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MichelGréget Morsel:Ecrituredel’histoire M1

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28/01/2016

Lebutdececoursestdenousapprendreàlire,demanièrecritique,lestextesdeshistoriens.Modernistesetmédiévistes(plusnombreux,vontsesuccéder.28/01/16Lamétaphoredansl’argumentation4/02/16Analogiesdescomparatifs(HélèneNoizet)11/02/1618/02/16DidierPensilly:Notesdebasdepage24/02/16JulieClaustre:Usagenonillustratifdesnarrations10/03/15StéphaneLamassé:Usagenonillustratifdestableaux17/03/16Mazeaud24/03/16 Guillaume Callafat : Relations entre types de publications et leurs effets sur lamanièredontletexteestécrit31/03/167/04/16Usagedurécit14/04/16Partiel(laformeresteàdéterminer)

Lamétaphore:

C’estunefigurederhétorique,untrope,untransportdesens.Elleconsisteàremplacerunmotparunautre,utiliséausensfiguré,avecunautreélémentparticulier,surlabased’unrapportimplicite.Lesélémentssontreliésparunerelationd’analogietrèsperceptible:Ex:Têtedetrain,laluneéclabousselejardin(c’estpluscompliqué).Toutdépenddel’usagesocial.Lamétaphoren’estpasunmot(commeparexemplel’albatrosdeBaudelaire).« L’historien recherche les sources » n’est pas équivalent à « L’ingénieur recherche lessources».Ils’agitderesémantiserunrapportsémantiquecanonique:Signifiant«source»etsignifié«eaujaillissante»sontdansunrapportcanoniqueSignifiant«sourcehistorique»etsignifié«origineettransparencesontaussidansunrapportcanonique».Enquoilamétaphoreconcerne-t-ellel’historien?Ellepeutêtredetypeorganistiquecommetête,bras,corps,société,ouprovenantdelaBible,commepasteur,ouailles,troupeau.L’utilisationdelamétaphoreestunmoyend’organiserlepouvoirdanslasociétéoccidentale.Lasociétémédiévalepuismoderneontvraimentcreusécettemanièredepenserleschoses.JacquesLeGoffetDavidLangèsontdéterminéqu’onestpasséde«l’écoulement»dutempsàuntempspensécommeuneéchelle.LadécouvertedeCopernicaveclamétaphoresoleil=dieu=roi=centralitéaorientéversunenouvelleconceptiondel’astronomie.Lamétaphoreconcernel’historienquil’utilisesanss’enrendrecompte.Quellessontlesconséquencesdecetusagemétaphoriquesurlediscoursdel’historien.La question épistémologique soulevée à la fin du XIXe siècle avec Nietzsche porte sur lerapportentrelamétaphoreetlediscoursscientifique:Est-cecompatible?

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Celaposeleproblèmedelascientificitédudiscourshistorique.Onpeutconcevoirunusageraisonnédelamétaphoreenhistoire.

I. HISTOIREETMETAPHOREL’histoireestenvisagéeàceniveaucommesciencehistorique.

1. Ilyad’abordunproblèmedestyle

Traditionnellement, l’histoire est rattachée à la fac de lettres. Il en est demêmedans lesclassespréparatoires.Laconfusionestentretenueparl’admissiond’historiensàl’AcadémieFrançaiseoul’AcadémiedesInscriptionsetBellesLettres,sansparlerduromanhistorique.LeNomdelaRoseamêmeétéconseilléàdesagrégatifsenguisedelecturesurleMoyenAge.Pourquoi les historiens ne publient-t-ils pas massivement en anglais, sinon avec l’arrièrepenséequelefrançaisoffreplusdesubtilités.Les efforts durables destinés à rattacher l’historiographie française aux sciences sociales,depuisledébutdesannées20,n’ontpasévacuéleproblème.Leproblèmenesesituepasauniveaudelaplumedel’historien,maisauniveaudurapportentrel’histoireetlamiseenrécit.

2. Rapportentrel’histoireetlerécithistorique

PaulRicoeurconsidèrequel’histoireetlalittératuresonttrèsproches.Rapportentrehistoireetfiction:Cerapportestremisencauseà la findu20esiècle.Onaappliquéàtoute lesproductionssocialesdesschémasdedéconstructionetdereconstruction.Parmilesréflexionsquiontcontribuéàdirequel’histoireestuneproductionlittéraire:TravauxdeHaydenWhiteetPaulRicoeurainsiquePaulVeyneetMarcBloch.Tousontencommunlefaitquetoutenarrations’apparenteaurécithistoriqueparl’usagedestropesetdesmétaphores.Lerapportaurécitestétablipardesprocéduresexternesaudiscours.C’estuneaffirmationexcathedraparrapportauréelgagésurle«paratexte»(4edecouverture,titreacadémiquedel’auteur,toutcequiconduitàuneapparencedescientificité).En2007,Morselapubliéunouvragequi,danssaversion1,étaitsansnotes.AlainGuerreauluiarecommandédesnotesdebasdepagequirendentl’ouvragesérieuxetincontestable.On met en scène la parole de l’historien, garantie par l’organisation disciplinaire. Lavérifiabilitédurésultatdel’itérationestalorsliéaurespectdesprocédurescanoniques.Dèslorsquel’écartentrel’histoireetleromanestnié,commentétablirladifférencesielleestsimplementinterneetinvisible.HaydenWhites’attacheàunepoétiquedudiscourshistoriquedontlebutprincipalestquehistoireetfictionapparaissentdanslamêmeclassedestructurenarrative.Cecifaitoublierlesconditionsprocéduralesscientifiques,constitutiondescorpus,définitiondeslimitesetc.Tout se passe comme si l’énoncé du résultat était la traduction littérale des observationsdirectes.Whiteproposeetmetenpratiqueuneattentionsoutenueauxmodesd’énonciation.

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Ilexisteunefaillebéanteentrel’opérationanalytiqueetsamiseenformelittéraire;lesrécitshistoriquesdeviennentdesfictionsverbales.Raconterl’histoiresestassezprochederaconterdeshistoiresetlarhétoriquejoueunrôle.Delamétaphore(définieci-dessus),lamétonymiequiconsisteàexprimerunsensaumoyend’unautretermedésignantunautresensquiluiestliéparunerelationnécessaire(Toutelamaisonsemitàcrier)etl’ironie,laplusimportanteestlamétaphore.Paul Ricoeur adopte en partie seulement les thèses de White. Il effectue un travail dephilosophiesurlatemporalitédel’histoire.Lerécitetlamétaphoresontlesdeuxvoletsd’unemêmeréalitéetrécitetmétaphoresontpourRicoeurdeuxformessémantiquessemblables.Ils’agitdecréerdelaressemblancelàoùiln’yenavaitpas.Lamétaphore rend lemonde visible. On ajoute au récit linéaire l’usage du temps et descorrecteurslogiquesettemporels.Lerécitconstruitunestructure,untoutanalogiqueàlasuitedesévènements.Lerécitn’estqu’uneimitationetletravaildel’historieneststrictementanalogique.PaulRicoeurenmodifieprofondémentlaconception.Silebutdudiscourshistoriqueestdepersuaderdelavaliditédel’analogie,onvoitbienquelerécithistoriquen’estqu’unetechniquedepersuasionetnondedémonstration.C’est une remise en cause du postulat de scientificité de l’histoire. L’histoire, sciencehistoriqueestfondamentalementopposéeauroman.AuXIXesiècleavec,parexempleWalterScott,onnefaisaitpasdedifférence.Laseuledifférenceentrel’histoireetleromanestque,d’emblée,l’historienprétendraconterdeschosesvraies,alorsqueleromancierprétendraconterdeschosesvécues.Lecontratc’estlerapportentrel’historienetsonpublic.RapportentrehistoireetréelWhiteetVeynemanifestentdesinquiétudessurlefaitquel’histoirenesoitpasunesciencesociale.

- Rapportentrehistoireetévènements:Uneécoleméthodiqueavaitsoigneusementbannitouteespèced’ornementdansletexte.LacroisadedeBloch,avecl’écoledesAnnales,contrel’écoleméthodiquen’arienarrangé.L’historiendoitvérifierlavéritéensuivantlesprocédures.Ilfautfaireattentionauxstructures,auxgroupessociaux,auxdétournementsdefondsd’archivespourconstituerdescorpus.Pourquoicelan’a-t-ilrienchangé?PhilippeCarrardadémontréquelespratiquesd’écrituredesnouveauxhistoriensn’avaientrienàvoiraveccequ’ilsdisaient.Ladisparitiondu récitn’apas fait disparaître lapratiquedu récit. Laproblématiqueaétéaccéléréeparlamiseenintrigueetaentraînélesuccèscolossaldelivresquin’étaientpasconçuspourcela.L’utilisationduprésentaulieudupassén’apasfaitdisparaîtrelanarration.Prenonsparexemplel’ouvragedeDubysurlestroisordresoul’imaginaireduféodalisme.Lehérosdulivre,c’estleschémaidéologiquequiimposelesguerrierscontrelesmoinesetaudétrimentdespaysans.Kristoff Pomian relève de la nouvelle histoire. Il écrit en 1989 un article : « Faire savoir,comprendre,sentir, intérioriser, impliqued’introduiredesobjetsfictifscommes’ilsétaientréels».L’éliminationdespersonnagesetdesévènementsquiconstituentleseffetsderéelafragilisélediscoursdeshistorienscarleréférentauréelétaitpurementthéorique.L’extraordinairesuccèsduromanhistoriqueaeulieudanslesannées70-90.

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LeglissementstylistiquedeDubys’esteffectuéaveclesTroisordres.Michel Roquebert qui a écrit 17 tomes sur l’épopée cathare n’est pas reconnu commehistorien.Avec la dématérialisation des sources historiques, le rejet de la structure archivistique,l’élargissementdelanotiondesource,onafaituncorpusartificiel.Laréaffirmationdelascientificitédel’histoirenedoitpass’envisageravecl’événementoul’individu,maisavecledocumentécritconsidéréentantqu’objet.Lagrandedifférenceentreleromancieretl’historienrésidedanslefaitquel’historientravaillesurdeschosesconcrètesetn’opèrepasdechoix.CelaétaitimpossibledansladémarchedesAnnalesquin’afaitqu’accentuerlapertederéalitédudiscourshistorique.Cecirégitl’histoireentantquepratiquetextuelleetnerèglepaslestatutdelamétaphoreparrapportauproblèmedelasciencehistorique.

II. STATUTDELAMETAPHOREDANSLESSCIENCESSOCIALES:L’histoire a le complexe des disciplines molles par rapport aux disciplines dures et lasurvalorisationdelascience.Siontombesurunscientifiqueunpeumalin,ilconsidèrequ’ils’agitd’unsimplemalentendu.Lestatutscientifiqueestleseulmoyendelégitimerl’existenced’unediscipline.Lessciencessocialesproduisentundiscourscenséressembleràceluidessciencesdures.GastonBachelardrenvoie l’usagede lamétaphoreàunsavoir fermeetstatiquequiest lesavoirdel’opinion.SelonBachelard,cequicaractériseraitunscientifique,c’estladémonstrationetcelaconduità éliminer tout image mentale. Une science qui accepte les images est victime desmétaphores.LamétaphoreselonBachelardestunobstacleépistémologiquepourlasciencecommepourl’historien.Lephantasmedelamétaphoreconcernetouteslessciencessocialesquiensontbourrées.Lasciencesocialeproduitdesintriquesettransformedessujetsenacteurs.Laplustouchée,c’est la sociologiedes sciencesen raisonde sonobjetqui consisteà importerdemanièremassiveetsauvagedesnotionsscientifiquesduresquinepeuvent,danscecas,n’êtrequemétaphoriques.En 1996, Alan Sokal, professeur de physique américain, a écrit un article débile qui, sousprétexted’épistémologie,luifaisaitécrire:«transformerlafrontièreversuneherméneutiquedelamécaniquequantique».Onadénoncédansl’articlel’usagemétaphoriquequin’étaitqu’unesimplepostureacadémique.L’usagemétaphoriqueestdestinéàrendresaisissabledeschosesnoncompréhensibles.Là,onvadel’inconnuàl’inconnu,avecuneimportationsauvagedetermespourfairejoli.

III. PLAIDOYERPOURLAPRODUCTIVITECOGNITIVEDELAMETAPHORE1. Introduction

MalgréBachelard, ilesttenutoutundiscoursopposéquivaloriselamétaphore,ycomprisdanslessciencesdelanature.Lamétaphoreadespropriétéscréatives,mêmeauniveaudesscienceshumaines.

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Onlevoitavecl’exempledelabiologiepourlacompréhensiondelacréationdesgènes.L’ADN véhicule des informations génétiques et le recours au schéma a été une solutionefficacepourrésoudreunproblèmescientifiquebloquédepuisplusieursdécenniesavec,enprime,unmoyenpuissantd’enseignement.Jean-MarcLevy-Leblond,physicien,afaitremarquerquelaphysiquethéoriquearecoursàd’innombrablesmétaphores(champ,rayon,foyer,trounoiretc.)Derrièrecetteangoissedessciencessocialesparrapportauxsciencesdelanature,c’estunautreproblèmequisepose.Il s’agit de sortir d’une projection attardée et projecturale positiviste de la science où onn’utiliseraitquedesmotsàunseulsens.Ceci est lié à un idéal mécaniste newtonien où on trouve une machine inusable et sansfrottement.Enmême temps, la thermodynamique remeten cause le schémanewtonienetensuite, àpartirduXXesiècle,larelativité.Levy-Leblondenarriveàconsidérerquelerecoursobligéàlamétaphoreestliéàlacomplexitédel’objet.

2. Commentfonctionnelamétaphore:

Ils’agitd’assemblerdeuxréalitésquirelientdesdomainesséparés.Labiologieapuutiliserlamétaphoreaprèsavoirdépassédesassociationscanoniquesentrel’hommeetl’animal.Ilenestdemêmepourlaphysique,dèsquel’onéliminel’oppositionentreénergieetmatière.Ledépassementpeutêtreatteint,soitparladémonstrationstricted’unfait,soitparlamiseenintriguesurlabased’unrécitfondésurlerapportmétaphorique.Lamétaphorebriselesschémascanoniquesdeclassification.Onpassealorsàunautreniveaudegénéralités,àlasuitedecedépassementrhétorique.Onpratiqueunecollisioncontrôléeentredeuxréalitésdifférentesqui,apriori,n’ontpasderapport.Ladémarchescientifiquerésulted’essaissuccessifsenexpliquantcequel’onfait.C’est la valeur heuristique qui légitime l’imagination. Il n’y a pas de chercheur sansimagination.L’avantagecentraldelamétaphoreestqu’ellepermetdesortirduschémahabituel:sciencedure–sciencemolleounature–sciencessociales.Unautredilemmerésidedanslefaitqu’ils’agitdesciencesnonfalsifiables.La modification d’un terme du protocole aboutit à des résultats différents. (il faut ledémontrer,carc’estunmodedevérification).Unetellescienceestqualifiéede«poppérienne»,dunomdesoninventeurKarlPopper.Lesdonnéessontnon falsifiables.La fracturenepassepasentresciencesmollesetdures.L’astronomien’estpaspoppérienne.Encontrepartie,diversénoncéssociologiquessontfalsifiables.Cequicompte,c’estlacapacitéd’itération.La métaphore permet de sortir du dilemme entre sciences poppériennes et nonpoppériennes.Onsortdeladistinctionvrai-faux.Cecipermetlalectured’opposésenmêmetemps.C’estunelogiquequipermetdesortird’unelogiquedeprocédureoudeprotocole.Lafacultédeprocéderàdesitérationsestfacultative,lafiabilitéestindispensable.Onestpassédelaproductiondeloisconstantesàl’étudedephénomènestransitoires.

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Parconséquent,l’intérêtmajeurdelamétaphore,c’estdedonnerdelavisibilitéàdeschosesabstraites.Lamétaphorepeutfairepartied’unprocessusanalytique,àconditiond’êtrereconnuecommetelle.Onécrit,àconditiondenepasselaisserentraînerparsaplume.Lorsqu’on a ensuite obtenu un résultat avec lamétaphore, on essaye d’obtenir lemêmerésultatsanslamétaphore.Ilnefautsurtoutpasquelachargedelapreuvereposesurlamétaphore.Ilestenvisageablequelediscourshistoriquesoitmétaphoriquedanssadémarche.Ilestaussipossiblequ’ilsesoitconstruitenmêmetempsquesonfrèrejumeau,lerécitromantique.Lerégimedescientificitén’estpasopposéàlamétaphore.Ilfautsanscesserestervigilantetnepasselaisserentraînerparsonlangage.

IV. LAMANIEREDONTLESHISTORIENSONTMISENŒUVRELAMETAPHOREOndistinguedeuxsortesd’usagemétaphorique:

- Lesmétaphoresd’inventionvolontairesquivisentàprovoquer;- Lesmétaphoresd’usagefossilisées.

Les métaphores d’usage sont utilisées chez les historiens. Ces métaphores incontrôléesproduisentdusensànotrecorpsdéfendant,commeparexemplelasource.Cepeutêtreabstraitaveclamétaphoredelamer.DubyaveclabatailledeBouvinesparledecerclesconcentriquesdansl’eau,parl’échod’unévénement.Cesontdesmétaphoresquiserventàmasquerunegénéralité:Lesmétaphoresvolontairessontconstruitesparl’historiensurlabased’uneanalogie.Ellesrecourentàuneimagepoursusciteruneidéeavecuneconnotationplusoumoinscontrôlée.Ilfautsavoirquelleimageestvéhiculéeparlaconnotation.Si l’on prend la métaphore de la mer chez Braudel, elle est destinée à éviter toutdéveloppementetdanscecas,sonusageestnonscientifique.OnobservechezBraudelunrecoursrécurrentàlamétaphoredelamerpourparlerdutemps.Lestroistempsdel’histoire,long,moyenetcourt,sontassociésàlamétaphoredescourants,desmaréesetdesvagues. Le tempsévènementielest renduvisiblepar lamétaphoredesvagues.Ledeuxièmetempsintermédiaire,c’estletempssocial,celuidesmarées.Letroisièmetemps,géographique,parexemple«profondeursabyssales»,stylecommandantCousteau.Laconséquencemajeuredesmétaphoresmarinesestqu’elles ramènentàunmouvementnaturel.Braudelneprouveriencarcomparerlesprixauxmaréesn’expliquerien.Enarrièreplandetoutcela,ilyaledarwinismeetmême,plusloin,l’adaptationdesespèces(dustyle«lagirafeaunlongcoupourpouvoirmangerlesfeuilles»).Sionreprendcetteconceptiondestroistemps(pourquoipasdeux?),onneprouverien.Lacritique,parexemple,utilisecettemétaphorepourridiculiserl’hypothèsedumoteurtroistemps.Laloidel’offreetdelademandeestunepurecroyancefondéesurunphantasme.ChezGeorgesDuby,ontrouveuneforteprésencededeuxtypesdemétaphores:

- Celles empruntées à la géologie et la géographie physique qui sont appliquées àl’histoiresocialeetculturelle.

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- LesmétaphoresrelativesaucorpshumainsonutiliséeslorsqueDubyveutévoquerlesystèmesocialentantquesystèmed’intégrationnourride l’imaginairemédiéval. Ilrevitalisel’organismemédiéval,sansdirequec’estunemétaphoremédiévale.

Laquestionposéeest:Commentcelabouge?Dans Guillaume le Maréchal, il compare une charte rangée dans un coffre à une parole« gelée ». L’utilisation de la métaphore du congélateur constitue un grand progrès pourl’époque.

- LesmétaphoresspatialessontprivilégiéesparDubypouréclairerlesrapportssociaux.Ilnaturaliseainsilesstructuressocialesaudétrimentdesliensdesolidarité.

Braudel etDubyontunevolonté stylistique.Audelàde ceseffets, il faut voir cequ’il y aderrière:ChezBraudelriendutout!etchezDuby,uneapprochetrèssommairedusystèmesocial.Aveclesmétaphoresd’usage,lesimagessontfossilisées,pétrifiéesetarticuléesavecd’autresmétaphores. Elles peuplent le langage courant des historiens et ces mots continuentd’importeraveceuxuneconnotation.La métaphore lexicalisée continue à vivre et on voit d’autant plus mal qu’il s’agit demétaphoresqu’ellesfontpartiedulangagecourant.Les métaphores spatiales sont nombreuses. Gérard Genette avait repéré une grandefréquencedemétaphoresspatialesdanslelangagecourant.Ellespermettentderendrevisibleledéroulementdulangageetdeledoterd’uneprésencequidépasseleshistoriens.Parexemple:Ladiffusiond’unphénomèneestunenotiondephysiquequiévoquecequiserépand.Cettemétaphorenedit riendespropriétéspratiquesd’appropriation. Ilenestdemêmeaveclesidées.Parexemple:«AristoteserépanddansladeuxièmemoitiéduXIIIesiècle».Enréalité,onprendchezAristotecedontonabesoin.Leshistoriens,de leurcôténese lesapproprientégalementques’ilsenontbesoin.Lamétaphorespatialepeutfaireallusionsauxdistancesetàl’orientation(horizontal,vertical).Unemétaphore,àmi-cheminaveclespatialestcelledelacirculation.Si cette métaphore est utilisée par un historien de l’Ancien Régime qui étudie lestransformations de la circulation des biens et des droits de la noblesse qui s’identifie parfiliationpaternelle.Onpassedelacirculationdesterresàlacirculationdusang.Cetusagemétaphoriqueexagèrelepassagedubilinéaireaupatrilinéaireetl’historiendevientprisonnierdesamétaphore.LamétaphoredelacirculationaunehistoireàpartirduXVIIesiècleoùelledevientcequenousconnaissons.Ondécouvreen1628lacirculationsanguine.C’estàpartirde1680quel’oncommenceàvoirle premier usage métaphorique de la circulation. Circulation des idées, des biens, despersonnes.Toutes ces métaphores et il y en a bien d’autres permettent de rendre compte dephénomèneshistoriques.Parmi les métaphores destinées à légitimer l’opération historique il y a celles qui sontvisuelles.Voir?Maisonnevoitrien!C’estlatransformationd’uneopérationlogiquepourluidonneruneffetdeprésence.Bernard Lepetit (disparu prématurément avait entamé une large réflexion sur leschangementsdefocaleetc.Celle-ciaétérécupéréeparRevelquiabousillécethéritage.Cecilaisseenplacel’idéequ’onpeutobserverlesocial.

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Onvajouersurdesrapportsnouveauxaveclesmots.Qu’est-cequ’uneobservation?Celle-cin’arienavoiraveclaphysique.Onnevoitrien,etc’estnousquiinventonslesimages.La métaphore des traces fait référence à une histoire longtemps conçue comme uneconnaissancedetraces,derestesquipermettentd’accéderàdesréalités.Quand on détaille la nature des traces, on s’aperçoit que celles-ci ont de nombreusespossibilités.Latracepeutêtremarquéecommelaconnotationd’unsigneparterre.Danscecas,lathéoriedelatraceconduitdansdeuxdirections.Lamétaphoreduchasseurintroduitunedisciplineconjecturalenonscientifique.Ellevalidel’histoirecommeuneformedereconstructiondupassé.Lamétaphoredela«trace–empreinte»n’estvisiblequ’unefoisquelepiedestparti.Celanousplacedansunelogiquede«voiravant».Lapisteadisparuauprofitdel’empreinteetpourtant,l’historienn’estpasunantiquaire.L’objet,c’estlatransformationdel’espritdansletemps.Latracequel’onréduitàl’empreinteetnonlapisteinstalledansunelogiqueselonlaquelleontravailledansuneabsence.UmbertoEccoquiplaceensemblesymptômeetindicenousouvreversuneautremétaphore,celledusymptômequipermetdedépasserunblocagemétaphoriquefossilisé.

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11/02/2016L’Analogie:Comparatismesauvage,courantchezleshistoriens.

Analogie,engrec,signifieproportion.Ilfautqu’ilyaitdusens.Ladémarcheanalogiqueconsisteàtrouverdessimilitudesprécises.L’analogieestunefiguredelogique.Ellepeutserencontrerdansunenotationmétaphorique.Lesrapportsanalogie-métaphorepeuventêtrecomplexes.Ilpeuts’agirdetransferts.L’analogieestlamiseenrelationdedeuxélémentsquinel’étaientpas.L’albatrosn’estpasunemétaphore,maisuneanalogie.Danslamétaphore,ondonneàvoirunethéorie,etlathéorieprécèdelacomparaison.Dansl’analogie,lesressemblancesguidentlatentatived’explication.Lerepéragedesimilitudessignificativesestaucœurdel’exercicedelaraison.L’analogie est d’ailleurs, dès l’Antiquité, placée très tôt au cœur des systèmes deraisonnement.Danslasociétémédiévalel’analogieestsystématiquedansl’exégèsebiblique.AuXIXesiècle,elleestaucœurduclassementennomenclatures.AuXXesiècle,ellepermetletransfert,entredesdomainesscientifiquesdistincts,deconceptsélaborésdansd’autresdomaines.C’estlebonusageetmalheureusementpaslepluscourant,danslapratiquedeshistoriens.Analogie de proportions : Son caractère utilisable ne consiste pas à comparer desphénomènes.Analogiederapport:Elleesteffectuéeentredeschosesquisontanalogues,silesrapportssont équivalents. Elle est développée en géométrie, par exemple pour le rectangle. Enbiologie,Aristoteétablissaitdéjàunrapportentrebranchiesetpoumons.C’estlamiseenplaced’untyped’énoncéquicaractérisel’analogie:A:B::C:Dsignifie:AestàBcequeCestàD.Onpeutdireégalement:Lespoumonssontauxbranchiescequel’airestàl’eau.Enthéologie,onaunerichepaletted’analogies.Le problème est que l’analogie est utilisée dans d’autres situations qui ne sont pas desanalogiesdeproportion.Bachelards’estbattucontrel’analogie.Unautremodedecritiqueestcontenudansdesouvragesquicondamnentletransfertd’unsystèmeàl’autre,sousprétextequ’ilyadesressemblances.Unepostureintellectuelleposelaquestiondeslimitesdanslesquellesonpeutallerenmatièred’analogie.LadémarchedeGeorgesDumézil,enrepéragederapportsaétévivementattaquée.Duméziln’ariendémontré,maisilacontraintàbougerleslignes.Onattribueàl’analogiederapportunevaleurquicontribueàladécouverteheuristiquedanslesdisciplinesmolles,maisaussidanslesdisciplineslogicorationnelles.L’intérêt de l’analogie repose sur le fait qu’elle n’est pas la ressemblance, mais uneéquivalenceentrelesrapports,quidoitêtreconstruitesuruntravaild’abstractionenlaissantdestracesdansletexte:Onlefaitvolontairementetonledit.

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L’analogien’estpasinductiveensoi.Lesloisquimettentenrapportnepermettentpasdedéduirequelesloisquiconstruisentlerapportsontlesmêmes.L’analogien’estpasexplicativeensoi.Ellenepermetpasdetrouverdeslois.Ladémarcheanalogiquedoitêtreassuméejusqu’aubout,ycomprisdanssesrésultats.Bourdieu,en1972,danssa théoriede lapratique, formuledes résultats :«Toutsepassecommesi…».C’estunexempledeprisededécisiond’écriturequ’onassumejusqu’aubout.D’unpointdevuestrictementscientifique,ilfautpousserleraisonnementjusqu’àsonterme.Sicelanecraquepas,ilyadeuxsolutions:

- Soitlechercheurestdemauvaisefoi,- Soitcen’estpasuneanalogiemaisunetautologie.

AugustinCournotécriten1912«Fondementsdesconnaissances»quiestunplaidoyerpourl’analogie.Palowskisepenchesurunéventuelrapportentre«LasommedeSaintThomasetlapenséescholastique»etlescathédralesd’ÎledeFranceetl’architecturegothique.Enquoileproblèmedel’analogieimplique-t-illediscourshistoriqueetlemodedeconstructiondecediscours?L’usageducomparatifdanslediscourshistoriqueestcomplexecaronmetencorrespondancedesdonnéeshétérogènessurlabasederecherched’analogies.Onestaupremierstadederecherchedesimilarités:

- 1erproblème:cen’estpasunedémarcheanalogique;- 2e problème : l’historien importe d’autres disciplines des schémas explicatifs qu’il

considèrecommeapplicables(parexemplel’anthropologie)Pratiqueauniveaudel’importationetdeladiscussion:Jean-Claude Schmidt revenait sur le sujet en 2006-2009 : « L’historien comparenécessairement,sinoniln’yapasd’intelligencehistorique».L’historiencomparebeaucoup,maisnepratiquepaslecomparatisme.Cette comparaison sans méthode des historiens s’apparente à une analogie sauvage,consubstantielleaudéveloppementdelasciencehistorique.Dèsqu’onacommencéàfairedel’histoire,onacommencécommecela.Berthold Georg Nebehr, considéré comme historien, écrit « Romanische Geschichte » en1811.Dans ce texte, Nebehr traite de la question romaine et pense être parvenu à faire unecomparaisonentrelatransmissionfoncièreduseulroi,àRomecommeenInde.Henry Maine considère que l’Inde lui fournit un cadre de mise en ordre de la propriétécollectiveenEurope.C’estaprioriunbontravail,àl’exceptiondufaitquelamanièredontletravailesteffectuéposeunproblème.Dès1800,FusteldeCoulangestravaillesurlesrapportsentrel’histoireetd’autresdisciplinesàproposdesesrecherchessurlesdroitsdepropriétéchezlesGrecs.Durkheimsommeleshistoriensdemettrelacomparaisonaucœurdeladémarcheexplicative.Leshistoriens restent sur ladéfensiveet il faut attendre l’entredeux guerrespourque lacomparaisoncessed’êtreunpalliatifhonteux.Marc Bloch s’engage en faveur d’une histoire comparée des sociétés européennes. Il estcandidatauCollègedeFrance.Blochdéfinitàcemomentdeuxformesdecomparatisme:

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- Rechercherlesdifférencesentredeuxsociétésvoisines,contemporainesetissuesdumêmemoule;

- Trouverdes similitudesqui nepeuvent s’expliquerparune communautéd’origine,dansl’espaceoudansletemps.

C’estcettedeuxièmeoptionqueBlocha lemoinsdéveloppée.Ilasurtouttravaillédanslecadrede la premièreoption, par exemplequand il comparedes féodalitésmédiévales enEuropeetauJapon.CommeBloch,leshistoriensontsurtoutpratiquélaformecomparativedu1ertype,parfoisélargieentrel’Occidentetl’Islam.Laméthodecomparativen’aétépratiquéequedanslecadredel’anthropologiehistorique.Pourqueletravailsoitanalogique,ilauraitfalluallerjusqu’aubout.On s’est limité au comparatisme sauvage et la méthode a été élaborée sur la base defondementsquin’ontriendescientifique.Ceciestliéàlastructureduchampacadémiqueglobaldansl’entredeuxguerres.Ladécolonisationadétruitleparadigmeprimitifetilafalluopérerunreclassementurgentdesethnologues.Il ne leur restait plusque l’histoire évènementielle et les ethnologues, pour légitimer leurexistencescientifique,ontentreprisderedéfinirleurmétier.EnFrance,en1949,Lévi-Strausspublieunarticlesurlesrapportsentrehistoireetethnologiedanslequelc’estlasociologiequifaitlesfrais.Ce mouvement de repli trouve des échos à, la fin des années 50, précipités par ladécolonisation.Onassiste àuneOPAdesAnnales sur l’anthropologie. Il fautpour cela se replongerdansl’atmosphèredel’époqueoùl’universitérègneenmaîtresurl’académie.L’EHESSn’existepas.Ungroupedechercheursvatenterdedélégitimerlapratiquedeshistoriens.André Glurière, moderniste, considère que l’histoire se caractérise par son caractèrespongieux.L’anthropologieestlaplusstructuréedessciencessociales.La mollesse de l’histoire n’a d’équivalent que sa capacité d’intégration. Il s’agit d’unecorporationtrèshétérogène.LesAnnalesd’HistoireEconomiqueetSocialepeuventêtrelevecteurducombatmenéparBlochetFebvre.Blochn’estpaséluauCollègedeFrance.LucienFebvrejusqu’en1956estdirecteurdesAnnalesetprésidentdela6esection.C’est au début des années 60 que s’amorce dans les Annales et l’EHESS la conversion del’historienàl’anthropologie.Le Goff en 1964 écrit qu’il souhaite faire appel à l’anthropologie. Le texte de l’ouvrage adisparuen1977.LeGoffen1977s’exprimeunbulletind’histoireetiln’apluslesaccentsbelliqueuxde1964.Enmai1968onassisteàunemultiplicationdesuniversitésetdesjeunesassistants.Unerévolutioninternea lieuen1969avecl’éloignementdeBraudelauprofitd’uncollègeéditorialquiimpulseunmouvementdeconversiondel’histoireàl’anthropologie.Tout ceci s’accompagne d’un grand dynamisme médiatique associé à un contrôle descollections.Cettestratégieestdestinéeàimposerl’anthropologiehistorique.Ilfautattendre1982pourquecelienconsubstantielnesoitplusaussifort.Lanouvellerevueintitulée«RevueMédiévale»seveutclairementnerevued’anthropologie.Onconstatealorsunsuccèsremarquabledel’anthropologiehistorique.

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GeorgesDuby a été proche de l’école des Annales sans faire vraiment de l’anthropologiehistorique.Ilreconnaîttoutefoisclairementladettedel’histoire.Dubyattaquelamanièredontleshistorienssesontservisdel’anthropologiemaisilposeleproblèmeduvocabulairedesethnologuesfaisantappelàdesnotionsmédiévalesavecfief,mariageetc.Onestlàdansleproblèmedel’analogiequifonctionnedanslesdeuxsens.Alafindesannées80,c’estledébutdureflux.Aujourd’hui, l’anthropologie semble avoir largement disparue du débat scientifique ethistorique.Alain Guerreau a publié deux ouvrages à 20 ans d’intervalle et en 1980, il y avaitl’anthropologie. Dans l’ouvrage suivant, elle a disparu et pourtant, elle continue à êtrepratiquée.L’anthropologieestdevenue«l’eaudubain»dontparlaitDuby.C’estcetteanthropologiehistoriquefrelatéequiapersisté.Ilyadonceuunerencontreratéeentrel’histoireetl’anthropologie.Leshistoriensontfaitducannibalismenotionnel.Ilsnesontjamaisdevenusanthropologues,maisilsontfaitdel’anthropologieunetechniqueintellectuelle.Danslaplupartdescas,ilsontutilisédesrecettesquiontexaspérélesanthropologuesdontlematériauétaitutilisé.Iln’yapaseud’échanges,carlesanthropologuesnevenaientpasauxséminairesd’historiensconsacrésàlaparenté.L’enrichissementdesquestionnairesavecamour,sexe,mort,etc.n’estpasunegarantiedevaleur.Ladémarcheestvictimedesonsuccès.En même temps, les réflexions autour du mode opératoire que représente l’analogiedisparaissent.Voicideuxexemplesderatagequicontinuentàfonctionner:

- Lelignage:Danslesannées80sedéveloppel’idéed’unemutationlignagèreauxXIeetXIIesièclesavecdespratiquessuccessorales:

- Lepersonnageprincipal,GeorgesDubyrelayeletravaildeKarlSchmidt;- L’attentionestportéeenFrance,surlesrapportsdeparenté.

CephénomènepouvaitexisterenFrance,surlethèmedupatrilignage.Cettethéorieestentraindedisparaîtreetiln’enrestequequelquestracesdanslesmanuels.Cedoubleraisonnementanalogiquesemetencircuitfermé.Lelignageestcourantdanslestextesmédiévaux,maiscen’estpaslelignagepatrilinéairedesanthropologues.A partir des années 80, il se construit un discours de pratiques successorales qui vontprivilégierlesgarçons,sansquelesfillesperdentleursdroits.IlfautattendreladeuxièmemoitiéduXVIIesièclepourl’inversionversunvraipatrilignage.Cette notion de lignage qui se transforme, à l’époquemoderne, en cadre patrilatéral, estabolieàlarévolution.Ce termedevientobsolèteet tous cesmotsde l’AncienRégimeontété récupéréspar lesanthropologues.Toutlevocabulairedelaparentéestissudel’AncienRégime.Pourétudier lesanalogies, il fautalleraudelàdesmotset c’est là,d’aprèsDuby,qu’onaperverticettenotion.

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Barthélemyapervertil’héritagedeDubyetlelignage,carDubyneparlaitpasd’anthropologie.Lelignagemédiévalestàlasociétémédiévale,cequelelignageprimitifdesanthropologuesestàlasociétéprimitive.Sionpartduprincipequelesdeuxlignagessontéquivalents,ontombedansunetautologie.SchmidtaététrompéparlastructurelignagèredesarchivesenAllemagne.

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26/02/2016Usagedelacitation–JulieClaustre–

Réflexionsurl’écrituredel’histoireaumomentdelamiseenforme

LadéfinitiondelacitationdansletrésorinformatisédelaTLFest:1- Actiondeciterenjustice:sommation,ajournement,assignation(5XIVesiècle).2- Actiondeciterlaparole,lesécritsd’unauteur((XVIIesiècle),3- Récompensehonorifiquedécernéeàunmilitaireouuneunitépourunfaitd’arme(fin

XVIIIesiècle).Onnavigueentrelapreuveoul’hommage.Ladéfinitiondelacitationenhistoire:C’estunetechniquedediscoursengénéralquiestoralouécrit.Danslesensn°2,c’estl’actiondereproduirecequiaétéditouécritparunautre.Danslamesureoùc’estuneextractiondeparolesoudephrases,onparlerad’énoncé.Ladéfinitioneststricte:lamention,l’allusionoulasimpleréférencesontexclus.C’estainsiquechezLeGoff,iln’yapasdecitation.L’intertextualitéestl’interactiontextuellequiseproduitàl’intérieurd’unseultexte.Cepeutêtre:Citation,plagiat,allusion,référenceoulienhttp.Ondistingue2typesdecitations:

- Epistémologique(ouintertexte),- Documentaire(ouinfratexte)

Ladisciplinehistoriqueabeaucoupdéveloppélacitationdocumentairemaispeulacitationépistémologiquequipermetdedénaturaliserlapratiquedelacitationdocumentaire.

I. FORMESDELACITATION:1. Marqueurssémantiques:

Toutesleslangues,ycomprisnonécrites,utilisentleprocédédecitationetellesontrecoursàdesoutilslinguistiquescommelesverbes(ilditque,ilsedemandesi,etc.).OnpeutfaireréférenceàDavidHOLSON,L’universdel’écrit.D’aprèsHolson,certaineslanguesdisposentd’inflexions,d’attitudes,poursignalerlepassageàlacitation(élocutionralentieparexemple).Cesmarqueurspeuventse retrouverdans la langueécriteetcertainssontspécifiquementgraphiques.Onpeutciterlesrèglesdecitationd’unéditeur:LespublicationsdelaSorbonnemarquentavecguillemetslesproposrapportés,oupassentduromainàl’italique,oulamiseenpagevarie.Laplacedelacitationdanslecorpsdelapageestunenjeufortetonpeutprévoirundécalagepourlesgrossescitations.Autreexemple:MarcBlochciteentreguillemetspourlefrançaisetennotedebasdepagepourlelatin.Leplacementdel’énoncécitédanslecorpsdutexteluiconfèreuneimportancecrucialedansleraisonnement.

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S’ilyauncommentaireserré,ilfautqu’ilsoitdanslecorpsdutexte(qu’ils’agissedufrançaisoudulatin).D’autrescitationspeuventsepromenerailleurs(épigrapheouexergue).Onpeutplacerentêted’unouvrageoud’unchapitreunénoncéconsidérécommeimportant.Lacitationentitredoitêtretrèscourte(ex:«Degrâceespecial»)Cette citation en épigraphe a un but ornemental et elle introduit des textes étrangers aucorpus.Lacitationenépigrapheestrarementcommentée.Ellesertprincipalementàlancerlediscoursdel’historien.Ellejoueunefonctiond’embrayageetelleestdestinéeàséduirelelecteur.C’estunefaçonderattacherl’histoireàlalittérature,aumomentoul’histoirerevendiquesascienticité.C’est ornemental,mais cela annonce une réflexion sur ce qui va être commenté dans unchapitredelathèse,parexemple.Ilestrarissimequeleshistoriensplacent,entête,descitationsquinesontpasdocumentaires.Lacitationenappendiced’unmémoireoud’unlivreestunegrossecitationdéveloppéesurplusieurs pages. Bloch et Le Goff parlent d’appendice, Alain Bourreau parle de note oud’annexe.L’appendice, ou annexe, doit être associé à la justification explicite du choix de ce typed’édition.Trèspeud’historiensapportentcettejustification.BourreauetLeGoffnelefontpas,MarcBlochlefait.MichelDECERTEAU,L’écrituredel’histoire,1975,Reed.2002,p.130«Seposecommehistoriographique lediscoursqui«comprend»sonautre, lachronique,l’archive, ledocument, c’est àdire celui qui s’organiseen texte feuilleté, dontunemoitiés’appuiesurl’autre,disséminée,etsedonneainsilepouvoirdefairedireàl’autrecequ’ilapensé,sansl’exprimer».Procédésdecitationsdanslesmanuscrits:

- Soulignementdel’énoncé(danslamêmecouleurouenrouge)- Utilisationd’uneautreencre(dichromie)- Décalagedel’énoncéparrapportàlajustification,- Signalementdel’énoncéparunpieddemouche(¶)- Placementdel’énoncécomplètementenmarge,- Signalementdel’énoncéparuneinitialerehausséedecouleurs,- Insertiondunomdel’auteurendébutdecitation,- Signalementdel’énoncéparunsignerépétéenmargedeslignes.

Cesprocédésgraphiquessontanciensetnombreux(àvoirsurlesiteCodicologia,àlarubriqueCitations).Procédésdanslesdocumentsd’archives:

- Référence à la Lex Gothorum dans les documents catalans des IXe au XIIe siècles(MichelZimmermann),

- Citationsréférencéesauxlivres,chapitresdecetteloi,- Connecteurssémantiquescomme«Ubidicit»«Sicutlexgothorumcontiner»,- Placedansledispositifdel’acte,cesmentionsdevantconférerunelégitimitéàl’acte,

afindefonderetargumentersurundroitprécisLadiversitérépondàdestactiquesd’argumentation.

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Procédésdecitationchezlesécrivainsanciens:- BernardGUENEE,Histoireetlecturehistoriquedansl’occidentmédiéval- LaurentMORELLE,Lamiseenœuvredesactesdiplomatiques

Analyse(ourejet):Unmoine,quisefaithistorien,analyseunacteantérieur(charte)etenfaitunrésuméaunomdelabrièveté.Vientensuitelacitationintégrale:

- Fusiondelacitationetdurécit,- Recomposition de la citation (ex. Vie de Bouchard XIe siècle). La vie de Bouchard

comportequatrediplômesroyaux;- Transformationdel’énoncédelacitation:Lachartedevientdiscours(GestaDagoberti

IXesiècle).C’estunetechniquedefusiondelacitationdanslerécit;- Miseenscènedel’énoncé:«Envoiciletexte…»,parexempleRicherdeReimsintègre

danslerécitleprivilègepontifical.Cesexemplesanciensmontrentlagrandevariétédestypesdecitationsquiestlapreuved’unegrandeingéniosité.

II. USAGESETFONCTIONSDELACITATIONENHISTOIRE:1. Lacitationépistémologique:

- Citerpourformuler,- Citerpourembrayer,- Citerpourélaborer(fonctionprincipale),- Citerpourrévérer

Pourformuler:Un auteur aide à formuler une idée. Ceci peut justifier des emprunts éloignés du corpusprofessionnel(ex:Proustpourlesphilosophes).Pourembrayer:L’embrayage rhétorique est une pratique très ancienne. Ce n’est pas pédagogique, maisseulementornementaletpermetdemettresurpiedslacharpentedudiscours.Pourélaborer:Ils’agitd’élaborerunefonctionderecherchequivas’affineraucoursdel’écriture.Lalectureestsuivied’unediscussionserrée.LeGofffaitainsiungrosdéveloppement,dansl’introductiondesonSaintLouis,encitantdessociologues,deshistoriensetdesanthropologues,maisilnecitequeceuxquiviennentdefaireunehistoriographiedeSaintLouis.Onpeutciterlorsqu’ils’agitdejustifieruncorpus,ouunenouvelleméthoded’analyse.;cetteprocédureestsouventexigéeparleséditeurs.Lacitationépistémologiquenedoitpasseréduireàuncataloguehistoriographique.Ellejoueunrôleimportantdanslacontroverseindividuelle.Lacontroverseestrareetlescitationsdanslacontroverselesontencoreplus.Pourrévérer:

- Dansleregistreprimaire,ils’agitdeciterlesagentsd’unmêmechampdisciplinaire,dansunelogiquedecooptation,deconnivence,d’appartenanceoud’autopromotion.

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- Dans le registre secondaire, il s’agit de citer les agents extérieurs au champ. Leslogiquessocialessontdifférentes:Onestdansunelogiquedeclassement(pourseplacerdanssonchamp),d’impositionjuridictionnelle,deretouroudelégitimation.

- Dans le registrenégatif, onestdansune logiquedenon citation, d’occultation, deraréfaction,d’ignorance.

Quandoncite,onrenforcel’autoritédeceluiquel’oncite,notammentparlascientométrieetlecalculdufacteurd’impact.Onévalueeneffetunchercheuraunombredecasoùilaétécité.Risquesetpérilsdelacitationépistémologique:Danslapratiquedel’historien,letextehistoriquerestera.Ilyaunrisque:

- D’effacementdel’auteur,deservilité;- D’éclectismecitationnelcequipeutprovoqueruneincohérenceentrelecorpusetla

citation;- Moraletjuridiquedeplagiatoudecontrefaçon;- Rhétoriquedelongueuretdelourdeurdutextescientifiqueavecunedistorsiondans

lacontinuitédudiscours.

2. Lacitationdocumentaire:

C’estunprocédédeprobationenhistoireoud’annexiondupassé.Ilexiste3procédésdeprobationfondamentaux:Laréflexion,lacitationetlanotedebasdepage.L’histoireestunesciencequis’appuiesurdespreuvesextra techniques,principalement lematériaudocumentaire.Ceci est lié aux conséquences du « linguistic turn » qui s’est élevé contre le caractèrescientifiquedurécithistorique.HaydenWhite,RogerChartier,CarloGinzburgsontauxracinesd’unparadigmejudiciaire.

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10/03/16StéphaneLamassé:Représentationgraphique

Letableaugraphiqueestliéàl’histoirequantitative:Ils’agitd‘écrireduchiffre.Il fautseposerdeuxquestions :GeorgesDubyetAlainCorbinnepeuventpasparlersanschiffrecarlechiffreestunélémentindissociabledelapensée.Lestableauxapparaissentcommedestémoinstransparentsdelasociétéqu’onétudie.Ilfautdissiperdeuxmalentendus:

- Ne pas céder au premier réflexe, intenable, consistant à dire « il ne faut pas dechiffres»;

- Onnepeutpasfairen’importequelgraphique!Lorsqu’on écrit de l’histoire, il faut nécessairement s’interroger sur les tableaux et lesgraphiques.Dansunouvragedevulgarisation,laquestiondutableaugraphiquedoitêtreapprofondieetilfautqueladimensionsoitsuffisantecaruntableautroppetitestillisible.

I. LESTABLEAUX:Lessociétésanciennesutilisentdestableauxpourenregistrerdesphénomènes.Nousavonsparexemplelestablesalphonsines1etlestablesdemultiplicationmédiévales.Présenteruntableau,c’estmettreenmémoire.Lesdonnéesdoiventêtrestructuréescommec’estparexemplelecaspourunrecensement.Letableausertàécrire,àvoiretàcomprendre.Quandonfaituntableau,onfabriquedel’éruditionscientifique.

II. TYPOLOGIEDESTABLEAUX:1. Tableaudedonnées:

C’estleplussoupleetlemoinssouventprésentdanslesarticlescarilpeutêtretrèslong.C’estdommage,carsanstableauonenlèveuncritèrederéfutabilité.AvecdesbasesdedonnéesouExcel,onpeutfaireautantdetableauxquel’onveut.Cepeutêtre:- Lamiseencomparaisondeladistributiondedeuxvariables;- Lamiseenévidencedesujetsparticuliers.Nosyeuxrecherchentdesprofils.JacquesGoodyécritdansLaraisongraphique:«Onvaforcerleréelpourlefaireentrerdansletableau».Ceciprésentel’avantagedecréerunespaceconventionneldecomparaison.Letextedoitexpliquercommentletableauestconstitué,soitdanslecorpsdutexte,soitennotedebasdepage.

1Tablesastronomiquesconçuesen1252pardesastronomesarabesjuifsetchrétiens,utiliséesjusqu’auXVIesiècleetremplaçantlestablesdePtolémée

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Le tableaupeutcomporterdesmarges : lamargeverticaledonneparexemple lenumérod’individuetlamargehorizontalelescaractéristiques.L’objetdutableaudoitêtredéfiniavecparexemple,genreetâgecôteàcôte.Onpourraitajouterâgeetpoids.Cequicompteavanttoutc’estlalisibilitéquipermetdedéterminerl’objectifdutableau.Ilfauttravaillersuruntableauhiérarchiséavecunobjectifetondoitêtrecapblederetrouverlesdétailsdescalculs.Lelecteurvaseposerquatrequestions:

- Objectifdutableau;- Fiabilitédelasource;- Variablesutilisées;- Quellesinformationsretirerdeslignesetdescolonnes.

Ons’intéresseaupotentieldutableau.

2. Tableaudedistribution:

Ilcomportetroismarges:Verticalesgauchesavecdonnéeshorizontalesetverticaledroite.Cetypedetableaus’accompagnegénéralementd’unereprésentationgraphique.

3. Tableaudedistributionagrégé:

Ils’agitderépartir,àpartird’unmêmecaractère,unensembledepopulationsagrégées.Lamargesupérieuredéfinitlalistedesmodalitésdelavariable.Unevarianteexisteavecladistributiontemporellequisertàpercevoiruneévolution.Cestableauxsontdifficilesàexpliquercarlesvariationssontduesàdesévènementsoudeschangementsd’indicesoud’autresraisons.Onpréfèrelegraphiquetemporel.

4. Tableaudecontingence:

Il comporte des sommes de lignes et des sommes de colonnes. Il n’y a pas de videmaiséventuellementlavaleurzéro.Letableaudecontingencefaitapparaîtrelessommesmarginales.Cetableauestaussiunmodedevisualisationdesdonnées.Sur un tableau de contingence, on peut essayer de rapprocher des histogrammes qui seressemblent.Lestableauxsont lesupportdocumentairedeshistoriensàvenir. Il fautfairepeu,maisdebonstableaux.Dansuntableaudepourcentages,ilfautdonnerlapopulationtotale.Avecuntableauagrégé,ondoitretrouverletableauinitial.Ilfautunearticulationclaireentretexteettableau.Ilfautégalementcommenterlaraisond’êtredugraphiquequiaccompagneletableau.Ilfautaugmenterl’efficacitévisuelledutableauet,s’ilestendésordre,lecompléterparundeuxièmeordonné.

5. Graphiques:

Legraphiqueestpluslisiblequelareprésentationtabulaire.

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Onfaitungraphiquepourmontrerquelquechose.Surcplan,Excelposeunproblèmecariln’apasderègledesémiologie2graphique.Legraphiquecomporte:

- Untitregénéral;- Lenomdesaxes;- Lesgraduations;- Lesformessignalantlesindividus.

Lapolicedecaractèresdelasourcedoitêtrepluspetite.Ilfautéviter:

- Lessuperpositionsdesymboles;- Leseffetsdeperspective;- Lessurfaces;- Lesangles.

Ilfautavanttoutviserlasimplicitéettransmettreunmessageprécis.LespremièresinterrogationsrelativesàlareprésentationgraphiqueremontentauXIVesiècle.

2Sciencequiétudielessystèmesdesignes

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24/03/16Usagedescartes:HélèneNoizet

Leshistoriensnesontpasbonsencequiconcernelescartes.Ilsn’ontjamaisapprisàproposerdeuxlogiquesd’expositiondifférentedurécit,sanspasserpardesétapessuccessives.Danslamajoritédescas,lescartessontexposéesaprèscoupetaprèslediscours.Apartir des années90, avec les systèmesd’informationgéographiques, onapu fairedescartesd’hypothèses,avantlediscourshistorique.Onnepeutparlerdecartesansuneéchelle,uneorientationetunelégende.Idéalement,ilfaudrait ajouter la source des données et les droits éventuels (vital pour les donnéesstatistiques),ainsiquel’annéedeproductiondelacarte.Voiràcesujet:

- JacquesBERTIN,Lasémiologiegraphique(3vol.),1967- Didier POITEVIN, La carte moyen d’action, guide pratique pour la conception et la

réalisation,Ellipses,1999Ilfautéviterles«camemberts»caronperçoitmallesanglesetnepasprévoirplusdecinqcatégories.L’implantationsurfaciquezonalepeutêtreencouleurouengrisés.Ilfautéviterleponcifdelareproductiond’unmêmemotifouunmêmeobjetpourenfaireunetrame.Quand on change d’échelle, on change d’objet. Pour changer d’échelle, on procède à lagénéralisation.Onpeutainsipasserd’églisesavecdesplansausolàdespoints.Onpeutjouersursixvariables:

- Taille;- Forme:Lerenduvisuelestdifférentselonlesformes;- Couleur:Lasensationesttransmiseaucerveauparlalumièreprojetéesurl’œil;- Valeur:Lerapportentrequantitédeblancetquantitédenoirsurunesurfacedonnée;- Orientation:Ils’agitdechangerl’angledesfigures;- Grain:C’estlaquantitédetachesdissociables.

Pourexprimerunedifférence,lacouleurestutile.Legrainestutilisépourdifférencierlesimplantationszonales.

I. PRESENTATION:Ils’agitdereprésenterlepassageentrelacartographievectorielleetlescartesprocédurales.Fairecorrespondreuntableauàchacundesobjetsexposésdanslacartevaleurdonnerdusens.Apartirdumomentoùonpeut faire le liendirectemententre l’objetet la carte,onpeutchangerd’échelle.Lerapportd’échelledoitêtresoigneusementadaptédansunsystèmevectoriel.Lacarteprocéduralechangetoutdansl’analysedesdonnéesspatiales.Onpeutainsifairedescartespourrien,àtitredetestetlesabandonnerensuite.Onvaconstruireenfonctiondesrésultatsdelacarte.

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II. DONNEESQUANTITATIVES:Les possibilités d’exploitation des données en grand nombre sont démultipliées parl’utilisationdesdonnéescartographiques.Le géocodage est une attribution par un système d’adressage qui permet de projeterautomatiquementlesdonnéessurlacarte.3Unexempleconcerneledroitdevoiriedansl’enchevêtrementdesseigneuriesautourdelaruedelaVieilleMonnaie.Leroivaexercerledroitdevoirie.Lorsqueleseigneurfoncierdétientlesdeuxcôtésdelarue,c’estluiquialedroitdejuger.Sileseigneurdiffèredepartetd’autredelarue,ledroitdevoirierevientauroi.C’estainsiqu’en1300leroidétient63%desdroitsdevoirieàParis.

3VoirleprojetAlphapage

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14/04/16Champsdepublication:GuillaumeCalafat

I. ETAPES ACADEMIQUES DE L’ECRITURE DE L’HISTOIRE (EN FRANCEPRINCIPALEMENT):

1. EnM1:

Onattendunrapportd’étape:Ils’agitd’unemanièrededéfinir,dansunchampaprticulier,unsujetd’histoire.Onposeàceniveauuncertainnombredequestionsens’appuyantsurl’existant.Ondoitfaireunbonusagedesnotesdebasdepageetdesréférences.Lerapportd’étapeestefficaces’ilarriveàfaireémergerunsujetd’histoire.

2. EnM2:

Onarriveausujetd’histoireetc’estunemiseàl’épreuvedecequeleM1doitpromettre.Ilfautparconséquent,enM1,éviterdefermerdespistes.LeM2doitamenerlelecteuràconsidérerqu’ils’agitd’unsujetdethèse.UnbonM2doitfairel’objetd’unbonarticleetlapublicationpeutarriverasseztôt.

3. LaThèse:

AprèsleM2,ilfautpasseràlathèse.Auparavant,onavaitdesthèsesd’Etatquiportaientsur25ans.Aujourd’hui,laduréeestde3à5ans.On prend en considération des thèses d’état comme La Méditerranée de Braudel ouMontaillouVillageOccitandeLeRoyLadurie.Laréformedesthèsesaeulieuen1985.Avant,onenseignaitaulycéeavantsathèse.De1985à2000,onattendaitencorequelquesthèsesd’Etat.Leschosessontentraindechanger,avecenplus,uneharmonisationeuropéenne.Lesujetestdésormaisréalisableen3à5ans.On attend de la thèse un document d’aumoins 500 pages et les thésards et les éditeurss’affrontentsurlesnotesdebasdepage.L’habilitationestuneétapeaucoursdelaquelleonn’apasundirecteurmaisungarant.On attend désormais plus d’originalité que dans la thèse classique ; on peut faire descomparaisonsetproposerdenouveauxchampsderecherche.Danslemondeallemand,onn’estqualifiéquesionapubliésathèse.Lemondeanglo-américainmetbeaucoupdetempsàpublier.Ledélaid’attenteestde5à7ans.CedélaiinclutleMaster,c’estdonc2+3.Les chercheurs sont sur des pistes académiques qui sont confirmées en fonction de lapublication.Ils’agitd’unlongprocessuséditorialsanctionnéparaumoinstroisjurys.

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EnFrance,iln’yapasd’obligationdepublier.OnpeutavoirrecoursauxP.U.F.,àl’Harmattanprivé,auxP.U.deRennes,maisaussiàdesgénéralistespluspuissants.SurlesiteHAL,ontrouvedetoutetnotammentdestravauxbrutsquin’ontpasétéédités.OnpeuttrouveraussidesmémoiresdeMasterenligne.Rienquepourl’histoirerécente,surHAL,ilya489thèsesenligne.« L’open-access » est très discuté en ce qui concerne les conséquences économiques surl’édition.

II. LESARTICLES:L’articleestundesmoyenslesplusfréquentsdefaireconnaîtresontravail.C’estuneunitéd’évaluationdeschercheurs.Lesrevuesnesontpastoutesidentiques.Ilnefautpashésiteràsoumettresonarticleauxgrandesrevues, laplusancienneétant larevuehistorique.Unarticlepeutsynthétiserouannonceruntravailderecherche.Onpeutallerjusqu’à80000signesdanslarevuehistorique.LesAnnalessontdesarticlesoudesenquêtessurl’étatdel’art.Pluslarevueestspécialisée,moinsonauradevuesgénéralistes.Lesrevuessoumettentleursarticlesàdescritiques.Revue«Genèse»deJosephMorsel.Onpeutpubliersansclassementoudansdesnumérosspécialisés.Cesrevuessontenvoiedemutation(cf.Art.17delaLoiNumérique).Lesannalesontdescontenusenrichis.Depuis1880,unarticlefaitentre8000et100000signes.Leformatnumériqueengagelechercheuràtravaillerdifféremment.www.revues.orgHypothèsesquiestuneassociationdeblogsdechercheurs«DevenirHistorien»estimportantpourlaméthodologie.L’articlederevueestplusvaloriséquel’articledansunouvragecollectif:Dansl’actedecolloque,l’introductiongénéraleposelesujet.Lescolloquessontdemoinsenmoinsvalorisés.Lesarticlessontparfoisinégauxdanslesactesdecolloques.Pourlesouvragescollectifs,c’estdifférentetgénéralement,cesontdessynthèses.On peut avoir des mélanges en l’honneur des grands maîtres (notamment avec lespublicationsdelaSorbonne).C’estextrêmementinégal.Onaparfoisdetrèsbeauxarticles,notammentdanslesannées50-60.Onadesmélangesimportantsdanslesuniversacadémiquesallemandsetitaliens.Onlestrouvesurdesarchivesouvertesmaisonnepeutpasciterdesarchivesouvertesetilfautpasserparlaversionpubliée.Ilfautprivilégierl’articleetnepaslenégligerdansl’historiographie.Lesautrestypesd’articlespeuventêtre:

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- Lesrecensionsquisontdescomptesrendusparordrechronologique(lesAnnaleslesdonnentparordrethématique).

- LesiteISIDOREestefficacecommemoteurderecherche- LaViedesIdéesestuncompterendud’ouvragesparusdansl’année

Lesnotescritiquessontdessériesdelivresmisensemblepourfaireunbilanhistoriographiquedansundomaine.Lanotecritiqueestundeslieuxlesplusintéressantspourlacommunautédechercheurs.LarevueCRITIQUEenestunexemple.C’estintéressantparcequeletravaildedéterminationduchampestdéjàeffectué.Lesnoticesdedictionnairesetd’encyclopédiesnevientjamaisseule;ellesortgénéralementd’unlivredel’historien.Onneciteplusuneencyclopédiecarcen’estqu’unoutildetravail.Les articles de divulgation sont utiles pour l’agrégation. Le numéro sur les grandesdécouvertesde2005estintéressant.Ilfautdistinguerlesarticlesdelatribune.

4. LaMonographie:

Ondistingue:- L’ouvragederecherchequiprésenteunécartéditorialavecnotes,annexes,etc.La

tendanceestplutôtaurétrécissement.- Le«secondbook»quiestunbontestdelacapacitéàtoucherunlargepublic.- L’essai/manifestepourlequelilnefautpaspasserparlesP.U.F.Ilpeutêtrepubliéen

pochepourtoucherunlargepublic.Ilfautarticulerleschoixéditoriaux.Ilyauncôté«polémique»dansl’essai.

- L’ouvrage de synthèse et le recueil d’articles. Il est difficile d’évaluer la qualité del’ouvragedesynthèse.Onsupposequelesgrandsévènementssontconnus.Ilnefautpasciterlesgrandsouvragesdesynthèseetdistinguercequ’ilnousapprendetcequ’ilapprendàlacommunauté.

- Ilfautseméfierdesouvragesdefindecarrière,danslestyle«vertigedelacarrièrebienremplie».C’estainsiqu’ilfautseméfierdesproposdeJacquesLeGoffàproposdel’argentaumoyen-âge.

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