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Année 2009 Pour le DIPLÔME EN OSTÉOPATHIE (D.O.) Présenté et soutenu publiquement Le 15 septembre 2009 À Montréal Par DUGUAY-LEFEBVRE, Renaud Né le 13 août 1974 à Greenfield Park, Canada LE TRAITEMENT OSTÉOPATHIQUE DE LA MALADIE DE DUPUYTREN PAR NORMALISATION FASCIALE Membres du jury Président : VOYER, Guy D.O. Assesseurs : DUFRESNE, Carl D.O. DURAND, Véronique D.O. MALLETT, Dominic D.O. MICHEL, Daniel D.O. SANDERSON, Éric D.O. TURMEL, Serge D.O. Directrice du mémoire : Véronique Durand D.O.

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Année 2009

Pour le

DIPLÔME EN OSTÉOPATHIE (D.O.)

Présenté et soutenu publiquement

Le 15 septembre 2009

À Montréal

Par

DUGUAY-LEFEBVRE, Renaud

Né le 13 août 1974 à Greenfield Park, Canada

LE TRAITEMENT OSTÉOPATHIQUE DE LA MALADIE DE DUPUYTREN PAR

NORMALISATION FASCIALE

Membres du jury

Président : VOYER, Guy D.O.

Assesseurs : DUFRESNE, Carl D.O.

DURAND, Véronique D.O.

MALLETT, Dominic D.O.

MICHEL, Daniel D.O.

SANDERSON, Éric D.O.

TURMEL, Serge D.O.

Directrice du mémoire : Véronique Durand D.O.

Daniel Turcotte
Texte surligné

II

PRÉLECTEUR

LUC GAGNON D.O.

III

REMERCIEMENTS

À ma directrice de thèse Véronique Durand D.O., pour sa détermination et sa

conviction.

À Luc Gagnon D.O., pour le temps consacré à la prélecture et pour m’avoir toujours

rappelé de regarder vers le haut et de viser le sommet de la montagne.

À Luce Duguay, pour m’avoir aidé à concrétiser l’expérimentation et pour m’avoir

soutenu tout au long du projet.

À Arianne Adam-Poupart et Étienne Juneau, pour m’avoir permis d’apprivoiser le

monde des statistiques.

À Stéphanie Fortin, François Thibault et Jocelyne Pellerin, pour la correction des

textes.

Aux nombreuses personnes qui ont participé à la réalisation de ce projet et qui m’ont

encouragé tout au long de ce travail.

À Yan Lassalle et Dominique Gagné, pour les photos.

À Fannie Duguay-Lefebvre, pour ses conseils et son support graphique.

À John pour la traduction de la préface.

À tous les participants de l’étude.

À Monsieur Jacques Gagné, pour l’impression du document.

À Monsieur Guy Voyer qui, tout au long de notre formation, s’est dévoué corps et

âme pour faire de nous des ostéopathes passionnés.

Merci.

IV

HYPOTHÈSE DE RECHERCHE

Le traitement ostéopathique des fasciæ de la main et du membre supérieur sous forme

de chaîne fasciale augmente l’amplitude d’ouverture de la main chez les patients

atteints de la maladie de Dupuytren.

V

RÉSUMÉ

Ce projet de recherche est un essai clinique de type plan à mesure répétée visant à

mesurer objectivement les changements des paramètres fonctionnels du poignet et des

doigts suite à des traitements ostéopathiques par approche de normalisation fasciale

de l’épaule, du bras et de la main. Le changement de qualité tissulaire observé lors

des traitements sera aussi évalué et servira de donnée subjective.

L’expérimentation sera réalisée sur 16 sujets (23 mains), âgés de 38 à 67 ans,

souffrant de la maladie de Dupuytren. Les sujets feront partie d’un seul groupe

expérimental qui sera soumis à un plan à mesure répétée.

Les sujets seront vus lors de six rencontres. La première rencontre servira à compléter

l’anamnèse générale et le questionnaire DASH (Disability of the arm, shoulder and

hand) ainsi qu’à évaluer l’amplitude articulaire de la main et du poignet à l’aide de

goniomètres, sans qu’il y ait de traitement prodigué. Trois semaines plus tard, les

sujets seront rappelés pour commencer le traitement ostéopathique durant la

deuxième, la troisième et la quatrième rencontre, toutes à une semaine d’intervalle.

Préalablement aux traitements, les données d’amplitude articulaire seront collectées.

La cinquième rencontre servira seulement pour la prise de donnée et la reprise du

questionnaire DASH. Finalement, les sujets seront rappelés pour le sixième contrôle,

qui aura lieu quatre semaines plus tard, pour réévaluer l’amplitude articulaire et

repasser le questionnaire DASH afin d’avoir une variable de temps.

VI

L’analyse des résultats a permis de conclure qu’un protocole de traitement

ostéopathique par normalisation fasciale peut modifier de façon significative

l’amplitude des mouvements des doigts et du poignet chez les patients atteints de la

maladie de Dupuytren.

Nous pouvons donc conclure que l’hypothèse voulant que le traitement ostéopathique

des fasciæ de la main et du membre supérieur sous forme de chaîne fasciale augmente

l’amplitude d’ouverture de la main chez les patients atteints de la maladie de

Dupuytren a été vérifiée.

VII

ABSTRACT

This research project is a clinical attempt of the repeated measures design type to

measure objectively functional parameter change in the wrist and fingers after

osteopathic treatment by the fascial normalisation approach of the shoulder, arm and

hand. The observed change in tissue quality during these treatments will also be

evaluated and serve as subjective data. The trial will be performed on 16 subjects (23

hands) ranging an age from 38 to 67, suffering from Dupuytren’s disease. The subjects

constitute one experimental group treated under a repeated measure design format.

The subjects will be seen six times. During the first appointment, the general

anamnesis and the DASH (Disability of the arm, shoulder and hand) questionnaire

will be completed as well as an evaluation of the joint range of motion of the hand

and wrist with the aid of a goniometer without any treatment being offered.

Three weeks later the subjects will be recalled to begin osteopathic treatment with the

second appointment, continuing with the third and fourth; all appointments are being

one week apart. Preliminary to treatments joint range of motion data will be collected.

The fifth appointment will be used only to collect data and again to fill out the DASH

questionnaire. Finally, the subjects will be recalled a sixth time, which will be 4

weeks later, to re-evaluate the range of motion and answer again the DASH

questionnaire to create a time-variable.

Analysis of results permits the conclusion that a protocol of osteopathic treatment by

fascial normalisation can modify significantly the range of motion of fingers and

wrist in patients suffering from Dupuytren’s disease.

We can therefore conclude that the stated hypothesis that : osteopathic treatment of

the fascia of the hand and upper limb in the form of fascial chain augments range of

motion in opening the hand in Dupuytren’s disease patients.

VIII

Avoir le cœur sur la main

Homme de main

Être entre de bonnes mains

Haut la main

J’en mettrais ma main au feu

Mettre la main à la pâte

Poignée de main

Prendre en main

Prêter main forte à

quelqu’un

S’en laver les mains

Tendre la main

IX

TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS ............................................................................................. III

HYPOTHÈSE DE RECHERCHE ........................................................................ IV

RÉSUMÉ ................................................................................................................ V

ABSTRACT ......................................................................................................... VII

TABLE DES MATIÈRES ................................................................................... .IX

INTRODUCTION .................................................................................................. 1

Prémisses de notre recherche .................................................................................... 3

Position du problème ................................................................................................ 3 Buts et objectifs de la recherche................................................................................ 4 Approche de notre étude ........................................................................................... 6

CHAPITRE I ........................................................................................................... 7

1.1 Contexte théorique .............................................................................................. 7 1.1.1 Définition ..................................................................................................... 7

1.1.2 Nodules et brides .......................................................................................... 8

1.1.3 Stades et classification ................................................................................. 9 1.1.4 Le test de table de Hueston ........................................................................ 10

1.2 Historique .......................................................................................................... 11

1.3 Étiologie ............................................................................................................ 13 1.4 Épidémiologie ................................................................................................... 16

1.5 Définition ostéopathique fonctionnelle et topographique des fasciæ .............. 19 1.6 Conception biomécanique du traitement des fasciæ en chaîne ......................... 21

1.6.1 Rapports biomécaniques du complexe de l’épaule, du coude

et de la main ........................................................................................................ 21

1.7 Biologie et histopathologie des fasciæ .............................................................. 23 1.7.1 La biologie des fasciæ ................................................................................ 23 1.7.2 La matrice : Les fibres de collagène, de réticuline et d’élastine ................ 29

1.8 Anatomie des fasciæ intéressés par la maladie de Dupuytren .......................... 32 1.8.1 Le trépied : système suspenseur de l’épaule qui lui offre la stabilité-

mobilité ............................................................................................................... 33 1.8.2 Le moteur : l’épaule et le coude qui sont éléments de puissance............... 36

1.8.3 La pince polycie digitale : éléments de précision constituant la main ....... 39 1.9 Justification ostéopathique ................................................................................ 49

CHAPITRE II ....................................................................................................... 52

X

PLAN DE L’EXPÉRIMENTATION ................................................................... 52

2.1 Méthodologie de recherche ............................................................................... 52 2.2 Recrutement des sujets ...................................................................................... 52

2.3 Critères d’inclusion ........................................................................................... 53 2.4 Critères d’exclusion .......................................................................................... 53 2.5 Taille de l’échantillon ....................................................................................... 53 2.6 Description des instruments de recherche ......................................................... 53

2.6.1 Évaluation goniométrique .......................................................................... 53

2.6.2 Questionnaire DASH ................................................................................. 54

2.6.3 Questionnaire portant sur le niveau d’activité physique ............................ 56 2.6.4 Test de Table de Hueston ........................................................................... 56

2.6.5 Évaluation qualitative des fasciæ ............................................................... 56

2.7 Déroulement de l’expérimentation .................................................................... 57 2.7.1 Le temps T1................................................................................................ 57

2.7.2 Le temps T2................................................................................................ 58 2.7.3 Le temps T3................................................................................................ 58 2.7.4 Le temps T4................................................................................................ 59

2.7.5 Le temps T5................................................................................................ 59 2.7.6 Le temps T6................................................................................................ 60

2.8.1 Temps et intervalle entre les séances ......................................................... 62 2.8.2 Le traitement ostéopathique ....................................................................... 62

2.9 Description des variables de l’expérimentation ................................................ 64 2.9.1 Variables indépendantes............................................................................. 64

2.9.2 Variables dépendantes ................................................................................ 65 2.10 Considérations éthiques .................................................................................. 65

CHAPITRE III ...................................................................................................... 66

ANALYSE DES RÉSULTATS ............................................................................ 66

3.1 Type d’analyse .................................................................................................. 66 3.2 Puissance de l’étude .......................................................................................... 66 3.3 Tests statistiques ............................................................................................... 66

3.3.1 Conditions préalables au test t pour échantillons appariés......................... 67

3.4 Nombre de mains inégal d’une analyse à l’autre .............................................. 68 3.5 Le questionnaire DASH .................................................................................... 68 3.6 Statistiques descriptives .................................................................................... 68

3.6.1 Description des variables de l’échantillon ................................................. 68 4. Présentation et analyse statistique ....................................................................... 71

4.1 Comparaison des valeurs contrôles entre les temps T1-T2 ........................... 71 4.2 Comparaison des variables : Extension active et passive aux temps

T1, T5 et T6......................................................................................................... 73

XI

4.3 Comparaison des variables : Extension active et passive aux temps

T2,T5 et T6.............................................................................................................. 76 4.4 Comparaison des variables : flexion active et passive au temps

T1, T5 et T6......................................................................................................... 79 4.5 Synthèse des résultats des variables quantitatives ............................................ 82

4.6.1 Questionnaire DASH complet.................................................................... 84

4.6.2 Adaptation du questionnaire DASH à la condition de la maladie de

Dupuytren ............................................................................................................ 85

CHAPITRE 4 ........................................................................................................ 86

DISCUSSION ....................................................................................................... 86

4.1 Résultats de la recherche ................................................................................... 86 4.1.1 Résultats aux temps T1 et T2 ..................................................................... 87

4.1.2 Résultats aux temps T1, T5 et T6............................................................... 91 4.1.3 Résultats aux temps T2, T5 et T6............................................................... 91 4.1.4 Résultats en flexion aux temps T1, T5 et T6 ............................................. 97

4.2 Résultats au questionnaire DASH (Disability of the arm, shoulder

and hand) ................................................................................................................. 98

4.3 Autres tests ...................................................................................................... 100 4.3.1 Analyse qualitative des fasciæ ................................................................. 100

4.3.2 Test de table ............................................................................................. 100 4.4 Caractéristiques de l’échantillon ..................................................................... 101

4.4.1 Stade de la maladie de Dupuytren ............................................................ 101 4.4.2 Niveau d’activité physique ....................................................................... 102 4.4.3 Hydratation des tissus .............................................................................. 102

4.4.4 Consommation d’alcool ........................................................................... 102 4.4.5 Type d’intervention chirurgicale .............................................................. 103

4.4.6 Traitements conservateurs ........................................................................ 104 4.5 Critique de la méthodologie ............................................................................ 105

4.5.1 Type de recherche .................................................................................... 105 4.5.2 Marge d’erreur ......................................................................................... 106 4.5.3 Limites et recommandations de la recherche ........................................... 107

CONCLUSION ................................................................................................... 108

Table des figures ................................................................................................. 110

Table des tableaux ............................................................................................... 111

BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................. 112

ANNEXE 1 ......................................................................................................... 115

XII

Annexe 1.1 : Normalisation du latissimus dorsi ............................................. 115

Annexe 1.2 : Normalisation du fascia de Leblanc .......................................... 116 Annexe 1.3 : Normalisation du fascia pectoralis superficialis ....................... 117 Annexe 1.4 : Normalisation du fascia suspenseur de l’aisselle de Gerdy ...... 118 Annexe 1.5 : TOG rachis cervical en inclinaison ........................................... 119 Annexe 1.6 : Normalisation du fascia du V deltoïdien ................................... 120

Annexe 1.7 : Normalisation du fascia brachialis ............................................ 121 Annexe 1.8 : Normalisation du fascia antébrachialis ..................................... 122 Annexe 1.9 : Pompage du poignet en flexion ................................................. 123 Annexe 1.10 : Pompage du poignet en extension ............................................. 124

Annexe 1.11 : Normalisation du fascia intrinsèque long palmaire

(petit palmaire) 125

Annexe 1.12 : Normalisation de l’aponévrose palmaire moyenne .................. 126 Annexe 1.13 : Pompage interphalangien proximal (IPP) ................................. 127 Annexe 1.14 : Pompage métacarpophalangien (MCP)..................................... 128

Annexe 1.15 : Normalisation du fascia transverse superficiel de la paume ..... 129 Annexe 1.16 : Normalisation du septum de Legueu et Juvara ......................... 130

Annexe 1.17 : Normalisation du ligament natatorium...................................... 131 ANNEXE 1.18 : Normalisation des bandelettes prétendineuses........................ 132 Annexe 1.19 : Normalisation de l’aponévrose thénar ...................................... 133

Annexe 1.20 : Normalisation de l’aponévrose hypothénar .............................. 134 Annexe 1.21 : Normalisation des fibres verticales de Grapow ........................ 135

Annexe 1.22 : Normalisation du ligament annulaire antérieur du

carpe (LAAC) 136

Annexe 1.23 : Normalisation du fascia transverse superficiel de la paume ..... 137 Annexe 1.24 : Normalisation du fascia antébrachialis ..................................... 138

ANNEXE 2 ......................................................................................................... 139

ANNEXE 3 ......................................................................................................... 140

ANNEXE 4 ......................................................................................................... 141

ANNEXE 5 ......................................................................................................... 144

ANNEXE 6 ......................................................................................................... 148

ANNEXE 7 ......................................................................................................... 149

ANNEXE 8 ......................................................................................................... 151

1

INTRODUCTION

La main est un organe qui fait contact avec le monde extérieur et permet un rapport

constant avec le monde intérieur. Organe récepteur principal de l’un des cinq sens, la

main permet de connaître les sensations du toucher discriminant, de la palpation, de

l’écoute. Elle permet d’orienter les objets dans l’espace, de se nourrir. Elle est l’outil

premier de communication depuis plusieurs siècles.

La maladie de Dupuytren se retrouve parmi les nombreuses pathologies de la main

qui relèvent d’une grande complexité, mettant en interaction les fonctions biologique,

biomécanique et psychologique. Les travaux des chirurgiens de la main R. Tubiana,

R. McFarlane, C.R. McCash et T. Skoog ont contribué à l’avancement de la

recherche scientifique sur cette maladie, et ce, à travers tous les continents. Malgré

ces travaux intensifs, encore aujourd’hui, son origine reste inconnue. Aucune étude

en ostéopathie ne semble s’y être intéressée.

Pour l’ostéopathe, la main représente l’outil essentiel tant du diagnostic que du

traitement. C’est à travers ses mains qu’il ressent la souffrance, qu’il agit en palpant

les tissus malades, en recherchant les lignes de force, les contraintes musculaires,

articulaires, osseuses, organiques, ligamentaires ou autres. L’ostéopathie est un art

manuel, d’où notre intérêt particulier porté à cette pathologie concernant cet organe.

Nous voici placé devant trois constats majeurs :

Le traitement chirurgical hâtif semble être privilégié par la profession médicale. Par

souci de réséquer le tissu malade avant qu’il ne prolifère, les chirurgiens espèrent ne

pas avoir à faire face à quelque forme de récidive.

Les nombreux traitements non chirurgicaux proposés ont été abandonnés les uns

après les autres (vitaminothérapie E, traitement enzymatique, physiothérapie, etc.).

Notamment, le traitement de physiothérapie propose des mouvements d’étirements

passifs qui ont pour but de conserver une mobilité articulaire. Trop vague et linéaire,

2

« ce traitement n’a jamais donné de résultats durables1 ». Depuis avril 2001,

l’aponévrotomie percutanée à l’aiguille, une technique considérée comme étant moins

invasive, est offerte à tous les patients. Elle a connu un développement important ces

dernières années. Le protocole de traitement consiste à percer, à l’aide d’une aiguille,

l’aponévrose palmaire à plusieurs endroits de façon à diminuer la contracture.

Il n’y a que la réadaptation postopératoire qui soit bien détaillée et documentée dans la

littérature. Dans la revue de littérature, nous n’avons trouvé aucune mention concernant

un protocole de traitement en phase débutante de la maladie. L’approche non

chirurgicale hâtive semble avoir été écartée. Il en résulte que les connaissances et les

approches non chirurgicales de traitement ne sont transmises qu’oralement, laissant

place à l’improvisation. Dans certains cas de manipulations articulaires agressives, les

torts peuvent être considérables (ex. : neuroalgodystrophie réflexe).

Ajoutons un quatrième constat qui concerne l’ostéopathie. Nous avons été surpris de

constater que la documentation en ostéopathie est également inexistante dans le

traitement de cette affection, et ce, malgré l’importance qu’a su porter A. Taylor Still

aux fasciæ. Selon Still, « le fascia est l’endroit qu’il faut regarder pour trouver la

cause de la maladie et la place où faire commencer l’action des remèdes2 ». D’après

les dires du baron Guillaume Dupuytren, « les diverses thérapeutiques non

chirurgicales ne seront réellement fiables que lorsque l’origine de la maladie décrite

par Dupuytren sera dévoilée3 ». Encore aujourd’hui, l’origine demeure un mystère.

1 HASSLER G., cité par MILLESI, H. The clinical and morphological course of Dupuytren’s disease.

In : TUBIANA R. Maladie de Dupuytren, 1re

éd. Monographies du groupe d’Étude de la Main.

L’Expansion Scientifique Française, Paris, 1967, p. 47. 2 VOYER, G. Fasciæ généraux, séminaire F0 2

e promo, Académie Sutherland du Québec, 2004, p. 1.

3 TUBIANA, R. Traité de chirurgie de la main. Masson, Paris, 1998, p.7.

3

Prémisses de notre recherche

La motivation de faire cette recherche tire sa source d’une anecdote personnelle. Au

cours d’un entraînement en escalade de rocher, en tirant sur une prise, nous avons

ressenti un pincement dans la paume de la main qui nous a semblé être comme une

petite déchirure. Ne nous empêchant pas néanmoins de poursuivre et ne ressentant

aucune douleur, ce n’est que plusieurs semaines plus tard que la palpation des tissus

profonds de l’aponévrose palmaire a révélé un petit nodule qui était bien accroché

aux tissus avoisinants. Devant cette constatation malencontreuse, nous avons

demandé conseil aux autres professionnels et nous avons été forcé de voir à quel

point cette affection était méconnue. Nous ne trouvions pas de réponses à nos

nombreuses interrogations. Cette quête nous a permis de rencontrer bien des gens

atteints de cette maladie, qui avaient eux aussi plusieurs questions à poser à ce sujet.

La lecture de la documentation médicale sur le sujet et les témoignages de patients

ayant subi des traitements ou non nous a permis de mieux cerner le problème.

Position du problème

Tout d’abord, nous considérons la chirurgie comme étant agressive pour les tissus et

la cicatrisation se fait au détriment de la qualité tissulaire originale. « La nature a une

mémoire de reconstruction si les structures conservent des bases tissulaires peu

altérées, mais sinon elle répare avec peu de précaution4. » Dans un deuxième temps,

nous considérons que l’intervention chirurgicale à un temps T ne tient pas compte de

l’aspect évolutif de la maladie. La littérature reconnaît les facteurs héréditaires

comme étant une des causes de la maladie de Dupuytren. Pour sa part, Guy Voyer

D.O. propose cette réflexion : « Ce gène qui est programmé de façon anarchique [et]

a un potentiel [de] développer une fibromatose depuis les tous premiers stades de

4 GUIMBERTEAU, J.C. Promenades sous la peau. Strolling under the skin. Elsevier, 2004, p. 44.

4

développement du fœtus. C’est pour cela que la maladie de Dupuytren nécessite une

action thérapeutique répétée dans le temps. »

Puisqu’elle n’est pas aussi invasive et qu’elle n’altère aucun tissu original par un coup

de bistouri et que l’ostéopathe intervient de façon répétée dans le temps, l’approche

de traitement ostéopathique de la maladie demande à être explorée. Nous avons

l’intuition que la prise en charge thérapeutique dès l’apparition de la maladie et dans

les stades débutants ainsi que des exercices d’étirement myofasciaux permettraient de

diminuer les risques de prolifération du tissu malade, évitant ou reportant une

éventuelle chirurgie.

L’ostéopathie est-elle une médecine préventive ou curative? Quelle est donc sa place?

Nous n’avons retracé aucune autre thèse de recherche ostéopathique qui abordait ce

sujet. Par ailleurs, la littérature portant sur la maladie de Dupuytren nous provient

essentiellement d’ouvrages médicaux spécialisés écrits pour les chirurgiens de la main.

Pour les besoins de la recherche, nous avons concentré notre attention sur le système

fascial, qui est selon nous un incontournable, afin d’évaluer les effets spécifiques

d’une telle approche sur la maladie de Dupuytren. Nous savons que le système fascial

n’est ni plus ni moins important que les autres niveaux d’organisation du corps

humain. Le choix de prioriser la normalisation du système fascial en chaîne vient

aussi du fait que l’approche intègre les quatre grands principes émis par Still :

1. L’unité de l’être : le corps fonctionne comme un tout indissociable.

2. La structure gouverne la fonction.

3. Le rôle de l’artère est absolu.

4. L’autorégulation : Le corps a la possibilité de s’autoguérir.

Buts et objectifs de la recherche

La présente recherche servira, nous l’espérons, d’outil de référence pour tous les

praticiens ostéopathes et chirurgiens en présentant des variables qui les intéressent. Si

5

notre hypothèse de recherche est juste, il pourrait y avoir diminution des chirurgies

abaissant à la fois le coût social et les risques qu’encourent les patients par des

complications liées à la chirurgie. Ceci permettra une plus grande jouissance de la

vie, rendant possible une utilisation de la main normale dans les tâches quotidiennes.

La fonction de la main et la qualité tissulaire demeurent incontestablement au cœur de

nos préoccupations. En considérant les liens des chaînes fasciales, tels que définis par

Guy Voyer, en abordant ce problème avec une pensée complexe et globale5, en

donnant des exercices d’autonormalisation de type exercices d’étirements

myofasciaux, nous voulons démontrer que le traitement ostéopathique peut :

augmenter l’amplitude d’extension des articulations métacarpophalangiennes et

secondairement augmenter l’amplitude de flexion;

augmenter le confort général de la main dans les tâches quotidiennes;

enrichir le champ de connaissances de l’ostéopathe sur la maladie de

Dupuytren par une nouvelle vision issue de la philosophie systémique et une

approche complexe;

proposer une nouvelle voie de traitement non chirurgical qui soit bien

documentée et non improvisée;

éviter ou reporter une éventuelle chirurgie pour le patient.

5 MORIN, E. Introduction à la pensée complexe, éd.ESF, Paris, 1990, p. 22.

6

Approche de notre étude

Dans notre étude, nous retenons que la mesure de l’amplitude de mouvement est une

notion objective et qu’elle sera quantifiée à l’aide de goniomètres de Marque Jamar

(un pour le poignet et un pour les doigts). Notre variable subjective porte sur la

mesure du confort général de la main dans les activités de la vie de tous les jours. Elle

sera mesurée par un questionnaire DASH (Disability of arm shoulder and hand)

portant sur les incapacités reliées à une atteinte au membre supérieur. Ce

questionnaire standardisé est publié par le groupe ACN est utilisé dans plusieurs pays

et notamment a été utilisé comme outil d’évaluation dans une recherche médicale

portant sur la maladie de Dupuytren6.

D’autre part, nous avons mis de l’avant un traitement pour les candidats atteints de la

maladie de Dupuytren en mettant en œuvre un protocole ostéopathique de normalisation

des fasciæ de la main et des membres supérieurs sous forme de chaîne fasciale.

6 ZYLUK, A., JAGIELSKI, W. The effects of the severity of the Dupuytren’s contracture on the

function of the hand before and after surgery. Journal of Hand Surgery (European Volume, 2007),

p. 326-329.

7

CHAPITRE I

1.1 Contexte théorique

1.1.1 Définition

Comme nous n’avons trouvé que des définitions partielles, nous avons défini la

maladie de Dupuytren de cette façon : la maladie de Dupuytren est une maladie

d’étiologie inconnue, caractérisée par une rétraction de l’aponévrose palmaire

moyenne superficielle et digitale ainsi que des téguments, qui fixe les doigts en

flexion et touche principalement l'annulaire et l’auriculaire.

La maladie de Dupuytren est relativement rare, touchant 2 % de la population7.

La maladie de Dupuytren fait partie des fibromatoses superficielles. « Ce sont des

nodules fermes, non encapsulés et mal délimités ayant une prédilection pour certains

sites anatomiques (fibres longitudinales de l’aponévrose palmaire moyenne). C’est

un groupe de prolifération de tissu fibreux d’aspect histologique similaire

(fibroblastes et myofibroblastes), avec un comportement biologique “intermédiaire”,

c’est-à-dire qu'il peut y avoir récidive locale, mais pas de métastases.8 »

Selon H. Millesi, « on essaie généralement de caser la maladie de Dupuytren dans une des

catégories pathologiques, à savoir tumeur (fibromatose), inflammation, anomalie

génétique, lésion posttraumatique, etc. Mais elle n’entre véritablement dans aucune, bien

qu’en rapport avec plusieurs d’entre elles. L’existence d’un facteur héréditaire certain

n’en fait pas pour autant une affection d’origine génétique. De même que, si les contraintes

7 ALNOT, J.Y., LAMOTTE S. Pathologie du tissu fibreux de la maladie de Dupuytren. Coussinets

fibreux des phalanges, Expansion Scientifique Française, Paris, 1982, p. 96-104. 8 WIKIPEDIA, (page consultée le 5 mars 09). Fibromatose, [En ligne]. Adresse

URL: http://manus.crchul.ulaval.ca/wiki/Fibromatose.

8

fonctionnelles jouent un rôle important dans le déclenchement ou la localisation de la

maladie, il n’est pas prouvé, à ce jour, qu’il s’agisse d’une lésion posttraumatique9 ».

1.1.2 Nodules et brides

Selon H. Millesi, le premier signe de la maladie de Dupuytren est souvent une petite

ombilication de la peau juste en aval du pli palmaire distal, où les fibres

longitudinales s’insèrent dans le plan cutané. On sait qu’après des années de

quiescence, la maladie progresse « tout à coup », avec apparition d’une bride majeure

et de nodules et la rétraction se développe.

On retrouve chez certains sujets atteints de cette maladie des brides (ou cordes)

palmaires, digito-palmaires ou digitales. L’épaississement aponévrotique lamellaire

est de faible densité cellulaire. De rares fibrocytes existent entre les fibres de

collagène. D’autres sujets présentent des nodules durs et des dépressions autour du pli

palmaire inférieur en capiton qui sont toujours dans la paume de la main, en regard de

l’articulation métacarpophalangienne ou placés en face de l’articulation

interphalangienne proximale. Ces ombilications peuvent n’être visibles que dans

certaines positions (extension maximale des articulations MCP et flexion des IPP et

IPD. Ce phénomène est sans aucun doute lié à un raccourcissement relatif des fibres

longitudinales, qui n’apparaît qu’en tension extrême de l’aponévrose palmaire. Par

suite de l’accentuation du raccourcissement des fibres longitudinales, les

ombilications deviennent permanentes avec un léger épaississement sous-jacent.

À ces nodules ou cordes s’ajoutent des rétractions des doigts qui sont placés en

flexion. Il n’est pas rare de voir à quel point les patients sont tolérants à différents

degrés de contracture et qu’ils décident de consulter lorsqu’ils se mettent le doigt

9 TUBIANA, R., HUESTON J.T. La maladie de Dupuytren, 3

e édition, Expansion scientifique

française, Paris, p. 115.

9

dans l’œil en se lavant le visage ou encore lorsqu’ils se font écraser le cinquième

doigt en donnant une poignée de main.

Figure 1 : Nodules et brides. R. Tubiana Traité de chirurgie de la main. Masson, Paris, 1998,

p. 53-54.

1.1.3 Stades et classification

Comme elle est reconnue et utilisée universellement par le corps médical, nous avons

retenu et utilisé pour notre recherche la classification en six stades de développement de

la maladie décrite par R. Tubiana10

. À partir du premier stade, chaque stade correspond à

une progression de 45° du total des déformations au niveau de chaque doigt.

10

TUBIANA R. Traité de chirurgie de la main. Masson, Paris, 1998, p. 56.

10

Tableau 1 : Classification des stades de la maladie de Dupuytren, R. Tubiana Traité de chirurgie

de la main. Masson, Paris, 1998, p. 56.

Ces déformations sont calculées en additionnant le déficit d’extension au niveau de

chacune des trois articulations : métacarpophalangienne (MCP), interphalangienne

proximale (IPP) et interphalangienne distale (IPD). Lorsque la déformation de

l’articulation distale est en hyperextension, on additionne les degrés d’hyperextension

au déficit de flexion des autres articulations.

À notre avis, il semble aussi intéressant de se fier à la classification histoclinique de

Lück11

. Elle prend en compte l’histopathologie du tissu fascial et l’approche clinique. Il

définit la maladie de Dupuytren en trois stades : le stade précoce, le stade actif et le

stade avancé. Cette classification nous permet de faire des liens avec l’histopathologie

et sera traitée plus en profondeur dans les chapitres suivants.

1.1.4 Le test de table de Hueston

Valide et facile à administrer, le test de l’extension des doigts sur une table, tel que

défini par Hueston12

, permet de constater le déficit d’extension des articulations

MCP, IPP et IPD. Le principe est d’essayer de mettre la main bien à plat sur la table.

Si toutes les articulations peuvent toucher à la table, le test est négatif (stades 0 et N

11

IWASAKI H., et al. Palmar fibromatosis (Dupuytren’s contracture). Virchows Arch. A. Pathol.

Anat. Histopathol. 1984, p. 41-53. 12

TUBIANA R. Traité de chirurgie de la main. Masson, Paris, 1998, p. 102.

Stade 0 Absence de lésion

Stade N Nodule palmaire ou digital sans rétraction

Stade I Total des rétractions des 3 articulations entre 0° et 45°

Stade II Total des rétractions des 3 articulations entre 45° et 90°

Stade III Total des rétractions des 3 articulations entre 90° et 135°

Stade IV Total des rétractions des 3 articulations supérieur à 135°

11

selon Tubiana). Un test négatif peut être relevé même avec la présence de nodules et

cordes n’ayant pas encore causé de rétraction.

Si au contraire un ou plusieurs doigts ne s’allongent pas suffisamment pour être à plat

sur la table, le test est positif (stades I à IV de Tubiana). Dans ce cas, les rétractions

essentiellement des bandelettes longitudinales de l’aponévrose palmaire moyenne

s’organisent et limitent l’ouverture complète de la main et des doigts. Pour Hueston,

l’indication à la chirurgie est envisageable lorsque le malade ne peut plus mettre sa

main à plat sur la table.

Nous nous servirons en ostéopathie plutôt de ce test d’une part, pour noter l’état

général des rétractions en doigts et de la paume de main en flexion (en prenant note

des articulations MCP, IPP, IPD touchant à la table et de celles ne touchant pas à la

table) et d’autre part, nous encouragerons le patient à se servir de ce test comme

autoévaluation lui permettant de suivre quotidiennement l’évolution de ses

rétractions. À nos yeux, cette autoévaluation remet dans les mains du patient la tâche

de faire le suivi de l’évolution de son état.

1.2 Historique

Le rappel historique de ce chapitre relate les observations faites par différents

chirurgiens de l’époque, dont celles du Baron Guillaume Dupuytren à qui on doit le

nom de la maladie. Ces informations historiques nous permettent de mieux cerner

l’état de connaissances de la maladie et propose une hypothèse sur la reconnaissance

de celle-ci.

L’hypothèse rapportée par C. Dumontier13

sur la reconnaissance tardive de la maladie

nous semble intéressante. Elle prétend que la mortalité plus précoce de la population

du Moyen-Âge explique peut-être que cette maladie n’ait pas été reconnue

13

TUBIANA R. Traité de chirurgie de la main. Masson, Paris, 1998, p. 8.

12

auparavant, ou bien elle était confondue avec d’autres déformations, notamment

posttraumatiques, de la main.

La description la plus ancienne de la maladie de Dupuytren revient au médecin Suisse

Felix Platter de Bâle dans son livre Observationom in Hominis Affectibus en 161414

. Le

premier traitement pour cette maladie fut décrit par Henry Cline en 177715

. Il fut le

premier à faire la dissection d’une main atteinte de la maladie localisant et identifiant

ainsi précisément les tissus fibrosés de l’aponévrose palmaire. Son traitement consistait

à diviser les cordes pathologiques. Ses écrits serviront plus tard à son successeur Astley

Cooper qui, dès 1818, aurait opéré des patients par fasciotomie16

.

Toutefois, c’est au baron Guillaume Dupuytren que fut attribuée la paternité de cette

affection dans le monde entier. Il avait été désigné par le journal anglais Lancet

comme étant le chirurgien le plus érudit et le plus accompli en Europe. La publication

de sa leçon sur « la rétraction permanente des doigts » en 1832 constitue la première

description complète de cette affection. Il décrit dans un texte devenu classique la

rétraction des doigts, sa cause anatomique, son traitement et son diagnostic

différentiel. Ses écrits très détaillés nous serviront de base pour mieux connaître la

vision de cette maladie à cette époque.

Dupuytren cite dans son texte Leçon orale de clinique chirurgicale 17

une foule

d’opinions diverses sur la cause de la rétraction des doigts. Les trente ou quarante cas

qu’il avait rencontrés dans sa clinique ainsi que les dissections et les opérations lui

permirent d’énoncer un certain nombre de constats.

14

ELLIOT D. The early history of contracture of the palmar fascia. Journal of Hand Surgeon, 1988;

13B p. 246-253. 15

CLINE H. Notes on pathology. St. thoma’s Hospital medical School Library, London, 1777, p.185. 16

HUESTON J.T. Dupuytren’s contracture. Current Orthopedic, 1990, p. 173-178. 17

DUPUYTREN G. Rétraction permanente des doigts. In : Leçons Orales de clinique chirurgicale,

faites à l’Hôtel-Dieu de Paris, Tome 1, 2-24, Germer Baillière, Paris, 1832.

13

L’observation de Baillière (1832) nous semble ici pertinente : « Ne nous arrêtons pas

plus longtemps sur ces suppositions, a dit Dupuytren; nous ne les avons rapportées

parce qu’elles sont liées à l’historique de la maladie. Le point important pour nous,

c’est qu’il existe un obstacle et que nous devons rechercher à en connaître la cause18

. »

Il est important de noter qu’aucun ostéopathe ne s’est intéressé à cette affection de la

main. Pourtant, la recherche de l’étiologie est fondamentale pour tout ostéopathe.

Depuis les derniers siècles, on constate que d’innombrables manuscrits ont été

rédigés et ce, à partir de recherches considérant la science de base et la description

clinique de cette maladie. Malgré cela, l’origine et la cause de la maladie de

Dupuytren demeurent pour le corps médical toujours énigmatique.

De nos jours, il est donc temps de remettre en question les bases anatomiques

analytiques classiques pour faire place à une nouvelle approche centrée sur l’histologie

et la mécanique du tissu fascial, qui donnent au corps son unité fonctionnelle. Il faut

arrêter de voir la main comme étant isolée du bras et du reste du corps. Sans doute,

notre recherche basée sur la philosophie de pensée complexe19

en ostéopathie nous

permettra d’aborder la problématique d’un œil nouveau20

, en considérant l’apparente

anarchie qui sert d’organisation architecturale des aponévroses, le jeu infini des

interactions tissulaires (chaînes fasciales) et la solidarité des phénomènes

(physiologiques, biomécaniques) entre eux.

1.3 Étiologie

De multiples hypothèses ont été émises sur l’étiologie de la maladie de Dupuytren.

Ces hypothèses, qui n’ont pas encore rendu possible la découverte de la cause de la

18

DUPUYTREN G. Rétraction permanente des doigts. In : Leçons Orales de clinique chirurgicale,

faites à l’Hôtel-Dieu de Paris, Tome 1, 2-24, Germer Baillière, Paris, 1832. 19

MORIN, E. Introduction à la pensée complexe, Paris, éd.ESF, 1990, p. 46. 20

GUIMBERTEAU, J.C. Promenades sous la peau . Strolling under the skin. Elsevier, 2004, p. 44.

14

maladie nous permettent néanmoins d’entrevoir une multitude de facteurs venant

influencer son apparition et son évolution.

Les traumatismes, tels les mouvements répétitifs au travail, les coups reçus sur la

zone palmaire et les chutes, pourraient déclencher l’apparition de la maladie en

augmentant les risques, chez les sujets génétiquement prédisposés, de lésions

microtraumatiques du fascia. Une étude menée par A.J. Logan, G. Masson, J. Dias et

N. Makwana21

auprès des adeptes de l’escalade de rocher confirmait l’hypothèse que

les traumatismes répétés à l’aponévrose palmaire prédisposaient au développement de

la maladie de Dupuytren chez l’homme. Par ailleurs, on constate que la maladie

apparaît aussi chez les patients n’ayant jamais fait de travail manuel. Elle apparaît

même dans la main non dominante. L’hypothèse traumatique n’explique donc pas le

rôle du traumatisme dans la genèse.

Au niveau de la paume de la main, de nombreuses contraintes mécaniques sont

imposées à l’effort sur tout le système ligamentaire (longitudinal, vertical et

transversal). La perte de mobilité de certaines de ces fibres, dans la maladie de

Dupuytren, modifie sa capacité à répartir également les tensions sur tous les

ligaments, résultant en une hypertrophie de ces derniers22

.

L’hypothèse héréditaire est reconnue et sera traitée dans le prochain chapitre.

L’hypothèse métabolique est également établie. Le diabète est fréquemment associé à la

maladie de Dupuytren dans une proportion de 15 à 20 %23

. L’excès de sucre dans le sang

entraînerait des troubles vasculaires. L’association diabète-éthylisme, le tabac et le VIH

sont des facteurs aggravant la maladie causant des désordres métaboliques.

21

LOGAN, A.J. et al. Can rock climbing lead to Dupuytren’s disease? Journal of Sports Medecin, 39,

2005, p. 639-644. 22

LUCK, J.V. Dupuytren’s contracture : A new concept of the pathogenesis correlated with surgical

management. J. Bone Joint Surgery, 1959, p. 635. 23

ALNOT, J.Y., LAMOTTE, S. Pathologie du tissu fibreux de la maladie de Dupuytren. Coussinets

fibreux des phalanges, Expansion Scientifique Française, Paris, 1982, p. 96-104.

15

L’administration continue de barbituriques chez les patients atteints d’épilepsie contribue

à l’apparition ou l’aggravation de la rétraction palmaire.

L’âge est également un facteur influençant l’apparition et le développement de la

maladie. Le ralentissement du métabolisme et le vieillissement du tissu conjonctif

réduisent sa capacité à s’adapter aux contraintes mécaniques qui lui sont imposées.

De nombreux auteurs ont souligné l’existence de troubles vasculaires dans

l’aponévrose palmaire atteinte par la maladie de Dupuytren mais il n’est pas prouvé

définitivement que ces lésions des microvaisseaux soient à l’origine de la maladie.

L’hypothèse de Davis (1965) s’intéresse essentiellement aux lésions vasculaires

localisées au membre supérieur et à leurs relations avec des lésions nerveuses et

repose sur l’existence d’une prédisposition anatomique qui induit un ralentissement

de la circulation cubitale plus précisément en regard du quatrième doigt24

. Cette

théorie nous intéresse particulièrement par le fait qu’elle tient compte du rôle

suprême que joue l’artère et propose une vision plus globale intégrant le membre

supérieur et le rachis cervical.

Développée par Millesi25

, la théorie dite intrinsèque, basée sur les microruptures et

microhémorragies mises en évidence dans le fascia voit dans les modifications de

l’aponévrose la cause de la rétraction. Les nodules initiaux seraient situés à la face

superficielle de l’aponévrose et s’étendraient ensuite le long des septa fibreux

préexistants, accompagnés de leurs vaisseaux, en même temps qu’ils pénétreraient à

l’intérieur de l’aponévrose palmaire26

.

24

TUBIANA R., HUESTON J.T. et al. La maladie de Dupuytren, 3e éd. Monographie du groupe

d’Études de la Main. Paris, Expansion Scientifique Française, 1986, p.81. 25

MILLESI H., REISHNEr R., et al. Changes in the biochemical properties of diseased tissue as

pathogenetic factor in Dupuytren’s contracture, Springer Verlag, Berlin, 1994, p.178-189. 26

HUESTON J.T. Vue d’ensemble étio-pathogénétique. In : Tubiana R. et Hueston J.T. La maladie de

Dupuytren. Expansion Scientifique Française, Paris, 1986, p.64-69.

16

Pour sa part, McCallum27

, dans sa théorie dite extrinsèque, voit plutôt l’origine de la

maladie se situer dans le tissu fibrograisseux qui surplombe l’aponévrose. Le nodule

se développerait d’abord dans la partie superficielle de la peau pour ensuite atteindre

l’aponévrose.

Selon nous, tant qu’on ne connaîtra pas l’origine et la cause de la maladie de

Dupuytren, il serait pertinent de croire à un défaut dans la programmation cellulaire de

l’ADN. Au niveau embryologique, le message entraînant le développement de la

maladie serait encodé dans les cellules. Avec l’âge biologique qui progresse, les fasciæ

deviendraient plus épais et plus raides. La sénescence du tissu conjonctif reste dans les

limites physiologiques normales si l’environnement est sain. Dans le cas d’un jeune

patient atteint de la maladie, le terrain plus actif métaboliquement donne lieu à

davantage d’accrochages entre les tissus occasionnant une sénescence plus rapide.

Nous avons l’intime conviction que dans tous les cas, le traitement ostéopathique par

normalisation fasciale devra être répété à maintes reprises dans le temps. Le

traitement sera d’abord préventif, mais à la fin, l’ostéopathe ne pourra

« déprogrammer » la commande cellulaire, mais il limitera les effets dès le début.

1.4 Épidémiologie

Ce n’est qu’en 1962 qu’Early a émis l’hypothèse d’une origine nordique de la

maladie de Dupuytren28

. Cette hypothèse sera défendue par Hueston qui parlera de

« maladie du Viking »29

. La répartition géographique de la maladie dans les peuples

caucasiens du nord de l’Europe coïncide avec la migration hâtive des Vikings. Les

facteurs héréditaires sont en lien avec la transmission d’un gène mendélien dominant

27

MAC CALLUM P., HUESTON J.T. The pathology of Dupuytren’s contracture. Aust. N.Z. J. Surg.

31, 1962, p. 241-253. 28

TUBIANA, R. Traité de chirurgie de la main. Masson, Paris, 1998, p.8. 29

TUBIANA, R. Traité de chirurgie de la main. Masson, Paris, 1998, p.9.

17

avec pénétrance variable du trait. Il y a donc une faible prévalence de la maladie chez

les ethnies non caucasiennes.

En 1948, Skoog parlera dans sa thèse d’une atteinte survenant chez les hommes entre

50 et 70 ans, d’origine celtique ou scandinave avec un maximum de 44 %30

.

Plus tard, en 1985, Robert McFarlane publiait un rapport préliminaire sur

l’incidence de la maladie de Dupuytren chez différentes populations. Dans une

étude menée sur 812 patients, la présence de la maladie s’établissait à 68 % dans les

populations du nord-est de l’Europe, à 3 % dans les populations du sud de l’Europe,

à 0,2 % chez les Africains noirs et les Amérindiens, à 2 % chez les Chinois et à

16 % chez les Japonais31

.

Par ailleurs, une étude norvégienne menée sur 15 950 citoyens a démontré que la

maladie de Dupuytren était présente dans 10,5 % des cas chez les hommes et dans

3,2 % des cas chez les femmes32

.

Pour Hueston, la prévalence de la maladie en Australie (établie à 4 % chez les moins de

40 ans et à 30 % chez les plus de 60 ans) s’expliquerait par la forte descendance

d’Écossais et d’Irlandais dans la population australienne en général33

.

En 1990, une étude épidémiologique portant sur l’origine de 1 150 patients opérés en

chirurgie démontrait que 25 % de répondants étaient originaires du Canada et que

83 % avaient des origines familiales du nord de l’Europe34

.

30

HILL N.A. Dupuytren’s contracture – curent concepts review. J. Bone Joint Surg. Am. 67-A, 1985

p.1439-1443. 31

MC FARLANE R.M. Some observations on the epidemiology of Dupuytren’s disease. In Hueston

JT, Tubiana R, eds. Dupuytren’s Disease, Churchill Livingstone, London, 1985, p.122-126. 32

MIKKELSON O.A. Epidemiology of a Norwegian population. In Mc Farlande RM, McGrouther

DA, Flint MH, eds. Dupuytren’s Disease : Biology and Treatment. Churchill Livingston, New York,

1990, p. 191. 33

HUESTON J.T., SEYFER A.E. Some medicolegal aspects of Dupuytren’s contrature. Hand Clin. 7,

1991, p. 617-632.

18

Figure 2 : Prévalence de la maladie de Dupuytren en Australie (Aus), au Danemark (Dk), au

Canada (Cnd), en Grande-Bretagne (GB), en Allemagne (RFA) et aux États-Unis (USA). R.

Tubiana Traité de chirurgie de la main. Masson, Paris, 1998, p. 56.

McFarlane et al. (1990)35

ont fait la description du patient type atteint de la maladie

de Dupuytren comme étant un homme de race blanche originaire du nord de

l’Europe, avec une moyenne d’âge de 57 ans. Dans ces cas, l’atteinte est bilatérale et

la progression se fait à des vitesses variables touchant principalement les articulations

métacarpo-phalangiennes et interphalangiennes.

Chez les sujets atteints de la maladie de Dupuytren, 50 % à 75 % des patients

présentent une atteinte bilatérale36

.

Pour sa part, Hueston (1991) décrit la diathèse chez les sujets atteints de la maladie. Les

patients présentant une diathèse ont fréquemment d’autres membres de la famille qui

sont atteints et présentent d’autres types de fibromatoses dans des sites ectopiques.

34

MC FARLANE R-M, BOTZ J-S, CHEUNG H. Epidemiologiy of surgical patients. In : Mc Farlane,

Mc Grouther D-A, Flint M-H. Dupuytren’s disease, Churchill Livingston, Edinburgh,1990, p. 201-213. 35

MCFARLANE R., BOTZ J., CHEUNG H. Epidemiology of surgical patients. In : MacFarlane R,

McGrouther D, Flint M (Eds.), Dupuytren’s disease biology and treatment. Churchill Livingston,

Edinburgh, London, Melbourne, New York, 1990, p. 201-213. 36

JAMES, J.I.P., TUBIANA R. La maladie de Dupuytren. Rev. Chir. Ortho. 38, 1952, p.352-406.

19

C’est la survenue à distance de lésions histologiquement analogues à celle retrouvée dans

la paume de main qui justifie le terme de « diathèse de Dupuytren ». La diathèse est une

prédisposition constitutionnelle ou héréditaire à contracter certaines maladies37

. Ce type

de tissu peut se retrouver sur la partie dorsale de l’articulation interphalangienne

proximale (coussinets dorsaux), sur le fascia plantaire (maladie de Ledderhose) et sur le

pénis (maladie de La Peyronie). Pour Touraine et Ruel, toutes ces localisations

témoignent d’une sorte de diathèse sclérogène, d’un état de polyfibromatose héréditaire

caractérisé par une tendance à l’hyperplasie du tissu conjonctif38

.

Ling a montré qu’au moins 68 % des collatéraux étaient atteints39

. On retrouve donc

environ 30 % de formes « sporadiques » dans les populations caucasiennes qui

pourraient ne pas être d’origine génétique.

Le risque de développer la maladie chez les Caucasiens augmente avec l’âge et est 10

à 15 fois plus élevé chez les hommes. La maladie de Dupuytren est plus agressive en

cas de début précoce. La proportion homme/femme est de 8 pour 1 dans la

quarantaine et devient 2 pour 1 chez les octogénaires. Les femmes présentent une

atteinte plus tardive et souvent moins sévère. Cependant, les femmes opérées ont plus

tendance à la raideur postopératoire et à l’algoneurodystrophie.

1.5 Définition ostéopathique fonctionnelle et topographique

des fasciæ

Nous avons déjà mentionné que « le fascia est l’endroit où il faut chercher la cause

de la maladie, et l’endroit où il faut commencer l’action pour y remédier40

».

Dans cette section, nous traiterons du système fascial, car nous l’estimons d’une extrême

importance. Les liens entre les composants d’un tel système justifient le terme chaîne

37

QUEVAUVILLIERS, J. Dictionnaire médical, Masson, 1997, p. 269 38

TOURAINE, A., RUEL, H. La polyfibromatose héréditaire. Ann. Derm. Syph. 5, 1945, p. 1-5. 39

LING, R.S.M. The genetic factor in Dupuytren’s disease. J. Bone joint surg. Br. 45B, 1963, p. 709-718. 40

STILL, A.T. La philosophie de l’ostéopathie, Sully, 1999, p.102.

20

fasciale qui joue un rôle tant au niveau biomécanique, créant des unités articulaires

structurelles, qu’au niveau du mécanisme respiratoire primaire (MRP).

La notion de globalité du corps humain, telle que décrite par Still, tient entre autres à

la continuité du tissu fascial. Il est réparti sur toute la surface des structures, occupant

chaque plan, englobant chaque organe et s’infiltrant entre les fibres musculaires. Dans

l’ensemble, le tissu conjonctif offre un stroma pour les autres types de tissus

fondamentaux du corps : épithéliaux, musculaires, nerveux. Le tissu conjonctif est un

haut lieu d’échanges et d’activités de synthèse et sur la globalité du corps, ses rôles

sont multiples (rôle de structure, rôle circulatoire, rôle neurologique, rôle énergétique,

rôle de protection, rôle cicatriciel, rôle communicationnel, rôle du fascia sur la

conduction générale du LCR).

Ce tissu conjonctif est interrelié d’où la notion de chaînes fasciales qui sont elles-

mêmes composées de maillons. Selon Guy Voyer D.O. : « La chaîne n’a de valeur

que celle de son maillon le plus faible41

». Ces maillons sont, par exemple, en

continuité au niveau structurel (par un ensemble d’aponévroses en continuité avec le

système osseux, les ligaments, les tendons, le périoste, etc.) et au niveau biologique

(principalement par les tubules de collagène) et s’influencent étroitement d’où

l’importance du concept de traitement global du corps humain.

« En effet ce système tubulaire est en continuité depuis les fibrilles collagènes de la

dure-mère s’ouvrant dans les espaces sous-arachnoïdiens, jusqu’aux fasciæ les plus

éloignés et les plus profonds42

».

La normalisation des liens et des rapports entre les différents fasciæ sera au cœur de la

préoccupation de l’ostéopathe. À titre d’exemple, le traitement d’une main atteinte de la

maladie de Dupuytren englobe un travail sur tout le membre supérieur, le tronc et le

41

VOYER, G., Fasciæ généraux, Académie Sutherland du Québec, 2004, p.54. 42

GABAREL, B., ROQUES, M. Les fasciæ en médecine ostéopathique, Tome 1, Anatomo-physiologie

et technologie, Maloine, Paris, 1985, p. 120.

21

bassin. En tenant compte du principe de continuité des fasciæ, par les rapports qu’il

établit entre les maillons de la chaîne, il est évident pour l’ostéopathe qu’il ne peut y avoir

une aponévrose palmaire moyenne en parfaite disponibilité s’il existe une limitation au

niveau de l’épaule ou même du bassin.

« La relation intime entre le continuum du fascia et les unités de fonctionnement

des tissus spécialisés met l’accent sur l’importance de l’intégrité structurale et

sur ses relations de fonction. Des altérations de tension dues à un déséquilibre

de posture, à une traction gravitationnelle, à un traumatisme ou à des

processus inflammatoires, sont les facteurs essentiels d’une altération

physiologique et sont les facteurs d’origine qui doivent être pris en

considération dans l’étiologie d’une maladie43

. »

Dans la pratique, l’ostéopathe ne suit pas de recette miracle. Sa conception de

l’anatomie est organisée selon des chaînes fasciales contenant potentiellement certains

maillons qui sont en lésion qui devront être vérifiés et normalisés au besoin en

respectant tous les liens de continuité et de contiguïté qu’ils entretiennent avec les

structures corporelles avoisinantes. Seul l’ostéopathe qui sait normaliser tous les

éléments de la chaîne pourra connaître du succès dans le temps.

1.6 Conception biomécanique du traitement des fasciæ en chaîne

1.6.1 Rapports biomécaniques du complexe de l’épaule, du coude

et de la main

La main est le dernier moulinet du membre supérieur, le premier moulinet étant le

complexe de l’épaule. L’ostéopathe, dans son approche thérapeutique, doit traiter

cette épaule dans la philosophie de la complexité et il doit considérer les interactions

envers les différentes articulations qui sont constamment en lien.

43

VOYER, G., Fasciæ généraux, verbatim séminaire F0 2e promo, Académie Sutherland du Québec,

2004, p. 3.

22

Selon De Sèze, l’épaule est formée de cinq articulations, soit principalement la ceinture

scapulaire, la scapulo-thoracique, la sterno-chondro-costo-claviculaire, la gléno-humérale

et la sous-deltoïdienne. Ce complexe aura principalement pour rôle de mobiliser et de

suspendre le bras qui à son tour a le rôle de mobiliser le coude, le poignet et la main. Fort

heureusement, la race humaine dispose d’un complexe au niveau du coude permettant la

flexion, l’extension et la pronosupination permettant de positionner le poignet.

Les cinq articulations du complexe articulaire de l’épaule fonctionnent simultanément et

dans des proportions variables. C’est donc dire que la restriction de mobilité dans une de

ces articulations entraînera obligatoirement une hypermobilité dans une autre articulation

du groupe, obligeant par le fait même des mouvements compensatoires. Cette

interactivité entre les articulations est au cœur de nos préoccupations ostéopathiques.

L’épaule a donc in fine la précision de la préhension via la main qui permet le travail

fin, caractéristique primaire de l’homme. Le lien entre les deux fonctions

biomécaniques d’ordre différent (l’épaule, élément moteur fort, et la main, élément

moteur précis) relève de la fonction du coude et de l’avant-bras; articulation

intermédiaire qui permet un travail de précision. C’est grâce à ces articulations

intermédiaires que l’homme peut porter des aliments à sa bouche. Un aliment saisi en

extension-pronation est porté à la bouche par un mouvement de flexion-supination; en

ce sens, on peut donc dire que « le biceps est le muscle de l’alimentation44

» et que

l’articulation de l’alimentation est composée de l’épaule, du coude et de la main.

Certes, cette fonction de l’alimentation ne relève pas seulement de l’activité du muscle

biceps. Un ensemble de muscles est sollicité, les mouvements sont orchestrés par une

chaîne de tissu fascial communiquant du bassin jusqu’au bout des doigts. Ces liens

fasciaux sont au nombre d’une vingtaine dans le bras et la main, dont les plus importants

seront le petit palmaire (plamaris longus) et l’aponévrose palmaire moyenne.

44

KAPANDJI, A.I. Physiologie articulaire, 6e édition, Maloine, France, 2005, p. 78.

23

Nous avons dit que l’épaule était la première justification de la motricité fine qui tient

de la main. Encore faut-il que cette dernière soit stabilisée. Qu’y a-t-il de mieux pour

stabiliser un moteur qu’un trépied? De même que le deltoïde de Farabeuf au niveau

du membre inférieur agit comme tel, le trépied représenté par le grand pectoral, le

grand dorsal et le deltoïde de l’épaule, contribue à lui seul à assurer le juste équilibre

entre le conflit stabilité/mobilité nécessaire à la mobilité de l’épaule, le tout rendant

possible une précision dans les gestes de la main.

1.7 Biologie et histopathologie des fasciæ

Il est de notre intérêt de rechercher dans le tissu pathologique une explication à la

maladie de Dupuytren. Sans toutefois faire un rappel complet de tous les différents

constituants du fascia, nous nous limiterons dans cette partie à un rappel précis des

éléments biologiques intéressés par la maladie de Dupuytren. La connaissance précise

des différents composants du tissu conjonctif guidera la main et dirigera

l’écoute/attention de l’ostéopathe durant son traitement. Le contact de la main et

l’intention seront différents en fonction de la résistivité du collagène et de la

constitution biochimique générale du fascia.

Le fascia est composé de cellules, de fibres et par la matrice.

1.7.1 La biologie des fasciæ

Il existe différents types de tissus fascial45

. Parmi ceux intéressés par la maladie de

Dupuytren, on retrouvera le tissu fascial à prédominance matricielle, le tissu fascial à

prédominance cellulaire et le tissu fascial à prédominance fibrillaire.

45

GABAREL, B., ROQUES, M., Les fasciæ en médecine ostéopathique, Tome 1, Anatomo-

physiologie et technologie, Maloine, Paris, 1985, p. 148-153.

24

1.7.1.1 Les cellules fixes : les fibroblastes

Les cellules principales du tissu conjonctif sont les fibroblastes. Ce sont elles qui

synthétisent une grande partie des constituants de la matrice extracellulaire du fascia

soit les fibres de tropocollagène et de tropoélastine, la réticuline et la substance

fondamentale. Outre leur rôle de synthèse des constituants matriciels, elles ont un rôle

fondamental dans la plasticité des tissus. Ce sont les fibroblastes qui donnent au corps

la forme que nous lui connaissons.

Les fibroblastes ont un rôle mécanique non négligeable puisqu’ils déterminent

l’orientation des fibres conjonctives. Toute tension ou pression maintenue sur le tissu

fascial entraînera une multiplication des fibroblastes, une orientation de ceux-ci suivant

les lignes de force nouvellement créées par la tension ou pression et une activation de la

synthèse des macromolécules. Les fibroblastes vont moduler l’orientation des fibres de

collagène en réponse à la stimulation mécanique.

Dans la maladie de Dupuytren, plusieurs auteurs ont signalé - notamment

Murrell46

47

- une sécrétion anarchique des fibroblastes en qualité ou en quantité. Les

fibroblastes sont six fois plus fréquents dans les brides et 40 fois plus fréquents dans

les nodules et leur sécrétion augmente en conséquence. Ceux-ci sont précurseurs de

liaisons anarchiques entre les différents constituants de l’aponévrose représentant un

potentiel de risque élevé de développement de brides ou nodules.

46

MURRELL G.A.C., FRANCIS M.J.O., BROMLEY L. Free radicals and Dupuytren’s contracture.

Br. Medecin. Journa, 295, 1987, p.1373-1375. 47

MURRELL G.A.C., FRANCIS M.J.O. Collagen production by cultured Dupuytren’s fibroblasts.

In : Berger A., Delbrûck A., Brenner P. et Hinzmann R. Dupuytren’s disease. Springer Verlag, Berlin,

1994, p. 62-69.

25

Les rétractions se développent à partir d’une prolifération augmentée de façon

incontrôlée des fibroblastes ainsi que par un dépôt de collagène de type II et V et des

glycosaminoglycanes dans l’aponévrose palmaire48

49

.

1.7.1.2 Les glycosaminoglycanes et le mouvement respiratoire primaire

Les fibroblastes sécrètent sept types différents de glycosaminoglycanes50

(GAG) qui

sont des macromolécules ayant des répartitions diverses selon le type de tissu fascial.

Les GAG les plus communs dans le tissu conjonctif sont les chondroïtines sulfates

(cartilage, os, peau, vaisseaux sanguins) et les kératanes sulfates (os, cornée).

Ensemble, ils jouent un rôle prépondérant dans l’hydratation du cartilage en servant

de piège à l’eau. C’est grâce à leur capacité de retenir l’eau que le cartilage aura aussi

la possibilité de résister aux forces compressives.

L’acide hyaluronique est le GAG le plus commun au sein du tissu conjonctif. Il joue

un rôle prépondérant sur la viscosité et la perméabilité du tissu conjonctif qui est en

permanente modification passant d’une phase fluide appelée la phase « sol » et une

phase moins fluide appelée phase « gel ».

Bien qu’il y ait d’autres composants entrant dans le mécanisme respiratoire primaire

(MRP) tel que décrit par W. Garner Sutherland, c’est entre autres à partir du couple

acide hyaluronique-hyaluronidase que l’on explique les différentes phases du MRP.

C’est une caractéristique de la vie que cette fluctuation au sein de la cellule passe

d’une phase très perméable appelée aussi phase d’inspire que l’on associe également

la flexion cranio-sacrée à une phase peu perméable appelée phase d’expire associée à

l’extension cranio-sacrée. La dépolymérisation de l’acide hyaluronique se fait par

48

TOMASEK J.J., VAUGHAN M.B., HAAKSMA C.J. Cellulare structure and Biology of

Dupuytren’s disease. Hand Clin 1999 Feb; 15(1) : p. 21-34. 49

AUGOFF K., et al. Epidemial growth factor in Dupuytren’s disease. Plast Reconstr Surg. 2005 Jan;

115(1) , p. 128-33. 50

LANCASTER UNIVERSITY, (page consulté le 19 avr. 07), Role of proteoglycans and

glycosaminoglycans, Adresse URL, http://biol.lancs.ac.uk/gig/pages/pgrole.htm.

26

l’action de l’hyaluronidase51

et peut également être réalisée par un phénomène

d’addition d’énergie, c’est-à-dire une pression même exercée par la main du

thérapeute. Ce phénomène en physique est appelé thixotropie.

Cette thixotropie, force physiquement mesurable (TI=log(viscosité à 1,8s-1/ viscosité

à 18s-1), nous permet d’expliquer les modifications tissulaires engendrées par le

contact de la main de l’ostéopathe sur les tissus de son patient. Dès lors, la notion de

thixotropie dégage de tout ésotérisme la notion d’écoute et de toucher.

Tel qu’observé par Tubiana52

, la diminution de l’acide hyaluronique dans

l’aponévrose palmaire moyenne dans les cas de maladie de Dupuytren met en péril

l’équilibre et la dynamique du MRP. Tel un grain de sable dans un engrenage, les

phases du MRP sont altérées. Il faut se rappeler d’autres rôles non négligeables des

GAG qui seront aussi altérés, soit leur rôle dans la diffusion des nutriments et autres

substances dissoutes, des capillaires aux cellules et inversement, et leur rôle en

servant de base de substrat dans la migration cellulaire. Ce n’est que par

l’intervention de la main de l’ostéopathe que l’on pourra stimuler par thixotropie les

échanges cellulaires ramenant le MRP dans une normalité.

W. Garner Sutherland D.O. 53

fait mention de cinq composants du MRP qui sont

interdépendants dans le corps qui ont une action déterminée :

1- le liquide céphalo-rachidien;

2- les méninges et membranes de tension réciproque;

3- le système nerveux central;

4- la mobilité articulaire du mécanisme crânien;

5- la mobilité articulaire du sacrum entre les iliaques.

51

VOYER, G., Fasciæ généraux, verbatim séminaire F0 2e promo, Académie Sutherland du Québec,

2004, p.64. 52

TUBIANA, R. Traité de chirurgie de la main. Masson, Paris, 1998, p.20. 53

SUTHERLAND, W.G., Ostéopathie dans le champ crânien, Edition Sully, 2004, p. 44-48.

27

Ainsi, « le mouvement de chaque os est synchronisé avec chaque autre os et avec le

mouvement du liquide céphalo-rachidien, de l’axe neural et des méninges,

constituant ainsi une unité physiologique réelle54

».

1.7.1.3 Les myofibroblastes

Les myofibroblastes sont une sous-population de fibroblastes qui parallèlement à la

maladie de Dupuytren apparaissent lors des phénomènes de cicatrisation. De plus, les

myofibroblastes participent à l’élaboration de la matrice extracellulaire, à la modulation

de la réponse inflammatoire et à la stimulation de la réparation épithéliale. La persistance

des myofibroblastes dans le tissu conjonctif est associée à une évolution fibrosante.

Il nous paraît important d’ajouter que d’un point de vue ostéopathique, la rétraction

causée par la contraction des myofibroblastes est permanente et que c’est le début

d’un processus fixe et dégénératif du tissu conjonctif.

1.7.1.4 Les mastocytes

Parmi les cellules de passage, on retrouve les mastocytes. Ces cellules qui arrivent au

tissu conjonctif par voie sanguine ont un très grand rôle de défense (phases

inflammatoires). Elles seront responsables de la sécrétion d’éléments

neurohormonaux tels que l’histamine (provoquant la dilatation des vaisseaux) et

l’héparine sous forme d’héparane sulfate (empêche la coagulation sanguine). Elles

sécrètent deux constituants de la matrice : la chondroïtine sulfate et

l’acide hyaluronique.

Dans la maladie de Dupuytren, la sécrétion d’histamine par les mastocytes peut stimuler

la prolifération des fibroblastes et l’augmentation de la synthèse de collagène55

.

54

SUTHERLAND, W.G., Ostéopathie dans le champ crânien, Edition Sully, 2004, p. 49. 55

NEUMÜLLER J. Investigations of cells cultures derived from patients suffering from Dupuytren’s

contracture. In : Berger A., Delbrûck A., Brenner P. et Hinzmann R. Dupuytren’s disease. Springer

Verlag, Berlin, 1994, p. 101-110.

28

1.7.1.5 Histiocytes-macrophages

Dans la maladie de Dupuytren, il y a libération des facteurs de croissance par les

macrophages56

. Les facteurs de croissance ne sont pas spécifiques à la maladie de

Dupuytren, mais sont produits par les macrophages pendant la cicatrisation par

exemple. C’est leur excès qui est anormal en l’absence d’un stimulus externe57

.

Toujours dans un rôle de défense, les histiocytes-macrophages ont pour rôle de phagocyter

les résidus cellulaires, bactéries et cellules mortes mais ont aussi un rôle prépondérant lors

de l’inflammation articulaire. Il faut noter que par la reconnaissance antigénique, les

macrophages auront un rôle de chien de garde pour l’organisme. De plus, par la sécrétion

d’interférons, ils auront aussi un rôle dans le blocage des mitoses cellulaires et les

multiplications virales. Enfin, les macrophages faciliteront la fluidification de la substance

fondamentale amorphe par la sécrétion d’enzymes spécifiques afin de se déplacer

facilement et rapidement. Ils peuvent être impliqués dans certaines maladies fibrosantes58

.

Les manœuvres ostéopathiques de pompage permettent de chasser les macrophages

(soldats) qui, suivant la phase inflammatoire, congestionnent le site et causent de la fibrose.

1.7.1.6 Les leucocytes

Les monocytes et les lymphocytes constituent le deuxième rideau défensif contre

l’inflammation et l’invasion. Dans le tissu fascial, les macrophages luttent pendant les

premières heures puis les monocytes immigrés prennent alors le relais.

Dans la maladie de Dupuytren la sécrétion de facteur de croissance bêta (TGF- ) par

les lymphocytes et les macrophages entraîne l’extinction de la réponse immunitaire.

Le TGF- inhibe la prolifération des lymphocytes T et l’activation des macrophages.

Il augmente la synthèse du collagène, de ses récepteurs ainsi que de ses isoformes. Il

56

TUBIANA, R. Traité de chirurgie de la main. Masson, Paris, 1998, p.19. 57

TUBIANA, R. Traité de chirurgie de la main. Masson, Paris, 1998, p.21. 58

TUBIANA, R. Traité de chirurgie de la main. Masson, Paris, 1998, p.19.

29

permet le chimiotactisme des fibroblastes. Il peut réguler l’expression de l’actine

alpha-sm dans les fibroblastes et il diminue la production de collagénase59

.

On a également mis en évidence la présence élevée de lymphocytes CD-3 + (25 %

comparé à 0,5 %) et l’expression de protéines de classe II du complexe majeur

d’histocompatibilité ce qui a conduit à l’hypothèse d’une maladie auto-immune

médiée par les cellules T60

.

1.7.2 La matrice : Les fibres de collagène, de réticuline et d’élastine

1.7.2.1 Les fibres de collagène

On dénombre jusqu’à présent 2361

types différents de collagène dans le corps humain.

À lui seul, il représente de 50 % à 60 %62

de la composition du tissu fascial lorsqu’il

est déshydraté. On retrouve en grande partie, au sein de la matrice, des molécules de

tropocollagène, unité fondamentale du collagène, qui peuvent se polymériser pour

créer des microfibrilles. Ces dernières sont des associations longitudinales et

transversales de molécules de tropocollagène et elles apportent une charpente aux

autres cellules et tissus. Tel que mentionné plus haut, ce système tubulaire justifie la

continuité des fasciæ à travers l’ensemble du corps humain.

Tableau 2 : Principaux types de collagène, Voyer, G. Fasciæ généraux, Académie Sutherland

d’Ostéopathie du Québec, 2004, p.57.

Type Chaîne Localisation

1 [α1 (I) ]2 [α2 (I) ] Peau, tendon, os

2 [α1 (II)]3 Cartilage, humeur vitrée

3 [α1 (III)] 3 Peau, muscle

4 [α2 (IV) ]2 [α2 (IV) ] Membrane basale

59

TUBIANA, R. Traité de chirurgie de la main. Masson, Paris, 1998, p.21. 60

BAIRD K.S., et al. T-cell-mediated response in Dupuytren’s disease. Lancet 341, 1993, p. 1622-

1623. 61

LEBLANC, Benoit, Université de Sherbrooke, (page consultée le 14 avr. 07), Modifications post-

traductionnelles, Adresse URL, http://pages.usherbrooke.ca/bcm-514-bl/3f.html 62

VOYER, G., Fasciæ généraux, Académie Sutherland d’Ostéopathie du Québec, 2004, p.50.

30

Dans la maladie de Dupuytren, Baily et Murrel (1991) ont découvert une

augmentation du rapport collagène de type III sur le collagène de type I qui passe de

10-15 % dans le tissu apparemment sain à 30-40 % dans les brides (normalement 1-

2 % de collagène de type III)6364

.

Selon Mc Grouther (1982), les faisceaux longitudinaux de fibres de collagène sont

entourés d’un système de tissu conjonctif péritendineux lâche, qui les sépare les uns

des autres, et autorise une certaine mobilité les uns par rapport aux autres. Les

faisceaux de fibres de collagène denses sont constitués essentiellement de collagène

de type I, qui entre pour 93 % dans la composition du collagène de l’aponévrose

palmaire normale (Menzel et coll., 1979). Le tissu péritendineux, lui, est constitué

essentiellement de collagène de type III. Ce dernier ne représente que 2,4 % à 6,5 %

du collagène de l’aponévrose palmaire normale65

.

1.7.2.2 La réticuline

La réticuline a pour rôle de mettre en place le « squelette » pour la cicatrisation et la

réparation tissulaire. Elle prend la forme d’une toile de support, une sorte de grillage

du fait de ses nombreuses anastomoses. La cicatrisation anarchique dite chéloïde est

remarquée chez certains de nos sujets atteints de la maladie de Dupuytren. Pourtant,

selon R. Tubiana, les sujets ayant tendance à faire des chéloïdes ou des cicatrices

hypertrophiques, très proches sur le plan histologique ou biochimique, sont en fait

ceux qui ne développent pas ou rarement de maladie de Dupuytren66

.

63

BAILY A.J. Collagen changes in Dupuytren’s disease. In : Berger A., Delbrück A., Brenner P. et

Hinzmann R. Dupuytren’s disease, Springer Verlag, Berlin, 1994, p.37- 48. 64

MURELL G.A., FRANCIS M.J., BROMLEY L. The collagen changes of Dupuytren’s contracture.

J. Hand Surg. Br. 16, 1991, p. 263-266. 65

TUBIANA R., HUESTON J-T. et al. La maladie de Dupuytren, 3e ed., Monographie du groupe

d’Études de la Main. Expansion Scientifique Française, Paris, 1986, p.116-117. 66

TUBIANA, R. Traité de chirurgie de la main. Masson, Paris, 1998, p.26.

31

1.7.2.3 La fibronectine

La fibronectine a des sites d’adhérence principalement pour les tropocollagènes de

type I, de type II et de type III. C’est elle qui, par une mémoire génétique67

donnera la

forme de la structure fasciale. Dans la maladie de Dupuytren, les filaments riches en

fibronectine peuvent s’étendre tout le long d’une cellule et dans le tissu avoisinant

attachant les myofibroblastes entre eux et avec les fibres de collagène adjacentes.

L’ensemble de ce complexe adhésif pourrait ainsi jouer un rôle dans la transmission

des forces contractiles de la maladie de Dupuytren68

.

1.7.2.4 La substance fondamentale amorphe

La substance fondamentale amorphe proprement dite est le support aux constituants

de la matrice, un lieu d’échanges intercellulaires contenant de l’eau libre transportant

de l’oxygène, des nutriments, des électrolytes et de l’eau liée associée aux

macromolécules par liaison chimique, emprisonnée dans les mailles de l’acide

hyaluronique (libérée par l’hyaluronidase)69. On y retrouve aussi des protéines

exogènes telles que : l’albumine sérique, les immunoglobulines, des nutriments :

polypeptides, acides aminés, glucose, ainsi que des produits cataboliques (urée)70

. La

substance fondamentale amorphe servira donc de lien commun à l’ensemble des

constituants de la matrice. Elle contient près de 70 % d’eau sous deux formes : eau

libre et eau liée et de 30 % de colloïdes.

67

VOYER, G. Verbatim F0, Académie Sutherland d’Ostéopathie du Québec, Polycopié F0, 2004, p.

62. 68

TOMASEK J.J., HAAKSMA C.J. Fibronectin filaments and actin mycrofilaments are organized

into a fibronexus in Dupuytren’s disease tissue. Anat. Rec. 230, 1991, p.175-182. 69

KING, W., IU School of Medicine (page consultée le 14 avril 07), Glycosaminoglycans and

Proteoglycans, Adresse URL, http://www.indstate.edu/thcme/mwking/glycans.html. 70

FACULTE DE MEDECINE COCHIN PORT-ROYAL, (page consulté le 14 avril 07), Le tissu

conjonctif, Adresse URL.

32

« L’eau c’est la vie, la vie c’est le mouvement. » (Hippocrate) En ostéopathie, ce

constat nous mène à encourager les candidats à boire de l’eau afin d’hydrater les

tissus quantitativement et afin de faciliter qualitativement les échanges métaboliques.

1.7.2.5 Les fibres d’élastine

Les fibres d’élastine, aussi produites par les fibrocytes, détermineront par leur

association aux fibres de collagène, le potentiel d’élasticité de la matrice extracellulaire,

c'est-à-dire l’hystérésis élastique du tissu conjonctif. Au niveau morphologique, on peut

remarquer que les fibres d’élastine ont tendance à se lier par quatre au niveau de leur

lysine respective pour former une molécule de desmosine. C’est cette union qui va

conférer à l’élastine sa qualité élastique. Donc, plus il y aura de molécules de

desmosine dans le tissu conjonctif, plus il sera élastique. De plus, puisque les fibres

d’élastine sont non glycolisées, elles ont une qualité hydrophobe, ce qui aura une

incidence sur le travail que nous ferons au niveau fascial.

Le collagène limite l’élasticité du fascia que l’élastine veut augmenter. Dans la

maladie de Dupuytren, l’important sera de retrouver la proportion et une organisation

initiale de collagène et d’élastine permettant de retrouver une élasticité et une

plasticité normale des tissus.

1.8 Anatomie des fasciæ intéressés par la maladie de Dupuytren

Dans ce chapitre, l’anatomie que nous abordons est tirée des ouvrages de référence de

J. Cruveillier71

, de Guy Voyer D.O. dans son polycopié sur l’anatomie pour le

traitement des fasciæ du membre supérieur72

et de A. Bouchet et J. Cuilleret73

.

71

CRUVEILHIER, J. Anatomie descriptive. Bechet Jeune, Paris, 1834, p. 173-190. 72

VOYER, G. Les fasciae F2 : Anatomie pour le traitement des fasciae du membre supérieur.

Académie Sutherland d’otéopathie du Québec, 2004, p.1-52. 73

BOUCHET, A., CUILLERET, J. Anatomie topographique descriptive et fonctionnelle : Tome 3a,

Masson, Paris, 1995, p.1177-1399.

33

Figure 3 : Schéma de la conception fonctionnelle des chaînes fasciales

1. L’épaule 2. Le coude 3. La main 4. Fascia pectoralis 5. Rachis 6. Fascia grand dorsal 7. Sacrum

1.8.1 Le trépied : système suspenseur de l’épaule qui lui offre

la stabilité-mobilité

L’utilisation du terme trépied nous sert ici d’analogie pour représenter les trois points

d’attache importants que sont le grand pectoral, le grand dorsal et le rachis. Dans

notre exemple, il convient de dire que ce trépied aide à augmenter la stabilité de

l’épaule, mais ne la supporte pas. Le deltoïde de l’épaule pour sa part doit assurer son

double rôle de stabilisation et de mobilisation de l’humérus. Ainsi, comme les

cordages d’un voilier qui tendent les voiles amarrées sur le mât du bateau, les fasciæ

offrent une stabilité à l’épaule à l’aide d’une tension réciproque et permettent en

orchestrant les mouvements une grande mobilité conformément aux principes de

tenségrité mis en évidence par Buckminster Fuller. « Il s’agit d’un terme inventé par

34

l’architecte américain, en 1955, et qui résulte de la contraction de “tensile” et

d’“integrity”; il s’agit de la faculté d’un système à se stabiliser mécaniquement par

le jeu de forces de tension (continues) et de compression (discontinues) qui s’y

répartissent et s’y équilibrent74

. »

Le grand pectoral forme à lui seul le plan musculo-aponévrotique superficiel

rejoignant en bas l’aponévrose clavi-pecto-axillaire et participant à la constitution du

ligament suspenseur de l’aisselle (fascia de Gerdy). Il prend insertion sur la clavicule,

sur le manubrium sternal, sur le corps du sternum, sur les cartilages costaux ainsi que

sur la septième côte et sur la gaine des grands droits de l’abdomen qui s’insèrent sur

la symphyse pubienne. C’est donc dire que la position du bassin et de la symphyse

pubienne influencera la position du moignon de l’épaule et inversement. Le fascia

pectoralis est un mince feuillet aponévrotique qui naît de la clavicule, tapissant la face

antérieure du muscle se divisant ensuite en deux feuillets : un profond qui vient

tapisser la face postérieure et un feuillet superficiel devenant l’aponévrose inférieure

du creux de l’aisselle rejoignant en arrière le bord inférieur du grand dorsal.

Le grand dorsal occupe la région lombaire, une partie de la région dorsale et le bord

postérieur du creux de l’aisselle (fascia de Leblanc). Les insertions à la crête iliaque

et à l’épine se font par une aponévrose triangulaire (dorso-lombaire) formant la gaine

des muscles sacro-lombaire, long dorsal et transversaire épineux. De la triple

insertion spinale, iliaque et costale, ses fibres se dirigent horizontalement,

obliquement et verticalement et vont s’insérer, par un tendon conjoint et aplati au

fond de la coulisse bicipitale juste au-dessus du grand pectoral. Ce tendon fournit une

expansion fibreuse qui se continue avec l’aponévrose brachiale. Dans l’adduction de

l’épaule, l’action synergique des muscles rhomboïdes, grand rond, triceps et grand

dorsal permet de mobiliser le membre supérieur et de stabiliser la position de la tête

74

FULLER, B. Synergetics. Macmillan, New York, 1975.

35

humérale et de la scapula. Quand l’humérus devient le point fixe, le grand dorsal

soulève le tronc avec d’autant plus d’efficacité qu’il s’insère à la fois aux côtes, à

l’épine de la scapula et au bassin.

L’aponévrose du grand pectoral se continue en haut par celle des trois chefs du

deltoïde. Le fascia deltoïdien comprend deux feuillets : l’un superficiel, dense et

adhérent au muscle par l’intermédiaire des cloisons interfasciculaires qu’il envoie à

ce muscle. L’autre profond s’attachant en haut sur l’épine de la scapula, l’acromion et

la clavicule et en bas sur l’encoche sous-deltoïdienne. Il se poursuit en bas sur le

fascia brachial, en arrière sur les fasciæ du sus et du sous-épineux et en avant sur le

fascia du grand pectoral.

Figure 4 : Netter, F.H. Atlas of Human Anatomy. Icon,

Teterboro, New Jersey, p. 442.

36

1.8.2 Le moteur : l’épaule et le coude qui sont éléments de puissance

À la figure 3, nous pouvons constater que l’aponévrose brachiale est constituée d’un

manchon cylindrique. Elle entoure complètement la musculature du bras et constitue

la cloison intermusculaire interne et externe. Elle se continue en haut avec le fascia

deltoïdien et avec le fascia axillaire pour rejoindre la clavicule, l’acromion et l’épine

de la scapula. Elle se continue avec l’aponévrose sous-épineuse et naît des tendons du

grand pectoral et du grand dorsal. D’un point de vue ostéopathique, on peut donc

parler de lien entre l’épaule, le bras et le tronc. Elle se termine à l’articulation du

coude où elle va se continuer en bas avec le fascia antébrachial superficiel.

L’aponévrose brachiale est constituée presque en totalité de fibres circulaires. Ces fibres

sont coupées perpendiculairement par les fibres verticales qui viennent s’implanter sur

l’aponévrose antébrachiale. L’ostéopathe dans son traitement doit normaliser ce fascia en

considérant le double sens des fibres. En ostéopathie, l’orientation des fibres de collagène

guide les mains du thérapeute qui, par les techniques de normalisation, tente de

dynamiser les mécanismes de la restauration tissulaire.

Le grand pectoral et le grand dorsal sont tenseurs de cette aponévrose qui ressemble

fonctionnellement au deltoïde de Farabeuf.

L’aponévrose antébrachiale superficielle forme une gaine qui entoure l’avant-bras.

Elle se fixe en dedans sur la crête postérieure du cubitus et en dehors au bord

postérieur du radius. Renforcée de fibres verticales correspondant aux cloisons

intermusculaires qui s’en détachent, l’aponévrose antébrachiale donne insertion aux

muscles qu’elle revêt. Son épaisseur et sa résistance vont en augmentant de haut en

bas. Elle est renforcée par l’expansion fasciale du biceps formée de fibres obliques ou

arciformes qui se détachent du tendon du biceps75

. Une tension accrue provenant d’un

75

BOUCHET, A., CUILLERET, J. Anatomie topographique descriptive et fonctionnelle : Tome 3a,

Masson, Paris, 1995, p.1316.

37

tendon du muscle biceps rétracté aura comme effet une mise en tension asymétrique

sur l’aponévrose antébrachiale via son expansion ulnaire, provoquant par le fait

même une restriction de mouvement des muscles s’attachant sur l’épitrochlée. À cet

endroit, l’aponévrose se doit d’être bien libre afin de permettre des mouvements

équilibrés en prono-supination.

L’aponévrose antébrachiale profonde est un mince feuillet cellulaire qui tapisse la

face antérieure du fléchisseur commun profond des doigts.

Le muscle petit palmaire est inconstant et la maladie de Dupuytren peut survenir même

en l’absence de ce dernier. Lorsque présent, il est compris dans la loge antérieure de

l’aponévrose antébrachiale superficielle. Il est revêtu par sa propre gaine fasciale le

séparant du grand palmaire latéralement, du muscle rond pronateur médialement et du

fléchisseur commun superficiel des doigts en profondeur. Prenant origine par des fibres

tendineuses sur l’épitrochlée, sur les cloisons qui le séparent des muscles adjacents et

sur l’aponévrose antébrachiale, il se termine par sa partie médiane sur le ligament

antérieur du carpe et sur l’aponévrose palmaire moyenne. De plus, il est relié par ses

bords latéraux sur les aponévroses palmaires externe (thénar) et interne (hypothénar).

Lorsque le muscle se contracte, il tend le ligament annulaire antérieur du carpe et par le

fait même l’aponévrose palmaire moyenne. L’aponévrose palmaire moyenne existe

même en l’absence du muscle petit palmaire, et ses fibres se poursuivent alors avec

celles du fascia antébrachial.

Le ligament annulaire antérieur du carpe est représenté par une lame fibreuse épaisse

qui bride en avant la gouttière carpienne. Le muscle petit palmaire renforce en avant le

ligament annulaire antérieur qui est traversé par les tendons des fléchisseurs et leur

gaine synoviale ainsi que par des éléments vasculaires et nerveux. Superficiellement, il

entre en rapport de continuité avec les muscles et fasciæ des éminences thénar et

hypothénar. La normalisation des fasciæ palmaires passera d’abord in prime par la

normalisation du ligament annulaire, étant donné les rapports de continuité entre ces

couches cutanées. Par le fait même, la normalisation de ce canal ostéo-fibreux permet

38

le relâchement de la compression des nerfs médian et cubital et des artères radiale et

cubitale. Il arrive parfois que la maladie de Dupuytren soit associée à un syndrome du

canal carpien. À la partie interne, le ligament annulaire du carpe est en lien de

continuité avec le canal de Guyon qui, formé d’une expansion du ligament annulaire

dorsal et de la partie latérale du pisiforme, livre passage au nerf et à l’artère cubitale.

Tel que présenté à la figure 4, cette zone de décompression est importante à normaliser

afin que l’artère joue son rôle absolu.

Figure 5 : Bouchet, A, Cuilleret, J. Anatomie topographique descriptive et fonctionnelle,

tome 3a, Masson, Paris, 1995, p. 1431.

39

1.8.3 La pince polycie digitale : éléments de précision constituant la main

L’aponévrose palmaire superficielle est constituée dans sa partie centrale par

l’aponévrose palmaire moyenne et latéralement par les aponévroses de recouvrement

des éminences thénar et hypothénar. C’est en 1887 que l’anatomiste polonais Grapow

a décrit le rôle de l’aponévrose palmaire76

:

1- elle maintient la courbure du squelette de la main et résiste aux forces tendant

à l’aplatir;

2- elle a une fonction hydraulique, elle agit sur la circulation sanguine et lymphatique

grâce aux changements de tension entre la contraction et le relâchement;

3- elle assure la prise en fixant la peau grâce aux multiples adhérences avec le

derme et forme des sillons et des plis cutanés;

4- elle est destinée à protéger la loge palmaire moyenne et son contenu (tendons des

fléchisseurs, arcade palmaire superficielle, nerf médian). Elle délimite des

compartiments fibreux pour les vaisseaux, les nerfs et les tendons.

Tubiana pour sa part ajoute que ses éléments transversaux font office de poulie de

réflexion pour les tendons fléchisseurs des doigts.

Le système fibreux est relié par un certain nombre d’expansions à la peau, au

squelette, aux gaines tendineuses, à l’aponévrose palmaire profonde et aux

aponévroses thénarienne et hypothénarienne.

« Il existe un réseau de tissu conjonctif lâche qui s’interconnecte avec le

système fibreux dense, et forme les mailles d’un filet qui entoure les lobules

graisseux. Il faut bien comprendre que ces différents systèmes fibreux sont

capables de modifications structurales tout au long de la vie, en réponse aux

modifications des besoins fonctionnels77

. »

76

TUBIANA, R. Traité de chirurgie de la main. Masson, Paris, 1998, p.31. 77

TUBIANA R., HUESTON J-T. et al. La maladie de Dupuytren, 3e éd., Monographie du groupe

d’Études de la Main. Expansion Scientifique Française, Paris, 1986, p.117.

40

Figure 6 : Les formations aponévrotiques palmaires

TUBIANA, R. Traité de chirurgie de la main. Masson, Paris, 1998, p. 35

1. Tendon du petit palmaire. 2. Tendinet pour le faisceau superficiel du court abducteur du pouce. 3.

Branche palmaire cutanée du nerf médian. 4. Bandelettes prétendineuses. 5. fibres des bandelettes

prétendineuses insérées dans le derme. 6. Ligament commissural proximal de la commissure du

pouce. 7. Ligament commissural distal de la commissure du pouce. 8. Ligament palmant interdigital.

9. Gaine fibreuse des tendons fléchisseurs. 10. Ligament transverse superficiel.

Du point de vue de la médecine traditionnelle, la maladie de Dupuytren touche

seulement les fasciæ qui sont tous situés dans la même zone embryologiquement

superficielle78

. Parmi les tissus malades, on retrouve les bandelettes prétendineuses, le

ligament natatorium et les ligaments de Grayson.

78

TUBIANA R., HUESTON J-T. et al. La maladie de Dupuytren, 3e éd., Monographie du groupe

d’Études de la Main. Expansion Scientifique Française, Paris, 1986, p.62.

41

Figure 7 : Les structures aponévrotiques de la paume intéressées par la maladie de Dupuytren

TUBIANA R., HUESTON J.T. et al. La maladie de Dupuytren, 3e ed. Monographie du groupe

d’Études de la Main. Paris, Expansion Scientifique Française, 1986, p. 61.

Ce schéma reproduit une dissection faite par le Dr E.J. Hall en 1977, montrant les

rapports entre (a) les bandelettes prétendineuses de l’aponévrose palmaire et le pli

palmaire distal, (b) le ligament transverse superficiel et les plis d’opposition et

palmaire proximal, et (c) le prolongement du ligament natatoire au niveau de la

première commissure.

42

Figure 8 : Atteinte des éléments les plus superficiels de l’aponévrose dans la maladie de

Dupuytren

TUBIANA R., HUESTON J.T. et al. La maladie de Dupuytren, 3e ed. Monographie du groupe

d’Études de la Main. Paris, Expansion Scientifique Française, 1986, p. 62.

Les structures représentées ici, qui s’insèrent sur la peau et sur la gaine tendineuse,

sont l’aponévrose palmaire, le ligament natatoire et le ligament de Grayson.

Les fibres longitudinales superficielles issues du tendon du petit palmaire formant les

bandelettes prétendineuses sont situées en avant des tendons fléchisseurs de chaque

doigt. À la partie inférieure de la paume de la main, chaque bandelette se divise en

deux languettes, externe et interne, qui contournent la racine du doigt et se fixent sur

la face dorsale et latérale de la phalange proximale sur le ligament natatoire et sur le

ligament de Grayson. C’est à ce niveau qu’il y a croisement entre les nerfs, vaisseaux

et aponévrose.

43

Dans la maladie de Dupuytren, des amas de peau se développent à partir de la

première couche des bandelettes prétendineuses à la jonction en Y que l’on voit

distalement au pli palmaire inférieur. Les nodules apparaissent généralement en

premier entre les bandelettes prétendineuses et le tissu cutané.

Figure 9 : La jonction en Y des bandelettes prétendineuses

TUBIANA, R. Traité de chirurgie de la main. Masson, Paris, 1998, p.51

Pour McGrouther79

, l’aponévrose palmaire est formée de 3 couches de fibres :

transversales, longitudinales et verticales. Les différents types de fibres se croisent

afin transmettre et de répartir avec finesse les forces provenant de

différentes directions.

79

MC GROUTHER D.A. Anatomie microscopique de la maladie de Dupuytren. In : Tubiana R.,

Hueston J.T., (eds). La maladie de Dupuytren, 3e ed. Expansion Scientifique Française, Paris, 1986,

p. 32-48.

44

Comme on peut le voir à la figure 8, les fibres verticales sont les moins résistantes,

sont réparties dans toute la paume de la main et sont particulièrement concentrées de

part et d’autre des plis palmaires. Traversant les fibres longitudinales et les fibres

transversales, elles vont du derme à l’aponévrose profonde.

Les fibres longitudinales s’insèrent à plusieurs niveaux : sur le derme inférieur au pli

palmaire distal, en profondeur sur la gaine des tendons fléchisseurs, sur le

métacarpien et sur la phalange proximale.

Lorsque l’aponévrose palmaire est atteinte, on peut voir apparaître des nodules près

du pli palmaire distal et/ou une transformation des bandelettes prétendineuses en

brides qui portent les articulations métacarpophalangiennes en flexion.

Les fibres transversales superficielles, bandes fibreuses larges sont en regard du pli

palmaire distal et n’entretiennent pas de communication avec les précédentes. Elles

s’attachent à la peau seulement par leurs extrémités radiales et palmaires, seules

parties que la maladie de Dupuytren peut toucher. Skoog (1976) a constaté que ce

ligament n’était jamais atteint par la maladie sauf dans certains cas au niveau du

pouce et de la première commissure par le ligament commissural. Ce dernier

correspond au ligament transverse superficiel à la partie radiale.

45

Figure 10 : La structure microscopique tridimentionnelle de l’aponévrose palmaire (d’après

McGrouther) TUBIANA, R. Traité de chirurgie de la main. Masson, Paris, 1998, p. 34

a) section longitudinale de l’aponévrose palmaire

1. Fibres verticales 2. Fibres longitudinales superficielles (adhérence à la peau)

3. Fibres longitudinales intermédiaires 4. Fibres longitudinales profondes

5. Fibres transverses

b) lésion des fibres longitudinales intermédiaires entraînant une rétraction des

articulations MP

c) rétraction des fibres longitudinales profondes

d) lésions associées des fibres longitudinales, verticales et transverses

Le ligament natatorium est une formation transversale distale qui croise superficiellement

la base des phalanges proximales des doigts longs et forme le squelette fibreux des

commissures interdigitales. Recouvrant les pédicules vasculo-nerveux de chacun des

doigts ainsi que des gaines des tendons fléchisseurs, il envoie également des fibres

longitudinales de chaque côté des doigts jusqu’à la deuxième phalange.

Les formations sagittales de Legueu et Juvara sont des « tunnels aponévrotiques80

»

qu’utilisent les lombricaux, les tendons des fléchisseurs et les pédicules vasculo-

80

BOUCHET, A., CUILLERET, J. Anatomie topographique descriptive et fonctionnelle : Tome 3a,

Masson, Paris, 1995, p.1388.

46

nerveux interdigitaux. Allant de la face profonde de l’aponévrose palmaire moyenne

à l’aponévrose palmaire profonde, elles constituent le principal moyen d’amarrage de

l’aponévrose superficielle.

Figure 11 : Coupe de la main passant par la tête des troisième et quatrième métacarpiens

BOUCHET, A., CUILLERET, J. Anatomie topographique descriptive et fonctionnelle : Tome 3a,

Masson, Paris, 1995, p. 1399

1. Aponévrose palmaire moyenne

2. Tendon fléchisseur superficiel

3. Fibres perforantes inerosseuses

4. Nerf digital du troisième espace

5. Muscle lombrical

6. Arc prétendineux

7. Tendon extenseur

8. Fibres intertendineuses

9. Muscle interosseux palmaire du

troisième espace

10. Fibres intermusculaires

11. Muscle interosseux dorsal

12. Aponévrose dorsale superficielle

13. Tête du troisième métacarpien

14. Capsule de l’articulation

métacarpophalangienne 15. Aponévrose palmaire profonde

Selon McFarlane M.D. chirurgien, ces septa seraient épargnés par la maladie de

Dupuytren. D’un point de vue ostéopathique, et tel que justifié dans la partie

méthodologie des chaînes fasciales, il nous apparaît évident que même si ce tissu

semble plus épargné, il est toutefois en mise en tension dans la maladie de Dupuytren.

Dans ces cas, la lésion sur les fibres longitudinales des bandelettes prétendineuses,

par exemple, restreint le mouvement des fasciæ plus profonds qui sont en contiguïté

ou en continuité avec les tissus plus superficiels.

12

13

14

15

47

Les ligaments de Grayson sont en continuité avec les fibres transversales du ligament

natatorium. Ils sont constitués d’un mélange de fibres tendineuses et de tissu adipeux.

Reliant la face profonde de la peau et la face palmaire de la gaine fibreuse des

tendons fléchisseurs, ils seraient à l’origine des nodules sous-cutanés dans la maladie

de Dupuytren.

Figure 12 : Les composants du fascia digital qui peuvent être atteints dans la maladie de

Dupuytren

TUBIANA R., HUESTON J.T. et al. La maladie de Dupuytren, 3e éd. Monographie du groupe

d’Études de la Main. Paris, Expansion Scientifique Française, 1986.

48

Figure 13 : Deux exemples de brides spirales

MC FARLANE, R. Operative hand surgery, 1993, p. 50

(a) La bride prend naissance sur un nodule au bord cubital du cinquième doigt

gauche. (b) La bride est en continuité avec le tendon de l’abducteur du cinquième

doigt, au bord cubital du cinquième doigt droit.

Les ligaments de Cleland sont dorsaux par rapport au paquet vasculo-nerveux. Ils

relient dans un plan frontal la face profonde de la peau et le squelette de part et

d’autre de l’articulation IPP.

Le ligament vertical de Grapow (fibres sur toute la longueur des languettes

prétendineuses venant s’attacher à la face profonde de la peau) devient comme des

microcordes évoluant vers un épaississement de la peau, premier signe de l’apparition

de la maladie.

49

Selon J.Y. Alnot et S. Lamotte (1982), l’atteinte serait plus marquée au niveau des

quatrième et cinquième rayons parce que c’est dans cette région que les contraintes

sont maximales lors de la préhension. Il suffit de faire l’expérience en serrant la main

pour former un poing. La sensation de mise en tension est plus forte sur les quatrième

et cinquième doigts que sur les deuxième et troisième doigts. Lors de la préhension,

la main est faite de telle sorte qu’en serrant un objet nous puissions libérer le pouce et

l’index. « La zone de la main formée par l’annulaire et l’auriculaire est

indispensable pour assurer la fermeté de la prise à pleine paume ou encore la

poigne : mode de prise pour la saisie des manches d’outils, prises de force, dont il est

difficile de se passer81

. »

1.9 Justification ostéopathique

Toute notre approche repose sur les quatre principes fondamentaux exprimés par A.T.

Still D.O. tels que mentionnés en introduction.

À ces principes, Guy Voyer D.O. en a ajouté un cinquième voulant que le patient

s’implique dans sa guérison par des exercices d’autonormalisation tels les étirements

myofasciaux. Tous les muscles sont enveloppés dans une gaine aponévrotique et sont

reliés entre eux par de nombreux fasciæ. L’étirement myofascial sollicitera avec

précision la mise en tension de toute la chaîne fasciale des fléchisseurs et s’ajoutera

au traitement ostéopathique pour corriger le maillon musculaire souhaité parmi les

fasciæ brachiaux, palmaires et digitaux. Pour les besoins de la recherche, les

exercices d’étirements myofasciaux seront répétés à la maison trois fois pendant 30

secondes à raison d’une fois par jour.

Comme cela a été expliqué en introduction, et souligné dans le rappel anatomique,

d’une part, la philosophie ostéopathique demande une approche globale et d’autre

part, la main n’est pas isolée. La main, dernier moulinet du membre supérieur dépend

81

KAPANDJI, A.I. Physiologie articulaire, 6e édition, Maloine, France, 2005, p. 202.

50

de la posture de l’épaule et la stabilité de cette dernière dépend de celle du rachis qui

la supporte. Puisque le corps fonctionne comme un tout indissociable, il est donc

indispensable de travailler les différents éléments par l’intermédiaire de leurs liens,

d’où la notion de chaîne fasciale.

Les normalisations fasciales et les pompages articulaires impliquent un travail à la fois

mécanique et fluidique. Les mises en tensions des tissus conjonctifs sont très douces,

rythmiques et sans grande amplitude et se ressentent plus qu’elles ne se voient.

L’ostéopathe doit écouter et se calquer sur le mouvement respiratoire primaire (MRP).

Dans les phases d’inspire et d’expire, l’ostéopathe doit, pour déplacer les liquides, créer

un gradient de pression. L’analogie du tuyau d’arrosage permet de comprendre le

principe mécanique de la manœuvre; on ouvre le robinet, on met le pied sur le tuyau

puis on lève le pied pour y retirer cette pression. Parce que nous sommes constitué

d’environ 70 % de liquide, et que ces liquides sont incompressibles, la pression exercée

par la main de l’ostéopathe créera du mouvement permettant une dynamisation des

échanges métaboliques (thixotropie). Le rôle de l’artère étant absolu, son bon

fonctionnement permettra de vaincre l’immobilité et d’éviter la stase et laissera faire au

sang et autres liquides leur travail de transporteur d’éléments nutritifs et de nettoyeur au

sein même du fascia.

Les mouvements de normalisation fasciale prennent la forme d’une lemniscate (∞).

En respectant un travail de normalisation dans le sens des fibres, le traitement des

fasciæ pourra in fine réaligner les nouvelles fibrilles de collagène et guider le

remodelage biomécaniquement efficace.

L’ostéopathe peut avoir recours à la participation active ou passive du patient. Les

normalisations passives sont privilégiées, car le relâchement global est plus accentué et

par le fait même le mouvement des liquides est plus grand. Par contre, les mouvements

actifs aident à conscientiser le patient et à se concentrer sur le traitement.

51

Le rythme des manœuvres est fluide et se base sur un rythme à quatre temps. Prenons

l’exemple d’une manœuvre de normalisation fasciale active : durant le premier temps,

le patient inspire et fait l’action, l’ostéopathe débute la mise en tension (petit-grand).

Lors du deuxième temps, l’ostéopathe suit le mouvement MRP avec un léger retard

créant un gradient de pression (grand-grand). Au troisième temps, le patient expire et

relâche pendant que l’ostéopathe retient le mouvement avec un décalage entre la

relaxation du patient et le relâchement de la mise en tension (grand-petit). Au

quatrième temps, l’ostéopathe relâche (petit-petit) et ils exécutent les quatre phases à

nouveau jusqu’à normaliser les fluides.

L’objectif d’un travail mécanique ou liquidien sera de récupérer les qualités comme

l’élasticité fasciale, la fluidité, la disponibilité et la non-rétractilité. Prenons par

exemple une normalisation fasciale de l’aponévrose palmaire moyenne. La mise en

tension dans le sens des différentes fibres du fascia de cette aponévrose crée une

dynamisation énergétique qui, en prenant une surcharge calorique, voit augmenter les

échanges par l’intermédiaire du sulfate de kératane et de chondroïtine. Ainsi,

l’hydratation du tissu se fera en retenant les charges électronégatives qui, pour

équilibrer la substance fondamentale, vont absorber de l’eau. L’ensemble du tissu

conjonctif assumera donc un cycle complet d’expansion et réduction d’alternance

d’eau libre et d’eau liée à la macromolécule que nous appelons MRP.

52

CHAPITRE II

MÉTHODOLOGIE

PLAN DE L’EXPÉRIMENTATION

2.1 Méthodologie de recherche

La méthodologie de ce projet est de type « plan à mesure répétée82

» sur un groupe

expérimental composé de 16 patients représentant un total de 23 mains traitées. En

effet, certains sujets avaient les deux mains atteintes par la maladie. Les sujets

masculins et féminins sont âgés de 38 à 67 ans souffrant de la maladie de Dupuytren

tous stades confondus pré et postopératoires.

Ce projet de recherche est un essai clinique visant à mesurer objectivement les

changements des paramètres fonctionnels du poignet et des doigts suite à des

traitements ostéopathiques par approche de normalisation fasciale de l’épaule, du

bras, et de la main. Le changement de qualité tissulaire observé lors des traitements

sera aussi apprécié et servira de donnée subjective.

2.2 Recrutement des sujets

Le recrutement s’est fait par un message envoyé par courrier électronique à plusieurs

centres de physiothérapie, cliniques médicales et aux particuliers. À noter qu’aucun

regroupement et/ou association pour la maladie de Dupuytren n’existe, cela rendant le

recrutement plus ardu. Après avoir reçu un message de retour de la part des candidats

montrant leur intérêt pour la recherche, les sujets étaient rejoints par téléphone ou via

leur adresse de messagerie électronique afin de remplir un questionnaire téléphonique

ou informatique. Cette communication servait à vérifier si les sujets disponibles

82

ROBERT, M. et al. Fondements en étapes de la recherche scientifique en psychologie, Ed. Edisem

St-Hyacinthe, Maloine, Paris, 1988, p. 80-97.

53

remplissaient les critères d’inclusion et d’exclusion. Dès lors, six rendez-vous étaient

fixés avant de commencer l’expérimentation clinique.

2.3 Critères d’inclusion

Femme ou un homme âgé de 20 ans à 70 ans souffrant de la maladie

de Dupuytren.

Période pré ou postopératoire, tout stade de la maladie

Disponible pendant la durée de l’étude soit environ 10 semaines.

2.4 Critères d’exclusion

Avoir reçu des traitements spécifiques à la main en ostéopathie, en

physiothérapie, en acupuncture ou en massage au cours des trois

derniers mois.

2.5 Taille de l’échantillon

Le temps alloué au recrutement et la rareté de patients atteints de la maladie de

Dupuytren a fait en sorte que nous avons procédé avec 16 sujets et 23 mains. Nous

sommes bien conscient des effets d’un faible échantillonnage et devrons en prendre

considération dans l’analyse des données statistiques.

À noter qu’il n’y a eu aucun abandon en cours d’expérimentation.

2.6 Description des instruments de recherche

2.6.1 Évaluation goniométrique

Notre conception de la prise de mesure des données des amplitudes de mouvement

opte pour la comparaison de l’individu avec lui-même plutôt qu’avec les normes

standardisées. Selon notre vision, il est superflu de nous référer aux normes

standardisées puisque nous recherchons à obtenir des gains qualitatifs qui tiennent

compte de la particularité et de la disponibilité des tissus de l’individu. Chaque

individu est unique et nécessite donc une analyse tenant compte de ses particularités.

54

Nous avons fait usage de deux goniomètres de marque Jamar. Le premier était pour

évaluer l’amplitude de mouvement du poignet (goniomètre standard 8 pouces) et

l’autre goniomètre était spécialisé pour les doigts.

Durant l’expérimentation, chaque mesure d’amplitude articulaire était répétée trois fois

de manière successive en actif et en passif par l’évaluateur (thérapeute) selon un

protocole standardisé83

. Les articulations dont les amplitudes étaient complètes

n’étaient pas comptabilisées, car elles étaient considérées saines (non atteintes par la

maladie). À chaque articulation, les trois amplitudes étaient dites à haute voix par

l’évaluateur afin qu’une assistante de recherche puisse écrire les données sur un tableau

de prise de données. De cette façon, l’évaluateur n’a pas pris connaissance des données

écrites d’une séance à l’autre, diminuant ainsi le biais de recherche. Tel que

recommandé par notre guide de goniométrie, la moyenne des trois données était

comptabilisée sur Excel et nous a servi de donnée officielle.

Comme mentionné dans notre revue de littérature, la maladie de Dupuytren affecte

principalement les amplitudes de mouvement d’extension des articulations MCP, IPP

et IPD en actif et en passif. Par ailleurs, il nous a semblé aussi intéressant d’ajouter à

ces mesures, la mesure de l’amplitude articulaire des doigts en flexion et celles du

poignet en flexion et en extension afin de recueillir davantage d’informations sur

l’atteinte de ces articulations.

2.6.2 Questionnaire DASH

Notre assistante de recherche a utilisé le questionnaire standardisé et publié par l’Institute

for Work and Health nommé DASH (Disability of the arm shoulder and hand). Le

questionnaire DASH comporte trente questions portant sur les incapacités reliées à une

atteinte aux membres supérieurs. Plus précisément, il est conçu pour mesurer la difficulté

à réaliser des tâches de la vie quotidienne, à évaluer la douleur, la raideur et la force ainsi

83

NORKIN, C., WHITE, D.J. : Measurement of joint motion, A guide to goniometry, edition 2, 1995,

p. 79-114.

55

que l’effet d’une telle atteinte sur les activités sociales. (Annexe 5) Le choix de ce test a

été inspiré par la thèse d’A. Zyluk et W. Jagielski (2007)84

.

À notre avis, bien que toutes les questions de ce test ne soient pas spécifiques à la

maladie de Dupuytren, ce test présente tout de même deux avantages. Il est un outil

d’évaluation utilisé dans d’autres recherches médicales sur la maladie de Dupuytren.

Son calcul permet de classer les effets du traitement sur l’individu en cinq

catégories distinctes.

Voici le calcul suggéré par le test et les valeurs associées à chacune des classes.

Tableau 3 : Nom des classes et valeurs au questionnaire DASH

Institute for Work and Health, 2006

Incapacités/Symptômes = { (somme des valeurs choisies) - 1} x 25

nb. de questions répondues

Nom des classes Valeur (points)

Aucun changement observé valeur comprise entre -12,7 et 12,7

Diminution minimale observée valeur comprise entre -12,7 et -15 points

Augmentation minimale observée valeur comprise entre 12,7 et 15 points

Diminution cliniquement importante valeur inférieure à -15 points

Augmentation cliniquement importante valeur supérieure à 15 points

Il est entendu qu’une diminution du résultat au test (valeur négative) présente une

amélioration de la condition du patient entre deux traitements.

Les candidats ont donc répondu aux diverses questions en donnant une cote de 1 à 5

pour les 30 questions sur un total maximum de 150 points. L’assistante a rempli le

questionnaire au début des premier, deuxième, cinquième et sixième temps. Pour une

84

ZYLUK, A., JAGIELSKI, W., The effects of the severity of the Dupuytren’s contracture on the

function of the hand before and after surgery. Journal of Hand Surgery European Volume, 2007,

p. 326-329.

56

condition bilatérale, le sujet répondait aux mêmes questions pour la main droite puis

pour la main gauche.

2.6.3 Questionnaire portant sur le niveau d’activité physique

Le questionnaire Évaluation du niveau d’activité physique et de condition physique

(Ricci et Gagnon 2008) a été utilisé par l’assistante au premier et au sixième temps.

Ce questionnaire rapide, concis et facile à administrer permet de faire le point sur les

activités physiques quotidiennes des patients sur une semaine.

2.6.4 Test de Table de Hueston

Tel qu’expliqué dans la revue de littérature, le test de table de Hueston consiste à

placer la main ouverte sur la table pour tenter d’y plaquer toutes les articulations

(MCP, IPP et IPD). Le test précédait les mesures d’amplitudes articulaires. On

comprend bien qu’à la suite des mobilisations actives et passives, l’amplitude

générale de la main pouvait augmenter. Le patient n’a eu droit qu’à un essai. Ce test

ne servira pas dans les analyses statistiques.

2.6.5 Évaluation qualitative des fasciæ

Suivant chaque technique durant les traitements aux deuxième, troisième et quatrième

temps, l’ostéopathe s’est adonné à la prise de note de la qualité des fasciæ. Cette

initiative nous a permis de prendre en note une donnée qualitative par technique en

inscrivant si le fascia traité était libre, peu adhérent, moyennement adhérent, très

adhérent ou collé. Les catégories ont été développées à partir de notre expérience

clinique. À noter que dans sa pratique courante, l’ostéopathe se renseigne à tous

moments sur l’état des tissus qu’il traite, mais ne prend pas la peine d’écrire ses

résultats un à un, n’y voyant peut-être pas le besoin. Pour notre étude, nous pensons

que le fait de systématiser cette prise de note pourra servir à mieux interpréter les

résultats obtenus et de comparer l’effet des traitements dans le temps sur les tissus.

Cette évaluation ne sera pas comptabilisée à des fins statistiques.

57

2.7 Déroulement de l’expérimentation

Les sujets ont été questionnés au préalable lors de la sélection par l’assistante au

téléphone ou par courriel sur la condition unilatérale ou bilatérale de la maladie de

Dupuytren sachant qu’une atteinte bilatérale occasionnait le double du temps pour

chacune des rencontres. Pour les sujets présentant une atteinte bilatérale, le

déroulement de l’expérimentation était le suivant : le questionnaire DASH était passé

séparément pour les mains droite et gauche (assistante), ensuite on passait un seul

questionnaire sur le niveau d’activité physique (assistante) et finalement l’amplitude

articulaire des deux mains était évaluée par le thérapeute. Par la suite, les traitements

ostéopathiques étaient d’abord exécutés du côté le plus atteint puis du côté moins

atteint. Le temps était équivalent pour les deux côtés.

Afin de simplifier la présentation de ce chapitre, nous ferons la description du

déroulement de l’expérimentation selon un sujet atteint de manière unilatérale.

Tableau 4 : Résumé des intervalles entre les rencontres de l’expérimentation

2.7.1 Le temps T1

Durant cette séance de 45 minutes, les sujets devaient répondre premièrement aux

questions posées par notre aide externe portant sur :

l’anamnèse générale;

la condition générale de la main, du coude et de l’épaule : le DASH

(Disability of the arm shoulder and hand);

leur niveau d’activité physique.

Par la suite, nous passions d’abord au test de table et ensuite nous passions à

58

l’évaluation de l’amplitude articulaire du poignet et des articulations MCP, IPP et

IPD. Ces deux tests étaient faits par le thérapeute.

Entre le premier et le deuxième temps, les participants à l’étude ne devaient rien

changer à leurs occupations et à leurs habitudes de vie.

2.7.2 Le temps T2

Trois semaines plus tard, les sujets étaient rappelés pour une deuxième visite. Durant

cette séance de 75 minutes, une seconde évaluation sur l’amplitude de mouvement du

poignet et de la main a été réalisée par l’ostéopathe et les données écrites par

l’assistante.

Une durée d’environ 20 minutes était accordée pour la normalisation du bassin selon

les techniques enseignées par Guy Voyer D.O. et ensuite nous poursuivions avec les

techniques de la première chaîne fasciale.

Le premier traitement ostéopathique, composé de la première chaîne de traitement

fascial a été prodigué. Le même traitement a été donné à tous les participants. Tout au

long du traitement, après chacune des techniques, l’ostéopathe a pris en note sur un

tableau ses observations sur la qualité tissulaire des fasciæ traités. Ces données

subjectives visaient à obtenir des informations complémentaires. Un exercice

d’étirement myofascial ciblant les fléchisseurs de l’avant-bras a été donné à tous les

patients et ils devaient le répéter trois fois pendant 30 secondes de façon quotidienne

et ce pour toute la durée de l’expérimentation. Nous avons aussi recommandé aux

sujets d’augmenter l’apport en eau à 1.5 à 2 litres par jour.

2.7.3 Le temps T3

Les sujets se sont présentés une semaine plus tard pour une troisième visite. Durant

cette séance de 60 minutes, nous avons procédé à une évaluation partielle des

amplitudes articulaires de la main (MCP en extension) et nous avons évalué le

poignet en flexion et en extension. Ce choix restreint relève de deux constats : étant

donné qu’une évaluation complète de la main nécessite beaucoup de temps et que

59

nous voulions garder un maximum de temps pour le traitement ostéopathique, ces

données de flexion-extension du poignet et d’extension des MCP étaient les plus

prioritaires à mesurer. D’autre part, la maladie de Dupuytren occasionne des déficits

en extension particulièrement au niveau des MCP.

Par la suite, un deuxième traitement ostéopathique était prodigué. Celui-ci était

composé des techniques de la deuxième chaîne de traitement fascial. Tout au long du

traitement, après chaque technique, l’ostéopathe a pris en note sur un tableau ses

observations sur la qualité tissulaire des fasciæ traités.

Les mêmes consignes concernant l’exercice d’étirement myofascial et la

consommation d’eau étaient répétées.

2.7.4 Le temps T4

Les sujets se sont présentés une semaine plus tard pour la quatrième visite d’une

durée totale de 60 minutes qui se déroulait de la même façon que la précédente à la

différence que le traitement ostéopathique était composé des techniques de la

troisième chaîne fasciale. Tout au long du traitement, l’ostéopathe a pris en note sur

un tableau ses observations sur la qualité tissulaire des fasciæ traités lors de la

troisième chaîne fasciale.

Les mêmes consignes concernant l’exercice d’étirement myofascial et la

consommation d’eau étaient répétées.

2.7.5 Le temps T5

Les sujets se sont présentés une semaine plus tard pour la cinquième visite d’une durée

totale de 30 minutes. Durant cette rencontre, l’assistante a fait repasser le questionnaire

DASH tandis que le thérapeute, le test de table. Ensuite, nous avons procédé à

l’évaluation complète des amplitudes articulaires du poignet et de la main par le

thérapeute et les données étaient compilées par l’assistante. Une évaluation de la qualité

tissulaire a été réalisée par le thérapeute sur les fasciæ traités lors du quatrième temps

(troisième chaîne fasciale). Respectant l’ordre de la troisième chaîne fasciale, le

60

thérapeute plaçait les mains dans la position de la technique sans toutefois traiter le

fascia afin de prendre en note son état au temps T5.

Les mêmes consignes concernant l’exercice d’étirement myofascial et la

consommation d’eau étaient répétées.

2.7.6 Le temps T6

Un intervalle de quatre semaines était laissé entre la cinquième et la sixième visite afin

de permettre d’évaluer les variables dans le temps. Durant la séance qui dura 30

minutes, l’assistante a fait repasser le questionnaire DASH et le questionnaire sur le

niveau d’activité physique. Par la suite, le thérapeute a fait passer le test de table et une

sixième évaluation complète des amplitudes articulaires du poignet et de la main a été

réalisée. Une troisième évaluation de la qualité tissulaire a été conduite sur les fasciæ

traités lors de la quatrième rencontre (troisième chaîne fasciale).

61

Tableau 5 : Résumé du déroulement de l’expérimentation

Rencontre Durée

1 main

Durée

2 mains

Questionnaires/tests Traitement

T1 45 min 90 min - Anamnèse générale

- Questionnaire DASH

- Questionnaire sur le niveau d’activité

physique

- Test de table

- Évaluation des amplitudes articulaires du

poignet et des doigts (MCP, IPP et IPD) en

flexion et en extension

aucun

T2 75 min 150 min - Évaluation des amplitudes articulaires du

poignet en flexion et en extension et de la

main à l’articulation MCP en extension

- Prise de note sur la qualité tissulaire des

fasciæ traités après chacune des techniques

de normalisation fasciale

Normalisation

du bassin

Chaîne

fasciale 1

T3 60 min 120 min - Évaluation des amplitudes articulaires du

poignet en flexion et en extension et de la

main à l’articulation MCP en extension

- Prise de note sur la qualité tissulaire des

fasciæ traités après chacune des techniques

de normalisation fasciale

Chaîne

fasciale 2

T4 60 min 120 min - Évaluation des amplitudes articulaires du

poignet en flexion et en extension et de la

main à l’articulation MCP en extension

- Prise de note sur la qualité tissulaire des

fasciæ traités après chacune des techniques

de normalisation fasciale

Chaîne

fasciale 3

T5 30 min 30 min - Questionnaire DASH

- Test de table

- Évaluation des amplitudes articulaires du

poignet et des doigts (MCP, IPP et IPD) en

flexion et en extension

- Prise de note sur la qualité tissulaire des

fasciæ traités

aucun

T6 30 min 60 min - Questionnaire DASH

- Questionnaire sur le niveau d’activité

physique

- Test de table

- Évaluation des amplitudes articulaires du

poignet et des doigts (MCP, IPP et IPD) en

flexion et en extension

aucun

62

2.8 Justification du choix d’évaluation et de traitement

2.8.1 Temps et intervalle entre les séances

Suite à la lecture de certaines thèses, Breton et Gilbert (1995), il fut remarqué que les

objectifs d’un traitement ostéopathique sont atteints après trois traitements. C'est sur

ce fait que nous nous sommes basé pour proposer que trois traitements soient

prodigués à chaque sujet du groupe expérimental.

2.8.2 Le traitement ostéopathique

Tel que souligné précédemment dans le rappel anatomique et dans la justification

ostéopathique, les fasciæ que l’on retrouve dans nos trois chaînes ont été identifiés

comme des maillons incontournables à normaliser dans notre traitement

ostéopathique pour la maladie de Dupuytren. Évidemment, en pratique régulière en

tant qu’ostéopathe nous ne nous arrêterions pas seulement à ces chaînes « recettes »

sachant qu’il existe plusieurs autres liens et techniques dont on doit tenir compte. Par

ailleurs, la recherche scientifique demandant un cadre de pratique bien précis nous

avons décidé de reproduire le même traitement déterminé à l’avance pour chaque

sujet de façon systématique, nonobstant les particularités individuelles.

Le choix des techniques de normalisation fasciale et l’ordre dans lequel nous avons

placé ces techniques pour constituer nos première, deuxième et troisième chaînes,

repose donc sur :

le principe d’équilibration du bassin qui joue le rôle de fondation du corps à

partir de laquelle les tensions des fasciæ se dirigeant vers la ceinture

scapulaire s’érigeront de façon équilibrée (principe de tenségrité);

la biomécanique de l’articulation sacro-iliaque, du tronc, du membre supérieur

et de la main notamment pour les techniques de pompage;

les liens de continuité et de contiguïté des fasciæ du bassin, du tronc, du cou,

du membre supérieur, du bras et de la main;

63

le principe du travail global voulant que nous traitions d’abord à distance pour

ensuite agir plus localement. Nous avons l’intime conviction que les fasciæ

qui sont atteints par la maladie de Dupuytren ont un grand besoin d’être traités

et ce de façon répétée;

l’histologie des tissus conjonctifs qui sont affectés par la maladie

de Dupuytren.

Les sujets devaient pour leur part, répéter de façon journalière l’étirement myofascial

des fléchisseurs de l’avant-bras enseigné pour une durée de 30 secondes à trois reprises

et ce entre les temps T2 et T6. Cette autonormalisation s’ajoute aux effets du traitement

et implique le sujet dans son processus de guérison.

2.8.2.1 Premier traitement

Notre objectif premier était de traiter les fasciæ s’attachant directement sur le bassin

puisqu’ils supportent l’épaule. La revue de littérature nous a enseigné que la stabilité

et l’équilibration du bassin sont des conditions préalables à la normalisation

subséquente des éléments qui s’y rattachent : cou, épaule, bras, avant-bras et main.

Au temps T2 de l’expérimentation, nous avons procédé à la normalisation du bassin

des sujets par des manœuvres structurelles telles que décrites par Guy Voyer D.O. Le

but visé du traitement du bassin était d’abord de rendre le groupe le plus homogène

possible, et d’optimiser l’équilibre des chaînes fasciales pour ainsi conserver les

effets du traitement dans le temps. La technique 0 de la première chaîne fasciale porte

ainsi le nom de « Normalisation du bassin ».

Une durée d’environ 20 minutes était accordée pour cette partie du traitement et

ensuite nous poursuivions avec les techniques de la première chaîne fasciale.

L’objectif d’un tel traitement est de normaliser les blocages ostéo-articulaires et les

tensions myofasciales du bassin pour ensuite dégager les parties proximales et

converger graduellement vers le distal (main).

Une autre technique a été employée dans la première chaîne fasciale, à savoir celle du

64

TOG (Technique d’ostéopathie générale) sur le rachis cervical, ceci afin de dégager

les tensions des régions carotidienne, sus-clavière et deltoïdienne contenant les

éléments vasculo-nerveux.

2.8.2.2 Deuxième traitement

Conscient que cette condition de fibromatose reliée à la maladie de Dupuytren

demande un traitement plus localisé aux fasciæ de la main, nous avons convenu de

traiter de distal vers le proximal au deuxième traitement. Étant donné la contrainte du

temps de traitement limité et le nombre multiple d’atteintes fasciales, le choix des

techniques ciblait les fasciæ directement en continuité et en contiguïté avec le fascia

palmaire moyen.

À ce travail de normalisation directe des fasciæ, nous avons ajouté les pompages des

articulations interphalangiennes proximales et des métacarpophalangiennes et du

poignet dans le but de normaliser les tissus mous entourant les capsules articulaires et

dynamiser la circulation des liquides environnants.

2.8.2.3 Troisième traitement

La troisième chaîne fasciale intègre les mêmes techniques que les deux premières et

débute par la main pour terminer à l’épaule. Notre objectif à cette étape était de revoir

les éléments directement en lien avec la maladie de Dupuytren puis ceux plus

éloignés et ainsi revenir sur la globalité de la chaîne fasciale.

2.9 Description des variables de l’expérimentation

2.9.1 Variables indépendantes

Le sexe et l’âge

Les prédispositions génétiques

Le niveau d’activité physique

Le traitement ostéopathique

65

2.9.2 Variables dépendantes

L’amplitude de mouvement sur les doigts affectés par la maladie de

Dupuytren : mesures d’extension et de flexion prises aux doigts atteints aux

articulations MCP, IPP et IPD en actif et en passif.

L’amplitude de mouvement du poignet en flexion et en extension en actif et

en passif.

Résultats au questionnaire DASH.

Le changement de qualité tissulaire observé lors des traitements.

Le test de table de Hueston.

2.10 Considérations éthiques

Les sujets étaient informés que tous les renseignements personnels recueillis ne

pouvaient être utilisés qu’à titre confidentiel seulement, et uniquement aux fins de

l’étude. Vous trouverez à l’annexe 2 un exemplaire du formulaire de consentement lu

et signé par chaque sujet.

66

CHAPITRE III

ANALYSE DES RÉSULTATS

3.1 Type d’analyse

Les mesures pour l’expérimentation ont été colligées dans une base de données sur Excel

et sur Statistical Package for the Social Sciences (SPSS 2006). Dans la présente analyse,

nous retrouverons les statistiques descriptives de l’échantillon ainsi que les analyses

statistiques de comparaison de moyennes pour chacune des variables.

3.2 Puissance de l’étude

Le seuil de signification statistique a été fixé à une valeur p de 0,05. En d’autres

termes, si la valeur p est inférieure à 0,05, il y a une différence statistiquement

significative entre les moyennes comparées. À l’inverse, si la valeur p est supérieure

ou égale à 0,05, il n’y a pas de différence statistiquement significative entre les

moyennes des échantillons.

3.3 Tests statistiques

Pour l’ensemble des variables dépendantes, l’objectif a été d’apprécier les différences

d’amplitudes articulaires du même groupe expérimental entre les différentes

rencontres. Les patients ont formé un groupe qui a été soumis à un plan

d’expérimentation à mesure répétée.

Pour ce faire, nous avons collecté les données sur les doigts 2 (D2), 3 (D3), 4 (D4) et

5 (D5) et sur le poignet, nous avons mesuré les amplitudes de mouvement aux temps

1, 2, 5, et 6 en extension et aux temps 1, 5 et 6 en flexion. Par la suite, et nous avons

comparés ces amplitudes articulaires à l’aide d’un test de t pour échantillon apparié et

ce, entre les temps T1 et T2, T1 et T5 et T6. Par ailleurs, les amplitudes articulaires

sur l’ensemble de la période d’expérimentation (T1 à T6).

67

Il est à noter que les amplitudes en extension entre les temps T1 et T2 et entre les

temps T1, T5 et T6 et T2, T5 et T6 ont été comparées afin de nous assurer que les

différences observées en flexion entre les temps T1 et T5 et T1 et T6 n’étaient pas

dues à l’effet de l’application de plus d’une mesure de l’amplitude. Les résultats des

comparaisons d’amplitudes entre les temps T1 et T2 en extension sont présentés aux

tableaux 8 et 9. Les résultats des comparaisons d’amplitudes entre les temps T1, T5 et

T6 et T2, T5 et T6 en extension sont présentés aux tableaux 10, 12, 14 et 16. Les

comparaisons d’amplitude entre les temps T1, T5 et T6 en flexion sont présentés aux

tableaux 18 et 20.

3.3.1 Conditions préalables au test t pour échantillons appariés

Pour que les résultats d’un test t pour échantillons appariés soient valables, les

données analysées doivent se distribuer normalement. Nous avons vérifié la normalité

des 20 variables étudiées dans SPSS (2006). Pour ce faire, nous avons examiné

l’histogramme de fréquence et le normogramme P-P de chacune des variables, tel que

décrit dans Tabachnick et Fidel (2007)85

.

La vaste majorité des 20 variables nous a semblé normalement distribuée : dans la

plupart des cas, l’histogramme de fréquence révélait une distribution symétrique et

unimodale; de même, dans la plupart des cas, les points représentant les participants à

l’étude suivaient généralement la diagonale du normogramme P-P.

De plus, les valeurs d’asymétrie et d’aplatissement des 20 variables se rapprochaient

de 0 (aucune asymétrie, aucun aplatissement). La moyenne d’asymétrie des 20

variables était de -1,14 et son écart-type de 1,10, alors que leur moyenne

d’aplatissement était de 2,72, son écart-type de 3,86.

85

TABACHNICK, B. G., et FIDELL, L. S. Using Multivariate Statistics, 5th ed., Allyn and Bacon.

Boston, 2007.

68

Dans l’ensemble, ces résultats suggèrent que les variables analysées étaient

distribuées normalement. Cette condition préalable étant remplie, nous avons pu

effectuer les tests t pour échantillons appariés.

3.4 Nombre de mains inégal d’une analyse à l’autre

Nos analyses n’ont pas toutes été faites avec le même nombre de sujets. En effet, chez

trois sujets, les mesures de l’amplitude ont été prises pour les mouvements en passif

mais non en actif. Il en résulte que, les analyses comparant les temps T1 et T2 pour le

D2 en extension active comprennent 11 mains (tableau 8), alors que celles comparant

les temps T2 et T5 et T2 et T6 comprennent 12 mains (tableau 9). Donc, les analyses

comparant ces temps comprennent 1 main de plus. Ce scénario se reproduit pour le

doigt D5 aux temps T1 et T2.

Nous avons tout de même choisi d’inclure dans ces analyses les mains dont certaines

valeurs étaient manquantes étant donné la faiblesse de notre échantillon et

l’importance de ces données.

3.5 Le questionnaire DASH

Afin d’évaluer les incapacités reliées à une atteinte aux membres supérieurs, les sujets

ont répondu au questionnaire DASH aux temps T1, T5 et T6. Les temps T1 et T5

ainsi que les temps T5 et T6 ont été comparés pour chacun des individus. Les

pourcentages d’individus pour chacune des catégories (aucun changement observé,

diminution minimale observée, augmentation minimale observée, diminution

cliniquement importante et augmentation cliniquement importante) ont ensuite été

calculés entre les temps T1 et T5 et T1 et T6.

3.6 Statistiques descriptives

3.6.1 Description des variables de l’échantillon

L’échantillon est composé de 16 individus (11 hommes et 5 femmes) et de 23 mains

affectées par la maladie de Dupuytren. Donc 6 individus ont été traités de

69

façon bilatérale. L’âge des sujets variait de 37 à 67 ans, avec une moyenne de

59,9 ans.

Tel que démontré au tableau 6, 34,8 % des patients étaient au stade 0 de la maladie de

Dupuytren, 52,2 % étaient au stade 1 et 13 % au stade 4. Ces données suggèrent que

la majorité des mains traitées étaient en stade débutant de la maladie (stades 0 et 1).

De plus, 81,2 % des patients n’avaient pas eu de chirurgie comparé à 12,5 %

d’aponévrotomie et à 6,3 % de traitement percutané à l’aiguille. La plupart des mains

traitées ne présentaient donc aucune cicatrice.

Le groupe traité était très homogène : 93,8 % du groupe avait un niveau d’activité

physique considéré comme actif selon le questionnaire de Ricci et Gagnon.

Par ailleurs, 81,2 % des patients n’avait pas eu de traitement préalablement à l’étude

comparé à 18 % en physiothérapie. Pour la majorité du groupe, le traitement

ostéopathique mené durant l’étude était leur première approche de traitement.

La moyenne de consommation d’eau chez les sujets est de 853,1 ml par jour.

Quatorze sujets sur 16 consommaient de l’alcool à une fréquence de 9,2 verres par

semaine. Cette donnée nous révèle que les sujets sont déshydratés et en plus ont

l’habitude en moyenne de prendre plus d’un verre d’alcool par jour ce qui s’ajoute au

facteur de déshydratation.

Aussi, 43,8 % des sujets présentaient un trauma à l’épaule sans néanmoins être du

côté de la main atteinte par la maladie de Dupuytren.

Les facteurs génétiques étaient présents pour 37,5 % des sujets. Ceux-ci avaient dans

leur famille d’autres cas de Dupuytren.

Enfin, 87,5 % des sujets ne souffraient pas de diabète.

Les résultats décrits précédemment sont présentés dans le tableau 6.

70

Tableau 6 : Description de l’échantillon

Nombre Moyenne

Individus 16

Sexe

5 femmes

11 hommes

31,3 %

68,8 %

Âge 55,9 ans

Type de travail

manuel

bureau

5

11

31,3 %

68,8 %

Niveau d’activité physique

actif

inactif

15

1

93,8 %

6,3 %

Atteinte

unilatérale

bilatérale

9

7

56,3 %

43,8 %

Mains traitées

droite

gauche

15

8

65,2 %

34,8 %

Stades de la maladie

0

1

4

8

12

3

34,8 %

52,2 %

13,0 %

Type d’intervention chirurgicale

aponévrotomie

traitement percutané à l’aiguille

nul

2

1

13

12,5 %

6,3 %

81,2 %

Type de traitement conservateur

physiothérapie

aucun

3

13

18,8 %

81,3 %

Trauma à l’épaule

oui

non

7

9

43,8 %

56,3 %

Latéralité

Droitiers

Gauchers

13

3

81,2 %

18,7 %

Facteurs génétique

oui

non

6

10

37,5 %

62,5 %

Hydratation (ml/jr) 853,1 ml

Alimentation équilibrée 16 100 %

Consommateurs d’alcool

nombre de verres/sem.

14

87,5 %

9,2 verres

Fumeurs

nombre de cigarettes/jr

4 25 %

15 cig/jr

Diabète

oui

non

2

14

12,5 %

87,5 %

71

4. Présentation et analyse statistique

4.1 Comparaison des valeurs contrôles entre les temps T1-T2

Les figures 13 et 14 présentent respectivement les amplitudes articulaires d’extension

active et passive à l’articulation métacarpophalangienne pour les doigts D2 à D5 et

pour le poignet aux articulations radio-carpienne et médio-carpienne entre les temps

T1 et T2 et les tableaux 7 et 8 indiquent la signification statistique de la comparaison

de ces données.

Dans ces tableaux, « n » est égal à la taille de l’échantillon et « p » correspond à la

valeur de la signification statistique. Les données en caractères gras se rapportent aux

différences statistiquement significatives (p<0,05).

0

10

20

30

40

50

60

70

80

D2 D3 D4 D5 Poignet

Am

pli

tud

es

art

icu

lair

es

(¡)

T1

T2

Figure 14 : Comparaison en degrés (°) entre les temps T1 et T2 pour l’extension en actif

72

Tableau 7 : Comparaison des moyennes et écart-types en degrés (°) entre les temps T1 et T2

pour la variable extension en actif

EXTENSION

ACTIF MCP T1 T2 Valeur de p T1 vs T2

Doigts Nombre Moyenne Écart type Moyenne

Écart type

D2 n=11 18,76 22,12 21,06 22,83 0,394

D3 n=22 7,85 21,45 10,03 21,28 0,114

D4 n=21 0,24 29,37 3,93 30,39 0,067

D5 n=14 6,02 29,92 11,38 29,43 0,039

Poignet n=23 65,80 12,57 70,45 8,86 0,003

Le tableau 7 on retrouve les statistiques des comparaisons de moyennes d’amplitude

de mouvement d’extension active de l’articulation MCP pour les doigts D2 à D5 et

pour le poignet entre les temps T1 et T2. On remarque des différences significatives

pour le doigt D5 et le poignet.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

D2 D3 D4 D5 Poignet

T1

T2

Figure 15 : Comparaison en degrés (°) entre les temps T1 et T2 pour l’extension en passif

73

Tableau 8 : Comparaison des moyennes et écart types en degrés(°) entre les temps T1 et T2 pour

la variable extension en passif

EXTENSION

MCP PASSIF T1 T2 Valeur de p T1 vs T2

Doigts et poignet Nombre Moyenne Écart type Moyenne

Écart type

D2 n=12 36.36 21.84 41.58 21.00 0.015

D3 n=22 22.33 23.20 31.20 21.67 0.002

D4 n=20 13.93 32.74 17.25 33.15 0.072

D5 n=15 24.47 29.12 31.09 27.22 0.016

Poignet n=23 76.44 13.08 78.51 8.49 0.189

Le tableau 8 nous offre les statistiques des comparaisons de moyennes d’amplitude de

mouvement d’extension passive de l’articulation MCP pour les doigts D2 à D5 et

pour le poignet entre les temps T1 et T2. Les différences significatives ici se

remarquent pour les doigts D2, D3 et D5 en extension passive.

Ces résultats suggèrent que l’évaluation effectuée au T1 a entraîné une augmentation

de l’amplitude de mouvement d’extension à l’articulation MCP pour le doigt D5 et le

poignet en actif et pour les doigts D2, D3 et D5 en passif par rapport à la

première évaluation.

En comparant les moyennes de variations en degrés entre les temps T1 et T2, nous

remarquons une augmentation en moyenne en actif de 3° sur les doigts et de 6° en passif.

Par ailleurs, la variation de l’amplitude active du poignet est de 5° comparée à 2° pour

l’amplitude passive. Puisque aucun traitement n’a été appliqué entre les rencontres T1 et

T2, ces variations sont pas attribuables à un facteur différent du traitement.

4.2 Comparaison des variables : Extension active et passive aux temps T1,

T5 et T6

Les figures 15 et 16 présentent respectivement les amplitudes articulaires d’extension

active et passive à l’articulation MCP pour les doigts et pour le poignet entre les

temps T1, T5 et T6 et les tableaux 9 et 11 indiquent la signification statistique de la

comparaison de ces données.

74

0

10

20

30

40

50

60

70

80

D2 D3 D4 D5 Poignet

T1

T5

T6

Figure 16 : Comparaison en degrés (°) entre les temps T1, T5 et T6 pour l'extension en actif

Tableau 9 : Comparaison des moyennes et écart-types en degrés (°) entre les temps T1, T5 et T6

pour la variable extension en actif

EXTENSION

MCP ACTIF T1 T5

Valeur de p T1 vs T5 T6

Valeur de p T1 vs T6

Doigts et poignet Nombre Moyenne Écart type Moyenne

Écart type Moyenne

Écart type

D2 n=11 18,76 22,12 24,91 24,09 0,091 27,61 19,89 0,003

D3 n=22 7,85 21,45 18,21 21,54 0,000 17,70 23,53 0,000

D4 n=21 0,24 30,37 14,32 30,89 0,000 11,78 31,38 0,000

D5 n=15 5,24 28,99 20,29 29,27 0,000 23,38 31,57 0,000

Poignet n=23 65,80 12,57 75,33 7,89 0,000 74,12 6,39 0,000

Au tableau 9 se retrouvent les statistiques des comparaisons de moyennes

d’amplitude de mouvement d’extension active à l’articulation MCP pour les doigts et

pour le poignet entre les temps T1, T5 et T6. Des différences significatives sont

visibles entre les temps T1 et T5 pour les doigts D3,D4 et D5 et le poignet. Des

différences significatives se remarquent entre les temps T1 et T6 pour tous les doigts

et le poignet. Le traitement a eu un l’effet significatif sur tous les doigts et le poignet

en actif.

75

Tableau 10 : Moyenne de variation d’extension active en degrés (°)

Moyennes de variation

d’extension active en

degrés (°)

T1-T5 T1-T6

D2 +6° +9°

D3 +10° +10°

D4 +14° +12°

D5 +15° +18°

Poignet +10° +8°

Les résultats démontrent que la plus grande variation est au niveau des doigts D4 et D5.

La moyenne d’amélioration pour les doigts entre les temps T1 et T6 est de 11° et

entre les temps T1 et T6 de 12° ce qui suggère que les amplitudes de mouvement des

doigts sont restées stables dans le temps.

0

20

40

60

80

100

D2 D3 D4 D5 Poignet

T1

T5

T6

Figure 17 : Comparaison en degrés (°) entre les temps T1, T5 et T6 pour l’extension en passif

Tableau 11 : Comparaison des moyennes et écart types en degrés (°) entre les temps T1, T5 et T6

pour la variable extension en passif

EXTENSION

MCP PASSIF T1 T5

Valeur de p T1 vs T5 T6

Valeur de p T1 vs T6

Doigts et poignet Nombre Moyenne Écart type Moyenne

Écart type Moyenne

Écart type

D2 n=12 36,36 21,84 55,78 14,37 0,000 54,00 12,62 0,001

D3 n=22 22,33 23,20 47,91 15,00 0,000 45,74 19,10 0,000

D4 n=20 13,93 32,74 34,95 31,28 0,000 33,20 32,60 0,000

D5 n=15 24,47 29,12 42,62 31,16 0,000 42,53 32,24 0,000

Poignet n=23 76,44 13,08 86,35 8,11 0,000 86,84 7,51 0,000

76

Le tableau 11 présente les statistiques des comparaisons de moyennes d’amplitude de

mouvement d’extension passive à l’articulation MCP et pour le poignet entre les

temps T1, T5 et T6. On voit des différences significatives entre les temps T1 et T5

pour tous les doigts et le poignet. On remarque aussi des différences significatives

entre les temps T1 et T6 pour tous les doigts et le poignet. Le traitement a eu un

l’effet significatif sur tous les doigts et le poignet en passif.

Tableau 12 : Moyennes de variation d’extension passive en degrés (°)

Moyennes de variation

d’extension passive en

degrés (°)

T1-T5 T1-T6

D2 +19° +18°

D3 +26° +23°

D4 +21° +19°

D5 +18° +18°

Poignet +10° +10°

La moyenne d’amélioration des doigts en passif entre les temps T1 et T5 est de 21° et

entre les temps T1 et T6 de 20° suggérant que les amplitudes de mouvement des

doigts se sont maintenues dans le temps. Les résultats sont identiques pour le poignet.

4.3 Comparaison des variables : Extension active et passive aux

temps T2,T5 et T6

Les figures 17 et 18 nous révèlent les amplitudes articulaires d’extension active et passive

à l’articulation MCP pour les doigts et le poignet entre les temps T2, T5 et T6 et les

tableaux 13 et 15 indiquent la signification statistique de la comparaison de ces données.

77

0

10

20

30

40

50

60

70

80

D2 D3 D4 D5 Poignet

T2

T5

T6

Figure 18 : Comparaison en degrés (°) entre les temps T2, T5 et T6 pour l'extension en actif

Tableau 13 : Comparaison des moyennes et écart-types en degrés (°) entre les temps T2, T5 et T6

pour la variable extension en actif

EXTENSION

MCP ACTIF T2 T5

Valeur de p T2 vs T5 T6

Valeur de p T2 vs T6

Doigts et poignet Nombre Moyenne Écart type Moyenne

Écart type Moyenne

Écart type

D2 n=12 20,28 21,94 24,44 23,80 0,023 26,61 19,28 0,001

D3 n=22 10,03 21,28 18,21 21,54 0,000 17,70 23,53 0,000

D4 n=21 3,94 30,39 14,32 30,89 0,000 11,78 31,88 0,000

D5 n=15 10,62 28,51 19,27 29,49 0,000 21,71 31,76 0,000

Poignet n=23 70,45 8,86 75,33 7,89 0,000 74,12 6,39 0,002

Le tableau 13 nous rapporte les statistiques des comparaisons de moyennes

d’amplitude de mouvement d’extension active à l’articulation MCP pour les doigts et

le poignet entre les temps T2, T5 et T6. Des différences significatives entre les temps

T2 et T5 et T2 et T6 se constatent pour tous les doigts et le poignet. Le traitement a

eu un l’effet significatif sur tous les doigts et le poignet en actif et en passif.

Tableau 14 : Moyennes de variation d’extension active en degrés (°)

Moyennes de variation

d’extension active en degrés (°)

T2-T5 T2-T6

D2 +4° +6°

D3 +8° +8°

D4 +10° +8°

D5 +9° +11°

Poignet +5° +4°

78

La moyenne d’amélioration des doigts en actif entre les temps T2 et T5 est de 8° et

entre les temps T2 et T6 de 8° on s’aperçoit que les amplitudes de mouvement des

doigts se sont donc maintenues dans le temps. Les résultats pour le poignet sont restés

similaires. Les résultats démontrent une amélioration plus marquée au niveau des

doigts D4 et D5.

0

20

40

60

80

100

D2 D3 D4 D5 Poignet

T2

T5

T6

Figure 19 : Comparaison en degrés (°) entre les temps T2, T5 et T6 pour l’extension en passif

Tableau 15 : Comparaison des moyennes et écart-types en degrés (°) entre les temps T2, T5 et T6

pour la variable extension en passif

EXTENSION

MCP PASSIF T2 T5 Valeur de p T2 vs T5 T6

Valeur de p T2 vs T6

Doigts et poignet Nombre Moyenne

Écart type Moyenne

Écart type Moyenne

Écart type

D2 n=12 41,58 21,00 55,78 14,37 0,001 54,00 14,61 0,003

D3 n=22 31,20 21,67 47,91 15,00 0,000 45,74 19,10 0,000

D4 n=21 17,60 32,36 35,27 30,53 0,000 34,44 32,28 0,000

D5 n=15 31,09 27,22 42,62 31,16 0,000 43,52 32,24 0,000

Poignet n=23 78,51 8,49 86,35 8,11 0,000 86,84 7,51 0,000

Le tableau 15 expose les statistiques des comparaisons de moyennes d’amplitude de

mouvement d’extension passive à l’articulation MCP pour les doigts et le poignet entre

les temps T2, T5 et T6. Des différences significatives sont perçues entre les temps T1 et

T5 pour tous les doigts et le poignet. On remarque également des différences

significatives entre les temps T1 et T6 pour tous les doigts et le poignet. Il s’avère que

le traitement a eu un l’effet significatif sur tous les doigts et le poignet en actif.

79

Tableau 16 : Moyennes de variation d’extension passive en degrés (°)

Moyennes de variation

d’extension passive en

degrés (°)

T2-T5 T2-T6

D2 +14° +12°

D3 +17° +15°

D4 +18° +17°

D5 +12° +12°

Poignet +8° +8°

La moyenne d’amélioration des doigts en actif entre les temps T2 et T5 est de 15° et

entre les temps T1 et T6 de 14° suggérant que les amplitudes de mouvement des

doigts se sont maintenues dans le temps. Les résultats sont identiques pour le poignet.

Notons que la plus grande variation est survenue sur les doigts D3 et D4.

4.4 Comparaison des variables : flexion active et passive au temps T1, T5

et T6

Les figures 19 et 20 nous laissent voir les amplitudes articulaires de flexion active et

passive à l’articulation MCP pour les doigts et le poignet entre les temps T1, T5 et T6

et les tableaux 17 et 19 indiquent la signification statistique de la comparaison de

ces données.

0

20

40

60

80

100

D2 D3 D4 D5 Poignet

T1

T5

T6

Figure 20 : Comparaison en degrés (°) entre les temps T1, T5 et T6 pour la flexion en actif

80

Tableau 17 : Comparaison des moyennes et écart-types en degrés (°) entre les temps T1, T5 et T6

pour la variable flexion en actif

FLEXION

MCP ACTIF T1 T5

Valeur de p T1 vs T5 T6

Valeur de p T1 vs T6

Doigts et poignet Nombre Moyenne

Écart type Moyenne

Écart type Moyenne

Écart type

D2 n=11 78,46 11,51 83,28 11,94 0,043 82,67 9,61 0,018

D3 n=21 83,86 10,39 90,57 5,78 0,007 89,78 5,15 0,006

D4 n=20 82,72 13,80 91,25 5,27 0,009 89,03 5,53 0,054

D5 n=15 82,67 15,85 92,42 4,65 0,031 87,69 7,93 0,323

Poignet n=23 76,97 8,82 78,62 9,74 0,057 74,61 9,09 0,115

Le tableau 17 présente les statistiques des comparaisons de moyennes d’amplitude de

mouvement de flexion active à l’articulation MCP pour les doigts et le poignet entre

les temps T1, T5 et T6. On reconnait des différences significatives entre les temps T1

et T5 en actif pour tous les doigts à l’exception du poignet. Ainsi que des différences

significatives entre les temps T1 et T6 pour les doigts D2 et D3.

Il semblerait que le traitement ait eu davantage d’effets sur les doigts aux temps T1 et

T5 qu’aux temps T1 et T6. Nous notons une légère diminution de l’amplitude de

mouvement des doigts D4 et D5 et du poignet entre les temps T5 et T6.

Tableau 18 : Moyennes de variation de flexion active en degrés (°)

Moyennes de variation de

flexion active en degrés

(°)

T1-T5 T1-T6

D2 +5° +4°

D3 +7° +6°

D4 +9° +6°

D5 +10° +5°

Poignet +2° -2°

81

0

20

40

60

80

100

120

D2 D3 D4 D5 Poignet

T1

T5

T6

Figure 21 : Comparaison en degrés (°) entre les temps T1, T5 et T6 pour la flexion en passif

Tableau 19 : Comparaison des moyennes et écart-types en degrés (°) entre les temps T1, T5 et T6

pour la variable flexion en passif

FLEXION

MCP PASSIF T1 T5

Valeur de p T1 vs T5 T6

Valeur de p T1 vs T6

Doigts et poignet Nombre Moyenne Écart type Moyenne

Écart type Moyenne

Écart type

D2 n=11 86,64 8,83 97,24 10,85 0,002 101,61 8,93 0,000

D3 n=21 90,91 9,86 101,11 5,97 0,000 105,30 6,63 0,000

D4 n=20 91,28 12,88 101,09 5,94 0,006 105,47 6,54 0,000

D5 n=15 92,07 10,47 104,24 6,55 0,005 106,78 5,70 0,001

Poignet n=23 91,30 9,38 89,24 10,59 0,276 87,59 10,33 0,029

Ce tableau 19 met en lumière les statistiques des comparaisons de moyennes

d’amplitude de mouvement de flexion passive à l’articulation MCP pour les doigts et

le poignet entre les temps T1, T5 et T6. Nous observons des différences significatives

entre les temps T1 et T5 en passif pour tous les doigts à l’exception du poignet, ainsi

que des différences significatives entre les temps T1 et T6 pour les doigts et le

poignet.

Notons qu’en passif, la flexion du poignet connaît une variation négative occasionnée

par une perte d’amplitude de 2° entre les temps T1 et T5 et une diminution semblable

entre les temps T5 et T6.

82

Tableau 20 : Moyennes de variation de flexion passive en degrés (°).

Moyennes de variation de

flexion passive en degrés (°)

T1-T5 T1-T6

D2 +11° +15°

D3 +10° +14°

D4 +10° +14°

D5 +12° +15°

Poignet -2° -4°

La moyenne d’amélioration des doigts en passif entre les temps T1 et T5 est de 11° et

entre les temps T1 et T6 de 15° suggère que les amplitudes moyennes de mouvement

des doigts se sont maintenues dans le temps et voir même améliorées. Les résultats

rapportent une perte moyenne de 6° pour le poignet entre les temps T5 et T6.

4.5 Synthèse des résultats des variables quantitatives

Les tableaux 22 et 23 présentent la synthèse des résultats des moyennes des

amplitudes articulaires d’extension et de flexion des MCP et du poignet en passif et

en actif. Notons que lorsque la valeur statistique est supérieure à 0,05, la différence

des moyennes n’est pas significative (N); lorsque la valeur statistique est comprise

entre 0,01 et 0,05, la différence entre les moyennes est significative (S); lorsque la

valeur statistique est comprise entre 0,001 et 0,01 inclusivement, la différence est très

significative (TS) et quand la valeur statistique est inférieure à 0,001 inclusivement,

la différence est extrêmement significative (ES).

Tableau 21 : Synthèse des résultats des moyennes des amplitudes articulaires d’extension

métacarpophalangiennes et du poignet en passif et en actif Extension-MCP-Passif Extension-MCP-Actif

T1-T2 T1-T5 T1-T6 T1-T2 T1-T5 T1-T6

D2 S ES ES N N TS

D3 TS ES ES N ES ES

D4 N ES ES N ES ES

D5 S ES ES S ES ES

Poignet N ES ES TS ES ES

83

Tableau 22 : Synthèse des résultats des moyennes des amplitudes articulaires de flexion

métacarpophalangiennes et du poignet en passif et en actif Flexion-MCP-Passif Flexion-MCP-Actif

T1-T5 T1-T6 T1-T5 T1-T6

D2 TS ES S S

D3 ES ES TS TS

D4 TS ES TS N

D5 TS ES S N

Poignet N S N N

Cette synthèse des valeurs statistiques se fonde sur l’analyse des différentes valeurs de

p obtenues par nos tests, une pratique couramment utilisée en analyse statistique.

Toutefois, notez que certains auteurs, tels que Motulsky86

(1995) s’y opposent.

Tableau 23 : Différence des amplitudes articulaires en extension active selon les stades

Différence

entre T5

et T1

Différence

entre T6 et

T1

Différence

entre T5 et

T1

Différence

entre T6

et T1

Différence

entre T5 et

T1

Différence

entre T6 et

T1

Différence

entre T5 et

T1

Différence

entre T6

et T1

Différence

entre T5

et T1

Différence

entre T6

et T1

Doigt 2 3 4 5 Poignet

Stade de la

maladie

0 8,6 10,0 8,9 11,2 16,3 14,4 16,4 21,2 9,8 9,4

1 6,7 7,1 11,5 9,5 14,6 11,8 16,4 18,2 10,4 8,2

4 10,8 16,9 10,1 7,7 6,9 3,8 2,2 1,9 5,6 6,0

Tableau 24 : Différence des amplitudes articulaires en extension passive selon les stades

Différence

entre T5

et T1

Différence

entre T6 et

T1

Différence

entre T5 et

T1

Différence

entre T6

et T1

Différence

entre T5 et

T1

Différence

entre T6 et

T1

Différence

entre T5 et

T1

Différence

entre T6

et T1

Différence

entre T5

et T1

Différence

entre T6

et T1

Doigt : 2 3 4 5 Poignet

Stade de la

maladie

0 26,2 23,4 29,5 28,0 24,0 23,7 20,6 21,2 8,3 10,6

1 11,5 9,3 19,4 20,0 22,9 21,8 20,2 19,1 10,6 9,6

4 23,6 23,9 37,8 23,6 10,2 8,9 17,6 20,9 11,3 13,2

86

MOTULSKY, H. Intuitive Biostatistics. Oxford University press, New York, 1995.

84

4.6 Résultats au test DASH (Disability of the arm, shoulder

and hand)

4.6.1 Questionnaire DASH complet

Les tableaux suivants démontrent les comparaisons de moyennes des résultats

obtenus au test DASH, chez l’ensemble des patients aux temps T1, T5 et T6. Tel que

mentionné précédemment, une diminution du résultat final au test indique une

amélioration de la condition du patient.

Tableau 25 : Comparaison des moyennes au questionnaire DASH entre les temps T1 et T5

T1-T5

Nombre de sujets Pourcentage (%)

Aucun changement observé 17 73,91

Diminution minimale observée 1 4,35

Augmentation minimale observée 0 0,00

Diminution cliniquement importante 4 17,39

Augmentation cliniquement importante 1 4,35

Tableau 26 : Comparaison des moyennes au questionnaire DASH entre les temps T1 et T6

T1-T6

Nombre de sujets Pourcentage (%)

Aucun changement observé 20 86,96

Diminution minimale observée 0 0,00

Augmentation minimale observée 0 0,00

Diminution cliniquement importante 3 13,04

Augmentation cliniquement importante 0 0,00

Tableau 27 : Comparaison des moyennes au questionnaire DASH entre les temps T5 et T6

T5-T6

Nombre de sujets Pourcentage (%)

Aucun changement observé 22 95,65

Diminution minimale observée 1 4,35

Augmentation minimale observée 0 0,00

Diminution cliniquement importante 0 0,00

Augmentation cliniquement importante 0 0,00

De façon générale, les comparaisons de moyenne aux temps T1, T5 et T6 ne

permettent pas d’observer de changement. Toutefois, les changements observés

démontraient tous une diminution de valeur au test de DASH, suggérant ainsi une

85

amélioration de la condition du patient. À titre d’exemple, des diminutions

cliniquement importantes ont été démontrées entre les temps T1 et T5 (17,3 %) et

entre les temps T1 et T6 (13,4 %).

4.6.2 Adaptation du questionnaire DASH à la condition de la maladie de

Dupuytren

Nous avons fait ressortir trois questions jugées pertinentes pour évaluer

l’amélioration de la condition générale de la main entre les temps T1 et T6

particulièrement appliquées à la maladie de Dupuytren. Ainsi, les questions 11, 24 et

28 tirées du questionnaire DASH se réfèrent au transport d’un objet lourd de plus de

10 livres, à la douleur et à la raideur de la main.

Tableau 28 : Comparaison des sommes des trois questions tirées du questionnaire DASH entre

les temps T1 et T6

Questions DASH

Somme de T1

Somme deT6

Différence des sommes deT1 et T6

Question 11 : Transporter un objet lourd (plus de 10 livres) 47 36 -11

Question 24 : Douleur au bras, à l’épaule ou à la main 39 33 -6

Question 28 : Raideur à la main 56 51 -5

Les résultats présentés suggèrent qu’il y a eu une diminution marquée sur les

paramètres de force, douleur et raideur évalués.

86

CHAPITRE 4

DISCUSSION

4.1 Résultats de la recherche

Au terme de cette recherche, nous sommes en mesure de nous prononcer sur notre

hypothèse de recherche. À la lumière des résultats obtenus par les évaluations

d’amplitudes articulaires des doigts et celles du poignet, nous pouvons donc conclure

que l’hypothèse voulant que le traitement ostéopathique des fasciæ de la main et

du membre supérieur sous forme de chaîne fasciale augmente l’amplitude

d’ouverture de la main chez les patients atteints de la maladie de Dupuytren a

été vérifiée.

Jusqu’à ce point de la recherche, le volet scientifique prédomine. Notre protocole a

été basé en majeure partie sur les données statistiques.

Bien entendu, afin de développer nos outils en ostéopathie, la recherche scientifique a

sa raison d’être. Un lien essentiel est à faire entre le volet scientifique et celui, plus

subjectif, permettant une réflexion éclairée dans l’élaboration d’un plan et d’un choix

de traitement ostéopathique.

La science tend à vouloir isoler les variables afin d’augmenter la validité des

résultats, rendant l’analyse de ces résultats segmentaire, peu applicable dans un

contexte de traitement ostéopathique.

Mais à ce point de la recherche, il nous paraît important de faire mention que nous

sommes conscient de l’orientation très scientifique qu’a pris cette recherche et nous

tenterons de ramener nos pensées dans un mode davantage ostéopathique.

L’ostéopathie se place dans le paradigme de la complexité, sa méthodologie de

réflexion est basée sur le lien. La science tant à vouloir isoler les variables et les

effets nuisibles.

87

Le chercheur est humain, il accepte de se mettre en accord avec un autre humain et

entre dans une boucle de rétroaction. « L’interaction entre les éléments d’un système est

une action à double sens qui modifie le comportement et la nature de ces éléments »87

.

Le temps, les répétitions de mesures expriment le côté plus analytique de la recherche.

Mais les résultats sont aussi tributaires de l’intuition du thérapeute. L’analogie avec le

musicien paraît ici pertinente. Cet artiste interprète une musique dans un cadre avec des

notes bien écrites, des temps à respecter. Mais ce qui fait la différence dans la qualité de

son art c’est sa capacité à interpréter la musique, à trouver des variations sur son

instrument, à faire des choix. L’ostéopathe comme le musicien est un artiste qui ne met

jamais la même pression sur un tissu, qui a développé avec le temps un outil précis et

sensible, qui sait combien de temps il doit passer sur une structure, quand c’est le

moment de laisser faire l’autonormalisation du corps.

Nous tenterons maintenant de mieux formuler notre opinion d’un point de vue

ostéopathique tout en commentant les différences des résultats statistiques entre les

doigts traités, le poignet et les effets du traitement à tous les moments de

l’expérimentation.

4.1.1 Résultats aux temps T1 et T2

Pour cette recherche, nous avons opté pour le modèle de plan à mesures répétées,

comprenant un seul groupe expérimental qui, après avoir été évalué une première fois

au temps T1, se faisait évaluer une deuxième fois trois semaines plus tard au temps

T2. La comparaison des moyennes d’amplitudes articulaires entre les deux temps

suggère qu’il y a eu une amélioration des résultats entre les temps T1 et T2 pour le

doigt D5 et le poignet en actif et les doigts D2, D3 et D5 en passif (tableaux 7 et 8).

Cette différence n’étant pas due à l’effet d’un quelconque traitement sera donc

analysée plus en détail.

87

VOYER, G. Le paradigme de la complexité. Académie Sutherland d’Ostéopathie du Québec, 2003,

p. 2.

88

En effet, tel que décrit par Robert (1988)88

, il est possible que les participants se

soient sentis plus à l’aise une fois familiarisés avec le contexte de l’évaluation de leur

amplitude de mouvement. Ainsi, lors de la seconde évaluation (T2), il est possible

que leur amplitude de mouvement ait été plus grande non pas à cause du traitement

ostéopathique (puisque nous n’avons pas traité les participants au T1), mais bien à

cause du processus de familiarisation au test.

Du point de vue ostéopathique, nous pensons que plusieurs éléments subjectifs

interagissent et influencent les résultats du traitement. D’abord, nous croyons que dès

que le patient se sent pris en charge par l’ostéopathe, cette démarche accentue sa

volonté de guérison. De plus, dès que le thérapeute explique les différents liens

existants entre la pathologie, exposant une conception globale de celle-ci, sans même

avoir été traité, le patient dans plusieurs cas a déjà l’impression de mieux se porter.

La perception de sa condition vient de changer et son implication au traitement

stimulé. Une équipe est ainsi formée (patient et thérapeute) optimisant sa guérison.

Par ce dialogue, nous stimulons son intelligence, son émotivité, sa prise en charge,

son environnement et non pas seulement son segment qui est à traiter (ex. : la main).

« Cette ostéopathie systémique se développe autour de l’auto-éco-émergence et doit

faire intervenir l’individu (auto), l’environnement (éco) et le bien-être (émergence) »89

.

Les sujets lors de la première évaluation de l’amplitude articulaire en passif nous ont

rapporté être craintifs pour les mouvements d’extension des MCP, IPP et IPD. Le

relâchement volontaire de la tension musculaire de la part des sujets représentait pour

la plupart une difficulté, voire même une barrière psychologique. L’ostéopathe doit

être réceptif et empathique et doit favoriser un climat tenant compte de ce seuil de

douleur élevé.

88

ROBERT, M. et al. Fondements et étapes de la recherche scientifique en psychologie, 3e édition.

Edisem. 1988. 89

VOYER, G. L’écoute et/ou le toucher. Académie Sutherland d’Ostéopathie du Québec, 2003, p. 2

89

Une confiance s’installe amenant le sujet à donner sa participation optimale dans le

traitement et à tolérer une douleur plus soutenue lors des mobilisations articulaires.

Les aspects de fatigue du patient, de ses humeurs, de la température, etc. doivent être

pris en compte par l’ostéopathe, allant aussi influencer les résultats et la prise de

goniométrie peut légèrement varier dans le temps en fonction de ce qui se vit par

chacun. Une écoute attentive de la part du thérapeute est un atout précieux.

D’autre part, l’acquisition d’expérience nous a permis de prendre confiance en notre

outil de mesure et à mieux le manipuler et à trouver plus aisément les repères

anatomiques. La qualité du toucher du thérapeute est aussi un facteur important. Il va

sans dire que la combinaison écoute et toucher s’avère être une condition essentielle

au traitement ostéopathique.

De façon générale, nous avons pu observer, lors des temps T2 et suivants, une plus

grande confiance et un confort évident chez les sujets lors des

évaluations goniométriques.

4.1.1.1 Extension active aux temps T1 et T2

Tel que mentionné dans la section méthodologie, la prise des données actives du

poignet et des doigts aux articulations MCP, IPP et IPD en flexion et en extension

nous permettait d’évaluer par la force musculaire quelle amplitude articulaire le sujet

pouvait atteindre et nous donnait une idée du niveau fonctionnel du patient en ce sens.

Nous avons noté une amélioration significative des amplitudes de mouvement

d’extension active au niveau du doigt D5 et du poignet.

Néanmoins, cette différence de moyenne est moins importante que les différences

notées à partir du moment où les sujets ont été traités. Ceci vient faire ressortir que le

traitement ostéopathique de la maladie de Dupuytren a eu réellement des effets

marqués sur les tissus et que la variation entre les temps T1 et T2 pourrait être

associée aux différents facteurs mentionnés précédemment.

90

La moyenne d’amélioration pour les doigts est de 11° entre les temps T1 et T5

comparativement à 3° entre les temps T1 et T2.

En ce qui concerne le poignet, la moyenne est de 10° entre les temps T1 et T6

comparativement à 5° entre les temps T1 et T2 (tableau 10).

Notons que dès la première évaluation des amplitudes de mouvement actif du poignet

et des doigts, nous avons constaté chez plusieurs patients une difficulté à exécuter les

mouvements de flexion et d’extension demandés puisqu’ils n’avaient jamais réalisé

ce type de test auparavant. Nous avons constaté que le contrôle moteur des parties

distales et l’interdépendance des doigts rendaient difficile ce test et par le fait même

la prise de données. Néanmoins, au fur et à mesure que l’expérimentation avançait,

les sujets réalisaient les mouvements actifs avec plus d’aise et gagnaient des degrés

en amplitude articulaire. L’effort volontaire mis dans le geste semblait plus adapté à

la demande.

Ces données quantitatives vont nous indiquer si ça bouge. Dans notre vision

ostéopathique, peu importe le changement, il y a tellement d’éléments qui peuvent

influencer les résultats que peu importe le degré d’amélioration, il faut qu’il y ait

du mouvement.

4.1.1.2 Extension passive aux temps 1 et 2

Nous avons noté une amélioration significative des amplitudes de mouvement

d’extension passive au niveau des doigts D2, D3 et D5.

Les résultats démontrent que dans l’ensemble, les amplitudes de mouvement se sont

améliorées, davantage au niveau du doigt D5 que sur les autres doigts en passif.

Encore une fois, cette variation entre les temps T1 et T2 est probablement due aux

différents facteurs de mentionnés précédemment.

Par ailleurs, on remarque aussi une tendance générale à l’amélioration de l’amplitude

articulaire du doigt D5 en extension et ce phénomène se reproduit à tous les autres

temps de l’expérimentation. À nos yeux, les données en actif pourraient se justifier

91

par la disposition des 2 tendons mobilisant le doigt D5, ceux de l’extenseur commun

et de l’extenseur propre du cinquième doigt en comparaison avec les doigts D3 et D4

qui n’ont que l’extenseur commun pour être mobilisé en ce sens. Nous croyons que la

position du doigt D5, placé sur le rebord cubital de la main, permet davantage de

liberté de mouvement lors des manipulations passives. Il est également mentionné

dans la littérature que les doigts D4 et D5 sont les plus touchés par la maladie de

Dupuytren, ce qui vient appuyer notre supposition voulant que les rétractions que

présentaient les sujets sur D5 précisément ont vu une plus grande amélioration parce

qu’ils en avaient le plus besoin.

De plus, pour le thérapeute, le placement du goniomètre et la mobilisation de ce doigt

à l’articulation MCP était plus facile.

4.1.2 Résultats aux temps T1, T5 et T6

La comparaison statistique des variations moyennes des amplitudes articulaires entre

les temps T1 et T5 nous permet de mesurer les effets du traitement ostéopathique de

la maladie de Dupuytren à partir de la toute première rencontre. Les données prises au

temps T6 nous permettent de nous prononcer sur les effets du traitement quatre

semaines suivant le temps T5 et nous servent aussi de comparaison avec le temps T1.

4.1.2.1 Extension active aux temps T1, T5 et T6

Nous avons noté une amélioration significative des amplitudes de mouvement

d’extension active pour les doigts D3, D4 et D5 ainsi que le poignet.

4.1.2.2 Extension passive aux temps T1, T5 et T6

Nous avons noté une amélioration significative des amplitudes de mouvement

d’extension passive pour tous les doigts ainsi que le poignet.

4.1.3 Résultats aux temps T2, T5 et T6

La comparaison statistique des variations moyennes des amplitudes articulaires entre

les temps T2, T5 et T6 est semblable à la comparaison des temps T1, T5 et T6. Cette

92

fois-ci, nous pouvons comparer les effets du traitement à deux moments différents en

prenant compte de la variation observée entre les résultats au temps T1 et au temps

T2. En faisant abstraction du temps T1, nous pensons isoler davantage l’effet du

traitement ostéopathique.

4.1.3.1 Extension active aux temps T2, T5 et T6

Nous avons noté une amélioration significative des amplitudes de mouvement

d’extension active pour tous les doigts ainsi que le poignet.

Malgré le fait que les amplitudes articulaires se soient légèrement améliorées

entre les temps T1 et T2, les résultats statistiques démontrent tout de même

que la variation entre les temps T2 et T5 ainsi que T2 et T6 est significative.

La moyenne d’amplitude articulaire des doigts entre les temps T2 et T5 est de

8° (comparée à 11° en T1-T5) et de 8° entre les temps T2 et T6 (comparée à

12° en T1-T6). Ceci confirmant la similitude des données recueillies entre les

deux temps.

Les résultats sont similaires pour le poignet.

Notons que l’amplitude articulaire du doigt D2 a continué d’évoluer entre les temps

T5 et T6 passant de non significatif à significatif. C’est donc dire que le corps

continue à évoluer vers une normalisation et une amélioration de sa mobilité, ce

même plusieurs semaines après avoir reçu des traitements. Selon les écrits de Rollin

E. Becker D.O., il faut « espacer les traitements pour permettre aux changements

locaux débutés pendant le traitement de poursuivre la correction localement et à

travers toute la physiologie du corps90

». Ainsi, la rétention par le corps des

modifications proposées par le traitement semblent avoir été intégrées.

90

BECKER, R.E. Life in motion : The osteopathic vision of Rollin E. Becker, D.O.. Edition Rachel

Brooks, 1997.

93

À la lumière des résultats, nous pouvons croire que le travail sur la globalité des

fasciæ de la main amène un relâchement général au niveau des doigts et du poignet.

Sur la base des recherches en littérature et sur les données quantitatives compilées, nous

pouvons donc croire que le traitement a eu un effet notable sur les points suivants.

Puisque la structure gouverne la fonction, quand la structure de la main est trop

fibreuse, la fonction de la main est restreinte, la fonction articulaire est amoindrie, ce

qui limite la mobilité générale de la main. Par le fait même, il y a diminution de

l’action de pompage assurée habituellement par les mouvements articulaires répétés

(muscles, fasciæ et capsule articulaire). La libre circulation des fluides étant

compromise, les échanges intercellulaires se trouvent amoindris. Selon D. Michel,

M.D. D.O. « la stase fait le lit de l’inflammation qui en phase aigüe fait le lit de

l’infection. En phase chronique elle donne des maladies dégénératives ». Nous avons

noté que les patients, surtout en stade 4, sont pris dans un cercle vicieux : ils réduisent

l’utilisation de la main parce qu’ils en ont moins fonction et qu’ils protègent leur

main. Une atrophie s’installe, la rétraction des tissus et les adhérences réduisent

encore plus l’amplitude de la capsule articulaire. Il nous est connu que la mobilisation

des liquides en ostéopathie est très importante et le simple fait de mobiliser la main

amorce l’effet de pompe et occasionne un effet d’autorégulation.

La biomécanique de la main est modifiée puisque les accrochages et adhérences entre

les différentes couches de fasciæ réorientent les lignes de tension. Les effets de ces

modifications ne sont ressentis par le patient que progressivement, car le corps veut à

tout prix garder sa fonction, et par des mécanismes adaptatifs, il tente tant bien que

mal de maintenir ses activités. Les compensations seront transitoires et auront des

répercussions sur l’ensemble de la chaîne fasciale qui inévitablement deviendra

inefficace au niveau biomécanique. Cet effet se fait sentir non seulement localement

mais à distance selon le principe de tenségrité. Il faut garder en tête que l’unité

fonctionnelle de la main est liée au bras, au rachis et au bassin et que le corps forme

un tout indissociable. Par ces chaînes de tension réciproque, un excès de tension sur

94

un fascia plus qu’un autre entraîne une rigidité et une trop grande stabilité.

L’ostéopathe recherche les qualités de souplesse et d’adaptabilité.

Au niveau histologique, l’effet thixotropique du à la pression exercée par la main du

thérapeute aura un impact sur les fibres d’élastine qui par leur énergie vont transférer

cette énergie sur l’ensemble de la matrice ce qui va entraîner une polymérisation et

une dépolymérisation des glycosaminoglycanes par l’acide hyaluronique.

Les adhérences multiples des fasciæ dans la maladie de Dupuytren réduisent la capacité

des vaisseaux à faire circuler les fluides. En ostéopathie, on dit que le rôle de l’artère

est absolu. Cela implique non seulement le sang ou la lymphe mais l’ensemble des

fluides. À partir du moment où l’on a une libre circulation des fluides, le corps va

reprendre la direction pour laquelle il a été programmé. Dans les stades avancés de la

maladie de Dupuytren, il nous a été possible d’observer chez certains patients une

modification de la couleur de la peau qui passait au cours de l’expérimentation de pâle

à rosé, nous suggérant une amélioration circulatoire locale. De plus, la texture et la

rigidité de la peau ont été modifiées.

La motricité fine de la main impliquant un travail d’intégration du sens kinesthésique

et un équilibre des chaînes fasciales, un traitement ostéopathique améliore également

ce rapport. N’oublions pas que les propriocepteurs des doigts et du poignet se situent,

entre autres, dans les capsules articulaires (corpuscules de Ruffini), dans les ligaments

et tendons (terminaisons articulaires de Golgi) et les organes tendineux de Golgi sont

très abondants sur les aponévroses périmusculaires et intramusculaires. « La mise en

activité des organes tendineux de Golgi des fasciae interfasciculaires musculaires

tendent à inhiber le spasme musculaire à un niveau articulaire donné »91

. Quelques

autres constituants neurologiques, tels les fuseaux neuromusculaire, les

thermorécepteurs et les chémorécepteurs, sont aussi des éléments microscopiques qui,

91

GABAREL, B., ROQUES, M., Les fasciæ en médecine ostéopathique, Tome 1, Anatomo-

physiologie et technologie, Maloine, Paris, 1985, p. 218.

95

une fois libérés des encrages laissés par la fibromatose, permettent à la main de

retrouver sa macrofonction.

En normalisant ces éléments au sein même de la chaîne fasciale, les sujets ont pu

retrouver un sens kinesthésique plus équilibré.

4.1.3.2 Extension passive aux temps T2, T5 et T6

Nous avons noté une amélioration significative des amplitudes de mouvement

d’extension passive pour tous les doigts ainsi que le poignet.

En comparant les moyennes d’amélioration des doigts aux temps T1, T5 et T6

à ceux des temps T2, T5 et T6, nous avons pu remarquer un écart qui est passé

de 21° pour les doigts entre les temps T1 et T5 à 8° pour les temps T2 et T5.

Cette différence d’écart de 12° entre les moyennes est également conservée

entre les temps T1 et T5 et T2 et T5.

Le poignet varie de 5° (tableaux 12 et 14).

Rappelons que la mesure goniométrique de la mobilité articulaire passive nous

permet de tester les barrières mécaniques de l'articulation.

En répétant plusieurs fois les mesures des amplitudes articulaires, nous en sommes

venu à la conclusion que dans la majeure partie des cas, la barrière mécanique

rencontrée en extension au niveau de l’articulation MCP était créée principalement

par la rétraction du fascia palmaire moyen et des tissus environnants tels que :

la jonction en Y des bandelettes prétendineuses de l’aponévrose palmaire

moyenne et par ses longitudinales superficielles fibres s’attachant au derme);

les fibres verticales de Grapow;

le ligament natatoire;

le ligament de Grayson,

À ce niveau, les liens de continuité du tissu fascial atteint par la maladie de

Dupuytren est perturbé par un agglomérat de fibres de collagène qui se sont formées

96

et placées de façon anarchique.

Les ouvrages d’anatomie nous présentent ce tissu fascial de façon analytique et bien

individualisée. La réalité clinique est que cet agglomérat pathologique ne répond plus à

aucune norme. Dans ce cas, pour l’ostéopathe, c’est davantage le senti qui guidera ses

mains puisque ses bases de références anatomiques classiques ne concordent plus à ce

qu’il est appelé à traiter. Se reposant sur le principe que le corps fonctionne comme un

tout indissociable et qu’un grand tissu en réalité est réparti sur toute la surface des

structures, il cherchera à normaliser les rapports de continuité et de contiguïté avec tous

les autres éléments de la chaîne.

Le fait d’avoir normalisé les liens de continuité entre les éléments de la chaîne

fasciale et le fait d’avoir « décollé » les tissus avoisinants qui sont en rapport de

contiguïté a mené une amélioration rapide de l’amplitude articulaire. Ce qui

expliquerait aussi cette sensation de diminution de la raideur que les patients nous ont

rapportée même encore avec la présence apparente de cordes ou nodules. Notons

aussi que la capsule articulaire qui était aussi limitée dans ses mouvements propres

s’est normalisée rapidement chez plusieurs sujets.

En plus des limitations de mouvement à l’articulation MCP, nous avons remarqué que

les sujets au stade 4 de la maladie de Dupuytren présentaient également des

mouvements d’une amplitude limitée au niveau des articulations interphalangiennes

proximales et distales. Par ailleurs, ces rétractions fasciales en bout de chaîne étaient

installées depuis plusieurs années. On peut donc croire que cette immobilité

prolongée a eu pour effet de fixer les articulations en flexion, d’abaisser la quantité de

liquide synovial, de diminuer la souplesse des ligaments et des tendons et de créer

une atrophie musculaire92

. Certains sujets présentaient également une arthrose notable

au niveau de l’articulation IPD, signe de dégénérescence du cartilage.

92

TORTORA, GRABOWSKI. Principes d’anatomie et de physiologie, Ed. Erpi, 2001, p.278

97

Bien que les amplitudes des articulations IPP et IPD n’aient pas été retenues aux fins

d’analyse statistique, nous avons tout de même constaté en relevant les données aux

temps T5 et T6 avoir un gain d’amplitude par rapport à la première évaluation.

C’est encore une fois le travail en chaîne sur la globalité de la main et du membre

supérieur qui veut que chaque micro mouvement récupéré par la normalisation des

maillons de la chaîne s’additionne et en bout de compte redonne une capacité

fonctionnelle globale qui est macroscopique.

Rappelons encore une fois l’importance de bouger et de traiter dans les stades

débutants de la maladie pour ralentir la progression.

4.1.4 Résultats en flexion aux temps T1, T5 et T6

Pour cette recherche, l’hypothèse émise portait seulement sur l’amplitude d’ouverture

de la main. Nous savions que les rétractions résultant de la maladie de Dupuytren

entraînent les articulations en flexion. Malgré cela, nous avons jugé quand même

important de mesurer les effets du traitement sur la flexion des doigts au niveau de

l’articulation MCP et du poignet. Ces données nous permettaient de voir les effets du

traitement sur la mobilité globale de la main dans le sens de la flexion et de

l’extension. Les données ont été recueillies aux temps T1, T5 et T6.

4.1.4.1 Flexion active aux temps T1, T5 et T6

Nous avons noté une amélioration significative des amplitudes de mouvement de

flexion active pour tous les doigts entre les temps T1 et T5 ainsi que les doigts D2

et D3 entre les temps T1 et T6.

Malgré l’orientation de traitement fascial composé de techniques allant dans le sens

de l’ouverture de la main, on remarque avoir gagné sur la flexion, ces gains s’ajoutant

à ceux observés en extension. Ceci nous porte à conclure que la répercussion des

techniques de chaînes fasciales spécifiques se répercute sur la mobilité globale de

la main.

98

4.1.4.2 Flexion passive aux temps T1, T5 et T6

Nous avons noté une amélioration significative des amplitudes de mouvement de

flexion passive pour tous les doigts entre les temps T1, T5 et T6 ainsi que le

poignet entre les temps T1 et T6.

Les résultats démontrent une amélioration supérieure des doigts en passif qu’en

actif aux temps T1, T5 et T6. À l’exception du poignet, toutes les amplitudes de

mouvement se sont maintenues dans le temps et même ont connu une

hausse significative.

4.2 Résultats au questionnaire DASH (Disability of the arm, shoulder

and hand)

Les résultats comparés du questionnaire DASH aux temps T1, T5 et T6 ne

permettent pas de conclure que le traitement ostéopathique de la maladie de

Dupuytren par chaîne fasciale ait eu un effet sur les incapacités des sujets reliées

à une atteinte aux membres supérieurs (tableaux 25, 26 et 27).

Le calcul suggéré par le test permet de classer les effets du traitement sur l’individu

en cinq catégories distinctes (aucun changement observé, diminution minimale

observée, augmentation minimale observée, diminution cliniquement importante et

augmentation cliniquement importante).

Nous avons retenu le questionnaire DASH parce qu’il nous a servi à mesurer de façon

subjective les difficultés que rencontrent les sujets à réaliser des tâches au quotidien

avec leur main, coude et épaule.

À la lumière des résultats, nous observons que la majorité des sujets ont répondu

qu’ils n’avaient ressenti aucun changement, et ce, à :

73,91 % entre les temps T1 et T5;

86,96 % entre les temps T1 et T6;

95, 65 % entre les temps T5 et T6.

99

Cet outil s’est tout de même avéré être instructif puisqu’il nous a fourni rapidement

une gamme d’informations, tant sur la personnalité de l’individu et sa capacité

d’adaptation à son handicap qu’à l’influence d’une limitation physique dans le

quotidien. Les multiples facettes de ce test nous ont permis de connaître la personne

dans sa globalité.

Pour certains sujets, les compensations sont profondément ancrées dans leur

fonctionnement quotidien. L’apparition lente et progressive de la maladie a sans

doute permis des phénomènes d’adaptation fonctionnels qui n’ont peut-être pas été

modifiés durant l’expérimentation étant donné sa courte durée.

Malgré les améliorations significatives des amplitudes articulaires en cours

d’expérimentation, les données du DASH n’ont pas reflété ce progrès. Nous avons

constaté que la majorité des questions ne s’appliquaient pas directement à la maladie

de Dupuytren et ne nous permettaient donc pas de mettre en valeur les données

relatives à l’effet du traitement. Nous avons donc fait ressortir trois questions reliées à

la maladie de Dupuytren :

transporter un objet lourd de plus de 10 lb;

douleur au bras, à l’épaule ou à la main;

raideur à la main.

Ainsi, les résultats ont démontré une amélioration fonctionnelle que le questionnaire

DASH complet n’avait pas mise en évidence. De façon générale, en comparant les

temps T1 et T6, les sujets ont répondu avoir davantage de force, moins de douleur et

de raideur à la main (tableau 28).

Plusieurs témoignages de gratitude suivant l’expérimentation allant dans le sens de

l’amélioration nous permettent de croire en une amélioration fonctionnelle, mais qui

n’a pas été mise en évidence par ce questionnaire.

Suite à ces constats, nous avons pris la liberté de confectionner un questionnaire plus

spécifique constitué de quinze questions et qui pourrait être utilisé ultérieurement

100

pour évaluer précisément la motricité fine et son implication fonctionnelle dans la vie

de tous les jours chez les gens atteints de la maladie de Dupuytren.

4.3 Autres tests

4.3.1 Analyse qualitative des fasciæ

Tel que décrit dans la méthodologie, au cours de l’expérimentation, nous avons eu la

volonté de caractériser la qualité des fasciæ selon cinq catégories : libre, peu adhérent,

moyennement adhérent, très adhérent, collé. Aux temps T2, T3, T4, T5 et T6,

précédent chacune des techniques, l’ostéopathe prenait en note sur l’échelle de mesure,

l’état des fasciæ qu’il traitait afin de recueillir des informations en ce sens.

Notre intention à la base était d’objectiver l’évolution des fasciæ au cours de

l’expérimentation. De cette démarche, nous avons retenu que les structures suivantes

sont des incontournables à traiter en sachant que le travail ne peut être fait autrement

que dans une chaîne globale pour en tirer les effets optimaux et durables.

l’aponévrose antébrachiale superficielle

le fascia petit palmaire

l’aponévrose palmaire moyenne

les bandelettes prétendineuses

les fibres verticales de Grapow

le ligament natatorium

Nous avons préféré ne pas utiliser ces données qualitatives parce que nous avions

suffisamment de données quantitatives à traiter statistiquement pour répondre à notre

hypothèse de recherche.

4.3.2 Test de table

Les témoignages de certains patients nous confirment que par le passé, ils ressentaient

et voyaient une aggravation de la condition de leur main au fil du temps. Puisqu’ils

n’avaient pas de test pour l’objectiver, ils ne s’en sont pas occupés dans les débuts de

101

la maladie comme ils auraient dû le faire. Nous encouragerons le patient à se servir de

ce test comme autoévaluation, lui permettant de suivre régulièrement l’évolution de

ses rétractions. À nos yeux, cette autoévaluation remet dans les mains du patient la

tâche de faire le suivi de l’évolution de son état et ainsi s’impliquer dans son

processus d’autoguérison.

4.4 Caractéristiques de l’échantillon

Des 16 individus représentés dans notre étude, nous avons fait ressortir

6 caractéristiques descriptives principales qu’il nous convient de présenter ci-dessous

puisqu’ils influencent particulièrement les résultats de l’étude.

4.4.1 Stade de la maladie de Dupuytren

Tel que démontré au tableau 6, la majorité des mains traitées étaient en stade débutant

de la maladie (stades 0 et 1). Cette particularité aurait pu nous porter à croire que les

traitements auraient eu un effet plus marqué chez ce groupe puisque les rétractions

étaient organisées depuis moins longtemps. Cependant, les données comparatives des

moyennes d’augmentation des amplitudes articulaires démontrent bien une

amélioration équivalente chez les sujets et donc dans tous les stades de la maladie

(tableaux 23 et 24).

Ce gain d’amplitude articulaire marqué chez les sujets s’explique en grande partie par

la disponibilité des tissus à répondre aux normalisations fasciales. Le potentiel de

remaniement du fascia est, espérons-le, illimité. Il s’agit de tenter l’expérience sur les

tissus fibrosés en ne tenant pas compte du stade de la maladie pour ressentir au

moment où l’on exécute les techniques de normalisation, ce désir du fascia de

retrouver sa souplesse et son équilibre.

Selon nous, il est dans l’intérêt des patients que l’ostéopathe agisse dans les stades

débutants afin de ralentir la progression de la maladie et de modifier les composants

histologiques évitant possiblement le recours à la chirurgie.

102

4.4.2 Niveau d’activité physique

Nous avons demandé au patient quel était leur niveau d’activité physique. À cet

égard, nous pensons que les gens actifs ont un métabolisme plus rapide qui répond

mieux et plus rapidement aux traitements que les gens inactifs. À cette question, notre

groupe s’est avéré homogène se déclarant actif à 93,8 %.

4.4.3 Hydratation des tissus

Avec 853 ml de consommation d’eau par jour en moyenne chez les sujets de l’étude,

cette donnée suggère un manque d’hydratation généralisé.

Selon nous, cet apport insuffisant en eau pour une personne active influence

négativement la capacité des fasciæ à se normaliser. Une moyenne de consommation

de 2 litres par jour serait suffisante pour augmenter le potentiel des tissus à se

normaliser. Selon Dr. Fereydoon Batmanghelidj, « les cellules du corps sont comme

des éponges; il leur faut du temps pour mieux s’hydrater93

».

Dès le temps T2, les sujets ont été appelés à changer leur hygiène d’hydratation en

augmentant graduellement leur consommation à 1,5 l à 2 l d’eau par jour. Ce

changement de comportement a possiblement contribué à l’obtention de

résultats significatifs.

Le corps est composé à environ 70 % de liquides. L’eau, servant de médiateur de

transport, remplit les espaces, donne les volumes, offre la résistance. Cette eau doit

circuler et pour que les liquides puissent circuler, et pour ce faire, faut-il encore qu’il

y ait de l’eau disponible. D’où l’importance d’une bonne hydratation quotidienne.

4.4.4 Consommation d’alcool

À cette condition de déshydratation chronique s’ajoute chez nos patients une

consommation moyenne de 9,2 verres d’alcool par semaine chez 87,5 % des sujets.

93

BATMANGHELIDJ, F. Votre corps réclame de l’eau; Effets méconnus de la déshydratation, Ed.

Jouvence, Paris, p.134.

103

Cette consommation a pour effet d’augmenter le phénomène de déshydratation déjà

en cours et agit donc négativement sur la qualité générale des fasciæ en perturbant le

contrôle de l’équilibre hydrique et en conduisant à une élimination excessive d’eau.

Les fasciæ déshydratés se comparent à un morceau de cuir très sec et friable tandis

que le fascia bien hydraté est souple, moins adhérent et plus résiliant et se traite plus

facilement. Le traitement d’une structure bien hydratée permet d’entraîner plus

rapidement un échange de qualité. L’hydratation des tissus conjonctifs en ostéopathie

est une condition optimale et idéalement préalable à la normalisation des fasciæ. La

structure particulièrement fibreuse chez les patients atteints de la maladie de

Dupuytren requiert un besoin encore plus grand d’hydratation.

4.4.5 Type d’intervention chirurgicale

Dans notre échantillon, 18,8 % des sujets avaient subi une intervention chirurgicale

de type aponévrotomie (12,5 %) ou un traitement percutané à l’aiguille (6,3 %).

Une visite en salle d’opération avec un chirurgien plastique effectuant ce type

d’intervention nous a fait doublement réfléchir sur la pertinence de cette intervention

hâtive. D’une part, la médecine intervient sur le tissu fascial malade en proposant une

exérèse du tissu par chirurgie et ce, idéalement dans les premiers stades afin de

limiter la croissance et l’emballement des tissus atteints.

Cette intervention est favorisée à un moment précis et on laisse ensuite les tissus

guérir en n’espérant aucune récidive. Le suivi après la chirurgie n’est que pour

vérifier les plaies et les patients ne sont pas nécessairement référés à un thérapeute

pour la réhabilitation de la main.

Cependant, la cicatrisation est un processus de réparation tissulaire que l’on sait

imparfait et qui génère un tissu fibreux et parfois scléreux. Selon Gabarel et Roques

D.O. : « Cette cicatrisation est influencée par de nombreux facteurs : vascularisation

et innervation locales, états nutritionnels, actions hormonales, facteurs mécaniques

locaux, transmissions des signaux. Or, ces différents facteurs vont être partiellement

104

régis par l’état chimique et physique des fasciæ qui, en fonction de leur “état de

santé”, vont soit faciliter soit gêner ou retarder la cicatrisation94

. »

Pour notre part, l’approche ostéopathique nous amène à croire qu’un suivi

thérapeutique préventif répété dans le temps ainsi qu’une pratique régulière

d’étirements myofasciaux pourraient dynamiser et potentialiser le tissu, limitant ainsi

les effets de la-dite fibromatose sans pour autant avoir les effets invasifs d’une

chirurgie. Dans tous les cas, l’ostéopathe pourra intervenir en pré et postopératoire

afin de préparer les tissus ou éviter de laisser se mettre en place une

structure désordonnée.

Qu’en est-il des lésions permanentes laissées par la marque du bistouri sur ce terrain

déjà programmé à la fibromatose? Nous nous interrogeons sur la nécessité d’avoir

recours à la chirurgie aux stades précoces de la maladie.

Pour les besoins de la recherche, notre choix s’est limité aux mêmes techniques de

normalisation fasciale et ce malgré nos connaissances des besoins particuliers que

présentent cette condition de tissu cicatriciel. Malgré cela, dans le désir d’uniformiser

le traitement, nous avons appliqué le même protocole de traitement sans tenir compte

de la présence des cicatrices.

Il est possible que dans un protocole intégrant le traitement des cicatrices nous

aurions pu observer de meilleurs résultats chez les sujets ayant été opérés. À l’effet de

la normalisation fasciale s’ajouterait la libération des ancrages associés à la cicatrice.

Cet élément pourrait être considéré lors d’une prochaine recherche.

4.4.6 Traitements conservateurs

Notons que 18,8 % des sujets avaient été traités en physiothérapie suite à une

intervention chirurgicale, les autres n’ayant eu aucune autre forme d’intervention. Il est

94

GABAREL, B., ROQUES, M., Les fasciæ en médecine ostéopathique, Tome 1, Anatomo-

physiologie et technologie, Maloine, Paris, 1985, p. 177.

105

intéressant de faire part des commentaires de deux sujets en lien avec cette approche de

traitement postaponévrotomie. Les manœuvres de manipulation agressives utilisées

dans ces cas avaient provoqué une phase inflammatoire avec douleur entraînant une

réaction vive des tissus allant jusqu’à une algodystrophie réflexe (Syndrome de

Sudeck-Leriche). Ces mêmes sujets ont apprécié les traitements ostéopathiques

prodigués dû au fait que les techniques de normalisation fasciale étaient douces et non

agressives apportant relâchement et confort.

Par les manipulations douces suivant le rythme du MRP, l’ostéopathe gère les

micromouvements lemniscatoires qui génèrent un apport fluide important. L’effet

d’exagération du mouvement, dans des limites acceptables, graduellement provoque

une réponse de dynamisation tissulaire entraînant une normalisation sans irritation

ni douleur.

4.5 Critique de la méthodologie

Dans cette section, nous allons commenter la méthodologie en identifiant les

éléments à conserver et ceux qui pourraient être améliorés pour une recherche

ultérieure dans le domaine de la normalisation fasciale en chaîne pour la maladie

de Dupuytren.

4.5.1 Type de recherche

Pour cette recherche, nous avons opté pour le modèle de plan à mesures répétées,

jugé ici être le plus adapté pour les besoins. Le modèle de type clinique expérimental

a été respecté.

Le faible taux de sujets participant à notre étude s’explique par le fait que cette

maladie est peu commune (touchant 2 % de la population) et que les gens sont peu

informés de cette maladie, d’où la difficulté de recrutement. Ce facteur a contribué au

fait que nous ne pouvions constituer deux groupes, un contrôle et un expérimental

comme nous l’aurions souhaité. Un seul groupe expérimental a donc été formé d’un

échantillon de 16 individus présentant 23 mains atteintes. Par ailleurs, les plans à

106

mesure répétées « assurent un contrôle plus rigoureux des différences individuelles

que celui formé par les plans indépendants, parce que chaque niveau de la variable

indépendante s’y applique effectivement aux différences individuelles, présumées

constantes, qu’un même sujet affiche. C’est ce contrôle qui est en bonne partie

responsable de l’attrait qu’exercent les plans à mesure répétées; le chercheur en

attend en principe l’obtention de données statistiquement plus puissantes, ou plus

sensibles, que celles livrées par les plans à groupes indépendants95

».

Nous avons tenté de minimiser les effets dus au biais de l’attente du chercheur en

impliquant une assistante qui était chargée de comptabiliser les résultats une fois les

données prises. Afin de ne pas influencer la mesure des amplitudes articulaires, le

thérapeute ne pouvait revoir les mesures des rencontres précédentes et ce, jusqu’à la

fin de l’expérimentation.

4.5.2 Marge d’erreur

4.5.2.1 Goniométrie

La variation sur l’appareil de mesure goniométrique spécialisé pour les doigts est graduée

par tranche de 5°. Cette gradation de l’échelle de mesure demande à l’évaluateur d’estimer

les données avec une variation de plus ou moins 0,5° lors de la prise de mesure. Cette

faiblesse de précision due à l’utilisation de l’outil de mesure doit être prise en compte lors

de l’interprétation des résultats, en ce sens que les différences que l’on observe dans les

amplitudes articulaires doivent être plus grandes que la marge d’erreur de l’outil de mesure

pour pouvoir conclure avec certitude.

Afin de diminuer la marge d’erreur, un seul évaluateur a relevé les amplitudes tout au

long de l’étude en procédant toujours de la même façon pour le placement

du goniomètre.

95

ROBERT M. et al. Fondements en étapes de la recherche scientifique en psychologie, Ed. Edisem

Saint-Hyacinthe, Maloine Paris, 1988, p. 145.

107

Même si nous avons suivi le protocole tel qu’indiqué par le manuel de goniométrie96

,

nous avons constaté que la prise de mesure des amplitudes articulaires pouvait

contenir une marge d’erreur plus grande particulièrement au niveau des IPP et IPD.

Celles relevées au niveau des MCP et du poignet ne posaient aucun problème pour la

plupart des sujets. La condition de rétraction des tissus et la flexion des articulations

IPP et IPD chez certains sujets présentant un stade avancé de la maladie rendait le

placement du goniomètre difficile.

Étant donné cette marge d’erreur inévitable, les données comptabilisées aux fins

statistiques tiennent seulement compte des articulations MCP et du poignet.

En effet, lors des premières mesures goniométriques, nous nous sommes rendu compte

que toutes les mains étaient atteintes au niveau des MCP alors qu’on ne trouvait pas

toujours de limitation au niveau des IPP et IPD (stades 0 et 1). Nous avons donc opté

pour conserver uniquement cette mesure des MCP ainsi que celle du poignet.

4.5.3 Limites et recommandations de la recherche

Idéalement, la mesure des amplitudes aurait du être menée par un évaluateur externe

pour limiter les biais en lien avec les attentes du chercheur. « Le chercheur souhaite

dans la plupart des cas pouvoir conclure que l’hypothèse qu’il a posée est confirmée

par les faits97

. » La formation d’un évaluateur externe qui s’exerce auprès des sujets

atteints de la maladie de Dupuytren pourrait venir augmenter la validité de la

recherche. Cet aspect serait à considérer pour une future recherche.

96

NORKIN, C., WHITE, D.J. : Measurement of joint motion, A guide to goniometry, edition 2, 1995,

p. 79-114. 97

ROBERT, M.et al. Fondements en étapes de la recherche scientifique en psychologie, Edisem Saint-

Hyacinthe, Maloine Paris, 1988, p. 82.

108

CONCLUSION

En voulant respecter le paradigme de la complexité, l’ostéopathe se positionne dans

un milieu scientifique. Son esprit demande plus qu’une approche rationnelle, il doit

inclure une interprétation et un travail d’intuition ainsi que d’adaptation. Il doit danser

entre ses références et ses perceptions intuitives sans jamais perdre de vue le concept

de globalité. Il doit adapter sa duplication et mettre de l’avant son intention et son

induction et allier le côté art et science.

N’ayant trouvé aucune référence ostéopathique sur le sujet, nous avons été appelé à

développer de façon intuitive une approche d’évaluation et de traitement basée sur

des connaissances anatomiques et physiologique et sur les enseignements

ostéopathiques appris au cours de notre formation. De plus, nous avons fait usage

d’outils de mesures éprouvés scientifiquement permettant de valider nos hypothèses.

La cause de la maladie jusqu’ici demeurée inconnue, a stimulé notre intérêt et est restée

tout au long de la recherche au cœur de nos préoccupations. La maladie prenant place à

l’intérieur même du fascia se place incontestablement dans la sphère ostéopathique.

Les gens atteints de la maladie de Dupuytren manifestent un réel besoin

d’information et sont dépourvus de solution autre que de subir une chirurgie, ce que

le corps médical propose hâtivement.

Par cette recherche, nous leur avons proposé des instruments tels les exercices

myofasciaux, des mobilisations actives et passives, ceux-ci favorisant la prise en

charge de leur condition. Nous espérons que cette avenue contribuera à ralentir le

processus évolutif de la maladie.

On connaît l’importance d’une main et de sa fonction pour toute la vie, l’on conçoit

difficilement que la recherche de solution pour cette affection soit si limitée et que le

seul recours offert soit la chirurgie qui laisse inévitablement un tissu

cicatriciel permanent.

109

La médecine concentre ses recherches dans la cellule afin de trouver les causes de la

maladie. Bien sûr, nous avons besoin de ces notions analytiques pour permettre un

avancement. En ce qui concerne les fasciae, l’ostéopathe, possède d’autres outils

d’analyse et d’intervention. Par le toucher, notre main recherche les déséquilibres

localement ainsi qu’à distance et tient compte des liens qui auraient pu préalablement

mettre en place ce terrain réceptif à une telle maladie. L’ostéopathie en ce sens, est en

mesure de fournir des informations essentielles qui, jointes à des constatations

scientifiques, serviront à l’avancement de la cause.

L’hypothèse voulant que : Le traitement ostéopathique des fasciæ de la main et du

membre supérieur sous forme de chaîne fasciale augmente l’amplitude d’ouverture de

la main chez les patients atteints de la maladie de Dupuytren, a été vérifiée. Cette

recherche révèle des données quantitatives statistiquement significatives nous

permettant de croire qu’un traitement local et à distance des différents fasciae

constituant nos chaînes de traitement a un effet positif sur l’amplitude d’ouverture de

la main. Nous avons considéré les multiples liens entre la main, le membre supérieur

et le bassin qui nous permettent de croire à une entité fonctionnelle unique qui a le

pouvoir de s’harmoniser.

À la lumière des résultats, nous pouvons croire que tous patients ont connu une

amélioration reflétant la capacité tissulaire à répondre au traitement et ce, sans

distinction entre les stades. Au terme de cette recherche, nous aimerions croire qu’un

tissu fibreux installé de longue date a un potentiel de récupération sans limite.

Toutefois, nous demeurons conscient des limites de notre étude qui espérons le

servira de base à une future recherche. Celle-ci pourrait porter sur les effets à plus

long terme d’un traitement, plus particulièrement dans les stades avancés de la

maladie. Ceci afin de découvrir jusqu’à quel point le fascia se révèle être capable

d’un renouvellement cellulaire bien ordonné et de restructuration fonctionnelle.

110

Table des figures

FIGURE 1 : NODULES ET BRIDES. R. TUBIANA TRAITÉ DE CHIRURGIE DE LA MAIN. MASSON, PARIS, 1998, P. 53-54. ...... 9 FIGURE 2 : PRÉVALENCE DE LA MALADIE DE DUPUYTREN EN AUSTRALIE (AUS), AU DANEMARK (DK), AU CANADA (CND),

EN GRANDE-BRETAGNE (GB), EN ALLEMAGNE (RFA) ET AUX ÉTATS-UNIS (USA). R. TUBIANA TRAITÉ DE

CHIRURGIE DE LA MAIN. MASSON, PARIS, 1998, P. 56. ........................................................................... 18 FIGURE 3 : SCHÉMA DE LA CONCEPTION FONCTIONNELLE DES CHAÎNES FASCIALES ................................................... 33 FIGURE 4 : NETTER, F.H. ATLAS OF HUMAN ANATOMY. ICON, TETERBORO, NEW JERSEY, P. 442. ............................ 35 FIGURE 5 : BOUCHET, A, CUILLERET, J. ANATOMIE TOPOGRAPHIQUE DESCRIPTIVE ET FONCTIONNELLE, TOME 3A,

MASSON, PARIS, 1995, P. 1431. ....................................................................................................... 38 FIGURE 6 : LES FORMATIONS APONÉVROTIQUES PALMAIRES ............................................................................... 40 FIGURE 7 : LES STRUCTURES APONÉVROTIQUES DE LA PAUME INTÉRESSÉES PAR LA MALADIE DE DUPUYTREN TUBIANA R.,

HUESTON J.T. ET AL. LA MALADIE DE DUPUYTREN, 3E ED. MONOGRAPHIE DU GROUPE D’ÉTUDES DE LA MAIN.

PARIS, EXPANSION SCIENTIFIQUE FRANÇAISE, 1986, P. 61. ...................................................................... 41 FIGURE 8 : ATTEINTE DES ÉLÉMENTS LES PLUS SUPERFICIELS DE L’APONÉVROSE DANS LA MALADIE DE DUPUYTREN

TUBIANA R., HUESTON J.T. ET AL. LA MALADIE DE DUPUYTREN, 3E ED. MONOGRAPHIE DU GROUPE D’ÉTUDES

DE LA MAIN. PARIS, EXPANSION SCIENTIFIQUE FRANÇAISE, 1986, P. 62. .................................................... 42 FIGURE 9 : LA JONCTION EN Y DES BANDELETTES PRÉTENDINEUSES....................................................................... 43 FIGURE 10 : LA STRUCTURE MICROSCOPIQUE TRIDIMENTIONNELLE DE L’APONÉVROSE PALMAIRE (D’APRÈS MCGROUTHER)

TUBIANA, R. TRAITÉ DE CHIRURGIE DE LA MAIN. MASSON, PARIS, 1998, P. 34 ......................................... 45 FIGURE 11 : COUPE DE LA MAIN PASSANT PAR LA TÊTE DES TROISIÈME ET QUATRIÈME MÉTACARPIENS BOUCHET, A.,

CUILLERET, J. ANATOMIE TOPOGRAPHIQUE DESCRIPTIVE ET FONCTIONNELLE : TOME 3A, MASSON, PARIS, 1995, P. 1399 ......................................................................................................................................... 46

FIGURE 12 : LES COMPOSANTS DU FASCIA DIGITAL QUI PEUVENT ÊTRE ATTEINTS DANS LA MALADIE DE DUPUYTREN

TUBIANA R., HUESTON J.T. ET AL. LA MALADIE DE DUPUYTREN, 3E ÉD. MONOGRAPHIE DU GROUPE D’ÉTUDES

DE LA MAIN. PARIS, EXPANSION SCIENTIFIQUE FRANÇAISE, 1986. ............................................................. 47 FIGURE 13 : DEUX EXEMPLES DE BRIDES SPIRALES ............................................................................................. 48 FIGURE 14 : COMPARAISON EN DEGRÉS (°) ENTRE LES TEMPS T1 ET T2 POUR L’EXTENSION EN ACTIF .......................... 71 FIGURE 15 : COMPARAISON EN DEGRÉS (°) ENTRE LES TEMPS T1 ET T2 POUR L’EXTENSION EN PASSIF ........................ 72 FIGURE 16 : COMPARAISON EN DEGRÉS (°) ENTRE LES TEMPS T1, T5 ET T6 POUR L'EXTENSION EN ACTIF .................... 74 FIGURE 17 : COMPARAISON EN DEGRÉS (°) ENTRE LES TEMPS T1, T5 ET T6 POUR L’EXTENSION EN PASSIF ................... 75 FIGURE 18 : COMPARAISON EN DEGRÉS (°) ENTRE LES TEMPS T2, T5 ET T6 POUR L'EXTENSION EN ACTIF .................... 77 FIGURE 19 : COMPARAISON EN DEGRÉS (°) ENTRE LES TEMPS T2, T5 ET T6 POUR L’EXTENSION EN PASSIF ................... 78 FIGURE 20 : COMPARAISON EN DEGRÉS (°) ENTRE LES TEMPS T1, T5 ET T6 POUR LA FLEXION EN ACTIF ...................... 79 FIGURE 21 : COMPARAISON EN DEGRÉS (°) ENTRE LES TEMPS T1, T5 ET T6 POUR LA FLEXION EN PASSIF ..................... 81

111

Table des tableaux

TABLEAU 1 : CLASSIFICATION DES STADES DE LA MALADIE DE DUPUYTREN, R. TUBIANA TRAITÉ DE CHIRURGIE DE LA MAIN. MASSON, PARIS, 1998, P. 56. ........................................................................................................... 10

TABLEAU 2 : PRINCIPAUX TYPES DE COLLAGÈNE, VOYER, G. FASCIÆ GÉNÉRAUX, ACADÉMIE SUTHERLAND D’OSTÉOPATHIE

DU QUÉBEC, 2004, P.57. .................................................................................................................. 29 TABLEAU 3 : NOM DES CLASSES ET VALEURS AU QUESTIONNAIRE DASH INSTITUTE FOR WORK AND HEALTH, 2006 ..... 55 TABLEAU 4 : RÉSUMÉ DES INTERVALLES ENTRE LES RENCONTRES DE L’EXPÉRIMENTATION ......................................... 57 TABLEAU 5 : RÉSUMÉ DU DÉROULEMENT DE L’EXPÉRIMENTATION ....................................................................... 61 TABLEAU 6 : DESCRIPTION DE L’ÉCHANTILLON.................................................................................................. 70 TABLEAU 7 : COMPARAISON DES MOYENNES ET ECART-TYPES EN DEGRES (°) ENTRE LES TEMPS T1 ET T2 POUR LA VARIABLE

EXTENSION EN ACTIF .......................................................................................................................... 72 TABLEAU 8 : COMPARAISON DES MOYENNES ET ECART TYPES EN DEGRES(°) ENTRE LES TEMPS T1 ET T2 POUR LA VARIABLE

EXTENSION EN PASSIF ......................................................................................................................... 73 TABLEAU 9 : COMPARAISON DES MOYENNES ET ECART-TYPES EN DEGRES (°) ENTRE LES TEMPS T1, T5 ET T6 POUR LA

VARIABLE EXTENSION EN ACTIF............................................................................................................. 74 TABLEAU 10 : MOYENNE DE VARIATION D’EXTENSION ACTIVE EN DEGRES (°) ......................................................... 75 TABLEAU 11 : COMPARAISON DES MOYENNES ET ECART TYPES EN DEGRES (°) ENTRE LES TEMPS T1, T5 ET T6 POUR LA

VARIABLE EXTENSION EN PASSIF ........................................................................................................... 75 TABLEAU 12 : MOYENNES DE VARIATION D’EXTENSION PASSIVE EN DEGRES (°) ...................................................... 76 TABLEAU 13 : COMPARAISON DES MOYENNES ET ECART-TYPES EN DEGRES (°) ENTRE LES TEMPS T2, T5 ET T6 POUR LA

VARIABLE EXTENSION EN ACTIF............................................................................................................. 77 TABLEAU 14 : MOYENNES DE VARIATION D’EXTENSION ACTIVE EN DEGRES (°) ........................................................ 77 TABLEAU 15 : COMPARAISON DES MOYENNES ET ECART-TYPES EN DEGRES (°) ENTRE LES TEMPS T2, T5 ET T6 POUR LA

VARIABLE EXTENSION EN PASSIF ........................................................................................................... 78 TABLEAU 16 : MOYENNES DE VARIATION D’EXTENSION PASSIVE EN DEGRES (°) ...................................................... 79 TABLEAU 17 : COMPARAISON DES MOYENNES ET ECART-TYPES EN DEGRES (°) ENTRE LES TEMPS T1, T5 ET T6 POUR LA

VARIABLE FLEXION EN ACTIF ................................................................................................................ 80 TABLEAU 18 : MOYENNES DE VARIATION DE FLEXION ACTIVE EN DEGRES (°) .......................................................... 80 TABLEAU 19 : COMPARAISON DES MOYENNES ET ECART-TYPES EN DEGRES (°) ENTRE LES TEMPS T1, T5 ET T6 POUR LA

VARIABLE FLEXION EN PASSIF ............................................................................................................... 81 TABLEAU 20 : MOYENNES DE VARIATION DE FLEXION PASSIVE EN DEGRES (°). ........................................................ 82 TABLEAU 21 : SYNTHÈSE DES RÉSULTATS DES MOYENNES DES AMPLITUDES ARTICULAIRES D’EXTENSION

MÉTACARPOPHALANGIENNES ET DU POIGNET EN PASSIF ET EN ACTIF ........................................................... 82 TABLEAU 22 : SYNTHÈSE DES RÉSULTATS DES MOYENNES DES AMPLITUDES ARTICULAIRES DE FLEXION

MÉTACARPOPHALANGIENNES ET DU POIGNET EN PASSIF ET EN ACTIF ........................................................... 83 TABLEAU 23 : DIFFÉRENCE DES AMPLITUDES ARTICULAIRES EN EXTENSION ACTIVE SELON LES STADES .......................... 83 TABLEAU 24 : DIFFÉRENCE DES AMPLITUDES ARTICULAIRES EN EXTENSION PASSIVE SELON LES STADES ........................ 83 TABLEAU 25 : COMPARAISON DES MOYENNES AU QUESTIONNAIRE DASH ENTRE LES TEMPS T1 ET T5 ....................... 84 TABLEAU 26 : COMPARAISON DES MOYENNES AU QUESTIONNAIRE DASH ENTRE LES TEMPS T1 ET T6 ....................... 84 TABLEAU 27 : COMPARAISON DES MOYENNES AU QUESTIONNAIRE DASH ENTRE LES TEMPS T5 ET T6 ....................... 84 TABLEAU 28 : COMPARAISON DES SOMMES DES TROIS QUESTIONS TIREES DU QUESTIONNAIRE DASH ENTRE LES TEMPS T1

ET T6 ............................................................................................................................................. 85

112

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115

ANNEXE 1

TECHNIQUES DE NORMALISATION

CHAÎNE DE LA MALADIE DE DUPUYTREN

Annexe 1.1 : Normalisation du latissimus dorsi

Patient (Pt) Photos

Debout, côté homolatéral

(TR)

Procubitus, les bras de chaque côté de la table.

Actions

Cibler les insertions de la masse commune; le point chevauche sur 2-3 travers de doigt le centre du triangle lombo-sacré iliaque : L3-S1-EIPS. Positionner MCP du III de la MCA dans le triangle. La MCE va envelopper la partie supérieure du plan postérieur du latissimus dorsi. METen direct.

Observations :

116

Annexe 1.2 : Normalisation du fascia de Leblanc

Patient (Pt) Photos

Assis en homolatéral; les I en dedans du creux axillaire, sur le fascia de Leblanc

(TR)

Procubitus le coude est fléchi et la tête est tournée en controlatéral.

Actions

Mouvement lemniscatoire de scooping entre les I

Observations :

117

Annexe 1.3 : Normalisation du fascia pectoralis superficialis

Patient (Pt) Photos

Décubitus ABD de l’épaule jusqu’à MET des tissus mous Hanche en ABD et jambes en dehors de chaque côté de la table

(TR)

Main caudale : tiens le bras du Pt en ABD Main céphalique : doigts sur le pectoral en direction de la symphyse pubienne

Actions

MET vers le pubis

Observations :

118

Annexe 1.4 : Normalisation du fascia suspenseur de l’aisselle de

Gerdy

Patient (Pt) Photos

Décubitus ABD épaule 90° (si la condition du pt le permet)

(TR)

Main céphalique : Le I sous le grand pectoral a/n du ligament de Gerdy Main caudale : Pouce médial à l’autre pouce

Actions

Travail avec les deux pouces, un scoop en direction céphalique, un scoop en direction caudal.

Observations :

119

Annexe 1.5 : TOG rachis cervical en inclinaison

Patient (Pt) Photos

Décubitus

(TR)

Debout à la tête du patient Main céphalique sous occiput Main caudale droite sur épaule droite

Actions

Tête en inclinaison latérale gauche avec légère rotation latérale droite et légère poussée sur l’épaule

Observations :

120

Annexe 1.6 : Normalisation du fascia du V deltoïdien

Patient (Pt) Photos

Décubitus

(TR)

Main caudale : doigts en direction du creux axillaire sur le brachial antérieur (main fixe) Main céphalique : II et III sur la partie antérieur du V deltoïdien et IV et V sur la partie postérieure

Actions

Travail rayonné avec la main céphalique Point fixe au niveau du brachial ant. pour éviter qu’il ne suive

Observations :

121

Annexe 1.7 : Normalisation du fascia brachialis

Patient (Pt) Photos

Assis, main en supination

(TR)

Main latérale sur le biceps Main médiale en dessous du bras

Actions

Travail transversal

Observations :

122

Annexe 1.8 : Normalisation du fascia antébrachialis

Patient (Pt) Photos

Assis avant-bras en supination

(TR)

Main latérale : maintient l’extension du poignet Main médiale : Face palmaire de la main est perpendiculaire à l’avant-bras.

Actions

Travail transversal Se concentrer plus sur la face antéro-médiale de l’avant-bras

Observations :

123

Annexe 1.9 : Pompage du poignet en flexion

Patient (Pt) Photos

(Passif) Assis, face au TR. Avant-bras sur la table en pronation, coude en appui retenu par l’autre main du pt.

(TR)

Assis, face au pt, Maintenir la main du pt à l’aide des 2 mains, les I a/n face post. du carpe et 4 derniers doigts a/n face lat et méd. du carpe en ant.

Actions

À l'inspiration, faire fléchir le poignet en le montant et ouvrir le carpe graduellement (le capitatum « grand os » veut monter on le freine), à l’expire, maintenir le carpe ouvert dans un premier temps, puis le refermer graduellement vers la descente

Observations :

124

Annexe 1.10 : Pompage du poignet en extension

Patient (Pt) Photos

Assis, face au TR. Avant-bras sur la table en pronation, coude en appui retenu par l’autre main du pt.

(TR)

Assis, face au pt, Maintenir la main du pt à l’aide des 2 mains, les I a/n face post. du carpe et 4 derniers doigts a/n face lat et méd. du carpe en ant.

Actions

À l'inspiration, descendre le poignet en extension en ouvrant graduellement le carpe, à l’expire, garder le carpe ouvert dans un premier temps, puis remonter en le refermant graduellement.

Observations :

125

Annexe 1.11 : Normalisation du fascia intrinsèque long palmaire

(petit palmaire)

Patient (Pt) Photos

Assis avant-bras en supination

(TR)

Main médiale : maintient le bras en extension Main latérale : doigts se dirigent vers l’épicondyle médial

Actions

MET dans le sens longitudinal

Observations :

126

Annexe 1.12 : Normalisation de l’aponévrose

palmaire moyenne

Patient (Pt) Photos

Assis avant-bras en supination avec légère extension

(TR)

Main terre: paume sur la face dorsale du Pt Main ciel: Paume à paume doigts en direction du poignet

Actions

Travail disto-proximal en plus d’un écartement plus superficiel S’assurer d’un bon contact Travailler dans la globalité de la paume

Observations :

127

Annexe 1.13 : Pompage interphalangien proximal (IPP)

Patient (Pt) Photos

Assis, avant bras en pronation

(TR)

Main distale: prise antéro/posterieur avec l et le II Main proximale: prise des deux côtés de la phalange proximale

Actions

Inspiration : créer une décoaptation en légère flexion Expiration : relâcher avec un delai (mvt. lemniscatoire)

Observations :

128

Annexe 1.14 : Pompage métacarpophalangien (MCP)

Patient (Pt) Photos

Assis, avant-bras en pronation

(TR)

Main distale: prise antéro-postérieure a/n P1 proximal Main proximale: prise antéro-post. a/n du méta distal

Actions

Inspiration : créer une décoaptation en légère flexion Expiration : relâcher avec un delai (mvt. lemniscatoire)

Observations :

129

Annexe 1.15 : Normalisation du fascia transverse superficiel de la

paume

Patient (Pt) Photos

Assis avant-bras en supination

(TR)

Les I sur le méta latéral, et le méta médial adjacent. Les doigts postérieurs freinent le méta pour ne pas qu’il descende

Actions

Travail individuel avec les pouces au niveau de la paume Fixer la partie dorsale

Observations : Il est davantage proximal que le ligament natatorium

130

Annexe 1.16 : Normalisation du septum de Legueu et Juvara

Patient (Pt) Photos

Assis avant-bras en supination avec légère extension

(TR)

Main terre: paume sur la face dorsale du Pt Main ciel: Paume à paume doigts en direction du poignet

Actions

Travail disto-proximal en plus d’un écartement en profondeur S’assurer d’un bon contact Travailler dans la globalité de la paume

Observations :

131

Annexe 1.17 : Normalisation du ligament natatorium

Patient (Pt) Photos

Assis, avant-bras en supination

(TR)

Punctiforme sur le MCP ou se croisent les fibres natatorium Doigts postérieurs: direction proximale pour garder le méta en place Pouces antérieurs: direction vers profond et distal sur les fibres de la tête du méta

Actions

Les doigts en dorsal MET distale vers proximale Travail punctiforme avec les I MET proximo-distale en profondeur

Observations :

132

ANNEXE 1.18 : Normalisation des bandelettes

prétendineuses

Patient (Pt) Photos

Assis avant-bras en supination

(TR)

Main médiale : sur la partie proximale de la bandelette Main latérale : sur la partie distale de la bandelette

Actions

MET dans le sens des fibres en lemniscate sur toute les surface et la jonction en Y niveau de la tête des méta.

Observations :

133

Annexe 1.19 : Normalisation de l’aponévrose thénar

Patient (Pt) Photos

Assis avant-bras en supination

(TR)

Main médial: fixe le III Main latéral: sur le fascia entre le I et III

Actions

Travail de MET dans le sens transversal Le lemniscate est rond

Observations :

134

Annexe 1.20 : Normalisation de l’aponévrose hypothénar

Patient (Pt) Photos

Assis avant-bras en supination

(TR)

Main latérale: point fixe sur le III Main mediale: point plus mobile sur les IV et V

Actions

Travail MET transversal Le leminscate est plus plat

Observations :

135

Annexe 1.21 : Normalisation des fibres verticales de Grapow

Patient (Pt) Photos

Assis avant-bras en supination

(TR)

Main latérale: point fixe sur les métas Main mediale: point plus mobile en trépied avec 3 doigts

Actions

Travail MET punctiforme et expansion latérale

Observations :

136

Annexe 1.22 : Normalisation du ligament annulaire antérieur du

carpe (LAAC)

Patient (Pt) Photos

Assis avant-bras en supination et poignet en extension

(TR)

Pouce à pouce Main latérale: sur l’os crochu avec le pouce Main mediale: sur le tubercule du scaphoïde avec le pouce

Actions

MET dans le sens transversal

Observations :

137

Annexe 1.23 : Normalisation du fascia transverse superficiel de

la paume

Patient (Pt) Photos

Assis avant-bras en supination

(TR)

Les I sur le méta latéral, et le méta médial adjacent. Les doigts postérieurs freinent le méta pour ne pas qu’il descende

Actions

Travail individuel avec les pouces au niveau de la paume Fixer la partie dorsale

Observations : Il est davantage proximal que le ligament natatorium

138

Annexe 1.24 : Normalisation du fascia antébrachialis

Patient (Pt) Photos

Assis, avant-bras en supination

(TR)

Main latérale: sur le poignet pour fixer l’extension Main médiale: toute la face antérieure de la main et doigts sur l’avant-bras antérieur

Actions

Travail transversal dans le trajet du grand palmaire.

Observations :

139

ANNEXE 2

FORMULAIRE DE CONSENTEMENT

Formulaire de consentement

Je soussigné :

(nom en lettres moulées)

J’accepte de participer à titre de sujet à l’étude sur le traitement de la maladie de

Dupuytren de monsieur Renaud Duguay-Lefebvre, postulant au diplôme

d’ostéopathie à l’Académie Sutherland d’ostéopathie du Québec.

L’objectif de cette étude est d’évaluer l'influence du traitement ostéopathique sur la

maladie de Dupuytren.

Je sais que l’étude comprendra six séances en ostéopathie. Chaque session durera de

30 à 75 minutes.

Aucuns frais ne seront exigés des sujets.

Mon nom ainsi que mes données personnelles resteront confidentielles et ne serviront

qu’à l’avancement de l’ostéopathie.

J’ai été informé des procédures à suivre, lesquelles ne comportent aucun risque pour

ma santé, et j’accepte d’y participer sans aucun recours de ma part.

En tout temps, je peux me retirer de l’étude sans préjudice.

_______________________________ ________________

Signature Date

140

ANNEXE 3

ACTIVITÉ PHYSIQUE

> Moins de 16 : inactif(ve)

Évaluation du niveau d'activité > Entre 16 et 32 : actif(ve)

physique et de condition physique > Plus de 32 : très actif(ve)

A. activités quotidiennes 1 2 3 4 5

1. Quelle intensité d'activité physique

votre travail requiert-il? Légère Modérée Moyenne Intense Très intense

2. En dehors de votre travail régulier,

combien d'heures consacrez-vous par

semaine aux travaux légers:

bricolage, jardinage, ménages, etc.?

moins de 2

hrs 3 à 4 hrs. 5 à 6 hrs. 7 à 9 hrs.

10 hrs. et

plus

3. Combien de minutes par jour

consacrez-vous à la marche? moins de 15

min. 16 à 30 min. 31 à 45 min. 46 à 60 min. 61 min. et +

4. Combien d'étages en moyenne,

montez-vous à pied chaque jour? moins de 2 3 à 5 6 à 10 11 à 15 16 et +

B. Activités sportives et récréatives 1 2 3 4 5

5. Pratiquez vous régulièrement une

ou des activités physiques ou

récréatives? Non Oui

6. À quelle fréquence pratiquez-vous

l'ensemble de ces activités? 1 à 2 mois 1/sem. 2/sem. 3/sem. 4+/sem.

7. Combien de minutes consacrez-

vous en moyenne à chaque séance

d'activité physique?

moins de 15

min. 16 à 30 min. 31 à 45 min. 46 à 60 min. 61 min. et +

8. Habituellement, comment

percevez-vous votre effort? 1 2 3 4 5

Calcul et résultat

Calculez l'ensemble de vos points pour le tableau A puis le tableau B

Additionner les points de 1 à 5 correspondant à vos réponses. Exemple: Réponse à la question 1:

moyenne = 3 points Réponse à la question 2: 10 heures et plus = 5 points Réponse à la question 3: 16 à 30

minutes= 2 points Réponse à la question 4: 3 à 5 = 2 points

Total tableau= 12 points

ANNEXE 4

FICHES D’ÉVALUATION QUALITATIVE DES FASCIÆ

Chaîne fasciale 1 Libre Peu

adhérent

Moyennement

adhérent

Très

adhérent Collé

0. Normalisation du bassin

1. N. du grand dorsal (Leblanc)

2. N. Du grand pectoral (Gerdy)

3. TOG rachis cervical en

inclinaison et rotation

4. N. Du fascia Deltoïdien

5. N. du fascia brachialis

6. N. du fascia antébrachialis

7. Pompage du poignet en flexion

8. Pompage du poignet en extension

9. N. du fascia petit palmaire

10. N. aponévrose palmaire

moyenne

142

Chaîne fasciale 2 Libre Peu

adhérent

Moyennement

adhérent

Très

adhérent Collé

1. Pompage des IPP

2. Pompage des MCP

3. N. du ligament transverse

superficiel

4. N. des septums de Legeu et

Juvara

5. N. du ligament natatorium

6. N. des bandelettes pré

tendineuses

7. N. de l'aponévrose palmaire

moyenne

8. N. de l'aponévrose thénar

9. N. de l'aponévrose hypothénar

10. N. de fibres verticales de

Grapow

11. N. du ligament annulaire

antérieur du carpe

12. N. du fascia petit palmaire

13. N. du fascia antébrachialis

143

Chaîne fasciale 3 Libre Peu

adhérent

Moyennement

adhérent

Très

adhérent Collé

1. Pompage IPP

2. Pompage MCP

3. N. du ligament transverse

superficiel

4. N. des septums de Legeu et

Juvara

5. N. du ligament natatorium

6. N. des bandelettes pré

tendineuses

7. N. de l'aponévrose palmaire

moyenne

8. N. de l'aponévrose thénar

9. N. de l'aponévrose hypothénar

10. N. de fibres verticales de

Grapow

11. N. du ligament annulaire

antérieur du carpe

12. N. du fascia petit palmaire

13. N. du fascia antébrachialis

14. N. du fascia brachialis

15. N. du fascia deltoïdien

16. N. du fascia Gerdy

17. N. du fascia de Leblanc

144

ANNEXE 5

QUESTIONNAIRE DASH

145

146

147

148

ANNEXE 6

TRAITEMENT OSTÉOPATHIQUE PROPOSÉ AU PATIENT ATTEINT DE LA

MALADIE DE DUPUYTREN

Chaîne fasciale 1

0. Normalisation du bassin

1. N. du grand dorsal (Leblanc)

2. N. Du grand pectoral (Gerdy)

3. TOG rachis cervical en inclinaison

et rotation

4. N. Du fascia Deltoïdien

5. N. du fascia brachialis

6. N. du fascia antébrachialis

7. Pompage du poignet en flexion

8. Pompage du poignet en extension

9. N. du fascia petit palmaire

10. N. aponévrose palmaire moyenne

Chaîne fasciale 2

1. Pompage des IPP

2. Pompage des MCP

3. N. du ligament transverse superficiel

4. N. des septums de Legeu et Juvara

5. N. du ligament natatorium

6. N. des bandelettes pré tendineuses

7. N. de l'aponévrose palmaire

moyenne

8. N. de l'aponévrose thénar

9. N. de l'aponévrose hypothénar

10. N. de fibres verticales de Grapow

11. N. du ligament annulaire antérieur

du carpe

12. N. du fascia petit palmaire

13. N. du fascia antébrachialis

Chaîne fasciale 3

1. Pompage IPP

2. Pompage MCP

3. N. du ligament transverse superficial

4. N. des septums de Legeu et Juvara

5. N. du ligament natatorium

6. N. des bandelettes pré tendineuses

7. N. de l'aponévrose palmaire

moyenne

8. N. de l'aponévrose thénar

9. N. de l'aponévrose hypothénar

10. N. de fibres verticales de Grapow

11. N. du ligament annulaire antérieur

du carpe

12. N. du fascia petit palmaire

13. N. du fascia antébrachialis

14. N. du fascia brachialis

15. N. du fascia deltoïdien

16. N. du fascia Gerdy

17. N. du fascia de Leblanc

ANNEXE 7

AUGMENTATION DES MOYENNES DES AMPLITUDES ARTICULAIRES EN

FLEXION ET EN EXTENSION SUR CHACUN DES DOIGTS ET DES

POIGNETS POUR L’ENSEMBLE DE LA PÉRIODE D’EXPÉRIMENTATION.

150

151

ANNEXE 8

LETTRES DE RÉFÉRENCE

152

153

154