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De l’importance d’une base industrielle et technologique
de défense performante
La décision prise par l’État, dans les années 50, de donner à la France les moyens d’assurer de
façon souveraine sa défense a permis la constitution d’une industrie de défense performante
et compétitive, apte à fournir aux armées, la totalité des moyens nécessaires aux missions
que leur assigne le Politique. La cohérence des efforts conduits tout au long des décennies
60 à 80, associés à des financements adaptés et réguliers, a abouti à la mise sur pied d’une base
industrielle de défense qui n’a que peu d’équivalents dans le monde, et qui est également devenue
un véritable atout au service de l’économie française.
En effet, alors que l’on assiste à l’affaiblissement industriel progressif de la France, l’industrie de
défense demeure aujourd’hui l’un des rares secteurs qui, tout en assurant sa mission première
de participation à la souveraineté du pays, assure un volume élevé de production sur le territoire
national, y maintient des effectifs non délocalisables à forte valeur ajoutée, et participe au
développement des technologies les plus avancées.
L’industrie de défense constitue donc l’un des atouts que le gouvernement doit utiliser dans le cadre
de sa politique de revitalisation du tissu industriel. Pour ce faire, il doit revenir aux grands principes
qui ont permis la constitution de cette industrie : le financement à haut niveau de la R&T, garant
du socle de la souveraineté et du maintien de l’avance technologique, le lancement de programmes
qui assurent le maintien des emplois en France, la mobilisation de tous les moyens nécessaires pour
soutenir l’exportation, la refonte d’une relation avec l’industrie intégrant les mutations intervenues
depuis les années 80, la redéfinition d’une véritable politique industrielle identifiant les principes
fondamentaux en matière d’industrie de défense et adaptant les moyens aux objectifs.
Dans un contexte économique difficile, l’industrie de défense peut constituer un facteur déterminant
ou dirimant que la France doit utiliser pour aller chercher la croissance nécessaire à la pérennité
de notre modèle de société.
Christian MONSPrésident du CIDEF
L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012 ■ 3
Le CIDEFLe Conseil des Industries de Défense Françaises
Le Conseil des Industries de Défense Françaises (CIDEF) a été fondé en 1990 par les organisations
professionnelles représentatives de différentes composantes des industries d’armement françaises.
Il est actuellement composé :
■ du Groupement des Industries de Construction et Activités Navales (GICAN),
■ du Groupement des Industries Françaises de Défense Terrestre (GICAT),
■ du Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales (GIFAS)
•17,5 Md€ de CA en 2011
•35 % à l’exportation
•80 000 emplois directs et 85 000 indirects
•Uneindustriede taille mondiale
•Un atout pour la France et pour une Europe autonome
Le CIDEF a pour objet l’expression collective des organisations professionnelles adhérentes dans
le domaine de la défense. Il détermine et conduit les actions communes relatives à la représentation
ou à la promotion des industries de défense françaises dans leur ensemble.
4 ■ L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012
Sommaire
Le Mot du Président page 3
Le CIDEF page 4
Sommaire page 5
Impact économique et technologique page 7
Investir en R&T page 9
Décider des programmes page 11
Soutenir l’exportation page 13
Revoir l’organisation de la relation État / Industrie page 15
Adopter une politique industrielle française page 17
Définir une politique de coopération pages 19-20
L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012 ■ 5
EUROCOPTER - EC 725 CARACAL ET TIGRE
PANHARD GENERAL DEFENSE - VBL
STX FRANCE
EADS - HARFANG
PANPANPANPAPANPANAPANPANPANPANPANPANPANANPANPAPANPANPANPANANPANPANANPANANAAAAAPANAAAAANP NNAPANNPAPAAP HARHARHARHARHARHARHARHARHARHARHARHARHARHARHARHHARHAHARHAAHARARHARHAAARHAHHHHHHHARRRRDD GD GD GD GD GD GD GD GD GD GD GD GDD GD G GGDDD GD GENEENEENEENEENENENENNENEENEENEENEENENNE ENEENNENNN RALRALRALRARALALRALALLRALRARALRALRARALALRRARRALRALLLLRARAALRRALRARA DEDEDEDEDEDEDEDEDEDDEDEDEDEDEDDEDEDDDEFENFENFENFENFENFENFENFEFFENFENENFENFENFENFENNNNNNNFENNNFENENFENFENNNNFENFENFENFENNNFENEFENNFFENFENFENENFFFFFFEFENNNNF NSSSSSE SESESE SESESSESEEEESESESESEESE ESEEESESESESEESE ESEESEE - VV- V-V- V- V- V- V- V- VVVVVV-VV- VVVVV- VVV-VVVVVVVVVVV-VVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVBLBLBLBLBLBLBLLBLBLBLBLBLBBLBLBLBLLLBLLBLLLBL
STX FRANCE
6 ■ L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012
1 Impact économique et technologique
L’industrie de défense participe directement à
la posture de défense de la France et à sa
souveraineté. Elle apporte toute sa crédibilité
à l’outil militaire et à la dissuasion, du fait de sa
maîtrise des technologies les plus performantes
et de la qualité de ses productions.
Cette participation à la souveraineté de
la France et à sa Défense se double d’une
contribution directe au développement
économique du pays. Les investissements
réalisés dans l’industrie de défense pour la
réalisation des équipements ont permis de
créer de nombreuses filières technologiques
de très haut niveau, qui n’auraient pas
vu le jour sous le seul effet du marché.
Les technologies développées et maîtrisées se
retrouvent très largement dans de nombreuses
applications civiles, et bénéficient donc au
plus grand nombre : conception assistée par
ordinateur, composants, matériaux composites,
communication, …
Les investissements de défense ont également
contribué à la constitution de pôles
industriels d’excellence, dont les principaux
représentants sont les grands donneurs
d’ordre de la profession (Dassault Aviation,
DCNS, EADS, MBDA, Nexter, Safran, Thales)
autour desquels un très vaste tissu de sous-
traitants et de fournisseurs s’est constitué.
La politique de sous-traitance appliquée par
ces industriels génère en effet des flux d’achats
très importants vers les ETI et PME, et a créé
dans de nombreux bassins d’emplois des
écosystèmes locaux autour desquels la vie
économique s’est structurée.
L’effet d’entraînement de ces écosystèmes
économiques et industriels est d’autant plus
important que, dans de nombreux cas, l’activité
industrielle de ces bassins d’emplois est
consacrée quasi exclusivement à la Défense,
ce qui les expose très fortement à toute
variation du budget d’acquisition militaire(1).
L’effort public continu en faveur de la
Défense a permis de créer une base
industrielle compétente et compétitive qui
assure à la France son autonomie stratégique
et participe directement à la création de
richesse sur le territoire national.
L’Industrie de Défense Française
UnE organISatIon En CaSCaDE :
■ 4 000 EtI/PME systémiers, équipementiers et sous-traitants
■ 165 000 emplois hautement qualifiés, non délocalisables
UnE InDUStrIE CoMPétItIvE Et ExPortatrICE :
■ Solde commercial positif + 2,7 Md€ (en 2011) (solde commercial France 2011 : - 70,1 Md€)
(1) Bourges, Brest, Cherbourg, Cholet, Fougères, Lorient, Roanne, Vendôme…
L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012 ■ 7
2 Investir en r&t
L’industrie française de défense occupe des
positions de tout premier plan dans le domaine
de la Défense grâce à sa maîtrise des technologies
qu’un effort continu de R&T depuis plus de
50 ans a permis d’acquérir.
Malgré sa compétitivité reconnue, l’industrie
de défense n’est pas en mesure d’amortir
l’investissement en R&T :
■ du fait des règles qui font de la Défense un marché
atypique. L’État impose les spécifications des
programmes, contrôle les prix, fixe les marges
et contrôle rigoureusement les ventes aux
clients étrangers.
■ du fait de la durée des programmes : une
enquête conduite par la DGA en 2010 a
démontré qu’il fallait de quinze à vingt ans
entre le démarrage de l’effort R&T et le début
du déploiement opérationnel des équipements.
C’est pourquoi la France, comme ses
principaux concurrents et partenaires,
devrait seule assumer l’investissement
R&T dans l’industrie de défense.
En 2012, l’industrie bénéficiera de 600 M€ pour
financer la R&T de défense (sur un budget
d’études contractualisées de 730 M€, en recul
de 60 % par rapport à celui de 1990 – évolution
exprimée en euros constants). Cet effondrement
fait courir le risque majeur d’un décrochage
technologique, qui pourrait conduire à la remise
en cause de l’existence de notre industrie.
Le recours à la coopération européenne ne
permet pas de compenser ce recul, compte tenu
notamment de la baisse des budgets de R&T
constatée en Europe.
Les matériels qui équipent les forces
armées aujourd’hui sont le résultat des
investissements en R&T de la fin des années
1980 et du début des années 1990, époque
ou les crédits d’études amont étaient à un niveau
de 1,7 milliard d’euros (valeur 2011).
Les équipements dont les forces auront
besoin en 2020 et au-delà nécessitent des
capacités technologiques et industrielles que
l’investissement R&T à son niveau actuel ne
saurait couvrir.
Le CIDEF recommande donc de consacrer
un budget d’au moins 1 Md€ à la R&T
effectuée par l’industrie de défense.
Seul le rétablissement de cet effort
permettra le renouvellement qualitatif des
matériels et la pérennité des industriels,
et donc garantira l’autonomie stratégique.
évolution des budgets r&t
FranCE : - 60 % depuis 1990
étatS EUroPéEnS : - 23 % de 2006 à 2010
L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012 ■ 9
NEXTER - CAESAR
DCNS - GOWIND
DASSAULTAVIATION-NEURON
EUROCOPTER-NH90TTH
10 ■ L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012
3 Décider des programmes
Les programmes (en coopération ou non)
confiés aux entreprises françaises sont
pour l’État la traduction pratique de sa
volonté d’autonomie stratégique. Ils sont,
pour l’industrie de défense, sa raison d’être.
Une industrie qui ne produit pas et qui ne
renouvelle pas sa gamme se sclérose. En effet,
le lancement de nouveaux programmes donne
de la visibilité sur le long terme et permet de
mobiliser toutes les ressources d’une société,
au premier rang desquelles la ressource
humaine qui constitue la première richesse
d’une entreprise.
Ils justifient également la mise en place de
stratégies d’investissements, pour maîtriser
les nouvelles technologies et adopter de
nouveaux processus de production, qui
permettront d’améliorer la qualité des
produits.
Les calendriers et les cibles des programmes
doivent être respectés. L’instabilité trop
souvent constatée par le passé est nuisible
tant pour les armées qui ne disposent pas
des capacités nécessaires en temps voulu,
que pour l’industrie dont la base de
fournisseurs, majoritairement composée de
PME, n’a pour seul moyen d’adaptation que
la réduction de ses effectifs.
L’UnionEuropéennen’ayantpaspourmission
de lancer des programmes et ne possédant
pas les outils nécessaires, la France, seule ou
en coopération, doit, malgré le contexte
économique contraint, prendre les
mesures nécessaires au maintien de
son industrie de défense en décidant dès
maintenant de nouveaux programmes
comblant les lacunes capacitaires des
armées. Cette politique doit être conduite
en cohérence avec la nécessaire refonte de
la relation entre l’État et l’industrie.
L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012 ■ 11
DASSAULTAVIATION-RAFALEAVECMBDASCALP
CNIM - L-CAT
THALES - GM 400
12 ■ L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012
4 Soutenir l’exportation
L’exportation de systèmes de défense est un
élément d’expression de la politique étrangère
de la France, car elle contribue à nouer des
partenariats stratégiques avec des pays alliés qui
expriment un besoin de protection. L’autorisation
d’exporter étant le fait exclusif de l’État, une
exportation d’équipement militaire est de facto
un geste politique qui traduit l’état des relations
entre la France et le pays client. Les équipements
de défense ayant une durée de vie de plus de
20 ans, le lien ainsi créé durera sur une longue
période.
L’exportation est également un élément du
modèle économique de l’industrie de défense.
Représentant 30 à 40 % du chiffre d’affaires selon
les années, elle est l’indispensable complément
du budget national, qui est aujourd’hui insuffisant
pour soutenir la base industrielle et lui permettre
de poursuivre son activité. Ces exportations
permettent à l’industrie de générer un solde
commercial positif chaque année à un moment
ou le déficit global se creuse.
Or le paysage a évolué depuis 10 ans.
De nouveaux concurrents sont arrivés (Afrique
du Sud, Chine, Corée du Sud, Israël, Turquie) avec
des stratégies commerciales très agressives, et se
sont positionnés auprès de clients désireux de
diversifier leurs approvisionnements. Certains
industriels jouent de l’absence de règles effectives
concernant l’éthique des affaires et d’un contrôle
des exportations d’armement par leurs autorités
nationales peu contraignant. Cela introduit des
distorsions de concurrence au détriment des
sociétés françaises.
Les clients ont également évolué, et sont de plus
en plus exigeants, tant au niveau des produits
pour lesquels ils demandent des adaptations
spécifiques à leur environnement, que de l’offre
commerciale. De plus en plus de pays utilisent
en effet les acquisitions de systèmes pour mettre
à niveau leurs capacités industrielles nationales.
Afin de maintenir la position de la France sur
le marché, il faut poursuivre l’adaptation du
dispositif étatique de soutien pour l’adapter
au nouveau contexte. Si le traitement des très
gros contrats est satisfaisant, il manque un
dispositif de coordination du soutien au niveau
ad hoc pour les affaires petites et moyennes.
L’organisation étatique au sein des
ambassades doit être renforcée avec des
personnels connaissant les spécificités du marché
de l’armement, afin d’apporter un réel soutien
aux industriels, notamment aux PME.
La création d’une cellule apte à assurer la
présentation des équipements utilisés en
opération comme le font les Britanniques, est
nécessaire.
Enfin, le processus de réforme du contrôle
des exportations doit être poursuivi pour
porter le dispositif français au même standard
que celui de nos concurrents. L’obtention d’une
licence export nécessite par exemple 19 jours
en moyenne aux USA (source DoS) contre
45 jours en moyenne en France (source DGA).
Ces délais sont très pénalisants pour les PME et
les 2 000 à 5 000 contrats d’une valeur inférieure
à 50 M€ qui chaque année constituent un socle
de 1,5 à 2 Md€ générés pour moitié par le MCO
lié aux très grands contrats.
L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012 ■ 13
AIRBUSMILITARY-A400M
DCNS - BPC THALES-DUBM44
NEXTER - VBCI
14 ■ L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012
5 revoir l’organisation de la relation état / Industrie
Le mode de relation entre l’État et l’industrie a peu évolué depuis plusieurs décennies. La diminution des capacités budgétaires de l’État, le renchérissement du coût unitaire des programmes qui sont de plus en plus des systèmes de systèmes, leur dimension multinationale qui rend les prises de décision plus compliquées et l’émergence de champions nationaux ou multinationaux nécessitent de repenser le mode relationnel.
Cette redéfinition passe par l’élaboration d’une relation entre l’État et les industriels sur un mode partenarial, qui tienne compte des contraintes de chacune des parties et soit compatible avec les impératifs économiques du monde industriel. Ce partenariat doit faire l’objet d’une contractualisation rigoureuse qui fixe les droits et les devoirs de l’État et de l’industriel concerné ; si nécessaire le Code des Marchés Publics doit être adapté.
Pour maîtriser la complexité croissante des produits et des systèmes, l’industrie recommande le passage à un mode de travail en plateau réunissant les utilisateurs, les prescripteurs et les concepteurs. Ce mode de travail, habituel dans de nombreux secteurs de l’industrie, favorise le dialogue permettant d’adapter les spécifications aux capacités budgétaires qui peuvent varier fortement entre les phases de préparation et de réalisation d’un programme, ainsi que les échanges sur le retour d’expérience, point fondamental d’amélioration des équipements.
L’industrie recommande également la mise en place de programmes à architectures ouvertes, plus adaptées à l’instauration d’une politique d’adaptation incrémentale des équipements, et à l’exploitation des avancées observées dans le civil.
Le Maintien en Condition Opérationnelle (MCO) constitue un autre domaine pour lequel la redéfinition de la relation entre l’État et l’industrie est nécessaire. Il doit être perçu comme partie intégrante de la politique d’armement du ministère de la Défense, dans le prolongement du développement et de l’acquisition des équipements. Il doit être appréhendé dans une relation gagnant / gagnant, entrelesarméesetlesindustriels.Unepolitiquede MCO adaptée aux enjeux et menée sans à coups permettra aux armées de disposer des équipements à un coût raisonnable, et aux industriels de mettre en place des solutions économiques et industrielles pertinentes.
L’industrie considère qu’une bonne politique de MCO repose sur :
■ un accord dès le début d’un programme sur les évolutions envisagées et son soutien ;
■ l’utilisation de contrats globaux long terme, avec un engagement de l’industriel cohérent en terme calendaire avec celui de l’État et une analyse du risque exhaustive ;
■ un partage des responsabilités clair, avec une rationalisation des moyens industriels dédiés ;
■ des conditions optimales de retrait des matériels à coordonner avec un calendrier programmatique réaliste.
L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012 ■ 15
DCNS - SNLE LE TERRIBLE
AIRBUSMILITARY-A330MRTT SAGEM-GROUPESAFRAN-PATROLLER
RENAULTTRUCkSDEFENSE-SHERPAFORCESSPÉCIALES
16 ■ L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012
6 adopter une politique industrielle française
La place que tient la France dans le monde
découle des décisions politiques et des
investissements voulus par l’État pendant
la deuxième moitié du 20e siècle. Dans le
domaine de la Défense, la politique menée
avec une grande continuité jusqu’aux
années 90 a permis de faire renaître une
industrie performante, tant d’un point de vue
technologique qu’économique, donnant au
pays les moyens de sa politique internationale
et de défense de ses intérêts.
Le contexte a aujourd’hui fortement évolué.
Plusieurs pays dits émergents développent
une politique volontariste pour se doter
d’une BITD compétitive et se positionner
sur le marché européen. Le Livre Blanc sur la
Défense et la Sécurité de 2008 définit plus une
politique d’achats qu’une politique industrielle.
La France doit donc procéder à une redéfinition
partagée par toutes les parties de ses intérêts
fondamentaux en matière de défense, et
redéfinir une politique industrielle adaptée
au contexte économique, institutionnel et
stratégique actuel.
Cette nouvelle politique industrielle devra
définir les secteurs technologiques et militaires
stratégiques sur lesquels il faudra focaliser les
efforts, d’où découleront les politiques de R&T,
d’investissement et de coopération.
La redéfinition d’une politique
industrielle permettra de redonner toute
sa place à l’industrie dans la posture
de défense du pays. Elle doit poser les
principes fondamentaux auxquels la
France ne saurait déroger sans remettre
en cause sa souveraineté, en particulier
le financement de la R&T qui constitue
le socle de la souveraineté nationale,
la capacité à décider seule l’acquisition
de systèmes liés à la défense de ses
intérêts stratégiques et le contrôle des
exportations qui ne peut être délégué.
Dans ce contexte, l’industrie doit être
associée aux réflexions qui seront
conduites dans le cadre de la refonte du
Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité
Nationale.
L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012 ■ 17
DCNS - FREMM
MBDA - METEOR THALES - WATCHKEEPER
DASSAULTAVIATION-RAFALEAVECSAGEMAASMETMBDAMICA
18 ■ L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012
7 Définir une politique de coopération (bi-tri ou multilatérale)
La réussite de programmes en coopération
bi ou multilatérale passe obligatoirement par
l’application de quelques critères : éviter une
accumulation de spécifications nationales qui
génère des délais et des surcoûts ; exprimer
des besoins communs précis et les traduire
en spécifications techniques raisonnables
et ajustées aux capacités budgétaires ;
imposer aux participants qu’ils prévoient de
commander un nombre d’exemplaires réaliste
et qu’ils s’engagent fermement sur cette
quantité, de façon à éviter les réductions de
cibles successives qui majorent d’autant le
coût unitaire et introduisent des tensions en
matière de gestion des programmes ; mettre en
place une organisation industrielle simple avec
un maître d’ouvrage, un maître d’œuvre et des
partenaires compétents ; abandonner le juste
retour, car la coopération sur un programme
doit fusionner les compétences existantes et
exploiter leurs synergies, non les dupliquer.
L’importance de ces critères explique l’intérêt
que représentent les coopérations bilatérales,
comme l’illustrent le Traité franco-britannique
de novembre 2010 qui n’est pas exclusif, et les
relances avec l’Allemagne et l’Italie. Le partenariat
franco-britannique montre comment deux pays
européens aux ambitions similaires, prévoient
d’acquérir les capacités opérationnelles
nécessaires à un coût limité et de soutenir
leurs champions industriels dans le cadre d’une
interdépendance acceptée et maîtrisée.
Le partage ou la mutualisation de besoins et de
capacités (à l’instar de l’initiative Pooling and
Sharing de l’Agence Européenne de Défense)
peuvent favoriser le maintien de savoir-faire.
Cette politique nécessite l’identification
des technologies pouvant donner lieu
à une interdépendance en Europe et à
la définition de règles pour assurer la sécurité
d’approvisionnement, et prenant en compte
les capacités industrielles et technologiques de
ses filières (stratégie d’optimisation).
L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012 ■ 19
L’OTAN doit pouvoir être source
d’opportunités pour l’industrie française.
L’industrie appelle de ses vœux l’instauration
d’un dialogue avec les services officiels afin
d’identifier clairement les enjeux capacitaires et
industriels induits par les initiatives de l’OTAN.
Il est indispensable que les autorités françaises
soutiennent avec la plus grande détermination
les offres industrielles et technologiques
françaises au sein des programmes lancés
dans le cadre de la Smart Defense, à l’instar
de ce que font nos alliés, tout en soutenant
l’émergence de solutions européennes
lorsqu’elles sont possibles. Une implication
industrielle française forte aux côtés de ses
alliés européens répond par ailleurs au souhait
des États-Unis d’une plus grande implication
de l’Europe dans l’OTAN.
L’industrie européenne ne souffre pas
d’un manque de compétitivité, ainsi qu’en
attestent ses succès à l’exportation face
à ses concurrents extracommunautaires.
Elle souffre en revanche d’un manque de
nouveaux programmes qui permettraient la
mise en place de coopérations industrielles,
favorables aux partages de compétences.
Une approche uniquement réglementaire est
insuffisante voire contre-productive sans une
ambition politique préalable.
L’industrie appelle donc à une
convergence des besoins capacitaires
et des efforts budgétaires des États
membres, au lancement de programmes
en coopération et à l’application effective
du principe de préférence européenne.
Toute autre politique laissera la place aux
concurrents étrangers qui proposeront
leurs produits État par État, ne laissant
aux acteurs locaux qu’un rôle de sous-
traitance à faible contenu technologique.
20 ■ L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012
ASTRIUM-HELIOSII
DCNS-PORTE-AVIONSNUCLÉAIRECHARLES-DE-GAULLE
PANHARD GENERAL DEFENSE - PVP
DASSAULTAVIATION-RAFALEAVECMBDAASMPA
L’INDUSTRIE DE DÉFENSE FRANÇAISE 2012 ■ 21
groupement des Industriesde Construction et activités navales (gICan)
60, rue de Monceau - 75008 ParisTél. : 01 47 36 80 80 - Fax : 01 40 93 57 72
www.gican.asso.fr
groupement des IndustriesFrançaises de Défense et de Sécurité terrestres (gICat)
3, avenue Hoche - 75008 ParisTél. : 01 44 14 58 20 - Fax : 01 42 30 80 74
www.gicat.com
groupement des IndustriesFrançaises aéronautiques et Spatiales (gIFaS)
8, rue Galilée - 75116 ParisTél. : 01 44 43 17 00 - Fax : 01 40 70 91 41
www.gifas.fr