du langage oral au langage Écrit cours 3
TRANSCRIPT
Introduction
• pourquoi s’intéresser à l’apprentissage de la lecture?
• Apprend-on à lire comme on apprend àparler?
Pourquoi s’intéresser àl’apprentissage de la lecture ?
• Lire (et écrire) est une condition essentielle d’intégration sociale, culturelle, économique
• Lire est une activité mentale très complexe
• Malgré l’école pour tous, certains ont beaucoup de mal à apprendre à lire
• Entrée en 6ème: 15% des enfants ont encore des difficultés avec l’écrit
Pourquoi s’intéresser à l’apprentissage de la lecture ?
• Mieux comprendre les mécanismes d’apprentissage de la lecture pour:
– Faire évoluer, améliorer les méthodes
– Développer des outils d’aide aux enfants en difficulté d’apprentissage de la lecture
– Repérer ces enfants plus tôt pour rendre l’aide plus efficace
– Affiner le diagnostic de dyslexie
Apprendre à lire comme apprendre à parler ?
• Exposé à un environnement linguistique et sans trouble sensoriel majeur, l’enfant apprend à parler « tout seul »– sans instruction particulière – génétiquement programmé + environnement
• Phylogenèse: l’homme parle depuis 40 000 ans àquelques millions d’années selon les théories
• Il existe des zones cérébrales spécifiques au langage
Apprendre à lire comme apprendre à parler ?
Analogie langue parlée/écrite:on pourrait apprendre à lire sans instruction, « tout seul »?
L’enfant découvrirait les principes de lui-même?
(Edgar Rice Burroughs…)
Apprendre à lire comme apprendre à parler ?
• NON: même exposé à un environnement d’écrits, et très motivé, l’enfant n’apprend pas àlire « tout seul »– nécessite une instruction particulière
• Phylogenèse: l’homme écrit (et lit) depuis seulement 5000 ans
• Pas de zone spécifique à la lecture: traitement du langage, reconnaissance des objets…
1. Qu’est-ce que la lecture?
� Lire sert à extraire de l’information d’un écrit
1.1. La lecture décomposée en deux étapes(Gough &
Tunmer, 1986)
Le cocker a de longues oreilles tombantes.
Non spécifiqueSpécifique
Identifier les mots écrits
Attribuer du sens, comprendre+
/lə kכkεR a dəlNNNN}gzoRεj tNNNN}bãt/
� Chez le bon lecteur, l’identification est automatisée
chrysanthème.Dans un texte = lecture de 5 mots/secen moyenne
En présentation limitée = 35mssuffisent pour un mot connu
La rapidité de l’identificationvarie en fonction du type de mot
manchysthère
� Chez le bon lecteur, la lecture est quasiment irrépressible(effet Stroop)
Bleu
Jaune
blanc
Rouge
vert
� Effet Stroop chez l’enfant
carré
chien
cbrtm
Exemples de situations expérimentales proposées(d’après Guttentag & Haith, 1978)
*%+<#
Bruit lettres mot non relié mot relié
Effet Stroop chez l’enfant: résultats
0
50
100
150
200
250
300
350
CP nov CP mai adultes
bruitlettresmotmot relié
Am
plitu
de d
e l’i
nter
fére
nce
Après 8 mois d’apprentissage, les enfants ont développédes procédures d’identification automatique des mots
� L’identification automatisée facilite la compréhension
RRéépartition de la charge mentalepartition de la charge mentale
Iden
tifica
tion
desm
otscompréhension
expertexpert
� L’identification automatisée facilite la compréhension
RRéépartition de la charge mentalepartition de la charge mentale
Iden
tifica
tion
desm
otscompréhension
ApprentiApprenti --lecteur/ lecteur/ dyslexiquedyslexique
� La compréhension facilite l’identification : effet du contexte prédictif
• Le skieur a étéenseveli par une ….
• L’identification s’aide du sens du contexte
• Anticipation du mot
• Une …
• Identification sans aide de la compréhension
La lecture de mots en contexte peut masquer les difficultés d’identification
� La compréhension facilite l’identification : effet du contexte prédictif
450460470480490500510520530540
contextepredictif
contexte nonprédictif
liste de mots
Dans l’herbe haute, les chevaux sont en train de …
Brouter (prédictif)Dormir (non prédictif)
tâche de décision lexicale (Forster, 1981)
(ms)
� L’utilisation du contexte dépend du niveau de lecture
0
200
400
600
800
1000
1200
Bons Moins bons
Mots isolésHistoire
temps moyen d’identification de mots (ms) d’enfants de CM2 en fonction du niveau de lecture et du contexte (Perfetti et al., 1979)
Le cocker a de longues oreilles tombantes mais majestueuses. Son nom vient de l’anglais woodcocker, qui veut dire bécassier. Mon dinosaure en plastique Graspoutchisor devait ressembler à une bécasse car Bill mon cocker l’a mis en pièce.
1.2. Deux procédures d’identification
mot inconnuprocédure analytique
mots reconnus procédure lexicale
Deux procédures d’identification
majestueux
Analyse visuelle
senssens/ ma/ maYYYYYYYYεstysty ØØ //(lexique phono)
••majestueuxmajestueux(lexique ortho)
/ ma/ maYYYYYYYYεεstysty ØØ //
ma -j- es–tueux
/ma / YYYYYYYY / εs / tyØØ /
/ mamaYYYYYYYYεstysty ØØ /
Deux procédures d’identification
graspoutchisor
Analyse visuelle
senssens????????
(lexique phono)
••????????(lexique ortho)
????????
gra-spou-tchi-sor
/fq` /rot / sRh / yN≤ /
/ fq`rottRizN≤ //
fq`rottRizN≤
Deux procédures d’identification
cocker
Analyse visuelle
senssens/ k/ k / kkDDDDDDDDR /Rכ כ
(lexique phono)
••cockercocker(lexique ortho)
/k/kככkkDDDDDDDDR /R /
co - ck - er
/k כ / k / e /
/ koke /
# / k# / kככkeke //
Procédure analytique: plus de charge cognitive
Meu sieu martinfé dela coursapié illepar kourune
distenseude dizuiqui laumaître an nunoeurtrante.
Kailé savie teisse?
Monsieur martin fait de la course à pied. Il parcourt
une distance de dix-huit kilomètres en une heure
trente. Quelle est sa vitesse?
Résumé
• Lecture = identification + compréhension(spécifique) (non spécifique)
2 procédures
Lexicale AnalytiqueRapide - peu coûteuse lente - coûteuse
(cocker) (Graspoutchisor)
2. L’apprentissage de la lecture
�2.1. Les 3 types de procédures selon Frith
�Hypothèse d’un développement par étapes
Logographique
Alphabétique
Orthographique
L’enfant comprend le principe alphabétique de la lecture � principes phonologiques
Stade de « pré-lecture ». Les mots sont identifiés comme des dessins.
La confrontation régulière aux mots écrits qu’il déchiffre permet à l’enfant de les identifier plus rapidement � lexique orthographique
2.1.1. Stratégie logographique
• prise en compte d ’indices partiels lexicaux et non lexicaux (traits visuels saillants)• non prise en compte de l ’ordre des lettres• non prise en compte des facteurs phonologiques
Approche très globale et très approximative des motsNon connaissance des unités (lettres et syllabes)
� Reconnaissance de mots familiers, déjà appris
� Nombre de mots limités
� 100 mots environ (Seymour & Elder, 1986)
Erreurs fondées sur des similitudes visuelles entre les motsEx : confusions entre des lettres partageant des traits visuels communs (b/d)
Stratégie logographique
Stratégie logographique: pas incontournable ?(Stuart & Coltheart, 1988)
• Les erreurs produites en lecture précoce dépendent des capacités phonologiques
0
10
20
30
40
50
60
70
80
- - - réussite testsphono
+ + +
erreurs indicesvisuels (milk lu like)erreurs indices phono(bird lu bad)
Stratégie logographique: quelle fonction pour la lecture ?
• Lecteurs logographes experts (3 à 5 ans) ne lisent pas mieux hors contexte que les non lecteurs
• En situation d ’apprentissage, l ’enfant prélecteur tire plus parti de l ’information phonologique que de l ’information visuelle (Ehri & Wilce, 1983)
Apprentissage 1 : lettres = partie des sons du motApprentissage 2 : lettres = maximisation de la discrimination visuelle
Apprentissage 1 Apprentissage 2 indice phonologique > écriture à indice visuel
« JRF » «WBc »
Conclusions sur la stratégie logographique:
• ne semble pas systématique,mais plutôt optionnelle
• ne semble pas « aider » l ’apprentissage de la lecture
• son recours dépend du niveau de connaissance phonologique (et donc du niveau d ’opacité de la langue)
• Stratégie vite « limitée » � extrêmement liée au contexte