alain corbin, le village des cannibales

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Épistémologie le 18/11/2015 Épistémologie le 18/11/2015 Histoire L3 Histoire L3 Alain Corbin Alain Corbin Le Village des « Le Village des « cannibales cannibales » Duelo a garrotazos, Duelo a garrotazos, huile sur toile de Francisco José Goya y Lucientes, XVIIIe siècle, Musée du Prado, Madrid. huile sur toile de Francisco José Goya y Lucientes, XVIIIe siècle, Musée du Prado, Madrid. Université de Rouen Lefèvre Loïc Université de Rouen Lefèvre Loïc

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Épistémologie le 18/11/2015Épistémologie le 18/11/2015

Histoire L3Histoire L3

Alain CorbinAlain Corbin

Le Village des «Le Village des « cannibalescannibales »»

Duelo a garrotazos, Duelo a garrotazos, huile sur toile de Francisco José Goya y Lucientes, XVIIIe siècle, Musée du Prado, Madrid.huile sur toile de Francisco José Goya y Lucientes, XVIIIe siècle, Musée du Prado, Madrid.

Université de Rouen Lefèvre LoïcUniversité de Rouen Lefèvre Loïc

« Il y a encore une honte dans ce village »

C'est par ces mots que s'expliqua Francis Donnary, maire de Hautefaye, lorsqu'il abandonna

en 2009 le projet d'une commémoration annuelle autour de l'érection d'une stèle sur les lieux du

drame ; projet qu'il tentait de défendre depuis les années 1970. Si un siècle et demi après les faits,

les sensibilités locales semblent toujours heurtées par la funeste date du 16 août 1870, nous sommes

en droit de nous interroger sur la nature des passions qu'entourait le lynchage de Hautefaye. Les

passions sont d'ailleurs au cœur de l'ouvrage d'Alain Corbin, Le Village des « cannibales » publié en

1990, dans lequel l'auteur se propose de retracer le supplice d'Alain de Monéys en sa qualité

d'« historien du sensible ».

Monsieur Corbin est présenté en tant que contemporanéiste et enseignant émérite de

l'université Paris I Panthéon–Sorbonne. Il fonde sa carrière sur une approche sensible de l'histoire

contemporaine, à travers un commentaire embrassant un ensemble de disciplines empruntées aux

sciences sociales : ainsi, non résolu à aborder l'Histoire comme un linéaire et vaste domaine sur

lequel aurait été conventionnellement admis le récit d'événements incontournables ou fondateurs, et

qui seraient – il est vrai – inter-reliés de façon chronologique, ce dernier semble davantage concerné

par les questions du développement de l'imaginaire social, ou des représentations sociales comme

étant des constructions de ce qui édifie l'Histoire. Précurseur dans le domaine d'étude de l'histoire

des sensibilités dès la parution de son ouvrage Le Miasme et la Jonquille en 1982, dans lequel il

considère l'odorat comme une construction sociale établissant des critères normatifs variables, Alain

Corbin s'engage dans une étude historique de l'individuel et du sensitif, au détriment de la

traditionnelle appréciation des totalités. Cette démarche scientifique trouve tout son sens lorsqu'en

1998, monsieur Corbin publie la biographie d'un inconnu1 : un sabotier ornais ayant sobrement vécu

au XIXe siècle. Ainsi, l'entreprise de l'historien est clairement inscrite dans le courant de la

microhistoire, consistant à faire varier les angles de vue et les échelles d'observation pour éclairer

un contexte historique général en privilégiant une focale individuelle.

Dès lors, il semblerait que le regard porté par l'auteur sur les faits du Village des Cannibales

soit comparable, puisqu'il se focalise sur le destin funeste d'une unique personne, dans une

temporalité restreinte à deux heures. En effet, bien que de nombreux ouvrages2 aient été publiés

concernant l'affaire de Hautefaye, seul Alain Corbin adopte un tel point de vu pour l'étude des

circonstances ayant entraîné les sévices imposés à Alain de Monéys. Dans cet ouvrage, il entend

mettre en lumière le crime de Hautefaye non pas sous les traits d'une folie meurtrière irrationnelle,

mais davantage comme le produit d'un système de représentation autonome et cohérent, propre à la

sphère paysanne, dans un contexte pourvoyeur d'hostilités. Dans la construction de son ouvrage,

1 Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot, sur les traces d’un inconnu, 1798-1876.2 Entre autre, Georges Marbeck, Hautefaye : l'année terrible (1982), et Jean Teulé, Mangez-le si vous voulez (2009).

l'auteur démarre néanmoins sa réflexion par une longue introduction décortiquant le contexte

national français au XIXe siècle. C'est ainsi que sur fond de successions de régimes politiques3, et

de tensions sociales liées à ces dernières, Alain Corbin dépeint au lecteur le paysage social qu'était

celui de la Dordogne avant-même que ne se joue le drame de Hautefaye. Par ce jeu d'échelles

d'observations variables, il opère une analyse en entonnoir, partant du macro4 pour rendre compte

du micro5.

Dès lors, dans quelle mesure l'angle d'étude adopté par l'historien rend-il compte d'une

démonstration singulière relativement au drame, en définissant une histoire générale et un contexte

global comme pouvant être des générateurs de représentations communes à l'échelle de l'individu ou

d'un groupe restreint ? Enfin, le crime de Hautefaye trouve-t-il des explications dans la

démonstration que fait Alain Corbin d'une affaire taxée d'inhumanité et de cannibalisme ? Afin de

vérifier nos interrogations, nous nous baserons sur le commentaire du Village des cannibales

d'Alain Corbin, en nous conformant à la logique de sa démonstration. En effet, nous partons du

postulat que l'auteur tente de défendre un acte qui ne serait pas qu'irrationnel, barbare et gratuit,

mais trouvant au contraire des fondements et des explications relevant de maturations antérieures.

Ces maturations antérieures sont, dans la vision de Corbin, une contextualisation nécessaire pour

entreprendre une étude visant à la compréhension de tels faits. C'est pourquoi nous étudierons dans

un premier temps le contexte

historique global du XIXe siècle,

en ne manquant pas de nous

appuyer sur ce qu'apporte en

anecdotes l'historien dans son

ouvrage. Mise en lien avec cela,

nous nous poserons ensuite la

question des représentations

sociales dont la haine grandissante

et orientée vers des populations

ciblées émane. Enfin, nous aborderons le drame de Hautefaye tel qu'il fut décrit dans

l'historiographie, et rendront saillante la thèse que formule Alain Corbin concernant la cohérence

des actes.

3 Suite à la Révolution Française de 1789, s'enchaînent plusieurs régimes politiques qui rendent compte de l'instabilité politique du pays : Première République (1792 – 1799), Empire de Napoléon Ier (1805 – 1814), Première Restauration du royaume de Bourbon (1814 – mars 1815), les « Cent-jours » marquant le retour au pouvoir de Napoléon (mars 1815 – juillet 1815), Seconde Restauration de la monarchie (juillet 1815 – 1830), Monarchie de Juillet (1830 – 1848), IIe République (1848 – 1852), Second Empire (1852 – 1870).

4 Contexte global des conditions paysannes au XIXe siècle, pour introduire un système de représentations qui se forge à mesure que le temps passe. L'auteur porte une attention particulière à la région de Dordogne et ses localités.

5 Le lynchage, l'exécution et la crémation de Alain de Monéys à Hautefaye, qui auront été consécutivement perpétrés par des villageois lors d'une foire aux bestiaux le 16 août 1870.

CHÂTEAU DE BRETANGES, DOMAINE DE ALAIN DE MONÉYS, DÉBUT XXE SIÈCLE.

I – CONTEXTE GÉNÉRAL

1)1) Les tumultes du XIXe siècleLes tumultes du XIXe siècle

Dès le premier chapitre de son œuvre, Alain Corbin présente la nécessité d'avoir recours à

l'Histoire et au passé pour tendre vers l'appréhension du « dernier des massacres nés de la fureur

paysanne ». Il explique toutefois avec force de persuasion que cet appel à une étude historique,

devant être conduit préalablement – avant d'aborder le vif du sujet au chapitre trois –, n'a pas pour

but de trouver aux agissements du 16 août 1870 des explications, des excuses ou des justifications.

L'entreprise serait hors de propos, et c'est sans doute la raison pour laquelle, par le passé,

l'historiographie eut l'habitude de raccourcir cet événement à ses simples agissements : de telle sorte

que les paysans furent systématiquement présentés comme des bêtes sanguinaires et

anthropophages, n'ayant nulle autre motivation que d'en découdre avec ce noble tardivement arrivé

au foirail de Hautefaye. Il est vrai qu'un simple regard sur l'Histoire de France au XIXe siècle

n'offre pas au lynchage de monsieur de Monéys quelque excuse ou quelque début d'éclaircissement

convenable. En revanche, si l'on préconise un regard non factuel sur le passé – tout comme le fait

l'historien – il se peut que nous puissions déceler le sens d'une telle vénerie, de cette chasse à

l'homme qui se perpétra en ce jour, pourtant festif, de foire paysanne.

Il va s'en dire que le XIXe siècle est teinté d'une grande instabilité politique, nous le disions

déjà en introduction. Entre la Révolution Française et le temps du massacre de Hautefaye – soit 80

ans –, nous pouvons considérer que se succèdent huit bouleversements6 dans le mode de

gouvernance du pays, marqué d'une constante navigation entre Monarchie, Empire et République.

Nous pouvons même étendre ce bilan à neuf renversements, ou neuf couleurs de gouvernement si

nous comptons la Troisième République qui ne tarda pas suite à la déchéance que connût Louis-

Napoléon Bonaparte face aux Prussiens, le 2 septembre 1870 à Sedan. Bien que l'auteur de notre

ouvrage n'attarde pas son propos sur ces successions, nous y verrons pour notre part un vecteur de

terreur et d'insécurité dans les populations, en particulier concernant les strates les moins favorisées

de la société d'alors. En effet, la tension est à son paroxysme depuis la Monarchie de Juillet dans les

milieu paysans, qui voient s'agiter « la menace d'un retour à la féodalité ». Alain Corbin nous dit à

ce sujet que la noblesse détient – d'usage – les mairies et les postes administratifs. A fortiori

concernant le Nontronnais, la paysannerie a à faire à une noblesse disposant d'une forte emprise

6 En admettant à cette constatation la prise en compte de la période 1814 – 1815 : après l'abdication de Napoléon Ier le 14 avril 1814, mettant fin au Premier Empire, la Première Restauration est promulguée et tient bon jusqu'au 1er mars 1815, laissant place à l'éphémère Empire des Cent-jours avec le retour de Napoléon Ier. Cet Empire des Cent-jours s'effondrant le 7 juillet 1815, la Monarchie de Juillet est proclamée et maintenue jusqu'à sa révision en 1830. Bien que la Première Restauration et les Cent-jours fussent de courte durée, il n'en demeure pas moins que ces dates constituent une période chargée qui marquât la conscience des partisans de l'Empereur (naturellement réfractaires à la Monarchie).

terrestre et d'un capital nobiliaire important. Quoi qu'il en soit, notre propos se doit d'insister sur la

date du 16 août 1870, puisque nous sommes à un mois et demi de la chute de l'Empire. Cela, les

paysans le sentent, et leur profond attachement à Louis-Napoléon les rend inquiets d'apprendre les

défaites qu'il essuie fasse à la Prusse. La peur de la restauration s'anime dans les campagnes de

France, particulièrement dans celles du Nontronnais qui affichait, en novembre 1852, une ferveur

rare envers l'Empereur et l'annonce du rétablissement de l'Empire, massivement réclamé depuis

1815 : « En 1830, la liesse qui explose dans les campagnes de la Dordogne dégage un parfum de

restauration impériale. […] Dubernard de Montmège, adjoint de Saint-Geniès, remet à la section

de sa commune l'étendard qu'il a pieusement conservé depuis la chute de Napoléon. Barrière,

ancien sous-officier de l'armée impériale, confie à la garde-nationale de Sarlat un drapeau qu'il a

rapporté de la campagne de 1814 ».

2)2) Les soubresauts du NontronnaisLes soubresauts du Nontronnais

Les seules peurs d'une restauration monarchique et d'un retour à la féodalité ne peuvent à

elles seules satisfaire à une contextualisation aboutie de la catastrophe qui toucha Alain de Monéys.

Ce que met également en lumière Le village des « cannibales » peut être résumé par l'idée d'une

tension sociale grandissante au fil des années dans les campagnes de Dordogne, émanant d'une

sphère paysanne particulièrement virulente. Nous le verrons ultérieurement, ces tensions

communautaires et les violences sont orientées vers les sphères sociales n'appartenant pas aux

mêmes soumissions, et – a priori – pas aux mêmes aspirations politiques. Cela aurait supposément

alimenté l'élaboration de constructions et de représentations d'un imaginaire social unanimement

faussé, menant rapidement à une rumeur augurant le 16 août 1870.

Ainsi, Alain Corbin reporte aux sues du lecteur un certain nombre de faits, d'événements

locaux, ponctuels, presque isolés, mais que la répétition au sein de l'arrondissement de Nontron ne

saurait rendre négligeables. La menace de la tuerie réglementaire semble être coutumière depuis de

nombreuses décennies : « Plus de rats de cave ! Il faut les tuer ! » accompagnait les actes de 300

émeutiers le 8 août 1830 qui, pris à la gorge par les taxations lourdes qu'imposait la Monarchie,

prirent d'assaut les employés des contributions de Verteillac. Ou encore les dévastations et pillages

de domaines châtelains perpétrés dès la Révolution de 1830, qui semble agir comme catalyseur des

haines : avec entre autre le saccage des châteaux des régions de Mareuil, non loin de Hautefaye, et

de Manssac. Le compte de Manssac d'ailleurs, alors absent au moment de la mise à sac de son

domaine, échappât de peu au cortège émeutier qui l'aurait volontiers « étripé », selon ce que

rapporte Alain Corbin. Les nobles ne sont pas les seuls visés par cette violence, puisque les attaques

se dirigent, si l'on en croit l'enquête menée par l'historien, sur les clerc également : « En juin 1848,

à Saint-Cyprien, le curé Picon se trouve en butte à la vindicte populaire », ce passage étant ponctué

par « Nous irons chez les riches, nous les foulerons aux pieds. […] A bas les nobles ! À bas les

prêtres ! La République ne sera bien assise à Saint-Cyprien que lorsqu'on aura fait tomber trente

têtes ». Les violences et l'hostilité vont croissant, à mesure que les opinions s'expriment. Les

exemples donnés par l'auteur concernant l'expression des tensions sociales, opposant les paysans et

les sphères populaires aux nobles et aux clercs, sont extrêmement nombreux, et il serait contre-

productif d'en faire l'énumération exhaustive. Ce qu'il convient de dégager de tout cela, c'est que

Alain Corbin appuie sur l'importance d'un phénomène social grandissant : la vindicte populaire

s'oriente vers ces classes, et il faut y voir un lien avec, dans un cas (1815 – 1848) la haine éprouvée

face à la restauration de l'Ancien Régime, et dans l'autre (1848 – 1870), le défoulement sur les

présupposés partisans de cet Ancien Régime, et la peur qu'une énième restauration ait lieu. Ainsi,

durant la période deuxième République – Second Empire, l'angoisse et la menace que perçoivent les

paysans quant au souhait qu'ont les aristocrates de rétablir leur joug féodal s'amplifie, jusqu'à la

rumeur. D'autant qu'il semble que, plus les propos populaires grossissent les traits de la réalité, plus

ils gagnent l'approbation générale d'après les rapports du préfet de Police. Voyons maintenant quel

fut le rôle de cette rumeur dans les consciences populaires, et les enjeux que cette dernière joue dans

le cadre de la mort d'Alain de Monéys.

II – REPRÉSENTATIONS ET IMAGINAIRE SOCIAL

1)1) L'élaboration de la haine L'élaboration de la haine

Alain Corbin rappelle de bon ton que Hautefaye semble gouverné par une certaine « tiédeur

religieuse » voire, un « anticléricalisme endogène ». D'autre part, il semblerait réducteur de penser

que les violences perpétrées l'eut été sans motivations, sans prendre appui sur une culture commune,

ou une croyance partagée quant à l'intolérable nature des nobles et des clercs. C'est de là que

naîtraient d'après lui les mécanismes de groupe qui entraîneront par la suite la tuerie du foirail de

Hautefaye en août 1870. Dans la perspective paysanne de conserver l'acquis de l'Empire, le danger

que représente le conflit opposant Louis-Napoléon à la Prusse engage les passions autour d'un

imaginaire social s'étant construit sur des décennies. Une image participe de cet imaginaire

collectivement formulé autour des milieux populaires, fervents partisans du bonapartisme, puisque

– rappelons-le – le souvenir des jacqueries perdure. En référence à la Grande Jacquerie de 1358, les

jacqueries désignent, de façon générale, tout soulèvements ou révolte paysanne dans le monde

occidental, principalement pour ce qui concerne le territoire français. Or, la Dordogne fut à de

nombreuses reprises un foyer propice aux soulèvements paysans contre le pouvoir monarchique.

Cette image révolutionnaire de la jacquerie est imprimée dans les consciences au XIXe siècle, et

alimente par vase communiquant une autre dimension venant créer l'impulsion à la tuerie de

Hautefaye.

En effet, le point déterminant dans l'explication de cet événement funeste est de déterminer

les raisons d'un tel passage à l'acte, semblant irrationnel lorsqu'on oppose aux faits un regard teinté,

dans une moindre mesure, de philanthropie. Une synergie semble se créer entre le souvenir et la

peur, la peur de se voir à nouveau rétrograder au féodalisme, au joug nobiliaire, et à la figure d'un

monarque dans laquelle la majeure partie des français ne se reconnaissent plus désormais. D'après

l'analyse que fait Corbin, cette idée tournant à l'angoisse génère quelques amalgames rapidement

conclus. Ce sont ces mêmes amalgames qui, en 1870, rendent lisibles les hostilités adressées au

monde clérical et à la noblesse périgourdine : en effet, ces derniers sont souvent perçus comme des

légitimistes, œuvrant pour un retour à la monarchie dans l'intérêt de sauvegarder leurs possessions

et privilèges comme jadis au temps féodal. Ces deux sphères, supposément désireuses de faire

tomber l'empire français, sont alors assimilées à tort aux prussiens et aux républicains, quand bien

même ces parentés semblent être absurdes. La raison est simple : les prussiens souhaitent affirmer

l'Allemagne comme état-nation et se libérer de la domination napoléonienne, et destinent leur

conflit contre Louis-Napoléon au renversement de l'Empire français ; les républicains quant à eux

sont, par extension logique, apparentés aux prussiens, d'autant que l'expérience de la Deuxième

République eut été une déception pour les paysans qui supposait d'elle une expérience de délivrance

et d'émancipation : « Dès les premiers jours du nouveau régime, nombre de paysans refusent de

payer l'impôt7. Verser de l'argent supplémentaire leur paraît contraire à l'image de liberté qu'ils se

font de la république ». Ainsi, les ennemis de l'Empire, de l'Empereur, du bonapartisme et de ses

partisans par essence populaires et antirépublicains, sont les clercs et les nobles souhaitant un retour

à l'Ancien Régime, puis les républicains et les prussiens désireux de voir s'effondrer l'Empire pour

nourrir des besoins distincts, notamment celui revendiqué par les républicains français de voir

s'établir une Troisième République (non-encore décidée sous cette appellation).

Ces haines ascensionnelles trouvent leur point de rupture en août 1870, alors que les

nouvelles du front franco-prussien s'annoncent sombres pour Napoléon. Dans ce contexte

d'inquiétude, la maxime « Vive la République ! » est prêtée à Alain de Monéys, accusé par les

paysans du foirail d'avoir clamé cet affront publiquement.

7 Impôt des 45 centimes, approuvé par l'Assemblée en mai 1848 en plein contexte de crise financière. Les paysans seront épargnés des 45 centimes par Louis-Napoléon Bonaparte qui abroge cette décision de taxation dès sa candidature.

2)2) «« la cohérence des sentimentsla cohérence des sentiments »» : le schéma autonome d'un système de pensée : le schéma autonome d'un système de pensée

Le 16 août 1870 est une journée chaude et sèche, marquée par un été qui n'en finit plus de

saper le labeur paysan. C'est également le jour de la grande Foire aux bêtes de Hautefaye,

événement durant lequel une grande partie du milieu agricole de la région expose productions

artisanales, et principalement bétail, à tout potentiel acheteur s'y trouvant. Au contexte que nous

connaissons des conjonctures militaires du front franco-prussien, et à l'état d'esprit du monde

paysan concernant les « ennemis reconnus », et discriminés de l'Empereur, s'ajoutent agacement et

tensions crées par une mauvaise saison, et l'alcool fermier qui n'a de cesse d'hydrater les gosiers

desséchés des masses populaires.

Peu de temps avant que n'arrive Monsieur de Monéys au foirail, s'y trouvait son cousin,

Camille de Maillard, fervent défenseur de la monarchie se posant en « chef des légitimistes de la

''petite Vendée'' ». C'est ce même homme qui, le 9 août précédent, déclarait à la lecture du journal

rapportant les nouvelles désastreuses du front que : « L'Empereur est perdu, il n'a plus de

cartouches ! ». Ce qui fut entendu sur la place publique de Charras comme l'expression scandaleuse

d'une satisfaction républicaine fut rapidement transformé en la

rumeur d'un « Vive la République ! » qu'aurait clamé ce dernier.

Cette altération, conditionnée par les circonstances que nous

connaissons, transfigura la réelle teneur du constat que formulait

Maillard, en s'informant des défaites impériales8. S'en suivit la

foire de Hautefaye le 16 août, lors de laquelle il se trouva

confronté au fort contingent populaire qui s'y était rendu et qui le

somma naturellement de s'expliquer, bâton à la main : l'unique

réponse obtenue fut la fuite du jeune légitimiste. Alain Corbin

identifie là un mécanisme relevant d'une psychologie de groupe,

d'un groupe dont les passions sont avortées par la fuite de Camille

de Maillard. C'est-à-dire que leur rage soudaine est mise sous

cloche contre leur volonté, et pour exprimer leur détresse, ils

seront – quoi qu'il en soit – forcés de l'éconduire. Voilà pourquoi

vers 14h, l'arrivée d'Alain de Monéys précipita ce déchaînement.

Ils voient en lui un noble, a fortiori le cousin du républicain qui

endossa, peu avant 14h, l'expression de leur fureur, et qui

symbolisait le profond clivage qui se faisait ressentir dans le

paysage social. La convergence des ressentiments accumulés touche très rapidement le jeune noble

8 Sur les fronts de Lorraine, Wissembourg, Forbach, et Foerschwiller un mois seulement après l'entrée en guerre. Ces défaites sont annoncées le 6 août.

Alain Romuald de Monéys d'Ordières, la victime

célibataire de trente-deux ans, gérant du domaine de Brétanges, exempté de devoir militaire pour

cause de faible constitution, et pourtant désireux de défendre le front aux côtés de l'armée

impériale9. Commençant par refuser les allégations des paysans qui l'alpaguent dès son arrivée au

sujet de son cousin, la situation se retourne contre lui, et il devient l'élément central de cette

polémique. Ainsi, certains font de « A bas Napoléon ! Vive la République ! » ses propres mots – à

tort, mais qu'importe ! – : la liesse s'empare de cela et rien ne peut calmer son besoin d’occire le

républicain, le prussien de Monéys, quand bien même ce dernier n'eut de cesse de crier « Vive

Napoléon ! » sous les coups de ses quatre-vingt assaillants.

S'organise alors un cortège macabre dans la ville, poursuivant tantôt Alain de Monéys, lui

laissant quelque répit l'instant d'après, enfin acharnant la traque avec plus de véhémence. Durant

deux heures, la mise à mort progressive du jeune noble suivit ce rythme singulier, mené par quatre

bourreaux reconnus à la tête d'environ quatre-vingt villageois, qui soutenaient le lynchage en

participant de coups ponctuellement infligés à la victime. Les faits résonnent avec tant d'horreur

qu'on ne saurait les rendre rationnels sans la contribution intellectuelle d'Alain Corbin. L'auteur y

voit une expiation détournée de la peur qui saisi ce microcosme populaire, en la plaquant sur une

victime qui doit endosser les responsabilités de ce temps de crise. Il est également intéressant de

relever une déclaration que fit le dénommé Mazière, dit Sillou, le soir du 16 août à sa propriétaire

qui rapporta ses dires au cours d'une audition policière : « Si nous avions été en nombre ce jour-là

[le 9 août], nous lui aurions fait son affaire [à Camille de Maillard] ; mais nous n'étions là que

quatre ou cinq ; aujourd'hui nous étions plus de quatre-vingt, notre seul regret est de n'avoir pas tué

celui qui nous a échappé ». Cela constitue d'après Alain Corbin la preuve d'une volonté de tuer.

Autrement dit, le meurtre atroce d'Alain de Monéys fut prémédité, lui conférant le statut de victime

substitutive.

9 Il est rapporté que son immunité avait été annulée à sa propre demande, et qu'il se préparait à partir pour le front de Lorraine.

III – LA FOIRE AUX BÊTES

1)1) «« Nous avons fait griller un fameux cochonNous avons fait griller un fameux cochon !! »»

« Un acte de sauvagerie a été accompli récemment à Nontron et sera l'objet de la réprobation

générale. Un citoyen a été brûlé au milieu d'une population qui n'a pas eu l'énergie de s'opposer à

un crime aussi odieux »

Henri Chevreau, ministre de l'intérieur, le 20 août 1870.

Pour ce qui concerne les deux heures que dura le lynchage d'Alain de Monéys, Alain Corbin

offre au lecteur le résultat d'une enquête rigoureuse. En effet, les faits semblent être restitués

fidèlement sur plusieurs points : la chronologie des sévices, la maîtrise du temps qu'ont les

assaillants, les déplacements du cortège, le rôle de chacun des protagonistes qu'ils soient défenseurs

ou agresseurs, le type des blessures infligées, ou encore le type d'armes utilisées par tel ou tel

individu. Nous apprenons ainsi que le temps du meurtre se décompose en trois phases. Dans un

premier temps, il y eut une tentative de pendaison à un cerisier qui échoua, Monéys faisant céder la

branche. Puis des actes de tortures, démontrant la détermination qu'avaient les bourreaux de faire

durer l'horreur, sous les ordres des leaders reconnus : « avant de faire périr le prussien, il faut le

faire souffrir ! » vociférait Chambort. Des actes de lynchage, entre-coupés par des simulacres de

répit, furent répétés jusqu'à ce qu'Alain Monéys demeure inerte. Dès cet instant, le troisième temps

de la mise à mort intervient, puisque l'assistance appelle à ce que le supplicié soit brûlé : « On le

traînait par les jambes à travers les ruelles du bourg, sa tête sanglante sonnait sur les cailloux, son

corps déchiré sautait de droite et de gauche : Vive l'empereur, vive l'empereur ! » rapporta en 1874

Alcide Dusolier, un ami d'enfance de la victime, décrivant dans Ce que j'ai vu, le moment où

Mazière et Campot amenèrent leur « prussien » jusqu'au lac desséché pour procéder à la crémation,

dans l'hystérie générale.

« Nous avons fait griller à Hautefaye un fameux cochon ! »

Les enquêtes policières mènent finalement à 21 inculpations et jugement, reconnaissant

quatre protagonistes principaux ayant orchestré la mise à mort, les 17 autres inculpés ayant

davantage tenu un rôle agentique. Mais ce qui intéresse davantage l'angle sous-lequel nous avons

décidé d'apprécier le travail d'Alain Corbin ne tient pas tant dans les détails du procès, ou les quatre

condamnations à mort ayant été prononcées, mais plus encore l'« équation victimiaire » élaborée par

l'auteur pour justifier un point fondamental. En effet, les actes se déroulent en plein jour, dans un

village fréquenté, mais personne ne semble s'interposer hormis les amis de Monéys, le curé de

Hautefaye, et le Maire dans une bien moindre mesure. Tout repose sur l'accusation : prétendre que

Monéys fut légitimiste n'aurait permit la justification de la mise à mort, mais faire de lui un

républicain justifie toute l'initiative. En effet, pour Alain Corbin : « noble + républicain =

prussien ». Autrement dit, il y a une mise en adéquation avec le contexte de tension, justifiant le fait

que « les auberges regorgeaient de monde ». Cela rend édifiante l'extrême passivité de tout

Hautefaye, paisiblement attablée en terrasse, profitant du spectacle sanglant, et justifierait dans une

moindre mesure la lâcheté du Maire qui, après avoir fébrilement tenté de venir en aide à Alain de

Monéys, se contente de suivre le cortège, drapé de son écharpe officielle. Le procès rapportera que

ce dernier dit aux agresseurs durant la troisième phase du supplice : « Mangez-le si vous voulez ».

2)2) «« Voyez comme cela grille bienVoyez comme cela grille bien », les retentissements de l'affaire», les retentissements de l'affaire

Cet appel encourageant l'acte anthropophage, supposément prononcé par le maire de

Hautefaye, nourrit et accompagne un lexique paysan largement lié au monde animal s'étant fait

entendre pendant, et suivant la longue exécution. La figure du cochon que l'on fait griller, des

hurlements du cochon pour commenter l'agonie de Monéys sur le bûcher, ou encore les mots de

ceux des participants à la crémation qui déplorent que tant de graisse soit ainsi gâchée, répondent à

l'échange : « – [les assaillants] Nous voulons le tuer, le faire brûler et le manger. – [le maire]

Mangez-le si vous voulez. ». Ces paroles résonnent dans la cour d'assise du 13 au 21 décembre

1870, et forgent les convictions autour d'un rite cannibale associé à cet « abominable forfait »

d'après les mots du Président des Assises de Périgueux. D'autant que les suspicions concernant le

cannibalisme endogène à cette affaire sont appuyées par les faits eux-mêmes. Rappelons-le, il

s'agissait d'une exécution déterminée, froide et décidée dès les premiers instants de l'agression,

puisque aucun retour en arrière n'était envisageable, aucune possibilité n'était laissée à la victime de

se faire entendre : en d'autres termes, les actions sont guidées le 16 août par une escalade

d'engagement10, la horde assassine ne prenant pas même la peine de procéder à un simulacre de

justice populaire, traduisant l'intention pure et simple de tuer Monéys, victime substitutive

accommodée en prussien pour rendre possible l'approbation générale et libérer la peur.

10 En sciences sociales, on appelle escalade d'engagement (escalation of commitment) « cette tendance que manifestent les gens à s’accrocher à une décision initiale même lorsqu’elle est clairement remise en question par les faits » : définition tirée de, R.V. Joule et J.L. Beauvois, Petit traité de manipulation à l'égard des honnêtes gens, Presses Universitaires de Grenoble, 1987.

Bien que le procès, et Alain Corbin par

la suite, aient convenus de l'absence d'actes

anthropophages sur la personne d'Alain de

Monéys, l'historiographie11 et l'imaginaire

social12 entourant cet événement ont

longtemps prit parti de cette possible

« cannibalisation » des périgourdins de

Hautefaye. Dès lors, pourquoi semble-t-il

séduisant d'ajouter à l'horreur des actes le

mythe d'un village de cannibales ? Et

comment perçevons nous le cannibalisme ? Nous pouvons nous référer à la définition que fait

Mondher Kilani, professeur à l'Institut d'Anthropologie et de Sociologie de l'Université de

Lausanne, dans Études sur la mort - Thanatologie, « Le Cannibalisme, une catégorie bonne à

penser » : « Reposant sur le présupposé de l’altérité extrême, il épouse souvent les traits du

monstre ou du diable. Sauvage intégral, radicalement autre, le cannibale échappe à l’humanité. La

seule évocation de l’homme dévorant son semblable suscite l’horreur et la peur panique d’être

mangé. De l’angoisse à l’interdit, l’insoutenable devient inconcevable, et le répugnant

impensable. ». Cela renvoie à une représentation populaire du paysan cannibale, de la sauvagerie

primitive entourant un milieu perçu par des critères répondant à un besoin de marginalisation,

puisque la marge fascine. La notion d'anthropophagie trouve également une résonance particulière

dans l'imaginaire des bas-fonds de l'humanité, puisqu'elle augure un des interdits fondamentaux de

ce qui fait la civilisation : en effet, la pérennité de nos sociétés fut assurée par des prohibitions

sociales majeures, touchant à l'inceste, à l'homicide, au suicide et au cannibalisme13.

Sociologiquement, la perception du cannibalisme est fondée à partir d'un socle de vérité, puisque sa

pratique en tant que rite est avérée dans certaines sociétés, ou dans certains faits criminels à l'instar

de ce que fut Joseph Vacher14. Pour autant, il s'agit d'une pratique socialement prohibée, bien que

constituant d'après Claude-Levi Strauss un instinct primaire commun à tout homme. Puisque cet

instinct primaire fut ceint par des interdits sociaux et qu'il n'est pas concevable de s'y adonner, le

fantasme demeure l'unique moyen de libérer cette nature endormie de l'Homme. Le massacre

11 La presse locale de l'époque (Le Nontronnais dès le 20 août). Ou encore l'ouvrage de Jean Teulé, Mangez-le si vous voulez, édité en 2009, qui reprend à son compte la théorie du cannibalisme à Hautefaye, affirmant de sordides « tartines de graisse humaine » et autres « brochettes de testicules ».

12 Rumeur relayée par les villageois, et prenant appui sur des personnages comme l'oncle de la victime, parlant d'une « menace des cannibales » dans une lettre écrite le 22 août 1870.

13 Théories massivement développées par l’anthropologue et ethnologue français Claude Levi-Strauss. Cf : Les structures de la parenté (1949), Tristes tropiques (1955), La pensée sauvage (1962), Nous sommes tous des cannibales (2013, œuvre posthume).

14 Joseph Vacher (1869 – 1898), surnommé le « Jack l'éventreur du sud-ouest », fut soupçonné d'avoir consommé certains organes prélevés et manquants au moment des autopsies, sur la trentaine de victimes qu'il fit entre 1894 et 1897.

d'Alain de Monéys semble alors ne pas se suffire à lui seul, et le besoin d'exprimer une fascination

naturelle pour les bas-fonds de l'humanité se traduit par une représentation des paysans de

Hautefaye sous les traits de monstres sanguinaires, inhumains et anthropophages, quand bien même

aucun acte de cannibalisme n'ait été perpétré. Aujourd'hui encore, le souvenir du « dernier des

massacres nés de la fureur paysanne » perdure – en grande partie – au travers du mythe d'un village

qui fut collectivement et temporairement cannibale.

CONCLUSION

Le drame de Hautefaye fut, à bien des égards, un geste idéologique : « Dante a bien raison

de dire que l'homme a, parfois, une luxure plus hideuse, la luxure du sang. […] Le crime de

Hautefaye est un crime en quelque sorte tout politique » écrit en 1871 Charles Ponsac, un

journaliste républicain. Il fut bâti avec sa cohérence et sa logique propre, relevant d'un système de

pensée et de représentation autonome, non d'une irrationalité discriminante ayant prit le

cheminement improbable d'une mise à mort publique. L'ombre d'incompréhension planant sur le

crime de Hautefaye tient, d'après Alain Corbin, en ce que les circonstances du moment du crime, les

modalités de la psychologie de groupe, et ce qui aurait pu constituer des mobiles – recevables ou

non – furent quoi qu'il en soit disqualifiés : désapprobation impériale, désapprobation de la justice,

désapprobation de la société enfin, qui excluent irrévocablement les agissements du domaine de la

rationalité.

D'autre part, nous noterons que Alain Corbin fut l'unique historien à s'être intéressé à

l'affaire de Hautefaye d'une telle sorte, et nous ne manquerons pas de nous en étonner. Il fallut

120ans pour qu'une étude soit ordonnée dans la direction du sensible et du social, pour que le drame

soit, non pas élucidé, mais que ses motivations et les mécanismes l'ayant régis trouvent un

éclaircissement. Du reste, nous disions de notre auteur en introduction qu'il avait fondé sa carrière

sur l'étude de l'histoire sociale, des sensibilités et des représentations. Dès lors, ne pourrions-nous

pas supposer que l'enquête de réhabilitation que mena Alain Corbin pour constituer son Village des

« cannibales » n'ait pas été le produit d'un parti-pris initial ? Ayant grandi dans la petite commune

de Lonlay-l'Abbaye en Normandie, il est issu d'un milieu rural, et cela constitue sans doute un des

déterminismes du scientifique, en ce sens qu'une inclination naturelle qu'il aurait développé dans le

cadre de ses études qu'intéressent le sensible, le social et le populaire, transparaît dans ses

productions historiques. Cette inclination naturelle peut être perçue dans l’œuvre de sa carrière, et

dans la rigueur qu'il consacre à l'explication des fondements de l'affaire de Hautefaye d'une part, à

l'éradication du mythe des paysans cannibales d'autre part.

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrage de référenceOuvrage de référence

A. CORBIN, Le Village des « cannibales », Paris, Flammarion, Champs histoire, 1990.

Lectures complémentairesLectures complémentaires

R.V. JOULE & J.L. BEAUVOIS, Petit traité de manipulation à l'égard des honnêtes gens,

Presses Universitaires de Grenoble, 1987.

M. KILANI, « Le cannibalisme. une catégorie bonne à penser. », Études sur la mort 1/2006

(no 129) , p. 33-46. [en ligne] : www.cairn.info/revue-etudes-sur-la-mort-2006-1-page-33.htm.

consulté le 17/11/2015.

A. COLLOVALD & F. SAWICKI (dir.), dans Politix, « Le populaire et le politique (1) - Les

usages populaires du politique, Corbin (Alain), Le village des cannibales, Paris, Aubier, 1990 »,

1991, volume 4, numéro 13, pp. 95-98. [en ligne] : http://www.persee.fr/doc/polix_0295-

2319_1991_num_4_13_2154. Consulté le 11/11/2015.