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Apollonius, le 18.01.2017
Le Chariot ou Le Char d'Hermès...
Résumé des lames majeures précédemment étudiées :
• Le Bateleur est l’expérimentateur, déterminé et
fécondant. Il est le point départ de toutes choses mais
aussi un avertissement contre les jongleries intellectuelles
et le charlatanisme de toutes sortes ; il est animé d’un
esprit d’initiative, d’entreprise, c’est pourquoi il dévoile
toutes les unités de mesure utilisées par les bâtisseurs de
cathédrale. Correspondance avec la première lettre
hébraïque : l’aleph.
• La Papesse représente les choses en gestation, qui
évoluent secrètement et qui doivent croître. Elle enseigne
la discipline de la Gnose véritable. On lui attribue les
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premiers tracés d’architecture : l’angle de 108° et l’Etoile à
5 branches. Correspondance avec la deuxième lettre
hébraïque : le beith.
• L’Impératrice c’est l’inspiratrice à l’intelligence vive ; elle
nous révèle les mystères du sacré. Elle trace les plans en
élévation, elle construit le Dôme. Correspondance avec la
lettre hébraïque le guimel .
• L’Empereur est l’homme qui dirige et qui est actif dans le
monde matériel. Il nous met en garde contre la volonté de
puissance et nous enseigne la puissance de la Croix. Il
évoque la colonne centrale et enseigne les bases de la
construction de la porte et des colonnes. Correspondance
avec la lettre hébraïque : le daleth .
• Le Pape se sépare de la matière au profit de la
spiritualité : il est le guide de la foi et nous offre une vision
humaniste. En architecture, il évoque la clef de voûte,
pièce maîtresse de toute construction. Correspondance
avec la lettre hébraïque : le hé.
• L’Amoureux est à la croisée des chemins mais il est
l’initié qui se montrera plus fort face à la tentation. Il devra
séparer le pur de l’impur pour atteindre l’harmonie
universelle. Il dévoile la pierre cubique l’arc de cercle aux
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arcs de pierre et enfin la flèche. Correspondance avec la
lettre hébraïque : le vav.
L’Amoureux a choisi sa voie : Il a su dépasser un monde de
dualité fait de divergences et d’oppositions afin de retrouver
l’Unité, l’essence de l’être.
Il a su dénouer les liens trop serrés qui le rendait prisonnier des
apparences. Mais attention de ne pas céder au triomphe facile de
son orgueil !
Car le Chariot, l’arcane 7 que nous abordons, représente dans le
monde matériel, la victoire du triomphateur tenant solidement les
rênes du pouvoir et bien disposé à écraser tous ceux qui
voudraient s’y opposer.
Ici, le dessein est bien différent : l’initié a reçu tout d’abord la
sagesse de la Papesse, puis la connaissance intellectuelle de
l’Impératrice, le sens de l’ordre de l’Empereur et enfin le sens de
la vie spirituelle confirmé par le geste du Pape : il ne peut donc
être sensible aux trompettes de la renommée dont se parent les
envieux et les jaloux.
Sur son chariot, il saura prendre la hauteur de vue nécessaire
pour s’élever et voir les choses de la vie, de haut en toute
sérénité.
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Sur un char de forme cubique, surmonté d’un baldaquin soutenu
par quatre colonnes, s’avance un triomphateur cuirassé, dont le
visage calme fait preuve d’une grande assurance. C’est
précisément cette assurance, cette confiance en lui, confiance en
la vie, confiance en le Créateur qui l’a tiré du néant pour lui faire
vivre l’épreuve ultime de la recherche de l’être et découvrir en lui
l’indubitable présence divine.
Tout être est missionné : l’homme n’est pas sur cette terre pour
œuvrer à son seul salut : il doit participer aussi à celui des autres
hommes soit en les aidant, en leur soumettant des problèmes,
soit en leur imposant des épreuves. Chacun à sa façon participe à
la mise en mouvement de l’ensemble : c’est pour cela que notre
initié, au service de tous, monte sur le Chariot qui l’emportera
pour un long périple à travers le monde.
Symboliquement, le char carré représente le triomphe sur la
matière, la victoire de la volonté qui a vaincu les obstacles. Les
quatre colonnes nous mettent en présence des quatre éléments
pris dans le sens vertical et assurent stabilité tout en favorisant la
réalisation. Les deux animaux conduisent le conducteur à la
victoire. Les quatre éléments sont soumis au vainqueur couronné
et portant le sceptre. La couronne d’or signifie la possession de la
lumière rayonnante sur l’ensemble des arcanes. Le sceptre
surmonté d’un cercle, symbole de l’éternité et d’un triangle,
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symbole de l’Esprit, signifie la perpétuelle domination de l’Esprit
sur les forces de la nature.
Pour résumer, on peut affirmer que le maître des quatre éléments
est un homme d’initiative, serein et ferme. On peut lui attribuer les
quatre vertus cardinales que sont : la Force, la Prudence, la
Tempérance et la Justice. Il ne vous aura pas échappé que ce
sont des arcanes que nous aborderons prochainement.
Le baldaquin ou le dais qui surmonte les quatre colonnes a pour
fonction de protéger la personne qui se trouve dessous. Mais la
protéger de quoi ? Peut-être d’une pseudo mégalomanie qui ferait
de l’homme couronné, un être isolé, séparé du ciel et s’identifiant
à l’Elu ou bien l’homme couronné est un initié au mystère et il ne
s’identifie pas avec le Ciel : il est conscient de la différence entre
ce qu’il est et ce qu’il y a au-dessus de lui, d’où le sentiment
d’humilité. Ce dais indique une sorte de « peau » qui tout comme
la peau du corps humain sépare l’humain du Divin et les unit en
même temps.
Le triomphateur porte une cuirasse, se tient debout sous un dais
et il est couronné. Il a vaincu la mégalomanie, l’exaltation et tous
dangers égotiques. Il est le véritable adepte de l’Hermétisme
c’est-à-dire l’adepte de la Gnose et de la magie divine, humaine et
naturelle. Il a su trouver l’équilibre entre la vie matérielle et la vie
spirituelle.
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Debout, tenant un sceptre qui lui sert de bride pour les deux
chevaux, bleu et rouge, il est en route et avance confiant : il est
l’homme libre, le maître car il a trouvé sa juste place ; il n’y a plus
ni d’inférieur ni de supérieur : il y a un idéal de paix, d’équilibre et
de justice. Or l’arcane suivant c’est précisément la Justice !
Quelques notes sur la carte représentant Peter Pan debout sur la
proie du navire. Symboliquement, le bateau représente le véhicule
de l’âme ; ce véhicule transporte la conscience d’une rive à
l’autre. Dans Peter Pan, Wendy et ses frères en apprenant à voler
se libèrent des limitations physiques du temps et de l’espace.
Tandis qu’ils rencontrent le capitaine Crochet qui représentent
tous les éléments chaotiques du monde souterrain, ils font la
connaissance de la Fée Clochette, esprit élémental de l’air qui
peut lancer des sorts fastes ou néfastes selon ce qui se trouve au
cœur de notre véritable nature. Wendy et ses frères symbolisent
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l’humanité : ils sont enchaînés à leurs acquis mais leur foi leur
donne la possibilité de s’évader au-delà des frontières du visible.
Ils ont la tentation de demeurer à jamais des enfants éternels au
Pays Imaginaire comme Peter Pan, mais alors ils ne parviendront
jamais à la maturation de leurs âmes.
C’est pourquoi, ils doivent vivre toutes les aventures de la vie pour
mieux retrouver le chemin de leur maison. C’est à ce prix qu’ils
sauront revenir au centre d’eux-mêmes, afin retrouver le
sanctuaire de leurs âmes, but ultime du voyage...
DODAL OSWALD WIRTH
Appelée simplement le chariot dans les jeux traditionnels, cette
lame représente la réussite des entreprises en cours. Il est dit que
le chariot favorise le voyage, notamment le voyage intérieur, mais,
inversé, il peut aussi signifier l'incompétence ou l'échec dû à une
fausse image de soi ou des autres. On se croit arrivé alors que
l'on est seulement à la toute première marche !
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Cette lame intitulée le "Charior" et non plus le Chariot comme
chez Jean Noblet, nous présente à première vue un jeune roi sur
un char tiré par deux chevaux. Leur robe est bleu ciel et leur
crinière est d'or. Le roi sur son char évoque le char triomphal du
Soleil, le roi avec sa cour étant comparé au roi du ciel avec sa
cour de planètes. C'est ainsi d'ailleurs que la ville de Lyon en
1490 accueillit le roi Charles VIII par un cortège de chars : le
premier, consacré au Soleil, était nommé "le cheriot du triomphe
du soleil"...
Dans le Tarot ancien de Marseille , elle représente un objet qui
nous est familier. Voyez la Toison d'or de Salomon Trismosin et
les planches du Splendor Solis, dont beaucoup représentent des
scènes avec des attelages différents.
Un char tiré par deux chevaux, nettement différents, voir opposés,
jusque dans la direction prise. Le véhicule est couvert, 4 piliers (2
rouges, 2 bleus) ils supportent une tenture ouverte (par rapport au
voile d’Isis), preuve que nous sommes à une étape importante du
magistère, et qu’il va falloir choisir quelle voie prendre, la sèche
ou l’humide.
Nous voyons s'afficher au centre de la lame un blason où l'on
reconnaît le Taureau, au centre duquel on parvient à distinguer
une forme : celle d'un coeur que les alchimistes nomment leur
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Soufre rouge qui est aussi leur teinture. Le chariot, c'est d'abord le
char (le Char de Triomphe de l'Antimoine, de Basile Valentin).
Son conducteur est tout-puissant et l'on ne peut qu'y voir notre
Mercure allié au Rebis. La dualité est renforcée par des figures
humaines (une féminine, une masculine) sur chaque épaule, 2
pieds visibles à chaque cheval, 4 bâtons de roue à gauche, 2 à
droite, total 6, en correspondance avec les opérations à
accomplir, 4 touffes d’herbe marquées de vert, 4 ronds au niveau
de la ceinture.
Les colonnes ressemblent étrangement au signe hiéroglyphique
du verrou, qui a-t-il donc à ouvrir, si ce n’est la matière elle-même
afin d’en extraire les composantes de base. S-M, Sa Majesté le
roi est annoncée sur la face avant du chariot. Soufre et Mercure
pour les alchimistes ou encore Secret et Maître pour les Francs-
Maçons.
Ce roi ne porte pas de fouet, mais un sceptre. C'est bien pourtant
l'éclair qui est désigné ici et qui symbolise la collaboration entre la
Terre et l'Air par la médiation du Feu. C'est donc une forme plus
évoluée du Rebis que présente la septième arcane.
Dans la Kabbale : Nous attribuons le zayin, septième lettre. On
peut voir le zayin sur l'espèce de flèche d'or que tient le roi. Pour
le Rabin Aquiba (1er-IIième siècle de notre ère) le zayin est une
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clef. Une clef divine et sa mission particulière est d'ouvrir tout ce
qui est fermé depuis le sein de la femme stérile jusqu'à la tombe
des morts et la porte des enfers. Lettre de libération, lettre de
délivrance.
Le chariot faisant panser à un char d'or, se relie avec facilité à la
septième séphira Netsa'h "Victoire". Ce qui s'accorde bien avec le
triomphe du soleil, qui est au plus haut du ciel durant toute l'ère
chrétienne dans cette constellation (le solstice d'été a lieu dans la
constellation des Gémeaux). De plus, le signe des Gémeaux est
un signe de mouvement et le Sefer Yétsirah met le zayin en
correspondance avec la locomotion. Il faut savoir que la valeur du
zayin est 13, ce qui nous met en rapport à nouveau avec la notion
de centre par les douze signes du zodiaque tournant autour du
soleil.
Cet arcane exprime le besoin de contrôler de diriger car l'on est
aux commandes du chariot cela sous-entend que l'on doit
contrôler ses pulsions par sa volonté il représente aussi
l'assurance de soi ainsi que la fierté tel le général paradant
devant ses troupes sur son char.
Il signifie que l'on conduit donc le message fondamental qui est
véhiculé et que le choix est fait que la voie est libre et que
maintenant on roule dans la voie choisie. Notre volonté a donc
triomphé, volonté au sens la force venant de notre centre.
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La lettre qui lui est associée dans certaines éditions et le Zayin :
Qui représente l'arme de la flèche, elle exprime tout ce qui .ז
est pointu une arme blanche en particulier qui évoque la
violence d'agressivité mais qui trahit en fait la tendance
humaine de s'accrocher à la vie.
Cette lettre est aussi l'initiale du mot zerak qui signifie clarté
discernement, elle « fait de l'homme un guerrier qui, par son
discernement, vainc les éléments de la nature qui régit et
harmonise à fin de parvenir au but ( Georges Lahy Virya).
Dans les psaumes 111 et 112 elle est aussi la lettre du
discernement et de la détermination, en gématria à la la valeur
de 67 est aussi la valeur de binah qui est la compréhension ou
l'intelligence, donc cela confirme la qualité de discernement
qu’elle apporte.
Le rav Jessurun nous dit que le zayin traduit le fait que l'univers
et l'humain sont en perpétuel mouvement car lorsque cette lettre
se double elle forme le mot zaz qui signifie bouger. Certains
cabalistes nous enseignent que cette lettre à la forme d'une clé
et que donc sa mission est d'ouvrir tout ce qui est fermé donc
c'est un symbole de libération. Dans le Sepher Yetsirah on peut
trouver que cette lettre a été désignée pour régner sur la
marche, par elle a été créé le signe des gémeaux dans le
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monde, Sivan (mai juin) dans le calendrier, et la jambe gauche
dans le corps de l'homme et de la femme.
Cet arcane et l'arcane sept qui représente le passage à un autre
plan en effet le créateur a accompli la création en six jours et
s'est arrêté le septième, et s’est mu vers une autre tâche en
effet toute création réalisée doit être le fondement d'une
nouvelle qui à son tour disparaîtra pour renaître.
On peut voir aussi un dais au-dessus du conducteur de chariot il
apporte protection mais aussi de représenter la séparation entre
notre monde et le monde divin, Oscar wirth nous dit que le
triomphateur regarde droit devant lui sans se perdre dans les
nuages d'un stérile mysticisme.
On peut voir dans la main droite du conducteur du chariot un
sceptre en effet le bateleur accompli a vu sa baguette se
transformer en un symbole royal il règne maintenant sur lui-
même, du haut de son chariot lui permettant de prendre de la
hauteur, du recul, sur le monde qui l'entoure.
Les deux bêtes tirant le chariot symbolisent les questions nous
devons résoudre pour avancer ou les choix que nous devons
faire, mais aussi l'énergie motrice que nous devons équilibrer
pour aller dans la bonne direction. Telle que notre intention lors
de la réalisation actes. Sur cette représentation le chariot et-par
des cinq l'un blanc l'autre noir. Le noir à gauche, le blanc à
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droite. Ce qui est conforme aux deux voies décrites par l'arbre
des séphirots, la voie de la main gauche négative, par le pilier
de gauche noir et la voie de la main droite positive par le pilier
de droite blanc En considérant que l'arbre des sephirots vu de
face représente un homme de dos. C'est donc bien l'équilibre
de ses forces, fusion des contradictions qui nous conduit sur la
voie du milieu, pilier du milieu le central neutre, la voie royale.
Cet arcane est donc un appel à trouver notre centre.
La septième sephirah est Netza’h , la victoire la victoire est donc
bien l'accomplissement qui permet à l'homme de cristalliser ses
intentions, lui offrant l'énergie créatrice flamboyant car elle est
une sephire active attribuée au feu. Le nom divin qui correspond
et YHWH Tsebaoth le Pantocrator le biais des puissances
cosmiques et son archange est Haniel.
Par l'intercession de cet archange on peut obtenir la conscience
de l'harmonie de la beauté dans les mondes intérieurs mais
également une grande sagesse en l'interconnexion de toute
chose.
Dans le Tarot des Alchimistes , cette carte représente l'Hermès
grec ou Mercure romain. C'est le voyageur au casque et pieds
ailés, muni de son caducée de notre Rituel qui se réfère au
Splendor Solis de Salomon Trismosin (1582). Il se dresse sur
deux bassins communicants, et son bouclier porte l'inscription
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"Vous qui chercher à accorder le soleil et la lune, de deux eaux,
faite en une seule".
Tout cela indique l'instant propice à la recherche d'une mise en
harmonie des tendances contraires affirmées encore par l'aigle et
le lion - Volatile et Fixe - en couleur opposées et manifestant leur
volonté d'entraîner l'œuvre dans des directions contraires.
L'athanor qui est en lui-même un objet fixe et stable, peut être
considéré comme le char qui véhicule l'œuvre dans son voyage
interne. L'alchimiste sait capter les courants et harmoniser les
tensions afin de leur donner une destinée commune.
Tout ceci, dans cette image du tarot alchimique, se passe sous
l'égide du carré et du triangle associés, marquant l'achèvement de
ce septénaire et, rendant ainsi tout son sens à la devise
alchimique bien connue : « Solve et Coagula ».
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Au Laboratoire : Ayant dissous un sel vulgaire dans la rosée,
l'alchimiste va, après filtrage, laisser s'opérer une évaporation
tranquille de l'eau vitale contenue dans la double fontaine
mercurielle qu'il réalimente d'une eau distillée très pure. L'humide
s'échappe mais l'étincelle vitale, jusqu'alors contenue par cette
eau ardente, se libère, et le sel s'imprègne de l'esprit de la fleur.
Les polarités s'accordent et les composantes s'unissent pour le
triomphe du créateur.
Architecture cosmique et Recherche Géométrique : Un certain
nombre d'éléments attire notre attention :
- La moitié inférieure du char ressemble à un cube de pierre ou à
un pan de mur carré posé sur le sol.
- De la main gauche, le roi semble écarter un pan de son
vêtement pour nous montrer comme à travers une loupe des
angles de construction.
- Le plateau du char semble partager la lame en deux, évoquant
une double carré ou carré long. On compte sept espèces de
festons entre les montants du Charior plus deux demi festons de
chaque côté.
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Traçons pour commencer un axe vertical servant à caler notre
schéma d'aplomb. Cet axe part du deuxième I du VII, passe par le
nez et la bouche du roi. puis par la pointe de l'écu. Notre schéma
est formé de deux carrés situés de part et d'autre de
l'entablement. Le carré inférieur est occupé par les deux chevaux,
le carré supérieur est occupé par le tronc du roi.
Plaçons une règle sur le bord externe des colonnes extérieures,
puis sur le grand trait transversal de l'entablement. Traçons les
traits. Puis plaçons une règle horizontalement sur les repères des
joints des colonnes. Nous supposons que ce trait horizontal nous
donne le demi carré. Nous n'avons plus qu'à reporter nos
mesures, soit à la règle, soit au compas. Nous avons un double
carré dont le carré supérieur est partagé en deux (et en quatre
avec l'axe vertical). Ce double carré ou carré long va servir de
base à toutes sortes de tracés géométriques.
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Pour commencer, il est clair qu'il ne s'agit pas d'un chariot dans le
sens commun du terme. On ne voit pas comment il pourrait
avancer avec son gros cube inférieur frôlant le sol. En fait, les
trois visages, celui vu de face du roi et les deux sur ses épaules,
les pattes des chevaux qui par endroits semblent se transformer
en plumes, les roues qui ne sont pas dans le bon sens, tout
évoque, pour celui qui lit la Bible, la vision d'Ezéchiel et le
symbolisme du char : la descente dans la Merkavah inspirée de
cette vision.
Pour la compréhension de cette lame nous ne pouvons pas faire
l'impasse de quelques précisons sur la signification du mot
Charior. Ce mot nous fait penser phonétiquement à un char d'or, il
nous entraîne aussi vers les mots carrier ou carrière, ou encore
carré ou carreau, charroi. N'oublions pas que nous sommes dans
un monde de constructeurs.
- nous pensons pour commencer aux carreaux, ces pierres que
l'on taillait dans les carrières.
- Les carriers, dont parle fréquemment le compagnon Raoul
Vergez dans ses Tours inachevées, "ces carriers attelés entre eux
avec des cordages coulés autour de la masse", sont ceux qui
tirent la pierre.
- Les carrieurs étaient ceux qui devaient savoir reconnaître la
hauteur des bancs et le sens de la pierre.
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- Le Charroir était le chariot qui servait au Moyen âge au transport
des pierres, mot composé des mêmes lettres que le mot Charior.
Le chariot transportait donc des pierres taillées.
- Chez le Compagnon le cheval se dit aussi "affaire" ou "carré" ou
"trait carré", "trait". C'est le passeport du compagnon, un
parchemin nommé cheval "afin de rappeler que ce cheval est le
fils chevalerie". Nous voyons là une allusion à ce que l'on appelle
la chevalerie du travail.
Nous pouvons maintenant faire le rapprochement évidemment
voulu par les concepteurs de ce tarot : entre le cheval qui tire le
char d'or et le trait dans le sens compagnonique. Autrement dit,
cette lame met l'accent sur l'art du trait et tout particulièrement du
trait carré. Mais pourquoi un cheval pour désigner l'art du trait ?
Tout simplement parce qu'il s'agit d'un jeu de mots,
d'associations d'idées, qu'il nous faut penser au cheval de trait,
celui qui tire le char, du latin "tractus", "qui tire" et aux différents
sens du mot "trait", qui permettent de cacher sous un cheval de
trait l'art du trait. Ainsi parle-t-on de "trait carré" en forme
d'équerre et de "trait de Jupiter" pour désigner un assemblage
selon une ligne brisée évoquant la foudre, attribut de cette
divinité. C'est la géométrie du Compagnonnage.
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Tarot, Alchimie et Franc-Maçonnerie nous encourage à prendre
conscience de notre ego et qu'il s'agit là d'une tâche noble. Les
tendances inverses sont un instant mises en accord, ou du moins
canalisées. Elles permettent un travail sur SOI de décantation
dont le déroulement peut être suffisamment naturel pour éviter les
heurts intempestifs ou les violences excessives.
Le FM du REAA entend parler de la Merkavah dès qu'il est
devenu Maître. Il apprend que derrière le rideau qui sépare le
Heikhal (littéralement "palais", en fait "le Saint " du Temple de
Salomon, la chambre du milieu des FM) du Débir (littéralement "le
lieu de la Parole" le "Saint des Saints" du Temple de Salomon ou
l'Orient du Temple Maçonnique quand le rideau est tiré) se trouve
la Merkavah. Mais on ne lui en dit pas plus. Il lui faudra attendre le
degré de Royal Arch, 13ième degré du REAA, pour en
comprendre la signification et encore, le mot ne sera pas
forcément prononcé. Il lui appartiendra, guidé par les symboles et
les allusions, de chercher.
Le début de cette invitation à monter dans le char - car c'est de
cela qu'il s'agit - commence en fait dès le grade de Maître Secret,
4ième du REAA. Le maçon arrive devant le Saint des Saints et
découvre deux nouveaux symboles : le Z, la clef d'ivoire. La clef
du Maître Secret est évoquée par la lettre zayin doit lui ouvrir le
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Saint des saints, c'est-à-dire le faire accéder à la découverte de
l'immanence et l'aider à s'approcher du trône divin.
Même si on ne le lui dit pas, c'est au degré de Royal Arch qu'il va
descendre dans le char, dans la Merkavah. C'est à ce degré qu'il
doit effectuer une plongée en lui-même jusqu'aux plus intimes
replis de son esprit. Il va alors monter dans le char qui se révèle à
lui et l'emporter dans une fantastique montée à travers les palais
célestes, devenus en Franc-maçonnerie les dix séphiroths.
Le Chariot montre l'importance du transport des pierres à partir de
la carrière pour la construction de l'édifice. Le FM continue
d'étudier la géométrie avec le carré long. Il étudie le nombre sept
et découvre la Merkavah. Le Chariot préfigure la montée vers la
Jérusalem céleste qui se dévoilera lors de l'arrivée de la lame
XXI.
La première phase accomplie jusqu'ici consistait à se raconter "à
l'extérieur". Le SI? se rend maintenant compte que l'authenticité
de son être est "en SOI" et qu'il faut maintenant regarder ce que
la psyché elle-même propose. Les différentes pulsions et
tendances dont l'homme est fait doivent être isolées et clarifiées
avant d'être réunies par "l'eau du puits d'amour".
Le hasard et la coïncidence quel bel art dans les mains du
GADLU. Qui pourrait nous y faire croire manifestement que cette
lame marque un tournant décisif dans la réalisation du processus
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à poursuivre. Tous les regards sont axés sur l’origine, il ne faut
donc pas perdre de vue cette matière première...
Autres représentations :
Cartes de l’Enfant Tarot Maçonnique Tarot Hermétique Tarot de Papus
Intérieur
Nous avons dit,
Sources :
*Marie Delclos, Franc-Maçonnerie et Tarot, Editions Trajectoire,
2016.
*Jean Beauchard, Le Tarot des Alchimistes, Editions Véga, 2006,
*Oswald Wirth, Le Tarot des imagiers du Moyen Âge, Editions
Sand 1984,