins admise par l’opinion publique» tandis que les

EDS et les EMF privilégieraient le critère de cohabitation. EDS et les EMF privilégieraient le critère de cohabitation.

Ainsi, «on court toujours le risque que les changements

apparents dans le temps, lorsqu’on compare plusieurs

enquêtes et recensements réalisés à des dates différentes,

correspondent davantage à des changements dans les

définitions implicites (de la population) ou explicites (des

enquêteurs du recensement) qu’à des changements dans la

réalité des choses» (Van de Walle, 1996).

Le mariage ou plutôt la mise en union renvoie à des processus faisant appel à de nombreuses combinaisons ou états intermédiaires, qui concernent en particulier le degré de formalisation et les pratiques résidentielles. Étant donné la complexité des étapes dans certaines sociétés, la description complexité des étapes dans certaines sociétés, la description de l’état « en union » s’appuie davantage sur la perception qu’en ont les individus.

Dominique Meekers (1992), analyse l'enquête de fécondité de Côte d'Ivoire (1980-81), l'ordre dans lequel se sont succédé trois étapes du mariage : le début des relations sexuelles, le début de la cohabitation et la célébration du mariage. La célébration s'entend soit comme le mariage civil (ou religieux), célébration s'entend soit comme le mariage civil (ou religieux), soit la remise de boissons ou de noix de cola qui scelle tout mariage traditionnel. L'ordre de succession de ces étapes varie selon les ethnies. La date de remise des présents de boissons ou de noix de cola n’apparaît pas comme le moment-clé . Cet ordonnancement présente un intérêt pour appréhender les différentes configurations, mais est-il opérationnel pour une enquête comme les EDS. .

SENEGAL 1986

SENEGAL 2011

� Reconnaître qu’un individu est marié ou non est loin d’être évident dans bien des sociétés africaines. Quand l’entrée en union renvoie à un processus échelonné dans le temps, avec une dissociation fréquente des étapes susceptibles de signifier l’union (cohabitation, étapes susceptibles de signifier l’union (cohabitation, cérémonie coutumière, religieuse, mariage civilM), le critère retenu pour reconnaître l’union peut faire varier considérablement la répartition de la population selon le statut matrimonial, (Meekers, 1992 ; Mouvagha-Sow, 2001 ; Hertrich, 1996). Le plus souvent les recensements et enquêtes s’en remettent à l’appréciation de l’intéressé pour enregistrer sa situation matrimoniale, sans énonciation de critères précis.

� Les premières synthèses sont rédigées à partir des

recensements puis des EMF.

� Les caractéristiques des régimes de nuptialité

africains sont alors: entrée en union précoce pour

les femmes et tardive pour les hommes conduisant les femmes et tardive pour les hommes conduisant

à des écarts d’âges au premier mariage les plus

élevés au monde, caractère exceptionnel du célibat

définitif pour les deux sexes, remariage rapide et

quasi-systématique des femmes veuves et

divorcées d’âge fécond, pratique de la polygamie

(United Nations, 1988, 1990).

� Les comparaisons internationales (Gendreau et Gubry,

1988 ; Hertrich et Locoh, 1999 ; Hertrich et Pilon, 1997

; Lesthaeghe et al., 1989 ; van de Walle, 1996 ;

Garenne, 2004) observent le plus souvent un recul de

l’entrée en union des femmes, parfois accompagné l’entrée en union des femmes, parfois accompagné

d’un resserrement de la différence d’âges au premier

mariage des deux sexes.

moins de 24 ans24 - 25,9 ans26 - 27.9 ans28 ans et plus

moins de 18 ans18 - 19,4 ans19.5 - 20.9 ans21 ans et plus

ÂGE AU PREMIER MARIAGE DES HOMMES (Sourc(Source: V. Hertrich, 2001)

.

� L’allongement de la durée des études

� Le libre choix du conjointLe libre choix du conjoint

� Les aspirations différentes des hommes et des

femmes

� Les difficultés économiques croissantes

auxquels sont confrontés les jeunes: trouver un

emploi avant de se marier

� Une institution robuste des systèmes familiaux et matrimoniaux. Beaucoup d’auteurs ont annoncé son déclin dans les années 60, annoncé son déclin dans les années 60, prévision qui tarde à se concrétiser.

� En Afrique de l’Ouest, la polygamie concerne dans les années 90:� 30% à 60% des femmes mariées (15-49 ans)

� 15% à 35% des hommes mariés

. La polygamie s'accompagne parfois de mariages dits libres et presque toujours d'une accentuation de la mobilité conjugale. Si la polygamie est importante , elle n’est pas systématiquement répandue : les monogames qui dominent parmi les hommes mariés (Guinée : 62 %, Centre-Oubangui : 74 %).

Les principaux facteurs démographiques sont:� un âge au mariage relativement jeune chez les

femmes, une structure de population jeune,� une structure de population jeune,

� un écart d'âges important entre les conjoints, � une quasi absence de célibat définitif quel que

soit le sexe, � un remariage rapide des divorcées . (G. Pison, 1986)

En Afrique Sub-saharienne:

� La plupart des législations sont favorables à la

polygamie. � L’écart d’âges est particulièrement bien corrélé avec � L’écart d’âges est particulièrement bien corrélé avec

la pratique de la polygamie et le remariage des

femmes. Les régions où le mariage des femmes est

précoce et où la différence d'âges entre époux est la

plus élevée (plus de 9 ans) coïncident avec celles de

forte polygamie (principalement l'Afrique de

l'Ouest).

Dans l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, le niveau de polygamie est nettement plus élevé en milieu rural. Dans les 4 pays ouest-africains la proportion de femmes en union polygame diminue depuis les années 80, cette évolution polygame diminue depuis les années 80, cette évolution étant plus lente au Burkina et surtout au Mali. Les différences entre femmes instruites et non scolarisées sont plus marquées au Burkina qu’au Sénégal.

On note que la majorité des femmes mariées dans les pays sahéliens de 40-44 ans sont en union polygame.

Côté masculin), les mêmes constats peuvent être dressés concernant le milieu de résidence ou le niveau d’instruction, même si mécaniquement moins d’hommes sont concernés par la polygamie que de femmes. À la fin des années 2000, un homme marié sur quatre est concerné au Burkina, un peu plus au Mali et un peu moins d’un homme sur cinq au Sénégal où de moins en moins d’hommes semblent concernés par ce type d’union. A 55-59 ans, une proportion importante d’hommes reste concernée. La polygamie est surtout une forme d’union qui concerne les personnes âgées.

Les dynamiques des ruptures d’union, divorce ou séparation, demeuraient mal connus en Afrique jusqu’aux années 90 où l’on ignorait presque tout de l'évolution de la fréquence du divorce ainsi que de ses déterminants (Kaufmann et al., 1988). On estimait qu'environ 40 % des femmes mariées avant l'âge de 20 ans deviennent veuves ou divorcées avant 50 ans (Lesthaeghe et al., 1989). La polygamie apparait comme un des facteurs de divorce(Gage-Brandon, 1992; Antoine et Dial, 2005)

La faible proportion d’hommes ou de femmes divorcés est masquée par l’ampleur des remariages dans certains pays. Ce sont les femmes qui sont en insécurité économique qui divorcent le moins. La femme qui se remarie prend davantage d’autonomie vis-à-vis de son nouveau conjoint (Dial, 2008). Les jeunes femmes urbaines et instruites, mariées plus tard, leurs aspirations entrent parfois en conflit avec les rôles habituellement dévolus à la femme par la société et les relations entre les conjoints en sont modifiées (Thiriat et Locoh, 1995; Dial, 2008 ; Thiombiano, 2009) .

Les enquêtes biographiques permettent de mettre en perspective différents événements démographiques et sociaux concernant la vie d’un individu depuis sa naissance jusqu’au moment de l’enquête. Ces événements concernent différentes dimensions de sa vie, à savoir son concernent différentes dimensions de sa vie, à savoir son itinéraire résidentiel, son parcours professionnel et scolaire sa vie matrimoniale (c'est-à-dire la constitution ou la dissolution du ménage) et sa vie féconde.

Plusieurs concernant l’entrée en union, le divorce, la polygamie et le remariage ont été réalisées essayant de traduire la dynamique de la nuptialité.

Les travaux d’Anne Calves (2007) montre comme à Dakar (Antoine et al., 1995) et à Bamako (Marcoux et Piché,

1998; Lardoux, 2004), que le fait d’exercer une activité rémunérée accélère significativement le processus d’entrée en première union des hommes à Ouagadougou d’entrée en première union des hommes à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. L’effet du travail rémunéré sur le risque de former une première union diffère selon le type d’emploi occupé. les travailleurs du secteur formel semblent être particulièrement avantagés sur le marché matrimonial.

Outre les changements dans le calendrier de la première union des hommes, certaines études ont également montré que la dégradation des conditions économiques avait entraîné des changements dans la nature de cette avait entraîné des changements dans la nature de cette première mise en couple. À Bamako, par exemple, face à une conjoncture économique difficile, les jeunes générations masculines ont tendance non seulement à retarder l’entrée en première union mais aussi à espacer les célébrations matrimoniales et à donner la priorité aux célébrations qui « comptent socialement » (Marcoux et al., 1995).

L’aller et retour entre approche qualitative et quantitative a largement montré sa capacité heuristique. L’articulation entre les deux approches nécessite de prendre en considération divers éléments :-au niveau de l’organisation du recueil de l’information, de penser en même temps grille d’entretien et questionnaires;penser en même temps grille d’entretien et questionnaires;-privilégier des espaces d’informations qualitatives ou complémentaires au sein des questionnaires quantitatifs ;-la définition de l’échantillon des populations à interroger doit veiller à la sur-représentation des cas extrêmes ou atypiques ;-lectures croisées au niveau du traitement de base des données

� Mais les mêmes mots peuvent recouvrir des réalités différentes en particulier celui de « mariage ». L’âge au « mariage » peut demeurer identique d’un pays à l’autre voire d’une génération à l’autre alors que des modifications peuvent se produire dans la séquence des événements qui peuvent se produire dans la séquence des événements qui rythment la procédure de formalisation des unions : rencontre, demande en mariage, début des relations sexuelles, paiement des prestations matrimoniales, cohabitation, célébration.

� Ce ne sont peut-être pas les mêmes processus qui caractérisent le mariage ou ce qui est considéré comme tel.

Si l’on interroge un couple sur sa séparation, les réponses de l’homme ne correspondront pas précisément à celles de la femme. Le cas d’Aïda:. Données biographique, son union a débuté en 1984 et qu’elle a divorcé à son initiative en 1994. 1994. Lors d’un entretien, elle confirme qu’elle a bien été mariée durant 10 ans, de 1984 à 1994, mais que le divorce judiciaire a été plus tardif. « sept ans après la séparation,

entre 1997 et 1998 ». Un flou temporel persiste : les 7 ans qu’elle évoque à plusieurs reprises, renvoient-ils en réalité au début de la dégradation de leur relation, vers 1990 ? Par ailleurs, elle confirme le refus de son mari de divorcer.

La datation des différentes étapes de formation des unions est un travail délicat, en particulier lorsque les procédures sont très étalées dans le tempsLes modes d’entrée et de vie en union se sont encore diversifiées des dernières années. Parmi encore diversifiées des dernières années. Parmi les faits marquants signalons :� l’augmentation d’unions libres (ou consensuelles),� l’étalement du paiement de la dot, � la réticence envers le mariage civil� les situations de non-cohabitation des conjoints..

. LOME COTONOU

� Grande diversité des situations entre pays, et au sein d’un même pays, selon les niveaux d’instruction, selon les milieux sociaux et le milieu de résidence.milieu de résidence.

� Le mariage précoce concerne encore une part plus ou moins importante de la population. A l’inverse, en particulier chez des femmes instruites, le mariage tardif (voire l’absence de mariage) est de moins rare. Les conséquences de ces situations diverses méritent d’être mieux documentées.

• Grande mobilité matrimoniale surtout en Afrique

de l’Ouest: Mariage, divorce et remariage

s’enchaînent dans la vie des femmes et des

hommes. hommes.

• L’étude de la mobilité matrimoniale (divorce,

veuvage et remariage nécessiterait des

échantillons spécifiques vu le faible nombre

d’événements

� Quand débute l’union, reste une question non résolue.

Des marqueurs pertinents sont-ils envisageables ?

� La formalisation du mariage même sous forme

traditionnelle s’étiole. Cela correspond-il à un désir traditionnelle s’étiole. Cela correspond-il à un désir

d’autonomisation, d’individualisation?� Autour de la famille, en Afrique comme ailleurs, lieu

d’affrontement en conservateurs et modernistes . Les

codes de la famille reste un enjeu politique important, en

particulier dans leur application. Sont-ils en adéquation

avec les attentes des populations? Sont-ils connus ?

Quels sont les réticences à leur égard ?

� Croissance des inégalités sociales et disparités

spatiales. Les clivages plus marqués entre sous

population mériteraient d’être davantage analysés.population mériteraient d’être davantage analysés.

� Quels sont les rapports de couple et comment

évoluent -ils ?