de la pâtisserie à l'auberge: la pluriactivité d'un

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HAL Id: hal-02496323 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02496323 Submitted on 2 Mar 2020 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. De la pâtisserie à l’auberge : la pluriactivité d’un artisan toulousain du XVe siècle Clémentine Stunault To cite this version: Clémentine Stunault. De la pâtisserie à l’auberge : la pluriactivité d’un artisan toulousain du XVe siècle. Annales du Midi: revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Editions Privat, 2019, CXXXI (305-306), pp.193-218. hal-02496323

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Page 1: De la pâtisserie à l'auberge: la pluriactivité d'un

HAL Id: hal-02496323https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02496323

Submitted on 2 Mar 2020

HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestinée au dépôt et à la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publiés ou non,émanant des établissements d’enseignement et derecherche français ou étrangers, des laboratoirespublics ou privés.

De la pâtisserie à l’auberge : la pluriactivité d’un artisantoulousain du XVe siècle

Clémentine Stunault

To cite this version:Clémentine Stunault. De la pâtisserie à l’auberge : la pluriactivité d’un artisan toulousain du XVesiècle. Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale,Editions Privat, 2019, CXXXI (305-306), pp.193-218. �hal-02496323�

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De la pâtisserie à l’auberge : la pluriactivité d’un artisan toulousain du XVe siècle

Clémentine Stunault Université Toulouse Jean Jaurès, Laboratoire Framespa (UMR 5136)

La pluriactivité des artisans est un phénomène connu, mais peu étudié en détail1. Or,

les archives départementales de Toulouse recèlent un document précieux pour sa

compréhension. Il s’agit de l’inventaire après décès de Masse Gastacel, boulanger-pâtissier

mais également aubergiste dans le quartier de la Dalbade. Mentionné pour la première fois en

1458 dans un registre fiscal2, il devient maître boulanger en 1467, puis bayle des boulangers

en 14723. Il est par ailleurs cité à plusieurs reprises comme pâtissier dans un registre de

réceptions de maîtrises, dans lequel figurent tous les nouveaux maîtres venus prêter serment

devant les consuls à leur entrée en fonction, en présence de témoins et de cautions. Il fait aussi

partie des bayles des pâtissiers en 1469, 1473 et 14964. Il est enfin cité dans un registre

d’estimes datant de 1478 pour une maison qu’il possède au niveau de la porte du

Comminges5, puis dans de nombreux actes notariés de la décennie 1490

6. Il s’agit donc d’un

personnage important, qui a laissé de nombreuses traces dans les archives toulousaines.

Il meurt le 27 avril 14977, laissant deux maisons rue des Polinaires. Elles nous sont

connues par son inventaire après décès8, qui détaille la visite effectuée par les notaires Jean

Leysaci et Jean Clavelli les 4 et 17 juin 1497, afin d’estimer les biens du défunt. Tous n’ont

pas été recensés par l’inventaire : d’après son testament, Masse Gastacel possède aussi une

maison à Escalquens, qu’il lègue à un certain Mathieu Planhol, et des terres qui reviennent au

neveu de sa femme9. L’acte désigne son fils mineur, Jean, comme son héritier universel

10. Ce

dernier est confié à deux tuteurs, le boucher Barthélemy Autru et le licencié ès décret Jacques

Medici. Si Jean venait à mourir, pour éviter que les biens ne sortent de la famille11

, l’héritage

1 Pfirsch (Th.), « Artisans et pluriactivité. L'exemple de Dijon à la fin du Moyen Âge », Histoire urbaine,

2002/2, p. 5. Voir aussi Bernardi (Ph.), « Le métier : réflexions sur un mode d’identification », Le technicien

dans la cité en Europe occidentale, 1250-1650, Rome, École française de Rome, 2004, p. 97-99. 2 Arch. mun. Toulouse, CC 8, fol. 220v.

3 Les bayles sont les responsables du métier ; ils servent d’interlocuteurs privilégiés aux autorités municipales,

qui leur délèguent une partie de leur pouvoir pour contrôler les marchandises proposées à la vente. 4 Arch. mun. Toulouse, HH 76, fol. 50v, 63v, 79, 101, 116v, 140v, 182v, 211v, 292v ; HH 77, fol. 28v.

5 Arch. mun. Toulouse, CC 13, p. 87. Les estimes sont de registres cadastraux établis à partir du XIV

e siècle pour

fixer l’assiette des tailles (impôt royal portant sur les biens immobiliers) ; ils contiennent l’énumération de tous

les contribuables, avec l’indication souvent très précise de leurs patrimoines. 6 Arch. dép. Haute-Garonne, 3E 2736, fol. 16v-17, 44r-v, 52v, 72v-73, 90r-v, 95r-v, 112r-v, 143v, 176r-v, 215v-

216 ; 3E 5111, fol. 35-38, 46-48v, 278v-281v. 7 En témoigne le compte-rendu d’application de ses dernières volontés, cf. Arch. dép. Haute-Garonne, 3E 2743,

fol. 51v-55v. 8 Arch. dép. Haute-Garonne, 3E 5119, fol. 42-54.

9 Le testament de Masse Gastacel est établi le 22 avril 1497, alors qu’il est malade et alité, cf. Arch. dép. Haute-

Garonne, 3E 2744, fol. 201-207v. 10

À Toulouse, Marie-Claude Marandet a montré que 36,6 % des testateurs choisissent comme héritier universel

leurs enfants, 24,7 % leur conjoint, 20,2 % un autre parent et 18,5 % un tiers (ami, patron, église, pauvres) : le

testateur peut désigner qui il souhaite comme héritier universel. Cf. Marandet (M.-C.), Le souci de l’au-delà : la

pratique testamentaire dans la région toulousaine (1300-1450), Perpignan, Presses universitaires de Perpignan,

1998, p. 64-66. 11

C’est généralement le cas à Toulouse pour les testateurs les plus riches, ceux qui possèdent des biens

immobiliers, cf. Marandet (M.-C.), Le souci de l’au-delà… (op. cit.), p. 67-68.

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serait partagé entre Pétrone, veuve de Masse Gastacel, et Jeanne, la sœur de ce dernier12

. La

veuve récupère quant à elle sa dot et un augment, et peut en outre recevoir une pension13

:

Pétrone, dont la dot s’élevait à 12 écus, reçoit ainsi 100 livres, des provisions, de la vaisselle,

des meubles et du linge de maison. Le testament de Masse Gastacel précise qu’elle pourra

choisir dans quelle maison elle souhaite habiter, a priori parmi les deux demeures décrites

dans l’inventaire.

La première maison a été inventoriée assez rapidement, car sa construction n’est pas

achevée : le cellier n’est pas encore pavé et les fenêtres n’ont pas de paravents. Cet édifice est

le reflet des nombreuses opérations immobilières auxquelles s’est adonné Masse Gastacel à la

fin de sa vie : en 1491, il achète par exemple une maison rue Croix-Baragnon à Toulouse pour

quatre-vingt-deux livres et quinze sous, tandis qu’en 1492, il achète une maison à Bragayrac

(près de Saint-Lys) pour trente-six écus ; il loue également une boutique au marchand

toulousain Pierre Ducet pour cinq livres et demie14

.

La bâtisse donne directement sur la rue des Polinaires. Au rez-de-chaussée, se trouvent

une salle basse, un cellier et une boutique. Le premier étage est occupé par une salle haute ; il

s’agit de l’étage noble, auquel est réservée la plus belle architecture15

. Au-dessus, figurent

trois chambres surmontées d’un grenier, de combles et d’une galerie. Deux chais ont été

creusés dans le sous-sol, et deux grosses pierres faisant fonction de bornes sont placées côté

rue devant la maison16

. Les seuls meubles cités sont des tables, des bancs et des escabeaux

(escabelas et escandels) ; on trouve aussi les morceaux d’un cadre de lit (archalieyt), ainsi

que des planches destinées à la construction d’un second lit, tandis que les combles abritent

une certaine quantité de chevilles et de clous rouillés.

La deuxième maison est située plus loin dans la rue. Elle abrite les activités

professionnelles de Masse Gastacel et sert également d’auberge, voire de triperie à l’occasion.

Le rez-de-chaussée comprend une boutique de pâtisserie, une pièce à pétrir avec une petite

pièce attenante qualifiée de « chambrette », une cuisine et une selle basse. En-dessous se

trouvent un cellier et un chai. Le notaire a dû revenir trois jours plus tard pour visiter les

étages supérieurs ; une salle haute, quatre chambres, une pièce dite « chambre de la viande

salée »17

, ainsi qu’une petite salle y sont indiquées. Enfin, un grenier occupe le dernier palier

de la maison.

La veuve et les tuteurs, ainsi que deux témoins différents selon la date, accompagnent

les notaires durant leur visite. Ils se déplacent à travers les différentes pièces du logis et

nomment tous les objets qu’elles contiennent. D’une longueur de vingt-cinq pages,

l’inventaire après décès de Masse Gastacel est extrêmement précis et détaillé. Il présente un

protocole initial dans lequel sont mentionnées la date, le nom et la profession du défunt, la

localisation de ses biens, le nom des personnes qui se sont chargées de les inventorier (veuve,

tuteurs et notaires), ainsi que l’autorité publique responsable (soit le juge ordinaire de

12 La veuve de Masse Gastacel n’apparaît que dans le testament et l’inventaire après décès du défunt ; il nous est

de ce fait impossible d’indiquer le rôle précis qu’elle tenait auprès de son mari. Sa sœur vit quant à elle en

Bretagne ; peut-être Masse Gastacel était-il originaire de cette région ? 13

Ibid., p. 61. 14

Arch. dép. Haute-Garonne, 3E 2736, fol. 112 et 176 ; 3E 5111, fol. 35-38. 15

Sicre (C.), Le décor de la vie privée à Toulouse d'après des inventaires des XIVe et XV

e siècles, Université

Toulouse – Jean Jaurès, s. d., p. 13. 16

Si l’on se réfère aux Tables de comparaison de l’an X, qui attribuent à la canne de Toulouse la valeur de

1,796 m, la première pierre mesurerait 34 × 67 × 224 cm, la seconde 56 × 67 × 90 cm. 17

Le terme « chambre » a ici le sens d’espace privé, par opposition à la salle, cf. Coulet (N.), « La cuisine dans

la maison aixoise du XVe siècle (1402-1453) », Du manuscrit à la table : essais sur la cuisine au Moyen Âge et

répertoire des manuscrits médiévaux contenant des recettes culinaires, Montréal, Presses de l’Université de

Montréal, 1992, p. 170. Cette « chambre de la viande salée » abrite 8 quartiers de viande salée pour la provision

de la maison.

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Toulouse). S’ensuit le compte-rendu détaillé de la visite, qui mentionne les objets contenus

dans chaque pièce, leur état, leurs dimensions et, le cas échéant, leur poids ou leur valeur, les

têtes de chapitre permettant de suivre le passage d’une pièce à l’autre. L’inventaire se clôt par

la mention des deux témoins chargés de garantir la validité de la procédure. Cette structure se

répète pour les deux dates auxquelles l’acte a été rédigé, avec un protocole initial raccourci la

deuxième fois18

. Ce texte se révèle être une source précieuse pour connaître le cadre de vie

ainsi que l’équipement professionnel d’un boulanger-pâtissier et d’un aubergiste, profession

ayant donné lieu à de nombreux travaux19

. Il montre surtout le croisement entre les différentes

activités de cet artisan, à la fois boulanger, pâtissier, aubergiste, créancier et propriétaire

foncier.

Un professionnel de bouche

La boutique de pâtisserie et ses dépendances

L’inventaire après décès de Masse Gastacel recèle de nombreuses informations sur les

professions de boulanger et de pâtissier. En théorie, il s’agit à Toulouse de deux métiers

séparés mais, en réalité, ils sont souvent exercés de concert à la fin du XVe siècle, comme le

montrent les registres de réceptions de maîtrises conservés aux archives municipales : certains

artisans sont reçus successivement dans l’un puis l’autre des deux métiers, tel Pierre Jacobi,

reçu pâtissier en 1471, puis boulanger en 147420

.

La deuxième maison de Masse Gastacel renferme tout le matériel nécessaire à

l’exercice de ces deux métiers. Un pâtissier est d’abord un fabricant de pâtés, c’est-à-dire de

viandes et de poissons en croûte. Les statuts des pâtissiers toulousains de 1492 imposent à

tout aspirant à la maîtrise la confection de pâtés de chapons et d’assiette ainsi que de tartes

d’Angleterre et d’Allemagne, sans que l’on sache précisément ce dont il s’agit21

. Pour

confectionner ses pâtés, Masse Gastacel dispose dans sa boutique d’un banc de pâtisserie pour

découper et hacher la viande. Celle-ci est ensuite placée dans un grand plat en étain

expressément désigné pour cet usage : « ung gran plat d’estanh an pie d’estanh per tenir carn

picada per far los pastissos ». Deux bancs de cuisine sont aussi répertoriés dans la salle basse

et le cellier de la première maison. Une petite pièce attenante à la boutique renferme une

petite salière pour saler les viandes, une jarre de terre pour conserver l’huile et un petit

18 Cette forme diffère par plusieurs aspects des inventaires après décès de la ville de Dijon, cf. Ferrand (G.), Les

inventaires après décès de la ville de Dijon à la fin du Moyen Âge (1390-1450). Tome 1: 1390-1408, Toulouse,

Presses universitaires du Midi, 2018, p. 28-30. Qu’il soit remercié pour sa relecture critique et ses conseils, qui

ont contribué à enrichir les analyses proposées par cet article. 19

Sur les métiers du pain, on consultera notamment Desportes (F.), Le pain au Moyen Âge, Paris, O. Orban,

1987. Piponnier (F.), « L’équipement des boulangers bourguignons à la fin du Moyen Âge », La préparation

alimentaire des céréales, Bruxelles, PACT, 1992, p. 83-97. Mouthon (F.), « Le pain en Bordelais médiéval,

XlIIe-XVI

e », Archéologie du Midi Médiéval, vol. 15, n

o 1, 1997, p. 205-213. Bregler (A.), Les boulangers et les

métiers du pain à Toulouse à la fin du Moyen Âge, Université Toulouse – Jean Jaurès, 2012. Pour les travaux sur

les aubergistes, on se reportera à Combes (J.), « Hôtelleries et hôteliers à Montpellier à la fin du XIVe siècle »,

Hommage à André Dupont, Montpellier, Fédération historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon,

1974, p. 55-81. Hayez (M. et A.-M.), « L’hôtellerie avignonnaise au XIVe siècle : à propos de la succession de

Siffrède Trolhon (1387) », Provence historique, 1975, p. 275-284. Coulet (N.), « Un gîte d’étape : les auberges

d’Aix-en-Provence au quinzième siècle », Voyage, quête, pèlerinage dans la littérature et la civilisation

médiévales, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 1976, p. 105-124

(http://books.openedition.org/pup/4325). Wolff (Ph.), « Les hôtelleries toulousaines au Moyen Âge », Regards

sur le Midi médiéval, Toulouse, Privat, 1978, p. 93-106. 20

Arch. mun. Toulouse, HH 76, fol. 92 et 143v. 21

Arch. mun. Toulouse, HH 66, fol. 443v (art. 26).

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tonneau pour les sardines. Quatre couteaux et une râpe en fer complètent cet équipement ; ils

sont sans doute rangés dans le dressoir qui figure en début de liste, et qui comporte deux

portes ainsi qu’un tiroir. Enfin, la présence d’un four est décelable à la mention d’une porte et

d’une pelle à four dans la boutique. La plupart des maisons de pâtissiers en contiennent un,

comme le montrent les registres d’estimes ou les actes de ventes.

Les pâtissiers toulousains proposent également des préparations sucrées à base de lait,

d’œufs et de crème (flansons, cache-museaux, darioles, dauphin et fleur de lis à la crème) ;

mais aussi des pâtisseries cuites entre deux fers (oublies22

, nieules23

et brassadels24

)25

. La

« chambre de la viande salée » abrite deux plaques de fer destinées aux oublies ; on en trouve

sept dans la chambre au-dessus de la boutique, ainsi qu’un fer pour cuire les brassadels. Ces

gâteaux sont ensuite placés dans deux boîtes servant à la vente itinérante, pratiquée

conformément aux statuts du métier26

par des valets qui sont probablement logés sur place27

.

Pour confectionner ses pâtisseries, Masse Gastacel semble utiliser aussi bien du sucre

(une caisse en renferme une demi-livre dans l’une des chambres) que du miel (conservé dans

l’un des chais). Jusqu’à la seconde moitié du XVe siècle, le sucre est alors un produit de luxe

importé du Levant, considéré comme une épice et accessible seulement aux plus riches, le

reste de la population devant s’en tenir à l’usage du miel. Par la suite, la création de

plantations en Italie et en Espagne, puis à Madère, fait baisser le prix du sucre et le rend plus

abordable28

. L’inventaire évoque par ailleurs la présence d’une livre d’épices moulues dans la

cuisine. Elles peuvent avoir été achetées directement sous forme de poudre chez un épicier29

,

ou avoir été broyées après leur achat. Leur mention dans ce type de source est exceptionnelle,

et témoigne peut-être de la vogue que connaissent alors les mélanges d’épices à Toulouse. La

composition la plus demandée est une mixture de poivre et de gingembre, parfois complétée

par d’autres produits (girofle, cannelle, graine de paradis, muscade ou encore safran). Du fait

de leur popularité, ces mélanges font l’objet de fraudes fréquentes contre lesquelles les

autorités s’efforcent de lutter30

.

En plus de son métier de pâtissier, Masse Gastacel exerce la profession de boulanger.

Il prépare la pâte à pain dans la pièce qualifiée de « pétrin », qui abrite une maie (coffre

servant à pétrir le pain) ainsi qu’un blutoir pour séparer le son de la farine. Dans deux des

chambres se trouvent des peaux « pour le service de la boutique » ; elles servent probablement

à protéger la pâte à pain d’un refroidissement pendant qu’elle lève31

, mais évitent aussi qu’elle

ne sèche trop. Par ailleurs, la salle haute de la première maison contient une plaque pour faire

lever le pain ainsi que des poids et une balance pour le peser. Les statuts des boulangers

obligent en effet à peser la pâte avant cuisson et interdisent la vente de pain d’un poids

insuffisant32

. Pour fabriquer pain et pâtisseries, Masse Gastacel stocke douze cartons de

22 Sorte de gaufres faites d’une pâte légère sans levain saisie entre deux fers plats chauffés au rouge, cf.

Desportes (F.), « Les métiers de l’alimentation », Histoire de l’alimentation, Paris, Fayard, 1996, p. 439. 23

Sorte de gaufres très fines, dont le nom vient de nebula (nuage), afin d’en souligner la légèreté. 24

Échaudés aux œufs. 25

Arch. mun. Toulouse, HH 66, fol. 442v (art. 19) et 443v (art. 26). 26

Arch. mun. Toulouse, HH 66, fol. 438v-446v (art. 21). 27

L’inventaire mentionne une « chambre des valets ». 28

Caster (G.), Le commerce du pastel et de l’épicerie à Toulouse de 1450 environ à 1561, Toulouse, Privat,

1962, p. 358. Ouerfelli (M.), Le sucre : production, commercialisation et usages dans la Méditerranée

médiévale, Leyde, Brill, 2008, p. 350-351 et 358. 29

Les statuts des épiciers mentionnent la vente de « speciebus moltis », cf. Arch. mun. Toulouse, HH 66, fol.

240. 30

Caster (G.), Le commerce du pastel… (op. cit.), p. 366-369. 31

Piponnier (F.), « L’équipement des boulangers… » (op. cit.), p. 92. 32

Arch. mun. Toulouse, HH 66, fol. 198v-202, art. 7 à 10, 14 et 15.

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froment et deux pugnères de seigle dans le grenier des deux maisons33

. Une échelle et des sacs

(huit d’une capacité de dix pugnères, huit autres d’un setier), conservés dans la « chambre de

la viande salée », permettent de les transporter d’une pièce à l’autre. Il effectue aussi des

achats de blé en 1492 auprès d’habitants de Frouzins, Seysses et Condom34

.

En parallèle de ses activités de boulanger et de pâtissier, Masse Gastacel tient aussi

taverne à son domicile. Comme lui, beaucoup d’hôteliers toulousains pratiquent un autre

métier, dans le secteur marchand ou artisanal pour les plus modestes35

.

La taverne

La salle basse de la deuxième maison accueille des hôtes à qui Masse Gastacel

propose aussi bien du vin que de la nourriture. Elle est meublée de deux tables mesurant trois

cannes de long et deux empans et demi de large, soit environ 5,4 m sur 60 cm. Elles sont

accompagnées chacune de deux bancs de la même longueur et de trois tabourets ou escabeaux

(escandels) ; elles peuvent donc accueillir une vingtaine de personnes. On trouve en plus un

archibanc (coffre surmonté d’un banc avec dossiers et accoudoirs) de six empans de long, soit

environ 1,3 m, sur lequel peuvent s’asseoir deux personnes.

Pour satisfaire la soif de ses clients, Masse Gastacel a une cave bien fournie. Dans les

chais de la première maison sont entreposés du vin rouge (seize pipes et demie et deux

barriques) et du vin blanc (dix pipes et huit barriques)36

. Nous ignorons la provenance de ce

vin, et elle n’est jamais précisée non plus dans les comptabilités des repas servis aux consuls

au XVe siècle

37. Dans le chai de la seconde maison sont mentionnées treize pipes de vin rouge

et douze barriques de blanc et de rouge. Une table est destinée à accueillir des jarres (dornas),

et l’on trouve plusieurs mesures en bois de capacité différente (d’un uchau38

à un demi-pega).

Enfin, la chambre au-dessus de la boutique de pâtisserie abrite vingt-six justes (mesures pour

le liquide), à section ronde ou carrée, d’un uchau à un pega et demi. Elles peuvent servir de

pichets, certains à usage individuel, d’autres pour trois ou quatre convives. Quatre d’entre

elles sont qualifiées d’aygassiers et font office de carafe pour l’eau. Aucun verre n’est

mentionné, comme dans la plupart des inventaires après décès toulousains ou bordelais de

cette période39

. Mais aucun gobelet ne figure sur la liste ; une partie de la vaisselle a peut-être

été vendue pour rembourser certaines dettes40

.

33 Selon les Tables de comparaison de l’an X, un carton équivaudrait à environ 373 litres, un setier à un quart de

cette mesure, soit 93,25 litres, et une pugnère à un seizième, soit 23,3 litres, cf. Wolff (Ph.), Commerces et

marchands de Toulouse (vers 1350 – vers 1450), Paris, Plon, 1954, p. XXIX. 34

Arch. dép. Haute-Garonne, 3E 2736, fol. 90, 95 et 143v. 35

Wolff (Ph.), « Les hôtelleries toulousaines… » (op. cit.), p. 102. 36

Philippe Wolff indique que la pipe contient 2 barriques. Selon la mesure de Toulouse mentionnée par les

Tables de comparaison de l’an X, la barrique de 60 pegas correspond à un peu plus de 190 litres (moins de 3,2

litre le pega). Dans les villages voisins, il existe une mesure dite du comte Raymond selon laquelle un pega

correspond à environ 3,8 litres, soit près de 227 litres la barrique de 60 pegas ; elle se rapproche davantage de la

barrique bordelaise, d’une valeur d’environ 218 litres. Pour Philippe Wolff, cette deuxième mesure paraît donc

plus probable, cf. Wolff (Ph.), Commerces et marchands… (op. cit.), p. XXIX-XXX. 37

Arch. dép. Haute-Garonne, CC 2323 à 2348. 38

Un huitième. 39

Lamazou-Duplan (V.), « Décors, parures et couleurs des intérieurs toulousains d’après les registres notariés de

la fin du Moyen Âge », La maison au Moyen Âge dans le Midi de la France, actes des journées d’études de

Cahors des 6, 7 et 8 juillet 2006, Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, 2008, p. 298.

Maleret (S.) et Lavaud (S.), « Vaisselle et vin à Bordeaux à la fin du Moyen Âge », La cuisine et la table dans la

France de la fin du Moyen Âge : contenus et contenants du XIVe au XVI

e siècle, Caen, Publications du CRAHM,

2009, p. 318-320. 40

Celles-ci sont évoquées à la fin du testament, qui invite à se reporter aux livres de raison et autres papiers du

défunt.

Page 7: De la pâtisserie à l'auberge: la pluriactivité d'un

En tant que tavernier, Masse Gastacel n’est pas seulement un professionnel du

commerce du vin au détail : il propose également un service de restauration à ses hôtes.

Plusieurs indices le montrent, le premier étant la présence d’une cuisine munie de deux bancs

et d’une table, à laquelle il est précisé que Masse Gastacel avait l’habitude de manger. Or, les

tables sont généralement absentes des cuisines particulières dans les maisons de la région

toulousaine41

, tandis que toutes les auberges aixoises dont on a l’estimation disposent d’une

cuisine bien fournie en tables42

. La cuisine de Masse Gastacel renferme une caisse servant à

entreposer le pain « pour la taverne ». Deux caisses vides pour conserver la viande et le pain y

sont aussi mentionnées. Une cheminée ou un foyer, décelable à la présence de chenets

(capfoguiers), de crémaillères et d’un trépied (tressetz), ainsi que d’une pelle à feu (rispa),

permet la cuisson des aliments.

Des ustensiles de cuisine sont présents dans d’autres pièces. Dans la chambre au-

dessus de la boutique se trouvent deux landiers, « gros chenets équipés de crochets sur les

montants pour porter les broches, d’anneaux pour suspendre des instruments d’âtre ou

soutenir le manche de la poêle »43

. À Aix, ces ustensiles de rôtissage ne se rencontrent que

chez les plus riches et dans les hôtelleries44

. La boutique de pâtisserie renferme quant à elle

six broches (astes) de tailles différentes et quatre contrebroches (contrastiers), dont deux sont

destinées aux fêtes à l’extérieur : c’est le signe que Masse Gastacel proposait parfois ses

services de traiteur à des particuliers en dehors de son auberge, pour des occasions

particulières. Patrice Rambourg note qu’à Paris, les pâtissiers offraient les mêmes services

que les queux, auxquels on pouvait faire appel pour préparer un repas de fête45

.

Plusieurs chaudrons (peyrol, peyrola) de cuivre avec une anse de fer sont cités dans le

cellier de la deuxième maison ; selon Noël Coulet, ils sont le signe du rôle prépondérant des

ragoûts et bouillis dans l’alimentation46

. Le cellier abrite en outre un poêlon en fer (cassa)

destiné à faire sauter et frire les aliments, mais aucune poêle, ustensile pourtant présent dans

70 % des maisons toulousaines étudiées par Marie-Claude Marandet, tandis qu’à Aix-en-

Provence presque tous les possesseurs de poêlon ont aussi une poêle47

.

Dans le cellier figurent également une douzaine de cuillères en bois, dont la moitié est

cassée, ainsi qu’un mortier et deux pilons de bois pour confectionner les sauces ; ils

permettent par exemple de broyer les amandes, qui servent de liant, de piler les épices et le

sel, ou encore d’écraser les aulx et les oignons48

. La boutique de la première maison abrite un

mortier de pierre et douze jattes en bois (grasalas) ; un mortier et un pilon de métal, ainsi

qu’un racloir à fromage en fer blanc sont mentionnés dans la salle haute.

Enfin, de la vaisselle et du linge de table destiné spécifiquement à la taverne

apparaissent dans l’inventaire. Le cellier de la deuxième maison renferme cinq douzaines de

tranchoirs en bois et deux bidons de cuivre (bandelas), l’un avec anse et l’autre sans, tandis

que la chambre au-dessus de la boutique abrite onze plats, vingt-six écuelles, trois jattes et

41 Marandet (M.-C.), « L’équipement de la cuisine en Toulousain à la fin du Moyen Âge d’après les inventaires

et les testaments », Archéologie du Midi Médiéval, t. 15, n° 1, 1997, p. 2690-286, et Sicre (C.), Le décor de la vie

privée… (op. cit.), p. 30. 42

Coulet (N.), « L’équipement de la cuisine à Aix-en-Provence au XVe siècle », Annales du Midi, t. 103, n° 293,

1991, p. 5-17. 43

Ibid., p. 273. 44

Ibid., p. 277. 45

Rambourg (P.), « De la cuisine de rue au restaurant », Horizons Maghrébins – Le droit à la mémoire, n° 55,

2006, p. 188. 46

Coulet (N.), « L’équipement de la cuisine… » (op. cit.), p. 13. 47

Marandet (M.-C.), « L’équipement de la cuisine… » (op. cit.), p. 277, et Coulet (N.), « L’équipement de la

cuisine… » (op. cit.), p. 13. 48

Marandet (M.-C.), « L’équipement de la cuisine… » (op. cit.), p. 284.

Page 8: De la pâtisserie à l'auberge: la pluriactivité d'un

quatre salières, le tout en étain. On y trouve aussi deux nappes (toalhas)49

et de vieux draps

pour fabriquer des essuie-mains (essugamas) pour le service de la taverne, tandis que le cellier

renferme un lave-mains (lavamas) en bois, ce qui dénote un certain souci de l’hygiène50

.

D’autres draps sont destinés aux « lits de la taverne » : Masse Gastacel ne se contente pas

d’accueillir des clients pour boire et manger en journée, il les héberge aussi pendant la nuit.

L’auberge de Masse Gastacel

Les chambres

Parmi les quatre chambres mentionnées par l’inventaire, une est réservée aux valets et

une autre aux enfants, tandis que la chambre située au-dessus de la boutique de pâtisserie

semble être celle de Masse Gastacel et de sa femme : c’est là qu’il garde son argent, range ses

vêtements, tient en réserve le linge de l’auberge et la vaisselle d’étain, comme les hôteliers

aixois étudiés par Noël Coulet51

. C’est la chambre la mieux située, donnant sur la rue et

équipée d’une cheminée, décelable par la présence de chenets (landies)52

. La quatrième

chambre, près de la galerie (balet), ainsi que la salle haute peuvent accueillir des hôtes. La

pièce au-dessus du pétrin servait autrefois de chambre : on y trouve encore deux cadres de lit,

dans lesquels il ne reste que de la paille. Sicre p. 53 : « si les lits sont le plus souvent

« garnis » c’est-à-dire dressés et munis de matelas, draps, oreillers, couvertures, un bon

nombre sont démontés et relégués dans un coin de la chambre en attendant que le besoin s’en

fasse sentir. »

Toutes ces chambres comportent un à deux cadres de lit (archalieyt) en sapin, bois le

plus commun et le moins cher53

. Ils mesurent en général dix empans sur huit, soit 2,25 m sur

1,80 m, ce qui semble être une taille standard54

; ils peuvent ainsi accueillir deux voire trois

personnes55

. Les lits de la petite chambre donnant sur la galerie mesurent cependant huit à

neuf empans de long sur six de large, soit seulement 1,8 à 2 m sur 1,3 m, tandis que le second

lit présent dans la chambre du maître de maison mesure huit empans sur sept, soit 1,8 m sur

1,6 m. Il s’agirait donc d’un lit d’enfant, ayant pu être occupé par les enfants de Masse

Gastacel durant les premières années de leur vie, avant qu’ils ne bénéficient d’une chambre

particulière.

Les lits sont équipés chacun d’un ou deux matelas de plume (cossis), d’édredons

(cossenas) et de couvertures (flassadas) servant aussi de couvre-lit. Leur décoration est donc

soignée : elles sont le plus souvent ornées de bandes (vetas, barras) bleues (pers), ou encore

rouges et vertes. La chaleur dégagée par la plume, ajoutée à l’usage de chauffe-lits, explique

qu’il n’y ait qu’une seule couverture par lit56

. Une caisse placée dans la chambre de Masse

Gastacel renferme soixante-seize draps (lensols) d’étoupe et de lin pour les lits de la taverne,

49 Le terme de nappes semble mieux convenir que celui de serviettes en raison de leur longueur : 2,5 cannes, soit

environ 4,5 m. 50

Sicre (C.), Le décor de la vie privée… (op. cit.), p. 20. 51

Coulet (N.), « Un gîte d’étape… » (op. cit.), http://books.openedition.org/pup/4325. 52

Les maisons des mégissiers parisiens présentent la même configuration. Comme celle de Masse Gastacel, elles

se caractérisent par « l’absence de frontière entre vie familiale et vie professionnelle » et « l’entassement des

gens et des choses », cf. Véniel (B.), « Comment vivaient les mégisiers parisiens au XVIe siècle », Inventaires

après décès et ventes de meubles : apports à une histoire de la vie économique et quotidienne, XIVe-XIX

e siècle,

Louvain-la-Neuve, Academia, p. 363 et 378. 53

Sicre (C.), Le décor de la vie privée… (op. cit.), p. 28. 54

Lamazou-Duplan (V.), « Décors, parures et couleurs… » (op. cit.), p. 293. 55

Wolff (Ph.), « Les hôtelleries toulousaines… » (op. cit.), p. 98. 56

Sicre (C.), Le décor de la vie privée… (op. cit.), p. 58 et 60-61.

Page 9: De la pâtisserie à l'auberge: la pluriactivité d'un

d’une longueur de deux lés (pernas), vieux et usés, tandis qu’une deuxième caisse contient

cinquante-huit draps à demi usés, d’étoupe et de lin, ou de lin et de chanvre. Deux caisses

contiennent du fil d’étoupe et de lin qui peut servir à les raccommoder. Véronique Lamazou-

Duplan note qu’on conserve le linge « à la fois pour sa valeur matérielle et mémorielle : le

linge de lit et de table neuf est rare, il est le plus souvent usé, déchiré, troué, mité… »57

. Le

linge de table mentionné par l’inventaire consiste en plus d’une centaine de nappes et

serviettes (toalhas, longieras) de deux à trois cannes de long (3,6 m à 5,4 m). Elles sont faites

de lin ou d’un mélange de lin et de chanvre, et certaines ont été fabriquées à Venise ou dans

les manufactures royales, ce qui peut être un gage de leur qualité.

Tout ce linge est rangé dans des caisses de sapin, longues de six à dix empans (1,3 m à

2,25 m), dans un coffre ferré et dans un archibanc, faits tous les deux en chêne (coralh).

Certains de ces meubles de rangement possèdent une serrure et plusieurs compartiments

(megas). Une caisse de sapin renferme les vêtements du couple (un jupon de bombasin, un

sayon, trois robes, un chaperon, un manteau) et des pièces d’étoffes (une serge rouge, un tissu

bleu et une toile croisée bigarrée), tandis que des chemises sont stockées dans une caisse de

noyer ; certaines sont vieilles et abîmées, tandis que d’autres n’ont pas encore été cousues.

Enfin, un coffre de noyer contient les bijoux de la maîtresse de maison. Vêtements et bijoux

sont un signe extérieur d’opulence, témoignant de la réussite sociale de notre personnage58

.

Des meubles de rangement sont indiqués dans les autres chambres. La mieux équipée

est la salle haute : on y recense un banc-coffre, un archibanc et un dressoir de sapin, mais

aussi deux tables (l’une étant munie de deux tabourets), trois bancs et quatre bancals59

. La

chambre de Masse Gastacel possède également une table de noyer accompagnée de ses deux

tabourets de bois rouge. Dans les autres chambres, à l’exception de la plus petite, on relève la

présence de caisses, de bancs-coffres et de simples bancs, le tout en sapin ; ils entourent les

lits, servant en même temps de chevet et de marchepied.

Quelques éléments de confort peuvent être repérés. Ainsi, la salle haute est peut-être

dotée d’une cheminée, décelable par la présence de chenets (capfoguiers). Le cellier de la

première maison renferme soixante-dix pagelles de bois qui permettent d’alimenter ces

différentes cheminées. L’éclairage est procuré par des lampes à huile (calhels) citées dans la

cuisine et par des chandelles : la « chambre de la viande salée » en renferme deux livres. Cette

pièce semble servir de débarras : on y trouve aussi des encadrements de fenêtres, une fourche,

du lin à peigner et filer et plusieurs objets cassés (trois coffres, un chaudron, deux chandeliers,

un grelot, une caisse), mais également des objets en gages. En effet, en plus d’héberger ses

clients, Masse Gastacel leur offre certains services financiers.

Un homme d’affaires

57 Lamazou-Duplan (V.), « Décors, parures et couleurs… » (op. cit.), p. 299.

58 Micheline Baulant note cependant qu’« il y avait sous-enregistrement des vêtements du conjoint survivant et si

l’inventaire n’avait pas eu lieu immédiatement après le décès, les vêtements du mort étaient très vite partagés

entre les enfants et donc disparaissaient de l’inventaire », cf. Baulant (M.), « Âge du fer, âge du chêne. Les

matériaux des objets quotidiens en Brie aux XVIIe et XVIII

e siècles », Inventaires après décès et ventes de

meubles... (op. cit.), p. 52. Les vêtements du mort pouvaient aussi faire l’objet de legs pieux ou être remis en

paiement pour les frais d’obsèques au prêtre desservant la paroisse. Les effets personnels des autres membres de

la maisonnée, et notamment des enfants, ne sont quant à eux presque jamais mentionnés, sans doute parce que

seuls les biens de la communauté conjugale sont analysés, cf. Piponnier (F.), « Inventaires bourguignons (XIVe-

XVe siècles), Probate inventories : a new source for the historical study of wealth, material culture, and

agricultural development, Bijdragen, n° 23, 1980, p. 137. 59

Pièces d’étoffe servant à recouvrir un banc pour le rendre plus confortable.

Page 10: De la pâtisserie à l'auberge: la pluriactivité d'un

Comme les autres hôteliers, Masse Gastacel assiste sa clientèle en lui prêtant de

l’argent ; il détient de ce fait de nombreux objets en gages. La « chambre de la viande salée »

stocke plutôt des objets du quotidien : draps, nappes, serviettes, lave-mains, chandeliers,

mesures d’étain pour le liquide (justas), bouilloire en laiton (escalfeta), couteaux ; mais aussi

un alambic (estillador) pouvant servir à fabriquer de l’eau de rose (nécessaire à la préparation

de nombreux mets) ou de l’eau de vie60

. La chambre du maître de maison abrite plutôt des

objets de valeur : sept tasses et deux cuillers en argent61

; des armes62

(une lance, un bouclier

et trois épées dont une à deux mains) ; des livres mansucrits ou incunables, en parchemin ou

en papier (trois exemplaires de l’Ancien Testament, un bréviaire et un texte de Boèce avec

son commentaire). Trois ouvrages de droit canon figurent également dans l’inventaire de la

première maison. Les propriétaires de ces objets ne sont pas toujours connus par la veuve, qui

évoque un homme de Gascogne, un autre de Saint-Orens, un pâtissier (Yvonet Roand) et l’un

des notaires en charge de l’inventaire (Jean Clavelli). Son implication dans la rédaction de cet

acte ne semble donc pas être le fruit du hasard, mais un signe des liens qu’il entretenait avec

le défunt. Un coffre contient divers papiers (acquisitions, obligations, rentes) et un registre sur

lequel ces actes ont été reportés, mais le contenu de ces documents n’est pas précisé63

. Les

rédacteurs de l’inventaire ne semblent pas s’y être reportés pour déterminer à qui

appartiennent les objets mis en gages ; l’information n’y figurait peut-être pas ? À Dijon, des

étiquettes permettent d’identifier l’origine de ces objets64

. Ce système n’existe peut-être pas à

Toulouse, à moins que les étiquettes n’aient été perdues ?

Les sources notariales montrent par ailleurs qu’entre 1490 et 1492, Masse Gastacel

prête régulièrement de l’argent à des laboureurs d’Escalquens, Labège, Portet-sur-Garonne et

Goyrans (dans le sud de Toulouse). Les sommes empruntées sont variées, allant généralement

de six à trente sous, voire quarante livres dans un cas65

. Il achète également des terres et des

vignes à Escalquens, Bragayrac (près de Saint-Lys) et Portet, et il arrente une censive à un

laboureur de Labège, c’est-à-dire qu’il lui loue une terre en échange d’une redevance annuelle

en nature (deux cartons de froment, deux lapins et une pipe de vin)66

. Ces investissements lui

permettent de s’assurer d’autres revenus, dont une partie en nature, et sans doute de faire

presser son propre vin.

Grâce à ses achats immobiliers et à ses activités professionnelles, il a pu se constituer

une petite fortune qu’il garde dans un coffre de sa chambre, contenant des pièces de monnaies

provenant d’horizons variés : comté de Foix (Morlaas), duché de Bourbon, Bretagne,

Bourgogne (lions d’or et florins d’or au Saint-André), Guyenne (salut d’or), Angleterre (noble

d’or), Castille (reals d’argent), Suisse (doubles de Lausanne), Italie (testons de Milan) ou

encore Autriche. Sont aussi mentionnées des monnaies frappées par Charles VII (écus à la

couronne) et Louis XI (écus d’or au soleil). Cette circulation de pièces étrangères peut être

mise en lien avec les relations commerciales de Toulouse : la ville est en contact avec

60 Coulet (N.), « L’équipement de la cuisine… » (op. cit.), p. 15.

61 Ces objets constituent davantage une réserve de numéraire, facile à monnayer quand le besoin s’en fait sentir,

que des objets utilitaires. Sicre (C.), Le décor de la vie privée… (op. cit.), p. 28. 62

Claude Sicre note la présence d’armes défensives ou offensives dans plus de la moitié des inventaires qu’il a

étudiés pour les XIVe et XV

e siècles. Il met cette situation en lien avec le contexte de la guerre de Cent Ans.

Ibid., p. 145-146. 63

Contrairement aux inventaires dijonnais, cf. Ferrand (G.), Les inventaires après décès de la ville de Dijon…

(op. cit.), p. 29. 64

Ibid., p. 45. 65

Arch. dép. Haute-Garonne, 3E 2735, fol. 4r-v ; 3E 2736, fol. 68, 78, 81, 121v, 146r-v, 176v-177 ; 3E 5720,

cahier de 1491. 66

Arch. dép. Haute-Garonne, 3E 2736, fol. 16v-17, 44r-v, 52v, 72v-73 ; 3E 5111, fol. 46-48v, 278v-281v.

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l’Angleterre par l’intermédiaire de Bayonne et du Béarn, mais aussi avec la France du Nord et

les Pays-Bas, ainsi qu’avec les pays méditerranéens (notamment la Péninsule Ibérique)67

.

Au total, Masse Gastacel possède une vingtaine de pièces d’or et une cinquantaine de

livres. Son aisance financière est telle qu’il peut faire appel à un précepteur pour éduquer ses

enfants. De fait, il ne semble pas que Jean Gastacel ait poursuivi les activités professionnelles

de son père : les sources ne mentionnent ni boulanger, ni pâtissier, ni tavernier ou hôtelier de

ce nom. À la mort de son père, celui-ci est confié à deux tuteurs, un licencié en décret et un

boucher de Saint-Cyprien, et non pas à un autre pâtissier.

Conclusion

L’inventaire après-décès de Masse Gastacel constitue un document précieux pour

étudier la pluriactivité de cet artisan : il est exceptionnel de pouvoir observer de manière aussi

précise toutes les activités d’un même individu. De nombreuses questions restent néanmoins

en suspens : nous ignorons notamment tout de sa clientèle, de ses fournisseurs et de ses

associés, comme c’est généralement le cas des professionnels du secteur de l’alimentation

toulousain. Nous manquons aussi d’informations sur sa famille : l’origine sociale de sa femme

et son rôle à ses côtés nous sont inconnus68

, et nous ne savons pas non plus ce que devient son

fils à sa majorité.

Les archives départementales de la Haute-Garonne conservent d’autres inventaires

après-décès d’artisans, mais aucun de ceux que nous avons dépouillés n’atteint l’ampleur de

celui de Masse Gastacel. Le fait qu’il possède plusieurs maisons, dotées chacune de

nombreuses pièces, semble être le signe de la richesse particulière de cet artisan. Pour évaluer

plus précisément le niveau de sa fortune, il faudrait chercher sa trace dans les registres de

taille de la fin du XVe siècle : il s’agirait de le comparer avec des individus exerçant les

mêmes activités, ou déclarant des sommes similaires69

. Enfin, les nombreux actes notariés qui

le concernent peuvent contribuer à une reconstitution – au moins partielle – des réseaux

relationnels dans lesquels il était inscrit.

67 Wolff (Ph.), Commerces et marchands… (op. cit.), p. 117-160 et 345-346.

68 Nous savons grâce au testament du défunt qu’elle a pour frère un clerc de notaire, à qui Masse Gastacel lègue

une maison à Escalquens, signe qu’il habitait sans doute à Toulouse ou dans les environs. 69

Les sondages effectués par Amélie Bregler lui ont permis de voir qu’en 1481, il déclare 14 livres 15 sous ; sa

fortune semble ensuite se réduire, car il ne déclare que 8 livres 15 sous en 1483, et 9 livres en 1492. Bregler (A.),

Les boulangers et les métiers du pain… (op. cit.), p. 81.

Page 12: De la pâtisserie à l'auberge: la pluriactivité d'un

Inventaire après décès de Masse Gastacel, 14 et 17 juin 1497

(Archives départementales de la Haute-Garonne, 3E 5119, fol. 42-54)

[Fol. 42] Anno domini millesimo quadrangentesimo nonagesimo septimo et die decima quarta

mensis junii. Honesta mulier domina Petrona, relicta magistri Mathey Gastacelli, quondam

pastisserii carriere de Poleriis Tholose, necnon honorabilis vir dominus Jacobus Medici, in

decretis licenciatus, et Bartholomeus Autru, macellarius habitator Sancti Cypriani Tholose,

tanquam tutores et tutorio nomine Johannis Gastacelli, pupilh filii legitimi et naturalis ac

heredis universalis dicti quondam magistri Mathey Gastacelli. Declarati per curiam domini

judicis ordinarii Tholose regi, preposito signo Sancte Crucis, sic dicendo in nomine Patris et

Filii et Spiritus Sancti, amen. Quod confectionem dicti inventarii bonorem hereditatis dicti

quondam magisti Mathey Gastacelli processerunt dicti tutores seu procedi fecerunt per

magistrum Johannes Leysaci, notarium Tholose publicum dicte curie ordinarie Tholose rege

juratum seu magistrum Johanne Clavelli, notarium Tholose publicum eius in hac parte

substitutum comissarios per dictam curiam et ad hoc depputates pro ut sequitur in hunc

modum.

Et primo an trobat en ladita hereditat ung hostal de novel fayt et bastit per lodit mestre que

Dieus perdone, loqual es scituat en la carriera de Polieras de Tholosa confrontan d’ung costat

an la honor de mossenhor Peyre Boysso, borges de Tholosa, et devers l’autre costat an bona

plassa, laquala solia estre de Bernat Palissa an temps passat habitant de Tholosa ; et de part

d’aves an los heretiers de Ramon de Trisaguet et an lodit mossenhor Peyre Boysso, et de part

d’avan an ladita carriera publica ; etan ses autras confrontaciones. Dins laquala mayson et en

la sala bassa daquel si son trobadas las causas que si ensieguen.

Et primo IIII postes d’avet de la longo de tres canas ou enviro et de large de II pams et mieg.

Item tres postes d’avet de la longo de duas canas et miega cascuna et de amplo de II pams et

mieg.

Item dus escandels de coralh.

Item dus bancz de fusta de la longo de duas canas ou enviro, cascun an quatre pecols de fusta,

cascun de petita valor.

Item ung banc espes de cosina per talhar et picar cars, de la longo de nou pams an quatre pes

de fusta.

Item XII escabelas tant de coralh que de avet.

[Fol. 42v] Item una escala de fusta de la longo de duas canas ou enviro, d’avet.

Item una autra escala d’avet de petita valor, de la longo de una cana et miega ou enviro.

Item certana quantitat de postes d’avet que son per fer archalieytz et per los paravens de ladita

mayson.

En lo ayrecel de ladita mayson.

Primo ung banc espes de sey an quatre pecols de fusta, per picar carn, de la longo de nou

pams ou environ.

Item septanta pagelas de lenha ou environ per le servici de la mayson.

En la botiga de ladita mayson.

Primo sept descas de bridela d’avelanier.

Item ung mortier de peyra.

Item dotze grasalas de fusta miegas usadas.

Page 13: De la pâtisserie à l'auberge: la pluriactivité d'un

En la sala nauta de ladita mayson.

Primo una petita remana de fer que pesa devers lo petit pes fins a sincquancta livras.

Item unas balansas per pesar pa de lato.

Item quatre pezes de metalh cascun de una livra per pesar.

Item ung pes de miega livra de metalh.

Item sincq pezes cascun de ung cart de metalh.

Item ung pes de ung mieyt cart de metalh.

Item ung mortier et pilo petit de metalh pesan tot vingt et sieys livras.

Item ung rascle de fer blanc per rasclar fromage.

Item duas petitas postes de noguier de longo de sieys pams et de la largo de dus pams ou

environ.

Item dus escandels viels d’avet.

Item quatre pes de lieyt de coralh.

Item dus carties de ung archalieyt d’avet.

[Fol. 43] En las duas cambras desus ladita sala nauta non s’es res trobat, si non I carto ou

environ de sivada, laquala es de mossenhor lo prior de Longatges.

En lo granier desus l’una de las ditas cambras de ladita mayson, sieys cartons de blat fromen.

En una falsa pres deldit granie.

Et primo una bandela trancada de coyre vielha.

Item una punhera per mesurar blat an son rostol serclada de fer.

Item certana quantitat de cavilhas, de clavels et d’autra feramentaria, tout vielh et rovigat, de

petita valor, laquala non se pot nombrar ny bolar en nombre.

En lo balet de ladita mayson.

Et primo unga cadeyra de fusta d’avet per pendre pinga, vielha et rompuda.

En lo granier desus lo peyrie et ayrecel de ladita mayson, la out estudiaven los enfans, non

s’es res trobat si non ung petit banc d’avet vielh de petita valor.

En la cambra de jotz lodit granier.

Et primo una taula d’avet vielha de la longo de dotze pams ou environ.

Item dus escandels de coralh.

Item una autra petita taula de noguie an ung escandel de coralh de la longo de una cana ou

enviro.

Item ung banc d’avet de quatorze pams de long, vielh, an los pes de post.

Item unas decretals de pargun vielhas, las quals son engatges et om non sap de qui ny per

quinha soma.

Item lo Bartol sus las auctenticas et tres libres del codi an addictions an las apostillas del

Alexandre [Fol. 43v] sobre la segonda partida de la Digesta nove, loqual Bartol es engatges

per quinze sous tornes et es de lectra de pressa.

En lo chay de jotz la sala bassa de ladita mayson.

Et primo quatorze pipas et miega de vin roge.

Item certana quantitat de mel en quatre semals.

Item dus rasquiers, l’ung gran et l’autre petit, d’avet, mieg husatz.

En lo chay de jotz l’ayrecel de ladita mayson.

Page 14: De la pâtisserie à l'auberge: la pluriactivité d'un

Et primo detz pipas et hueyt barriquas de vin blanc.

Item duas pipas et duas barriquas de vin roge.

En la carriera de Polieras, davant ladita mayson.

Et primo una grossa peyra de ung pam et mieyt d’espes, et de tres pams de large, et de detz

pams de long ou environ.

Item una autra peyra de miega cana de long et de dos pams et mieyt d’espes et de tres pams

d’ample.

En ladita hereditat si es trobat ung autre hostal scituat en ladita carriera de Polieras,

confrontan de una part an Guilhot Benezeyt, merchan de Tholosa, et d’autra part an

mossenhor Huc Boysso, senhor de Mirabel et borges de Tholosa ; et de part d’aves an los

heretiers de Simon Resta, au temps passat merchan de Tholosa ; et de part de davan an ladita

carriera publica de Polieras ; etan ses autras confrontaciones. Dins laquala mayson si son

trobadas las causas que si ensieguen.

En la botiga de pastisseria de ladita mayson.

[Fol. 44] Et primo ung dreyssador d’avet en loqual a dus petitz armaris et ung petit tirador an

lors sarralhas et portas cascun, per lo servici de la botiga.

Item ung banc de pastissaria per picar carn, que a IIII pams de long ou environ et an los pes de

fusta.

Item IIII cotels per lo servici de la botiga de pastisseria.

Item una raspa de fer.

Item una punhera ferrada vielha de petita valor.

Item una pala de fer per lo for de ladita botiga.

Item quatre astes grans de fer per lodit offici.

Item dos petitz astetz de fer de petita valor.

Item duas contra astiers grans de fer.

Item autres dus petitz contrastiers de fer per fer festas defora, que si ajuston an una cavilha

devers l’ung cap.

Item una porta de fer per lo forn de la pastissaria.

Item ung gran plat d’estanh an pie d’estanh per tenir carn picada per far los pastissos.

Item una pigassa de fer per asclar lenha.

En lo pestrin darres lo forn de ladita botigua.

Et primo una mayt de noguier per pestri pa, miega usada, de la longo de detz pams ou

environ.

Item una barita per barutar farina, d’avet.

En una cambreta tocan lodit pestrin devers la cosina de ladita mayson.

Et primo ung dorc de terra per tenir oly, loqual es trancat et petassat devers lo fons.

Item una petita salhinhera per salar cars et menusas de porcz, miega usada.

[Fol. 44 v] Item la justa de ung petit barriquot per tenir sardinas.

En la petita cambreta sus lodit pestrin.

Et primo ung archalieyt d’avet en loqual no a res, sinon la palha.

Item ung autre archalieyt de avet ple de palha, sans res plus.

Item duas brustias per portar las oblias, mieg usadas.

Item una cayssa vielha d’avet an sa sarralha per tenir las oblias et neulas de una cana de long.

Page 15: De la pâtisserie à l'auberge: la pluriactivité d'un

Item una petita cayssa de noguier de tres pams de long, vielha, an sa sarralha et clau, dins

laquala a miega livra de sucre ou environ.

Item una brustia fayta a la sorta de ung salh de fusta.

En la cosina de ladita mayson.

Et primo una taula espessa de IX pams de long et dus et mieyt de large ou environ, de fau, an

quatre picols de fusta, en laquala manjava lodit mestre Masse.

Item una cayssa d’avet an quatre pes de post d’avet, de la longo de sieys pams ou environ, an

la sarralha miega usada, per tenir pa per la taverna, en laquala no a res.

Item una autra petita cayssa d’avet, de la longo de quatre pams ou environ, an sa sarralha

miega usada, dins laquala a environ una livra d’especias moludas per la pastissaria dins ung

sac d’aluda.

Item dus capfoguiers de fer romputz et de petita valor.

Item una rispa de fer rompuda.

Item dus petitz bancquetz d’avet an quatre pecols cascun, de petita valor.

[Fol. 45] Item ung cremalh de fer.

Item unas cremalheras de fer.

Item quatre calhels de fer de petita valor, vielhs.

Item ung tressetz de fer de petita valor, viels.

En la sala bassa de ladita mayson en que los hostes solian vene quant tenian triperia.

Et primo duas taulas de la longo cascuna de tres canas ou enviro, d’avet, an tres escandels

cascuna de coralh, de dus pams et mieyt de large ou environ.

Item en cascuna taula, dus bancz d’avet an scincq pecols d’avet, dus a cascun cap et ung al

mitan, de la longo de lasditas taulas.

Item ung petit archibanc forrat d’avet de sieys pams de longo ou environ.

En lo ayrecel sive peyrier de ladita mayson.

Et primo una petita cayssa d’avet de sieys pams de longo ou enviro, dins laquala no a res si

non pa per mangar, an sa sarralha et clau.

Item una autra granda cayssa d’avet, vielha, per tenir cars et pa et autras causas de boca, dins

la quas non a res, an sa sarralha, que a IX pams de long ou environ.

Item vingt et una pessa de peyras pasiment per acabar de pasimentar lo ayrecel del ostal nau

desus designat.

Item ung peyrol gran, vielh, romput, de coyre vielh.

Item una cassa de fer, la tra et ja resta de coyre, miega usada.

Item duas bandelas de coyre, l’una an sa ansa et l’autra sans anssa, vielhas et usadas et de

petita valor.

[Fol. 45v] Item una peyrola de coyre an sa anssa de fer de una semal et miega ou environ.

Item una autra peyrola de coyre an sa anssa de fer de una semal vielha.

Item una petita peyrola de coyre de una dorna an sa anssa de fer, de petita valor.

Item una autra peyrola de coyre vielha et rompuda an son anssa de fer.

Item ung petit mortier de peyra.

Item sincq dotzenas de talhados de fusta.

Item detz setis per tenir las justas sus taula, de fusta, fendutz et bricatz, de petita valor.

Item ung lavamas vielh de fusta aguisa de ung pipot, de petita valor.

Item una dotzena de culhiers de fusta, la meytat de fendutz et bricatz, et l’autra meytat de bos.

Item dus pilos de fusta per pilar salsa.

En lo chay de ladita mayson.

Page 16: De la pâtisserie à l'auberge: la pluriactivité d'un

Et primo tretze pipas de vi roge.

Item dotze barriquas tant de blanc que de roge.

Item una taula redonda de fusta an tres pecols de fusta, de petita valor, per tenir dornas.

Item ung tros de canal de plom de una cana de long ou environ.

Item sincq mesuras de fusta, l’una de mieyt pega, duas d’ung quart cascuna, et duas cascuna

de ung uchau, vielhas et usadas.

Item duas cossolas de fusta per tenir de jotz las pipas, miegas usadas.

Testes fuerunt rogati et vocati Guihermus de Trisageto, mercator, et Johannes Langloys, alias

Pigaud, massonerius Tholose habitator, et ego Johannes Leysaci, notarius Tholose publicus

qui.

[Fol. 46] De inde vero anno quo supra et die decima septa dicti mensis junii, continuando

dictum inventarium preffati tutores reperierunt in dicta hereditate bona sequencia.

Et primo en la sala nauta de ladita mayson, ung archalieyt d’avet de detz pams de long et

hueyt pams de large ou environ.

Item ung cayssa banc d’avet vielh dins loqual non a res.

Item dus bancz d’avet an quatre pecols de fusta, de petita valor.

Item duas cossenas miegas usadas, l’una de tres pernas et l’autra de duas pernas, an barras de

pers, garnidas de pluma.

Item duas cossis garnitz de pluma per lodit lieyt, de X pams de long.

Item duas flassadas verda garnidas de roge, rompudas et vielhas, de petita valor.

Item quatre bancals vielhs, usatz et troncatz, de duas canas de long cascun, de petita valor.

Item una taula d’avet de duas canas de long ou environ, an dus escandels de coralh.

Item ung archibanc d’avet an armaris sans portas, loqual a una cana et miega de long.

Item ung dreyssador d’avet vielh, que non y a poinct de sarralhas ny tirador.

Item una taula de noguie vielha, de duas canas de long, laquala no a poinct d’escandels.

Item ung banc d’avet vielh an quatre pes de fusta.

Item dus capfoguiers de fer simples, de que l’ung no a poinct d’arrest per tenir l’ast.

[Fol. 46v] En la cambra dels vayletz.

Et primo ung archalieyt d’avet de detz pams de long et hueyt pams de large.

Item una cossena vielha de tres pernas, garnida de pluma, an sas barras de pers.

Item una petita mossieyra garnida de pluma, vielha.

Item tres coyssis, los dus de detz pams de long cascun et l’autre de una cana, an vetas de pers,

vielhs, garnitz de pluma.

Item una flassada blanca usada et vielha, an las barras de pers.

Item ung cayssa banc vielh et romput en loqual non a poinct de serralhas ny de claus, dins

loqual non a res.

Item ung autre archalieyt d’avet de detz pams de long et hueyt d’ample.

Item una cossena vielha, barrada de pers, de duas pernas, garnida de pluma.

Item ung coyssi vielh de dextz pams de long, garnit de pluma.

Item una flassada vielha et tota esperucada.

Item una cayssa d’avet als pes del lieyt, sens cubercle et sens sarralha, vielha, dins laquala non

a res.

Item ung banc d’avet an quatre pecols de fusta.

En la petita saleta devers la carriera de Polieras non si es res trobat.

Page 17: De la pâtisserie à l'auberge: la pluriactivité d'un

En la cambra en que dormia mestre Johan et los enfans devers ladita carriera.

Et primo ung archalieyt d’avet de detz pams de long et hueyt de large.

Item una cossena vielha de tres pernas an vetas de pers, garnida de pluma.

[Fol. 47] Item ung cossi vielh an barras de pers de detz pams de long, garnit de pluma.

Item una flassada verda an barras de roge et de pers, vielha et trancada.

Item una autra flassada vielha et usada, bigarrada de diversas colors.

Item tres bancz d’avet an quatre pecols cascun per lo servici deldit lieyt.

Item ung espiot de fer clavelat en ung basto.

En la petita cambra devers lo balet.

Et primo ung archalieyt d’avet de nou pams de long et sieys pams de large.

Item duas petitas cossenas de duas pernas cascuna, barradas de pers, dins las qualas non a

gayres de pluma, miegas usadas.

Item ung cossi de hueyt pams de long, garnit de pluma, mieyt usat.

Item ung autre coyssi de bres garnit de pluma.

Item ung autre archalieyt d’avet de una cana de long et sieys pams d’ample.

Item una cossena de duas pernas, vielha, garnida de pluma.

Item ung cossi de una cana de long garnit de pluma.

Item una flassada vielha an vetas de diversas colors.

En la cambra de la carnsalada.

Et primo una escala longo de XV pams ou enviro, d’avet, miega usada.

Item ung cayssa banc vielh d’avet, en loqual a dus megas, en l’ung non a poinct de sarralha ny

clau, dins loqual a tres toalhas et ung toalho et ung [Fol. 47v] lensol, que tout es en gagte et

om non sap de qui ny per quant de soma.

Item en autre mega a sarrralh vielha, de petita valor, sans clau, dins loqual a un gran cap de

pelhas vielhas que non valen res.

Item ung autre caysabanc d’avet, loqual a dus megas din losquals en lug a VIII sacz grans de

detz punheras cascun et hueyt petitz sacz de ung cestier cascun. Dedins l’autre mega non si es

res trobat si non duas livras de candelas ou environ, losquals megas non an poinct de sarralhas

ny de claus.

Item duas petitas portas de fer estreytas de fenestras que an quatre pans de long cascuna ou

enviro.

Item duas justas d’estanh cayradas, cascuna de sincq uchaus, et una justa d’estanh cayrada de

mieyt pega, et ung justet de de ung cart redon, et tres candaliers de lato petitz, que tout es

engatges et om non sap per quinha soma.

Item una escalfeta de lato que es engatges.

Item dus plaquiers de fer per fer oblias.

Item hueyt penars sive cotels a forma d’espasa, viels, rovilhatz, que son engatges, que om non

sap de qui son.

Item ung forcat de fer que non val gayres an lo mange de fusta long.

Item tres coffretz romputz, viels, dins losquals non a res.

Item ung petit metalh romput an anssa de fer, et dus candaliers petitz romputz de lato, et ung

simbol de metalh romput sans batalh.

Item ung petit mortier de metalh an son [Fol. 48] pilo de metalh pesan tout70

livras ou environ.

Item ung lavamas de lato sans cubercle, vielh, loqual es engatges non sap om per quant.

Item una cayssa vielha d’avet an sa sarralha, vielha, dins laquala a certana quantitat de ly,

loqual es a penchenar et a filhar.

70 Blanc.

Page 18: De la pâtisserie à l'auberge: la pluriactivité d'un

Item una autra cayssa d’avet de miega cana de long, vielha, an sarralha et clau vielha, dins

laquala si es trobat duas longieras cascuna de duas canas d’estopa et nou servietas grossieras

que son engatgedas per ung home de Gasconha.

Item una cayssa d’avet rompuda, vielha, an sarralha tota rovilhada, dins laquala non a res.

Item hueyt cartiers de carsalada vielha per la provision de la mayson.

Item ung estillador, loquel es de Sanct Orens segon que ditz la dona, loqual es assetiat dins la

chaminera de ladita cambra.

En lo granier desus la sala nauta de ladita mayson.

Et primo sieys cartons de blat fromen71

.

Item duas punheras de segle.

En la cambra desus la botigua de la pastissaria devers ladita carriera.

Et primo ung archalieyt d’avet de detz pams de long et hueyt de large.

Item una cossena vetata color pers, de duas pernas et miega, garnida de pluma.

Item Ia autra cossena de tres pernas vergada de pers, en laquala non a gayres de pluma.

[Fol. 48v] Item dus coyssis garnitz de pluma, de una cana de long cascun an barras de pers.

Item ung archalieyt d’avat de la longo de hueyt pams et d’ample de sept pams.

Item una cossena garnida de pluma, vetada de pers, de duas pernas.

Item ung cossi de una cana de long, garnit de pluma.

Item una mossa garnida de pluma, de duas pernas, laquala es engatges et es de Frances de

Robiana, et una flassada bigarrada miega usada.

Item ung coyssi garnit de pluma de sept pams de long an barras de pers.

Item una taula de noguier de una cana de long an los escandels de coralh obratz.

Item ung archibanc de coralh de detz pams de long, en loqual a dus megas cascun, an sa

sarralha et clau, dins l’ung dels quals si es trobat so que si ensiec.

Et primo duas toalhas de ly obra de Rey, que an de long cascuna tres canas ou environ, miega

usadas.

Item detz toalhas de ly et de carbe de ladita obra de Rey, que cascuna a de long duas canas et

miega ou enviro, miegas usadas.

Item duas toalhas usadas, obra de Venisia, de petita valor.

Item onze longieras de ly et de carbe de duas canas et miega de long cascuna, miegas usadas.

Item una toalha de ly et de carbe, obra de Venisia, de la longo de duas canas et miega.

Item ung toalh de dreyssador romput, de petita valor.

[Fol. 49] Item ung lensol de ly de tres pernas, loqual es en tres pessat d’estopa.

Item ung autre lensol de ly de tres pernas, loqual es engatges et om non sap par quanta soma

ny de qui.

Item dins l’autre caysso se es trobat so que si ensiec. Et primo sieys toalhas de ly et de carbe,

que cascuna a tres canas de long ou environ, obra de Venisia.

Item quatre toalhas d’estopa usadas, cascuna de duas canas et miega de long.

Item tres toalhas obra de Rey, de ly et de carbe, de duas canas et miega de long cascuna.

Ietm tres toalhas d’estopas vielhas, de petita valor, de duas canas et miega cascuna de long.

Item duas toalhas d’estopas grossas de duas canas et miega cascuna de long.

Item tres petitas longieras de las qualas las duas an duas canas de long et l’autra una cana, de

ly et d’estopa.

Item duas pernas de lensoli d’estopa.

Item en ladita cambra si es trobat dus landies de fer quasi naus.

Item unas bregantinas usadas et vielhas.

71 Barré : ou environ.

Page 19: De la pâtisserie à l'auberge: la pluriactivité d'un

Item una lanssa sive genelina an son fer.

Item tres espasas, una de duas mas et duas petitas de una ma, et ung bloquier que es engatge

tot.

Item ungs fers per fer los brassadels.

Item sept pessas de fer per far las oblias.

[Fol. 49v] Item ung estuch de barbies dins loqual non a res.

Item una petita botgeta garnida de fer blanc, cayrada, en laquala no a res dedns [sic].

Item una cayssa d’avet de la longo de detz pams, laquala no a poinct de sarralha, en laquala si

son trobadas las causas que si ensiegon. Et primo duas toalhas grossas d’estopa de tres canas

de long cascuna, rompudas et trancadas et vielhas.

Item duas toalhas de tela de duas canas et miega de long cascuna, per la taverna, usadas.

Item tres toalhas totas rompudas et trancadas, per lo servici de la mayson.

Item duas petitas toalhas de petita valor, usadas.

Item autras duas toalhas usadas, de duas canas de long cascuna.

Item una granda longa caysa d’avet, estreyta, als pes del gran lieyt, laquala a dus miega

cascun, an sa sarralha et clau, dins l’ung dels quals si es trobat so que si ensiec.

Et primo detz et nau lensols de ly et d’estopas, cascun de duas pernas, miech usatz.

Item tretze lensols, cascun de tres pernas, de ly et d’estopas, miech usatz.

Item tres lensols blasitz et romputz, de petita valor, de tres pernas cascun, de ly et d’estopas.

Item en l’autra mega de ladita caysa si es trobat so que si ensiec. Et primo vingt et dus lensols

de duas pernas cascun, de ly et de carbe, usatz, que non valon gayres.

Item ung lensol de tres pernas, usat, de ly et d’estopa.

[Fol. 50] Item dus goties an frangas de la longo de quatre canas et miego ou environ.

Item ungs gotiers del petit lieyt an sas frangas que an de long tres canas ou enviro.

Item ung cofre de coralh ferrat als cautos an sa sarralha, bon, que a de long una cana ou

environ, dins loqual si son trobadas las causas que si ensiegon. Et primo septanta et sieys

lensols de duas pernas cascun, usatz et viels, per lo servici dels lieyts de la taverna, d’estopa et

de ly.

Item quatre lensols totz tranquatz, de duas pernas, de ly et d’estopas.

Item duas lensols de tres pernas cascun, totz trancatz et de petita valor.

Item ung sac de tela petit, en loqual a certanas lectras an certan appunctament tocant la plassa

del hostal nou sur lo playt que lodit mestre Masse menet an Johanot de la Postaria.

Item ung petit coffre de noguier de la longor de tres pams ou environ, en loqual son lo juels de

la molher deldit mestre Masse.

Item una cayssa de avet de la longo de una cana, en laquala a tres megas, dins l’ung des quals

si es trobat certana quantitat de gromissels de fiel d’estopa, et en l’autre certana quantitat de

fiel en estantas d’estopa et de ly, et en l’autre aussi ben certana quantitat d’estantas d’estopa et

de ly.

Item una cayssa d’avet de sieys pams de long an sa sarralha et clau, dins la [Fol. 50v] quala a

dus sacz petitz, cascun de ung sestier, et ung de detz punheras.

Item tres justas d’estaing, duas redondas et una cayrada, que son engatge totas tres per ung

escutz.

Item plus duas justas redondas de estaing et ung justet de tres uchaus, tout engatge per dus

escutz.

Item certana quantitat de petitz libre, tant de pargam que de papier, et una Bibla so es lo Vielh

Testament en pargam, so es en tout VIII volums, et ung berviari de pargam vielh de petita

valor, et tout es engatge que om non sap de qui es ny per quant de soma.

Item una cayssa d’avet de nou pams, vielha, sans sarralhas, dins laquala si es trobada une

sarga roga vielha rompuda.

Item XII pams de mescla en doas pessas.

Page 20: De la pâtisserie à l'auberge: la pluriactivité d'un

Item ung tros de pers que tira X pans, que es de Narbona, que son marit que Dieu perdone ly

avia donat per fer rauba.

Item ung gipo de bombasina de mossenhor Fossat de Blanquet, nau.

Item plus ung sayo de mescla [Fol. 51] tanad.

Item duas raubas deldit mossenhor, l’una de mescla blanca, simpla, miega usada, et l’autra de

gris, laquala non es acabada de fer car y a falhit drap per fer las manchas.

Item ung capeyro de bruneta vielh que era deldit mestre Masse.

Item ung petit mantel vielh et usat de Brucelh.

Item ung tros de trelis bigarrat, loqual tira quatre canas et miega de long.

Item una rauba de rosat de fama, las manchas formadas de grises totz pelatz de las arnas, et

ladita rauba tota simpla.

Item una cayssa longua d’avet, laquala a dus megas an sarralhas, dins l’ung dels quals a XIII

toalhas d’estopa ustaz, et en l’autre miga a certana quantitat de fiel d’estopa tant en estantas

que en gromissels, et autra certana quantitat de frapana et pelhas per lo servici de la botigua

que non valen res.

Item una autra cayssa d’avet de la longo de detz pams, en laquala [Fol. 51v] a dus migas an sa

sarralha, cascun dins l’ung dels quals a certana quantitat de petitz drapz romputz que son per

estopar enfans.

Item dedins l’autre miga a LIX toalhas d’estopa et de ly, totz romputz et tranquatz, que non

valon res.

Item una autra cayssa d’avet de la longo de sieys pams ou environ, dins laquala a drapz

essugamas romputz, et filatz romputz per fer essugamas per la taverna.

Item una petita cayssa de noguier de quatre pams de long, dins laquala a certana quantita de

camisas vielhas et rompudas.

Item sieys camisas de tela de Bretanha crusa per lodit mestre Masse, que non son encoras

cosudas.

Item ung caysso de noguier de dos pams de long, ferrat et obrat de part d’avant, tout nau et

ferrat als cautes, dins lo quas non a res.

Item una cayssa d’avet vielha an sa sarralha et lo cubercle romput, dins laquala a una pessa de

roge de Phelatin que tira sincq canas et V pams [Fol. 52] de long, que la mitat es de mestre

Johan Clavelli, notayre.

Item lo Vielh Testament de la Bibla en papie escrit de pressa, religat, cubrit de vert.

Item unas Clamentinas en pressa, religadas, que son engatge.

Item ung Ensorciat escript de la ma, en pargam, que es engatges.

Item ung grant volum de Viel Testament que es en pargat, de letra vielha, que es engatges.

Item lo test del Boeci en papie cum cumento, de petit volum, escript de la ma.

Item ung coffre de noguie bon et sufficien an sa sarralha, en loquel a ung sac de tela de duas

punheras, en loqual sac a certana quantitat de instrumens, tant de acquisitions que obliganssas

et arrendamens et autres escriptz, et desqualz en ung petit libre contenent72

folhetz de papie de

la petita forma, loqua comenssa en tal maniera. Ensigeon se los instrumens tants acquisition

que etc.

Item dus justetzs ayguassiers de pelpre obratz afaysso d’argen en [Fol. 52v] cosquilhas sobre

la tonatz al bort.

Item dus salhinhes an long pie et an cubercle d’estanh.

Item ung petit coffret de noguier an sa sarralha, que a de long dos pans, dins loqual si son

trobadas las monedas que si ensiegon. Et primo quatre cens doblas de Borbon.

Item sieys cens quarante sieys alabardas

Item sept cens septanta dus Morlas.

72 Blanc.

Page 21: De la pâtisserie à l'auberge: la pluriactivité d'un

Item cent et setze doblas de Lausana.

Item novanta duas doblas de Senoyo

Item sieysanta duas pessas apeladas Quausses

Item cent et vingt et hoeyt Morlas viels.

Item trenta et una dobla Bretanha.

Item dus cens quaranta sieys blanquas de episcopo

Item quatre cens vingt et nou deniers de la vaqua.

Item sieysanta sieys deniers.

Item cent et vingt et hoeyt ardits viels per avar a Sanct James.

Item tres reals de argen de Castilha, cortz et fort rodonhatz.

Item detz et hoeyt grosses de argen de Papa.

Item en doblas de quatre arditz pessa, quinze livras tornesas et quinze sous.

[Fol. 53] Item cent et quinze doblas de la Serpen.

Item dus cens quaranta doblas de Lala.

Item en doblas de Karolus, tres livras quinze sous tornes.

Item setze pessas de diversas monedas que non an poinct de cors et non valen gayres.

Item dus lions d’or.

Item dus escutz viels d’or.

Item tres ducatz d’or de misa.

Item dus ducatz que non son de misa.

Item ung ayglat d’or.

Item dus miechs escutz al solelh.

Item ung flori d’or de Sanct Andrieu.

Item tres floris duchat d’or.

Item quatre floris autrech d’or.

Item mieyt noble de la nau d’or.

Item ung salut et mieyt d’or.

Item mieyt escut a la corona.

Item miech escut a la corona et miech ducat falses.

Item tres testons de Mila.

[Fol. 53v] Item sieys tassas d’argen et dus culhers d’argen que pesan las ditas tassas et culhies

sieys marcz et sieys onssas d’argen.

Item una tassa d’argen que pesa tretze onssas et detz deniers, laquala es de Yvonet Roand

alias Plasensa, pastissier de Tholosa et es engatges per la soma de setze livras tornesas.

Item una garria d’estanh del pes de detz et nou livras.

Item quatre justas, tres redondas et una cayrada ; las tres son de ung pega cascuna et l’autra de

ung pega et miech, pesan totas quatre trenta una livras.

Items hueyt justas redondas de miech pega cascuna, d’estanh, pesan totas vingt et nau livras.

Item plus hueyt justets, cascun de un quart, redons, pesan totz detz et hoeyt livras.

Item tres justetz redons, cascun de ung uchau, d’estanh, et dos justetz aygassiers an broc et et

[sic]73

una justa redonda de tres quartz [Fol. 54], pesa tot dotze livras.

Item onze platz tant grans que petitz, pesan toutz vingt et duas livras et miega.

Item quinze escudelas planas d’estanh et tres grasaletz et onze escudelas an aurelhas d’estanh,

pesa tout quaranta quatre livras et miega.

Soma que pesa tota ladita quantitat deldit estanh hoeytanta duas livras et miega.

Item plus dus petitz salhinhes d’estanh sens cubercle, de petita valor.

73 Répétition.

Page 22: De la pâtisserie à l'auberge: la pluriactivité d'un

Testes fuerunt Arnaldus Guilhermus, pagesi loci de Villanova Tholosana, et Johannes

Brandoyni, ministerius Tholose, et magister Johannes Clavelli, notarius Tholose habitator, et

ego Johannes Leysaci, notarius.