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De gauche Ă  droite le prĂ©sident Michel Martelly et son Premier ministre dĂ©signĂ©, le cruel Bernard Honorat Gousse Le SĂ©nateur Jocelerme Privert de la coalition INITE de RenĂ© PrĂ©val Haiti LibertĂ© Vol. 4 No. 52 ‱ Du 13 au 19 Juillet 2011 Haiti: 10gdes / USA: $1.00 / France 1.50 / Canada: $1.50 Email: [email protected] Web: www.haitiliberte.com 1583 Albany Ave, Brooklyn, NY 11210 Tel: 718-421-0162 HAÏTI LIBERTÉ JUSTICE ‱ VÉRITÉ ‱ INDÉPENDANCE D’aprĂšs les victimes : le marchĂ© Chada de PĂ©tion-Ville dĂ©truit par la mairesse Claire-Lydie Parent Page 3 Classe ouvriĂšre et Classe moyenne aux Etats-Unis: solidaritĂ© ou concurrence face Ă  la crise? Page 10 Hugo Chavez au Bicentenaire du Venezuela! Page 17 Viktim 12 janvye yo ap denonse menas ekspilsyon fĂČse k ap fĂšt sou yo Page 6 TÉMOIGNAGE DE JOCELERME PRIVERT CONTRE BERNARD GOUSSE ! GOUSSE, MARTELLY: RÉPRESSION EN PERSPECTIVE ! Voir page 8 Voir page 4

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Page 1: 1583 Albany Ave, Brooklyn, NY 11210 Tel: 718-421-0162 Email

De gauche à droite le président Michel Martelly et son Premier ministre désigné, le cruel Bernard Honorat Gousse

Le Sénateur Jocelerme Privert de la coalition INITE de René Préval

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Vol. 4 No. 52 ‱ Du 13 au 19 Juillet 2011 Haiti: 10gdes / USA: $1.00 / France 1.50 / Canada: $1.50

Email: [email protected] Web: www.haitiliberte.com1583 Albany Ave, Brooklyn, NY 11210 Tel: 718-421-0162

HAÏTI LIBERTÉJUSTICE ‱ VÉRITÉ ‱ INDÉPENDANCE

D’aprĂšs les victimes : le marchĂ© Chada de PĂ©tion-Ville dĂ©truit par la mairesse Claire-Lydie Parent

Page 3

Classe ouvriÚre et Classe moyenne aux Etats-Unis: solidarité ou concurrence face à la crise?

Page 10

Hugo Chavez au Bicentenaire du Venezuela!

Page 17

Viktim 12 janvye yo ap denonse menas ekspilsyon fĂČse k ap fĂšt sou yo

Page 6

TĂ©moignage de Jocelerme PriverT conTre Bernard gousse !

gousse, marTelly: réPression en PersPecTive !

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Wikileaks fait trembler la bourgeoisie haĂŻtienne !Par Berthony Dupont

On se faisait une idée générale de la bourgeoisie haï-tienne, de son insouciance pour le développement, de

son irresponsabilitĂ©, de sa lĂąchetĂ©, de son habiletĂ© Ă  exploi-ter les masses populaires et de sa dextĂ©ritĂ© Ă  piller le pays. On savait qu’en face des diplomates Ă©trangers, cette classe Ă©tait toujours prĂȘte Ă  tout faire et Ă  tout concocter pour ache-ter les consciences et se ravaler devant les reprĂ©sentants des grandes puissances accrĂ©ditĂ©es dans le pays. Mais on ne s’imaginait pas Ă  quel point elle pouvait ĂȘtre aussi vile et abjecte, aussi dĂ©nuĂ©e de scrupules.

Ces derniers temps, l’impact percutant des cĂąbles de Wi-kileaks a fait trembler la bourgeoisie dans ses culottes, et a mis Ă  nu l’ignoble face cachĂ©e de cette bourgeoisie parasite : sa mĂ©prisable lĂąchetĂ©, son honteux manque de courage.

Ainsi, lors d’une Ă©mission sur les ondes de Radio Magik 9, l'ex-ministre de l'Economie et des Finances sous le gou-vernement de facto Boniface/ Latortue, Henri Bazin, invitĂ© Ă  clarifier certaines rĂ©vĂ©lations de Wikileaks concernant des pressions qu’il avait reçues pour faire Ă©chouer l'accord Pe-trocaribe et sur la gestion actuelle du fonds de Petrocaribe, Henri Bazin a eu l’audace inouĂŻe de rĂ©pondre qu'il n'Ă©tait pas au courant du dĂ©roulement de cet accord. « La gestion du fonds de Petrocaribe...(rire), c’est une autre affaire. Je ne suis pas au courant de la gestion. Il me faudra consulter les dossiers avant de prendre la parole sur le sujet». Com-ment un ministre de l’Economie et des Finances pourrait-il n’avoir pas Ă©tĂ© au courant  ? Un mensonge aussi flagrant qu’éhontĂ©.

Dans cette mĂȘme veine, il convient de souligner une lettre datĂ©e du 5 juillet 2011 de M. Fritz Mevs au SĂ©na-teur Youri Latortue concernant un autre cĂąble de Wikileaks, et dans laquelle Mevs a affichĂ© toute sa bassesse, toute sa lĂąchetĂ©. C’est seulement Ă  travers un article «paru dans le journal HaĂŻti LibertĂ©, Vol. 4 -No. 49 du 22 juin 2011» que l’énergumĂšne a «rĂ©alisĂ© l’ampleur des prĂ©judices causĂ©s» au caĂŻd de l’Artibonite en action «par le contenu d’un en-tretien [ qu’il a] eu avec un reprĂ©sentant de l’Ambassade AmĂ©ricaine au cours du mois de mai 2005». Quel mĂąle courage ! Quelle force d’ñme !

ParaĂźt-il que « les violences quotidiennes dont j’étais le tĂ©moin, les meurtres et enlĂšvements dont des amis proches Ă©taient victimes m’avaient, je dois le reconnaĂźtre, dure-ment dĂ©stabilisé , je me suis sans doute laissĂ© emporter par des rĂ©flexes de prĂ©emption et j’avoue que les mots que

j’aurais pu avoir prononcĂ©s ne reflĂštent aucunement ma pensĂ©e. En fait, ce qui aurait Ă©tĂ© dit et rapportĂ© ne reflĂšte en rien la vĂ©rité». Ou bien Mevs avait menti Ă  l’ambassa-deur, ou bien il ment aujourd’hui pour sauver sa peau face au truand de l’Artibonite. Etrangement, «  cette entrevue a causĂ© des torts Ă  beaucoup de personnes dont certaines me sont pourtant trĂšs chĂšres»: Youri le mafieux ? Comme cette bourgeoisie peut ĂȘtre lĂąche !

Gigotant dans la boue de sa couardise, «c’est avec hu-militĂ© et une simplicitĂ© dĂ©nuĂ©e de tout artifice que je veux vous [Youri le truand] prĂ©senter mes excuses les plus sin-cĂšres». Soudain, “Monsieur 30%” devient respectable, «un fervent patriote, un serviteur infatigable des intĂ©rĂȘts [du] pays». Et voilĂ  le grand bourgeois, hautain et mĂ©prisant vis-Ă -vis des chimĂšres, qui s’aplatit, se fait punaise devant le Gengis Khan de l’Artibonite, le dangereux fĂ©odal de l’Artibo-nite :« Je me tiens prĂȘt Ă  faire amende honorable en recti-fiant publiquement toute atteinte Ă  votre rĂ©putation
 et vous prie de recevoir, monsieur le SĂ©nateur, avec toute ma haute considĂ©ration, l’expression de mon profond regret». Charme vĂ©reux de la bourgeoisie


Le comble de l’inĂ©lĂ©gance et de l’incongruitĂ© a Ă©tĂ© la lettre de dĂ©menti de la famille Mevs , qui malgrĂ© tout, par peur ou par solidaritĂ© de classe, en a profitĂ© pour bassement louanger Latortue «un homme honorable», Michel Brunache «reconnu pour sa rectitude», RĂ©ginald Boulos «soucieux de ses responsabilitĂ©s sociales et civiques», Me Gary Lissade «jouissant d’une rĂ©putation impeccable». Tout ce beau monde est bien habituĂ© Ă  se vautrer aux pieds de l’ambassa-deur cinquante-Ă©toilĂ©e pour se neutraliser les uns les autres, Ă  l’occasion, mais surtout pour obtenir via leur milice privĂ©e l’élimination de nombre de personnes dans le camp popu-laire dont on ne saura jamais combien sont mortes parce que la bourgeoisie, par la violence, a tenu Ă  dĂ©fendre ses privilĂšges de classe.

Pour terminer faut-il bien souligner la collusion entre ces deux barons de la classe dominante, l’ancien sĂ©nateur Rudolph Boulos et l’actuel sĂ©nateur Anacacis, deux larrons en foire, le premier mĂ©tamorphosĂ© en «consultant auprĂšs du bureau» du second pour brasser on ne sait quelles ma-gouilles. N’est-ce pas Anacacis qui dans le dossier de ratifi-cation du Premier ministre dĂ©signĂ©, le tortionnaire Bernard Gousse, vient de dire qu’il n’a pas encore pris position  ? Hypocrite et fourbe, prĂȘt Ă  se renier comme Fritz Mevs. Il faut les avoir Ă  l’Ɠil et les dĂ©masquer ces forces obscuran-tistes Ă  l’aise dans le mensonge, les tĂ©nĂ©breuses magouilles et les plus basses pitreries.

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Vol. 4 No. 52 ‱ Du 13 au 19 Juillet 2011HaĂŻti LibertĂ©2

Editorial LIBERTĂ©HAITI

Page 3: 1583 Albany Ave, Brooklyn, NY 11210 Tel: 718-421-0162 Email

Par Jackson Rateau

Dans la nuit du mardi 5 au mer-credi 6 juillet dernier, la mai-

resse de PĂ©tion-Ville, Claire Lydie Parent, accompagnĂ©e de plusieurs agents UDMO, a dĂ©libĂ©rĂ©ment in-cendiĂ© le MarchĂ© Chada de PĂ©tion-Ville. Cette action prĂ©mĂ©ditĂ©e de la mairie, considĂ©rĂ©e d’ailleurs comme un crime officiel, a soulevĂ© la colĂšre des marchandes. Ces derniĂšres, trĂšs exaspĂ©rĂ©es, prĂ©sentes sur les cendres de leurs marchandises, ont dĂ©clarĂ© qu’elles vont tout briser sur leur passage. «  Hier soir, aux environs de 9 hres, accompagnĂ©e des agents policiers de la PNH, la mairesse a commencĂ© ses actes de reprĂ©sailles par une vaste opĂ©ration de saisie de marchandises. Certes, elle nous avait avisĂ©es, nous recom-mandant de nous rendre au MarchĂ© La Coupe, mais, par contre, elle ne

nous avait pas averties qu’elle al-lait commettre cette violente action ce soir. Ainsi, la mairesse Claire Lydie Parent, accompagnĂ©e des agents d’UDMO, a complĂštement dĂ©truit nos marchandises, en les in-cendiant. Tous nos investissements sont des prĂȘts sur base de  â€˜kout po-nya’. Le MarchĂ© La Coupe (Mache Kokoye), oĂč la mairesse tient mor-dicus Ă  nous placer, est un endroit isolĂ©, un repĂšre de voleurs, sans un brin de sĂ©curitĂ©. Ce marchĂ© est un immeuble de 3 Ă©tages, qui ne peut contenir tous les marchands et marchandes. Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 en avait dĂ©truit une bonne partie. Il y a des marchandes ici qui n’ont pas de patentes. MĂȘme celles qui en ont ne peuvent pas trouver de au Mar-chĂ© de La Coupe, puisqu’il n’y en a pas suffisamment. Nous sommes ici ce matin pour   ‘kraze brize’  »,

a dĂ©clarĂ© une marchande rouge de colĂšre, ajoutant ceci : « Nous avons votĂ© le prĂ©sident Martelly parce qu’il nous avait convaincues d’ĂȘtre un agent de changement. Je veux demander au prĂ©sident, est-ce bien

ce changement dont il avait parlĂ© ? Est-ce bien cela la ‘Repons Pey-zan’ ? Nous sommes conscients que nous ne sommes pas mieux pla-cĂ©es ici. Mais, la mairesse, elle ne nous donne aucune autre place oĂč aller
 Â».

Comme consĂ©quence, le ma-tin du mercredi 6 juillet 2011, un mouvement de protestation contre les dĂ©cisions de la mairesse Claire Lydie Parent, de les reloger, a Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ© par des marchandes et marchands. Ils ont lancĂ© des pierres dans toutes les directions dans l’aire de PĂ©tion-Ville.

La mairesse Claire Lydie Parent pour sa part, justifiant ses actions, a fourni les explications suivantes. « Quand nous sommes arrivĂ©s sur place, on pensait que nous allions dĂ©truire les Ă©choppes des mar-chandes. Ainsi, quand la police est intervenue, les gens se mettaient Ă 

courir dans toutes les directions. Eh bien, nous assurant que toutes les marchandes sont parties vers le MarchĂ© La Coupe, et ceci, avec leurs Ă©choppes, nous nous adonnions Ă  un grand nettoyage de chantier, surtout avec l’aide de CNE et de SMCRS.

Depuis hier soir jusqu’à ce matin 3 heures, nous avons net-toyĂ© entiĂšrement l’espace du mar-chĂ©. Les policiers Ă©taient toujours prĂ©sents. Un certain Djon qui se rĂ©clame d’ĂȘtre le protecteur des marchandes, leur a promis de les reloger Ă  leurs places habituelles, au marchĂ©. C’est ainsi que tout a commencĂ© ce matin, par cet indi-vidu, Ă©videmment soutenu par les marchandes. Ils ont brĂ»lĂ© des pneus, tirĂ© des pierres, cassant les pare-brises des vĂ©hicules. La police, Ă©tant mobilisĂ©e, a pris le contrĂŽle de la situation
 Â».

Vol. 4 No. 52 ‱ Du 13 au 19 Juillet 2011 3HaĂŻti LibertĂ©

A travers Haiti

D’aprĂšs les victimes : le marchĂ© Chada de PĂ©tion-Ville complĂštement dĂ©truit par la mairesse Claire-Lydie Parent

Violent incendie au Camp Acra

Assise criminelle dans la juridiction du Cap-Haïtien, 6 personnes condamnées à perpétuité

LibĂ©ration par la police d’un vieillard de 78 ans

Des arrestations illégales et arbitraires dénoncées

Radio Optimum – 93.1 scaLa direction et le personnel de la

Radio Optimum remercient chaleureusement leur audience et

annoncent Ă  tous ceux qui ont perdu leur contact que depuis plus de deux

ans, la Radio Optimum travaille quotidiennement sur la fréquence de

93.1 sca.Vous avez aussi la possibilité de la

capter sur le site www.radio-optimum.com et bientĂŽt sur www.radiooptimuminter.com

Captez chaque jour, Ă  toutes les heures le 93.1 sca.

La mairesse claire-Lydie Parent

Le lundi 11 juillet 2011 dernier, dans le cadre de l’assise crimi-

nelle avec assistance de jury, tenue dans la juridiction du Cap-HaĂŻtien depuis 3 semaines, 6 personnes, ayant pour chef d’accusation kid-napping, ont Ă©tĂ© condamnĂ©es Ă  perpĂ©tuitĂ©. Durosier Sanon lui-mĂȘme a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  15 ans d’emprisonnement. Un autre incul-pĂ© a Ă©tĂ© Ă©largi provisoirement. Des organisations de dĂ©fense des droits humains, travaillant dans le Nord, ont fĂ©licitĂ© le bon dĂ©roulement des assises qu’elles estiment ĂȘtre Ă©qui-tables.

Ces inculpés répondant aux noms de Willy Etienne, Jean Hérold, Fritz Thermelia, alias TiFito, Jacky Alcin, ProspÚre Berlin et Godfwa Louis Charles, ont été condamnés à perpétuité et aux travaux forcés..

Le vendredi 8 juillet dernier, à la Rue Jean Baptiste, Canapé-Vert,

un vieillard, Jacques Nicolas, kid-nappé la veille, a été libéré par la police. Jacques Nicolas, 78 ans, a été enlevé le jeudi 7 juillet 2011 dernier à son domicile à Debussy, par un groupe de voleurs qui ont exigé une faramineuse rançon de 400 mille dollars US.

Selon le responsable du com-missariat de Port-Au-Prince, Joseph Dupont, un des ravisseurs de la vic-time, Wesner ThĂ©agĂšne, a Ă©tĂ© ligotĂ© par la police. Le kidnappeur a fait des rĂ©vĂ©lations selon lesquelles, il est l’un des auteurs du kidnapping de Mme Marie Claudette Pasquet enlevĂ©e en sa rĂ©sidence Ă  Port-Au-Prince au mois de mars 2011.

Le samedi 9 juillet dernier, le Camp Acra situé à Del-

mas 32, a Ă©tĂ© le thĂ©Ăątre d’un violent incendie dont on ig-nore les origines. Jusqu’à prĂ©sent, l’instance respon-sable des dĂ©sastres en HaĂŻti (Bureau de la Protection Ci-vile), n’a pas encore rendu public les dĂ©gĂąts matĂ©riels et les pertes en vies humaines (s’il y en a), causĂ©s par ce dĂ©sastre. Toutefois, selon un reporter de la Radio Kiskeya Ă  Port-Au-Prince, Ronald Isaac, qui a recueilli quelques tĂ©moignages, des dizaines de tentes ont Ă©tĂ© emportĂ©es dans les flammes.

Par Yves Pierre-Louis

Depuis l’arrivĂ©e de Michel Joseph Martelly Ă  la tĂȘte du pays, le 14

mai 2011, la Police nationale d’HaĂŻti et les soldats des forces d’occupation de l’ONU ne cessent de procĂ©der Ă  des arrestations illĂ©gales et arbitrai-res dans le pays. Les agents de la PNH sous les ordres des autoritĂ©s civiles ont procĂ©dĂ© Ă  l’arrestation de militants politiques, de journalistes, de citoyens paisibles qui voulaient tout simplement servir leur pays d’une façon ou d’une autre.

C’est le cas du militant poli-tique de longue date, l’IngĂ©nieur-agronome, Jean Paul Piner Duper-val, prĂ©sident de l’Association des Vidangeurs mĂ©tropolitains (AVI-MET) arrĂȘtĂ© arbitrairement et gardĂ© en dĂ©tention prĂ©ventive depuis le mardi 14 juin 2011. Il a comparu pour la premiĂšre fois devant un juge, 15 jours plus tard, le vendredi premier Juillet, alors que l’article 26 de la constitution haĂŻtienne de 1987 en vigueur, stipule: “ Nul ne peut

ĂȘtre maintenu en dĂ©tention s’il n’a pas comparu dans les quarante-huit (48) heures qui suivent son arres-tation, par devant un juge appelĂ© Ă  statuer sur la lĂ©galitĂ© de l’arrestation et si ce juge n’a confirmĂ© la dĂ©ten-tion par dĂ©cision motivĂ©e.” Dans un rĂ©sumĂ© de la situation, l’agronome Duperval a fait savoir que c’était dans le cadre d’une “ Promesse de contrat pour la vidange, Ă©vacu-ation des excrĂ©ta et nettoyage de trois cents cabines prioritaires ainsi qu’une avance de la moitiĂ© d’un contrat ( des Nations-Unies) d’extraction d’environ mille huit cents (1800) drums de cinquante-cinq gallons et le nettoyage de trente six (36) latrines gĂ©rĂ©es par une ONG international, l’association des Vi-dangeurs mĂ©tropolitains se propo-sait d’évacuer quarante (40) drums en deux (2) voyages au site officiel de dĂ©charge Ă  Truitier.”

Lors du premier voyage, le mardi 7 Juin 2011, des erreurs de parcours ont Ă©tĂ© commises par des vidangeurs. Le camion chargĂ© s’était donc retrouvĂ© embourbĂ© dans

un marĂ©cage dans les environs de la plaine du Cul-de-Sac et des drums rĂ©servĂ©s au second voyage ce jour-lĂ  se trouvaient [encore] au CanapĂ©-Vert. Le samedi 11 Juin la Police a interpellĂ© 4 vidangeurs vers cinq (5) heures du matin sur la route de Can-apĂ©-Vert. Ils ont avouĂ© qu’ils travail-laient pour l’agronome Duperval. Le mardi 14 Juin, Ă  5 heures du matin, un commissaire du gouvernement a effectuĂ© une descente des lieux Ă  la rĂ©sidence de Jean Paul Duperval, et a procĂ©dĂ© Ă  son arrestation. Quant aux 4 autres vidangeurs, ils sont in-carcĂ©rĂ©s au PĂ©nitencier National, ac-cusĂ©s d’association de malfaiteurs.

L’agronome Duperval a fait appel Ă  la solidaritĂ© agissante de toutes les forces progressistes et mo-rales d’HaĂŻti et du monde civilisĂ© au cas oĂș Ă  cause d’intĂ©rĂȘts inavouĂ©s et inavouables, des politiciens mal intentionnĂ©s tenteraient d’abuser de leurs pouvoirs pour garder les tra-vailleurs en dĂ©tention prĂ©ventive.

Par ailleurs, Ă  Petit-GoĂąve, au Sud du dĂ©partement de l’Ouest,

Suite Ă  la page (8)

Page 4: 1583 Albany Ave, Brooklyn, NY 11210 Tel: 718-421-0162 Email

Par Ansel Herz & Kim Ives

Bernard Gousse, que le président haïtien Michel Martelly vient de

choisir comme Premier ministre le 6 juillet dernier, Ă©tait tellement rĂ©pres-sif, incontrĂŽlable et inefficace alors qu’il Ă©tait ministre de facto de la Justice sept ans auparavant, que Washington et ses alliĂ©s haĂŻtiens et internationaux avaient dĂ» exiger sa dĂ©mission, tel que l’indiquent des cĂąbles secrets de l’ambassade des États-Unis Ă  Port-au-Prince.

Ces cĂąbles proviennent de ce qu’on peut appeler une mine de 1918 dĂ©pĂȘches de l’ambassade des États-Unis concernant HaĂŻti, fournies Ă  Ha-ĂŻti LibertĂ© par l’organisation de presse WikiLeaks.

“C’est un homme honnĂȘte. Il a de l’expĂ©rience dans l’administration publique,” de dire le chef de cabinet de Martelly, Thierry Mayard-Paul Ă  l’Associated Press. “Nous croyons que M. Gousse peut sortir ce pays du ma-rasme.”

Mais l’ambassade des États-Unis Ă  Port-au-Prince en Ă©tait venue Ă  une conclusion bien diffĂ©rente vers la fin du terme du dernier poste occupĂ© par Gousse Ă  titre de fonctionnaire public, le qualifiant d’« Ă©chec total » en tant que ministre de la Justice.

Dans d’autres cĂąbles, l’Ambassade et ses interlocuteurs en HaĂŻti se lamentent de son “comporte-ment tortueux,” le traitent d’« entĂȘtĂ© », et s’interrogent Ă  savoir s’il n’est pas plutĂŽt un “obstacle” pour arriver Ă  rĂ©-soudre le cas d’un prisonnier politique de renom.

“Tout le monde, y compris ses propres soutiens dans le secteur privĂ© [haĂŻtien], s’entendent pour recon-naĂźtre que Gousse aura Ă©tĂ© un Ă©chec total, que ce soit dans le domaine de la sĂ©curitĂ© ou de celui de la justice ” Ă©crivait l’ambassadeur des États-Unis Ă  l’époque, James Foley, dans un cĂąble diplomatique en date du 3 juin 2005.

La nomination de Gousse comme Premier ministre semble d’ores et dĂ©jĂ  vouĂ©e Ă  l’échec. Le 8 juillet, 16 des 30 sĂ©nateurs haĂŻtiens ont signĂ© une rĂ©solution annonçant qu’ils voteraient contre Gousse, annulant de fait ses chances pour ĂȘtre ratifiĂ©. Ces sĂ©nateurs, auxquels devraient se joindre Ă©ventu-ellement d’autres parlementaires, ont fait savoir dans leur rĂ©solution que Gousse Ă©tait inacceptable, Ă  cause de la « rĂ©pression, des arrestations arbitrai-res et des tueries perpĂ©trĂ©es dans les quartiers de Port-au-Prince » au cours de sa gestion en 2004 et 2005.

Gousse est similaire Ă  François «Papa Doc» Duvalier en ce sens qu’il reprĂ©sente un secteur de la classe di-rigeante haĂŻtienne qui est si rĂ©action-naire qu’il est parfois en conflit avec Washington. Les racines idĂ©ologiques de ce secteur remontent au prĂ©sident Dumarsais EstimĂ© (1946-1950) et in-clut d’autres idĂ©ologues et porte-parole de droite comme le colonel Himmler RĂ©bu, l’ancien chef des «rebelles» Guy Philippe, et mĂȘme Michel Martelly. Ses reprĂ©sentants prennent souvent une fausse posture nationaliste, citant «la souverainetĂ© d’HaĂŻti» quand ils sont pressĂ©s par les Etats-Unis d’adopter une certaine façade dĂ©mocratique ou de se plier Ă  des mesures anti-corruption

et Ă  d’autres diktats de l’empire. «Bien qu’ils adoptent une rhĂ©torique nation-aliste, nous savons qu’ils sont protĂ©gĂ©s par l’occupation militaire Ă©trangĂšre d’HaĂŻti dont ils sont les alliĂ©s», a dĂ©clarĂ© Ben Dupuy de l’AssemblĂ©e Populaire Nationale (APN), organisa-tion anti-impĂ©rialiste, en 1997 pour rĂ©sumer la nature de ce secteur.

Donc, ce n’était pas tant la bru-talitĂ© de Gousse qui lui aura aliĂ©nĂ© les États-Unis et leurs alliĂ©s, mais son re-fus (du moins dans l’action) d’opĂ©rer sous le commandement de la force d’occupation de l’ONU – connue com-me la MINUSTAH – que Washington mettait en place pour superviser HaĂŻti aprĂšs le coup d’État du 29 fĂ©vrier 2004 contre l’ex-prĂ©sident Jean-Bertrand Aristide.

Par exemple, le 28 fĂ©vrier 2005, Gousse dĂ©ployait la police haĂŻtienne pour rĂ©primer une manifestation au Belair lors du premier anniversaire du coup d’État, causant la mort d’au moins six manifestants et faisant beau-coup plus de blessĂ©s. Le chef militaire de la MINUSTAH, le lieutenant gĂ©-nĂ©ral brĂ©silien Augusto Heleno Ribeiro, s’était plaint Ă  l’Associated Press le jour suivant, Ă  l’effet que les crimes de la police “avaient empoisonnĂ© un climat que les Casques bleus travaillaient Ă  amĂ©liorer depuis deux mois”, et qu’à prĂ©sent la MINUSTAH « Ă©tait perçue sous un jour complĂštement diffĂ©rent » par la population.

Corroborant les dires d’Heleno, le 4 mars le chef civil de la MINUSTAH Juan Gabriel ValdĂ©s dĂ©clarait au Miami Herald: « Nous ne pouvons pas tolĂ©rer des exĂ©cutions, nous ne pouvons pas tolĂ©rer les fusillades sans contrĂŽle, nous ne permettrons pas des abus de droits humains, », tout en promettant que « les Casques bleus de l’ONU in-terviendront -- et utiliseront la force si nĂ©cessaire – si la police haĂŻtienne attaquait Ă  nouveau des civils sans armes ».

Des fonctionnaires de l’ONU se plaignaient aussi Ă  l’ambassade des États-Unis. Le commissionnaire ca-nadien de la CIVPOL (Police civile de l’ONU) David Beer a dit Ă  l’attachĂ© poli-tique de l’Ambassade que « ses plans pour le dĂ©ploiement de la PNH [Police nationale d’HaĂŻti] de concert avec la CIVPOL ont Ă©tĂ© mis sous le boisseau depuis des mois », suivant un cĂąble secret du 7 juin 2005. Gousse prenait effectivement la tĂȘte de la police, et “en dĂ©pit de l’accord dĂ©clarĂ© par la PNH, [...] ce plan n’a pas Ă©tĂ© mis en pra-tique.”

Beer aussi “insistait pour que

l’UnitĂ© de contrĂŽle de foule (CIMO) ne soit pas dĂ©ployĂ©e sans une escorte de la CIVPOL, mais l’accord est souvent ignorĂ© dans la pratique,” comme cela s’est produit durant la fatidique mani-festation du 28 fĂ©vrier 2005.

“Il y a encore des incidents, de faire valoir Beer, lĂ  oĂč le ministre de la Justice Gousse envoie le CIMO directe-ment sous ses ordres, circonvenant les contrĂŽles de Beer,” indique ce cĂąble. “Beer a dit que l’incident du 22 mai [2005] au Bel Aire [sic], au cours duquel un agent du SWAT a trouvĂ© la mort, Ă©tait un exemple du comporte-ment tortueux de Gousse.”

Un autre cas d’insatisfaction de l’ONU avec Gousse est dĂ©crit dans un cĂąble du 9 juin 2005, oĂč le chef des af-faires Ă©lectorales de la MINUSTAH GĂ©-rard Le Chevallier s’est plaint du min-istre de la Justice truquant un document Ă©manant de l’étranger que l’ONU tentait de faire passer comme haĂŻtien. «LeChe-vallier s’est plaint le 1er Juin que le pro-jet de dĂ©cret [Ă©lectoral], prĂ©sentĂ© par le [Conseil Ă©lectoral provisoire haĂŻtien] CEP (Ă©crit secrĂštement par la MINUS-TAH) plusieurs semaines auparavant, avait Ă©tĂ© bloquĂ© au sein du Conseil des ministres par le ministre de la Justice Gousse, qui a insistĂ© sur ce que LeChe-vallier a caractĂ©risĂ© de «changements inutiles,» rapporte le cĂąble. L’ONU et les États-Unis s’inquiĂ©taient aussi de voir Gousse leur faire mauvaise presse en incarcĂ©rant nombre de personnali-tĂ©s de premier plan du gouvernement d’Aristide et du parti Fanmi Lavalas comme prisonniers politiques sans in-culpation et sans jugement.

Gousse a suggĂ©rĂ© que le PĂšre GĂ©rard Jean-Juste, un prĂȘtre catholique pacifique avec des liens Ă©troits avec le parti d’Aristide, s’était “compromis dans des actions terroristes” lorsque le rĂ©gime l’a fait mettre en prison, rap-portait HaĂŻti-ProgrĂšs en octobre 2004. Des mois plus tard, aprĂšs qu’Amnesty International l’ait considĂ©rĂ© comme un “prisonnier de conscience,” le ministĂšre public concĂ©dait qu’il n’y avait pas de preuve contre Jean-Juste et celui-ci Ă©tait libĂ©rĂ© (seulement pour ĂȘtre arrĂȘtĂ© Ă  nouveau en juillet 2005).

Cependant, le prisonnier qui prĂ©occupait le plus l’ambassade des États-Unis Ă©tait l’ex-Premier ministre d’Aristide, Yvon Neptune, qui avait Ă©tĂ© aussi emprisonnĂ© sous les auspices de Gousse. Pour obliger les autoritĂ©s de facto soit de le mettre en accusation et le faire comparaĂźtre en cour, soit de le libĂ©rer aprĂšs huit mois de dĂ©tention au tristement cĂ©lĂšbre PĂ©nitencier national, Neptune entamait une grĂšve de la faim

en fĂ©vrier 2005, flirtant avec la mort ce pourquoi s’est alarmĂ©e l’Ambassade. L’ambassadeur Foley rencontrait les dirigeants du “Gouvernement intĂ©ri-maire d’HaĂŻti” ou GIOH (comme on dĂ©signait le rĂ©gime de facto) – le prĂ©-sident Boniface Alexandre, son chef de cabinet Michel Brunache, et le Pre-mier ministre GĂ©rard Latortue – le 21 mars 2005 pour exercer des pressions visant Ă  apporter une solution au cas de Neptune, ainsi qu’il l’indiquait dans un cĂąble du 23 mars. AprĂšs “avoir mis l’accent sur le cĂŽtĂ© inacceptable Ă  l’extrĂȘme de voir Neptune mourir sous la garde du GIOH,” Foley proposait “le transfert de Neptune du PĂ©nitencier national Ă  une ‘annexe’ rĂ©sidentielle de la prison”, et son «conseil» fut suivi par la suite. L’Ambassade Ă©tait “enclin Ă  vouloir travailler avec les hommes d’affaires, les partis politiques et des groupes de droits humains pour ouvrir un espace vers une solution finale” Ă  l’emprisonnement de Neptune, Ă©criv-ait Foley, mais qui se demandait “si le ministre de la Justice Gousse. . . veut ĂȘtre partie prenante de cette solution ou bien constituer un obstacle en ce sens.”

“Gousse aura Ă©tĂ© personnelle-ment la force, la seule la plus puis-sante, la plus implacable pour la per-sĂ©cution des prisonniers politiques en HaĂŻti,” de dire Brian Concannon Jr., directeur de l’Institut pour la justice et la dĂ©mocratie en HaĂŻti, et qui a ƓuvrĂ© Ă  la libĂ©ration de Jean-Juste et de Nep-tune. “Gousse a personnellement (et illĂ©galement) annulĂ© des ordres de libĂ©ration Ă©mis par des juges et mĂȘme par ses propres procureurs.”

Tout en se montrant agressif Ă  l’endroit des personnalitĂ©s Lavalas, Gousse a ƓuvrĂ© Ă  dĂ©fendre des viola-teurs de droits humains. Quand l’ex-dictateur Jean-Claude Duvalier, actuel-lement sous enquĂȘte et en rĂ©sidence surveillĂ©e, est revenu en HaĂŻti au mois de janvier dernier, Gousse a argumentĂ© contre son inculpation dans un Ă©dito-rial pour Le Nouvelliste, Ă©crivant que “«la notion de crime contre l’humanitĂ© ne peut ĂȘtre utilisĂ©e par les tribunaux haĂŻtiens.”

À titre de ministre de la Justice, Gousse a aussi aidĂ© Ă  vider de tout con-tenu le procĂšs historique de Raboteau pour la condamnation (in absentia) du leader d’extrĂȘme droite de l’escadron de la mort FRAPH Louis Jodel Cham-blain, qui Ă©tait revenu en HaĂŻti comme l’un des dirigeants des “rebelles” qui avaient aidĂ© Ă  renverser Aristide en fĂ©vrier 2004.

“AprĂšs avoir lui-mĂȘme agi com-me juge improvisĂ© pour les tribunaux des ‘rebelles’ contre les sympathisants Lavalas aprĂšs le coup d’État, Cham-blain Ă©tait devenu plutĂŽt un embarras pour le rĂ©gime de facto et ses patrons des États-Unis,” rapportait HaĂŻti-ProgrĂšs en aoĂ»t 2004. “De sorte qu’il a conclu un marchĂ© pour un nouveau procĂšs avec le ministre de facto de la Justice Bernard Gousse et, le 22 avril il s’installait Ă  la prison de PĂ©tionville, oĂč il prenait ses aises en toute libertĂ© et sortait rĂ©guliĂšrement pour aller manger et participer Ă  des agapes.”

Gousse avait dĂ©jĂ  dĂ©clarĂ© que Chamblain mĂ©ritait le pardon Ă  cause “de ses grands services rendus Ă  la nation” en aidant au renversement du gouvernement constitutionnel haĂŻtien et n’avait “rien Ă  craindre” de la justice haĂŻtienne sous sa gouverne, d’aprĂšs HaĂŻti ProgrĂšs.

Donc, c’est sans aucune surprise que le 17 aoĂ»t 2004, un tribunal Ă  la sauvette rejetait la condamnation de Chamblain pour le meurtre de masse de Raboteau, en le dĂ©clarant “non coup-able, Ă  l’aube, Ă  la suite d’un procĂšs nocturne en continu de 14 heures, au-quel un seul tĂ©moin de l’accusation osa se montrer, et ce n’était pas un tĂ©moin oculaire,” rapportait HaĂŻti-ProgrĂšs. “Le jugement avait Ă©tĂ© annoncĂ© seulement trois jours ouvrables plus tĂŽt.”

NĂ©anmoins, Chamblain restait dans sa situation de semi-empris-onnement, attendant un nouveau juge-

ment sous d’autres chefs. L’ambassade des États-Unis s’inquiĂ©tait de le voir mis en libertĂ© par Latortue et Gousse, un embarras supplĂ©mentaire pour Washington.

Sous le titre de “Manigances aut-our de Chamblain”, un cĂąble du 15 mai 2005 dĂ©crit comment le Premier min-istre Latortue promettait Ă  l’ambassade des États-Unis que son gouvernement ne sortirait pas Chamblain de prison. “Latortue nous a assurĂ©s que Cham-blain ne serait pas libĂ©rĂ©, disant que le ministre de la Justice Gousse Ă©tait d’accord avec lui Ă  ce sujet,” Ă©crivait le chargĂ© d’Affaires Douglas M. Griffiths. “Il l’a rĂ©pĂ©tĂ© en deux fois, disant que Chamblain ne serait pas libĂ©rĂ© tant qu’il serait Premier ministre.”

C’était, Ă©videmment, un men-songe, et Chamblain Ă©tait libĂ©rĂ© trois mois plus tard. Tout rĂ©cemment, on voyait Chamblain debout Ă  cĂŽtĂ© de Du-valier peu aprĂšs le retour de ce dernier, agissant Ă  titre de chef de sĂ©curitĂ©.

La conduite scandaleuse de Gousse a commencĂ© Ă  alimenter des discussions parmi les tuteurs d’HaĂŻti dans les coulisses. Au cours d’une rencontre le 20 mai avec des fonction-naires de l’ambassade des États-Unis et d’autres membres du “Noyau”, le chef de la MINUSTAH ValdĂ©s a rapportĂ© que des leaders politiques haĂŻtiens de fa-çon Ă©crasante sentaient que “le GIOH devrait procĂ©der au remplacement de quelques membres du cabinet, spĂ©-cialement du ministre de la Justice Gousse,” rapportait l’ambassadeur Foley dans un cĂąble datĂ© du 25 mai. “ValdĂ©s a fait valoir que le prĂ©sident Ă©tait en faveur du remplacement de Gousse, mais s’inquiĂ©tait pour ne pas crĂ©er un ‘martyr pour la souverainetĂ© haĂŻtienne’ si cela laissait l’impression que Gousse Ă©tait renvoyĂ© afin de faire libĂ©rer Neptune. L’ambassadeur fran-çais Ă©tait d’avis que le prĂ©sident et le Premier ministre n’avaient pas encore arrĂȘtĂ© leur dĂ©cision au sujet de Gousse. ValdĂ©s a dit que remplacer Gousse se-rait une bonne chose et pour la justice et pour la sĂ©curitĂ© en HaĂŻti, mais que le timing Ă©tait certainement dĂ©licat.”

MĂȘme des membres de la bour-geoisie d’HaĂŻti ont proposĂ© de remplac-er Gousse par des gens comme Charles Gervais, qui est actuellement l’avocat de Duvalier et l’éminence grise du prĂ©-sident Martelly. “L’homme d’affaires RĂ©ginald Boulos est celui qui nous a proposĂ© cela nous disant que Charles est ‘intelligent mais pas entĂȘtĂ© comme Gousse ‘”, a rapportĂ© Foley dans un cĂąble du 13 juin 2005.

Gousse a Ă©tĂ© finalement remerciĂ© de ses services suite Ă  une lettre de dix membres du CongrĂšs des États-Unis Ă  la secrĂ©taire d’État Condoleezza Rice

Suite Ă  la page (19)

Vol. 4 No. 52 ‱ Du 13 au 19 Juillet 2011HaĂŻti LibertĂ©4

L’histoire et les cñbles de WikiLeaks le laissent entrevoir:

La nomination de Gousse comme PM annonce le penchant de Martelly pour la répression

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Michel Martelly et son Premier ministre désigné Bernard Honorat Gousse

De gauche Ă  droite : Veronique Roy, Jean-claude Duvalier et Louis Jodel chamblain, le leader d’extrĂȘme droite de l’escadron de la mort FRAPH

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Par Fanfan Latulipe

Ma grand-mĂšre paternelle disait, Ă  l’occasion  : la Vie te prend par

la main et te dis allons-y, mais elle ne te dit pas lĂ  oĂč elle t’emmĂšne. En fait, le propos philosophe de Grand-mĂšre prend en compte, sans le dire, toute la dynamique sociale, politique, intellectu-elle, Ă©conomique et mĂȘme religieuse qui façonne notre quotidien avec projec-tion dans l’avenir. Cette courte dĂ©virĂ©e grand-maternelle Ă©tait pour en arriver Ă  l’ex-Premier ministre dĂ©signĂ©, virĂ© par les parlementaires, et, depuis, rĂ©signĂ© Ă  son sort, Daniel GĂ©rard Rouzier. La Vie, en la personne de Martelly, lui avait pris la main pour en faire un Premier ministre. La Vie, cette «ruseuse» im-prĂ©visible, n’avait toutefois pas dit au dĂ©signĂ© qu’il allait se casser le nez sur un rĂ©cif et qu’il aurait Ă  se rĂ©signer Ă  son destin rĂ©cifant.

Revivant au quotidien le chagrin de son Ă©chec, contrit de n’avoir pas adressĂ© Ă  Dieu d’assez ferventes priĂšres qui l’auraient pistonnĂ© et saxophonnĂ© auprĂšs des «élus» du parlement, Rou-zier vint pleurer dans le gilet de la na-tion Ă  travers une «Lettre ouverte Ă  mes compatriotes» en date du 5 juillet 2011. En amour comme en politique, le cha-grin est un carcan assez lourd Ă  porter. Dans la piĂšce Tite et BĂ©rĂ©nice, Corneille fait dire Ă  Domitie : «Mon chagrin, tout injuste qu’il est: je le chasse, il revient ; je l’étouffe, il renaĂźt»; renaissance, parce que peut-ĂȘtre «la source de nos chagrins est d’ordinaire dans nos erreurs», comme l’affirmait au XVIIIe siĂšcle l’homme d’église français Jean-Baptiste Massillon.

D’entrĂ©e de jeu, le dĂ©signĂ©-rĂ©si-gnĂ© prĂ©conise que «tous les citoyens se soumettent Ă  la volontĂ© des insti-tutions qui les dirigent  ; mieux qu’ils les consolident et acceptent sans cil-ler le verdict qui en Ă©mane toutes les fois que celui-ci est transparent et conforme Ă  la Loi». C’est vrai, en principe. Mais aussi, c’est lĂ  justement que le bĂąt blesse. Par solidaritĂ© de classe et d’intĂ©rĂȘt, Rouzier n’a pas le courage de reconnaĂźtre justement que ce Martelly qui l’a dĂ©signĂ© est le produit d’un processus mal aisĂ©, cahoteux, et exposĂ© de tous cĂŽtĂ©s aux magouilles de la communautĂ© internationale et de l’ambassade amĂ©ricaine, avec comme rĂ©sultat moins de 18% de participation de l’électorat  ! Martelly n’est pas un Ă©lu lĂ©gitime. DĂšs lors, Rouzier n’aurait mĂȘme pas dĂ» accepter de se prĂȘter Ă  ce simulacre mascaradant de «verdict». Aujourd’hui, il n’aurait pas Ă  se plaindre.

Rouzier se lamente «face Ă  un pouvoir d’État complaisant dans l’ar-bitraire et le mensonge». Dommage que son pĂšre, ancien ministre des Sports sous Jean-Claude Duvalier qui nageait comme un poisson dans l’eau saumĂątre duvaliĂ©riste ne luit ait pas conseillĂ© de ne pas s’embarquer dans cette galĂšre, encore moins (lui Rouzier, un ti JĂ©sus nan po krab) de ne pas se planquer dans la pĂ©taudiĂšre mafieuse de Martelly en compagnie de gens peu recomman-dables (chrĂ©tiennement ou pas) comme le «sulfureux» Laurent Lamothe. Le chagrin de Rouzier est d’autant plus difficile Ă  supporter «que ni le DĂ©putĂ© de la circonscription oĂč je suis nĂ© et oĂč je rĂ©side, ni les DĂ©putĂ©s des deux circonscriptions oĂč je fais partie des plus importants crĂ©ateurs d’emplois et des plus grands contribuables, encore moins les chambres de commerce dont mes entreprises sont membres n’ont pris ma dĂ©fense». Mauvais prĂ©sage du Ciel.

Passe encore pour les dĂ©putĂ©s, ces «analphabĂštes fonctionnels» selon ce qu’aurait dit Bernard Gousse, sorte de Lavrenti Beria Ă  la solde de GĂ©rard Latortue, de la morally repugnant elite

et des non moins ignobles mafieux de la communautĂ© internationale. Mais ĂȘtre lĂąchĂ© par les chambres de commerce «dont mes entreprises sont membres», membres de classe (bourgeoise), et de race (exploiteuse), a Ă©tĂ© absolument insupportable pour Rouzier, comme un chagrin gluant aussi long qu’un ver solitaire difficile Ă  extirper sauf par un puissant vermifuge. Rouzier aurait pu aussi mentionner que la haute hiĂ©-rarchie catholique, la grande complo-teuse, avec en tĂȘte l’excellentissimus GNBistus Mgr. Guire Poulard, n’a pas pris sa dĂ©fense non plus. Peut-ĂȘtre qu’elle a prĂ©fĂ©rĂ© ne pas soutenir un plus royaliste que le roi, un plus papiste que le pape, un plus nazarĂ©en que l’Homme sur la Montagne.

Rouzier aurait pu aussi, et sur-tout, accuser son prĂ©sident de l’avoir laissĂ© «seul dans la proverbiale fosse aux lions» et d’ĂȘtre parti en-ce-n’est-rien, pour une visite mĂ©dicale de routine, alors qu’il y a encore en HaĂŻti – Dieu merci – des mĂ©decins compĂ©tents, capables de s’acquitter d’une telle routine. D’avoir abandonnĂ© ce malheureux (ou bienheureux) croyant Ă  ses seules priĂšres – qui se sont rĂ©vĂ©lĂ©es inutiles – tĂ©moigne de l’irresponsabilitĂ© politique et du sans-gĂȘne Ă©thique de Martelly qui savait fort bien que son dĂ©signĂ© allait avoir affaire Ă  trĂšs forte partie. Nous n’avons pas de doute que Rouzier s’est acquittĂ© auprĂšs du fisc, il est assurĂ©ment haĂŻtien, mais en le renvoyant inviti invitum, les par-lementaires ont sans doute fait payer Ă  Martelly sa grande gueule, son arro-gance, sa voyouterie, la classe sociale qu’il reprĂ©sente, le secteur bourgeois qu’il symbolise au sein de la classe dominante et – possiblement – la bour-geoise «clarté» de Rouzier et l’émeraude de ses yeux.

Je salue que Rouzier «en tant que citoyen, [ait] acceptĂ© de servir [son] pays en mĂ©moire de tous nos compa-triotes morts du sĂ©isme, des intem-pĂ©ries, du cholĂ©ra, de la misĂšre, des naufrages en haute mer, de la violence armĂ©e, des kidnappings et des assassi-nats, comme ce fut le cas hier encore, de Guiteau Toussaint...». Rouzier aura oubliĂ© (volontairement  ?) les ratpa-kaka, les dĂ©munis des quartiers popu-laires dĂ©cimĂ©s par la Minustah parce que soupçonnĂ©s ou accusĂ©s de lava-lasserie. C’est l’ambassadeur Foley lui-mĂȘme qui donne des prĂ©cisions sur le carnage du 6 juillet 2005 :« « On ignore encore le degrĂ© d’agressivitĂ© dont a fait preuve la MINUSTAH, quoique 22 000 projectiles reprĂ©sentent une grande quantitĂ© de munitions pour n’avoir fait que six victimes » (le nombre de morts officiel selon l’ONU), dans un cĂąble de l’ambassade datĂ© du 26 juil-let 2005. Est-cela le rĂ©sultat «de notre Ă©chec collectif Ă  assumer le triptyque de notre RĂ©publique  : LibertĂ©, Éga-litĂ© et, surtout et avant tout, Frater-nité» ? Dommage qu’à l’époque la foi de Rouzier ne lui ait pas «fait chercher le Christ dans [s]on prochain».

Imperturbablement, Rouzier avance que «le peuple haïtien avait poussé un cri clair et fort de rupture

avec le passĂ© et de progrĂšs pour le futur en portant Michel Joseph Mar-telly Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique». AveuglĂ© par un indĂ©crottable parti-pris, Rouzier n’a pas voulu se rendre compte que seulement moins de 18% de l’élec-torat inscrit est allĂ© voter. Et malgrĂ© ce mythique «67%» dont se sont rĂ©clamĂ© les partisans de TĂšt kale, leur poulain n’a eu que trois seuls dĂ©putĂ©s au parle-ment, et pas un seul sĂ©nateur. Bizarre. Oui, Rouzier a toutefois raison de dire: «Une Population angoissĂ©e, affaiblie, dĂ©sabusĂ©e, traumatisĂ©e, Ă  genoux mais jamais vaincue, relevait la tĂȘte et assĂ©nait un Non sonore et pĂ©remp-toire au statu quo et Ă  ses partisans». Ce Non sonore provenait non pas du moins de 18% Ă  avoir votĂ© mais des plus de 90% qui ont boycottĂ© les Ă©lec-tions bĂČlĂšt du CEP, d’Edmond Mulet, de l’ambassade USA et des 19 candidats grennsenk qui n’ont pas eu le courage de dire non Ă  l’imposture gaillot-dorsin-villoise.

«La politique que je voulais pro-poser Ă  la Nation Ă©tait celle d’entrer en guerre contre les consĂ©quences dĂ©vas-tatrices des catastrophes crĂ©Ă©es par la nature et par l’homme qu’a connues notre pays pendant les 50 derniĂšres annĂ©es, en embrassant sans rĂ©serve le changement promu par le Chef de l’État», Ă©crit Rouzier. Nous lui don-nons acte de ses belles intentions que nous voudrions ĂȘtre marquĂ©es au coin de l’honnĂȘtetĂ© citoyenne. Mais quand Rouzier parle de catastrophes crĂ©Ă©es par l’homme, il ne devrait pas oublier que ce sont les hommes de la classe possĂ©dante dont il fait partie qui ont catastrophĂ© les masses populaires. Il ne devrait pas oublier que de Boyer Ă  1915 en passant par Salomon et les autres, un certain bovarysme avait fait de la classe possĂ©dante un vrai cheval de Troie au sein des masses laborieuses, hypnotisĂ©e que cette classe a Ă©tĂ© par les belles maniĂšres françaises. Depuis 1934, et plus particuliĂšrement depuis les Duvalier, ce sont les yeux verts du dollar qui brillent dans le noir du mal-heur national et qui hypnotisent tous les ConzĂ© sans honte et sans dĂ©corum.

M. Rouzier a voulu embrasser «sans rĂ©serve le changement promu par le Chef de l’État». Changement  ? Sans blague. Quand on pense que Mar-telly a dit vouloir recourir Ă  Jean-Claude Duvalier comme conseiller, quand voit graviter autour du prĂ©sident les figures stellaires du statu quo, ses «nouveaux musiciens»*,  comme l’a Ă©crit Joseph François Maximilien Pierre, on se de-mande perplexe de quel changement parle Rouzier. Qui sont-ils, ces Ă©lĂ©ments coriaces du statu quo  ? Le bĂątonnier Gervais Charles, l’une des figures de proue du duvaliĂ©risme, le petit frĂšre du Dr RenĂ© Charles, mĂ©decin personnel de François Duvalier  ; le sulfureux Lau-rent Lamothe; les frĂšres Mayard-Paul, Gregory et Thierry, ce dernier portĂ© aux propos dĂ©sobligeants; Gary Lissade, GNBiste avant la lettre et «lavalassien» cul de pintade au retour du premier exil d’Aristide; Calixte Delatour, un avo-cat et militant duvaliĂ©riste prĂ©sent sur la scĂšne politique depuis 1946; Carlos Hercule, Rigaud Duplan et Jean Renel

Sanon, membres de l’équipe juridique de Martelly.

Du cĂŽtĂ© mĂ©dical, signalons Pierre PompĂ©e, Nancy Martelly Garnier (la pe-tite sƓur du prĂ©sident), Philippe Larco (ami d’enfance de Martelly et neveu par alliance de Gervais Charles), Nancy Charles Larco (femme de Philippe le neveu de Gervais Charles, fille du Dr. RenĂ© Charles- le mĂ©decin personnel de François Duvalier), Brigitte Hudicourt (PDG de la ORL-O, un regroupement de mĂ©decins spĂ©cialistes en oto-rhino-laryngologie et ophtalmologie).

Au parterre des ronces GNBistes de Martelly figurent aussi «certains groupes d’intĂ©rĂȘt [qui]ont Ă©mergĂ© au milieu d’un petit noyau de copains, [ainsi] le Dr Ronald Victor Laroche, probablement l’un des mĂ©decins les plus riches d’HaĂŻti
 l’architecte du tout nouveau plan de santĂ© en deve-nir du candidat», selon Joseph Fran-çois Maximilien Pierre. Toujours selon ce dernier, il faut ajouter «l’économiste Pierre Marie Boisson de la SOGEBANK et qui semble avoir repris du service
Gladys Coupet, de l’Association Pro-fessionnelle des Banques, Hans Tip-penhauer, un ingĂ©nieur industriel qui avait occupĂ© le fauteuil de trĂ©sorier au sein du conseil d’administration de la dĂ©funte TELECO; l’expert en affaires Ă©trangĂšres de Sweet Micky Jean-Ro-bert EstimĂ©. Il avait dĂ©jĂ  occupĂ© un pareil fauteuil sous Jean-Claude Duva-lier; Daniel Supplice, duvaliĂ©riste no-toire, [qui avait] occupĂ© entre 1977 et 1986 de hautes fonctions dans l’admi-nistration [duvaliĂ©riste]». Sans oublier Magalie Adolphe, fille de la macou-teuse Madame Max Adolphe, cocotte et figaro de Sophie Martelly, et dont on vient de me signaler la prĂ©sence gra-vitante autour de Sweet Micky lors de ses dĂ©placements. C’est avec ce beau monde du statu quo que Rouzier a voulu embrasser «sans rĂ©serve le chan-gement promu par le Chef de l’État». Heureusement que le Seigneur a pro-tĂ©gĂ© la brebis rouziĂšre de cette meute duvaliĂ©ro-loupiĂšre.

Nous applaudissons des deux mains que le rĂ©signĂ© pense que «ce changement [promis par Martelly] de-vait s’exprimer avant tout dans la dĂ©-fense du bien commun
 Ce bien com-mun [qui] exige le bien-ĂȘtre social et le dĂ©veloppement de tous les enfants du pays, de tous, sans exclusion» (c’est moi qui souligne). Bravo, M. Rouzier, mais toute l’honnĂȘtetĂ© du monde jointe Ă  la vĂŽtre ne vous permettra pas de convertir Ă  la charitĂ© chrĂ©tienne l’entourage macouto-bourgeois de Martelly fait de partisans rĂ©solus, conscients, de l’exclusion. L’inclusion pour eux, c’est l’exclusion, au dĂ©part. Ils doivent mĂȘme vous en vouloir d’ĂȘtre le vice-prĂ©sident de la section haĂŻtienne de la gĂ©ante entreprise caritative et chrĂ©tienne “Food for the Poor” qui peut-ĂȘtre leur donne mauvaise conscience. Au demeurant, distribuer de la nourri-ture aux pauvres n’est qu’un pis-aller, une pratique qui engendre une humi-liante dĂ©pendance aux relents nĂ©o-co-lonialistes. Je suis presque sĂ»r que les

distributeurs de food ne se sont jamais demandĂ©, comme Mgr. Dom Helder Ca-mara : diantre ! mais pourquoi sont-ils si pauvres ?

Un proverbe haĂŻtien dit que priyĂš ranvwaye ranje mounn toutouni. Le rejet de Rouzier nous a Ă©pargnĂ© les per-formances d’un Premier ministre dont on a eu un avant-goĂ»t dans son article paru en mars 2004 et Ă©crit pour L’Insti-tut Nassau, un groupe d’experts inspi-rĂ©s par l’économiste Milton Friedman et basĂ©s aux Bahamas :« Notre politique Ă©conomique doit cependant rester fo-calisĂ©e sur les prioritĂ©s dĂ©finies pour attirer les investissements Ă©trangers et satisfaire les critĂšres de la Banque mondiale et du FMI
 Je crois que les troupes françaises et amĂ©ricaines qui sont sur le sol haĂŻtien d’aujourd’hui sont diffĂ©rentes de celles de 1803 et en 1915 et si une fois les troupes Ă©tran-gĂšres devaient venir encore en HaĂŻti, le problĂšme est de notre cĂŽtĂ©, nous HaĂŻ-tiens, pas avec eux». Pour reprendre les mots de Kim Ives  :« Il est difficile d’imaginer une plus pure articulation de la vision servile de la bourgeoisie haĂŻtienne». Pour complĂ©ter le lumineux tableau de ce grand patriote, rappelons ce qu’a dit de lui Bobby Duval, directeur d’un camp de soccer bien connu pour la formation des enfants des bidonvilles: « «Il est trĂšs conservateur
Il est dĂ©fini-tivement de droite, mais un homme de droite trĂšs intelligent. Ce sont les plus dangereux». Amen !

Si Rouzier s’était contentĂ© de res-ter prĂšs de Dieu plutĂŽt que de fouiner sous les aisselles d’un chanteur aux maniĂšres dĂ©pravĂ©es et vulgaires, il ne serait pas aujourd’hui dans les zen du chagrin; il ne serait pas tombĂ© dans les katchoumboumbe d’une grosse dĂ©cep-tion politique enrobĂ©e de kase mennen vini; il n’aurait pas permis qu’il devĂźnt ainsi la risĂ©e (sous cape) d’un frelu-quet dĂ©vergondĂ© qui sur les conseils d’un entourage mafieux aux mƓurs dissolues l’a envoyĂ© Ă  l’abattoir des parlementaires pour mieux se dĂ©barras-ser d’un «fils de Dieu» pas mal gĂȘnant pour eux, et il n’aurait pas Ă©tĂ© «pris au filet des Ă©toiles filantes comme un marin qui meurt en mer en plein mois d’aoĂ»t».

Etoiles filantes des «mafia ki nan antouraj Martelly», selon Michel Soukar. Marin sans expĂ©rience politichienne des bourrasques politico-ocĂ©anes des brasseurs d’argent sale, nationaux et internationaux.

Suite Ă  la page (18)

Vol. 4 No. 52 ‱ Du 13 au 19 Juillet 2011 5HaĂŻti LibertĂ©

Twa fĂšy Twa rasin O!

Premier ministre désigné, Premier ministre résignéLes plaintes de Daniel Gérard Rouzier

Paul J. JourdanAttorney at Law

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Daniel GĂ©rard Rouzier

Le bñtonnier Gervais charles, l’une des figures de proue du

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Daniel Supplice duvaliériste notoire, [qui avait] occupé entre 1977 et 1986 de hautes fonctions dans

l’administration [duvaliĂ©riste]»

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16 mwa aprĂš tranblemanntĂš 12 janvye 2010 la, plizyĂš

milye viktim ki lage 2 brabalanse sou plas piblik yo ak teren ki te vid nan kapital la, kontinye ap resevwa menas ekspilsyon fĂČse anba men swadizan mĂšt teren yo ak respon-sab kĂšk plas piblik. MĂšt tĂš yo itilize tout kalite mwayen pou mete viktim yo deyĂČ sou tĂš yo, yo itilize jijdepĂš, lapolis, avoka ak nĂšg ame pou fĂš presyon sou viktim yo, ki deja ap fĂš fas ak tout kalte pwoblĂšm, lavichĂš, chomaj, grangou, Kolera-Minista.

Pandanstan, nan zĂČn Kafou, bandi ame touye yon jĂšn gason nan kan Eric Jean Baptiste la, ki chita sou wout ray la. MĂškredi 5 jiyĂš pase a, nan KanapevĂš, pwopriyetĂš yo kĂČmanse voye somasyon bay viktim yo. Nan estad Sylvio Cator, direktĂš a, Rolny Saint-Louis ak yon kĂČ sekirite ame pa janm sispann fĂš presyon sou viktim yo pou fĂČse yo kite estad la.

Se poutĂšt sa plizyĂš respon-sab nan Kan yo te rele laprĂšs pou denonse pwopriyetĂš yo epi voye yon SOS bay otorite yo nan peyi a pou mande negosye yon moratwa ak mĂšt tĂš yo pou yo kite yo trankil annatandan Leta konstwi bonjan kay bay tout viktim yo. AprĂš 12 janvye, plis pase 4 milya dola vĂšt te deja al jwenn ONG yo ak gouvĂšn-man ayisyen an pou ede viktim yo, men jiskaprezan plizyĂš milye viktim pa jwenn yon ti kote pou yo rete ak fanmi yo. Responsab Kan Estad Sylvio Cator ak Kan Eric Jean Bap-tiste yo te esplike tray y ap pase konsa.  : «  Noumenm sinistre k ap viv nan kan estad Silvyo KatĂČ, depi 9 mwa n ap sibi zak vyolans anba men direktĂš estad la mesye Rolny St Louis ak tout kĂČ lame sekirite l yo. Chak jou se yon tristĂšs pou moun k ap viv nan kan an lĂš seki-rite yo pran plezi pou yo tire boutĂšy, wĂČch sou popilasyon an. Mezanmi enstans konsĂšne yo tande kijan DirektĂš a ap trete moun li vle leve nan kan an pou mete yo nan lari 2 brabalanse.Gen yon Oganizasyon Tzuchi ki te bay kan an 800 chĂšz ak tout biwo pou timoun lekĂČl avĂšk 8 tablo. DirektĂš estad la pran materyĂšl yo li lwe yo ak yon lĂČt lekĂČl. Anvan Oganizasyon an pati al Taywann li kite medikaman pou popilasyon an, men direktĂš a louvri fonmasi pa l avĂšk yo. Depi ONG vini avĂšk yon bagay li toujou poze lapat sou li. Jounen Jodi a paske pa gen ONG k ap pote anyen ankĂČ bay popila-syon an, li vle touye, mete moun yo deyĂČ. Rolny St Louis menm rive koupe dlo popilasyon an te ge-nyen kĂČm sĂšl resous. DirektĂš a fĂš plizyĂš arestasyon a 4trĂš dimaten, li arete Joseph Jn Quenold, Mathias Jn Odernesonne poutĂšt moun yo ap re-vandike dwa yo.

Jounen jodi a, nou mande en-stans konsĂšne yo pou yo pran kes-yon an anmen. Se pa lĂČd n ap pase yo, men se dwa nou n ap defann paske noumenm nou pa ta renmen pĂšdi avantaj sa a fim olandĂšz ap ofri peyi a. DirektĂš a ap fĂš manti sou moun ki nan kan an kĂČmkwa n ap entimide moun k ap travay yo, nou pote yon demanti fĂČmĂšl sou akiza-syon sa a.

Pou tout rezon sa yo nou mande responsab Leta yo pou yo bati bonjan kay ban nou pou n ka sĂČti nan estad la selon atik 22 man-man lwa peyi a. Nou mande respon-sab Federasyon Ayisyen FoutbĂČl la DoktĂš Yves Jn Bart alyas Dadou

tanpri pase direktĂš estad la lĂČd pou l kanpe ak espilsyon fĂČse a, sispann maspinen viktim tranblemantĂš yo, sispann vĂČlĂš Ăšd yo voye bay viktim yo. Si revandikasyon sa yo pa ka satisfĂš, n ap pran beton an nan jou k ap vini yo pou fĂČse otorite yo nan peyi a respekte dwa viktim yo, jan lwa peyi a ak chat Nasyonzini an di sa.

ABA ekspilsyon fĂČse !ABA Rolny Saint-Louis !VIV bonjan kay pou tout

viktim yo ! Se ak gwo sezisman nou

jwenn yo touye ak 3 bal Wesner Bourdeau ki t ap viv nan kan an. Bandi ame yo touye jĂšn gason an Mekredi swa 6 JiyĂš a aprĂš anpil me-nas Eric Jn Baptiste ak gang ame li yo te vin fĂš sou viktim yo nan kan an, Samdi 2 JiyĂš a. Nou kondane ak tout fĂČs nou zak kriminel sa a e n ap pwofite pou n fĂš piblik la konnen teren sa a nou t ap viv ladan an, se swit deklarasyon Mesye Eric menm ki te di Viktim 12 Janvye 2010 yo gen dwa pou yo abite sou tĂš a pou 3zan. Mesye Eric te di nou ale sou tĂš a, nan lide pou nou te vote anfavĂš Myrlande Manigat, men lĂš li wĂš nou pat fĂš chwa Myrlande, li di: «Van an vire». Depi lĂš sa a se ekspilsyon fĂČse kap fĂšt sou kan an nan kafou, sou ray se presyon ak agresyon vĂšbal n ap sibi tankou: pa ba nou pwela, pa ba nou latrin, yon fason pou li ka mete tout moun deyĂČ avan 31 JiyĂš.

Eric Jn Baptiste rive sou nou

nan lannwit Samdi ki te 2 JiyĂš a, a 1h di maten ak nĂšg abiye an polis nasyonal ak 2 lĂČt ki te rete nan yon machin polis san Jiwofa li pa limen avĂšk yon swadizan jijdepĂš ki rele Guillot, plis yon 20tĂšn nĂšg ak ti zanno, kouto, manchĂšt pou vin kraze tant malere, malerĂšz k ap viv sou kan an. Se yon operasyon lougawou ki te fĂšt san pitye, lĂš yo ta p di kraze tant yo ak tout moun k ap viv ladann yo. Jodi a nou di ase, nou di nou bouke ak trĂštman sa yo paske nou se moun, nou pa bĂšt, menm si nou analfabĂšt.

Konsa nou mande tout en-stans konsĂšne yo pou yo pran dosye sa a an men, paske nou gen dwa menmjan ak tout pitit tĂš a, ede nou jwenn mwayen pou nou travay pou n ka peye kote pou n rete. Pou tout rezon sa yo nap mande pou responsab Leta a ede nou jwenn bonjan kay pou n sĂČti kite tĂš Eric Jn Baptiste la a pou li pa fin maspinen nou avan 31 JiyĂš. Nap mande Leta a ak tout ONG yo di yon mo pou nou ak Eric Jn Baptiste ki di menm jeran lakay li pap viv tankou nou !

Si revandkasyon sa yo pa sa-tisfĂš nap pran lari pou fĂČse otorite nan peyi a pou respekte dwa viktim yo,jan lwa peyi a ak chat nasyon-zini an mande l.

ABA ekspilsyon fĂČse !ABA agresyon vĂšbalVIV bonjan kondisyon pou

viktim 12 Janvye yo sĂČti anba tant!Yves Pierre Louis

NĂČt pou laprĂšs

15 JiyĂš 1953 yon zetwal te file sou tĂš Dayiti, zetwal la pote

limyĂš pou tout moun ki pat wĂš e menm rive wĂš klĂš e menm sila yo ki te wĂš twoub rive wĂš pi klĂš. Nan lane 1980 limyĂš yo te kĂČmanse klere toupatou atravĂš teyoloji libera-syon an “ Ti kominote legliz yo “. 7 Fevriye 1986 LimyĂš a te kontinye klere je pĂšp la pou’l te sĂČti anba dik-tati fewĂČs la pou’l te antre nan de-mokrasi.

16 Desanm 1990 pĂšp Ay-isyen te kontinye fĂš listwa pou’l te fĂš demokrasi triyonfe. 30 Septanm 1991 fĂČs fĂšnwa yo ak moun ki pa vle chanjman yo tenyen tout lanp ki te limen e yo mete dĂšy soufrans ak tribilasyon kote k te gen plis pase 5 mil kretyen vivan ki tonbe pou kĂČz demokrasi a. Malgre tout soufrans ak tribilasyon, pĂšp Ayisyen te batay ak fĂČs fĂšnwa yo pou’l te relimen li-myĂš chanjman an 15 OktĂČb 1994.

SĂČti nan 15 OktĂČb 1994 rive 29 FevriyĂ© 2004 Ayiti te kĂČmanse bĂšl, te gen anpil wout, te gen anpil lekĂČl, anpil sant sante ak lopital, anpil kay pou moun ki pat gen kote pou dĂČmi, anpil plas piblik, anpil tra-vay, elektrisite ak sekirite pou tout pitit pĂšp la.

29 FevriyĂ© 2004 van kidnap-ing lan rive detwi tout rĂšv pĂšp Ay-isyen an. E mete blakawout, mizĂš, dezolasyon nan kĂš chak grenn Ay-isyen ki renmen Ayiti e ki konnen ki sa Ayiti vle di pou yo. Nan gwo jou sa a, n ap pwofite moman, pou’n di pĂšp Ayisyen an pa dekouraje menm lĂš li wĂš peyi’l kraze, menm lĂš li wĂš ki jan yo lage peyi a pou l ap trennen

nan labou lawont. Men sonje zetwal la ankĂČ vivan, Titid la ak nou. N ap pwofite jou 15 JiyĂš 2011 sa a pou nou di ansyen Prezidan nou an, lidĂš nou an, mĂšsi pou tout sakrifis li menm ak fanmi l fĂš pou koze peyi Dayiti. E nou pwofite moman sa a pou’n di l nan non pĂšp Ayisyen an e nan non pa nou BĂČn fĂšt. Se pou Bondye gade lavi ou, epi kontinye ba w ak tout fanmi w fĂČs ak kouraj pou nou fĂš limyĂš kontinye klere yon lĂČt fwa ankĂČ sou tĂš peyi DAyiti. Nou pap jamm sispann renmen ou.

MĂšsi

Moun ki siyen nĂČt sa a seFrenel Anacrayon, manm Fan-

mi LavalasJean Robert Pierre Louis, Fan-

mi LavalasClaude J. St.Germain, KĂČwĂČdo-

natĂš Fanmi Lavalas Boston

Vol. 4 No. 52 ‱ Du 13 au 19 Juillet 2011HaĂŻti LibertĂ©6

Kwonik KreyĂČl

Viktim 12 janvye yo ap denonse menas ekspilsyon fĂČse k ap fĂšt sou yo

BĂČn fĂšt Titid!

NĂČt pou laprĂšs

Emisyon KAKOLAKonbit Ayisyen pou Kore Lit la ann Ayiti

(917) 251-6057www.RadyoPaNou.com

101.9 FM ‱ SCARadyo Pa Nou

MĂškredi 9-10 pm

‱ Nouvùl ‱‱ Analiz ‱

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Pou yon Ayiti Libere

BOUKANRADIO PA NOU1685 Nostrand AvenueBrooklyn, NY 11226

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Bureau: (718) 940- 3861Studio: (718) 701- 0220 ‱ (718) 856- 8702 (718) 928- 7022 ‱ (718) 462- 0992(718) 469- 8511

Fondateur: Jude Joseph

Yon kan kote moun ap viv anba tant nan PĂČtoprens

N ap pwofite jou 15 JiyĂš 2011 sa a pou nou di ansyen Prezidan nou an, lidĂš nou an, mĂšsi pou tout sakrifis li menm ak fanmi l fĂš pou

koze peyi Dayiti

Biwo Avoka EntĂšnasyonal yo (BAI) ap raple pou pĂšp ayisyen

an ke nan dat 25 Janvye 2005, fan-mi viktim sa yo : Abdias JEAN, jou-nalis yo te asasine nan katye popilĂš yo rele « Vilaj de Dieu Â», nan dat 14 Janvye 2005 ;Ederson JoSEPH, yon elĂšv lekĂČl Nasyonal Colbert Lochard, yon kĂČmando polisye ki te abiye an nwa ak kagoul nan figi yo, te touye 17 Janvye 2005, nan lakou lakayli, nan Ri Estime, sou fĂČnasyonal  ; Jimmy cHARLES, yon anplwaye TELEKO, ki te manm patipoli-tik FanmiLavalas, lapolis te arete san manda 5 Janvye 2005, e mete nan gadavi nan Antigang, aprĂš 8 jou fanmi l t al jwenn kadav li nan mĂČg lopital jeneral, 13 Janvye 2005. Fanmiviktim sa yote pote plent nan PakĂš PĂČtoprens nan dat 25 Janvye 2005 kont otorite ki te la yo, pati-kilyĂšman, Premye Minis defakto a, Mesye Gerard Latortue, Minis Jistis ak Sekirite Piblik la, mĂšt Bernard Gousse, SekretĂš Deta Sekirite Piblik la David Bazil ; DirektĂš Jeneral PNH, Leon Charles, DirektĂš Depatman-tal lwĂšs PNH la, Renan Etienne ak ofisye polis ki te fĂš krim yo. Chak responsab Leta sa yo te patisipe de prĂš ou de lwen, kĂČm otĂš entelektyĂšl nan asasina Abdias JEAN, Edson JoSEPH ak Jimmy cHARLES nan datki site pi wo a.

BAI konstate lajistis nan peyi Dayiti konstitiye yonveritab anpĂšch-man pou etablisman yon Eta de dwa pĂšp ayisyen ap reklame depi byen lontan, men li prefere fĂš tĂšt li pase pou prensipal enstitisyon k ap bay jarĂšt a enpinite, ensekirite ak enstabilite nan peyi a. PoutĂšt

sa nan dat 24 Janvye 2006, Enstiti pou Lajistis ak Demokrasi an Ayiti (IJDH) ak BAI te depoze yon peti-syon devan komisyon entĂšamerikĂšn dwamoun(CIDH) pou ka Jimmy cHARLES la kont Repiblik Dayiti. Nan dat 18 Avril 2006, komisyon an te voye yon rekĂšt bay Leta ayisyen, pou l mande l yon repons nan yon delĂš ki pa depase 2 mwa. Leta Ayi-syen pa janm reponn.

Nan lane 2004 - 2005, Premye Minis Gerard LATORTUE ak Minis Jistis ak Sekirite Piblik la mĂšt Ber-nard GOUSSE kĂČm manm KonsĂšy SiperyĂš Polis Nasyonal la (CSPN) te nan tĂšt yon fĂČs represiv ki t ap vyole sistematikman dwa moun nan peyi Dayiti. Pouvwa jidisyĂš a fayi nan misyon l ki se bay jistis a tout moun ki viktim zak kriminĂšl.

Pou tout rezon sa yo BAI ekri Prezidan Sena a jou ki lendi11 JiyĂš 2011 lan, pou mande l sezi Wot Kou de Jistis epi ekri Chanm Depite a nan menm dat la pou mande yo pwononse sou miz an akizasyon kont gwootorite sa yo : MesyeGerard LATORTUE, MĂšt Bernard GOUSSE, Mesye David Bazile ak konpayĂšl yo. Se pou Sena Repiblik la transfome l an Wot Kou de Jistis pou jije yo pou krim yo te komĂšt sou 3 jĂšn gason sa yo : Abdias JEAN, Ederson Jo-SEPH ak Jimmy cHARLES pandan yo te sou pouvwa yo nan lane 2004 rive 2006, jan atik 185, 186, 187, 188, 189 e 190 konstitisyon Ayi-syen 1987 la di sa a.

Pou Biwo Avoka EntĂšnasyo-nal, BAI  : MĂšt Mario JoSEPH, DirektĂš

PĂČtoprens, Lendi 11 JiyĂš 2011

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Vol. 4 No. 52 ‱ Du 13 au 19 Juillet 2011 7HaĂŻti LibertĂ©

Perspectives

L’ASSAB, un bon modùle de gestion organisationnelle

Travaux des organisations des droits humains sur l'EPU

CĂ©lĂ©bration des 200 ans d’IndĂ©pendance du Venezuela en HaĂŻti

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Avis MatrimonialJe soussignĂ© Mr Auguste St. Eloi, demeurant et domiciliĂ© au 833 East 40 Street, Ă  Brooklyn NY 11210, avise le public en gĂ©nĂ©ral, le commerce en particulier et la justice que je ne suis plus responsable des actes de mon Ă©pouse Madame FumĂšne St. Eloi, nĂ©e Cordon, jusquÊŒĂ  ce quÊŒune dĂ©cision finale en divorce soit dĂ©livrĂ© contre elle.Brooklyn, NY ce 28 juin 2011

SignéMr. Auguste Saint-Eloi

**********************

Matrimonial Notice

I, Mr Auguste St. Eloi, living and domiciled at 833 East 40 Street, Brooklyn NY 11210, notify the general public, businesses and justice in particular, that I am no longer responsible for the actions of my wife Mrs FumĂšne St. Eloi, maiden name Cordon, until a final divorce ruling is issued against her. Brooklyn, NY ce 28 juin 2011

SignedMr. Augustus Saint-Eloi

Par Jackson Rateau

A un moment oĂč HaĂŻti a le plus be-soin des efforts de ses enfants pour

se remettre des violences de toutes sortes, nĂ©es des pratiques intention-nelles de nos prĂ©tendus amis Ă©trangers, jointes aux efforts de tous les temps de notre bourgeoisie compradore locale pour priver la classe pauvre haĂŻtienne de son droit d’émancipation, un groupe de citoyens haĂŻtiens vivant Ă  l’extĂ©rieur du pays, prenant Ă  cƓur la situation in-tenable des concitoyens de Belle Anse et de ses environs, a crĂ©Ă© l’Association des Amis de Belle Anse (ASSAB), juste pour attĂ©nuer les besoins de leurs frĂšres et sƓurs dĂ©shĂ©ritĂ©s ; et c’est animĂ© du grand dĂ©sir de continuer d’allĂ©ger la souffrance bicentenaire des riverains de cette zone, que le samedi 9 juillet 2011, au local de Grenadier Books / HaĂŻti Lib-ertĂ©,1583 Albany Ave, Brooklyn NY, un rapport exhaustif des activitĂ©s de l’association ASSAB a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© par l’envoyĂ© spĂ©cial Monsieur NĂ©caire GrĂ©-

goire.L’Association des Amis de Belle

Anse est une rĂ©alisation des natifs de Belle Anse vivant Ă  l’étranger, et qui existe depuis quelque 20 ans. Elle est dirigĂ©e par un comitĂ© de direction re-groupant les personnalitĂ©s suivantes  : Louis Angela Cajoux, secrĂ©taire gĂ©-nĂ©ral, Jean Claude Cajoux, assistant secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, NodĂšs Dorcena, prĂ©sident, Clotaire Pierre Louis, vice prĂ©sident, Jeannine Perry, 1re trĂ©soriĂšre, Margot Pierre Louis, 2e trĂ©soriĂšre, Alexis Mulman, 3e trĂ©sorier, François Cadely, conseiller, VĂ©liane Cadely, con-seillĂšre, Ulrick Mathurin, conseiller et Fernande DĂ©pestre, conseillĂšre.

ConsidĂ©rant le fait que l’ASSAB Ă©tait quelque peu mal comprise au niveau de la communautĂ© bellan-soise en HaĂŻti, la direction avait dĂ©cidĂ© d’envoyer Ă  Belle Anse une mission dont Monsieur NĂ©caire GrĂ©goire Ă©tait l’envoyĂ© spĂ©cial.

Au terme d’un travail de promo-tion rĂ©alisĂ© sur le terrain, en ce qui a trait surtout aux exigences du moment,

l’envoyĂ© a prĂ©sentĂ© un rapport dĂ©taillĂ© au comitĂ© de direction basĂ© Ă  New York.

Ainsi donc, dans l’objectif d’assurer une continuitĂ© dynamique des travaux sur le terrain et d’établir la confiance de la population, au cours d’une journĂ©e de travail tenue le 21 mai 2011 dernier, NĂ©caire s’est Ă©ver-tuĂ© Ă  installer un bureau de coordina-tion qui, Ă  travers la commission de liaison, servira d’intermĂ©diaire entre la population bellansoise et la direction de l’ASSAB.

Compte tenu du profil de la co-ordination, cette structure nous parait ĂȘtre un organe vraiment utile pour l’association.

Le bureau de coordination est ainsi composĂ©  : MoĂŻse Lazarre, coor-donnateur gĂ©nĂ©ral, Wilderne CĂ©sar, co-ordonnateur aux affaires de l’éducation et Fleurimon Lazarre, coordonnateur aux affaires de l’environnement.

Nonobstant un programme im-provisĂ© par rapport Ă  la tĂąche confiĂ©e Ă  l’émissaire, nonobstant les maigres fonds allouĂ©s Ă  sa mission, des initia-

tives importantes non prĂ©vues ont Ă©tĂ© prises, comme par exemple, apporter un soutien financier Ă  certaines organ-isations, en vue d’une promotion in-tensive de l’ASSAB. Ainsi, des soutiens financiers ont Ă©tĂ© accordĂ©s aux organ-isations suivantes  : Association des PĂȘcheurs de Belle Anse (APB), Club de Novation de Belle Anse (CLUNOB), FĂ©-dĂ©ration des Amis de la Nature de Belle Anse, (FANBELL) et Radyo KominotĂš BĂšlans (RKB).

Au cours de sa mission, l’émissaire a aussi rĂ©alisĂ© quelques activitĂ©s socioculturelles, quoique cir-constancielles, telles : la cĂ©lĂ©bration de la fĂȘte des mĂšres, l’opportunitĂ© pour la population bellansoise de 43 mille ha-bitants, d’assister Ă  la tĂ©lĂ©vision Ă  la finale de la coupe des confĂ©dĂ©rations, opposant les Ă©quipes europĂ©ennes, Manchester United et Barcelone.

Dans la riche panoplie de travaux rĂ©alisĂ©s sur le terrain, l’envoyĂ© spĂ©cial a aussi prĂ©sentĂ© une liste de projets en perspective dont un projet de plantules, l’assainissement de la ville, une Ă©mis-

sion de radio titrĂ©e « Etre Bellansois Â», une revue culturelle ayant pour titre «  Le Bellansois  », un centre professi-onnel oĂč l’on enseignera les disciplines suivantes  : informatique, ferronnerie, plomberie et autres, organisation annu-elle du championnat d’étĂ© de football, dons de matĂ©riels scolaires et le dernier projet, le plus important bien sĂ»r, celui de la crĂ©ation d’un Centre pour la Cul-ture et le DĂ©veloppement de Belle Anse.

Figure dans le rapport une liste de recommandations ainsi Ă©numĂ©rĂ©es : un local pour le nouveau bureau, une Ă©mission de radio, la prĂ©paration de la revue (Le Bellansois), la prĂ©paration d’un budget pour le bureau de la coor-dination, une grille de formation pour le centre professionnel, la lĂ©galisation de l’ASSAB, l’ouverture d’un compte ban-caire Ă  Belle Anse et Ă  Jacmel, l’achat d’un terrain et la construction du Centre Culturel.

VoilĂ  donc un bon exemple de gestion d’organisations, quand on est inspirĂ© d’une bonne vision des choses et animĂ© du vrai dynamisme.

Le mercredi 6 Juillet 2011, la Plateforme des Organisations

HaĂŻtiennes des Droits Humains (POHDH) a organisĂ© un forum Ă  Port-au-Prince autour du thĂšme : «  Les Droits Humains dans le processus de la reconstruction  » d’HaĂŻti. L’objectif de ce forum Ă©tait de prĂ©senter le rapport alter-natif et la contribution des orga-nisations des Droits Humains et les commentaires de la POHDH sur le rapport national de l’Etat haĂŻtien dans le cadre de l’Exa-men pĂ©riodique universel (EPU) dont HaĂŻti fera l’objet en Octobre prochain Ă  l’organisation des Na-tions Unies (ONU).

C’était en 2007, l’ONU a dĂ©marrĂ© avec cet exercice d’éva-luation de la situation des Droits Humains de chaque Etat membre, dans un intervalle de 4 ans. Selon maĂźtre Amos Auguste, respon-sable de la section juridique de l’Office de Protection du Citoyen (OPC), l’Examen PĂ©riodique Uni-

versel de l’ONU « est un dialogue interactif entre les Etats-membres des Nations Unies sur la base de la dĂ©claration universelle des Droits de l’homme, pour Ă©valuer les progrĂšs et les dĂ©fis. Ce n’est pas une condamnation de l’Etat. Â»

A la salle Sainte-ThĂ©rĂšse de l’hĂŽtel Le Plaza, le maitre de cĂ©rĂ©monie, le coordonnateur du groupe MĂ©dialternatif, Gotson Pierre, il Ă©tait environ 10h 30, a invitĂ© les 3 intervenants consti-tuant le premier panel : la Protec-tion du Citoyen et de la Citoyenne, Mme Florence Elie qui a adressĂ© au public les propos d’ouverture tout en dĂ©finissant le concept des Droits de l’homme comme un en-semble de principes et de valeurs morales pour sauvegarder la mĂ©-moire d’un peuple et combattre l’impunitĂ© dans la sociĂ©tĂ©.

Le secrétaire général de la Plateforme des Droits Humains, Freud Jean, quant à lui, a présen-té la mise en contexte du forum. Il

a succinctement prĂ©sentĂ© la situa-tion des Droits Humains avant le 12 janvier et aprĂšs le 12 janvier dans toute sa globalitĂ©. Pour lui, l’Etat haĂŻtien ne respecte pas et ne travaille pas dans le cadre du respect des droits Ă©conomiques et sociaux et les droits spĂ©ci-fiques du peuple haĂŻtien et quant aux droits civils et politiques des efforts ont Ă©tĂ© faits, mais il reste beaucoup Ă  faire.

On a organisĂ© des Ă©lections bon grĂ© mal grĂ© pour se faire Ă©lire des reprĂ©sentants au niveau de l’ExĂ©cutif et de LĂ©gislatif, mais on n’a jamais organisĂ© celles des collectivitĂ©s Territoriales devant aboutir Ă  la formation du Conseil Electoral Permanent. Apres le 12 janvier, la situation des droits Ă©conomiques, sociaux et culturels du peuple haĂŻtien tend Ă  s’empirer et comme solu-tion on a offert un projet de re-construction qui piĂ©tine toujours. 

Suite Ă  la page (19)

Le mardi 5 Juillet 2011 ra-menait le bicentenaire de

l’IndĂ©pendance de la RĂ©publique Bolivarienne du Venezuela. En cette occasion, l’ambassadeur du Venezuela en HaĂŻti, l’Honorable Pedro Antonio Canino Gonzalez a dĂ©posĂ© une gerbe de fleurs au pied du monument Simon Bolivar, si-tuĂ© sur la place des Nations Unies au Bicentenaire. Simon Bolivar avait Ă©tĂ© le pĂšre de l’IndĂ©pendance VĂ©nĂ©zuĂ©lienne, il avait Ă©galement affranchi l’AmĂ©rique latine sous la domination espagnole au cours du 19e siĂšcle.

Dans son allocution, l’ambassadeur Pedro Antonio C. Gonzalez, rendant hommage Ă  HaĂŻti et aux fondateurs de la Na-tion haĂŻtienne a dĂ©clarĂ© : « HaĂŻti est la mĂšre et le pĂšre de la libertĂ© de l’AmĂ©rique latine. Avec Tous-saint Louverture, Jean-Jacques Dessalines, Henry Christophe, HaĂŻti est parvenue Ă  se libĂ©rer du joug du colonialisme euro-pĂ©en. Maintenant, nous ne som-mes pas sur cette terre de libertĂ© pour l’exploiter, pour la dominer, pour augmenter la souffrance, la calamitĂ© de la population haĂŻti-enne. Nous ne sommes pas venus en HaĂŻti pour piller ses ressources en faisant semblant que nous sommes lĂ  pour l’aider. Nous sommes ici pour apporter la soli-daritĂ© franche et sincĂšre Ă  nos frĂšres haĂŻtiens. » Il a Ă©galement rappelĂ© le rĂŽle d’HaĂŻti dans la ba-

taille de l’IndĂ©pendance du Ven-ezuela, le 5 Juillet 1811.

Rappelons que dans le cadre de la coopĂ©ration du Venezuela Ă  HaĂŻti, le peuple haĂŻtien a bĂ©nĂ©-ficiĂ© de beaucoup de choses dans le domaine de l’infrastructure, de l’énergie Ă©lectrique, de l’éducation, de la SantĂ© et de l’alphabĂ©tisation. AprĂšs le tremblement de terre du 12 janvier 2010, le Venezuela figure parmi les premiers pays Ă  apporter de l’aide humanitaire au peuple haĂŻtien et tout son support au gouvernement. En Juin 2010, le Venezuela a annulĂ© la totalitĂ© de la dette d’HaĂŻti qui s’élevait Ă  plus de 400 millions de dollars US. Le Venezuela maintient ac-tuellement ses missions humani-taires en HaĂŻti Ă  son camp Fran-cisco de Miranda, promouvant la durabilitĂ© et la gestion de projets dans l’agriculture, l’énergie, le transport et la SantĂ©.

L’ambassadeur du Venezuela en Haïti, l’Honorable Pedro Antonio

canino Gonzalez

Graduation de la 7e promotion de médecins haïtiens à Cuba

Au début du mois de Juillet 2011, une nouvelle promotion de 115

nouveaux mĂ©decins haĂŻtiens diplĂŽmĂ©s Ă  Cuba a Ă©tĂ© diplĂŽmĂ©e Ă  l’UniversitĂ© des Sciences MĂ©dicales de Santiago de la RĂ©publique Socialiste de Cuba. Cette nouvelle promotion porte le nombre total de mĂ©decins diplĂŽmĂ©s Ă  Cuba Ă  731. Parmi ces diplĂŽmĂ©s 291 pour-suivent actuellement leur spĂ©cialisa-tion au pays de JosĂ© Marti et de Fidel Castro dont une centaine dans les do-maines spĂ©cifiques tels : la PĂ©diatrie, la Chirurgie, la GynĂ©cologie et la Car-diologie. Ces Ă©tudiants en mĂ©decine proviennent des couches dĂ©favorisĂ©es du pays qui n’auraient eu probable-ment aucune chance d’ĂȘtre mĂ©decins de qualitĂ© si ce n’était la coopĂ©ra-tion bilatĂ©rale Cubano-haĂŻtienne. Le recteur de l’universitĂ©, le docteur Rosa Della Castellano Deconger a rappelĂ© qu’au cours de la cĂ©rĂ©monie de gradu-

ation les premiers mĂ©decins haĂŻtiens ont Ă©tĂ© diplĂŽmĂ©s en 2005 Ă  Cuba, dans le cadre du programme initiĂ© en 1999, pour rĂ©pondre Ă  l’engagement du leader de la rĂ©volution cubaine, le commandant Fidel Castro, de former mille (1000) mĂ©decins haĂŻtiens en dix (10) ans.

L’universitĂ© des Sciences mĂ©di-cales de Santiago de Cuba a Ă©tĂ© la pre-miĂšre institution de mĂ©decine issue de la rĂ©volution cubaine et depuis sa crĂ©-ation deux mille quatre cent quatre-vingt-douze (2,492) spĂ©cialistes de la SantĂ© ont Ă©tĂ© formĂ©s, provenant de 76 pays. Dans le domaine de la SantĂ©, depuis 1998, Cuba a Ă©tabli une Bri-gade mĂ©dicale en HaĂŻti qui a apportĂ© les soins de santĂ© Ă  la population la plus reculĂ©e du pays rĂ©el. Depuis plus de dix ans, HaĂŻti figure parmi les pays qui ont bĂ©nĂ©ficiĂ© des fruits de la rĂ©vo-lution Cubaine.

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Vol. 4 No. 52 ‱ Du 13 au 19 Juillet 2011HaĂŻti LibertĂ©8

TĂ©moignage de Jocelerme Privert contre Bernard Gousse !

Suite de la page (3)

deux journalistes, propriĂ©taires de la radio PrĂ©vention et animateurs de l’émission appellĂ©e “les on dit”, Ernst Joseph et Wolf Duralph Fran-çois ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s le mercredi 22 juin dernier, par le commissaire du gouvernement prĂšs le Tribunal de PremiĂšre Instance de la juridiction. Me Alix Civil. Les prĂ©tendues charg-es retenues contre les journalistes sont: diffamation, trouble de l’ordre public et bris de bien publics.

Sur plainte du maire de Petit-Goñve, Justal Ronald et d’autres notables de la ville, les deux jour-

nalistes ont Ă©tĂ© invitĂ©s au Parquet de Petit-GoĂąve, le 22 juin 2011 pour rĂ©pondre aux questions relatives Ă  des informations et opinions Ă©mises au cours de leurs Ă©missions diffusĂ©es sur les ondes de cette station. Au mo-ment de l’audition, deux groupes de sympathisants qui accompagnaient respectivement les journalistes et la maire de la ville au tribunal se sont affrontĂ©s devant le Parquet. Des jets de pierres ont Ă©tĂ© lancĂ©s des deux cĂŽtĂ©s contre les locaux du Parquet, plusieurs personnes ont Ă©tĂ© blessĂ©es. C’est alors que le commissaire du gouvernement, Alix Civil, a ordonnĂ© l’arrestation des deux journalistes

qui se trouvaient dans son bureau. Selon le Secrétaire général de

SOS journalistes, Joseph Guyler C. Delva, le commissaire du gouverne-ment, Me Alix Civil [stabilise] les journalistes des actes de violence commis par des individus qui se sont affrontĂ©s devant le Parquet. Il a en outre indiquĂ© que le juge de paix, Me LĂ©andre, a Ă©galement procĂ©dĂ© Ă  la fermeture de la station, posĂ© des scellĂ©s le mĂȘme jour sur les locaux de la station, emportĂ© des matĂ©riels dans un vĂ©hicule de la Police. Depuis lors, les deux journalistes ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s au commissariat de Police de Carrefour, oĂč ils ont Ă©tĂ© dĂ©tenus

injustement. Des voix s’élĂšvent tant en Haiti qu’à l’étranger, exigeant la libĂ©ration immĂ©diate des journalistes incarcĂ©rĂ©s pour leurs opinions.

Outre des arrestations illĂ©gales et arbitraires, des cas de tortures ont Ă©tĂ© relevĂ©es dans diffĂ©rents centres de dĂ©tentions et prison du pays. Le cas le plus Ă©mouvant et qui soulĂšve la conscience du grand public est celui de Serge DĂ©mosthĂšne alias Ti-zouzou a succombĂ© sous des actes de torture au commissariat de PĂ©-tion-Ville le mardi 14 Juin 2011. Son corps contusionnĂ© et ensanglantĂ© a Ă©tĂ© retrouvĂ© le mĂȘme jour aprĂšs son arrestation Ă  la morgue de l’HĂŽpital

de l’UniversitĂ© d’Etat d’HaĂŻti (HUEH). Selon les informations, qui circulent Ă  Port-au-Prince, la scĂšne de torture au commissariat de Po-lice de PĂ©tion-Ville, s’est dĂ©roulĂ©e en prĂ©sence des autoritĂ©s policiĂšres et judiciaires. Cet acte de barbarie est contraire Ă  l’établissement d’un Etat de droit et Ă  la libertĂ© individuelle et rappelle Ă©trangement les agisse-ments horrifiants du rĂ©gime sangui-naire des Duvalier.

Les autoritĂ©s concernĂ©es se doivent de prendre les mesures nĂ©cessaires, ce avec cĂ©lĂ©ritĂ© et effi-cacitĂ©. Que les enquĂȘtes finissent par aboutir !

Des arrestations

De gauche Ă  droite Bernard Honorat Gousse, Thierry Mayard Paul et Michel Martelly

Le sénateur Youri Latortue

Les sénateurs Jocelerme Privert et Hector Anacacis

Par Mona PĂ©ralte

Le vendredi 8 juillet dernier, une pétition issue de la chambre

du sĂ©nat, signĂ©e par 16 sĂ©nateurs allait au prĂ©sident Martelly pour l’avertir que la candidature de l’ex-ministre de la justice, le cruel Bernard Gousse, Premier Ministre dĂ©signĂ© par le PrĂ©sident Sweet Micky Michel Martelly, ne serait pas agrĂ©e.

Les 16 sĂ©nateurs reprochent Ă  Bernard Gousse d’ĂȘtre un bour-reau directement impliquĂ© dans des cas d’arrestations illĂ©gales et arbitraires, de rĂ©pression, d’assas-sinat et de persĂ©cutions politiques, lors de son rĂšgne ministĂ©riel sous le gouvernement de facto, incons-titutionnel de Boniface Latortue (2004-2006).

L’une des victimes, l’ancien ministre de l’IntĂ©rieur sous le gouvernement de Jean Bertrand Aristide, Jocelerme Privert, signa-taire de la pĂ©tition, a reçu de son bourreau un appel tĂ©lĂ©phonique, le week-end dernier, implorant son pardon et essayant de l’amadouer.

Les raisons qui ont poussĂ© Privert Ă  mettre Goussse nu sur la place publique tient du fait que ce dernier sans aucune gĂȘne avait fait savoir sur les ondes que c’est Joce-lerme Privert lui-mĂȘme qui avait sollicitĂ© son arrestation pour raison de protection.

Pour l’histoire voici le rĂ©cit de l’arrestation tel que racontĂ© par le sĂ©nateur de l â€™Inite lui-mĂȘme, Jo-celerme Privert « Dans l’aprĂšs-mi-di du 5 avril 2004, aux environs de 4 heures, des hommes vĂȘtus de noir, cagoulĂ©s ont violĂ© ma de-meure. Ils ont saccagĂ© la maison, battu, torturĂ© les occupants de la maison. MĂȘme ma mĂšre, une vie-ille dame ĂągĂ©e de 80 ans, n’avait pas Ă©chappĂ© aux tortures des voy-ous. Moi, j’avais dĂ» me mettre Ă  couvert, chez un de mes amis prĂšs de l’aĂ©roport.

Le prĂ©sident Martelly a dĂ©-signĂ© Maitre Bernard Gousse qui voulait mon intervention dans cette situation. D’abord, officiel-lement, je n’étais pas au courant de la dĂ©signation. DeuxiĂšmement, s’agissant de mes contentieux personnels avec Bernard Gousse, je n’ai jamais ratĂ© une occasion d’y penser. Ainsi, quel que soit le sens de mon intervention, elle au-rait une relance de rĂšglement de compte. Donc, je prĂ©fĂ©rais quand mĂȘme garder un profil bas, par rap-port Ă  toute saga qui tourne autour de ce personnage trĂšs controversĂ©, dĂ©signĂ© comme premier ministre.

J’ai Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© le 6 avril 2004 Ă  2 heures du matin par Maitre Bernard Gousse en personne. J’ai Ă©tĂ© conduit au PĂ©nitencier Ă  bord d’un vĂ©hicule de l’ambassade de France avec Bernard Gousse en personne.

Ma question maintenant, c’est quoi cette vĂ©ritĂ© ? Alors Mai-tre Bernard Gousse, dans certaines de ses interventions cette semaine, a dit que les circonstances de cette arrestation sont connues de lui-mĂȘme et de Jocelerme Privert.

Effectivement, les circon-stances sont connues de nous deux, maitre Gousse et moi. Mais, lĂ  oĂč MaĂźtre Gousse a pĂ©chĂ©, c’est que nous ne sommes pas les deux Ă  savoir cette vĂ©ritĂ©.

Nous devons rappeler pour l’opinion publique  : mon chauf-feur, Albert Fabien, a Ă©tĂ© kidnappĂ©, sĂ©questrĂ© et torturĂ© dĂšs 4hers de l’aprĂšs-midi du 5 avril 2004 par un escadron de la mort, avec objectif de les diriger dans ma demeure. AprĂšs tant de bastonnades et de sĂ©vices physiques, il a finalement cĂ©dĂ©. A 10 heures du soir, il Ă©tait obligĂ© de conduire les assaillants chez moi. A ce moment, j’ai dĂ» laisser ma maison pour me rĂ©fu-gier quelque part d’autre. Alors, je m’étais mis Ă  appeler quelques amis de façon Ă  pouvoir dĂ©finir la nature de cette opĂ©ration ma-cabre chez moi en pleine nuit. Ce qui m’inspirait Ă  appeler certaines personnalitĂ©s, parmi lesquelles je cite  : Pierre EspĂ©rance, Calixte Delatour, Me Camille Leblanc, et le prĂ©sident de la Chambre Franco haĂŻtienne de l’Industrie et du Com-merce, Lyonel Etienne. Celui-ci a appelĂ© l’ambassade de France. Deux agents diplomatiques de l’Ambassade m’ont proposĂ© de ve-nir me chercher oĂč j’étais de façon Ă  Ă©viter des ennuis Ă  mes hĂŽtes. Et je suis sorti les rencontrer. Ils ont appelĂ© Me Bernard Gousse. On Ă©tait au Champ de Mars. Ber-nard Gousse leur a demandĂ© d’aller l’attendre Ă  l’aĂ©roport Internation-al. C’était une façon d’amadouer l’opinion publique pour lui faire croire que j’allais laisser le pays et qu’on m’a arrĂȘtĂ© Ă  l’aĂ©roport.

Nous sommes restĂ©s Ă  l’aĂ©roport jusqu’à 1 :30 du matin. Ce qui revient Ă  dire que Me Gousse a pris 2 heures de temps pour nous rejoindre. Il m’a dit «  j’ai tenu Ă  vous rencontrer. J’ai un mandat d’arrĂȘt pour vous».

Je lui ai demandĂ© Ă  quel mo-tif  ? Il m’a rĂ©pondu que c’est en ce qui concerne le massacre de la Scierie. Je lui dis que je n’ai rien Ă  voir Ă  ce prĂ©tendu massacre. Puis

j’ai ajoutĂ© : vous avez un mandat pour moi, il est maintenant 2hres du matin. De quoi s’agit-il, de cet escadron de la mort qui saccage mon domicile  ? Il m’a rĂ©pondu

que : c’est la police.Je lui ai demandĂ© comment

expliquez-vous que des policiers vĂȘtus de noir et cagoulĂ©s peuvent-ils s’adonner Ă  torturer ma famille et piller ma maison ? Il m’a rĂ©pon-du que les policiers Ă©taient en pos-session d’une copie du mandat.

Disant tout ceci, maitre, suis-je en Ă©tat d’arrestation  ? Il m’a rĂ©pondu : en principe, oui. Je lui ai demandĂ©, si je suis obligĂ© de vous accompagner ce soir  ? Il m’a rĂ©pondu positivement. Et c’était ma derniĂšre conversation avec Bernard Gousse. Comment pouvons-nous expliquer qu’un mandat d’arrĂȘt, Ă©mis par un juge d’instruction, se trouvant Ă  100km de Port-au-Prince (Saint Marc) puisse ĂȘtre entre les mains d’un ministre de la justice Ă  2hres du matin, pour exĂ©cution ?

Ce que je veux dire Ă  Gousse,

c’est que tout ce tĂ©moignage fait l’objet d’un document de 20 pages que j’ai distribuĂ© en avril 2006 Ă  l’ensemble des ambassades et agences accrĂ©ditĂ©es en Haiti. Ce

document a Ă©tĂ© envoyĂ© au conseil de SĂ©curitĂ© de l’ONU, au secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’Onu Koffi Anan etc.

Donc, en rĂ©sumĂ©, nous ne sommes pas seulement deux Ă  ĂȘtre en connaissance de cette vĂ©ritĂ©, mais bien le monde entier».

Dans quel pays peut-on voir une telle scĂšne, autre qu’en Haiti, que des diplomates accrĂ©ditĂ©s dans un pays procĂšdent Ă  l’arrestation d’un citoyen puis le conduisent en prison dans leur propre vĂ©hicule de service ?

Et malgré tout, Jocelerme Pri-vert, en dépit de ces abus concoc-tés contre sa vie et qui auraient pu

causer sa mort par un ancien min-istre et deux diplomates étrangers, a trouvé assez de courage pour ne pas les citer en justice.

Malgré ce témoignage ac-

cablant d’un pair, le sĂ©nateur Youri Latortue et un groupe de ses collĂšgues, issu des forma-tions politiques Ayiti Annaksyon, l’Alternative et autres seraient prĂȘts Ă  voter en faveur de Me Gousse si ses piĂšces sont conformes aux exi-gences constitutionnelles estimant que la dĂ©marche des sĂ©nateurs du groupe majoritaire « n’a aucune valeur lĂ©gale ». D’ailleurs, Ă  quoi s’attendre d’autre de Youri Lator-tue, puisqu’au rĂšgne illĂ©gal de GĂ©-rard Latortue, lui et l’ancien min-istre tortionnaire Bernard Honorat Gousse travaillaient pour le mĂȘme maĂźtre.

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Vol. 4 No. 52 ‱ Du 13 au 19 Juillet 2011 9HaĂŻti LibertĂ©

This Week in Haiti

The Shelters That Clinton BuiltThe first of two installments

WikiLeaked Cables Testify to PM Nominee’s Repressive Past

By Isabel Macdonald and Isabeau Doucet

When Demosthene Lubert heard that Bill Clinton’s foundation was going to rebuild his col-

lapsed school at the epicenter of Haiti’s January 12, 2010, earthquake, in the coastal city of LĂ©ogĂąne, the academic director thought he was “in paradise.”

The project was announced by Clinton as his foundation’s first con-tribution to the Interim Haiti Recovery Commission (IHRC), which the former president co-chairs. The foundation described the project as “hurricane-proof... emergency shelters that can also serve as schools... to ensure the safety of vulnerable populations in high risk areas during the hurricane season,” while also providing Hai-tian schoolchildren “a decent place to learn” and creating local jobs. The facilities, according to the foundation, would be equipped with power gen-erators, restrooms, water and sanitary storage. They became one of the IHRC’s first projects.

However, when Nation report-ers visited the “hurricane-proof” shel-ters in June, six to eight months after they’d been installed, we found them to consist of twenty imported prefab trail-ers beset by a host of problems, from mold to sweltering heat to shoddy con-struction. Most disturbing, they were manufactured by the same company, Clayton Homes, that is being sued in the United States for providing the Fed-eral Emergency Management Agency (FEMA) with formaldehyde-laced trail-ers in the wake of Hurricane Katrina. Air samples collected from twelve Haiti trailers detected worrying levels of this carcinogen in one, according to labora-

tory results obtained as part of a joint investigation by The Nation and The Nation Institute’s Investigative Fund.

Clayton Homes is owned by Berkshire Hathaway, the holding com-pany run by Warren Buffett, one of the “notable” private-sector members of the Clinton Global Initiative, according to the initiative’s website. (“Members” are typically required to pay $20,000 a year to the charity, but foundation of-ficials would not disclose whether Buf-fett had made such a donation.) Buffett was also a prominent Hillary Clinton supporter during the 2008 presidential race, and he co-hosted a fundraiser that brought in at least $1 million for her campaign.

By mid-June, two of the four schools where the Clinton Foundation classrooms were installed had prema-turely ended classes for the summer because the temperature in the trailers frequently exceeded 100 degrees, and one had yet to open for lack of water and sanitation facilities.

As Judith Seide, a student in Lu-bert’s sixth-grade class, explained to The Nation, she and her classmates regularly suffer from painful headaches in their new Clinton Foundation class-room. Every day, she said, her “head hurts and I feel it spinning and have to stop moving, otherwise I’d fall.” Her vision goes dark, as is the case with her classmate Judel, who sometimes can’t open his eyes because, said Seide, “he’s allergic to the heat.” Their teacher regularly relocates the class outside into the shade of the trailer because the swelter inside is insufferable.

Sitting in the sixth-grade class-room, student Mondialie Cinéas, who dreams of becoming a nurse, said that

three times a week the teacher gives her and her classmates painkillers so that they can make it through the school day. “At noon, the class gets so hot, kids get headaches,” the 12-year-old said, wiping beads of sweat from her brow. She is worried because “the kids feel sick, can’t work, can’t ad-vance to succeed.”

Word about the students’ head-aches has made it all the way to the LĂ©ogĂąne mayor’s office, but like the students, their teachers and parents, Mayor Santos Alexis chalked it up to the intense heat inside the trailers.

But headaches were not the only health problems students, staff and parents at the Institut Haitiano-

Caribbean (INHAC) told us they’ve suffered from since the inauguration of the classrooms. Innocent Sylvain, a shy janitor who looks much older than his 41 years, spends more time than anyone in the new trailer classrooms, with the inglorious task of mopping up the water that leaks through the doors and windows each time it rains. He has felt a burning sensation in his eyes ever since he began working long hours in the trailers. One of his eyes is complete-ly bloodshot, and he said, “They itch and burn.” He’d previously been sensi-tive to eye irritation, but he says he’s had worse “problems since the month of January”—when the schoolrooms opened their doors.

Any number of factors might be contributing to the headaches and eye irritation reported by INHAC staff and students. However, similar symptoms were experienced by those living in the FEMA trailers that were found by the Centers for Disease Control and Pre-vention to have unsafe levels of form-aldehyde. Lab tests conducted as part of our investigation in Haiti discovered levels of the carcinogen in the sixth-grade Clinton Foundation classroom in LĂ©ogĂąne at 250 parts per billion—two and a half times the level at which the CDC warned FEMA trailer residents that sensitive people, such as children, could face adverse health effects. Assay Technologies, the accredited lab that analyzed the air tests, identifies 100 parts per billion and more as the level at which “65–80% of the population will most likely exhibit some adverse health symptoms... when exposed continually over extended periods of time.”

Randy Maddalena, a scientist specializing in indoor pollutants at Lawrence Berkeley National Labora-tory, characterized the 250 parts per billion finding as “a very high level” of formaldehyde and warned that “it’s of concern,” particularly given the small sample size. An elevated level of form-aldehyde in one of twelve trailers test-ed is comparable to the formaldehyde emissions problems detected in about 9% of similar Clayton mobile homes supplied by FEMA after Hurricane Katrina. Maddalena explained that in “normal” buildings, you’ll see rates 12 to 25 times lower than 250 parts per billion, “and even that’s considered above regulatory thresholds.”

continued on p(14)

Ten hurricane shelters were installed at the Institut Nationale Haitiano-caribbean in LĂ©ogĂąne. Headaches and eye irritations have been reported

since the inauguration of the new classrooms. At least one has high formaldehyde test levels

Isabeau D

oucet

By Ansel Herz & Kim Ives

Bernard Gousse, whom Haitian Pres-ident Michel Martelly nominated

for Prime Minister on Jul. 6, was so re-pressive, uncontrollable and ineffective as Haiti’s de facto Justice Minister sev-en years ago that Washington and its Haitian and international allies forced his resignation, secret U.S. Embassy cables show.

The cables were among a trove of 1,918 Haiti-related U.S. Embassy dispatches provided by the media or-ganization WikiLeaks to Haïti Liberté.

“He’s an honest man. He has experience in public administration,” Martelly’s chief of staff Thierry Ma-yard-Paul told The Associated Press. “We believe that Mr. Gousse can drive this country out of its turmoil.”

But the U.S. Embassy in Port-au-Prince came to a different con-clusion towards the end of Gousse’s last tenure as a public official, calling him a “complete failure” as Justice Minis-ter. In separate cables, the Embassy and its interlocutors in Haiti decry his “mischief,” call him “stubborn,” and question whether he is an “obstacle” to resolving the case of a high-profile political prisoner.

“Everyone, including his backers in the [Haitian] private sector, agreed that Gousse had been a complete fail-ure both on the security and justice fronts,” wrote then U.S. Ambassador James Foley in a Jun. 3, 2005 diplo-matic cable.

Gousse’s nomination for premier already seems doomed. On Jul. 8, 16 out of Haiti’s 30 Senators signed a resolution saying they would not ratify

him. The Senators, who are likely to be joined by other parliamentarians, said in their resolution that Gousse was unacceptable for the “repression, arbi-trary arrests and killings in the neigh-borhoods of Port-au-Prince” that were carried out under his auspices in 2004 and 2005.

Gousse is similar to François “Papa Doc” Duvalier in that he comes from a sector of Haiti’s ruling class which is so reactionary that it some-times has conflict with Washington. This sector traces its ideological roots back to President Dumarsais EstimĂ© (1946-50) and comprises other right-wing ideologues and spokesmen such as Col. Himmler RĂ©bu, former “rebel” leader Guy Philippe, and even Michel Martelly. Its representatives often strike a faux-nationalist posture, citing “Hai-tian sovereignty” when pressured by the U.S. to adopt certain democratic façades or bow to anti-corruption mea-sures and other imperial oversight. “While they adopt nationalist rhetoric, we know they are protected by and al-lied with the foreign military occupa-tion of Haiti,” said Ben Dupuy of the progressive National Popular Assembly (APN) in 1997 in summarizing this sector’s nature.

So, it was not so much Gousse’s brutality that alienated the U.S. and its allies, but his refusal (at least in ac-tions) to operate under the command of the UN occupation force – known as MINUSTAH – which Washington set in place to oversee Haiti after the Feb. 29, 2004 coup against former President Jean-Bertrand Aristide.

For example, on Feb. 28, 2005, Gousse deployed the Haitian police to repress a demonstration in Belair mark-

ing the one-year anniversary of the coup, killing at least six protestors and wounding many more. MINUSTAH’s Brazilian military commander Lt. Gen. Augusto Heleno Ribeiro complained to the Associated Press the next day that the police killings “had poisoned an at-mosphere that peacekeepers had been working to improve for two months,” and that now MINUSTAH was “being received with a completely different attitude” by the population.

Heleno was seconded on Mar. 4 by MINUSTAH’s civilian chief Juan Ga-briel Valdes who told the Miami Herald that “we cannot tolerate executions, we can’t tolerate shooting out of con-trol, we will not permit human rights abuses,” promising that “U.N. peace-keepers will intervene -- and use force if necessary -- if Haitian police attack unarmed civilians again.”

UN officials were also complain-ing to the U.S. Embassy. The UN’s CIVPOL (Civilian Police) Canadian commissioner David Beer told the Em-bassy’s political officer that “his plans for HNP [Haitian National Police] deployment along with CIVPOL have been stymied for months,” according to a secret Jun. 7, 2005 cable. Gousse effectively headed the police, and “de-spite professed agreement by the HNP, [...] the plan has not been put into practice.”

Beer also “insisted that the Crowd Control Unit (CIMO) not be deployed without a CIVPOL escort, but the agreement is often ignored in practice,” as occurred during the fateful Feb. 28, 2005 demonstration.

“There are still incidents, Beer claimed, where Minister of Justice Gousse sends CIMO out on his direct

order, circumventing Beer’s controls,” the cable reported. “Beer said the May 22 [2005] incident in Bel Aire [sic] in which a SWAT officer was killed was an example of Gousse’s mischief.”

Another case of UN dissatisfac-tion with Gousse is outlined in a Jun. 9, 2005 cable where MINUSTAH’s elections chief GĂ©rard Le Chevallier complained about the Justice Minister’s tampering with a foreign-drafted docu-ment that the UN was trying to pass off as Haitian. “LeChevallier complained June 1 that the draft [election] decree, which was submitted by the [Haitian Provisional Electoral Council] CEP (ghostwritten by MINUSTAH) several

weeks ago, has been held up in the Council of Ministers by Justice Minis-ter Gousse, who has been insisting on what LeChevallier called ‘unhelpful changes,’” the cable says.

The UN and U.S. also worried that Gousse was giving them a black-eye by holding many high-profile fig-ures from Aristide’s government and Lavalas Family party as uncharged and untried political prisoners.

Gousse suggested that Father GĂ©-rard Jean-Juste, a pacifist Catholic priest with close ties to Aristide’s party, had “engaged in terrorist acts” when the regime placed him in prison, reported HaĂŻti ProgrĂšs in October 2004. Months later, after Amnesty International la-beled him “a prisoner of conscience,” the prosecutor conceded there was no evidence against Jean-Juste and he was released (only to be arrested again in July 2005).

The prisoner that most concerned the U.S. Embassy was Aristide’s former Prime Minister Yvon Neptune, who was also imprisoned on Gousse’s watch. To force the de facto authorities to either charge or release him after eight months of detention, Neptune went on hunger strike in February 2005, courting death and alarming the Embassy. Ambassa-dor Foley met with the leadership of the “Interim Government of Haiti” or IGOH (as the de facto regime was called) – President Boniface Alexandre, his chief of staff Michel Brunache, and Prime Minister GĂ©rard Latortue – on Mar. 21, 2005 to pressure for resolution of Neptune’s case, he reported in a Mar. 23, 2005 cable. After “stressing the utter unacceptability of Neptune dy-ing in IGOH custody,” Foley proposed

continued on p(18)

Bernard Gousse, Martelly’s latest prime minister nominee. He was de facto Justice Minister seven years

ago, but WikiLeaked cables cite the uN mission chief saying that his

removal “would be a good thing for both justice and security in Haiti.”

Haiti E

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Par James Petras

« Je pense que vous ne vous rendez pas compte Ă  quel point il est difficile aux opprimĂ©s de sâ€șunir. Leur malheur les unit (
). Mais, sinon, leur malheur tend Ă  les couper les uns des autres, car ils sont contraints dâ€șarracher de la bouche des autres les malheureuses miettes quâ€șon leur donne Â».

Bertolt Brecht collected Plays Vol. 91

Il y a deux faits incontestables concer-nant les Etats-Unis: l’économie et la

classe ouvriĂšre connaissent une longue crise financiĂšre qui dure depuis trois ans et qui ne montre aucun signe de vouloir se terminer ; il n’y a eu ni rĂ©volte ma-jeure, ni rĂ©sistance nationale massive, ni manifestations de grande envergure.

Peu d’analystes ont tentĂ© d’expliquer ce paradoxe apparent et, ceux qui l’ont fait ont apportĂ© des rĂ©ponses partielles qui, en fait, soulĂšvent plus de questions qu’elles ne donnent de rĂ©ponses.

Les grandes lignes de l’étudeLa plupart des auteurs insistent

essentiellement sur une des facettes de ce paradoxe. Les analystes de la «crise» s’intĂ©ressent Ă  l’étendue, la durĂ©e et la persistance de la crise Ă©conomique, soulignant ses lourdes consĂ©quences en matiĂšre de pertes d’emplois, de pro-tection sociale, de salaires et de rem-boursements de prĂȘts immobiliers, etc. D’autres, en gĂ©nĂ©ral des progressistes, parlent surtout des manifestations lo-cales, des rĂ©actions critiques aux sond-ages, de rĂ©criminations occasionnelles Ă©manant d’apparatchiks syndicaux et les espoirs et les mises en garde d’universitaires et d’experts qu’une «rĂ©-volte» va prochainement Ă©clater, Ă  un moment ou Ă  un autre.

Parmi la minoritĂ© d’analystes critiques moins optimistes, on trouve du dĂ©sespoir, ou, du moins, une vision plus pessimiste de ce «paradoxe». Ils Ă©voquent plusieurs obstacles politiques, organisationnels et psychologiques fer-mement ancrĂ©s qui empĂȘchent toute rĂ©volte ou mouvement de masse de se faire jour dans la population des Etats-Unis.

En gros, ces critiques voient en la classe ouvriĂšre et la classe moyenne des «victimes» du systĂšme, exploitĂ©es par de faux leaders, par la manipulation des mĂ©dias, le capitalisme et le systĂšme bipartite qui les empĂȘchent de dĂ©fendre leurs intĂ©rĂȘts de classe.

Dans cet essai, je propose une au-tre approche, Ă  savoir que les «ennemis extĂ©rieurs» qui font obstacle Ă  la rĂ©sis-tance de la classe ouvriĂšre et de la classe moyenne sont soutenus et encouragĂ©s par le comportement et l’intĂ©rĂȘt appar-ent au sein de ces classes. Nous verrons que l’effet qu’a eu la crise sur la classe ouvriĂšre et la classe moyenne, par sa nature et son envergure, a Ă©tĂ© mal inter-prĂ©tĂ© et, en consĂ©quence, l’importance des contradictions internes au sein de ces classes n’a pas Ă©tĂ© bien Ă©valuĂ©e.

Les concepts-clés: expliquer la crise et ses effets.

Les crises Ă©conomiques, mĂȘme celles qui sont graves et durables, comme celle que connaissent les Etats-Unis aujourd’hui, ne touchent pas de la mĂȘme façon toutes les catĂ©gories de la classe ouvriĂšre et de la classe moyenne. Ces inĂ©galitĂ©s ont divisĂ© la classe ou-vriĂšre et la classe moyenne, entre ceux qui sont gravement touchĂ©s et ceux qui ne le sont pas, et qui, dans certains cas, en ont bĂ©nĂ©ficiĂ©. Cette division est un des facteurs-clĂ©s qui explique le manque de solidaritĂ© de classe et a conduit Ă  des «contradictions» au sein mĂȘme de la classe ouvriĂšre et de la classe moyenne et entre elles.

Ensuite, le dĂ©veloppement inĂ©gal de l’organisation sociale – en particulier du syndicalisme – entre les salariĂ©s du secteur public et ceux du secteur privĂ©, a eu pour effet que les premiers ont obtenu – ou conservĂ© - des avantages sociaux

plus importants, des augmentations de salaires, alors que les autres ont cĂ©dĂ© du terrain. Les employĂ©s du secteur public font appel aux finances publiques pour rĂ©tribuer leurs «intĂ©rĂȘts corporatistes» alors que les salariĂ©s du secteur privĂ© sont contraints de payer des impĂŽts de plus en plus Ă©levĂ©s Ă  cause des mesures fiscales rĂ©gressives. Il en rĂ©sulte un con-flit d’intĂ©rĂȘt apparent ou rĂ©el entre les salariĂ©s du secteur public syndiquĂ©s, or-ganisĂ©s autour d’un ensemble d’intĂ©rĂȘts (qui leur est propre), et la masse des salariĂ©s du secteur privĂ© non syndiquĂ©s qui, ne pouvant pas obtenir des aug-mentations de salaires grĂące Ă  la lutte des classes, s’allient Ă  ceux (financĂ©s par le capital) qui demandent toujours moins d’ingĂ©rence de l’état pour exiger des rĂ©ductions budgĂ©taires pour les sal-ariĂ©s du public.

Le clivage politique, en particuli-er, parmi les dĂ©mocrates de la classe ou-vriĂšre et de la classe moyenne, rĂ©duit la solidaritĂ© de classe et affaiblit les mou-vements sociaux unitaires. On constate cela surtout pour les questions de guerre et de paix, de crise Ă©conomique et de rĂ©ductions de programmes sociaux. Quand les dĂ©mocrates sont au pouvoir, comme aujourd’hui, et que les guerres et les dĂ©penses pour les guerres se mul-tiplient, la majoritĂ© des militants pour la paix disparaissent du paysage, les ac-tions syndicales contre les rĂ©ductions budgĂ©taires visent les gouverneurs rĂ©-publicains, pas les dĂ©mocrates, mĂȘme si la classe ouvriĂšre et la classe moyenne (y compris les salariĂ©s du secteur pub-lic) sont trĂšs touchĂ©es.

Les principaux leaders syndi-caux millionnaires (qui perçoivent en moyenne un salaire annuel de plus de 300.000 dollars, hors avantages) aug-mentent la division en distribuant au parti dĂ©mocrate des millions de dollars pris sur les cotisations pour ĂȘtre sĂ»rs de conserver leur poste.

La sĂ©curitĂ© d’un poste de bureau-crate obtenue grĂące Ă  l’alliance avec les Ă©lus des congrĂšs et les gouverneurs, les maires et les dirigeants de l’exĂ©cutif du parti contribue Ă  augmenter la division au sein de la classe ouvriĂšre entre les «fonctionnaires avec un poste stable» et leurs partisans, d’une part, et le reste de la classe ouvriĂšre et de la classe moy-enne, de l’autre.

A partir de ces concepts-clĂ©s, nous allons voir maintenant «les condi-tions objectives d’une crise», une Ă©tude critique de certaines explications du «paradoxe», puis examiner en dĂ©tail les «contradictions internes’’ et conclure en exposant briĂšvement certains Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse pour rĂ©soudre ce paradoxe.

La crise économique est bien réelle, profonde et durable

Les symptĂŽmes et les structures d’une crise Ă©conomique profonde sont parfaitement visibles pour tous sauf pour les plus obtus qui trouvent des excuses au gouvernement ou pour quelque Ă©conomiste de renom: le chĂŽ-mage et le sous-emploi ont atteint un taux entre 18 et 20 %. Une famille sur trois est directement touchĂ©e par la perte d’emploi. Un mĂ©nage sur 10, propriĂ©-taire d’une maison, est soit en retard de paiement des remboursements du prĂȘt, soit menacĂ© de saisie. Plus de la moitiĂ© des chĂŽmeurs actuels (9,1 %) sont au chĂŽmage depuis au moins six mois. Les rĂ©ductions massives des dĂ©penses pub-liques et des investissements publics se sont soldĂ©es par la suppression des programmes de santĂ©, d’éducation et de protection sociale pour des dizaines de millions de mĂ©nages Ă  faibles reve-nus, d’enfants, de personnes ĂągĂ©es et d’handicapĂ©s.

Les compagnies privĂ©es ont supprimĂ© ou rĂ©duit l’assurance-maladie des salariĂ©s, laissant plus de 50 millions de travailleurs sans couverture mĂ©dicale et 30 millions d’autres avec une couver-ture mĂ©dicale insuffisante. Les exonĂ©ra-tions d’impĂŽts, les taxes rĂ©duites et rĂ©-gressives ont augmentĂ© les impĂŽts des salariĂ©s, ce qui a diminuĂ© leur revenu net. Les augmentations des cotisations pour la retraite et l’assurance maladie

qui ont été imposées aux salariés de la classe ouvriÚre et de la classe moyenne ont encore fait baisser leurs revenus.

L’augmentation des dĂ©penses pour au moins quatre guerres (en Irak, en Afghanistan, au Pakistan et en Lib-ye), les prĂ©paratifs pour une cinquiĂšme (l’Iran), le soutien Ă  l’état le plus mili-tarisĂ© du monde (IsraĂ«l) et un appareil d’état policier omniprĂ©sent et coĂ»teux (les services du DĂ©partement de la SĂ©-curitĂ© IntĂ©rieure coĂ»tent Ă  eux seuls 180 milliards de dollars) ont gravement dĂ©-tĂ©riorĂ© le niveau de vie, que ce soit en matiĂšre d’environnement, de travail ou d’espace de loisirs.

Le pouvoir politique liĂ© au capi-tal et la direction tyrannique sur le lieu de travail ont augmentĂ© la crainte, l’insĂ©curitĂ© et la terreur parmi les em-ployĂ©s qui risquent de se retrouver avec des cadences de travail accĂ©lĂ©rĂ©es et la suppression arbitraire de dispositions comme la sĂ©curitĂ© sur le lieu de travail, les horaires de travail, etc.

Les emplois de services mal payĂ©s prolifĂšrent, les emplois bien rĂ©munĂ©rĂ©s sont sous-traitĂ©s, les usines sont dĂ©lo-calisĂ©es Ă  l’étranger; les professionnels et les travailleurs moins bien payĂ©s sont importĂ©s de l’étranger, pour ĂȘtre mis en concurrence avec les travailleurs US sur lesquels il est fait pression pour baisser les salaires et rĂ©duire la protection so-ciale.

La crise Ă©conomique est enracinĂ©e dans la structure profonde du capital-isme US et ce n’est pas un «phĂ©nomĂšne cyclique» qui serait suivi d’une reprise dynamique, oĂč on retrouverait les em-plois, les logements, le niveau de vie et les conditions de travail perdus.

La réaction de la classe ouvriÚre et de la classe moyenne à la crise économique

Cette crise profondĂ©ment implan-tĂ©e et gĂ©nĂ©ralisĂ©e n’a pas fait naĂźtre de rĂ©voltes en proportion, pas mĂȘme un mouvement de protestation continu d’ampleur nationale.

Au mieux, les manifestations locales organisĂ©es par des catĂ©gories spĂ©cifiques de la classe ouvriĂšre et la classe moyenne cherchaient Ă  dĂ©fendre des intĂ©rĂȘts Ă©conomiques et corporat-istes limitĂ©s. Le mouvement social des fonctionnaires du Wisconsin Ă©tait aussi exceptionnel dans son action militante qu’il Ă©tait isolĂ© et limitĂ© dans l’impact national global. Alors que le gouver-neur rĂ©publicain de Californie et celui, dĂ©mocrate, de New York suppriment des milliards de dollars en salaires, retraites, et assurance-maladie Ă  des centaines de milliers de salariĂ©s syndiquĂ©s de la fonction publique, les leaders syndicaux braillent sur la touche avec impuis-sance, incapables d’organiser une quel-conque manifestation sĂ©rieuse, a fortiori un mouvement populaire.

Alors que les sondages montrent que la population est sur le plan indi-viduel trÚs inquiÚte au sujet de la crise économique et mécontente des deux

partis Ă  la fois, la rĂ©action Ă  la crise ne s’est pas concrĂ©tisĂ©e par un passage Ă  l’action, pas plus que n’a Ă©mergĂ© un quelconque mouvement de masse– cela reste un mĂ©contentement personnel anodin.

Alors que des millions de per-sonnes de la classe ouvriĂšre et de la classe moyenne sont profondĂ©ment inquiĂštes Ă  cause de la crise actuelle, il n’y a pas eu pour autant de rĂ©percus-sions au niveau social ou politique, ni passĂ©es, ni prĂ©sentes ni dans un avenir proche.

Tous les espoirs exagérés et les «pronostics inquiétants» des libéraux et des gauchistes, des socialistes et des progressistes, qui annonçaient une «ré-volte des masses» prochaine, se sont avérés complÚtement erronés. La crise

se poursuit et la classe ouvriÚre et la classe moyenne, trÚs mécontentes, souffrent en privé, ressassant leurs griefs dans leur coin, peu disposées à se lancer dans des actions collectives de masse.

MĂȘme si les medias, mĂȘme si In-ternet, Facebook et Twitter, montrent des millions de gens qui manifestent, qui font grĂšve et qui sont mĂȘme allĂ©s jusqu’à renverser des rĂ©gimes tyran-niques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, alors que mĂȘme les infos par-lent de grĂšves gĂ©nĂ©rales et d’occupations massives Ă  rĂ©pĂ©tition de places pub-liques par des salariĂ©s et des chĂŽmeurs en GrĂšce, en Espagne, au Portugal, en Italie et en France, les travailleurs aux Etats-Unis sont tĂ©tanisĂ©s, indiffĂ©rents, incapables d’en «tirer les leçons» et

Des millions de personnes de la classe ouvriÚre et de la classe moyenne sont profondément inquiÚtes à cause de la crise actuelle, il n'y a pas eu

pour autant de répercussions au niveau social ou politique, ni passées, ni présentes ni dans un avenir proche

une famille sur trois est directement touchée par la perte d'emploi. un ménage sur 10, propriétaire d'une maison, est soit en retard de paiement

des remboursements du prĂȘt, soit menacĂ© de saisie

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La crise économique est enracinée dans la structure profonde du capitalisme uS

cette crise profondĂ©ment implantĂ©e et gĂ©nĂ©ralisĂ©e n'a pas fait naĂźtre de rĂ©voltes en proportion, pas mĂȘme un mouvement de protestation continu d'ampleur nationale

Classe ouvriÚre et Classe moyenne aux etats-unis: solidarité ou ConCurrenCe faCe à la Crise?

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de se lancer dans l’»action collective» mĂȘme lĂ  oĂč les problĂšmes d’emplois et de rĂ©ductions sont similaires.

Pourquoi cette immobilité sociale face à la crise économique

Ce n’est pas par absence de «con-science» que quelque chose ne «tourne pas rond» dans ce pays. Il ne manque pas d’experts pour tenter de s’attaquer au paradoxe qui existe entre la crise Ă©conomique et l’immobilitĂ© sociale.

Plusieurs tentatives d’explications circulent dans les mĂ©dias et sur Inter-net. Certains analystes ont recours Ă  des explications psychologiques sur la passivitĂ© sociale, mettant cela sur le compte de la crainte gĂ©nĂ©rale de la vengeance patronale, la rĂ©pression de l’Etat, ou une impression de «futilité» face Ă  l’indiffĂ©rence et Ă  l’hostilitĂ© des partis politiques.

L’argument psychologique a quelque pertinence car il indique cer-taines des causes immĂ©diates du non-engagement mais n’explique pas, toute-fois, ce qui provoque cette «crainte» et cette futilitĂ©.

En rĂ©action, beaucoup de pro-gressistes critiques citent l’absence ou la dĂ©ficience des organismes sociaux et dĂ©signent en particulier le dĂ©clin des

organisations syndicales, qui font que 93% des employés du secteur privé ne sont pas syndiqués et que les salariés syndiqués du secteur public se retrou-vent avec un pouvoir de négociation limité.

Si ces analystes ont raison de souligner la rĂ©ticence des responsables syndicaux millionnaires d’innover et de lancer de nouvelles tentatives pour organiser les travailleurs, on peut se demander pourquoi la classe ouvriĂšre et la classe moyenne qui ne se syn-diquent pas n’ont pas pris elles-mĂȘmes l’initiative de s’organiser. Les apparat-chiks syndicaux ont un long passĂ© de concessions faites au patronat sur le dos des travailleurs qui remonte Ă  au moins une vingtaine d’annĂ©es et, cependant, ceux qui sont touchĂ©s de plein fouet et ceux qui ont perdu leur emploi n’ont pas organisĂ© de rĂ©seau de solidaritĂ© alterna-tif.

Les analystes politiques insistent sur la nature oligarchique et restric-tive du systĂšme Ă©lectoral qui empĂȘche l’émergence de nouvelles initiatives po-litiques. Le coĂ»t des campagnes Ă©lecto-rales, qui se chiffre Ă  plusieurs millions de dollars, l’emprise quasi-monopolis-tique qu’ont les Ă©lites des deux partis du capital sur les mĂ©dias et l’obstacle

juridique Ă  franchir avant de pouvoir devenir candidat officiel, dĂ©couragent les Ă©lecteurs dĂ©goutĂ©s de soutenir de nouvelles initiatives d’un parti politique. Mais la question la plus complexe est de savoir pourquoi il n’y a pas eu d’actions de masse, en dehors de la structure Ă©lectorale des partis, pour affronter l’oligarchie politique, le monopole capi-taliste des mĂ©dias, et pour changer les contraintes juridiques afin d’avoir le droit d’entrer effectivement dans l’arĂšne Ă©lectorale.

Pourquoi des actions de masse ont-elles lieu dans d’autres pays encore plus rĂ©pressifs, face Ă  des contraintes juridiques similaires et des oligarchies bien implantĂ©es?

Si des «contraintes externes» semblables Ă  celles quâ€șon trouve aux Etats-Unis conduisent Ă  des rĂ©actions comportementales diffĂ©rentes, on peut se poser la question de savoir si les divergences au sein de la classe ou-vriĂšre et la classe moyenne ne peuvent pas ĂȘtre Ă  lâ€șorigine de la passivitĂ© et lâ€șimmobilitĂ©.

Quelques auteurs, essentielle-ment de gauche, citent le divorce ou la distance qui existe entre les intellectuels/universitaires et les classes moyenne et ouvriĂšre forcĂ©es dâ€șaccepter des emplois en-dessous de leurs qualifications. Aux Etats-Unis, il y a peu dâ€șintellectuels – des auteurs engagĂ©s politiquement et des maĂźtres de confĂ©rence sur la poli-tique.

Ce qui passe pour lâ€șȎlite intel-lectuelle», ce sont des universitaires de profession, employĂ©s Ă  plein temps, dont lâ€șattitude dans la vie quotidienne et en sociĂ©tĂ© ne varie guĂšre, quelles que soient les idĂ©es quâ€șils professent. Lâ€șimmense majoritĂ© des universita-ires de gauche considĂšrent quâ€șils font du «militantisme» en lisant leur prose devant leurs pairs Ă  des «forums de gauche» ou «sociaux», qui varient peu, dans la prĂ©sentation et lâ€șimpact quâ€șils ont, des rĂ©unions classiques de profes-sionnels.

MĂȘme pour ces universitaires de gauche qui jouent un rĂŽle politique, celui-ci est en grande partie en rapport avec les caciques multimillionnaires des syndicats et leur appareil loyaliste. En consĂ©quence, les universitaires pro-gressistes nâ€șont guĂšre de contacts avec lâ€șimmense majoritĂ© des travailleurs qui sont en dehors des syndicats, ni avec ces sections syndicales dissidentes qui sâ€șopposent au rĂ©seau des syndicats liĂ©s au parti dĂ©mocrate et auxiliaires du pa-tronat.

Autre explication du «Paradoxe»Un des problÚmes majeurs qui

empĂȘche la comprĂ©hension du para-doxe, c’est le traitement du concept-clĂ© de «crise». De nombreux analystes conçoivent la crise de façon holistique, en partant du principe que ce qui est «gĂ©nĂ©ral» ou «systĂ©mique» a un effet homogĂšne sur les classes moyenne et ouvriĂšre.

En fait, l’immense majoritĂ©, di-

sons trois quarts d’entre eux, n’ont pas Ă©tĂ© gravement touchĂ©s par la «crise». En supposant qu’il y a environ 20% de chĂŽmeurs et de sous-employĂ©s, et si on y ajoute ceux qui ont subi des change-ments sĂ©rieux de statut, il reste encore au moins 70% dont la prĂ©occupation principale est de prĂ©server leur position de «privilĂ©giĂ©s» et de se dĂ©solidariser de ceux qui sont sortis de leur orbite classe-social.

Aux Etats-Unis, plus que dans n’importe quel autre pays, les impor-tantes diffĂ©rences internes, entre em-ployĂ©s et chĂŽmeurs/sous-employĂ©s, se sont traduites par la concurrence entre eux, pas par la solidaritĂ©. Dans la plu-part des pays du monde, les travailleurs au chĂŽmage ou sous-employĂ©s peu-vent espĂ©rer recevoir un soutien actif de la part des travailleurs syndiquĂ©s, aux Etats-Unis, sitĂŽt que les salariĂ©s perdent leur emploi et ne peuvent plus payer leur cotisation syndicale, ils sont abandonnĂ©s. MĂȘme en matiĂšre de vie familiale, sociale et locale, ils sont con-sidĂ©rĂ©s comme un «coĂ»t», une menace potentielle sur la baisse des revenus de ceux qui ont un emploi. Ceux qui tra-vaillent considĂšrent les chĂŽmeurs et ceux qui ont de bas salaires comme un coĂ»t social, et donc, une charge finan-ciĂšre supplĂ©mentaire, plutĂŽt que comme des camarades de lutte pour imposer aux capitalistes de payer plus d’impĂŽts et de rĂ©duire les dĂ©penses pour faire la guerre. Pour les travailleurs, «augmen-tation des impĂŽts» se traduit par «fuite des capitaux»; «rĂ©duction des dĂ©penses militaires» par «perte d’emplois dans l’industrie de la guerre».

La segmentation au sein des classes moyenne et ouvriĂšre fonctionne Ă  de nombreux niveaux. Le plus frap-pant, c’est l’écart de salaire entre celui des responsables syndicaux haut-placĂ©s qui touchent plus de 300.000 dollars/an, sans compter les avantages, et celui des chĂŽmeurs/ sous-employĂ©s qui vi-vent avec moins de 30.000 dollars. Ces Ă©carts financiers jouent un rĂŽle impor-tant sur le plan politique et social.

L’appareil syndical achĂšte sa «sĂ©curitĂ© de l’emploi» avec des dons de dizaines de millions de dollars qu’il verse principalement au Parti dĂ©mocrate pour s’assurer que les syndicats con-serveront leur statut officiel et le droit aux nĂ©gociations collectives.

En d’autres termes, les syndicats qui reprĂ©sentent 12% de la population active, sont une «force captive» de l’Etat accablĂ© par la crise, ce qui exclut toute initiative sociopolitique qui reprĂ©senter-ait les revendications et les intĂ©rĂȘts des travailleurs sous-employĂ©s et des tra-vailleurs mal payĂ©s non syndiquĂ©s.

Les classes moyenne et ouvriÚre sont touchées différemment par les cri-ses: ceux qui ont un emploi et qui sont liés au Parti démocrate placent la fidélité au parti au-dessus de toute notion de solidarité de classe.

Ceux qui ont un emploi ne soutiennent pas les sans-emploi – ils les voient comme des rivaux qui se bat-tent pour avoir une part du gñteau de ressources qui s’amenuisent de plus en plus.

Si on examine ces deux groupes en dĂ©tail, on s’aperçoit que ceux qui sont mal payĂ©s, qui sont au chĂŽmage ou sous-employĂ©s sont souvent des jeunes de moins de 30 ans, des noirs, des latinos, et des parents isolĂ©s; ceux des classes moyenne et ouvriĂšre qui sont mieux payĂ©s sont plutĂŽt plus ĂągĂ©s, blancs, instruits et d’origine anglo-juive. Les divisions ethnico-culturelles, gĂ©nĂ©rationnelles, et raciales jouent un rĂŽle beaucoup plus important aux Etats-Unis que partout ailleurs, Ă  cause de l’élimination de la notion de classe en matiĂšre d’identitĂ© et de perspective, qui a annihilĂ© toute notion de solidaritĂ© de classe.

La segmentation au sein des classes moyenne et ouvriÚre est plus importante aux Etats-Unis parce que ceux qui ont un emploi stable profitent dans de nombreux cas des problÚmes que connaissent ceux qui sont au chÎ-mage ou sous employés.

Les saisies immobiliĂšres touchent plus de 10 millions de mĂ©nages in-capables de rembourser leur prĂȘt. Les banques, dĂ©sireuses de rĂ©cupĂ©rer une partie de leur argent, proposent de re-vendre les maisons Ă  des prix dĂ©fiant toute concurrence.

Les acquĂ©reurs de maisons des classes moyenne et ouvriĂšre qui ont un emploi sont ravis d’acheter, mĂȘme si ceux de leur classe sociale sont expulsĂ©s et se retrouvent Ă  la rue ou dans une caravane. Il n’y a pas d’actions pour empĂȘcher ou manifester contre les ex-pulsions de voisins, de collĂšgues de tra-vail et/ou de parents; au lieu de ça, les gens se renseignent discrĂštement sur la date de la vente aux enchĂšres.

Les travailleurs qui sont mieux rĂ©munĂ©rĂ©s cherchent Ă  obtenir des biens de consommation meilleur marchĂ© dans les grandes surfaces qui versent Ă  leurs employĂ©s le salaire minimum. Les «in-tĂ©rĂȘts» des travailleurs sont dĂ©finis par les intĂ©rĂȘts immĂ©diats de consomma-teurs individuels et non pas en matiĂšre d’amĂ©lioration d’intĂ©rĂȘts stratĂ©giques Ă©manant du potentiel social et politique d’une classe sociale organisĂ©e.

Les propriĂ©taires de maisons des classes moyenne et ouvriĂšre qui ont un emploi se considĂšrent comme des «contribuables», et s’allient aux mag-nats capitalistes de l’immobilier qui luttent pour faire baisser les impĂŽts en rĂ©duisant les services sociaux pour la classe ouvriĂšre Ă  faibles revenus et les chĂŽmeurs.

L’augmentation des manifesta-tions contre les impĂŽts des classes bour-geoise, moyenne et ouvriĂšre est en fait le signe d’une guerre d’un segment de cette classe contre une autre. De toute Ă©vidence, un des segments se bat pour arracher les miettes de la bouche d’un autre segment.

MĂȘme au sein de la classe ou-vriĂšre syndiquĂ©e, il y a division. Une partie des travailleurs syndiquĂ©s a ob-tenu des augmentations de salaires, de retraites et d’assurance-maladie grĂące aux luttes collectives, sans se prĂ©occu-per des intĂ©rĂȘts, des revendications et des besoins de la marĂ©e de travailleurs non syndiquĂ©s, qui Ă©taient en train de passer Ă  un statut infĂ©rieur tout en pay-ant davantage d’impĂŽts. C’est ainsi que leurs Ă©carts socio-Ă©conomiques ont Ă©tĂ© politisĂ©s et exploitĂ©s par la droite - et que les secteurs public-privĂ© des classes moyenne et ouvriĂšre se sont trouvĂ©s Ă  lutter les uns contre les autres pour rĂ©cupĂ©rer les miettes d’un budget en baisse.

Alors que les services publics de santĂ© et d’éducation se dĂ©tĂ©rioraient, les classes moyenne et ouvriĂšre se sont divisĂ©es entre ceux qui se sont tournĂ©s vers les cliniques et les Ă©coles privĂ©es et ceux qui sont restĂ©s dĂ©pendants des ser-vices publics, et qui fonctionnent grĂące aux fonds publics.

Ces catĂ©gories liĂ©es au «privé» s’opposaient aux impĂŽts qui servent Ă  financer le secteur public, laminant toute solidaritĂ© de classe pour amĂ©liorer le financement et la qualitĂ© de la santĂ© et de l’éducation publiques.

conclusionIl est clair que la crise du capital-

isme a provoquĂ© des rĂ©actions contra-dictoires parmi les diffĂ©rents segments des classes moyenne et ouvriĂšre selon les intĂ©rĂȘts des uns et des autres. Le fait de ne pas s’identifier Ă  une classe, l’écart financier interne entre les lead-ers et leurs partisans, les divisions gĂ©-nĂ©rationnelles, ainsi que l’attachement partisan Ă  un parti ont sapĂ© la solidaritĂ© de classe et conduit Ă  des rĂ©criminations futiles et une hostilitĂ© diffuse.

La rivalitĂ© – et non pas la solidari-tĂ© — au sein des classes moyenne et ou-vriĂšre est la raison de l’immobilitĂ© pro-fonde des AmĂ©ricains face Ă  une crise Ă©conomique prolongĂ©e et qui s’aggrave.

On le constate aujourd’hui comme dans le passĂ©. Y a-t-il des pers-pectives pour un avenir diffĂ©rent? Y a-t-il une possibilitĂ© de rassembler les dif-fĂ©rentes catĂ©gories au sein des classes

Suite Ă  la page (14)

Pour la plupart des AmĂ©ricains, la lutte aujourd'hui, si tant est qu'elle existe, est dĂ©fensive – c'est une lutte pour conserver les derniers vestiges

de syndicats indépendants, pour défendre la sécurité sociale, les programmes de santé, l'éducation publique accessible à tous, les retraites

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Les travailleurs aux Etats-unis sont tĂ©tanisĂ©s, indiffĂ©rents, incapables d'en "tirer les leçons" et de se lancer dans l'"action collective" mĂȘme lĂ  oĂč

les problĂšmes d'emplois et de rĂ©ductions sont similairescette crise profondĂ©ment implantĂ©e et gĂ©nĂ©ralisĂ©e n'a pas fait naĂźtre de rĂ©voltes en proportion, pas mĂȘme un mouvement de protestation continu d'ampleur nationale

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Huo : Je suis toujours intĂ©ressĂ© par ces projets qui meurent parce qu’ils ont Ă©tĂ© censurĂ©s ou parce qu’ils sont trop gros ou pour toute autre raison. Quels sont les projets de Wikileaks qui n’ont pas vu le jour ?

JuLIAN ASSANGE : Il y en a beaucoup. Je ne suis pas certain que ce soit exact de dire qu’ils sont morts parce qu’il faut espĂ©rer que beaucoup seront rĂ©alisĂ©s, ou sont en cours de rĂ©alisation. Nous sommes encore trop jeunes pour faire un bilan et dire «ah, ça c’est quelque chose que nous aurions dĂ» faire». Mais nous avons effective-ment connu un Ă©chec.

J’avais cette idĂ©e que le volume d’informations Ă  traiter et qui n’avait jamais Ă©tĂ© rendu public Ă©tait bien trop gros pour ĂȘtre gĂ©rĂ© uniquement par le QuatriĂšme Pouvoir. Pour prendre un exemple rĂ©cent, tous les journalistes du monde ne suffiraient pas pour faire une analyse des 400.000 documents que nous avons publiĂ©s sur l’Irak et, bien sĂ»r, ils ont aussi d’autres choses Ă  faire. J’ai toujours su que ce serait le cas, j’étais confiant dans le volume d’infor-mations que nous allions recevoir.

Nous avons donc pensĂ© Ă  faire appel au bĂ©nĂ©volat, Ă  tous ceux qui passent du temps Ă  Ă©crire sur des sujets qui ne sont pas vraiment importants et les orienter vers les documents que nous avions publiĂ©s, un matĂ©riel qui reprĂ©sente un grand potentiel de chan-gement si les gens s’en saisissent, s’ils l’analysent, le remettent en contexte et le diffusent autour d’eux.

J’ai tout essayĂ©, mais en vain. Je voyais tous ces gens qui Ă©crivaient des articles pour Wikipedia, et tous ceux qui Ă©crivaient dans des blogs, surtout qui traitent des questions de guerre et de paix. Et je pensais Ă  toute cette Ă©ner-gie gĂąchĂ©e. Lorsqu’on demande aux blogueurs pourquoi ils n’écrivent pas des articles originaux, ils rĂ©pondent « eh bien, nous n’avons pas de sources originales pour Ă©crire un article original ».

Alors je pensais que plutĂŽt que d’écrire pour Wikipedia sur un sujet qui n’aura aucun effet sur la politique, la possibilitĂ© d’écrire sur un rapport secret qui venait d’ĂȘtre rĂ©vĂ©lĂ© au monde entier allait ĂȘtre irrĂ©sistible. C’est du moins ce que je croyais.

Mais je vais vous donner un exemple de ce que nous avons dĂ©cou-vert. J’ai publiĂ© un rapport secret des services de renseignement de l’armĂ©e amĂ©ricains sur les Ă©vĂšnements Ă  Fal-loujah lors de la premiĂšre bataille de Falloujah en 2004, et cela avait l’air d’ĂȘtre un trĂšs bon document – recou-vert de tampons officiels et tout, avec de jolies cartes en couleur, et une bonne

description militaire et politique des Ă©vĂšnements, et mĂȘme du rĂŽle primor-dial d’Al Jazeera. Et il contenait une analyse sur ce que les Etats-Unis au-raient dĂ» faire, Ă  savoir prĂ©parer politi-quement et psychologiquement la ville avant d’y entrer. A Falloujah, certains sous-traitants de l’armĂ©e US avaient Ă©tĂ© attrapĂ©s et pendus, et la riposte US a Ă©tĂ© d’envahir la ville. Alors, Ă  la place d’une opĂ©ration soigneusement prĂ©parĂ©e, on a assistĂ© Ă  une escalade. Ils n’avaient mĂȘme pas mis en place les Ă©lĂ©ments politiques et mĂ©diatiques de soutien Ă  une telle opĂ©ration.

C’était un document trĂšs intĂ©res-sant, et nous l’avons envoyĂ© Ă  3000 personnes. Pendant cinq jours, rien n’a Ă©tĂ© publiĂ©. Puis, un petit rapport d’un ami Ă  moi, Shaun Waterman Ă  (l’agence de presse US) UPI, a Ă©tĂ© publiĂ© sous forme de dĂ©pĂȘche, puis un autre par un type appelĂ© Davis Isen-berg, qui passe la moitiĂ© de son temps au Cato Institute, mais qui l’a publiĂ© pour le magazine Asia Times. Mais avant la dĂ©pĂȘche dUPI, il n’y avait rien chez les blogueurs, rien chez les gens de Wikipedia, rien de la part des intellectuels de gauche, rien du cĂŽtĂ© des intellectuels arabes, absolument rien. Qu’est-ce qui se passait ? Pourquoi per-sonne n’a passĂ© du temps sur ce docu-ment extraordinaire ?

J’en ai tirĂ© une conclusion Ă  deux niveaux. PremiĂšrement, et pour ne fĂą-cher personne, ces gens ne savent pas mener le dĂ©bat intellectuel. Ils ont Ă©tĂ© pacifiĂ©s et se contentent de rĂ©agir aux grands mĂ©dias. Lorsque le New York Times publie quelque chose en premiĂšre page, lĂ  ils rĂ©agissent. Alors prĂ©tendre qu’ils dĂ©busquent l’information et la rĂ©vĂšlent au public, ça c’est une inter-prĂ©tation gĂ©nĂ©reuse.

Mais je crois que le principal facteur, pour ceux qui ne sont pas des professionnels, et peut-ĂȘtre aussi pour ceux qui le sont, est simplement qu’ils recourent Ă  l’écrit pour dĂ©fendre des valeurs qui sont en conformitĂ© avec le

support pour lequel ils Ă©crivent. L’objec-tif de la plupart des auteurs non-pro-fessionnels est de produire au moindre coĂ»t un contenu qui leur permettra de dĂ©montrer leur degrĂ© de conformitĂ© auprĂšs du groupe visĂ© et d’en sĂ©duire le plus grand nombre possible.

Si je suis, disons, un europĂ©en de gauche, pourquoi est-ce que l’ana-lyse du document secret sur Falloujah ne m’intĂ©resserait-il pas ? En rĂ©alitĂ©, il m’intĂ©resse, mais la quantitĂ© de tra-vail Ă  fournir comparĂ©e aux bĂ©nĂ©fices que je pourrais escompter en tirer n’est pas encourageante. Le travail Ă  fournir serait de lire et de comprendre un docu-ment de 30 pages, et ensuite de rĂ©diger un article qui serait diffusĂ© au sein de son groupe et leur prouverait que ce document est important.

C’est d’ailleurs ce que font le New York Times et les autres grands mĂ©dias. Et par la mĂȘme occasion, ils ont aussi organisĂ© le marchĂ© de leurs critiques. Il suffit de lire un seul article du New York Times et de publier une rĂ©action. Tout est dĂ©jĂ  en place et exploitĂ©.

Huo : Vous avez des projets d’avenir ?

JuLIAN ASSANGE : Oui, beau-coup. Je vais en citer un qui est intĂ©res-sant. La phrase d’Orwell, « Celui qui contrĂŽle le prĂ©sent contrĂŽle le passĂ©, et celui qui contrĂŽle le passĂ© contrĂŽle l’avenir », n’a jamais Ă©tĂ© aussi vraie. Avec les archives Ă©lectroniques, avec toutes ces archives numĂ©riques, le con-trĂŽle du prĂ©sent permet de supprimer le passĂ© sans laisser de traces. Comme jamais auparavant, on peut faire dis-paraĂźtre, et pour toujours, le passĂ©, et sans laisser de traces.

La phrase d’Orwell est nĂ©e de ce qui est arrivĂ© en 1953 Ă  la Grande En-cyclopĂ©die SoviĂ©tique. Cette annĂ©e-lĂ , Staline est dĂ©cĂ©dĂ© et Beria est tombĂ© en disgrĂące. Avant sa disgrĂące, la Grande EncyclopĂ©die SoviĂ©tique contenait une page et demi sur Beria. Il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© que la description flatteuse de Beria devait disparaĂźtre. Alors on a produit une page de mise Ă  jour qui a Ă©tĂ© en-voyĂ©e Ă  tous les dĂ©tenteurs connus d’un exemplaire de l’EncyclopĂ©die, en leur indiquant que la nouvelle page - une version augmentĂ©e sur le DĂ©-troit de BĂ©ring - devait ĂȘtre collĂ©e sur l’ancienne.

Mais les lecteurs de l’EncyclopĂ©die pouvaient voir qu’une page avait Ă©tĂ© collĂ©e par dessus ou que l’ancienne avait Ă©tĂ© dĂ©chirĂ©e – en fait tout le monde se rendait compte de la substitution ou de l’omission, nous sommes donc au courant. C’est Ă  ça que se rĂ©fĂ©rait Orwell.

En 2008, un des hommes les plus riches de la Grande-Bretagne, Nadhmi Auchi – un Irakien qui est de-venu riche sous un des ministĂšres du pĂ©trole de Saddam Hussein et qui est parti s’installer en Grande-Bretagne au dĂ©but des annĂ©es 80 – a engagĂ© toute une sĂ©rie d’actions en justice contre des journaux et des blogs. Il avait Ă©tĂ© condamnĂ© en France en 2003 pour cor-ruption par la juge Eva Joly en rapport avec le scandale ELF.

Huo : Elle Ă©tait la juge d’instruction. Je m’en souviens, je

vivais en France Ă  l’époque. La presse en parlait tous les jours.

JuLIAN ASSANGE : Exact. Nadhmi Auchi a des intĂ©rĂȘts partout dans le monde. Sa sociĂ©tĂ© de holding au Luxembourg chapeaute plus de 200 sociĂ©tĂ©s. Il a des sociĂ©tĂ©s au nom de sa femme au Panama, des intĂ©rĂȘts au Liban et dans le marchĂ© des tĂ©lĂ©com-munications en Irak, et il est accusĂ© d’ĂȘtre impliquĂ© dans le trafic d’armes en Italie. Il a aussi un investissement de 2 milliards de dollars prĂšs de Chicago.

Il est aussi le principal financier d’un dĂ©nommĂ© Tony Rezko, qui Ă©tait un des principaux rĂ©colteurs de fonds d’Obama, pour ses diffĂ©rentes cam-pagnes avant celle de la prĂ©sidence, pour le SĂ©nat par exemple.

Rezko levait des fonds aussi pour Rob Blagojevich, l’ancien gouverneur de l’Illinois tombĂ© en disgrĂące. Rezko a Ă©tĂ© condamnĂ© pour corruption en 2008. Mais en 2008, Barack Obama Ă©tait dans la course contre Hillary Clin-ton pour la nomination Ă  la candidature du Parti DĂ©mocrate. Alors on s’est intĂ©-ressĂ© Ă  Tony Rezko, qui Ă©tait impliquĂ© dans l’achat d’une maison pour Barack Obama. Et on s’est intĂ©ressĂ© ensuite Ă  la source d’une partie du financement de l’achat de cette maison, et de lĂ  on s’est intĂ©ressĂ© Ă  Nadhmi Auchi, qui Ă  l’époque avait donnĂ© Ă  Tony Rezko 3,5 millions de dollars en violation d’une dĂ©cision de justice. Auchi a en-suite ordonnĂ© Ă  un cabinet d’avocats, Carter-Ruck, de poursuivre tous ceux qui avaient publiĂ© quelque chose sur l’affaire de corruption de 2003 en France.

Et ces articles ont commencĂ© Ă  ĂȘtre retirĂ©s, Ă  disparaĂźtre de partout.

Huo : Ils étaient littéralement supprimés des archives électroniques.

JuLIAN ASSANGE : Oui. Le quotidien The Guardian a retirĂ© trois ar-ticles. Le Telegraph, un. Et il y en a eu d’autres. Si vous tapez l’adresse de ces articles vous tombez sur une page « not found », la page n’existe plus. Il n’est pas dit que la page a Ă©tĂ© retirĂ©e sous la menace d’actions en justice, seulement que l’article n’existe plus, qu’il a mĂȘme cessĂ© d’avoir existĂ©. Des portions de notre histoire sont donc en train de disparaĂźtre comme si elles n’avaient ja-mais existĂ©.

Huo : Ce qui est trĂšs diffĂ©rent des livres – mĂȘme avec les dictateurs qui tentent de supprimer ou de brĂ»ler un livre, il y avait toujours des copies qui traĂźnaient. Les livres ont cette ca-pacitĂ©, n’est-ce pas ? On ne peut jamais vraiment les Ă©liminer totalement.

JuLIAN ASSANGE : Exact. Avec les journaux, c’est trĂšs diffĂ©rent, et c’est trĂšs diffĂ©rent aussi avec la Grande EncyclopĂ©die SoviĂ©tique. La situation actuelle est bien pire. Alors que faire ?

Je veux m’assurer que Wikileaks ne sera jamais corrompu de cette maniĂšre. Nous n’avons jamais dĂ©publiĂ© quelque chose qui a Ă©tĂ© publiĂ©e. C’est facile pour moi de le dire, mais com-ment convaincre le public ? Impossible.

Il y a certaines choses que nous avons pris l’habitude de faire, comme fournir des clĂ© de cryptage pour cer-tains fichiers que nous avons publiĂ©s, ce qui permet de faire une vĂ©rification partielle si vous avez une portion d’un fichier cryptĂ©. Mais cela ne suffit pas. Et nous sommes une organisation dont le contenu est constamment sous at-taque. Nous avons eu plus de 100 menaces sĂ©rieuses d’actions en justice, et de nombreuses actions des services de renseignement et autres.

Mais ce problĂšme, et sa solution, est aussi la solution Ă  un autre prob-lĂšme, qui est celui-ci : comment dĂ©sign-er de maniĂšre consistante et globale une portion de notre mĂ©moire collective de maniĂšre Ă  pouvoir s’y rĂ©fĂ©rer avec prĂ©cision ? Et lorsque je parle de s’y rĂ©-fĂ©rer, je ne parle pas de le faire comme

nous le faisons maintenant, dans une conversation, mais à travers l’espace et le temps.

Par exemple, si je commence Ă  parler du Premier Amendement, que vous connaissez, dans le cadre de la prĂ©sente conversation. Je parle du pre-mier amendement de la Constitution des Etats-Unis. Mais qu’est-ce que cela signifie ? Ce n’est qu’une abstrac-tion de quelque chose. Imaginez que ce premier Amendement n’existe que sous forme numĂ©rique, et que quelqu’un comme Nadhmi Auchi s’y attaque et le fait disparaĂźtre pour toujours, ou le fait remplacer par un autre texte. Bon, nous savons que le premier amendement a Ă©tĂ© recopiĂ© partout alors, dans ce cas, ce sera facile Ă  vĂ©rifier. S’il y a un doute au cours de notre conversion sur le pre-mier amendement, ou si on veut vĂ©rifier un dĂ©tail, on pourra trouver une copie n’importe oĂč, et toutes les copies seront identiques. Mais ça c’est parce que le texte est court et ancien et trĂšs rĂ©pandu.

Dans le cas de Nadhmi Auchi, huit articles ont Ă©tĂ© retirĂ©s. Mais des retraits similaires, sous des pressions juridiques ou politiques, il y en a par-tout. Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Et il y a aussi toutes les formes de suppression moins intention-nelles mais plus pernicieuses, comme par exemple lorsqu’une sociĂ©tĂ© fait fail-lite et disparaĂźt en mĂȘme temps que ses archives Ă©lectroniques.

Il faut donc trouver un moyen pour pouvoir identifier chaque informa-tion, indĂ©pendamment de sa reprĂ©sen-tation - texte, video, audio - un moyen oĂč le nom de l’objet serait intrinsĂšque-ment liĂ© Ă  ce qu’il est. Un moyen oĂč le nom servirait Ă  se rĂ©fĂ©rer Ă  une infor-mation, et si quelqu’un tente de modi-fier cette information, ce serait soit im-possible, soit facilement dĂ©tectable. En fait il existe bien un moyen pour crĂ©er des noms qui dĂ©pendent intrinsĂšque-ment du contenu intellectuel, sans con-sidĂ©ration de facteurs extrinsĂšques.

Je vais essayer d’ĂȘtre plus clair : imaginez que l’URL (l’adresse inter-net d’une page – NdT) soit le nom de quelque chose. Imaginez par exemple que le texte de la bible de King James dans le Projet Gutenberg soit dĂ©signĂ© par un URL. Cet URL est un raccourci, facile Ă  manier, qui vous amĂšne directe-ment au texte en question.

Mais le problĂšme avec cet URL est qu’il ne dĂ©signe rien en tant que tel. Il renvoie vers une page, une page dont le contenu est contrĂŽlĂ© par une organ-isation ou une entreprise, celle qui est propriĂ©taire du site.

On peut parfaitement imaginer que les responsables du projet Guten-berg dĂ©cident de substituer le texte de la bible par celui du Talmud. L’adresse de la page, l’URL, ne changera pas pour autant. C’est toute une question de volontĂ© de la part de celui qui con-trĂŽle le contenu de la page Ă  l’adresse en question.

Huo : C’est devenu une affaire privĂ©e.

JuLIAN ASSANGE : Exacte-ment. Nous subissons tous la priva-tisation des mots, une privatisation d’abstractions fondamentales que les ĂȘtres humains emploient pour commu-niquer. La maniĂšre de faire rĂ©fĂ©rence Ă  notre mĂ©moire collective est en train d’ĂȘtre privatisĂ©e, en train d’ĂȘtre aspirĂ©e dans des noms de domaines contrĂŽlĂ©s par des sociĂ©tĂ©s privĂ©es, des institu-tions ou des Ă©tats.

Huo : Ce n’est donc plus ce que Lawrence Weiner appelait un « contenu public libre », mais le contraire.

JuLIAN ASSANGE : Oui, le contraire. Et nous pourrions assister Ă  des changements dĂ©libĂ©rĂ©s, pernicieux, comme quelqu’un qui remplacerait volo-ntairement le texte de la bible de King James par celui du Talmud. Bien sĂ»r, dans ce cas il est peu probable que cela arrive.

Suite Ă  la page (15)

Julian Assange

Nadhmi Auchi

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Vol. 4 No. 52 ‱ Du 13 au 19 Juillet 2011 13HaĂŻti LibertĂ©

Perspectives

Les cinq : Lettre de juillet Ă  Obama

Soudan

Un formidable point d’appui pour Washington dans la rĂ©gion

Bicentenaire de la dĂ©claration d’indĂ©pendance du Venezuela

Les nouvelles républiques bananiÚres sont en Europe

Monsieur le Président,

Les cinq cubains Gerardo HernĂĄn-dez Antonio Guerrero, Fernando

GonzĂĄlez, RamĂłn Labañino et RenĂ© GonzĂĄlez. sont emprisonnĂ©s dans votre pays depuis prĂšs de treize ans.Ils Ă©taient venus infiltrer les milieux terroristes de Miami pour Ă©viter les at-tentats qui se multipliaient contre les infrastructures touristiques de La Ha-vane dans les annĂ©es quatre vingt dix. La remise de documents au FBI en juin 1998 par le gouvernement Cubain sur les agissements passĂ©s et Ă  venir de la mafia de Floride a Ă©tĂ© Ă  l’origine de leur arrestation.

Les interventions publiques de personnalités, aussi bien dans votre pays que dans le monde entier se sont multipliées ces derniers mois en faveur de ces cinq patriotes.

Quelques exemples : Le 27 mars 2011, l’ex prĂ©sident des Etats-Unis Jimmy Carter, laurĂ©at du prix Nobel de la Paix 2002 dĂ©clarait lors de sa visite privĂ©e Ă  La Havane : « 
Je crois que la rĂ©tention des cinq cubains n’a pas de sens, les tribunaux Ă©tats-uniens et aussi les organisations de droits de l’homme dans le monde ont eu des doutes. Maintenant, ils en sont Ă  12 ans passĂ©s en prison et j’espĂšre que dans un futur proche ils seront libĂ©rĂ©s afin de rentrer dans leurs foyers 
 »

Presque simultanĂ©ment, Wayne S. Smith, ancien chef de la Section des IntĂ©rĂȘts AmĂ©ricains Ă  la Havane (officine qui joue le rĂŽle d’ambassade) s’exprimait dans le mĂȘme sens. Cet humaniste a obtenu le prix Gandhi de la paix en 1992, et celui des Droits de l’Homme en 2008.

Voici quelques extraits de sa longue intervention publiĂ©e sous le titre “More Chicanery in the Cases of the

Cuban Five » le 28 mars dans « Cen-ter for International Policy »: ”Beau-coup d’AmĂ©ricains semblent croire que les dĂ©sormais cĂ©lĂšbres cinq Cubains espionnaient les Etats-Unis pour le compte de La Havane, et mĂ©ritent donc les annĂ©es de prison dont ils ont Ă©copĂ©. Mais c’est loin de la vĂ©ritĂ©. En effet, alors qu’ils Ă©taient effectivement membres du Service de Renseignement Cubain ils avaient Ă©tĂ© envoyĂ©s aux États-Unis non pas pour espionner le gouvernement amĂ©ricain ou une de ses entitĂ©s, mais pour infiltrer certaines or-ganisations d’exilĂ©s cubains et recueillir des informations sur les activitĂ©s ter-roristes qu’elles menaient contre Cuba (...) il n’est pas surprenant qu’en aoĂ»t 2005, les trois juges de la Cour d’appel du onziĂšme arrondissement Ă  Atlanta chargĂ©s de l’appel des Cinq, aient an-nulĂ© les condamnations du tribunal de Miami et ordonnĂ© un nouveau procĂšs. Cette dĂ©cision n’était pas pour plaire Ă  l’administration Bush. C’est ainsi que le 31 octobre 2005 la Cour d’appel au complet, formĂ©e de douze juges, a dĂ» revoir les conclusions du panel des trois juges. Le 4 juin 2008, cette cour d’ap-pel confirmait la condamnation initiale de la Cour de Miami, ramenant l’affaire

à sa case départ. La volonté de la Mai-son Blanche était faite.

L’annĂ©e suivante, cependant, avec la venue du nouveau prĂ©sident Ă  la Maison Blanche, nous pouvions espĂ©rer un avis favorable pour que l’affaire soit entendue auprĂšs de la Cour SuprĂȘme de Justice. HĂ©las, en mai 2009, Elena Kagan, reprĂ©sentant le gouver-nement de Barack Obama, a Ă©mis un avis dĂ©favorable Ă  une telle audience. C’est triste et regrettable de voir qu’une telle injustice n’ait pu ĂȘtre corrigĂ©e Ă  ce niveau. Il reste maintenant un dernier recours, celui d’un appel collatĂ©ral ... »

AprĂšs avoir dĂ©taillĂ© la sollicita-tion d ‘appel collatĂ©ral de Gerardo Her-nĂĄndez et d’Antonio Guerrero devant la Cour du district de Sud Floride, Wayne S. Smith conclut : «Sur la base de ces dossiers d’information juridique, Gerar-do et Antonio devraient bĂ©nĂ©ficier de la tenue d’un nouveau procĂšs et leurs condamnations injustes, revues. Au vu de l’histoire passĂ©e, il est cependant difficile d’ĂȘtre optimiste. Pourtant il faut que la justice soit faite sur l’affaire des Cinq afin de gommer cette tache faite Ă  l’honneur du systĂšme amĂ©ricain de Justice. »

Ce n’est pas encore fait, quand on voit que le 14 juin dernier, le ter-roriste Posada carilles a Ă©tĂ© accueilli en hĂ©ros par le maire de Hialeah, du comtĂ© de Miami-Dade, qui lui a remis les clefs de sa ville !

Trois mois plus tard, le premier juin, c’est au tour d’un ancien ministre de la Justice des Etats-Unis, Ramsey Clark, de s’exprimer en faveur des Cinq. Se montrant optimiste il a dĂ©clarĂ© lors de sa visite Ă  Cuba, dans le pro-gramme de tĂ©lĂ©vision Table Ronde: «... J’ai toujours Ă©tĂ© optimiste et j’espĂšre que ces cinq hommes courageux seront

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Barack obama le prĂ©sident des Etats-unis C’est le 5 juillet 1811, sous l’impulsion

des gĂ©nĂ©raux Francisco de Miranda et Simon Bolivar, qu’un congrĂšs rĂ©uni Ă  Caracas dĂ©clare l’indĂ©pendance du Venezuela.

Le processus a dĂ©butĂ© le 19 avril 1810, date Ă  laquelle le conseil mu-nicipal de Caracas a pris le pouvoir au nom du roi d’Espagne Ferdinand VII, et

a dĂ©posĂ© le commandement espagnol. L’Espagne Ă©tait alors en pleine guerre contre la France de NapolĂ©on. Le roi Ferdinand VII avait dĂ» abdiquer et un Conseil de RĂ©gence avait Ă©tĂ© Ă©tabli Ă  CĂĄdiz, le dernier port contrĂŽlĂ© par les espagnols, tandis que NapolĂ©on insti-tuait Joseph Ă  la tĂȘte du pays.

Suite Ă  la page (19)

Signature de l'acte d'indépendance du Venezuela (1811), par le peintre vénézuelien Martín Tovar y Tovar (1876). col. Galería de Arte Nacional

Par Pierre Barbancey

L’équation paraĂźt simple. Un rĂ©fĂ©ren-dum est organisĂ© au mois de jan-

vier. Il consacre la volontĂ© largement majoritaire du peuple du Sud-Soudan d’accĂ©der Ă  l’indĂ©pendance. Un fait ac-ceptĂ© par la communautĂ© internationale, qui se prĂ©pare Ă  accueillir le petit dernier en son sein. En rĂ©alitĂ©, la situation est plus complexe qu’il y paraĂźt. D’abord, parce qu’on oublie trop souvent que la longue lutte menĂ©e par l’ArmĂ©e de libĂ©ration du peuple du Soudan (SPLA, devenu depuis Mouvement, SPLM) sous la direction de son chef historique, John Garang, ne visait pas Ă  l’indĂ©pendance mais Ă  une autonomie au sein d’un Sou-dan fĂ©dĂ©ral et dĂ©mocratique. Une vision que ne partageaient pas les États-Unis, longtemps hostiles Ă  ce mouvement qui, avant 1991, c’est-Ă -dire au temps de la

guerre froide, se trouvait dans le camp opposé aux Occidentaux.

PoussĂ© par diffĂ©rents lobbies, pĂ©-trolier bien sĂ»r, mais aussi Ă©vangĂ©lique avec la volontĂ© de dĂ©fendre les « chrĂ©-tiens du sud » contre « les musulmans du Nord », Washington a pressĂ© pour qu’un accord soit signĂ© entre Juba et Khartoum. Étrangement, quelques mois Ă  peine aprĂšs la signature de cet accord, John Garang trouvait la mort dans un accident d’hĂ©licoptĂšre
 Ce n’est qu’avec la disparition du leader du SPLM que la volontĂ© d’indĂ©pendance, portĂ©e par son successeur, Salva Kiir, a Ă©tĂ© placĂ©e au centre de la problĂ©matique. Pour Washington, c’est un formidable point d’appui dans cette Afrique de l’Est instable mais qui regorge de richesses, borde la mer Rouge et oĂč coule le Nil, l’or bleu. Pour l’Afrique, le risque est grand de voir d’autres États imploser au grĂ© de revendications sĂ©paratistes.

Surtout, ces prĂ©cĂ©dents pourraient trĂšs bien gagner le Moyen-Orient. On sait que dans les scĂ©narios Ă©laborĂ©s par les stratĂšges amĂ©ricains, celui de la crĂ©a-tion de micro-États basĂ©s sur des no-tions ethniques ou religieuses revient rĂ©guliĂšrement. La Syrie pourrait en ĂȘtre le premier exemple. Au sein du SPLM, si la notion d’indĂ©pendance a Ă©tĂ© accep-tĂ©e, on est loin de vouloir rompre tous les ponts avec Khartoum, comme en tĂ©-moigne le nom du nouveau pays : Sud-Soudan. Surtout, le SPLM a installĂ© une branche nordiste Ă  Khartoum, alors que les points de litiges sont encore nom-breux avec le pouvoir islamiste, pour travailler avec l’opposition dĂ©mocratique soudanaise, en espĂ©rant qu’un change-ment de rĂ©gime au Nord permettra le dĂ©veloppement de relations mutuelle-ment fructueuses entre le sud et le nord du Soudan.

L’HumanitĂ© 5 Juillet 2011

Par Bernard Cassen

C’est l’écrivain amĂ©ricain O.Henry qui, au dĂ©but du XXĂšme siĂšcle, inventa l’expression « rĂ©publique bananiĂšre » pour dĂ©signer les pays d’AmĂ©rique centrale et des CaraĂŻbes qui n’avaient de rĂ©publique que le nom.

Les oligarchies locales étaient en-tiÚrement inféodées à la multinatio-

nale amĂ©ricaine United Fruit Company (rebaptisĂ©e United Brands Company en 1970, puis Chiquita Brands Interna-tional en 1989) ou Ă  sa concurrente la Standard Fruit. Ces deux grandes pro-ductrices et exportatrices de bananes Ă©taient elles-mĂȘmes intimement liĂ©es au gouvernement de Washington qui constituait leur bras armĂ©. Depuis la formulation, en 1823, de la doctrine Monroe, on ne compte plus, en AmĂ©ri-que latine, les interventions militaires, Ă©liminations de dirigeants progressistes et coups d’Etat organisĂ©s ou soutenus par les Etats-Unis pour prĂ©server les privilĂšges de leurs entreprises.

A cette fin, la Maison Blanche pouvait compter sur la complicitĂ© et le zĂšle de gouvernements locaux cor-rompus et habituĂ©s Ă  obĂ©ir aux ordres de l’ambassadeur des Etats-Unis. En 1927, un document du DĂ©partement d’État sur l’AmĂ©rique centrale rĂ©su-mait parfaitement la situation : « Nos ambassadeurs accrĂ©ditĂ©s dans les cinq petites rĂ©publiques qui s’étendent de la frontiĂšre mexicaine Ă  Panama ont Ă©tĂ© des conseillers dont les conseils ont eu force de loi dans les capitales oĂč ils rĂ©-sident respectivement ». Mais quand il n’existait pas (ou pas encore) de dirige-ants suffisamment serviles, Washing-ton prenait directement le contrĂŽle des deux secteurs stratĂ©giques de la gestion du pays (en dehors des forces armĂ©es et de la police) : la collecte des impĂŽts et les services des douanes. Ce fut le cas, entre autres, Ă  Cuba (via l’amendement Platt Ă  la Constitution nationale en

1902), Ă  HaĂŻti, en RĂ©publique Domini-caine, au Nicaragua. Il s’agissait donc d’enclaves amĂ©ricaines extra-territori-ales [1] exerçant la rĂ©alitĂ© du pouvoir dans des Etats thĂ©oriquement souver-ains.

L’Europe ne produit pas de bananes, mais elle a dĂ©jĂ  ses rĂ©pub-liques bananiĂšres. Pour s’en convain-cre, il suffit de remplacer United Fruit par banques et marchĂ©s financiers ; amendement Platt par Pacte pour l’euro ; la troĂŻka ambassadeur amĂ©ricain, ma-rines et contrĂŽleur des douanes par une autre troĂŻka : Commission europĂ©enne, Banque centrale europĂ©enne et Fonds monĂ©taire international. Les capitales de ces rĂ©publiques ne sont plus La Ha-vane, Port-au-Prince, Saint-Domingue ou Managua, mais AthĂšnes, Dublin, Lisbonne (et demain Madrid et aprĂšs-demain Rome, voire Paris). Leurs gou-vernements ont acceptĂ© de devenir de simples protectorats auxquels ne reste d’autre libertĂ© que celle d’imposer Ă  leurs peuples des plans d’austĂ©ritĂ© Ă  perpĂ©tuitĂ© et de bradage gĂ©nĂ©ralisĂ© des biens publics, tels qu’ils sont concoctĂ©s Ă  Bruxelles, Francfort, Berlin et Wash-ington.

Les techniques de « persuasion » sont devenues plus sophistiquĂ©es. Il n’est plus besoin de brandir la menace de coups d’Etat militaires. Au contraire, la politique du « gros bĂąton » financier est prĂ©sentĂ©e par les mĂ©dias et la plu-part des dirigeants europĂ©ens comme de nature presque humanitaire : il s’agit de « sauver » la GrĂšce, l’Irlande, le Portugal, etc. Y compris contre leurs propres peuples ! Jusqu’ici, les gouver-nements n’ont tenu aucun compte des grĂšves, manifestations, mouvements d’IndignĂ©s et mĂȘme sondages d’opinion qui dĂ©noncent leur soumission aux dik-tats des marchĂ©s. Tous apprĂ©hendent cependant le moment oĂč leur servitude volontaire provoquera des explosions sociales qu’ils ne maĂźtriseront pas.

MĂ©moire des Luttes 30 juin 2011

Page 14: 1583 Albany Ave, Brooklyn, NY 11210 Tel: 718-421-0162 Email

une manifestation de chĂŽmeurs sollicitant du travail

Sur le plan positif, nous semblons avoir touché le fond !

Vol. 4 No. 52 ‱ Du 13 au 19 Juillet 2011HaĂŻti LibertĂ©14

The Shelterscontinued from p(9)

According to the CDC, formalde-hyde exposure can exacerbate symp-toms of asthma and has been linked to chronic lung disease. Studies have shown that children are particularly vulnerable to its respiratory effects. The chemical was recently added to the US Department of Health and Human Ser-vices’ “Report of Carcinogens,” based on studies linking exposure to form-aldehyde with increased risk for rare types of cancer.

“You should get those kids outta there,” Maddalena said. The scientist emphasized that Haiti’s hot and humid climate could well be contributing to high emissions of the carcinogen in the classroom. Indeed, months before the launch of the Clinton trailer project, the nation’s climate was widely cited as a key problem with a trailer industry pro-posal to ship FEMA trailers to Haiti for shelter after the earthquake. The pro-posal was ultimately rejected by FEMA, following a critical letter from Bennie Thompson, chair of the House Commit-tee on Homeland Security, who argued, “This country’s immediate response to help in this humanitarian crisis should not be blemished by later concerns over adverse health consequences pre-cipitated by our efforts.”

Yet several months later, the Knoxville News Sentinel reported that Clayton Homes had been awarded a million-dollar contract to ship 20 trail-ers to Haiti, for use as classrooms for schoolchildren. The Clinton Founda-tion claims it went through a bidding process before awarding the contract to Clayton Homes, which was already embroiled in the FEMA trailer law-suit. But despite repeated requests, the foundation has not provided The Na-tion with any documentation of this process.

There are hints that Clayton Homes aggressively pursued the con-tract. For example, a company press release dated Aug. 6, 2010, notes, “When former President Bill Clinton was named to head the relief effort, Clayton’s Director of International De-velopment, Paul Thomas, called the Clinton Foundation to see if there was a way to help.”

The chief of staff for the office of the UN Special Envoy, Garry Conille, emphasized that the foundation’s deci-sion-making on the project took place in a context of great urgency, with the advent of the 2010 hurricane season, when 1.5 million people were living in tent camps. “Under the circumstances, with all these people exposed, with the first rains,” said Conille, “it would have been completely acceptable to go to a single source, but we didn’t.”

The Clinton Foundation’s chief operating officer, Laura Graham, said in a phone interview that the contract was awarded to Clayton on the basis of a “limited request for proposals” from nine companies. She added that the de-cision was informed by “recommenda-tions from a panel including a lot of these experts that do this work for a living, and Clayton was recommended as the most cost-efficient, with the best product and with the strongest Haitian partner.” She clarified that she did not participate in the bidding pro-cess but said there were “representa-tives from the foundation as well as [the UN] Office for the Coordination of Humanitarian Affairs [OCHA], the UN Special Envoy Office and the Inter-national Organization for Migration [IOM]...and there was a request for proposals run by them.”

When asked to comment on that claim, Bradley Mellicker, IOM’s Port-au-Prince–based emergency prepared-ness and response officer, said, “That’s a lie. The Clinton Foundation paid for the containers through a no-bid pro-cess.” Imogen Wall, former spokes-woman for OCHA in Haiti, responded by e-mail that OCHA never deals with procurement or project management.

The Nation made multiple at-tempts to reach Bill Clinton for com-ment. However, the former president, known for championing the role of nonprofits in global affairs (“Unlike the government, we don’t have to be quite as worried about a bad story in the newspapers,” he recently said in

a speech), never responded. A Clay-ton Homes official referred all queries regarding the contract to the Clinton Foundation.

When he heard that the new classrooms in his community had been built by a FEMA formaldehyde litigation defendant, Santos Alexis, LĂ©ogĂąne’s stately mayor, said, “I hope these are not the same trailers that made people sick in the US. Otherwise I would be very critical; it would be chaos.” (They are indeed different trail-ers, according to an engineer at Clayton Homes, who said the new classrooms were constructed specifically for the Clinton Foundation’s Haiti project.)

“It would be humiliating to us, and we’ll take this as a black thing,” the mayor added, drawing a parallel between his community in Haiti, the world’s first black republic, and the disproportionate numbers of African-Americans affected by the US govern-ment’s mismanagement of the emer-gency response after Hurricane Katrina.

Demosthene Lubert’s disappoint-ment is palpable as he sits in one of his new-smelling classrooms, perspiration dripping from his face. He had envi-sioned that the foundation of the for-mer US president would rebuild INHAC, his school, as a modern institution with solar panel–powered lights and Wi-Fi. At a meeting of the Clinton Global Ini-tiative in May, Dr. Paul Farmer, Clin-ton’s deputy UN special envoy, called for healthcare to be integrated into schools. At the very least, Lubert ex-pected the Clinton Foundation, which is active in global health philanthropy and cholera prevention in Haiti, to help with school sanitation.

“I thought the grand foundation of Clinton was going to build us la-trines and dig us wells for the children to wash their hands before meals and after using the toilet... especially as we’re at the mercy of cholera,” Lubert says with a sigh. Less than an hour east of LĂ©ogĂąne, in Carrefour, the num-ber of cholera cases went from 85 per week at the end of April to 820 a week at the beginning of June, according to Sylvain Groulx, country director of MĂ©decins Sans FrontiĂšres. The disease, which is preventable with proper sani-tary conditions, has killed 5,500 people since the epidemic began last October.

The Clinton Foundation did not build so much as a latrine at the school, or at any of the three other schools where its trailers were installed. (IN-HAC and two of the other schools had a limited number of pre-existing out-houses, which the school directors saw as inadequate, while the fourth did not have a single outhouse, making it un-usable, according to the school’s direc-tor.)

Conille, Clinton’s chief of staff at his UN office, acknowledged in a telephone interview that the trailer classrooms “would never meet the standards for school building” under Haitian or international regulations.

“Normally when you hear ‘Clin-ton,’ when people speak of ‘Clin-ton,’ the name ‘Clin-ton’ carries a lot of weight,” says Lubert. He trails off, looking suddenly uncertain. Clinton’s name echoes ambiguously through the swampy chemical air like a plea, a mantra or a brand.

Reprinted from The Nation. This ar-ticle was reported in partnership with The Investigative Fund at The Nation Institute, with additional support from the Canadian Centre for Investigative Reporting .

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Le mouvement social des fonctionnaires du Wisconsin était aussi exceptionnel dans son action militante qu'il était isolé et limité dans

l'impact national global

Suite de la page (11) moyenne et ouvriĂšre dans une

lutte durable? Existe-t-il d’autres voies conduisant Ă  la solidaritĂ© de classe et aux mobilisations popu-laires? La direction Ă  prendre la plus fructueuse serait de commencer au ni-veau local et rĂ©gional en rassemblant les organisations locales et les syndi-cats de militants de base dissidents et des progressistes des professions libĂ©rales (avocats, mĂ©decins, etc.) dans les luttes, qui soutiendraient les groupes les plus sĂ©rieusement touchĂ©s qui sont menacĂ©s de se retrouver sans emploi, sans assurance-maladie, sans maison, etc.

Tous les sondages montrent les Ă©normes divergences qui existent entre l’immense majoritĂ© des AmĂ©ri-cains et les Ă©lites politiques des deux partis sur les questions de renfloue-ments des banques, d’exonĂ©rations d’impĂŽts pour les riches, de «rĂ©-formes» (privatisations et rĂ©ductions budgĂ©taires), sur Medicare, Medicaid, et la protection sociale.

Ces divergences existent concer-nant les pertes de vies et l’argent dĂ©-pensĂ© pour les multiples et trĂšs lon-gues guerres que mĂšne l’AmĂ©rique.

Donc, (il faut organiser) des rĂ©-fĂ©rendums, proposant (1) de suppri-mer le plafond des cotisations sociales pour les riches, ce qui mettrait fin Ă  la prĂ©tendue «crise de la sĂ©curitĂ© sociale» (2) d’instaurer un impĂŽt sur les ventes lors de transactions financiĂšres, ce qui comblerait le dĂ©ficit de Medicare.

Des investissements publics pour nos infrastructures qui se dĂ©gra-dent en transfĂ©rant les fonds rĂ©servĂ©s aux guerres (790 milliards de dollars) crĂ©eraient des emplois, augmente-raient la demande dans l’économie nationale et augmenteraient la pro-ductivitĂ© et la compĂ©titivitĂ© de l’éco-nomie US.

Le soutien pour la santĂ© pu-blique est une question qui rassemble la plupart des catĂ©gories de la classe ouvriĂšre et la classe moyenne, les personnels de santĂ© syndiquĂ©s et les organisations locales: ils pourraient Ă©ventuellement affronter Big Pharma et les grands groupes privĂ©s du sec-teur de la santĂ©. Un salaire minimum plus Ă©levĂ© – dĂ©butant Ă  12 dollars lâ€șheure – pourrait mobiliser la plupart des catĂ©gories de la classe ouvriĂšre et la classe moyenne, et des initiatives au niveau local pourraient intĂ©grer les travailleurs immigrĂ©s et ceux qui ont des bas salaires.

Les sondages montrent que la plupart des AmĂ©ricains auraient des attitudes «contradictoires»: ils soutiennent Ă  la fois des politiques progressistes et rĂ©actionnaires. Par exemple, beaucoup sont pour Medi-care mais demandent Ă©galement «peu dâ€șintervention de lâ€șEtat»; ils sont pour les crĂ©ations dâ€șemplois fĂ©dĂ©rales et la rĂ©duction des dĂ©ficits; pour les taxes Ă  lâ€șimportation et les importations de biens de consommation bon marchĂ©.

Un programme militant ex-haustif dâ€șĂ©ducation politique, qui expliquerait que des rĂ©formes sociales progressistes sont rĂ©alisables et finan-çables, en sâ€șappuyant sur une lutte budgĂ©taire constante contre le capital financier, pourrait ĂȘtre transformĂ© en organisation et action directe.

On commence par une réalité objective en démontrant que la crise continue du capitalisme ne répond pas et ne peut pas répondre aux revendi-cations les plus élémentaires: les em-plois, le logement, la sécurité, la paix et la croissance.

Câ€șest un gros avantage sur ceux qui dĂ©fendent le systĂšme et prĂ©-conisent davantage de mesures au dĂ©-triment des plus dĂ©munis.

Ensuite, nous nous basons sur lâ€șavantage de savoir que le pays pos-sĂšde le potentiel en matiĂšre de santĂ©, de compĂ©tences et de ressources pour surmonter les crises.

TroisiĂšmement, nous pouvons nous appuyer sur des programmes populaires qui fonctionnent relative-ment bien et qui sont largement soute-nus – la sĂ©curitĂ© sociale, Medicare,

Medicaid – pour servir dâ€ș»exemples» pour gĂ©nĂ©raliser et amĂ©liorer la pro-tection sociale.

Pour la plupart des AmĂ©ri-cains, la lutte aujourdâ€șhui, si tant est quâ€șelle existe, est dĂ©fensive – câ€șest une lutte pour conserver les derniers vestiges de syndicats indĂ©pendants, pour dĂ©fendre la sĂ©curitĂ© sociale, les programmes de santĂ©, lâ€șĂ©ducation publique accessible Ă  tous, les re-traites. Lâ€șoffensive du capital nivelle de plus en plus vers le bas les classes moyenne et ouvriĂšre syndiquĂ©es, qui rejoignent les catĂ©gories de travail-leurs les plus mal payĂ©s non syndi-quĂ©s. Il y a moins de «travailleurs pri-vilĂ©giĂ©s», mĂȘme si ceux-ci sont encore dans le dĂ©ni.

La quasi-extinction du syndica-lisme du secteur privĂ© et des apparat-chiks syndicaux millionnaires mori-bonds offre une chance de repartir de zĂ©ro avec une organisation Ă  direction horizontale, qui rendrait des comptes Ă  sa base et qui intĂšgrerait Ă©galement les organisations locales dâ€șĂ©cologistes, dâ€șimmigrĂ©s, de consommateurs. Ce qui est sĂ»r et certain, câ€șest que la crise seule ne dĂ©clenchera pas de soulĂš-vement de masse. De mĂȘme que les universitaires progressistes «éclai-rĂ©s» enfermĂ©s dans leur microcosme nâ€șoffriront pas un leadership.

La voie Ă  suivre commence avec des leaders locaux qui Ă©mergent de coalitions locales, qui crĂ©ent des organisations sur des bases politiques et sociales indĂ©pendantes qui trouvent un mĂȘme Ă©cho chez les voisins, les collĂšgues de travail et les AmĂ©ricains syndiquĂ©s ou pas qui se retrouvent avec des emplois en-dessous de leurs qualifications. Je ne vois pas de solu-tion facile ou rapide au «paradoxe» mais je vois bien les conditions ob-jectives Ă  construire un mouvement. Jâ€șentends une multitude de voix en colĂšre et discordantes.

Mais surtout, jâ€șespĂšre que les opprimĂ©s cesseront «  d’arracher les miettes de la bouche des autres opprimĂ©s Â».

James Petras, ex-professeur de sociologie à Binghamton Univer-sity, New York, militant de la lutte des classes depuis cinquante ans, conseiller pour les sans-terre et les sans-droits au Brésil et en Argentine, a coécrit «Globalization Unmasked (Zed Books).

Dissident Voice 27 juin 2011

Traduction : EmceeBassines et du zĂšle 5 juillet 2011

Classe ouvriĂšre

Page 15: 1583 Albany Ave, Brooklyn, NY 11210 Tel: 718-421-0162 Email

Suite de la page (12)Par contre, ce qui est plus prob-

able, c’est que les sociĂ©tĂ©s privĂ©es ces-sent de s’intĂ©resser Ă  une information, si l’information n’est plus rentable, ou si la sociĂ©tĂ© disparaĂźt. Ou si vous avez des archives importantes et certaines personnes puissantes en retirent sim-plement des petits bouts.

Alors j’ai pensĂ© Ă  un concept qui consiste Ă  identifier chaque portion de notre mĂ©moire collective, passĂ©e et fu-ture. (
) L’idĂ©e est de pouvoir dĂ©duire de chaque information, de chaque bout d’information, un nom qui serait intrin-sĂšquement et mathĂ©matiquement liĂ© Ă  son contenu. Pas d’enregistrement de noms de domaine, pas de serveurs, pas de sociĂ©tĂ© qui contrĂŽle la relation entre un nom et une information.

Par exemple, pour revenir au Projet Gutenberg, un certain nombre de serveurs de domaine et le Projet Gutenberg lui-mĂȘme font le lien en-tre l’adresse de la page et la bible de King James. Lorsque vous faites cir-culer l’adresse, en rĂ©alitĂ© vous ĂȘtes en train de faire circuler quelque chose qui reprĂ©sente une dĂ©pendance qui s’est instaurĂ©e entre le nom de domaine, le propriĂ©taire du nom de domaine et le contenu du domaine.

Huo : Il s’agirait en quelque sorte de crĂ©er une sorte de cadenas digital.

JuLIAN ASSANGE : C’est ça, l’idĂ©e est de crĂ©er un cadenas intel-lectuel. Pensez aux URL comme Ă  des citations. Lorsque nous crĂ©ons une Ɠuvre intellectuelle, nous sommes tou-jours juchĂ©s sur les Ă©paules de gĂ©ants, de ceux qui nous ont prĂ©cĂ©dĂ©s, nous le faisons tous et nous citons toujours d’une maniĂšre ou d’une autre nos rĂ©-fĂ©rences – pas nĂ©cessairement dans le sens acadĂ©mique, mais nous y faisons rĂ©fĂ©rence simplement en faisant un lien avec l’objet original.

Les URL sont une illustration de notre dĂ©pendance intellectuelle Ă  ce mĂ©canisme de citations. Mais si le mĂ©-canisme de citations est fait de pĂąte Ă  modeler, et s’il est en train de s’effriter de partout – si les oligarchies et les mil-liardaires arrachent des bouts de notre histoire ou les connexions entre diffĂ©r-entes parties de notre histoire qui les gĂȘnent – alors les bases intellectuelles sur lesquelles nous sommes en train de bĂątir notre civilisation est instable. Nous sommes en train de bĂątir une po-tence intellectuelle, faite de pĂąte Ă  mod-eler, pour notre civilisation.

Huo : Dans ce sens, nous as-sistons Ă  une rĂ©gression par rapport au livre. Aucun dictateur ne peut re-tirer des portions d’un livre de la mĂȘme maniĂšre.

JuLIAN ASSANGE : Exacte-ment. Cette idĂ©e nouvelle que je veux dĂ©velopper pour protĂ©ger le travail de Wikileaks pourrait ĂȘtre Ă©tendue Ă  toute forme de protection intellectu-elle. Toutes les Ɠuvres de crĂ©ation numĂ©risĂ©es pourraient ĂȘtre rĂ©fĂ©rencĂ©es

par un code qui dĂ©pendra unique-ment du contenu, pas des serveurs ou d’organisations tiers. C’est simplement une fonction mathĂ©matique Ă  appliquer sur le contenu intellectuel, et les gens n’auraient besoin de rien d’autre.

Huo : C’est donc un de vos rĂȘves, de pouvoir mettre en place un tel systĂšme.

JuLIAN ASSANGE : En fait, je pense que c’est plus qu’un rĂȘve. Cela a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©. Cela deviendra un nouveau standard qui, je l’espĂšre, s’appliquera Ă  toute Ɠuvre intellectu-elle, une maniĂšre consistante de dĂ©-signer chaque crĂ©ation intellectuelle, tout ce qui peut ĂȘtre numĂ©risĂ©. Ainsi, si on a un article sur un blog, il se ver-ra affecter un nom unique. Si l’article change, le nom changera, mais l’article et le nom seront toujours reliĂ©s. Si nous avons l’enregistrement numĂ©rique d’une sonate, on aura un nom unique. Si on a un film numĂ©risĂ©, il aura un nom unique. Et il ne sera pas possible de changer le contenu sans changer le nom. Je crois que c’est quelque chose de trĂšs important – une forme d’indexation de la tour de Babel, de la connaissance pure.

Huo : Je suppose que la plupart des gens ne sont pas conscients du danger de la disparition des archives ?

JuLIAN ASSANGE : Non, ils ne le sont pas parce que les journaux tentent d’étouffer l’affaire. Et tout le monde tente de l’étouffer. Sinon, ils paraĂźtront fragiles, et ils donneront l’impression de trahir leur lectorat s’ils suppriment quelque chose qui pou-vaient l’intĂ©resser. Et gardant le silence, ils encouragent de nouvelles attaques, parce qu’il y a eu des prĂ©cĂ©dents.

Il est quand mĂȘme assez extraor-dinaire que dans la loi britannique, le fait mĂȘme de mentionner que vous avez retirĂ© quelque chose peut ĂȘtre con-sidĂ©rĂ© comme un dĂ©lit. Nous l’avons vĂ©cu dans un cas flagrant, lorsque j’ai remportĂ© l’Index of Censorship Award pour mon combat contre la censure.

Huo : J’étais membre du jury cette annĂ©e. On m’a dit que vous aviez remportĂ© le prix il y a deux ans.

JuLIAN ASSANGE : AprĂšs avoir remportĂ© ce prix, Marin Bright a Ă©crit un article sur son blog hĂ©bergĂ© par The New Statesman pour dire que notre rencontre fut agrĂ©able, etc et ainsi de suite. La suite de son article mention-nait la disparition de ces articles sur Nadhmi Auchi qui avait Ă©tĂ© condamnĂ© pour corruption. Et il indiquait les titres de ces articles, en ne mentionnant que les titres. Une action en justice a Ă©tĂ© entamĂ©e contre cet article prĂ©cis, celui-lĂ  mĂȘme qui annonçait notre prix con-tre la censure.

Huo : C’est Ă©tonnant.JuLIAN ASSANGE : Et l’article

a Ă©tĂ© censurĂ©. D’abord, c’est la liste des articles qui a Ă©tĂ© retirĂ©e de l’article, puis finalement c’est tout l’article qui a dis-paru. C’est comme ça que je me suis in-tĂ©ressĂ© Ă  Nadhmi Auchi, et nous avons rĂ©ussi Ă  obtenir ces articles et aussi un

Ă©norme rapport du Pentagone sur les activitĂ©s d’Auchi. Et nous avons rĂ©ussi Ă  faire soulever la question au Par-lement, oĂč nous avons eu une discus-sion de 90 minutes sur l’affaire. Mais il y a plus : Martin Bright a perdu son emploi au New Statesman.

Huo : A cause de cette affaire.JuLIAN ASSANGE : Oui

Huo : Avant de passer aux questions posĂ©es par les artistes, je voulais vous parler de Bourbaki, un groupe anonyme de mathĂ©maticiens auquel vous faites souvent rĂ©fĂ©rence. J’aimerais en savoir davantage sur votre intĂ©rĂȘt Ă  leur Ă©gard, et s’il y a un rapport avec votre dĂ©cision d’apparaĂźtre en public plutĂŽt que de rester anonyme.

JuLIAN ASSANGE : Les Bour-baki Ă©taient un groupe de mathĂ©matici-ens français qui a publiĂ© des livres sur une pĂ©riode de 20 ans sous un pseud-onyme collectif, Nicolas Bourbaki. Ils ont cachĂ© leurs identitĂ©s et leurs livres sont encore considĂ©rĂ©s parmi les meilleurs livres de mathĂ©matiques jamais publiĂ©s en français. En 2006, j’ai pensĂ© que Wikileaks devait publier de maniĂšre totalement anonyme, puis sous pseudonyme – sous un pseudo collectif, comme les Bourbaki.

D’abord, en tant que jeune or-ganisation qui publiait des textes trĂšs controversĂ©s, nous ne voulions pas ĂȘtre des cibles trop faciles. J’étais publique-ment simplement membre du conseil d’administration, et ce n’est pas la mĂȘme chose que d’ĂȘtre le rĂ©dacteur en chef ou un des principaux rĂ©dacteurs. Je voulais aussi Ă©viter au maximum les problĂšmes d’ego, pour ĂȘtre certain que les gens Ă©crivaient ce qu’ils Ă©crivaient pour d’autres raisons que leur ego. En mĂȘme temps, en tant qu’organisation qui n’avait pas encore de rĂ©putation, il nous fallait une figure identifiable pour acquĂ©rir rapidement une notoriĂ©tĂ©. Si nous nous prĂ©sentions sous un nom collectif comme Jack Bourbaki, ou tout autre pseudo, nous serions rapidement reconnus Ă  cause du volume de nos publications. Mais un mois aprĂšs notre apparition publique, il y a eu une fuite Ă  partir d’une de nos listes de diffusion interne par un architecte New-yorkais, John Young, qui avait Ă©tĂ© impliquĂ© dans notre projet initial de publication, qui Ă©tait plus agressif. John a rĂ©alisĂ© par la publicitĂ© que nous recevions que Wikileaks allait devenir important et risquait de menacer son propre projet.

Mais ce fut une grande dĂ©cou-verte que d’ĂȘtre moi-mĂȘme victime d’une fuite, si tĂŽt. Et je me suis dit, eh bien, tout ceci est intĂ©ressant – main-tenant je sais l’effet que ça fait. En fait, c’était plutĂŽt agrĂ©able, dans la mesure oĂč ça montrait que nous Ă©tions un groupe trĂšs restreint, composĂ© d’idĂ©alistes dont le discours en interne Ă©tait encore plus radical qu’à l’extĂ©rieur. Il n’y avait donc aucune hypocrisie dans ce que nous faisions, et mĂȘme le contraire – nous Ă©tions encore plus idĂ©-alistes et pĂ©tris de principes que ce que nous laissions entendre.

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Tony Rezko et Barack obama

d’autres volontaires. Mais lorsque la presse a commencĂ© Ă  fouiner, trĂšs cu-rieuse de connaĂźtre qui Ă©taient ces gens pĂ©tris de principes, certains de mes amis ont malheureusement vendu la mĂšche, ils ont dit «eh bien c’est Julian qu’il faut remercier». J’avais envie de les Ă©tran-gler !J’ai aussi compris qu’en essayant d’occuper une position oĂč je me fai-sais passer pour le porte-parole et non comme le chef d’orchestre, nous nous retrouvions avec des gens qui n’étaient pas impliquĂ©s dans l’organisation et qui parlaient en son nom. Ensuite nous avons commencĂ© Ă  souffrir de l’opportunisme de certains, et il fallait y mettre un coup d’arrĂȘt.

Puis nous sommes devenus poli-tiquement plus puissants, avec de nom-breux soutiens partout dans le monde. Du coup nous n’avions plus besoin du mĂȘme anonymat – j’avais besoin d’un anonymat local pour des raisons de sĂ©curitĂ©, mais le fait que mon nom soit connu n’avait plus la mĂȘme impor-tance, puisque, pour celui qui voulait bien chercher, l’information circulait dĂ©jĂ .

Huo : Cet anonymat local vous a obligé à bouger beaucoup, dans les interviews on parle souvent de votre nomadisme qui a démarré trÚs jeune. On dirait que vous avez voyagé partout avec juste un sac-à-dos et deux carnets de notes, en vivant chez les gens.

JuLIAN ASSANGE : Eh bien, je voyage partout et seul depuis l’age de 25 ans, dĂšs que j’ai eu assez d’argent pour le faire. Mais pour Wikileaks, je me dĂ©place sans cesse depuis dĂ©but 2007. Jusqu’au dernier problĂšme avec le Pentagone, qui a dĂ©marrĂ© vers juin/juillet de l’annĂ©e derniĂšre, je n’étais pas un fugitif. C’était plus une question d’opportunitĂ©s et de faire en sorte de ne pas rester en place trop longtemps pour Ă©viter l’installation d’un vĂ©ritable systĂšme de surveillance, ce qui impli-que une effraction et l’installation de camĂ©ras, d’appareils de surveillance, etc. De telles opĂ©rations prennent du

temps Ă  mettre en place. Alors lorsque vous ĂȘtes une organisation aux res-sources limitĂ©es qui court le risque d’ĂȘtre surveillĂ©e par les agences les plus sophistiquĂ©es, comme la NSA ou le GCHQ, vous n’avez que deux options : changer rĂ©guliĂšrement d’endroit ou vous isoler totalement.

Huo : Et vous avez choisi la pre-miĂšre option ?

JuLIAN ASSANGE : Oui. J’ai vĂ©cu un temps au Caire, et c’est pour-quoi je me suis tant intĂ©ressĂ© aux Ă©vĂšnements en Egypte.

Huo : Vous avez vécu en Islande aussi ?

JuLIAN ASSANGE : En Islande, en Allemagne – dans de nombreux pays. A la fin de 2008, l’économie is-landaise s’est effondrĂ©e Ă  la suite de la crise financiĂšre globale. Le secteur ban-caire islandais Ă©tait 10 fois plus gros que l’ensemble du reste de l’économie islandaise. La plus grande banque s’appelait Kaupthing, et nous avons mis la main sur des documents con-cernant les prĂȘts que cette banque ac-cordait, accompagnĂ©s de commentaires francs et dĂ©taillĂ©s sur chaque prĂȘt – des prĂȘts de plus de 45 millions d’euros, pour un total de 6 milliards d’euros.

Nous l’avons publiĂ©, et Kaupth-ing a menacĂ© de nous envoyer, nous et nos sources, en prison pour un an. Puis ils ont empĂȘchĂ© la plus grande chaine de tĂ©lĂ©vision, RUV, d’en parler dans leur journal tĂ©lĂ©visĂ© du soir. Une injonc-tion est arrivĂ©e Ă  la rĂ©daction Ă  18h55 alors que le journal commençait Ă  19h00. Alors le prĂ©sentateur a dit « eh bien, voici le journal tĂ©lĂ©visĂ© mais nous ne pouvons pas vous donner toutes les informations ce soir parce que nous avons reçu une injonction. » Alors ils ont redirigĂ© les spectateurs vers notre site internet pour en savoir plus.

Du jour au lendemain, Wikileaks est devenu trĂšs important pour les Is-landais, parce que les banques et les

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Vol. 4 No. 52 ‱ Du 13 au 19 Juillet 2011HaĂŻti LibertĂ©16

Suite de la page (15)banquiers ont Ă©tĂ© perçus comme les responsables de la destruction d’une partie trĂšs importante de leur Ă©conomie, et d’avoir ruinĂ© la rĂ©putation internatio-nale du pays.

Huo : Et c’est lĂ  qu’a dĂ©marrĂ© l’ « Initiative pour des MĂ©dias Modernes » en Islande ?

JuLIAN ASSANGE : Oui. AprĂšs, on m’a invitĂ© Ă  venir parler en Islande. J’avais dans l’idĂ©e de divulguer la na-ture des opĂ©rations offshore et des para-dis fiscaux – comme celles de la banque Julius Baer aux Ăźles CaĂŻman, etc.

Le secteur offshore fonctionne pour les havres opaques. Vous avez un pays comme les Iles Vierges Britan-niques, qui fournit certaines structures d’entreprises et bancaires trĂšs opaques, et oĂč il existe mĂȘme des lois qui inter-disent de rĂ©vĂ©ler certaines informa-tions. Les Ă©tats voisins des CaraĂŻbes et d’autres petites Ă©conomies dans d’autres parties du monde vont adopter Ă  leur tour les parties les plus attractives de cette lĂ©gislation. Une concurrence s’installe et provoque une surenchĂšre entre diffĂ©rents paradis fiscaux.

Peu importe le nom qu’on leur donne Ă  ces opĂ©rations offshore, ce sont en rĂ©alitĂ© des havres d’opacitĂ© ex-plicitement faits pour blanchir l’argent. L’armĂ©e amĂ©ricaine et la CIA ont fait la mĂȘme chose Ă  GuantĂĄnamo, sauf qu’il s’agit d’opacitĂ© appliquĂ©e Ă  des ĂȘtres humains et Ă  leurs droits dans une juri-diction extra-territoriale pour Ă©chapper aux lois communĂ©ment admises dans la plupart des pays.

Je me suis demandĂ© si on ne pou-vait pas inverser le problĂ©matique, au lieu d’avoir un Ăźlot d’opacitĂ©, voir si on ne pourrait pas avoir un Ăźlot de trans-parence.

On a vu aussi apparaĂźtre un nou-veau type de rĂ©fugiĂ©s : les Ă©diteurs. Le Rick Ross Institute on Destructive Cults a dĂ» dĂ©placer son site internet et l’hĂ©berger Ă  Stockholm pour Ă©viter des procĂšs aux Etats-Unis. Malaysia Today a dĂ» ĂȘtre transfĂ©rĂ© Ă  Singapour et aux Etats-Unis pour Ă©chapper Ă  la censure de la Malaisie. Nous avions nous-mĂȘmes certains services aux Etats-Unis mais ils ont Ă©tĂ© dĂ©placĂ©s Ă  Stockholm. Il s’agit d’une Ă©vasion juridique parce que de nombreux abus sont commis dans le cadre du systĂšme judiciaire. Il faut donc s’exiler.

Huo : Contre sa volontĂ©, comme un rĂ©fugiĂ© de l’édition ?

JuLIAN ASSANGE : Exacte-ment. Ces rĂ©fugiĂ©s de l’édition sont demandeurs d’une certaine protec-tion juridique, une demande d’ordre Ă©conomique similaire Ă  ceux qui veu-lent planquer leurs biens.

Je n’arrivais pas Ă  trouver une Ăźle qui rĂ©ponde aux critĂšres, parce qu’il faut aussi quelque chose de plus – il faut un attachement Ă  la libertĂ© de la presse, une Ăźle avec une population et une Ă©conomie suffisamment dĂ©velop-pĂ©es et indĂ©pendantes pour ne pas

cĂ©der aux premiĂšres pressions venues. Il faut des connexions internet de quali-tĂ© et une main-d’oeuvre qualifiĂ©e.

J’ai vu que l’Islande pouvait ĂȘtre l’endroit parfait. Et avec une Ăźle, on peut faire Ă©voluer la lĂ©gislation assez rapidement parce que l’économie est suffisamment petite pour ne pas vous heurter Ă  des lobbys. J’ai parlĂ© de ça Ă  la plus grande Ă©mission dominicale de l’Islande et le lendemain tout le monde en parlait. Il Ă©tait clair que de nombreux Islandais soutenaient l’idĂ©e.

Je suis retournĂ© lĂ -bas en com-pagnie de 13 consultants juridiques pour rĂ©flĂ©chir aux diffĂ©rents moyens pour mettre ça en place. Vu que j’étais un Ă©tranger, il fallait que les Islandais s’emparent eux-mĂȘmes de l’idĂ©e, si-non le projet n’allait jamais aboutir. Il fallait que l’idĂ©e se diffuse sur l’üle. J’ai travaillĂ© dur et nous avons pondu une proposition de loi, rĂ©digĂ©e en islandais, et prĂ©sentĂ©e au Parlement. Le projet a Ă©tĂ© soumis au vote et a Ă©tĂ© adoptĂ© Ă  l’unanimitĂ©.

Huo : Passons à présent aux questions des artistes.

JuLIAN ASSANGE : OK, com-mençons par la premiÚre.

Luis camnitzer : La premiĂšre question concerne votre cĂ©lĂ©britĂ© dans les mĂ©dias, alors que Bradley Man-ning, qui apparaĂźt comme le vĂ©ritable hĂ©ros (pour le moins en ce qui con-cerne la partie des documents d’origine amĂ©ricaine), est peu connu. Je sais que Wikileaks a donnĂ© de l’argent au fonds de dĂ©fense de Manning et c’est bien, mais lĂ  n’est pas la question. Wilileaks opĂšre en s’appuyant sur un collectif de donneurs d’alerte et de contributeurs, et son pouvoir provient donc d’une entreprise collective. On a pourtant l’impression que le projecteur n’est bra-quĂ© que sur une seule personne et non sur le collectif. L’idĂ©e n’est-elle pas que nous sommes tous, ou devrions ĂȘtre tous, Wikileaks ? Ne devriez-vous pas le rappeler dans vos prestations pub-liques ?

Une autre question porte sur le sujet plus complexe des fuites. Je suis totalement favorable, et j’applaudi Ă  la transparence, et je n’ai pas de pro-blĂšme idĂ©ologique avec ça. Lorsque les enjeux sont clairs, comme la cor-ruption du systĂšme bancaire, ou les mĂ©faits de l’impĂ©rialisme, il faut un maximum de transparence. Mais dans le domaine politique, c’est un peu com-me si on assistait Ă  un jeu de poker et que quelqu’un annonçait Ă  voix haute toutes les cartes. Ca aussi, ça peut ĂȘtre bien, mais ça demande une certaine ju-geote quant aux consĂ©quences. Dans tout jeu qui se respecte, il ne s’agit pas uniquement des cartes en main, mais aussi de la stratĂ©gie globale. Une fuite peut rĂ©vĂ©ler un mauvais tour mais ig-norer le plan qui justifiera les coups sui-vants. Vu sous cet angle, le bien fondĂ© de la transparence devient plus difficile Ă  juger puisque ce qui est rĂ©vĂ©lĂ© est toujours partiel et l’intention derriĂšre pas forcĂ©ment avouable. Je n’aimerais pas ĂȘtre juge en la matiĂšre parce que j’aurais toujours l’impression que je n’ai pas toutes les cartes en main. En

tous cas, je prĂ©fĂ©rais dĂ©noncer le jeu lui-mĂȘme que les cartes distribuĂ©es. Je vote donc en fonction de ce que je connais, mais je ne m’engage pas tant que je ne suis pas persuadĂ© d’en savoir assez. Accessoirement, je n’aimerais pas pouvoir lire toutes les pensĂ©es de mon interlocuteur et je n’aimerais pas qu’il puisse lire les miennes. OĂč sont les limites ? Une telle dĂ©termination im-plique de vĂ©ritables dĂ©cisions Ă©thiques qui sont difficiles Ă  prendre et trĂšs im-briquĂ©es. Par simple curiositĂ©, et sans agressivitĂ© aucune : qu’est-ce qui vous autorise Ă  tenir ce rĂŽle ?

JuLIAN ASSANGE : Ce sont deux questions qui m’ont souvent Ă©tĂ© posĂ©es. La premiĂšre est malicieuse, mĂȘme si je suis persuadĂ© que la com-paraison entre mes dĂ©boires et celles de M. Manning n’est pas dans les habi-tudes de Luis Camnitzer. C’est quelque chose que nos adversaires nous rĂ©ser-vent.

Nous ne sommes pas dans une compĂ©tition pour dĂ©terminer celui qui souffre le plus. Bradley Manning et moi, avec d’autres, sommes victimes d’une opĂ©ration trĂšs agressive des Etats-Unis au nom des intĂ©rĂȘts de certains respon-sables US et nous devons rester unis. Son sort, Ă©videmment, mĂ©rite plus d’attention, et notre organisation a fait des efforts significatifs pour attirer l’attention sur lui. Une partie de cette attention se produira naturellement, Ă  l’approche de son procĂšs.

Il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă  Bagdad et dĂ©tenu au Koweit pendant six semaines avant d’atterrir Ă  Quantico, en Virginie, oĂč il attend son procĂšs depuis plus de 250 jours dans une prison de haute sĂ©cu-ritĂ© et en isolement. Comme quelqu’un qui a connu la prison de haute sĂ©cu-ritĂ© et l’isolement, je m’identifie Ă  son malheur. C’est une situation qui a Ă©tĂ© dĂ©noncĂ©e par Amnesty International et j’espĂšre qu’elle le sera de plus [en] plus.

En ce qui concerne votre deux-iĂšme question, pourquoi il est si im-portant de donner l’information aux gens sur ce qui se passe en coulisses et sur les limites : nous disons que nous croyons Ă  la «transparence», simple-ment parce que c’est un mot qui dĂ©crit plutĂŽt bien une rĂ©alitĂ© plus complexe. Je ne suis personnellement pas un fan de ce mot.

Je pense que si nous devons bĂątir une civilisation solide, nous avons besoin de savoir ce qui se passe, pas nĂ©cessairement en temps rĂ©el, mais nous avons besoin d’une historique sophistiquĂ©e et plutĂŽt complĂšte sur tout ce qui concerne l’humanitĂ©. Ce n’est pas une simple question de trans-parence, mais celle de la construction d’une mĂ©moire collective. Et cette mĂ©-moire devrait contenir tout, sauf dans quelques cas justifiĂ©s, parce que tout dans le monde, d’une maniĂšre ou d’une autre, a un effet sur le reste. Nous dev-ons examiner le pouvoir sous chaque angle si nous voulons le comprendre et le changer. La libertĂ© d’expression im-plique le droit de savoir. Les deux rĂ©u-nis forment ce que l’on pourrait appeler le droit de transmettre du savoir. On n’a pas besoin de dĂ©velopper des thĂ©ories pour montrer l’utilitĂ© de la chose en

pratique.Wikileaks publie depuis quatre

ans, chose dont nous pouvons ĂȘtre trĂšs fiers, eu Ă©gard Ă  nos ressources. Notre travail a provoquĂ© d’immenses change-ments positifs Ă  travers le monde, et – pour ce que nous en savons et pour ce que les officiels au pouvoir ont reconnu – personne n’a eu Ă  en souffrir, autre que perdre son poste ou une Ă©lection.

Pour ce qui concerne les lim-ites par rapport à nos publications, je pense que la question est trop simpliste. Chaque fois que quelqu’un entreprend une action, on peut l’analyser sous un angle moral et se demander si c’est une bonne action ou pas.

Peut-ĂȘtre pourrions-nous la refor-muler autrement : de quel droit un gou-vernement se permettrait-il d’interdire aux gens de transmettre du savoir ? Ce droit est reconnu Ă  un niveau Ă©lĂ©men-taire, mais qui dĂ©cide de l’interdire Ă  un deuxiĂšme, troisiĂšme ou sixiĂšme niveau ? Est-ce au gouvernement de dĂ©cider ? Je pense que non. On pourrait peut-ĂȘtre lui reconnaĂźtre le droit d’en interdire, dans des cas trĂšs particuliers. Quant Ă  savoir oĂč sont les limites, le service postal ne trace pas de limites – le droit d’échanger des informations par la poste est total. La compagnie de tĂ©lĂ©-phone ne trace pas de limites. Le cour-rier Ă©lectronique ne trace pas de limites. Le droit de transmettre un savoir par tous ces moyens est reconnu.

Huo : Ce droit peut ĂȘtre reconnu et avoir quand mĂȘme des limites...

JuLIAN ASSANGE : Il n’y a pas de limite a priori, et il n’en a jamais Ă©tĂ© question. Une fois que l’information a Ă©tĂ© transmise, toute tentative de la lim-iter devient futile. Donc, en pratique, il n’y a pas de limites.

Contrairement Ă  tous les autres moyens d’information, nous nous en-gageons sur ce que nous publions et sur ce que nous ne publions pas, et c’est trĂšs simple. Cette simplicitĂ© fait que nos sources et nos lecteurs ont confiance en nous. Nous disons que nous publierons tout document d’importance diploma-tique, politique, Ă©thique ou historique, qui n’a jamais Ă©tĂ© publiĂ© auparavant et qui est censurĂ© – censurĂ© par une classification secret-dĂ©fense, par des menaces, ou par tout autre moyen. Nous nous engageons Ă  publier un tel document aprĂšs l’avoir examinĂ© par souci de sĂ©curitĂ© envers les personnes physiques. Cet examen n’a pas pour objectif d’empĂȘcher la publication mais de retarder la publication ou d’en retirer une petite partie pour une durĂ©e limitĂ©e ou lorsque tout risque est Ă©cartĂ©.

Il est Ă©vident que toute informa-tion devrait ĂȘtre publiĂ©e si personne ne court un risque. Il est Ă©vident que notre procĂ©dure a jusqu’à prĂ©sent par-faitement fonctionnĂ©. Nous avons donc raison de tenir notre engagement de publier tout ce qui reprĂ©sente un intĂ©-rĂȘt diplomatique, politique, Ă©thique ou historique, et qui n’a jamais Ă©tĂ© publiĂ© auparavant. C’est une bonne politique et ça marche.

Goldin+Senneby : Bonjour, je m’appelle Angus Cameron, et je suis le porte-parole des artistes suĂ©dois Goldin+Senneby. Leur question com-

mence par une citation « je rencon-tre un ĂȘtre qui me fait rire parce qu’il est sans tĂȘte, qui m’emplit d’angoisse parce qu’il est fait d’innocence et de crime : il tient une arme de fer dans sa main gauche, des flammes semblables Ă  un sacrĂ©-coeur dans sa main droite. Il rĂ©unit dans une mĂȘme Ă©ruption, la Naissance et la Mort. Il n’est pas un homme. Il n’est pas non plus un dieu. Il n’est pas moi mais il est plus moi que moi : son ventre est le dĂ©dale dans le-quel il s’est Ă©garĂ© lui-mĂȘme, m’égare avec lui et dans lequel je me retrouve Ă©tant lui, c’est-Ă -dire monstre. » Georg-es BATAILLE, La Conjuration SacrĂ©e, 1936 (citation trouvĂ©e sur internet et reproduite telle quelle - NdT)

Vous avez dĂ©clarĂ© dans d’autres interviews que votre objectif initial pour Wikileaks Ă©tait d’ĂȘtre « sans visage ». Vous n’est pas le premier Ă  avoir tentĂ©, et Ă©chouĂ©, cette forme d’organisation transcendantale. DiffĂ©rentes organisa-tions militantes ont eu recours au secret et Ă  l’anonymat comme partie intĂ©gran-te de leur stratĂ©gie politique – vous avez mentionnĂ© les Bourbaki, mais il y a eu aussi l’AcĂ©phale de Bataille dans les annĂ©es 30 et le mouvement Zapatiste mexicain, pour n’en citer que quelques uns. Dans tous les cas, ces groupes ont fini par abandonner leur anonymat ou ont eu recours Ă  un porte-parole (tel que le sous-commandant Marcos) dont l’identitĂ© est plus ou moins connue. Quel Ă©tait votre stratĂ©gie et pensĂ©e poli-tique au moment de devenir le visage et la voix de Wikileaks - « le paratonnerre » selon vos termes.

JuLIAN ASSANGE : J’avais un certain nombre de raisons pour ne pas garder l’anonymat total et de mainte-nir la hiĂ©rarchie de Wikileaks dans une relative opacitĂ©. Mais pour des raisons pratiques ce n’était plus possible, al-ors je suis devenu le paratonnerre de l’organisation. C’est d’ailleurs assez intĂ©ressant d’essayer de faire parler quelqu’un d’autre au nom de Wikileaks. Il y a maintenant Kristinn Hrafns-son, un journaliste d’investigation primĂ© islandais, qui parle au nom de l’organisation. Les attaques ad homi-nem contre l’organisation sont dirigĂ©es vers ses figures publiques. En attirant les attaques sur nous, nous Ă©pargnons ceux qui n’ont pas les mĂȘmes moyens ou capacitĂ©s pour se dĂ©fendre.

Il se crĂ©e aussi une sorte d’appel d’air vers les attaques personnelles tout simplement parce que nos publications sont par dĂ©finition inattaquables. C’est clair, net et prĂ©cis : nous n’avons ja-mais Ă©tĂ© accusĂ©s d’avoir commis une erreur. Nous ne rĂ©digeons pas des ar-ticles d’opinion, mĂȘme s’il nous arrive d’analyser certains documents, mais la majeure partie de nos publications sont des documents bruts qui ne peu-vent pas ĂȘtre attaquĂ©s parce que nous n’agissons pas sur leur contenu. Alors la seule façon de nous attaquer est de s’en prendre aux personnes, d’attaquer le messager. C’est une position trĂšs in-confortable, mais puisque j’y suis dĂ©jĂ , il est inutile d’y entraĂźner les autres membres de l’organisation.(À suivre)

Traduction VD LGS 30 juin 2011

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Par Peter Martell et Simon Martelli

Le Sud-Soudan, qui a proclamé samedi son indépendance, fait

dĂ©sormais face Ă  l’immense dĂ©fi de prouver au monde qu’il est un Etat viable, malgrĂ© son extrĂȘme pauvretĂ© et une situation gĂ©opoli-tique difficile aprĂšs des dĂ©cennies d’un conflit sanglant avec le Nord. Le Sud-Soudan a proclamĂ© son in-dĂ©pendance devant des dizaines de milliers de sudistes en liesse et un parterre de dirigeants Ă©trangers, aprĂšs un conflit de pratiquement un demi-siĂšcle avec le Nord qui a fait des millions de morts.

La communautĂ© internatio-nale, Etats-Unis, Chine, Russie, Union europĂ©enne et ses Etats membres en tĂȘte, a rapidement reconnu ce nouveau pays africain figurant parmi les plus pauvres au monde malgrĂ© ses vastes res-sources pĂ©troliĂšres, et l’a assurĂ© de son soutien.

C’est le chef du Parlement sud-soudanais, James Wanni Igga, qui a lu la «dĂ©claration d’indĂ©-pendance du Sud-Soudan» pen-dant une cĂ©rĂ©monie Ă  Juba, la capitale.«  Nous, les reprĂ©sentants dĂ©mocratiquement Ă©lus du peuple, nous fondant sur la volontĂ© du peuple du Sud-Soudan, et comme lâ€șont confirmĂ© les rĂ©sultats du rĂ©fĂ©-rendum sur lâ€șauto-dĂ©termination (en janvier, ndlr), proclamons par la prĂ©sente le Sud-Soudan une na-tion indĂ©pendante et souveraine Â», a-t-il dit.

Le Sud, dont le territoire occupe presque un quart de la superficie de lâ€șancien Soudan, et dont la majoritĂ© des plus de 8,5 millions dâ€șhabitants est chrĂ©tienne, se sĂ©pare ainsi du Nord musulman aprĂšs une longue guerre -entrecou-pĂ©e par une pĂ©riode dâ€șaccalmie de quelques annĂ©es- entre les rebelles sudistes et les gouvernements suc-cessifs de Khartoum.

Le nouveau drapeau du Sud-Soudan Ă©tĂ© ensuite hissĂ© sous les applaudissements frĂ©nĂ©tiques, les cris de joie, mais aussi les pleurs, de la foule. Puis Salva Kiir a prĂȘtĂ© serment en tant que premier prĂ©-sident sud-soudanais et promulguĂ© la Constitution provisoire, en jurant

de «favoriser le dĂ©veloppement et le bien-ĂȘtre du peuple».

« Un jour heureux comme ce-lui-lĂ  ne devrait pas ĂȘtre terni par de mauvais souvenirs. Mais il est important de se rappeler que cette terre a souffert pendant plusieurs gĂ©nĂ©rations (...) Nous devons par-donner, mĂȘme si nous nâ€șoublierons pas  », a affirmĂ© M. Kiir dans un discours prononcĂ© peu aprĂšs.

«Nous ne nous soumettrons jamais, jamais !», ont scandĂ© des milliers de ses compatriotes. In-tervenant Ă  son tour devant des dizaines de milliers de sudistes, le prĂ©sident du Soudan, Omar el-BĂ©chir, a affirmĂ© quâ€șun succĂšs du Sud-Soudan serait Ă©galement une rĂ©ussite pour Khartoum. «  Nous respectons nos engagements vis-Ă -vis du nouvel Etat du Sud-Soudan et nous allons lâ€șaider dans ses pre-miers pas, car nous voulons quâ€șil rĂ©ussisse. Son succĂšs sera notre succĂšs Â», a dĂ©clarĂ© M. BĂ©chir, sous le coup de mandats dâ€șarrĂȘt inter-nationaux pour gĂ©nocide et crimes contre lâ€șhumanitĂ© au Darfour, rĂ©-gion de lâ€șOuest en proie Ă  la guerre civile.

Khartoum avait reconnu dĂšs vendredi la RĂ©publique du Sud-Soudan. Omar el-BĂ©chir a en outre appelĂ© Ă  la paix et Ă  des relations fraternelles entre le Sud et le Nord : «Il est de notre responsabilitĂ© com-mune de bĂątir (une relation de) confiance» qui permettra de rĂ©gler les «questions en suspens», a-t-il dit, faisant allusion en particu-lier au partage des richesses pĂ©-troliĂšres et au statut de provinces frontaliĂšres contestĂ©es, dont celle dâ€șAbyei.

De mĂȘme Ă©taient prĂ©sents le

secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de lâ€șONU Ban Ki-moon et des reprĂ©sentants de pays tels que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France.

PlacĂ©e sous haute sĂ©curitĂ©, la cĂ©rĂ©monie sâ€șest dĂ©roulĂ©e au mau-solĂ©e de lâ€șex-dirigeant rebelle sud-iste John Garang, mort dans un ac-cident dâ€șhĂ©licoptĂšre en 2005, peu aprĂšs la signature de lâ€șaccord de paix ayant mis un terme au plus long conflit en Afrique. Elle a dĂ©bu-tĂ© par les sermons de deux digni-taires religieux, lâ€șun musulman et lâ€șautre chrĂ©tien, avant un dĂ©filĂ© militaire.»Aujourdâ€șhui, nous nous souvenons et nous prions pour tous ceux qui ont Ă©tĂ© solidaires avec nous pendant les longues an-nĂ©es de guerre», a dit lâ€șarchevĂȘque catholique Paulino Lokudu, ex-hortant Ă  une «nouvelle entente» et Ă  la coopĂ©ration avec le Nord.

DĂšs le petit matin, des Sud-Soudanais enthousiastes avaient affluĂ© vers le lieu des festivitĂ©s, chantant et agitant des drapeaux. «Sud-Soudan oyee (oh oui) ! Sud-Soudan libre !», scandait la foule, pendant ce rassemblement, le plus grand jamais vu Ă  Juba, ville au bord du Nil Blanc oĂč manquent mĂȘme les infrastructures de base.

Au plan diplomatique, le prĂ©-sident Barack Obama a dĂ©clarĂ© que le Sud-Soudan pourrait compter sur lâ€șaide des AmĂ©ricains, tandis que la Chine, principal partenaire commercial du Soudan et plus gros investisseur dans son indus-trie pĂ©troliĂšre, espĂšre que le Nord et le Sud seront «de bons voisins, des partenaires et des frĂšres pour toujours».

Lâ€șUnion europĂ©enne «envis-age un accord de partenariat avec la RĂ©publique du Sud-Soudan» et le prĂ©sident russe Dmitri Medvedev a Ă©voquĂ© lâ€ș»intĂ©rĂȘt» du «monde russe des affaires» pour les ressources naturelles de ce nouvel Etat.

Les Echos 10 Juillet 2011

Le nouveau drapeau du Sud-Soudan été ensuite hissé sous les applaudissements frénétiques, les cris de joie, mais aussi les pleurs, de la foule

Vol. 4 No. 52 ‱ Du 13 au 19 Juillet 2011 17HaĂŻti LibertĂ©

Sud-Soudan: son indépendance proclamée, le pays doit prouver qu'il est un Etat viable

Hugo Chavez au Bicentenaire !« Nous venons d’entamer une nouvelle longue marche »

A Travers le monde

Hugo chavez : « Nous ne sommes plus une colonie, de qui que ce soit, et nous ne le serons plus jamais »

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Salva Kiir Mayardit, président du Sud-Soudan

Par FĂ©lix Lopez

Une belle Caracas, un peuple joy-eux et radieux, des visiteurs ad-

miratifs et solidaires, un Simon Boli-var auquel l’histoire a rendu justice, et un immense commandant Chavez Ă  son retour
 ont servi de cadre le 5 juillet au dĂ©filĂ© civico-militaire or-ganisĂ© Ă  l’occasion du Bicentenaire de l’indĂ©pendance du VĂ©nĂ©zuela et de la JournĂ©e de la Force armĂ©e na-tionale bolivarienne (FANB).

Le passage des avions de com-bat sur le Paseo de los PrĂłceres (la Promenade des Hommes illustres), laissant un sillage tricolore, a mar-quĂ© le dĂ©but de la commĂ©moration. Depuis le Palais prĂ©sidentiel, flan-quĂ© des principaux chefs militaires de la FANB, le commandant Hugo Chavez, avec sa martialitĂ© d’éternel soldat, a donnĂ© le coup d’envoi du dĂ©filĂ© dans une brĂšve allocution Ă  la nation, sur la chaĂźne nationale de radio et de tĂ©lĂ©vision.

Visiblement Ă©mu, le prĂ©sident s’est fĂ©licitĂ© de la « JournĂ©e de la

grande patrie, de la Patrie indĂ©pen-dante, du Bicentenaire ». Il a saluĂ© « l’hĂ©roĂŻque peuple vĂ©nĂ©zuĂ©lien qui dĂ©borde le Paseo de los PrĂłceres et tous les espaces de la Patrie vĂ©nĂ©-zuĂ©lienne », et il a remerciĂ© de leur prĂ©sence les prĂ©sidents d’Uruguay, JosĂ© « Pepe » Mujica ; de Bolivie, Evo Morales ; et du Paraguay, Fer-nando Lugo ; des Premiers ministres et ministres des Affaires Ă©trangĂšres latino-amĂ©ricains et caribĂ©ens ; et tout spĂ©cialement les soldats de 21 pays, dont un peloton de cadets cu-bains, venus participer au dĂ©filĂ©.

Ses paroles transmettaient la joie de celui qui arrive Ă  temps pour accomplir son devoir : « Nous n’avions pas de meilleure façon de cĂ©lĂ©brer ce jour attendu depuis si longtemps qu’en Ă©tant indĂ©pen-dants comme nous le sommes Ă  nouveau. Nous ne sommes plus une colonie, de qui que ce soit, et nous ne le serons plus jamais ».

Et pour faire en sorte qu’il n’y ait pas le moindre doute quant Ă  sa dĂ©cision de lutter, il a rappelĂ© Ă 

Suite Ă  la page (18)

Page 18: 1583 Albany Ave, Brooklyn, NY 11210 Tel: 718-421-0162 Email

Vol. 4 No. 52 ‱ Du 13 au 19 Juillet 2011HaĂŻti LibertĂ©18

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Suite de la page (20)

DĂ©filĂ© civico-militaire organisĂ© Ă  l’occasion du Bicentenaire de l’indĂ©pendance du VĂ©nĂ©zuela et de la JournĂ©e de la Force armĂ©e nationale

bolivarienne (FANB)

Suite de la page (17)son peuple : « Nous vivrons et nous vaincrons. C’est le commence-ment du retour. Non seulement de Chavez mais de la Patrie pleine, de l’IndĂ©pendance pleine, de la Patrie perpĂ©tuelle, du peuple de Bolivar. La construction du plus grand des rĂȘves nĂ©s sur ce sol et sur cette terre
 Nous avons commencĂ© une nouvelle longue marche ».

Et pour cette marche il avait aussi plusieurs ordres tactiques Ă  expliquer : « Bolivar dirait : le corps national en un tout, l’esprit nation-al en un tout, en surmontant les di-visionnismes, en dĂ©jouant les con-spirations, jusqu’à vaincre en mille batailles ceux qui de l’intĂ©rieur et de l’extĂ©rieur prĂ©tendent affaiblir et renverser la Patrie et son indĂ©pen-dance. Nous devons les battre dans

la paix, dans la joie, dans la beau-tĂ©, d’une maniĂšre sublime, dans la splendeur
 Et nous le ferons ».

Dans son allocution, Chavez a une nouvelle fois rendu hom-mage au Libertador Simon Bolivar. Pour conclure, il a citĂ© une phrase prononcĂ©e par Bolivar en janvier 1830, dans laquelle il dĂ©finissait l’indĂ©pendance comme la porte qui permettrait de reconquĂ©rir tous les autres biens de la Patrie et le peuple : « Aujourd’hui, je le dis au nom de Bolivar, cette indĂ©pendance recon-quise est la porte que nous devons laisser ouverte pour rĂ©cupĂ©rer pen-dant des annĂ©es et des dĂ©cennies tous les autres biens pour le peuple : la libertĂ©, l’égalitĂ©, le bonheur, vivre en vivant, la vie pleine, la Pa-trie humaine, la Patrie pleine ».

Granma 8 Juillet 2011

Je comprends bien les plaintes de Rouzier. On le dit bon chrĂ©tien, homme intĂšgre et honnĂȘte. Alors, que sa foi ne le laisse pas s’abattre ! L’écrivain, rĂ©alisateur, scĂ©nariste français François Moreau lui conseillerait assurĂ©ment : «Le plus terrible, ce nâ€șest pas le chagrin, câ€șest la diligence quâ€șon met Ă  lâ€șoublier».

* Les nouveaux musiciens de Sweet Micky, Joseph François Maximilien Pierre (Haiti Liberté, V. 4 No. 35, 16-22 mars 2011) Martelly entre Daniel Supplice, Thierry Mayard Paul et ses bourreaux

chĂąteau, Ă  l’arriĂšre, un oiseau char-pentier toquait sur un palmier  ; son bec, tel un burin d’acier, fouillait trĂšs fort Ă  toutes les heures pour terminer la besogne de la besogne [
], dĂ©jĂ  prĂȘte pour la prochaine pondaison.

Ă©crire un livre, c’est s’exposer en vue d’accĂ©der Ă  la postĂ©ritĂ©. C’est gravir les marches de la reconnais-sance collective. Mais c’est aussi prĂȘter le flanc.

Jackson Rateau, Ă  travers ce livre, s’est colletĂ© Ă  un tabou, et les tabous ayant la vie dure sont de na-ture exigeante, quant aux moyens de

les approcher. Le livre est ponctuĂ© de lieux communs, de problĂšmes de syn-taxe, de figures de style ou mĂȘme de fautes d’orthographe dues, sans doute, au fait qu’il n’a pas Ă©tĂ© soumis Ă  une maison d’édition dotĂ©e de profession-nels, capables d’y mettre la derniĂšre main en vue de l’amĂ©liorer. Les im-ages sont de moins en moins convain-cantes, parfois essoufflĂ©es, souvent pauvres. Ce qui rĂ©sulte sans doute de l’organisation des mots qui les ont vu naĂźtre.Toutefois l’histoire tient la route.

ce deuxiùme roman ne mon-tre pas l’auteur sous son vrai jour. Je

sais qu’il dispose de meilleures cordes Ă  son arc. La Victime AccusĂ©e en-tre d’emblĂ©e dans l’histoire de la lit-tĂ©rature haĂŻtienne, quitte Ă  ĂȘtre dans l’anti-chambre de l’écriture. J’attends avec impatience le prochain livre de Jackson Rateau, pour confirmer tout le bien que je pense de lui comme Ă©criv-ain.

La Victime AccusĂ©e est un ro-man de 164 pages, publiĂ© Ă  compte d’auteur chez Trafford Publishing, USA, Avril 2011.

La Victime AccusĂ©e, un roman qu’il faut Ă  tout prix.

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“Neptune’s transfer to a residential ‘prison’ annex” from the National Penitentiary, and the “advice” was later followed. The Embassy was “endeavoring to work with business leaders, political parties and human rights groups to create space for an eventual solution” to Neptune’s im-prisonment, Foley wrote, but ques-tioned “whether Minister of Justice Gousse. . . is willing to be a part of that solution or an obstacle to it.”

“Gousse has been the strongest single force behind the persecution of political prisoners in Haiti,” said Brian Concannon, Jr., director of the Institute for Justice and Democracy in Haiti, who worked to free Jean-Juste and Neptune. “He personally (and illegally) countermanded release orders by judges and even his own prosecutors.”

While hounding democracy ac-tivists, Gousse has defended some of Haiti’s most notorious human rights violators. When former dictator Jean-Claude Duvalier, currently under in-vestigation and house arrest, returned to Haiti this January, Gousse argued against his prosecution in an op-ed for Le Nouvelliste, writing that “the notion of a crime against humanity cannot be used in Haitian courts.”

As Justice Minister, Gousse also helped clear the landmark 2000 Raboteau trial conviction (in absen-tia) of right-wing FRAPH death-squad leader Louis Jodel Chamblain, who had returned to Haiti as a leader of the “rebels” that helped overthrow Aristide in February 2004.

“After himself acting as a judge in impromptu ‘rebel’ tribunals of La-valas sympathizers after the coup, Chamblain became something of an embarrassment to the de facto re-gime and its U.S. sponsors,” reported HaĂŻti ProgrĂšs in August 2004. “So he struck a deal for a re-trial with de facto Justice Minister Bernard Gousse and on April 22 took up resi-dence in the PĂ©tionville jail, which he freely roams and regularly leaves for dinner and parties.”

Gousse had already declared that Chamblain deserved to be par-doned for “his great service to the nation” in helping to overthrow Haiti’s constitutional government and had “nothing to fear” from Haitian justice under his aegis, according to Haïti Progrùs.

Therefore, it came as no sur-prise when on Aug. 17, 2004, a kan-garoo court overturned Chamblain’s Raboteau conviction for mass murder by finding him “not guilty at dawn

after a non-stop all-night 14-hour trial at which only one prosecution witness dared show up, and he was not an eyewitness,” Haïti Progrùs reported. “The trial was announced only three business days earlier.”

Nonetheless, Chamblain re-mained in his semi-imprisoned state awaiting retrial on other charges. The U.S. Embassy feared that Latortue and Gousse would free him, further embarrassing Washington.

Under the heading “Chamblain shenanigans,” a May 15, 2005 cable describes how Prime Minister Lator-tue promised the U.S. Embassy that his administration would not release Chamblain from prison. “Latortue as-sured us that that Chamblain would not be released, saying Minister of Justice Gousse agreed with him on this,” wrote ChargĂ© d’Affaires Doug-las M. Griffiths. “He repeated this twice, saying Chamblain would not be released as long as he was Prime Minister.”

But Chamblain was released just three months later. Most recently, Chamblain was seen standing beside Duvalier shortly after his return, act-ing as his security chief.

Gousse’s outrageous conduct began to generate discussions among Haiti’s overseers behind the scenes. At a May 20 meeting with the U.S. Embassy and other “Core Group” members, MINUSTAH chief Valdes reported that Haitian political leaders overwhelmingly felt that “the IGOH should replace some members of the cabinet, especially Justice Minister Gousse,” Ambassador Foley reported in a May 25, 2005 cable. “Valdes claimed that the President favored replacing Gousse, but was concerned about creating a ‘martyr for Haitian sovereignty’ if it were perceived that Gousse was ditched in order to free Neptune. The French Ambassador cautioned that the President and PM [Prime Minister] had not made up their minds on Gousse. Valdes said replacing Gousse would be a good thing for both justice and security in Haiti, but that the timing was cer-tainly delicate.”

Even members of Haiti’s bour-geoisie proposed replacing Gousse with people like Gervais Charles, cur-rently Duvalier’s lawyer and senior advisor to President Martelly. “Busi-nessman Reginald Boulos is one who has pushed this with us saying Charles is ‘clever but not stubborn like Gousse’,” reported Foley in a Jun. 13, 2005 cable.

The next day, Gousse was fi-

nally given the old heave-ho after ten US congresspersons wrote a letter to Secretary of State Condoleeza Rice calling for his immediate removal, saying he “has clearly demonstrated that he is unwilling to conduct his duties in an objective and respon-sible manner.”

Gousse was replaced by Henri Dorleans, who, “presented himself as the antithesis of Gousse, open, friendly, and poised for action,” Am-bassador Foley reported in a Jul. 5, 2005 cable.

“As an official in 2004 and more recently as an independent lawyer, Gousse has shown a trou-bling disregard for Haiti’s obligation to prosecute human rights crimes,” Amanda Klasing, an expert on Haiti for Human Rights Watch, told HaĂŻti LibertĂ©.

Gousse’s nomination, whether it goes forward or not, may reflect a similar “disregard” on the part of President Martelly, whose right-wing affinities are becoming more and more apparent. His first pick, ultra-conservative businessman Daniel Rouzier, was soundly rejected by the Parliament.

On his return from Spain on Jul. 9, a Radio France International jour-nalist asked Martelly: “And what if Bernard Gousse is rejected?”

“There is no ‘if’,” Martelly re-sponded. “It’s Gousse that I want!”

Continued from p(9)

chavez en conversation avec les prĂ©sidents Evo Morales de la Bolivie, Jose Mujica de l’uruguay et Fernando Lugo du Paraguay

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Vol. 4 No. 52 ‱ Du 13 au 19 Juillet 2011 19HaĂŻti LibertĂ©

Il est en effet clair que sans militairement

Suite de la page (13)

Le congrĂšs et la dĂ©claration d’indĂ©pendance

Plusieurs provinces suivent l’exemple de Caracas et Ă©tablissent des juntes. Celles-ci reconnaissent tantĂŽt uniquement la junte de Caracas, tantĂŽt la junte ainsi que le conseil de rĂ©gence. D’autres provinces restent fidĂšles Ă  la couronne espagnole.

La junte de Caracas appelle alors au rassemblement d’un congrùs pour le mois de mars 1811.

Francisco de Miranda, ancien gĂ©nĂ©ral de la RĂ©volution Française, qui avait dĂ©jĂ  tentĂ© de libĂ©rer le Ven-ezuela en 1806, se trouve au Royau-me-Uni au moment de la dĂ©claration d’indĂ©pendance. Les envoyĂ©s vĂ©nĂ©-zueliens (dont Simon Bolivar), venus faire reconnaĂźtre leur gouvernement par les anglais, le persuadent de rallier l’AmĂ©rique du Sud.

Il retourne alors au Venezuela et se fait Ă©lire au congrĂšs comme dĂ©lĂ©guĂ© d’El Pao. DĂšs son arrivĂ©e, il organise une association, la SociĂ©tĂ© Patriotique, sur le modĂšle des clubs jacobins de la RĂ©volution, et fait campagne en faveur de l’indĂ©pendance au sein du gouver-nement.

L’indĂ©pendance est dĂ©clarĂ©e le 5 juillet. Le congrĂšs Ă©tablit une con-fĂ©dĂ©ration, les Etats Unis du Venezu-ela, dotĂ©e d’un parlement bicamĂ©ral et d’un exĂ©cutif formĂ© d’un triumvirat. Le drapeau jaune, bleu et rouge est inspirĂ© de Miranda.

Deux provinces choisissent cependant de rester fidĂšles Ă  la RĂ©-gence de CĂĄdiz. C’est le dĂ©but de la guerre d’indĂ©pendance du Venezuela, qui durera jusqu’en 1823. La premiĂšre rĂ©publique du Venezuela disparaĂźtra en 1812, aprĂšs la reconquĂȘte du pays par les forces espagnoles et l’arrestation de Francisco de Miranda, laissant la place Ă  Simon Bolivar, qui fondera la sec-onde rĂ©publique, en 1813.

Histoire et Actualité 3 juillet 2011

Francisco de Miranda, par Martin Tovar y Tovar (1874). col.

capitolio Federal de Venezuela

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Premier Concert de l’artiste bien connu le pianiste et chanteur Ti-GousseTant d’autres artistes seront invitĂ©s

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Suite de la page (7)«  On a prĂ©sente le plan de la reconstruction comme solution Ă  tous les problĂšmes du pays, sans la participation de la population et sans aucun palier des droits humains. Ce plan ne tient pas compte de la justice sociale du peuple haĂŻtien. On a tout sim-plement prĂ©sentĂ© un ensemble d’illusions pour la reconstruction physique du pays.  »a indiquĂ© Freud Jean dans sa prĂ©senta-tion.

Alors que le responsable de liaison pour l’OPC avec les ONGs des Droits Humains, Fro-zet Henry, dans sa prĂ©sentation, il a dĂ©montrĂ© les diffĂ©rents mĂ©-canismes utilisĂ©s pour Ă©valuer la situation des droits humains des Etats-membres de l’ONU Ă  travers l’EPU.

Le deuxiĂšme panel a Ă©tĂ© constituĂ© par 3 autres respon-sables de droits humains en l’oc-currence, Jocelyne Colas, secrĂ©-taire exĂ©cutif de la Commission Episcopale Nationale Justice et Paix (JILAP)  ; DjerieAbellard, responsable de programme ob-servatoire de la POHDH et Anto-nalMortimĂ©, secrĂ©taire exĂ©cutif de la POHDH. Dans chacune de ces interventions, les interve-nants ont passĂ© au peigne fin le rapport alternatif et la contri-bution des organisations de la sociĂ©tĂ© civile ; les commentaires de la POHDH sur le rapport na-tionale de l’Etat sur l’EPU.

Jocelyne Colas a apportĂ© des explications sur les thĂšmes traitĂ©s dans la contribution des organisations des droits de l’homme, concernant le pre-mier volet des droits humains : les droits civils et politiques qui contiennent les garanties judiciaires, le systĂšme carcĂ©ral et l’Etat de droit  ; le deuxiĂšme volet qui constitue les droits Ă©conomiques sociaux et cultu-rels, qui ne sont autre que le droit Ă  l’éducation, les droits de l’enfant, les droits Ă  l’iden-titĂ©. A chaque thĂšme traitĂ© dans un document remis aux parti-cipants, les organisations des droits humains qui ont travaillĂ© conjointement sur le rapport alternatif dans le cadre de la soumission d’un document au conseil des Droits de l’homme via le haut-commissariat ont fait des recommandations aux

autoritĂ©s haĂŻtiennes avant la prĂ©sentation de l’EPU d’HaĂŻti a l’ONU en Octobre prochain.

Dans les recommandations 8 sur l’Etat de droit et la parti-cipation citoyenne, les organisa-tions ont proposĂ© de : « Mettre en place le Conseil Electoral Permanent, selon le vƓu de la constitution. Effectuer un audit et une Ă©valuation de la mission des Nations Unies pour la stabi-lisation d’HaĂŻti (Minustah) sui-vant des modalitĂ©s impliquant le peuple haĂŻtien comme partie pre-nante. Elaborer un calendrier de retrait des troupes onusiennes et le rapatriement de la souveraine-tĂ© nationale Ă  ses dĂ©tenteurs lĂ©-gitimes Ă  savoir le peuple haĂŻtien et les dirigeants qu’il s’est choi-si. Â» Tandis que dans les com-mentaires de la POHDH sur le rapport national de l’Etat haĂŻtien dans le cadre de l’Examen PĂ©rio-dique universel d’Octobre 2011, elle a demandĂ©  : « De transfor-mer le mandat de la mission des Nations Unies pour la stabilisa-tion en HaĂŻti (Minustah) en mis-sion technique en vue d’appuyer le gouvernement haĂŻtien dans les domaines de  : l’agriculture, la santĂ©, la protection de l’envi-ronnement, la construction des routes et autres. Â»

Alors que la prĂ©sence illĂ©-gale des forces d’occupation de l’ONU depuis plus de sept (7) ans est une violation flagrante des droits Ă  l’autodĂ©termina-tion du peuple haĂŻtien. De plus la Minustah Ă  cĂŽtĂ© de l’Etat haĂŻ-tien est le plus grand violateur des droits humains en HaĂŻti. Pour certains, la Minustah en tant qu’instrument de domina-tion, d’exploitation qui n’a rien apportĂ© dans le changement des conditions de vie de  la popula-tion haĂŻtienne doit incessam-ment quitter le pays, vu qu’elle ajoute un autre flĂ©au, le CholĂ©ra aux souffrances du peuple haĂŻ-tien.

Par ailleurs, au dĂ©but de mois juillet en cours, 4 mois avant l’Examen PĂ©riodique uni-versel Ă  l’ONU, la haute com-missaire adjointe des Nations Unies aux droits de l’homme, Kyung-Wha-kang Ă©tait en visite en HaĂŻti du 2 au 6 juil-let pour se faire une idĂ©e de la situation des droits humains. AprĂšs avoir rencontrĂ© les dif-

fĂ©rents secteurs traditionnels de la sociĂ©tĂ©, le mardi 5 juillet, elle a donnĂ© une confĂ©rence de presse au cours de laquelle, elle a exprimĂ© ses inquiĂ©tudes concernant de graves prĂ©occu-pations quant aux droits civils et politiques, elle est Ă©galement prĂ©occupĂ©e de la situation des droits des enfants, de la viola-tion de leurs droits les plus fon-damentaux et ce dans une totale impunitĂ©. Selon elle, l’Etat haĂŻ-tien est responsable du respect, de la protection et de la sauve-garde des droits humains en HaĂŻti. C’est seulement Ă  travers les institutions nationales que des solutions Ă  ces problĂšmes peuvent survenir. Elle a Ă©gale-ment encouragĂ© la formation d’une commission d’enquĂȘte de vĂ©ritĂ© sur de graves violations des droits de l’homme et des milliers de crimes commis sous

la dictature des Duvalier qui a duré plus 29 ans en Haïti.

En attendant la prĂ©senta-tion d’HaĂŻti a l’ONU, d’autres organismes haĂŻtiens des droits humains tel le Bureau Avocats internationaux (BAI) travaillent Ă©galement sur ce dossier en vue d’une prĂ©sentation sur la situa-tion des droits humains en HaĂŻti.

De toute Ă©vidence on ne peut pas Ă©valuer rĂ©ellement la situation des droits de l’homme en HaĂŻti sans tenir de compte de graves violations des droits hu-mains par les casques bleus de l’ONU, sous toutes les formes : de viol, d’arrestation arbitraire et illĂ©gale, de pendaison, de bastonnade, d’assassinat, de meurtre, d’ingĂ©rence dans les affaires internes d’HaĂŻti, de dĂ©tention illĂ©gale des HaĂŻtiens, du non-respect de la loi du pays entre autres.

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Suite de la page (13) Les cinq...

libĂ©rĂ©s, et de retour Ă  Cuba, (...) Les Cinq vont retourner dans leurs foyers et resteront jusqu’à la fin de leur vie hĂ©ros de lâ€șhistoire de la lutte pour les Droits de lâ€șHumanitĂ©. »

Il est en effet grand temps que les familles des Cinq soient rĂ©unies, que les pĂšres soient prĂšs de leurs enfants. Vous le savez, Monsieur le PrĂ©sident, vous qui avez dĂ©clarĂ© lors de la fĂȘte des pĂšres Ă  propos du vĂŽtre: “Jâ€șai toujours Ă©tĂ© sensible Ă  son absence, et me suis demandĂ© ce qu’aurait Ă©tĂ© ma vie sâ€șil avait Ă©tĂ© plus prĂ©sent. C’est toujours vrai. Et peut-ĂȘtre est-ce pour cela que la fonction de pĂšre est si importante pour moi, et que je me suis Ă©fforcĂ© d’ĂȘtre autant que possible prĂ©sent auprĂšs de mes filles.”

Le 4 juin, en France, Ă  Paris, s’est tenu le colloque « Les cinq prisonniers cubains aux Etats-Unis, le terrorisme et le droit international » qui a rĂ©uni avocats, juristes français et europĂ©ens, parlementaires et diverses associations, pour Ă©tudier les dimensions juridiques et gĂ©opolitiques de l’affaire des Cinq, et les actes terroristes, made in USA, contre Cuba.

Voici les derniÚres lignes de la déclaration finale de ce colloque : « Le terrorisme est, selon la Résolution 1373 du Conseil de sécurité des Nations unies, une menace à la paix et à la

sĂ©curitĂ© internationales et cette annĂ©e est celle du bilan de la mise en Ɠuvre de la StratĂ©gie Antiterroriste Mondiale de l’ONU. La France est membre du ComitĂ© de lutte contre le terrorisme, mise en place par la RĂ©solution 1373.

Le terrorisme doit ĂȘtre combattu par toute la communautĂ© internatio-nale et il incombe aux Etats qui ont le plus de moyens, une responsabilitĂ© spĂ©cifique. Dans cet esprit, nous nous adressons aux parlementaires français afin qu’ils abordent, avec leurs homo-logues d’autres pays et en particulier des Etats-Unis, la question du terro-risme contre Cuba et du procĂšs injuste et partial contre les Cinq Cubains agents antiterroristes.

Nous leur demandons Ă©galement d’intervenir pour que la France porte ces questions devant le ComitĂ© de lutte contre le terrorisme. »

Monsieur le PrĂ©sident, nous espĂ©-rons que vous saurez intervenir pour rendre Ă  ces cinq Cubains la libertĂ© qu’ils mĂ©ritent. Vous ouvrirez ainsi la porte Ă  de nouvelles relations entre Cuba et les Etats-Unis, souhaitĂ©es par l’ensemble des populations des deux pays.

Recevez, Monsieur le PrĂ©sident, l’expression de mes sentiments huma-nistes les plus sincĂšres.

Jacqueline Roussiequartier castet (64360 Monein)

Bernard Gousse et GĂ©rard Latortue

rĂ©clamant son renvoi immĂ©diat, en ces termes: « (il) a clairement dĂ©montrĂ© ne pas vouloir assumer ses obligations d’une maniĂšre objective et respon-sable.”

Gousse fut remplacĂ© par Henri DorlĂ©ans, qui “s’est prĂ©sentĂ© lui-mĂȘme comme l’antithĂšse de Gousse, ouvert, amical, et tournĂ© vers l’action.”ainsi que le rapportait l’ambassadeur Foley dans un cĂąble du 5 juillet 2005.

“En tant que fonctionnaire en 2004 et plus rĂ©cemment comme avo-cat indĂ©pendant, Gousse a montrĂ© un troublant dĂ©dain quant Ă  l’obligation qu’a HaĂŻti de poursuivre les crimes de droits humains,” a dit Ă  Haiti LibertĂ© Amanda Klasing, une experte sur HaĂŻti

pour Human Rights Watch.La nomination de Gousse, qu’elle

soit maintenue ou non, tend Ă  reflĂ©-ter un “dĂ©dain” similaire de la part du prĂ©sident Martelly, dont les affinitĂ©s de droite s’affichent de plus en plus. Son premier choix, l’ultraconservateur homme d’affaires Daniel Rouzier, a Ă©tĂ© bruyamment rejetĂ© par le Parlement.

À son retour d’Espagne le 9 juil-let, un journaliste de Radio France In-ternational a demandĂ© Ă  Martelly: “Et si Bernard Gousse est rejetĂ©?”

“Il n’y a pas de ‘si’,” de rĂ©pondre Martelly, “c’est Gousse que je veux !”

Traduit de l’anglais par Guy Roumer

Suite de la page (4)

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Par Prince Guetjens

Le samedi 2 Juillet 2011 sur le coup de vingt

et une heures, plusieurs dizaines d’auditeurs, de fans et des amis de Radyo Pa Nou s’étaient donnĂ© ren-dez-vous au Crystal Manor (Flatbush) pour participer aux festivitĂ©s marquant le seiziĂšme anniversaire de l’émission mythique Fok Sa Chanje, sans l’ombre d’un doute l’une des plus Ă©coutĂ©e dans le milieu haĂŻtien de la diaspora amĂ©ricaine.

ce dĂźner dansant qui a pris les allures d’une grande manifestation culturelle, mais qui au fond Ă©tait une rĂ©union de famille plutĂŽt spĂ©ciale, avait convoquĂ© cette annĂ©e, une formation musicale Ă  tendance Konpa DirĂšk (Disip) pour assurer la soirĂ©e dansante. Pour renforcer la premiĂšre partie du programme, un chanteur de musique d’amour Ă  l’eau de roses qui avait eu du succĂšs en HaĂŻti au cours des annĂ©es’80, LĂ©on Dimanche faisait aussi partie du dĂ©cor. Ensuite est venue se greffer

sur le contenu musical une jeune chanteuse issue du milieu du showbiz, connue sous le nom d’Elektra. Il y a eu Ă©galement la prĂ©sen-tation par LĂ©on Dimanche d’un jeune interprĂšte qui a marquĂ© son passage, le temps de quatre chansons.

Le seiziĂšme anniver-saire de l’émission, sans doute la plus populaire sur le cadran haĂŻtien des ra-dios de New York, Fok Sa Chanje s’est dĂ©roulĂ© dans une atmosphĂšre de dĂ©tente, de fĂȘte, ponctuĂ©e par des moments d’intenses Ă©mo-tions. Les maĂźtres de cĂ©rĂ©-monie (Prince, Alberte et Marie Paul) sont parvenus Ă  trancher dans le bon sens, malgrĂ© les poussĂ©es attrac-tives d’artistes et d’autres personnalitĂ©s Ă  profiter de cette belle audience pour se mettre en exergue.

La soirĂ©e a dĂ©butĂ© avec des propos de bienve-nue de l’ingĂ©nieur Renand Sintilmon qui a d’emblĂ©e placĂ© l’activitĂ© dans son contexte, suivi de l’inter-vention de deux reprĂ©sen-tants du groupe ALEC, dirigĂ© pour la circonstance par le

mĂ©decin Jean Robert ChĂ©ry. Ensuite ce fut au tour du PrĂ©sident Directeur GĂ©nĂ©ral de Radyo Pa Nou Mr. Jude Geffrard Joseph de porter la parole. À travers des propos de circonstance plutĂŽt brefs Jude Joseph a dit l’ambition qui motive chaque jour les efforts d’ouverture de Radyo Pa Nou, vers ce qu’il y a de meilleur, dans le dessein de jouer sa partition dans la promotion et l’émancipation de la pensĂ©e haĂŻtienne.

D’autres reprĂ©sentants de groupe tels MM. Jean HĂ©rard Similien et Orlando Aupont pour le Citi Health, Home Care, le mĂ©decin Nel-son Bloom, Mle Marie SĂ©nat du groupe eBetter Haiti accompagnĂ©e de sa copine la prĂ©sentatrice de tĂ©lĂ©vi-sion Marie-Ange Daniel sont intervenus ou ont pris part Ă  cette grande soirĂ©e de gala. La salle de spec-tacle dotĂ©e d’une capacitĂ© de plus de trois cents per-sonnes assises avait du mal Ă  contenir le nombre de plus en plus grandissant des par-ticipants. Des dĂ©lĂ©gations sont venues de plusieurs endroits comme New Jersey, Long Island, QuĂ©bec, HaĂŻti, Miami pour dire leur atta-chement Ă  l’émission Fok Sa Chanje. Mais aussi pour faire la connaissance dĂ©cou-vrir le visage de certaines personnes qui se cachent derriĂšre les voix qu’ils Ă©coutent rĂ©guliĂšrement sur les ondes de la radio.

De cette foule plutĂŽt dense, on a pu remarquer des personnalitĂ©s comme  ; Mme. Jacqueline Michel et son mari, Mr. Jasmin Fritz et son Ă©pouse, Mr. Alexio Ca-det et son Ă©pouse, Pr. FrĂ©-mont Joseph et son Ă©pouse, Mr. AndrĂ© Michel et son Ă©pouse, l’artiste Fritz Saget, pour n’en citer que ceux-lĂ .

Le comitĂ© d’organi-sation qui a rendu possible cette soirĂ©e est composĂ© de  : MM. Jude G. Joseph (PDG), Fritz Louis (Adm), Michel Edouard, Jeffrey Jo-seph, Renand Saintilmon, FrĂ©mont Joseph, Brejnev Joseph, Minouche Lambert, Fanfan.

Jude Joseph de Radyo Pa Nou et le chanteur Gazman de Disip

Par Prince Guetjens

critique

Point n’est besoin de soutenir que pour pondre un bon ro-

man, une belle histoire s’avĂšre indispensable. Mais est-ce suf-fisant ?

Toute la trajectoire de l’histoire du roman est jon-chĂ©e d’exemples qui tendent Ă  soutenir le contraire. Certains ont mĂȘme optĂ© pendant une certaine pĂ©riode de ne point s’embarrasser d’une histoire. À ce stade, j’aimerais adresser un clin d’oeil aux initiateurs du Nouveau Roman  ; expres-sion due Ă  Emile Henriot, qui l’employa dans un article du Monde, le 22 mai 1957, pour rendre compte de La Jalou-sie d’Alain Robbe-Grillet et de Tropisme de Nathalie Sarraute. Pour l’essentiel les tenants de ce courant contestaient le ro-man de type balzacien. Leur dĂ©-marche Ă©tait influencĂ©e par des romanciers Ă©trangers (Kafka, Virginia Woolf, Stendal), mais aussi par L’Étranger d’Albert Camus et La NausĂ©e de Jean-Paul Sartre. Leur dĂ©nonciation fondamentale visait le person-nage traditionnel, « reflet d’une confiance surannĂ©e dans la na-ture humaine  ». Cette proposi-tion a fortement marquĂ© le ro-man en Europe, sans parvenir Ă  changer radicalement le cours des choses, puisque l’histoire dans le roman traditionnel, s’est raffermie vers la fin du XXĂš siĂšcle.

Je dois reconnaĂźtre qu’il est peu Ă©vident, quand on ne dispose pas de recul nĂ©cessaire, de pouvoir prĂ©senter une oeuvre quelconque sans glisser dans l’encensement, la mĂ©chancetĂ©

ou la condescendance. Et quand on est confrontĂ© Ă  un problĂšme d’éthique (c’est le cas pour moi, puisque j’ai Ă©mis des sugges-tions de correction pour l’un des chapitres de ce livre), le mieux serait peut-ĂȘtre de prendre ses distances, mais comment rĂ©sou-dre l’équation quand on n’a pas ce choix.

D’emblĂ©e, il faut re-connaĂźtre que l’écriture du La Victime AccusĂ©e suit un che-minement en dents-de-scie. Le sujet plutĂŽt banal de cet Ă©migrĂ© revenu en HaĂŻti aprĂšs vingt-cinq ans, qui par un heureux hasard se retrouve millionnaire, se trouve aussi ĂȘtre infectĂ© par le mal du siĂšcle, et qui sans aucun scrupule, dĂ©cide de contaminer des femmes, n’a rien d’original. Cependant la maniĂšre de dire, ajoutĂ©e aux figures rĂ©sultantes d’une certaine maĂźtrise des ma-tĂ©riaux pourraient largement compenser.

AprĂšs trois mois d’exploits sexuels, les dĂ©gĂąts causĂ©s par cet homme sont Ă©normes, voire dĂ©sastreux. C’était comme planifiĂ©, la bour-rasque qui emporterait les

jeunes de ce pays, telle la moin-dre particule de poussiĂšre.

Dans ce pays tiers-mondiste, pauvre, trÚs vul-nérable quant à la propaga-tion de ce mal, elles sont cent mille fois ciblées, exposées, ces jeunes filles.

Il ne fait pas de doute que les outils utilisĂ©s n’étaient pas suffisamment aiguisĂ©s pour ren-dre, au-delĂ  mĂȘme de la volontĂ© de montrer, l’Ɠuvre dans toute son acuitĂ©. Ce qui confirme qu’entre concevoir et rendre la paroi est plutĂŽt Ă©tanche.

La Victime AccusĂ©e  ; un drame humain qui se dĂ©roule dans un milieu peu accueillant oĂč, conseillĂ©s par la misĂšre, hommes et femmes se jettent aveuglĂ©ment dans une lutte acharnĂ©e pour la survie. Ti-raillĂ©s par l’usure du temps et les violences du quotidien, ils s’abĂȘtissent au fur et Ă  mesure, au point de ne plus mĂ©riter de l’humanitĂ©. Convaincu de la fra-gilitĂ© de sa plume sur ce terrain rocailleux, l’auteur adoucit par moments.

Comme toujours, les ar-bres et les plantes constitu-ant la petite forĂȘt endormie surveillaient le petit chĂąteau majestueusement perchĂ© le haut du tertre. Le sol drapĂ© d’ombres disparates reçoit la lumiĂšre du soleil qui se dĂ©-ployait tel un souffle magique. Le cri d’un coq qui s’égosillait non loin entre les arbres se confondait avec le ronflement de la jeep qui s’arrĂȘtait tout Ă  coup prĂšs de la grande barriĂšre. Comme un roulement de tam-bour, un roucoulement de ram-iers alternĂ© avec le chant d’un rossignol provenant du fourrĂ©, animait toute la cour, tan-dis qu’un peu plus proche du

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La Victime AccuséeFok Sa Chanje sur Radyo Pa NouSeize bougies pour un nouveau printemps

Le second roman de Jackson Rateau