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Des portes s’ouvrent dans la Chine nouvelle Les droits de négociation - un enjeu décisif UNI et la Chine mars 2007 www.uniglobalunion.org UNI/Press/02/2007/0045

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Des portes s’ouvrentdans la Chine nouvelle

Les droits de

négociation -

un enjeu décisif

UNI et la Chinemars 2007

www.uniglobalunion.org

UNI/Press/02/2007/0045

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reportAccroître la syndicalisation et élargir les

négociations collectives, tels sont lesobjectifs fondamentaux de l'action d'UNI

en Chine, alors que les multinationales s'affichentostensiblement dans ce pays, dont l'économie estl'une des plus grandes du monde et la croissancel'une des plus rapides.La visite effectuée en Chine en octobre 2006 parUNI Secteur graphique Syndicat mondial coïncidaitavec l'annonce d'une avancée de la part de la trèsofficielle Fédération des syndicats de Chine, qui aobtenu la reconnaissance de Wal-Mart malgré larésistance de cette multinationale, qui compte déjà62 magasins dans cet immense pays. En octobre,UNI Graphique s'est rendu dans une grandeentreprise de Shanghai rattachée à un autre géantaméricain - RR Donnelley, la plus grandemultinationale de l'imprimerie du monde - et a puy constater que les négociations collectives étaienttrès limitées."UNI veut que les multinationales acceptent lessyndicats partout où elles opèrent, y compris enChine - tel est le raisonnement qui motive notrecampagne pour la signature d'accords mondiauxavec ces multinationales géantes" a dit PhilipBowyer,Vice-Secrétaire général d'UNI, à Pékin."Nous voulons aussi, dans le cadre de notremission, aider les travailleurs chinois à affronter lesénormes changements qui bouleversent leur pays,et renforcer leur capacité à traiter avec lesmultinationales venues de l'étranger - dontbeaucoup auraient tendance à résister à toutprogramme constructif de négociations."Malgré la législation qui les oblige à reconnaîtreles syndicats, plus de la moitié des multinationalesde Chine ne sont toujours pas organisées.

UNI Graphique prépare déjà une table ronde desuivi en Chine dans le courant de cette année, àlaquelle participeront les affiliés d'UNI-Asie &Pacifique et d'UNI Graphique avec desreprésentants syndicaux d'entreprises chinoisesd'imprimerie et d'emballage et de grandesmultinationales du secteur établies en Chine.

L'intensification des contacts avec les travailleurschinois et leurs syndicats était déjà inscrite dans leplan d'action quadriennal d'UNI Graphique,présenté lors de sa conférence mondiale denovembre 2006 à Brighton.UNI Graphique procédera à un inventaire des faitsnouveaux dans le secteur graphique en Chine,élargira ses contacts avec les syndicats et avecl'organisation faîtière officielle, l'ACFTU et veilleraà ce que les accords-cadres mondiaux conclus avecdes multinationales actives en Chine garantissentles droits du travail aux travailleurs chinois dusecteur graphique.D'autres secteurs d'UNI vont certainementemboîter le pas à UNI Graphique en Chine,notamment UNI Commerce, qui a probablementdes raisons de rendre visite aux multinationalesWal-Mart, Carrefour, Metro et Tesco dans ce pays.

Tout a commencé avec l'envoi d'une délégationd'UNI au plus haut niveau à Pékin en décembre2004, et avec l'approbation, par le Congrèsmondial d'UNI à Chicago en 2005, d'une politiquegénérale pour la Chine visant à développer lesrelations avec les travailleurs chinois, intensifier lesactivités avec les syndicats démocratiques deHong-Kong, Macao et Taïwan, et établir des liensavec les observatoires des droits du travail et

Les droits de syndicalisation et denégociation - Des objectifs décisifs

autres groupes faisant campagne en Chine et dansles pays avoisinants. Plusieurs autres Syndicatsmondiaux sont déjà actifs en Chine.

Le Parti communiste chinois a adopté le libéralismeet a adhéré à l'Organisation mondiale ducommerce tout en maintenant une emprisepolitique rigide sur le pays.En Chine, la pauvreté a reculé grâce à unecroissance économique époustouflante depuis lesvingt dernières années, stimulée par d'énormesinvestissements étrangers. Mais des millionsd'emplois traditionnels disparaissent et l'on voit secreuser l'écart qui sépare les riches provincescôtières industrialisées des régions rurales pauvresà l'intérieur du pays. Durant le séjour d'UNIGraphique en Chine, le gouvernement a annoncéde nouvelles mesures pour améliorer la formationet réduire la pauvreté parmi les populationsrurales.

"Ce sera un processus à double sens" a ditChristopher Ng, Secrétaire d'UNI-Asie & Pacifique,qui s'exprimait devant un magasin de Wal-Mart àShanghai."D'une part, le renforcement de la syndicalisationdans les multinationales de Chine peut aider lessyndicats du monde entier à cimenter les alliancessyndicales mondiales. Et dans l'autre sens, laparticipation accrue des syndicats de cesentreprises partout dans le monde peut contribuerà renforcer les négociations en Chine."Par exemple, les syndicats de Taiwan, actifs dansdes entreprises qui investissent lourdement sur lecontinent chinois - peuvent jouer un rôle direct etconstructif en coopération avec les syndicatschinois dans ces filiales - a dit le Président del'ACTWU, Usu-Chung Chang.UNI-Asie & Pacifique a déjà inscrit à sonprogramme de travail la traduction en en chinois desolides conventions collectives, de bonnespratiques et autres informations sur UNI, ses affiliéset leur travail.Les tables rondes comporteront des ateliers et desgroupes de travail interactif en vue d'explorerl'étendue de la coopération et les possibilités de

Magasin Wal-Mart à Shanghai

Photos de la page de couverture:Scène de rue à Shenzhen

UNI Secteur graphique en visite à l’usineRR Donnelley de Shanghai

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création de syndicats et de réseaux syndicaux.Les syndicats chinois seront invités à participer auxactivités organisées par la région UNI-Asie etPacifique, y compris par les femmes et les jeunes.Les échanges d'informations et de syndicalistesvont jouer un rôle important. L'ACFTU a récemmentenvoyé une équipe au Centre de formation del'Organisation internationale du Travail à Turin, oùUNI a présenté un exposé sur les accordsmondiaux, qui a donné lieu à de nombreusesquestions et un vaste débat. Les syndicats chinoisont ensuite passé une semaine auprès dessyndicats finlandais.Lors d'une réunion entre le syndicat postal deShenzen et UNI-Asie & Pacifique, le Vice-présidentdu syndicat,Wu Yu a appelé à un développementdes échanges. Les adhérents de ce syndicat vontprobablement devoir affronter de grandschangements maintenant que la Chine a proposéde libéraliser ses services postaux dans le cadre desnégociations commerciales multilatérales sur lesservices (AGCS) à l'OMC.Les syndicats chinois ont conscience de l'ampleurdes défis alors que le pays a lancé une politique de"société harmonieuse" qui englobel'investissement direct et les rigueurs del'Organisation mondiale du commerce.Wal-Mart avait initialement refusé de reconnaîtreles syndicats malgré la législation, mais lacampagne de syndicalisation de ses travailleurs afinalement réussi. C'est de là qu'est né un débatsur la nature même du syndicalisme dans ce pays.Mais les enjeux, chez Wal-Mart et d'autresmultinationales, ne consistent pas seulement àobtenir la reconnaissance syndicale auprès demultinationales qui n'en veulent pas dans leursétablissements à l'étranger. Il s'agit aussi de voirdans quelle mesure les travailleurs chinois sontaptes à conduire efficacement des négociationscollectives, sur quels sujets, et ce qui peut arriver siles discussions tournent mal." Dans le libre-échange, il n'y a pas de contre-pouvoir puissant et c'est pourquoi les avantages dudéveloppement ne sont pas partagés" a dit lePrésident d'UNI Graphique Michel Muller en guised'avertissement.

L'équilibre fragile d'une loi clairement ciblée

Personne ne s'attend à des résultatsrapides et la loi va continuer demaintenir un équilibre précaire.

Mais les objectifs d'UNI, qui s'engage à longterme en Chine, comme d'autres Syndicatsmondiaux, sont parfaitement clairs - ils'agit d'aider les travailleurs chinois àdécrocher les droits syndicaux, le droit auxnégociations collectives et le droit à untravail décent.

Cet objectif ambitieux a pour but de mettre finà l'exploitation, établir des alliancessyndicales mondiales efficaces dans lesmultinationales, et mettre un terme à lacourse au moins-disant qui est largementrépandue dans l'ensemble de la Chine.

Dans les entreprises chinoises, on ne voitguère de démarcation entre la direction, lesyndicat et le parti.

L'indépendance des syndicats officielsrencontre un peu partout un certainscepticisme.

Dans les entreprises étrangères, la législationseule ne suffira pas pour obliger lesentreprises à reconnaître les syndicats etautoriser des négociations effectives.

Dans les milieux universitaires chinois, certainsparlent de créer des syndicats "partant de labase" alors que pour l'instant, l'existencedes syndicats "vient du sommet".

"La tâche la plus urgente est de créer dessyndicats partant de la base, et de négociercorrectement des conventions collectives ens'assurant qu'elles englobent tous lesaspects principaux prévalant sur le lieu detravail," dit Dominique Muller du bureau deHong Kong des Syndicats mondiaux.AuxEtats-Unis et en Europe, les chambres decommerce rechignent à établir de nouvellesréglementations pour la Chine, quipermettraient d'étendre la protection destravailleurs et le rôle des syndicats. Une telleréglementation contribuerait à réduire laprécarité des contrats temporaires, obligerles entreprises à verser des indemnités delicenciement lorsque les contrats ne sont

pas renouvelés, et restreindre leslicenciements de masse.

Les Syndicats mondiaux et les alliancesmondiales de syndicats nationauxentendent contribuer à ce que lesmultinationales soient tenues de respecterles droits des travailleurs et qu'il soit mis finà l'exploitation.

"Nous devons faire pression sur lesinstitutions internationales afin qu'ellesinsistent auprès de la Chine pour que soientrespectés les droits fondamentaux au travailénoncés par l'Organisation internationaledu Travail, a dit Tony Burk d'Amicus,Royaume-Uni lors du débat sur la Chine à laConférence mondiale d'UNI Graphique àBrighton. "Il n'est pas acceptable que laChine ait pu entrer à l'OMC, qu'elleaccueille d'énormes investissementsétrangers, alors qu'elle prive les travailleurschinois de leurs droits".

Steve Walsh, Président d'UNI-Asie & PacifiqueSecteur graphique, qui faisait partie de larécente mission du Secteur en Chine, aégalement insisté pour que les syndicatsoccidentaux s'occupent aussi de la structuresyndicale officielle chinoise, lorsqu'ilsétablissent des liens avec les travailleurschinois. " Si nous tenons à nous engagersérieusement auprès des syndicats chinois,nous devons aussi nous occuper del'organisation faîtière."

ll y a du pain sur la planche. Le Dr. Liu Kaiming,observateur des syndicats, définit cinqthèmes de travail pour les syndicats enChine:les droits des travailleurs,la responsabilité sociale des entreprises,les pénuries de main-d'œuvre,le traitement des travailleurs migrants,l'âge minimum (non réglementé auniveau national et largement ignoré).

"Nous ne devons pas laisser cesmultinationales s'installer ici et ignorer lesaccords mondiaux," a déclaré MichelMuller d'UNI Graphique à Shanghai.

Steve Walsh, Président d'UNI-Apro Secteur graphique rencontre les travailleurs de l'imprimerie à Shanghai

Resserrement des contacts entretravailleurs etsyndicats dans les entreprisesliées à desmultinationales

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UNI Secteur

graphique en Chine

En octobre 2006, UNI Graphique a été lepremier Syndicat mondial sectoriel d'UNI àse rendre en Chine pour échanger des vues

avec le mouvement syndical officiel chinois etétablir des contacts directs avec les salariés desentreprises et leurs syndicats.La planification du suivi de l'action en 2007 estdéjà en cours."C'est un bon commencement - il y a du travailqui nous attend en Chine" a dit le Présidentd'UNI Graphique Michel Muller, de la FILPAC-CGT en France lorsque le groupe acquitterShanghai."Nous allons devoir travailler avec lesorganisations syndicales de Chine, mais notreobjectif est d'établir des contacts au sein desentreprises et des co-entreprises.On estime à trois millions le nombre detravailleurs employés par des entreprisesd'imprimerie et des boutiques de reprographieen Chine.

Lors de la première réunion à Pékin entre UNIGraphique et le syndicat des industries légèresde Chine, qui englobe entre autres les secteursde l'imprimerie et de la finance, les deux partiesont appelé à intensifier le dialogue et leséchanges de syndicalistes - et d'explorer lesdomaines possibles de coopération dans un paysqui abrite bon nombre des grandesmultinationales du monde, y compris le géantmondial de l'imprimerie RR Donnelley.Dans un rapport présenté à la conférence d'UNIGraphique à Brighton, Angleterre, en novembre2006, on peut lire : "Pour UNI Graphique et sesaffiliés, le défi consiste à trouver comment serapprocher des nouvelles organisationsindépendantes de travailleurs de Chine, et lesencourager.

Le secteur graphique a été marqué par desfermetures et des restructurations d'entreprisesaux Etats-Unis et en Europe ces dernièresannées, dans des multinationales commeDonnelley et Quebecor. De plus, le secteur doitfaire face à des changements technologiquescontinuels et affronter une concurrencecroissante venant d'autres secteurs.

"Il est nécessaire de démultiplier l'intensité denotre activité internationale avec ces entreprises,et nous appuyons pleinement la politique d'UNI,qui vise à les convaincre d'accepter l'inclusiondes droits au travail dans les accords mondiaux,"a dit Michel Muller.

La mission d'une semaine menée par UNIGraphique s'est rendue dans des entreprises dePékin et de Shanghai opérant en coentrepriseavec des entreprises étrangères, dont une avecRR Donnelley.Le secteur de la presse périodique étantconsidéré comme politiquement sensible, laparticipation des multinationales étrangères aucapital est limitée à 49 %.Toutes les installations visitées étaientdotées de syndicats reconnus, maisl'étendue et la portée des négociationsrestent très variables.

L'initiative en cours, lancée en Chine parle secteur graphique, visera probablementDonnelley, SNP Leefung Pékin et SZPCShanghai, de même que lesétablissements du géant suédois del'emballage, TetraPak et de lamultinationale australienne Amcor.Toutes les parties prenantes admettentque le progrès prendra du temps.

La mission était conduite par MichelMuller, en compagnie de Philip Bowyer,Vice Secrétaire général d'UNI. Desrapports sur l'état d'avancement destravaux ont ensuite été communiqués àl'Exécutif d'UNI et à la conférence d'UNIGraphique à Brighton, Royaume-Uni.Kazunari Hasegawa, du Zen-insatsu Japonet Vice-président du secteur graphiqued'UNI-Asie & Pacifique faisait partie de lamission d'UNI Graphique. Son syndicatdéveloppe les contacts avec seshomologues chinois depuis de longuesannées, et a déjà conduit 20 missionsdans le pays à ce jour.À la conférence d'UNI Graphique àBrighton, il a déclaré que cette visite était

‘Nous avons du pain sur la planche’

Sur la Grande Muraille : Philip Bowyer, d'UNI,avec Adriana Rosenzvaig et Michel Muller,

Président d'UNI Secteur graphique.

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"un petit pas et en même temps un saut degéant pour le mouvement syndical mondial".La délégation complète d'UNI Graphique enChine était composée de: Michel Muller, PhilipBowyer, Christopher Ng et Kazunari Hasegawa,accompagnés de Steve Walsh, Président d'UNI-Asie & Pacifique Secteur graphique, de l'AMWUAustralie, Jan Oesterling du GF, Suède, AdrianaRosenzvaig, Chef d'UNI Graphique et Eiichi Ito,Directeur du Bureau d'UNI à Tokyo.

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Wal-Mart en Chine

travail, fait intervenir des briseurs de syndicats etintimide les travailleurs afin de tenir les syndicatsà l'écart. Et si tout cela ne suffit pas, elle peuttoujours fermer un rayon (comme ce fut le casavec le département de découpe de viande d'unmagasin aux Etats-Unis) ou fermer unsupermarché complètement (p. ex. celui deJonquière au Québec, Canada) si les travailleursarrivent quand même à franchir tous les obstaclesqui leur sont opposés en Amérique du Nord.

En Chine, la loi est clairement en faveur de lareconnaissance des syndicats (bien que denombreuses sociétés étrangères ne s'enpréoccupent pas). Mais cela s'inscrit dans lecontexte d'une surveillance étroite des syndicatsde la part du Parti communiste depuis desdécennies, et l'étouffement des négociationscollectives d'aujourd'hui au nom d'un nouveauslogan du Parti en faveur d'une "sociétéharmonieuse".Les lignes de démarcation entreles directions, les syndicats et le parti restentbrouillées. Au cours de la réunion avec UNIGraphique à Pékin, l'un des membres de ladélégation de l'ACFTU s'est présenté en tant quedirecteur général, président du syndicat etprésident du parti local de l'entreprise !

Avec Wal-Mart, la démarcation est apparueimmédiatement et l'ACFTU a mené sa premièrecampagne hostile de syndicalisation. Lorsqu'un

Wal-Mart a - sans le vouloir - poussé lestravailleurs chinois et leurs syndicats àexplorer de nouvelles orientations.

Le géant du commerce de détail avaitinitialement refusé d'accepter les syndicats dansses 60 magasins et plus en Chine. Il a défié la loiet refusé la relation traditionnelle et paisible quiexistait entre les syndicats officiels en Chine et lesentreprises chinoises (et aussi avec le Particommuniste).Qu'elles soient étrangères ou chinoises, lesentreprises doivent autoriser l'activité dessyndicats officiels (et verser 2 % du salaire destravailleurs). Wal-Mart a dit "non".D'où un tollé de la Fédération des syndicats deChine - le gouvernement a réaffirmé la validité dela loi et de hauts responsables municipaux etprovinciaux se sont joints aux protestations dansle cadre d'une campagne orchestrée par l'ACFTU.Wal-Mart courait alors le danger de se faire lamême réputation d'entreprise bafouant lescommunautés en Chine comme elle l'a fait unpeu partout aux Etats-Unis.C'est alors que Wal-Mart a rebattu les cartes.Elle autorisera les syndicats mais ne fera pas decadeau: les 2 % que doit payer l'entreprise serontprélevés sur les salaires des travailleurs. Ainsi, lessalariés de Wal-Mart devront prouver qu'ilsveulent vraiment un syndicat et l'ACFTU est miseau défi de les syndiquer quand même.Aux Etats-Unis, Wal-Mart exploite la législation du

nombre suffisant de travailleurs dans près des 20magasins de la multinationale se sont prononcésen faveur d'un syndicat, Wal-Mart a dû concéderla reconnaissance dans l'ensemble de sesétablissements.Il est intéressant de noter que l'accord exclut lescadres exerçant des fonctions dans les syndicatslocaux.C'est alors que Wal-Mart a été invitée par lesmédias à expliquer pourquoi elle reconnaît lessyndicats en Chine (sans parler du Royaume-Uni,de l'Amérique latine, du Japon et - jusqu'à la finde 2006, en Allemagne, avant la vente de safiliale) mais non en Amérique du Nord. En guisede réponse, la multinationale a invoqué la"société harmonieuse" qui caractéristique lessyndicats chinois.Il n'empêche que Wal-Mart s'est arrangée pouroffenser et dresser contre elle le mouvementsyndical chinois."C'est au prix d'un immense effort que noussommes arrivés à syndiquer ces travailleurs - etc'est donc une victoire" a dit Wang Hongze, del'ACFTU à UNI Graphique."L'établissement de syndicats (chez Wal-Mart)est un tout premier pas. Nous devons protégerles droits et les intérêts des travailleurs, et fairesavoir à la direction de Wal-Mart que le syndicatne lui veut pas de mal - les travailleurs et lesyndicat entendent contribuer au développementde l'entreprise."

Wal-Mart oblige à une réorientation des syndicats en Chine

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Chicago :lancement de lapolitique d'UNI en Chine

travailleurs en Chine.L'objectif est d'habiliter les organisationschinoises de travailleurs "à défendre les intérêtsde leurs adhérents, participer à des négociationscollectives réelles et établir les liensinternationaux nécessaires pour combattre lesactions négatives des multinationalesmondiales".UNI a promis d'appuyer et de développer lessyndicats démocratiques de Hong-Kong, Macaoet Taiwan."Si nous pouvons faire la preuve que vouspouvez avoir des syndicats démocratiques etindépendants à Hong-Kong, cela donnerait uneforte impulsion à notre travail en Chine," adéclaré Philip Jennings, Secrétaire général d'UNI.UNI et ses affiliés réclament également de touteurgence aux gouvernements nationaux et auxinstitutions internationales comme le G8,l'Organisation mondiale du commerce et leFonds monétaire international, d'insister auprèsde la Chine afin qu'elle applique et respecte lesconventions fondamentales de l'OIT.

Lors de sa réunion de novembre 2006, leComité exécutif mondial d'UNI a approuvéune série d'initiatives centrées sur

l'établissement de liens entre les syndicats dumonde entier et les organisations de travailleursde Chine - et le développement des syndicatsdans l'autre géant économique d'Asie, l'Inde, quiconnaît également une forte croissance.L'Exécutif a pris connaissance d'un rapport sur lavisite en Chine d'UNI Graphique Syndicat mondialen octobre dernier - premier secteur d'UNI à fairele voyage.L’Exécutif mondial a approuvé le dialogue avec laFédération des travailleurs de Chine, avec desONG et des multinationales installées dans le paysainsi qu'avec Wal-Mart, qui doit être la premièrepriorité.Christopher Ng, Secrétaire régional, rencontre ànouveau les syndicats chinois pour préciser lesdétails de l'organisation d'une table ronde.Un vaste projet d'activités en Chine est prévu, quisera assorti d'activités de suivi dans l'ensembledes secteurs d'UNI.Il est également nécessaire de conduire desactivités de coordination mondiale et régionale,fut-il souligné, afin d'atteindre les objectifs prévusdans le projet."Les syndicats chinois n'ont pas l'expérience de lanégociation avec les multinationales, et c'est làque nous pouvons les aider," a déclaré lePrésident d'UNI Poste, Rolf Büttner.Les activités se poursuivent avec les affiliés deTaiwan, tandis que les initiatives de recrutement àHong-Kong et Macao sont maintenant en courschez DHL - avec l'appui de ver.di - ainsi que chezDisney, de même qu'auprès des gardes de sécuritéet des nettoyeurs. Le secteur du jeu à Macao estégalement à l'examen, tandis qu'un bureau d'UNIa été ouvert à Hong-Kong, d'où Michael Siuassurera la coordination.

C'est lors du deuxième congrès mondiald'UNI à Chicago, en août 2005, qu'il futdécidé de renforcer les contacts avec les

organisations de travailleurs chinois et de lesaider à développer "des syndicats libres,démocratiques et efficaces".Cette initiative faisait suite à une visiteexploratoire menée par UNI en décembre 2004,avec la délégation d'UNI-Asie & Pacifique àPékin.Le Congrès a reconnu que la Chine était "le paysen développement le plus dynamique et le plusimportant du monde". La croissance économiques'affiche à près de 10 % par année et attire lesinvestissements directs étrangers à raison de 60milliards de dollars par année.Le Congrès avait mis en lumière l'émergencerapide de multinationales occidentales en Chine,qui en raison de la situation actuelle du pays,peuvent "exploiter les travailleurs vulnérables etsans protection, et s'arroger ainsi un avantagecompétitif en pratiquant le dumping social".À défaut d'un travail en réseau et d'un appuiinternational, "les travailleurs chinois livrés aucapital mondial se retrouveront isolés etvulnérables".Les actions envisagées au Congrès de Chicagoprévoyaient notamment des échanges entredirigeants et militants recrutés parmi les affiliés,et leurs homologues chinois, ainsi qu'une offrede formation aux adhérents et dirigeantssyndicaux chinois.(UNI et ses partenaires fondateurs ont organisédes cours de formation à l'intention des militantssyndicaux du Vietnam voisin durant dix ans.)Le Congrès a également appelé à faire pressionsur les multinationales pour s'assurer de leursoutien dans l'amélioration des droits des

UNI à Chicago

Réunion de l'Exécutif mondial d'UNI à Nyon

L'Exécutif approuve les initiatives depromotion des syndicats en Chine et en Inde

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Les droits du travail, clé de la RSE en Chine

Les droits des travailleurs devraient être aucœur du débat sur la Responsabilité socialedes entreprises en Chine, dans le cadre

d'une grande conférence organisée à Shenzhen,dans le Sud de la Chine, par le "Institute ofContemporary Observation", organisme desurveillance des droits du travail basé àShenzhen.Frederik Dubee, représentant des Nations Uniespour le Pacte mondial de l'ONU, a invité lanouvelle "société harmonieuse" chinoise àconstruire une société sans perdants et àpromouvoir le respect de toutes les partiesprenantes.

Les droits fondamentaux au travail de l'OIT -liberté syndicale et de négociation collective,absence de discrimination et absence de travaildes enfants et de travail forcé - sont "parmi lesaspects majeurs de la RSE au niveau del'entreprise," a déclaré M. Plant aux 200participants. Il a mis en lumière la détresse denombreux travailleurs migrants en Chine (venantd'autres provinces), qui se voient dénier unepartie de leurs droits dans leur nouvelle villed'accueil, et sont privés d'accès à tous lesservices y compris l'éducation gratuite.Depuis vingt ans, 150 millions de travailleurs ontquitté les zones rurales de Chine pour migrervers les villes et contribuer au miracleéconomique chinois - "tout porte à croire que lesmigrants qui ne jouissent pas de l'égalité desdroits sont fortement exposés au risqued'exploitation".Il a également évoqué le travail forcé - "unproblème qui se pose partout dans le monde" etqui est lié au trafic de main-d'œuvre en Asie. Lestravailleurs sont abusés quant à la nature dutravail qu'on leur a promis et doivent payer desfrais d'agence disproportionnés."Cette variante moderne du travail sousservitude constitue une nouvelle formed'esclavage", a dit M. Plant.

En vingt-cinq ans, l'extension de la Chine a ététrès rapide et régulière - faisant sortir de terredes villes totalement nouvelles comme Shenzhen,et contribuant à alimenter le développementphénoménal du delta de la Rivière des Perles.Mais le directeur de l'ICO, le Dr. Liu Kaiming, aprésenté à la conférence quelques statistiquesdont la Chine est moins fière - 86 millionsd'emplois supprimés dans la restructuration desentreprises publiques, 625 millions de Chinoissans retraite, 654 millions sans accès aux soinsmédicaux et 650 millions sans assurance-chômage.

On compte 40 millions de travailleurs migrants -dont beaucoup ont un faible niveau deformation- rien que dans la province deGuangdong, tandis que sur les 13 millionsd'habitants de Shenzhen, 12 millions sont destravailleurs migrants, dont beaucoup n'ont pasles pleins droits dans leur nouvelle patrie.L'agitation sociale augmente, et 500 000travailleurs ont mené des actions syndicales en2003. Des pénuries de main-d'œuvre et dequalifications commencent à apparaître dans laChine nouvelle.

Des initiatives sont en cours - qui vont des lignesdirectrices sur la RSE diffusées par la Bourse deShanghai, jusqu'au programme de la sociétéNike pour améliorer l'éducation de base destravailleurs dans 30 usines de ses fournisseurs enChine, aux Philippines, en Thaïlande et auVietnam.L'ICO a lui-même créé un Collègecommunautaire pour les travailleurs migrantsafin que ceux-ci puissent améliorer leurscompétences en informatique et en langues, apris des initiatives pour remédier aux problèmesde santé, et applique des programmes dans 15usines.

Un groupe de travail se penche sur les aspectsde la RSE dans le domaine de l'égalité entrehommes et femmes et a demandé la mise enapplication d'une loi récente visant à éradiquerle harcèlement sexuel.Dans les villages ruraux, les femmes ont bien peude prérogatives, tandis que dans les villesnouvelles, elles souffrent des heuressupplémentaires excessives, des bas salaires etdu harcèlement sexuel au travail.

"Nous voulons des droits égaux pour les femmesrurales et urbaines" dit Xie Lihua, d'un centre dedéveloppement culturel pour les femmes desrégions rurales.

Guo Jianmei, qui est avocate et qui défend lestravailleuses ayant porté plainte pourharcèlement sexuel, critique la Fédérationofficielle des syndicats de Chine, qui représentesouvent les entreprises dans les affaires deharcèlement sexuel. Elle a contribué à larédaction de nouvelles lois mais celles-ci sont"comme des belles au bois dormant" a-t-elledéclaré lors de l'atelier car "aucune structuren'est prévue pour aider ces femmes et leur porterassistance"."Le gouvernement chinois a besoin d'unepolitique d'application et de suivi de la RSE pourque celle-ci soit efficace."

En Chine, les droits fondamentaux au travail"sont une question très importante", a dit leProfesseur Chang Kai de l'Université de Pékin etexpert officiel membre du Comité de l'économieet des finances du Congrès national du peuple.Dans un discours sans complaisance, il a critiquéles multinationales qui ont opté pour la RSE afind'améliorer leur image plutôt que régler lesproblèmes sociaux.Il a averti que beaucoup de multinationales neréglementaient pas convenablement leurschaînes d'approvisionnement.Il a contesté les très longues durées de travaildans les usines chinoises, consistant souventdans de prétendues heures supplémentairesvolontaires. "Les heures supplémentaires sont leseul moyen d'arriver au salaire minimum".

L'ICO, observatoire des droits des travailleurs, organise sa conférence àShenzhen sur la responsabilité sociale des entreprises en Chine …

Panel de l’atelier de femmes à Shenzhen: Dr Zhang Hong, Xie Lihua et Guo Jianmei

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ATaiwan, le recrutement a été ciblé durant dix ans sur les travailleuses etle résultat est là: le nombre de candidates à des fonctions syndicales afortement augmenté dans le syndicat des communications, le CTWU.

La campagne fut cette fois axée sur le thème de l'innovation - finies les sallesde bars enfumés où se tenaient les réunions syndicales, à présent, on seretrouve dans les salons chaleureux d'un hôtel, avec des personnalités de latélévision pour mettre en valeur les débats. On a beaucoup parlé, durant cesréunions, et beaucoup chanté.Les syndicats ont pris des mesures pour rompre avec lestraditionnelles interventions de femmes sur la politique familiale, etleur ont offert une tribune pour exprimer leurs opinions aussi surd'autres sujets. Les droits des travailleurs, l'estime de soi etl'encouragement des femmes à prendre une part activedans les syndicats - tels étaient cette fois les trois thèmesde discussion."Il est évident qu'à présent, les femmes deviennent plusmilitantes - et elles sont de plus en plus nombreuses àbriguer des postes dans les élections syndicales" a dit KaoMei Hsiang, directrice exécutive du CTWU. "Nous avons lacertitude que les femmes occuperont davantage de postesdans la direction du syndicat - et si elles s'investissent dansnotre travail, elles s'élèveront dans la hiérarchie syndicale etseront plus fidèles au syndicat que les hommes (car moinsenclines au carriérisme).Dans les centres d'appel - où des pressions nouvellesconsidérables s'exercent sur les travailleurs, "les femmessavent qu'elles doivent élever le ton pour faire respecterleurs droits".

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Campagne pour lesfemmes à Hong-Kong

Les syndicats de Hong-Kong se battent pour améliorer la situation desfemmes dans l'ex colonie britannique, qui est devenue une régionadministrative spéciale de la Chine.

Rares sont les femmes qui s'élèvent jusqu'au sommet de l'ascenseur social.Bien que plus nombreuses que les hommes dans les universités, 70% despostes de direction et d'administration sont exercés par des hommes.Les avantage sociaux sont faibles ou inapplicables à d'importantes catégoriesde femmes - notamment les femmes au foyer et celles qui exercent desemplois à bas salaires ou à titre occasionnel."Les femmes sont pénalisées" dit Cheung Lai-ha, du syndicat des employésde bureau et l'une des principales militantes de la centrale syndicale indépen-dante de Hong-Kong, la CTU."Nous réclamons une réforme de l'actuel sys-tème de retraite, et nous voulons que le gouvernement adopte des politiquesfavorables à la famille pour les femmes qui veulent avoir des enfants".Les autorités de Hong-Kong souhaitent une augmentation de la natalité - letaux actuel étant l'un des plus bas du monde - mais les possibilités de garded'enfants à prix modéré sont rares, et les femmes redoutent d'être licenciéessi elles attendent un enfant, dit Lai-ha. Et à l'instar des femmes de nombreuxpays du monde, les femmes qui travaillent à Hong-Kong subissent de fortespressions culturelles les incitant à rester à la maison."Le gouvernement encourage les femmes à avoir des enfants et demandeaux dirigeants d'entreprise de faire en sorte que les travailleurs ayant unefamille aient du temps pour s'occuper de leurs enfants. Il n'envisage pasl'idée que les femmes puissent avoir deux emplois."Alors qu'à Hong-Kong les femmes reçoivent une indemnité de maternité, iln'est pas prévu de congé paternel - bien que certains syndicalistes hommessoutiennent cette idée, dit Lai-ha. Le CTU réclame aussi du temps libre pourles travailleurs puissent se rendre à la maternité ou à l'école.Beaucoup de femmes ont perdu leur emploi à cause des délocalisationsd'usines de Hong-Kong vers la Chine continentale, et ont fini par prendre desemplois de femmes de ménage ou domestique, et ont ainsi perdu leurprotection sociale."Nous voulons que les travailleurs précaires soient eux aussi protégés par lalégislation du travail, afin que davantage de femmes puissent avoir unesituation décente."Le syndicat de Lai-ha organise le secteur financier, où les femmes sont raresaux postes de direction et où beaucoup de salariés craignent des représaillessi la direction apprend qu'ils sont syndiqués - même dans des banques tellesque la HSBC, qui avait pourtant déclaré publiquement qu'elle ne s'opposaitpas à l'activité syndicale. Lorsque la HSBC a procédé à des suppressionsd'emplois et des transferts, le syndicat a distribué des tracts dans les bureauxet a reçu de nombreux appels téléphoniques. "Des salariés nous ont appeléet ont beaucoup parlé, mais ils ont peur de venir (aux réunions).

Campagne réussie à Taiwan

Cheung Lai-ha

Hong-Kong - au centre des projets de recrutement d'UNI

Kao Mei Hsiang

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UNI Syndicat mondial entend renforcer la croissance des syndicats àHong-Kong et intensifier les actions de recrutement afin de soutenirles syndicats de cette région administrative spéciale de la Chine, qui

conservera son propre système politique jusqu'en 2047.L'un des aspects décisifs de la Stratégie d'UNI pour intensifier son action enChine consiste à promouvoir des syndicats démocratiques à Hong-Kong,Macao et Taiwan.La région d'UNI-Asie & Pacifique a créé un centre de développement et derecrutement - un UNIdoc - pour appuyer les campagnes, dont Michael Siuassurera la coordination."Nous allons écrire une page d'histoire syndicale" a dit Rolf Büttner, d'UNIPoste et logistique et membre de ver.di, lors du lancement du projet en juillet2006, visant à organiser les 3000 travailleurs de DHL à Hong-Kong.Soutenu par l'affilié allemand ver.di et la Fondation FES, le projet biennal surDHL inclut également le syndicat des employés des postes de Hong Kong. Ceprojet s'inscrit dans une stratégie mondiale consistant à syndiquer les princi-pales plates-formes du géant mondial intégré de la logistique.

Rolf Büttner siège au Conseil de surveillance de la Deutsche Post World Net,qui est propriétaire de DHL - un "intégrateur" en expansion rapide, qui vientjuste de racheter Exel, un groupe britannique. DHL opère dans plus de 200pays, compte 238 centres de transit et emploie 170.000 travailleurs dans lemonde.La campagne mondiale est conduite conjointement par UNI Poste et laFédération internationale des ouvriers des transports.Rolf conduisait une délégation accompagnée par Eiichi Ito lors d'une rencon-tre avec la direction de DHL à l'aéroport de Chek Lap Kok, et s'est ensuiterendu en Chine continentale.En janvier 2007, les syndicats de la poste et de la logistique de Hong Kong,des Etats-Unis et de l'Allemagne se sont réunis à Leipzig pour discuter lacampagne dans les trois super plates-formes de DHL. Ver.di a syndiqué 95 %des effectifs de la plate-forme centrale de DHL à Leipzig et l'affilié Teamstersdes Etats-Unis organise à présent la plate-forme centrale de Wilmington,Ohio, avec la coopération de syndicats de pilotes employés par les compag-nies aériennes américaines sous-traitantes.

En octobre 2006, un cycle de formation intensive a été lancé pour uneéquipe de jeunes recruteurs, avec l'aide de la Confédération des syndicats deHong-Kong et du SEIU, Etats-Unis, marquant le début d'une série d'autresprojets. Il s'agit notamment de projets - actuellement à l'examen - pour lestravailleurs d'un parc à thème de Disney, pour des gardes de sécurité, des

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nettoyeurs et des travailleurs du commerce - ainsi que d'autres groupes. Bonnombre de ces travailleurs se plaignent de leurs bas salaires et de longuesdurées de travail.

Un camp d'un week-end a rassemblé des recruteurs et des affiliés du HKCTU,sous la houlette de Michael Crosby, qui animait les sessions de formation.En groupes de travail, les participants ont exploré de nouvelles méthodespour prendre contact avec de nouveaux adhérents potentiels suffisammentloin de leur lieu de travail pour ne pas qu'ils s'attirent l'hostilité de nombreuxdirigeants d'entreprise."On voit s'élaborer des approches nouvelles et novatrices pour recruter etorganiser. "Si nous n'organisons pas, nous n'aurons aucun avenir" a ditMichael Crosby.Dans les RAS de Hong Kong et Macao, il existe un certain nombre demultinationales bien établies - notamment Brinks, Chubb, DHL, Disney, Group4 Securicor, Sands et Vodafone, ainsi que des géants financiers comme HSBC.Rares sont les conventions collectives conclues jusqu'à présent. Lemouvement comprend des factions en faveur de Pékin et Taiwan ainsi quedes syndicats indépendants membres du HKCTU."Notre but est de renforcer les syndicats et faire en sorte que les travailleursde Hong-Kong aient davantage d'influence sur leur vie au travail" a dit PhilipBowyer, Vice-Secrétaire général d'UNI. "Les événements de Hong-Kong sontautant d'indicateurs pour le développement futur des syndicats en Chinecontinentale."

Action pour la croissance des syndicats à Hong-Kong

UNIdoc appuiera les projets de recrutement à Hong-Kong et Macao

Des syndicalistes de Hong Kong lors de la conférence sur DHL à l'aéroport de Leipzig

Formation intensive dejeunes recruteurs

‘Les initiatives deHongKong -indicateurs du futurdéveloppementsyndical en Chine’

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Les travailleurs migrants, un enjeu majeur pour la Chine

Zeng Fei Yang au Centre de documentation de Panyu pour les travailleurs migrants

Xia est un travailleur migrant installé dansle delta de la Rivière des perles en Chine.Un accident avec une scie circulaire dans

son usine lui a valu quarante jours d'hôpital enlui laissant un souvenir durable puisqu'il a perduun doigt.À présent, il travaille comme volontaire dans lecadre d'un projet qui vise à approcher lestravailleurs migrants et les informer de leursdroits, les intégrer dans un réseau et rendre visiteà d'autres travailleurs blessés dans les hôpitaux.Xia a fait recours pour obtenir une indemnisationde son employeur - la procédure est toujours ensuspens. "La loi n'est pas toujours de notre côtéet nous ne savons pas comment utiliser lalégislation pour faire valoir nos droits" nous a-t-il dit. "Je suis venu ici pour en savoir plus et faireaboutir mon dossier".

Les travailleurs migrants - qui ont quitté leurprovince d'origine en Chine pour profiter del'explosion industrielle de sites tels que le deltade la Rivière des perles - représentent unecomposante majeure de la main-d'œuvrechinoise et ont joué un rôle important dans latransformation spectaculaire de l'économiechinoise.Mais loin du soutien de leur famille, dansd'étranges villes nouvelles, et privés d'unegrande partie de leurs droits sociaux, ils peuventfinir dans les emplois les plus mal payés - etdevenir les victimes isolées du manque deprotection de la santé et de la sécurité au travail.La santé et la sécurité au travail laissentbeaucoup à désirer dans de nombreuses usinesde la région, et de nombreux travailleurs payentun lourd tribut pour ces carences.

Zeng Fei Yang est l'un des trois fondateurs duCentre de documentation pour les travailleursmigrants de la ville de Panyu, dans la provincede Guangdong - centre qui a été créé en août1998 afin de remédier à cette situation."Il y a un déficit d'attention aux problèmes destravailleurs migrants" a-t-il expliqué à un grouped'UNI-Asie & Pacifique de passage au Centre enjuillet 2006.Le projet consiste à créer un réseau detravailleurs blessés qui coopèrent eux-mêmes àla mise en œuvre du projet et font connaître lecentre par le bouche-à-oreille sur les lieux detravail.Le centre a commencé par diffuser un simplemessage offrant un conseil juridique auxtravailleurs migrants blessés, mais depuis lors il aélargi son champ d'action à la formationjuridique et à la sensibilisation des travailleurs àleurs droits, allant leur rendre visite lorsqu'ilssont encore à l'hôpital - tout en oeuvrant à laconstruction d'un réseau.Durant 5 ans, le projet n'a survécu que par sespropres ressources et reçoit à présent une aidelimitée dans le cadre d'un financement de projet.

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Un deuxième centre a été créé à Panyu,travaillant strictement niveau local, tandis que lecentre initial déploie ses activités pour lestravailleurs migrants blessés d'un vaste espaceindustrialisé couvrant le Delta de la Rivière desperles, le Nord de Hong-Kong et Macao.L'organisation a trois missions clairementdéfinies:

renforcer la sensibilisation aux droits destravailleurs,

promouvoir l'unité entre les travailleurs etinstituer la notion de "conseil neutre",

promouvoir les intérêts des femmestravailleuses migrantes

Les comités de travailleurs constituent pour lestravailleurs chinois un bon moyen d'influencepour faire prendre en compte la santé, la sécuritéet les conditions de travail dans leur entreprise.Mais M. Zeng rappelle que ces comités sontvulnérables. "Si les travailleurs constituent detels comités, il serait facile d'exercer despressions sur eux ou de les réprimer."Durant la visite, Christopher Ng, d'UNI-Asie &Pacifique, a évoqué la coopération entre les

syndicats de Malaisie et d'Indonésie afin deconseiller les travailleurs migrants indonésiensarrivant en Malaisie. Ce projet a maintenant étéétendu aux travailleurs migrants d'autres pays."Nous voulons des organisations fortes pourreprésenter les intérêts des travailleurs ici enChine - et cela doit aussi inclure les intérêts destravailleurs migrants," a déclaré Christopher.

"Le travail des migrants en Chine renvoie à laquestion des droits de l'homme - car ils n'ontaucun droit politique, social ou à l'éducation - ilsn'ont que des droits économiques" a dit le Dr.Liu Kaiming de l'Institute of contemporaryObservation à Shenzhen. Les travailleurs venusd'autres régions de Chine - et qui ont joué unrôle majeur dans le développement économiquedu pays - n'ont pas accès aux droits politiquesdans leur nouvelle ville, non plus qu'auxavantages sociaux, et se retrouvent le plussouvent dans des emplois précaires.Il arrive aussi qu'ils ne soient pas payésrégulièrement - le Dr. Liu évaluant les arriérés desalaires actuels à un total de 100 milliards derenminbi.

"Il y a un déficit d'attention aux problèmes des travailleurs migrants"

Le 25 janvier 2007, le quotidien International Herald Tribune a signalé que les villeschinoises se bousculaient pour appliquer la consigne d'éduquer les enfants des

travailleurs migrants.Selon certaines critiques, dans les cas les plus graves, des écoles privées ont été

fermées sans que soit prévu un transfert des personnes dans les écoles publiques.L'article a été publié après l'annonce, à Shanghai et ailleurs, que les écoles privées

pour les migrants allaient être fermées.

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En images11

Les représentants de l'ACFTU à Pékin: UNI Graphique a rencontré des représentants du Département "Industrieslégères" de la Fédération chinoise des syndicats

Le secteur graphique de Pékin

L’observateurdes droits

À Shanghai, le commercetraditionnel côtoie lesmagasins modernes.Carrefour compte 92

magasins en Chine - d'autresvont suivre.

Wal-Mart possède 62magasins en Chine et

pourrait acquérir une chaînede grands magasins urbains

de Taiwan.

"Il y a vingt ans, je n'aurais pas pu exister enChine - je vais partout et je critique" dit le Dr. LiuKaiming, Directeur de l'observatoire des droitsbasé à Shenzhen. Son bureau se trouve dans unimmeuble d'appartements destinés auxtravailleurs migrants. Il reste constructif: "jepense que nous pouvons faire beaucoup enChine".

A Shanghai, l’ancien etle moderne se côtoient

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Développer les syndicats de Macao

UNI syndicat mondial, Avenue Reverdil 8-10, 1260 Nyon, Suisse +41 22 365 2100 [email protected]

UNI-Asia Pacific, 170 Upper Bukit Timah Road, 14-01 Bukit Timah Shopping Centre, Singapour 588179 +65 6 467 7888 [email protected]

Macao - Casino City

À gauche: signature d'unepétition à Macao pourabaisser l'âge de la retraite

À droite: Christopher Ng,d'UNI-Asia & Pacificrencontre le législateurdémocrate de Macao,Antonio Ng Cheong

Les jeux de hasard sont au cœur de la nouvelleéconomie de Macao, en plein essor - lesindustries du passé ayant été transférées en

Chine continentale. Le secteur du jeu de Macaopèse à présent 6 milliards USD et dépasse ainsiLas Vegas. Des projets d'investissement d'unevaleur de 10 milliards USD sont en cours.Macao est le seul endroit de Chine où le jeu estlégalement autorisé et où l'afflux de joueurs(provenant principalement de Chinecontinentale) assure un emploi à 42 000employés de casinos.Ce chiffre pourrait passer à 70 000 - etreprésenterait alors 50 % de l'économie.L'opérateur Sands, déjà hostile aux syndicats, estvenu s'installer et lorsque le personnel a voulucréer un syndicat, il s'est débarrassé du sous-traitant (australien) ainsi que des nettoyeurs, defaçon à gérer lui-même ce service.

Ainsi, pour UNI Syndicat mondial et UNI-Asia&Pacific, il est évident que dans un secteurdu jeu soumis aux puissants intérêts américains,le recrutement devient prioritaire.UNI Jeu tiendra à Macao sa toute premièreréunion en juin 2007, avec des employés decasinos du monde entier.

Les syndicats indépendants de Macao ont deplus en plus d'influence.Le jour du 1er mai 2006, pas moins de 7000syndicalistes ont pris part au rassemblement etont réclamé une amélioration des droits desmigrants et des autres travailleurs.Des incidents ont éclaté avec la police et il y aeu quelques arrestations, mais les manifestantsont ensuite été relâchés sans charges retenuescontre eux à l'issue d'une protestation desolidarité.

La manifestation a obligé les syndicats en faveurde Pékin à hausser le ton, jetant un froid glacialdans les relations entre les syndicatsindépendants et le gouvernement."Le gouvernement dit qu'il parlera avec lessyndicats, mais en réalité il essaie de lessupprimer" a dit Jeremy Lei, Secrétaire généralsortant du General Workers Union.Lors d'une visite d'UNI-Asia& Pacific en juillet2006, les syndicalistes étaient dans la rue pourcollecter des signatures pour une pétitionadressée au Chef de l'Exécutif de Macao,réclamant l'abaissement de l'âge de la retraite à60 ans au lieu de 65. Les gens faisaient la queuepour pouvoir signer."Il est vital d'apporter un soutien renforcé auxsyndicats indépendants de Macao, et de les faireparticiper à beaucoup de nos activités," adéclaré Christopher Ng, Secrétaire régional, àl'issue de la réunion."Il est important que lacampagne développe la démocratie à tous lesniveaux en Chine."Des programmes de formation - y comprisl'apprentissage de l'anglais - sont en coursd'élaboration, plusieurs projets de recrutementsont à l'examen, et le Centre de développementet de recrutement d'UNI (UNIdoc), récemmentétabli dans la ville de Hong Kong relativementproche, apportera une aide directe aux syndicatsde Macao.En compagnie des syndicalistes de Macao,Christopher Ng et Noel Howell d'UNI Nyon ontrencontré le législateur indépendant militantpour la démocratie à Macao, Antonio Ng KuokCheong.Minoritaire dans une législature dominée par lesreprésentants "pro-Pékin" et les partisans desentreprises, le législateur Cheong pourrait êtreréduit au silence - sur un vote des autreslégislateurs - afin qu'il ne pose plus de questionsembarrassantes (p. ex. au sujet de la vente à basprix de terrains à des promoteurs, sachant que lafrénésie de l'immobilier bat son plein à Macao).Des questions - et des réponses - sontévidemment nécessaires lorsqu'on sait qu'unterrain destiné à la construction de gratte-ciels aété vendu à des promoteurs de Macao pour 900millions de dollars HK pour être ensuite revenduun mois plus tard à des promoteurs de Hong-Kong pour la somme de 8,5 milliards de dollarsHK !

Le secteur du jeu est une ciblepotentielle du recrutement menépar UNI à Macao