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    ÉTUDES ROMANES DE BRNO32, 2011, 1

    VENDULA SOCHORCOVÁ

    L’ENNEMI DE BAUDELAIRE – LE TEMPS COMME UNE DES

    COMPOSANTES DU SPLEEN BAUDELAIRIEN

    Dès sa naissance, Charles Baudelaire se reconnaît enfant déshérité, destinéau malheur. En regardant son œuvre de près, on remarque tout de suite que la oiee bdeliriee e e rééit q’ prix d’ grd lie, d’emélancolie inguérissable.1 C’est une douleur de l’âme, une inquiétude existen-tielle, une angoisse inexplicable, un sentiment d’inadéquation à soi et au monde.Bdelire l’ppelle « plee ». Il ne s’agit pas seulement d’une forme exaspéréedu mal du siècle de ses précurseurs romantiques mais d’un état pathologiqueqi et prfoi i bol q’il pred êe « le proportio de l’iortlité ».2 

    Le spleen est donc devenu la catégorie fondamentale de son esthétique, de saconception du monde.Walter Benjamin a justement remarqué que la poésie de Baudelaire est une

    « iéi de l ort ».3 La vie n’est que son attente, mesurée par le battement dela pendule du cœur, qui rappelle qu’elle s’arrêtera un jour. Baudelaire véhiculeune vision horrible du temps qui semble se nourrir de l’énergie vitale de l’hommeen produisant sur lui une action dévorante et dévastatrice. L’obsession du temps,l’goie qi ’epre de li, e reètet d le poèe tel qe « L’Eei »,« Le goût d ét » o « L’horloge » où o pet lire : « – O doler ! ô doler !Le Temps mange la vie / Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le cœur / Du sangqe o perdo roît et e fortie ! »4 o « Et le tep ’eglotit, ite pr

    1  Le ot plee, ve de ĺ gli et foré à prtir d gre « splê », l rte, iège de l bilenoire, donc la mélancolie. Déjà au XVIe ièle l édeie eployit le tere « eloliplei ». mi o ’oerit frer qe ex qi iet d ot tor de 1830 viettous à l’esprit ce sens étymologique. On n’oublie jamais en revanche sa seconde origine.Tot log d ièle le ot rete opgé d qlitif qi rppelle provee et iglrité, ´et porqoi o lit d le jorx oe d le poèe : « le pleeanglais ».

    2  OC I, 73.

    3  BENJAMIN, Walter. Charles Baudelaire, un poète lyrique à l’apogée du capitalisme. Trad.Jean LACOSTE. Pri: Pyot et Rivge, 2002 p. 123.

    4  OC I, 16.

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    minute, / Comme la neige immense un corps pris de roideur ; [...] / Avalanche,veux-tu m’emporter dans ta chute ? »5 o iller : « sovie-toi qe le Tepet joer vide / Qi gge trier, à tot op ! c’et l loi. / [...] / Legouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide. »6 

    Le Temps est l’une des plus obsédantes composantes du spleen baudelairien.Omniprésent et étouffant, il se révèle douloureusement à chaque étape de la vieen y imposant son bilan désespérant. Il entretient avec le poète des liens de domi-nation quasi vampirique et le maintient dans un état d’aliénation qui brise touteepére et tote fore d’ipirtio. L peroitio, l’tilitio de l - jle et de l’rtile déi fot de li, le otre pr exellee qe l’oedoit craindre. Nul combat n’est possible, tant cet ennemi est invincible ; la seulerelation entre l’homme et lui est celle de l’esclavage.

    George Polet ditige ez Bdelire dex teporlité : le tep d’év-

    sion, extatique, marqué par l’expansion de la minute (celui de l’axe horizontal) et puis le temps du gouffre ou temps infernal, caractérisé par la chute et le mal (letemps de l’axe vertical). Celui-ci, souvent représenté par l’image du gouffre qui « tojor oif », de l lepydre qi e vide, peret d’illtrer l vertilité ddéroulement du temps dans Les Fleurs du Mal .

    Baudelaire est écartelé entre deux pôles, l’un négatif, celui de l’abîme, l’autre positif, celui du ciel. C’est à l’intérieur de cette dialectique spatiale que se creusele gouffre des Fleurs du Mal . L’élévation y est possible, mais au moment donné,l fore edte ède à l’ttrtio d goffre. Pr oéqet, e ’élevt

    vers les profondeurs du ciel, le poète est condamné à y rencontrer que le vide :« Être dit à qi de l’bîe profod / jq’ pl t d iel, rie, or oie répod ! »7

    On a compté que l’image du gouffre revenait dix-huit fois dans Les Fleurs du Mal . Il est fort possible, qu’il s’agisse d’un fruit tardif de la séparation d’avec laère évoqt le fex ri de «De profdi lvi » : « J’iplore t pitié,toi, l’iqe qe j’ie / D fod d goffre obr où o œr et tobé ! »8 D’ailleurs dans Hygiène, cinq ans vt propre ort, Bdelire voe : « amoral comme au physique, j’ai toujours eu la sensation du gouffre, non seule-ment du gouffre du sommeil, mais du gouffre de l’action, du rêve, du souvenir,du désir, du regret, du remords, du beau, du membre, etc. »9 Et il écrit ailleurs :« mitet, j’i tojor le vertige ».10

    Peroe e pet doter de l’iporte q’ le ige poétiqe d goffre dle recueil, car Baudelaire lui attribue tout un poème, ayant le titre éponyme. Maisqu’y a-t’il à son fond ?

    5  OC I, 76.6  OC I, p. 81.7  OC I, p. 41.

    8  OC I, p. 32.9  OC I, p. 668.10  CORR.

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    Même si le mouvement prédominant des Fleurs du Mal  est descendant et me-nacé par de chuter dans l’abîme, on n’y atteint jamais le fond. Il y a toujours la possibilité d’un nouveau rebondissement. Le but de la poésie baudelairienne estde conjurer le vertige existentiel, en convertissant la ligne verticale du temps enligne courbe. Grâce au dernier poème des  Fleurs du Mal , ititlé « Voyge », l poéie de Bdelire e bige p d déepoir totl : « Ploger foddu gouffre. Enfer ou Ciel, qu’importe ? / Au fond de l’inconnu pour trouver du nove ! »11

    Tout est donc bon pour essayer de fuir devant le tic-tac éternel de l’horloge.Por li épper, Bdelire e rerée e rélité ovelle, fite d’igitio,de rêves et de souvenirs. Il cherche l’oubli dans la jouissance esthétique, l’extaseoree et l’ivree de prdi rtiiel. Il exlte l’ivree o tote efore. « Eivrez-vo ee ! De vi, de poéie, de vert, à votre gie »12, 

    écrit Baudelaire, en faisant l’éloge de la nécessité de se débarrasser de l’esclavagedu temps, car l’ivresse symbolise sa pure négation.

    Prtir ver iller, e lier trporter or d tep et de l’epe,’et le rêve qi opge tote l’œvre bdeliriee. D « Ivittio voyage », par exemple, le poète rêve d’un pays imaginaire où il pourrait vivreheureux avec la femme aimée et où le temps serait non plus son ennemi mais soncomplice. Il s’agit d’un rêve d’un ailleurs meilleur et plus beau qui d’après lesthéories de C. G. Jung témoigne d’une insatisfaction poussant à la recherche deovex orizo. ce gere de rêve, Bdelire l’ppelle e « doe d’opi

    naturel ». Ainsi exprime-t-il la nécessité de s’évader de la quotidienneté déce-vante.Le désir d’évasion qui se manifeste sans cesse chez lui a sa racine profonde

    dans la nostalgie des moments de son enfance. Car Baudelaire n’a que six anslorsque son père meurt. Mais la mère est là, encore jeune et aimante et il l’atote à li. Il e reéore e tep ve otlgie : « a ç été por oi le bon temps des tendresses maternelles ».13 cepedt e « vert prdi de orenfantines » dura peu, ayant été détruit par le second mariage de la mère. Cetteenfance douce et libre, Baudelaire n’a jamais cessé de la regretter. Les souve-nirs de ce ravissement subsisteront chez lui comme un cordon jamais tranché.seleet l’rt er le reède dolorex et efe, i i le refge ltieoù il pourra restaurer une harmonie perdue.

    Privé de l qlité de l’or q’il ere, Bdelire e tore ver le péqi doe préet igitio, o poid. Pr le je de l’igitio etdu rêve, il essaie de retrouver les moments heureux et insouciants de sa petiteefe. si o lit « Blo », o voit q’il et oré à l ère qi deviet lgardienne, la protectrice du passé. Grâce à elle le retour à l’enfance est rendu possible :

    11  OC I, p. 134.12  OC I, p. 337.13  CORR II, p. 153.

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    mère de oveir, îtree de îtree, / O toi, to e pliir ! O toi, to e devoir !Tu te rappelleras la beauté des caresses, / La douceur du foyer et le charme des soirs, / [...] /Qe to ei ’étit dox ! qe to œr ’étit bo ! / [...] / E e pet ver toi, reie deadorées, / Je croyais respirer le parfum de ton sang / [...]. / Je sais l’art d’évoquer les minutes

    heureuses, / Et revis mon passé blotti dans tes genoux / Car à quoi bon chercher tes beautéslangoureuses / Ailleurs qu’en ton cher corps et qu’en ton cœur si doux ? / Ces serments, ces prf, e bier ii.14

    La brutale confrontation du passé et du présent est imposée ici par le parfumreconnu, par une réminiscence qui donne à Baudelaire accès au monde de sonefe. Pr l’iterédiire de l éoire, tot e qi et bet e fit préet.E évoqt « le ite eree, [...] e eret, e prf, e bierii », Bdelire peit ii e rêverie d’vt l oie d ml. Lerythme mélodieux donne à chaque strophe une structure très particulière, quasi

    circulaire, où viennent se bercer les souvenirs. La connotation érotique de cesvers est évidente : blotti auprès des genoux, enseveli dans les jupons, respirantl’odeur du sexe, le poète cherche à rentrer dans la mère idéale.

    Il existe chez Baudelaire une sorte d’imaginaire érotique où le rêve de lafemme se superpose à une réalité féminine. Celle-ci n’est pas de l’ordre de la réa-lité, « [...] elle et de l’ordre d fte, de l tio de l’éritre. » Or, l poéien’a t- elle pas pour unique but d’imposer à la place de la réalité une autre réalité ?

    En effet, la fantaisie de Baudelaire fait revivre les images et les gestes de lafee o élirge vol. L’ige le q’il fbriqe et odiée, reto-ée et ltrée, elle et le réltt d’e erète opliité, d’e erète roieentre la femme et lui. C’est une image idéale, utopique et inaccessible, l’imagedont il est nostalgique. Ce que la vie lui refuse, surgit toujours dans l’univers poétique où tout devient possible.

    Fire revivre le oveir et je où Bdelire jote à l’rt propretechnique poétique. Il cherche à reconstituer le temps perdu avec le plus de dé-til poible à l ière protiee. Por doer à oveir tote vler poétique et toute son actualité, Baudelaire n’hésite même pas à réduire le présentà un néant. Ainsi se met-il sur à axe de l’évasion.

    Le parfum représente le moyen le plus propice pour cette fuite. De même que

    l’alcool, il apporte de l’ivresse, rend l’âme voyageuse et emmène vers un ailleurs.Le poète nage sur lui, laissant s’emporter. Il représente toujours un souvenir, uneessence quasi spirituelle ouvrant l’accès au monde où règnent la sensualité, lasexualité et le bonheur. Émanant de la poitrine féminine, le parfum conduit noneleet d py exotiqe, i i d l’« époqe e » et ioitede l’enfance.

    Por l’ter de  Fleurs du Mal   le parfum a une valeur olfactive minime.Portt Bdelire et le pl grd poète olftif   de la littérature française.L’odort ’fre ez li oe le e privilégié de l pereptio d tep :

    grâce à lui s’éveille la mémoire qui l’enfermera ensuite dans le monde des sou-

    14  OC I, pp. 36–37.

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    venirs. Il existe une analogie étroite entre ces trois grands thèmes baudelai-riens : parfum, mémoire et poésie. A cet égard, Max Milner explique que pourBdelire, le prf exprie pl q’e préee, e bee : « Le prfest donc à la fois le signe de la présence d’un objet odorant dont l’essence nousest communiqué sous une forme subtile, et le signe d’absence de tout un mondevers lequel cette subtilité même nous invite à nous transporter. »15

    En se rappelant les moments écoulés, Baudelaire annonce l’esthétique prous-tienne à venir : le temps écoulé peut toujours surgir à nouveau, les souvenirs pevet reître, le tep deviet réverible, le pé pet être reité. « Le passé tout en gardant le piquant du fantôme, reprendra la lumière et le mouve-ment de la vie et se fera présent. », écrit Baudelaire dans l’Art romantique. Et,dans les  Fleurs du Mal : « cre profod, giqe, dot o grie/d le présent le passé restauré. »

    Le poète entretient avec le passé un rapport qui n’est pas seulement de nostal-gie i i de déir. mi il exite e grde différe etre li et Prot.Tdi qe le oveir protie peret « je-lyriqe » d’tteidre l pléitdevitale unique, le souvenir baudelairien n’arrive jamais à masquer l’abîme tempo-rel. L’objet aimé se trouve trop loin. Voilà pourquoi sa mélancolie est plutôt ladouleur d’une distance que d’une absence.

    La poésie de Baudelaire s’éclaire sans cesse des rémanences d’un bonheur ap- proché et perdu. En voyageant dans le temps et vers l’érotisme, le poète retrouvesa Mère qu’il a perdue dans son enfance. Il veut réparer tous les malentendus et

    le mauvais départ dans la vie ce qui malheureusement, n’est pas possible dansla vie réelle dans laquelle le vrai voyage vers le passé est impossible. La tenta-tive d’ensevelir  l tête d le jpo prfé de l ère et do vie. PorBaudelaire, il sera ainsi toujours trop tard pour redevenir l’enfant bercé dans les bras de sa mère.

    Bibliographie

    Œuvre de Baudelaire

     Baudelaire : Œuvres  complètes. Ed. Claude PIchOIs. Pri: Gllird, « Bibliotèqe de lPléide », 1975 (T. I) et 1976 (T. II). (abrégé Oc ivi d toe et d éro de pge.)

     Baudelaire : Correspondance I. 1832–1860. Ed. Claude PIchOIs; Jean ZIEGLER . Pri: Glli-rd, « Bibliotèqe de l Pléide », 1973.

     Baudelaire : Correspondance II. 1860–1866 . Ed. Claude PIchOIs; Jean ZIEGLER . Pri: Glli-rd, « Bibliotèqe de l Pléide », 1973. (abrégé cORR ivi d toe et d éro de pge.)

    15  MILNER, Max. Baudelaire, enfer ou ciel, qu’importe ! Pri: Plo, 1967, p. 189.

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     Etudes critiques

    BASSIM, Tamara. La femme dans l’œuvre de Baudelaire. Neuchâtel: Baconnière, 1974.BENJAMIN, Walter. Charles Baudelaire, un poète lyrique à l’apogée du capitalisme. Trad. Jean

    LACOSTE. Pri: Pyot et Rivge, 2002.BERSANI, Leo. Baudelaire et Freud. Trad. Dominique JEAN. Pri: seil, « colletio poétiqe »,

    1981.BOnnEFOY, Yves. Baudelaire : la tentation de l’oubli. Pri: Bibliotèqe tiole de Fre,

    2000.EMMANUEL, Pierre. Baudelaire, Les écrivains devant Dieu. Pri: Delée de Brower, 1967.EMMANUEL, Pierre. Baudelaire la femme et Dieu. Pri: seil, 1982.FEuILLERaT, Albert. Baudelaire et sa mère. Montréal: Les Editions Variétés, 1944.GASARIAN, Gérard. De loin tendrement, Etude sur Baudelaire, Romantisme et modernités. Pri:

    Champion, 1996.HUBERT, Judd David. L’Esthétique des Fleurs du Mal, Essai sur l’ambiguïté poétique. Genève:

    Slatkine Reprints, 1993.JACKSON, John E. Baudelaire. Pri: Livre de poe, Libririe géérle Frçie, 2001.JACKSON, John E. Baudelaire sans fn, Essai sur les Fleurs du Mal . Pri: Joé corti – Le Ei,

    2005.JACKSON, John E. La Mort Baudelaire, Essai sur Les Fleurs du Mal . Etudes baudelairiennes, X,

     Nouvelle Série – II. Neuchâtel: A la Baconnière, 1982.KOPP, Robert. Baudelaire, Le soleil noir de la modernité. Pri: Gllird, 2004.MATHIAS, Pl. La Beauté dans les Fleurs du Mal . Greoble: Pree uiveritire de Greoble,

    1977.MILNER, Max. Baudelaire, enfer ou ciel, qu’importe ! Pri: Plo, 1967.PIa, Pl. Baudelaire par lui- même. Pri: seil, 1968.

    PIchOIs, Claude. Baudelaire á Paris. Pri: hette, 1967.PIchOIs, Claude; AVICE, Je-Pl.  Baudelaire Paris sans fn. Préfe d’Yve BOnnEFOY. Pri: Pri bibliotèqe éditio, 2004.

    PIchOIs, Claude; ZIEGLER, Jean. Charles Baudelaire. Pri: Fyrd, 1996.PIchOIs, Claude; AVICE, Je-Pl. Dictionnaire Baudelaire. Charente: Lérot Tusson, 2002.POuLET, Georges. Etudes sur le temps humain II. La distance intérieure, Pri: Plo, 1952.RINCÉ, Dominique. Baudelaire et la modernité poétique. Pri: P.u.F., 1984.RuFF, Marcel A. L’Esprit du mal et l’esthétique baudelairienne. Pri: ard coli, 1955.SARTRE, Je-Pl. Baudelaire. Pri: Gllird, 1988.STAROBINSKI, Jean. La Mélancolie au miroir. Trois lectures de Baudelaire. Pri: Jllird, 1989.ZIMMERMANN, Éléonore M. Poétiques de Baudelaire dans Les Fleurs du mal. Rythme, parfum,

    lueur. Pri-ce: Lettre odere mird, 1998.

    Abstract and key words

    The paper deals with the problem of Time as a basic component of Baudelaire’s spleen. Since hischildhood, Baudelaire feels to be disinherited, determined to unhappiness. Looking closely at hiswritig, we ee ieditely tt Bdelire’ oiee i reeted by te irble eloly.His spleen has become the fundamental category of his aesthetics, of his conception of the world.The Baudelaire’s poetry is “the mimesis of the Death”. The life, measured by the heart beating isnothing more then waiting for Her. This paper aims to show that the Time swallowing up the life

    i oe of te key of Bdelire’ poetry. Te peroitio d te e of jle re kigfrom him a Monster par excellence that man should be afraid of. Baudelaire’s melancholy entertainswith the past a nostalgic liaison. Deprived from the love, which he is searching for, Baudelaire is

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    trig to pt. Tk to i igitio d perfe, e trie to d gi te ppy tie peti te r of i oter. Fro ti poit of view y pper exie i prtilr Bdelire’ poetic universe, targeting his aesthetics and poetic art, and trying to prove that thanks to perfumeand memory, everything which is absent becomes present. In this world, the memories can reborn:

    the Time becomes reversible, the past can be resuscitated.

    Baudelaire; Time; Nostalgia; Melancholy; Immobility

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