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ÊTRE PLUTÔT QU’AVOIR ? À L’ÉCOLE AUTREMENT Agnès FOUILLEUX France 2017 1h28 « Monsieur le professeur, je vous dis merde ! » affirme le petit garçon de Zéro de conduite (Jean Vigo, 1933) face à une brochette de profs, proviseur, inspec- teur qui lui demandent excuses et sou- mission. Au moment même où le film est censuré (il le sera jusqu'en 1946), Hitler prend le pouvoir en Allemagne… Alors… L'éducation, ça sert à quoi ? À préparer de bons petits soldats, rouages dociles qui continueront indé- finiment à perpétuer l'ordre établi ? Ou à préparer des individus critiques qui risquent de le bousculer ? Agnès Fouilleux, dans un film nourri, vi- vant, passionnant, superbe, largement illustré de chants, de gravures, d'extraits de films, interroge l'évolution de l'édu- cation à travers notre histoire et, tout en faisant un état des lieux actuel des ques- N°104 du 31 janvier au 6 mars 2018, Entrée : 6,50€ / le midi : 4€ / Abonnement : 47€ les dix places 5 AVENUE DU DOCTEUR PEZET 34090 MONTPELLIER / TÉLÉPHONE : 04 67 52 32 00 et 04 67 87 91 85 (répondeur) / www.cinemas-utopia.org Ciném a g a r a nt i s a n s 3 D

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ÊTRE PLUTÔT QU’AVOIR ?À L’ÉCOLE AUTREMENT

Agnès FOUILLEUXFrance 2017 1h28

« Monsieur le professeur, je vous dis merde ! » affirme le petit garçon de Zéro de conduite (Jean Vigo, 1933) face à une brochette de profs, proviseur, inspec-teur qui lui demandent excuses et sou-

mission. Au moment même où le film est censuré (il le sera jusqu'en 1946), Hitler prend le pouvoir en Allemagne…

Alors… L'éducation, ça sert à quoi  ? À  préparer de bons petits soldats, rouages dociles qui continueront indé-finiment à perpétuer l'ordre établi ? Ou

à préparer des individus critiques qui risquent de le bousculer ?Agnès Fouilleux, dans un film nourri, vi-vant, passionnant, superbe, largement illustré de chants, de gravures, d'extraits de films, interroge l'évolution de l'édu-cation à travers notre histoire et, tout en faisant un état des lieux actuel des ques-

N°104 du 31 janvier au 6 mars 2018, Entrée : 6,50€ / le midi : 4€ / Abonnement : 47€ les dix places

5 AVENUE DU DOCTEUR PEZET 34090 MONTPELLIER / TÉLÉPHONE : 04 67 52 32 00 et 04 67 87 91 85 (répondeur) / www.cinemas-utopia.org

Cinéma garanti sans 3D

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ÊTRE PLUTÔT QU’AVOIRÀ L’ÉCOLE AUTREMENT

tionnements, nous plonge dans les alter-natives…En 1921, à peine sortis des horreurs et des dévastations de la « grande guerre », pacifistes, éducateurs et autres per-sonnes engagées dans l'éducation des chères têtes blondes s'interrogent. « Quoi, toujours ce serait la guerre, la querelle, des manières de roi et des fronts prosternés… » écrivait Aragon. Et le mouvement naissant pour l'école nouvelle répondait : « Changer l'éduca-tion pour changer le monde ». Il y au-ra de nombreux échanges et rassem-blements. Maria Montessori, Célestin Freinet, Gustave Monod, Rudolf Steiner… L'école de Summerhill voit le jour… Extraordinaire d'entendre la voix de Célestin Freinet  et l'actualité de ses paroles nous laisse tout épaté.

En écho, les voix actuelles d'ensei-gnants, de psychologues, chercheurs… accompagnent et ponctuent les images et paroles de gamins en situation d'ap-prentissage. On s'attarde avec des bam-bins d'une école Montessori, avec l'école en Forêt, l'école du Colibri : la pratique il-lustre la théorie et toujours images et mu-sique élargissent la réflexion et donnent une respiration au film. Bon sens, écoute, bienveillance, respect de l'autre, rapport à la nature…Philippe Meirieu réfléchit sur le rapport à

l'écran des enfants, constate que désor-mais les gamins passent plus de temps devant un écran que devant un être hu-main et interroge l'influence des médias sur les esprits adultes et fatalement sur le cerveau des enfants. C'est que l'école n'est pas seule à façonner les personna-lités des gamins. On suit les expériences de Peter Winterstein à partir des dessins des enfants en fonction du temps pas-sé devant la télé : le pouvoir des médias, du neuro-marketing sur les cervelles des gamins mais aussi les nôtres. Le condi-tionnement s'oppose au développement de l'imaginaire, les images envahissent nos vies, modifient le rapport à soi, pous-sant chacun à renvoyer une image idéale plutôt que de se construire à l'intérieur. « Facebook détient le pouvoir et vous êtes la marchandise » dit le Président du Fond de Défense pour la Neutralité du Net.

On y évoque aussi longuement l'impor-tance et l'incidence sur le développement du rapport direct à la nature… et toujours cette interrogation qui sous-tend le for-midable engagement passionné et pas-sionnant de tous ceux qui interviennent devant la caméra curieuse d'Agnès Fouilleux : quel projet de vie donnons-nous à nos enfants, pour quel monde les préparons-nous ? Quel monde souhai-tons-nous leur transmettre ?

VIDÉO EN POCHE

Venez au ciné remplir une clé USB avect des Vidéos en Poche, il y en a pour tous les goûts et les âges. 5€ PAR FILM, sans DRM et en HD quand c’est possible, la résolution minimale étant celle d’un DVD !

NOUS PRINCESSES DE CLÈVESRégis Sauder

Nous, Princesses de Clèves est un film tout en grâce, où une classe de lycéens de la banlieue nord de Marseille, un quartier « difficile » comme on dit, ne se contente pas de jouer les phrases délicieuses du premier roman de la langue française avec une élégance et une saveur épatantes, mais prolongent le texte de confidences faisant apparaître ainsi les concordances évidentes entre les mots de Madame de Lafayette et leur vie. Ils ont nom Morgane, Boubacar, Armelle et Virginie, Cadiatou, Gwenaelle, Laura… leurs familles viennent de tous les pays du monde et, du lycée à leur intimité familiale, rien des frémissements de l’amour, des hésitations du désir, du doute, de la solitude, du mal être… évoqués dans le roman ne leur est étranger. Et les conseils que Madame de Chartres donne à sa fille en 1558 ressemblent comme deux gouttes d’eau aux conseils que leur donnent leurs parents aujourd’hui.

Ce film non seulement parle remarquablement des jeunes, donne le goût de la littérature française, donne à voir la richesse culturelle de la banlieue de Marseille comme aucun autre, mais il dit toute la noblesse d’un travail d’enseignant fait avec passion.

et plus de 200 films au catalogue : www.videoenpoche.info

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Marie-Noëlle SEHRFrance 2017 1h35avec Karoline Gruzka, Arieh Worthalter, Charles Berling, Malik Zidi, André Wilms, Izabela Kuna... Scénario de Marie-Noëlle Sehr et Andrea Stoll.

Elle est l’une des plus célèbres scienti-fiques du xxe stiècle : deux fois nobeli-sée, inhumée au Panthéon, elle a don-né son nom à des facultés des sciences, à un éminent institut et à bien des éta-blissement scolaires… Quelle femme que cette Marie Sklodowska ! Et quelle destinée hors morne que celle de cette singulière chercheuse qui consacra sa vie tout entière, ses nuits, ses jours et sa santé aux lois complexes de la phy-sique ! C’est un regard à la fois extrême-ment admiratif, mais aussi fidèle et très documenté que nous livre ici la réalisa-trice allemande Marie-Noëlle Sehr pour faire le portrait de Marie Curie, femme moderne dans ce début de siècle au pa-ternalisme dominant, féministe sans ja-mais porter son statut comme un éten-dard, passionnée par son travail et prête à braver toutes les contraintes pour me-ner à bien son ultime projet : l’applica-tion médicale de ses recherches sur la radioactivité.

Marie Curie retrace six années qui furent décisives dans la vie de la cher-cheuse. Six années intenses durant les-

quelles elle traversa le petit monde étri-qué, machiste et parfois parfaitement réactionnaire de la recherche scienti-fique française, elle qui cumulait bien des handicaps : femme, étrangère, su-périeurement intelligente et déterminée comme une diablesse. Elle se souciait par ailleurs assez peu des conventions et du qu’en-dira-t-on mais elle sut fédé-rer quelques grands esprits masculins qui furent ses plus fervents alliés.Le film commence dans l’atelier où Pierre et Marie Curie passent une bonne partie de leur existence : une vie com-mune animée par la même passion en-flammée pour la recherche dont on sent bien qu’elle se nourrit autant de l’intel-ligence aiguisée de ces deux cerveaux exceptionnels que de l’admiration et du respect mutuels qu’ils se portent.L’atelier ressemble autant à une salle de cours (le tableau noir et ses équations, les manuscrits) qu’à l’antre de deux ap-prentis sorciers : chaudrons, épuisettes, minerais en tous genres. Leurs études sur la radioactivité leur valent le prix Nobel de Physique en 1904, prix pour lequel Pierre exige que le prénom de sa

femme soit cité conjointement au sien. Mais Pierre Curie meurt brutalement, d’un accident absurde comme le sort en réserve parfois aux êtres exceptionnels (Jean-Baptiste Lully n’est il pas mort de s’être brutalement frappé le pied en battant la mesure avec son bâton  ?), et Marie se retrouve démunie, la vie au laboratoire sans le professeur Curie n’ayant ni la même saveur, ni le même sens. Elle a perdu bien plus qu’un être aimé : son mentor, son alter ego, et sans doute son plus fervent défenseur face à une Académie des Sciences exclusive-ment masculine et peu ouverte au chan-gement.Marie fait face, redouble d’efforts et de persévérance dans ses recherches ; elle devient la première femme profes-seur à la Sorbonne, reprenant la chaire de son mari, et va bientôt recevoir son deuxième prix Nobel en 1911, de chimie cette fois, pour la découverte du pluto-nium et du polonium, et ce en dépit du scandale lié à sa liaison avec le physi-cien Paul Langevin, un homme marié. Elle continuera inlassablement ses tra-vaux, faisant fi des ragots, fidèle à l’es-prit de curiosité qui anima ses premières années d’études, s’inspirant d’une vision résolument moderne de la recherche, tournée vers l’homme et le progrès. Elle croisera la route des plus grands, Albert Einstein et tant d’autres, et inspira bien des jeunes filles pour lesquelles elle fut un modèle d’émancipation.

MARIE CURIE

L’Association Femmes & Sciences, a pour objectifs d’inciter les jeunes, et plus particulièrement les jeunes filles, à s’orienter vers les carrières scienti-

fiques et techniques et de renforcer la position des femmes dans ces métiers.

Mercredi 7 février à 20h, séance spéciale Femmes &

Sciences suivie d’une rencontre avec les scientifiques, chercheuses

et militantes (et connaisseuses du travail de Marie Curie) Martine

Lumbreras, Florence Apparailly, Nathalie Chazal, Mireille Renaud-

Mallet, Camille Scalliet et (sous réserve), May Morris.

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THE FLORIDA PROJECTSean BAKER USA 2017 1h52 VOSTFavec Willem Dafœ, Brooklynn Kimberly Prince, Bria Vinaite…

Voilà un film aussi lucide que rafraîchissant, qui pourrait être le croisement entre Les 400 coups de Truffaut et ses mômes inoubliables, et l'un ou l'autre des grands films de Ken Loach avec ses losers magnifiques, le tout illuminé par le soleil de la Floride et par une mise en scène brillante qui magnifie un espace étonnant, personnage à part entière du récit : la péri-phérie de Disneyworld.Mais ici c'est l'envers du décor : nous sommes aux abords de l'autoroute qui conduit à ce temple du divertissement et de la consommation, dans une zone de motels improbables devenus aujourd'hui le refuge de centaines de familles pré-caires, mères célibataires qui s'entassent avec leurs enfants dans des chambrettes défraîchies.

Moonee a 6 ans et vivote dans un de ces motels. Sa mère Halley, 22 ans, chômeuse endurcie et petite délinquante réci-diviste, passe le plus clair de son temps en pyjama à mater des séries quand elle ne se livre pas à quelques menus tra-fics illicites pour gagner le strict minimum vital. Alors Moonee, pendant cet été écrasant, s'ennuie ferme, traîne avec Scooty, le fils de l'amie de sa mère. Ensemble ils font donc les 400 coups, rendant la vie impossible à Bobby, le gérant très/trop compréhensif du motel.

Il ne se passe pas énormément de choses dans The Florida project et c'est tant mieux. C'est plus un formidable film d'am-biance qui décrit à la perfection l'univers atypique et touchant des parias d'un monde dévolu à la futilité et au plaisir. Servi par un casting épatant d'authenticité (à quelques exceptions près notamment Willem Dafœ, génial en protecteur huma-niste de ces « clients », tous les acteurs sont des non pro-fessionnels). La jeune Brooklynn Kimberly Prince, qui incarne une Moonee tour à tour espiègle, drôle, en colère, désem-parée… est tout bonnement exceptionnelle, Bria Vinaite, sa mère, est également étonnante. Autour de ces deux person-nages phares, Sean Baker montre magnifiquement la puis-sante solidarité des sans grades face à l'adversité. Et en plus son film est d'une beauté insolente !

BLAST OF SILENCEAllen BARON USA 1961 1h17 VOSTF Noir & Blancavec Molly McCarthy, Charles Creasap, Allen Baron, Larry Tucker…Scénario d'Allen Baron et Mel Davenport

« Un de mes films favoris sur New York » Martin Scorsese

Retiré des affaires depuis quelques temps, Frankie Bono, tueur à gages, revient à New York pour un dernier contrat : l’assassinat d’un gangster de moyenne envergure. Lors de sa traque, il s’emploie à éviter tout contact avec sa future vic-time. Mais excédé et distrait par sa rencontre avec une vieille connaissance, il va commettre une erreur de trop…

Cinquante-six ans après sa réalisation, en 1961, et sa pré-sentation au Festival de Cannes, ressurgit un thriller plus noir que son destin : Blast of silence. Ce film est le grand œuvre d’Allen Baron – acteur, scénariste, réalisateur – à peu près aussi méconnu que son film, comme s’il avait épuisé tout son génie dans le New York qu’il nous donne à voir : noir et blanc comme l’hiver à Manhattan, glacial comme le vent mauvais qui s'engouffre dans les rues sans espoir, sans pitié comme le mal qui habite les gangsters. Dense et sec, sans un poil de gras, ce thriller est l’introspection existentielle d’un homme qui sait qu’il est trop tard : sa fin est écrite. Blast of silence reprend tous les ingrédients du polar noir américain. Un tueur à gages, de retour dans la ville qui l’a vu naître, a rendez-vous avec son destin. Son dernier contrat aura l’issue tragique attendue par lui, et par nous. Tout est là, dans cette tragédie classique, comme dans un récit mytho-logique.

Et pourtant tout nous surprend, nous tient en haleine. La beauté brute des images, la noirceur de l’introspection déver-sée par la voix off du tueur, la modernité et l’inventivité de la réalisation. Mal avec lui-même, mal avec les autres, le héros nous en-traîne dans un dernier voyage, au bout de ce que l’humanité peut avoir d’infernal.« Redécouverte miraculeuse d’un chaînon manquant du film noir des années 60. C’est absolument superbe, triste et déchi-rant comme un solo de Charlie Parker. » (Les Inrocks, 2006)

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(THREE BILLBOARDS OUTSIDE EBBING, MISSOURI)

Écrit et réalisé parMartin McDONAGHUSA 2017 1h55 VOSTFavec Frances McDormand, Woody Harrelson, Sam Rockwell, Peter Dinklage, John Hawkes…

Sous ce titre assez improbable, aussi bien dans sa version originale que dans sa demi traduction française, se cache un film formidablement réussi, doté d’un scénario remarquable en tous points, toujours passionnant, sans cesse sur-prenant – je défie quiconque de deviner le déroulement du récit et l’évolution des personnages – et qui s’avère d’une pro-fondeur véritablement émouvante tout en distillant en permanence un humour noir ravageur. Les critiques vont sans doute évoquer les frères Coen et pour le coup la référence n’est pas usurpée : on pense à Fargo, on pense à No country for old men et on est bien à ce niveau-là !

Mildred Hayes est une femme en co-lère. Et ça ne date pas d’aujourd’hui, ni même d’hier. On comprend vite que ça fait un sacré bout de temps que Mildred ronge son frein. Son bandana serré sur le front, ses surchemises de bûcheron,

son air pas commode, elle ne les arbore pas depuis que sa fille est morte assas-sinée, non, on a l’impression que depuis toujours elle affiche cette allure de com-battante. Depuis que son amoureux lui a mis des trempes, depuis qu’elle est femme et qu’il a fallu survivre. Mais il semble bien qu’aujourd’hui Mildred en a assez de subir, et que le temps de l’action est venu. Alors quand elle avise les trois panneaux publicitaires laissés à l’abandon sur la route qui mène à sa maison, juste à la porte d’Ebbing dans le Missouri, elle se dit que, ma foi, ils pourraient bien servir à quelque chose, au lieu de simplement défigurer le pay-sage. Mildred décide illico de les louer et d’y afficher ce qu’elle a sur le cœur. À la vue de tous. Depuis des mois l’en-quête sur la mort de sa fille n’avance pas d’un pouce : alors elle fait imprimer trois phrases vengeresses, une par panneau, visant nommément le chef de la police. Cet acte, qui pourrait passer pour une mauvaise farce ou une provocation inac-ceptable, question de point de vue, va bouleverser la vie de la paisible localité.McDonagh nous embarque dans une bourgade du Midwest, dans cette Amérique profonde que l’on qualifie chez nous – sans doute de manière un peu simpliste – d’« Amérique de Trump », où il sera donc question de vengeance

pour mieux en questionner le principe, mais aussi de rédemption, de pardon, d’agression de dentiste… et d’un cer-tain nombre de coups tordus et de re-bondissements inattendus, mais tout ça on vous laisse le plaisir de le découvrir.

Tous les personnages qui peuplent cette histoire sont caractérisés avec un soin égal et les comédiens choi-sis pour les incarner sont tous formi-dables. À commencer bien sûr par la fabuleuse, l’immense, la bouleversante Frances McDormand, qui joue cette mère ravagée par le chagrin d’avoir vu sa fille enlevée puis assassinée, rongée par la culpabilité d’avoir sans doute ra-té quelque chose et conduit sa gamine vers son funeste destin. Face à cette mère courage et cible de son courroux, le shérif Bill Willoughby, interprété par un Woody Harrelson magnifique de jus-tesse et d’humanité. Un homme appré-cié de tous, un homme fondamentale-ment honnête. Ce qui explique que les panneaux accusateurs de Mildred ne feront pas l’unanimité. À ses côtés un adjoint qui claironne à l’envie que son passe temps favori est la torture, de pré-férence sur des individus de couleur, in-terprété par Sam Rockwell dans un nu-méro de flic alcoolique et raciste aussi réussi que finalement touchant.

3 BILLBOARDSLES PANNEAUX DE LA VENGEANCE3 BILLBOARDSLES PANNEAUX DE LA VENGEANCE

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En relation étroite avec la Coopérative VIO-MÈ (Thessaloniki), le CMSPG proposera des produits d'entretien ménager. Également en

vente à La Cagette (Montpellier) et aux Fruits-de-la-Mourre (Mauguio).

Séance unique le mercredi 28 février à 20h suivie d’un débat avec la réalisatrice Eloïse Lebourg. Avec le soutien du

Collectif Montpelliérain de Solidarité avec le Peuple Grec.

SUR LA ROUTE D'EXARCHEIARÉCIT D'UN CONVOI SOLIDAIRE EN UTOPIE

Film documentaire d'Eloïse LEBOURGavec le soutien de Maxime GATINEAU et Matthias SIMONETFrance / Grèce 2017 57 mn

La Grèce ne fait plus la une de l’actua-lité – surtout quand Johnny Hallyday meurt – mais les problèmes demeurent et le documentaire d'Eloïse Lebourg en témoigne à sa manière. Il suit le convoi solidaire de militant(e)s libertaires et d’At-tac venus de plusieurs pays d’Europe (France, Belgique, Suisse, Espagne) pour apporter des denrées alimentaires, des médicaments, des couches et des jouets aux réfugiés vivant à Athènes. Point de chute de l’aventure : le quartier rebelle d’Exarcheia, objet d’une campagne alar-miste assez délirante de la part des mé-dias dominants grecs.Sur la route d’Exarcheia suit le périple des 62 personnes et des 26 fourgons à travers les yeux des deux filles de la réa-lisatrice. « Nous n’avons pas forcément

le même avis sur tous les sujets, nous sommes contents de nous contredire, d’argumenter mais nous avons un point commun : être contre les politiques aus-téritaires » précise Yannis Youlountas, un des protagonistes du film, qui effectue de fréquents séjours en Grèce. « On n’ap-porte pas seulement un soutien financier, on lutte contre la résignation » souligne-t-il. L’histoire du quartier « qui existe de-puis le xixe siècle et a connu un nombre important de mouvements de résistance, contre Metaxas et contre l’occupant nazi, constitue aussi le terreau sur lequel s’ap-puient les diverses recherches d’alterna-tives. Le candidat de la droite à l’élection présidentielle a promis de le « nettoyer en moins d’un mois ». »

Sur place, un Athénien a confié aux ac-teurs du convoi solidaire : « le fait que vous soyez passés nous donne du cou-rage pour 10 ans de plus ».(J.F. ArnichAnd, lamarseillaise.fr)

tel. 04 67 60 82 38

mercredi 14 février à 19hrencontre à la librairie avec

Elsa OSORIOpour son dernier livre

« Double fond » (Editions Métaillié)

Qui est Juana ? Une militante révolu-tionnaire qui a trahi ? Une mère qui échange sa vie contre celle de son enfant ? Ou la prisonnière d’un cauche-mar qui tente de survivre ?Une femme, médecin sans histoire, est retrouvée noyée près de Saint-Nazaire. La jeune journaliste locale ne croit pas à la thèse du suicide et remonte le fil : elle découvre l’horreur de la dictature ar-gentine, et un étrange échange de mails entre un jeune homme en colère et une femme qui a bien connu cette période.Parallèlement, une mère raconte à son fils pourquoi il a dû grandir sans elle. Perdue dans les marécages de la dic-tature militaire, cette militante révolu-tionnaire a échangé sa liberté contre la vie de son enfant et accepté de collabo-rer avec la dictature, en particulier au Centre pilote de Paris. Traître aux yeux de tous, avec la survie pour seul objec-tif, elle va disparaître.

Elsa Osorio construit un kaléidoscope vertigineux et bouleversant. Les péri-péties s’enchaînent, haletantes : tor-tionnaires mafieux, violence, passion amoureuse, habileté à jouer avec les identités clandestines, dans un intense suspense psychologique. L’auteur de Luz ou le temps sauvage atteint ici le sommet de son art de romancière pro-fonde et habile.

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(LA CORDILLERA)

Santiago MITREArgentine 2017 1h54 VOSTFavec Ricardo Darín, Dolores Fonzi, Erica Rivas, Christian Slater, Elena Anaya, Alfredo Castro…

Dans le magnifique palais de la Casa Rosada à Buenos Aires, on pénètre à pas de velours, par la porte de service, en se faufilant derrière les employés de maison. Un univers feutré où chacun s’affaire dans les coulisses du pouvoir, rouage d’un mouvement perpétuel infer-nal à filer le tournis. L’on chuchote, l’on murmure… Si quelques voix s’élèvent, c’est pour mieux entourer le nouveau Président de la République pris dans le tourbillon de cette ruche humaine – à moins que ce ne soit un véritable guêpier  ? S’il n’est élu que depuis six mois, celui qui s’est forgé la réputation d’un homme du peuple « normal » pour mieux séduire n’en est pas moins un animal politique aguerri, à l’œil perçant et à l’intelligence acérée. Hernan Blanco (Ricardo Darín, impressionnant), sans avoir à élever la voix, en impose immé-diatement. Ses silences retenus, ses sourires énigmatiques, son regard impé-nétrable font de lui un adversaire au cha-risme et au sang froid redoutables. Tout cela, les chefs d’États qu’il s’apprête à rencontrer ne le devinent pas encore. Ils ne connaissent de ce nouvel arrivant sur l’échiquier international que les dires des journaleux qui le présentent comme un pion bien inoffensif. Entre nous, voi-

là une réputation bien pratique pour qui veut protéger sa part de mystère, ses points faibles, son intimité. Mais est-ce encore possible parvenu à ce niveau-là  ? Comment camoufler indéfiniment aux yeux du monde une vie familiale bancale, une fille adorée mais ingérable (Marina), un gendre corrompu et par là même encombrant ? Malgré ses ef-forts pour être irréprochable, force est de constater que notre président trim-balle quelques casseroles qui pendent au-dessus de sa tête comme autant d’épées de Damoclès alors même qu’il s’apprête à faire son entrée dans la cour des grands.

Car Hernan Blanco va représenter l’Ar-gentine lors d’un sommet décisif pour construire une entente économique capitale entre les pays latino-améri-cains. Il a beau s’être préparé des an-nées à l’exercice de l’État, c’est une première impressionnante qui monopo-lise toute son énergie. Il n’a d’autre al-ternative que l’excellence, là se jouent, sans doute définitivement, son image et sa carrière politique internationale. Sa fi-dèle conseillère le suit à la trace, souf-flant les anecdotes, les noms, les atti-tudes à adopter, le dopant, comme un coach sportif, avec tous les moyens du bord. Un petit vol d’avion présiden-tiel plus tard, voilà Blanco à Santiago du Chili, accueilli en grande pompe par ses pairs. Tout le gratin est réuni dans un hô-tel immense perdu au beau milieu de la Cordillère des Andes. Entre le puissant président brésilien à l’initiative du som-

met et le redoutable et machiavélique président mexicain, les chefs des États plus modestes n’en mènent pas large et les pourparlers s’annoncent houleux… Sans oublier la présence d’un négocia-teur américain qui semble vouloir jouer une tout autre partie. Chacun roule à sa façon des mécaniques, intrigue, affiche sa superbe… C’est alors que la sphère privée vient interférer de la manière la plus inopportune. Marina, acculée par son mari qui s’est emparé de l’occa-sion pour se livrer à un odieux chantage, déboule tel un fou de trop dans un jeu d’échecs. C’est évidemment là que tout bascule dans un registre inattendu, où le thriller psychologique vient s’imbriquer dans l’intrigue politique. Peu-à-peu l’ir-rationnel s’immisce, et tandis que la ten-sion monte, ces personnes dirigeantes tellement importantes aux yeux du monde semblent rétrécir sous l’œil in-différent des montagnes imposantes et immortelles qui les font paraître ridicule-ment minuscules. Ceux qui se voulaient blancs comme neige révèlent face à elle leurs âmes noires…

Pour son troisième film et comme dans les précédents (les déjà remarquables El Estudiante et Paulina), Santiago Mitre continue d’explorer de façon réjouis-sante la sphère du pouvoir. Il le fait en plongeant toujours plus profond dans les intentions qui animent les êtres, questionnant leur attrait pour la puis-sance, échafaudant une œuvre passion-nante tout aussi politique que philoso-phique.

EL PRESIDENTE

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DRÔLES DE PETITES BÊTESFilm d'animation d'Antoon KRINGS et Arnaud BOURONFrance 2017 1h17 - Scénario original d'Antoon Krings, Arnaud Delalande et Christel Gonnard, d'après les cé-lèbres albums d'Antoon Krings

POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 5 ANS

Dans un jardin merveilleux vivent de drôles de petites bêtes. Elles ont élu domicile au milieu des tulipes, des roses, des jacinthes et des coquelicots. Il y a Mireille l'Abeille, Siméon le Papillon, Belle la Coccinelle, Camille la Chenille, Loulou le Pou et tous leurs amis…Tout au fond du jardin, Monsieur Citrouille, l'épouvantail, sur-veille le potager et Lulu la Tortue le cultive avec amour. Les rainettes donnent des concerts de coassements, le soir, dans l'étang, assises sur les feuilles des nénuphars et s'égaillent dans la fraîcheur des roseaux le jour venu. Il y a même une fée, Carole la Luciole, qui fait la fête avec les papillons de nuit ; et un lutin bien sûr, Benjamin, le chouchou de tous !Quand Apollon, un grillon saltimbanque au grand cœur, ar-rive au village des Petites Bêtes, il ne tarde pas à perturber la vie du royaume, à la veille du Jubilé de Marguerite, la reine des abeilles. Entraîné malgré lui dans un complot fomenté par Huguette, la cousine de la reine, visant à s’approprier le trône, Apollon est accusé d’avoir enlevé la souveraine. Cette der-nière est en réalité captive des Nuisibles, ennemis du royaume et complices d’Huguette. Apollon, aidé de Mireille l’abeille et de ses nouveaux amis, se lance alors dans une périlleuse mission. Pour libérer la reine et contrecarrer les plans diabo-liques de sa traîtresse cousine, les Petites Bêtes devront bra-ver bien des dangers et redoubler d’imagination.

« Il n’est plus besoin de rappeler que la France excelle dans la réalisation de films et de séries d’animation. Drôles de pe-tites bêtes en apporte une nouvelle preuve. On s’émerveille devant la qualité graphique des décors, des personnages, de l’univers du film. Les scènes de jours privilégient les couleurs chaudes : jaune, rouge, orange ; le jardin fleuri est accueil-lant et la ruche est comme un refuge chaleureux. Les scènes de nuit ont des couleurs plus froides mais sont d’une beauté saisissante, faisant évoluer les personnages dans une obscu-rité bleutée que viennent percer la pleine lune, les étoiles, les quelques fleurs lumineuses faisant office de lampadaires et le scintillement de Carole la luciole. L’animation est impeccable, fluide, et met parfaitement en valeur le caractère malicieux et attachant des protagonistes. » (avoir-alire.com)

KEDI, DES CHATS ET DES HOMMESCeyda TURUN Turquie 2016 1h18

Voilà un film trépidant, plein de rebondissements, avec des cascades vertigineuses, réalisées sans aucun trucage ni effet numérique, des poursuites incroyables, des bagarres homé-riques, tout ça dans une merveilleuse ville millénaire dont les ruelles sont propices à toutes les aventures. Les plus toni-truants des films d'action hollywoodiens n'ont qu'à bien se tenir, car il y a dans Kedi du suspense, de la tension, mais tout est toujours placé sous le signe de la tendresse et de la générosité humaine. Dans cette saga ottomane, les pro-tagonistes ont des patronymes tout à fait singuliers  : Sari l'arnaqueuse ; Aslan Parçasi le chasseur, Deniz le mondain, Duman le gentleman, Bengü la tombeuse, Psykopat... la psy-chopathe, Gamsiz le joueur... Au fait, on a oublié de vous le préciser, tous ces héros aux noms étranges pèsent au maxi-mum 10 kilos, sont couverts de poils multicolores, et arborent des moustaches tout à fait dignes de celles de leurs homolo-gues humains, même dans un pays où la moustache a tou-jours été un attribut masculin particulièrement en vogue. Car mettons enfin les choses au clair, même si la photo du film a vendu la mèche : Kedi est un film jubilatoire consacré aux chats d'Istanbul, pas ceux qui sont confortablement instal-lés chez leur prétendu maître à ronronner sur un de ces tapis magnifiques qui ont fait la fierté de l'artisanat local, mais ceux qui arpentent la ville, de coursives en marchés aux poissons, chipant à leur fermeture quelques restes, de jardins publics en mosquées bienveillantes.En plus de nous entraîner au gré des déambulations de chats facétieux, malins, affectueux, sociables ou au caractère bien trempé, rompus à toutes les astuces pour trouver les moyens de survie en milieu urbain, Kedi est aussi une belle manière de visiter en profondeur une ville fascinante aux quartiers extrê-mement variés, dont la diversité des architectures imbriquées semble avoir été pensée pour leurs parcours. Ce qu'on dé-couvre émerveillé, c'est l'incroyable générosité des habitants d'Istanbul envers les chats, qui font partie intégrante de la vie de la cité. Tels les singes qui cohabitent avec les hommes dans les temples asiatiques, les chats sont des Stambouliotes à part entière, et il ne viendrait quasiment à l'idée de personne de les chasser et encore moins de leur faire du mal. En ces temps où le froid du climat, doublé de celui des valeurs hu-maines, peut nous glacer les sangs, ce joli film fera du bien aux spectateurs de tous âges.

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RITA & CROCODILEProgramme de huit tout petits films d’animation réalisés par Siri MELCHIORDanemark 2015 40 mn

POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 3 ANSTarif unique : 4 euros

Rita, une petite fille de 4 ans au caractère bien trempé, a un meilleur ami qui n’est pas du tout un meilleur ami or-dinaire puisque c’est Crocodile, qui vit dans une bai-gnoire et qui ne pense qu’à manger comme tout croco-dile qui se respecte. Mais ça ne l’empêche pas d’être très gentil ! Ensemble ils vont découvrir le monde envi-ronnant et c’est très marrant et très tendre à la fois. Bref très chouette (bien qu’il n’y ait aucun hibou dans le film).

Au zoo : aujourd’hui Rita veut aller au zoo. Crocodile va vou-loir se mélanger avec ses congénères. Comment faire pour le reconnaître ?À la belle étoile : Rita et Crocodile partent camper à la mon-tagne. À la nuit tombée, les ombres, les bruits, les craque-ments leur flanquent un peu la trouille…À la pêche : Rita veut apprendre à pêcher à Crocodile. Mais une fois au lac, c’est Crocodile qui attrape tous les poissons !Les Myrtilles : c’est la saison des myrtilles. Crocodile en mange plus qu’il n’en cueille alors Rita doit le surveiller…Le Hérisson : Rita voudrait bien un animal de compagnie et il y a un hérisson dans le jardin de sa grand-mère. Un hérisson peut-il devenir son compagnon ? La Luge : la neige tombe : Rita est tout excitée et sort faire de la luge avec Crocodile. Son copain Boris les défie à la course mais il gagne tout le temps, c’est râlant !Au ski : Crocodile n’a jamais fait de ski, alors Rita qui est la « meilleure skieuse du monde » lui apprend. Mais très vite l’élève surpasse le maître… La Nuit : qui vit dans la Lune, dans les étoiles ? Peut-être qu’il existe un Crocodile de l’espace et une Rita de l’espace ?

AGATHAMA VOISINE DÉTECTIVEFilm d'animation écrit et réalisé par Karla von BENGTSONDanemark 2017 1h17 Version Française

POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 6 ANS

Un vrai film policier pour les enfants, dont l'irrésistible héroïne est une détective de 10 ans qui s'appelle – ça ne s'invente pas – Agatha Christine !

Agatha vient d'emménager dans une nouvelle ville, où elle a bien l'intention de continuer son activité d'enquêtrice qui la passionne. Alors qu'elle affiche sa carte de détective privée dans l'épicerie à côté de chez elle, elle repère un jeune gar-çon au comportement bizarre. Il s'avère que c'est son voisin d'en face, Vincent… Par ailleurs l'épicier lui déclare être régu-lièrement victime de vols et accepte l'aide d'Agatha qui va im-médiatement mettre en œuvre les moyens d'investigation né-cessaires à l'identification et à l'arrestation de l'auteur – mais peut-être sont-ils plusieurs – des larcins.Mais notre enquêtrice est toujours intriguée par ce Vincent qu'elle croise tous les jours : à l'aide d'une échelle, elle se glisse dans sa chambre… et ne découvre pas grand chose si ce n'est qu'il a volontairement raté les inscriptions au pro-chain concours de skate alors que de toute évidence c'est sa passion à lui – il est toujours perché sur sa planche ! Pourquoi a-t-il agi ainsi ? Agatha se perd en conjectures… Soudain du bruit dans la maison ! La détective se cache au fond d'un pla-card… et c'est dans cette position difficile à justifier qu'elle se fait surprendre par Vincent et son père qui la ramènent chez elle, toute honteuse. La mère d'Agatha est bien incapable de justifier le comportement de sa fille, elle a l'impression qu'elle a du mal à se faire à sa nouvelle ville et demande à Vincent de lui donner des cours de skate, ça pourrait l'aider à s'intégrer.Autant dire que la situation prend notre Agatha par surprise, laquelle va se trouver entraînée dans une enquête aux rebon-dissements imprévisibles…

Un chouette film, à la fois réaliste et plein de fantaisie, qui re-trace le cheminement d'une jeune fille attachante, cherchant à trouver sa place dans son monde sans rien renier de ce qu'elle est profondément.

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LE PORTRAIT INTERDITCharles DE MEAUXChine / France 2017 1h43 VOSTFavec Fan Bing Bing, Melvil Poupaud…

« Un portrait énigmatique… Une sorte de Joconde chinoise peinte par un jésuite français et visible dans le musée d’une petite ville française, Dole. Je passe beaucoup de temps en Asie et notamment en Chine. Quand j’ai vu ce tableau, le vi-sage de cette femme est resté dans ma mémoire et la posi-tion de ce jésuite français m’a intrigué. Comment pouvait se passer une vie de peintre, une séance de pose à Pékin au xviiie siècle ? » chArles de MeAux

Chine, milieu du xviiie siècle. La Cité Interdite est absolument inaccessible pour les Occidentaux. Seuls quelques Jésuites ont pu, après s'être initiés à la culture et à la langue, péné-trer dans son enceinte afin de servir l'Empereur. Jean-Denis Attiret est l'un d'eux. Devenu peintre officiel de la cour impé-riale, il se voit confier la tâche honorifique de réaliser le por-trait d'Ulanara, concubine devenue impératrice suite à la mort de la première femme de l'empereur Qjen Long. Ce projet revêt pour Ulanara une importance toute particulière car la jeune femme sent poindre la disgrâce et espère avec ce por-trait regagner les faveurs de l’empereur…

Pour les besoins du film, Charles de Meaux a fait entièrement reconstituer ses décors dans l'immense studio de Hengdian et nous invite à plonger au cœur de la Cité Interdite. Dans cet univers clos et fascinant, il orchestre une mise en scène soignée à l'extrême : rien n'a été laissé au hasard, les cos-tumes en soie ont été brodés à la main, les bijoux, les acces-soires et le mobilier sont des originaux ou de fidèles répliques d'époque. Cet écrin somptueux sert à merveille la magnifique Fan Bing Bing, impériale dans ce rôle tout en frémissement, entre retenue hautaine, élégance innée, sensualité discrète et fébrilité latente. Face à l'astre radieux Melvil Poupaud tient le choc, parfait en occidental décalé qui essaie de remplir son rôle, tiraillé entre ses désirs, sa foi, ses obligations. Ce fameux tableau restera comme le seul témoignage de l'existence de la jeune Ulanara dans l'histoire de La Chine Impériale.

L'ÉCHANGE DES PRINCESSESMarc DUGAIN France 2017 1h40avec Lambert Wilson, Anamaria Vartolomei, Olivier Gourmet…

Nous sommes en 1721, à la cour de Louis XV, qui n’a pas en-core atteint l’âge de régner. Orphelin à l’âge de deux ans, n’en a que onze alors qu’il revient à Versailles sous la houlette de Philippe d’Orléans. (fabuleux Olivier Gourmet)On redoute que la paix avec l’Espagne soit un brin fragile alors même que l’on vient à peine de cesser de guerroyer. Germe en conséquence une double idée géniale pour sceller une al-liance stratégique et indéfectible avec le pays voisin. D'une part marier la fille du régent de France Marie-Élisabeth, âgée de onze ans, au futur roi d’Espagne Don Luis qui en a treize. De l'autre unir la sœur de ce dernier, l’infante Marie-Victoire, âgée de bientôt quatre ans (!!!) à Louis XV… Aucun des quatre jouvenceaux n’a évidemment voix au chapitre, chacun devant se plier aux protocoles imposés par ses aînés.

C’est en grand apparat que l’on prépare donc, côté espagnol comme côté français, le voyage des deux princesses, activant les préparatifs, redoublant de conseils à chacune d’elle. Un flot de sentiments et de sensations ambigus s’entremêlent, qu’on soit déjà ou pas encore pubère : comment accueillir cet autre qu’on ne connaît pas, qu’on imagine à peine ? Alors qu’on ne se connaît même pas soi-même ? À quatre, onze, treize ans, que comprend-on du mariage, de la procréation ?Même si l’histoire est romancée, elle repose sur des faits his-toriques bien réels. Catherine Mouchet campe magnifique-ment Madame de Ventadour, gouvernante d’une grande hu-manité. Andréa Ferréol excelle dans le rôle de la Palatine, une femme à l’intelligence vive et au parler franc. Toutes deux se-ront de véritables alliées pour la petite infante Marie-Victoire (impressionnante Juliane Lepoureau, pas plus haute que trois pommes et déjà grande actrice ! –  tous les jeunes acteurs sont d'ailleurs formidables) qui porte en elle un détonnant al-liage de maturité et d’innocence. Elle est un ravissement pour les yeux et l’esprit qui ne cessera d’irradier la cour de sa pré-sence malgré les intrigues qui vont se tramer dans son dos…

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(THE POST)

Steven SPIELBERGUSA 2017 1h55 VOSTFavec Meryl Streep, Tom Hanks, Alison Brie, Bob Odenkirk, Sarah Paulson, Carrie Coon, Jesse Plemons, Matthew Rhys…Scénario de Liz Hannah et Josh Singer

Dans la veine de son excellent Le Pont des espions, Steven Spielberg se consacre ici à ce qui est presque deve-nu un genre à part entière dans le grand cinéma américain classique : le film sur la presse, sur la grandeur et la nécessité du travail des journalistes qui, pour peu qu’ils soient indépendants et conscients de l’importance de cette indépendance, sont régulièrement amenés à jouer un rôle essentiel dans la bonne marche de la démocratie. Le titre original de Pentagon papers est d’ailleurs le nom d’un journal : The Post, diminutif pour The Washington Post, celui-là même qui révéla, quelques années après les faits relatés dans Pentagon papers, le scandale du Watergate. Ce qui amène évidemment à faire référence à un des films emblématiques du genre qui nous occupe : Les Hommes du président d’Alan Pakula, avec le duo mythique Woodward - Redford et Bernstein  - Hoffman. Mais on pense aussi au plus récent et formidable Spotlight, dont le titre reprenait l’intitulé de l’équipe d’in-vestigation du Boston Globe, au centre de l’intrigue. Et comme en l’occurrence il n’y a pas de hasard, l’un des scéna-ristes de Pentagon papers, Josh Singer,

a également co-écrit Spotlight avec le réalisateur Tom McCarthy !

Les « Pentagon papers » (Papiers du Pentagone), c’est l’équivalent seven-ties de Wikileaks et autres « Panama » ou « Paradise Papers » actuels, le pré-curseur du Watergate qui allait explo-ser trois ans plus tard : un des scoops les plus fondamentaux du journa-lisme américain, la publication en 1971, d’abord par le New York Times et en-suite par le Washington Post, de docu-

ments classés « secret défense » exfil-trés par Daniel Ellsberg, expert militaire et lanceur d’alerte avant la lettre, quali-fié à l’époque d’« homme le plus dange-reux d’Amérique » par le sinistre Henry Kissinger. Ces documents détaillaient les relations entre les États-Unis et le Vietnam de 1945 à 1967 et démontraient clairement que les hauts dirigeants amé-ricains, et plus spécifiquement les prési-dents Johnson et Nixon, savaient que la guerre du Vietnam, délibérément éten-due et intensifiée, était un bourbier tra-giquement ingagnable et avaient sciem-ment menti au Congrès et au public sur l’avancement de cette guerre.La publication de ces documents en-traîna une féroce réaction du gouverne-ment américain qui chercha par tous les moyens à museler les journalistes, ces « fils de putes » comme n’hésitait pas à les désigner Richard Nixon. Devant le refus d’obtempérer du New York Times et du Washington Post, l’affaire remonta jusqu’à la Cour Suprême qui donna timi-dement raison aux artisans d’une presse libre.

Autre aspect essentiel du film, il se trouve que le Washington Post était à l’époque dirigé par Katharine Graham (Meryl Streep), la toute première femme à occuper le poste de directrice de la publication d’un grand journal améri-cain. On imagine sans peine à quel point sa position était délicate et le niveau de courage dont elle a dû faire preuve pour faire face à la situation. Le duo explosif qu’elle forme avec Ben Bradlee, son ré-dacteur en chef (Tom Hanks, qui reprend donc le rôle joué par Jason Robards dans Les Hommes du président) est un des atouts du récit.

PENTAGON PAPERS

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CENTAURE

Aktan Arym KUBATKirghizistan 2017 1h29 VOSTFavec Aktan Arym Kubat, Taalaïkan Abazova, Bolot Tentimyshov…Scénario d'Aktan Arym Kubat et Ernest Abdyjaparov

Festival de Berlin 2017Prix des Cinémas Art et Essai

C'est un film qui nous vient d'un pays que l'on ne voit presque jamais ni au cinéma ni dans les feux de l'actualité. Un pays de grandes steppes qui furent traversées autrefois par des princes cavaliers. Un pays qui, avant de devenir indépendant en 1991, fut une des nombreuses répu-bliques d'URSS au cœur de l'Asie cen-trale, coincée entre le Kazakhstan et la Chine. Mais il serait pour le moins réduc-teur de voir Centaure comme un joli ob-jet exotique, dans le genre Connaissance du Monde… Car Centaure est bien plus que ça : à la fois drôle, beau et lucide, le film parle magnifiquement d'un monde a priori immuable qui s'effondre, tan-dis qu'un autre, façonné aux normes de la mondialisation à l'occidentale, pointe malheureusement son nez.Au cœur du récit, Centaure, un homme au surnom évocateur, un ancien projec-tionniste qui a toujours un peu trop aimé les chevaux et qui mène désormais, à cinquante ans passés, une vie discrète et paisible, du moins en apparence. Il a une épouse sourde-muette d'origine russe et un jeune enfant dont on se demande bien s'il parlera un jour et à qui Centaure raconte inlassablement des contes tra-ditionnels où il est toujours question de chevaux mythiques.

Tout se passe tranquillement dans le vil-lage jusqu'à ce qu'un étalon hors de prix soit volé une nuit, malgré une surveil-lance serrée des propriétaires. Qui est ce mystérieux voleur de chevaux, cava-lier émérite dont on ne sait si sa motiva-tion est simplement l'appât du gain ou le plaisir de chevaucher au clair de lune des destriers exceptionnels ? A travers cette petite intrigue policière parfaitement menée, le réalisateur Aktan Arym Kubat (qui incarne également Centaure) décrit, dans une veine déli-cieusement tragi-comique, l'évolution de son pays. Alors que le cheval était autre-fois un bien commun pour les Kirghizes qui le considéraient comme le compa-gnon indispensable qui, selon la légende, donnait des ailes à chaque membre du peuple, il est devenu aujourd'hui objet de spéculation, les plus beaux spécimens n'étant accessibles qu'aux oligarques lo-caux, les nouveaux riches, des incultes qui ont proliféré à la chute de l'Union so-viétique. Est dénoncé le repli sur soi, l'ab-sence de solidarité, la mesquinerie gran-dissante entre les gens… Le réalisateur décrit aussi de manière ironique l'isla-misation galopante qui gangrène le vil-lage, avec ces barbus pathétiques ten-tant d'imposer leur vision réactionnaire de la femme, dans une société où celle ci a toujours tenu une place très impor-tante. C'est à la fois un regard triste et drôle, lucide et lumineux sur l'évolution de son pays que nous propose Aktan Arym Kubat, qui nous donne par ailleurs une très belle mise en scène, mettant en valeur toute la beauté de ce pays mon-tagneux et presque vierge de la marque des hommes.

Mettez votre PUBDans la [email protected]

04 67 52 32 00

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LES HEURES SOMBRES(DARKEST HOUR)

Joe WRIGHT G.B 2017 2h05 VOSTFavec Gary Oldman, Kristin Scott Thomas, Stephen Dillane, Lily James, Ben Mendelsohn, Ronald Pickup, Samuel West…Scénario d'Anthony McCarten

Winston Churchill, puisque c'est bien de lui qu'il s'agit, est ici saisi au moment de sa nomination comme premier ministre en Mai 1940. On le voit prendre en main, seul contre tous, un pouvoir dont personne ne voulait plus, après l'impayable parcours politique d'un Chamberlain partisan obstiné d'une politique d'apaisement avec Hitler qui l'avait conduit à signer les désastreux accords de Munich. On se souvient, bien sûr, de l'intervention quasi prophétique de notre homme Winston qui, à l'époque, lança en plein parlement britannique sa fa-meuse apostrophe : « Vous aviez le choix entre la guerre et le déshonneur, vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre ! »Vingt jours en Mai qui décidèrent de l'avenir de la démocratie en Europe. Une chose, par delà les années, reste frappante. Lâché par tous ses alliés du continent, lâché par les élites an-glaises fortunées qui l'entouraient, notre ami Winston ne put s'appuyer à l'époque que sur un sondage d'opinion (déjà) du New Chronicle News montrant que les seuls partisans d'une lutte à mort contre le nazisme et Hitler étaient les membres de groupes de revenus inférieurs et les jeunes de 21 à 30 ans… mais aussi sa femme, pétillante autant qu'aimante conseillère qui partageait son sens de l'humour.

Comment notre homme Winston réussit-il à sauver l'armée britannique coincée à Dunkerque, comment le parlement fi-nit-il par capituler devant la furia churchillienne ? La réponse est sans doute dans cette phrase : « On ne négocie pas avec un tigre quand on a la tête dans sa gueule »… Tout cela est montré dans ce film passionnant et exaltant, remarquable-ment écrit et mené, et interprété au-delà de tous les qualifica-tifs par un Gary Oldman époustouflant.

Séance unique jeudi 15 février à 20h, propo-sée par Languedoc-Roussillon Cinéma, suivie d'une rencontre avec Elvira Diaz, la réalisatrice, et Sergio Viera, un des protagonistes du film. La projection sera également suivie d'un concert de René Lagos-Diaz, guitariste et compositeur de la musique du film, sur des photographies du Chili prises par Jean-Luc Fauquier.

EL PATIOFilm documentaire de Elvira DiazFrance/Chili 2016 82min

Dans le Cimetière Général de Santiago du Chili, les fos-soyeurs accomplissent leurs tâches quotidiennes, prépa-rant les enterrements, accueillant les familles, prenant soin des tombes. C’est une ville dans la ville. Sous la terre, de nombreux « N.N. » (anonymes), victimes de la répression de Pinochet, reposent encore en secret.Pendant des mois, au lendemain du coup d'Etat, Lelo, Perejil et Rogelio firent partie de l'équipe réquisitionnée par la junte pour ensevelir clandestinement des centaines de « desapare-cidos » dans le Patio 29, le secteur le plus reculé du cimetière.Pendant 40 ans, ils ont gardé leurs souvenirs tourmentés pour eux-mêmes. Mais aujourd’hui, au crépuscule de leur vie, alors que les familles des « N.N. » réclament toujours justice, ils ont choisi de partager leur histoire avec Sergio, le plus jeune des fossoyeurs.

Elvira Diaz est fille de réfugié politique chilien. Durant sa jeu-nesse, elle ne connait le Chili que par les récits et les chan-sons familiales qui ont bercé toutes ces années.A 26 ans, décision est prise de partir là-bas pour la première fois « Il était important pour moi de me faire raconter les rai-sons de cet exil et je voulais archiver le récit de cette fracture avec un film ». Elle filme son oncle Porfirio dans un premier film Y Volveré en 2013.La même année sort son deuxième film Victor Jara N°2547. Et c’est à l’occasion de ce tournage qu’elle fait connaissance de Lelo, Perejil, Rogelio et Sergio les fossoyeurs du Patio 29 au cimetière de Santiago du Chili. Les films de Elvira Diaz tissent un lien simple et digne entre l’histoire chilienne marquée par la dictature et sa propre his-toire familiale. Aucune nostalgie ni pathos dans son travail, juste la volonté d’écouter et de comprendre.

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3 BILLBOARDS LES PANNEAUX

DE LA VENGEANCEDu 14/2 au 6/3

BLAST OF SILENCEDu 14 au 27/2

CAS DE CONSCIENCEDu 21/2 au 6/3

CENTAUREDu 21/2 au 6/3

CŒURS PURSDu 31/1 au 13/2

LA DOULEURDu 21/2 au 6/3

L’ÉCHANGE DE PRINCESSES

Du 31/1 au 6/3

EL PRESIDENTEDu 31/1 au 27/2

ETRE PLUTÔT QU’AVOIRDu 31/1 au 6/3

LES HEURES SOMBRESDu 31/1 au 6/3

I’M NOT A WITCHDu 31/1 au 13/2

IN THE FADEDu 14/2 au 6/3

L’INSULTEà partir du 28/2

KEDI, DES CHATS ET DES HOMMES

Du 14/2 au 6/3MARIA BY CALLAS

Du 31/1 au 13/2

MARIE CURIEDu 31/1 au 6/3

PENTAGON PAPERSDu 21/2 au 6/3

LE PORTRAIT INTERDITDu 31/1 au 13/2

LA PROMESSE DE L’AUBE

Du 31/1 au 20/2

THE FLORIDA PROJECTDu 31/1 au 20/2

UN ENFANT ATTENDDu 13/2 au 6/3

UN HOMME INTÈGREDu 31/1 au 13/2

UNE SAISON EN FRANCEDu 31/1 au 27/2

LA VILLADu 31/1 au 20/2

WONDER WHEELà partir du 28/2

TOUJOURS À L’AFFICHE, POUR LES RETARDATAIRES

120 BATTEMENTS PAR MINUTEDu 31/1 au 6/3

AU REVOIR LÀ-HAUTDu 31/1 au 6/3

LE SENS DE LA FÊTEDu 31/1 au 6/3

POUR LES ENFANTS

DRÔLES DE PETITES BETESDu 31/1 au 6/2à partir de 3 ans

AGATHA MA VOISINE DÉTECTIVEDu 7/2 au 6/3à partir de 6 ans

RITA & CROCODILEDu 7/2 au 6/3à partir de 3 ans

SOIRÉES, DÉBATS, RENCONTRES…

Lundi 5/2 VERS L’AUTRE RIVE ciné campus

Mercredi 7/2 MARIE CURIERencontre

Jeudi 8/2 IRRINTZINA Alternati-débat

Mardi 13/2 UN ENFANT ATTEND filmer la folie

Jeudi 15/2 EL PATIO ciné + concert, avec la réalisatrice

Mercredi 28/2 SUR LA ROUTE D’EXARCHEIA avec la réalisatrice

Mardi 6/3 DES FIGUES EN AVRIL avec le réalisateur

LES DEUX SALLES SONT ACCESSIBLES

AUX HANDICAPÉS

10 commandements d'UTOPIA1. Les films commencent à l'heure indiquée dans les grilles, nous n'acceptons pas les retardataires.

2. Nous vous remercions d'éteindre vos téléphones dans la salle (à coups de marteaux au besoin).

3. Nous vous remercions de ne faire entrer ni nourriture ni de boissons dans les salles.

4. Pas de tarifs réduits catégoriels, nous nous efforçons de maintenir le prix d'entrée le plus bas possible, pour tous.

5. Sauf pour les -14 ans et les films vraiment très courts (moins de 45mn) : 4 €

6. Premières séances de la journée, « happy hours » du ci-néma : 4€ pour tous. À partir de ce mois de février 2018, les premières séances du week-end sont proposées dès 11h du matin (on expérimente).

7. Les carnets de 10 entrées à 47€ sont valables à toutes les séances, ne sont ni nominatifs ni limités dans le temps. Et sont acceptés dans les autres Utopia de France, ainsi qu'à l'American Cosmograph de Toulouse..

8. Nous acceptons les places YOOT pour les étudiants (voir auprès du Crous).

9. Toujours pas de machine à CB, règlement exclusivement en chèques et en espèces à la caisse.

10. Les séances « Bébé » dans les grilles de programma-tion sont accessibles aux parents accompagnés de leur(s) nourrisson(s). On baisse un peu le son, les autres spectateurs sont prévenus de la présence dans la salle des marmots qui, parfois, babillent doucement dans les bras de leurs géniteurs.

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4€12H05 14H15 16H00 18H10 20H00 LA VILLA ETRE PLUTÔT QU’AVOIR EL PRESIDENTE I’M NOT A WITCH MARIE CURIE + rencontre 12H05 14H15 16H40 18H15 20H40 MARIA BY CALLAS PROMESSE DE L’AUBE AGATHA MA VOISINE… LES HEURES SOMBRES ÉCHANGE PRINCESSES 12H05 14H10 16H00 17H00 19H00 20H45THE FLORIDA PROJECT 1 SAISON EN FRANCE RITA & CROCODILE LE PORTRAIT INTERDIT 1 SAISON EN FRANCE UN HOMME INTÈGRE

MERCREDI

FÉVRIER7

4€12H05 14H00 16H10 18H10 20H00 Alternatiba I’M NOT A WITCH LE SENS DE LA FÊTE LE PORTRAIT INTERDIT 1 SAISON EN FRANCE IRRINTZINA12H05 14H30 16H40 18H30 20H30 PROMESSE DE L’AUBE MARIA BY CALLAS MARIE CURIE ÉCHANGE PRINCESSES LES HEURES SOMBRES 12H05 14H20 16H40 18H30 20H40 AU REVOIR LÀ-HAUT UN HOMME INTÈGRE ETRE PLUTÔT QU’AVOIR THE FLORIDA PROJECT CŒURS PURS

JEUDI

FÉVRIER8

4€12H05 14H20 17H00 19H15 21H30LA VILLA CŒURS PURS MARIA BY CALLAS EL PRESIDENTE LES HEURES SOMBRES12H05 14H30 17H15 19H30 21H15LES HEURES SOMBRES AU REVOIR LÀ-HAUT LE SENS DE LA FÊTE ETRE PLUTÔT QU’AVOIR PROMESSE DE L’AUBE12H05 14H10 16H00 17H50 19H30 21H30LE PORTRAIT INTERDIT I’M NOT A WITCH MARIE CURIE AGATHA MA VOISINE… ÉCHANGE PRINCESSES 1 SAISON EN FRANCE

VENDREDI

FÉVRIER9

4€11H00 13H15 15H20 17H20 19H40 22H00LE PORTRAIT INTERDIT MARIE CURIE ÉCHANGE PRINCESSES EL PRESIDENTE LES HEURES SOMBRES AU REVOIR LÀ-HAUT12H00 14H00 16H30 18H10 20H00 21H50I’M NOT A WITCH LES HEURES SOMBRES AGATHA MA VOISINE… 1 SAISON EN FRANCE MARIE CURIE THE FLORIDA PROJECT11H30 13H45 16H00 17H00 19H00 21H301 SAISON EN FRANCE LA VILLA RITA & CROCODILE ETRE PLUTÔT QU’AVOIR PROMESSE DE L’AUBE 120 BATTEMENTS

SAMEDI

FÉVRIER10

4€12H05 14H10 16H10 18H20 20H45LA VILLA ÉCHANGE PRINCESSES EL PRESIDENTE PROMESSE DE L’AUBE LES HEURES SOMBRES12H05 14H20 16H10 18H20 20H30UN HOMME INTÈGRE MARIE CURIE AU REVOIR LÀ-HAUT CŒURS PURS MARIE CURIE12H05 14H00 15H45 17H30 19H15 21H00I’M NOT A WITCH 1 SAISON EN FRANCE DROLES PETITES BETES ETRE PLUTÔT QU’AVOIR 1 SAISON EN FRANCE THE FLORIDA PROJECT

MERCREDI

JANVIER31

4€12H05 14H30 16H45 19H10 21H15PROMESSE DE L’AUBE UN HOMME INTÈGRE LES HEURES SOMBRES THE FLORIDA PROJECT EL PRESIDENTE12H05 14H20 16H20 18H30 20H40AU REVOIR LÀ-HAUT LE PORTRAIT INTERDIT MARIA BY CALLAS LA VILLA CŒURS PURS12H05 13H50 15H40 17H30 19H25 21H101 SAISON EN FRANCE I’M NOT A WITCH MARIE CURIE ÉCHANGE PRINCESSES ETRE PLUTÔT QU’AVOIR 1 SAISON EN FRANCE

JEUDI

FÉVRIER1er

4€12H05 14H30 16H45 19H15 21H40MARIA BY CALLAS 1 SAISON EN FRANCE UN HOMME INTÈGRE LES HEURES SOMBRES EL PRESIDENTE12H05 14H00 bébé 17H30 19H40 21H30ETRE PLUTÔT QU’AVOIR CŒURS PURS LE PORTRAIT INTERDIT MARIE CURIE AU REVOIR LÀ-HAUT12H05 14H30 16H15 19H00 21H30LE SENS DE LA FÊTE ÉCHANGE PRINCESSES 120 BATTEMENTS PROMESSE DE L’AUBE 1 SAISON EN FRANCE

VENDREDI

FÉVRIER2

4€11H00 13H15 ciné trico’thé 15H10 17H30 19H30 21H40UN HOMME INTÈGRE MARIE CURIE LES HEURES SOMBRES ÉCHANGE PRINCESSES EL PRESIDENTE PROMESSE DE L’AUBE11H00 13H40 15H50 17H50 19H45 21H40MARIA BY CALLAS CŒURS PURS I’M NOT A WITCH ETRE PLUTÔT QU’AVOIR MARIE CURIE LES HEURES SOMBRES11H00 13H15 15H30 17H30 20H00 21H451 SAISON EN FRANCE LA VILLA DROLES PETITES BETES LE SENS DE LA FÊTE 1 SAISON EN FRANCE THE FLORIDA PROJECT

SAMEDI

FÉVRIER3

4€11H00 13H00 15H00 17H10 19H00 21H00MARIE CURIE ÉCHANGE PRINCESSES THE FLORIDA PROJECT MARIE CURIE LE PORTRAIT INTERDIT UN HOMME INTÈGRE11H00 13H15 15H45 18H00 20H30AU REVOIR LÀ-HAUT PROMESSE DE L’AUBE EL PRESIDENTE LES HEURES SOMBRES CŒURS PURS11H00 13H10 15H00 16H50 18H40 20H30LA VILLA 1 SAISON EN FRANCE DROLES PETITES BETES ETRE PLUTÔT QU’AVOIR 1 SAISON EN FRANCE I’M NOT A WITCH

DIMANCHE

FÉVRIER4

4€12H05 14H20 16H10 18H20 20H30 Ciné-Campus LE SENS DE LA FÊTE ETRE PLUTÔT QU’AVOIR MARIA BY CALLAS ÉCHANGE PRINCESSES VERS L’AUTRE RIVE12H05 14H30 16H40 18H50 20H50 LES HEURES SOMBRES CŒURS PURS EL PRESIDENTE LE PORTRAIT INTERDIT MARIE CURIE 19H00 20H45 1 SAISON EN FRANCE UN HOMME INTÈGRE

LUNDI

FÉVRIER5

4€12H05 14H00 16H15 18H30 20H45ÉCHANGE PRINCESSES MARIA BY CALLAS LE SENS DE LA FÊTE EL PRESIDENTE PROMESSE DE L’AUBE12H05 14H15 16H10 18H20 20H40THE FLORIDA PROJECT MARIE CURIE CŒURS PURS LES HEURES SOMBRES LA VILLA12H05 13H50 15H50 17H40 19H30 21H151 SAISON EN FRANCE LE PORTRAIT INTERDIT I’M NOT A WITCH 1 SAISON EN FRANCE ETRE PLUTÔT QU’AVOIR AU REVOIR LÀ-HAUT

MARDI

FÉVRIER6

4€11H00 12H45 15H00 16H40 19H10 21H15AGATHA MA VOISINE… LE SENS DE LA FÊTE AGATHA MA VOISINE… LES HEURES SOMBRES ÉCHANGE PRINCESSES AU REVOIR LÀ-HAUT11H00 13H20 15H10 17H30 19H20 21H15LES HEURES SOMBRES 1 SAISON EN FRANCE EL PRESIDENTE MARIE CURIE I’M NOT A WITCH UN HOMME INTÈGRE11H00 13H15 15H10 16H15 18H45 20H30CŒURS PURS ETRE PLUTÔT QU’AVOIR RITA & CROCODILE PROMESSE DE L’AUBE 1 SAISON EN FRANCE MARIA BY CALLAS

DIMANCHE

FÉVRIER11

CINÉ TRICOT-THÉ : samedi 3 février à la sortie de la séance de MARIE CURIE (vers 14h50) et samedi 3 mars à la sortie de la séance de LA DOULEUR (vers 15h50), on sort ses aiguilles, ses pelotes de laine et on refait le film en buvant du thé !

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4€12H05 13H45 16H00 18H25 20H40KEDI 3 BILLBOARDS LA DOULEUR PENTAGON PAPERS LA DOULEUR12H05 14H00 16H00 17H00 19H00 21H00ÉCHANGE PRINCESSES CAS DE CONSCIENCE RITA & CROCODILE IN THE FADE CAS DE CONSCIENCE 3 BILLBOARDS12H05 14H00 15H30 17H05 18H50 20H50MARIE CURIE BLAST OF SILENCE AGATHA MA VOISINE… CENTAURE UN ENFANT ATTEND EL PRESIDENTE

MERCREDI

FÉVRIER21

4€12H05 14H15 15H50 16H45 18H40 20H40AU REVOIR LÀ-HAUT KEDI RITA & CROCODILE ÉCHANGE PRINCESSES CAS DE CONSCIENCE 3 BILLBOARDS12H05 14H15 16H15 18H35 21H00LE SENS DE LA FÊTE IN THE FADE LES HEURES SOMBRES LA DOULEUR PENTAGON PAPERS12H05 14H05 16H00 17H30 19H15 21H00CAS DE CONSCIENCE UN ENFANT ATTEND AGATHA MA VOISINE… ETRE PLUTÔT QU’AVOIR CENTAURE MARIE CURIE

JEUDI

FÉVRIER22

4€12H05 14H10 bébé 16H10 17H10 19H00 20H50LA VILLA KEDI RITA & CROCODILE 1 SAISON EN FRANCE MARIE CURIE 3 BILLBOARDS12H05 14H30 16H45 18H50 20H40 LES HEURES SOMBRES 3 BILLBOARDS IN THE FADE ETRE PLUTÔT QU’AVOIR ÉCHANGE PRINCESSES 12H05 14H30 16H30 18H30 20H30 PROMESSE DE L’AUBE UN ENFANT ATTEND AGATHA MA VOISINE… BLAST OF SILENCE THE FLORIDA PROJECT

MERCREDI

FÉVRIER14

4€12H05 13H40 15H30 17H20 20H00 Ciné Concert BLAST OF SILENCE 1 SAISON EN FRANCE MARIE CURIE IN THE FADE EL PATIO 12H05 14H20 16H15 18H20 20H40 3 BILLBOARDS ÉCHANGE PRINCESSES LA VILLA 3 BILLBOARDS LES HEURES SOMBRES 12H05 13H50 16H00 18H00 20H30 ETRE PLUTÔT QU’AVOIR EL PRESIDENTE UN ENFANT ATTEND PROMESSE DE L’AUBE KEDI

JEUDI

FÉVRIER15

4€12H05 14H10 17H15 19H30 21H40ÉCHANGE PRINCESSES LES HEURES SOMBRES THE FLORIDA PROJECT 3 BILLBOARDS LE SENS DE LA FÊTE12H05 14H00 17H15 19H50 21H50MARIE CURIE LA VILLA PROMESSE DE L’AUBE IN THE FADE AU REVOIR LÀ-HAUT12H05 14H20 17H15 19H20 21H30UN ENFANT ATTEND KEDI 1 SAISON EN FRANCE EL PRESIDENTE BLAST OF SILENCE

VENDREDI

FÉVRIER16

4€11H30 14H00 16H10 17H50 19H40 21H50AU REVOIR LÀ-HAUT IN THE FADE AGATHA MA VOISINE… ETRE PLUTÔT QU’AVOIR 3 BILLBOARDS IN THE FADE12H00 14H30 16H45 17H45 20H10 22H00PROMESSE DE L’AUBE 3 BILLBOARDS RITA & CROCODILE LES HEURES SOMBRES 1 SAISON EN FRANCE THE FLORIDA PROJECT11H00 13H45 16H00 17H40 20H00 21H50120 BATTEMENTS LE SENS DE LA FÊTE KEDI UN ENFANT ATTEND MARIE CURIE EL PRESIDENTE

SAMEDI

FÉVRIER17

4€11H00 13H15 15H15 16H15 18H30 20H453 BILLBOARDS ÉCHANGE PRINCESSES RITA & CROCODILE 3 BILLBOARDS AU REVOIR LÀ-HAUT LA VILLA11H00 12H45 14H50 17H15 19H10 21H00ETRE PLUTÔT QU’AVOIR IN THE FADE LES HEURES SOMBRES MARIE CURIE 1 SAISON EN FRANCE IN THE FADE11H00 13H15 15H30 17H10 19H00 20H40 (D)EL PRESIDENTE THE FLORIDA PROJECT AGATHA MA VOISINE… KEDI BLAST OF SILENCE PROMESSE DE L’AUBE

DIMANCHE

FÉVRIER18

4€12H05 14H30 bébé 16H45 18H20 20H30LES HEURES SOMBRES 3 BILLBOARDS AGATHA MA VOISINE… FLORIDA PROJECT (D) 3 BILLBOARDS12H05 14H20 16H00 18H00 20H15LE SENS DE LA FÊTE BLAST OF SILENCE ÉCHANGE PRINCESSES IN THE FADE MARIE CURIE12H05 14H00 15H45 16H45 18H20 20H301 SAISON EN FRANCE ETRE PLUTÔT QU’AVOIR RITA & CROCODILE KEDI UN ENFANT ATTEND EL PRESIDENTE

LUNDI

FÉVRIER19

4€ 14H00 16H00 18H15 20H30 ÉCHANGE PRINCESSES 3 BILLBOARDS UN ENFANT ATTEND 3 BILLBOARDS 14H00 16H05 17H00 19H15 21H00 LA VILLA (D) RITA & CROCODILE EL PRESIDENTE 1 SAISON EN FRANCE IN THE FADE 14H00 15H40 17H20 19H15 21H00 KEDI AGATHA MA VOISINE… MARIE CURIE ETRE PLUTÔT QU’AVOIR LES HEURES SOMBRES

MARDI

FÉVRIER20

4€12H05 14H15 16H30 18H30 20H40 EL PRESIDENTE CŒURS PURS ÉCHANGE PRINCESSES LE SENS DE LA FÊTE LES HEURES SOMBRES 12H05 14H00 16H30 18H40 20H50 ETRE PLUTÔT QU’AVOIR PROMESSE DE L’AUBE MARIA BY CALLAS THE FLORIDA PROJECT MARIE CURIE 12H05 14H20 bébé 16H10 18H00 20H15 UN HOMME INTÈGRE 1 SAISON EN FRANCE I’M NOT A WITCH (D) LA VILLA PORTRAIT INTERDIT (D)

LUNDI

FÉVRIER12

4€12H05 14H10 16H00 18H15 20H00 Filmer la folie ÉCHANGE PRINCESSES MARIE CURIE THE FLORIDA PROJECT ETRE PLUTÔT QU’AVOIR UN ENFANT ATTEND12H05 14H15 16H30 18H40 21H00 LE SENS DE LA FÊTE UN HOMME INTÈGRE (D) EL PRESIDENTE LES HEURES SOMBRES PROMESSE DE L’AUBE 12H05 14H15 16H20 18H40 20H50 MARIA BY CALLAS (D) LA VILLA AU REVOIR LÀ-HAUT CŒURS PURS (D) 1 SAISON EN FRANCE

MARDI

FÉVRIER13

Jeudi 8 mars sur la terrasse d’Utopia, toute la journée : grande vente de livres d’occasion, organisée par l’association humanitaire Faso Savoir. Les bénéfices de la vente servent à financer des envois de livres

et fournitures vers des établissement scolaires et bibliothèques du Burkina-Faso.

Les séances « Bébé » dans les grilles de programmation sont accessibles aux parents accompagnés de leur(s) nourrisson(s). On baisse un peu le son, les autres spectateurs sont prévenus de la présence

dans la salle des marmots qui, parfois, babillent doucement dans les bras de leurs géniteurs.

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4€12H05 14H05 16H15 18H10 20H00 UN ENFANT ATTEND PENTAGON PAPERS WONDER WHEEL KEDI SUR LA ROUTE D’ EXARCHEIA + rencontre11H45 14H00 16H00 17H00 19H10 21H303 BILLBOARDS CAS DE CONSCIENCE RITA & CROCODILE L’INSULTE LA DOULEUR WONDER WHEEL11H45 13H45 15H30 17H05 18H50 21H10IN THE FADE ETRE PLUTÔT QU’AVOIR AGATHA MA VOISINE… CENTAURE LES HEURES SOMBRES CAS DE CONSCIENCE

MERCREDI

FÉVRIER28

4€12H05 13H50 15H50 16H50 18H50 20H50CENTAURE UN ENFANT ATTEND RITA & CROCODILE WONDER WHEEL CAS DE CONSCIENCE 3 BILLBOARDS12H05 14H30 16H40 18H40 20H40 LA DOULEUR L’INSULTE ÉCHANGE PRINCESSES IN THE FADE PENTAGON PAPERS 12H05 14H30 bébé 16H30 18H10 20H30 LES HEURES SOMBRES MARIE CURIE AGATHA MA VOISINE… LE SENS DE LA FÊTE ETRE PLUTÔT QU’AVOIR

JEUDI

MARS1er

4€ 13H45 15H30 17H15 19H40 21H50 KEDI AGATHA MA VOISINE… LA DOULEUR PENTAGON PAPERS WONDER WHEEL 13H20 15H45 17H45 19H45 22H00 LA DOULEUR WONDER WHEEL CAS DE CONSCIENCE L’INSULTE UN ENFANT ATTEND 13H45 15H45 16H45 19H30 21H45 MARIE CURIE RITA & CROCODILE 120 BATTEMENTS 3 BILLBOARDS AU REVOIR LÀ-HAUT

VENDREDI

MARS2

4€11H00 13H15 15H15 17H15 19H45 21H45ÉCHANGE PRINCESSES UN ENFANT ATTEND WONDER WHEEL PENTAGON PAPERS WONDER WHEEL LES HEURES SOMBRES11H30 13H45 ciné trico’thé 16H10 18H20 20H00 22H00LE SENS DE LA FÊTE LA DOULEUR L’INSULTE KEDI CAS DE CONSCIENCE AU REVOIR LÀ-HAUT12H00 14H30 16H15 17H20 19H15 21H30ETRE PLUTÔT QU’AVOIR AGATHA MA VOISINE… RITA & CROCODILE CENTAURE 3 BILLBOARDS 120 BATTEMENTS

SAMEDI

MARS3

4€11H00 12H30 14H30 16H45 18H45 21H00AGATHA MA VOISINE (D) CAS DE CONSCIENCE AU REVOIR LÀ-HAUT WONDER WHEEL 3 BILLBOARDS IN THE FADE11H00 13H40 15H30 16H30 19H00 20H40120 BATTEMENTS (D) MARIE CURIE RITA & CROCODILE (D) LA DOULEUR KEDI LE SENS DE LA FÊTE11H00 13H00 15H15 (D) 17H00 18H45 20H50WONDER WHEEL 3 BILLBOARDS ETRE PLUTÔT QU’AVOIR CENTAURE L’INSULTE CAS DE CONSCIENCE

DIMANCHE

MARS4

4€12H05 14H10 16H20 18H30 20H30 WONDER WHEEL PENTAGON PAPERS IN THE FADE CAS DE CONSCIENCE WONDER WHEEL 12H05 14H10 16H35 19H00 21H00 CAS DE CONSCIENCE LES HEURES SOMBRES LA DOULEUR ÉCHANGE PRINCESSES L’INSULTE 12H05 14H10 16H25 18H15 20H15 UN ENFANT ATTEND 3 BILLBOARDS MARIE CURIE CENTAURE LE SENS DE LA FÊTE (D)

LUNDI

MARS5

4€12H05 14H15 16H00 18H00 20H00 PENTAGON PAPERS (D) KEDI (D) WONDER WHEEL UN ENFANT ATTEND (D) DES FIGUES EN AVRIL + rencontre12H05 14H15 16H20 18H40 (D) 20H40 L’INSULTE IN THE FADE (D) AU REVOIR LÀ-HAUT (D) CAS DE CONSCIENCE LA DOULEUR 12H05 (D) 14H30 16H30 18H20 20H30 LES HEURES SOMBRES L’ÉCHANGE DE… (D) CENTAURE (D) MARIE CURIE (D) 3 BILLBOARDS (D)

MARDI

MARS6

4€12H05 15H45 17H20 19H10 21H303 BILLBOARDS KEDI 1 SAISON EN FRANCE LA DOULEUR 3 BILLBOARDS12H05 bébé 15H45 17H30 19H30 21H30CENTAURE AGATHA MA VOISINE… IN THE FADE CAS DE CONSCIENCE PENTAGON PAPERS12H05 16H15 17H10 18H50 21H15EL PRESIDENTE RITA & CROCODILE BLAST OF SILENCE LES HEURES SOMBRES 120 BATTEMENTS

VENDREDI

FÉVRIER23

4€11H00 13H30 15H10 17H10 19H30 21H503 BILLBOARDS KEDI ÉCHANGE PRINCESSES PENTAGON PAPERS LA DOULEUR BLAST OF SILENCE11H30 14H00 16H15 17H15 19H40 21H50AGATHA MA VOISINE… LE SENS DE LA FÊTE RITA & CROCODILE LES HEURES SOMBRES 3 BILLBOARDS IN THE FADE12H00 14H20 16H10 18H00 20H00 22H001 SAISON EN FRANCE CENTAURE ETRE PLUTÔT QU’AVOIR MARIE CURIE CAS DE CONSCIENCE UN ENFANT ATTEND

SAMEDI

FÉVRIER24

4€11H00 12H40 14H45 16H45 18H40 20H50KEDI IN THE FADE CAS DE CONSCIENCE MARIE CURIE PENTAGON PAPERS 3 BILLBOARDS11H00 13H00 14H45 15H45 18H00 20H30CAS DE CONSCIENCE ETRE PLUTÔT QU’AVOIR RITA & CROCODILE 3 BILLBOARDS LA DOULEUR AU REVOIR LÀ-HAUT11H00 13H30 15H40 17H15 19H00 20H40LA DOULEUR EL PRESIDENTE AGATHA MA VOISINE… CENTAURE BLAST OF SILENCE LE SENS DE LA FÊTE

DIMANCHE

FÉVRIER25

4€12H05 14H00 16H15 17H10 18H45 20H30ÉCHANGE PRINCESSES 3 BILLBOARDS RITA & CROCODILE KEDI 1 SAISON EN FRANCE 3 BILLBOARDS12H05 14H10 16H10 18H20 20H20UN ENFANT ATTEND MARIE CURIE CAS DE CONSCIENCE CENTAURE LA DOULEUR12H05 14H15 16H00 17H50 20H15PENTAGON PAPERS ETRE PLUTÔT QU’AVOIR AGATHA MA VOISINE… AU REVOIR LÀ-HAUT IN THE FADE

LUNDI

FÉVRIER26

4€12H05 14H10 16H40 18H15 20H30CAS DE CONSCIENCE LA DOULEUR KEDI EL PRESIDENTE (D) 3 BILLBOARDS12H05 13H50 16H00 17H00 19H00 21H00UNE SAISON EN… (D) 3 BILLBOARDS RITA & CROCODILE ÉCHANGE PRINCESSES CAS DE CONSCIENCE PENTAGON PAPERS12H05 13H50 15H50 17H30 19H10 21H00CENTAURE UN ENFANT ATTEND AGATHA MA VOISINE… BLAST OF SILENCE (D) ETRE PLUTÔT QU’AVOIR LES HEURES SOMBRES

MARDI

FÉVRIER27

Jeudi 8 mars à 20h projection de L’homme irrationnel suivie d’une rencontre avec Julien Gauthier, metteur en scène et comédien, en écho aux représentations du MENTEUR (P. Corneille) au Domaine d’O les 6 et 7 mars 2018 à 20h.

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IN THE FADEFatih AKINAllemagne 2017 1h46 VOSTFavec Diane Kruger, Denis Moschitto, Numa Acar, Samia Muriel, Johannes Krisch, Rafaele Santana…Scénario de Fatih Akin et Hark Bohm

FESTIVAL DE CANNES 2017 :PRIX D’INTERPRÉTATION FÉMININE POUR DIANE KRUGER

In the fade n’est pas un film politique. Ce n’est pas un film particulièrement enga-gé. Ce n’est pas un film à suspense. Ce n’est pas non plus un film à thèse et le spectateur qui voudra absolument le faire entrer dans l’une de ces cases sera for-cément désappointé. In the fade est une tragédie grecque et son héroïne est bien le seul et unique angle par lequel il faut appréhender le récit. Fatih Akin a cherché avant tout à nous raconter un drame vécu par les yeux, le cœur et les tripes de son personnage et tout ce qui se construit autour ne sera qu’un arrière plan, certes essentiel à la narration, mais en retrait.La première scène, superbe, est le film vidéo du mariage de Katja et Nuri dans une prison. On apprendra assez rapi-dement que ces deux-là s’aiment d’un

amour puissant et que Nuri purge une courte peine de prison pour trafic de stu-péfiants. Ellipse. Nuri est sorti de prison, il s’est rangé, il a passé des diplômes et a monté une société spécialisée dans la traduction à destination de la commu-nauté turque. Ils ont un fils, Rocco, et filent une vie heureuse dans une petite maison de banlieue. Une image presque trop parfaite de bonheur et d’intégration.Mais tout bascule lorsqu’un attentat cause la mort de Nuri et de Rocco.

Katja est dévastée par le chagrin, la rage, la culpabilité. Comment, pourquoi continuer à vivre quand l’essentiel a été anéanti ? A quoi, pourquoi s’accrocher quand plus rien ne fait sens ? Tentée de sombrer, de renouer avec les vieux dé-mons qu’elle avait pourtant cru éloignés définitivement de son existence, Katja va concentrer le peu d’énergie qui lui reste à découvrir la vérité : qui a commis l’atten-tat et pourquoi ?Un autre film s’ouvre alors, celui du pro-cès, puis du chemin intérieur, complexe, ambivalent, d’une violence inouïe, que Katja devra accomplir pour faire le deuil, survivre, ou peut-être sombrer à son tour et rejoindre ceux qu’elle aime.

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Écrit et réalisé par Woody ALLENUSA 2017 1h41 VOSTFavec Kate Winslet, Jim Belushi, Justin Timberlake, Juno Temple, Jack Gore, Tony Sirico, Steve Schirripa…

Et dire que certains pensent encore qu’il tourne toujours le même film ! Avec cette variation tragique à la théâtralité assu-mée qui évoque Tennessee Williams et Eugene O’Neill, Woody Allen prolonge les réflexions sur le hasard et le destin de ses récents opus – L’Homme irration-nel tout particulièrement – en plongeant quatre personnages dans un Coney Island sublimé par la lumière de l’incom-parable Vittorio Storaro… Allen livre l’un de ses films les plus sombres, où la des-tinée attend au coin de la rue des per-sonnages en quête de bonheur, bercés par de chimériques illusions. Il y offre à Kate Winslet, douze ans après le ren-dez-vous manqué de  Match point  (elle devait tenir le rôle finalement attribué à Scarlett Johansson), le sommet d’une carrière pourtant riche en performances marquantes.

Dans ce  Wonder wheel, Allen tend constamment un miroir entre le vrai et le faux – entre un quotidien forcément décevant, frustrant, générateur d’amer-tume, et une projection de soi fictive, théâtralisée et sublimée par la dramatur-gie. Ginny (Kate Winslet) en est la plus parfaite incarnation. Accablée par une

vie mortifère dans laquelle elle ne trouve aucune satisfaction, elle arbore ses an-ciens costumes de scène et ses faux bi-joux pour s’imaginer être toujours la co-médienne qu’elle fut brièvement dans sa jeunesse. Plus grave encore, elle s’illu-sionne en entamant une relation amou-reuse chimérique avec Mickey (Justin Timberlake)… Elle répète à qui veut l’en-tendre qu’elle « joue un rôle » en étant serveuse et se referme littéralement sur elle-même en se réfugiant derrière ses migraines qui oblitèrent le reste du monde…Bien moins fragile psychologiquement, Carolina (Juno Temple) a, elle aussi, nourri des rêves d’ailleurs quand elle avait 20 ans. Elle a tourné le dos à la morne réalité qui s’imposait à elle et a choisi d’épouser un malfrat au petit pied qui lui a offert une vie luxueuse et fac-tice. Elle n’a pas tardé à déchanter et doit désormais se résoudre à vivre dans la clandestinité. Fuyant les hommes de main de son mari lancés à sa poursuite – elle a témoigné devant la justice –, elle finit par venir se réfugier chez son père qui avait juré de ne plus jamais la voir. C’est Humpty (Jim Belushi), le mari be-donnant et loser de Ginny, avec laquelle il a eu un fils, Richie (un gamin rouquin dans lequel on retrouve l’avatar enfan-tin de Woody Allen tel qu’on a pu le voir dans plusieurs de ses films).À chaque fois, on le constate, les chimères mènent au désastre. Mais

n’est-ce pas le matériau même de la fic-tion que guettent tous les écrivains ? Mickey, le maître nageur qui a l’ambition de devenir un grand auteur de théâtre, raconteur d’histoires en embuscade, est aussitôt fasciné par la trajectoire tragique de Ginny et davantage encore par le parcours follement audacieux de Carolina. À la fois personnage du film et narrateur omniscient s’adressant di-rectement, face caméra, au spectateur pour commenter l’action, l’apprenti dra-maturge, double du cinéaste, semble provoquer le hasard. Comme s’il vou-lait prouver que le temps de la fiction est plus captivant que le temps de la réalité. C’est ainsi qu’il « croise » à trois reprises Carolina et tombe à chaque fois un peu plus sous son charme…

Rarement chez Woody Allen le décor et la mise en scène auront autant par-ticipé à la théâtralité du propos. Le réa-lisateur circonscrit quasi exclusivement l’action à l’immense parc d’attractions de Coney Island, décor d’opérette à ciel ouvert, aux couleurs acidulées. Tout ici respire l’artifice et esquisse un univers en trompe l’œil, où les visiteurs affluent justement pour fuir le réel. Mieux, l’ap-partement de Ginny et Humpty se pré-sente comme une scène de théâtre en surplomb dont la grande roue (la wonder wheel du titre) en arrière-plan constitue le décor obsédant… (d’après le texte de F. Garbarz dans Positif n°683)

WONDERWHEEL

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I AM NOT A WITCHÉcrit et réalisé par Rungano NYONIZambie 2017 1h34 VOSTFavec Margaret Mulubwa, Henry B.J Phiri, Nancy Mulilo, Margaret Sipaneaia…

Depuis le Haut Moyen Âge jusqu’au xixe siècle, les histoires de sorcières, qu’elles soient de Salem ou possédées de Loudun, ont toujours été le prétexte fantasmatique pour op-primer les femmes que les hommes considéraient comme dif-férentes, anormales. I am not a witch se passe bel et bien au-jourd’hui mais loin d’ici : dans la lointaine Zambie, un pays où l’on croit encore aux histoires de sorcières. En tout cas cer-tains font semblant d’y croire, pour garantir la paix sociale, ou pour constituer une attraction touristique non négligeable…Shula, neuf ans, est victime des accusations des villageois qui la croient sorcière. Dans une première scène presque co-casse, la plainte est enregistrée bon gré mal gré par une poli-cière dubitative, devant une Shula mutique, malgré les témoi-gnages peu crédibles d’accusateurs improbables. Un choix ubuesque est proposé à la petite fille : soit elle reconnaît qu’elle est bien la collègue des Carabosse et autres Morgane, soit elle sera transformée en chèvre pour finir probablement en méchoui ! Shula préfère évidemment la première solution et rejoint donc un camp de sorcières, endroit étonnant où sont rassemblées des femmes, toutes reliées par un immense ruban de plusieurs centaines de mètres de long, accrochées à de grandes bobines juchées sur un camion. Tout ça pour le plaisir des touristes occidentaux, friands de prétendue sau-vagerie africaine, comme aux bon vieux temps des colonies.

La jeune réalisatrice Rungano Nyoni (zambienne de nais-sance et galloise d’adoption) évoque avec un talent fou, ma-riant émotion et burlesque pince-sans-rire, l’absurdité des pratiques de ses concitoyens. Aussi ridicule que la croyance dans la sorcellerie de Shula, Rungano Nyoni pointe du doigt la duplicité des puissants, à travers un personnage pathé-tique et odieux de fonctionnaire qui monnaie la gamine, exhi-bée sur des plateaux télé où l’homme prétend lui faire vendre des œufs magiques. Ce personnage stigmatise à lui tout seul les maux du pays : le rapport étrange au pouvoir coutumier, alors même que le fonctionnaire représente l’État, l’obsession matérialiste incarnée par sa femme qui affectionne le luxe et les perruques blondes. Mais la réalisatrice brille aussi par l’in-vention de sa mise en scène, avec notamment ces très beaux plans des femmes attachées à leur ruban interminable, reliées vers le ciel à leur bobine. Et l’on voit aussi la belle et grande solidarité des femmes enfermées, unies par leur mise à l’écart de la communauté des hommes.

Séance unique le jeudi 8 février à 20h suivie d’une discussion avec des participants du mou-vement Alternatiba et des acteurs locaux por-teurs de solutions alternatives concrètes (éner-gie, mobilité, alimentation, logement, participation citoyenne…). Dès 19h30 échanges informels autour d’un verre et d’un buffet participatif dans le hall du cinéma, on compte sur vous !

IRRINTZINALE CRI DE LA GÉNÉRATION CLIMAT Un film co-réalisé par Sandra Blondel et Pascal HennequinFrance – 1h42 - 2017

Face au sentiment d’impuissance que provoque l’extrême gravité du dérèglement climatique, quelques militants de l’organisation basque Bizi ! font un pari fou : construire en quelques années une mobilisation sans précédent en vue de la COP21 et lancer un grand mouvement non-violent pour le climat : Alternatiba. De Bayonne à Paris, sur des vélos multi-places, coup de pédale après coup de pédale, en multipliant les villages des alternatives, de petites victoires en grandes mobilisations contre les multinationales des énergies fossiles et les banques qui les soutiennent, le film raconte les étapes de cette mobilisation. Irrintzina, c’est un cri d’alarme sur l’ef-fondrement de notre monde mais c’est aussi un cri de joie poussé par des milliers de militants déterminés qui ont réalisé que si, ensemble, ils ne faisaient rien, personne ne le ferait à leur place.

« Ce tournage est à l’image du Tour Alternatiba : c’est le résul-tat d’un travail collectif. Au total, une vingtaine de personnes ont filmé avec nous dans toute la France. Nous avons tourné ce film de janvier 2015 à avril 2016 en total auto-financement car il ne rentrait pas dans les cases de financement conven-tionnel type CNC. Cependant, grâce à la solidarité et l’en-traide et malgré parfois des moments de doute quand à notre capacité à mener à bien ce tournage difficile, nous avons réussi. Nous les avons filmé à vélo, en bateau, lors d’inter-minables réunions, lors de la COP21, lors d’actions non-vio-lentes mais déterminées dans certains grands établissement bancaires, lors du sommet des pétroliers offshore qui veulent forer toujours plus profond. »

*L’Irrintzina est le cri des bergers basques ou pyrénéens imi-tant le hennissement du cheval. Ce cri festif, qui ponctue sou-vent les danses basques, sert à se signaler en montagne

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COEURS PURS(CUORI PURI)

Roberto DE PAOLISItalie 2017 1h55 VOSTFavec Selene Caramazza, Simone Liberati, Barbora Bobulova, Stefano Fresi…Scénario de Roberto De Paolis, Luca Infascelli et Carlo Salsano

Un premier film qui prouve que le cinéma italien est toujours bien vivant, à la fois ancré dans une réalité montrée sans fard et capable de nous transporter par une histoire d'amour pleine de charme, de poésie et d'espoir.« Heureux sont ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu » : don Luca, un prêtre pugnace de la banlieue romaine, se di-rige vers un groupe de jeunes filles qui se préparent à « pro-mettre » de rester vierges jusqu’au mariage. Agnese, qui va fêter ses 18 ans, fait partie du groupe. Sa mère, Marta, est aussi fidèle à la paroisse qu’intransigeante avec sa fille. Elle va jusqu’à lui confisquer son téléphone portable après y avoir trouvé un échange de messages « scandaleux » avec un ca-marade d’école. Agnese s’en procure un nouveau en secret, et rencontre ainsi Stefano.Stefano lui est un « coatto » comme on les appelle à Rome : il vit dans une des banlieues où règne la violence et dont les habitants ont un dialecte bien à eux.

Roberto De Paolis nous montre ainsi deux mondes limi-trophes mais que tout oppose. Dans l’un, les cœurs purs vont à l’école, occupent des emplois honorables, font du bénévo-lat et observent « certaines limites », comme le prêche don Luca. Dans l’autre se trouvent les cœurs sauvages, l’environ-nement de Stefano : chômeurs aux motos de grosses cylin-drées, trafics et vols occasionnels. Stefano est né et a grandi dans ces eaux troublées. Mais il est aussi dans son genre un cœur pur…Agnese va donc rencontrer Stefano et ce sera compliqué, et ce sera chaotique, et ce sera beau…

MARIA BY CALLASFilm documentaire de Tom VOLFFrance 2017 1h53 VF et VOSTFavec la voix de Fanny Ardant

Maria Callas est une des rares chanteuses lyriques dont le talent et le charisme furent capables de rallier à son art le plus grand nombre. Alors que les cantatrices étaient peu ou prou assimilées par le grand public à la Castafiore chère à Hergé, alors que l'opéra était presque exclusivement l'affaire des classes bourgeoises, Maria Callas en fit dans les années 50 et 60 un art populaire et médiatique, propulsant Verdi, Puccini, Rossini à la une des magazines, grâce à son incroyable tech-nique vocale, grâce aussi à son véritable talent de comé-dienne qui lui permettait d'incarner pleinement ses person-nages, de leur donner une âme.Le film de Tom Volfe a le double mérite de dérouler la vie de Maria Callas avec une grande richesse d'archives tout en lais-sant le temps et la place à de grandes plages d'interprétation des airs mythiques (restitués dans leur intégralité) qui ont fait triompher la chanteuse sur les scènes non moins mythiques de la Scala de Milan, de l'Opéra de Rome, du Metropolitan de New York, de la Fenice de Venise ou du Covent Garden de Londres : autant de moments intenses qui réjouiront les mélomanes avertis et épateront ceux qui découvrent l'artiste.Au-delà de l'aspect musical, le romanesque de la vie mouve-mentée de Maria Callas, à qui l'on a prêté une réputation de femme volcanique, est parfaitement restitué par les archives et par la lecture de quelques unes de ses nombreuses lettres par la voix envoûtante de Fanny Ardant. De ses débuts, entre son New York natal et la Grèce d'où étaient originaires ses parents et où elle fit très jeune ses premiers pas au conserva-toire, jusqu'aux premiers succès sur les scènes européennes puis jusqu'aux soubresauts de sa vie sentimentale compli-quée qui l'éloigna de sa carrière, on suit le cours captivant de sa vie avec ses moments cruels (l'hallali du public ou de la presse lorsqu'elle annule à Rome une représentation suite à une bronchite, sa solitude malgré la gloire…) et ses mo-ments magiques (son unique rôle au cinéma pour le fasci-nant Médée de son ami Pasolini). Et se dessine ainsi, par de multiples entrées, le portrait d'une immense artiste soucieuse de tout donner à son public (comme pour son retour à New York où des jeunes gens dorment dans la rue pour s'arracher les dernières places) en même temps que celui d'une femme complexe et brisée qui finit par nous bouleverser.

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Résolument positif, comme chaque an-née, le communiqué de la ministre de la culture vient de sortir, relayé par les mé-dias unanimes qui se congratulent béate-ment : Youpie ! Tout va bien pour la France en marche ! 209 millions de tickets ven-dus, soit à peine 4 millions de moins que l'an dernier et la part des films français progresse de façon vertigineuse +2,6 % pour atteindre 37 % du marché (elle était de 44,5 % en 2014), tandis que le ciné-ma américain en perdant 8 % passe au dessous de la barre des 50 %. Le reste du monde se partage le reste, soit : 15,1 % des billets vendus en France.

Pour modérer l'enthousiasme général, il faut tout de même préciser que chaque jour s'ouvrent des salles nouvelles dans tout l'hexagone : pas moins de 102 nou-veaux écrans avaient ouvert en 2016, gageons qu'il n'y en a pas eu moins en 2017 et 2018 devrait encore rajouter une palanquée de fauteuils aux 1,1 million de fauteuils déjà existants. La métropole de Montpellier ne fait pas exception, qui s'est dotée cette année au nord de 8 nou-veaux écrans, sis dans un énième hangar à pop-corn - lunettes 3D, fauteuils vibro-massants, navets transgéniques et tout le toutim. Globalement, et pour résumer la situation : si les entrées cinéma se main-tiennent à peu près, cela signifie que c'est au prix d'investissements privés ou / et pu-blics constants et que le nombre moyen de fessiers qui se posent chaque année sur un fauteuil est plutôt à la baisse. Par contre, la production ne cesse de pro-gresser en raison de la multiplication des moyens de diffusion autres que la salle de cinéma qui provoquent un appel grandis-sant de films et séries… Par ailleurs, le cinéma français se porte comme un charme ! Dit toujours la mi-nistre qui se réjouit parce que 17 films français dépassent pour la première fois le million d'entrées. Mais quels films ? Raid dingue (4,6 millions), Valerian (4 millions), Alibi.com (3,6 millions)… et du côté amé-ricain ce sont Moi, moche et méchant, Star Wars 8, Baby boss, Fast and Furious 8, etc. qui font le gras des entrées des salles fran-çaises… y compris d'ailleurs de beaucoup de salles « classées » Art et essai, un classe-ment dont les critères se sont au fil des an-nées tellement assouplis que le label en perd sa pertinence. Tous ces films étant, bien entendu, diffusés par de bonnes grosses compagnies intégrées : les dis-tributeurs indépendants, partenaires pri-vilégiés des salles indépendantes dont nous sommes, s'ils participent pour une

bonne part au renouvellement du cinéma et cultivent sa diversité, ont une économie beaucoup moins rutilante… et sur les 716 films distribués en France en 2016, la plu-part ont coûté plus qu'ils ne rapportent à leurs auteurs comme à leurs producteurs et distributeurs… qui se retrouvent par-fois en grande difficulté, tandis que cer-taines productions ne sortent même plus sur des écrans de cinémas.

Du côté de l'art et essai, on n'a pas encore les résultats définitifs, mais pour notre part nous sommes plutôt contents des résultats. Sous les auspices bienveillants de Ste Bernadette, le cinéma Utopia de Montpellier termine l'année à 104 036 entrées, soit, avec une baisse de 1,5 %, quasiment la même fréquentation qu'en 2016 (crû exceptionnel pour les cinéma Art et essai). À ce qu'on entend de nos confrères, pour la plupart à la peine, c'est mieux que bien. D'autant plus mieux que notre petit complexe de 3 écrans, à l'écart de l'attractivité du centre-ville, dispose en tout de 261 fauteuils et ne cède pas un pouce de terrain quant à l'exigence de sa programmation. Ce qui nous laisse espé-rer le meilleur pour 2018 puisqu'une pro-fusion de films passionnants pointent leur nez.Quoi qu'il en soit, l'enthousiasme géné-ral nous semble un poil excessif et on pressent qu'il va falloir continuer à bou-ger nos fesses pour vous entraîner sur les chemins de traverse. Ce début d'an-née est superbe et si on maintient dans la durée deux des plus gros succès français de 2017 programmés en « continuation » (Le Sens de la fête et Au revoir là-haut, on rêve pour eux comme pour le très tonique 120 Battements par minute une pluie de récompenses aux Cesars), on vous signale au passage qu'au-delà de la rencontre avec sa réalisatrice Agnès Fouilleux le 30 janvier, le très, très beau film Être plutôt qu'avoir sera longuement programmé à Utopia. Tenez, en voilà, du cinéma français qui suscite l'enthousiasme ! Bourré de dé-sir et d'invention, avec du chien, de la te-nue, et qui compense les millions d'euros absents de son budget et les aides insti-tutionnelles qu'il n'a jamais reçues par une énergie communicative et une foi iné-branlable dans son sens et son utilité. On ne saurait trop vous inciter à rameuter les foules, à nous demander des séances sur mesure pour groupes. Au vrai, qu'il soit français, tongien, croate, bolivien, ou inuit importe peu : ce film mérite vraiment le vrai, beau succès que vous lui ferez.

LE CINÉMA FRANÇAIS PÈTE LA FORME !

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Ziad DOUEIRILiban 2017 1h52 VOSTFavec Adel Karam, Kamel El Basha, Rita Hayek, Christine Choueiri, Camille Salameh, Dimand Bou Addoud…Scénario de Ziad Doueiri et Joelle Touma

FESTIVAL DE VENISE 2017 : COUPE VOLPI DU MEILLEUR ACTEUR POUR KAMEL EL BASHA

Voilà un film d’une intelligence rare, por-té par des acteurs remarquables (le prix de Kamel El Basha à Venise n’a pas été volé), qui nous donne des nouvelles d’un pays dont toute l’histoire a été mar-quée par la violence et la guerre civile, et qui évoque la difficile mais toujours pos-sible réconciliation d’humains aux his-toires antagonistes. Et comme souvent dans les films réussis, la grande Histoire se nourrit des petites histoires, celles qu’on pourrait au premier abord juger anecdotiques, voire insignifiantes. Nous sommes à Beyrouth-Est, dans le quar-tier chrétien et malgré la fin de la guerre dans les années 1990, la géographie de la ville est encore marquée par la juxta-position des communautés. C’est là que vit et travaille Toni, garagiste de son état, membres des Forces Libanaises, par-ti chrétien nostalgique du président as-sassiné Bachar Gemayel, et futur jeune père quadragénaire.

Tout bascule bêtement quand des tra-vaux sont réalisés dans la rue. Yasser, chef de chantier palestinien, veut mettre en conformité les canalisations et cou-per ce bout de tuyau qui fait dégouli-ner l’eau du balcon de Toni jusque dans

la rue. Opposition énervée du gara-giste soupe-au-lait, insulte de Yasser quand Toni brise le raccordement effec-tué, refus de présenter des excuses… L’engrenage est lancé. Et ce qui, en d’autres contrées à l’histoire moins pe-sante, se serait arrêté à une banale dis-pute de voisinage va faire remonter les horreurs du passés (le massacre de Sabra et Chatila par les phalanges chré-tiennes alliées d’Israël, les exactions des militants pro-syriens contre des villages chrétiens…) et provoquer bagarres de rues entre belligérants des deux com-munautés avant de finir devant les tribu-naux… et même bien plus haut !

L’Insulte est le premier « film de procès » de l’histoire du cinéma libanais et c’est très important. Ziad Doueiri, citoyen d’un pays où tout s’est le plus souvent réglé par la violence et les jeux de pou-voir, lui même fils d’avocat, a souhaité montrer que le recours à la justice or-ganisée pouvait aussi amener ceux que l’on croyait irréconciliables à aller l’un vers l’autre, à enfin accepter et exor-ciser le poids du passé. Car derrière le petit conflit, les insultes, les coups, les préjugés que chacun des protagonistes nourrit envers l’autre, il y a des bles-sures enfouies et tues parce que la fin de la guerre et l’amnistie générale – qui s’est confondue dans le cas du Liban avec l’amnésie générale – n’ont permis à aucune des communautés de formu-ler ses souffrances. Et on comprend que le combat de chacun est avant tout un combat pour la dignité. Ce que raconte magnifiquement le film, c’est que seule l’intercession de la justice peut apaiser ces souffrances, justice magnifiquement incarnée ici par le duo d’avocats : l’ac-cusé et le plaignant sont défendus par le père et sa fille, opposés devant le tribu-nal, transcendant ainsi les guerres com-munautaires.

Il faut savoir que Ziad Doueiri est issu d’une famille sunnite qui paya de son sang le soutien aux Palestiniens alors que sa co-scénariste Joelle Touma vient elle d’une famille phalangiste chré-tienne. Cette magnifique ode à la paix et à la compréhension s’est pourtant trouvée confrontée à la brutalité du réel puisque, de retour au Liban après le Festival de Venise en septembre der-nier, Ziad Doueiri a été brièvement arrê-té pour collusion avec l’ennemi (traduire Israël) parce que cinq ans auparavant, il s’était rendu en Israël sans autorisa-tion pour son précédent et remarquable film L’Attentat. Comme quoi au Liban il y a encore du boulot, mais Ziad Doueiri y contribue remarquablement !

L’INSULTE

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Séance unique le mardi 6 mars à 20h suivie d’une rencontre avec Nadir Dendoune, réalisateur, journaliste et écrivain de

Un tocard sur le toit du monde (L’ascension au cinéma) et Nos rêves de pauvres. En partenariat avec la librairie Le grain des mots.

DES FIGUES EN AVRIL

Un film de Nadir DendouneFrance 2017 57 mnAvec l'incroyable Messaouda Dendoune, et les autres membres de la famille Dendoune, et la participation involon-taire de l'émission Les Douze coups de midi de Jean Luc Reichmann

Ça aurait pu être juste un mec un petit peu célèbre qui a eu envie de faire un film sur sa maman - et ça n’aurait jamais eu vocation de sortir de son smartphone. Mais c’est en fait beaucoup, beaucoup plus que cela. Sans doute parce que Nadir Dendoune est un drôle de zèbre  : inattendu, inclassable, ingérable, son parcours parle pour lui. Grandi comme bien d’autres dans une famille kabyle dans une cité de l’Ile Saint Denis, il es-quive de justesse, grâce aux bonnes ren-contres aux bons moments (notamment un génial animateur de quartier, Salah), le parcours classique des jeunes immigrés deuxième génération frappés par le dé-terminisme social. Sportif mais novice en alpinisme, Nadir Dendoune doit sa noto-riété à son ascension en mode « tête brû-lée » de l’Everest. Aventure qu’il raconte dans Un tocard sur le toit  du monde, gros succès de librairie adapté au ciné-ma sous le titre L’ascension - 1,2 millions d’entrées à la clé. Connu également pour son soutien sans faille à la Palestine, il se bat pour la reconnaissance de la généra-tion de ses parents, ces maghrébins qui

ont tant donné à la France - laquelle leur a tellement peu rendu.

Son livre Nos Rêves de Pauvres par-lait de son enfance dans cette France des laissés pour compte des années 80. Des Figues en Avril est la continuation du livre, dessine le portrait drôle et bou-leversant de sa mère, Messaouda, que l’on découvre dans le quotidien de son deux pièces cuisine de l’Ile Saint Denis, essentiellement rythmé par la présence invisible de son mari, Mohand, placé en établissement et à qui elle rend visite chaque jour. Au delà de la personnali-té attachante, malicieuse, déterminée et passionnée de la vieille dame de 82 ans, le film déroule des thèmes fonda-mentaux. Il y a l’exil intérieur des chiba-nis. Ni la France, ni leur pays d’origine n’ayant su être à la hauteur de leurs ef-forts, ils ne se sont jamais sentis tota-lement là et ne sont plus vraiment bien-venus dans l’Algérie d’aujourd’hui. Il y a cette double culture, Messaouda restant bercé par ses chanteurs kabyles emblé-matiques, tout en étant fier du devenir en France - ou ailleurs - de ses enfants. Mais au-delà, Nadir Dendoune raconte le dé-classement des classes populaires, ghet-toïsés, toutes origines ethniques confon-dus. Et tout en réalisant un portrait drôle et tendre de sa mère, Nadir Dendoune fait œuvre politique essentielle, on en res-sort galvanisé et bouleversé.

Mercredi 7 mars à 20h30 dans le cadre du Festival Paul Va au Cinéma, Nadir Dendoune présentera avec Laurence Lascary, la productrice du film, une séance de L'ASCENSION à l'Université Paul Valéry.

DANS LE PROGRAMME DU FESTIVAL PAUL VA AU CINÉMA :

Au Théâtre de la Vignette :Lundi 5 mars 2018 cérémonie d'ouverture à partir de 19h et à 20h30 projection en avant-première de Ultimos dias in la Habana en présence du réali-sateur Fernando Perez et en partenariat avec l'association Montpellier-Cuba Solidarité. Entrée gratuite dans la limite des places disponibles.

À Utopia : séances propo-sées et présentées par l'ACID (Association pour le Cinéma Indépendant et sa Diffusion)

Mercredi 7 mars à 14h :AVANT LA FIN DE L'ÉTÉde Maryam GoormaghtighFrance/Iran 2017 1h20 VOSTFen présence de la réalisatrice et d'Hussein, un des trois person-nages principaux du film.Après 5 ans d’études à Paris, Arash ne s’est pas fait à la vie française et a décidé de rentrer en Iran. Espérant le faire changer d’avis, ses deux amis l'entraînent dans un dernier voyage à travers la France. Un film comme une virée en stop sur la route des vacances, un road-movie solaire et noncha-lant aux côtés d'un trio épatant de naturel et de sincérité, une épopée ordinaire et fraternelle qui distille une poésie discrète et une chaleur humaine réconfortante.

Jeudi 8 mars à 14h :COBYde Christian Sonderegger2017 France 1h17 VOSTFen présence du réalisateur.Dans un village au cœur du Middle-West américain, Suzanna 23 ans change de sexe. Elle de-vient un garçon : Coby. Cette trans-formation bouleverse la vie de tous ceux qui l’aiment. En définitive, la chrysalide de Coby devient celle de toute une famille, acculée à s’adapter. Une métamorphose dont l’enjeu dépasse le seul physique s’opère alors sous le regard lumi-neux et inattendu du réalisateur.

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LA VILLARobert GUEDIGUIAN France 2017 1h47avec Gérard Meylan, Jean-Pierre Darroussin, Ariane Ascaride, Anaïs Demoustier, Yann Tregoüet, Jacques Boudet, Geneviève Mnich, Robinson Stévenin…Scénario de Robert Guediguian et Serge Valetti

Une fratrie se retrouve au cœur d'une magique calanque à quelques encablures de Marseille, à l'occasion de la grave maladie du père. Armand (Gérard Meylan) n'a jamais bougé : il est resté gérer avec son père le petit resto du port, cui-sine généreuse et pas chère ; Joseph (Jean-Pierre Darroussin) est monté à Paris, y devenant une sorte de sommité intellec-tuelle et vaguement médiatique, aujourd'hui passée de mode, poussée gentiment vers la sortie… Il est venu avec sa jeune (trop jeune ?) compagne Bérangère (Anaïs Demoustier) ; Angèle enfin (Ariane Ascaride) est une comédienne de théâtre reconnue dont on apprend qu'elle a fui la famille après un drame que je ne vous dévoilerai pas… Juste à côté de la vil-la familiale et du restaurant vit un couple de voisins, Suzanne et Martin (formidables Jacques Boudet et Geneviève Mnich), qui ont participé à la construction de la fameuse villa du titre et qu'on sent aujourd'hui fatigués, usés par le monde tel qu'il va, à deux doigts d'être obligés de quitter leur logement et leur calanque de toujours pour cause d'augmentation expo-nentielle des loyers.

Dans ce paysage splendide de théâtre marin, surplombé par un viaduc ferré irréel, qui donne au récit l'aspect d'une tra-gédie antique, vont s'exprimer les rancœurs et les reproches rentrés depuis des décennies, mais aussi à l'inverse se re-construire des liens distendus par les années, l'éloignement et les parcours si différents. En même temps que se feront des choix décisifs alors que la disparition du père se profile.Peut-être l'arrivée, à bord d'un bateau échoué sur les côtes toutes proches, de jeunes migrants pourchassés par les mili-taires qui patrouillent sans cesse va-t-elle rappeler chacun à ce qu'il a de plus profond en lui. Peut-être l'avenir, pour ces êtres qu'on a appris à connaître et apprécier, et sur lesquels la vie a passé trop vite en laissant ses blessures, viendra-t-il de cette jeunesse venue d'ailleurs que certains par ignorance et peur d'eux mêmes s'emploient à rejeter.

UN HOMME INTÈGREÉcrit et réalisé par Mohamed RASOULOFIran 2017 1h57 VOSTFavec Reza Akhlaghirad, Soudabeh Beizaee, Nasim Adabi, Missagh Zareh…

Il faut d'urgence voir ce magistral Un homme intègre, sorte de thriller moral tendu, de haute tenue, œuvre éminemment politique qui offre une une analyse lucide et décapante des dessous d’une société où il n’existe guère d’autre alternative que d’être oppresseur ou opprimé, corrupteur ou corrompu.Reza, l'homme intègre du titre, est à la tête d'un petit élevage de poissons rouges – lesquels font partie intégrante de la tra-dition de Norouz, le nouvel an iranien. Reza a quitté Téhéran pour s'installer à la campagne et il compte sur son élevage pour se refaire un avenir.Son regard ténébreux, son allure obstinée, chaque fibre, chaque geste de Reza témoignent qu’il est un homme qui bout intérieurement, habité par une juste colère. Plus chêne que roseau, il fait partie de ces êtres qui ne plient pas, qui ne cèdent à aucune compromission. Même pour obtenir un re-port d'échéance pourtant salvateur, il ne peut se résoudre à verser un pot-de-vin à son banquier, selon une pratique com-munément admise. Reza a le panache qui sied aux vrais hé-ros, aux justes…Mais malgré la présence indéfectible et l'aide précieuse de son épouse Hadis, les convictions de Reza ne suffisent plus : ses efforts acharnés, son travail opiniâtre, risquent bien d'être anéantis par les magouilles scélérates d’une compagnie de distribution d'eau prête à tout pour l’exproprier. Reza se trouve pris dans un véritable cauchemar éveillé. Va-t-il ap-prendre la résignation ?

Le récit de cet affrontement implacable est ponctué de mo-ments de douceur et de grâce indicibles… Comme ceux où Reza vient se réfugier dans un havre secret au creux des col-lines, une grotte placentaire aux eaux opalines. Il se love dans cette matrice tiède, se laissant griser loin des affres du monde par un vin de pastèque fabriqué en cachette. Petite gorgée de bonheur nécessaire pour continuer de croire à cette humanité qui lui est chère, se ressourcer et repartir inlassablement au combat. On est tenus en haleine jusqu’au dénouement, très fort, d'une férocité ravageuse…

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AU REVOIR LÀ-HAUTAlbert DUPONTEL France 2017 1h55avec Albert Dupontel, Laurent Lafitte, Nahuel Perez Biscayart, Niels Arestrup, Mélanie Thierry, Emilie Dequenne, Jonathan Louis… et la formidable Héloïse Balster de Pontoise. Scénario d’Albert Dupontel et Pierre Lemaitre, d’après son roman, Prix Goncourt 2013

Le roman de Pierre Lemaître, ample récit foisonnant de personnages inoubliables, de situations fortes, de rebondissements captivants, représentait un sacré défi d’adaptation au cinéma. Dupontel l’a pris à bras le corps et signe un beau film à la fois épique et burlesque, lyrique et caustique, politiquement incorrect et poétique en diable qui réunit toutes les qualités que l’on aime chez lui.Novembre 1918. A quelques jours de l’Armistice, Edouard Péricourt sauve Albert Maillard d’une mort certaine. Rien en commun entre ces deux hommes si ce n’est la guerre et le lieutenant Pradelle qui, en donnant l’ordre d’un assaut absurde, brise leurs vies en même temps qu’il lie leurs destins. Sur les ruines du carnage de la première guerre mondiale, chacun va tâcher de survivre : Pradelle, plus cynique que jamais, symbole du grand capitalisme, s’apprête à faire fortune sur le dos des morts tandis qu’Albert et Edouard, condamnés à vivre, vont tenter de monter une arnaque monumentale, comme une revanche sur tous ces salauds planqués qui les ont envoyés au casse-pipe.

LE SENS DE LA FÊTEÉcrit et réalisé par Éric TOLEDANO et Olivier NAKACHEFrance 2017 1h57 - avec Jean-Pierre Bacri, Eye Haidara, Gilles Lellouche, Vincent Macaigne, Jean-Paul Rouve, Alban Ivanov, Suzanne Clément…

Max est le patron d’une petite entreprise spécialisée dans les mariages et autres cérémonies, clés en main. Des fêtes, il en organise depuis 30 ans, mais l’heure n’est pas aux états d’âme : il doit organiser au quart de poil un mariage en grande pompe, dans un château du xviie siècle. C’est donc une longue journée qui s’annonce, mais tout est sous contrôle, la brigade de serveurs, de cuisiniers, de plongeurs est sur le pied de guerre. Il a le photographe, les musiciens… Max en a vu d’autres, pas de raison de s’affoler. Il peut compter sur Adèle, une jeune femme efficace au langage un peu trop fleuri à son goût mais sur qui il se repose un peu désormais…Le film va suivre l’organisation de cette fête qui s’achèvera, comme il se doit, au petit matin. Et, vous vous en doutez, rien ne va vraiment se passer comme prévu, sinon il n’y aurait pas de film… C’est aussi le portrait d’une France que l’on n’ose presque plus espérer. Multiple, bigarrée, complexe, généreuse, pénible, râleuse, qui, à rebours du discours décliniste ambiant, s’adapte, innove, invente sans cesse des solutions pour que le bateau dans lequel tout ce petit monde est embarqué parvienne à bon port.

120 BATTEMENTS PAR MINUTERobin CAMPILLO France 2017 2h20avec Adèle Haenel, Nahuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Antoine Reinartz, Felix Maritaud, Mehdi Touré, Aloïse Sauvage, Simon Bourgade…Scénario de Robin Campillo et Philippe Mangeot

Festival de Cannes 2017 : Grand Prix et Prix de la Critique internationale

C'est un film à la fois énergique et bouleversant qui raconte – sachant que le réalisateur et le co-scénariste furent partie prenante de l'histoire – ce que fut l'aventure d'Act-Up, cette association née au début des années 1990 pour défendre les droits et la visibilité des personnes atteintes du virus du Sida. L'aventure intense d'une bande de jeunes garçons et filles tous unis contre une maladie mortelle inconnue, apparue à la fin des années 80 et Si ce film est à ce point emballant, enthousiasmant, transportant, c'est peut-être parce qu'il est exceptionnel de voir réunis dans une même œuvre la force du politique, de la lutte commune et la puissance individuelle de personnages magnifiquement campés, aussi impliqués dans le combat d'Act-Up que dans leurs histoires d'amour à la vie à la mort.120 battements par minute est une leçon de vie, bien au-delà du Sida ou de la question homosexuelle, une ode formidable à la vitalité de la lutte pour revendiquer nos choix individuels de vie.

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LA PROMESSE DE L’AUBEEric BARBIER France 2017 2h10avec Pierre Niney, Charlotte Gainsbourg, Didier Bourdon, Jean-Pierre Darroussin, Finnegan Oldfield, Catherine MacCormack…Scénario d'Eric Barbier et Marie Eynard, d'aprèsle roman autobiographique de Romain Gary

Wilno, en Pologne, dans les années 20. Roman Kacew est élevé par sa mère Mina qui se démène à gagner sa vie en confectionnant des chapeaux. Face au manque d’argent, elle se fait passer pour l'amie d’un grand couturier parisien pour attirer dans son atelier la bourgeoisie locale. Mina ne renonce jamais devant l’adversité et dire qu’elle nourrit les plus grands espoirs pour son fils est pour le moins un euphémisme tant toute sa vie tourne autour des projets qu’elle lui prédit. Elle le voit tour à tour diplomate, écrivain célèbre, aviateur, cheva-lier de la légion d’honneur. « Je veux que tu sois célèbre de ton vivant ». Il accomplira chacun des rêves de Mina, quitte à s'arranger un peu avec la réalité, pour toujours se montrer à la hauteur des espoirs de cette mère si aimante et presqu'autant étouffante. Tous deux quittent la Pologne pour s’installer en France, à Nice. Mina vénère la France et est persuadée que son fils pourra s’y réaliser. A Nice, la vie est douce. Mina a trouvé sa place et vient de reprendre une pension tandis que Romain découvre les plaisirs de la chair et se met sérieuse-ment à l’écriture.Mina l’envoie à Paris finir ses études mais quand la guerre éclate, Romain est envoyé dans l’aviation et sera le seul à ne pas être nommé sous-officier à cause de sa naturalisation trop récente. Là encore, Romain embellit l’histoire lorsqu’il re-vient à Nice rendre visite à sa mère. A Paris il a réussi à pu-blier quelques nouvelles dans un journal et s’attelle à son pre-mier roman alors qu’il est en Afrique et vient de contracter le Typhus. Il achève son roman Education européenne, ignorant que sa mère n’est déjà plus de ce monde…On le sait grâce à ce roman autobiographique qu'est La Promesse de l'aube, qui l'imposa définitivement en littérature, Romain Gary a vécu une vie extraordinaire. Mais cet achar-nement à vivre mille destinées en une, à devenir un grand homme et un écrivain célèbre, c’est à Mina, sa mère, qu’il le doit. C’est l’amour fou de cette mère attachante et excen-trique qui fera de lui un des romanciers majeurs du xxe siècle.

CINÉ CAMPUS S07E04Séance unique le 5 février à 20h30 proposée et présentée par les étudiants de l'Université Paul Valéry

VERS L'AUTRE RIVEKiyoshi KUROSAWA Japon 2015 2h08 VOSTFavec Eri Fukatsu, Tadanobu Asano, Yû Aoi, Akira Emoto, Masao Komatsu… Scénario de Kiyoshi Kurosawa et Takashi Yujita, d'après le roman de Kazumi Yumoto.

Vers L'Autre Rive, drame délicat et romance sur fond de road-movie, conte les retrouvailles de Mizuki et de son défunt époux Yûsuke – qui s'est suicidé trois ans plus tôt. Au cœur d'un Japon insulaire et brumeux, les deux amants s'en vont explorer les chemins de la mort, à la conquête du deuil, du pardon et de la paix intérieure.

Kiyoshi Kurosawa, expérimentateur de l'horreur et de la ter-reur, dévoile ici des fantômes bien différents de son panel habituel. Pas de meurtre, pas de sang, pas de vengeance. Loin des esprits malfaisants de Kaïro, loin de l'épouvantable dame en rouge de Rétribution, les fantômes de Vers L'Autre Rive ne font pas peur. Distancé des éternels échecs relation-nels, des monstres ravageurs et de sa noirceur quotidienne, il met en scène le mitoru (veiller sur/prendre soin d'une per-sonne malade, mourante), l'amour, la tendresse, la sérénité. Les êtres, enfin, semblent oser s'aimer. Plus de haine, plus de crime, plus de revanche. Les relations, enfin, ont une chance d'aboutir – et de cesser de s'entre-détruire.

Le couple nous amène aux tréfonds de la culture nippone et de ses folklores, parcourant les villages, nous approchant au plus près de sa face cachée. Les rencontres s'enchaînent, les vécus se mêlent, morts et vivants s'unissent sous nos yeux ébahis – là où une larme peut avoir surgi. Dans un subtil équilibre entre la généralité et la singularité de l'humain et de l'amour, des peurs et de l'espoir, Kiyoshi Kurosawa semble parler à tout un chacun. Tout le monde semble pouvoir s'y entrevoir. La retenue japonaise, délicieuse à l'écran, implose sous le coup de sa mise en scène épurée et de gracieux jeux de lu-mière. Tout en simplicité, Kiyoshi Kurosawa fait preuve de virtuosité. Et, le tout, élégamment accompagné des douces compositions musicales de Yoshihide Ōtomo et Naoko Eto.

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Cycle FILMER LA FOLIE proposé par l’ARASM Croix Marinela séance du 13 février sera suivie d’une discussion animée

par Jean-Pierre Montalti, psychiatre, et Joseph Mornet, psychologue. Le film est programmé jusqu’au 6 mars

UN ENFANT ATTEND

(A CHILD IS WAITING)

John CASSAVETESUSA 1963 1h42 VOSTF Noir & Blancavec Burl Lancaster, Judy Garland, Gena Rowlands, Bruce Ritchey, Paul Stewart, Steven Hill…Scénario d'Abby Mann

C'est un film à part dans la filmographie de John Cassavetes. Un film de com-mande, dont il n'a pas pu maîtriser la ré-alisation, surveillée de très près, de trop près, par le producteur Stanley Kramer – lui-même réalisateur passablement aca-démique de films à thèse – qui d'ailleurs en assura finalement le montage. Un en-fant attend fut dans un premier temps re-nié par Cassavetes, qui malgré tout n'en-leva pas son nom du générique et qui se montra moins sévère à la fin de sa car-rière, trouvant le film pas si mal, mais beaucoup plus sentimental que s'il en avait gardé le contrôle de bout en bout.En tant que spectateur, on est en-core moins sévère que l'intraitable Cassavetes  : on n'a pas trouvé le film sentimental, on l'a trouvé émouvant, voire bouleversant, abordant avec une sensibilité admirable le thème difficile

de l'enfance handicapée mentale, et célébrant avant tout une valeur essen-tielle que le cinéaste a mise au centre de tous ses films : l'amour. Un enfant at-tend est incontestablement plus sage, plus classique que les chefs d'œuvre de Cassavetes que sont Une femme sous influence ou Opening night mais c'est quand même un film formidable, porté par deux grands acteurs : Burt Lancaster et Judy Garland, dont c'est le dernier rôle.

Ted Widdicombe confie son fils Reuben, qu'il considère comme retardé, à la charge de la clinique du Docteur Matthew Clark, qui accueille les enfants souffrant d'un handicap mental, dont les autistes et les trisomiques. Deux années passent sans que l'enfant fasse de progrès, il de-meure rebelle et refuse de s'intégrer à toute vie de groupe.Jean Hansen, une musicienne désabu-sé, est engagée dans la clinique pour des séances de musicothérapie. Elle s'at-tache bientôt à Reuben, et veut absolu-ment, contre l'avis du docteur, rencontrer les parents, dont elle perçoit qu'ils ont sans doute, consciemment ou non, rejeté leur enfant…

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Écrit et réalisé par Emmanuel FINKIELFrance 2017 2h06avec Mélanie Thierry, Benoît Magimel, Benjamin Biolay, Shulamit Adar, Grégoire Leprince-Ringuet, Emmanuel Bourdieu…D'après le récit de Marguerite Duras (Editions P.O.L.) Le premier plan saisit par sa beau-té épurée. Un profil. Un grain de peau. Une énigme. Sans effet superflu, on est immédiatement happé. Nous voi-là en immersion totale avec Marguerite et ses méandres. C’est passionnant. Emmanuel Finkiel s'est emparé de La Douleur et nous offre un récit et un per-sonnage extraordinairement vivants, complexes, ancrés dans leur époque. Il met Marguerite en lumière sans angé-lisme, ne cachant ni sa fascination ni ses agacements face à cette femme qu’il nous livre sans fard, avant qu’elle soit devenue un monument de la littérature. Inutile d’avoir lu Duras pour être trans-porté. On peut même être complète-ment hermétique à son œuvre et se lais-ser emporter : on a au moins un exemple parmi nous…

1944 à Paris. Nous sommes dans cette période charnière de l’Histoire de France où on ne sait pas vers quoi elle va basculer. Dans le Paris occupé par les Allemands, chacun avance précau-tionneusement, tel un funambule, avec

la peur au ventre. Malgré les rires et les flonflons des luxueux troquets où les collabos s’affichent avec les nazis, on sent que tous tentent de noyer la frousse qui les gagne dans le fond de leur verre, de leur panse, dans une voracité débri-dée alors que la majeure partie du pays est affamée. Ambiance trouble qui voit se côtoyer ceux qui ont fait de l’ennemi leur ami, ceux qui ont tout bonnement obéi et ceux qui résistent clandestine-ment. Avant d’être arrêté par la Gestapo, Robert Antelme, le mari de Marguerite, faisait comme elle partie des résistants. Désormais elle l’attend. Une attente qui est comme un gouffre de douleur, chaque jour plus profond. Ce n’est pas une attente inactive : Marguerite conti-nue de participer au groupe de résis-tance sous couvert de son travail au Comité d’Organisation du Livre, créé par le régime de Vichy. Elle se lamente sur sa solitude, mais la main de son col-lègue Dionys (troublant Benjamin Biolay) qui se pose sur son cou laisse entrevoir avec pudeur une vérité plus composite.

Il y a quelque chose d'insaisissable dans cette femme, Duras, qui nous fait parta-ger son intimité. Dans sa manière de ré-écrire en permanence son récit tout en affirmant ne pas l’avoir retouché mais en laissant sciemment traîner des indices qui prouvent l’inverse. Toutes ces contra-dictions qui la traversent la rendent ter-riblement humaine, nous ramènent aux

nôtres. Marguerite ne sait pas faire dans la mesure. Tantôt tourbillon, vibrante, sé-ductrice, menteuse… Tantôt calme plat, froide, distante, trop lucide. Et Mélanie Thierry (qui l’interprète) excelle dans ce yoyo perpétuel des sentiments : splen-dide, agaçante, touchante, capable de faire tourner la tête à n’importe qui. Alors, quand Marguerite croise Rabier, l’agent qui a arrêté son mari, elle use de ses artifices pour qu’il consente à l’aider. Mais, tout subjugué par l’écrivaine, tout passionné de littérature soit-il, Rabier n’en reste pas moins un homme dange-reux. S’engage entre eux une sorte de jeu sournois. Rabier multiplie les ren-dez-vous improbables, Marguerite les redoute et les espère. Tous deux, ambi-gus dans cet affrontement cruel et ex-citant qui les pousse l’un vers l’autre. On frémit pour Marguerite que l’on dé-couvre fragile sous ses certitudes affi-chées. On s’étonne d’être touché par ce salaud de Rabier – Benoît Magimel est grandiose dans le rôle, aussi émouvant que dégueulasse et quelques répliques qui n’étaient pas chez Duras rajoutent en subtilité. Sans être une victime, il est aussi un homme bafoué par les classes sociales supérieures.Mais le plus criant devient le silence de l’État face à toutes ces femmes qui at-tendent, l’extrême violence du pouvoir, de tous les pouvoirs. Marguerite, de per-sonnage central, devient un petit point flouté, un fragment perdu dans cette humanité vacillante qui évite d’affronter son reflet dans le miroir.

Un film magnifique, contemporain, ac-cessible : clin d’œil aux enseignants de français ou d’histoire que nous encoura-geons à nous solliciter pour des séances scolaires à volonté. Contactez-nous au 04 67 52 32 00.

LA DOULEUR

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VIDÉO EN POCHE

Venez au ciné remplir une clé USB avect des Vidéos en Poche, il y en a pour tous les goûts et les âges. 5€ PAR FILM, sans DRM et en HD quand c’est possible, la résolution minimale étant celle d’un DVD !

MEKONG STORIESMariano Cohn et Gaston Duprat

Vietnam, au début des années 2000. L’Etat lutte contre la crise économique et la surpopulation. Originaire de la campagne, Vu, 20 ans, débarque à Saïgon pour étudier la photographie. Il loue une chambre dans une maison au bord du fleuve, partagée avec deux amis, Thang, serveur dans une boîte de nuit, qui vit de petits trafics, et Cuong, chanteur de rue. Armé d’un nouvel appareil photo offert par son père, Vu part à la découverte des environs. Le jeune homme est vite attiré par le séduisant Thang. Avec lui, il découvre le monde de la nuit et fait bientôt la rencontre de Van, une jeune femme qui rêve de devenir danseuse de ballet.

Avoir 20 ans à Saïgon au début des années 2000, c’était l’âge des possibles à plus d’un titre : la récente levée de l’embargo américain faisait changer la vie à toute vitesse, explique le réalisateur. Le film incarne ce moment charnière à travers une bande de jeunes gens, logés chichement au bord du Mékong. Un trio se détache : l’apprenti photographe, probable double de l’auteur, l’aspirante danseuse et le petit trafiquant. Une fille, deux garçons et trois possibilités, au moins : le désir circule, des nuits chaudes dans les boîtes de nuit, récemment ouvertes, aux siestes dans la nature, presque sur l’eau. L’angoisse existentielle et amoureuse flotte au-dessus des corps peu vêtus : qui aimer et comment trouver sa place, ou, à défaut, survivre, dans un monde qui se libère, pour le meilleur et pour le pire ?

et plus de 200 films au catalogue : www.videoenpoche.info

fique Un homme intègre). On se dit même que c'est peut-être le cinéma au monde qui produit les plus grandes œuvres morales, voire métaphysiques et par là même universelles, affrontant des ques-tions auxquelles chaque être humain est confronté tôt ou tard, où qu'il vive sur le globe. Dans Cas de conscience, du nou-veau venu Vahid Jalilvand, il est question de responsabilité, de culpabilité, de cou-rage face à un fait grave, un accident ap-paremment bénin qui tourne au drame.Le docteur Ariman est un médecin hospi-talier respecté. Un soir, il rentre tard chez lui en voiture quand, serré de trop près par un conducteur sans gêne, il fait un écart et renverse un scooter transpor-tant toute une famille, un couple et ses deux enfants. Tout le monde semble in-demne, même si le jeune Amir, 8 ans, se plaint d'une légère commotion à la tête. Le médecin se propose de l'amener à l'hôpital dans sa voiture mais le père re-fuse. Il semble pressé, fermé, peu enclin à quelque formalité que ce soit. Après maintes tergiversations, il accepte un petit dédommagement en espèces, pro-mettant de faire lui-même un crochet jusqu'à l'hôpital tout proche par sécuri-té. Mais le Docteur Ariman voit le scooter passer devant la clinique sans s'arrêter…

Deux jours après, en prenant son ser-vice à l'institut médico-légal, le docteur aperçoit la famille dans la salle d'attente, sans Amir. Il apprend que l'enfant est dé-cédé dans la nuit. Ariman ne se montre pas, ne va pas voir les parents, ne prend pas le risque de raconter l'accident à ses collègues, pas même à l'expérimen-

tée et compréhensive Sayeh, dont il est très proche : c'est elle qui va procéder à l'autopsie. L'examen révèle que la cause du décès est une intoxication alimen-taire provoquée par de la viande de pou-let avariée que le père désargenté avait achetée à un employé ripou d'un abat-toir. Mais Ariman ne parvient pas à se sa-tisfaire de ce diagnostic qui pourtant le dédouane : et si sa collègue, abusée par les symptômes dominants de l'intoxica-tion, n'avait pas cherché suffisamment pour pouvoir déceler une lésion cervicale qui aurait précipité la mort du garçon ? Le doute et la culpabilité vont ronger le médecin, d'autant que le malheureux père est du coup tenu responsable par sa femme du décès de leur fils et qu'un engrenage terrible va se refermer sur lui.

Dramaturgie haletante, interprétation re-marquable, Cas de conscience est un thriller moral ancré dans un contexte so-cial très réaliste : la misère de la famille du malheureux enfant est décrite sans fard, de même que le système D qui règne en maître et qui nourrit la corruption. On notera le rôle essentiel des femmes : ce sont la collègue du docteur et la mère de l'enfant qui réveillent l'âme et le courage des hommes. Et surtout le réalisateur montre à quel point on se grandit à la confrontation des autres, y compris ceux que l'on aurait tendance à sous-estimer. Le docteur Ariman, face à sa lâcheté et ses remords, retrouve un sens à la vie en soutenant celui à qui il craint d'avoir volé le fils, et le face à face entre les deux per-sonnages est bouleversant.

CAS DE CONSCIENCE

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UNE SAISON EN FRANCE

Écrit et réalisé par Mahamat-Saleh HAROUNFrance 2017 1h41avec Eriq Ebouaney, Sandrine Bonnaire, Aalayna Lys, Ibrahim Burama Darbœ, Bibi Tanga, Léonie Simaga…

C'est le nouveau film, tourné en France, d'un des plus grands cinéastes africains actuels. Après avoir sublimé et exploré sans complaisance, dans plusieurs films mémorables (Daratt, saison sèche, Un homme qui crie, Grigris), la réalité et les fictions de son Tchad natal, Mahamat-Saleh Haroun, qui vit le plus souvent en France, a pensé qu'il fallait maintenant qu'il « questionne la mémoire de l'exil qui se fabrique ici, qu'il montre des vi-sages qu'on ne voit pas souvent dans le cinéma dominant. » C'est ainsi qu'il consacre aujourd'hui ce beau film à ceux qui ont quitté l'Afrique pour échapper à la guerre ou au désespoir économique et qui tentent de trouver une place dans un pays qui se revendique de la liberté, de l'égalité et de la fraternité, un pays qui sut être le refuge de bien des exilés…

C'est donc l'histoire d'Abbas, qui était professeur de français en Centrafrique

et qui a fui avec sa famille la guerre civile dans son pays, un pays artificiellement créé, marqué par l'impérialisme français et ses fantoches (souvenons-nous du tristement fameux Bokassa). L'épouse d'Abbas est morte en chemin – son fan-tôme hante nombre de ses nuits –, le laissant père esseulé de deux jeunes enfants, l'exubérante Asma et le discret Yacine. Sur ces ruines, Abbas tente de reconstruire sa vie à Paris, travaillant sur un marché où il a rencontré Carole, une fleuriste qui s'est attachée à cet homme courageux et cultivé.Comme son titre l'indique, le film se dé-roule sur une saison, un hiver qui sé-pare peut être l'espoir des désillusions, le temps de l'interminable attente admi-nistrative, entre le dépôt d'une demande et la réponse de la commission nationale du droit d'asile.

Une saison en France montre parfaite-ment les réalités quotidiennes de ces exilés, leur vie toujours en suspens : les enfants tentent d'avoir une vie d'élèves français comme les autres tout en sa-chant qu'elle sera rythmée par les dé-ménagements intempestifs ; Abbas et son ami Étienne – également demandeur

d'asile, intellectuel comme lui, qui a trou-vé refuge dans une cabane de fortune – attendent tous deux désespérément de savoir enfin s'ils vont être régularisés ou expulsés, dans l'incapacité de faire quelque projet que ce soit, dans l'im-possibilité de seulement s'engager dans une histoire d'amour. Carole, de son cô-té, attend elle aussi dans l'angoisse que la situation de l'homme qu'elle aime s'éclaircisse, pour construire avec lui un éventuel avenir.Il est ici essentiellement question de di-gnité, celle qu'on tente de préserver malgré les conditions matérielles diffi-ciles, malgré les humiliations, malgré les tracasseries de l'administration et de la police. Avec en permanence les ques-tions qui taraudent : et si la vie ici était impossible ? Et s'ils avaient fait le mau-vais choix, malgré la guerre là bas ? Et si le bonheur était ailleurs ?

Quand on regarde les implacables sta-tistiques qui placent la France dans les derniers rangs des pays occidentaux pour l'accueil des réfugiés, on se dit tris-tement qu'on a une partie de la réponse. Et le film de Mahamet-Saleh Haroun pa-raît décidément salutaire.

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Vahid JALILVANDIran 2017 1h44 VOSTFavec Amir Agha'ee, Navid Mohammadzadeh, Hediyeh Tehrani, Zakiyeh Behbahani, Alireza Ostadi…Scénario d'Ali Zarnegar et Vahid Jalilvand

Festival de Venise 2017, section « Orizzonti » : Prix du Meilleur réalisateur et du Meilleur acteur pour Navid Mohammadzadeh

Lorsqu'on apprend à le connaître, film après film, réalisateur après réalisateur,

il est toujours étonnant de constater à quel point, dans ce pays que l'on pré-sente comme fermé, frappé par la cen-sure, gangréné par l'obscurantisme re-ligieux, le cinéma iranien est riche et passionnant (on en a eu une nouvelle preuve tout récemment avec le magni-

5 AVENUE DU DOCTEUR PEZET 34090 MONTPELLIER / TÉLÉPHONE : 04 67 52 32 00 et 04 67 87 91 85 (répondeur) / www.cinemas-utopia.org

N°104 du 31 janvier au 6 mars 2018, Entrée : 6,50€ / le midi : 4€ / Abonnement : 47€ les dix places

Cinéma garanti sans 3D

CAS DE CONSCIENCE