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Frédérique Lagny Documentation artistique

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Frédérique LagnyDocumentation artistique

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__ sommaire

À qui appartiennent les pigeons ? Texte critique de Jean Cristofol

Notes photographiques Collages

Vanishing point

Yours truly Sogo faga yöro

Next to nothing

Odexeice

Photographies inédites

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À qui appartiennent les pigeons ? nous confronte au portrait croisé de deux personnages, un conteur et un dormeur, l’homme de la parole et celui du silence, à leurs gestes et à leurs paroles, et d’abord simplement à leur existence, à leur présence. Il est question de l’Afrique, de la folie et de l’Histoire au travers de la réalité singulière de deux personnes, tout à fait réelles, considérées en tant que telles et pour ce qu’elles sont, mais filmées comme des performers, c’est à dire comme des artistes qui font œuvre par ce qu’ils font, par la situation qu’ils créent, par leurs actions ou leurs paroles.

En puisant son inspiration dans la littérature de Mongo Beti et de Sony Labou Tansi, l’écriture filmique se revendique circulaire et répétitive et use du stratagème d’un théâtre sans théâtre pour obliger le regard. Le rythme du montage et de la bande son sur le thème des errances d’une mémoire rêvée ont été envisagés comme une respiration, dans un enroulement.

Le travail de création sonore inspiré des Imaginary landscapes de John Cage a complété le processus de mise en œuvre du projet.

À qui appartiennent les pigeons ?Film, Burkina Faso-France (2012), vidéo HD couleur, son 5.1, durée : 39’

Projet réalisé suite à une recherche artistique ayant reçu l’aide du Centre national des arts plastiques dans le cadre du «soutien pour le développement d’une recherche artistique», de la Fondation Nationale pour les Arts Graphiques et Plastiques (allocation exceptionelle de recherche), avec le concours et le soutien de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (dispositif du CAC arts visuels) et de l’Institut Français en Région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

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Photogrammes

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Texte critique de Jean Cristofol philosophe, épistémologue, enseignant à l’ESA Aix-en-Provence.

À qui appartiennent les pigeons ? (2012) est un film vidéo qui s’inscrit dans une démarche développée depuis près d’une dizaine d’années au Burkina Faso par Frédérique Lagny. De ce point de vue, il peut être considéré comme le dernier élément d’un ensemble qui se compose de diverses pièces, dont les deux principales sont des installations, l’une photographique (Yours Truly - 2007), l’autre vidéo (Vanishing point - 2009), auxquelles s’ajoutent une grande quantité de documents et de réalisations, essentiellement des séries de photographies. Formellement, À qui appartiennent les pigeons ? est le premier film de cette aventure, au sens d’un objet auquel on doit reconnaître un caractère cinématographique, en tout cas un objet filmique qui se tient davantage du côté du cinéma que de l’installation vidéo. Le fait que le film s’inscrive dans une aventure «au long cours» est important à mes yeux. D’abord parce que, si il s’agit bien d’une pièce parfaitement autonome, elle existe aussi dans sa relation à une démarche riche et complexe qui lui donne son espace de respiration, ou qui contribue à dessiner la perspective imaginaire dont elle ne révèle qu’un aspect et dont elle constitue un moment. Ce moment me parait être celui d’une écoute ou d’une réception, un moment consacré à recevoir les récits poétiques et les gestes des deux personnages qui sont les protagonistes du film.

La deuxième raison pour laquelle cette inscription dans un temps long et dans un ensemble de pièces de natures différentes me semble importante, c’est qu’elle éclaire le statut d’une réalisation qui, tout en relevant d’une forme de type cinématographique, est profondément marquée par le fait qu’elle prend place dans la démarche d’une plasticienne et qu’elle en poursuit la logique. La dimension plastique est donc ici essentielle, mais, au delà du caractère pictural des images, elle consiste d’abord dans la façon dont ce qui relève de «l’intention» est mis en oeuvre, dans la démarche d’un film qui est pensé comme un objet, et un objet qui vaut pour lui-même et non comme un vecteur de communication.

Peut-être la première difficulté, tout autant que le plaisir que nous donne ce film, se trouvent-ils dans la façon dont il se livre au regard, dénué du recouvrement par le discours et le commentaire, dans une sorte de nudité plastique qui nous place immédiatement face à ses deux acteurs. C’est une difficulté simplement parce que nous avons l’habitude d’accéder aux personnages des films par le biais des informations qui nous sont données sur leur identité, leur rôle, leur caractère, des traits identifiables qui nous permettent de les comprendre, c’est-à-dire de les ranger plus ou moins clairement, plus ou moins consciemment, dans une catégorie. L’absence d’une forme discursive dans laquelle le film pourrait se construire, sur laquelle il devrait s’appuyer, sa façon de ne pas inscrire la narration dans son contexte, ouvre sur une logique de la construction qui puise uniquement dans la matière des images et du son.

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1 a L’émergence du socialisme2 a Menace contre l’Égypte3 a L’Égypte au jour du seigneur 4 a Naissance de jésus5 a Le royaume de Dieu (l’insignifiance du commencement)6 a Pour que la tenue du combat tienne7 a Chacun reçoit sa part8 a Dieu veut le salut de tous9 a Le Dieu très haut comme protecteur10 a Dieu venge les gabaonites 11 a Les cassolettes des partisans de Gorée12 a Jésus oriente vers Dieu13 a Le Dieu qui ne change pas14 a Le Dieu d’Israël est juste15 a La chute d’un faux Dieu16 a La louange des hommes de Dieu17 a S’accrocher à Dieu18 a Merveilleux amour de Dieu19 a Le juste jugement de Dieu20 a Enfant d’Adam et enfant de Dieu21 a Écouter Dieu (attachement indéfectible au seigneur)22 a Chercheur de Dieu23 a Psaume 10224 a Pour la maison de notre Dieu25 a Le réveil du peuple de Dieu 26 a Être riche pour Dieu27 a Deux mesures importantes28 a Une bonne nouvelle aujourd’hui29 a Nous sommes devenus une même plante avec lui30 a Héritier par la foi31a David roi fidèle et généreux32 a Construction de deux maisons33 a Sagesse et opposition34 a Donner à celui qui a 35 a Pour une gestion fidèle36 a La foi en question37 a La justice supérieure (attention à la chair)38 a Psaume 10039 a L’ennemi persévère40 a Deux forces opposées41 a Mathar Mbow42 a A happy new year43 a Mr Sagï likes sport44 a Moussa write to Ben45 a Guardening 48 a Big towns46 a The ghost47 a Mr Toure’s beautiful house48 a Big towns 49 a The celebration50 a Mariages were arranged in the passed 51 a At the zoo 52 a Meeting grand father53 a The best tailor54 a Modern style saloon55 a At the cinema56 a Travelling by train57 a Thirty thousand feet above the ground58 a Shopping in Ouagadougou59 a Halima writes to her friend60 a A science lesson

61 a Ali62 a The excellence63 a Hamilton64 a Titan65 a La nature et les hommes 66 a La révolution russe67 a L’Afrique Orientale au début du 19e siècle et l’Éthiopie68 a L’Afrique Occidentale au début du 19e siècle 69 a La natalité70 a La mortalité71 a Les molécules72 a L’immigration73 a Les particules élémentaires74 a Situation démographique du globe75 a L’Irak76 a Aman en Jordanie77 a Ditanies78 a La crise de 192979 a The flag80 a La récession dans l’économie81 a L’empire Songhaï82 a Awa83 a Le petit chaperon rouge84 a Au bord de la rivière85 a World fashion86 a Violence dans les banlieues87 a Race and cruise88 a Das kint89 a Le désert d’Atacama90 a Though you A(re) no more91 a Les vêtements des prêtres92 a L’Hymalia Obama Hussein93 a Mr and Mrs Diallo go to the supermarket94 a Itokawa95 a Moussa’s timetable96 a Le changement d’état97 a L’écologie98 a I will stand by you99 a Salutations à Paul100 a Agitation autour d’un vieux roi101 a Strange currencies

Chapitre AB,les références de Tunis, Tripoli et Alger

Chapitre ACle Maroc, le mouvement indépendantiste du front polizario

Chapitre A,l’Égypte, les pharaons d’Afrique venus de l’Égypte

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D’une certaine façon, il n’y a pas de message dans ce travail, pas de discours adressé à un public qu’il s’agirait de convaincre, pas d’information destinée à nourrir une connaissance discursive de l’Afrique, ou de la folie, ou de l’Histoire.

Le film ne défend pas une thèse ou une interprétation, il nous confronte à deux personnages, à leurs gestes et à leurs paroles, et d’abord simplement à leur existence, à leur présence. Il n’y a pas là d’explication qui nous dirait ce que nous devons penser de ce à quoi nous sommes confrontés, pas plus qu’il n’y a de morale tirée à la fin de «l’histoire». Il n’y a pas d’analyse explicitée, ni même d’agencement habile des éléments que le spectateur serait prié d’assembler pour retrouver après coup le «discours» du film. On ne nous propose pas d’admirer ou de plaindre, de nous indigner ou de condamner, d’admirer ou de rejeter, on ne nous enjoint pas à ressentir telle ou telle émotion que le film entreprendrait de transmettre, qu’il articulerait comme un envoi que nous devrions recevoir. À qui appartiennent les pigeons ? nous place d’abord «devant». Nous nous trouvons devant un bloc d’impressions, de sensations, d’émotions, qui nous sont données à recevoir, à partager, à penser à partir de nous mêmes, sans enveloppe interprétative qui les contiennent et nous en donne la clé.

La force de ce film est évidemment qu’il soit aussi peu «littéraire», qu’il soit aussi radicalement construit contre la tentation d’une rhétorique de la conviction, contre la production d’une parole qui recouvre la parole que la caméra capte, qui recouvre les corps que la caméra saisit et dont elle s’imprègne, qu’elle accueille, qu’elle travaille et articule dans leur matière, mais qu’elle s’efforce de ne jamais réduire. C’est un vrai travail de construction, de montage, de composition, qui se tient sur le fondement d’une double exigence : ne pas réduire le film à un simple jeu formel, mais ne pas le ramener à un discours «autorisé» et supérieur, la parole de l’auteur comme parole de celui qui sait. Il y a de ce point de vue une violence de À qui appartiennent les pigeons ? mais ce n’est pas la violence de ce qui est montré, de ce qui est dit, de ce qui est donné comme un discours, c’est la violence du geste même d’accueillir ces corps et cette parole, de se mettre au plus près de la peau et des mots, sans les recouvrir d’un sens qui vienne les contenir, les soumettre, les ramener à l’ordre d’une parole orientée, recevable, avec laquelle nous pourrions être d’accord, ou ne pas être d’accord. Ici, il n’est pas question d’être d’accord ou pas, il est question de devoir faire avec. La seule injonction qui nous est faite est de nous mettre en situation de devoir nous débrouiller avec ces personnages, de les recevoir à partir de ce que chacun d’entre nous est capable de produire, à partir de notre propre capacité à les saisir - à les accueillir - ou à les laisser où ils sont, à les renvoyer à la question qu’ils nous posent par leur simple présence, par ce que le film construit de leur présence, de leur fréquentation, du temps passé à les côtoyer, à les reconnaître comme des personnes à part entière, des personnes dont le cas n’a peut-être pas à être aussi facilement que ça réglé par les principes fabriqués de nos propres certitudes. Et il est bien question de l’Afrique, de la folie, de l’Histoire. Mais c’est au travers de la réalité singulière de deux personnes, tout à fait réelles, considérées en tant que telles et pour ce qu’elles sont, mais filmées comme des acteurs ou plutôt comme des actants, Frédérique Lagny dira : comme des performers, c’est à dire comme des artistes qui font oeuvre par ce qu’ils font, par la situation qu’ils créent, par leurs actions ou leurs paroles. C’est important pour plusieurs raisons. D’abord, cela signifie que leur présence dans le film est tenue comme un travail, comme une contribution, une collaboration. Ils ne sont pas des témoins, il ne sont pas non plus les objets d’une création qui leur serait entièrement extérieure. Ils sont partie prenante du film auquel ils apportent la matière, mais une matière qui est déjà travaillée, et travaillée par eux-mêmes. Ce travail est évident chez Gaoussou Ouattara, le poète philosophe, l’homme de parole et de dessin.

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Dessin au Bic de Gaoussou Ouattara, non daté.

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Il est moins manifeste chez Boukary Kaboré, le dormeur, celui dont les doigts rythment des musiques qu’on entend pas, ou fabriquent d’étonnants et mystérieux paquets qui sont comme des sculptures aux couleurs plastiques.

C’est évident chez Gaoussou Ouattara parce qu’il construit, il suit une voie, il développe une oeuvre, ou le rêve impossible d’une oeuvre. Ce qui est plus difficile pour nous spectateurs, c’est que nous ne sommes pas nécessairement les destinataires de son travail, et que nous ne pouvons pas être sûr non plus qu’il y ait vraiment des destinataires à une parole qui semble s’enrouler dans ses propres schémas, dans le décompte de ses éléments, dans les jeux de symétrie des labyrinthes dont elle suit les méandres. C’est une parole qui se construit, mais en boucle et par circonvolutions, dans le dénombrement de ses propres effets de bouclage. Entre arithmétique comptable et conceptualisation philosophique, c’est une parole savante. Plus exactement, c’est une parole qui s’affronte à la parole savante comme à ce qu’elle ne peut pas être exactement, ce par rapport à quoi elle se trouve en écart, en défaut mais en grande fascination, et ce qu’elle affronte par un exercice virtuose de mimétisme. Ici, l’invention est imitatrice et le ratage est la source d’une formidable inventivité poétique. Gaoussou Ouattara aime les mots, il ne se contente pas d’être fasciné par le savoir, par les études qu’il a faites, il y a déjà longtemps, et la figure de ce qu’il aurait pu être et qu’il n’est pas. La faille qui l’a rejeté en dehors de cette figure est peut-être ce qu’il tente sans cesse de retracer dans un exercice qui ne manque ni de force, ni d’élégance, et qui témoigne du fait qu’il n’est pas si emmuré que ça, puisqu’il capte, de là où il est, les mutations du monde qu’il réintroduit dans le jeu de sa parole. Gaoussou Ouattara est d’un sérieux imperturbable, mais il manifeste parfois un art de la farce et de la formule cocasse qui laisse pantois. Et qui nous renvoie, brutalement, à notre propre réalité, au discours savant par lequel l’occident construit sa légitimité. Acteur, il l’est, jusque dans l’oubli peut-être feint de la caméra qui le filme. Boukary Kaboré oppose à la parole du conteur un silence derrière lequel il semble entièrement retranché. Lui ne joue pas, ou au dedans de lui-même, dans l’espace intérieur qui l’habite et dont on perçoit les échos par le rythme que ses doigts battent, par les empaquetages qu’il fabrique, paquets de paquets, tas d’éléments resserrés sur eux-mêmes, tresses plastiques, couches accumulées de sacs ramassés au hasard et serrés comme les vêtements dans lesquels il s’enroule. Etrange construction qui oscille entre bijou et ordure, entre entassement et labyrinthe. Reste à comprendre ce qui se joue dans la relation de ces deux là, ou plutôt dans la relation que le film construit entre celui qui dit et celui qui dort, l’homme de la parole et celui du silence, l’enroulement des mots et celui des sacs et des paquets. Qu’est-ce qui se met en scène et qu’est-ce qui se dit de la perte et de l’échec dans ce parallèle ? C’est d’une certaine façon la question flagrante que le film présente comme le coeur de sa construction, l’agent de l’équilibre qu’il établit entre deux figures et deux rythmes, entre la fébrilité de l’un et l’inertie de l’autre. Ce qu’on ne peut pas s’empêcher d’associer à deux figures de l’Afrique et de l’Histoire coloniale, deux formes de l’impossibilité d’être entièrement soi, mais aussi deux façons d’être recouvert et nié par l’image qu’on projette sur vous. À ce moment là certainement, À qui appartiennent les pigeons ? ne parle plus de l’Afrique, mais bien davantage de l’Europe et de l’Occident.

Jean Cristofol, août 2013.

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Collages

En résonnance avec le film À qui appartiennent les pigeons ? les Collages transposent les traces d’un imaginaire culturel urbain qui juxtapose et affiche à égalité les grandes figures politiques de l’indépendance, les musiciens de légendes, les réferences chrétiennes ou musulmanes et les personnages de la saga Disney ou des marques. Un mode d’écriture automatique a conduit le travail au hasard des promenades dans les villes de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Les prises de vue ont été réalisées en surimpression au boîtier argentique sans agencement préconçu.

Les dimensions finales et la technique d’impression sont variables.

Photographie, Burkina Faso (2011-2013)Co-production en diffusion Institut Français de Bobo Dioulasso.

Document d’archive : exposition à l’Institut Français de Bobo Dioulasso, mars 2014, (tirage sur bâche 5.30 x 1.30 m)

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Notes photographiques

Travail préparatoire au film À qui appartiennent les pigeons ? les Notes photographiques répertorient sur le mode documentaire les signes de l’expression populaire dans les villes de Ouagadougou et Bobo Dioulasso. Elles prolongent aussi la question du paysage abordée avec Vanishing point en reflètant la qualité architecturale éphémère des zones extra-urbaines dites non-loties.

Dispositif à dimensions variables, jeu de 60 photographies.

Photographie, Burkina Faso (2010)Co-production en diffusion, Institut Français de Bobo Dioulasso.

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Co-producteur associé, Charleroi-danses, Centre Chrorégraphique de la Communauté Française de Belgique. Co-producteurs en résidence, Centre Culturel Français Henri Matisse, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso / Le Studio, CECN2, Théâtre du Manège, Scène Nationale à Maubeuge, France. Avec le soutien de l’Ambassade de France en Belgique et de Condor Digital Bruxelles.

Installation vidéo, Burkina Faso-Belgique (2009)Vidéo HD couleur, son 5.1, boucle 19’35’’

Vanishing point

Vanishing Point s’attache aux phénomènes d’exclusion qui frappent certaines femmes dans le contexte actuel du développement urbain et économique des grandes villes en Afrique de l’Ouest. Restitué sous forme d’un triptyque vidéo Vanishing Point interroge les formes de cette exclusion par l’association d’un regard sur l’architecture de la ville et sur le corps des femmes au travail.

Le dispositif est complété avec la retranscription d’entretiens directs menés en marge du tournage, présenté et imprimés sur papier affiche au format A0.(versions FR/ENG/MOORE).

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Je viens d’un autre pays ; Ziniaré ; je m’appelle Salamata Ilboudo ; mon chef de famille est décédé en me laissant avec les enfants ; cela fait quatre ans ; le plus âgé des enfants est un garçon mais il n’est pas en âge de travailler.

Et moi, je suis ici pour racler les cailloux et me charger de nous nourrir. Parfois je gagne quelque chose parfois je ne gagne rien.

Je m’appelle Salamata Ilboudo ; j’ai quarante cinq ans. Cela fait environ neuf ans que je fais ce travail ; si je gagne quelque chose c’est pour la nourriture ; mes enfants aimeraient m’aider mais le plus grand n’a pas de travail ; si je reste assise pour vendre quelque chose personne ne viendra m’acheter. Donc je suis obligée de venir racler ici ; la fatigue est là, je suis fatiguée mais si on veut manger je dois faire ce travail.

Je peux ne rien gagner si par exemple des voleurs passent derrière moi ou que je ne vends pas. Je peux travailler quatre jours pour remplir une charrette sans que personne ne vienne acheter mes cailloux ; il y a aussi des jours où je n’ai rien quand les charrettiers passent ; si ils viennent et que tu es là, c’est mille francs CFA [1,5 euro ]. la nourriture est devenue chère ; on ne peut accèder ni au maïs ni au riz.

Les soins on en parle même pas ; si tu tombes malade tu restes couchée à la maison jusqu’à ce que tu puisses reprendre ; souvent tu perds la voix. Tu travailles trois ou quatre jours pour remplir une charrette sans être sûre qu’on te l’achète ; donc tu vas dormir sans manger et tu reviens le lendemain ; souvent le tabac et la kola s’achète à crédit ; si tu gagnes un peu tu rembourses tes crédits et tu penses à cuisiner ; si le gain par malheur se limite à une charrette cela ne suffit pas pour préparer à manger.

Notre souffrance s’explique par des objectifs. Par exemple pour les condiments de tous les jours il faudrait avoir un fonds pour démarrer et vendre au marché ; alors que si tu te lèves le matin pour acheter un bidon d’eau tu dépenses déjà ; les enfants te sollicitent aussi pour leurs besoins… Si tu viens passer la journée ici, par la grâce de Dieu tu auras la chance d’avoir un petit quelque chose ; personne ne viendra acheter à une vieille comme moi.

Je ne veux rien ajouter ; je ne souhaite ni vêtements ni chaussures ; si ce n’est avoir de quoi donner à manger à mes enfants ; si je gagne quelque chose c’est pour manger et partager avec mes enfants ; c’est la priorité. C’est ce qui nous a conduit ici à faire ce travail.

Sinon pour l’argent il n’y a rien à faire, on en a pas.

Ilboudo Salamata, Ouagadougou, Février 2009.

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J’ai un mari mais c’est un vieux ; j’ai accouché sept fois mais mes enfants sont morts ; c’est pour cela que je me cherche petit à petit, je me débrouille ; personne ne cherche pour moi, je n’ai personne ; je suis ici depuis quinze ans ; il me reste un enfant qui n’a pas plus de dix-sept ans ; c’est mon seul enfant ; en ce qui concerne mon âge je ne le connais pas ; je ne connais pas mon âge mais je peux valoir soixante cinq ans.

On ne peut pas gagner quelque chose tous les jours ; il peut se passer trois jours avant qu’on vienne m’acheter pour mille francs cfa [1,50 euro] ; le matin à six heures, nous, nous sommes là ; le soir à cinq heures, on rentre ; c’est comme ca.

Je m’apelle Bibata, nom de famille Sini. Je suis originaire de Pissy, un quartier de Ouagadougou à côté de Goughin ; j’y suis née et j’y ai grandi aux côtés de mes grands-parents et tout ce qui s’en suit ; je travaille ici depuis plus de quinze ans ; je suis ici dans cette brousse il y a peut-être plus longtemps encore, j’ai du mal à l’évaluer. D’ici au village proche de Saaba il n’y avait encore rien de construit. C’était il y a très lontemps, très longtemps ; dire que cela vaut vingt ans ne serait pas mentir.

Mes enfants sont nés avant que je ne commence ce travail ; nous étions à Dassasgo ; quand notre parcelle a été lotie le chef de famille a vendu cette parcelle pour nous reloger ici dans cette zone non lotie ; à ce moment-là tous nos enfants étaient décédés.

La vie est dure ; vraiment dure ; si tu n’as rien tu ne peux pas aller te mettre avec les riches ; tu es là et le riche reste de son côté ; tu ne vas pas te lever le matin et rester chez toi à ne rien faire ; il faut aller chercher ; c’est ainsi. J’avais une co-épouse mais elle aussi est morte il y a trois ans en me laissant ses deux enfants ; j’ai donc trois gosses à charge aujourd’hui. Mon mari est très vieux, on ne peut pas compter sur lui, il faut donc que nous cherchions par nous-mêmes à subvenir aux besoins de la famille. Quand je me suis mariée la mesure de mil était à trois cent francs, avec cent francs tu pouvais manger ; mais de nos jours la nourriture est chère ; la mesure de mil coûte quatre cent cinquante francs auxquels il faut ajouter cent francs pour le moudre, cela fait cinq cent cinquante francs ; puis il faut acheter le bois et l’eau, enfin les condiments… La vie est dure ; c’est ce qui nous amenées ici ; si on arrive à gagner un peu d’argent cela suffit tout juste pour nous mettre quelque chose sous la dent.

On doit vivre comme cela ; jusqu’à ce que Dieu nous rapelle à lui ; si on sort chercher du travail à mon âge on te traite de sorcière ; de nos jours on n’engage que les jeunes ; il y a aussi le français, je ne le comprends pas, je ne comprends que le mooré, je ne suis pas allée à l’école ; c’est difficile de trouver du travail sans parler le français ; de nos jours si tu demandes de l’aide à quelqu’un une fois, deux fois, à la troisième fois il finira par te renvoyer ; c’est pour cela que nous sommes là à nous torturer ; c’est pour cela que nous sommes ici à travailler, pour avoir tout juste de quoi nous nourrir.

Mon seul enfant a des rhumatismes graves ; je l’avais inscrit à l’école mais j’ai dû l’en retirer il est toujours le dernier, je lui ai donc dit d’abandonner.

Sini Bibata, Ouagadougou, Février 2009.

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Documents d’archive : Haut : dispositif de l’installation aux Ecuries, studio de Michèle-Anne de Mey,Biennale de Charleroi-danses, Charleroi, Belgique, novembre 2009.Bas : photogramme triptyque vidéo.

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Yours truly

Yours Truly se compose de trente cinq portraits d’enfants burkinabè. Coproduit par le Centre chorégraphique de Charleroi-danses, Yours Truly est accueilli en 2007 dans l’espace de la Raffinerie à Bruxelles. Le face à face de la prise de vue est prolongé par le dispositif de l’installation. Les portraits – où l’absence d’ombres portées atteste du moment présent - sont imprimés pour être perçus à l’échelle 1/1. Suspendus dos à dos dans l’espace public d’un ancien bâtiment industriel, ils sont éclairés dans une intensité minimale. Le trente cinquième portrait, hors installation, présente le projet.

Photographie, Burkina Faso (2006-2007)Co-production Charleroi-danses.

Document d’archive, installation à la Raffinerie, Bruxelles, Belgique, novembre 2007.

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Documents d’archive, installation à la Raffinerie, Bruxelles, Belgique, novembre 2007.

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Sogo faga yörö

Sogo faga yörö est constitué de 210 photographies qui restituent le mouvement et la lumière autour d’un même lieu, les abattoirs de Bobo-Dioulasso, de l’aube au crépuscule, en posant un regard sur le quotidien des gens qui y travaillent. Mon souhait initial était de restituer dans les quartiers de Bobo Dioulasso Yours Truly pour y montrer les images qui y avaient été faites et la manière dont elles avaient été données à voir en Europe. Le faire sous forme de projections a permis d’associer à l’évènement ce travail de photographie documentaire mené en marge du projet durant deux années.

Les projections organisées aux abattoirs de Bobo ont été présentées et commentées en dioula par un animateur de radio.

Photographie, Burkina Faso (2006-007)Co-production en diffusion Institut Français de Bobo Dioulasso.

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Next to nothing

Next to Nothing questionne la mémoire individuelle du corps à travers la constitution de ses souvenirs. Six photographies en noir et blanc affichées sur des emplacements destinés aux informations administratives de la Ville sont ponctuées d’une septième image destinée exclusivement à l’espace public médiatique.

Installation dans l’espace public, photographie, Belgique (2005)Co-production Ville de Bruxelles, festival d'art urbain, Maiis.

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Next to nothing (suite)

Documents d’archive : impressions (3 m x 2 m) sur papier blue back, encres à solvant.Installation sur les panneaux administratifs de la Ville de Bruxelles, rue du Poinçon, Bruxelles, novembre 2005.Festival d’art urbain, Maiis, Ville de Bruxelles.

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Odexeice

Odeceixe – Odyssée - au-delà de la figure du loisir et du départ, interroge sur une plage du Portugal envahie par la brume et devenue théâtre de la déambulation des corps, le statut du temps et de l’être. Huit photographies, en couleur et en noir et blanc, recomposées en quatre diptyques et quatre triptyques, ont été installées sur les panneaux horaires des quais d’une gare où les trains ne s’arrêtent plus ou presque jamais.

Installation dans l’espace public, photographie, Portugal (2004)Co-production Ville de Bruxelles, Recycl’art, Belgique.

Documents d’archive, installation à la Gare de La Chapelle, Bruxelles, Belgique, 2004.

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Photographies inédites

City of expiration and regeneration

Appel à projet, Ville de Shenzen, Chine, 2007.Proposition pour un affichage public monumental intérieur et extérieur.

Le projet proposait de transposer l’émanation de la pensée taoïste au sein de la réalité contemporaine du progrès dans l’utilisation et l’application de ses préceptes à une expansion commerciale et aux progrès scientifiques comme autant de motifs conquis ou à conquérir.

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Biographie Frédérique Lagny

Frédérique Lagny vit et travaille en France, à Marseille.

Son travail é été récemment montré au Centre Régional d’Art Contemporain de Sète à l’occasion de la Nuit européenne des musées, au Centre Chorégraphique de Charleroi-danses en Belgique, au Goethe Institut de Ouagadougou et à l’Institut Français de Bobo Dioulasso au Burkina Faso.

Formée en peinture à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, elle a également obtenu une licence à l’UFR de cinéma et d’audiovisuel de l’Université Paris III Sorbonne Nouvelle. Lauréate du prix de peinture de la Ville de Vitry-sur-Seine en 1987 et de la Fondation de Beaux-Arts en 1988, différentes collections privées ou publiques – notamment la Ville de Paris – ont fait l’acquisition de ses œuvres.

Parallèlement à son activité artistique, Frédérique Lagny exerce comme directrice de production indépendante dans le domaine de l’audiovisuel en France comme à l’étranger.

BOURSES, PRIX et COLLECTIONS PUBLIQUES

DRAC Provence Alpes Côtes d’Azur, aide à l’achat de matériel, 2012.

Allocation de recherche, Centre national des arts plastiques, Paris, France, 2011.

Allocation de recherche, Fondation nationale pour les arts graphiques et plastiques, France, 2011.

Aide à Projet, CAC arts visuels, Région PACA, 2011.

Aide à résidence, Institut Français en Région PACA, 2011.

Aide individuelle à la création, rapporteur Nathalie Ergino ; DRAC Ile-de-France, France, 1992.

Prix Rocheron, École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, France, 1988.

Achat de la Ville de Paris ; Paris, France, 1988.

Prix de peinture de la Ville de Vitry-sur-Seine, France, 1987.

FORMATION

École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, diplômée avec les félicitations du Jury, 1988.

DERCAV, licence en cinéma et audiovisuel, Paris 3 Sorbonne-Nouvelle, 1988.

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EXPOSITIONS INDIVIDUELLES

Notes photographiques, Institut Français de Bobo Dioulasso ; Burkina Faso, février-mars 2014.

Vanishing point, Biennale de Charleroi-danses ; Charleroi, Belgique, novembre 2009.

Sogo faga yöro, Institut Français de Bobo Dioulasso ; Burkina Faso, janvier 2009.

Yours truly , Charleroi-danses, Bruxelles, Belgique, octobre 2007.

Peintures, Galerie des Beaux Arts ; Paris, France, 1989.

Peintures, Galerie de la Ville de Vitry-sur Seine ; France,1988.

INSTALLATIONS DANS L’ESPACE PUBLIC

Vanishing point, Nuit de l’Instant, Marseille, France, avril 2010.

Vanishing point, Institut Français, Bobo Dioulasso, Burkina Faso, février 2010.

Next to nothing , Ville de Bruxelles, festival d’art urbain Maiis ; Bruxelles, Belgique, décembre 2005.

Odeceixe , Chappelle des Brigittines ; Bruxelles, Belgique, juin 2005.

Odeceixe , festival d’art urbain Recycl’art ; Bruxelles, Belgique, novembre 2004.

PROJECTIONS

À qui appartiennent les pigeons ?

Séminaire d’anthropologie visuelle, EHESS, à l’invitation de Jean Paul Colleyn, Paris, mars 2014.

Shortcuts, groupe de travail sur le théâtre et le cinéma, Paris, mars 2014.

Institut Français, Bobo Dioulasso, Burkina Faso, février 2014.

Semaine Asymétrique, Polygone étoilé, Marseille, novembre 2013.

Sangria for yaya, projection organisée par Nicolas Barrié, Paris, octobre 2013.

Nuit Européenne des musées, Centre Régional d’Art Contemporain de Sète, mai 2013.

La cie, Marseille, avant-première, avril 2013.

Vanishing pointGoethe Institut, Ouagadougou, Burkina Faso, janvier 2011.

Yours truly et Sogo faga yöro adaptés pour des projections dans le quartier des abattoirsAbattoirs de Bobo Dioulasso, avec le concours de Cinomade.Co-production en diffusion Charleroi-Danses et Institut Français de Bobo Dioulasso, janvier 2009.

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EXPOSITIONS COLLECTIVES

©404 ; projet collectif d’artistes, Paris, France, 1994.

Salon de Montrouge ; Paris, France 1991.

Salon de la Jeune Peinture ; Grand Palais, Paris, France, 1990.

Salon de Montrouge ; Paris, France, 1990.

Ecole des Beaux-Arts de Budapest ; Budapest, Hongrie, 1988.

Médiathèque de l’Université de Paris III, Sorbonne Nouvelle, Paris, France, 1987.

FILMOGRAPHIE

À qui appartiennent les pigeons ?

Film, 39’, vidéo HD couleur, Burkina Faso-France (2012). Projet réalisé avec le soutien du CNAP (allocation de recherche), de la FNAGP et de la Région PACA.

Vanishing point

Installation vidéo, 19’35’’, vidéo HD couleur, Burkina Faso-France-Belgique (2009). Co-production Charleroi-danses, Belgique, CECN2 Le Studio Maubeuge, France. Co-production en résidence, Institut Français de Bobo Dioulasso, Burkina Faso. Avec le soutien de l’Ambassade de France en Belgique.

DOCUMENTATION ARTISTIQUE EN LIGNE

Documentation artistique publié en ligne sur ISSUUhttp://issuu.com/fredlagny/docs/doc_art_lagny

À qui appartiennent les pigeons ? http://www.frederiquelagny.com/VIDEO/pigeons/MP4_1024x576_35.html

Vanishing pointHaute définitionhttp://www.frederiquelagny.com/VIDEO/highres/vpointhigh.htmlBasse définitionhttp://www.frederiquelagny.com/VIDEO/lowres/vpointlow.html

Siteshttp://www.frederiquelagny.com/

À venir : site documents d’artistes Région PACA