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AIL № 5 - Juin 1996
ez savoir i L e s f o u r m i s e m p o i s o n n e n t v o s p i q u e - n i q u e s .
M a i s a v e z - v o u s pensé à l e s o b s e r v e r ?
131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De nombreudeà autres
ejpèced squattent lej principaux éiteé de vacances. Petit guide à l'iukige
du scientifique débutant
Chillón: u n bi jou c é l è b r e ,
c e n t a n s . O n t - i l s e n c o r e
u n s e n s ?
M É D E C I N E : L E S M A L A D I E S Q U ' O N A T T R A P E E N V A C A N C E S ••Virappil U N I V E R S I T É : E T U D I E R , U N N O U V E A U M É T I E R À P A R T E N T I È R E
LMlill 131811 C O N T R O V E R S E : L E S R E L I G I O N S S O N T E L L E S V I O L E N I
Q u a n d la d é m é n a g e u s e d é m a r r e , tout e s t dit.
Quand vous voyez passer une déménageuse Lavanchy, dites-vous que tout a été organisé, programmé, planifié,
au départ et à l'arrivée. Le client n'a que deux choses à faire: informer
Lavanchy... et s'installer dans son nouveau cadre. «Avec des gants blancs», c'est un engagement.
B E R N E © (031) 382 12 61 FAX (031) 382 13 94
L A U S A N N E © (021) 624 32 32 FAX (021) 624 56 42
F R I B O U R G (037) 26 51 51 (037) 26 71 55
M I L A N (39-2) 48 91 09 71 (39-2) 48 91 49 57
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P A R I S (33-1) 45 73 66 00 (33-1) 46 80 78 70
/AVAVfy avec des gants blancs
Les religions sont-elles violentes? Inquisition, condamnations au bûcher, pogroms ou guerres saintes, l'histoire de la chrétienté est truffée d'exemples d'actes d'une rare cruauté. Sous le régime bernois, le Pays de Vaud a même connu l'une des plus belles séries de procès pour sorcellerie de toute l'Europe. Pourquoi tant de haine au nom de beaux principes? Page 29
Etudiant, un métier en pleine mutation On a longtemps imaginé la vie de l'étudiant comme un court passage idyllique entre le gymnase et un premier métier. La réalité actuelle est toutefois assez différente de ce cliché usé. Si la durée des études universitaires n'a pas tellement changé, le contexte dans lequel elles s'effectuent a, lui, passablement évolué. Les études devenant ainsi le premier métier d'une longue série. Page 8
IMPRESSUM Allez savoir! Magazine de l'Université de Lausanne No 5, juin 1996 Tirage 20'000 ex. Rédaction: Service de presse de l'UNIL Axel-A. Broquet resp., Florence Klausfelder BRA, 1015 Lausanne-Dorigny Tél. 021/692 20 71 Fax 021/692 20 75 Internet: http://www.unil.ch, rubrique journaux et magazines de l'UNIL Rédacteur responsable: Axel-A. Broquet Conception originale et coordination: Jocelyn Rochat, journaliste au Nouveau Quotidien Ont collaboré à ce numéro: Sonia Amai, Pietro Boschetti, Jean-Bernard Desfayes, Jérôme Ducret, Nicolas Imhof, Isabelle Musy, Alexandra Rlhs Photographes: Nicole Chuard, Alain Herzog Correcteur: Albert Grun Concept graphique: Richard Salvi, Territet/Montreux Imprimerie et publicité: Presses Centrales Lausanne SA Rue de Genève 7, 1003 Lausanne Tél. 021/320 59 01 Photos de couverture: Fourmi: W. Bauer Chillon: R. Salvi JO: DR
Sommaire Edito page 2
Partir en vacances, c'est mourir un peu page 3 Les risques en quelques chiffres page 6 Une enquête sur les vaccins page 7
Etudiant, un métier en pleine mutation page 8 Le coût d'un étudiant n'augmente pas page 11 Etudiant, un métier page 12 Marché de l'emploi: légère détente, mais page 13
Elles s'arment, se battent pour pondre, nous empoisonnent la vie. Mais où sont les fourmis d'antan? page 14
De l'utilité de la recherche page 17 Signes de reconnaissance page 18 Balade dans les supercolonies des fourmis des bois page 19 Mini-guide à l'usage du myrmécologue débutant page 20 En Suisse, les fourmis des bois sont protégées page 21 Un casse-tête pour Darwin page 22
Les J. O. fêtent leurs cent ans. Ont-ils toujours un sens, Georges-André Carrel?
L'interview 6'Allez savoir! page 23
Des croisades aux guerres de religion, l'histoire dévoile la violence du christianisme page 29
Les religions sont-elles violentes? page 34 Gandhi, un exemple de non-violence page 37
Le château de Chillon, ou l'histoire d'un géant paisible page 38
La douce conquête des Savoie page 41 La Fondation de Savoie à Lausanne page 46 Chillon touristique, champion toutes catégories page 47
La formation continue universitaire, pour qui et pour quoi? page 49 Petit extrait des cours de formation continue proposés à l'UNIL page 51 L'Ecole des HEC, un cas un peu particulier page 52 L'UNIL au salon «Computer 96» page 54 Java: une borne qui swingue page 55 Internet: ballade sur le serveur www de l'UNIL page 55
Edito
L a mode est, nous disent les enquêtes, aux vacances intelligentes. Plus question de se poser sur une plage, à un demi-mètre du linge de bain du voisin, pour rôtir des heures au soleil. Cette attitude, on le sait désormais, est potentiellement cancérigène. Et surtout intellectuellement peu satisfaisante. Nous voulons, nous disent toujours les enquêtes, mêler détente et enrichissement, dépaysement et culture, bref, nous voulons profiter des vacances non pas pour paresser béatement, mais pour nous consacrer enfin à tous ces sujets qui nous passionnent, mais qu'une vie professionnelle trop remplie nous empêche de creuser à satiété.
L 'été arrive, donc, à nous la science, l'histoire, la zoologie et les classiques de la littérature placés depuis des mois sur la pile des livres à lire dès que possible. Mais faut-il, pour trouver son nouveau bonheur, partir pour Antibes (et visiter son Musée Picasso), San Francisco (et découvrir ses musées des pompiers et de la bande dessinée), San-torin (et flâner sur son site archéologique de l'Atlantide, doublé de visites du volcan en sommeil), l'Afrique (et faire des centaines de photos d'éléphants dans les réserves naturelles) et autres Key West (pour, bien sûr, visiter la maison d'Hemingway)?
LES VACANCES REMONTE-Q.I.
P a s forcément. Le
dépaysement, la détente, l'enrichissement et la culture se découvrent aussi à côté de chez nous. Par exemple, en prenant la file avec les quelque 288'000 touristes qui, chaque année, visitent le château de Chillon. Un monument qui fait tellement partie
du décor qu'on en imagine davantage le passé paisible qu'on ne le connaît vraiment (voir notre historique en page 38).
Var iante bucolique: le pique-nique dans les forêts qui entourent la Vallée de Joux , histoire d'observer les colonies et la course organisée des fourmis, qui, à cette époque de l'année, se voient pousser des ailes. Cette occupation, appelée myrmécologie, est encore praticable sur la plupart des lieux de vacances: les fourmis ont en effet l'habitude de se rendre sur les sites touristiques dont elles apprécient, comme nous, la chaleur et l'humidité (lire en page 18).
L a mode des vacances intelligentes, devrait, finalement, transformer «Allez savoir!» en compagnon de voyage quasi indispensable. Puisque lui aussi ne cherche, selon la formule consacrée, qu'à informer en distrayant.
Jocelyn Rachat
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M É D E C I N E
Partir en vacances, c'est un peu
'es vagues
d'Helvètes défer
lent chaque an
née, malo surtout
en été, vers ted
destinations exotiques.
Ils ne sont pas toujours
prêts à subir le choc.
Gare à leur santé!
Combien parmi les 7 millions de Suisses ou personnes vivant dans
ce pays s'offrent-ils chaque année un •voyage sous les tropiques? Dites un chiffre... Vite....
Vous n'y êtes pas du tout... Ils sont... 950'000, soit près de 15% de la population, qui choisissent des destinations exotiques, comme l'Asie (500 000), l'Afrique ou l'Amérique du Sud pour
| y passer leurs vacances, â Une proportion ahurissante
qui donne une bonne idée des moyens que les Suisses peuvent consacrer à leur détente.
Ils en rapportent parfois des souvenirs qui n'ont rien à voir avec l'artisanat local, et qui ont nom hépatites, fièvre typhoïde, voire sida. Le comble est qu' i ls
auraient pu s'en prémunir s'ils avaient été correctement informés avant le départ.
Les agences de vo3'age renseignent brièvement leur clientèle sur les dangers associés à un séjour dans un pays tropical ou sub-tropical; mais elles n'insistent pas trop - on peut les comprendre - sur cet aspect peu motivant. Il ne se trouve guère que 40 000 per-
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M É D E C I N E : P a r t i r e n v a c a n c e s , c ' e s t m o u r i r u n p e u
sonnes qui daignent chaque année prendre des rense ignements dans un centre médical spécialisé dans les voyages lointains, comme celui de Lausanne (n'est en revanche pas connu le nombre de personnes consultant à cet effet leur médecin traitant).
L a t u r i s t a , u n m a l t r o p f r é q u e n t
Prenons le cas de la diarrhée du voyageur, si bien nommée «turista» dans les pays hispaniques. Lors d'un séjour d'un mois en Asie, un Suisse sur cinq au mieux, voire un sur deux, est touché par ce léger désagrément capable pourtant de gâcher des vacances désirées. «La fréquence é le j
vée et stable dans le temps de cette indisposition bénigne la fait considérer comme un risque normal du voyage», explique le professeur Roger Darioli, de la Policlinique médicale universitaire de Lausanne à laquelle est rattaché le Centre de vaccination et de médecine des voyages.
«Malgré les précaut ions dont s'entourent les personnes averties, il est quasi impossible de se prémunir contre toute contamination. On ne voit pas ce qui se fait dans les cuisines des meilleurs restaurants ou hôtels de l'endroit, on ne sait pas si le marchand de melon n'a pas injecté de l'eau douteuse pour alourdir le produit sur la balance, etc..»
L'Helvète moyen se croyant de surcroît au-dessus des lois naturelles, il en vient vite, au cours d'un séjour prolongé, à abandonner ses bonnes résolutions et hop une glace par-ci, une bonne salade par-là... Or, contre la turista, non
Pourcentage de touristes européens toucbé,i par la «turLita» au cour.) d'un séjour
d'au moins deux .lemaine.i
seulement il n'existe pas encore de vaccin mais l'arsenal pharmaceutique est symbolique pour ne pas dire inopérant. «On ne recommande pas volontiers les antibiotiques, dit le spécialiste, en raison des effets indésirables, de la sélection de souches résistantes et aussi des coûts engendrés par une éventuelle prescription à tous ceux qui partent chaque année dans ces régions.»
ProfeMeur Roger Darioli, de la Policlinique médicale universitaire
de Lausanne
L a r a g e , t r è s r é p a n d u e e n A s i e
Comme il y a des causes diverses à la diarrhée, celle-ci peut
prendre différentes formes et donc se manifester à plusieurs reprises au cours d'un même séjour! Ce n'est pas drôle, bien sûr, mais on se consolera en pensant à ce à quoi on a échappé. Par exemple à la rage, qui se situe à l'autre bout de l'échelle par la menace qu'elle fait peser sur les individus: elle n'est pas fréquente mais elle est mortelle si elle n'est pas soignée à temps.
Le risque d'exposition à cette contamination, dans les pays asiatiques notamment, est élevé: sur une année de séjour, on estime qu'il y a 5% de gens qui vont se faire mordre par un animal, en général un chien dont on ne connaît pas l'état de santé. Toutefois, cela ne signifie pas que le virus a été transmis. Heureusement, parce que lorsque les symptômes de la rage sont évidents, le patient en est alors au stade ultime de l'affection, mortelle à 100%. «C'est donc une maladie qui nous préoccupe, poursuit le spécialiste, non pas par sa fréquence mais par ses conséquences. »
Les maladies sexuellement trans-missibles (MST ou S T D en anglais) occupent une place importante dans les préoccupations des médecins qui s'intéressent aux conséquences de la bougeotte touristique des Helvètes. Il y a peu, 80% des prostituées thaïlandaises étaient contrôlées séropositives. Cette situation faisait peser une menace grave non seulement sur la santé des visiteurs étrangers mais aussi sur celle de la population locale; les mesures énergiques prises par les auto-
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rites thaïlandaises pour enrayer la progression de la séropositivité commencent à porter leurs fruits. Ailleurs en Asie et surtout en Inde, les précautions sont encore «loin d'être optimales», pour employer l'euphémisme d'un médecin.
S o r t e z c o u v e r t s !
«Toute personne concernée par cette éventualité - et 5% de tous les voyageurs le sont - doit savoir qu'un seul contact, un seul rapport sexuel, suffit pour être contaminé, ajoute cet homme de l'art. Une occasion, le dernier jour, juste avant de repartir... et le mal est fait. Il est impossible de déduire la bonne santé d'une personne de son aspect, de sa bonne mine. Cet avertissement s'adresse à tout le monde mais en particulier aux 60% de ces voyageurs qui n'utilisent pas de préservatif, notamment les plus de 40 ans: une enquête zurichoise a démontré que ceux-ci utilisaient moins le préservatif que les jeunes adultes. Probablement, pour des raisons de baisse dans les sensations!»
L'utilisation du préservatif se révèle bénéfique non seulement dans la perspective du sida mais aussi par rapport aux hépatites B (500 cas par an en Suisse) et C (200 cas); le virus de ces deux formes de la maladie élit domicile dans le sang et c'est par lui qu'il se transmet, contrairement aux hépatites A et E, d'origine alimentaire par contamination oro-fécale. Si la vaccination est recommandée pour l'hépatite A (600 cas), elle n'est indiquée pour l'hépatite B qu'aux personnes expo-
Le.i maladies sexuellement transmissibles occupent une place importante dans les préoccupations des médecins
sées; c'est le cas pour des séjours de longue durée qui augmentent d'autant la probabilité d'un événement ou dans les milieux menacés, par exemple celui des homosexuels.
L a m a l a d i e l a p l u s d a n g e r e u s e ? L a m a l a r i a
Un autre fléau inquiète la médecine: le paludisme, aussi connu sous son autre nom de malaria. Le palu est considéré à juste titre comme la maladie infectieuse la plus dangereuse pour le voyageur qui se rend dans les pays tropicaux. «N'oublions pas, précise le prof. Darioli, que cette maladie existait en Valais jusqu'au début du XX e
siècle et qu elle a été complètement éradiquée en Italie il y a une dizaine d'années seulement. Les flux migratoires, la détérioration des conditions économiques, sociales et politiques dans le tiers-monde l'ont fait réapparaître dans des régions qui paraissaient depuis longtemps indemnes.»
Quatre conditions suffisent à taire repartir la contamination sur une échelle logarithmique: un homme (ou une femme) infecté, de l'eau stagnante, une température assez élevée et un moustique anophèle qui se fait le vecteur du parasite plasmodium. Il y a chaque année entre deux et trois cas
mortels de malaria en Suisse parmi les 300 cas déclarés à l'Office fédéral de la santé (= 30 à 50% des cas réels); c'est peu par
rapport au nombre des touristes mais beaucoup trop par rapport à l'effort entrepris pour prévenir la maladie. Les victimes, se croyant sans doute au-dessus des lois valables pour le commun, se dispensent de traitement prophylactique ou se satisfont de traitements insuffisants.
«Au nombre de ceux-ci, affirme le chef du centre lausannois de vaccination, il faut hélas placer l'homéopathie, aussi inefficace en la circonstance que contre la poliomyélite, la fièvre jaune, la rage ou la fièvre typhoïde. En fait, il n'y a pas d'alternative à la vaccination. Celle-ci mime la maladie sans en développer les symptômes et elle donne à coup sûr au vacciné les défenses nécessaires contre la maladie à laquelle il peut être exposé.»
L e s v a c c i n s , u n p a s s a g e o b l i g é
Les contre-indications absolues aux vaccins sont très rares. Mais les recommandations sont multiples: des rappels polio, tétanos et dyphtérie ainsi qu'hépatite A sont indiqués pour tous les voyages exotiques. A quoi il faut ajouter les vaccins indiqués pour certaines destinations: fièvre typhoïde, méningite méningococcique ou hépatite B. Celui contre la fièvre jaune est le seul qui soit obligatoire et encore, dans quelques pays seulement, selon une logique pas toujours claire: il n'est pas obligatoire dans le bassin amazonien où la maladie existe, tandis qu'il
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M É D E C I N E : P a r t i r e n v a c a n c e s , c ' e s t m o u r i r u n p e u
HEPATITE A Pour mon prochain voyage j'ai tout prévu...et vous ?
Vou» qw idei partir en *Q,MC iun ki fOft torrrufnt. tmnu r,>t f>̂wic A paut ètr* rmporcwbn, rfuno Fatigut Kmi « proron{é« qui ptw jlchtr tout r«tenrr « *vi wflwn a> *of*p I Contre (MpMtoAl edw« un» pnxtaion A M k «tort.
Z«v laboratoires pharmaceutiques ont bien compris les avantages financiers
qu 'ils peuvent tirer de la mode des voyages lointaine
est obligatoire au Sénégal où aucune poussée de fièvre jaune n'a été constatée depuis un certain temps.
On ne parle presque plus de vaccination contre le choléra, une maladie qui ne concerne pas vraiment les touristes; la page réservée au choléra a disparu du carnet de vaccination même si certains pays se croient en droit de
l'exiger alors qu'ils devraient plutôt aborder la question en prônant des mesures d'hygiène, ce qui est plus difficile sur le plan politique.
Des vaccins moins douloureux L'épouvantail que représentaient
jadis l'administration d'un vaccin et les séquelles souvent douloureuses s'est aussi estompé. En administrant simultanément de trois à cinq vaccins, les médecins se sont aperçus que les effets indésirables du bouquet ne dépassaient pas en gravité ceux enregistrés avec un vaccin isolé; les enfants sont les premiers bénéficiaires de ces vaccins combinés. En outre, aux dires des fabricants, les produits actuels, de dernière génération, sont purifiés et donc bien tolérés parce qu'ils ne contiennent que la protéine indispensable pour produire les anticorps neutralisant le virus ou la bactérie concernés.
Tout ce qui précède est de nature à dégoûter définitivement beaucoup de Suisses des voyages. Il n'en est rien heureusement, comme le prouvent les statistiques. Mais si certains devaient, après la lecture de cet article, se sentir peu bien ou enclins à différer des vacances au soleil, ils devraient méditer cet avis d'un spécialiste, le prof. Danoli: «Voyager dans les régions lointaines et exotiques comporte le risque d'exposition à des maladies inconnues
Les r isques en que lques ch i f f res
Dans une population de ÎOO'OOO touristes se rendant un mois en Asie, voici quel
serait le nombre de personnes atteintes des maladies suivantes: Diarrhée du voyageur, turista:
20'000 à 50'000 Hépathi teA: 1*500 Malaria, différents paludismes:
100 à 350 Hépathite B: 100 à 300
Blennorragie: 200
Morsure avec risque de rage:
100 à 150 Fièvre typhoïde: 3 à 30
Poliomyélite: 0,1 à 2
Choléra: 0,3 Encéphalite japonaise, méningite: 0,1
ou peu fréquentes chez nous. Voyager sans aucun ennui de santé est sans doute une question de chance: toutefois la conscience de certains risques permet de prendre des mesures préventives simples, comme les vaccinations ou la chimioprophylaxie, et d'adopter des comportements raisonnables. Les joies de la découverte d'autres cultures, d'autres paysages, d'autres gens et souvent de soi-même, compensent amplement des plaisirs à haut risque...»
Jean-Bernard Dejfayej
Goûter une nourriture inhabituelle peut provoquer des problèmes de santé
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U N E ENQUÊTE SUR LES VACCINS
De juin à septembre 1995, les 1038
voyageurs adultes en partance
pour l'Asie qui ont passé par le
Centre de vaccination et de
médecine des voyages à Lausanne
ont fait l'objet d'une petite
enquête pour déterminer
notamment le degré d'acceptation
des mesures prophylactiques qui
leur étaient proposées.
Cet échantillon touristique était
composé en majorité de jeunes
adultes (âge moyen 27-32 ans
selon les destinations, 43 ans pour
la Chine) désireux de faire des
séjours de 15 à 21 jours en
Indonésie (23,3%), Thaïlande
(15,4%), Inde (14,2%), Vietnam
(9,5%), Malaisie (8,9%), Chine
(7,2%), Népal (6,2%), Sri Lanka
(3,5%) et autres (11,8%).
Pour les vaccins recommandés à
tous les voyageurs, polio,
diphtérie-tétanos, hépatite A, le
degré d'acceptation est
extraordinairement élevé: 90-95%
entre ceux qui sont déjà vaccinés
et ceux qui se font vacciner.
« refus quasi négligeable»
La proportion de refus est quasi
négligeable.
En ce qui concerne les vaccins
proposés en cas de risque élevé
dans certains pays, le degré
d'acceptation est aussi très bon
pour l'hépatite B (75%), la
typhoïde (81%), l'encéphalite
japonaise (75%), la méningite
(92%), moins pour la rage où le
taux de refus atteint 63%, en
majorité des trekkeurs, ce qui est
surprenant. Pour ce qui est de la
malaria, la majorité des touristes
n'ont pas eu besoin de
prophylaxie chimique mais ils ont
pris avec eux un traitement de
secours.
«remise à jour de l'immunisation »
En résumé, constatent les auteurs
du sondage, un voyage sous les
tropiques est une excellente
occasion de remise à jour de
l'immunisation standard. Cette
immunisation est exigée par 33 à
50% des voyageurs, en majorité
des voyageuses au demeurant.
J.-B. Ds
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U N I V E R S I T É
Etudiant Un métier en pleine mutation
a a longtempd imaginé la vie de l'étudiant comme un court
paddage idyllique entre le gymnase et un premier métier. La
réalité actuelle edt toutefois addez différente de ce cliché uéé. Si
la durée ded étuded univers itaired n 'a pad changé depuis une
quinzaine d'annéed, le contexte dand lequel elied d'effectuent a,
lui, paddablement évolué. A quel point? Une dociologue,
actuellement chargée de recherche à l'UNIL,
commence à lever un
coin du voile.
A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6
E n 1983, la durée moyenne des études en Suisse jusqu'à la licence
était de onze semestres. Cinq ans plus tard, cette moyenne n'a pas bougé. Contrairement à ce que beaucoup pensaient, on n'a constaté aucun rallongement des études. Idem pour les étudiants «éternels» (15 semestres ou plus): leur proportion était de 12,6% de l'effectif en 1983 contre 13,3% en 1988.
Les études ne se rallongent pas, mais les écarts entre universités romandes et alémaniques ainsi qu'entre les différentes branches sont importants: des
durées moyennes de 13 semestres à Berne, Zurich ou Bâle alors que les unis romandes affichent 11 semestres ou moins. Exemple, un étudiant bernois en psychologie fera sept semestres de plus pour décrocher sa licence que son collègue genevois. Pour la sociologue Françoise Galley, chargée de recherche à l 'UNIL et auteure de cette enquête de 1991 sur la durée des études*, «le problème, ce n'est pas la durée ou l'allongement des durées, mais les différences et les écarts entre les universités des deux régions linguistiques et les disciplines.»
Un étudiant plus âgé, intégré à une vie familiale et économique
Françoise Galley a cependant fait un autre constat durant sa recherche: «On a observé dans les années quatre-vingts une plus grande diversité de la population estudiantine. La proportion des femmes s'est accrue, celle des étudiants étrangers aussi, pour ne citer que ces exemples. Il s'ensuit une évolution du profil de l 'étudiant et de ses besoins. A l'image traditionnelle de l 'étudiant à plein temps se superpose,
surtout en Suisse alémanique et dans certaines disciplines, l'image d'un étudiant plus âgé, intégré à une vie familiale, sociale et économique, dont l'objectif premier n'est plus forcément de mener à bien des études dans le temps le plus court.»
Qu'en est-il cinq ans et une crise économique plus tard? On n'en sait trop rien, faute de nouvelles enquêtes. Apparemment, la durée des études n'a que peu varié. Et la population estudiantine, elle, s'est-elle davantage diversifiée?
L'ère des «returners»
Responsable du service Orientation et conseil aux étudiants de l 'Université de Lausanne, Claude Roulin est bien placé pour observer les changements du public universitaire. Les personnes qui reprennent des études après une période de vie active, par exemple: «C'est difficile à mesurer, mais il n'y a aucun doute que cette population grandit, dit-il. C'est lié à la déstabilisation du monde du travail. Il y a une demande croissante de formation universitaire pour des gens qui sont dans la vie active ou qui en sortent. On est conscient qu'au cours de sa vie professionnelle on va changer deux ou trois fois de métier. Et bénéficier d'une large formation représente un sérieux atout. »
Un phénomène qu'on connaît bien aux Etats-Unis où plus de la moitié des nouveaux étudiants dans certaines universités sont des «returners», des personnes qui reprennent des études après un passage par la vie professionnelle. Même si on est encore loin de ces proportions, un scénario du même genre se dessine en Suisse aussi. Ainsi, une étude de 1992 sur la situation du logement des nouveaux étudiants à Lausanne indiquait qu'un jeune sur cinq commençait ses études à plus de 24 ans
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et un sur seize à plus de 30 ans. Rien à voir avec l'adolescent fraîchement émoulu du gymnase!
Pouvoir étudier le soir
Pourtant, l'offre universitaire est bien mal adaptée à ces étudiants atypiques. «Accueillir correctement les «returners» supposerait d'importantes modifications de la culture universitaire, souligne Claude Roulin. En terme d'organisation des études, tout d'abord, avec peut-être un système de crédits permettant de faire sa licence à la carte. Il faudrait également des changements pédagogiques dans le sens d'une «déscolarisation» de l'enseignement. Et puis, l'horaire devrait être revu de façon à ce que les gens qui travaillent pendant la journée puissent étudier le soir.» Bref, une petite révolution. Malheureusement, le débat actuel, conditionné par les restrictions budgétaires, ne porte pas vraiment sur ce genre de préoccupations.
Alors, l'université fonctionnant sur le modèle classique de l'étudiant à plein temps, directement issu du gymnase, est-elle décalée? «On ne peut pas parler d'un décalage, rétorque Claude Roulin, car ces étudiants atypiques, «returners» ou autres, sont encore trop peu nombreux. Mais rien n'exclut que demain l'université se retrouve effectivement en porte-à-faux face à ces nouveaux besoins.»
«On ne sait pratiquement r ien sur les étudiants»
Pour répondre à des besoins changeants, encore faut-il connaître le profil sociologique de l'étudiant des années quatre-vingt-dix et ses problèmes. Comme le souligne Jean-François Dâl-lenbach, responsable de la formation supérieure au secrétariat du Conseil suisse de la science: «Un étudiant ne
saurait se réduire à un numéro matricule. Il a un passé, il habite un logement, il connaît les fins de mois, les impôts, la peur du chômage. Il a aussi un avenir, une profession future. Or, on ne sait pratiquement rien de nos étudiants et de leurs problèmes.»
Un manque qui devrait bientôt trouver un début de réponse. Le Conseil suisse de la science a en effet sorti une étude à la fin de l'an passé «pour formuler un concept de relevés systématiques en matière de statistique sociale des étudiants à l'attention de l'Office fédéral de la statistique (OFS)». Armé de ce
concept, l 'OFS pourra lancer des études régulières sur le sujet. Pour Jean-François Dâllenbach, c'est là une priorité.
C'est aussi l'opinion de Michel Cam-brosio, secrétaire politique de l 'UNES. «Les responsables de la politique universitaire prennent des mesures sans qu'ils aient aucune connaissance du milieu sur lequel elles s'appliquent. Ils sont donc incapables d'estimer ensuite les conséquences sociales de ces décisions. Prenez la politique des bourses d'études. Confédération et cantons déboursent bon an mal an quelque 300 millions de francs, dont 100 millions au
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bénéfice des étudiants universitaires. Mais on ne dispose d'aucun outil d'évaluation pour savoir si, oui ou non, cette politique remplit son rôle. Idem pour l'augmentation des taxes d'études: on n'a pas la moindre idée des conséquences que cela aura à terme sur le milieu étudiant, notamment pour ce qui est de la démocratisation des études.»
Les années quatre-vingt sont terminées
Car Michel Cambrosio en est persuadé: les contingences d'aujourd'hui sont d'une autre intensité que dans les
années quatre-vingt. «La situation typique est celle de la double dépendance financière à l'égard des parents et au fait de trouver un job. Une enquête de 1993 montrait que si les trois quarts des étudiants à Lausanne avaient une activité lucrative, les deux tiers dépendaient malgré tout de l'aide financière de leurs parents. Certes, cette situation n'est pas nouvelle. Mais avec la crise, la marge de manœuvre est désormais bien plus étroite: nombreux sont les parents qui ne peuvent plus financer l'entièreté des études de leurs enfants. Dès lors, beaucoup d'étu-
es études ne se rallongent
pas, et le coût par étudiant
n'a guère varié, en termes
réels, depuis... 1981. C'est en tout
cas le constat
d'une exper
t i se 5 réalisée
l'an passé par
trois économistes à la demande de
la Commission AIC (Accord inter
cantonal sur la participation au
financement des universités). Si les
dépenses totales des huit universi
tés cantonales entre 1981 et 1993
passent de 1,4 milliard de francs à
2,9 milliards, le coût moyen par étu
diant, lui, s'établit à 44'500 francs
en 1993 contre 28'520 francs douze
Le c o û t d'un étudiant n ' a u g m e n t e pas
ans plus tôt. Mais, déduction faite
de l'inflation, le coût réel s'est sta
bilisé aux alentours des 30'000
francs. Autrement dit, les étudiants
ne sont pas devenus plus chers.
Il s'agît d'un coût moyen, ce qui
gomme les fortes disparités entre
domaines d'étude. Le groupe
sciences humaines - sciences écono
miques - droit est le meilleur mar
ché (21 '430 francs par étudiant);
viennent en
suite le grou
pe sc iences
n a t u r e l l e s ,
sciences exactes, sciences de l'ingé
nieur (63700 francs) et celui de la
médecine, médecine dentaire et vété
rinaire, pharmacie (155'650 francs).
P. B.
*On trouvera un résumé
de cette expertise dans la revue
«Vision», no 1/96 (mars 1996).
A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 1 1
U N I V E R S I T É : E t u d i a n t , u n m é t i e r e n p l e i n e m u t a t i o n
diants doivent trouver un emploi, lequel est plus précaire et aléatoire que jamais.»
Etudiant, un statut en sursis
Sans crier gare, le statut de l'étudiant traverse une profonde mutation. D'autant que la société pose à l'université des exigences contradictoires, dans le genre: les é tud ian ts doivent acquér i r durant leurs études une expérience professionnelle mais, dans le même temps, on veut des études plus courtes, en particulier en Suisse a lémanique. Témoin, toute une série de mesures visant à sanctionner les étudiants «éternels», comme les taxes dissuasives introduites à Zurich pour ceux qui dépassent les seize semestres. Ou la menace d'exmatriculation pour ceux qui échouent dans deux facultés différentes. Une politique qui
L e sociologue français Alain Coulon a consacré une thèse monumentale*
au problème du passage dans la vie universitaire. Surpris par le fait qu'un étudiant sur deux quitte l'université française sans diplôme, Alain Coulon part de l'idée que «le problème n'est pas d'entrer à l'université, mais d'y rester». Pour lui, il faut considérer l'entrée à l'uni comme un passage au sens ethnologique du terme. Ce passage suppose l'apprentissage de règles, voire de rites, afin de décrypter le dispositif institutionnel dans lequel le nouvel étudiant va vivre. Il s'agit pour le nouvel arrivant d'opérer une rupture
inquiète l 'UNES, soucieuse des répercussions qu'elle pourrait avoir au niveau de la démocratisation des études et de l'égalité des chances.
Coincé entre les pressions budgétaires qui poussent les hautes écoles à
avec son passé immédiat. C'est un changement total de repères. Cet apprentissage, qu'Alain Coulon appelle «l'affiliation», traverse plusieurs étapes: le «temps de l'étrangeté» d'abord, au cours duquel l'étudiant entre dans un univers inconnu; le «temps de l'apprentissage», où il s'adapte progressivement et où une conformisation se produit; le «temps de l'affiliation» enfin, qui est celui d'une maîtrise relative et qui se manifeste
être sourcilleuses sur la durée des études et les contingences du marché du travail, l'étudiant voit son statut traditionnel s'effondrer. Michel Cambro-sio a une formule pour résumer cela: «On est passé d'une situation où l'étu
diant était ressenti par la société comme un privilégié à une situation où il est toujours vu comme un privilégié, alors que lui-même se rend bien compte que ce n'est plus tellement le cas.»
Ne pas considérer les études comme un métier mène à l'échec
S'il est vrai que le jeune univers i ta i re dispose de plus d'opportunités qu'un autre sur le marché du travail, ses perspectives ne s'en sont pas moins réduites considérablement (lire encadré). Contrairement aux années quatre-vingt, terminer ses études ne signifie plus qu'on
entre autres par la capacité de transgression vis-à-vis des règles.
| L'hypothèse du sociologue? «Si z on ne s'affilie pas, on échoue ou
on abandonne les études, quel que soit par ailleurs son niveau intellectuel. Pour réussir un parcours étudiant, il faut en faire son métier.»
P.B.
"Alain Coulon. «Le métier d'étudiant. Approches ethnométhodologique et institutionnelle de l'entrée dans la vie universitaire.» Thèse de doctorat d'Etat, Université de Paris VIII, 20 janvier 1990, l'130 pages.
Etud ian t , un métier
A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6
va décrocher sans autre un emploi bien rémunéré et à plein temps. Nombreux sont les jeunes diplômés dont la première expérience de vie active se résume en une indemnité de chômage de l'ordre de 1 '200 à 1 '300 francs par mois.
Aussi la durée des études n'est-elle pas, en tant que tel, le problème. Pour Françoise Galley, la réflexion devrait plutôt porter sur la durée optimale des études au niveau de chaque discipline. Laquelle est aussi fonction du profil des étudiants, de leur cursus universitaire, de l'efficacité des systèmes de formation. Sujets qui sont à l'origine d'une recherche dans le cadre du programme national PNR 33. Elle s'intéresse aux raisons de l'abandon des études (un tiers des étudiants en moyenne). Animée par le professeur de psychologie à l ' U N I L Rémy Droz, l'équipe de chercheurs - Françoise Galley, Markus Diem, Urs Kiener, Thomas Meyer -s'inspire de l 'approche du sociologue français Alain Coulon. Celui-ci a consacré une thèse au «métier d'étudiant» («Approches ethnométhodologique et institutionnelle de l'entrée dans la vie universitaire»), où il souligne: «Etre étudiant, c'est un métier provisoire, qu'il faut d'abord apprendre: ne pas le considérer comme tel mène à l'échec.»
Pietro Boécbettl
"Françoise Galley, «La durée des études dans les Hautes écoles suisses. Disparités et facteurs explicatifs», in «Infos de politique scientifique», 1992, édité par le secrétariat du Conseil suisse de la science. Cette étude a été faite sur la base des données statistiques fournies par Thomas Meyer de l'Office fédéral de la statistique.
M A R C H É DE L'EMPLOI: LÉGÈRE DÉTENTE, M A I S . . .
La situation de l'emploi en 1995
pour les diplômés universitaires, un
an après la fin de leurs études, s'est
quelque peu améliorée par rapport
à 1993. La part des diplômés à la
recherche d'un emploi est en effet
passée de 9,2% à 6,4% l'année
dernière, selon l'enquête de Markus
Diem de l'Association suisse pour
l'orientation universitaire [ASOU).
Mais l'écart entre les régions lin
guistiques du pays reste important,
puisque le taux de chômage des
Alémaniques est de 4,2% contre
10% en Suisse romande.
« Les expériences pratiques limitent le
chômage» Pour l'ASOU, plusieurs facteurs
expliquent cette différence. La situa
tion conjoncturelle, plus tendue de
ce côté-ci de la Sarine, en est un.
Mais aussi le fait que la formation
universitaire, étant davantage
structurée en Suisse romande, offre
moins de possibilités pour les
étudiants de faire des expériences
pratiques, pendant leur formation,
via des activités lucratives liées à
leurs études. Illustration de ce phé
nomène: le taux de chômage en
Suisse romande des diplômés ayant
exercé en cours d'étude et pendant
plus d'une année une activité lucra
tive de même nature que leur for
mation n'est que de 6,7% à compa
rer aux 11,1% qui frappent les
autres. Pour l'ensemble de la Suis
se, les diplômés ayant trouvé un
travail en 1995 étaient plus fré
quemment employés comme sta
giaires ou assistants d'université
(cette part est passée depuis 1991
de 30% à 35%). En revanche, la
part des personnes occupant des
postes de cadres s'est réduite de
19% en 1991 à 14% l'an passé.
Cette évolution a impliqué une bais
se du salaire: le revenu annuel brut
moyen des diplômés occupés à
plein temps a perdu, en termes ré
els, 1 '700 francs par rapport à 1993.
En pouvoir d'achat, ce revenu est à
peu près le même qu'en 1983. En
valeur nominale, il s'établit désor
mais à 63'500 francs. La différence
de revenu entre les hommes et les
femmes se monte comme les années
précédentes à environ 8'000 francs.
«Le chômage, ça n'arrive pas qu'aux
autres» Claude Roulin, responsable du ser
vice Orientation et conseil aux
étudiants de l'UNIL, est bien
conscient de la dégradation du
marché du travail. Mais curieu
sement, il observe une attitude de
déni de la part des étudiants face à
cette réalité. «Tout se passe comme
si les gens se disaient que le
chômage, ça n'arrive qu'aux autres,
explique-t-il. Et notre service
d'orientation a toutes les peines du
monde à convaincre les étudiants
de se préparer suffisamment tôt à
ce passage à la vie professionnelle.
En somme, ils attendent d'y être
directement confrontés avant de se
préoccuper réellement du
problème.»
Pourtant, le service d'orientation de
l'UNIL organise régulièrement des
ateliers pour la préparation à
l'emploi. Et ceux-ci ne sont pas
uniquement destinés aux étudiants
en train de terminer leur formation.
P. B.
A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6
Elles s'arment, se battent pour pondre,
nous empoisonnent la vie.
Mais où sont les fourmis d'antan?
1 4 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6
Jl existe (au moins) deux bonnes raisons
de s'intéresser encore aux fourmis: 2'abord,
en pesant tous Les animaux sur terre, on réa
liserait qu'elles représentent environ
10% de la biomasse et que leur rôle écolo
gique, tant comme prédateur que disséminateur
de graines, est fondamental. Ensuite, comment
un tel système, composé d'individus qui coopè
rent, d'individus qui ne se reproduisent pas,
peut-il évoluer? Quels sont les conflits existant
dans une colo-
nie et les
facteurs de maintien de la
solidarité? Il reste en
core quelques problèmes à
résoudre...
Musée zoologique de Lausanne
P heidole pallidula, fourmi commune du Sud de la France, a eu
les honneurs du magazine scientifique «Nature.» (vol. 379, No 6566), en février dernier, grâce aux conclusions d'une étude menée sur quarante colonies par Laurent Keller, biologiste à l'Institut de zoologie et d'écologie animale de l 'UNIL, en collaboration avec Luc Passera et deux autres chercheurs français du C N R S de l'Université de Toulouse. Cette espèce parvient en effet à doubler l'effectif de ses soldats,
lorsque les voisins s'incrustent un peu trop près de son aire de pique-nique...
Comment la fourmi devient ouvrière ou soldat
Le type d'alimentation fourni déterminant si une larve deviendra ouvrière ou soldat, et les ouvrières étant seules responsables de leur élevage, ce sont elles qui décident d'armer la fourmilière - au détriment de leur force de travail, car la taille de la colonie n'aug
mente pas pour autant. Un réel sacrifice, pour une société qui ne perd jamais le sens de l'économie.
Les fourmis auraient-elles, comme nous, le goût de la conquête?
Laurent Keller répond: «Il y a toujours compétition entre les colonies car, à moins d'être fondée sur un nouvel habitat, chacune aimerait agrandir son territoire pour accroître ses ressources. Pas trop, cependant: le temps consacré à sa défense ne doit pas dépasser celui voué à la quête de nourriture.
A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6
S C I E N C E S : o ù s o n t l e s f o u r m i s d ' a n t a n ?
Sinon, la colonie va diminuer de taille et les voisins pourront en profiter... Les bénéfices des combats doivent primer sur les coûts.»
Un printemps très guerrier
Il semblerait que les ardeurs guerrières se raniment sur tout au printemps, quand le couvain se développe et que les insectes-proies sont encore endormis. En moins d'une heure, les ouvr ières des deux camps vont rameuter une foule de frangines et de soldats - mais pas plus de 20% des individus, pour éviter qu'un troisième voisin ne profite de s'installer dans une citadelle vide! Chaque colonie reconnaissant l'odeur des siens, les individus perçoivent leurs forces respectives en enregistrant combien de fois ils ont touché l'ennemi; si ces derniers sont plus nombreux, ils reculent. Ces combats durent généralement quelques heures et vont rarement jusqu ' à l ' exterminat ion, puisqu'un trop vaste territoire ne sert à rien...
Laurent Keller ne se préoccupe pas que de joutes guerrières; il s'intéresse surtout aux conflits se jouant à l'intérieur des espèces comptant plusieurs reines. «Pourquoi cette évolution du système, puisque plusieurs reines diminuent le degré de parenté entre les individus? Tout en aidant à maintenir la cohésion de l'ensemble, un apparentement partiel favorise le bénéfice
Laurent Keller, biologiste à l'Institut de zoologie et d'écologie
animale de l'UNIL
Fourmis de feu autour d'une reine
que peut retirer un individu à se montrer «égoïste» en se reproduisant lui-même: en matière de sélection naturelle, le seul but de chaque organisme est en effet de transmettre un maximum de ses gènes à la génération suivante. Pour y parvenir, il peut se reproduire ou aider des individus entiers à le faire, parce qu'ils ont un profil génétique commun.»
A un stade ancestral, une ouvrière pouvait probablement transmettre plus de gènes en aidant la reine - g é n é ralement sa mère - à se reproduire qu'en le faisant elle-même. Mais il
existe beaucoup d'espèces où les ouvrières peuvent se reproduire; dans l'impossibilité d'être fécondées, elles fabriquent des mâles.
Les fourmis s'empêchent mutuellement de procréer
Les relations sociales se révèlent ainsi beaucoup plus complexes et conflictuelles que prévu:
\ «Les ouvrières suivent S une règle: elles préfèrent o d'abord se reproduire
1 6 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6
elles-mêmes, ensuite que la reine s'en charge, et enfin seulement leurs sœurs. D'où une étroite surveillance à l'intérieur de la colonie... Chaque ouvrière empêche les autres, par des combats parfois mortels, de procréer. Résultat final, c'est la reine qui s'en occupe. Ce système lui permet de dominer l'ensemble, mais pas tous les individus: chez les guêpes et les abeilles, en fin de saison, les ouvrières tuent même souvent la reine, une fois qu'elle a produit des femelles, pour créer elles-mêmes les mâles. La tendance «pour le bien de l'espèce» n'existe pas, c'est chacun pour soi!»
Encore une illusion qui tombe: tous sociaux qu'ils soient, les insectes n'ont
décidément rien du modèle à suivre pour créer une société parfaite...
Nos ennemies, ces fourmis «pestes»
Si la fourmi helvétique moyenne «trait ses pucerons et vit paisiblement», certaines ont plus d'ambition. Preuves en sont les sujets d'étude privilégiés de Laurent Keller: la fourmi de feu et celle d'Argentine. Présentation.
La fourmi de feu, dont le venin, parfois mortel , ressemble à celui de l'abeille, doit son nom à l 'infection provoquée par sa p iqûre t rès douloureuse et longue à guérir, qui a tout d 'un petit Vésuve. D 'un naturel te igneux doublé d 'un appét i t féroce, elle p ique dès qu'elle touche la peau. Aucun r isq u e , p o u r t a n t , d 'en r e n c o n t r e r dans son jardin: le climat européen ne leur convient pas . Sans p r é t e n d r e conquérir N e w York, elles appréc ien t pa r c o n t r e les E t a t s - U n i s , où elles sont entrées dans les années 20, depuis l 'Argent ine ou le Paraguay, probables p a s s a g è r e s c lande s t i ne s de bat eaux t r a n s p o r tant des plantes ornementa les . —i
es dégâts occasionnés par les fourmis aux cultures dans les pays tropicaux représen
tent des centaines de millions de francs chaque année, voire des milliards au Brésil. Champignonnistes qui découpent les feuilles pour leurs cultures, moissonneuses pillant les graines jusque dans les stocks, tis-serandes qui achèvent les arbres: un bilan catastrophique.
Laurent Keller, où en tà la recherche face à ce,i peàtesl «Elle vise à comprendre leurs mécanismes de communication internes. En parvenant à identifier la fonction des substances spécifiques à une colonie, il deviendrait possible de manipuler celle-ci de l'intérieur, et donc de lutter uniquement contre l'espèce concernée, avec des produits non toxiques. Réduire sa population offrirait déjà un résultat appréciable: vu la compétition importante entre espèces, il est probable qu'une autre parviendrait alors à l'éliminer.» Mais rien n'est simple, comme le
démontre le cas
D e l 'ut i l i té d e la r e c h e r c h e
Résultat A de piqûres de f o u r i n u i
de feu
fréquent d'une espèce qui s'introduit dans un nouvel habitat transformé par l'homme, telles les fourmis de feu ou d'Argentine: sans prédateurs ni parasites, elles se multiplient et perturbent l'écosystème. Au Brésil, par exemple, les monocultures
représentent une aubaine pour les champignonnistes, alors que d'autres, surtout avides d'insectes, vont disparaître. Les espèces qui se nourrissent de^ce que l'homme cultive sont ainsi favorisées.
A.R.
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S C I E N C E S : o ù s o n t l e s f o u r m i s d ' a n t a n ?
Colonie de puceroini et ouvrière fourmi de.i boi.i
Pas difficiles, elles bouffent tout, jusqu ' à éliminer de leur habi ta t des espèces d ' o i s e a u x p r o t é g é s en expédiant des commandos jj dans les nids. . . N e dit-on ^ pas même qu'elles résistent ^ aux insecticides? «Pas tout 5 à fait, nuance Lauren t Kel- a
1er. D ' éno rmes t ra i tements avaient permis d ' é rad iquer 90% de ces fourmis, en même temps que d 'au t res insectes. Elles y sont aussi sensibles que les autres , mais ont su recoloniser plus rap idement l 'habitat. Résultat : elles étaient plus nombreuses après qu ' avan t le t rai tement. . . Le remède est parfois pire que le mal — sans par ler des conséquences sur l ' envi ronnement!»
Des insectes qui aiment les sites de vacances
La fourmi d 'Argent ine , moins féroce mais tout aussi boulimique, s'est cer ta inement aussi p lanquée à fond de cale, depuis l 'Amérique du Sud, pour coloniser les côtes médi ter ranéennes: en septante ans, elle est parvenue à exterminer 9 5 % des espèces locales de fourmis et au t res insectes. Avec quelles conséquences?
«Vivant où réside l 'homme, donc dans des milieux déjà per turbés , elles aggravent encore la situation. L'équi
libre où chaque espèce avait créé sa peti te niche n 'existe plus. Bien plus nombreuses , elles sont par conséquen t beaucoup plus efficaces.» Mais comment se fait-il qu ' aucun p r éda t eu r ne s'y a t t aque? «Cette fourmi oppor tun i s te était déjà p ré adap tée . La difficulté, pour une espèce, est d 'acquér i r un nouveau mode de fonct ionnement . Parmi les nombreux p réda teu r s des fourmis, don t cer taines mouches pondan t leurs œufs sur elles, l 'un d 'eux est peut -ê t re apte à changer, parce qu'il p résente des caractér is t iques assez similaires. Mais un tel phénomène peut p r end re ent re dix ans et d e s m i l l i o n s d 'années. . .»
Ayan t besoin de cha leu r et d 'humidi té p o u r p rospére r , elles a p p r é cient pa r t i cu l i è remen t , comme certa ins d ' en t re nous , les complexes t ou r i s t i ques du gen re La G r a n d e M o t t e ou P o r t - L e u c a t e ; tou t est à d ispos i t ion , p o u r q u o i se g ê n e r ? Inévi tab les , car t r o p n o m b r e u s e s malgré les t r a i t emen t s , elles on t
p o u r t a n t le savoi r -v ivre de ne pas exiger le gîte en sus du couver t . Di tes - leur merci , la p r o c h a i n e fois que vous en d é b u s q u e r e z dans le suc r i e r de vo t re rés idence d 'é té . . .
Alexandra Riki
S i g n e s d e r e c o n n a i s s a n c e
O uand deux fourmis se rencontrent, on sait qu'elles peuvent se reconnaître et
^ ^ ^ t c h a t c h e r à toute vitesse, grâce à leurs antennes - chacune disposant d'un potentiel de plus de cent mille récepteurs. Une nouvelle clé de lecture est apparue aux chercheurs: un individu peut dire: «Attention, je cherche de la nourriture» ou encore «je suis jeune, j'ai besoin d'informations» par des substances chimiques à la surface de son corps, qui seraient liées à l'âge ou à l'activité. Certaines espèces reconnaissent les différents stades des individus simplement à l'«habit», comme nous pourrions identifier une petite fille à sa jupette rose.
A.R.
1 8 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6
Balade dans les supercolonies des fourmis des bois
D epuis vingt ans, dans le J u r a vau-
dois, il tente de décoder un système de supercolonie quasiment unique au monde, à l'aide d'un bel échantillon: 1200 fourmilières à l'allure de forteresses imprenables, reliées entre elles par un réseau de surface, chacune comptant plusieurs centaines, voire un millier de reines. La population de cette supercolonie est estimée entre 200 et 300 millions d'habitants, lesquels cohabitent dans une certaine harmonie puisque les échanges de nourriture ou d'individus y sont fréquents entre voisins.
Un territoire bien protégé
La zone d étude se caractérisant par un climat rude, avec une courte saison d activité et une faible croissance végétale, comment vivre dans des conditions aussi ardues? Analysée par Daniel Chenx, «la stratégie mise en œuvre pour s'organiser ainsi est probablement la réponse à ce milieu difficile: mieux qu'une gigantesque fourmilière, le partage de l'exploitation d'un territoire permet de dominer un système et de le gérer pour assurer sa survie.»
L'idée était bonne: «Chaque année, la production de sexués est énorme, ce qui prouve que la nourriture est suffisante. Produire une reine coûte très cher à la société, si l'on compare ses 35 mg aux 7 mg d'une ouvrière poids moyen. En cas de disette, toutes les ressources sont portées sur la force ouvrière, afin d'assurer la sécurité des individus qui sont en train de pondre les reines.»
Capture et transfert d'une espèce de moustique (baj).
En haut, nid de fourmu dej bou
j ^ a r m i les 131 espèces de
fourmis crapahutant sur ter
ritoire helvétique, le groupe
Formica rufa, avec ses cinq
espèces de fourmis des bois,
fait l'objet des petits soins de
Daniel Cherix, professeur
suppléant à l'Institut de zoo
logie et d'écologie animale de
Lausanne et conservateur du
Musée de zoologie.
Les stratégies de reproduction
Pour Daniel Cherix et son équipe , les recherches du moment portent sur les stratégies de reproduction: que se passe-t- i l quand un sexué quitte la fourmilière, étant donné que les fourmis des bois sont
incapables de fonder toutes seules une nouvelle société? «Les jeunes reines n'ont que le choix entre le parasitisme temporaire d'une autre espèce, apparemment peu développé dans la région, ou le retour dans leur société, avec le risque de s'y faire mettre en pièces par les ouvrières... Nous cherchons à comprendre leur technique, de même que celle d'une espèce différente, qui produit des mâles de deux tailles. Les petits volent mieux que les gros: seraient-ils les agents de dispersion? Mais pourquoi, puisque les femelles sont à disposition?»
Les réponses à ces questions ont des conséquences majeures à moyen terme, étant donné la raréfaction de ces espèces en Suisse. Sans dispersion, les colonies ne seront plus composées que d'individus s étant reproduits entre eux. Elles pourraient ainsi disparaître, en raison d'un coefficient de parenté trop élevé.
Laissons les problèmes délicats aux spécialistes. Mais, la saison appelant aux plaisirs de la balade en forêt, pourquoi ne pas en profiter pour observer ces infra-terrestres au lieu de planter bêtement un bâton dans leur nid (ce qui compromet l'équilibre thermique, donc le développement des larves, et favorise les inondations de pluie)?
A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6
S C I E N C E S : o ù s o n t l e s f o u r m i s d ' a n t a n ?
Où les trouver: en prenant la route du Mar-
chairuz, de la croisée de Gimel jusque dans la vallée de Joux, ainsi que dans le Risoux, vous êtes sûr de tomber sur de fortes concentrations, voire même sur une supercolonie.
A ne pas manquer: à partir de mi-juin dans le
J u r a (un mois plus tôt sur le Plateau), si vous croisez de bizarres «fourmis volantes», vous êtes en pleine séquence de vol nuptial: spectaculaire et sans danger, à condition de respecter
leur intimité. Le happy end est
rare: moins d'une femelle sur
mille réussira a franchir toutes les
étapes de sa vie amoureuse. Aussi à la noce, des
oiseaux viennent se goinfrer des malheureux époux...
En pidte: chaque année, les fourmis des bois utilisent les mêmes pistes, bien visibles, qui
mènent à leur terrain de chasse. L'espèce possède une mémoire visuelle de son environnement (zones d'ombre et de lumière) qui subsiste durant l'hiver et leur permet de retrouver la route du supermarché. Prudentes, elles déposent aussi des substances chimiques sur le sol pour que les suivantes ne se perdent pas.
Technique de chaude: les four-rageuses chassent générale-
Daniel CherLx, profeMeur suppléant
à l'Institut de zoologie et d'écologie animale de Lausanne
et conservateur du Musée de zoologie
ment seules, essentiellement des proies mobiles. Action en trois phases: détection, ouverture des mandibules et antennes dirigées vers l'avant, puis capture de la proie par les mandibules, parfois assortie d'un jet d'acide formique pour l'immobiliser. Ces mouvements apparemment désordonnés servent aussi à recruter de l'aide en cas de résistance et pour le transport.
Récolte moyenne, en été, d'une fourmilière de 150 000 individus, comptant 20% de fourrageuses: 3500 proies en 24 heures.
A table: vous croyez les in téres
ser? Pas sûr. Les fourrageuses, qui n'ont pas de temps à perdre, vont ramener au nid tout ce qui se transporte et semble comestible, mais le service du tri, à l'entrée, risque d'en jeter illico une bonne partie... Bien qu'appréciant la viande et tous les mets sucrés, elles pourraient même chipoter sur vos belles pêches bien mûres , qui n ' auron t jamais la saveur du
ï délectable miellat de m n
S pucerons... z
Une fourmi vous grimpe dessus: ne vous énervez pas. Myope exploratrice en quête d'un nouvel habitat
ou d'un bon rôti, elle sent la chaleur et les odeurs. Bêrk! Auriez-vous pris une douche ce matin, pour puer autant? Attendez trois jours; votre odeur, un peu plus convenable, vous permettra de les observer sans les déranger!
Pas encore découragé? Installez-vous au bord d'une autoroute fréquentée à la cadence de trois cents fourmis/minute, et essayez de suivre un individu (une marque au spray pour abeilles ou au feutre permanent, non toxiques, vous aidera à reconnaître Zazie et Chloé).
Une belle occasion de laisser quelques mythes au vestiaire:
La travailleuse zélée: elles ont toutes l'air stressées, mais
^ % on remarque vite qu'elles manquent d'esprit de suite, et que certaines ne fichent strictement rien! Comment
2 0 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N S B
En S u i s s e , l e s f o u r m i s d e s b o i s
s o n t p r o t é g é e s .
S e r a i e n t - e l l e s m e n a c é e s
d ' e x t i n c t i o n ?
guide à l'usage lécologue débutant
une société comptable dans l'âme tolère-t-elle ces feignasses? Nuance: leur inutilité n'est pas irrémédiable. En enlevant d'une piste un certain nombre d'individus actifs, une chercheuse américaine a constaté que les flemmards les remplaçaient immédiatement. Une main-d'œuvre de réserve pratique en cas de mauvaise rencontre: un pic, par exemple, ne fait qu'une becquée de plusieurs milliers de fourmis.
L'efficacité: quand un groupe transporte une brindille, il y en a toujours une qui domine un
peu les autres et tire dans un sens; si elle a le malheur de lâcher, les autres repartent de l'autre côté... apparemment d'une inefficacité intégrale. Mais là encore, l'honneur est sauf: grâce à une suite d'individus motivés, la proie finit toujours par atterrir dans la fourmilière.
Le pouvoir monarchique: le modèle d'une monarchie à tête unique faisant trimer ses ouvrières est relativement rare. De plus en plus d'espèces partagent le
pouvoir entre plusieurs reines, stratégie qui semble assez efficace. Mieux encore: ce sont les ouvrières qui détiennent le pouvoir, puisqu'elles peuvent décider du genre d'individus qu'elles souhaitent voir peupler la colonie. Indispensable à la survie de l'espèce, savoir pondre ne suffit pas pour gouverner...
A.R.
Condensé selon Daniel Cherix et son ouvrage «Les fourmis des bois», Atlas visuels, Payot Lausanne, 1986.
on, mais elles sont j j sur la liste rouge.
Notamment sur le Plateau, qui ressemblera bientôt à un mini-désert, malgré les essais de préservation. Les fourmis des bois y ont terriblement souffert de tous les aménagements forestiers et remaniements parcellaires. Elles rencontrent moins de problèmes dans les Alpes et dans le Jura, où l'exploitation sylvo-pastorale est demeurée plus traditionnelle. Dans cet esprit-là, le concept du Parc jurassien vaudois intègre homme et nature et leur offre un milieu relativement protégé.»
PARLEZ-VOUS FOURMI?
Avec leurs multiples entrées -
tactile, chimique et auditive -
c'est peu dire qu'elles usent de
systèmes de communication
complexes. Sans compter leurs
interférences, garde-fous
permettant d'éviter les erreurs qui
condamnent une espèce. Si
quelques mots, comme «alarme»,
correspondant aux substances
chimiques émises, ont pu être
décryptés, aucune construction
suffisamment logique ne permet
aujourd'hui aux chercheurs de
prédire que, dans dix minutes,
cette ouvrière se dirigera
précisément vers votre garde-
manger- d'où vous ne parvien
drez pas davantage à la déloger
sur une simple menace. En revan
che, pour peu qu'elle y découvre
une source de nourriture conve
nable, elle mettra à peine quel
ques minutes pour rameuter une
foule de congénères...
Quelques expressions faciles à
comprendre:
«J'ai fa im»;
L'échange de nourriture, stockée
sous forme liquide dans le jabot
social, séparé de l'estomac, et
pouvant être dégurgitée par un
jeu de muscles particuliers, se
passe au sous-sol entre deux ou
vrières: la solliciteuse tambourine
la tête de sa congénère donneuse,
qui place ses antennes vers
l'arrière en signe d'acceptation.
«Prête à l'attaque»;
Chez la fourmi des bois, corps
arc-bouté pour projeter le contenu
de la glande à poison, man
dibules bien ouvertes et antennes
agressives... Gare au jet d'acide
formique, concentré à plus de
50%! Mêlée à d'autres
substances, l'émission déclenche
un état d'alerte général dans la
fourmilière.
«Danger»;
Martèlement du sol avec la tête
pour prévenir les copines.
A.R.
A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 2 1
S C I E N C E S : o ù s o n t l e s f o u r m i s d ' a n t a n ?
U N CASSE-TÊTE POUR D A R W I N De Pierre Huber, qui publia sa
«Recherche sur les mœurs des
fourmis indigènes» en 1810, à
Heinrich Kutter, en passant par
d'autres illustres passionnés du
dimanche tels Edouard Rugnion,
Carlo Emery, Auguste Forel et
Félix Santschi, la Suisse bénéficie
d'un «lourd passé myrmé-
PRESENTATION DE LA SOCIETE
cologique», comme le relève Daniel
Cherix. D'après lui, que peuvent
donc bien encore nous apprendre
les fourmis?
Tout! Une des orientations
actuelles de la biologie est de
comprendre les phénomènes
d'évolution. Si le néo-darwinisme
est aujourd'hui généralement
accepté par le monde scientifique,
Darwin lui-même avouait que sa
théorie de l'«individu le mieux
adapté qui est le plus apte à se
reproduire» était mise en échec par
les fourmis, puisque la majorité
des individus, les ouvrières, ne se
reproduisent pas.
L'étude sur les insectes sociaux a
été relancée en 1975 par un ou
vrage clé d'Edward Wilson,
professeur à Harvard, «Sociobio-
logy», où il développe la théorie de
«sélection de parentèle»: l'objectif
d'un individu est d'obtenir des
copies de ses propres gènes en
s'arrangeant pour en retirer un
bénéfice, en nombre ou en qualité
des descendants. Si les coûts de re
production sont trop élevés, il s'ar
rête. Pour parvenir à un bénéfice, il
faut développer certains comporte
ments sociaux qui peuvent s'appa
renter à l'altruisme.
« Les mâles sont de vraies demi-
portions» Chez les fourmis, les mâles sont de
vraies demi-portions: ils ne
possèdent que la moitié du
patrimoine génétique. Lors de
l'accouplement avec une reine, les
variations seront très faibles. La
reine va ou non féconder ses œufs;
si elle ne le fait pas, elle produira
des mâles (lesquels ont donc une
maman, pas de papa, mais un
grand-père). Conséquence directe:
les ouvrières sont plus apparentées
entre elles qu'à leur mère ou à
leurs propres filles. Dans l'absolu -
LO c o
TU "O
Ë
•o tà
S "D D 9 une seule reine, fécondée une seule
fois - les ouvrières sont apparen
tées à 75%, ce qui dépasse de loin
tout ce qui est connu dans le
monde animal.
Collaborer avec des individus qui
ont avec vous plus de la moitié des
gènes en commun permet de
développer un comportement
altruiste. Les ouvrières renoncent à
la reproduction parce que le gain
est nettement supérieur si elles
s'occupent de leurs sœurs, et
favorisent l'espèce par ce biais-là.
Voilà ce que Darwin ne parvenait
pas à justifier.
Le fait que les fourmis soient si peu
nombreuses en comparaison d'au
tres insectes - pas plus de ÎO'OOO
espèces connues aujourd'hui - tout
en ayant réussi à dominer la surfa
ce de la terre, démontre qu'elles
ont mis au point une stratégie glo
bale très performante!
A.R.
«L'organisation jociale des fourmù», Luc Passera, collection Bios/Université Paul Saba-tier, Ed. Privât, 1984 «La fourmi et le dociobiologiéte», Pierre Jaisson, Ed. Odile Jacob, 1993. ...et deux pour fantasmer:
Deux livres pour comprendre Question rigueur scientifique, Bernard Werber repassera! L'auteur des «FottrmLi» et du «Jour des fourmi)», disponibles en Poche, a multiplié raccourcis et erreurs. Mais rien
n'empêche de succomber à la fascination
aussi vieille que l'humain pour cet infra-monde parallèle, en dévorant la saga de l'improbable rencontre de nos deux civilisations.
A.R.
BBH9NNBMH 2 2 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6
I N T E R V I E W
Les J. O. fêtent leurs cent ans.
Ont-ils toujours un sens,
Georges-André Carrel?
Georgej-André Carrel, À^k directeur du service des sparts de l'Université'de Lausanne etdel'EPFL
6 avril 1896s'oLivraient à Athènes les premiers Jeux Olympiques de l'ère moderne.
Cent ans plus tard, que reste-t-il des idéaux de Pierre de Colibertin?
A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 23
I N T E R V I E W : L e s J e u x O l y m p i q u e s o n t - i l s e n c o r e u n s e n s ?
L es sportifs forment-ils cette élite chevaleresque dont le baron
rêvait? L'argent, les médias et la politique ont-ils corrompu tout l'édifice? Georges-André Carrel, directeur du service des sports de l'Université de Lausanne et de l 'EPFL, pense qu'au fil de leur évolution, les J e ux ont su rester les Jeux .
Allez Savoir!: Avez-vous personnellement participé aux Jeux Olympiques?
Georges-André Carrel: Les J . O . m'ont d'abord coûté très cher. J 'a i suivi en Suisse toute la formation possible en matière notamment de volley-ball, dont je suis expert international. Pour me perfectionner, il ne me reste que les «clinics», sorte d'ateliers touchant tous les aspects du sport (psychologie, nutrition, entraînement) organisés sur le site et pendant la durée des J . O . J 'essaie de participer chaque fois à un de ces ateliers au moins, une formation continue entièrement autofinancée...
Plus sérieusement, j 'ai 48 ans, et chaque fois que je vais aux J . O . , je suis comme un gamin. L'ambiance olympique est très particulière. Durant quinze jours, on côtoie la qualité et l'excellence, un savoir et un savoir-faire uniques. Quand je reviens, je suis animé de nouveaux projets, de rêves, d'idées. C'est à chaque fois une remise en question, un nouveau départ, un puits de motivation.
Les J . O . sont vraiment quelque chose d'incomparable. Le rire côtoie les larmes et l'on passe plus vite que nulle part ailleurs de l'un à l'autre. De voir ces deux sentiments si proches, dans l'émotion sportive, vous fait vraiment
Les Jeux Olympique.) d'Athènes, en 1896
2 4 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6
grandir. Maintenant, c'est vrai qu'il y a tout le reste. Il ne faut pas aller aux J e u x Olympiques avec des œillères, mais je crois vraiment que si l'on n'y va que pour chercher le dopage, l'argent, l'influence des sponsors, etc., on rate l'essentiel.
A. S. !: Le poids grandissant de l'argent est justement l'une des évolutions que l'on reproche aux Jeux...
G.-A. C : La présence de l'argent est un peu comparable à celle des médias, les deux étant d'ailleurs liés. L'argent est à la fois un atout, dans la mesure où il permet à l'athlète de se préparer à une compétition en étant déchargé des soucis financiers, et une source de pression, dans la mesure où les résultats du sportif doivent correspondre aux attentes du sponsor. Mais au moment du départ, ce n'est pas un chèque que l'homme voit sur la ligne d'arrivée. Il ne faut pas oublier qu'une finale olympique du 100 mètres, par exemple, est un événement unique. Et c'est cela qui fait qu'une telle course reste avant tout un acte sportif. Chaque fois que j'assiste à un tel événement, j 'éprouve le même sentiment que lors des deux accouchements de mon épouse. L'instant unique du départ et la course sont des moments de création. Le fric, les sponsors, tout ça redevient très présent deux heures après, j 'en suis convaincu. Mais pendant l'acte sportif, il n'y a que l'homme qui est présent. C'est un acte très vrai. Et puis il faut quand même arrêter de rêver: sans argent, il n'y a pas de bonne préparation pos
sible. Aujourd'hui seuls les professionnels peuvent gagner, il n'y a plus d'amateurs.
A. S. !: Pourtant, à l'origine, les J.O. étaient quand même réservés à des amateurs... Est-ce que les sélections sévères par la fédérations nationales ne bruent pas cet idéal, ainsi que celui de la participation avant tout? Si voiu n 'avez pas de chance de gagner, voué restez à la maiion...
G.-A. C : Ce n'est pas tout à fait vrai: on avait déjà des professionnels aux J e u x Olympiques de l'Antiquité. Et franchement, c'est impossible de ne pas poser de limites de sélection: il y a déjà dix mille athlètes... Sur ce nombre, 9'500 savent qu'ils n'ont aucune chance de médaille. Mais ils sont fiers de participer parce que c'est une consécration, la récompense d'un investissement énorme. Leur participation est donc pur plaisir, l'effort est venu avant. Le C.I.O. et les fédérations internationales fixent des quotas par pays et les fédérations nationales, avec l'aval des Comités Nationaux Olympiques, se
chargent de sélectionner les sportifs. Il y a ainsi des
places réservées pour des pays qui n'ont pas de grands cham
pions ou de grandes équipes dans certains sports. C'est déjà une garantie de participation. Mais les J e u x Olympiques représentent avant tout la rencontre des meilleurs athlètes du monde; il ne faut pas être utopiste. J e suis tout à fait favorable à une sélection sérieuse. Où est le plaisir pour un coureur à finir cinq tours derrière le premier, sous les huées du public qui se dit: «Mais qu'est-ce qu'il fout ici, machin? » En plus, il y a des situations dangereuses. Quand je vois un skieur du Cameroun se présenter au départ de la descente olympique de ski, juste pour qu on puisse dire qu 'il a participé, moi je lui crie «freine! ». Le type est en danger de mort.
A. S. !: A propos de médaille, on dit aussi que sans dopage, pas de première place. C'est vrai?
G.- A. C : Non. J e suis sûr qu'on peut être champion sans se doper. Mais c'est un problème tellement vaste qu'il est absurde de vouloir en faire le tour en une question et une réponse. Il pose toute la problématique des liens entre sport et éthique. A mon avis, le fond du problème, c'est: peut-on faire confiance à l'homme aujourd'hui? Et l'on aurait tendance à répondre non. Parce que l'homme ne sait pas accepter ses limites; il ne l'a d'ailleurs jamais su. Après avoir amélioré les revêtements et les surfaces, les chaussures, les techniques, la théorie de l'entraînement (nutrition, psychologie du sport, management, coaching, programmation neurolinguistique), que sais-je encore, il faudrait qu'on admette que les records ne vont pas continuer à tomber. Mais non.
A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 2 5
I N T E R V I E W : L e s J e u x O l y m p i q u e s o n t - i l s e n c o r e u n s e n s ?
A. S. !: On reproche aussi au C.I.O. d'être une réserve de dinosaures qui tarde à introduire des sports «jeune*)», tel) que le snowboard ou le beach-volley, alors que des sports peu attractifs sont maintenus?
G.-A. C.: C'est injuste. Le beach-volley et le V.T.T. seront sports olympiques à Atlanta, et le snowboard aura le même statut à Nagano en 98. Il y a une immense réflexion au sein du C.I.O., ne serait-ce qu'à l'intérieur de certaines disciplines perçues comme dépassées, pour en améliorer l'attrac-
tivité. C'est vrai que certaines nouveautés ne sont pas introduites
immédiatement, mais le Comité a raison d'attendre: il faut du temps pour distinguer un
simple mouvement de mode d'un véritable sport naissant.
J e trouve que les J e u x Olympiques ont aussi une fonction éducative: c'est la manifestation idéale pour présenter aux jeunes des sports moins médiatisés, qu'on ne voit jamais à la télé. Ça permet de découvrir d'autres disciplines, et en plus c'est très bien filmé.
A. S. !: Les Jeux Olympique*) devraient en principe rester à l'écart de la politique. Est-ce possible?
G.-A. C : Non, ils ne peuvent être que politisés. Comment penser que l'on peut oublier la marche du monde pendant quinze jours? D'ailleurs, J u a n Antonio Samaranch est reçu partout comme un grand homme d'Etat et vous verrez que comme chaque FOIS, les grands hommes politiques du moment iront à Atlanta. Mais il y a différents
2 6 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6
Epreuve de gymnastique, aux JO d'Athènes en 1896, devant un public clairsemé
cas de figures d'utilisation des J e u x Olympiques à des fins politiques. Certains athlètes
utilisent leur participation ou leur victoire pour r evend iquer
quelque chose, comme par exemple les deux coureurs noirs qui ont levé une MAIN gantée de cuir noir pour attirer l'attention du public sur la situation des Afro-Américains aux Etats-Unis. Il y a aussi les grandes puissances qui utilisent la victoire de leurs ressortissants à des fins idéologiques, comme on a pu le voir pendant longtemps avec le bloc de l'Est opposé aux Etats-Unis dans la course à la médaille. Aujourd'hui, la tendance est plutôt à l'exhibition du drapeau national, que le vainqueur brandit dans le stade. Franchement, je ne le ferais pas. Mais je ne crois pas que ce soit toujours du nationalisme. Il y a en sport une émergence de nouvelles petites nations, et pour les athlètes de ces pays-là, j'ai l'impression que brandir le drapeau national est une manifestation existentielle. Ils ont envie d'associer tout leur pays à la victoire et de dire : «Regardez, nous existons!» C'est beaucoup plus spontané, plus jeune que ce qu'on voyait du temps de la guerre froide. J e ne sais pas. Tout dépend de la façon dont on le regarde. Lorsque j 'ai le sentiment que cet acte signifie «vous avez vu, la SUISSE est la meilleure», ça me gêne. Mais ces manifestations peuvent AUSSI être joyeuses, faire partie de la fête. En tout cas, je reste attentif.
A. S. !: En conclusion, on peut dire que si vous reconnaissez certaines dérives, pour vous les Jeux resteront malgré tout toujours les Jeux?
G.-A. C : Malgré tout ce qu'on peut reprocher aux Jeux , il reste le fait que pendant quinze jours sont réunis au même endroit les dix mille meilleurs athlètes du monde, et que toute la planète les regarde. Cela les pousse à des degrés de dépassement impensables ailleurs. Il y a enfin un désir d'excellence, de qualité, et l'acte sportif lui-même.
LE meilleur exemple de l'esprit des J e u x est peut-être ce qu'on a vécu à Barcelone avec la Dream Team. Le basket américain est sans doute ce qu'on trouve de plus professionnel dans le sport actuel; en un sens, cette équipe INCARNE une grande partie des changements survenus aux J eux OK/mpiques. Eh bien, JE n'ai jamais vu des gens s'amuser autant, avoir un tel plaisir à jouer. Ils étaient merveilleux à voir: créatifs, drôles, pleins de joie. Ils sont de grands champions parce qu'ils ont gardé la faculté de jouer; en plus de tout le reste et par dessus tout le reste, ils se font plaisir. Pour MOI, c'est ça le sport, et c'est ce qu'on trouve parfois de façon condensée aux J e u x Olympiques.
Propos recueillis pur Sonia Arnal
S^~y eorges-André Carrel, m - maître de sport depuis X^M- 1978 au service des sports UNIL-EPFL, en assume la direction depuis 1991. Joueur, joueur-entraîneur, puut entraîneur, il est lié à la destinée du LUC volley-ball depuis 1971. Il a notamment mené l'équipe masculine cinq fou consécutivement au titre, de 91 à 95.
— Du volleyball, il dit: «On a écrit que le volleyball suisse me devait beaucoup, mais ce n'est pas vrai. C'est moi qui doit beaucoup au volley. Il m'a appris la volonté, la créativité, le surpassement, la tolérance. J'ai énormément reçu des défaites et des victoires vécues sur les terrains de jeu. Tout ce qu'on a pu m' enseigner par la suite en matière de leadership, de coaching, de management, n'a fait que confirmer ce que j'avais empiriquement découvert par le volley.»
- Du sport: « Qu'on enlève au sport la volonté, la rigueur, la discipline, il reste au moins le jeu, c'est toujours quelque chose. Si c'est le plaisir qu'on enlève, je ne sais pas ce qui reste, mais en tout cas ce n'est plus du sport.»
A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 2 7
2 8 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6
UNIV€RSIT€ D€ LAUSANN€
Fondation du 450? Rapport annuel I 995-1996
O urant l'exercice 1995, la Fonéotlon du 450 anniversaire de l'Université de lausanne a alloué 71 subsides (1994:
69), dont 35 destinés aux sciences expérimentales et 36 aux sciences humaines pour un total de Fr. 355'340.-. Sur ce montant, Fr. 90W0.-ont été versés à la Commission locale de la recherche scientifique (FNRS), afin de renforcer son soutien aux jeunes chercheurs.
la fortune de la Fondation est passée de Fr. 5'252'567, au 31.12.1994 à Fr. 5W520.-au 31.12.1995. la gestion de cette fortune est confiée à l'efficace responsabilité du Fonds de gestion des biens universitaires voudois.
Deux nouveaux membres siègent au sein du Conseil de Fondation: il s'agit de Mme Marion Gêtaz, présidente de l'Ecole hôtelière de lausanne, et de M. Eric Junod, recteur de l'UNIL. Hous leur souhaitons une cordiale bienvenue. Ils ont remplacé MM. Roger Givel et Pierre Ducrey, membres fondateurs, auxquels va toute notre reconnaissance pour l'apport qui a été le leur: celui d'avoir été à l'origine de la création de la Fondation, celui d'en avoir fixé la mission, celui d'avoir contribué à en assurer la marche pendant près de 10 ans.
L'existence de la Fondation du 450e anniversaire, toujours ouverte à recevoir des dons, atteste de son utilité au travers des nombreuses demandes d'appui dont elle fait l'objet: complément de subside au Fonds national de la recherche scientifique, soutien à la recherche, échanges internationaux, organisation de colloques scientifiques, soutien à des publications sous le sceau de l'UNIL
Les subsides sont alloués selon les critères d'attribution fixés par le Conseil de Fondation qui se réunit trois fols par an pour examiner les demandes qui lui sont parvenues.
Il est composé de cinq professeurs de l'Université, dont le recteur, et de quatre personnalités choisies hors de l'Université.
Hubert Barde, Président du Conseil de Fondation.
Parmi les projets soutenus pat la Fondation
Salman Rushdie, romancier de la différence L a parution des Versets sataniques a
valu à son auteur, Salman Rushdie, une condamnation à mort pour blasphème par l'ayatollah Khomeini en 1989. «L'affaire Rushdie» a généré nombre d'articles et d'études sur les circonstances, les raisons et les conséquences de cette «fatwa», au détriment de la dimension littéraire du roman.
En mai 1990 déjà, Martine Hennard Dutheil, licenciée ès lettres, proposait à la Faculté un projet de thèse sur la question de l'origine dans Les Versets sataniques, sous la direction du professeur Neil Forsyth. Elle a présenté la première étape de ses recherches dans un travail de diplôme (Master of Arts) soutenu en 1992 à l'Université du Sussex.
La quête de l'origine est au centre de la tétralogie romanesque de Rushdie, qui comprend Les Enfants de minuit, La Honte, Les Versets sataniques et Le Dernier soupir du Maure (paru en 1995). L'auteur porte un regard à la fois nostalgique et critique sur l'Inde de son enfance, le Pakistan de son adolescence, et l'Angleterre de sa maturité. L'expérience de l'exil hante les «patries imaginaires» recréées par la magie du verbe. Rushdie s'intéresse aux effets du déracinement géographique, temporel et culturel. Dans Les Versets sataniques en particulier, la figure
emblématique du migrant rend le retour et le recours à l'origine problématiques. Elle met en jeu le discours identitaire pour mieux souligner l'importance des valeurs d'échange, d'hybridité et de métissage.
Salman Rushdie The Guardian, 7.9.95, photo Steve Pyke
Martine Hennard Dutheil inscrit la démarche de Rushdie dans le courant de la pensée post-coloniale. Les Versets sataniques est en effet exemplaire d'une démarche qui met en question l'héritage occidental. Ce roman baroque substitue à un système basé sur la dualité une forme de pensée plurielle et ouverte à la différence.
Le secret au cœur d'un colloque
A ctif depuis 1993, le groupe ERIE (Enseignement et recherches inter
disciplinaires en éthique) se propose de promouvoir la réflexion et la formation en éthique aussi bien sur le site universitaire de Lausanne qu'à l'extérieur.
Il organise régulièrement des séminaires et des colloques qui rassemblent des
enseignants, des assistants et des chercheurs issus d'un large éventail de disciplines scientifiques. Ces rencontres comportent des conférences, des travaux sur textes et des séances de discussion.
Les journées thématiques qu'il a mises sur pied concernaient l'éthique et le journalisme, le normal et le pathologique en
Fondotlon du 45(}de l'Université de Lausanne / Rapport annuel 1995-1996
SANTÉ ET EN FÉVRIER DERNIER, LE BREVET DU GÉNOME. EN NOVEMBRE 1996. UN COLLOQUE SERA ORGANISÉ SUR LE THÈME «NÉOLIBÉRALISME ET JUSTICE SOCIALE».
LE SÉMINAIRE ERIE DE 1994 A ABORDÉ LE THÈME DU CORPS HUMAIN À LA LUMIÈRE DES PERFORMANCES ACTUELLES DE LA MÉDECINE; I L'AN DERNIER, IL S'EST PENCHÉ SUR LE SECRET j DONT LES IMPLICATIONS ÉTHIQUES S'ÉTENDENT I
SUR DE NOMBREUX ASPECTS DE LA SOCIÉTÉ. \ PROBLÈME OU RÉALITÉ DANS LES SECTEURS MÉDICAL, ÉCONOMIQUE, INTELLECTUEL, JURIDIQUE ET TECHNIQUE, CE THÈME ILLUSTRE BIEN LE CHAMP INTERDISCIPLINAIRE QUE LE GROUPE S'EST DONNÉ MISSION D'EXPLORER.
GRÂCE AU SOUTIEN DU 450E, QUATRE DES PRINCIPALES INTERVENTIONS PARAISSENT DANS LE PREMIER CAHIER ERIÉ.
PARMI LES PROJETS DU GROUPE ERIE FIGURE NOTAMMENT UN SÉMINAIRE INTERNATIONAL EN COLLABORATION AVEC L'INSTITUT KURT BOSCH DE SION.
*Ce fascicule peut être obtenu auprès de Carlo Foppa, Faculté de théologie,
BFSH2, 1015 Lausanne, tél. 021/ 692 2 7 09,
e-mail: [email protected]
Femtochimie: chimie, biologie et physique «en temps réel»
Ami-chemin entre chimie et physique, la femtochimie
est née dans les années 80, époque où grâce à l'utilisation grandissante du laser et l'évolution technique des instruments de mesure, les scientifiques pouvaient observer une réaction au moment et à l'endroit où elle se produisait.
CE DOMAINE A D'EMBLÉE INTÉRESSÉ UN VASTE PUBLIC DE SCIENTIFIQUES ET D'INDUSTRIELS ET A OUVERT DES PERSPECTIVES TRÈS PROMETTEUSES TANT POUR LES CHIMISTES, LES BIOLOGISTES QUE POUR LES INDUSTRIELS. AU-DELÀ DE LA SIMPLE OBSERVATION, ILS ENVISAGENT EN EFFET DE POUVOIR INTERVENIR DANS LE COURS DE LA RÉACTION POUR CRÉER DE NOUVEAUX MATÉRIAUX OU DE MODIFIER LES TECHNIQUES ACTUELLES.
L'INSTITUT DE PHYSIQUE EXPÉRIMENTALE DE L'UNIL A ORGANISÉ EN SEPTEMBRE 1995 LA DEUXIÈME CONFÉRENCE INTERNATIONALE -RÉPARTIE SUR 5 JOURS - SUR LA FEMTOCHIMIE QUI A ATTIRÉ À LAUSANNE PLUS DE 200 SPÉCIALISTES DU MONDE ENTIER. CETTE RÉUNION A
Gas Phase/Beams New Techniques U«uÍds
Solids Biology Vano
Interfaces & Surfaces
MONTRÉ LE FORMIDABLE ÉLARGISSEMENT DES APPLICATIONS DE CES TECHNIQUES, DEUX ANS SEULEMENT APRÈS LA PREMIÈRE CONFÉRENCE TENUE SUR CE NOUVEAU DOMAINE À BERLIN. SES RETOMBÉES SONT DÉJÀ SENSIBLES POUR DES DISCIPLINES TELLES QUE LES BIOTECHNOLOGIES, LES SEMI-CONDUCTEURS, L'OPTOÉLECTRONIQUE ET LES AGRÉGATS MÉTALLIQUES.
Ce graphique illustrait l'affiche de la conférence
LES ACTES DE CE COLLOQUE, PUBLIÉS PAR LE PROFESSEUR MAJED CHERGUI, AVEC L'APPUI DU FONDS DU 450E SOULIGNENT CETTE OUVERTURE ET LE RÔLE DU PÔLE SCIENTIFIQUE LAUSANNOIS DANS LE DÉVELOPPEMENT DE CETTE SCIENCE DU FUTUR.
Espace constitutionnel européen u 9 au 13 avril 1995 s'est déroulé à
M^J Dorigny un colloque international portant sur la convergence du droit constitutionnel en Europe. Y ont notamment assisté M. Arnold Koller, chef du Département fédéral de justice et police, et l'ancien Conseiller fédéral Kurt Furgler.
LES BOULEVERSEMENTS VÉCUS EN EUROPE DE L'EST ET LA CONSOLIDATION DE L'UNION EUROPÉENNE ENTRAÎNENT UNE ÉVOLUTION PERMANENTE DES CONSTITUTIONS QUI RÉGISSENT LA STRUCTURE DES ÉTATS. L'INSTAURATION DE L'ORGANISATION DÉMOCRATIQUE DE L'ETAT DE DROIT 2
ET L'ÉLABORATION D'UNE STRUCTURE CONSTITUTIONNELLE COMMUNE S'INFLUENCENT RÉCIPROQUEMENT ET INTÈGRENT DE MANIÈRE DIFFÉRENCIÉE LES TENDANCES ACTUELLES DE DÉFENSE DES DROITS DE L'HOMME ET DES GARANTIES DE PAIX.
LA SUISSE N'ÉCHAPPE PAS À LA NÉCESSITÉ D'ADAPTER SES LOIS FONDAMENTALES AUX CHANGEMENTS DE LA SOCIÉTÉ.
LE COLLOQUE ORGANISÉ À LAUSANNE PAR L'INSTITUT SUISSE DE DROIT COMPARÉ ET LE FORUM EUROPE DE L'UNIL A PERMIS DE CONFRONTER LES DIVERSES ORIENTATIONS CHOISIES, EN ÉVALUER LES DÉNOMINATEURS COM
MUNS ET TRACER LA PERSPECTIVE D'UN ORDRE CONSTITUTIONNEL COMMUN.
CETTE RENCONTRE A BÉNÉFICIÉ DE LA COLLABORATION DE L'ASSOCIATION SUISSE DE DROIT EUROPÉEN ET DU CENTER FOR STUDY OF CONSTI-TUTIONNALISM IN EASTERN EUROPE DE L'UNIVERSITÉ DE CHICAGO.
LA FONDATION DU 450E A SOUTENU ROLAND BIEBER, PROFESSEUR DE DROIT EUROPÉEN À L'UNIL, POUR L'ORGANISATION DE CE COLLOQUE ET POUR LA PUBLICATION DE SES ACTES,
Fondation du 450e de l'Université de Lausanne / Rapport annuel 1995-1996
Subsides accordés en 1995
Echanges internationaux Tacha Hicks Champod, Droit, cours sur l'interprétation du verre et stage de formation au Forensic Science Service, G.-B.),2'315.-; Pascal Bridel, HEC, recherche sur l'histoire de l'économie mathématique au Centre d'études Walras Pareto, ô'OOO.-; Marc Comina. Lettres, l'interprétation littéraire après la Déconstruction (recherche postdoctorale), J O'OOO.-; Yves Dubois, peintures murales de la villa gallo-romaine d'Yvonand-Mortagne, participation à deux colloques internationaux, 3 '000.-;
Michel Fuchs, Lettres, participation au Vie Colloque international sur la peinture murale à Bologne. F000.-; Tina Roessler, Lettres, Thèse "La notion de vie dans la Physique aristotélicienne», 5'000.-; Andrea Rychtecky, Lettres, recherche archéologique sur la colonie grecque de Gorgippia (région de la mer Noire), 2'500.-; Alexander Schwarz, Lettres, séjour d'un professeur chinois de Shangai au Centre de traduction littéraire (CTL), 4'900.-; Lylia Tchertok, Lettres, travail de recherche et participation au colloque du CTL sur le discours amoureux, 3'000.-; Tom Tillemans, Lettres, séjour en Inde pour participer à une recherche internationale sur les manuscrits tibétains de Ta pho, F470.-;
Sabina Belli, Médecine, participation au Trypanosomiasis and Leishmaniasis seminar à F Université de Glasgow, F200.-; Florence Steinhauslin, formation en immunobiologie de xénotransplantation, W'500.-; Imre Barta, Sciences, participation au Congrès RNA processing à Cold Spring Harbor, USA, 2'500.-; Petre Baumgartner, Sciences, les Radiolaires du Crétacé supérieur-Paléogène: faunes tropicales et tempérées en Méditerranée et Europe orientale, ô'OOO.-;
Marie-Christine Broillet, Sciences, 23e cours de microbiologie en Sicile, 1-13 mai 1995, F200.-; Biaise Corthésy, Sciences, participation à un congrès sur l'immunité mucosale à Keystone, Colorado, F 705.-; Pallavi Devchand, Sciences, participation à un cours sur Peroxisome proliferator-
activated receptors in xenopus development, à Cold Spring Harbor, 2'000.-; Monica Gotta, Sciences, participation au Congrès SlR4-lnteracting proteins and telomeric silencing, à Lisbonne, F500.-; Thomas Lemberger, Sciences, étude du stress sur /'expression des récepteurs PPARs,2'000.-; Denis Mavrocordatos, Sciences, caracté-risation structurale de colloïdes organo-minéraux aquatiques, 2'800.-; Philippe Pasero, Sciences, participation au Cold Spring Harbor meeting sur la replication du DNA chez les Eukaryotes, 2'000.-; Yves Poirier, Sciences, visite du D' Alison Baker de T Université de Leeds à l'Institut de biologie et de physiologie végétales, F500.-; Daniel Robyr, Sciences, étude de la structure du gène Bl de la vitellogénine, 900.-
Susanne Schmidt, Sciences, participation au Keystone symposium sur les «Small GTP-binding proteins and growth factors signaling pathways», 2'500.-;
Bénéficiaires FNRS (Don global: 90f0Q0.-) François Baumgartner, Inst. de géophysique. Ground penetrating radar for detecting contaminants in the subsurface. Columbus, USA. 6'000.-; Giuliano Bernasconi, Inst. de physique expérimentale. Morphogenèse dans des systèmes de réaction-diffusion. Pessac, France, 7'000.-; Jean-Nicolas Bitter, Faculté de théologie, Pour une prise en compte opérationelle des dimensions religieuses des conflits: une approche interdisciplinaire, Fairfax. USA. 7'000.-; Fabrice Clément. Inst. d'anthropologie et sociologie, La croyance et l'adhésion: une étude interdisciplinaire, Paris, ô'OOO.-: Bernard Favrat, Policlinique médicale universitaire, Détermination des différents facteurs pronostics sociaux et cliniques de la réussite ou de l'échec des différents traitements de maintenance pour les patients toxicomanes à l'héroïne, New Haven. USA. ô'OOO.-; Rita Freda, Section de français moderne. Parcours et œuvre du metteur en scène Jacques Lassalle (1967-1995), Paris. 7'000.-; Sabine Kradolfer, Inst. d'anthropologie et sociologie, Un processus de reconstitution de l'identité. L'exemple de la communauté mapuche Antinir et Pilquinan (Argentine). Neuquen, Argentine, ô'OOO.-;
Kristen Tief, participation au congrès «EMBL conférence on mouse molecular ge ne tics» 825.-; Antoine Kernen, SSP, enquête de terrain en Chine du nord sur le développement du capitalisme, 3'000.-; Nadia Spang Bovey, SSP, thèse sur les processus de développement politique, comparaison Europe-Japon, 10'000.-
Organisation de colloques Roland Bieber, Espace constitutionnel européen, ¡O'OOO.-; Jean-Christian Lambelet, HEC, Projet Link, septembre 1996, W'OOO.-; Jean-Jacques Marchand, Lettres, Machiavel diplomate, penseur politique et historien, 5'000.-; Patrick Sériot, Lettres, Langue et Nation: Europe centrale et orientale du XVIF siècle à nos jours (publications des Actes du colloque), 3'000.-; Nicolas Fasel, Médecine, 13th Swiss Trypanosomatid meeting, 2'000.-; Fred Paccaud, Journées scientifiques de
Pierre Lavenex, Inst. de physiologie, Seasonal variations and sex differences in the fox squirrel's memory for object and spatial information: correlations with structural variations of the hippocampus, Berkeley. USA, 7'000.-; Brigitte Maire. Section de latin, Quintus Gargilius Martialis, medicinae ex oleribus et pomis. Edition, traduction et commentaire. Rome, 7 '000.-: Pierre-Alain Mariaux. Section d'histoire de l'art. Les figures de l'autorité dans les manuscrits de Warmond, évêque d'Ivrée (ca 969-ca 1004), Paris, ô'OOO.-; Romain Séchaud, Inst. d'analyse pharmaceutique, Etude et modélisation pharmaciné-tique et phamiacodynamique du Salbutamol chez les enfants et analyse des protocoées d'investigation clinique, San Francisco. 7'000.-; Sébastien Vincent, Inst. de chimie organique. Détermination de la structure du domaine SH2 N-terminal de Syp par RMN triple résonance et étude de la dynamique par 2H et 15 N RMN. Toronto, ô'OOO.-: Peter Wollenweider. Dpt de médecine interne. Role of P-kinase activation in mediating insulin's mitogenic and metabolic effects. San Diego, USA, ô'OOO.-: Catherine Wahlen Vincent. Inst, de chimie organique, Déplacements chimiques secondaires en RMN comme aide à l'attribution et à l'établissement d'homologie de structure pour les macromolécules. Toronto, ô'OOO.-
Fondation du 450e de l'Université de Lausanne / Rapport annuel 1995-1996 3
la Société suisse de médecine sociale et préventive, 3'000.-; Bruno Amati, Sciences, Joint ISREC-AARC symposium: Cancer and Cell cycle, W'OOO.-; Manfred Mutter. Sciences, Ist Lausanne conférence on bioorganic chemistry, 6'000.-; Jean-Daniel Kaestli, Théologie, colloque international sur la littérature apocryphe chrétienne, 3'000.-; Denis Miiller, organisation du colloque sur le thème du secret d'un point de vue éthique (groupe ERIE), 6'000.-.
Publications Michel Marthaler, Lettres, Le Cervin est-il africain?, l'200.-; Majed Chergui, Sciences, Chemistry in «Real Time», articles sélectionnés de la conférence Femtochemistry, Lausanne, septembre 1995, 7500.-; François Masnata, SSP, Pouvoir suisse (réimpression), 2'500.-; Klauspeter Blaser. La théologie au XX' siècle: histoire-défi s-enjeux, 5 ' 000. - ; Bernard Reymond, L'architecture religieuse des protestants, 3'000.-.
Soutien à la recherche Franco Taroni, Probabilistic reasoning in the law, recherche postdoctorale à l'Université d'Edinburgh sur l'évaluation de la preuve scientifique, 5'000.-; Aline Delacrétaz, Lettres, Capétiens et art au 13e siècle: étude d'hagiographie roya
le (thèse), W'OOO.-; Mara-Xeni Garzou, Lettres, La voix d'Orphée. Archéologie classique (thèse), 3'000.-: Martine Hennard, Lettres, thèse enfin de rédaction sur Salman Rushdie, 6'000.-; Evangelos Pteroudis, Lettres, thèse sur les migrations en Grèce, 5'000.-; Philippe Schoeneich, Lettres, datation du glissement des Parchets, aux Diablerets, 4'700.-; Scott Caplin. Médecine, importance du gène p53 dans le traitement du cancer colorectal, W'OOO.-; Marco VannOtti, l'adaptation au risque VIH/SIDA chez les couples homosexuels. Analyse de la relation du couple homosexuel, W'OOO.-; Béatrice Arnold, Sciences, caractérisa-tion du gène humain d'une protéine de la myéline du système nerveux central appelée MOG (thèse), W'OOO.-; Biaise Corthésy, Sciences, production de protéines à usage médical, 5'000.-; Glynn Ellis, Sciences, comparaison bio-stratigraphiques et de faciès des radiolaires du Crétacé entre les domaines Austral et Tethysien, 3'000.-; Laurence Ruffieux, réserve énergétique et stratégies de reproduction chez les Ephéméroptères, 3 ' 000.- ; Georges Nicolas, SSP, géovision russe des Europes et de VEurasie, W'OOO.-; André Petitat, SSP, espace sémantique du secret, poursuite d'une recherche, 9'365.-.
La Fondation du 450' encourage la recherche scientifique,
notamment en contribuant au financement d'objectifs tels que:
a a a
aide à l'organisation de colloques;
contribution aux échanges internationaux;
appui aux publications de l'Uiversité de Lausanne;
complément aux subventions du Fonds national de la recherche scientifique (FNRS); don global à la Commission locale du FNRS.
Le nombre et l'importance des demandes présentées à la
Fondation du 450' ne cessent de croître.
Les contributions à la Fondation du 450' anniversaire peuvent
être adressées à la Banque cantonale vaudoise (BCV) Lausanne, cep 10-725-4, Compte 477-626.4.
BILAN AU 31 DECEMBRE 1995
COMPTE COURANT BCV
PLACEMENT À TERME
ACTIFS TRANSITOIRES
IMPÔT ANTICIPÉ À RÉSUPÉRER
PLACEMENT 6BW
SUBSIDES ACCORDÉS À PAYER
PASSIFS TRANSITOIRES
CAPITAL
INTÉRÊTS DISPONIBLES AU 31.12.94
RÉSULTAT DE L'EXERCICE
7150,65
U8W0,00
53'491,24
114,82
5'335'770,30
-56'656,86
•20'926,83
5'514'527,01
PASSIFS
FR.
83'698,40
800,00
5'507'520,30
•77491,69
S'514'521,01
COMPTE D'EXPLOITATION DE L'EXERCICE 1995
CHARGES
FR.
INTÉRÊTS G№
INTÉRÊTS DES PLACEMENTS À TERME
INTÉRÊTS DU COMPTE COURANT
SUBSIDES DU SERVICE DES HOSPICES CANTONAUX
REMBOURSEMENT SOLDE SUBSIDES
DONS À CAPITALISER
CHARGES
EMOLUMENTS DE SURVEILLANCE
FRAIS BANCAIRES
SUBSIDES PAYÉS
ATTRIBUTION DES DONS À CAPITALISER
EXCÉDENT DE CHARGES
TOTAUX
1100,00
142,78
355'340,00
1'550,00
358132,78
PRODUIÏS
FR.
218-082,61
3'540,32
433,02
91'600,00
12'000,00
1'550,00
20'926,83
358132,78
FONDATION DU 450E DE L'UNIVERSITÉ DE LAUSANNE / RAPPORT ANNUEL 1995-1996/IBROQUET, SPUL, MAI 1996
C O N T R O V E R S E
Des croisades aux guerres de religion, l'histoire dévoile
la violence du christianisme
Jiiquuiition, condamnations au BUCBEF pouF
sorcières et sorciers, pogroms ou guerres saintes,
le message pacifique du c B FUI t UNI UNIE s eét
souvent traduit par des actes d'une rare violence.
Explications. —»>
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C O N T R O V E R S E : L e s r e l i g i o n s s o n t - e l l e s v i o l e n t e s ?
Oui mieux que l'histoire peut témoigner
dè^ambivalence du christ ianisme, po r t eu r par essence d'un message pacifique et si souvent emprunt de violence? Le christianisme historique est semé de faits sanglants, comme les croisades ou l'Inquisition, qui ont utilisé la religion comme instrument de violence à des fins sociales, politiques et économiques. Professeur d'histoire médiévale à la Faculté des lettres de l'Université de Lausanne, Agostino Paravicini nous aide à retracer et comprendre ces événements peu glorieux.
«Pendant plus d'un mil-1 é n a i r e , l'Eglise s'est confondue avec le pouvoir. Et c'est cette connivence qui a motivé la violence, com- -mente Agostino Paravicini. A certains moments de l'histoire, la brutalité du christianisme est liée à des raisons doctrinales, mais dans la plupart des cas c'est parce que la religion est au service du pouvoir qu'elle peut devenir virulente. C'est le spirituel au service du temporel.»
C'est à partir de l'an 1000 que la période médiévale est marquée par une succession de manifestations violentes
Agostino Paravicini, professeur d'histoire médiévale à la Faculté
des lettres de l'Université de Lausanne
liées à des politiques de mise en ordre et de contrôle social. «Auparavant, l 'Europe subit trop d'invasions (Barbares, Vikings, etc.) et n'est pas assez forte pour se tourner vers l 'extér ieur», r emarque l'historien.
Les croisades
«En 1095, l 'Occident est mûr pour partir en «croisade» et aller reconquérir le Saint-Sépulcre à Jérusalem». A noter que le mot «croisade» n'apparaît dans les textes qu'après 1250. Les croisés et leurs contemporains parlaient plutôt de «voyage de Jérusalem», «voyage vers la Terre Sainte», «passage» ou encore «voyage d'outre-mer».
Les lieux saints ont toujours occupé une place importante dans la spiritualité de l 'Occident. Le voyage à Jérusalem et le culte des reliques constituaient des pratiques de piété. Ils avaient une valeur expiatrice des péchés et libératrice des maladies. C'est ce climat de vénération pour la Terre sainte «occupée» par les musulmans qui a favorisé les projets d'expansion soutenus par le pape. Et jusqu'au X V e siècle, l'Occident va se consacrer à cette entreprise qui combine ouverture vers le monde et violence.
«Le phénomène des croisades, qui ne se réduit pas à un simple phénomène de violence, résume la contra-
A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6
La conquête de l'Amérique (ici une image tirée du film
«Christophe Colomb») a pris l'allure d'une croisade violente et répressive
diction fondamentale du christianisme historique où la croix, symbole du Christ et de la paix, est utilisée à des fins belliqueuses», note le prolesseur Paravicini.
«Le concept de croisade s'étend aussi à d'autres domaines géographiques et historiques que la croisade traditionnelle.» Le pape Bonilace VIII (1294-1303), par exemple, prêche la croisade lorsqu'il veut combattre les cardinaux Colonna, ses rivaux. De même le combat contre les Maures pour la reconquête de l'Espagne au X I e
siècle peut être assimilé à une croisade. L'Europe médiévale utilise ce concept pour définir ses grandes entreprises de contrôle (politique, social, doctrinal) à l'intérieur et à l'extérieur du continent. Il sera ensuite repris et amplifié avec
SEAN CONNERY E MURRAY ABRAHAM
la conquête de l'Amérique qui prend elle aussi l'allure d'une croisade violente et répressive.
Les pogroms «En même temps que l 'Occident
part en croisade, les chrétiens d'Europe médiévale manifestent de la violence à l'égard d'autres groupes sociaux, reprend Agostino Paravicini. Le début du mouvement des croisades coïncide, à la fin du X I e siècle, avec les premiers pogroms et la mise en place de la répression des hérétiques. Pendant les siècles précédents, la cohabitation entre juifs et chrétiens était relativement
L'Inquisition est un autre exemple de violence à mettre au compte de la religion
pacifique. L'opposition se manifestait surtout sur un plan théologique. Mais à partir du réveil de l 'Occident sur le plan économique, la rivalité prend des dimensions sociales. Les juifs deviennent des boucs émissaires. Et jusqu'aux grandes exclusions de la fin du X V e , ils sont soumis à un jeu où s'alternent protection de la part des seigneurs et répression violente.»
On développe alors toute une série d'accusations imaginaires concernant les juifs, mais dont les conséquences sont réelles. Ils sont notamment accusés de tuer de jeunes enfants et de profaner l'hostie. «Les premiers cas remontent au X I I e siècle, précise M. Paravicini. Ensuite ces accusations deviennent fréquentes. A noter, comme rien n'est simple en histoire, que plusieurs papes, notamment au X I I I e
siècle, s'indigneront de telles accusations et tenteront de freiner ces mouvements où s'entremêlent accusations théologiques et désir de vengeance populaire.»
L'Inquisition
La lutte contre les hérétiques conduira la papauté à instaurer une véritable institution judiciaire plus connue sous le nom d'Inquisition. La procédure inquisitoriale laissait un temps de grâce à l'accusé pendant lequel il pouvait abjurer l'hérésie et être réconcilié moyennant une pénitence légère. «Ces règles judiciaires devaient permettre de protéger l'accusé, mais de fait ce désir de pourchasser tout hérétique a engendré de la violence, r emarque l 'his torien. Avec des moments d'apogée comme la célèbre guerre contre les Albigeois et les bûchers de Montségur. »
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C O N T R O V E R S E : L e s r e l i g i o n s s o n t - e l l e s v i o l e n t e s ?
La chasse aux sorcières
Au X V e , l'Europe connaît une nouvelle phase de violence avec la chasse aux sorcières. Alors que la lutte contre les hérétiques s'est essoufflée, elle apparaît comme une arme accusatoire qui semble fasciner les élites de la société, aussi bien laïques qu'ecclésiastiques. On va non seulement accuser les gens de ne pas croire aux dogmes de l'Eglise, mais de passer un pacte avec le diable et de faire partie d'une secte s'adonnant à toutes sortes d'orgie. «Cette secte est définie d'abord comme synagogue et prend ensuite le nom de sabbat, précise M. Paravicini. Pendant plusieurs siècles, on croira en Europe à l'existence d'une secte rendant hommage au diable et dont les membres sont définis comme sorciers et sorcières.»
Avant le X V e siècle, nous ne connaissons pas grand-chose des agissements de l'Inquisition en Suisse romande. Dans la chasse aux sorciers et sorcières, la région allant du Dauphiné au Valais occupe, en revanche, une place importante, puisque c'est là que sont attestés les premiers procès et qu'apparaissent les premiers textes élaborant le concept du sabbat. Le Duc de Savoie, les patriotes valaisàns et le Dauphin s'intéressent de très près à ce type d'accusations, voyant là un moyen d'asseoir leur autorité.
Nombre de procès record en Pays de Vaud
«Le concept même du sabbat est une construction de l'Eglise et des clercs. Il se fonde sur une demonologie à laquel
le s'oppose la doctrine de js l'Eglise. Toute l'histoire
des procès de sorcellerie montre encore une
fois la con-|L n i v e n c e
entre Eglise et pou
voir politique», souligne le
professeur Paravicini. La naissance de ce nouvel instrument
de répression sociale va connaître plusieurs formes de développement. D'une part, cette chasse devient de plus en plus misogyne. Si au début on compte aussi bien des hommes que des femmes parmi les victimes, elle (d'où le nom de chasse aux sorcières) finit par ne viser que des représentantes du sexe dit faible. Et la femme devient l'emblème de tous les maux de la société.
D'autre part, la familiarité avec le diable conduit à une utilisation de plus en plus systématique de l'exorcisme dont le but est de libérer une personne de l'emprise du démon par une série de rituels. L'arme de la sorcellerie comme contrôle social sera utilisée de manière encore plus systématique et drastique aux X V I e et X V I I e siècles, aussi bien dans les régions catholiques que protestantes. La série des procès de sorcellerie conduits dans le Pays de Vaud sous le régime bernois constitue l'une des plus riches séries de toute l'Europe. Entre 1580 et 1620 environ, plus d'une centaine de personnes sont les victimes de cette grande chasse aux sorciers.
La chevalerie
«La contradiction entre pacifisme chrétien et violence a accompagné toute l'histoire de l'Europe médiévale. Mais
elle a aussi suscité la réflexion. On était conscient de cette contradiction et bien des théologiens ont essayé de la résoudre et de trouver des justifications, explique encore M. Paravicini. C'est le cas de Bernard de Clairvaux qui a rédigé un grand traité pour justifier la naissance des ordres chevaleresques qui renvoient, par leur structure, à cette contradiction. Ce sont des ordres dont la finalité est spirituelle et religieuse, mais dont les membres, les chevaliers, portent l'épée. C'est une institution militaire à caractère religieux. On peut aussi citer l'exemple de la Guerre Jus te dont
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la justification à la fois juridique et théologique a été au centre des réflexions des canonistes et des théologiens de l'époque des croisades.»
Les guerres de religion
Comme on l'a vu plus haut, la fin du Moyen-Age marque la fin des croisades. Dès le X V I e siècle, la guerre devient interne: catholiques et protestants se combattent au nom d'une même religion. Entre 1562 et 1598, huit guerres, dites de religion, ensanglantent la plupart des provinces du royaume de
France. Chacune d'elles est suivie d'un édit de pacification que catholiques et protestants violent ouvertement. On situe la fin des hostilités à la signature, en 1598, de l'édit de Nantes par Henri IV. Pourtant, après la mort de ce dernier, la lutte armée reprend entre catholiques et réformés. Et ce sera la paix d'Alès, en 1629, et non l'édit de Nantes qui marqua la fin des affrontements. «Nous avons encore sous les yeux, en terre d'Irlande, un avatar de ces guerres», conclut Agostino Paravicini.
Isabelle Musy
Le cinéma (ici deux imago tirées du film «La reine Margot») s'est souvent inspiré des guerres de religion
A LIRE:
Les Cahiers lausannois d'Histoire Médiévale (section d'histoire, BFSH 2, 1015 Lausanne, fax 021/692 29 35), dirigés par Agostino Paravicini, ont publié plusieurs volumes en rapport avec le sabbat en Suisse romande. Notamment:
«Folâtrer avec les démons. Sabbat et chasse aux sorciers à Vevey» de Martine Os torero.
«La sorcellerie comme exutoire . Tensions et conflits locaux: Dommar t in 1524-1528», de Pierre-Han Cboffat.
«Trente ans avec le diable. Une nouvelle chasse aux sorciers sur la Riviera Iémanique (1477-1484)», de Em Mater (en cours d'impression).
«Françoise sauvée des flammes? Une Valaisanne accusée de sorcellerie au X V e siècle», de Sandrine Strolnno (en cours d'impression).
A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 3 3
C O N T R O V E R S E : L e s r e l i g i o n s s o n t - e l l e s v i o l e n t e s ?
L'histoire de l'humanité est truffée
d'exemples de guerres saintes et d'actes
sanglants perpétrés au nom d'une religion.
Peut-on parler de violence? Où les
religions, souvent porteuses d'un message
de paix et d'amour, puisent-elles ces accès
de brutalité?
Les religions sont-elles violentes?
Mondher Milani, professeur d'anthropologie
à l'Université de Lausanne
«Toute religion edt fondée dur la
violence»
D e même que chez Freud, l'acte fondateur du lien social est le
meurtre du père, l'acte fondateur de toute religion relève d'une violence primordiale. Et le sacrifice (humain ou animal) est une remémoration de cet acte», explique Mondher Milani, professeur d'anthropologie lausannois.
Le christianisme a supprimé la pratique du sacrifice sanglant. La figure du Christ en est la métaphore et l'eucharistie l'acte symbolique. Parce qu'il a été le plus loin dans la suppression des formes violentes du sacré, le christianisme a longtemps été considéré comme la forme de religion la plus a-chevée. «Les anthropologues du X I X e
siècle et plus tard utilisaient cela comme facteur de classement, remarque Mondher Milani. Plus une religion pratiquait le sacrifice, plus elle était considérée comme primitive.» La conquête de l 'Amérique s'est fondée sur cette
idée. Les Espagnols, choqués de voir les Aztèques pratiquer le sacrifice humain, les ont accusés de cannibalisme et les ont massacrés au nom du christianisme. Sans se poser la question de la légitimité de leur propre violence.
La notion de bouc émissaire
Le sacré est l'expression de l'ambivalence de la violence à la lois facteur de cohésion et destructrice de ce qui est différent. «A travers le sacrifice, la violence fondatrice s'exprime sur le corps d'un membre du groupe ou d'un bouc émissaire extérieur, précise l'anthropologue. Pendant vingt siècles, les chrétiens ont utilisé le juif comme bouc émissaire.
Mais cette figure du bouc émissaire est profondément ambivalente car le juif est cette partie en soi que le chrétien veut extirper. L'antisémitisme a toujours accompagné le christianisme, puisque ce dernier est né du judaïsme, et marque une volonté de rompre avec l'origine.»
Polythéisme et monothéisme
Le problème de la violence se pose différemment selon qu'il s'agit de religions polythéistes ou monothéistes. Les religions vénérant plusieurs dieux sont plutôt syncrétiques et donc ouvertes aux influences extérieures et à l'échange. Le monothéisme, en revanche, de par son message universaliste, est porté au prosélytisme. Et à l'exclusion de ceux qui refusent de se convertir.
Deux religions monothéistes comme le christianisme et l'islam se concurrencent et s'affrontent dans un même élan de message universel.«Si l'islam
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Les Espagnols, choqués de voir les Aztèques pratiquer le sacrifice humain, les ont accusés
de cannibalisme et les ont massacrés au nom du christianisme
considère les chrétiens et les juifs comme Gens du Livre, c'est-à-dire témoins des premières révélations, il ne les soumet pas moins à un statut mineur de protégé (dhimmi), précise Mondher Milani. Quant au christianisme, son rejet des autres religions, et particulièrement de l'islam, est plus fondamental. Cette dernière religion n'a-t-elle pas été considérée, en effet, comme une lausse religion et Mahomet comme un imposteur?»
Le christianisme est en effet la religion qui, historiquement parlant, a pratiqué la plus grande purification religieuse. Notamment dans le cadre de la reconquête catholique de 1492 en Espagne, qui a imposé définitivement, sinon dans la pratique du moins dans
l'idéal, l'équation «une nation, une religion, une culture».
Une catégorie autoritaire L'anthropologue montre enfin com
ment la religion sert encore de facteur autoritaire d'exclusion dans nos sociétés pourtant laïques. En Ex-Yougoslavie, par exemple, l 'argument religieux a été utilisé comme facteur de séparation et de discrimination. «Dans ce pays, la purification ethnique s'est surtout appuyée sur une purification religieuse. En France, on avance l'islam comme prétexte pour décréter les immigrés inassimilables, alors que de l'autre côté, certains sont prêts à refuser la loi laïque au nom d'une suprématie de la loi religieuse.»
Claude Welscher, assistant
au Département d'histoire et de sciences des
religions de l'UNIL
«Tout e<tt question de définition»
P our Claude Welscher , ass is tant et c o o r d i n a t e u r du D é p a r t e
ment in terfacul ta i re d 'h is to i re et de sc iences des re l ig ions , la p rob l é m a t i q u e repose d ' a b o r d sur les différentes déf in i t ions de la v io lence . « N o u s avons un r ega rd occ iden ta l
A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6
sur la v io lence et nous v ivons dans u n e socié té qui va lor i se l ' absence de conflit , où n ' i m p o r t e quel aff ron temen t est ressen t i comme une agress ion . Si nous p a r t o n s de p r é s u p p o s é s de ce gen re , nous r i s q u o n s de pas se r à côté de la ques t ion.» E t de c i ter l ' exemple de " slam que l 'on associe t rop souven t à la g u e r r e sa in te et au t e r r o
r i s m e et q u e l 'on dépe in t p a r conséq u e n t comme violent: «Ce n 'es t pas pa rce q u ' u n cer ta in
n o m b r e d 'ac tes sont légi t imés au n o m d ' u n e r e l i g i o n q u ' i l s s o n t r e p r é s e n t a
tifs de l 'essence de ce sys
tème re l ig ieux. N o u s essayons ,
en h is to i re et s c i e n c e s d e s
3 5
C O N T R O V E R S E : L e s r e l i g i o n s s o n t - e l l e s v i o l e n t e s ?
rel igions, de pe rcevo i r les sys tèmes rel igieux dans ce qu' i ls ont de cohéren t , en t e n a n t c o m p t e de leurs p r o p r e s p r é m i s s e s , q u ' o n les a p p r o u v e ou non.»
«Nous v ivons une é p o q u e où nous sommes faci lement pr i s de c o u r t p o u r p e n s e r le re l ig ieux qui «revient» non pas sous une forme t r ad i t i onne l l e mais de man iè re a n a r c h i q u e » , poursu i t - i l . C 'est pa r exemple le cas des «sectes». «Avant de p o r t e r é v e n t u e l l e m e n t un juge
ment, il faut essayer de c o m p r e n d r e c o m m e n t ça m a r c h e p o u r ceux qui les v iven t de l ' in tér ieur . P r e n o n s l 'OTs: les ma lve r sa t ions financières , p re s s ions exe rcées su r les m e m b r e s , le p h é n o m è n e de psychose col lect ive, e tc . , n ' on t p r o b a b l emen t r ien à voir avec la spir i tua l i té t empl iè re . Et même s'ils on t été légi t imés re l ig ieusement , il s 'agit s ans d o u t e d ' u n e v io lence p réex i s tan te et non in t r insèque à ce sys tème rel igieux.»
Gérald Berthoud, professeur à l'Institut d'anthropologie
et de sociologie de l'Université de Lausanne
«L'irréductible tension entre
la liberté individuelle
et l'appartenance culturelle et
sociale»
N ous vivons actuellement une tension à l'échelle planétaire.
Entre, d'un côté, un système de mondialisation économique qui cherche à s'imposer, et de l'autre, des groupes culturels et religieux qui s'organisent en contre-mouvements. Et qui veulent défendre leur identité. La coexistence de ces deux volontés engendre la violence», résume Gérald Berthoud.
Le pouvoir économique mondial ( F M I , Banque mondiale.. .) a un credo simple et clair: plus de croissance égale plus d'emplois. La croissance assure donc stabilité sociale et stabilité politique dans un système centré sur la libération de l 'individu, et cela dans le bien-être généralisé. «La liberté du capital et la mobilité du travail sont érigées en valeurs absolues, constate Gérald Ber thoud. La puissance du libéralisme global est telle que, même si tout le monde n'y croit pas vraiment, cette idéologie se transforme quand même en cul ture par tagée. Au point de rejeter toute critique, d'exclure toute interrogation fondamentale sur les enjeux du monde actuel.»
La concurrence, largement perçue comme une situation irréversible, est encore considérée comme «déterri-torialisée», destructrice de toute protection nationale ou régionale. Une telle société reste viable parce que l ' individualisme est érigé en vérité exclusive, note le professeur.
Face à ce mouvement, des résistances s'organisent. «Sous des formes diverses, des groupes intégristes disséminés à t ravers le monde promet-
3 6 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6
Gandh i , un e x e m p l e de non-violence
Maya Burger, professeure d'histoire
et sciences des religions à la Faculté' de théologie de Lausanne
tent de fournir un sens à la vie à des individus désorientés, observe Gérald Ber thoud. Fondamental is tes islamiques , in tégr i s tes ca tho l iques , sectes protestantes ou autres nient la par t individuelle de la condition humaine. Ils manipulent et adaptent au contexte moderne des tradit ions souvent pleines de sagesse, et les t ransforment en armes pour un combat idéologique. »
Pour le professeur, cette prétention à dire ce qui est vrai et bien pour l 'homme et la société consti tue, en partie du moins, une réaction extrême aux credos des «grands prêtres» du pouvoir économique mondial . «De ces deux violences, celle du capital tout-puissant et celle des commu-nautar ismes clos, résulte une double dérive qui nous menace tous, conclut Gérald Ber thoud. La visée mondia-liste des premiers détrui t toute cohésion sociale, et l 'enfermement part i-culariste des seconds nie toute réalité individuelle.»
Isabelle Miuy et Jocelyn Rochat
u'est-ce que la violence? Comment se manifeste-t-elle? Qui a subit? Pourquoi? A quel
moment? Autant de questions auxquelles les interve
nants du troisième cycle «Rel îgion et violence», organisé conjointement par les Universités de Neuchâtel, Fribourg et Lausanne, ont essayé de répondre. Pour Maya Burger, professeure d'histoire et sciences des
religions à la Faculté de théologie de Lausanne et co-organisatrice de ce troisième cycle, il n'existe pas une mais des violences, plus ou moins apparentes ou subtiles que l'on doit analyser au cas par cas. Elle a choisi de présenter, à partir du personnage de Gandhi, la problématique d'un modèle et contre-modèle de la (non-)violence en Inde. La société indienne intègre dans sa vision du monde la violence et la non-violence selon leurs fonctions spécifiques, explique Maya Burger. La violence est admise comme faisant partie intégrante de la vie. Les textes prônent la violence comme justifiée et nécessaire pour maintenir un ordre social idéal, comme par exemple en cas de sacrifice, de guerre et des devoirs du roi, comme le droit au châtiment. Selon les normes établies par l'élite à l'époque ancienne, la non-violence est née dans un contexte particulier de renoncement au monde. Les moines renonçants ne voulaient pas pratiquer de sacrifices rituels (meurtres d'animaux) pour éviter les conséquences de l'acte de tuer et ainsi s'assurer la libération des cycles de renaissances. On renonçait à tuer, précise Maya Burger, non pas par refus de la violence, mais pour ne pas
subir les conséquences du fait de tuer. Maya Burger explique ensuite comment Gandhi a proposé un contre-modèle à la société indienne en utilisant la non-violence, non pas comme un renonçant à des fins personnelles de salut, mais à des fins de conquête de liberté pour son peuple. Il a utilisé non-violence comme arme pour se débarrasser du joug des Britanniques. Il ne s'agit plus de libération hors du monde mais dans le monde. Et comme l'Inde ne pouvait devenir indépendante qu'en échappant au rôle de la victime, Gandhi a compris qu'il fallait d'abord se libérer soi-même avant de pouvoir se libérer des Britanniques. Il a pris sur lui cette libération en passant par une véritable purification de sa personne pour parvenir à ses fins. Il a cassé en quelque sorte le modèle hin-douiste et a engendré par là d'autres formes de violence. En refusant la violence, Gandhi a instauré la souffrance comme un contrepoids nécessaire à la violence. Il distingue entre le but qu'est la vérité (Dieu) et le chemin pour y arriver, qui est la non-violence. En voulant effacer toute forme de violence de la société, il la reporte sur lui-même notamment à travers le jeûne. Ainsi sa personne
devient le lieu d'un sacrifice qui n'exerce pas de violence sur les autres. Il y a quelque chose de magique dans sa pensée et cette vision d'un pouvoir énorme lié au fait de jeûner, conclut la professeure. Mais nous devons nous défaire de nos habi
tudes de pensée pour pouvoir comprendre que les questions de morale et d'éthique se posent d'une autre manière que pour nous.
I.M.
A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 3 7
C H I L L Ó N
'Iurner, Courbet et
Pietro Sarto t'ont
peint, Byron, Hugo et Rousseau L'ont chanté,
des centaines de milliers de touristes le
visitent chaque année. Pourtant, le
château de Chillon reste méconnu, par
la faute notamment de restaurations
successives qui rendent périlleuse
toute approche scientifique. A l'orée
de l'été, alors que les visiteurs venus
des quatre coins du monde se
bousculent pour entrer au cœur de
ce monstre de pierres aux pieds
liquides, «Allez Savoir!» vous |
propose une visite ombragée à
travers le temps.
— y p. 40
jt jj^^ tÊl tÊL 0Êi
3 8 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6
Le château de Chillon, ou l'histoire d'un géant paisible « illon offre un accord
proprement unique entre les éléments, un concert à trois voix, voix des eaux, voix des bois, voix des pierres, qui fait en vérité de ce lieu un des plus poétiques du monde »
Paul Bitàry
A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 3 9
C H I L L O N : L e c h â t e a u d e C h i l l o n , o u l ' h i s t o i r e d ' u n g é a n t p a i s i b l e
il est difficile de
remonter aux origines de ce lieu, des fouilles menées au X I X e
siècle témoignent d'une occupation défensive (probablement sous la forme d'une double palissade) dès l'âge du bronze, vers 1800 avant J . -C . Fortifié ensuite par les Romains, Chillon reçoit un donjon carré à la fin du I X e siècle. Pour pallier l'histoire encore muette, les bâtiments, divers objets et monnaies trouvés sur place parlent, laissant à penser qu'une petite garnison se trouvait alors sur le rocher, probablement pour surveiller et faire payer le transit de marchandises vers l'Italie qui empruntait le Grand-Saint-Bernard.
On date de cette même époque la plus ancienne partie du château aujourd'hui visible, la chapelle, dans laquelle on a retrouvé un reliquaire carolingien. Dans des circonstances non déterminées, la place forte passe des mains de l'évêque de Sion à celles des comtes de Savoie en 1150. Son histoire devient alors compréhensible grâce à la comptabilité rigoureuse tenue par les nouveaux seigneurs. «Pourtant tout reste à faire, explique Daniel de Raemy, historien des monuments, licencié en lettres de l 'UNIL, qui prépare une thèse sur les innovations dans l'architecture militaire régionale apportées par la Maison de Savoie aux X I I I e et X I V e siècles. Conservées à Turin, les archives de Savoie permettraient d'en apprendre plus sur le Chillon médié-
Daniet de Raemy, historien des monuments, licencié ès lettres de l'UNIL,
devant le château de Grandson
val que nous n'en savons sur le Louvre par exemple, mais personne n'a a-chevé à ce jour la tâche monumentale et remarquable entamée par l'archéologue Albert Naef au début de ce siècle, tâche interrompue par manque de moyens financiers pendant la crise des années 1920.»
Un goulet prospère
Dès le X I I I e siècle,
Chillon sert de point
d'appui aux conquêtes
savoyardes vers le Nord,
en direction de Berne et Fribourg. A
cette époque, et jusqu'en 1320 environ,
les comtes résident souvent au château,
mais de manière intermittente. En effet,
les cours médiévales se déplaçaient
continuellement d'une province à
l'autre avec meubles, tentures et objets
— y P- 43
Les cours médiévales se déplaçaient continuellement d'une province à
l'autre avec meubles tentures et objets quotidiens, au gré de la situation politique
La douce conquête des Savoie La Savoie, pour beaucoup de
Romands, c'est avant toute chose
ces belles montagnes qui viennent
se mirer dans les eaux du Léman.
D'autres y voient prioritairement
un massif alpin rêvé pour la
pratique du ski ou de la
randonnée. Mais pour les
historiens, sportifs ou non, la
Savoie représente une grande
famille de comtes, puis de ducs
dès 1416, qui occupe le nord du
Léman dès les premières années
du XIIIe siècle.
« un subtil jeu d'hommages
vassaliques»
« C'est surtout sous Pierre II que la
présence savoyarde en pays de
Vaud prend des allures de con
quête, précise le professeur
d'histoire médiévale de l'UNIL
Agostino Paravicini. Mais une
conquête douce. Pas de grands
sièges, ni de combats sanglants:
par un subtil jeu d'hommages
vassaliques, les Savoie parvien
nent à soumettre la noblesse vau-
doise dès 1240. Cette présence
laisse aujourd'hui encore des tra
ces indélébiles dans le patrimoine
vaudois, puisque les Savoyards
fondent notamment Châtel-Saint-
Denis, Morges et Rolle, restruc
turent Yverdon, construisent de
nombreux châteaux (Morges,
Yverdon, La Tour-de-Peilz,
Romont, Estavayer, etc.). Grâce à
une organisation administrative
et fiscale très développée, la Mai
son comtale de Savoie s'implante
dans toute la région. Seul Lausan
ne échappe à cette domination:
l'évêque conserve ses prérogati
ves, ses territoires tel Avenches, et
continue même à frapper mon
naie pour tout le Pays de Vaud.»
« on trouve la trace d'architectes
vaudois»
«A cette époque (1240-1320), les
Savoie sont familialement liés au
trône d'Angleterre: de nombreux
Vaudois suivent le comte sur les
îles britanniques pour y occuper
des places importantes. Othon 1er
de Grandson, dont le tombeau se
trouve à la cathédrale de Lausan
ne, connaît même une carrière
diplomatique internationale
fulgurante. En 1291, il dirige le
siège de Saint-Jean d'Acre et
devient le conseiller personnel du
roi Edouard 1er d'Angleterre. Ebal
II de Mont (sur Rolle), quant à lui,
finit sa vie comme châtelain de
Windsor en charge de l'éducation
des enfants du couple royal.
Suite à cette émigration
volontaire, on trouve également la
trace d'architectes vaudois parmi
les concepteurs de plusieurs
châteaux britanniques.»
« des signes d'essoufflement se
font sentir»
«La prédominance savoyarde en
Pays de Vaud perdure jusqu'au
XVIe siècle, poursuit le professeur
Paravicini, mais des signes d'es
soufflement se font sentir bien des
décennies avant. Il n'est pas facile
de conserver un territoire aussi
vaste et hétérogène que celui des
Savoie qui va de Nice à Berne en
passant par Turin, mais c'est sur
tout la conquête des Bernois du
Pays de Vaud (1536) qui mettra un
terme à la présence de la Maison
de Savoie au nord du Léman.»
Néanmoins, la Savoie n'a pas fini
de marquer l'histoire: dès 1720, le
duc de Savoie devient roi de Sar-
daigne, avant d'être également roi
d'Italie depuis 1861 grâce à Vic
tor-Emmanuel II, grand précur
seur de l'unité italienne avec son
ministre Cavour. Le dernier
membre régnant de la Maison de
Savoie fut Humbert II, roi d'Italie
du 9 mai au 13 juin 1946, juste
avant que les Transalpins ne se
prononcent à une courte majorité
pour la république par référen
dum populaire.
N1
A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6
C H I L L Ó N : L e c h â t e a u d e C h i l l ó n , o u l ' h i s t o i r e d ' u n g é a n t p a i s i b l e « L i a . prison du martyr est devenue un temple et son pilier un autel. Tout ce qui a un cœur noble et amoureux de la liberté se détourne de sa route et vient prier là où il a souffert. On se fait conduire droit à la colonne où il a été si longtemps enchaîné; on se courbe vers la dalle creusée pour y retrouver la trace de ses pas; on se cramponne à l'anneau auquel il était attaché »
Alexandre Duina.i
tage financier. Ceci explique que le Bailli savoyard (fonctionnaire important dirigeant plusieurs châtellenies) soit installé à Chillon. Mais ce péage ucratif s'étiolera dès le début du X I V e
siècle, au profit du Gothard.»
Un pape à Chillon
Pour lutter notamment contre les comtes de Genève, la Maison de Savoie possédait aussi une flotte de galères à Villeneuve. A cette époque, Chillon sert donc tout à la fois d'arsenal, de prison, de caserne, de cour de justice, de centre du pouvoir, de lieu de réception d'ambassades, de protection portuaire et de résidence. Mais le château est peu à peu délaissé par les comtes, au profit de régions plus agréables, comme Tho-non, Evian, Morges ou Genève. Dans un Chillon délaissé, seuls cinq ou six hommes demeurent. Sans oublier les prisonniers qui s'y succèdent: sorcières, hérétiques, voleurs et Juifs que le sei
gneur avait l'habitude de rançonner en les accusant d'être la cause des épidémies de peste. Ses ultimes heures de gloire médiévales, Chillon les connaît lorsque l'antipape Félix V (Amédée VIII, duc de Savoie)y séjourne en 1442 avec sa cour.
Froid et sombre Chillon...
Le milieu du X V e siècle marque le déclin de la puissance des Savoie en Pays de Vaud. Endettée auprès de plusieurs villes helvétiques notamment, la grande famille ducale cède sous l'avancée des Bernois. Ceux-ci s 'appuyent sur la flottille genevoise pour faire tomber Chillon en 1536. Les galères savoyardes sont coulées, un canon placé sur les hauteurs met le feu aux toitures et le prisonnier le plus célèbre du château, François Bonivard, prieur de Saint-Victor à Genève, est libéré.
Sous l'occupation bernoise, le rocher du bout du lac garde ses fonctions administratives et carcérales: dans les geôles, quelques indépendantistes vau-dois succèdent aux sorcières. Ar-chitecturalement, la bâtisse ne connaît plus de grandes transformations extérieures depuis l'an 1300, mais on l'adapte au développement des armes à feu: ony perce des canonnières et des meurtrières à trous de serrure. A côté des prisons, les Bernois soignent leurs caves pour conserver le fruit des meilleurs cépages de Villeneuve. Par contre, le château semble de moins en moins propre à l'habitation. Si le bailli
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C H I L L Ó N : L e c h â t e a u d e C h i l l ó n , o u l ' h i s t o i r e d ' u n g é a n t p
y loge, il se plaint régulièrement du manque de confort. Il sera autorisé à habiter Vevey dès 1733! On en profite pour transformer partiellement la forteresse en hôpital d'invalides en 1793.
Prisonniers choyés
Avec la révolution vaudoise de 1798, Chillon quitte l'histoire pour entrer dans la légende. Ses murs abritent presqu'uniquement caves, prisons et salles d'arsenal. Changement de patois dans les geôles: Bernois et catholiques du Sonderbund (1 evêque du diocèse de Lausanne entre autres) prennent les fers des Vaudois, c'est de bonne guerre! Plus de pape, de duc ou même de comte dans l'auguste demeure, seul un concierge y loge: on est loin des fastes d'antan.
Même les conditions de détention ne sont pas aussi lugubres que les murs austères de la forteresse pourraient le laisser croire. Pour preuve cet extrait d'un livre qu'Albert Naef, archéologue, professeur à l 'UNIL et spécialiste de Chillon, rédigea en 1922: «Cette prison n'avait plus rien de terrible; elle l'était même si peu, que nombre de prisonniers souhaitaient ardemment y revenir! (...) Leur principale occupation consistait à tenir en ordre la cave du bienveillant Directeur, à s'assurer
« O h i l l o n , ton cachot est pour nous un lieu saint,
Ton pavé, son autel où se creuse un chemin
Comme dans le gazon foulé d'une prairie.
Cy es pas de Bonivard dans sa ronde infinie
Que nul, jamais, n'en vienne effacer le dessin:
C'est un appel à Dieu contre la tyrannie »
Lord Byron
Comme prison, Chillon n 'était pas aussi terrible qu 'il en a l'air aujourd'hui
que le «Villeneuve»y était toujours bon et frais, à pêcher à la ligne, à inscrire leurs impressions sur les murs, et à rafraîchir régulièrement les pas de Bonivard pour ne pas laisser disparaître ces traces «historiques» chères aux visiteurs.»
Apogée romantique
«Paradoxalement, cette période vaudoise des X V I I I e et X I X e siècles est la plus méconnue, regrette Daniel de Raemy. On sait qui y vient, mais
on ne sait pas précisément ce qui s'y passe et ce qu'on y construit. Des écrivains tels que Dickens, Goethe, Andersen ou Hemingway y font halte, d'autres tels Hugo, Rousseau, Flaubert ou Byron en parlent dans leur oeuvre: cet élan romantique va être hau t emen t favorable à l'exploitation touristique du site, mais préjudiciable à la connaissance de son histoire. Bien que les romantiques aient su apprécier le château avec ses transformations in té r ieures ta rd ives des X V I I I e et X I X e siècles, on entreprend diverses restaurations dès le début du X X e
afin de restituer les styles en vogue à l'époque: le gothique et le médiéval. On reconstitue donc les espaces, portes et fenêtres depuis longtemps disparus dont on retrouve les
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C H I L L Ó N : L e c h â t e a u d e C h i l l ó n , o u l ' h i s t o i r e
• Aujourd'hui lu touristes
se cramponnent à l'anneau auquel Bonivard était attaché
traces, on récupère des objets à droite et à gauche pour faire plus vrai que vrai: ainsi le solivage n'est-il pas d'origine, ainsi un platond entier d'une maison de Villeneuve est transporté puis reconstitué à Chillon!»
«Ce fleuron de notre patrimoine national, classé monument historique en 1891, est, d'un point de vue scientifique, victime de sa popularité héritée du romantisme, conclut Daniel de Raemy. Il ne montre plus aujourd'hui ce qu'il a vraiment été au Moyen Age, mais est devenu une interprétation, romantique d'abord, archéologisante ensuite, du Moyen Age retrouvé à la fin du siècle passé. Il n'en perd pas pour autant son intérêt, au contraire. »
Image d epinal helvétique au même titre que le Cervin ou le pont de Lucerne, Chillon n'a que faire de ces considérations. La forteresse domine fièrement les flots du Léman. D'autant plus fièrement que ses concurrents prennent du plomb dans l'aile: le pont de Lucerne a brûlé et la propriété du Cervin est revendiquée par les Italiens. Chillon, superbe , imper turbable , content d'avoir servi la paix plutôt que la guerre, reste profondément suisse, insubmersiblement vaudois. Ne lui rappelez donc surtout pas qu'il fut savoyard et bernois.
Nicobu Imhof Reportage photo: Nicole Cbuarà
La Fondat ion de Savoie à L a u s a n n e
Les liens de la Maison de Savoie avec le Pays de Vaud sont non seulement historiques, mais égale
ment scientifiques. En effet, si les archives officielles (remarquablement conservées et documentées) des Savoie se trouvent à Turin, il existe également des archives à prédominance iconographique à Lausanne (Fondation Humbert II de Savoie). Celles-ci permettent notamment de monter des expositions telle que celle sur le Pays de Vaud et la Maison de Savoie, de promouvoir des recherches et de favoriser la publication d'ouvrages.
Vers la fin de son existence, l'ancien roi d'Italie Humbert II songea même à acheter le château d'Allaman pour y stocker ces archives. Mais il décéda en 1983 avant d'avoir pu mener ce projet à bien: les documents furent donc déposés aux archives cantonales de Lausanne. Ironie du sort, lorsque l'on sait que la capitale vaudoise fut une des rares villes du canton à ne jamais tomber complètement sous la prédominance savoyarde entre le XIII e et le XVI e siècle!
N.I.
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Chil lón t o u r i s t i q u e c h a m p i o n t o u t e s c a t é g o r i e s
< t̂/e n ai jamais vu
monument plus effrayant élevé par la tyrannie insensible et inhumaine que l'homme s'est délecté à exercer sur l 'homme... »
Percy Shelley
as de doute, le château de Chillon est un atout touristique primordial pour la
région montreusienne. Avec plus de 288'000 visiteurs en 1995 (record: 350*000 en 1990), la forteresse est certainement le monument à entrée payante le plus visité de Suisse. Et ce succès est presque aussi vieux que Jeanne Calment puisque le début de l'exploitation touristique correspond à peu près à la naissance de la fondation pour la restauration du château en 1887. Aujourd'hui, 109 ans plus tard, on attend le 15'000'000 ème visiteur pour le mois de septembre 1996. Impressionnant! Les Helvètes, sans distinction de rôs-tigraben, représentent toujours la communauté la plus nombreuse à venir voir le rocher. Mais Allemands, Français, les incontournables Japonais (13% de la clientèle), les Américains ou Anglais ne sont pas en reste, suivi par des Italiens, Espagnols, Hollandais, Polonais, Russes, Chinois ou autres Suédois. Ouvert toute l'année, Chillon est aujourd'hui une
véritable PME à vocation internationale. Pour faire tourner cette en
treprise, il faut un intendant, Robert Herren, neuf gardiens et une quinzaine de guides touristiques. Le château est aussi le théâtre de quelques concerts de musique classique ou médiévale, ainsi que l'endroit choisi pour une quarantaine de somptueux banquets par année. Banquets, gardiens et musique médiévale: pour un peu, on pourrait croire que rien n'a changé à Chillon depuis plusieurs siècles si quelques touristes peu avertis ne demandaient: «Y a-t-il des crocodiles dans les douves?» ou «Pourquoi avoir construit le château si près de l'autoroute?» Heureux constat: nous aurons toujours besoin de maîtres d'histoire...
N.I.
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Ml
A C T U S
La formation continue universitaire,
pour qui et pour quoi? La formation continue prend son essor en Suisse. C'est du moins ce qui ressort d'une enquête récemment publiée par l'Office fédéral de la statistique, selon laquelle près de deux millions de résidents auraient suivi au moins un cours dans la période allant du mois d'avril 1992 au mois d'avril 1993.
Une tendance semble se dégager: les personnes possédant un (relativement) haut niveau de qualification seraient celles qui font le plus souvent appel aux ressources de ce type de formation. D'où l'importance du volet universitaire. Les exemples et réflexions qui suivent, basés sur les cours proposés par l'Université de Lausanne, devraient donner une idée de ce que les Hautes Ecoles peuvent apporter en la matière.
Les cours de formation continue dispensés dans le cadre des universités et écoles polytechniques sont destinés en priorité à des professionnels de formation universitaire (ou jugée équivalente), souhaitant se tenir au
courant d'évolutions récentes dans leur discipline, approfondir leurs connaissances, se spécialiser davantage, voire se réorienter. Sont concernés aussi bien des particuliers que des entreprises ou des administrations. Ce qui fait la spécificité de ce type de formation, c'est d'une part l'offre d'un espace de réflexion, qui permette une prise de distance par rapport à la pratique quotidienne d'une activité professionnelle. D'autre part,
durant les cours, un échange et une dynamique s'instaurent entre des personnes de milieux professionnels différents, tout comme entre les enseignants et les enseignés, ce qui conduit souvent à l'apparition de solutions nouvelles. Cela fut le cas notamment lors du cours «Mauvais traitements envers les enfants et les adolescents; se former pour mieux prévenir», durant lequel des juristes, éducateurs, psychologues... - tous
concernés par le même problème - ont pu constituer de manière informelle un réseau de compétences et de complémentarités réunies pour l'occasion. Enfin, la mobilité professionnelle devenant de plus en plus la règle dans notre société, les demandeurs recherchent souvent des contenus de formation «réutilisables» à moyen ou long terme. Pour citer Claude Rou-lin, responsable du Service d'orientation et conseil de l'UNIL,«... la fragilité et l'instabilité des emplois poussent de nombreux travailleurs à acquérir des savoirs et des savoir-faire aisément transférables - donc souvent de niveau universitaire».
Queb courd, pour quels prix?
En ce qui concerne l'Université de Lausanne, l'offre actuelle propose un vaste éventail de cours (voir encadré), sous la responsabilité d'un ou de plusieurs professeurs, pour des durées et des prix variables. Ces variations sont fonction entre autres du subventionnement éventuel1, des frais de voyage - s'il est
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A C T U S
fait appel à des intervenants extérieurs - et des tarifs usuels pratiqués par les enseignants, en fonction de leur provenance et du marché des cours. Selon Monique Baud, responsable du Service de formation continue de l'UNIL, il faut compter en moyenne Fr. 200.- par personne et par journée de cours 2. Dans certains cas, les droits d'inscription sont moins chers si la personne qui veut s'inscrire est étudiant-e ou travaille au sein de l'UNIL. Dans d'autres, le cours est divisé en modules auxquels les participants peuvent s'inscrire de manière séparée. Si l'intéressé est employé ou cadre d'une grande entreprise ou d'une administration, il ne perdra sans doute rien à demander à négocier avec son employeur le financement du cours! Les autres devront souvent y aller de leur propre poche, à moins de faire appel à l'assurance-chômage, cas rare mais pas impossible.
Les cours se passent en général la journée, regroupés et compactés, ce qui est é-galement compréhensible au vu des exigences-horaire du public-cible majoritaire, à sa
voir des personnes en emploi. Une exception notoire, dès la rentrée 1997, sera la formation du MBA (Master in Business Administration - postgrade en HEC), qui deviendra possible en cours d'emploi et aura lieu notamment le soir. A signaler aussi le développement de l'enseignement à distance, avec un exemple récent en linguistique française.
Jérôme Ducret
NOTES: 1 Les universités et EPF
suisses disposaient, pour la
formation continue et jusqu'à
fin 1995, de subsides
fédéraux, subsides qui ne sont
plus disponibles.
2 Pour tout renseignement,
prière de contacter le Service
de formation continue de
l'UNIL, ВЕР, 1015 - Lausanne.
Tél. 021/692 22 90.
Fax. 021/692 22 95.
Adresse internet
http://www-sfc. uni ch/
• LE DR Y. SCHÙTZ DÉMONTRE AUX PARTICIPANTS DU COURS SUR LA NUTRITION HUMAINE -L'UN DES BEST-SELLERS DE L'UNIL - LE FONCTIONNEMENT DU BOÎTIER VENTILÉ, QUI SERT À MESURER INDIRECTEMENT LA CONSOMMATION ET PRODUCTION DE CALORIES AU REPOS.
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A C T U S
A/6: les cours qui
sont (brièvement)
présentés ici ne forment
qu'une partie de l'offre
de l'UNIL, qui touche
l'ensemble des facultés.
Lettres:
Traduction littéraire. Destiné aux traducteurs, enseignants et professionnels de l'écrit, de langue maternelle française, avec de bonnes connaissances d'allemand. Ce cours leur donne un aperçu des spécificités de la tra-
Petit extrait oes cours
de formation continue
proposés à Г UN IL
duction littéraire (perfectionnement pour les traducteurs littéraires), en prenant comme base de travail des textes d'auteurs germanophones (entre autres F. Durenmatt,
E. Canetti et N. Maienberg). Il aura lieu en quatre fois deux jours, de novembre 1996 à février 1997 - délai d'inscription fixé au 15 août 1996, prix Fr. 6 0 0 -
L'ÉQUIPE DU SERVICE DE FORMATION CONTINUE (DE GAUCHE À DROITE: SUSY WAGNIÈRES, RENÉ LEVY, MONIQUE BAUD, SABAHETA BASINAC, DANIÈLE NICOLET.
Médecine:
Certificat en nutrition humaine; pour compléter ia formation des médecins, phar-macien-ne-s, biologistes, biochimistes, ingénieurs en sciences alimentaires et dié-téticien-ne-s dans le domaine de la nutrition humaine fon-
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damentale et clinique. Le cours est composé de 5 modules, des éléments de base de la nutrition humaine aux rapports entre nutrition et toxicologie, un module étant destiné exclusivement aux dié-téticien-ne-s. Chaque unité, d'une à deux semaines, peut être suivie indépendamment, et donne droit à une attestation de cours. Un certificat est délivré à ceux et celles qui ont participé au premier module et
à quatre autres à choix, plus rendu un travail écrit. Le délai d'inscription est fixé à fin septembre, ou avant le début de chaque module. Prix: Fr. 3'000.- pour l'ensemble, ou Fr. 1 '200 - pour le module 1 et Fr. 600 - par module pour le reste. Les cours en diététique coûtent Fr. 750 - (prix spécial pour les membres de l'Association suisse des diététiciens).
L'Ecoles des HEC, un cas
un peu particulier
E lle a été l'une des premières à se lancer à fond dans le développement de cours de formation continue pour des raisons notamment d'orienta
tion de l'enseignement, très axé sur la pratique de la gestion et du management. On y distingue cours interentreprises, abordant des sujets d'intérêt général, et partenariat avec des organisations économiques, administrations et associations. Dans la première catégorie, signalons le séminaire sur «La gestion de l'information comme outil stratégique en marketing», qui sera proposé en décembre 1996. Il existe aussi du «sur mesure», destiné spécifiquement à une entreprise ou à un groupe d'entreprises. Selon le Prof. Bernard Catry, délégué de l'Ecole à la formation continue, ce dernier type de cours s'adresse en grande majorité à des entreprises implantées en Suisse romande, qu'il s'agisse de multinationales
tifique, mais concernées par ce thème sur le plan professionnel: juristes, responsables des brevets, avocats d'affaires, investisseurs, journalistes, responsables dans les domaines de l'administration, de la politique et de la religion, par exemple. Formation universitaire (ou jugée équivalente) exigée. Du 21 au 23 octobre, pour Fr. 850 - (collaborateurs des universités, Fr. 350.-), délai d'inscription fixé au 13 septembre 1996.
Sciences: Avenir et problèmes des re
combinaisons génétiques; introduction à la biotechnologie végétale. Pour acquérir des connaissances fondamentales dans le domaine des biotechniques végétales, et pour pouvoir se forger une opinion dans ce domaine. L'originalité de ce cours réside dans le fait qu'il est destiné à des personnes non spécialisées dans le domaine sclen-
ou de PME. Le principe du «sur mesure» veut que l'on négocie avec le partenaire concerné pour définir les besoins spécifiques et les traduire en objectifs pédagogiques. Cela peut déboucher sur un effort de longue durée, par exemple un cycle de formation sur trois ans, comme c'est le cas actuellement avec Migras. Même approche pour Mercedes-Benz: le siège de Stuttgart a choisi HEC comme partenaire romand de la Haute Ecole de Saint-Gall, dans le cadre d'une formation des concessionnaires automobiles conçue spécifiquement pour le constructeur allemand. La BCV offre quant à elle un exemple intéressant de ce que la formation continue universitaire peut accomplir, puisque les cours, dispensés principalement par des enseignants en HEC, s'adressent en définitive à toutes les catégories de collaborateurs de la banque. Ces derniers se verront proposer comme travail préliminaire un questionnaire par lequel ils pourront transmettre leur vision de l'esprit à promouvoir au sein de l'entreprise. Du sur mesure jusqu'au bout, en somme, et tout cela à des tarifs concurrentiels si on les compare à ceux des institutions privées!
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L'UNIL au Salon «Computer 96»
C'est à l'installation à Dori-gny d'une borne interactive novatrice que l'Université doit son invitation en qualité d'hôte de l'édition 96 du salon d'informatique «Computer».
Pour élargir la présentation des nouvelles technologies de communication utilisées à l'UNIL et dans les Hautes Ecoles lausannoises, cette participation a été élargie à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), à la Bibliothèque cantonale et universitaire (BCU) et à l'Ecole cantonale des arts de Lausanne (ECAL). Cette présence a souligné la collaboration entre ces Institutions et montré l'éventail des compétences développées à Lausanne.
Koala, le robot automobile dirigé depuis l'ordinateur
D'une surface de 102 m 2, le stand composé de structures métalliques et envahi d'ordina
teurs illustrait la notion de réseau sur lequel se
greffaient les 12 exposants. Il fut
réalisé par des étudiants en d e s i g n graphique et
design industriel de l'ECAL
Outre la borne Cybcérone, l'UNIL y présentait le CD-ROM Laennec, programme d'enseignement médical interactif dans le domaine de la pneumologie, primé lors de la European Académie Software Awards 1994, les programmes d'informatique de gestion proposés par l'Ecole des HEC ainsi que le logiciel Vidéo Assist développé par l'Institut Inforge pour l'analyse de bandes vidéo et le projet
Ariane réalisé à Lausanne dans le cadre du projet européen ARIADNE.
Dans l'éventail de ses réalisations et projets, l'EPFL avait
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I N T E R N E T Ballade sur le serveur
w w w de l ' U N I L
Java: une borne qui swingue La borne interactive de
l'Université est installée depuis octobre 1995, au second bâtiment des facultés des sciences humaines (BFSH2). Elle renseigne le visiteur de l'UNIL sur les conférences du jour - dont les détails défilent sur l'écran - et permet par pression des doigts de naviguer sur le plan du site, dans l'annuaire du personnel et dans la liste des facultés et services administratifs.
Première utilisation mondiale du langage de programmation Java sur un serveur public, cet interface a bénéficié de l'appui de la société informatique SUN Microsystems. La borne a été conçue et réalisée par
une petite équipe mandatée par le professeur François Grize de l'Institut d'informatique de la Faculté des sciences et dirigée par Mehdi Aminiam, assistant. Ses prestations sont en train de migrer sur le serveur Web de l'Université. Le premier élément à y être déposé est le Mémento des conférences et cours spéciaux (http: www.unil.ch/spul/memento.ht ml). Il permet d'afficher par date, période de temps ou faculté les conférences, colloques et congrès organisés à ou par des instituts ou cliniques de l'UNIL. Ces informations sont d'ailleurs rédigées, en grande partie, par les enseignants eux-mêmes.
A.B.
choisi Koala, robot automobile dirigé depuis l'ordinateur, et Artscreen, nouvelle technique de trame mise au point avec les élèves de l'ECAL
Dimension PIXEL: au printemps 95, ce fut
une exposition au Musée des arts décoratifs de Lausanne, c'est aussi un CD-ROM gravé par l'ECAL, tous deux lieux de rencontre des départements de
l'Ecole, de l'EPFL et des milieux industriels concernés par l'art et l'image.
Les bibliothécaires-documentalistes de la BCU guidaient les visiteurs du stand sur les réseaux multiples et les bases de données constituées par les bibliothèques et leurs services documentaires.
Accessible depuis la plupart des stands du salon, Internet l'était aussi depuis les ordinateurs du stand, sous le guidage des nombreux fans de l'UNIL.
Axel Broquet
La collaboration Vaud-Genève est en marche. Sur Internet, elle se concrétise par un lien informatique entre les serveurs des deux Universités de Lausanne et de Genève et par la présentation du Diplôme commun d'études supérieures en sciences naturelles de l'environnement (http: www.unige.ch/forel/dessne. html).
Née en 1994, la bibliothèque de chimie (BiChi) met en commun les documentations, collections et ouvrages de l'UNIL et de l'EPFL dans ce domaine scientifique. Son serveur (www-bi-chi.uni.ch/ bibl.htm/#aaa) donne accès à ses catalogues et ouvre une large fenêtre sur des bibliothèques suisses, européennes et, via l'Université de Berkeley, sur celles des autres continents.
Cette volonté d'ouverture se retrouve dans le serveur du Service de la formation continue qui, à côté de ses programmes, présente ceux de ses homologues en Suisse, les cours postgrades de l'UNIL, les postformations de l'EPFL et relie à
- Netscape: tlill'HI dp Itrolt» I I P S Haulps Ltodes Commerciale*
l'Open university anglaise (www-sfc.unil.ch/SFC-Pre-sentation/French/FC-autres).
Autres sites d'intérêt: celui de l'Institut suisse pour l'étude de l'art (www.unil.ch/isea) avec ses ouvertures sur les musées de Suisse et celui de la Section d'italien de la Faculté des lettres (unil.ch/ital/) avec ses bases de données concernant les ouvrages sur Machiavel parus entre 1969 et 1990 et sur les textes écrits durant la dernière décennie par les auteurs italiens résidant hors de leur pays d'origine.
Pour le plaisir de l'œil, vous pouvez aussi consulter le serveur du Centre audiovisuel de l'UNIL (www.unil.ch/cav) avec sous «Infographie» une belle série de photos de l'UNIL et de son site naturel.
Nouveauté: le Mémento â'Uniscope, l'hebdomadaire de l'UNIL, est sur le Web. Pour se renseigner sur les conférences et colloques, il suffit de consulter sur le net «www. unil.ch/spul/memento.html».
A.B.
<<* ft me 8 ft Horn» Filiti Op.* Print FM Slit.
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Allez savoir! et Unucope sont d e u x pub l i ca t ions
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le S e r v i c e de presse de
l ' U N Ï L .
Allez savoir! paraît trois fois
par an à intervalle trimestriel;
sa quatrième parution est rem
placée par celle de Synergies, magazine des
Hautes Ecoles de Suisse occidentale.
Unutcope est le journal interne de l 'UNIL. Hebdoma
daire en période de cours, il est mensuel durant les
vacances. Il contient notamment le mémento des confé
rences et des cours spéciaux, l'agenda des activités cul
turelles organisées au sein de notre Haute Ecole ainsi
que des articles présentant la vie sociale et scientifique
de l'institution.
Si vous êtes déjà
sur la liste des desti
nataires de ces publi
cations, nous vous re
mercions de l'intérêt
que vous portez à leur
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dessous et l'envoyer au Service de presse de l'Univer
sité de Lausanne, BRA, 1015 Lausanne, nous le faxer
au 021 / 692 20 75 ou manifester cet intérêt
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Nestle
Le Centre de Recherche Nestlé fait partie d'un réseau international de Recherche et Développement. Avec quelque 600 collaborateurs, il permet à Nestlé, leader mondial
de l'industrie alimentaire, de relever les défis permanents,
présents et futurs, de alimentation et de la nutri
tion. Guidé par l'impératif de la qualité et de la sécurité, il respecte la matière première jusqu'au produit fini dans votre assiette.
The Nestle Research Centre, with some 600
staff, is part of an international Research and
Development network. With quality and safety as
guidelines, research complies with the raw materials up to
the finished product on your table. Nestle, the world's leading food company can thus respond to the constant challenges in food and nutrition, both today and for the future.