cahier spÉcial e francophonie - le devoir...francophonie e 2 le devoir, les samedi 17 et dimanche...

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Francophonie LES SAMEDI 17 ET DIMANCHE 18 MARS 2018 Un monde plus équitable... et en français E 2 Francophonie canadienne : le début d’un temps nouveau E 5 CAHIER SPÉCIAL E Du Québec à la Terre de Feu, en parcourant le fief de Trump et les multiples États d’Amérique latine et du Sud, près de 33 millions de personnes parlent le français sur le continent américain. Et c’est sans compter les nombreux francophiles amoureux de la langue de Molière, qui est aussi celle de Gabrielle Roy, une Franco-Manitobaine, et de Dany Laferrière, d’origine haïtienne, pour ne nommer qu’eux. ANNICK POITRAS Collaboration spéciale « Q uand les gens réalisent qu’il y a autant d’individus qui par- lent le français dans les Amé- riques, leur mâchoire se dé- croche ! » s’exclame Denis Desgagné, président-directeur général du Centre de la francophonie des Amériques, qui a pignon sur rue dans le Vieux-Québec. En effet, le français étend ses tentacules bien au-delà du Québec, reconnu comme berceau de la francophonie en Amérique du Nord. Le français, c’est aussi la langue de plus de 10 millions de Canadiens, de 11 millions d’Américains, de 9 millions de résidents des Caraïbes et de plus 2 millions de Sud-Américains. Et plus de 200 000 Mexicains conversent en français entre deux fajitas ! Ériger des ponts entre tout ce beau monde, c’est la mission à laquelle se consacre quotidiennement le Centre, qui a été fondé en 2008 dans le cadre du 400 e anniversaire de la ville de Québec. « À l’heure où il y a une forte attraction vers l’anglais, notamment due à Internet, il est plus important que jamais de promou- voir le français dans le contexte de la diversité cultu- relle des Amériques », explique Denis Desgagné, qui dirige l’organisme depuis 2011. La création du Centre reflète la volonté du Québec d’assumer un leadership dans cette communauté épar- pillée aux quatre vents. « Notre vision est celle d’une francophonie en mouvement, solidaire et inclusive, fait valoir le directeur-général du Centre de la francophonie des Amériques. Nos programmes et activités dévelop- pent des liens durables qui stimulent les échanges. On contribue aussi à une meilleure connaissance mutuelle des communautés francophones et des organismes qui œuvrent pour la promotion du fait français. » Le grand « tintamarre » du français Pour le Centre de la francophonie des Amériques, le mois de mars est l’occasion de faire rayonner les réali- sations des communautés qui travaillent à mettre la francophonie en valeur. Sur le thème « Ensemble pour une francophonie vi- vante ! », une trentaine d’activités se déroulent cette an- née dans sept pays des Amériques : spectacles musi- caux, prestations de poésie ou d’improvisation, rendez- vous littéraires avec des auteurs, projections de films, conférences, rencontres sous forme de panels et par l’entremise de portes interactives permettant des échanges entre des communautés du Nord au Sud. Des activités se tiennent au Québec (voir encadré en E 6), mais également en Bolivie, au Salvador, au Guatemala, au Mexique, à Los Angeles, à New York et CENTRE DE LA FRANCOPHONIE DES AMÉRIQUES Le français en Amérique, une histoire d’amour VOIR PAGE E 6 : FRANÇAIS ISTOCK

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Page 1: CAHIER SPÉCIAL E Francophonie - Le Devoir...FRANCOPHONIE E 2 LE DEVOIR, LES SAMEDI 17 ET DIMANCHE 18 MARS 2018 Un monde plus équitable… et en français! L’Institut de la Francophonie

FrancophonieLES SAMEDI 17 ET DIMANCHE 18 MARS 2018

Un monde pluséquitable... et en françaisE 2

Francophoniecanadienne:le début d’un tempsnouveau E 5

CAHIER SPÉCIAL E

Du Québec à la Terre de Feu, en parcourant le fiefde Trump et les multiples États d’Amérique latineet du Sud, près de 33 millions de personnes parlentle français sur le continent américain. Et c’est sanscompter les nombreux francophiles amoureux de lalangue de Molière, qui est aussi celle de GabrielleRoy, une Franco-Manitobaine, et de Dany Laferrière,d’origine haïtienne, pour ne nommer qu’eux.

A N N I C K P O I T R A S

Collaboration spéciale

«Q uand les gens réalisent qu’ily a autant d’individus qui par-lent le français dans les Amé-riques, leur mâchoire se dé-croche ! » s’exclame Denis

Desgagné, président-directeur général du Centre de lafrancophonie des Amériques, qui a pignon sur ruedans le Vieux-Québec.

En effet, le français étend ses tentacules bien au-delàdu Québec, reconnu comme berceau de la francophonieen Amérique du Nord. Le français, c’est aussi la languede plus de 10 millions de Canadiens, de 11 millionsd’Américains, de 9 millions de résidents des Caraïbes etde plus 2 millions de Sud-Américains. Et plus de 200 000Mexicains conversent en français entre deux fajitas !

Ériger des ponts entre tout ce beau monde, c’est lamission à laquelle se consacre quotidiennement leCentre, qui a été fondé en 2008 dans le cadre du400e anniversaire de la ville de Québec. «À l’heure où ily a une forte attraction vers l’anglais, notamment due àInternet, il est plus important que jamais de promou-voir le français dans le contexte de la diversité cultu-relle des Amériques », explique Denis Desgagné, quidirige l’organisme depuis 2011.

La création du Centre reflète la volonté du Québecd’assumer un leadership dans cette communauté épar-pillée aux quatre vents. « Notre vision est celle d’unefrancophonie en mouvement, solidaire et inclusive, faitvaloir le directeur-général du Centre de la francophoniedes Amériques. Nos programmes et activités dévelop-pent des liens durables qui stimulent les échanges. Oncontribue aussi à une meilleure connaissance mutuelledes communautés francophones et des organismes quiœuvrent pour la promotion du fait français.»

Le grand «tintamarre» du françaisPour le Centre de la francophonie des Amériques, le

mois de mars est l’occasion de faire rayonner les réali-sations des communautés qui travaillent à mettre lafrancophonie en valeur.

Sur le thème « Ensemble pour une francophonie vi-vante ! », une trentaine d’activités se déroulent cette an-née dans sept pays des Amériques : spectacles musi-caux, prestations de poésie ou d’improvisation, rendez-vous littéraires avec des auteurs, projections de films,conférences, rencontres sous forme de panels et parl’entremise de por tes interactives permettant deséchanges entre des communautés du Nord au Sud.

Des activités se tiennent au Québec (voir encadréen E 6), mais également en Bolivie, au Salvador, auGuatemala, au Mexique, à Los Angeles, à New York et

CENTRE DE LA FRANCOPHONIEDES AMÉRIQUES

Le français en Amérique, unehistoire d’amour

VOIR PAGE E 6 : FRANÇAIS

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Page 2: CAHIER SPÉCIAL E Francophonie - Le Devoir...FRANCOPHONIE E 2 LE DEVOIR, LES SAMEDI 17 ET DIMANCHE 18 MARS 2018 Un monde plus équitable… et en français! L’Institut de la Francophonie

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Un monde plus équitable… et en français!L’Institut de la Francophonie pour le développement durable : 30 ans d’évolution

M A R I E - H É L È N E A L A R I E

Collaboration spéciale

«La création même de l’Ins-titut de la Francophonie

pour le développement durable,l’IFDD, et toute son évolutionont été rythmées par l’ordre dujour international», lance d’em-blée son directeur, Jean-PierreNdoutoum. D’abord, ce sont lescrises pétrolières et leur impactdans les économies des dif fé-rents pays qui ont présidé à ladécision des chefs d’État et degouvernement réunis au Som-met de la Francophonie de Qué-bec en 1987 de créer l’Institut.Ils avaient constaté à quel pointles pays en développementétaient complètement vulnéra-bles aux crises pétrolières alorsque les pays du Nord réagis-saient de façon vigoureuse enmettant en place des politiquesou encore des agences de maî-trise de l’énergie. Et c’est Ro-bert Bourassa, alors premier mi-nistre du Québec, qui a vouluque ce premier organismeconnu sous le nom d’Institut del’énergie des pays ayant en com-mun l’usage du français voie lejour dans la ville de Québec.

À la suite de la conférence deRio en 1992, « toute la Franco-phonie, et l’Institut en particu-lier, est sensibilisée à la ques-tion environnementale et au dé-veloppement durable. Et c’estainsi qu’après quelques annéesde réflexion, en 1996, la Franco-phonie décide que l’environne-ment fera dorénavantpartie des missions del’Institut», rappelle sondirecteur. Plus tard en-core, après la rencon-tre Rio + 20 en 2012,l’Institut ne va plus se li-miter à l’action surl’énergie et l’environne-ment, mais va étendrecette dernière au déve-loppement durable. Etc’est en 2013 que l’organismedeviendra l’Institut de la Fran-cophonie pour le développe-ment durable.

Si l’intervention de l’Institutest multiforme et si sa cible ini-tiale était les États et les gou-ver nements, « el le a com-mencé à évoluer et nous avonsmultiplié et diversifié les pu-blics par nos actions », préciseJean-Pierre Ndoutoum. Au dé-par t, il s’agissait d’accompa-gner les États dans l’élabora-tion de politiques énergé-

tiques et par fois dans leurmise en œuvre. « Au fil dutemps, on s’est rendu comptequ’il fallait aller au-delà du pu-blic constitué des fonction-naires des administrations, etnous avons commencé à asso-cier tous ceux qui sont partieprenante de la décis ion »,ajoute-t-il. Et notamment, celas’est traduit par des interven-tions auprès des banques dedéveloppement et des minis-tères autres que le seul minis-tère de l’Énergie et de l’Envi-ronnement. L’action s’est en-suite étendue à la société ci-vile, qui occupe maintenant unpan important de l’activité del’Institut.

PiliersCes actions s’articulent au-

tour de quatre grands piliersqui sont le renforcement descapacités, la mise à dispositionet le partage de l’information,la mobilisation de l’expertisefrancophone et, finalement, laréalisation de projets.

« Nous renforçons les capa-cités humaines et techniquesdes agents avec lesquels noustravaillons et leur capacité ins-titutionnelle », précise le di-recteur. En fait, l’IFDD per-met aux universités ainsiqu’aux grandes écoles d’offrirdes programmes qui corres-pondent aux thèmes et ques-tions chers à l’Institut.

«En matière d’énergie, avecune école de Ouagadougou, au

Burkina Faso, nousavons mené une forma-tion en efficacité éner-gétique», explique le di-recteur. L’IFDD s’est iciimpliqué pour que lesétudiants soient formésà cette discipline, et lesecond objectif est queles bâtiments de l’écoledeviennent des exem-ples en la matière. «On

a accompagné l’école pendantquelques années et, au-jourd’hui, la formation se donnetoujours, mais sans nous… Mis-sion accomplie ! » lance fière-ment le directeur.

Un projet similaire a vu lejour, cette fois avec une écoled’architecture de Lomé, auTogo. «Avec l’idée d’amener lesarchitectes à concevoir des bâti-ments qui sont dès le départadapté au climat local, nousavons inséré un module de for-mation à l’école sur des notions

de constructions durables etécoénergétiques, et ce, dès laconception du bâtiment », ex-plique Jean-Pierre Ndoutoum.Cette formation, l’Institut l’ac-compagne encore, mais d’iciquelques années, l’école pourral’assumer elle-même.

Outils d’informationsLionelle Ngo-Samnick est la

spécialiste du programme enenvironnement de l’IFDD et,quand elle parle de mise à dis-position de l’information, elleinsiste sur le fait que c’est àl’aide de trois principaux outilsque l’Institut y parvient.

Il y a d’abord la plateformed’information Médiater re,mise en place en 2003. « C’estune plateforme participativedans laquelle les animateursproviennent d’un peu partoutdans l’espace francophone.On y accède grâce à un por-tail par région ou par thème »,explique-t-elle. Ce qui permetà une communauté de contri-buteurs de diffuser une infor-mation actualisée sur l’envi-ronnement. Cette plateformeest née du constat qu’il y avaitpeu d’information sur l’envi-ronnement diffusée en languefrançaise à l ’époque de sacréation. Aujourd’hui, ce sontprès de 11 000 membres quicontribuent à la plateforme enpubliant plus d’un million dedépêches par an. « C’est véri-

tablement un outil concret dediffusion de l’information, oùl’Institut constitue une plaquet o u r n a n t e p o u r t o u s l e scontributeurs, et ce sont lesacteurs francophones des or-ganismes, des associations etles universitaires qui appor-tent la matière », précise Lio-nelle Ngo-Samnick.

Les publications de l’Institutsont un formidable vecteurd’information. On trouve uner e v u e t r i m e s t r i e l l e d o n tchaque numéro traited’un sujet d’actualitéavec un parti pris pourl’environnement : ca-tastrophes naturelles,migrations environne-m e n t a l e s , e m p l o i sver ts ou déser tifica-tion. D’autres collec-tions sont constituéesd’ar ticles de fond, deguides pratiques ouméthodologiques.

Le troisième outil de par-tage de l’information est la pré-sence marquée de l’IFDDdans les grandes instances en-vironnementales. Il y ouvreson pavillon à toute une séried’événements : «pour débattre,communiquer et partager surles enjeux de l’environne-ment», raconte la spécialiste.

La mobilisation de l’exper-tise francophone et la mise enréseau de cette expertise sontun moyen pour l’IFDD de s’as-surer que l’environnement estun incontournable dans toutesles sphères de l’activité hu-maine. Par exemple, le projetsur l’évaluation de l’effectivitédu droit de l’environnementdans les systèmes judiciairesdes pays francophones fait ap-pel aux connaissances de laprofesseure de droit de l’envi-ronnement Sophie Lavallée,de l’Université Laval.

« C’est un programme qui

est en train de muter pours’adapter aux enjeux émer-gents de l’environnement. Onpar t du principe qu’on veutpréser ver l’environnement,mais pour le faire, il faut sedoter d’outils. L’Institut en aciblé un cer tain nombre et,parmi ceux-ci, il y a le droit del’environnement », préciseLionelle Ngo-Samnick.

Un droit récentLe droit de l’environnement

est très jeune, parmiles plus récents. Danssa courte vie, il a déjàbeaucoup évolué sur lascène internationaleavec des réglementa-tions signées, commela plus emblématique,celle de COP21 à Paris.« Malheureusement,cela ne se transposepas toujours dans les

législations nationales, surtoutcelles des pays du Sud et del’Afrique francophone », dé-plore Lionelle Ngo-Samnick.Les universitaires qui se sontpenchés sur cette question ontvite constaté le manque d’indi-cateurs pour mesurer la santéenvironnementale d’un État.

Un deuxième volet de ceprogramme permet de soute-nir la formation des magis-trats. « Pour pouvoir s’assurerde l’application du droit surl’environnement, il faut queles magistrats soient formés.On ne peut pas demander àun juge de se pencher sur desquestions environnementaless’il n’est pas au courant deslois ! » af firme Mme Ngo-Sam-nick. Actuellement, l’IFDDaide les écoles de magistra-ture à intégrer l’enseignementdu droit de l’environnementdans leur cursus. Des ma-nuels de formation ont été éla-borés et l’Institut participe à la

for mat ion de for mateurs .« Nous faisons le même exer-cice avec les ENAP en nousappuyant sur l’ENAP de Qué-bec. Le but est d’introduiredans les formations des futursadministrateurs les notions dedéveloppement durable »,ajoute Jean-Pierre Ndoutoum.

Finalement, un autre man-dat de l’IFDD est de mettre enplace des projets sur le terrain.Au départ, ces actions avaientvocation de démonstration. « Ils’agissait de faire connaîtreaux pays ou aux décideurs teltype de méthodologie ou detechnologie bénéfique à leurpays », explique le directeur.Ces actions de démonstrationont un cer tain impact, maismalheureusement, leur miseen place est souvent limitéepar la capacité financière del’Institut.

Aujourd’hui, un programmed’envergure est en voie de réali-sation dans les pays de l’Unionéconomique et monétaire ouest-africaine, l’UEMOA, qui re-groupe huit pays et qui est entiè-rement financé par l’Union àhauteur de 4 millionsd’euros.Ce programme consiste à établirl’étiquetage énergétique pourles appareils électroménagersqui vont entrer dans la région.La mise en place de cette éti-quette permet de chasser pro-gressivement les appareils lesmoins performants du marché«et d’empêcher que l’Afrique de-vienne la poubelle technolo-gique du monde », déclareM. Ndoutoum.

« Le rôle de l’Institut dansl’espace francophone n’estpas seulement technique et ildépasse largement la simplelangue française. Notre ac-tion vise l’équité citoyenne,qui permet un accès à l’infor-mation à tous », conclut Jean-Pierre Ndoutoum.

C’est en 1988 qu’est né l’Institut de l’énergie des pays

ayant en commun l’usage du français. Aujourd’hui re-

nommé Institut de la Francophonie pour le développe-

ment durable, il a un rôle qui s’étend bien au-delà des

questions énergétiques.

INSTITUT DE LA FRANCOPHONIE POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

L’Institut de la Francophonie pour le développement durable a soutenu le projet Adduction d’eau potable à Ambesisika, à Madagascar. Dorénavant,les villageois peuvent bénéficier d’eau potable grâce à la rétrofiltration biologique.

Le rôle de l’Institut dans l’espace francophone n’est passeulement technique et il dépasse largement la simple languefrançaise. Notre action vise l’équité citoyenne, qui permet un accès à l’information à tous.Jean-Pierre Ndoutoum, directeur de l’Institut de la Francophonie pour le développement durable

«»

Jean-PierreNdoutoum

Lionelle Ngo-Samnick

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PLUS DE 2,500 BOURSES DISTRIBUÉES

Plus de 2,000 diplomé-e-s

dans une trentained’établissements d’enseignements

canadiens francophones

des boursier-e-s réintégré-e-s

dans leur institution dans les 6 mois de

leur retour

de taux de réussite

des boursier-e-s

800 BOURSIÈRES DIPLOMÉESDES 37 PAYS BÉNÉFICIAIRES

www.boursesfrancophonie.ca /boursesfrancophoniecanada

Des bourses comme outils

d’autonomisationDepuis 1987, pas moins de 2408 bourses ont été octroyéesdans 37 pays de la Francophonie

M A R I E - H É L È N E A L A R I E

Collaboration spéciale

L’ « autonomisation », néolo-gisme boiteux pour rem-

placer l’intraduisible « empo-werment », définit le pouvoird’agir. Au Programme cana-dien de bourses de la Franco-phonie, le PCBF, cette notions’inscrit bien concrètementdans le quotidien de ses bour-siers. « Les 37 pays par tici-pants ont deux grands pointsen commun, ils sont bénéfi-ciaires de la Francophonie,mais également de l’aide pu-blique au développement duCanada », précise Tony Toufic,directeur du PCBF.

Avec un taux de réussiteprès des 80 %, les boursiers duPCBF, 2000 diplômés, dont800 femmes, se classent dansla moyenne des étudiants ca-nadiens. Les bourses sontprincipalement of fer tes aux2e et 3e cycles universitaires.Les candidats sont âgés enmoyenne de 38 ans et, dansleur pays, ils occupent tousdes postes clés. Chacun des37 pays bénéficiaires définitses priorités de formation et« s’engage à ce que ses candi-dats, après avoir étudié au Ca-nada, soient réintégrés dansles institutions lorsqu’ils re-viennent chez eux », expliquele directeur.

Les bourses sont assez gé-néreuses, avec des montantsallant de 30 000 $ à 40 000 $par année. Elles couvrentainsi toutes les dépenses desboursiers lors de leur séjourau Canada. Les universités

qui accueillent les candidatssont pour la plupar t situéesau Québec, puisque l’ensem-ble du programme doit êtredonné en français.

Bien sûr, les boursiers ontaccès aux formations inscritesaux programmes des universi-tés hôtes, mais depuis janvier2015, le PCBF a commencé àm e t t r e e n p l a c e d e s p r o -grammes sur mesure en par-tenariat avec les établisse-ments universitaires. TonyToufic cite l’exemple de l’Uni-versité Laval, où « on a unDESS en technopédagogieéducative qui permet à septboursiers, professeurs à l’Uni-vers i té v i r tue l le de Côted’Ivoire, de bâtir des compé-tences pour être en mesure dedévelopper des programmesde formation à distance dansleur pays ». D’autres pro -grammes sur mesure ont étémis sur pied, dont un stagepostdoctoral au Groupe inter-universitaire d’études et de re-cherches sur les sociétés afri-caines (GIERSA) qui rassem-ble l’Université Laval, l’Univer-sité de Montréal et l’Univer-sité du Québec à Montréal.

Opération de sauvetageau Laos

Au Laos, l’implication duPCBF a pris, au cours des der-nières années, un tour particu-lier. Cela se traduit par un ap-pui à l’Institut de la Francopho-nie pour la médecine tropicaledu Laos, qui depuis quelquesmois a changé de dénomina-tion pour devenir le PIST, leProgramme international pour

la santé tropicale. « Le défi dupays est d’avoir accès à desressources humaines quali-fiées. Plusieurs personnessont formées à l’étranger, maiscomme elles ne sont pas sinombreuses, quand elles re-viennent, elles sont dissémi-nées et c’est alors impossiblede former une masse critiquecapable d’aborder les nom-breux enjeux de société », ra-conte Tony Toufic.

À l’aide de partenaires natio-naux et internationaux, dontl’Université Laval, le mandatdu PIST est de former des mé-decins et autres profession-nels de la santé sur une duréede deux ans pour apporter undiplôme de maîtrise en méde-cine tropicale et en santé inter-nationale. Il vise à renforcerles compétences des prati-ciens du Laos. La formationqu’ils reçoivent se déploie surdeux axes : « Bien sûr, l’axe dela pratique qui intègre descompétences cliniques et desanté publique, explique le di-recteur, mais aussi un secondaxe de recherche qui visel’amélioration des réponsesapportées aux problématiquesvécues dans les milieux danslesquels ces professionnelsexercent. »

Lors de sa formation, lePIST — alors l’Institut de laFrancophonie pour la méde-cine tropicale du Laos — avaitbénéficié d’une subvention del’AUF, l’Agence universitairepour la Francophonie, pourune durée de 10 ans. Ce n’estqu’après 13 ans que l’AUFs’est lentement retirée du pro-jet pour finir par cesser toutessubventions en 2017. « C’esten 2013 que l’Université Lavalest intervenue pour assurer latransition vers l’autonomisa-tion et la pérennité de l’Ins-titut », rappelle Tony Toufic. À

l’époque, l’Université Laval in-vestit ses propres fonds en dé-tachant un professeur de la Fa-culté de médecine afin de dé-terminer les moyens d’assurerl’indépendance et l’autonomiefinancière de l’Institut.

Le PIST fonctionne désor-mais avec un budget assurépar le gouvernement du Laos.C’est en 2015 que le PCBF en-tre dans le partenariat et, de-puis, quatre bourses ont été of-fer tes à des candidats venusétudier à l’Université Laval.Ces derniers possèdent déjàune maîtrise, ils se sont enga-gés envers leur pays et encontrepartie, le PIST leur as-sure un engagement en tantque professeur. « L’élémentprincipal, c’est de créer unemasse critique de professeursformés à l’extérieur pour per-mettre la mise en place d’unréseau», ajoute-t-il.

La première au PIST à profi-ter d’une bourse a été Vieng-samay Sengchaleun, qui pour-suit actuellement son doctoratà l’Université Laval. Elle sespécialise en recherche quali-tative, une compétence néces-saire afin de déterminer lesfacteurs complexes sur les-quels on peut agir pour dimi-nuer de façon efficace un pro-blème de santé. Tony Touficprécise qu’« elle est formée ensanté communautaire, en pro-motion de la santé et en santépublique ».

Le Laos n’est qu’un exemplede ce qui se passe dans les 37pays bénéficiaires des boursesdu PCBF. Le financement dece programme relève du gou-vernement du Canada par l’en-tremise du ministère des Af-faires mondiales et est gérépar le consortium Bureau ca-nadien de l’éducation interna-tionale et Entraide universi-taire mondiale du Canada.

Le Programme canadien de bourses de la Francophonie tra-

vaille au renforcement institutionnel des pays participants.

Tony Toufic, son directeur, explique comment l’expérience

acquise par les boursiers aura des effets positifs durables

de retour dans leur pays.

Apporter un regard nouveau sur les pays africains. C’est

l’objectif de la nouvelle collection « Sociétés africaines en

mutation», proposée par les Presses de l’Université du Qué-

bec (PUQ).

SOCIÉTÉS AFRICAINES EN MUTATION

Mettre en avant une Afrique plurielleUne collection des PUQ veut porterun nouveau regard sur l’Afrique

A L I C E M A R I E T T E

Collaboration spéciale

« G lobalement, le pro-blème de l’Afrique,

c’est que plusieurs nous disentce qu’elle n’est pas, mais pasvéritablement ce qu’elle est, cequi alimente d’ailleurs un cer-tain nombre d’idées reçues »,lance d’emblée Issiaka Mandé,professeur au Département descience politique à l ’ Un i ve r -s i té du Québec à Montréal(UQAM) et codirecteur de lanouvelle collection. Pourtant,le professeur le rappelle, la po-pulation africaine est la plusjeune des cinq continents et letaux de croissance est à deuxchif fres dans cer tains pays.« Les innovations sociales etéconomiques sont importanteset passionnantes, c’est notam-ment ce que l’on veut mettreen avant dans cette collec-tion», mentionne-t-il.

En outre, «Sociétés afri -caines en mutation» est uniqueen son genre, puisque, au Qué-bec, il n’existe pas d’autres col-lections universitaires consa-crées à l’Afrique. « Il y a peut-être quelque chose que le Qué-bec peut apporter comme re-gard par rapport à l’Afrique,avec une histoire dif férente,sans le passé colonial. Nouspouvons trouver un espaced’écriture, de réflexions diffé-rentes [de la France ou d’au-tres pays européens]», défendRichard Marcoux, professeurau Département de sociologiede l’Université Laval, lui aussicodirecteur de la collection.

La francophonie en pointcommun

« Nous partageons la languefrançaise dans plusieurs paysafricains, et cela peut renfor-cer les relations entre le Qué-bec et l’Afrique, et pas unique-

ment au niveau de l’importationde biens matériels», estime Is-siaka Mandé. Pour lui, si la«francophonie économique» estpassionnante, la «francophonielittéraire et sociale» doit être da-vantage explorée. «Nous avonsbeaucoup à partager», croit-il. Ilmentionne les pays franco-phones engagés dans un pro-gramme de réformes de l’ensei-gnement supérieur, dont le Qué-bec pourrait s’inspirer. À l’in-verse, la Belle Province pourraitexporter le principe des cégeps.«Cela pourrait être mutuelle-ment enrichissant », ajoute leprofesseur. En outre, M. Mandérappelle que de plus en plusd’étudiants formés dans desuniversités québécoises sonten poste en Afrique. « Leschoses sont en train de chan-ger, mais il existe encore cer-taines dif ficultés de promo-tion au niveau de l’enseigne-ment supérieur, plusieurs per-sonnes qui ont fait un doctoratau Québec ont du mal à s’insé-rer en Afrique », ajoute-t-il.

Regards croisésLa collection propose des ou-

vrages collectifs, permettantainsi de croiser les points devue de sociologues, d’anthropo-logues, d’historiens, de polito-logues, de démographes, degéographes, de juristes et d’au-tres spécialistes des sciencessociales et humaines. «Nous re-cevons des manuscrits passion-nants », glisse Issiaka Mandé.Plusieurs thémes peuvent êtreabordées: l’économie africaineet le bilan des politiques de dé-veloppement, l’urbanisation etles enjeux de l’Afrique citadine,les transformations démogra-phiques et la population, lesnouvelles dynamiques fami-liales, les rapports intergénéra-tionnels ou encore les rapportssociaux de sexe.

SIA KAMBOU AGENCE FRANCE-PRESSE

L’urbanisation et les enjeux de l’Afrique citadine est un thème que lacollection « Sociétés africaines en mutation » pourrait consacré à unouvrage.

Le problème de l’Afrique, c’estque plusieursnous disent cequ’elle n’est pas,mais pas cequ’elle est, ce quialimente nombred’idées reçuesIssiaka Mandé, codirecteurde la collection «Sociétésafricaines en mutation»

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F R A N C O P H O N I EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 7 E T D I M A N C H E 1 8 M A R S 2 0 1 8E 4

vous offrent chaque jour le meilleur des deux mondes :

la francophonie d’ici et d’ailleurs.

et

La place du français progresseLa Francophonie se transforme et le nombre de francophones augmente

MIGRATIONS DANS L’ESPACE FRANCOPHONE NORD-AMÉRICAIN

À l’origine des communautés francophonesDepuis toujours, la migration francophone est très importante au sein du continent

A L I C E M A R I E T T E

Collaboration spéciale

D ans différentes communautés, du Canadaau Mexique en passant par les États-Unis

et les Caraïbes, le français demeure unelangue bien vivante dans le quotidien des po-pulations. Comment se sont-elles constituéeset quels en sont les marqueurs ? À l’occasionde la Journée internationale de la Francopho-nie, le 20 mars, quatre experts répondront àces questions lors du colloque Migrationsdans l’espace francophone nord-américainpassé et présent. « Il est important de rappelerla présence de communautés francophonessur le territoire nord-américain », pense Ri-chard Marcoux, directeur de l’Observatoiredémographique et statistique de l’espace fran-cophone (ODSEF), organisateur de l’événe-ment, avec le Centre de la Francophonie desAmériques (CFA).

Mouvements migratoires« Lorsqu’on parle de l’immigration franco-

phone, on a souvent l’impression que ça nedure que depuis 25 ou 30 ans, mais les franco-phones sont en fait très mobiles depuis l’arri-vée des Français au XVIIe siècle », lance d’em-blée Yves Frenette, spécialiste de la francopho-nie nord-américaine et de l’histoire de l’immi-gration et des groupes ethniques. Celui qui estaussi professeur et titulaire de la Chaire de re-cherche du Canada de niveau 1 sur les migra-tions, les transferts et les communautés fran-cophones à l’Université de Saint-Boniface pré-sentera notamment les trois grandes périodesde l’histoire des migrations francophones enAmérique du Nord.

La première vague migratoire correspond àla Nouvelle-France. « Il s’agit d’abord de la pé-riode coloniale française, les premiers foyersde peuplement, depuis l’occupation de l’Acadiejusqu’à la chute de la Nouvelle-France, puis dès1763, la période coloniale anglaise », résume leprofesseur. Puis, vient la période de la migra-tion de masse, entre 1840 et 1930. « À ce mo-ment-là, nous constatons une grande crois-sance des mouvements», explique-t-il. De nom-

breux Québécois partent aux États-Unis et enNouvelle-Angleterre, d’autres se rendent enOntario ou dans les provinces des Prairies.« C’était une mobilité très intense. Si on avaitpris le train il y a 100 ans, dans toutes les direc-tions on aurait rencontré des francophones quiprenaient la route pour aller travailler ailleurs»,développe le professeur. En plus de ces migra-tions intracontinentales, de nombreux Françaiset Belges sont venus s’établir dans les Prairiescanadiennes, au Québec et aux États-Unis.Pour finir, la troisième période s’étale de 1930 à1980, alors que les migrations continentales di-minuent. « À ce moment-là, il y a eu beaucoupde mobilité à l’intérieur même du Québec avecl’ouverture de nouvelles zones de peuplement,notamment grâce à l’expansion des ressourcesnaturelles», détaille le professeur.

Stratégies de déplacementAlors que certains se représentent les fran-

cophones comme un peuple sédentaire etgéographiquement stable, en réalité, la mobi-lité a toujours été très présente. « Contraire-ment à l’image que peuvent avoir les franco-phones d’une même famille qui, générationaprès génération, habite le même lopin deterre, les migrations francophones ont tou-jours été très importantes, explique le profes-

seur. Sans cette mobilité, il n’y aurait pas decommunautés francophones à la grandeur ducontinent nord-américain aujourd’hui. »

En outre, dès la migration de France versla Nouvelle-France, l’économie et les rela-tions de parentés sont centrales dans les mi-grations. « Une des raisons majeures de lamigration est la volonté d’assurer à ses en-fants un avenir. Dès les débuts, la migrationconstitue une stratégie d’améliorer sa condi-tion, à soi-même et à celle de sa famille »,commente Yves Frenette.

Une migration à plusieurs visagesLors du colloque, Jean-Pierre Corbeil, direc-

teur adjoint de la division de la statistique socialeet autochtone, à Statistique Canada, brossera leportrait des flux migratoires de 1991 à 2016. Ladiaspora haïtienne sera aussi abordée, avec Sa-muel Pierre, professeur à l’École polytechniquede Montréal, président-cofondateur de la Fonda-tion Québec-Haïti pour une scolarisation univer-selle de qualité, ainsi que de la Fondation canado-haïtienne pour la promotion de l’excellence enéducation. Pour compléter ce portrait de la mi-gration francophone en Amérique du Nord, Hay-dée Silva, professeure à l’Universidad NacionalAutónoma de México, parlera de la francophonieen Amérique latine.

L’empreinte de la langue française traverse l’ensemble du territoire nord-américain.

Où sont les francophones dans cet espace et comment se sont fondées ces diffé-

rentes sociétés ?

A L I C E M A R I E T T E

Collaboration spéciale

«La Francophonie se trans-f o r m e e t c ’ e s t t a n t

mieux », lance d’emblée Ri-chard Marcoux, directeur del’Observatoire démographiqueet statistique de l’espace franco-phone (ODSEF). Avec l’Organi-sation internationale de la Fran-cophonie (OIF), M. Marcoux etson équipe ont pour mandat derépertorier le nombre de fran-cophones sur la planète. Leurrapport sur le français est pu-blié tous les quatre ans depuis2010 et celui de 2018 est encours de préparation. Lors de lapublication de La langue fran-çaise dans le monde — 2014, lenombre de locuteurs s’élevait à274 millions. « Pour 2018, jepeux dire que nous observonsune croissance importante desgens parlant français, des gensqui utilisent le français», avanceRichard Marcoux.

Qui sont les francophones?

Entre langue nat ionale ,langue co-officielle ou encore

langue d’enseignement, lefrançais n’est pas utilisé par-tout de la même façon. Si auQuébec, en France ou encoreen Belgique, le français est lalangue principale, la situationest différente sur le continentafricain. «En Afrique, les Fran-cophones sont polyglottes, ilsparlent le wolof ou le kinyar-wanda, et parce que le sys-tème scolaire, l’espace public,les médias, sont occupés large-ment par le français, ils ne doi-vent pas être exclus de la fran-cophonie », explique le direc-teur de l’ODSEF, citant enexemple le poète, écrivain ethomme politique sénégalaisLéopold Sédar Senghor, quin’avait pas le français commelangue maternelle, mais quis’est tout de même rendu àl’Académie française. « Toutcomme Dany Laferrière, dontla langue maternelle est lecréole », ajoute-t-il. Ainsi, dansleur méthodologie, les cher-cheurs essaient de sortir descatégories mutuellement ex-clusives, autrement dit, de nepas cantonner les f ranco -phones à une seule catégorie.

« Les statisticiens fonctionnentsouvent avec ces catégories,mais cela ne permet pas derendre compte des change-ments et des multiples identi-tés qui peuvent s’opérer, entreautres sur la langue», soutientRichard Marcoux.

Progressions inégales« Avant tout, nous définis-

sons les francophones par leurcapacité à lire et à écrire enfrançais, car souvent, cela cor-respond à la capacité à le com-prendre et à le parler », ex-plique M. Marcoux. C’est no-tamment dans les pays ayantfait le choix d’investir dans l’al-phabétisation en français queles progressions sont impor-tantes. « On se rend compteque les campagnes d’alphabéti-sation dans les langues natio-nales posent un certain nom-bre de défis pour des payscomme la Côte d’Ivoire, le Ca-meroun, le Bénin ou le Togo,où il y existe des dizaines etdes dizaines de langues diffé-rentes», ajoute-t-il.

En outre, dans d’autrespays, même si le français semaintient, il ne progresse pasautant qu’ailleurs. Par exem-ple, dans les pays du Maghreb,dont l a l angue na t iona le ,l’arabe, est aussi une langue in-

ternationale. « Les habitantsont un rapport à la langue fran-çaise qui est un rappor t àl’écrit. Ils disent mieux maîtri-ser l’écriture et la lecture quela compréhension et l’expres-sion orale », explique M. Mar-coux. De même, au Rwanda etau Burundi, où les gouverne-ments ont investi dans leslangues nationales, le kinyar-wanda et le kirundi, dès les an-nées 1960. Les Rwandais et lesBurundais sont alphabétisésdès le primaire dans leurslangues nationales.

Le contexte socio-écono-mique et politique dans cer-tains pays peut aussi empê-cher la progression du fran-çais. «Nous avons un contexteen Afrique qui est à géométrievariable et on le voit bien, dansles pays touchés par desconflits impor tants, les pro-grès se font de façon dif fé-rente », explique Richard Mar-coux. Au Mali, par exemple,depuis 2012 et le renverse-ment du président AmadouToumani Touré, l’instabilité po-litique qui y règne crée uncontexte défavorable à l’alpha-bétisation des populations.

En attente du rapportEn out r e , l e cher cheur

constate qu’en Europe, la

langue française ne progresseque très peu. «Nous avons unpeu l’impression que la languefrançaise attire moins les jeunesgénérations, peut-être que l’an-glais ou bien le globish fait plusde progrès en Europe», indiqueM. Marcoux, en attendant deschiffres plus précis.

Le rappor t 2018 de l’OIFsera publié en septembre pro-chain. «Au global, nous notonsune progression, essentielle-ment portée par le continentafricain, mais peut-être minimi-sée par des tendances moinsfavorab les dans cer ta inspays», conclut M. Marcoux.

L’espace francophone est actuellement en pleine mutation.

Ses contours se redessinent et il se définit de plus en plus

par rapport aux dynamiques du continent africain.

PHILIPPE DESMAZES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le contexte socio-économique et politique dans certains pays peutempêcher la progression du français, comme au Mali où l’instabilité politiquecrée un contexte défavorable à l’alphabétisation des populations.

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A N D R É L A V O I E

Collaboration spéciale

Depuis les années 1990,l’aide fédérale accordée

aux associations et aux com-munautés francophones horsQuébec n’a jamais connu de vé-ritable croissance, mais plutôtun long gel qui, sur le terrain,se résume à une implacable di-minution de ressources et deservices. Avant le dépôt du der-nier budget fédéral, Jean John-son, président de la Fédérationdes communautés franco-phones et acadienne du Ca-n a d a ( F C FA ) , r é c l a m a i t575 millions de dollars répartissur cinq ans, une exigence par-tagée par plusieurs acteurs dela francophonie canadienne. Le27 février dernier, ont-ils étéentendus du ministre des Fi-nances, Bill Morneau?

De l’avis de nombreux obser-vateurs de la scène politique etéconomique, ce troisième bud-get du gouvernement de JustinTrudeau ne passera pas à l’his-toire, résolument terne, vite dis-paru de l’écran radar média-tique. Or, les communautésfrancophones y ont vu un cer-tain motif de réjouissances avecl’annonce d’un nouveau Pland’action pour les langues offi-cielles assorti d’une somme de400 millions de dollars répartissur cinq ans, et 88,4 millionschaque année par la suite.

Ce n’était pas exactement cequ’espérait Jean Johnson, re-connaissant tout de même qu’ils’agit d’une réelle injection d’ar-gent, un élément toujours posi-

tif. Or, le président de la FCFAaffiche un optimisme modéré.« C’est sûr que Mélanie Joly[ministre du Patrimoine cana-dien et responsable des languesofficielles] souhaiterait que l’ony voie une victoire, mais c’estlors du dévoilement du pland’action que l’on saura ce quisera directement destiné auxcommunautés. On ne veut pasde ressources réinvesties dansla fonction publique fédérale, nidans les transferts de fonds pro-vinciaux et municipaux.»

Cette perception est partagéepar Martin Théberge, présidentde la Fédération culturelle ca-nadienne-française (FCCC),qui, à la blague, se demande«s’il ne vaudrait pas mieux s’enreparler à la fin du mois demars». Les détails du plan d’ac-tion seront alors connus, per-mettant de mieux voir la répar-tition des sommes entre lesdeux communautés linguis-tiques en situation minoritaire.«Historiquement, précise Thé-berge, la proportion est d’untiers pour les anglophones duQuébec et deux tiers pour lesfrancophones hors Québec. »Tout comme Jean Johnson, ilcraint que le passé se répète, demême que les mauvaises habi-tudes. « Plutôt que d’aller auxprovinces, une de nos revendi-cations, c’est que l’argent ailledirectement sur le terrain.»

Par et pour, plus que jamais

Ces demandes témoignentd’un changement profond ausein des organismes issus de la

francophonie canadienne. SelonPierre Foucher, constitutionna-liste et professeur titulaire à laFaculté de droit de l’Universitéd’Ottawa, «ils étaient davantagedes organismes de lobbying.Maintenant ils sont aussi desprestataires de services ». Etpour les offrir, les moyens finan-ciers doivent suivre, ce qui n’estpas toujours le cas.

La raison ? « Les gouverne-ments de nos provinces et ter-ritoires ne se sentent absolu-ment pas redevables enversles communautés, se désoleJean Johnson. C’est pourquoi,auprès de la ministre Joly etde tous ceux et celles qui vou-laient l’entendre sur la collineparlementaire, on a beaucoupparlé du par et du pour. » Enbref, concevoir des projets,élaborer des services, par et

pour les membres de chaquecommunauté, et «non pas s’in-sérer dans les critères d’unprogramme offert par le gou-vernement fédéral », déplorele président de la FCFA.

« Il ne faut pas se le cacher :les gouvernements ont desobjectifs à atteindre, admetMartin Théberge. Ils ont desidées en tête, des impacts àobtenir. Or, doit-on évacuerleur perspective ? Ne devrait-on pas plutôt aider notre gou-vernement à nous aider ? Lepar et le pour, c’est très bien,mais nous voulons amenerplus loin la réflexion en y ajou-tant le avec : avec le citoyen,avec le gouvernement. »

L’heure des comptesLors du dépôt du budget en

février dernier, le gouverne-

ment de Justin Trudeau a toutde même dévoilé plusieursorientations pour soutenir lesminorités linguistiques, qu’ils’agisse de l’accès à la justicedans la langue de son choix(10 millions), du soutien deslangues officielles lors de l’ac-cueil et de l’intégration desimmigrants et des réfugiés(41 millions), d’un finance-ment accru pour les initiativesd’apprentissage et de garded’enfants (20 mill ions), etd’une aide aux médias com-munautaires (50 millions).

De son statut d’observateuruniversitaire, Pierre Foucherentend de la par t des orga-nismes et des communautésfrancophones «un léger soupirde soulagement» devant toutesces initiatives, mais aussi de ladéception, car ces sommes sont

« en dessous des attentes ».« C’est un peu comme si vousétiez affamé et qu’on vous ser-vait une demi-assiette : vous al-lez manger, mais vous allez en-core avoir faim.»

Pierre Foucher sent aussiles organisations à bout desouf fle, sur tout devant lesexigences de redditions decomptes pour chaque souprovenant du gouvernementfédéral, un impératif auquelles gouvernements provin-ciaux ne sont pas soumis.« Ces gouvernements reçoi-vent de l’argent et l’intègrentà leur budget général : après,ça disparaît, impossible d’ensuivre la trace. »

Il juge cette situation à lafois inéquitable et inquiétante,particulièrement dans le do-maine de la santé, un secteuroù « des provinces traînent lespieds », très réticentes devantles ex igences du fédéra lpuisque la santé constitue unecompétence qui relève d’elles.Pour Pierre Foucher, l’heureest à l’action : « La populationfrancophone vieillit comme lereste de la population. Il y a deplus en plus de personnes quiont besoin de soins, et cespersonnes ne sont pas bi-lingues, ou ne parlent pas trèsbien l’anglais, donc le besoinest encore plus criant. Cen’est même pas une questionde bilinguisme, mais de dua-lité linguistique, et surtout derespect. Même chose pour lapossibilité d’obtenir un procèsdans sa langue : c’est un droit,point final ! »

FRANCOPHONIE CANADIENNE

Le début d’un temps nouveau?Réactions positives, mais prudentes, après le dépôt du budget du ministre Bill Morneau

CHRISTOPHER KATSAROV LA PRESSE CANADIENNE

Les communautés francophones ont vu un certain motif de réjouissances, lors du dépôt du budget, avecl’annonce d’un nouveau Plan d’action pour les langues officielles assorti d’une somme de 400 millions de dollarsrépartis sur cinq ans, et 88,4 millions chaque année par la suite.

Ce cahier spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, grâce au soutien des annonceurs qui y figurent. Ces derniers n’ont cependant pas de droit de regard sur les textes. Pour toute information sur le contenu, vous pouvez contacter Aude Marie Marcoux, directrice des publications spéciales, à [email protected].

Pour vos projets de cahier ou toute autre information au sujet de la publicité, contacter [email protected].

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Presses

de l’Université

du Québec

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LA FRANCOPHONIE AU CŒUR DE LA RECHERCHELa collection Les sociétés africaines en mutationSous la direction de Richard Marcoux, Issiaka Mandé et Charles Moumouni

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UN REGARD NOUVEAU SUR LES SOCIÉTÉS AFRICAINES

à Boston, de même qu’en Ontario et à Terre-Neuve. Par exemple, des ateliers d’improvisa-tion à New York et à Los Angeles, la présenta-tion du film Québékoisie à San Salvador, lespectacle du groupe ontarien LGS (Le GroupeSwing) dans la région de Boston, un déjeunermusical de la francophonie à La Paz en Bolivie,et bien d’autres.

« C’est une occasion de faire du bruit et d’af-firmer que la francophonie existe et qu’elle estlà pour de bon», affirme Denis Desgagné.

Tisser la toile au quotidienLe Mois de la Francophonie n’est qu’un des

outils pour promouvoir la francophonie. Toutau long de l’année, le Centre, qui compte plusde 40 000 membres, propose une pléthore d’ac-tivités pour développer un sentiment d’apparte-nance à la francophonie. Le Centre privilégie lacréativité, l’innovation, la solidarité et la coopé-ration, dans le respect d’un devoir de mémoire.

« On tisse des liens dans divers domaines,que ce soit en culture, en économie, en commu-nications, explique le p.-d.g. Le but est de créerdes visions communes à travers les Amériquesen misant sur l’action sociale et citoyenne, no-tamment avec les jeunes de 18-35 ans, pourfaire en sorte que la francophonie ne s’impro-vise pas, mais qu’elle soit toujours en devenir. »

Les gens veulent partager des référents cul-turels et se lier au Québec et à la francophoniedes Amériques, constate Denis Desgagné.« Par exemple, au cours des dernières années,la Louisiane a adopté plusieurs lois pour favori-ser les services, l’affichage et l’accès à l’éduca-tion en français. L’Ontario a désormais son pro-pre ministère des Affaires francophones. Donc,ça bouge un peu partout et nous continuons àœuvrer avec les nombreux organismes qui tra-vaillent à promouvoir le français. »

Par exemple, la Bibliothèque des Amériquespermet aux membres du Centre de découvrirles ouvrages de nombreux auteurs de l’Acadie,de l’Ontario, de la Louisiane, du Québec et desAntilles. Les œuvres peuvent être empruntéespar téléchargement en ligne.

À l’été 2018, 120 jeunes francophones des qua-tre coins des Amériques et des Caraïbes se ras-sembleront à Québec à l’occasion de la secondeédition du Parlement francophone des jeunes desAmériques. Cette formation axée sur la gouver-nance et l’action citoyenne se tiendra à l’Assem-blée nationale du Québec et à l’Université Laval, leplus vieil établissement d’enseignement supérieurfrancophone en Amérique. Conférences, atelierset travaux parlementaires sont au programme afinde mobiliser ces jeunes qui seront invités à voir lafrancophonie sous divers angles et à proposer dessolutions originales aux enjeux actuels.

Le Centre a aussi travaillé avec diverses orga-nisations pour qu’un spectacle Québec-Acadiesoit au programme du prochain Festival d’étéde Québec. «Nous souhaitons ainsi incarner lafrancophonie des Amériques dans un événe-ment grand public. »

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FRANÇAIS

Concours Slame tes accents1er au 31 marsEn collaboration avec Richelieu internatio-nal, le Centre invite les enseignants desAmériques et leurs élèves de 12 à 17 ans àparticiper à ce concours vidéo qui vise àmettre en avant une francophonie inclusiveet à valoriser la multiplicité des accents fran-çais qu’accueillent les Amériques — 10 000$de prix à gagner.Plus d’informations : http://www.francopho-niedesameriques.com/slame/

Vocalités vivantes16 au 18 marsMusée de la civilisation, QuébecVocalités vivantes, c’est un parcours cinéma-tographique et poétique pancanadien, unesérie de rencontres avec des membres desix différentes communautés francophones.«C’est une odyssée terrestre à travers lafrancophonie canadienne. Des poèmescomme vecteurs de rencontres, comme filsde discussions avec les mots des uns et desautres qui peuvent être les mêmes, maisdont les sonorités et l’agencement diffè-rent», a souligné Simon Dumas, directeurgénéral artistique de Productions Rhizome.Le spectacle sera diffusé en direct sur lapage Facebook du Centre.Plus d’informations : http://vocalites.ca/

Projections de films18 marsMusée de la civilisation, QuébecPrésentation des films Zachary Richard, tou-jours batailleur (Bellefeuille production) etde French en Amérique, épisodes 1 et 2. Pro-duit par Slalom, ce film part sur les traces deces hommes et de ces femmes qui ont re-poussé les frontières de la langue françaiseet qui, par leurs actions, font la différence.Vincent Leclerc, acteur québécois, sera pré-sent pour échanger avec l’auditoire.Le film sera aussi accessible du 20 au25 mars à : francophoniedesameriques.com.

20 marsBibliothèque Monique-Corriveau, QuébecL’Association internationale francophonedes aînés, section Québec, le Centre de lafrancophonie des Amériques et la Biblio-thèque de Québec présentent Intimités fran-cophones d’eux, réalisé par Anne-Céline Ge-nevois et Alex Lachapelle Raymond. Unediscussion animée par Alix Renaud lin-guiste, traducteur, romancier et poète suivrala présentation.

20 marsBibliothèque de DrummondvillePrésentation du film Un rêve américain.

Conférence, colloque18 mars, 19hNina Lefebvre, jeune ambassadrice de lafrancophonie des Amériques, organise Fran-connecter, une conférence en ligne (webi-naire) qui a pour but de montrer le dyna-misme et le caractère vivant du fait françaisau sein de la francophonie des Amériques,ainsi que de favoriser la collaboration et leséchanges.En ligne (Inscription :https://tinyurl.com/ydcc5onu)

20 mars, 16hUniversité Laval, QuébecLe Centre de la francophonie des Amé-riques, l’Observatoire démographique et

EMMANUELLE LANDRY / DROITS BELLEFEUILLE PRODUCTION

Spectacle de Constellation francophone, à Dieppe, enjuin 2017, avec Zachary Richard

statistique de l’espace francophone et l’Univer-sité Laval présentent le colloque Migrationsdans l’espace francophone américain : passé etprésent, suivi d’une réception en présence deChristine St-Pierre, ministre des Relations in-ternationales et de la Francophonie.Quatre présentations sont prévues :Yves Frenette, professeur et titulaire de laChaire de recherche du Canada de niveau 1sur les migrations, les transferts et les com-munautés francophones, Université de Saint-Boniface ;Jean-Pierre Corbeil, directeur adjoint à la Divi-sion de la statistique sociale et autochtone etdirecteur du programme de la statistique lin-guistique à Statistique Canada ;Haydée Silva, professeure titulaire à l’Univer-sité nationale autonome du Mexique ;

Samuel Pierre, président de GRAHN-Monde(Groupe de réflexion et d’action pour une Haïtinouvelle).

28 mars, 19hBibliothèque Gabrielle-Roy, QuébecLe cercle littéraire Gabriel-García-Márquezde la Bibliothèque de Québec, en collabora-tion avec le Centre, présente la conférence in-titulée La francophonie des Amériques : uneconstellation francophone. Denis Desgagné,président-directeur général du Centre, feraun portrait de la francophonie des Amériqueset présentera les programmes proposés par leCentre.

Pour le programme complet des activités du Centre : www.francophoniedesameriques.com

Mois de la Francophonie : quelques activités à surveiller au Québec

Yao, slameur franco-ontarien et porte-parole de Slame tes accents, effectue des tournées dans les écolesafin de donner des ateliers pédagogiques de slam et de faire la promotion du concours.

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