actes de langage et enseignement du fle - au son du fle - michel billières

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(http://www.verbotonale-phonetique.com) Actes de langage et enseignement du fle Publié le 13 mai 2015 par Michel Billières (http://www.verbotonale-

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Actes de langage et

enseignement du flePublié le 13 mai 2015 par Michel Billières (http://www.verbotonale-

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phonetique.com/author/1stupus2gratouillus/) dans linguistique (http://www.verbotonale-

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Sommaire [afficher]

Les Actes de langage constituent une réalité incontournable dans le

monde de l’enseignement du fle. Ils ont été promus comme unité

minimale d’enseignement par certains didacticiens durant la période

des Approches communicatives. Et ont détrôné de ce fait les

structures qui constituaient la référence de la période précédente

pour les professeurs. Cet article évoque le changement radical de

perspective qui s’est opéré dans la didactique du fle dès le début des

années 80. L’installation des Actes de langage s’inscrit dans une

dynamique logique. Une prochaine publication abordera la question

de leur rentabilité pédagogique dans les pratiques de classe

Les images de l’article ne s’affichent pas sous Safari. Veuillez utiliser

un autre navigateur.

Le contexte d’apparition des actes

de langage en fle.

Je n’opérerai pas ici le distinguo terminologique entre acte de

langage renvoyant aux potentialités logico-sémantiques de la

langue et acte de parole référant à des facteurs extra-linguistiques

inhérents à une situation de communication donnée: contexte,

implicites, stratégies discursives employées, etc. Et la traduction du

terme anglais Speech Act peut également constituer une ambiguïté

parfois.

L’émergence de la pragmatique.

Page 3: Actes de Langage Et Enseignement Du Fle - Au Son Du Fle - Michel Billières

La théorie des Actes de langage (désormais AL) est à l’origine de la

pragmatique linguistique. Elle a été élaborée par deux philosophes

du langage, Austin et Searle en réaction au principe classique selon

lequel le langage sert à décrire la réalité. Les structuralistes ont

toujours privilégié la fonction représentative (référentielle) : on parle

pour dire quelque chose  ; et dire quelque chose, c’est informer une

tierce personne sur une représentation ou un concept au sujet d’un

référent étranger au discours. Pour les structuralistes, le postulat

pourrait être dire, c’est représenter.

Le principe de base de la théorie des AL est fondé sur la conviction

suivante : « l’unité minimale de la communication humaine n’est ni la

phrase ni une autre expression. C’est l’accomplissement

(performance) de certains types d’actes » (Armengaud, 1990, p. 77).

Le locuteur pose une question, donne un ordre, affirme, conseille,

critique, accuse, félicite, menace,, supplie, défie, etc.

L’acte ne doit pas être confondu avec la phrase ou avec n’importe

quelle expression linguistique utilisée pour son accomplissement. En

réalisant un acte, ou plusieurs, le locuteur agit sur la réalité et sur

l’interlocuteur. Le postulat des AL est dire, c’est faire. Le sujet est

personnellement impliqué, comme locuteur ou comme auditeur,

dans une situation d’énonciation. L’objet de l’étude devient la

fonction de l’AL réalisé par l’énoncé. Armengaud (ibid., p. 78) observe

que la théorie des AL «  est une étude systématique des relations

entre les signes et leurs interprètes. Il s’agit de savoir ce que font les

interprètes-usagers, quels actes ils accomplissent par l’usage de

certains signes ».

Dans l’optique des AL, le message est un moyen d’agir sur le

destinataire

▪ en fonction de la situation de communication, de certaines normes

Page 4: Actes de Langage Et Enseignement Du Fle - Au Son Du Fle - Michel Billières

(culturelles, sociales) et croyances partagées;

▪ des relations entre les interlocuteurs.

Il s’agit d’adopter la stratégie la plus efficace. Un même objectif de

communication peut être réalisé par plusieurs formes. La même

valeur pragmatique de base peut passer par des choix énonciatifs

très divers. Par exemple, pour demander à une personne de cesser

de fumer dans une pièce, je puis dire : Ne fumez pas ici, je vous prie.

La fumée me dérange. Il est interdit de fumer, vous n’avez pas vu le

panneau  ?  Ras le bol des fumeurs, ils sont d’un sans-gêne  !…

Pourriez-vous aller fumer dehors  ? On pourrait ouvrir la fenêtre!

Quelle fumée, on n’y voit rien! Ce que ça pue ici! etc. Tous ces

énoncés ont la même valeur malgré les différences qui les séparent:

Ils participent d’un même objectif, agir sur l’interlocuteur afin de

l’inciter à faire quelque chose, en l’occurrence éteindre sa cigarette.

Le locuteur dispose de plusieurs formulations syntaxiques pour

un contenu sémantique identique. Son choix est guidé par la

stratégie communicative visant à l’organisation optimale de

l’information. La forme est au service de la fonction: une même

valeur pragmatique de base -ordre, invitation- peut être

concrètement formulée de bien des façons. Ce qui compte, c’est

l’obtention du résultat visé compte tenu

▪ de la situation d’énonciation;

▪ de l’univers de croyance, un savoir partagé indispensable pour

produire et comprendre les Actes de langage;

▪ des rôles et statuts des protagonistes;

▪ de leurs rapports réciproques;

▪ de leurs intentionnalités respectives;

▪ de leurs stratégies de discours;

Page 5: Actes de Langage Et Enseignement Du Fle - Au Son Du Fle - Michel Billières

▪ des enjeux au terme de l’échange langagier.

L’avènement de la compétence de

communication.

Ce concept hérité de Hymes s’impose au début des années 70, et

pour longtemps. J’en rappelle la définition donnée dans cet article

(http://www.verbotonale-phonetique.com/emergence-

linguistique-communication-fle/).

La compétence de communication représente la

connaissance (pratique et non nécessairement explicitée) des

règles psychologiques, culturelles et sociales qui

commandent l’utilisation de la parole dans un cadre social […]

La compétence de communication suppose la maîtrise de

codes et de variables sociolinguistiques et des critères de

passage d’un code et d’une variable à d’autres : elle implique

aussi un savoir pragmatique quant aux conventions

énonciatives qui sont d’usage dans la communauté

considérée.

Les rapports entre la compétence de communication -CdC- et les

linguistiques dites de la communication qui s’imposent à la même

époque et dans lesquelles le fle s’engouffre sont exposées ici.

(http://www.verbotonale-phonetique.com/phrase-enonce/)

La CdC est en fait l’agrégation de plusieurs

composantes/compétences comme indiqué dans la figure suivante:

Page 6: Actes de Langage Et Enseignement Du Fle - Au Son Du Fle - Michel Billières

(http://www.verbotonale-phonetique.com/wp-

content/uploads/2015/05/compétence-de-communication-

e1431497209271.png)

La compétence de communication se compose de

multiples compétences

La compétence

▪ linguistique correspond au fait d’être capable de faire des phrases.

C’est la force du « fort en thème » en L2 pouvant traduire des phrases

décontextualisées et truffées de règles de grammaire vicieuses;

▪ discursive a trait à la façon dont on emploie des phrases en

contexte. Il s’agit donc d’énoncés qui doivent être appropriés à la

situation d’énonciation. Ce qui est déjà plus complexe et de nature à

dérouter parfois le « fort en thème »;

▪ socio-culturelle est l’aptitude à s’adresser aux natifs de la L2 en

adoptant le «  ton  » adéquat. Ceci implique un plongée en

profondeur dans leur univers culturel. Et se rapproche déjà du

Page 7: Actes de Langage Et Enseignement Du Fle - Au Son Du Fle - Michel Billières

fameux savoir-être prôné par le CECRL…;

▪ référentielle renvoie à l’expérience de vie d’une personne à sa

biographie. Elle lui permet d’avoir les connaissances nécessaires afin

de communiquer et interagir avec ses semblables.

Quelques questions qui fâchent

▪ un enseignant est-il formé/capable d’enseigner les trois 1

compétences;

▪ comment se font les liens/rapports entre ces différentes

compétences;

▪ est-il possible d’asseoir ces compétences protéiformes dans le

cadre d’une salle de classe?

La publication de Un Niveau seuil.

Elle intervient en 1976. Cet épais document, un gigantesque

répertoire d’actes de langage, servira à l’élaboration de méthodes et

manuels de fle pour les deux décennies à venir.

  Pour rappel, Un Niveau seuil est un outil pour la mise en œuvre

d’enseignements «  fonctionnels  » afin de satisfaire les besoins de

communications spécifiques de publics spécifiques. Le principe

directeur de 1 NS est le suivant :

▪ on peut déterminer les besoins langagiers d’apprenants en fonction

des actes de parole qu’ils auront à accomplir

▪ dans certaines situations

▪ envers certains interlocuteurs

▪ à propos de certains objets ou notions.

▪ le choix du vocabulaire et des structures grammaticales est

subordonné

▪ à l’acte

ères

Page 8: Actes de Langage Et Enseignement Du Fle - Au Son Du Fle - Michel Billières

▪ aux différents paramètres qui en commandent la réalisation.

5 types de publics sont visés :

▪ touristes et voyageurs

▪ travailleurs migrants et leurs familles

▪ spécialistes ou professionnels quittant leur pays d’origine

▪ enfants et ados apprenant L2 à l’école dans leur pays d’origine

▪ grands ados et jeunes adultes.

On catégorise les domaines de l’activité langagière concernés par

l’inventaire notionnel – fonctionnel proposé :

▪ relations familiales

▪ relations professionnelles

▪ relations grégaires (de voisinage, de communication, d’amitié)

▪ relations commerçantes et civiles

▪ fréquentation des médias.

Les Approches communicatives qui occupent le devant de la scène

du fle dès la fin des années 70 font leur miel de ce document et des

principes qui l’inspirent. Leurs objectifs sont de

▪ centrer l’enseignement sur les besoins et les motivations de

l’apprenant;

▪ créer une compétence de communication en donnant la maîtrise

d’un certain nombre d’actes de parole et de fonctions du langage.

L’élaboration des contenus reflète ces nouvelles orientations

▪ le vocabulaire est proposé en fonction des nécessités de la

communication et des objectifs envisagés;

▪ la grammaire est notionnelle car basée sur le sens (sémantique et

Page 9: Actes de Langage Et Enseignement Du Fle - Au Son Du Fle - Michel Billières

énonciation). La priorité est de se faire comprendre, la forme est au

service de la fonction comme indiqué plus haut;

▪ la progression est fonctionnelle: elle correspond aux nécessités de

la communication;

▪ les thèmes traités  se rapportent aux données anthropologiques des

civilisations.

Ce qu’est un acte de langage.

Avec la parution de 1NS, le fle a pour l’Acte de langage les yeux de

Chimène.

Ses fonctions.

Un AL réalise simultanément trois fonctions/actes. C’est un acte

▪ locutoire: L’énoncé est produit conformément aux règles de

grammaire de la langue. Il renvoie à une référence et a une certaine

signification. il consiste simultanément en

▪ l’acte de prononcer certains sons (acte phonétique)

▪ certains mots et suites grammaticales (acte phatique)

▪ certaines expressions pourvues d’un sens et d’une référence

(acte rhétorique)

▪ illocutoire: (du latin in = dans et locutio = discours). C’est l’acte que

constitue le fait même de dire, dans la mesure où cet acte influe sur

les rapports entre les participants. Par exemple, en disant ne fumez

pas ici, je vous prie je réalise une phrase avec un impératif (acte

locutoire) et je donne un ordre (acte illocutoire) ;

▪ perlocutoire: C’est l’effet indirect de l’acte de communication sur

l’interlocuteur (ou le locuteur), la production de certains effets sur

l’auditoire, ses sentiments ou ses actions. Par exemple, le fait de dire

Page 10: Actes de Langage Et Enseignement Du Fle - Au Son Du Fle - Michel Billières

ne fumez pas ici, je vous prie peut provoquer la confusion,

l’indifférence, l’irritation, l’amusement, le sarcasme, etc. chez la

personne à qui cet ordre/requête/demande (?) s’adresse.

Ses propriétés.

Il consiste en la réalisation d’une action, c’est-à-dire d’une activité

visant à la transformation de la réalité. Ces actions sont du genre  :

ordre, menace, promesse, conseil, avertissement…

C’est un acte intentionnel  ; pour qu’il soit bien interprété, il faut que

l’interlocuteur reconnaisse le caractère intentionnel de son

énonciation.

Il est conventionnel  ; pour qu’il soit réussi, il doit réunir certaines

conditions liées à son emploi.

C’est un acte de nature contextuelle et co-textuelle.

Un premier classement.

  Austin et Searle, à l’origine de la théorie des AL, sont des

philosophes du langage. Ils travaillent sur des actes particuliers, pris

isolément et complétement décontextualisés. Ce qui importe pour

eux, c’est de mettre en évidence les opérations logiques successives

conduisant à la production d’un acte donné.

La taxonomie ci-après a inspiré de nombreux commentaires.

Pendant longtemps dans l’univers du fle les exégèses ont porté sur

ou se sont inspirées de ces travaux fondateurs.

Dénomin

ationsExemples But illocutoire

représentatifs Assertion, information Description d’un état de fait, direction

d’ajustement mots-monde

Page 11: Actes de Langage Et Enseignement Du Fle - Au Son Du Fle - Michel Billières

directifs Ordre, requête, question,

permission

Mettre l’interlocuteur dans l’obligation de

réaliser

une action future

commissifs Promesse, offre Obligation contractée par le locuteur de

réaliser

une action future

expressifs Félicitation, excuse,

remerciement,

plainte, salutation

Exprimer l’état psychologique associé à

l’acte expressif

(plaisir/déplaisir, désir/rejet, etc)

déclaratifs Déclaration,

condamnation, baptême

Exprimer l’état psychologique associé à

l’acte expressif

(plaisir/déplaisir, désir/rejet, etc

Le classement des actes illocutoires (d’après Moeschler (1985)

Un changement radical de perspective en fle.

La transition des années 70.

le fle est très marqué par de multiples travaux portant sur la

communication.

Les apports de la sociolinguistique sont particulièrement appréciés.

Les méthodologues intègrent certaines notions ainsi que mentionné

dans cet article (http://www.verbotonale-phonetique.com/declin-

structuralisme-fle/).

Plusieurs autres explorations sont menées en parallèle.

Les études sur la communication non verbale explosent. Elles ne

peuvent que passionner les spécialistes du fle. L’École de Palo Alto

avec sa devise on ne peut pas ne pas communiquer voit ses travaux

sur la communication interpersonnelle et la psychologie humaniste

largement diffusés (cf. Winkin ainsi que Marc et Picard en biblio).

Avec certaines retombées au niveau de propositions innovantes de

Page 12: Actes de Langage Et Enseignement Du Fle - Au Son Du Fle - Michel Billières

pratiques pédagogiques visant à instaurer une communication aussi

proche que possible des conditions authentiques.  Les Approches

communicatives s’inspirent largement d’études menées par des

membres du fameux collège invisible rassemblé autour de G.

Bateson. Les travaux de Hall sur la proxémique et la communication

interculturelle inspirent de nombreux commentaire dans les rangs du

fle,  pour ne donner qu’un exemple.

La pragmatique porte un regard différent sur la communication,

notamment grâce aux travaux de Grice qui stipule que

▪ la communication humaine -verbale,  non verbale- n’est pas un

processus de décodage. C’est  fondamentalement un processus

inférentiel;

▪ la tâche du destinataire d’un acte de communication est toujours

d’inférer l’intention communicative du locuteur. Il s’appuie sur les

indices produits par celui-ci, qu’ils soient linguistiques ou non

linguistiques.

Le virage des années 80.

Dès le tout début des années 80, les travaux de sémantique -

phrastique, textuelle- prennent de l’ampleur. De même que ceux

portant sur l’interaction, ce qui élargit le champ de la communication

– et le complexifie. Tout ceci va de pair avec un développement

spectaculaire de travaux interdisciplinaires portant sur la cognition.

Celle-ci devient le maître mot des années 80. L’ensemble de ces

facteurs conduit le fle à s’engager sur de nouvelles pistes. Et à se

fixer d’autres objectifs qui rompent avec les priorités de la période

pionnière des années 60-70.

Page 13: Actes de Langage Et Enseignement Du Fle - Au Son Du Fle - Michel Billières

La conception de l’apprenant comme individu intériorisant un

système linguistique fait long feu. Il est désormais considéré comme

un acteur social qui développe des compétences langagières

variables au fur et à mesure de l’enrichissement de son expérience. 

L’interaction avec d’autres acteurs sociaux -apprenants, enseignants,

natifs- constitue le moyen privilégié pour développer ses

connaissances  linguistico-socio-cognitives.

Les études sur l’interculturel connaissent un développement

spectaculaire durant ces années. Elles apportent de l’eau au moulin

des didacticiens qui mettent en avant le concept d’altérité. Un

échange exolingue est le fait d’acteurs sociaux appartenant à des

cultures différentes. De façon plus large, l’anthropologie cultuelle

envahit le champ du fle.

Un autre regard est porté sur la communication. Elle est maintenant

envisagée comme un processus dynamique. Le sens n’est pas donné

a priori; il ne constitue pas une donnée stable. Au contraire, il fluctue

et évolue constamment au fur et à mesure de l’échange. Ce qui

provoque une modification réciproque de l’environnement cognitif

des protagonistes. Ceux-ci doivent apprendre à parvenir à être

«  stratégiques  » (le mot n’était pas encore à la mode). Ils doivent

apprendre à reconnaître et utiliser à leur profit tous les indices fournis

par l’interlocuteur, le contexte… Ce qui les conduit à faire les bonnes

inférences. Et à réaliser les conduites discursives adaptées. Ce qui

précède met également en exergue une caractéristique

fondamentale de la communication interpersonnelle: son asymétrie.

Essayons de synthétiser tout ceci en commentant brièvement la

figure ci-dessous (librement inspirée de Charaudeau, 1983, p. 38

suiv.).

Page 14: Actes de Langage Et Enseignement Du Fle - Au Son Du Fle - Michel Billières

(http://www.verbotonale-phonetique.com/wp-content/uploads/2015/05/univers-de-

discours-et-interaction-min.png)

Intentionnalités et interprétations différentes entre les protagonistes

de l’interaction

L’image des cerveaux des protagonistes rappelle que

▪ des processus cognitifs régulent en permanence l’ensemble des

activités de l’échange conversationnel;

▪ l’univers de croyance mentionné en supra peut être également

compris, à la suite de Sperber et Wilson, comme un ensemble de

connaissances manifestes partagées, ce qu’ils dénomment un

environnement cognitif mutuel.

Le locuteur désigné par JE interroge l’interlocuteur désigné par TU

en lui demandant Comment allez-vous?

Page 15: Actes de Langage Et Enseignement Du Fle - Au Son Du Fle - Michel Billières

Ce faisant, JE réalise une intention (ou intentionnalité); il a quelque

chose en tête en formulant cette question. Et se fait une certaine idée

de TU. Lequel TU entend, perçoit et interprète le propos du locuteur.

Pour citer Charaudeau (ibid. p. 38)

interpréter, c’est toujours faire un procès d’intention au JE

 Il devient alors  un TU’ interprétant, différent du TU destinataire à qui

JE avait parlé. Et ce TU’ renvoie un message en fonction de son

interprétation. Il s’adresse alors à un JE’ , sujet parlant fabriqué par

TU’ et différent du JE qui pensait/croyait que son interlocuteur était

exactement sur la même longueur d’onde que lui… Et c’est cette

mécanique infiniment complexe, variant tout au long de l’interaction,

qui explique que la compréhension mutuelle totale n’existe pas. Il est

plus juste de poser l’existence d’une zone d’intercompréhension

supposée. Elle est ténue et menacée à chaque instant de l’échange

langagier: un quiproquo, un malentendu peuvent surgir à tout

moment. Ils constituent des sources potentielles de confit menaçant

la poursuite de l’échange.

Je ne développe pas plus avant. Une remarque au passage: nous

sommes bien loin du schéma de Jakobson.

Ce très bref commentaire témoigne de la complexité qui s’offre

désormais au prof de fle et à ses ouailles. A partir de là, quelques

questions habituelles que pose l’enseignant à ses élèves afin de les

amener à formuler des hypothèses

▪QUI sont JE et TU? Des amis, des relations d’affaires, des collègues,

des inconnus en train de bavarder?..

▪OU sont-ils assis: café, jardin, chez l’un des deux personnages, dans

un bureau?..

Phonétique (http://www.verbotonale-phonetique.com/phonetique/)

Didactique (http://www.verbotonale-phonetique.com/didactique-2/)

Ressources (http://www.verbotonale-phonetique.com/ressources/)

Plan du blog (http://www.verbotonale-phonetique.com/plan-du-blog/)

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Page 16: Actes de Langage Et Enseignement Du Fle - Au Son Du Fle - Michel Billières

▪QUAND cet échange a-t-il lieu: moment de la journée, saison (et

pourquoi pas?)?

▪ POURQUOI discutent-ils: simple conversation, entretien médical,

d’embauche?..

▪COMMENT se déroule cette conversation: est-elle décontractée,

tendue, semble-t-elle formelle?

A noter que la façon dont ils sont assis peut permettre aux élèves

d’émettre des hypothèses sur qui pourraient être JE et TU. Des

indices supplémentaires auraient aussi été fournis par la vue des

expressions faciales.

Oui mais, l’Acte de langage est

▪ de nature contextuelle et co-textuelle. Des indications sur la

situation de communication seraient les bienvenues. Il faudrait aussi

savoir ce qui s’est dit avant la production de cet AL (et après

éventuellement). Que peut-on dire ou faire d’un acte isolé tel que

présenté sur cette image?

▪ censé refléter les intentions de l’un et l’autre des actants qui

poursuivent peut-être des objectifs et des finalités différents. Qu’en

savons-nous? Nous ne sommes pas à l’intérieur des cerveaux de

chacun. Or, c’est précisément à l’intérieur de la boîte noire que

s’élabore toute la dynamique conversationnelle…  Et nous nous

trouvons tout-à-coup bien désarmés.

Conséquence: un nouveau paysage didactique.

Dans le courant des années 70, la didactique du fle s’était

résolument orientée vers un enseignement fonctionnel. Fonctionnel

devant être compris comme un enseignement ayant des objectifs

langagiers précis et se donnant les moyens de les atteindre.

mesure d'audience. J'accepte En savoir plus (http://www.cnil.fr/vos-droits/vos-traces/les-cookies/)

Page 17: Actes de Langage Et Enseignement Du Fle - Au Son Du Fle - Michel Billières

Les Approches communicatives des années 80 sont entièrement

tournées vers la compétence de communication. Elles rejettent

l’approche structuraliste fondée sur

▪ des dialogues dont les énoncés constituent plutôt des sortes de

phrases passe-partout ne possédant aucune dynamique

pragmatique;

▪ une connaissance des structures et du code. En fait, ces règles n’ont

que peu à voir avec les processus inférentiels intervenant dans

l’interaction. Et puis, il s’avère la règle d’usage -le fait de produire un

énoncé grammaticalement correct- est moins importante que la

règle d’emploi -le fait de produire et de comprendre des énoncés

appropriés aux circonstances de l’échange-.

Les Approches communicatives ont pour objectif de permettre aux

apprenants non plus de forger des phrases mais de comprendre et

de produire des discours. D’où l’apparition d’un paysage du fle qui

est toujours le même aujourd’hui, à quelques nuances près:

▪ un élargissement considérable de son périmètre didactique qui

inclut désormais des apports de la psychologie, de la sociologie, de

l’anthropologie, en gros de la plupart des sciences humaines (quels

modèles, courants, tendances, ceci est une autre question…);

▪ une sur (?) valorisation de la culture;

▪ une relativisation de la linguistique et de la grammaire (laquelle doit

aussi être communicative, mais ça aussi c’est une autre question).

Les méthodes de fle des années 80 structurent désormais leur

progression en envisageant à l’intérieur de chaque unité

l’enseignement d’objectifs linguistiques (grammaticaux) et

fonctionnels (communicatifs).

Page 18: Actes de Langage Et Enseignement Du Fle - Au Son Du Fle - Michel Billières

Les Actes de langage deviennent la référence comme unité

minimale d’enseignement.

Était-ce une bonne option? Réponse dans un prochain article!

Orientation bibliographique.

Quelques incontournables.

ARMENGAUD, F. La Pragmatique Paris, PUF, 1990 (coll. Que sais-je? n

°2230)

AUSTIN, J.-L. Quand dire, c’ est faire Paris, Seuil, 1970 (coll. Points)

BAYLON, C. et MIGNOT, X. Sémantique du langage Paris, Nathan

Université, 1995 (coll fac)

 BLANCHET, P. La Pragmatique d’Austin à Goffman  Paris, Bertrand

Lacoste, 1995 (coll. Préférences)

CHARAUDEAU, P. Langage et Discours. Éléments de

sémiolinguistique Paris, Hachette, 1983

KERBRAT-ORECCHIONI, C. Les actes de langage dans le discours.

Théorie et fonctionnement Paris, Nathan, 2001 (coll. fac)

MARC E.; PICARD D. L’école de Palo Alto : un nouveau regard sur les

relations humaines Paris, éditions Retz, 2000

MOESCHLER, J. Argumentation et Conversation Paris, Crédif-Hatier,

1985 (coll. LAL)

REBOUL, A.; MOESCHLER, J. Pragmatique du discours. De

l’interprétation de l’énoncé à l’interprétation du discours Paris, A.-

Colin, 1998, (coll U)

 SEARLE, J. Les actes de langage Paris, Hermann, 1972

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Article précédent (http://www.verbotonale-phonetique.com/voix-parole/)

Article suivant (http://www.verbotonale-phonetique.com/communiquer-fle-actes-

de-langage/)

  WINKIN, Y. (dir.), La nouvelle communication, Paris, Le Seuil, 1981

(coll. Points)

Et deux dictionnaires indispensables:

CHARAUDEAU, P. ; MAINGUENEAU, D. (dir.) Dictionnaire d’analyse du

discours Paris, Seuil, 2002

MOESCHLER, J. ; REBOUL, A. Dictionnaire encyclopédique de

Pragmatique Paris, Seuil, 1994

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communication (http://www.verbotonale-phonetique.com/tag/communication/) |

interaction (http://www.verbotonale-phonetique.com/tag/interaction/) | oralité

(http://www.verbotonale-phonetique.com/tag/oralite/) | pragmatique

(http://www.verbotonale-phonetique.com/tag/pragmatique/)

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