* dimension fondamentale du vivre ensemble … inégalement partagée michel legrand session de la...
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*La confiancedans les autres et
dans les institutions
*Dimension fondamentale du vivre ensemble … inégalement partagée
Michel LEGRANDSession de La Vie Nouvelle, 3 juilletDomaine de Branguier
INTRODUCTION
• Intérêt et importance du thème de la confiance
• Objectifs et nature de l’intervention
• Définitions, dimensions, niveaux, … deux citations, échantillon de la recherche source
QUELQUES DIMENSIONS ET ASPECTS SOCIAUX DE LA CONFIANCE
• La confiance dans les autres en France et en Europe
• Confiance, défiance : des attitudes inégalement partagées
• La confiance dans les institutions en Europe et en France
• Confiance et démocratie en Europe et en France
QUELQUES ELEMENTS GENERAUX ET SPÉCIFIQUES D’ANALYSE
QUELQUES PISTES
*Plan
*Introduction – Sources
* La fabrique de la défiance,Yann ALGAN, Pierre CAHUC et André ZYLBERBERG, Ed. Albin Michel, 2012, 192 pages – Nombreuses références aux recherches mondiales sur les valeurs et aux recherches sociales européennes
* La France déboussolée,Robert ROCHEFORT, Odile Jacob, 2002, 250 pages
* Economie et confiance. La confiance : un facteur indispensable, mais complexe,Guy SCHULLER, janvier 2004, 41 pages
* EVS, European Values Studies, Recherche Européenne sur les Valeurs (REVS), 2008 et 1999
* Recherche du CEFIS sur L’intégration, les rapports aux autres et les réseaux de relations (capital social), Luxembourg, 2011
* Sources principales : - La fabrique de la défiance : observations, analyses,
conclusions, pistes
- + vérifications dans la REVS 2008 Europe et France
*Introduction – Objectifs et nature de cette intervention
*Objectifs de l’intervention Donner une base et proposer des données pour réfléchir sur les (a) dimensions sociales et collectives de la confiance, sur les (b) conditionnements socio-économiques et culturels de la confiance, (c ) sur les raisons et les causes de la méfiance sociale et politique croissante et (d) sur des pistes en vue de renforcer la confiance sociale, l’une des bases du « vivre ensemble »
*Nature de l’intervention
Synthèse des apports sur ces thèmes du livre de base utiliséPrésentation pédagogique des résultats de la Recherche européenne sur les valeurs, 2008, qui aborde de nombreuses questions sur la confiance ou liées à la confiance, et permet de comparer la situation en France et dans 38 autres pays européens (appartenant ou non à l’Union européenne
NB. La présente version a été augmentée de dimensions, données et tableaux complémentaires vu l’intérêt que la présentation avait suscité
*Introduction – Intérêt & importance (Schuller et Fabrique de …)
*Redécouverte de la confiance dans les années 85-90
<– thème de la société comme société de risques et donc d’insécurités diverses
<– successions de crises diverses et des insécurités liées
<– approfondissement des diverses formes de l’individualisme, des concurrences et conflits, affaiblissements du lien social, de la cohésion sociale
*Introduction – Intérêt & importance<– après plusieurs décennies de valorisation de la
science et du progrès, découverte parfois douloureuse des limites et des échecs des sciences
<– les sociétés se sont complexifiées et spécialisées: il n’y a plus un système unique, unifié sous un principe directeur –> perte de l’unité –> insécurité, en raison d’une incertitude quant au comportement des autres acteurs (« contingence de l’action sociale »)
<– l’histoire et les événements sont vus de moins en moins comme résultats de la nature des choses, du destin, du hasard, de Dieu, mais comme résultant de l’action humaine – avec toutes ses contingences
*Introduction – Intérêt & importance
*Diversité et multiplicité des domaines et niveaux d’application
*Liens réciproques entre confiance individuelle, interindividuelle –> <– confiance institutionnelle qui fournit un cadre institué et régulé aux relations individuelles et interindividuelles
*Introduction – Définitions
Vu les dimensions diverses et nombreuses de la confiance, il en existe des définitions nombreuses et le concept n’est pas clair au niveau scientifique
* Selon Wikipedia : sentiment de sécurité vis-à-vis de quelqu’un ou quelque chose. Il s'agit d'un mot du langage courant plutôt que d'un concept scientifique rigoureusement défini. Cependant, le thème a fait l'objet de nombreuses études par des philosophes, psychologues et chercheurs en sciences sociales.
* Sentiment initial naturel indispensable, qui trouve son origine dans les premiers instants de la vie d'un individu avec son entourage. Dans une relation dite "normale", le nouveau né se sentira en confiance avec sa mère. Il est au chaud, entouré d'amour et d'affection –> niveau le plus global et général : atmosphère, mode de … confiance (voir la « confiance de base »)
* La confiance favorise l'activité économique, la constitution d'entreprises, l'investissement, la prise de risque mais parfois elle est excessive et peut conduire à des bulles spéculatives.
* Selon diverses études, la confiance vis-à-vis des autres est plus importante dans les sociétés anglo-saxonnes et nord-européennes que dans des pays comme la France ou l'Italie.
*Introduction – Trois niveaux (selon Schuller)
*La confiance de base (familiarity, Vertrautheit) :
état plutôt inconscient, parce que tout ce qui en relève est plutôt accepté tel quel - sans aucune remise en question, ni même thématisation. C’est quelque chose qui a toujours existé pour un acteur (le « Urvertrauen » de l’enfant) ou cela a été développé et assimilé dans le temps et s’est totalement imprégné (habitude, tradition, évidence).
*La confiance au sens large (confidence, Zuversicht) :
l’on n’est pas tout à fait sûr de l’issue, mais l’on s’attend à un résultat positif, tout en n’excluant pas une évolution contraire. Une issue négative pourrait être assumée sans grand dommage, sans déception excessive.
*La confiance au vrai sens du terme (trust, Vertrauen) :
La confiance commence là où la calculabilité et le contrôle s’arrêtent. La confiance est une décision dans un contexte incertain (c’est-à-dire recelant un risque), dans le but d’ouvrir une marge de manœuvre aux acteurs impliqués dans la relation de confiance.
*Introduction – Trois niveaux (selon Schuller)
… La notion de confiance est ainsi mise fortement en relation avec le concept de risque propre à l’époque moderne…
… Importance de l’expérience et des expériences, individuelles et collectives, positives et négatives, en rapport avec les conditions d’existence.
… la question de la confiance se pose différemment si l’on part de l’hypothèse que l’homme est plutôt égoïste, rationnel ou de l’hypothèse admettant qu’il est un être guidé par des considérations morales dans un système de normes et de conventions
*Introduction – Citations
« L’époque est à la défiance. Sécurité, économie, travail, santé, retraite, politique, avenir de la jeunesse, information, culture, environnement : dans chaque domaine de la vie collective ou personnelle, une question de confiance est posée »
Bruno Frappat, La Croix 28 juin 2002
« …sans la confiance des hommes les uns envers les autres, la société tout entière se disloquerait – rares en effet sont les relations uniquement fondées sur ce que chacun sait de façon démontrable de l’autre, et rares celles qui dureraient un tant soit peu, si la foi n’était pas aussi forte, et souvent même plus forte que les preuves rationnelles.»
Georg Simmel
*Introduction – Echantillon REVS 39 pays
Régions Européennes PaysEurope des Blakans Albania
Bosnia HerzegovinaSlovak RepublicSloveniaKosovoMontenegroBulgariaEchantillon : 10 538
Europe centr'orientale AzerbaijanArmeniaBelarusCzech RepublicGeorgiaHungaryLithuaniaMoldaviaPolandRomaniaRussian FederationSerbiaUkraineEchantillon : 19 912
Europe du Nord DenmarkEstoniaFinlandLatviaEchantillon : 5 665
Europe occidentale AustriaBelgiumFrance : 1 500GermanyIrelandLuxembourgNetherlandsSwitzerlandNorthern IrelandEchantillon : 12 544
Europe du sud CyprusNorthern CyprusGreeceMaltaPortugalSpainEchantillon : 7 551
Grand total 56 210
*QUELQUES DIMENSIONS ET
ASPECTS SOCIAUX DE LA CONFIANCE
1.La confiance dans les autres en France et en Europe : une attitude inégalement partagée
2.La confiance dans les institutions en Europe et en France
3.Confiance et démocratie en Europe et en France
*La confiance dans les autres – France et Europe
*La confiance dans les autres est particuliè-rement faible en France …
Confi-
ance
27%
Méfian-ce73%
Confiance ou méfiance Fr08
*La confiance dans les autres en France et en
Europe : une attitude
inégalement partagée
*La confiance dans les autres – France et Europe
*… et beaucoup moins grande que dans d’autres pays et régions de l’Europe
Eu_Balkans Eu_Sud Eu_CentrOr France Total Eu_Occ Eu_Nord
18% 21%26% 27% 29%
40%
49%
Confiance
*La confiance dans les autres en France – très inégale
*Incidence nulle du sexe, de l’âge, du statut
matrimonial, du nb d’enfants …
*Mais incidence très forte du niveau d’études
et de revenus, du fait d’avoir une activité
professionnelle et du statut socio-
professionnel, ainsi que du positionnement
politique et de l’adhésion à des partis
Quelques exemples sous forme de graphiques …
*La confiance dans les autres en France – niveaux
d’études
Pri-maires
Sec_Inf Sec_Sup Sup_Unif0%
10%
20%
30%
40%
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70%
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90%
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59%
La confiance selon les études Fr 2008
ConfianceMéfiance
*La confiance Fr – revenus
Moins de 1000
1000-2000 2000-3000 3000-5000 Plus de 5000
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
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90%
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77% 76%72%
67%
55%
La confiance selon le revenu Fr 2008
Confiance Méfiance
*La confiance en France – rapport au travail
Au travail Retraité Autres0%
10%20%30%40%50%60%70%80%90%
31%24%
20%
69%76%
80%
La confiance selon le rapport au travail Fr 2008
Confiance Méfiance
*La confiance en France – professions
Haut managers
Moyens managers
Cols blancs
Indépendants
Techniciens
Commerce & services
Ouvriers
41%
39%
29%
23%
21%
21%
14%
59%
61%
71%
78%
79%
79%
86%
La confiance selon les statuts socio-professionnels Fr08
Confiance Méfiance
*La confiance en France – échelle politique
Gauche Centre Droite0%
10%
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40%
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60%
70%
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80%
La confiance selon l’idéologie po-litique Fr08
ConfianceMéfiance
*La confiance – et adhésions politiques
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80%
La confiance selon les partis po-litique Fr 2008
ConfianceMéfiance
*La confiance dans les autres en France
*En résumé*La confiance apparaît davantage liée à des groupes sociaux qui vivent dans une plus grande sécurité d’existence, garantie, au moins partiellement, par des conditions sociales, culturelles et économiques aisées ou très aisées.
*Elle caractérise davantage aussi des personnes se retrouvant dans les orientations de partis écologiques, de gauche et du centre et moins de la droite.
*La confiance comme attitude fondamentale ne peut donc être limitée à ses dimensions personnelles ou interpersonnelles, mais renvoie à des sous-bassements et à des conditions collectives d’existence, de sécurité ou d’insécurité.
*La confiance dans les
institutions en Europe et en
France Introduction : la confiance dans les institutions dans les
REVS La situation globale en France Comparaison France – pays européens Comparaison France – pays de l’Europe du Nord, de l’Europe
occidentale Analyse de 5 ensembles d’institutions et des attitudes des
divers groupes sociaux à leur égard
*La confiance dans les institutions*En introduction …
*Vivre ensemble exige un certain niveau de confiance individuelle et interpersonnelle …
*… mais vivre ensemble exige tout autant des normes et des règles de comportement ainsi que des systèmes d’organisation et d’institutions dont l’une des fonctions dans les démocraties est de garantir un fonctionnement équilibré, juste et transparent au service de tous et sécurisants pour tous, une « cohésion sociale » suffisante.
*Or il n’y a pas que le monde et les hommes politiques qui sont décriés et critiqués: c’est le cas de la plupart les grandes institutions publiques et des institutions démocratiques mais aussi des entreprises.
*Cette confiance dans les institutions devrait sans doute être liée au degré de confiance globale que les personnes ont les unes dans les autres, dans la vie, dans la société.
*Les institutions dans les REVS et les ESS …
Dans les Recherches Européennes sur les Valeurs, depuis trente ans,
et dans les Recherches Sociales sur les Valeurs, on prend en
considération, dans une question centrale,18 institutions contribuant
au fonctionnement de toute société et Etat démocratique :
*des institutions régaliennes : police, armée, justice ;
*des institutions nationales ou internationales, dont certaines sont liées
à la représentation politique : gouvernement, parlement, Union
européenne, ONU, OTAN ;
*des institutions « services », telles que : systèmes de santé et de
sécurité sociale, système de l’enseignement, administrations ;
*et des institutions issues de la société civile organisée ou des individus
organisés, telles que : partis politiques, presse, syndicats, Eglises,
entreprises, ONG
*La confi-ance dans les
institu-
tions Fr08
Les partis politiques
Le Gouvernement
La presse
Les syndicats
L’Eglise
Les grandes entreprises
Le parlement
L’Union européenne
L’OTAN
Le système judiciaire
L’administration
L’Organisation des Nations Unies (ONU)
Les organisations environnementales
L’armée
Le système de sécurité sociale
La police
Le système d’enseignement
Le système de santé
16%
35%
38%
42%
43%
45%
52%
52%
55%
56%
63%
63%
69%
73%
75%
75%
76%
78%
(Grande) confiance dans les institutions,France 2008
*La confianc
e dan
s les
insti-tu-tion
s
* 5 institutions sont au sommet du hit parade français (plus de 7 personnes sur 10) : trois institutions de service, à commencer par le système de santé, suivi de l’enseignement, puis de la sécurité sociale, et deux institutions régaliennes : la police et l’armée
* A l’autre extrémité, en-dessous de 50% de confiance, on trouve, au plus bas les partis politiques (16%), puis graduellement le gouvernement, la presse, les syndicats, l’Eglise (43%) et les grandes entreprises (45%) : soit deux institutions politiques, une institution sociale, une institution culturelle, une institution religieuse et une institution économique, la plupart jouant un grand rôle dans le fonctionnement de nos sociétés démocratiques : D’où le grave problème que peut constituer le manque de confiance des citoyens à leur égard.
* Dans la zone d’adhésion intermédiaire (50% à 70%), on trouve plusieurs des institutions à dimensions internationales (Union européenne, OTAN, ONU : de 52 à 63 %) ou environnementales (69%) et deux institutions importantes au niveau des relations des citoyens entre eux et avec l’Etat : le système judiciaire et l’administration.
* Grosso modo, les personnes sont relativement ou peu confiantes dans 13 des 18 institutions dont la plupart jouent un rôle important dans la vie des gens, soit pratiquement, soit symboliquement.
* On analysera les attitudes différentes des groupes sociaux à l’égard des institutions lorsqu’on travaillera sur 5 sous-ensembles différents d’institutions.
* La confiance dans les institutions : France-Europe
*Pour lire les graphiques suivants (dia 31 et dia 33) : - commencer par suivre les bâtonnets verts qui indiquent de gauche à
droite les % de confiance en France en ordre décroissant d’importance : de la plus importante, le système de santé (presque 80%), à la moins importante, les partis politiques (16%)
- puis suivre les bâtonnets bleux qui indiquent les % des pays de l’Europe occidentale: système de santé (69%) … partis politiques (21%)
- puis passer en revue les bâtonnets rouges qui indiquent pour chaque institution les différences (de %) entre la France et les pays de l’Europe occidentale. Lorsque ces bâtonnets rouges sont situés au-dessus de la ligne de base, ils signifient que la confiance en l’institution concernée est plus élevée en France que dans l’ensemble des pays de l’Europe occidentale. Ainsi, la confiance dans le système de santé est plus élevée de 10% en France que dans l’ensemble des pays d’Europe occidentale (bâtonnet rouge au-dessus de la ligne de base, à hauteur du chiffre 10). Lorsque les bâtonnets rouges sont situés en-dessous de la ligne de base, ils signifient que la confiance en l’institution concernée est moins grande en France : ainsi, la confiance dans les partis politiques en France est non seulement la plus basse, mais elle est encore 6% plus basse en France que dans les pays de l’Europe occidentale.
* La confiance dans les institutions : France-Eu_Occ
Santé
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Les institutions : Eu_Occ, France, différences - France 2008
Eu_Occ France Diff Fr-Eu_Occ
* La confiance dans les institutions : France-Europe
*Dans l’Europe des 39 pays enquêtés, la France se distingue d’abord par une confiance nettement plus importante (10% ou plus) dans l’armée et dans le système de santé, et plus importante (moins de 10%) dans 11 autres institutions (entre autres: la sécurité sociale, l’ONU et les administrations)
* La France se caractérise surtout par la moindre confiance dans plusieurs institutions à caractère politique : les partis politiques, le gouvernement, les syndicats et la justice, soit au niveau de la moyenne globale, de la moyenne UE_Occ ou de la moyenne de l’UE_Nord
*La France se distingue aussi et le plus dans sa méfiance à l’égard des Eglises tant par rapport à la moyenne globale (-16%) que par rapport à la moyenne des pays de l’Eu_Nord (-13%).
* La confiance dans les institutions : la France et le nord de l’Europe
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Les institutions : France et pays Nord-Européens
Nord France France - Nord
* La confiance dans les institutions : la France et le nord de l’Europe
*Les pays nordiques sont connus pour le développement important de leur société civile et de leur participation politique.
*Les distances entre la France et ces pays nordiques s’avèrent particulièrement fortes précisément aux niveaux d’institutions politiques, de la société civile et de la justice: sans parler de la confiance dans les Eglises, la confiance plus marquée dans les pays du Nord concerne le la justice, les syndicats, les partis politiques, le gouvernement et la presse (bâtonnets rouges sous la ligne de base).
*Le hit parade positif français apparaît donc encore plus clairement ici quand on voit, par rapport aux pays du nord, la confiance des Français dans les institutions de santé, la sécurité sociale et les administrations, mais aussi dans l’enseignement, l’armée et la police.
*On cherchera des éléments d’explication à ces phénomènes dans la dernière partie de cette présentation.
* La confiance dans les institutions : 5 domaines …
Mon attitude personnelle à l’égard des institutions et l’attitude des Français à l’égard de ces institutions viennent d’être approchées institution par institution. Mais ma véritable attitude, mon positionnement personnel réel – ou celle de chaque Français ou de sous-groupes de Français) – n’est pas fait de mon attitude à l’égard de telle ou telle institution prise isolément : mon positionnement institutionnel est constitué de mes attitudes à l’égard de chacune ET de l’ensemble de ces 18 institutions.
Dans un échantillon de 1500 Françaises et Français, il est normal que des positionnements d’ensemble existent (des combinaisons différentes de confiance et de méfiance) et que certains sous-groupes se distinguent par des positionnements globaux différents.
Les outils statistiques permettent de déceler dans les données l’existence de tels ensembles – sans que le chercheur intervienne aucunement dans les regroupements et les combinaisons trouvées. C’est ce que permettent de faire ce qu’on appelle les analyses multi-dimensionnelles (travailler sur plusieurs dimensions ou questions simultanément). Les analyses « factorielles » en sont l’une des applications. C’est elles que nous avons utilisées ici.
Ici donc, l’analyse factorielle a décelé 5 combinaisons (sous-ensembles) d’institutions (voir dia suivante) ; le nombre de X en face de chaque institution indique le poids statistique de cette institution dans l’ensemble considéré.
* La confiance dans les institutions : 5 domaines …
1. Sécurité physique et morale 3. Santé physique et sociale
Armée XXX Sécurité sociale XXXXPolice XXX Santé XXXXEglises XX
2. International 4. Libertés d'action et d'expressionOTAN XXXX Syndicats XXXONU XXXX Presse XXXUE XXX Education XXX
5. Pouvoirs politiquesPartis politiques XXXXGouvernement XXX
Soit 5 combinaisons décelées exclusivement par l’outil statistique (et non pas par le chercheur); le nombre de X indique le poids de chaque institution dans l’ensemble considéré. A chaque ensemble, on a donné un « nom » qui cherche à exprimer le sens ou l’orientation de cet ensemble.
* La confiance dans les institutions : 5 domaines …
Les types d’institutions associées et la force d’explication de chacune dans l’ensemble aident à « interpréter » le sens de chacun de ces ensembles :
1. L’ensemble « sécurité physique et morale » : cet ensemble trouve son sens principal dans le besoin de se sentir en sécurité physiquement, assuré ici par des institutions comme l’armée et la police; ce besoin de sécurité trouve son complément dans un besoin de sécurité morale (et spirituelle), assurée ici par une institution comme les Eglises.
2. L’ensemble « international » combine ici les trois institutions internationales du questionnaire, donnant la priorité à deux institutions : l’OTAN et l’ONU, dans leur dimension principale d’appareil sécuritaire international. L’UE y est rattachée, sans doute pour la sécurité économique et culturelle qui viennent compléter la sécurité physique.
* La confiance dans les institutions : 5 domaines …
3. L’ensemble « santé physique et sociale » : cet ensemble trouve son sens principal dans les besoins liés à la santé dans deux de ses principales dimensions : la santé physique et la santé sociale.
4. L’ensemble intitulé « liberté d’action et d’expression » est plus difficile à caractériser. Les trois institutions liées ici ont ceci de caractéristique qu’elles renvoient toutes trois à des libertés fondamentales du citoyen organisé et constituent soit des expressions de ces libertés, soit un garant de leur respect.
5. L’ensemble « pouvoirs politiques » associe étroitement deux des institutions les plus liées au pouvoir politique: le gouvernement, en tant que lieu de l’exercice de ce pouvoir, et les partis politiques comme moyens d’accéder à ce pouvoir.
* La confiance dans les institutions : 5 domaines …
Séc_Phys_Mor_Oui
Séc_Phys_Mor_Non
Santé_Soc_Oui
Santé_Soc_Non
International_Oui
International_Non
Libertés_Oui
Libertés_Non
Pouvoir_Oui
Pouvoir_Non
69%
30%
66%
13%
56%
39%
50%
48%
11%
59%
Domaines de confiance dans les institutions, France 2008
Note de lecture : Les % indiquent les proportions de personnes qui expriment leur positionnement à l’égard de chacun des sous-ensembles d’institutions, en y adhérant soit positivement (confiance dans les institutions composant ce sous-ensemble), soit négativement (méfiance par rapport aux institutions constituant ce sous-ensemble). Ainsi : 59% des personnes expriment un positionnement négatif (méfiance) à l’égard des institutions de pouvoir, contre 11% un positionnement positif (confiance).
* La confiance dans les institutions : adhésions aux 5 domaines
Les adhésions sont les plus fortes aux deux approches centrées sur la sécurité : sécurité physique (armée et police) et morale (Eglises) d’abord, puis santé sociale et physique. La confiance dans les institutions internationales reste supérieure à la méfiance, puis on arrive à un certain équilibre de confiance et de méfiance parmi ceux qui expriment une approche centrée sur les libertés telles qu’elles peuvent être assurées et symbolisées par les institutions d’éducation, d’opinion et d’expression (presse) et de défense des intérêts des groupes (syndicats).
Le rejet le plus fort (6 personnes sur 10) et l’adhésion la plus faible (1 personne sur 10) concernent deux des institutions liées au pouvoir politique : le gouvernement ET les partis politiques.
* La confiance dans les institutions : adhésions et rejets très marqués selon divers groupes sociaux
* La confiance dans les institutions : adhésions et rejets très marqués selon divers groupes sociaux
Dans les dias suivantes, on se demande quelles attitudes ont les divers groupes sociaux, culturels et économiques de l’échantillon, constitutifs de la société française, à l’égard de chacune des combinaisons / domaines institutionnels décelés : quelles sont les attitudes des ouvriers, des jeunes, des universitaires, des aînés, des personnes sans travail …, en postulant qu’il doit exister des différences d’attitudes entre ces groupes.
Identifier les attitudes d’un groupe à l’égard de chacun des domaines institutionnels repérés permet de mieux comprendre son positionnement global et d’en trouver certaines raisons (sociales, culturelles, économiques …). Cependant, dans ce travail, nous nous limiterons aux différences vraiment significatives (valeur statistique et sens des différences).
Dans les dias qui suivent, nous allons passer en revue chaque sous-ensemble / domaine d’institutions et voir si et en quoi les orientations des divers groupes sociaux se ressemblent ou diffèrent.
*La confiance dans les institutions de sécurité physique
et morale
Institutions% de
confiancePoids statistique
Armée 73% XXX
Police 75% XXX
Eglise 43% XX
Pour rappel, ce domaine comprend 3 institutions :
Les graphiques qui suivent nous montrent que la confiance et la méfiance dans ce type d’institutions sont fortement marquées par les clivages politiques et le statut matrimonial des personnes, plus relativement par l’âge. Ce type de confiance est peu influencé par le niveau d’études, de revenus, de statut professionnel.
1. Font (nettement) plus confiance à ces institutions :
1. Les personnes veuves, mariées ou pacsées
2. Les personnes qui se définissent à droite sur l’échelle politique gauche-droite ou appartiennent à un parti de droite, plus relativement du centre
3. Plus relativement, les personnes âgées ou retraitées
2. Font nettement moins confiance à ces institutions :
1. Les personnes divorcées, séparées ou jamais mariées (célibataires)
2. Les personnes qui se définissent à gauche sur l’échelle politique gauche-droite ou appartiennent à un parti de gauche ou aux écolos
* La confiance dans les institutions de sécurité physique et morale selon les groupes sociaux
* La confiance dans les institutions de sécurité physique et morale selon le statut matrimonial
Veuf Mar_pacs Tous Jamais Div_sép
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60%
21%25%
30%
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Institutions de sécurité et statut matrimonial Fr 08
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* La confiance dans les institutions de sécurité physique et morale et adhésions politiques
Parti
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Institutions de sécurité, partis et idéologie, France 2008
Sécurité_Oui Sécurité_Non
*La confiance dans les institutions internationales
Ce domaine institutionnel de confiance comprend :
- L’ONU 63%XXXX
- L’OTAN 55%XXXX
- L’Union Européenne 52%XXX
* La confiance dans les institutions internationales selon les groupes sociaux
Les graphiques suivants montrent que:
La confiance dans ces institutions est très valorisée par les détenteurs de hauts diplômes et de revenus importants et par les catégories socio-professionnelles supérieures, et inversement.
Elle est moins valorisés par les gens qui se situent à gauche ou se réfèrent aux partis de gauche.
En résumé, la confiance dans le domaine des institutions internationales est DAVANTAGE valorisée PAR les CATEGORIES SOCIALES SUPERIEURES
* La confiance dans les institutions internationales selon les niveaux d’études, de profession et de
revenus, Fr08
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56% 56% 54% 52% 51% 51%45% 45% 44% 44%
27%30% 30% 30%
33%39% 41% 43% 44% 45%
38%44%
48% 45%51%
Institutions internationales, études, revenus et pro-fessions,
France 2008
International_Oui International_Non
* La confiance dans les institutions internationales selon les partis et l’idéologie politique, Fr08
Partis de
droite
Dro
ite
Partis du c
entre
Partis éc
olog
iques
Centre
Gau
che
68% 68% 67% 63% 60%54%
29% 29% 31%36% 37%
45%
Institutions internationales selon les partis et idéologie, Fr 2008
International_Oui International_Non
*La confiance dans les institutions de
santé (physique et sociale)
La confiance dans ces deux institutions est très élevée (autour de 75%). Mais ce constat n’est pas seulement général ; il concerne tous les groupes de la population, quels que soient l’âge, le statut matrimonial, le niveau d’études, de revenus ou de profession, le statut par rapport au travail, l’appartenance ou l’idéologie politiques. Les différences entre les sous-groupes existent, mais elles sont souvent faibles, en tous cas non significatives.
Nous sommes donc face à un domaine institutionnel vis-à-vis duquel la confiance des gens, non seulement est élevée, mais aussi partagée par tous. Il faut dire qu’elles concernent des domaines et besoins essentiels de la vie des personnes et des collectivités.
*La confiance dans les institutions de
pouvoir
Ce domaine institutionnel comprend deux institutions : les partis politiques (16% de confiance) et le gouvernement (35%) de confiance.
L’institution la plus significative de cet ensemble est ici représentée par les partis politiques (poids statistique : XXXX – le gouvernement ayant XXX comme poids statistique).
* La confiance dans les institutions de pouvoir politique – selon les groupes sociaux
En lisant les 3 graphiques qui suivent, on s’apercevra que :
*Le rejet des institutions de pouvoir est fort ; il est partagé par toutes les classes d’âge, surtout par les les jeunes adultes et les jeunes. L’adhésion reste faible, mais un peu plus marquée, chez les aînés. Cependant, la majorité des différences ne sont pas très marquées.
*Le rejet est le plus fort chez les personnes à revenus faibles et moyens ; il chute parmi les hauts revenus. Mais, ici aussi, les clivages entre les sous-groupes ne sont pas très marqués.
*Les clivages politiques sont par contre plus nets. Les institutions politiques sont plus valorisées par la droite (partis et opinions) surtout et le centre (opinions), elles sont clairement le moins rejetées par les mêmes droites et le plus nettement rejetées par les personnes qui se disent de gauche et disent appartenir aux partis de gauche. Les partis écologiques et du centre des positions proches de celles des partis de gauche.
* La confiance dans les institutions de pouvoir selon les classes d’âge
25-34 18-24 35-49 Tous 50-64 65+
8%11%
8%11% 12%
16%
69%
63% 63%59% 58%
50%
Institutions de pouvoir et classes d'âge Fr 08
Pouvoir_OuiPouvoir_Non
* La confiance dans les institutions de pouvoir selon les revenus, Fr08
< 1000 2000-3000 1000-2000 Tous 3000-5000 > 5000
7%11% 12% 11% 12%
17%
69%
61% 60% 59% 59%
37%
Institutions de pouvoir et niveaux de revenus Fr08
Pouvoir_Oui Pouvoir_Non
* La confiance dans les institutions de pouvoir selon les appartenances et les orientations
politiques, Fr08
Parti
s de
gauc
he
Gauch
e
Parti
s éco
logiqu
es
Centre
Parti
s du
cent
re
Parti
s de
droite
Droite
10% 11% 13% 11%14%
18% 18%
70% 68%64% 63%
48%
33% 33%
Institutions de pouvoir, partis et idéologie, France 2008
Pouvoir_Oui Pouvoir_Non
*La confiance dans les institutions
des libertés
Pour rappel, ce domaine institutionnel de confiance comprend :
- Les syndicats (42 %) XXX- La presse (38 %) XXX- L’enseignement (76 %) XXX
* La confiance dans les institutions de liberté selon les groupes sociaux
*La confiance dans les institutions de liberté (56%) et la distance à leur égard (40%) sont peu influencées par l’âge, le statut matrimonial, les revenus, les études et la profession
*Par contre, la confiance dans ces institutions est très marquée dans les partis de gauche et les personnes situées à gauche, mais aussi au centre ; c’est plutôt la méfiance, par contre, dans les partis du centre, mais surtout de droite et parmi les personnes qui se situent à droite sur l’échelle politique
*NB. Enquête en 2007 … déjà sous Sarkozy
* La confiance dans les institutions des libertés, selon les partis et l’idéologie Gauche-Droite
Partis de
gauche
Centre Gauche Ecolos Tous Partis du
centre
Droite Partis de
droite
67%63% 63%
59%56% 54%
37% 37%33%
37% 37%41% 39%
46%
63% 63%
Institutions des libertés selon les partis et les orien-tations idéologiques, Fr2008
Libertés_Oui Libertés_Non
*La confiance dans les autres et la confiance
dans les institutions sont-
elles liées ?
* La confiance dans les autres et la confiance dans les institutions sont-elles liées ?
*L’expression de la confiance/de la méfiance dans les autres en général a peu d’impact sur la confiance dans les institutions lorsqu’il s’agit des domaines de la sécurité physique et morale et des institutions de pouvoir
*Par contre, la confiance dans les institutions liées à notre santé physique et sociale, à nos libertés, et dans les institutions internationales est d’autant plus grande que la confiance globale dans les autres est plus grande – et inversement.
*Nous voyons donc se confirmer, mais partiellement, les liens qui peuvent exister entre la confiance globale dans les autres et la confiance dans les institutions qui régissent notre vie ensemble.Le graphique de la page suivante se lit comme suit :
de gauche à droite, si les personnes ont un sentiment global de confiance, elles sont nettement plus nombreuses : 65% à soutenir les institutions internationales – contre seulement 53% si elles sont méfiantes -, les institutions de liberté : 60% – contre 47% seulement si elles sont plutôt méfiantes -, et les institutions de santé : 72% – contre 63% seulement si elles sont guidées par la méfiance. Autrement dit, si l’on a confiance dans les autres globalement, on a davantage tendance à soutenir les domaines d’institutions internationales, de liberté et de santé. Et inversement.
* La confiance dans les autres et la confiance dans les institutions sont-elles liées ?
Confiance méfiance Confiance méfiance Confiance méfianceInternational Libertés Santé
65%
53%60%
47%
72%63%
32%42% 40%
52%
10%14%
Confiance dans les institutions et confiance dans les autres, France
2008
Oui Non
*Confiance et démocratie
1. Au niveau européen, quelles différences ?
2. Au niveau français, quels clivages dominent ?
*Confiance et démocratie - Europe* Les jugements portés sur la démocratie, sur les pouvoirs,
sur les gouvernements ne disent pas tout de la « confiance » qu’on leur porte. Ils n’en sont pas moins révélateurs d’une certaine confiance ou d’une certaine méfiance :
* Qu’il s’agisse de l’appréciation de la démocratie ou de celle du gouvernement en place, les Français sont parmi les plus sévères dans leurs jugements :
* 60% des Français sont insatisfaits de la démocratie, quand « seulement » 41% des citoyens de l’Europe occidentale le sont ;
* 40% des Français ont une très mauvaise opinion de leur gouvernement, alors que c’est le cas de « seulement » 21% des personnes d’Europe occidentale
* Remarquons à nouveau que l’Europe du Nord garde une attitude plus constructive que la moyenne pour les deux appréciations qui suivent:
*Confiance et démocratie - Europe
Eu_Occ Sud Nord Tous CentrOr France Balk
59% 55% 51% 47% 40% 40% 36%
41% 45% 49% 53% 60% 60% 64%
Satisfaction de la démocratie, Eu 2008
(Très) satisfait (Très) insatisfait
France Centr_Orient Balkans Sud Tous Nord Eu_Occ
40% 35% 34% 31% 30%26%
21%
50%
43% 42% 46% 45%46%
48%
10%22% 24% 23% 25% 28% 31%
Appréciation du gouvernement, Eu_2008
(Très) mauvaise Moyenne (Très) bonne
*Confiance et démocratie - Europe
*Confiance et démocratie - France
*Deux autres questions en sus pour aller un peu plus loin au niveau de la France
1. Quel type de gouvernement : avec des experts ? nécessité d’ « hommes forts » ? Et l’armée au pouvoir ? Ou finalement la démocratie telle que nous la connaissons actuellement en Europe occidentale ?
2. Quels problèmes pose la démocratie ? Mauvais fonctionnement de l’économie ? Difficultés à prendre des décisions ? Incapacité à bien maintenir l’ordre ? Ou la démocratie est-elle quand même mieux que n’importe quel autre gouvernement ?
*Confiance et démocratie - France
Démocratie Experts pour prendre les décisions
Nécessité d'hommes forts
L'armée au pouvoir
91%
52%
26%
5%
9%
48%
74%
95%
Quel système de gouvernement ? Fr 08
(Très) bonne chose (Très) mauvaise chose
Si l’armée au pouvoir a peu de chance en France (5%), la France des experts n’est pas tellement loin, avec 52% de mentions; le score des « hommes forts » tourne autour du quart des réponses – un score qui dépasse un peu celui du Front National.
Moins de 3% associent étroitement les 3 formes non classiques de gouvernement et 17% en reprennent au moins deux à leur compte.
Cependant, malgré tout, la forme actuelle de la démocratie l’emporte largement avec plus de 9 personnes sur 10 qui s’y rallient.
*Confiance et démocratie - France
C’est surtout l’inefficacité à maintenir l’ordre qui est mentionnée par les Français : plus de un sur deux. Ils sont plutôt partagés quant à l’efficacité économique : un peu moins de un sur deux. Quant aux difficultés à prendre les décisions, c’est une personne sur quatre qui les évoque. Signalons qu’un tiers des personnes citent les trois difficultés ou obstacles en même temps. Cependant, ici aussi, la démocratie reste plébiscitée par une très grande majorité. Et près de 30% citent la démocratie comme meilleur système tout en reprenant à leur compte l’ensemble des trois critiques citées.
Démocratie comme meilleur système
La démocratie ne pemet pas de prendre des décisions
La démocratie entraîme une mauvaise économie
La démocratie est incapable de maintenir l'ordre
93%
74%
52%
47%
7%
26%
48%
53%
Difficultés de la démocratie Fr 08
(Tt à fait) d'accord (Tt à fait) en désaccord
*Confiance et démocratie - France
*Y a-t-il des clivages significatifs au sujet de la démocratie entre les divers groupes de la population française ?
*Démocratie / clivages ? France
Appréciation générale de la démocratie *Concernant l’appréciation générale de la démocratie et du
gouvernement, 4 types de groupes se démarquent très fortement :
* Les appartenances politiques
* Les orientations politiques
* Le niveau de revenus et
* Le statut socio-professionnel
Sont le plus satisfaits de la démocratie- Les personnes de droite- Les haut managers et les cols
blancs- Les personnes à revenus > 3000
€
Sont le moins satisfaits de la démocratie- Les personnes de gauche- Les ouvriers et les techniciens- Les personnes gagnant entre 2 et
3000 €Estiment le gouvernement (très) mauvais- Les personnes de gauche- Les ouvriers et les techniciens
Estiment le gouvernement (très) bon- Les personnes de droite- Les hauts managers- Les personnes à revenus > 5000 €
*Démocratie / clivages ? France
Quel système de gouvernement soutenir ?
Un type de gouvernements divise fortement les groupes sociaux : un gouvernements par des hommes forts : clivages politiques, socio-professionnels, niveaux d’études, rapports au travail et statut matrimonial
Soutiennent un gouvernement par des hommes forts- Les personnes de droite
(partis et idéologies)- Les retraités- Les personnes de >65 ans- Les veufs- Les ouvriers et
indépendants- Les personnes de niveau
scolaire primaire
*Types de gouvernements : avec des experts ? nécessité d’ « hommes forts » ? Et l’armée au pouvoir ? Ou finalement la démocratie telle que nous la connaissons actuellement en Europe occidentale ?
Rejettent un gouvernement par des hommes forts- Les personnes de partis de gauche- Les personnes se situant
idéologiquement au centre- Les personnes au travail- Les managers moyens- Les personnes à diplômes supér et
univers.- Les célibataires- Les jeunes de 25-34 ans
*Démocratie / clivages ? France
Quel système de gouvernement soutenir ?
Un type de gouvernements divise encore, mais moins les groupes sociaux : un gouvernement de démocratie type actuel : clivages dans les niveaux d’études surtout, les statuts socio-professionnels et plus relativement les tranches de revenus. Par contre, les clivages politiques et idéologiques sont absents ici.
Soutiennent un gouvernement
de type démocratique actuel- Les managers et les cols blancs- Les personnes à revenus
supérieurs- Les personnes de niveau scolaire
supérieur et univers.
Dans les trois cas, le soutien à la démocratie augmente avec le niveau social, économique et culturel considéré
*Types de gouvernements : avec des experts ? nécessité d’ « hommes forts » ? Et l’armée au pouvoir ? Ou finalement la démocratie telle que nous la connaissons actuellement en Europe occidentale ?
Rejettent un tel gouvernement- Les personnes à niveaux d’études
inférieurs- Les ouvriers et les techniciens- Les personnes à bas et moyens
revenus
Dans les trois cas, le rejet de la démocratie augmente à mesure que baissent les niveaux social, économique et culturel
*Démocratie / clivages ? France
Quel système de gouvernement soutenir ?
Les deux autres types de gouvernement divisent très peu les groupes sociaux. Le résultat le plus caractéristique est l’absence totale et étonnante de clivages gauche-droite (parti ou idéologie) sur la position à l’égard d’un gouvernement par des experts.
Un gouvernement par des experts ?- Hésitation globale : 52% disent OUI- Presque tous les groupes sociaux
sont partagés de la sorte- Soutiennent un peu plus : Les
25-34 ans et les aînés - Les ouvriers et gens du commerce – Les pers. à études infér.
- Soutiennent moins : Les moyens managers, les personnes au travail et de niveaux supérieurs d’études
*Types de gouvernements : avec des experts ? nécessité d’ « hommes forts » ? Et l’armée au pouvoir ? Ou finalement la démocratie telle que nous la connaissons actuellement en Europe occidentale ?
L’armée au gouvernement ?- Rejeté massivement par 95%- Presque tous les groupes sociaux
sont unanimes- Soutiennent un peu plus ou
rejettent un peu plus : les mêmes groupes que ceux qui soutiennent davantage un gouvernement par des experts, hormis les jeunes
*Confiance et peurs de l’Europe
*L’Europe est un thème cher aux vienouvelliens, même si ces derniers regardent l’Union européenne de manière critique sinon très critique.
*La France des Français reste hésitante dans sa confiance en l’Europe : 52% dans la présente recherche (2008). C’est mieux que le referendum, mais quand même!
*Le questionnaire a permis d’identifier et d’approfondir certaines des peurs que les gens ont par rapport à l’Europe, et surtout par rapport aux risques que courrait la France, et qu’ils courraient comme citoyens à cause de l’Europe.
*Les risques envisagés dans l’enquête sont :* Une moins bonne sécurité sociale
*Moins d’emplois
* Perte de pouvoir de la France
* Dilution de l’identité nationale
* Coût financier que la France devrait payer
*Confiance et peurs de l’Europe
Pays européens et France*Les peurs de l’Europe restent élevées dans l’ensemble des pays européens couverts par l’enquête, allant de 3 à presque 5 personnes sur 10. – Voir graphique de la dia qui suit
*Les risques particulièrement mis en évidence portent sur les pertes d’emploi (47%) et sur des coûts financiers pour le pays (44%).
*Les questions d’identité nationale et de perte de pouvoir viennent au second plan tout en étant le fait de plus de 3 personnes sur 10 (35% et 31%).
*Entre ces deux extrêmes, on trouve les risques de voir les couvertures de sécurité sociale diminuer (4 personnes sur 10).
*Si l’on compare les attitudes des Français à celles des habitants des pays de l’Europe occidentale et du Nord (voir deux dias plus loin),
* les deux craintes les plus partagées portent sur les emplois et sur les coûts financiers, les Français exprimant ces deux peurs un peu plus que la moyenne des habitants de l’Eu_Occ et à égalité avec les habitants des pays nordiques.
*Dans les 3 autres cas : craintes quant à la sécu (surtout), l’identité et le pouvoir, les Français manifestent clairement de plus fortes peurs.
*Confiance et peurs de l’Europe
Pays européens et France
Moins d'emplois Mon pays paye Moins de sécu Moins d'dentité Moins de pouvoir
47%44%
40%
35%31%
29%27%
33%
38% 39%
Raisons d'avoir peur de l'Europe - Eu 08
(Très) peur Pas peur (du tout)
*Confiance et peurs de l’Europe
Pays européens et France
Moins de sécu Moins d'identité Mon pays paye Moins de pouvoir
Moins d'emplois
41%
37%
50%
35%
54%
43%
35%
46%
32%
51%
40%
35%
44%
31%
47%
55%
42%
49%
38%
54%
Peurs de l'Europe, Eu08
Nord Eu_Occ Total France
*Confiance et peurs de l’Europe
FranceRegardons les Français de plus près (graphiques sur les deux dias suivantes) .*Dans tous les cas, les craintes exprimées à l’égard de l’Europe sont élevées, allant
de 38% à 55% (voir graphique sur la dia suivante)
* Les deux craintes les plus fortes concernent la sécurité sociale dont les risques de dévaluation sont exprimés par 55%, suivie par la crainte de perdre encore plus d’emplois, exprimée par 54%.
* Les deux craintes les moins fortes concernent la perte de pouvoir, mais encore avec près de 4 personnes sur 10, et le risque de perte d’identité nationale avec un peu plus de 4 personnes sur 10.
* Une crainte intermédiaire, qui reste néanmoins élevée : le risque de coûts financiers (49%).
*Quant à la perspective de l’élargissement de l’Europe, l’ensemble des pays couverts est divisé : 35% pensent qu’il faut le poursuivre, 30% qu’il faut le stopper et 35% ne savent pas très bien. Une majorité des personnes des (nouveaux) pays des Balkans (49%) et de l’Europe centrale (44%) soutiennent la poursuite de l’élargissement.
* C’est en France que les clivages sont les plus forts : 44% des Français sont pour l’arrêt de l’élargissement et seulement 18% pour sa poursuite. Ce qui confirme les craintes globalement plus fortes des Français par rapport à l’Europe.
*Confiance et peurs de l’Europe
Moi
ns d
e sé
cu
Moi
ns d
'em
ploi
s
Mon
pay
s pa
ye
Moi
ns d
'den
tité
Moi
ns d
e po
uvoi
r
55% 54% 49% 42% 38%
24% 23% 31%28% 32%
21% 23% 21% 30% 30%
Peurs à l'égard de l'Europe Fr08
Pas peur (du tout)Entre les deux(Très) peur
*Confiance et peurs de l’Europe
France Nord Eu_Occ Sud Tous Centr_Orient Balkans
18%
23% 22%
30%
35%
44%
49%44% 43%
41%
32%30%
23%
18%
Elargissement de l'Europe, Eu_08
A poursuivre A stopper
*Confiance globale dans les autres et peurs de l’Europe
Ces peurs de l’Europe renvoient-elles à la méfiance plus générale et globale que les gens auraient les uns à l’égard des autres – et que nous avons analysée au début de cette présentation ?
Oui, clairement au niveau statistique, il y a une relation étroite entre les deux attitudes : méfiance globale des autres et peurs de l’Europe / confiance globale et moins de peurs de l’Europe. Cette relation ne dit pas clairement quoi cause quoi,…
… mais l’interprétation permet de dire que les personnes manifestant une confiance globale dans les autres ont clairement tendance à craindre moins l’Europe (voir graphique sur la dia suivante)
*Confiance et peurs de l’Europe
Moins de sécu
Moins d'identité
Mon pays paye
Moins de pouvoir
Moins d'emplois
26%
47%
31%
44%
33%
19%
24%
17%
25%
19%
Confiance globale et pas peurs de l'Europe, Fr08
Confiance Défiance
*Quelques interprétations -
explications
①Générales
②Propres à la France-
Ces résultats, les ouvrages consultés, les personnes rencontrées, permettent d’exprimer diverses interprétations et hypothèses. Nous nous situerons d’abord au plan général (dans nos sociétés aujourd’hui …), ensuite au plan français (facteurs et explications spécifiques à la France).
*Quelques explications générales
*Plusieurs facteurs ont évoqués par Vincent Trieste dans son introduction. J’en reprends certaines et en ajoute d’autres.
*Depuis les années ‘60 et encore plus ’80 (« années Thatcher »), nous avons assisté à l’exacerbation de la concurrence, de la liberté et de l’excellence, qui ont à leur tour conduit à renforcer l’individualisme, l’arrivisme et l’égo-ïsme, à produire des individu non reliés, à aggraver la perte de cohésion sociale
*La volonté d’autonomie (individuelle) est portée à l’extrême, avec comme conséquences : –> la dé-responsabilisation de soi et-> la responsabilisation - culpabilisation des autres, du système … et de ses exclus
*Dans le même mouvement, s’est accentuée l’opacité des systèmes et des institutions, suite à leur spécialisation, qui a permis et renforcé –> le règne des experts et la dévalorisation des généralistes et des simples citoyens-> l’utilisation à ses propres fins et intérêts des fissures des systèmes la corruption, les passe-droits
*Quelques explications générales
*…
*La société moderne est devenue plus anxiogène parce que les risques que comporte la vie en société sont perçus comme résultant de l’action humaine et non plus des dieux, du destin, de la fatalité
*Défiance, angoisse et terreur existentielles se nourrissent mutuellement, ce qui peut conduire – > aux recherches angoissées de nouvelles sécurités : dans les extrêmes, les sectes, dans certains courants spiritualistes et nouvelles formes de religiosité coupés de la réalité …
*Les couches populaires, plus insécurisées, sont et se montrent plus vulnérables aux diverses formes de droitisation des sociétés, de réponses autoritaires à l’insécurité ressentie (politiques ou religieuses)
*Angoisses FORTES chez FR par rapport aux pays voisins : santé mentale, dépression, troubles psy, consommation médicale, suicides et tentatives : forte augmentation 1991 à 2005 ; multiplication par 3 des symptômes dépressifs, surtout chez les jeunes.
*Selon l’enquête mondiale ONG de lutte contre la corruption, rapport 2010-2011 Global competitiveness Report 2010-2011 :
*classe politique corrompue : France = 25e sur l’échelle de la transparence >< Danemark, Nlle Zélande et Singapour = 1ers, Suède et Finlande 4e, Canada 6e, Pays-Bas 7e, Allemagne 15e, R-U 20e et USA 22e
*détournements de fonds publics : Fance = 25e sur échelle des pays les plus vertueux >< Nlle Zélande et Suède 1ers – Singapour 3e, Danemark 4e
*Confiance dans l’éthique des politiciens : Fr = 31e >< pays Nord Europe
* Indépendance du système judiciaire : France : 39e >< Nlle Zélandel, Dan, Su, Finlande en tête, Allemagne 5e et Grande Bretagne 8e
*Favoritisme : France = 32e, Grèce 105e et Italie 115e
*Opinion sur les managers : Fr = 48e …
*Quelques explications concernant la France
*Quelques explications concernantla France
Incidence de tous les facteurs communs + facteurs spécifiques et caractéristiques et renforcés en France, sur base du livre cité + discussions avec amis VN (voir aussi l’exposé de Bernard Langevin) :
*La verticalité de la société française : élitisme et excellence dans toute l’éducation et le système scolaire (cf. les Grandes Ecoles …) –> concurrences, insécurités
*Horizontalité marquée par les corporatismes cloisonnés –> non coopération, esprit de chapelle, non universalisme
*Comparatismes exacerbés, perception d’une forte hiérarchie sociale des statuts et suspicion d’injustices dans l’ascension sociale, de corruption, de conflits d’intérêts par rapport (a) aux élites, riches et gens au pouvoir, (b) chômeurs, exclus et marginaux et(c) entreprises, hiérarchie et collègues
*Quelques explications concernant la France
*Conséquences : - –> être meilleur que le voisin, obsession des statuts et du rang social- importance de la conflictualité (mal gérée) plus que de la négociation- défiance par rapport aux institutions, aux syndicats, aux politiciens, aux hauts fonctionnaires
*Les couches populaires françaises sont fortement et particulièrement marquées par ces diverses défiances et méfiances ; par rapport à elles, les discours sur la confiance ont peu d’impact, vu que leur méfiance est fortement liée à leur insécurité d’existence –> nécessité d’une autre approche et d’autres formes d’interventions et d’actions que les seules sessions habituelles de notre Vie Nouvelle
*Quelques pistes
*Quelques pistesEntre autres et en plus de celles citées par les autres intervenants :
*élargissement des horizons : au-delà de moi, de ma famille, de mon milieu –> autres milieux et cultures, européen, international, mondial, planète
*élargissement des relations et des réseaux de relations : le « capital social » : réseau large et diversifié : cf. recherches montrant l’interaction étroite entre confiance dans les autres, connaissances des autres et réseaux de relations
*coopération, solidarité et service aux autres, à la société >< individualisme, concurrence, compétition, d’un côté, élitisme et corporatisme, règne des experts, de l’autre côté : en famille, à l’école, dans les mouvements de jeunes, dans le monde associatif…
*Quelques pistes
*niveau politique et des institutions (voir p. ex. certaines promesses de Fr Hollande)*non cumul des mandats
*nominations indépendantes >< passe-droit divers
*gestion des conflits d’intérêts
*baisses de certains salaires
*Transparence
*Niveau de l’éducation*IMPORTANCE DE L’EMPATHIE ET DE LA COOPÉRATION À
L’ÉCOLE, À LA MAISON comme lieux éducatifs des enfants et des jeunes
*// pays anglo-saxons : école comme communauté, place à l’expression individuelle, activités collectives, participation à la gestion de l’école, apprentissages via actions communes et échanges
*Quelques pistes
*Niveau de l’éthique collective
*Restaurer et faire vivre des lieux d’échanges, de débats et de propositions sur les questions fondamentales du vivre ensemble: cf. groupe Roosevelt, pacte civique, Edgard Morin, St Hessel, Larouturu et bien d’autres : leur succès montre aussi les attentes et les besoins à ces niveaux, entre autres des jeunes
*Faire vivre des mouvements comme la VN où celles et ceux qui s’engagent dans la politique et dans le changement peuvent venir se ressourcer et garder le cap au sein des pression auxquelles ils sont soumis, des compromis qu’ils sont amenés à accepter et à gérer
*Quelques pistes
*La confiance, dimension fondamentale du vivre ensemble … inégalement partagée …
… tel était notre titre… tel il reste au terme de ce parcours, avec son interpellation :
*Les couches populaires sont particulièrement marquées par les diverses formes d’insécurité d’existence, manipulées et manipulables, rétives aux essais maladroits ou incomplets de leur rendre confiance … Il y faut plus que nos sessions V : il y faut nos engagements concrets sur le terrain des luttes sociales et politiques où les valeurs de justice, d’égalité, de solidarité … et de fraternité trouvent leur plein sens en s’y incarnant.
Merci pour votre intérêt et votre
attention