2011 nomisma pont et bithynie

Productions et circulations montaires dans le Pont, la Paphlagonie et la Bithynie: deux horizons diffrents ( Ve- Ier s. av. J.-C.)Franois de CALLATA Bibliothque royale de Belgique

RSUM

La rgion pontique fut montarise beaucoup plus tard que la Bithynie, sa voisine. Pour bien prendre la mesure de cette diffrence, il convient daller au-del de la simple existence de frappes montaires. Il faut se demander quels types de monnaies et de trsors nous avons affaire et ne pas oublier le tmoignage de Xnophon. The Pontic area was monetized much later than the neighbouring Bithynia. To realize how much it was the case, we need to go further than to consider the simple existence of monetary issues. We need to observe what kind of coins were issued, what kind of hoards were recovered and not to forget the testimony of Xenophon. . , . , .

SUMMARY

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Lorsque, en 111 apr. J.-C., Pline le Jeune fut nomm par Trajan lgat imprial de la province de Pont-Bithynie, alors runie depuis peu, il est loisible de penser que prs de 175 ans de romanisation avaient effac les diffrences de dpart entre ce qui fut durant des sicles deux royaumes voisins, souvent rivaux 1. Une des diffrences les plus fondamentales concerne la monnaie dont il fut fait tt un usage rel et, peut-on penser, important par les habitants de Bithynie alors que ceux du Pont durent attendre le dbut du Ier s. av. J.-C. sans doute pour prtendre y avoir un accs rgulier.Toutefois, pour bien prendre la mesure de cette diffrence assez radicale dhorizons montaires, il convient de ne pas se laisser abuser par un regard superficiel portant sur la simple existence de frappes montaires ici ou l. Il faut, pour aller au-del de ce regard trompeur, observer les types de production, interroger les trsors et relire les auteurs. Par bien des aspects, la prsente recherche largit le propos dune contribution rcente en confrontant la montarisation tardive du Pont la situation en Bithynie 2. On relvera ce propos que, curieusement, les monnayages de Bithynie, tant civiques que royaux, ont peu excit jusquici lintrt des numismates 3. Quant la Paphlagonie, dont le nom figure sur la plupart des cartes du monde grec et quvoque dj Homre dans lIliade, il sagit pour lessentiel dune fiction historique, dont les contours tant chronologiques que gographiques se laissent peu apprhender. Ainsi la cit de Sinope tait bien pontique au IIe s. alors mme que les Pylmnes rgnaient sur la Paphlagonie. I. LES MONNAYAGES DES CITS On ne dispose ce jour daucune monographie qui fournisse ltude de coins dun atelier civique tant pour le Pont que pour la Bithynie. Le tableau ci-contre (fig. 1) donne les dates prsumes par une srie douvrages de rfrences comme tant celles du dbut du monnayage dans les cits (classes dOuest en Est):

1. Je tiens exprimer ma reconnaissance envers Thomas Faucher qui a ralis pour moi un fond de carte spcifique et est lauteur de la mise en page des deux cartes de cette tude. 2. CALLATA 2007 ; voir dj CALLATA 2002 (en bulgare). 3. Sur bien des points, le Recueil fait encore autorit. Voir aussi IMHOOF-BLUMER 1898, SCHNERT-GEISS 1978 et EHC, 130-131.

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MONNAIES DANS LE PONT, LA PAPHLAGONIE ET LA BITHYNIE

457Bronze fin IVe (R, P)IVe

Atelier Bithynie Chalcdoine Apame Myrleia Astacos Kios Dia Hracle du Pont Tios Paphlagonie Ssamos Amastris Cromna Sinope Pimolisa Pont Laodikeia Amaseia Amisos Gazioura Comana Cabeira Chabacta Taulara Pharnakeia Trapzonte

Or ca 321 (W) -4 IVe IVe IVe IVe Ve

Argent (W, R, K), fin Ve (S) ca 387 (P) Ve

(R, K), ca 300 (W) -

(R) -

ca 350 (R, K), ca 321 (W) finVe

ca 350 (K), fin IVe (R), IIIe (W) ca 85 (W, S)IVe

(R, P, S), ca 415 (W, K) (R, K), fin IVe (P)IIIe

(W, R), ca 337 (P, S) ca 289 (K)IVe

(W, R), IIIe (P, S)

IVe

(W, R), fin IVe (P, S) (R), fin IVe (W, P) ca 120 (P, S) ca 100 (P, S) ca 100 (P, S) ca 120 (P, S) ca 125 (P, S) ca 100 (P, S) ca 85 (P, S) ca 120 (P) ca 100 (P, S) ca 120 (P) ca 85 (P, S) 5

ca 300 (R, P, S), dbut

(W)

ca 300 (R, P, S), dbut IIIe (W)IVe

(R, P, S), fin IVe (W) (R, K), ca 490 (P, S), ca 480 (W) -

fin Ve (P), ca 400 (W), IVe (R, S) (W, R, P, S)

Fig. 1. Date des premiers monnayages du Pont, de la Paphlagonie et de la Bithynie (W = WROTH 1889 ; R = Recueil ; K = KLEINER 1957 ; P = PRICE 1993; S = STANCOMB 2000).

4. On possde de trs rares statres aux types dAlexandre attribus Sinope (STANCOMB 2000, n 782). 5. PRICE 1993, n 1274 est dat de faon curieuse de la moiti du IVe s. et attribu Pharnakeia. Je ne crois pas quil sagisse du mme atelier que celui ayant frapp des bronzes pontiques. STANCOMB 2000, n 722 est un unicum qui parat bien pontique et est dat du IIe s.BCH Suppl. 53

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Lor nest frapp qu Kios, qui nappartient pas lhorizon du Pont-Euxin. Largent est monnay par 9 ateliers, soit 3 en Bithynie (Chalcdoine, Kios et Heracle du Pont), 4 en Paphlagonie (Ssamos, Amastris, Cromna et Sinope) et 2 dans le Pont (Amisos et Trapzonte). Les plus prcoces semblent avoir t Sinope dabord, ds le tout dbut du Ve s. sans doute, devant Herakleia Pontica, Amisos et peut-tre Chalcdoine (fin du Ve s.). Qui sen tient l nest pas amen se reprsenter des panoramas montaires diffrents entre rgions. Tout change lorsque lon considre le bronze. On observe prsent une coupure franche entre la Bithynie largie vers lEst jusqu Cromna dune part, et le Pont tendu vers lOuest jusqu Sinope de lautre. La plupart des cits de Bithynie monnayaient le bronze ds la fin du IVe s. (Chalcdoine, Apame Myrleia, Kios, Hracle du Pont, Ssamos, Amastris et Cromna) l o aucune cit situe lEst de Cromna nest rpute avoir procd des missions dans ce mtal avant 125 av. J.-C. Il y a l un cart chronologique de prs de deux sicles, sinon davantage encore dans certains cas. La carte ci-dessous (fig. 2) permet de visualiser cette coupure et de prendre la dimension du retard prsent par la frappe du bronze dans le Pont.Tyras s.

IIIe

Olbia ca 400

Panticape ca 400 Kerkinitis ca 350 Istros ca 350 Chersonessos ca 350 Thodosia ca 350

Phanagoria Fin du IVe s.

Tomis Fin du IIIe s.

Callatis IIIe s. Odessos ca 270 Dionysopolis IIIe s. Mesembria ca 350 Apollonia Fin du IVe s. Dioscourias ca 100

Cromna Amastris ca 325 ca 300 Hracle ca 350 Byzance Fin du IVe s. chacdoine Fin du IVe s. Ssamos Tios ca 325 IIIe s. Pimolisa ca 90

Sinope ca 110 Amisos ca 110 Chabacta ca 90 Laodikeia ca 90

Pharnakeia ca 90

Amaseia ca 100

Cabeira ca 90 Taulara ca 90

N4000 m 3000 m 2000 m 1000 m 500 m 200 m 0m

Gazioura Comana ca 90 ca 90

Atelier ca 90 Date de la premire mission 0 100 km

2010 Th. Faucher - ANR Nomisma

Fig. 2. Dates prsumes dapparition des premires monnaies de bronze dans les ateliers du Pont-Euxin.BCH Suppl. 53


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Cette coupure gographique se double dune coupure chronologique tout aussi nette, selon que lon considre les monnayages frapps dans ces rgions avant lavnement de Mithridate Eupator ou aprs, cest--dire avant ou aprs ca 120 av. J.-C. lOuest, partir de Cromna et jusqu Chalcdoine, on enregistre de nombreuses frappes dargent et de bronze avant 120 av. J.-C. et cela ds le IVe s. au moins. Les frappes sinterrompent en revanche dans le courant du IIe s., une interruption qui va perdurer tout au long du Ier sicle. On assiste un scnario trs diffrent lEst: labsence dmissions de bronzes avant 120 av. J.-C. est suivie par une efflorescence lpoque de Mithridate qui voit une douzaine de lieux de production au travail.Bru Chalcdoine Astacos Kios Apame Myrleia Hracle du Pont Tios Ssamos Amastris Cromna Sinope Amisos Trapzonte Total 5 1 6 4 1 5 1 34 18 75 Cop 14 16 2 21 1 7 30 11 102 Lon 62 ? ? 74 3 5 14 28 161 74 3 424+ Oxf 21 1 15 3 42 2 2 10 75 19 190 Par 54 2 36 16 69 2 5 7 ? 88 38 2 319+ Sto 3 6 2 1 2 1 6 4 25 Aul 15 6 2 26 2 3 7 28 10 99 Sta 8 36 1 3 5 4 41 10 108 Total 179 4 82+ 29+ 274 6 19 39 58 463 184 5 1 342

Fig. 3. Reprsentation des monnayages de cits avant ca 120 av. J.-C. dans une srie de collections publiques et prives (Bru = Bruxelles [comptage]; Cop = Copenhague = BREITENSTEIN 1944; Lon = Londres = PRICE 1993; Oxf = Oxford = ASHTON, IRELAND 2007; Par = Paris, BnF [comptage]; Sto = Stockholm= WESTERMARK, NILSSON 1991 ; Aul = Aulock = KLEINER 1957; Sta = STANCOMB 2000).

Ainsi quil ressort du tableau ci-dessus (fig. 3), la plupart des cits qui ont battu monnaie avant la fin du IIe s. se situent lOuest de Sinope (8 sur 11) 6. Avec 463 monnaies rpertories dans ce tableau, Sinope apparat comme le centre montaire le plus productif, assez loin devant Hracle du Pont (274), Amisos (184) et Chalcdoine 7.

6. Pour les collections, voir aussi CORSTEN 1996 (Universit de Cologne: 13 monnaies royales bithyniennes, 2 Apame Myrleia, 8 Hracle du Pont, 4 Chalcdoine). 7. Ce nest pas le lieu de sinterroger sur la pertinence de lattribution Sinope du monnayage cens y avoir t produit au Ve s. (Droit: tte daigle [souvent trs schmatique] et petit dauphin dans le champ infrieur / Revers: carr creux quadripartite orn ou non de marques secondaires). Sur ce monnayage, voir HIND 1976 et PFISTERER 2000.BCH Suppl. 53

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Une tude publie 8 et une tude indite en cours ( vrai dire entame il y a longtemps et non poursuivie depuis plusieurs annes) permettent de se faire une ide des masses montaires mises par latelier de Sinope (fig. 4):n Tte daigle / Carr creux (Ve s.), PFISTERER 2000 Tte de nymphe / Aigle sur dauphin (IVe s.) sans aplustre Tte de nymphe / Aigle sur dauphin (IVe s.) avec aplustre 152 115 1,3 ca 373 488 108 4,5 ca 122 593 d 163 n/d 3,5 D (Carter) ca 200

Fig. 4. Production montaire attribue Sinope (Ve-IVe s.).

nouveau, il convient daller au-del de ces nombres pour prendre conscience dune diffrence fondamentale de facis entre les deux aires dj dfinies, jusqu Cromna dune part, partir de Sinope de lautre. Les deux grandes cits ctires pontiques 9, Sinope et Amisos, nont mis que de la grosse monnaie dargent au Ve et au IVe s. 10. Quel que soit le nom que lon donne ces pices de prs de 6 g (des drachmes ou des sicles), ce monnayage nest doubl daucune subdivision en argent, moins encore dmissions de bronzes. Ds lors, il est assur quil na pu servir faciliter les transactions quotidiennes locales. En dpit de leurs lgendes, qui mentionnent clairement Sinope et Amisos 11, et dune riche onomastique qui renvoie clairement aux citoyens de ces cits, ces monnayages paraissent surtout avoir servi les desseins du pouvoir perse. tout le moins ce pouvoir avait-il la capacit de rquisitionner quand bon lui semblait les outils de production montaire ainsi que lillustre un clbre stratagme de Datams, relat tant par le Pseudo-Aristote que par Polyen 12. Vers 370-360 av. J.-C., Datams tait sur le point dtre abandonn par ses soldats faute de les avoir pays. Cest alors quil parvint les garder sous son contrle en leur promettant de recevoir bientt leur paye. En ralit, il pilla plusieurs temples et les conserva encore son service sans les rtribuer en leur disant que cet argent devait dabord aller Amisos pour y tre monnay 13. Le nom du satrape Datams apparat bel et bien en grec sur des monnaies de Sinope (ATA ou ATAMA) ainsi que dautres noms, en aramen, de satrapes perses comme celui

8. PFISTERER 2000. 9. Latelier de Trapzonte qui complte le tableau, nest plus document aujourdhui que par de trs rares exemplaires. Notre fichier compte 5 exemplaires et 2 coins de droit pour les sicles, 5 exemplaires et 4 coins de droit pour les quarts de sicles. 10. Sur le monnayage de Sinope au IVe s., voir SIX 1885, ROBINSON 1920 et 1930. 11. Appels sur les monnaies Le Pire puisque tel fut son nom aprs quune clrouquie athnienne y fut fonde dans le courant du Ve s. 12. Pseudo-Aristote, conomique II 2, 24a ; Polyen, VII 21, 1. 13. Pseudo-Aristote, ibid. (trad. dA. WARTELLE, CUF [1968], p. 25).BCH Suppl. 53


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peut-tre de Sysinas (?), le fils de Datams, et celui trs certainement dAriarathe. On ajoutera que, grce une double et trs particulire identit de montaires, nous pouvons tenir comme trs probable que latelier dAmisos fut galement utilis au IIIe s. par le roi du Pont Mithridate III lorsque, vers 220 av. J-C., ce dernier dcida de procder la frappe de statres son nom. En outre, les symboles royaux pontiques de ltoile huit rayons et le double croissant figurent sur une varit de sicles de poids rduit dAmisos. Cette situation va voluer aux IIIe et IIe s. Tant Amisos que Sinope frapperont alors de largent de poids plus rduit. Sinope, les catalogues optent pour les appellations hmidrachmes (ca 2,403,00 g) et quarts de drachmes (ca 1,50 g), avec mme dans certains cas apparemment trs rares des oboles 14. Pour Amisos, on parle de sicles de poids rduit (ca 3,50-4,00 g) ou de demisicles de poids rduit (ca 1,50-1,80 g). Il est possible que ces pices aient particip dun dbut de montarisation des changes locaux. Toutefois, en labsence de bronzes ou de petites monnaies dargent mises en abondance, cette proposition demande tre confirme. linverse, la cte occidentale du Pont-Euxin, de Cromna Chalcdoine, a non seulement t caractrise par la frappe de nombreuses missions de bronze ds avant 300 av. J.-C. mais aussi par la frappe dune gamme de dnominations en argent quon chercherait en vain lEst. Hracle du Pont au IVe s., on trouve des ttradrachmes, des drachmes, des hmidrachmes, des dioboles et des oboles 15. Chalcdoine, ce sont des hmioboles dargent qui sont frapps ds le IVe s. 16. De petites monnaies de bronze parsment aussi les catalogues, pesant parfois aux alentours de 1 g comme Hracle ou Tios 17. Il est encore malais de quantifier tout ce matriel. Pour les statres dargent frapps Amastris aux types Tte imberbe coiffe dun bonnet de cuir / Aphrodite assise sur son trne, une rcente tude a distingu 21 coins de droit (et 29 revers) pour 108 exemplaires, soit un nombre originel de coins (D) proche de 25 sans doute 18. Tout rcemment, William Stancomb a donn une tude approfondie du monnayage de bronze dHracle du Pont 19. On sait ce monnayage bien reprsent dans les mdailliers (voir fig. 3). Sur les 152 monnaies dHracle que comptent le British Museum, lAshmolean Museum et la collection Stancomb, il sen trouve 68 (45%) en bronze, ce qui fait sans doute de latelier dHracle latelier le plus productif de la rgion dans ce mtal. Ltude de Stancomb distingue 11 types quil date de ca 364-346 (1er type) 100-70 (11e type). Les datations pour ces sries doivent tre manies avec prudence, en particulier celles relatives aux IIe-Ier s. qui sont loin dtre assures 20. Les donnes recueillies par Stancomb se prsentent ainsi (fig. 5):

14. 15. 16. 17. 18. 19. 20.

PRICE 1993, n 1513 (0,78 g) et STANCOMB 2000, n 786(0,88 g). PRICE 1993, n 1593 et STANCOMB 2000, nos 813-814 ; voir la planche de FRANKE 1966, 133. PRICE 1993, n 92 et STANCOMB 2000, nos 11-12. Hracle du Pont : PRICE 1993, n 1638 ; Tios : STANCOMB 2000, n 844. CALLATA 2004b. STANCOMB 2009 ; voir dj KAPOSSY 1971. Latelier dHracle du Pont serait le seul de Bithynie avoir encore frapp au-del de 150.

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Sries 1a (ca 364-346) 1b (ca 364-346) 2 (ca 346-305) 3 (ca 337-305) 4 (ca 301-281?) 5 (ca 281-250) 6 (ca 250) 7 (ca 250-200?) 8 (ca 250-200?) 9 (ca IIe-Ier) 10 (ca 150-100) 11 (ca 100-70) Total 1-11 (sauf 9)

n 1 1 6 9 10 13 5 17 4 72 14 3 83

d 1 1 2 2/3 3 4 3 7 2 ? 10 2 35

n/d 1,00 1,00 3,00 3,00 3,33 3,25 1,66 2,49 2,00 ? 1,40 1,50 2,37

Fig. 5. Les missions en bronze dHracle du Pont.

Quoiquil soit prfrable de ne pas se prononcer sur lampleur de plusieurs sries (1a, 1b, 6, 9, 10 et 11), le sentiment qui domine est celui dun monnayage qui est susceptible davoir entran la mise en service de nombreux coins de droit (de lordre de la centaine?). En terme de montarisation, nous avons donc affaire deux horizons rsolument diffrents tant sous langle des mtaux frapps que sous celui de la gamme des valeurs mises. Cet tat des choses, qui aura longtemps prvalu, du dbut du IVe s. jusqu la fin du IIIe s. au moins, est trs diffrent de ce qui prvaudra sous Mithridate Eupator, savoir une cessation des frappes lOuest et une production abondante du bronze dans le Pont, lEst. En ralit, beaucoup de monnayages de cits paraissent avoir cess ds avant lavnement de Mithridate Eupator. Les villes de Bithynie ne frappent plus monnaie dans la seconde moiti du IIe s. loppos, les territoires sous contrle pontique, qui navaient jusque l pas connu la frappe du bronze, vont alors connatre une spectaculaire efflorescence avec pas moins de douze lieux dmissions attests (fig. 6) 21.

21. Sans doute mme un treizime publi tout rcemment, voir IRELAND, COOK 2008.

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Bru Dia Amastris Sinope Pimolisa Laodikeia Amaseia Amisos Gazioura Comana Cabeira Chabacta Taulara Pharnakeia Total 2 3 12 1 1 4 71 2 1 2 4 103

Cop 2 12 2 3 42 2 2 1 4 1 4 75

Lon 7 10 30 4 4 7 107 4 6 9 11 7 10 216

Oxf 3 9 32 1 3 110 1 6 9 5 3 182

Par 6 16 34 14 15 103 8 13 17 17 7 14 264

Sto 1 4 1 25 1 1 1 34

Aul 4 5 3 2 18 2 2 2 3 1 2 44

Sta 4 8 13 1 1 3 40 2 2 3 2 1 2 82

Total 22 53 142 12 22 36 516 19 33 43 45 17 40 1 000

Fig. 6. Reprsentation des monnayages de cits aprs ca 120 av. J.-C. dans une srie de collections publiques et prives.

On sait que les types varis mis, dans les deux premires dcennies du Ier s. sans doute, sont communs aux diffrents ateliers montaires pontiques et que cette seule communaut de types dit assez combien ces frappes furent places sous contrle royal. On sest avis plus rcemment de leur caractre probablement militaire, non seulement parce que nous disposons aujourdhui de nombreux tmoignages dmissions de bronze en ce sens (en particulier le paiement de garnisonnaires: en Eube, Athnes, Cabyl), mais aussi parce que plusieurs de ces ateliers ne renvoient pas des cits pas mme des villages semble-t-il mais des forteresses comme Pimolisa et Taulara 22 alors que, inversement, une grande cit comme Zleia est dnue de toute mission de ce type. La provenance, parfois massive comme dans le Bosphore Cimmrien, de ces bronzes pontiques loin de leur zone dmission nous oriente galement vers une finalit militaire (voir aussi Olbia, les rives occidentales du Pont, Pergame, Dlos, Athnes, le Pire et mme le Tibre Rome) 23. Les rares tentatives dtude de coins menes jusquici semblent devoir restituer des masses trs importantes de monnaies. Il sagit sans doute de ne pas se laisser trop impressionner par le trs petit nombre de liaisons de coins dtectes dans la publication du trsor de Sivas 24. Un sondage effectu22. CALLATA 2003, 225-226. 23. Le trsor IGCH 1393 aurait contenu pas moins de 5 000 de ces bronzes. Contrairement sa provenance suppose (lAsie Mineure), il proviendrait de Grce du Nord. Cest en tout cas ce qui se dduit de la prsence en grand nombre de bronzes de Marone que Tony Hackens a vus chez les antiquaires dAthnes en 1969 ainsi quil a bien voulu men faire part (information non reprise par lIGCH ; voir CALLATA 1997, 297, n. 123). 24. TEKIN 1999, 106 ; sur les 768 bronzes aux types gide / Nik (718 ex.) et Athna / Perse (50 ex.), on dnombrerait 753 coins de droit, soit un rapport n/d de 1,02 et ds lors un nombre originel de droits jamais enregistr nulle part ailleurs en numismatique grecque se comptant peut-tre en dizaines de milliers!BCH Suppl. 53

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sur les bronzes de Pharnakeia aux types Tte de Zeus / Aigle sur un foudre donne des rsultats plus ralistes: 12 coins de droit pour 42 monnaies. En imaginant que ce rsultat soit reprsentatif des distributions observes ailleurs et en estimant la part de ce monnayage de Pharnakeia 1% de toutes les frappes de bronzes pontiques (voir infra fig. 7, dernire colonne), une estimation qui demande clairement tre affine, on obtient de toute faon un nombre originel de plus de 1 000 coins de droit pour ces bronzes pontiques 25. Leur valeur fiduciaire nest pas connue. Les bronzes de ca 8 g sont souvent appels ttrachalques dans la littrature mais on possde plusieurs varits, en particulier aux types Tte dArs / pe dans un carquois, qui mentionnent les lettres IB au revers, soit le nombre 12, et dans lesquels il est tentant de voir des monnaies valant une obole et demi (12 chalques). Les avoirs des muses dAmasya (lantique Amaseia, la premire capitale des rois du Pont) et de Samsun (lantique Amisos) ont trs opportunment t publis 26. De mon ct, jai constitu une base de donnes qui regroupe les bronzes pontiques dune srie de cabinets des mdailles (Athnes, Bruxelles, Cambridge, Londres, New York, Oxford, Paris, Vienne, etc.) ainsi que ceux illustrs dans de nombreux catalogues de vente. Le tableau ci-dessous (fig. 7) donne pour chacun de ces trois ensembles le dtail par atelier montaire:Atelier Amaseia Amastris Amisos Cabeira Chabacta Comana Dia Gazioura Laodikeia Pharnakeia Pimolisa Sinope Taulara Total Samsun (n) 29 341 4 589 65 60 159 14 11 514 5 782 (%) 0,5 5,9 79,4 1,1 1,0 2,7 0,2 0,2 8,9 99,9 Amasya (n) 17 66 921 11 3 33 9 2 3 1 64 1 1 131 (%) 1,5 5,8 81,4 1,0 0,3 2,9 0,8 0,2 0,3 0,1 5,7 0,1 100,1 Muses et catalogues (n) 63 135 1 443 66 83 65 45 37 29 90 32 286 30 2 404 (%) 2,6 5,6 60,0 2,7 3,5 2,7 1,9 1,5 1,2 3,7 1,3 11,9 1,2 99,8 Total 109 542 6 953 142 146 257 54 53 32 91 43 864 31 9 317 % 1,2 5,8 74,6 1,5 1,6 2,8 0,6 0,6 0,3 1,0 0,5 9,3 0,3 100,1

Fig. 7. Dtail par atelier des bronzes pontiques pour trois chantillons distincts (Muse de Samsun, Muse dAmasya et ma base de donnes).25. CALLATA 1997, 297. 26. Pour Amasya, voir IRELAND 2000; pour Samsun, voir OLSHAUSEN et al. 2009 (voir aussi BAUER, MAYER 1998 ; BAUER et al. 1999).

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Latelier dAmisos reprsente lui seul prs de 80% du total dans les collections des muses de Samsun et dAmasya (on ne sera pas surpris de voir ce pourcentage tomber 60% dans le cas de ma base de donnes, laquelle privilgie les varits rares). Viennent ensuite Sinope, Amastris 27 et Comana. Le tableau ci-dessous (fig. 8) fournit quant lui le dtail des donnes par types montaires, du moins les principaux dentre eux:mission Perse / Pilei Dionysos / Ciste Perse / Pgase Zeus / Aigle (ca 19,8 g) Zeus / Aigle (ca 7,5 g) Ars / pe (ca 7,8 g) Athna / Perse (ca 19,0 g) gide / Nik (ca 7,6 g) Total Samsun (n) 32 20 52 26 12 2 050 215 3 510 5 917 % 0,5 0,3 0,9 0,4 0,2 34,6 3,6 59,3 100,1 Amasya (n) 32 158 14 6 37 197 97 588 1 129 % 2,8 14,0 1,2 0,5 3,3 17,4 8,6 52,1 99,9 Muses et catalogues (n) 117 227 117 118 360 388 259 555 2 141 % 5,5 10,6 5,5 5,5 16,8 18,1 12,1 25,9 100,0 Total 181 405 183 150 409 2 635 571 4 653 9 187 % 2,0 4,4 2,0 1,6 4,5 28,7 6,2 50,6 100,0

Fig. 8. Dtail des types montaires pontiques en bronze les mieux reprsents pour trois chantillons distincts (Muse de Samsun, Muse dAmasya et ma base de donnes).

Ici encore les types les mieux reprsents dans les muses locaux (Amasya et Samsun) le sont moins dans ma base de donnes et inversement. Les deux types les plus courants nen demeurent pas moins gide / Nik et Ars / pe (dont des surfrappes attestent la squence: 1. Ars / pe ; 2. gide / Nik ) 28. Notons, en passant, une particularit: le nombre rduit de bronzes au type Zeus / Aigle de petit module (ca 7,5 g) conservs dans les muses locaux (12 sur 5 917 Samsun, soit 0,2%), alors mme que ce type est abondamment reprsent dans ma base de donnes (360 sur 2 141, soit 16,8 %). Le fait est que le type Zeus / Aigle, rare dans le Pont, a frquemment t retrouv dans le Bosphore Cimmrien, tel quel ou surfrapp par des bronzes bosporans. y regarder de plus prs, on saperoit du reste que les ateliers ayant privilgi le type Zeus / Aigle (marqus dun rond noir sur la carte, fig. 9) sont ctiers alors que le type Ars / pe est le fait dateliers (marqus dun rond blanc) situs lintrieur des terres :

27. Sur Sinope, voir CALLATA 2004a; sur Amastris, voir CALLATA 2004b. 28. Sur le type gide / Nik, voir KLEIN 1969.

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Sinope Amastris Amisos Dia ? Laodikeia Pimolisa Amaseia Gazioura TaularaN4000 m 3000 m 2000 m 1000 m 500 m 200 m 0m

Chabacta

Cabeira Comana

Pharnakeia

Zeus / Aigle Ars / pe 0 100 km

2010 Th. Faucher - ANR Nomisma

Fig. 9. Ateliers ayant privilgi le type Zeus / Aigle (rond noir) ou Ars / pe (rond blanc) et exportation des pices aux types Zeus / Aigle vers le Bosphore Cimmrien.

Un tel phnomne dexportation massive fait songer aux ttradrachmes stphanphores frapps Athnes lors des annes 126/5-123/2 et retrouvs trs prfrentiellement en Macdoine et Grce du Nord, suite leur envoi par les Romains 29. II. LES MONNAYAGES DES ROIS Tout comme ceux des cits, les monnayages royaux du Pont et de Bithynie offrent des facis trs contrasts, alors mme que les monnaies des derniers rgnes sont dats de la mme re, dite bithynopontique, laquelle aurait commenc en octobre 297 av. J.-C. Le monnayage en argent des rois de

29. MEADOWS 2002.

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Bithynie dbute plus tt; il est longtemps beaucoup plus abondant et surtout, il saccompagne, sous les Prusias, de larges missions de bronze qui font dfaut dans le Pont avant Mithridate Eupator 30. Les monnayages royaux pontiques sont maintenant bien connus, aprs les nombreux travaux de Thodore Reinach 31 et nos rcentes tudes de coins 32. Le tableau ci-dessous (fig. 10) fait le point sur le matriel prsent dans ces travaux:Rois Mithridate III (ca 220-200) Pharnace (ca 200-169) Mithridate IV (ca 169-150) Mithridate V (ca 150-120) Total Mithridate III-V (ca 220-120) Mithridate VI (ca 120-63) Total Mithridate III-VI (ca 220-63) Statres n 2 1 1 5 54 59 d 2 1 1 5 12 17 Ttradrachmes n 19 24 19 1 64 549 613 d 5 9 8 1 24 157 181 Drachmes n 2 16 18 10 28 d 1 5 6 3 9

Fig. 10. Nombre de monnaies (n) et de coins de droit (d) pour les rois du Pont.

On constate que les premiers rois du Pont, avant Eupator donc, ont relativement peu monnay. On ne connat ainsi quun unique ttradrachme pour les trente ans de rgne de Mithridate V Evergte 33. En un sicle de frappe, ils ont peu prs six fois moins monnay dargent quEupator en trois dcennies (ca 97-66 av. J.-C.) 34. On prendra toute la mesure de lcart en convertissant ces donnes en nombre originel de coins de droit de drachmes de poids attique (Ddra): prise sur un sicle (ca 220-120 av. J.-C.), la moyenne annuelle des premiers rois du Pont est de 26 fois infrieure celle de Mithridate Eupator (ca 26 Ddra contre ca 1 Ddra) 35.30. On ne connat, jusqu Eupator, aucun roi pontique qui ait mis un monnayage de bronze. Un exemplaire anpigraphe nagure pass en vente (Peus [Francfort], 340, 2 novembre 1994, n 334) a t prsent comme un unicum de Mithridate Ier Ctists possiblement frapp Amaseia. Ce bronze de 6,36 g reprsente, au droit, un buste de jeune homme g. coiff du bashlik perse et, au revers, une abeille dans un grnetis. Aucun argument ne justifie une telle attribution, du reste prsente suivie dun point dinterrogation (mais assortie tout de mme dun coquet prix destimation). 31. REINACH 1887b, 1888, 1890, 1900 et 1902. 32. Sur Eupator: CALLATA 1997 ; voir dj CALLATA 1987. Sur ses prdcesseurs, CALLATA 2009. 33. OECONOMIDES 1980 et ROBERT 1978. 34. Pour lor, nous sommes dans lincertitude tant donn que lon ne peut presque rien tirer des rarissimes statres mis par les prdcesseurs dEupator (5 coins de droit pour 5 exemplaires). 35. Estimes en nombre originel de coins de droit (D), les frappes de ttradrachmes et de drachmes se monteraient pour les prdcesseurs dEupator ca 30 pour les ttradrachmes et ca 10 pour les drachmes. Si lon convertit en quivalents de coins de drachmes de poids attique (Ddra), cela nous donne un total pour largent de ca 130 (120 pour les ttradrachmes et 10 pour les drachmes), et ds lors une moyenne annuelle trs basse de ca 1 Ddra. Pour Eupator, D stablit ca 200 pour les ttradrachmes et ca 5 pour les drachmes. Ds lors, Ddra = 805, avec une moyenne annuelle de ca 26.

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Franois de CALLATA

Cela tant, mme sous Eupator, la production montaire est loin davoir t pousse son maximum. La prcision au mois prs des dates inscrites sur ses ttradrachmes permet en effet destimer 4 ou 5 coins de droit la production maximale mensuelle (mai/juin 89 av. J.-C.: - et et juillet 75 av. J.-C.: -). Imaginons que ce rythme ait pu tre maintenu toute lanne, ce serait alors quelque 60 coins de droit de ttradrachmes qui auraient t mis en service chaque anne ( limage de ce que les ttradrachmes stphanphores dAthnes offrent parfois comme donnes), soit lquivalent de 240 Ddra, un rsultat presque dix fois suprieur la moyenne enregistre pour Eupator. En ralit, comme nous le prouvent les datations si prcises et prcieuses quoffre ce monnayage, la frappe montaire des missions royales fut un phnomne trs discontinu sous Eupator avec des pics, des creux et des arrts parfois prolongs qui se mettent bien en correspondance avec la trame des vnements politico-militaires. Nous sommes beaucoup moins bien informs sagissant des rois de Bithynie pour lesquels nous ne disposons pas dtude de coins, lexception des deux derniers, Nicomde III vergte (ca 12894) et Nicomde IV Philopator (94-74) 36. Lexamen de la production de ces deux derniers rgnes est toutefois dun grand intrt en ce quil rvle deux traits distinctifs: labondance de la frappe de ttradrachmes ralise durant plus de cinq dcennies sur une base plus leve que dans le Pont sous Mithridate Eupator et le caractre apparemment beaucoup plus continu de celle-ci. Le tableau cidessous (fig. 11) met en perspective les frappes de ttradrachmes en Bithynie et dans le Pont:Rois Nicomde III vergte (ca 128-94) Nicomde IV Philopator (94-74) Mithridate Eupator (ca 120-63) Mithridate Eupator (ca 97-66) n 259 176 549 549 d 146 97 157 157 D 250 200 200 200 Ddra 1000 800 800 800 Ddra annuel 29 40 14 26

Fig. 11. Comparaison des frappes de ttradrachmes royaux en Bithynie et dans le Pont (Nicomde III, Nicomde IV et Mithridate Eupator).

Si, comme il est de bonne mthode, on rpartit les frappes de Mithridate sur lensemble de son rgne (ca 120-63 av. J.-C.), on obtient une moyenne annuelle plus de deux fois infrieure celle obtenue pour les deux derniers Nicomde. Mme en les concentrant sur ce que lon pense avoir t les annes effectives de frappes, soit 31 ans (ca 97-66 av. J.-C.) au lieu de 57 (ca 120-63 av. J.-C.), les frappes de ttradrachmes au nom dEupator ont t menes un rythme lgrement infrieur celles de Nicomde III et sensiblement infrieur celles de Nicomde IV. Le graphique ci-contre (fig. 12) donne le nombre de coins de droit attests (d) pour les annes 128/7 67/6 av. J.-C. dans les deux royaumes :

36. CALLATA 1997, 53-83 et CALLATA 1986. Sur les ttradrachmes royaux de Bithynie, voir aussi REINACH 1887a et 1897, LE RIDER 1984 et STOLBA 1992/3.

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MONNAIES DANS LE PONT, LA PAPHLAGONIE ET LA BITHYNIE25Nicomde III et IV (d) Mithridate (d)

469

20

15

10

5

0

Fig. 12. Nombre de coins de droit (d) attests pour les ttradrachmes royaux de Nicomde II, Nicomde III et Mithridate Eupator (128/7-67/6 av. J.-C.) (daprs CALLATA 1997).

En ralit, le graphique (fig. 12) donne une visualisation biaise des frappes rellement produites dans la mesure o le rapport n/d est en gnral infrieur pour les derniers Nicomde celui attest pour Mithridate Eupator et quil y a lieu ds lors de restituer des nombres originels de coins (D) plus importants pour la Bithynie que pour le Pont. Le graphique suivant (fig. 13) donne en sus des coins de droit (d), les nombres dexemplaires attests pour les deux royaumes. On voit que les pics de la production mithridatique, lis aux guerres, sont dabord des pics en nombre dexemplaires. Ainsi, la production pontique lie la premire guerre (89-85 av. J.-C.) atteint-elle des sommets en termes dexemplaires (n) qui ne se retrouvent pas en termes de coins (d). Mieux mme, en juger daprs les coins cette fois-ci (d), le moment de plus grande production montaire dans le Pont (d = 20 en 76/5 av. J.-C. et 19 en 75/4 av. J.-C.) se situe lgrement en dessous de ce quil est permis dobtenir pour lanne 91/0 av. J.-C. en Bithynie (d = 22) alors mme que lindice n/d est nettement meilleur dans le Pont 37. En labsence dtude de coins, le reste de la production royale de ttradrachmes ne peut faire lobjet que dune extrapolation assez large. Le tableau de la fig. 14 sy essaie en reprenant les donnes chiffres obtenues pour les deux derniers Nicomde et Mithridate Eupator et en y ajoutant

37. Pour lanne 91/0 en Bithynie, n/d =1,63 (n = 36 et d = 22); pour lanne 76/5 dans le Pont, n/d = 3,00 (n = 60 et d = 20); pour 75/4, n/d = 3,37 (n = 64 et d = 19).

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12 8/ 7 12 6/ 5 12 4/ 3 12 2/ 12 1 0/ 19 11 8/ 7 11 6/ 5 11 4/ 3 11 2/ 11 1 0/ 09 10 8/ 7 10 6/ 5 10 4/ 3 10 2/ 10 1 0/ 99 98 /7 96 /5 94 /3 92 /1 90 /8 9 88 /7 86 /5 84 /3 82 /1 80 /7 9 78 /7 76 /5 74 /3 72 /1 70 /6 9 68 /7 66 /5

470120Nicomde II et III (d) Nicomde II et III (n) Mithridate (d) Mithridate (n)

Franois de CALLATA

100

80

60

40

20

0

Fig. 13. Nombre de coins de droit (d) et dexemplaires (n) attests pour les ttradrachmes royaux de Nicomde II, Nicomde III et Mithridate Eupator (128/7-67/6 av. J.-C.) (daprs CALLATA 1997).

les donnes obtenues tant pour la Bibliothque nationale de France 38 que pour la base darchives lectroniques Coinarchives 39. Il se trouve que les rapports entre ces deux dernires sries sont assez cohrents. En imaginant que toutes choses soient gales par ailleurs, on peut se risquer proposer les estimations suivantes (fig. 14). Les frappes de ttradrachmes des rois de Bithynie semblent ainsi avoir connu un processus continu dintensification travers les diffrents rgnes, du moins partir de Prusias Ier, ce qui en retour semble confirmer le caractre plus continu de la frappe en Bithynie. Mais ce qui distingue plus encore les monnayages royaux de Bithynie de ceux de leur voisin pontique, cest la frappe du bronze qui apparat, modestement, ds le rgne de Nicomde Ier, se poursuit avec lvanescent Zialas 40, avant de connatre un dveloppement trs spectaculaire sous

38. Je remercie vivement Frdrique Duyrat davoir complt mes comptages et en particulier davoir tabli tous ceux portant sur les rois de Bithynie. 39. Les nombres sont ici donns bruts, sans prjuger des rptitions de matriel. 40. De trs rares bronzes aux types Tte du roi dr. (trs proche de celle de Nicomde Ier sur ses propres bronzes) / Trophe. Voir WROTH 1889, xl ; IMHOOF-BLUMER 1898, 35-36 ; Recueil, I 2, 8 ; KLEINER 1957, n 243. Voir surtout SEVRUGIAN 1973.

8/ 7 12 6/ 5 12 4/ 3 12 2/ 1 12 0/ 19 11 8/ 7 11 6/ 5 11 4/ 3 11 2/ 1 11 0/ 09 10 8/ 7 10 6/ 5 10 4/ 3 10 2/ 1 10 0/ 99 98 /7 96 /5 94 /3 92 /1 90 /8 9 88 /7 86 /5 84 /3 82 /1 80 /7 9 78 /7 76 /5 74 /3 72 /1 70 /6 9 68 /7

12

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471Paris 3 8 13 (73) (73) (73) 41 Ddra 60 400 400 600 1000 800 800 Ddra/annuel ca 3 ca 9 ca 12 ca 29 ca 29 ca 40 ca 14

n Nicomde I (ca 279-255) Prusias Ier (ca 228-182) Prusias II (ca 182-149) Nicomde II (ca 149-128) Nicomde III (ca 128-94) Nicomde IV (ca 94-74) Mithridate VI (ca 120-63)er

d 146 97 157

D (20) (100) (100) (150) 250 200 200

Coinarchives 2 13 12 16 35 23 -

259 176 549

Fig. 14. Essai destimation de la production de ttradrachmes royaux en Bithynie.

les deux Prusias. Deux traits remarquables caractrisent ces missions royales de bronze : 1) la diversit de ses modules et 2) son arrt complet avec Prusias II. La distinction entre ce quil conviendrait dattribuer Prusias Ier et Prusias II nest pas trace, en tout cas pas dune main assure 41. Aussi, nombreux sont les mdailliers et les catalogues qui les placent ensemble. Le nombre de ces bronzes dans les collections nous assure de limportance de leur frappe. Le mdaillier de France possde ainsi pour les deux Prusias 73 monnaies de bronze, en plus de ses 21 ttradrachmes 42, une situation qui se rencontre ailleurs dans des proportions similaires. En attendant quun travail spcifique dmle les diffrentes phases de production de ces bronzes dont on distingue prs de dix types principaux 43, on notera ltendue de la gamme des dnominations dont un type de gros module dpasse les 40 g (Tte dHerms / Pilier hermaque) et plusieurs autres les 10 g (Tte dApollon / Nik et Tte dAthna / Nik). Plusieurs ouvrages donnent Prusias Ier les missions sans monogrammeet Prusias II celles avec monogramme (en tout cas, les monogrammes rencontrs nous garantissent certaines contemporanits) 44. Une division de ce type amne du reste attribuer davantage de matriel Prusias II dans un scnario attendu de dveloppement graduel des frappes de bronze 45.41. Sur ces bronzes, voir aussi BALDWIN 1901. 42. Si les 21 ttradrachmes de la BnF renvoient une mise en service originelle de 200 coins de droits, il est tentant destimer, partir des 73 exemplaires de la BnF, le nombre originel de coins de droit pour les bronzes au-del des 500. 43. REINACH 1887a. 44. On observera toutefois que les monogrammes sont plus souvent doubles sur les ttradrachmes de Prusias Ier (17 ex. sur 19 dans le Recueil, 220) que sur ceux de Prusias II (8 ex. sur 51 : ibid., 220-221). 45. Nous ne suivrons pas Th. Reinach lorsquil crit: En prsence de cette multiplicit de pices et de types, dautant plus singulire que la monnaie de bronze disparat presque compltement sous les rgnes suivants, il mest difficile de croire que nous ayons ici une monnaie vraiment royale, circulant dans tout le royaume: la perturbation amene par un tel systme et t trop grande. La seule hypothse plausible me parat tre que nous avons affaire ici, sauf peut-tre pour les types 10 et 11, des monnaies purement locales, frappes, il est vrai, au nom du roi, et peut-tre par ses officiers, mais exclusivement destines circuler dans le ressort de telle municipalit importante (REINACH 1887a, 246). Il attribuait ensuite chaque type une cit dtermine.BCH Suppl. 53

472

Franois de CALLATA

Labsence totale de bronzes attribuables aux trois derniers Nicomde nen est que plus remarquable. quel changement dans les structures des dpenses royales attribuer cet arrt? Les circuits viss taient-ils dsormais suffisamment approvisionns en monnaies de ce type? Voil quelques questions dont on aimerait connatre la rponse. En tout cas, ltude des frappes royales confirme et complte lopposition dresse pour les frappes civiquesainsi que le rsume le tableau ci-dessous (fig. 15) :Bithynie Avant ca 120 Monnayages civiques Argent: frappes de nombreuses dnominations par une srie de cits Bronze: frappes dans de nombreuses cits ds ca 300 Argent: frappes abondantes de ttradrachmes (ca 20 Ddra/an) Bronze: frappes abondantes sous Prusias Ier et Prusias II et arrt ensuite Argent: aucune frappe Bronze: aucune frappe Argent: frappe intensive de ttradrachmes (ca 35 Ddra/an) Bronze: aucune frappe Pont Argent: frappes de dnominations lourdes uniquement Amisos et Sinope Bronze: aucune frappe Argent: frappes limites de ttradrachmes (ca 1 Ddra/an) Bronze: aucune frappe

Monnayages royaux

Aprs ca 120 Monnayages civiques Monnayages royaux

Argent: aucune frappe Bronze: voir infra Argent: frappe intensive de ttradrachmes (ca 14 Ddra/an) Bronze: nombreuses frappes pseudo-civiques

Fig. 15. Rsum des principales diffrences de la production montaire entre la Bithynie et le Pont.

Concluons dun trait: sous langle de la production montaire, la Bithynie fut nettement en avance sur sa voisine pontique, tant par le nombre des ateliers et labondance des productions que par la diversit des mtaux et des dnominations mis en uvre. Il fait peu de doute que la montarisation des changes y ait t plus prcoce. Plusieurs de ses ateliers ont frapp de la petite monnaie dargent et du bronze ds le dbut du IIIe s. au plus tard. III. LES TRSORS Que nous disent les trsors? On trouvera en annexe la liste de tous les trsors imputables ces rgions (Bithynie jusqu Cromna dune part, Pont partir de Sinope de lautre), classs en fonction de leurs dates prsumes denfouissement. Cette liste contient une part darbitraire en ce que nous avons attribu lune ou lautre rgion, en fonction de leurs contenus, certains trsors aux provenances vagues (en gnral : Asie Mineure ). Le tableau ci-contre (fig. 16) donne la rpartition desBCH Suppl. 53


473

enfouissements par sicle, en mentionnant dabord le total des trsors dont la provenance est prcise puis, entre parenthses, lensemble des trsors imputables, y compris ceux aux provenances prsumes:Bithynie 1Ve

Pont 2 (3) 1 0 2 1 3 11 17 2 (2) (7) (2) (4) (19) (34) 1 3 7 3 3 17 32

Total 2 (5) (18) (6) (5) (28) (62)

s. s. s.

3 4 2 0 6 15

IVe IIIe IIe Ier

(11) (4) (1) (9) (28)

s. s.

Total

Fig. 16. Rpartition chronologique des trsors enfouis en Bithynie ou dans le Pont (1: provenances prcises / 2: provenances prcises et prsumes).

ne considrer que les nombres obtenus entre parenthses, ceux qui ajoutent les provenances prsumes aux provenances prcises, nous serions tents de ne pas faire une grande diffrence entre les circulations dans le Pont et en Bithynie. Une telle diffrence chiffre apparat davantage si lon ne considre que les provenances plus prcises, surtout si lon regroupe les trsors enfouis aux VeIIIe s. dune part et ceux datant des IIe-Ier s. de lautre (fig. 17):BithynieVe-IIIe IIe-Ier

Pont 3 14 17

Total 12 20 32

s.

9 6 15

s.

Total

Fig. 17. Trsors aux provenances assures enfouis dans le Pont et la Bithynie aux Ve-IIIe s. et aux IIe-Ier s.

Cest que, pour la rgion pontique, les premiers trsors que lon serait enclin lui attribuer sont des trsors de drachmes de Sinope qui nous sont arrivs sans mention de leurs lieux de dcouverte. Les premires attributions fermes remontent au dernier quart du IVe s. : ce sont les trsors de Kchk Khne, prs de Yozgat (IGCH 1394, ca 325-320 av. J.-C.), et dAmasya (CH 5.27, ca 320 av. J.-C.) qui renferment en effet des drachmes ou sicles de Sinope et dAmisos. On a dit toutefois combien cette production de monnaies dargent de grand module, sans rien qui la complte pour rgler de menus achats, risque davoir servi des fins particulires loignes de la montarisation des changes, dautant plus quand comme cest le cas du trsor de Kchk Khne les pices ont t entailles. Un tmoignage de premier plan parat confirmer cette perception une poque plus tardive,

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dans la seconde moiti du IIIe s.: le grand trsor de Kirazl (IGCH 1369 = CH 8.324) enfoui vers 230 av. J.-C. au cur du territoire pontique, prs dAmasya, est constitu de monnayages royaux et civiques, dont 775 des 835 monnaies (93%) sont des monnaies aux types dAlexandre le Grand. Il se trouve que, sur les 822 monnaies du trsor, 636 ont t entailles (77,5%) et que ce phnomne touche toutes les catgories de monnaies. G. Le Rider et N. Olay qui ont publi ce trsor, voquent les avis dE. T. Newell et de C. M. Kraay pour eux aussi conclure dans le sens dun dpt dmontaris, dune rserve de valeur forme dobjets qui avaient perdu la prime attache leur cours lgal. Ils crivent: Si nous admettons que les exemplaires de notre trsor taient entaills prs de lendroit o ils ont t enfouis, nous en dduirons que lusage de la monnaie ntait pas encore trs rpandu au IIe (sic !) sicle dans certains cantons du territoire pontique 46. Les 3 trsors dont il vient dtre question (IGCH 1394, CH 5.27 et IGCH 1369 = CH 8.324) sont les seuls dont la provenance pontique nous est prcise pour les Ve-IIIe s. Avec 9 trsors attests pour les mmes trois sicles, laire bithynienne est plus richement fournie. Surtout, elle fait connatre 2 trsors de monnaies de Ssamos, rputs enfouis au IVe s., qui attestent de la circulation du bronze monnay cette poque (CH 8.84 : Amasra, 1972, 400-330 av. J.-C., 13 monnaies et IGCH 1361: Zonguldak, 1963, ca 330-300 av. J.-C., 170 monnaies). Pour le IIe s. dans le Pont, on observera que le trsor dOrdu (CH 9.530), trouv en 1970 sur le site de lancienne Kotyora, enfoui aprs 150 av. J.-C., contenait 207 ttradrachmes hellnistiques dont pas un seul qui soit au nom dun roi du Pont 47. Enfin, dans la mesure o ce type de tmoignage permet den juger, les avoirs numismatiques du muse dAmasya militent galement en faveur dun usage de la monnaie rest discret dans le Pont jusqu Eupator (fig. 18): sur les 4 568 monnaies antiques publies (dont 1 131 pour les bronzes pontiques = 24,8%), seules 146 (3,2%) sont antrieures au Ier s. Et sur ces 146 monnaies frappes avant Mithridate Eupator, 132 sont en argent (59 sicles dAmisos, 38 alexandres, 10 drachmes des rois de Cappadoce, 9 sicles de Sinope, etc.) pour 14 seulement en bronze (des bronzes sleucides pour la moiti) 48. On comparera ces donnes avec celles, de taille plus modeste, recueillies au muse dAmasra (lantique Amastris): sur 369 monnaies publies, on trouve seulement 17 bronzes pontiques 49. Sur les 39 monnaies antrieures au Ier s. (10,6%), on dnombre 9 monnaies dargent et 30 monnaies de bronze (16 pour Ssamos, 2 pour Cromna et Hracle du Pont). Ainsi la circulation confirme-t-elle lenseignement tir de ltude de la production : laire bithynienne fut, dun point de vue montaire, sensiblement en avance sur celle du Pont avant que cette dernire ninverse la tendance la fin de la priode hellnistique, suite laction vigoureuse de Mithridate Eupator.

46. 47. 48. 49.

LE RIDER, OLAY 1987, 30. Voir BOEHRINGER 1975, ARSLAN 1997 et 1999. IRELAND 2000. IRELAND, ATES OGULLARI 1996: 4,6% = 13 pour Amisos, 3 pour Sinope et 1 pour Pimolisa, aucune pour Amastris.

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Amasya Monnaies publies Monnaies antrieures au Ier s. Argent Bronze poque dEupator 4 568 146 132 14 1 131

% 100,0 3,2 2,9 0,3 24,8

Amasra 369 39 9 30 17

% 100,0 10,5 2,4 8,1 4,6

Fig. 18. Rpartition des avoirs des muses dAmasya et dAmasra (IRELAND 2000 et IRELAND, ATES OGULLARI 1996).

IV. LANABASE DES DIX-MILLE Il se pourrait en outre quune confirmation littraire de ces diffrences de montarisation soit donne par Xnophon. En effet, dans sa relation de lanabase des Dix-Mille, alors que ceux-ci longent les rivages du Pont et de la Bithynie, Xnophon indique bien quils ont demand aux cits des contributions en nature, comme ce fut le cas Sinope notamment o ils reurent 3 000 mdimnes dorge et 500 jarres de vin. Hracle aussi, ils reurent des vivres (3 000 mdimnes dorge, 2 000 jarres de vin, une centaine de moutons et 20 ttes de btail) mais, pour la premire fois, par la voix de Lycon lAchen, on les voit rclamer des monnaies dor, en loccurrence 10 000 cyzicnes 50. Les gens dHracle prirent peur et sempressrent de fermer les portes de la cit. On peut penser que cette exigence na de sens que sil tait loisible aux mercenaires grecs de convertir ces monnaies pour leurs achats en approvisionnement, et donc quelle implique une conomie au moins partiellement montarise. CONCLUSION La conclusion de ce tour dhorizon est nette : le royaume du Pont, tel quen hrita Mithridate Eupator, constitue une rgion qui ne sest ouverte que tardivement lusage effectif de la monnaie. Le fait que Sinope se soit trouve, ds le dbut du Ve s. (rappelons que ceci nest pas absolument certain), tre le lieu dun atelier montaire nentrane pas que ses habitants aient t ipso facto familiariss avec ce moyen de paiement. On mesure mieux dans ces conditions le caractre novateur des mesures prises par Eupator qui, pour ainsi dire, couvrit le pays dateliers chargs de produire le bronze et se rserva pour lui-mme la frappe de lor et de largent sur une chelle inconnue de ses prdcesseurs.

50. Xnophon, Anabase VI 2, 4-5.

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ANNEXE: LES TRSORS (CLASSS DANS LORDRE PRSUM DE LEURS DATES DENFOUISSEMENT) Bithynie (jusqu Cromna) IGCH 1234 (Isikliky, 1968), ca 460 av. J.-C. (29 EL et 312 AR : 28 EL et 284 fractions dargent de Cyzique, 24 fractions dargent de Lampsaque, 1 EL de Phoce et 4 fractions dargent indtermines). CH 8.28 (Rgion de Bolu, avant 1989), 500-400 av. J.-C. (29 sicles perses). IGCH 1241 (Mudanya, 1969), Ve-IVe s. av. J.-C. (2 000 dariques). CH 8.84 (Amasra, 1972), 400-330 av. J.-C. (13 AE Ssamos). CH 1.31 (Nord-Ouest de la Turquie, 1973), ca 350 av. J.-C. (60+ statres et fractions de Byzance et de Chalcdoine). CH 5.24 (Turquie, 1975 ou avant), ca 340 av. J.-C. (1 drachme et 13 hmidrachmes de Kios). IGCH 1239 (Prinkipo, 1930), ca 335-334 av. J.-C. (200+ statres de Cyzique, 27+ statres de Philippe II, 16+ statres de Panticape et 4+ statres de Lampsaque). IGCH 1361 (Zonguldak, 1963), ca 330-300 av. J.-C. (170 AE Ssamos). IGCH 1362 (Asie Mineure, ca 1925), 330-300 av. J.-C. (20+ ttroboles de Cromna). IGCH 1363 (Asie Mineure, ca 1967), 330-300 av. J.-C. (ca 15 ttroboles de Cromna). IGCH 1364 (Asie Mineure, ca 1960), 325-300 av. J.-C. (nombreux hmidrachmes de Byzance et de Chalcdoine). IGCH 1365 (Izmit, 1948), 320-300 av. J.-C. (219 hmidrachmes de Byzance, 115 hmidrachmes de Chios, 96 hmidrachmes de Chalcdoine, 2 drachmes dAlexandre le Grand, etc.). CH 7.62 = IGCH 1362? (Turquie), ca 300 av. J.-C. (7 drachmes de Cromna). IGCH 1444 (Asie Mineure, 1961), ca 300 av. J.-C. (202+ drachmes dAlexandre le Grand et 3 hmidrachmes de Kios). IGCH 1366 (Asie Mineure, avant 1948), ca 285 av. J.-C. (51+ didrachmes dAmastris). IGCH 1367 = CH 8. 266 (Asie Mineure, ca 1970), 280 av. J.-C. (117+ AE dHracle du Pont). CH 8.293 (rgion de Bolu?, 1989), ca 250 av. J.-C. (30 drachmes dAlexandre le Grand). CH 8.315 (Moda, Chalcdoine, 1975), ca 225 av. J.-C. (133 AE : 62 de Chalcdoine, 34 de Chalcdoine et Byzance, 19 de Byzance et 1 de Sleucos II). CH 7.92 (Turquie, 1897), dbut IIe s. av. J.-C. (plusieurs ttradrachmes de Prusias Ier). CH 8.484 (Eregli, Kybistra, avant 1981), ca 100 av. J.-C. (505 stphanphores dAthnes). IGCH 1376 (Bithynie?, avant 1876), ca 100 av. J.-C. (24+ ttradrachmes des Nicomde). IGCH 1377 (Asie Mineure ?, 1947 ou avant), ca 88 av. J.-C. (ca 25 ttradrachmes : 6+ des Nicomde et 5+ lysimaques). IGCH 1378 (Kastamonu, Paphlagonie, ca 1962), ca 85 av. J.-C. (ca 200 ttradrachmes des Nicomde).BCH Suppl. 53


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IGCH 1379 (Amasra, avant 1925), ca 85 av. J.-C. (386 bronzes des cits pontiques, dont 338 dAmisos). CH 4.70 (lieu incertain,date ?), ca 85 av. J.-C. (4+ ttradrachmes : 2 de Mithridate Eupator, 1 des Nicomde et 1 de Cyzique). IGCH 1384 (Bithynie, 1928), ca 75 av. J.-C. (54+ ttradrachmes : 22 des Nicomde, 17 lysimaques et 15 de Mithridate Eupator) ; POLLAK 1970. IGCH 1463 (Asie Mineure, 1934-1935), ca 70 av. J.-C. (7 ttradrachmes de Mithridate Eupator, 4 des Nicomde, 1 lysimaque et 1 stphanphore dAthnes). IGCH 1390 (Amasra, avant 1925), ca 65 av. J.-C. (88+ bronzes pontiques, dont 83+ dAmisos). Pont / Paphlagonie ( partir de Sinope) IGCH 1235 (Asie Mineure, avant 1920), ca 450 av. J.-C. (21+ drachmes de Sinope). IGCH 1236 (Asie Mineure, ca 1960), Ve s. av. J.-C. (ca 500 drachmes de Sinope). IGCH 1237 (Asie Mineure, ca 1920), ca 350 av. J.-C. (226+ drachmes de Sinope et quelques monnaies de Trapzonte) ; ROBINSON 1920 et 1930. CH 7.35 = IGCH 1237? (Turquie), ca 350 av. J.-C. (33 drachmes de Sinope, la plupart cisailles). IGCH 1238 (Asie Mineure, avant 1920), ca 345 av. J.-C. (35+ drachmes de Sinope). IGCH 1240 (Sinope?, ca 1968), ca 330 av. J.-C. (139+ drachmes et 1+ hmidrachme de Sinope, 3+ drachmes dAmisos). IGCH 1394 (Kchk Khne, prs de Yozgat, 1930), ca 325-320 av. J.-C. (14 drachmes de Sinope, 10 statres de Mazaios, 4 drachmes dAmisos) ; NEWELL 1931. CH 8.47 (Turquie, 1978), ca 325 av. J.-C. (10+ drachmes de Sinope au nom dAriarathe). CH 5.27 (Amasya, 1978), ca 320 av. J.-C. (35 drachmes de Sinope au nom dAriarathe). IGCH 1242 (Asie Mineure, 1967), IVe s. av. J.-C. (150+ sicles dAmisos). IGCH 1368 (Asie Mineure, ca 1970), 265 av. J.-C. (35+ ttradrachmes : 26 alexandres, 7 Philippe III, 2 Sleucides). IGCH 1371 (Sinope, ca 1937), IIIe s. av. J.-C. (ca 10 statres de Lysimaque et 2+ ttradrachmes de Sinope). IGCH 1369 = CH 8.324 (Kirazl, prs dAmasya, 1939), 230 av. J.-C. (13 AV et 822 AR : 6 statres, 150 ttradrachmes et 590 drachmes dAlexandre le Grand, 5 statres, 17 ttradrachmes et 14 drachmes de Lysimaque, 2 statres, 36 ttradrachmes et 8 drachmes des Sleucides, 2 ttradrachmes de Sinope, 2 ttradrachmes de Perg, 1 ttradrachme et 1 drachme de Dmtrios Poliorcte, 1 ttradrachme de Pergame). IGCH 1372 (Amasya, 1860), 185-170 av. J.-C. (300+ AR : 2-3 Prusias Ier, 4-5 Mithridate III, 45 Pharnace Ier) ; WADDINGTON 1863. IGCH 1373 (Trabzon, 1947 ou avant), dbut IIe s. av. J.-C. (2 stphanphores dAthnes et 1 ttradrachme dEumne II). IGCH 1374 (Samsun, ca 1948), ca 150 av. J.-C. (3+ ttrad. de Mithridate IV et Laodice).BCH Suppl. 53

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IGCH 1375 (Asie Mineure, ca 1948), IIe s. av. J.-C. (10+ dioboles dAmisos). CH 1.80 = CH 2.89 = CH 3.58 = CH 8.442 = CH 9.530 (Ordu, Kotyora, 1970 [prcdemment Trabzon]), 140-120 av. J.-C. (110 lysimaques, 23 ttradrachmes des Sleucides, 21 des Prusias, 20 stphanphores dAthnes, 16 ttradrachmes des merides de Macdoine, 7 de Cyzique, 4 des rois de Pergame, 3 alexandres, 1 ttradrachme de Philippe V, 1 dAriarathe IV de Cappadoce, 1 de la confdration dAthna Ilias) ; voir BOEHRINGER 1975, ARSLAN 1997 et 1999. CH 2.112 (Turquie?, 1975), ca 85 av. J.-C. (plusieurs ttradrachmes de Mithridate). IGCH 1380 (Samsun, avant 1925), ca 85 av. J.-C. (17+ bronzes pontiques, dont 12+ dAmisos). IGCH 1381 (Asie Mineure, ca 1959), ca 85 av. J.-C. (ca 140 bronzes pontiques). CH 3.76 (Pont,?), 85 av. J.-C. (1 550+ bronzes pontiques). IGCH 1382 (Amasya, 1968), ca 85 av. J.-C. (207 bronzes pontiques, dont 177 dAmisos). IGCH 1383 = CH 2.113 (Giresun, 1933), ca 80 av. J.-C. (55 AR : 22 ttradrachmes de Mithridate Eupator, 18 stphanphores dAthnes, 7 ttradrachmes des Nicomde, 3 drachmes des rois de Cappadoce, 2 ttradrachmes des rois sleucides et 2 cistophores) ; KLEINER 1974. CH 8.519 (Pont, 1982), ca 75 av. J.-C. (40+ ttradrachmes de Mithridate Eupator). IGCH 1385 (Gemene, prs de Tokat, 1967), ca 75 av. J.-C. (252 bronzes pontiques, dont 190 dAmisos). IGCH 1386 (Merzifon, prs dAmasya, 1968), ca 75 av. J.-C. (60 bronzes pontiques, dont 43 dAmisos, et 1 bronze de Panticape). IGCH 1387 (Merzifon, prs dAmasya, 1967), ca 75 av. J.-C. (25 bronzes pontiques, dont 16 dAmisos). (Simenli, prs de Trabzon,?), ca 75 av. J.-C. (100 bronzes pontiques) ; voir KELES 2009. IGCH 1393 (Asie Mineure, 1969), 85-65 av. J.-C. (ca 5000 bronzes pontiques). IGCH 1388 (Bashky, prs dOrdu, 1959?), ca 65 av. J.-C. (2003+ bronzes pontiques) ; voir GKTRK, CEBESOY 1993. IGCH 1389 (Pont, 1963), ca 65 av. J.-C. (44 bronzes pontiques). IGCH 1391 (Samsun, 1966), ca 65 av. J.-C. (12 bronzes pontiques, tous dAmisos). IGCH 1392 (Samsun, 1969), ca 65 av. J.-C. (276 bronzes pontiques, dont au moins 250 dAmisos). (Samsun, 1989), ca 65 av. J.-C. (391 bronzes pontiques, dont 315 dAmisos) ; voir TRAVAGLINI 1997. CH 9.542 (Sivas, avant 1996), ca 65 av. J.-C. (770 bronzes pontiques, dont 573 dAmisos) ; voir TEKIN 1999. CH 9.559 (Binbas oglu, prs de Tokat, 1981), ca 65 av. J.-C. (409 bronzes pontiques, dont 295 dAmisos) ; voir AMANDRY et al. 1991.

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Trsors problmatiques CH 1.15 (Mer Noire, ca 1970), ca 425 av. J.-C. (108+ monnaies dargent : 65 drachmes de Sinope, 29 morceaux de Hacksilber, 17 sicles perses, 16 ttradrachmes dAthnes, 2 statres de Paphos, 1 ttradrachme dAcanthe, 1 octobole des Bisaltes, 1 statre de Chersonse, 1 de Kuprilli, 1 de Sid, 1 de Soli, 1 de Tarse, 1 de Sgeste). CH 1.107 (Cte Nord de la Turquie, 1973), Ier s. av. J.-C. (bronze aux types tte de cheval / Comte). BIBLIOGRAPHIE M. AMANDRY, B. LE GUEN-POLLET, B. ZCAN, B. RMY 1991, Le trsor de Binbas oglu (Tokat, Turquie). Monnaies de bronzes des villes du Pont frappes sous Mithridate VI Eupator, Pontica 1, p. 61-76. M. ARSLAN 1997, Ordu (Kotyora) 1970 tetradrahmi definesi, Yili Anadolu Medeniyetleri Mzesi konferanslari Sayi 7, p. 5-38. M. ARSLAN 1999, The Ordu Hoard, dans M. ARSLAN, Ch. LIGHTFOOT (d.), Greek Coin Hoards in Turkey. The Antalya Archaeological Museum and the C. S. Okray Collection with Additional Material from the Burdur, Fethiye and Sinop Museums, p. 42-44, pl. 69-75. R. ASHTON, S. IRELAND 2007, SNG V. Ashmolean Museum Oxford IX. Bosporus-Aeolis. A. BALDWIN 1901, A Bronze Coin of Bithynia. The Lyre, , JIAN 4, p. 67-76. N. BAUER, J. W. MAYER 1998, Pontische Mnzen aus der Zeit Mithradates VI. Eupator, Orbis Terrarum 4, p. 27-48, pl. 1-7. N. BAUER, H. DIETRICH, J. W. MAYER 1999, Pontica III. Zum Katalog der pontische Mnzen des Museums von Samsun (Trkei). Ein Zwischenbericht 1999, Orbis Terrarum 5, p. 85-92. Chr. BOEHRINGER 1975, Hellenistischer Mnzschatz aus Trapezunt, 1970, SNR 54, p. 37-64, pl. 2-10. N. BREITENSTEIN 1944, SNG Copenhagen. Bosporus-Bithynia. Fr. de CALLATA 1986, Les derniers rois de Bithynie : problmes de chronologie, RBN 132, p. 530, pl. 1-5. Fr. de CALLATA 1987, La politique montaire de Mithridate VI Eupator, roi du Pont (120/63 av. J.-C.) , dans G. DEPEYROT, T. HACKENS, Gh. MOUCHARTE (ds), Rythmes de la production montaire, p. 55-66. Fr. de CALLATA 1997, Lhistoire des guerres mithridatiques vue par les monnaies, Numismatica Lovaniensia 18. Fr. de CALLATA 2002, Montarisation tardive des rgions du Pont et de la Paphlagonie, Bulletin du Muse national de Bourgas 4, Studia in Honorem Ivani Karayotov, p. 74-79 (en bulgare). Fr. de CALLATA 2003, Les Mithridate du Pont : un exemple priphrique de rapport entre cits et rois hellnistiques, dans O. PICARD et al. (ds), Royaumes et cits hellnistiques de 323 55 av. J.-C., p. 218-234.BCH Suppl. 53

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