NOUVEAU LOOK? VIEILLES IDEES!A maintes reprises, nous avons souligné le net rapprochement du MNR (Mouvement nationaliste

révolutionnaire) avec le GRECE (Groupement de recherche et d'études pour la civilisationeuropéenne). En fait, ce constat nous amène, aujourd'hui, à mettre en évidence un phénomènequi n'est pas propre à l'hexagone: le rattachement non dissimulé à des groupuscules d'extrême-droite de laboratoires idéologiques jusque là réservés à une droite plus modéré. En France: le

GRECE. En' Belgique: l'EROE. Nous entamons, ce mois-ci, un dossier en deux volets consacré à. Etudes, recherches et orientotions européennes.

Leur but, « est de parvenir à infiltreravec discrétion les différentes couchesde notre société, en leur présentant

un plat bien connu qu'ils ont nappé d'unesauce nouvelle pour la circonstance».

Cet extrait d'un article paru dans Pour-quoi Pas d'avril 1983 sous la plume deChristian Souris nous avait, à l'époque,intrigués. En décrivant ainsi les réunionsdu cercle EROE, il nous avait remis sur lapiste du pendant belge de la NouvelleDroite et du courant nationaliste révolu-tionnaire.

Car depuis la dénonciation par l'heb-domadaire Concret de l'infiltration desmilitants n-r du Mouvement SocialistePopulaire dans de nombreuses organisa-tions progressistes au début des années 80,les nationalistes révolutionnaires belgesavaient « disparu », continuant leur tra-vail d'une manière encore plus clandes-tine. Il nous a fallu de nombreux mois derecherche pour définir la nouvelle nébu-leuse n-r, tournant autour de l'EROE

Le publicNé en 1981, ce cercle a deux activités

publiques. D'une part, l'édition de larevue Orientations et, depuis novembre1983, celle d'un supplément mensuelVou/oiret, d'autre part, l'organisation deconférences aux thèmes aussi divers que« La question Franque », « Les solutionsà la crise économique », « La Nouvellepensée européenne », « L'avenir del'Europe », « Le terrorisme », ... tout en seréférant explicitement à la NouvelleDroite (Guillaume Faye est, par exemple,omniprésent), EROE se défend d'êtred'extrême-droite et prétend avoir dépasséle clivage gauche-droite pour tracer laTroisième Voie, à l'instar de seshomologues français, italiens, ... Curieuseprétention quand on considère le publicprésent à leurs conférences: Paul Latinus,Michel Libert du Westland New Post,Patrick Cocriamont du Front de lajeunesse, Maurice André du Partiprogressiste belge, Jean-Marie Simar, un

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z

dissident du FJ condamné pour des hold-up destinés à financer son organisationNation-Europe, des anciens du Front del'Est comme Ward Hermans ou Karel DeLombaerde du Westland New Post, LucMichel du PCN ....

Mais aussi des avocats, des médecins,des fonctionnaires, des officiers, desmembres de l'UDRT (1) ...

Autre soutien de l'EROE: Forcesnouvelles qui, d'avril 1984 à janvier 1985conseille à ses membres de s'abonner àVou/air et qui, depuis décembre 85,diffuse les livres de Guillaume Faye, PierreFreson et Robert Steuckers (2).

La directionCar l'âme de l'EROE, c'est bien Robert

Steuckers, un historien d'une trentained'années, actif dans l'extrême-droitedepuis dix ans. En 1978, il sert de relaisentre le Centre d'Etudes Evolien (3) et desgroupes de même tendance en Angleterre,en Allemagne et en Autriche. Sous lepseudonyme de Roland Teughels, ilrédige des articles dans « Lutte duPeuple », journal de l'organisation nazi-maoïste belge « Mouvement SocialistePopulaire ». En 1980, il fait partie de« Renaissance Européenne », l'équipe duGRECE-Belgique. Il travaillait égalementpour la revue Tota/ité (4) dont il assurela diffusion des numéros 8 et 9. En 1981,il part pour Paris, où il est secrétaire derédaction des revues du GRECE, Nouvelleécole et Eléments.

Le président de l'EROE, Jean-Eugènevan der Taden, qualifié par Christian

Souris d'ancien maurassien; est membdepuix plusieurs années de la directionl'UDRT. L'hospice qu'il dirige boulevardGénéral Jacques à Bruxelles a servi ànombreuses réunions de l'EROE. Il est,avec Robert Steuckers, une des plaquestournantes du cercle. Au départ, ladirection comprenait également Bernar .Marchand un professeur issu del'Université Catholique de Louvain.moniteur de combat et ancien de JeuneEurope. Aux côtés de ce trio siégeaitAndré Bremans, lié à une publication àtendance raciste La Voix des Pensionnés.En 1984, l'EROE tente un rapprochementavec l'UDRT. Président de ce parti.Adrien Dulait assistait régulièrement auxréunions du cercle et Guibert deVillenfagne de Sorinnes, membre dubureau national de l'UDRT devenait vice-président de l'EROE.

Les collaborateursDans les revues éditées par le cercle.,

nous avons relevé quelques signaturessignificatives: Frans de Hoon, membre deDeltapers, correspondant flamand duGRECE, mais aussi rédacteur dans unerevue d'anciens du Front de l'Est Contactde Wende ; Alain Derriks, dirigeant d'unancien groupe fasciste l'Associationpolitique pour un ordre nouveau qui allaitse transformer en Mouvement socialistepopulaire déjà cité.

Prévus au sommaire de leurs prochainsnuméros, des articles de Claude Nancy etde Yannick Sauveur, tous deux anciens deJeune Europe, mais aussi la participationde Rogelio Pete de la revue L'Anneau etde Pierre Van Hertendaele de VolontéEuropéenne, de Guillaume Faye duGRECE et de Michael Walker duScorpion.

A third way to Europe

Tel était précisément le titre ducolloque organisé le 26 octobre 1985 àLondres par ce même Michael Walker et

sa revue The Scorpion, nouvelle droite _ ~version britannique. Walker (5) avait ~';-~~-~ M//' ;?6autour de lui des « invités de marque» ~-=-:=-= VVLv/Adont Rob~rt Steuckers, le penseur de :-~~::'::::E_.w------

.• - - - CONSTRUIRE NOTl'IE VOLONTE

l'EROE (Belgique) et Gdles M~l~_ .~~~iE!i~~;~~

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9'1/{. -..:x./ ~'«:~'l'~ ;~/A;'? .°Qk "i;~,,;:~l:'~Z'f*',.,.<lé:' maison Atlas (9).('~0o/.~-~f~%~~j;';1~ Le 9 mars 1985, à Paris, meeting quasi

"", ~~"'" ~~~~ ' 1 i d G '4~ '~4.r~t/j4:.~~identique à ce UI e eneve, avec comme0"", "~~ /;,~?2~-/ . Al Lam d~;~.;.~J'/ invités supplémentaires, ain one u

';~" MNR, Eric Delcroix, l'avocat de FaurissonMNR (France), directeur de la Librairie et de Marc Fredriksen de la FANE, maisFrançaise. Mais les liens que tissent entre aussi Daniel Gilson des Forces nouvelleseux ces défenseurs de l'Europe ne belges.

> s'arrêtent pas là. Nous avons déjà eu Le 22 février dernier à l'hôtel Sheratonl'occasion, lors de précédents numéros de Bruxelles, l'EROE avait organisé un(cf. Article 31 n° 7 et 9) de faire des colloque international qui rassemblaitcomptes-rendus des colloques des 3 et 9 entre autres de Benoist, Walker,mars 1985 consacrés au thème central de Steuckers, Ange Sarnpiéru, Eric Van Denl'Europe, Broele (l'initiateur de la nouvelle revue

Le 3 mars, à Genève, d'autres Koord en Noodzakefijkhezd, équivalentconnaissances prenaient la parole ... Aux flamand d'Orientations) et Karl Hôffkes,côtés du trio Steuckers-Malliarakis-Walker, de RFA.on retrouvait Alain de Benoist, celui que Ce dernier, rédacteur en chef de Wirl'on ne présente plus, Guillaume Faye, Selbst, participait également à un colloqueautre penseur du GRECE, Marco Tarchi à Saint-Nicolas (Belgique) les 2 et 3 mars(6), chef de file de la nouvelle droite 1986, où il expliquait, selonitalienne et Pierre Vial, directeur l'hebdomadaire Solidaire,« comment sad'Elements et collaborateur de la revue revue tentait de récupérer les écologistesArcM, éditée par les éditions Atlas. et les pacifistes ouest-allemands ». CetteLesquelles éditent également manifestation se déroulait au petitl'hebdomadaire ulrra-rnilitariste Troupes séminaire SaimJoseph et était présidée pard'Elites, sous la direction de Jean Mabire l'échevin (10) de la culture de Saint-(7) et où l'on trouve parmi les Nicolas, D. Antheunis (Volksunie, particollaborateurs Trystan Mordrel (8), celui- nationaliste flamand).là même qui participa à une conférence Après avoir examiné certainesde l'EROE sur le terrorisme, le 5 octobre connexions internationales de l'EROE,1985, à l'hôtel Métropole de Bruxelles. Et revenons maintenant en Belgique pourn'oublions pas le meilleur. .. Parmi les découvrir ce qu'on peut appeler, au

moins, une couverture de cette association« culturelle et apolitique ».

La Ligue des contribuablesL'hospice tenu par Jean Van der Taelen

nous avait Intrigué, et nous nous sommesaperçus qu'on s'en servait non seulementpour des réunions de l'EROE, mais aussipour la Ligue des contribuables, sectionbelge.

Fondée en 1984, cette association veut,comme son modèle français, « luttercontre le rouleau compresseur fiscal enbrisant l'isolement de chaque citoyen dansle traquenard inextricable de nos lois etrèglements. Elle décide de mener lecombat pour la diminution et lasimplification des impôts sous toutes leursformes ». Cette association dite apolitiquerassemble cependant des personnalités quiOnt retenu notre atrennon.

Les appuis de la LigueLe président en est Jean-Pierre de

Clippele, un notaire qui présidaitégalement le Syndicat national despropriétaires. Proche, pendant un certaintemps, des clubs Nols, et soutenu, entreautres lors de la création de la Ligue, parle Nouvel Europe Magazine, il passa en1985 de l'UDRT au Parti réformateurlibéral (PRL) avec son siège de sénateur.A l'occasion des élections législatives de1985, il fit une campagne commune avecun autre membre du PRL, Eric VanWeddingen, et ce notaire bruxellois se vitainsi réélire sénateur.

Son coéquipier eut moins de chance,puisqu'il ne se retrouva pas à la Chambre.

Eric Van Weddinge, un licencié ensciences fiscales, était chef de cabinet duministre Paul Harry, sous le gouvernementMartens V. Membre de la Commisionroyale d' harmonisation et desimplification de la fiscalité, il fut chargépar l'actuel ministre des Finances, MarcEyskens, de rédiger la Charte desContribuables, si chère au cœur desmembres du PRL. Van Weddingen n'estactuellement que membre de la Ligue descontribuables, mais on prévoit qu'à terme, *il entrera dans 'ses organes de direction. :;::

La véritable cheville ouvrière, aux côtés ~de de Clippele, est le secrétaire généraL ~Jean-Eugène Van Der Taelen, ce président ~de l'EROE qui confesse une grande :;admiration pour Guillaume Faye qu'il a ~rencontré à plusieurs reprises à Paris, lors ~

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des colloques du GRECE. Mais son amitiépour la Nouvelle droite française ne legêne pas pour siéger depuis plusieursannées au bureau national de l'UDRT,tout comme cela ne l'empêche pas d'avoirété pressenti pour figurer à la deuxièmeplace sur la liste du sénat de ce même partien octobre dernier.

Robert Steuckers prétend lui n'êtrequ'un simple traducteur de la Ligue descontribuables, et utiliser le systèmeinformatique de sa revue Vouloir pourmaquetter le journal de cette associationanti-fiscale. Pourtant, selon la presse dela Ligue, il est membre du Comitédirecteur et des Commissions derecherches fiscales et de rédactionfrancophone.

Autre exemple des appuis dont disposece mouvement: Francis Bailleux, membredu comité d'honneur et de soutien de laLigue, qui fournit chaque semaine unechronique fiscale au quotidien catholiqueLa Libre Belgique. A sa création,l'association disposait de tribunes libreshebdomadaires dans le quotidien LaDernière Heure.

Signalons pour terminer ce chapitre queJean-Eugène Van der Taelen a été élu, àl'unanimité, vice-président mondial desLigues de contribuables au Congrès deBruxelles, en décembre 1985.

Ainsi voit-on se réaliser la prédiction deChristian Souris mentionné en débutd'article. Car il est pour le moins étonnantde retrouver à la tête d'une association deslibéraux, des sociaux-chrétiens, desmembres de l'UDRT et des militants del'Ordre nouveau.

Faute de place, nous allons arrêter nosinvestigations à ce stade ci. Mais ce n'estque parue remrse.

Dans le prochain numéro d'Article31nous examinerons la nébuleuse decercles proches de l'EROE en Belgique, ~nébuleuse qui nous réserve encore bien 15des surprises. ~

Tout comme, en remontant dans le 15!5

passé, nous verrons que le courant ~nationaliste révolutionnaire belge était un

c

spécialiste de l'infiltration, mais aussi de se.~

divers trafics, d'armes entre autres. '"~Dominique Le Grand

devant un auditoire de Forces nouvelles.(3) Centre d'étude des thèses de Julius Evola, unthéoricien néo-nazi italien décédé.(4) Voir Solzdairedu 19.3.86 :« Cette revue (Totalite)fasciste avait comme animateur principal à la fin desannées 70 le trop fameux Claudio Muni. Unprofesseur de l'université de Parme et théoricien dela Statégie de la Tension. Il fut exclu du parti fascisteitalien MSI en 1964 et créa une organisation soi-disantnazi-maoïste: Lotta di Popolo. En 1974, il est arrêtépour des attentats commis par l'organisation fascisteOrdine Nuovo. Et une nouvelle fois au cours de l'été80 pour l'attentat contre la gare de Bologne. Tourcomme son collaborateur Giannetti, formé par lesservices secrets américains pour organiser des attentatsmeurtriers sous une couverture de gauche».(5) Walker a dirigé une entreprise de guidestouristiques avec Nick Griffin, l'un des leaders acruelsdu National Front. Walker a également été un orateurinvité aux réunions de ce pani fasciste anglais. Commeguide dans Heritage Tour, il se servait d'un terroristeitalien du groupe Terza Positione, Roberto Fiore,souvent hébergé dans l'appartement de Walker.Egalement réside dans cet appanement, RobinDavies, le secrétaire de David Irving, historien« révisionniste» qui nie la culpabilité d'Hitler dansl'holocauste (cf. Article 31 n' 9).(6) Marco Tarchi : directeur de la revue DioramaLùterario, cet ancien député du MSI (exclu pourimmoralité) collabore à diverses maisons d'éditions etrevues. Il est proche de Pino Rauti, ancien responsable

des groupes terroristes Ordine Nero et Ordine Nuovo,c'est-à-dire responsable d'une pan importante de lastratégie de la tension. (cf. Article 31 n' 9).(7) Jean Mabire : écrivain français, ancien de EuropeAction, groupe néo-fascisre notoire des années quisuivirent la fin de la guerre d'Algérie, ancien duGRECE. Publie des romans mythiques ou consacrésà l'histoire nazie: « Les Jeunes fauves du Führer »,« Les panzers de la garde noire »'00' (cf. Article 31n' 3)(8) Trystan Mordrel : fils de Olier Mordrel. Ce dernierenvoya en novembre 1983 une lettre de soutien àOrientations dans laquelle il se vantait de l'amitié deJoris Van Severen, ancien dirigeant du Verdinaso, uneorganisation d'Ordre nouveau en Belgique pendantla guerre. Cette amitié n'a rien de surprenant quandon sait que Olier Mordrel est lui-même un ancien dela Waffen SS, revenu il y a quelques annéesd'Argentine, où il avait cru bon de changer d'air àla fin de la guerre.'(9) Les éditions Atlas, ou tout au moins certains deses rédacteurs, semblent vouer une admiration sansborne à Léon Degrelle, que l'on retrouve souvent danscertaines revues du groupe à caractère idéologique ouhistorique comme A la Une ou Troupes d'Elites. Dansle premier numéro de cette revue, on pouvaitd'ailleurs se procurer plusieurs autocollantsreprésentant des insignes nazis.(10) Pour nos amis français, un échevin est, enBelgique, l'équivalent d'un adjoint au maire.

VRlJE MARKT-EKONOMIE

NOTES:(1) Union démocratique pour le respect du travail. -;:Petit parti poujadiste ne disposant plus que d'un ~député depuis les élections d'octobre 1985. Pour plus ~de précisions, voir Article 31 n' 15. "

8(2) Autre exemple des liens unissant l'EROE à ~l'extrême-droite : le 28 mars dernier, Pierre Freson c 1I!l!iii:~~==~.:...._=::Jprésentait une conférence sur L'Europe des Régions J!14

La Belgique dans le collimateur (suite)

celle-ci soupçonnée d'être en relation avecles tueurs du Brabant. La police doit semordre les doigts: Jean Bultot a été libéré,et on n'arrive plus à mettre la main surlui. Il s'est envolé avec femme et enfantsvers le Paraguay, où il comptait suivre unstage ami-guérilla.

En février et mars 1986, nous avons évoqué un certain nombre d'affaires ayant occupél'actualité en Belgique. Des développements récents méritent d'être cités.

11est temps que nous mettions fin auxactivités de cette Loge P2 belge. Tel est,selon le quotidien De Morgen, l'état

d'esprit actuel de certains enquêteurs. Eneffet, les mêmes noms reviennent dans lesdiverses affaires qui secouent la Belgiquedepuis 5 ans (1). Quelques arrestations onteu lieu, et elles ne font que renforcer l'ac-tuel malaise.

Ainsi, dans le cadre de l'affaire Men-dez, on a arrêté Medani Bouhouche, soup-çonné du meurtre de ce cadre de laFN (2). Cet ancien membre de la BSR dutquitter la gendarmerie pour avoir posé desmicros dans le bureau de son chef decorps. Par la suite, il se reconvertit dansune agence de détectives privés, où ilessaya de faire entrer Michel Libert, undirigeant du Westland New Post. Bouhou-che connaît bien les milieux d'extrême-droite, puisqu'il dorinait des cours de « tirpratique» aux militants du Front de lajeunesse et du WNP. [arrestation de Bou-houche a permis, par la saisie de fils detéléphone, de relancer le dossier concer-nant le « suicide» de Paul Latinus (3).

Autre élément qui avait poussé MedaniBouhouche à quitter la gendarmerie: lessoupçons qui pesèrent sur lui lors de l'at-

, tentat à la bombe contre l'adjudant Gof-finon. Ce dernier enquêtait non seule-ment sur l'affaire François, mais aussi surun trafic de drogue dans des poulets sur-gelés provenant du village luxembourgeoisde Mamère. Ce transport de drogue incor-porée à de la viande était un dossier brû-lant, puisqu'il touchait de près au mondepolitique belge.

Les AméricainsJean-François Buslik, un ami intime de

Bouhouche, avait à l'époque été soup-çonné d'avoir fourni le détonateur de labombe. Il travaillait, toujours selon le quo-tidien « De Morgen » comme informateurde l'agence américaine antidrogue, laDEA, et son officier traitant était FrankEaton. Buslik est également une connais-sance du garagiste qui a joué un rôle cen-tral dans l'attentat contre le major Vernail-len. Ce major enquêtait sur l'affaire Fran-çois lorsqu'il fut abattu à son domicile. Lavoiture qui transportait les tueurs appar-tenait à Faez Al Ajjaz (4), qui prétend

l'avoir fournie au garagiste en question.Buslik est, à l' heure où nous écrivons ceslignes, à nouveau sous les verrous.

A l'époque des attentats contre Goffi-non et Vernaillen, Bouhouche enquêtaitsur un trafic de drogue et d'armes auquelétait mêlé Carlos Davilla, le prédécesseurde Mendez à la FN.

Davilla se déplaçait dans un véhiculeappartenant à une firme servant commecouverture de la ClA. Les« agences» amé-ricaines apparaissent encore ailleurs, puis-que Latinus prétendait travailler pour unservice de renseigenements de l'armée US,la DIA.

Le beau Léon.Une autre connaissance de Paul Latinus

vient également de se faire arrêter, mais« dans un tout autre cadre », celui destueurs du Brabant. Michel Cocu, anciensuspect dans ce qu'on a appelé la filièreboraine des tueurs, a déjà passé 19 moisen prison. En mars 1984, il déclarait qu'onne les découvrirait jamais car ils étaientprotégés par « un ministre connu du gou-vernement actuel lié à un gouvernementrexiste qui travaille de concert avec LéonDegrelle» (5).

Déclarations d'un mythomane voulantbrouiller les pistes? Toujours est-il que « lebeau Léon» fait à nouveau parler de lui.Jean Bultot (6), cet ancien directeuradjoint de prison et adepte du tir prati-

1 que, fréquentait le « Jonathan », un clubbruxellois dont le propriétaire est mem-bre de « Forces nouvelles ». Selon les ser-vices de police, on y trafiquait des armes,et ce club était fréquenté par des extré-mistes de droite, notamment par l'éditeurd'un journal pornographique en relationdirecte avec Degrelle. Parmi les clients du« Jonathan », on trouve aussi ceux qui sesont occupés du célèbre « casse de la rueHaute» (7) et qui, à cette époque, corres-pondaient activement avec Léon Degrelle.

Bultot a déjà été arrêté deux fois : lapremière pour avoir tenté d'écouler destitres volés de la Petrofina, la seconde pourdétention d'armes et d'explosifs. Encoreune fois, Jean Bultot semble avoir un rôlecentral : ces titres lui ont été fournis parPhilippe « Johnny» de Staercke, actuelle-ment détenu avec sa bande à Termonde,

La gendarmerieToujours dans le cadre de 1'« affaire

Mendez », on reparle des différents vols etagressions commis contre la gendarmerieen 1982. Le frère de Juan Mendez a remisaux autorités judiciaires une mitrailletteHecker und koch, volée à la Brigade Dianeà cette époque. Dans ces affaires, onretrouve Bouhouche, bien sûr, mais aussiLucien Marbaix, un gendarme du WNP.Nous avions annoncé que, deux ans etdemi après la découverte de ce groupenéo-nazi, Marbaix avait été exclu de lagendarmerie, mais il n'en est rien. Il tra-vaille toujours au service logistique et onenquête à nouveau à son sujet. Il faut direque' les premières recherches avaient étéeffectuées par le colonel Lhost, dont lessympathies pour l'extrème-droite sontconnues. Nous pensions que Lhost avaitdémissionné de son poste à la gendarme-rie, mais il a seulement pris un congé sanssolde et s'occupe maintenant de la sécu-rité d'un centre Euratom en Italie.

Attendons-nous encore à de nombreu-ses surprises. A condition que la pressecontinue ses enquêtes ...

Maurice PetitNotes:(1) Voir ( Ù! Belgique dans le collimateur> Arnde 31 n' 16·17.(2) Fabrique nationale d'armes à Herstal, dans la banlieue deLiège.(3) Le chef du WNP avait été retrouvé ( pendu> dans sa cave,avec du fil de téléphone, sans nœud coulant et les pieds ausol. Chaque fois qu'on a reconstitué le ( suicide >, le fil s'estrompu.(4) Un journaliste saoudien, commanditaire du WNP.(j) Chef du mouvement collaborateur ( REX >, Léon Degrellevir à l'heure actuelle en Espagne.(6) Sympathisant de forœs nouvelles. Voir Anide 31 n' 16,pages IH4. -.:>(7) 12 avril 1980 ; Société Générale. Serge de Thibaut de Boe- ~singhe, le cerveau de ce casse, a été condamné en octobre 1982 ::;:mais est en fuite depuis lors. Militant néo-nazi, il est intime- ::;::ment lié à Léon Degrelle.

1prix du-n~:~:. 100 FBl.c prix de J'abonnement: 1 000 FBN' de compte: OOl.l9Q2489.07Adresse belge d'Ait/de 31 : ARTIClE 31BP 210 Bruxelles V

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