a31 n°24 (11.86)

Upload: mycroftulloa

Post on 02-Jun-2018

223 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

  • 8/11/2019 A31 N24 (11.86)

    1/6

    Po ur l a s eco nd e f oi s d epu is l e d bu t d es an nes 80, la Belgique hr it e d e l a p rs id en ce

    de la World Anti Communist League, la WACL, en la personne de Jos Desmarets

    s n at eu r d u Par ti So ci al Ch rt ien 1). Un e o cc as io n p our nou s de rappeler ce qu est la

    WA CL , et s on i mp or tan ce en B el gi qu e.

    e officiellement en 1967, la

    WACL succde la Ligue Anri-

    Communiste des Peuples dAsie

    APACL), fonde en 1954 par Tchiang

    Ka Chek p our lu tt er c on tre l a Ch in e co m-

    muniste de Mao Tse Toung.

    Au dbut des annes 60, les services

    secrets amricains transfrent en Asie du

    Sud-Est les activits de certains de leurs

    agents migrs de l Est, pour beaucoup

    largement compromis avec les nazis. Leur

    o rgan isat ion est lA nti -Bo lch ev ik Blo k of

    Nations ABN). Des contacts se nouent

    avec lAPACL et aboutissent

    la cration

    de la WACL.

    u lqu s r pr s

    A l origine, elle tient un discours anti-

    communiste classique, dans le style des

    annes maccarthystes. On connait moins

    ses sponsors: la CIA, les services spciaux

    de l OTAN, les gouvernements de Ta-

    peh, de Soul et de Ryad; ni son parrain,

    Ryochi Sasakawa. Ce milliardaire nippon

    d evi en dra le prs iden t d e sa branche japo-

    naise. Un personnage, ce Sasakawa. Pieux

    organisateur des crmonies clbres en

    l honneur des criminels de guerre japo-

    nais, i l p erso nni fi era l a W A CL qu an d so n-

    nera lheure des dfait es am ricaines dans

    le Sud-Est asiatique.

    Moins de cinq ans aprs sa cration,

    l hgmonie de la. direction historique de

    la WACL est conteste par une prolifra-

    tion de groupes europens, latino-

    amricains et arabes ultras. Leur prsence

    et leu r p oid s s ont tel lemen t ap pa rent s q ue

    p lus ie urs as soci at io ns ang lais es et n ord-

    amricaines sobligent quitter cette

    sainte alliance, laissant les organisations

    modres encore plus isoles quaupa-

    ravant. U n ex emp le s ign ificat if de ce g li s-

    sement : l admission du MSI italien.

    Durant les annes 70, les sections

    latino-amricaines chappent au contrle

    d e la di rection et ne sont souvent que lex-

    pression des dictatures locales. En Europe,

    des tensions opposent les anticommunis-

    tes conservateurs aux no- fascistes intro-

    d uit s d an s la W A CL av ec la co mp lici t d es

    gens de l ABN. Ce sont les amricains qui

    LA WACL EN BELGIQUE

    vont reprendre en main lorganisation,

    l purer jusquen 1983 et en faire un ins-

    trument direct des groupes de pression

    ultraconservateurs. Lartisan de cette

    reprise en main est lex-gnral Singlaub

    2).

    Cette puration va de pair avec une

    volution importante du rle de la

    W A CL : elle devient un instrument actif

    de soutien aux gurillas anti-communistes

    dan, ., monde, et principalement au

    Nicaragua, en

    privatisant et en con-

    tournant ainsi les blocages auxquels lad-

    ministration Reagan doit faire face aux

    Etats-unis mme.

    Si lorganisat io n reg ro up e au jou rd hui

    des reprsentants de la quasi totalit des

    pays non communistes, les sections natio-

    nales ne sont pas toutes aussi actives et

    structures que son chapitre belge, la

    Ligue Internationale de la Libert. ~

    La L lL a

    Cest en 1967 que Paul Vankerkhoven

    t

    fondera la bote aux lettres de la W A CL

    en Belgique, avec l aide dEmile Lecerf ~

    3). Catholique de tendance mauras- ...,

    d

    el

    sienne, Paul Vankerkhoven poss e une

    carte de visite impressionnante. Parmi les ~

  • 8/11/2019 A31 N24 (11.86)

    2/6

    dizaines de cercles et mouvements o on

    le retrouve, citons le Cercle des Nations,

    le CEDI-belge, lAcadmie Europenne

    des Sciences Politiques ... En raison de ses

    fonctions la LIL et la W ACL, il entre-

    tenait des rapports troits avec lABN.

    Sil peut-tre qualifi de vritable che-

    ville ouvrire de la LIL, c est le dfunt che-

    valier De Roover qui en fut la vritable

    me voir encadr). Dans cette phase de

    construction de la LIL, cest plutt la

    droite catholique qui constituait lossature

    du mouvement. Ainsi, on retrouvait

    notamment dans le comit de patronnage

    Richard Beauthier dput PSC de Bruxel-

    les e t b ou rgmestre de Ganshoren), Fran-

    ois de Mrode, le professeur Florent Pee-

    ters Universit de Gand), mais aussi Mar-

    cei Barzin ancien recteur de lUniversit

    Libre de Bruxelles).

    Les catholiques noirs

    Autre signe de cette hgmonie de la

    droite catholique cette poque: la quasi-

    similitude entre la direction de la LIL et

    celle du Cercle des Nations CON).

    Par lintermdiaire de la W ACL et de

    sa section belge, le CON entretenait de

    bonnes relations avec les groupes

    dextrme-droite et mme

    no-

    nazis en

    Belgique et ltranger. Dans ce milieu

    de diplomates, dhommes daffaires et de

    politiciens de droite qui frquentaient le

    Cercle, linfluence amricaine tait trs

    forte.

    On y retrouvait au moins quatre per-

    sonnalits de la haute socit qui entre-

    tenaient depuis des annes des relations

    avec les cercles dextrme-droite lorsquen

    1974, ils semparrent de positions-cls

    la tte du CEPIC de Bruxelles: le baron

    Benot de Bonvoisin, Paul Vankerkhoven,

    Edmond Nerincx et le chevalier Jean Brey-

    deI. Paul Vankerkhoven fut donc, comme

    nous pouvons le constater, un lment-clef

    de tout ce qui touche aux milieux

    dextrme-droite en Belgique. Cest

    notamment

    u

    sa direction que le Cer-

    cie des Nations rendit un vibrant hom-

    mage en avril 1970 au rgime des colonels

    grecs. En janvier 1976, il prit l initiative

    d org an iser d an s les salons du CON un

    cocktail l occasion du 10 anniversaire de

    la dictature de Papa Doc Duvalier

    Hati. Peu de temps auparavant, plus pr-

    cisment le 11 juillet 1975, Vankerkho-

    ven tait revenu d un voyage au Chili et

    publia une interview du dictate ur Pi nochet

    dans un mensuel proche du Cercle des

    Nations, lEventazl

    Damocls

    Mais revenons la LIL, et plus prcis-

    ment son priodique Damocls Il a suc-

    cessivement chan t les lo uanges du rgime

    des colonels grecs, du gouvern em ent a nti-

    communiste du Sud-Vietnam, des rgimes

    de minorit blanche de Ian Smith en Rho-

    dsie et de Piet Botha en Afrique du Sud.

    Les rfrences de ce priodique? Roger

    Trinquier, par exemple, lidologue de la

    lutte contre les maquis FNL en Algrie,

    auquel

    Damocls

    emprunte la terminolo-

    gie de ses th o rie s c ontr insurrectionnel-

    les:

    contre-information, dsinforma-

    tion, anti-subversion

    .

    Ainsi nest-il pas

    rare dy trouver des propos du style:

    La

    cinquime colonne idologique sovitique

    manipule merveille les mdias occiden-

    taux attaques contre les pays rsistants au

    communisme: Salvador, Turquie, Maroc,

    Tunisie, Argentine, Brsil, Afrique du

    Sud, ... ) ou bien La diffrence entre

    les gnraux polonais et les gnraux turcs

    UN PRESIDENT

    DE L W L

    HEZ PINO HET

    omme signal dans larticle, la

    presse chilienne a rendu

    compte de la visite de Robert

    Close au gnral Pinochet. Ainsi, cette

    photo illustrait un article reprenant

    quelques propos attribus au snateur

    belge, et publis dans le Mercurio

    du 3 novembre 1983.

    Sous le titre

    Louverture

    f vons r

    l image du bilile journal men-

    tionne que le prsident de la W ACL

    indique que ce quil a pu voir de

    notre pays diffre assez de limage

    qu on en donne en Europe. Le sna-

    teur belge R ob er t C lose e xp rimait hier

    que louverture politique et le retour

    la dmocratie favorisera l image du

    Chili l ex tr ieur. C ette seule annonce

    est dj trs favorable pour la position

    internationale du Chili, surtout en

    Europe . Et p lus loin, Respectueux

    des Droits de lHomme, Close dit que

    mme de vieilles dmocraties, quand

    elles se trouvent menaces, ont adopt

    certaines mesures, et que, so n a vi s,

    des mesures prcises se justifient aux

    moments durgence

    .

    est la mme que celle qui distingue les

    tratres des patrio tes. L es g nraux de Var-

    sovie sont rsolus extirper l e sprit de la

    dmocratie et ceux dAnkara crer les

    conditions qui permettront cet esprit de

    spanouir

    .

    Notons encore que la LIL a

    cre un Centre dinformation et de docu-

    mentation qui diffuse des livres et des

    priodiques sur l opposition en URSS et

    sur limprialisme russe Il finance en

    outre un Centre de Dfense Nationale

    dont le prsident fut le commandant

    Geo rge s R ombouts,

    Le Front Ant icommuniste

    Autre volet du dveloppement de la

    W ACL en Belgique : la cration du Front

    Anticommuniste AKF). Le 17 dcembre

    1976, se tient Malines une assemble de

    district du VMO. Il sagit dune rencon-

    tre annuelle de tous les militants, organi-

    se cette fois sur le thme

    Infiltration et

    constitution de fronts . Lorateur invit

    est Maerten Van Nierop, membre avant-

    guerre de la section hollandaise du Ver-

  • 8/11/2019 A31 N24 (11.86)

    3/6

    dinaso. Van Nierop s installa en Belgique

    au dbut des annes 50 pour y prendre

    soin, jusqu sa m on en 1979, de la cor-

    rection linguistique du journal e

    Standaard .

    Dans son discours aux militants du

    VMO Malines, il parle de son dsir

    dunification de l extrm e- dr oit e p ass an t

    par dessus les diffrences idologiques

    entre le VMO et les hritiers du VNV, et

    par dessus la frontire linguistique en

    direction du Front de la Jeunesse.

    En vue de la constitution de cette avant-

    garde, les dirigeants du VMO, du Front

    de laJeunesse et du Solidaristische Bewe-

    ging avaient eu auparavant des discussions

    pour dvelopper le front des militants :

    pour le mom ent avec un minimum de

    publicit, en pratiquant en commun des

    exercices de combat, l entranement et la

    formation des militants Cela allait

    aboutir la cration de lA nti Commu-

    ni st is ch F ron t F ron t A nt i C om mu ni ste -

    f\ KF ) q ui, crit P atrice Chair of f d ans son

    Dossier no-nazi , est une cration de

    la WA CL.

    Cest au sein de la W ACL que le VMO

    tait le plus solidement ancr sur le plan

    international. Roger Spinnewijn, le dl-

    gu du VMO au sein de la W A CL, crit

    ce propos dans Alarm , de dcembre

    1977 : Je ne considre pas cette organi-

    sa tio n c om me l e s ain t de s sa in ts , m ai s e lle

    e st a ctu ell em en t l a se ule in stitution repr-

    sentative au niveau mondial. Je peux affir-

    mer avec une certaine fiert que le VMO

    s y sent plus laise que dans son propre

    environnement flamand, o il doit tout

    moment sattendre

    un coup de couteau

    dans le dos .

    L A KF or ga ni sa it e nt re a ut re s d es s an -

    c es d e nt ra n em ent c om mu n da ns l es te ch -

    niques de combat sous l gide de 1Ecole

    d e f or ma tio n c or por el le e t S pir it ue lle ,

    fonde par Van Nierop qui y assurait lui-

    mme la formation spirituelle

    Le PRL

    Deux vnements allaient cependant

    branler ce lieu de contacts privilgis

    e ntr e l a dr oite et le xt r me -d roi te q uest

    la LIL.

    D une pan, l a d ci si on p ri se a u n iv ea u

    mondial dcarter les no-fascistes et les

    no-nazis de la W ACL se traduira en Bel-

    gique par la disparition de la LIL des

    membres du VMO, du Front de la Jeu-

    ne ss e e t de F or ce s N ouv el le s.

    D autre pan, lclatement du CEPIC

    Marie-France Garaud

    affaiblira fortement les positions du noyau

    dirigeant historique de la LIL, proche

    de ce mme CEPIe. Un rapprochement

    se fera alors avec le lobby m ili ta ri st e d u

    Parti Rformateur Libral, dont l lment

    l e p lu s connu est le gnral la retraite

    Robert Close. Depuis plusieurs annes, un

    a mi du g n ra l, le c om ma nda nt G eo rge s

    Rombouts 4) prside aux destines du

    chapitre belge de la W A CL, et en septem-

    bre 1983, au 16

  • 8/11/2019 A31 N24 (11.86)

    4/6

    J

    .

    >

    o

    z

    Comit contre le neutralisme et pour la

    paix organisation franaise dans laquelle

    on retrouve Pascal Gauchon du Parti des

    Forces Nouvelles et Suzanne Labin, de la

    WACL franaise.

    Pinochet

    Sitt lu prsident de la W ACL, R.

    Close se rend au Chili, o il rencontre le

    prsident Augusto Pinochet , avec lequel

    DE RO OVER

    CHEVA LIER DE

    L A NTICOMMUNISME

    L

    e rle du chevalier Marcel De

    Roover dans les contacts entre les

    militaires, lextrme-droite, les

    partis traditionnels, les services secrets

    et les milieux de la finance sur la base

    de lanticommunisme est trs bien

    dcrit dans le livre

    Les plus belles

    annes dune gnration de Walter

    De Bock. Reprenons-en les lments

    prmC1paux.

    Ancien officier de carrire et ing-

    nieur, il est, aprs 1917, li aux armes

    bilorusses. Il ne cessera plus d entre-

    prendre des actions anticommunistes,

    soutenu en cela par la haute finance.

    Mais cest aprs le dclenchement des

    hostilits en 1940 quil donne sa pleine

    mesure en organisant des groupes serni-

    clandestins avec le vicomte Charles Ter-

    l inden. Ces groupes poussaient le Roi

    Lopold et son entourage instaurer

    une dictature militaire en Belgique

    avec laccord du Fhrer, et empcher

    le retour de la dmocratie aprs le

    dpart des allemands.

    En

    1941,

    le baron de Launoit le

    nomme directeur de la Brufma, et plus

    tard il deviendra mme administrateur

    de plusieurs filiales de ce holding.

    A la fin de la guerre, il organise un

    service priv de renseignements pour

    le compte du baron, et met sur pied

    un mouvement violemment anticom-

    muniste

    Paix et Libert , financ par

    de Launoit, la Banque de Bruxelles et

    Brufina. Cette organisation peut-tre

    considre comme le mouvement pr-

    curseur de la UL. Au 5

  • 8/11/2019 A31 N24 (11.86)

    5/6

    G. Dumzil suite et fin

    G. Dumzil naura pas eu le temps de

    rpondre

    la q uest io n qu i lui tait pose,

    dans le n 23 dArticle 31, par un article

    dont la vivacit avait t conue, il y a

    quelques mois, ladresse dun vivant :

    il est mort le Il octobre 1986. Les hom-

    mages qui ont paru depuis se sont parfois

    accompagns de prcisions peu connues,

    et passes inaperues de nombreux jour-

    nalistes. M. Olender indiquait ainsi dans

    Libration 13/10/86) que G. Dumzil

    a dmission du comit de Nouvelle

    Ecole quand il a lu la prsentation aux

    allures militantes que la revue faisait de

    son uvre , et que dans lentretien quil

    lui avait accord pour le Nouvel Obser-

    vateur n 949), il expliquait la fois son

    silence par un refus de s occuper des fan- C tait il a dix ans. Lu ne d es p lu s gr os ses es cr oq uer ies

    tasrnes des autres , et son horreur de ~

    politicofinancires de cette poque pourtant trouble batta

    ce quil entrevoyait du monde indo- ~

    son plein. Les avions reniflaient du vent tandis que les

    europen. Cela na pas empch Le

    Z finances de l Etat et de sa principale compagnie ptrolire

    Matin

    et le

    Magazine Littraire

    de persis-

    c

    taient pompes par de biens curieux shadoks.

    ter jusqu en 1986 interroger Dumzil

    propos de la Nouvelle Droite, comme le

    faisait aussi larticle du numro prcdent.

    Pour clre le dbat sur les positions per-

    sonnelles de ce savant, nul ntait plus

    minemment autoris que M.P. Vidal-

    Naquet; il a bien voulu apporter le

    tmoignage que nous publions ci-aprs.

    En souscrivant au jugement de P. Vidal-

    Naquet, il faut regretter que Dumzil ait

    cru que les usages de la science, o le

    silence nest pas un argument, rglaient

    aussi Ia politique, o le silence est par-

    lant , et que sa voix, si frquemment sol-

    licite depuis quon le savait souffrant,

    nait pas port davantage pour faire jus-

    tice de l usage scandaleux notre

    n 23, p. 17) qui est fait de son uvre par

    la N ouv elle Droite. Sopposer lamal-

    game cr et entretenu par la Nouvelle

    Droite autour de Dumzil et des tudes

    inde-europennes,

    dnoncer lintolrance

    qui se pare des plumes de la tolrance,

    sans succomber ces travers contagieux,

    reste lun des objectifs importants

    dArticle 31.

    aient le positiviste et ladmirable diteur

    de documents, elle fait galement le meil-

    leur de son uvre. Dans le travail de p uri-

    fication quil a engag depuis 1948 et qui

    procde de cette lucidit, on comprendrait

    mal que G. Dumzil ne revienne pas lui-

    mme sur sa caution donne au GRECE,

    pour la critiquer.

    Gilles Bounoure.

    Tmoignage de Pierre

    Vidal Naquet

    Je crois que Dumzil est un conser-

    vateur et un homme de droite. Il est

    incontestable quil a eu des penchants

    dAction Franaise et je lui ai crit moi-

    mme ce que je pensais de Pierre Gaxotte.

    Il est vrai aussi qu il mis longtemps

    se dbarrasser de l e~combrant fardeau de

    la

    Nouvelle Ecole.

    Mais il la fait et de

    faon beaucoup plus nette que vous ne le

    dire s. Je n e con nais, pour ma part, pas une

    ligne de lui qui puisse tre qualifie de

    raciste ou dantismite. Au contraire, il

    rappelait mme rcemment, lors de

    lmission dApostrophes, que la plupart

    de ses matres taient des Juifs: Michel

    Bral, Jules Bloch, Sylvain Lvi, Marcel

    Mauss. En dpit de ce quil peut y avoir

    dquivoque dans le volume de 1939 sUI

    les Mythes et dieux des Germains, je ne

    vois rien l qui puisse tre qualifi dapo-

    logie du nazisme. Je crois tout de mme

    que Marc Blo ch ne s y serait pas tromp ..

    Si je suis dcid combattre la droit

    ancienne et nouvelle, je nentrerai

    s

    dans une opration d amalgame ou d in-

    tolrance. Dumzil a certainement e

    b eau cou p de faiblesse pour Gaxotte, et ce

    quil crit son sujet nest pas exact, m .

    jentends le juger sur ce quil crit lui-

    mme, et il s agit tout de mme d une

    uvre qui fo rce ladmiration. En tout cas

    il a 2 mienne depuis plusieurs dcennies

    Je nai eu personnellement qu me lou

    de sa gnrosit et je nentends pas chan-

    ger d attitude. ~

    Q U A N D L E S A VIO N S ~

    R EN IF L A IE NT L E S M I L L IO N S S E NV OL A IE NT

    U

    ne banale affaire, somme toute,

    qui a dgag des fins encore

    mystrieuses 200 millions de francs

    suisses de lpoque, somme rcupre par-

    tiellement, il est vrai, par le grand ptro-

    lier franais. Une banale affaire qui a

    impliqu la haute finance suisse, des

    milieux religieux lis au franquisme finis-

    sant et la droite de la dmocratie-

    chrtienne italienne, un cheveau confus,

    enfin, de groupes, cercles et individus lis

    des titres divers la droite europenne

    la plus conservatrice et la barbouzerie

    prive 1 anti-communiste.

    Mais, pour dbrouiller cette affaire dite

    des avions renifleurs , autant que faire

    se peut, il faut partir du commencement.

    Le 28 mai 1976, la socit Elf-Erap signe

    un accord qui lui donne lexclusivit pour

    lutilisation dun soi-disant procd rvo-

    lutionnaire de recherche ptrolire. Ses

    partenaires sont, dune part, les inven-

    teurs, savoir le comte belge Alain de Vil-

    legas et litalien Aldo Bonassoli, d autre

    part un groupe financier constitu autour

    du premier et dirig par Philippe de

    Weck, prsident de lUnion ds Banques

    Suisses. Laccord prvoit quElfErap ver:

    sera au groupe financier la Fisalma)

    somme de 200 millions de francs suisses

    400 millions de FF). Une imp osan te sri

    de so cits crans est mise en place po

    camoufler un peu cette transaction et assu-

    rer le fonctionnement de laffaire.

    De puissants parrains

    L a s uite est connue. De forages rats

    fausses dcouvertes, de pannes en fonc-

    tionnement dfectueux, Elf met prs d

    trois ans dcouvrir la supercherie et

    arrter les frais, non sans avoir dbou

    plus dun milliard de francs tenter d

    faire fonctionner cette abracadabran

    quipe d avions et de derricks, de pilo-

    tes et de gologues, de chteaux et de vil-

    las, dinventeurs et de barbouzes.

    Mai s comment, et par qui, des person-

    nalits auss i s enses et pleines d exprien-

    ces que Valry Giscard d Estaing, le minis

    tre de lIndustrie Andr Girau

    aujourdhui ministre de la Dfense natio-

    nale) et les patrons successifs dElf, Pie

  • 8/11/2019 A31 N24 (11.86)

    6/6

    Guillaumat et Albin Chalandon qui

    poursuit sa brillante carri re comme minis-

    tre de la Justice) ont-ils pu se laisser con-

    vaincre d autant investir dans une affaire

    aussi videmment farfelue

    Un homme est en contact avec tous les

    milieux concerns. Cest Matre Jean Vio-

    let, un avocat franais dont l activit poli-

    tique commence avant guerre dans lom-

    bre de lorganisation secrte d extrme-

    droite la Cagoule. Ds les annes 50, la

    carrire de Violet se diversifie. Il est alors

    un avocat daffaires international, hono-

    rable correspondant du SDECE, en rap-

    port notamment avec les services spciaux

    allemands d u g n ral G ehl en. On le dit

    galement trs proche de lOpus Dei.

    Tout ceci lui procure un carnet dadres-

    ses impressionnant dans les milieux catho-

    liques ractionnaires. Il collabore entre

    autres avec Franz-Josef Strauss, Alfredo

    Sanchez Bella, ex-ambassadeur, ex-

    ministre et ex-chef des serv ices s ecrets

    espagnols, Antoine Pinay et dautres per-

    sonnalits de mme calibre.

    A partir de 1969-70, Violet cherche les

    structures qui permettront ses amis de

    raliser leur projet politique, savoir une

    Europe forte, unie, sur des positions anti-

    sovitiques forcenes. Pour ce faire, il sert

    de lien entre plusieurs organismes assez

    ferms. Il s agit tout dabord dun groupe

    informel que lon appelle le cercle

    Pinay et qui reg ro up e de s h ommes poli-

    tiques, des banquiers, des journalistes con-

    servateurs. Violet en est, dans lombre, le

    rel animateur. Le cercle est en cons-

    tante relation avec des botes penser

    comme l Hritage Foundation ou l Insti-

    tute for the Study of Conflicts ISC) de

    Londres. Une autre de ses particularits est

    la prsence ses runions de chefs ou

    d anciens chefs de services de renseigne-

    ments anglais, amricains, belges, alle-

    mands et franais.

    Paralllement au cercle, et sur lins-

    tance de Brian Crozier, directeur de l ISC,

    est constitue une organisation-transna-

    tionale de scurit fonctionnant comme

    un lobby pour llection conservateurs

    comme Thatcher ou Strauss et recourant

    toutes les techniques de la propagande

    et de la dsinformation. Crozier travaille

    en particulier avec Arnaud de Borchgrave

    et Robert Moss. Les principaux dirigeants

    des services franais et anglais voient d un

    crs bon il les activits de ce groupe, au

    point, dailleurs, quon est en droit de se

    emander sil nest pas directement con-

    trl par une branche du MI6 britannique.

    Violet, donc, a toutes les entres et tous

    les contacts ncessaires pour recommander

    et soutenir les inventeurs des avions

    renifleurs pendant toute la d ure de l af-

    faire. Fort de ses relations politiques, il

    impressionne les dirigeants franais. Fort

    de ses liens avec la hirarchie catholique,

    il peut f air e i nter ve nir les banquiers suis-

    ses. Fort de ses co nt ac ts d an s l es s erv ices

    secrets, il peut faire taire les soupons des

    services de scutit dElf et organiser dura-

    blement le secret sur toute l affaire.

    La nbuleuse belge

    Mais pourquoi Violet met-il tant

    d nergie promouvoir ces deux obscurs

    inventeurs que sont Alain Villegas et Aldo

    Bonassoli C est que Villegas appartient

    la composante belge du rseau Violet.

    En Belgique comme ailleurs, ce rseau

    repose sr une srie de groupes articuls

    entre eux. La plus grande partie de son

    activit est le fait de lAcadmie Euro-

    penne de Sciences Politiques, fonde par

    larchiduc Orto de Habsbourg. En 1969,

    Violet en prend le contrle par l entremise

    de son secrtaire gnral, Florimond Dam-

    man. On trouve, parmi les financiers de

    lAcadmie, le nom de Carlo Pesenti,

    industriel italien trs proche de la droite

    de la Dmocratie-Chrtienne. A partir de

    1972, lAcadmie sefforce de mettre en

    place un Mouvement dAction pour

    lUnion Europenne qui servira d e li en

    entre toutes les composantes du rseau

    Violet. LAcadmie lance ensuite plusieurs

    campagnes pour la libre circulation des

    hommes et des ides entre l Est et lOuest,

    pour le soutien lAfrique du Sud et pour

    appuyer les forces ractionnaires au Por-

    tugal notamment.

    Les notes laisses par Damman sa mort

    montrent que lAcadmie recevait et

    dpensait beaucoup dargent. Ce sont les

    italiens qui en assurent la plus grande par-

    tie du fonctionnement jusquen 1976.

    Survient une brouille, l effondrement de

    la lire, la remise en cause de certaines

    publications, il faut reconstituer des

    ensembles de groupes financiers note

    Jean Violet. Puis cest laccord Elf-Fisalma

    de 1976 et les affaires semblent reprendre.

    Aujourdhui encore, personne ne peut

    dire avec certitude do venait l argent de

    lAcadmie, du cercle Pinay et des autres

    groupes, de 1976 1979. Personne ne

    peut prouver quoi que ce soit sur lem-

    ploi des fonds dgags par les reni-

    fleurs . Il faut se contenter de supposi-

    tions ou de p rs omptions. Le journaliste

    Pierre Pan, d an s s on livre V dont nous

    avons tir une grande partie de nos infor-

    mations, savoue lui-mme, au terme

    dune enqute de plusieurs annes, inca-

    pable de conclure. Il remarque simple-

    ment une impressionnante srie de con-

    cidences . Par ailleurs, les notes posthu-

    mes de Damman dmontrent l afflux

    dargent vers par Violet et Villegas au

    profit de lAcadmie, notamment en 1977

    et 1978.

    Dune part, une escroquerie poustou-

    flante, monte et soutenue par le rseau

    Violet, a cot une fortune la France,

    dautre part, ce rseau a parfaitement

    fonctionn pendant les trois annes durant

    lesquelles cette affaire sest droule, Len-

    qute en est l, obscurcie encore par la

    complexit des liens des membres du

    rseau Violet, par les rivalits qui les

    dchirent en Belgique, par les hypoth-

    ses que certains nhsitent pas faire sur

    une possible liaison avec la loge P2 ita-

    lienne. Quoi quil en soit, Article 31

    reviendra sur la situation actuelle de cer-

    tains protagonistes de cette affaire et ten-

    tera de montrer ses lecteurs que si le cr-

    dit de certains dentre eux s en est trouv ~

    ruin, dautres continuent brasser ~

    argent, ides et contacts. ~

    Claude Dimenstein ~

    ARi rIC LE 3

    JIT POSTAL ~

    42. 375152.7

    pArviJ CEDE X 11 ~