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ETUDE SUR LE PRIX D’ELIMINATION
DES DECHETS INERTES DU BTP
Juin 2012
Etude réalisée pour le compte de l’ADEME par PÖYRY SAS
Coordination technique : Eric DARLOT- Service Planification et Observation des Déchets -Laurent CHATEAU - Service Prévention et Gestion des Déchets –
Direction Consommation Durable et Déchets – ADEME Angers
SYNTHESE
Etude sur le prix d’élimination des déchets inertes du BTP 2
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Etude sur le prix d’élimination des déchets inertes du BTP 3
INTRODUCTION
L’ADEME a mandaté Pöyry pour conduire une enquête sur les prix des filières d’élimination des
déchets inertes du BTP, dans l’objectif de :
Connaître les prix pratiqués en matière d’élimination des déchets inertes du BTP en installations
de stockage dédiées (ISDI) et à défaut dans les autres exutoires éventuels,
Mettre en évidence les variations de tarifications constatées selon différents paramètres,
Identifier les facteurs déterminants les prix pratiqués,
Analyser l’impact éventuel d’un renchérissement des prix de la mise en décharge sur les
pratiques,
Recueillir des éléments d’appréciation de la gestion locale des déchets inertes et émettre des
propositions visant à améliorer le suivi et la connaissance des coûts de gestion de ces déchets,
Cette enquête s’est déroulée d’octobre 2011 à janvier 2012 auprès de différentes cibles de
producteurs auxquelles a été adressé un questionnaire bâti en collaboration avec les représentants de
chacun. Les 6 cibles visées sont les suivantes ;
Collectivités maîtres d’ouvrage de déchèteries collectant des déchets inertes via AMORCE,
Adhérents à la CAPEB,
Adhérents à la FFB (hors majors et entreprises générales),
Adhérents au SNED,
Adhérents au Syndicat des recycleurs du BTP,
Majors du BTP et entreprises générales.
La gestion des déchets du BTP, en plus de constituer un enjeu économique fort, pâtit aujourd’hui d’un
manque important de suivi à tous niveaux, du producteur à l’exutoire. Ces points sont des freins à la
bonne connaissance du traitement de ces déchets, au quotidien comme lors d’études ponctuelles,
aboutissant à de faibles taux de réponse (251 questionnaires renseignés de manière exploitable). Les
collectivités, les adhérents à la FFB et les majors du BTP ont fourni le plus de retours (respectivement
60%, 17% et 10%), avec une répartition géographique couvrant une grande partie du territoire.
1. DECHETS ET EXUTOIRES CITES
Les déchets cités (sur proposition) par les répondants sont les suivants :
Etude sur le prix d’élimination des déchets inertes du BTP 4
NB : la catégorie « mélange d’inertes » peut comporter à la fois des inertes terreux, non-terreux, etc.
Elle a été fortement renseignée par les collectivités de par le mode de collecte souvent non distinct,
réalisé en déchèteries.
Ces déchets sont amenés dans les différents exutoires selon la répartition ci-dessous :
Globalement, la moitié des producteurs apporte ses déchets sur un lieu de tri ou de transit, et l’autre
sur un lieu de dépôt définitif.
Le réseau de déchèteries publiques représente une part non négligeable des lieux de dépôt choisis
(16%), ce qui peut s’expliquer par le rôle complémentaire de ces installations, qui viennent densifier le
réseau d’exutoires possibles.
Les déchèteries privées réservées aux professionnels restent quant à elles un exutoire limité pour ces
déchets. L’amélioration des connaissances de ces installations est d’ailleurs un axe d’étude de
l’ADEME en 2012.
Du fait du faible nombre de réponse et du biais fort vers certaines catégories de répondants, cette
répartition ne peut être considérée comme reflétant la réalité globale des pratiques.
2. ANALYSE PAR TYPES D’EXUTOIRES
Trois catégories de déchets ont des comportements semblables pour leurs prix, à savoir les terreux, la
catégorie « béton, brique, tuile, céramique, pierre, ardoise », et le mélange d’inertes. L’analyse
suivante concerne donc uniquement ces 3 catégories.
Etude sur le prix d’élimination des déchets inertes du BTP 5
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
40%
45%
50%
Déchèteries Plateformes Carrières ISDI ISDND
6% 8%
14%
23% 20%
28%
32%
49%
30%
12%
44%
30%
22%
15%
24%
17% 17%
8%
25%
16%
6%
13%
6% 8%
28% 0 €/t
0-5 €/t
5-10 €/t
10-20 €/t
> 20 €/t
Etude sur le prix d’élimination des déchets inertes du BTP 6
Cette répartition peut être complétée par les prix plafonds observés :
18 €/t pour les déchèteries (à une exception près sur 18),
22 €/t pour les plateformes de tri (à 3 exceptions près sur 68),
18 €/t pour les carrières (à 3 exceptions près sur 61),
16 €/t pour les ISDI (à 3 exceptions près sur 40),
54 €/t pour les ISDND (7 sites ont un prix compris entre 30 et 54 €/t).
Concernant les déchèteries :
La majorité des prix renseignés (près de 80 %) sont compris dans la tranche [0-10 €/t]. Cette gamme
de prix relativement bas est cohérente avec la nature de déchets acceptés et la construction de la
facturation. Les coûts de fonctionnement de l’installation sont fréquemment intégrés dans un marché
d’exploitation global, et ne sont donc pas supportés exclusivement sur les déchets inertes.
Concernant les plates-formes :
Il apparaît que ce type d’installation pratique des prix plus élevés, du fait de la rupture de charge que
cela implique (installation intermédiaire) et du traitement (tri, criblage/concassage) qui est opéré,
comparativement aux exutoires « directs » tels que les ISDI ou les carrières.
Concernant les carrières :
Le prix à la tonne est inférieur à 10 €/t dans 85% des réponses avec 2/3 des réponses < 5 €/t
L’accueil des déchets se faisant dans une optique de réaménagement réglementaire, sans
préparation préalable dans de nombreux cas ni reprise ultérieure, les carrières peuvent donc pratiquer
des prix relativement bas.
Concernant les ISDI et les ISDND :
Les ISDI et les ISDND observent une forte part d’entrants non facturés (acceptés à 0 €/t). Ces prix peuvent être liés, comme il a pu être constaté précédemment avec les collectivités, à la non refacturation en cas de dépôt dans une installation propriété du producteur lui-même, ou être dus à un besoin de matériaux inertes en couverture (cas des ISDND).
Notons qu’à la date de réalisation de l’enquête, la mise en conformité des installations de stockage d’inertes (passage d’une autorisation municipale à une autorisation préfectorale, nécessitant un certain nombre d’investissements d’aménagement) n’était pas totalement achevée. C’est pourquoi, le cas de l’accueil de déchets inertes de déchèteries, dans une décharge exploitée par la même collectivité, à coût nul ou très faible, pouvait se rencontrer.
Ces prix varient toutefois fortement selon les réponses, et ce de manière plus importante pour les ISDND que pour les ISDI. Ceci peut provenir du fait qu’en l’absence de besoin de couverture, les coûts supérieurs à 20 €/t (30% des réponses) sont simplement liés au coût élevé de l’élimination du déchet dans ces installations.
3. ANALYSE PAR TYPES DE DECHETS
Le tableau qui suit résume les informations essentielles, tous types d’exutoires confondus :
Le nombre de données de prix par catégorie de déchet,
Les prix observés (minimum, maximum, décile, quartile et médiane).
Les prix pratiqués sont essentiellement sous la barre des 10 €/t (on rencontre même un grand nombre
de valeurs nulles (déchets accueillis à coût zéro) ; bien évidemment les déchets d’amiante-lié à des
Etude sur le prix d’élimination des déchets inertes du BTP 7
déchets inertes1 sont à un prix largement supérieur ; les déchets en mélange (inertes et non inertes)
connaissent aussi parfois un prix largement supérieur à 10 €/t.
Les coûts variant très fortement (avec un nombre important de valeurs proches de 0, ou à minima
inférieures à 10), les montants élevés viennent fausser la répartition des coûts. L’exemple des
mélanges inertes/non inertes est frappant, d’autant plus que ces fortes variations de prix peuvent très
probablement être liées à une nature particulière de déchets (non inertes) au coût d’élimination très
élevé. Aussi, la moyenne est à considérer avec précaution dans l’exploitation de ces résultats et la
répartition des prix apporte des éléments plus complets.
Concernant les deux catégories peu renseignées que sont les « bitumes et mélanges bitumeux », et l’
« amiante ciment », trop peu de données ont été fournies pour en tirer une telle répartition. La
première va de 70 à 380 € la tonne, avec 4 montants entre 100 et 125 €/t. Les bitumes et mélanges
bitumeux sont concentrés sur des valeurs de 4,6 et 18 €.
Catégorie « béton, brique, tuile, céramique, pierre, ardoise »
Les lieux d’accueil sont préférentiellement (en nombre de réponses) :
50 % en traitement direct (21 % en ISDI, 20 % en carrières et 9 % en ISDND),
34 % en plateforme de tri ou de regroupement.
1 Ces déchets amiantés (type amiante-ciment) ne sont plus considérés comme des déchets inertes depuis début
2012 et doivent à présent être orientés dans des installations de stockage de déchets dangereux ou de déchets non dangereux, disposant d’une alvéole de stockage spécifique dans ce second cas (cf. arrêté du 12 mars 2012).
Béton, brique, tuile,
céramiqueMélange d'inertes
Mélange inertes / non
inertesTerreux
Nb Données 62 120 37 20
Maximum 145,0 53,3 250,0 54,0
9ème Décile 41,7 16,0 100,0 20,8
3ème Quartile 14,5 8,5 54,5 11,5
Médiane 6,7 4,2 9,3 8,0
1er Quartile 3,2 2,4 6,0 5,1
1er Décile 0,0 0,0 0,2 4,0
Minimum 0,0 0,0 0,0 3,3
Moyenne 15,5 7,0 39,1 12,0
Remarques2 valeurs "aberrentes"
retirées (110 et 420 €)
Montant unitaire (€ HT hors TGAP par tonne)
Répartition
des données
0,0
20,0
40,0
60,0
80,0
100,0
120,0
140,0
160,0
0,0
10,0
20,0
30,0
40,0
50,0
60,0
0,0
50,0
100,0
150,0
200,0
250,0
300,0
0,0
10,0
20,0
30,0
40,0
50,0
60,0
Etude sur le prix d’élimination des déchets inertes du BTP 8
Même si les prix sont très variables au sein d’un même type de site d’accueil pour ce flux, il se dégage
des tendances : les prix les plus bas sont observés en carrières, en plateformes de regroupement ou
de tri et en déchèteries professionnelles. Déchèteries publiques, ISDI et ISDND pratiquent souvent
des prix plus élevés.
Les prix les plus élevés ne dépendent pas de la typologie du producteur puisque collectivités, majors,
SNED y sont représentés sans distinction.
Quant à l’influence du tonnage annuel apporté, même si le prix n’y est pas directement et
explicitement lié, les plus gros producteurs (> 2000 t/an) profitent systématiquement d’un prix inférieur
à 20 €/t. Les plus petits producteurs concentrent quant à eux à la fois tous les prix les plus importants,
mais aussi des prix très faibles (voire nuls), ce qui implique donc que d’autres facteurs interviennent.
Catégorie « terreux »
Les adhérents du SNED (45% des producteurs de ce flux en nombre de réponses) mentionnent des
prix entre 5 et 20 €/t, ce qui peut peut-être s’expliquer par les qualités et quantités d’apports.
Les lieux d’accueil sont préférentiellement (en nombres de réponses)
40 % en déchèteries privées ou publiques
40% en traitement direct
Les prix sont similaires quelle que soit la nature du site d’accueil, et quel que soit le tonnage apporté.
Catégorie « mélange d’inertes »
Seuls les collectivités et les recycleurs ont transmis des éléments de prix pour ce flux. Cela peut
s’expliquer par leurs modes de gestion des flux et par la nature de leurs activités. Les déchets
accueillis par les collectivités sont souvent tout ou partie en mélange dès leur réception (en déchèterie
par exemple) sans possibilité de tri ultérieur avant évacuation, ce qui entraîne une impossibilité de
séparation par typologie d’inertes. A contrario, les autres cibles visées disposent d’un suivi et d’une
traçabilité plus en amont puisqu’ils sont producteurs directs de ces déchets.
Les lieux d’accueil sont préférentiellement (en nombres de réponses)
61 % en traitement direct (27 % en carrière, 19 % en ISDI et 15 % en ISDND),
25 % en plateforme de tri ou de regroupement.
Les lieux d’accueil à prix nul sont à parts égales les ISDI, ISDND, carrières et plateformes de tri.
Quant aux prix les plus élevés, il s’agit principalement des plateformes de tri (6 des 9 prix dépassant
20 €/t). Cela peut s’expliquer par la nature de ces lieux d’accueil qui visent des déchets plus distincts
en entrée afin de pouvoir réaliser une meilleure opération de tri, les mélanges pouvant nécessiter une
ou plusieurs étapes supplémentaires onéreuses en vue de leur recyclage.
La remarque sur le lien entre le prix et le tonnage annuel est la même que pour les « béton, brique,
tuile, céramique, pierre, ardoise ».
Caractère régional du prix ; Le flux de mélange d’inertes étant le plus renseigné, il est le plus à même
de fournir des éléments de prix en fonction des régions. Les autres flux n’ont pas permis d’aboutir à
des résultats complets (avec une majorité de régions représentées) ou cohérents.
Les données collectées pour la catégorie « mélange d’inertes » figurent ci-dessous, avec le nombre
de réponses dans chaque région. Le coût moyen sur le territoire français est matérialisé en bleu, et
est de l’ordre de 7,5 €/t HT.
Etude sur le prix d’élimination des déchets inertes du BTP 9
On remarque que l’Alsace et la région PACA proposent des prix plus élevés que la moyenne, à l’inverse de Rhône-Alpes, Bourgogne, Bretagne, Centre et Ile de France.
Ainsi, il apparait donc bien que des différences de contexte (à l’échelle régionale) sont susceptibles d’influer sur les niveaux de prix ; cela rejoint les différentes remarques sur la situation locale, les exutoires à disposition des producteurs, et les différences de prix même au sein d’une catégorie de lieux de traitement.
Catégorie « mélange d’inertes et non inertes »
27 des 37 producteurs de ce flux de déchets sont des collectivités. Tout comme pour les mélanges
d’inertes, cela peut s’expliquer en partie par l’activité et le mode de collecte spécifique (pas de tri entre
les différents déchets inertes)
Les destinations (lieux d’accueil) sont préférentiellement :
22 % en ISDND,
22 % en ISDI,
27 % en plateforme de tri ou de regroupement.
La proportion d’apport en ISDI paraît élevée pour un mélange réputé comprendre des déchets non
inertes (la part de non inertes n’est pas précisé et peut-être éminemment variable).
Une nouvelle fois, les prix pratiqués (0 à 100 €/t, avec une fréquence plus importante dans la tranche
de 5 à 10 €/t) sont très variables pour un même exutoire, et cela en partie de par la nature de ce flux
mélangé. Les tarifs rencontrés au sein des plateformes de tri/regroupement restent les plus bas
toutefois.
Catégorie « bitumes et mélanges bitumineux »
Seules 4 valeurs de prix ont été mentionnées, ce qui ne permet pas une analyse statistique. Ils
émanent de 3 démolisseurs et d’une Collectivité, et l’exutoire est systématiquement une carrière, pour
un prix de 5 € environ (18 € pour la collectivité).
Etude sur le prix d’élimination des déchets inertes du BTP 10
Catégorie « amiante ciment »
Seules 6 valeurs de prix ont été mentionnées, ce qui ne permet pas une analyse statistique. Ils
émanent de démolisseurs (3) de Collectivités (2) et d’un recycleur, et l’exutoire principal est la
plateforme de tri/regroupement, pour un prix de 75 à 125 € HT et un extrême à 380 €/t, anormalement
élevé. Ces installations n’opérant qu’un transit vers l’exutoire final, des frais de transport importants et
des quantités admises faibles peuvent expliquer les prix élevés.
4. ANALYSE PAR TYPES DE PRODUCTEURS
Le type de producteur influe peu sur le prix du traitement des déchets dans la répartition des
montants. On peut toutefois noter que les collectivités ont un barycentre de prix dans la tranche 0 à 5
€/t, alors que pour les adhérents au SNED (CAPEB et Majors également), la tranche de prix la plus
représentée est la tranche 5-10 €/t.
5. ELEMENTS GENERAUX SUR LES PRIX
L’évolution de prix au cours de la dernière année reste en moyenne modérée pour les trois quarts des
140 répondants à cette question :
La TGAP est liée au type d’installation vers laquelle sont dirigés les déchets inertes (installation
intermédiaire ou installation d’élimination) et au type de déchet (dangereux ou non dangereux).
Parmi les 251 réponses exploitables, nous relevons 149 mentions de la TGAP, pour une valeur 0 dans
83% des cas. Cette réponse est logique dans la mesure où les installations dédiées aux déchets
inertes (ISDI, carrières, installations de tri/recyclage) ne sont pas soumise à TGAP.
Lorsqu’une TGAP non nulle est appliquée, on observe ce qui suit :
La TGAP moyenne appliquée est de 13,6 € /t, allant de 0,2 à 17€/t.
Etude sur le prix d’élimination des déchets inertes du BTP 11
Les 3 recycleurs qui la mentionnent ont une moyenne de 3,5 €/t et les 19 collectivités, 15,5 €/t.
Les 10 ISDND sont en moyenne à 17 €/t, les 2 ISDI à 6 €/t (2 et 10 €/t), les 7 carrières à 10 € /t,
les plateformes de tri à 14 €/t. Ces chiffres sont à considérer avec précaution au vu du très
faible nombre de réponses pour chaque catégorie.
Le montant de la TGAP représente entre 6 et 80 % du coût total, et pèse tout particulièrement
dans le cas des coûts hors taxes nuls ou très faibles.
Une grande partie de ces données est surprenante dans la mesure où le barème de la TGAP (en
2010) ne prévoyait pas de taux inférieur à 10 €/t.
6. FACTEURS INFLUANT SUR LE PRIX
Le prix ne dépend pas directement du type de producteur. Cependant, il est possible d’observer que
les collectivités disposent plus fréquemment d’un prix compris dans la tranche 0-5 €/ t HT, que dans la
tranche 5-10 €/t HT.
Le lien entre le prix et la taille du producteur n’est pas non plus direct. Par exemple, certains petits
producteurs peuvent profiter de tarifs nuls en entrée d’exutoire. Ainsi, la variation des prix n’est pas
systématiquement liée au tonnage annuel apporté par le producteur. Toutefois, les prix des plus gros
producteurs sont tous (dans l’échantillon de réponses) plutôt bas,
Le prix ne dépend pas directement du lieu de dépôt retenu. En effet, l’exemple même des ISDND est
illustratif, puisqu’il rassemble à la fois des coûts nuls, et des coûts s’élevant à plus de 100 €/t. La
hauteur du prix semble ainsi davantage dépendre de la situation et du contexte local (filières
accessibles, concurrence, historique, contrat avec l’exploitant, etc.). Toutefois, les coûts observés en
déchèteries, carrières et plateformes de tri sont plus « constants », et à plus de 75% inférieurs à
10 €/t HT.
7. INFORMATIONS GENERALES
Transport des déchets
Le mode de transport utilisé pour ce flux de déchets reste très majoritairement le mode routier, le
fluvial n’étant encore quasiment pas usité en comparaison (<1% des réponses).
Les distances parcourues jusqu’au lieu de dépôt des déchets sont très variables comme le montre le
diagramme ci-dessous ; la moitié des chargements font moins de 20 km, et près de 90% sont
inférieurs à 50 km, ce qui montre que dans la majorité des cas, les solutions de traitement sont
choisies à proximité des lieux de production, les déchèteries constituant des points de dépôts
systématiquement proches, et les distances de transport importantes (>100 km) étant surtout
parcourues pour des dépôts en carrières ou plateformes.
Etude sur le prix d’élimination des déchets inertes du BTP 12
Contractualisation
La contractualisation pour le traitement est réalisée à travers au moins 2 contrats pour un quart des
174 répondants sur ce sujet et même au moins 3 pour 9%, ceci en raison des spécificités des déchets
et des exutoires retenus, eux-mêmes pouvant être fonction de la localisation des chantiers. Ces
contrats sont très majoritairement pluriannuels (à 73 %), et les durées renseignées (jusqu’à 8 ans)
sont comprises entre 3 et 5 ans dans 85% des cas. Ce dernier chiffre est cohérent avec la répartition
des répondants, les Collectivités représentant 60% des réponses et procédant plus généralement
avec des contrats longs. Ce type d’engagement ne permet toutefois pas de facilement négocier les
prix régulièrement.
Accueil des déchets en déchèteries publiques
L’accès est autorisé aux professionnels dans 80% des cas, leurs déchets acceptés en bennes, avec
limitation de volume dans deux tiers des installations. Lorsque le service est facturé, c’est là aussi le
volume qui est le plus usité (68%) devant le tonnage (29%) et le nombre d’entrées/vidages (3%).
Les déchèteries publiques représentent donc bien une vraie offre de service puisque 44% des
professionnels déclarent les fréquenter. Cependant, la typologie de déchets acceptés (51%), la
limitation des volumes (26%), les tarifs et les horaires sont cités comme des limites à leur utilisation
par certains producteurs (35 réponses). Ainsi, bien que proches et fréquentées, elles s’avèrent
souvent mal adaptées aux besoins des professionnels (acceptation de déchets spécifiques, de
volumes plus importants, etc.).
Facteurs de choix des exutoires
43% seulement des interrogés estiment ne pas avoir le choix entre plusieurs exutoires. Il est fort
probable qu’une part plus importante ait effectivement accès à plusieurs exutoires mais le choix est
évident (prix très attractif à proximité par exemple).
Les facteurs de ce choix sont, pour 212 répondants, prioritairement le coût (76%), puis la distance et
le mode d’élimination (12% chacun). La priorité au recyclage n’est donc pas un facteur déterminant.
Solutions de prise en charge et perspectives de développement
Les réponses sur ce thème sont extrêmement partagées : il y a autant de répondants (254 réponses)
pour considérer que les solutions de prise en charge sont suffisantes que l’inverse. Ces derniers
aimeraient voir se développer les solutions suivantes (réponses proposées) :
Etude sur le prix d’élimination des déchets inertes du BTP 13
Les installations de transfert/tri et de recyclage sont les plus plébiscitées au détriment de
l’enfouissement. Les prix observés pour le tri/recyclage étant plus élevés que ceux de l’enfouissement,
il est important d’inverser la tendance afin de répondre à cette attente des professionnels et des
collectivités.
CONCLUSION
Le faible nombre de réponses à l’enquête limite fortement la robustesse de l’analyse, notamment en
matière de prix, ce d’autant que certaines réponses laissent supputer des erreurs dans la
compréhension des termes employés (classification des déchets, désignation du lieu d’accueil,
application de la TGAP, …).
L’enquête permet cependant d’obtenir des prix moyens (hors TVA et hors TGAP) par catégorie de
déchet :
Entre 3 et 14 €/t pour la catégorie « béton, brique, tuile, céramique, pierre, ardoise »,
Entre 5 et 11 €/t pour les terreux,
Entre 2 et 8 €/t pour les mélanges d’inertes
Entre 6 et 55 €/t pour les mélanges de déchets inertes et non inertes.
L’enquête montre aussi une grande variabilité dans les prix pratiqués, sans que l’on puisse identifier précisément les facteurs expliquant ces variations :
La région (pris au sens d’un contexte géographique) semble bien avoir une certaine influence
sur le prix, en fonction probablement du besoin et de la disponibilité en matériaux inertes,
A l’inverse, le prix ne semble pas lié uniquement au type de producteur, ni même à la quantité
annuelle de déchets (on trouve beaucoup d’entreprises qui obtiennent des prix compétitifs
pour de faibles quantités) ; cependant, on observe que les gros producteurs de déchets ont
très rarement des prix élevés, probablement du à une meilleure force de négociation et à
l’importance de leur production,
Le type de site d’accueil (déchèteries, plateformes de tri, carrières, ISDI ou ISDND) semble
montrer une certaine incidence, et l’on a pu relever quelques tendances, mais le trop faible
nombre de valeurs significatives empêche toute conclusion marquée.
Les valeurs moyennes calculées peuvent cependant permettre à un producteur de déchet d’apprécier lui-même le degré de compétitivité du prix qu’il paie, ce en fonction notamment de considérations régionales ou de caractéristiques plus précises de son déchet qu’il sera mieux à même d’apprécier.
L’ADEME EN BREF
L'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de
l'Energie (ADEME) participe à la mise en œuvre des
politiques publiques dans les domaines de
l'environnement, de l'énergie et du développement
durable. Afin de leur permettre de progresser dans
leur démarche environnementale, l'agence met à
disposition des entreprises, des collectivités locales,
des pouvoirs publics et du grand public, ses
capacités d'expertise et de conseil. Elle aide en outre
au financement de projets, de la recherche à la mise
en œuvre et ce, dans les domaines suivants : la
gestion des déchets, la préservation des sols,
l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables,
la qualité de l'air et la lutte contre le bruit.
L’ADEME est un établissement public sous la tutelle
du ministère de l'écologie, du développement durable
et de l'énergie et du ministère de l'enseignement
supérieur et de la recherche. www.ademe.fr