wikileaksagnÈs b. débat tests - univ-st-etienne.fr

84
POLéMIQUE RISQUES ET MIRAGES DU GAZ DE SCHISTE DéBAT AGNÈS B. WIKILEAKS WASHINGTON PLANTE SES OGM TESTS L’ARNAQUE DES SEXTOYS ECOLOS CONSO LA BAGUETTE DE PAIN à PRIX D’OR DOCU NOTRE POISON QUOTIDIEN Belgique, Luxembourg, Portugal « Cont. » : 5,90 euros - Suisse : 9,80 FS - Canada : 10,25 $C - DOM : 5,70 euros POURQUOI IL VA NOUS RUINER COMMENT S’EN PASSER TOUS ACCROS AU PETROLE CONSO LA BAGUETTE DE PAIN à PRIX D’OR DOCU NOTRE POISON QUOTIDIEN

Upload: others

Post on 19-Jun-2022

5 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

polémique risques et mirages du gaz de schiste

débataGNÈS b.wikileakS

washingtonplante ses ogm

teStS

l’arnaque des sextoys ecolos

consola baguette

de pain à prix d’or

docunotre poison

Quotidien

Belgique, Luxembourg, Portugal « Cont. » : 5,90 euros - Suisse : 9,80 FS - Canada : 10,25 $C - DOM : 5,70 euros

Pourquoi il va nous ruiner Comment s’en Passer

TOUSaccrosaU petrole

consola baguette

de pain à prix d’or

docunotre poison

Quotidien

Page 2: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr
Page 3: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

3 mars 2011 terra eco

flore

-aël

sur

un -

tend

ance

flou

e

Editorial

L’ énergie nous appartientPar Walter Bouvais, directeur de la publication

e prix des carburants flambe comme jamais. C’est la conséquence du redécollage des

cours du pétrole sur une planète en surchauffe. Et ce n’est probablement qu’un sympathique apéritif. De fait, le prix du baril de

pétrole reste loin de ses niveaux de l’été 2008. Et une frange de l’économie mondiale sort à peine de trois années de léthargie. De toute évidence, nous devons nous attendre à un nouveau choc pétrolier à brève échéance.Comme le montre notre dossier (pages 40 à 59), le pétrole s’est immiscé partout dans nos vies. Il se niche dans nos tissus, notre alimentation, nos transports bien sûr, et même dans nos loisirs. La flambée des prix de l’or noir va ronger notre bas de laine. Comme souvent, les populations fragiles seront prises en étau. Logées loin des villes, dont l’habitat leur est inaccessible, elles restent extrêmement dépendantes de l’automobile pour leurs déplacements. Pour ces personnes, se rendre au travail risque de devenir un luxe.Malheureusement, la France n’est pas mieux armée pour affronter un choc pétrolier et social que certains pays du Sud ne le sont pour contrer un choc pétrolier et alimentaire. Tout simplement parce qu’ici, la question de l’énergie est traitée en catimini. Deux exemples récents démontrent que nous sommes délibérément mis à l’écart de choix qui, pourtant, conditionnent nos vies.

Tout d’abord, à l’automne 2009, la taxe carbone a été torpillée, et avec elle, les remarquables travaux de la commission Rocard qui avait accouché d’un système simple et clair. L’idée était de contenir les émissions de gaz à effet de serre et d’anticiper la hausse du prix de l’énergie en incitant les consommateurs, les entreprises et les collectivités à se « désintoxiquer » dès aujourd’hui des énergies fossiles. Il est cocasse de constater que l’augmentation des prix des carburants observée depuis l’automne 2009 est très supérieure à ce qu’aurait coûté cette taxe. En 2010 ensuite, l’octroi de permis d’exploration de gaz non conventionnels – ou gaz de schiste – s’est fait dans des conditions opaques, sans même consulter les populations concernées. Et ce, alors que les risques pour les habitants et les écosystèmes font frémir (1).

Des états généraux de l’énergieOn pourrait aussi parler du moratoire sur le photovoltaïque ou des choix en matière de nucléaire. Ces exemples disent à quel point les élites de la République refusent d’associer les citoyens au débat énergétique. Il saute pourtant aux yeux que cette question va redessiner nos vies dans les années à venir. Des tensions sociales fortes s’annoncent, auxquelles nous ne sommes pas préparés. Si l’on y réfléchit un instant, associer réellement la population au choix de son devenir énergétique serait pourtant le meilleur moyen d’affronter ensemble ces défis. La France a besoin de – vrais – états généraux de l’énergie. — (1) Lire la polémique du mois pages 10 à 13 et nos enquêtes sur Terraeco.net

Page 4: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

4 mars 2011 terra eco

Directeur de la rédaction David SolonRédacteurs en chef Karen Bastien (éditions papier)Julien Kostrèche (éditions électroniques)Directeur artistique Denis Esnaultont participé à ce numéro(en ordre alphabétique inversé) Julien Vinzent, Emmanuelle Vibert, Anne Sengès, Julia Pascual, Laure Noualhat, Arnaud Gonzague, Denis Delbecq, Anne de Malleray, Cécile Cazenave, Rafaële Brillaud, Matthieu Auzanneau, Philippine ArnalIllustrateurs et photographesLaurent Taudin, Adrien Albert / VU, Sipa, Rea, Tendance FloueCouverture Michel Le Page http://micheldetrentemoult.blogspot.comsecrétaire de rédaction François MeurisseCorrection Dominique VincentRédaction web Karine Le Loët

Directeur de la publicationWalter BouvaisAssistante de direction, coordination RsE Lise FeuvraisDirecteur des systèmes d’information Gregory FabreResponsable de production informatique Stéphane GiraultDéveloppeur informatiqueBrice ElieDirectrice commercialeStéphanie Elkoubi - [email protected] 09 05 24 75Directeur de clientèleNacer Chiaoui - [email protected] 42 52 28 03- 06 30 06 65 13Chef de publicitéDorothée Virot - [email protected] abonnementsBaptiste Brelet, Coralie Le Terte et Marie Olé Assistante commerciale, communicationVéronique Frappreau

terra eco est édité par la maisonTerra Economica, SAS au capital de 192 082 euros – RCS Nantes 451 683 718siège social 42 rue La Tour d’Auvergne, 44 200 Nantes, France tél : + 33 (0) 2 40 47 42 66courriel : [email protected] associésWalter Bouvais (président), Gregory Fabre, David Solon, Doxa SASCofondateur Mathieu Ollivier

Dépôt légal à parution – Numéro ISSN : 2100-1472. Commission paritaire : 1011 K 84334. Numéro Cnil : 1012873Impression sur papier labellisé FSC sources mixtes comprenant 60 % de pâte recyclée.Imprimé par Imaye Graphic (Agir Graphic)bd Henri-Becquerel, B.P. 2159, ZI des Touches, 53 021 Laval Cedex 9Diffusion PresstalisContact pour réassort Ajuste Titres+33 (0)4 88 15 12 40Ce magazine comprend un encart broché « Offre d’abonnement »de 4 pages en pages centrales 42-43.

foto

lia /

alfre

do c

aliz

- pa

nos-

rea

/ pla

stic

pla

net /

ste

phan

e la

voue

- p

asco

Ce magazine est imprimé sur papier labellisé FsC sources mixtes comprenant 60 % de pâte recyclée.

Abonnement terra eco42, rue La Tour d’Auvergne - 44200 Nantes France - +33 (0)2 40 47 42 66www.terraeco.net/abo - [email protected]

Réagissez à l’actualité sur

6 Terra responsable

8 Le courrier des lecteurs

10 La polémique du mois Gaz de schiste : « Terra eco » ouvre le débat public avec vous !

14 L’actualité en bref

18 L’objet du mois La baguette de pain

22 L’enquête WikiLeaks : au cœur des dossiers planétaires

26 Le portrait Marie-Monique Robin, la machine à décrire

30 En direct de Terraeco.net

34 Le marketing expliqué à ma mère Monaco l’emportera-t-il au paradis (fi scal) ?

36 L’économie expliquée à mon père Banques américaines : après la crise, encore la crise

38  Les blogs de Terraeco.net

Page 5: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

terra eco mars 2011 5

42   Dossiertous ACCRos Au PEtRoLE !

44 ETAT DES LIEUX Transport, alimentation, logement : notre marée noire quotidienne

48 TEMOIGNAGES Comment ils ont arrêté le pétrole (ou presque)

56 ENQUETE Ce que les pétroliers nous préparent pour l’avenir

60  L’éco-conso

62  L’alimentation La France peut-elle gober des œufs à la dioxine ?

64 J’ai testé Les sextoys écolos

66  Le casse-tête Ascenseur ou escalator ?

68  Ils changent le monde Foodtubes : des pneumatiques pour nourrir la ville

74 Le zoom Plastic planet : un doc mastoc

78  Sélection livres, films, BD…

80  L’agenda du mois

Pour faciliter la lecture de « Terra eco », nous avons inventé ce baromètre, qui annonce la couleur pour chaque article : plutôt écologique, plutôt sociétal, plutôt économique, ou les trois !

Page 6: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

6 mars 2011 terra eco

« Terra responsable »

L es Français semblent froissés avec le recyclage du papier. Pourquoi ?Pour trois raisons. D’abord historique. Quand la France s’est mise au tri au

début des années 1990, l’accent a été mis sur l’emballage. Le papier n’a pas été mis au cœur du dispositif déployé par notre grand frère, l’organisme Eco-Emballages. Ensuite, le savoir-faire a évolué. Au départ, seuls les journaux et les magazines étaient recyclés. Aujourd’hui, c’est le cas de tous les papiers. Enfin, les Français entretiennent une relation quasi affective au papier. Cette matière n’est pas un déchet comme un autre. D’ailleurs, on conserve, on archive les papiers, pas le reste de la poubelle ! Tout cela fait que le tri du papier est aujourd’hui insuffisant. Pour redresser la barre, nous avons un triple challenge à relever : his-torique, technique et culturel.

Selon vous, quels sont les leviers sur lesquels agir pour inverser la tendance ?Je vous donne un chiffre. Un papier sur

« En France, un papier sur deux n’ est pas recyclé »Une fois lu, votre « Terra eco » est recyclé… à condition d’être jeté dans le bon bac de tri. Géraldine Poivert, directrice générale de l’éco-organisme EcoFolio, explique pourquoi ce n’est pas le cas de tous les papiers.Recueilli par LA RÉDACTION

Il s’agit d’œuvrer concrètement. Au-delà de l’information que le magazine et le site Internet « Terra eco » vous délivrent, nous voulons démontrer qu’une communauté ouverte de lecteurs – pas forcément convaincus, pas forcément exemplaires – peut déployer des efforts significatifs (consommation, mobilité, habitat,

alimentation…) qui, s’ils étaient suivis par l’ensemble de la population, produiraient des effets. Alors que les Etats échouent à relever certains défis – changement climatique, aide au développement, etc. –, il s’agit de ne plus attendre les bras croisés. D’oser… passer à l’action.www.terraeco.net/agir

Le projet « Lecteurs responsables » expliqué à mon filleul« Terra eco » participe à la 22e semaine de la presse et des médias dans l’école

ecof

olio

deux termine son existence ailleurs que dans la filière du recyclage. La conséquence se chiffre en centaines de milliers d’euros et en tonnes d’émissions de CO

2. Pour

fabriquer son papier recyclé, la France est contrainte d’aller chercher du papier de bureautique usagé jusqu’en Allemagne. C’est un non-sens absolu ! Réussir à faire passer le message selon lequel on gagne de l’emploi et l’on préserve la pla-nète en recyclant son papier – un geste simple comme bonjour – constitue l’axe primordial d’EcoFolio.

Comment espérez-vous convaincre ?D’abord, en joignant nos forces, Eco-Emballages et EcoFolio seront plus efficaces. Ensuite, nous lançons une grande campagne de communication. Elle vise les collectivités – pierre angulaire du processus – et les citoyens. Il reste trop d’hésitations sur le tri. Une fois pour toutes : tous les papiers se recyclent sauf ceux qui ne sont pas en papier ! Savez-vous par ailleurs qu’un papier peut se recycler jusqu’à cinq fois ? C’est ce que nous allons marteler. —www.ecofolio.fr

Page 7: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

ecof

olio

Page 8: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

Demain, tous gros  ?

Créons un site Internet nutritionnel« Quand un produit indique “ - 30 % de sucre ”, il ne dit que ça. Il ne dit pas “ - 30 % de calories”. Plutôt que combattre des messages qui comptent sur l’imbécilité des gens, on ferait mieux de maximiser les informations disponibles. Aux clients de se prendre en charge pour en tenir compte. L’Etat devrait mettre en place un site Internet nutritionnel unique où on pourrait analyser ses achats : savoir combien de calories ingurgiter à chaque repas, etc. Et s’il a acheté du chocolat, il saura qu’il a droit à, disons, 2 carrés par jour. » UN LECTEUR

Ne pas en faire une maladie« L’obésité est un état, pas une maladie. Sa cause peut parfois être d’ordre pathologique. Et ses conséquences sont effectivement souvent des maladies. C’est un sujet dont les autorités médicales doivent s’emparer. » UN LECTEUR

Innovations marketing« Dans les supermarchés, il y a 50 sortes de chocolat, 200 de biscuits ! Et si les marques cessaient leurs pseudo-innovations culinaires – qui ne sont en fait que des nouveautés marketing – et se concentraient sur la qualité des produits ? » MAX

Vous voulez réagir,écrivez-nous [email protected]

Le courrier

8 mars 2011 terra eco

Aujourd’hui, les obèses se comptent par millions aux Etats-Unis, en Chine ou au Mexique. La France ne fait plus exception. L’obésité est-elle une maladie ou le symptôme d’une crise de notre mode de vie ?

Tous les mardis à 7 h 45, David Solon, directeur de la rédaction de « Terra eco », est à l’antenne de

Retrouvez « Terra eco » chaque mois sur dans « Service public », sur dans « Global Mag », sur dans « C’est pas du vent »et sur Fréquence Terre.

Page 9: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

Le courrier

terra eco mars 2011 9

Du mètre carré gaspillé« Il faut adapter la taxe foncière à l’usage du logement. Exemple : un foyer de deux personnes dans un 110 m2 au centre de Paris devrait être doublement imposé, car il gaspille du mètre carré habitable. Mécaniquement, les logements sous-occupés se libèreraient ou seraient transformés en deux entités plus petites, habitables par ce foyer et par un étudiant, par exemple. » J.S.

Interrogations« Quel est le vrai problème ? Que l’on ne construit pas de logements assez vite ? Qu’on en laisse un grand nombre devenir petit à petit inhabitables ? Ou que tous les habitants étendent leur surface habitable ? » J-F.L.

Commencer à déconstruire« Le problème est compliqué : l’urbanisation galopante est un fl éau pour la biodiversité – il faudrait même commencer à déconstruire –, construire en hauteur n’est pas faisable de manière écologique, densifi er est diffi cile alors que les gens sont déjà entassés les uns sur les autres, la “ récupération ” des logements vides est une goutte d’eau… D’après les chiffres de l’Insee, la France n’arrive même pas à avoir une démographie stable : comment voulez-vous résoudre la crise du logement et diminuer la pauvreté dans ces conditions ? » BOB

Pénurie de logement en France : des solutions !

Poursuivez le débat sur

Densifi er les zones habitées en construisant des bâtiments plus hauts ou augmenter intelligemment les taxes foncières : voici quelques-unes des pistes à suivre.

bisc

arot

te -

fl ic

kr

Page 10: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

10 mars 2011 terra eco

Gaz de schiste Nous ouvrons le débat public avec vous !Faut-il exploiter le gaz de schiste ? Et si oui, à quelles conditions ? L’État ne vous a pas demandé votre avis ? « Terra eco » vous ouvre ses colonnes, ainsi qu’à tous les experts engagés dans ce dossier.Par LA RÉDACTION

Confronté à une contestation grandissante contre les gaz de schiste, le gouvernement temporise. Une mission chargée d’évaluer les enjeux environnementaux a été lancée. Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Ecologie, recevant le 10 février les représentants des industriels leur lance : « On n’acceptera pas une exploration ou une exploitation à l’américaine. La balle est dans votre camp. » Elus locaux

et écologistes s’étonnent : pourquoi a-t-il fallu attendre une mobilisation avant de s’interroger sur l’impact de ces forages ? Pourquoi ne pas avoir consulté les habitants des zones concernées avant de délivrer des permis ? Interrogé par « Terra eco », Total affirme que « l’environnement est une question clé sur le sujet » et se dit « tout à fait favorable à ce qu’il y ait un débat éclairé sur cette question ».

Le documentaire «Gasland» est aujourd’hui le symbole du combat contre l’exploitation du gaz de schiste. L’une des scènes-clés est celle où un homme fait flamber du méthane en brandissant un briquet sous l’eau de son robinet. Preuve irréfutable de la contamination de la nappe phréatique, selon Josh Fox, le réalisateur.

Page 11: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

terra eco mars 2011 11

La polémique du mois

« Les Français seront obligés de recourir aux techniques américaines »

José Bové,député européen Europe Ecologie Les VertsJe prends acte de

la décision de Nathalie Kosciusko-Morizet de ne délivrer «  aucune autorisation de  travaux » avant le résultat de la mission sur les impacts environnementaux. C’est déjà ça. Mais comme souvent, quand on ne sait pas comment répondre à une question, on crée un groupe de tra-vail ou une mission. C’est tout de même invraisemblable qu’on délivre des permis et qu’il faille attendre que les gens se mobilisent pour s’inter-roger sur l’impact environnemental de ces forages. Cela dit, il faut reconnaître que NKM est bien seule à s’exprimer sur le sujet au sein du gouvernement. Eric Besson (ministre  chargé  de l’Energie, ndlr), qui a officiellement repris le bébé, est resté jusque-là étrangement silencieux. D’ailleurs, la responsabilité d’accorder ces permis n’incombe pas à la ministre de l’Ecologie qui n’occupe ce poste que depuis quelques mois, mais à son prédécesseur Jean-Louis Borloo. On peut se demander si lui-même n’a pas agi sur ordre du chef de l’Etat pour lancer un si vaste projet. Je veux maintenant savoir si le gouver-nement est prêt à abroger les permis pour ouvrir le débat. Il n’existe aujourd’hui pas d’autre solution que la fracturation hydrau-lique. Elle implique l’utilisation de produits chimiques, avec les risques pour l’eau et les problèmes de ges-tion de déchets que l’on connaît au Canada ou aux Etats-Unis. Et les entreprises françaises, comme Suez, n’auront d’autre choix que de recourir aux sociétés américaines auxquelles elles sont adossées, et

« Gaz de schiste et sables bitumineux, même combat ? »

« En annonçant des stocks phénoménaux en France, les industriels [de ce dossier] ont fait monter le niveau de leurs actions en Bourse. » 

Benjamin Cliquet, blogueur sur Terraeco.net actuellement à la rencontre des acteurs du développement durable en Finlande, au Canada, en Roumanie… Au Canada, le sable bitumineux s’étend, sous la forêt boréale du nord de l’Alberta, sur un territoire de la taille de la Floride et pour des réserves de pétrole cinq fois supérieures à celles de l’Arabie Saoudite. Les Albertins sont plutôt favorables à l’exploitation des sables bitumineux car, au Canada, les revenus des ressources naturelles sont provinciaux. Les habitants récupèrent donc une (infime) partie des revenus colossaux de cette activité d’extraction. Par contre, ils sont mal vus au Québec car ils favorisent l’Alberta, déjà la province la plus riche du Canada, et ils représentent environ la moitié des émissions de gaz à effet de serre

qui sont les seules à maîtriser les techniques d’extraction de ces gaz. Explorer ou forer, là n’est pas débat, car dans les deux cas, il faut recourir à la fracturation hydraulique, avec tous les risques qu’elle comporte. En réalité, le forage d’exploration est la première étape du processus com-mercial : c’est à l’endroit même où sont effectués les premiers forages que les gaz sont exploités par la suite.

Quel est l’état des réserves ?C’est une aubaine pour les industries qui lorgnent ces gaz. En annonçant des stocks phénoménaux – peut-être bien supérieurs à la réalité puisque personne ne peut connaître exacte-

ment l’état des réserves –, ils ont fait monter leurs actions en Bourse. Mais je peux vous dire que si je m’oppose aux gaz de schiste, ce n’est certaine-ment pas pour faire la promotion du nucléaire qui n’est pas une énergie durable. Sans même parler de la pro-blématique des déchets, le nucléaire s’inscrit sur un temps court, car les ressources en uranium sont loin d’être éternelles. Il faudrait égale-ment regarder le coût réel de cette industrie et la comparer aux autres afin de vérifier si elle est plus ren-table, avant de la présenter comme une solution d’avenir. La question de la sortie du nucléaire reste claire-ment posée. —

Page 12: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

12 mars 2011 terra eco

du pays. Cerise sur le gâteau : ils profi tent aux Etats-Unis

où 100 % du pétrole extrait est exporté.

Chauffage industriel Sur le gaz de schiste, même levée de bouclier côté québécois. L’opposition des habitants, couplée aux rapports scientifi ques pessimistes, semblent trop forte pour que les politiques puissent continuer les forages (10 puits par an environ). Au-delà des problèmes environnementaux – eau, substances chimiques et émissions de méthane liées à l’extraction –, les Québécois font part de leurs doutes quant à l’utilité de ce gaz de schiste. Il servirait en effet en tant que chauffage industriel en remplacement du pétrole, qui pollue davantage et dont le prix augmente (lire aussi le dossier pages 40 à 58). Mais la province du Québec ne manque pas de gaz naturel, qu’elle peut acheter en grande quantité à l’Alberta, région excédentaire. Le prix de ce dernier n’ayant jamais été aussi bas depuis quarante ans, cette solution serait envisageable en cas de besoin. —www.terraeco.net/a15545.html

« Soyons innovants sans détruire le vivant »

serge orru, directeur général du WWF FranceLe développement

du gaz de schiste est perçu par

l’Etat comme l’une des solutions possibles afi n d’atteindre l’indé-pendance énergétique. C’est une idée aussi vaine que dangereuse. Quand bien même ces explora-tions aboutiraient à réévaluer à la hausse les volumes disponibles, les réserves de gaz de schiste dans le monde resteront réparties très inégalement. Selon les estima-tions actuelles, l’Europe en pos-sède 4 à 6 fois moins en milliards de barils équivalent pétrole que l’Amérique du Nord, l’Asie ou le Moyen-Orient. Envisager d’investir des sommes colossales dans cette fi lière revient une fois de plus à repousser la nécessaire transition énergétique vers les alternatives renouvelables, seule politique en mesure de

répondre aux défi s posés par notre dépendance vis-à-vis des énergies fossiles et des importations.

Ne plus perdre de tempsAffi rmons-le avec force : nous n’avons pas de pétrole, soyons innovants sans détruire le vivant ! Le photovoltaïque, l’éolien, l’hy-draulique, l’énergie marémotrice, etc. sont des sources d’énergie propres, disponibles locale-ment et dont le développement conjugué peut répondre à nos besoins. Pourquoi creuser les entrailles de la Terre et y laisser du poison quand la planète nous offre en surface et dans l’air les ressources suffi santes pour pro-duire de l’électricité à moindre impact ? Le fait que la France ait accumulé un retard majeur sur le plan de ses fi lières indus-trielles d’énergies renouvelables devrait l’inciter à ne plus perdre de temps, à concentrer ses efforts sur celles-ci et la fi n du gaspillage énergétique. —

L’intégralité des débats et vos réactions sur

ww

w.g

asla

ndth

emov

ie.c

om

Page 13: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

terra eco mars 2011 13

« Observons les pays producteurs de pétrole : leurs immenses ressources ont-elle profité à la démocratie et à la juste répartition des richesses ? » GILLES

Illogique« Les autorités politiques nous ont asséné que le nucléaire était le moyen majeur pour lutter contre l’effet de serre. Et aujourd’hui, elles s’efforcent de promouvoir un combustible émetteur de CO

2. »

TEnsoR

Dégâts « charbonesques » « Selon une étude préliminaire réalisée, dans l’Etat de New York par l’équipe du professeur Robert Howarth de l’université Cornell, les conséquences écologiques liées à l’exploitation du gaz de schiste ne sont guère réjouissantes. Comptabiliser l’ensemble des émissions se produisant lors des différentes étapes de l’extraction, celles liées à la combustion de ce gaz, celles résultant des fuites, la filière du gaz de schiste se révèlerait, sur le plan climatique, aussi polluante et néfaste que le charbon, la pire des énergies fossiles en ce domaine. » LAnCE

Gâchis« Il est grand temps que nos sociétés abordent les problématiques énergétiques sous un angle nouveau : éviter les gâchis et favoriser ce qui génère le moins de déchets. » HoMoECo

Belles régions« Comment imaginer que l’on va ruiner les réserves d’eau, polluer les sols et détruire les paysages de ces belles régions parce que l’on est incapables de réduire notre consommation ? » Un LECTEUR

Les yeux fermés« Que les permis soient accordés ou non, que l’exploitation ait lieu ou non, le simple fait d’annoncer que de substantielles réserves d’hydrocarbures existent dans le sous-sol français ne pourra que raviver le sentiment général du “ Alors c’est bon, continuons à consommer les yeux fermés ”. On nous propose le chemin du moindre effort. »

FRÉDÉRIC CHoMÉ

Modèle durable ?« La question n’est pas de savoir si les énergies fossiles sont favorables à l’emploi : oui, elles le sont. Ce sont elles qui ont permis notre niveau de développement et les trois siècles de progrès formidable que nous avons connu. Ce dont il faut plutôt débattre, c’est de la durabilité de ce modèle. » AnToInE

Maso… schiste« On voit bien ici que notre société se débat de plus en plus comme un poisson dans la nasse. Et cherche désespérément des relais de croissance pour ses ressources énergétiques. » Un LECTEUR

Que de sujets oubliés« Combien de sujets sur lesquels la démocratie semble oubliée ? Les OGM, les investissements hasardeux des banques, l’environnement en général, l’agriculture, la santé… » HIRonDELLE

Vos REACTIons sur WWW.TERRAECo.nET

Page 14: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

14 mars 2011 terra eco

daqu

ella

man

era

- fl i

ckr

/ to

ad -

ww

w.u

nsite

surin

tern

et.fr

La photo du mois

UN KRACH DU MICROCREDIT ? Le microcrédit connaît actuellement son premier revers. L'effondrement se déroule en Inde, pays où ce système de crédits sur de petits montants, jusqu'ici fl orissant, touche 80 millions d'habitants. L'Etat de l'Andhrah Pradesh – près de 30 % de l'activité du secteur – a durci sa législation, car les prêts étaient accordés sans discernement, conduisant des Indiens surendettés à se suicider. Détourné de son objectif initial – fi nancer une activité économique –, le microcrédit sert aujourd'hui à payer les achats quotidiens, mais surtout à rembourser le crédit précédent. Cette situation critique ressemble dangereusement au scénario des subprimes , selon des économistes interrogés par « L'Expansion ». (Keith Bedford - NYT - Redux-Rea)

Brèves

Non, votre générosité n'est pas le fruit d'une éducation ou d'un cheminement personnel. Elle est génétique, selon des chercheurs de l'université de Bonn (Allemagne) qui ont mis en évidence le lien entre l'ADN d'un individu et l'altruisme. Les personnes possédant une petite modifi cation dans leur patrimoine génétique ont donné, en moyenne, deux fois plus à une œuvre de bienfaisance que les autres participants au test. Le gène en question infl ue sur la

production de dopamine, neurotransmetteur lié à la sexualité, aux émotions positives et à la motivation.

Le grosmot

« L’Union européenne peut créer un réseau homogène d’énergie post-carbone et de communication. »JEREMY RIFKIN, prospectiviste américain, interviewé par le site EurActiv. Il est persuadé que l’UE est idéalement positionnée pour être leader du XXIe siècle.

Réagissez à l’actualité sur

18 L’objet du moisLa baguette de pain

22 Enquête WikiLeaks : au cœur

des dossiers planétaires

26 Portrait Marie-Monique Robin,

la machine à décrire

30 En direct de Terraeco.netSuicides : l'autre

contrecoup de la crise

34 MarketingMonaco l'emportera-t-il

au paradis (fi scal) ?

36 Economie Banques américaines :

un nouveau scandale en puissance

38 Les blogs de Terraeco.net

Altruisme

Page 15: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

daqu

ella

man

era

- fli

ckr

/ to

ad -

ww

w.u

nsite

surin

tern

et.fr

General Motors recycle la marée noire

Décidément, aux Etats-Unis, il y aura un avant et un après

marée noire du golfe du Mexique. Dernier en date à « rebondir » sur la catastrophe : General Motors. Le constructeur automobile a décidé d’utiliser les barrages flottants qui ont aidé à endiguer le pétrole. Avec, il fabriquera des pièces détachées de protection des radiateurs automobiles. Les barrages seront bientôt transformés en 45 tonnes de billes de plastique. En attendant, ils en sont à la phase de nettoyage. Rien ne se perd, tout se recycle dans la communication de crise.

Moubaraka

Brèves

Le dessin

C'est l'augmentation potentielle de la productivité agricole en Scandinavie d'ici à 2080. Par quel miracle ? Le changement climatique, répond une étude publiée par l’Académie des sciences américaine. Tout va dépendre de la hausse – entre 2,5° C et 5,4° C – de la température moyenne en Europe. Mais les agriculteurs peuvent se frotter les mains, sans parler de la baisse du nombre d'inondations. Il n'y aura donc plus rien de pourri au royaume du Danemark et consorts dans soixante-dix ans ? Pas si vite. Les dérèglements météorologiques et les tensions alimentaires à l'échelle mondiale risquent de vite assombrir le tableau.

Loin du baby-blues Panique à l'ONU. L'institution vient de publier un rapport dénonçant une hausse démographique mondiale non soutenable : elle prévoit, au mieux, un pic de 9,4 milliards d’habitants en 2070. « Il n’y a toutefois pas de garantie que ce scénario se réalise, notamment si les pays ayant un taux de fécondité élevé ne le réduisent pas suffisamment vite. » Les Nations unies appellent donc les politiques à reprendre la main sur ce sujet, abandonné depuis les années 1970 et le succès des politiques de planning familial.

terra eco mars 2011 15

Idéebusiness

Page 16: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

16 mars 2011 terra eco

Faire du bléen Afrique Au lieu de faire les yeux doux à la Chine, les investisseurs et les industriels feraient mieux de chausser leurs lunettes de

soleil et de foncer vers l’Afrique. C’est la conclusion du magazine « Business week » après avoir lu le rapport du McKinsey Global Institute. Ce dernier bilan de santé du continent est plus qu’encourageant : + 5 % de croissance annuelle du PIB entre 2000 et 2008 ; plus de 100 entreprises affi chant des bénéfi ces dépassant le milliard de dollars ; 316 millions de téléphones mobiles écoulés depuis 2000 (soit plus que la population des Etats-Unis) ; la population active la plus importante du monde en 2040, etc. L’Europe doit se réveiller : elle ne représente plus que 28 % du commerce avec l’Afrique, alors qu’elle dominait 51 % des échanges en 1990. www.businessweek.com

Soldes sur le corps humain

15 000 dollars en Inde, 62 000 dollars en Chine, 262 900 dollars aux Etats-Unis, voici un rapide état des lieux du

marché du rein dans le monde. Le magazine américain Wired propose une dérangeante plongée dans le business des organes humains. Les législations sont tellement différentes d’un pays à l’autre que c’est un jeu d’enfant de les contourner. Vous voulez une cornée ? Elle a de bonnes chances de venir de Chine, c’est un « produit » très facile à exporter. Une mère porteuse ? L’Inde est faite pour vous, notamment la région du Gujarat qui s’est spécialisée dans les cliniques de « fabrication » de bébés.www.wired.com

soleil et de foncer vers l’Afrique. C’est

Jamie Oliver, interdit de cantineCirculez, y’a rien à fi lmer. C’est ce qu’a fait comprendre le département de l’Education de Californie au très médiatique chef anglais Jamie Oliver. Celui-ci avait déjà tourné deux semaines dans la cantine d’une école publique pour son émission anti-obésité « Jamie’s Food Revolution » (voir « Terra eco » de janvier 2011) quand il a été prié de plier bagage. D’après le « Los Angeles Times », les autorités craindraient que le cuistot star critique leur politique nutritionnelle en milieu scolaire. Il s’agit seulement d’éviter la dramatisation du reality-show, rétorquent les responsables. Dans ou hors des écoles, Jamie Oliver se dit, lui, prêt à continuer à promouvoir une bouffe saine. www.latimes.com

Le volume moyen du cerveau de l’homme moderne, l’Homo sapiens, a diminué d’environ 10 % en 30 000 ans. Il est passé de 1 500 cm3

à 1 359 cm3, soit l’équivalent d’une balle de tennis perdue. Ces chiffres, dévoilés par des anthropologues de l’université du Michigan, ne doivent pas nous inquiéter, raconte le magazine Good. « Avec l’émergence de sociétés plus complexes le cerveau humain est devenu plus petit parce que les individus n’ont pas besoin d’être aussi intelligents pour survivre, ils sont aidés par les autres », a expliqué l’un des chercheurs. C’est beau, la civilisation.www.good.is

Ouf, notre cerveau diminue

Lu d’ailleurs

Métro, boulot, consoAmener les riches à consommer de façon « plus soutenable », c’est l’appel lancé par le vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, qui défend des « Objectifs du Millénaire pour la consommation ». Les 20 % d’individus les plus riches de la planète sont responsables de 85 % de la consommation mondiale, rappelle l’agence Inter Press Service. S’ils changeaient radicalement leurs comportements, l’empreinte écologique globale serait drastiquement réduite. http://ipsnews.net

« La planète n’a jamais consommé autant de poisson et le secteur assure, de façon directe et indirecte, un nombre d’emplois sans précédent. »Rapport de la FAO, organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation, avertissant que les réserves mondiales sont à reconstituer d’urgence.

Page 17: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr
Page 18: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

18 mars 2011 terra eco

Dans quelques semaines, vous paierez vos tartines bien plus cher. Découvrez qui maltraite les grains de blé, votre porte-monnaie… et même votre santé. Par PHILIPPINE ARNAL

’est écrit : le pain va encore aug-menter de 4 à 5 centimes d’ici au mois d’avril. A qui la faute ? Au climat, ma bonne dame. A cause de la sécheresse en Russie et des

inondations en Australie, la production mondiale de blé sera inférieure à la consommation en 2011. Et ce même si les Etats-Unis compensent avec de très bonnes récoltes. Le blé nécessaire à la fabrication du pain vendu en France est pourtant gaulois à 98 %, répondrez-vous. Certes, mais devant la future tension des stocks, les épis hexago-naux risquent d’être exportés chez nos voisins, amenuisant nos réserves. Du coup, le prix du blé et de la flûte vont flamber. C’est écrit, vous dit-on. Et si la France elle-même était contrainte de faire venir son blé de l’étranger ? fo

tolia

La baguette

Ça n’améliorerait ni la santé de votre porte-monnaie ni l’empreinte envi-ronnementale de la baguette blanche, elle qui représente les trois quarts des ventes en France : 9 milliards de pains par an ! Il faut dire que dès le champ, son bilan carbone est sérieusement enfariné, car l’agriculteur conventionnel le plombe à hauteur de 63 %. Les cou-pables : plus que les machines agricoles, le volume des produits phytosanitaires et chimiques utilisés. Une fois récoltés, les grains de blé sont stockés par des négociants ou des coopératives qui, à leur tour, les traitent chimiquement ou les assèchent par soufflerie pour les protéger des parasites. Le blé est ensuite transporté vers un moulin situé dans un rayon inférieur à 250 km. D’abord humidifié, il est ensuite aspiré vers le

broyeur et le tamiseur. Autant d’énergie qui n’est plus produite depuis longtemps par le vent ou par l’eau.

Acide ascorbique venu de ChineEnfin, pour proposer une gamme de farines qui facilite la vie de ses clients, le meunier y ajoute sa potion magique : quelques conservateurs et une pincée d’anti-cloque pour éviter les bulles disgracieuses sur la croûte. La poudre est prête à l’emploi. A ce stade, les effluves du bon pain craquant sont encore loin des narines des clients et pourtant, la farine représente déjà 70 % de l’impact environnemental de la future baguette.La poudre blanche, livrée en vrac ou en sacs, arrive ensuite chez le boulanger ou l’industriel. A son tour, le fabricant de pain ajoute sa dose d’améliorants et d’émulsifiants pour que la mie ne colle pas ou ne file pas. « Utilisés à 

L’objet du mois

Le pain de tradition française www.boulangerie.org/qualite/tradition Les céréales « Cultures et ressources contrôlées » www.lavieabesoindumeilleur.fr Tout sur la fabrication de la farine www.meuneriefrancaise.com Le bilan carbone d’une baguette réalisé par la Chambre de métiers et de l’artisanat d’Isère www.cma-isere.fr (recherchez « baguette »)

Pour aller plus loin

Page 19: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

terra eco mars 2011 19

foto

lia

faible dose, l’impact de ces produits est surtout dû à  leur transport, précise Adrien Meskel du pôle de recherche et d’innovation de l’Institut national de la boulangerie pâtisserie. L’acide ascorbique, par exemple, vient souvent de Chine. » Pourtant, chez certains professionnels, un doute persiste sur l’innocuité des douze additifs de pani-fi cation utilisés en France (1). Un doute confi rmé implicitement par le dépôt offi ciel, en 1993, de la recette du pain « de tradition française », un intitulé qui garantit que le pain ne contient aucun de ces additifs. De là à suggérer que ces produits biochimiques font peut-être courir un risque à notre santé…Quoi qu’il en soit, dans le pétrin du boulanger ou de l’industriel, le travail continue et le mélange farine, eau, sel et levure s’homogénéise tranquillement. Divisé ensuite en pâtons, il se repose et fermente quelques heures dans une « chambre de pousse » maintenue à 24° C avant de fi nir dans le four – élec-

trique ou au gaz – à 250° C pendant une vingtaine de minutes. Les pratiques et le résultat diffèrent d’une boulangerie artisanale (65 % de la production) à une usine (24 %) ou l’atelier de boulangerie d’une grande surface (9,7 %). Mais au fi nal, le bilan environnemental est à peu près équivalent : le second poste le plus impactant est la cuisson du pain (et les équipements de surgélation à - 115° C pour l’industrie). L’énergie

Chez les professionnels, un doute persiste sur l’innocuité des douze additifs de panifi cation utilisés en France.

“Les apprentis Z’écolos” et le micro-ondesDécouvrez comment vos aliments grillent plus vite que la lumière dans ce nouvel épisode de la série de dessins animés de « Terra eco » *. A visionner sur : www.terraeco.net (rubrique Terra eco TV)* En coproduction avec Télénantes et Six Monstres.

utilisée par le pétrin électrique et la chambre de fermentation sont la cerise sur le gâteau au carbone.

Du papier qui pèse lourdLongue, striée, la crête dorée : la baguette est enfi n là. Son périple n’est pourtant pas fi ni. Son odeur envahit la rue et attire le chaland… qui prend sa voiture pour venir l’acheter à la boulangerie et la rapporter chez lui. L’industriel, lui, doit, livrer ses points de vente. Le groupe La Mie Câline, qui fabrique sa marchandise en Vendée, approvisionne ainsi deux fois par semaine ses 200 magasins en France. Des trajets qui représentent 4,5 % de son bilan carbone, un peu plus que les déplacements de ses clients (4 %) !

Page 20: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

20 mars 2010 terra eco

Et s’il est encore possible d’amé-liorer le fret, difficile d’agir côté

consommateur.Enfin, un autre poste est à améliorer pour les groupes industriels : les papiers et fournitures annexes qui pèsent près de 10 % du bilan. Obligatoire dans les commerces en libre-service, l’embal-lage du pain est moins présent chez les artisans. « Il représente 3 % à 5 % du prix de la baguette pour un boulanger. Or un produit totalement biodégradable coûte trois fois plus cher », explique-t-on chez Prestibox, une entreprise spécialisée dans les emballages pour boulangerie pâtisserie. A choisir, autant préférer le « sans emballage » plutôt qu’un pain trois fois plus cher dans du papier écologique ! A l’arrivée, la fabrication d’une baguette pèse 140 g de CO

2, un bilan semblable à celui

d’un km en petite voiture neuve ou d’une ampoule de 60 W allumée pen-dant 27 heures (2).

Petit nom champêtreLa jolie baguette, elle, est enfin sur la table. Mais le cocktail de pesticides, d’additifs chimiques, de kilomètres parcourus et de papiers d’emballage reste un peu sur l’estomac. N’y a-t-il pas donc d’autre choix ? Dans de nombreuses régions, pour booster les filières agricoles, des pains locaux ont été lancés, jouant sur l’authen-ticité et le régionalisme. Sans pour autant être labellisés bio. Mais dans la confusion générale, l’amalgame est vite fait. Plus de 100 boulangeries, sur les 33 000 que compte le territoire français, proposent ainsi la Bleuette. Derrière ce petit nom champêtre se cache le Groupement d’intérêt économique cultures et ressources contrôlées qui regroupe 1 030 producteurs de blé, 22 organismes stockeurs, une centaine de boulangers et leurs meuniers.Tous respectent un « référentiel privé ». Traduction ? Il s’agit d’un cahier des charges élaboré par une société qui en est propriétaire et dont le contenu est peu ou prou classé « secret défense ». Il n’est pas soumis à l’avis d’un organisme public ou agréé par l’Etat. Bref, tout sauf un label. Raison pour laquelle il soulève critiques et interrogations de

Comment le bio a sauvé les eaux de Lons-le-SaunierEn 1989, pour réduire la pollution de ses eaux thermales, la ville de Lons-le-Saunier dans le Jura a lancé une initiative originale. Elle a négocié des pratiques de culture plus propres avec les agriculteurs installés autour de la zone de captage. En 2001, Jacques Lançon, élu en charge de l’environnement, les convainc de se convertir en biologique pour alimenter en blé la filière de pain promue avec le syndicat des agriculteurs biologiques. Un atelier de boulangerie bio s’installe en face de la cuisine centrale de la ville, qui fournit 5 000 repas par jour. En quelques années, grandit sur un périmètre de 30 km une filière « blé-farine-pain » biologique autour de vingt agriculteurs, deux meuniers et une trentaine de boulangers. La filière courte, en supprimant les intermédiaires, permet de réduire les surcoûts liés aux faibles rendements du bio, précise Roland Sage, conseiller à la Chambre d’agriculture du Jura. Aujourd’hui, la marque « Bio comtois » concerne 450 agriculteurs. L’un des plus gros clients de la filière ? La cantine municipale. —

la part des boulangers et des meuniers. Tout juste saura-t-on que les blés qui servent à fabriquer la Bleuette sont produits avec des principes « plus stricts » que ceux de l’« agriculture raisonnée ». Cette réglementation vise « à renforcer les impacts positifs des pratiques agricoles sur l’environnement et à en réduire les effets négatifs, sans remettre en cause la rentabilité éco-nomique des exploitations », d’après les textes officiels. Les grains ne sont pas traités après récolte et le pain est fabriqué selon la recette « de tradi-tion ». Séduisante mais énigmatique, cette Bleuette !

Pains importésEn face, la baguette labellisée AB repré-sente, elle, entre 1,3 % et 2 % du marché français. Une partie de sa farine a beau venir d’autres pays européens, si on la choisit « de tradition », elle reste une valeur sûre pour les puristes du bio. Attention toutefois : certains pains bio-logiques sont importés pour répondre à la demande ! Pour séparer le bon grain de l’ivraie, il y a encore du pain sur la planche. —(1) Ces substances donnent des caractéristiques esthétiques au pain et facilitent le travail du boulanger. Il en existe 102 en Europe, selon les goûts de chaque pays.

(2) Bilan carbone d’une baguette réalisé en 2009 par la Chambre de métiers et de l’artisanat d’Isère auprès de sept boulangers du sud du département et de leurs meuniers. fo

tolia

Page 21: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

foto

lia

Page 22: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

22 mars 2011 terra eco

Même en liberté surveillée, Julian Assange, porte-parole de WikiLeaks, continue de faire trembler certains et d’enflammer les

autres. Son site détiendrait des informations compromettantes sur le monde de la finance. La cible serait Bank of America, le plus gros établissement des Etats-Unis, Julian Assange ayant déclaré détenir un disque dur contenant 5 gigabits de données appartenant à un dirigeant de la banque (lire aussi page 36). Le site organise ces « fuites » d’informations depuis 2007 : corruption électorale au Kenya, Climategate – e-mails discréditant la thèse du changement climatique causé par l’homme –, vidéo montrant deux photographes de Reuters tués par un hélicoptère américain, documents militaires secrets sur la guerre en Afghanistan et, dernièrement, câbles diplomatiques envoyés par les ambassades et consulats américains. Ceux-ci, baptisés « State logs », jettent une lumière crue sur les relations internationales. Terra eco y a déterré, entre autres, les coulisses des négociations climatiques internationales, des preuves du lobbying américain en faveur des OGM et les dessous de la guerre menée par le Japon contre l’ONG Sea Shepherd. —

kirs

t wig

gles

wor

th -

sip

a

WikiLeaks : au cœur des dossiers planétairesLes câbles diplomatiques américains, révélés par le site de Julian Assange, montrent que désormais, énergie, climat, biodiversité et agriculture sont au centre des discussions entre grands de la planète.Par DENIS DELBECQ

L’enquête

Page 23: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

terra eco mars 2011 23

kirs

t wig

gles

wor

th -

sip

a

1. Paranoïa et piraterieautour du climatComment faire avancer le dossier climatique ? Six mois avant son éviction, le ministre français de l’Ecologie, Jean-Louis Borloo, avait son idée (1). Après avoir défendu mordicus la nécessité d’un accord contraignant avant le sommet de Copenhague, le ministre avait viré sa cuti. « Selon Jean-Louis Borloo, la clé pour progresser dans les négociations climatiques est d’abandonner l’idée d’un traité contraignant en faveur d’un système d’engagements nationaux. » C’est ce que prétend un câble diplomatique classé « confidentiel » et adressé à la secrétaire d’Etat Hillary Clinton par Charles Rivkin, ambassadeur américain en France. Selon le Français, il aurait fallu, pour conclure la grand-messe onusienne, constituer un groupe de huit à dix pays : France et Allemagne pour l’Europe, Etats-Unis, Chine, Inde, Brésil, Algérie et Ethiopie (2). Plusieurs câbles relatent aussi les pressions américaines sur le patron du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), Rajendra Pachauri – qui a démenti –, et sur des diplomates.Washington aurait manœuvré, en 2008, pour empêcher la désignation de l’Iranien Mostafa Jafari à un poste de vice-président du Groupe d’experts de l’ONU pour le climat. Pour la Maison-Blanche, il était en effet hors de question, en plein conflit sur la question nucléaire avec l’Iran, de négocier avec un scientifique dont le curriculum vitae est pourtant digne de figurer au panthéon des responsables du Giec. Les Etats-Unis ont notamment expliqué que ce choix aurait compliqué le financement de l’institution et provoqué des tensions lors des réunions de l’organisation onusienne.

Copenhague contre une entrée à l’OMCAutre message « croustillant » : la Russie aurait tenté de monnayer cher son appui aux discussions de Copenhague. Un message confidentiel, adressé le 5 novembre 2009 par l’ambassade américaine de Moscou, relate que le gouvernement russe a proposé au ministre britannique des Affaires étrangères d’annoncer des objectifs ambitieux à Copenhague. En échange : la garantie que la Russie pourrait intégrer rapidement l’Organisation mondiale du commerce. Cet ultimatum a été refusé par Washington ! Enfin, le président du Conseil de l’Union européenne, le Belge Herman Van Rompuy, a prédit – dès janvier 2010 – que la conférence de Cancún serait un échec aussi grand que celle de Copenhague. Ce qu’on ne sait pas, c’est s’il a parié de l’argent.(1) Jean-Louis Borloo a quitté le gouvernement en novembre 2010.

(2) Son leader était le négociateur officiel africain.

« Nous recommandons de dresser une liste de représailles ciblées qui produiraient quelques effets douloureux sur l’ensemble de l’Union européenne. » Message de Craig Stapleton, ambassadeur américain à Paris

2. Le « rêve OGM » desAméricains en EuropeLe 14 décembre 2007, la France sort de son Grenelle de l’environnement. L’ambassadeur américain à Paris, Craig Stapleton, adresse un message au département d’Etat sur la position qui semble s’être dégagée en France sur les organismes génétiquement modifiés. Paris vient juste de suspendre l’autorisation de culture du maïs transgénique MON810 de Monsanto. « Tout aussi néfaste est le soutien apparent français au “ principe de précaution ” », écrit l’ambassadeur.Craig Stapleton souligne que la France, l’Autriche et l’Italie jouent un rôle-clé sur le dossier des OGM. Mais selon lui, les actions du gouvernement français et de la Commission européenne « ne doivent pas alarmer [les Etats-Unis] puisqu’il s’agit d’interdire la culture, mais pas les importations » d’organismes transgéniques. L’ambassadeur américain rappelle néanmoins qu’il s’agit d’une première étape pour les anti-OGM qui s’attaqueront ensuite au dossier des importations. D’où la nécessité de préparer une riposte au cas où, selon l’ambassade américaine : « Nous recommandons de dresser une liste de représailles ciblées qui produiraient quelques effets douloureux sur l’ensemble de l’Union européenne, puisqu’il s’agit d’une responsabilité collective. Cette liste doit se focaliser sur les plus importants coupables. Mais elle devrait être mesurée – et non vicieuse – et durable à long terme, car nous ne devons pas nous attendre à une victoire rapide. » Si la France peut se sentir en première ligne, le menu de ces représailles n’a pas été dévoilé.

Le défi espagnolL’Espagne occupe aussi une position-clé pour la stratégie américaine de soutien aux industriels des biotechnologies sur le continent européen. Madrid est un havre de paix pour les OGM : en 2009, les trois quarts du maïs espagnol étaient produits à partir de semences transgéniques. Mais Washington a eu chaud, car avec l’arrivée surprise des socialistes au pouvoir en mars 2004, les anti-OGM risquaient de s’engouffrer dans les arcanes du pouvoir espagnol. En mai 2009, les diplomates américains

Page 24: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

24 mars 2011 terra eco

s’inquiètent pour les semis espagnols de maïs transgénique MON810 de Monsanto

en raison d’une « campagne bien coordonnée pour obtenir l’interdiction de culture des OGM en Europe ». Campagne renforcée par l’interdiction de culture de cette semence décidée par l’Allemagne, et par le dépôt de projets de loi interdisant le MON810 devant les parlements basque et catalan. Or, l’ambassade rappelle que « si l’Espagne tombe, toute l’Europe suivra ». Mais cinq mois plus tard, les diplomates américains semblent avoir retrouvé le sourire : un autre câble annonce que les « factions anti-OGM » perdent du terrain au ministère espagnol de l’Environnement. Washington s’intéresse aussi à la position du Vatican. Un télégramme rapporte des conversations entre des officiels du Saint-Siège et des représentants américains. Le Vatican ne manifestait d’intérêt que pour les conséquences économiques des biotechnologies, par peur « qu’elles ne rendent les pays en développement plus dépendants de l’extérieur ou qu’elles servent simplement à enrichir des multinationales ».

3. Comment le Japon a voulu harponner Sea Shepherd Le Japon veut en finir avec Paul Watson. Chaque année, en effet, le patron de la Sea Shepherd Conservation Society prend la mer pour s’intercaler entre les harpons japonais et les baleines de l’océan Austral. Chaque année, une bataille navale s’y déroule avec menaces de collisions, abordages et autres lancers de bouteilles d’acide butyrique (des boules puantes !). Et chaque année, le Japon réclame qu’on arrête Paul Watson, qui se paie le luxe d’afficher un pavillon noir sur son navire amiral, le Steve Irwin. Le 2 novembre 2009, un haut responsable de l’ambassade américaine à

Tokyo rencontre un vice-ministre japonais et un conseiller de l’Agence japonaise des pêches. Ils suggèrent que Washington s’attaque au statut fiscal de l’organisation américaine. Cette dernière bénéficie d’exemptions fiscales, comme beaucoup d’ONG. « Ce serait plus facile pour le Japon d’avancer dans les négociations à la Commission baleinière internationale (CBI) si les Etats-Unis agissaient contre Sea Shepherd », négocie alors le spécialiste des pêches japonais.

Deux jours plus tard, nouvelle rencontre : cette fois-ci, entre Monica Medina, la représentante américaine à la CBI, et Katsuhiro Machida, le directeur général de l’Agence japonaise des pêches. Le Japon refuse une nouvelle fois de mettre un terme à sa « pêche scientifique », mais assure qu’une action des Etats-Unis et d’autres pays – le Steve Irwin est immatriculé aux Pays-Bas – contre Sea Shepherd « pourrait influencer positivement la position du Japon dans les négociations sur l’avenir de la CBI ». D’ailleurs, le représentant japonais semble convaincu que les Etats-Unis vont agir. « [Katsuhiro Machida] apprécie l’initiative américaine de revoir le statut fiscal de [Sea Shepherd] », note le document. La négociatrice américaine semble appuyer la démarche, puisqu’elle lui répond qu’elle pense possible pour son gouvernement « de montrer que l’organisation écologiste ne mérite pas son statut d’exemption fiscale compte tenu de ses actions agressives et violentes ».

Sécurité en merLe 12 novembre 2009, un câble est adressé par la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, aux ambassades américaines des pays-clés du dossier baleinier. Il trace les lignes d’un accord qui pourrait être trouvé sur cette chasse : le Japon accepterait de ne plus pêcher de rorquals communs et de baleines à bosse dans l’océan Austral et les Etats-Unis « s’engageraient à faire respecter les lois américaines et internationales qui garantissent la sécurité en mer ». Mais la négociation est tombée à l’eau. —

WikiLeaks http://wikileaks.ch Le site miroir créé par « Terra eco » http://wikileaks.terraeco.net Les autres sites miroirs http://wikileaks.info

Pour aller plus loin

gary

sto

kes/

sea

shep

herd

Un baleinier japonais assailli par « Gojira », le multicoque rapide de Sea Shepherd, en février.

Page 25: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

gary

sto

kes/

sea

shep

herd

Page 26: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

26 mars 2011 terra eco

« Nous ne sommes pas là pour tendre le micro à n’importe qui sans vérifier. Nous devons être des lanceurs d’alerte. »

Page 27: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

lle nous reçoit dans un bureau sens dessus dessous, jonché de livres et d’articles, à quelques jours du point final d’une enquête de deux ans, la cinquième consacrée à ce qu’elle appelle « la machine agro-industrielle ». En ce début février, le sapin de Noël trône encore dans le salon de sa maison de Pierrefitte, en banlieue parisienne. Dans quelques jours, elle s’envole pour l’Argentine pour y témoigner au procès de deux membres de la junte militaire au pouvoir

entre 1976 et 1983. Un procès que son enquête Escadrons de la mort, l’école française, parue en 2003, a contribué à déclencher. Elle y révélait comment la France a exporté les techniques de la guerre d’Algérie pour former les militaires argentins à la torture et au renseignement. « C’est à cela que sert le journalisme, se réjouit-elle. Nous ne sommes pas là pour tendre le micro à n’importe qui sans vérifier. Nous devons être des lanceurs d’alerte. » Le mot est lâché. Elle se revendique d’Albert Londres et fait sienne la formule du reporter, citée sur son blog (1) : « Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, c’est de mettre la plume dans la plaie. » Elle taille donc dans le vif, avec un appétit certain pour la question des droits de l’homme et celle de la protection de la nature.

Enracinement affectifNée dans une ferme des Deux-Sèvres, la journaliste ne cache pas son enracinement affectif sur ce terrain de l’investiga-tion. Dès 1997, elle enquêtait sur La faillite des paysans, qui reçut le Prix société au Festival d’Angers. Dans Notre poison quotidien, elle parle ouvertement de ses origines. « Quand je suis allée à cette réunion de paysans malades à cause des pesticides, à 100 kilomètres de chez mes parents, j’étais émue et je trouvais honnête de le dire dans le documentaire. » Membres

de la Jeunesse agricole catholique, les Robin, figures engagées du monde paysan, ont embrassé la révolution verte parce qu’elle leur semblait, comme à de nombreux agriculteurs d’après-guerre, un outil fabuleux de modernisation du mé-tier. « Mon père était en groupement agricole d’exploitation en commun, avec cinq associés. Deux sont morts très jeunes de cancers et de maladies graves, qui sont liées, pour moi, très évidemment aux pesticides. Je l’ai compris en faisant mon enquête sur Monsanto, qui a d’ailleurs été une révélation pour toute la famille. »

« Ce travail vous bouffe vos jours et vos nuits »A partir d’un cas qu’elle espérait isolé, elle décide d’élargir son champ d’investigation à tout un système : celui de la réglementation des produits chimiques. Et elle le déconstruit. Chaque film permet de faire le tour d’une problématique, puis lui ouvre d’autres questions. « Tout est relié, il faut reconstruire le puzzle patiemment et remettre de la cohérence. Si le système de réglementation que je dénonce est toujours debout, c’est parce que personne n’est allé y mettre son nez. On n’arrête pas de nous dire : “ C’est très compliqué, faites-nous confiance. ” Depuis sept ans, je tire les fils d’une longue pelote qui, petit à petit, me conduit au cœur de ce qu’Ulrich Beck appelle “ la société du risque ”, la face cachée de la société de consommation », explique-t-elle.En concertation avec Arte, la journaliste a mené cette der-nière enquête à la première personne pour mieux incarner ce sujet qui, depuis Le monde selon Monsanto, lui colle à la peau. « A un moment, elle avait même pensé commencer son film en présentant le calcul de sa charge chimique corporelle », raconte Françoise Boulègue, qui a monté plus de 30 do-cumentaires avec Marie-Monique Robin. Cet engagement personnel lui vaut des déclarations d’amour… et de haine. Son blog est investi par les commentaires de

Après son enquête « Le monde selon Monsanto », Marie-Monique Robin remet le couvert avec « Notre poison quotidien », docu consacré aux produits chimiques et à leur réglementation. Fille d’agriculteurs, elle poursuit sa déconstruction de la société de consommation.Par ANNE DE MALLERAY / PHOTO : STÉPHANE LAVOUÉ pour « Terra eco »

Marie-Monique Robin,la machine à décrire

Le portrait

terra eco mars 2011 27

stép

hane

lavo

ué /

pasc

o

Page 28: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

28 mars 2011 terra eco

1960 Naissance dans les Deux-Sèvres1995 Elle reçoit le prix Albert Londres pour son documentaire « Voleurs d’yeux »2005 « Les pirates du vivant »2008 « Le monde selon Monsanto »2011 « Notre poison quotidien »

En dates

détracteurs virulents qui l’accusent de militantisme, d’incompétence et de bien pire. Pour les lobbys et

les multinationales de l’agrobusiness, elle est devenue un poison, dont l’effet augmente avec la notoriété. « D’abord, je lis beaucoup : des études, des rapports, des journaux, des livres… Pour cette enquête, je me suis fait envoyer une centaine de livres depuis les Etats-Unis. Je ratisse large pour amasser un maximum d’infos en français, en anglais, en allemand et en espagnol. Puis, je rencontre des experts ou “ grands témoins ” et enfin, je pars en tournage. Ce genre de travail vous bouffe vos jours et vos nuits », dévoile-t-elle. Obstinée, la journaliste l’est au point, parfois, d’aller au clash. En 2008, l’un de ses producteurs, Galaxie Presse, avait voulu lui faire raccourcir le documentaire Torture made in USA car il dépassait le budget. Elle avait catégoriquement refusé. « Elle a les défauts de ses qualités », sourit Françoise Boulègue, sa monteuse.

Bio dans l’assiette et sous la doucheMalgré la pression des lobbys industriels, la journaliste croit au sursaut citoyen. « Moi-même, j’ai été estomaquée par ce que j’ai découvert. Beaucoup de gens viennent me voir après les projections en me disant qu’ils sont bouleversés. Je le dis dans mon documentaire : savoir, c’est pouvoir. » Elle n’a pas attendu ses enquêtes pour bannir McDo des menus fami-liaux et ne boit du Coca qu’en cas de tourista dans la jungle amazonienne. Fin gourmet, elle a converti ses trois filles aux plats bio faits maison, mais guerroie encore pour imposer les shampoings bio, qui ne moussent pas assez au goût de ses adolescentes. Gestes quotidiens apparemment anodins, mais qui relèvent, elle en est persuadée, de la survie de l’espèce. Dans son prochain documentaire, elle va tenter de contrer l’argument qu’on lui a servi maintes fois : on ne peut pas nourrir le monde sans pesticides. Ce projet cherchera à panser les plaies ouvertes par ses précédentes investigations. —(1) http://robin.blog.arte.tv

Notre poison quotidien, MARIE-MONIQUE ROBINDiffusé sur Arte le 15 mars à 20 h 40. DVD : Arte Editions/Ina Editions, à partir du 16 mars (15 euros). Livre : Arte Editions/La Découverte dès le 24 mars (20 euros).

On en regretterait nos cent derniers repas. Après Le monde selon Monsanto qui épinglait la multinationale américaine et son obsession des OGM, Marie-Monique Robin, journaliste indépendante, descend

la chaîne alimentaire pas à pas. Depuis les corps de nos agriculteurs, gangrénés par les cancers, à nos assiettes, la journaliste marque les produits toxiques à la culotte. Comment passent-ils entre les mailles des filets de contrôle ? Après des jours et des jours passées dans les archives des agences de contrôle sanitaire et des heures d’interview avec leurs responsables, Marie-Monique Robin lève le voile sur un drôle de système. Dans ce monde-ci, la « dose journalière admissible », qui régit la présence de substances toxiques dans nos aliments, ne serait qu’un calcul arbitraire inventé par quatre experts.

DOcUMENTAiRE Un polar toxique

Ses gestes verts

Elle est en train de faire son potager bio, est inscrite à une Amap et n’achète « jamais une boîte de conserve ».

« Je tire les fils d’une longue pelote qui me conduit au cœur de “ la société du risque ”, la face cachée de la société de consommation. »

Page 29: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

terra eco mars 2011 29

EcO-pIRAtéMark Zuckerberg« Pourquoi les utilisateurs de Facebook n’investiraient-ils pas dans Facebook d’une manière sociale ? Pourquoi ne pas le transformer en business social, comme l’a décrit le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus ? » En lisant le compte Facebook de Mark Zuckerberg, on a cru un instant que son fondateur avait eu une illumination. Las, c’était l’action d’un hacker doué et futé qui s’est introduit sur son profil personnel. On se consolera en se rappelant que Zucky a promis de verser la moitié de sa fortune à la Fondation Bill Gates.

EcO-cUIStOt Ferran AdriàUn « atelier de recherche et de divulgation » à vocation écologique. C’est le nouveau bébé du parrain espagnol de la cuisine d’avant-garde, Ferran Adrià. D’ici à 2014, « elBulliFoundation » prendra le relais du célèbre restaurant du même nom, situé sur la côte catalane. Une trentaine d’innovateurs culinaires seront accueillis dans un modèle d’« architecture durable », selon le chef, qui visera l’autosuffisance énergétique et la création d’hydrogène à partir d’algues.

EcO-FRIQUéJames cameronAvec 188 millions d’euros, le réalisateur James Cameron est, en 2010, la personnalité du cinéma américain numéro un en terme de revenus. Cette fortune est issue – à 96,5 % – du blockbuster « Avatar ». De quoi écoconcevoir durablement ses prochains films.

EcO-végétALISéEOprah Winfrey

Après Bill Clinton, la papesse américaine du talk-show a elle aussi arrêté la viande… pendant sept jours. Oprah a prié les 378 employés d’Harpo, son empire médiatique, de s’essayer au végétalisme. Coachés par Kathy Freston, auteur de best-sellers végétariens, 300 salariés ont tenu le coup et perdu collectivement 201 kilos en une semaine !

EcO-déLAvépascal NègreLe pédégé d’Universal Music France a ouvert un pressing écolo à Tours (Inde-et-Loire). L’homme, qui côtoie Elton John, Eminem, Mylène Farmer et les gamins de la Star Academy, a investi dans l’enseigne Sequoia (lire « Terra eco » de février 2011). Logique pour celui qui avoue se chauffer au bois et manger bio.

green peopleEt les études visant à prouver l’innocuité d’une substance sont réalisées… par les fabricants eux-mêmes. Bigre. La page des pesticides tournée, voilà la journaliste qui s’attaque à l’aspartame – le meilleur ami des ventres plats – et au bisphénol A contenu dans nos plastiques. Même constat, alarmant. Nous ne sommes pas protégés par les institutions censées assurer notre sécurité. Loin s’en faut.Dans cette recette documentaire, une poignée d’ingrédients très appétissants : rigueur de l’enquête émaillée de chiffres et de données scientifiques, scènes croustillantes où les experts, face caméra, sont pris en défaut. Certes, Marie-Monique Robin se met largement en scène, utilisant sans compter le récit à la première personne, donnant à montrer ses descentes dans des montagnes d’archives. Indispensable ? Pas forcément. Mais l’enquête, ainsi rendue chronologique, se regarde comme un polar. Utile pour digérer près de deux heures de docu. Comme le sont aussi ces séquences animées ou ces archives vidéo – dont un étonnant film de 1963 sur le danger des produits chimiques. Ils rendent l’ensemble plus pédagogique et savoureux.

Trois découvertes difficiles à avaler1/ La DJA ou « dose journalière admissible »C’est, a priori, un calcul très précis et scientifique qui permet de garantir une dose d’innocuité. En fait, selon Marie-Monique Robin, c’est un calcul bricolé sur un coin de nappe par quatre experts de la Food and Drug Administration (FDA), l’autorité sanitaire américaine. 2/ Des cancers d’origine professionnelleEn 2007, un rapport (1) cosigné par les Académies des sciences, de médecine et le Centre international de recherche sur le cancer affirme que le « lien putatif entre pesticides et cancer ne repose sur aucune donnée solide » et raye ces substances de la liste des causes de cancers « attribuables aux expositions professionnelles ». Pourtant, souligne Marie-Monique Robin, la Mutuelle des agriculteurs reconnaît désormais certains cancers comme maladies professionnelles. 3/ Donald Rumsfeld, VRP de l’aspartameVous connaissez le faucon, ex-ministre de la Défense de George W. Bush ? Donald Rumsfeld fut aussi pédégé de la firme pharmaceutique Searle, l’inventeur de l’aspartame. En 1980, une commission de la FDA conclut qu’il ne faut pas autoriser l’aspartame, car la substance pourrait être cancérigène. En 1981, Rumsfeld rejoint l’équipe de Reagan, fraîchement élu président, et participe à la nomination du nouveau président de la FDA. Surprise : quelques temps plus tard, l’agence américaine déclare que l’aspartame est sans danger. —(1) www.academie-sciences.fr/publications/rapports/pdf/cancer_13_09_07.pdf

Page 30: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

30 mars 2011 terra eco

Nos alertes infotwitter.com/terraeco

La communautéfacebook.com/terraeco

Réagissez à l’actualité

Suicides : l’autrecontrecoup de la crise

oliv

ier c

ulm

ann

- te

ndan

ce fl

oue

/ ext

rait

de la

vid

éo d

e G

reen

peac

e Fr

ance

Deux ans après la faillite de Lehman Brothers, se donnerait-on la mort plus souvent ? Tour d’horizon et premiers chiffres en France, en irlande et au Japon.

France Les dernières statistiques offi cielles datent de 2008, avant le début de la crise. Il n’y a pas de données sur le nombre d’appels aux numéros d’urgence car il n’existe pas de centre national d’écoute unique, mais une myriade d’associations. La plupart d’entre elles confi rment une augmentation des appels, sans pouvoir la chiffrer. Les psychiatres qui travaillent sur ces questions s’avouent eux aussi inquiets.

angleterre En 2008 et 2009, 5 706 puis 5 675 personnes se sont donné la mort, soit 6 % de plus qu’en 2007. C’est une

vraie rupture puisque le taux de morts volontaires baissait régulièrement depuis dix ans. Dans ce pays au fort taux de chômage, les aides sociales ont subi de sévères coupes.

irlande Ici, la récession a frappé fort. Le nombre des décès volontaires a bondi de 24 % lors de la seule année 2009 et a continué d’augmenter lors des deux premiers trimestres 2010, selon l’Offi ce national de prévention du suicide irlandais. Une telle hausse est « très rare dans l’épidémiologie du suicide », selon le psychiatre Frédéric Rouillon, de l’hôpital Sainte-Anne à Paris.

Japon Le nombre de suicides a crû de 2 % en 2009. Une hausse peu spectaculaire mais signifi cative, car le pays est historiquement très touché par ce phénomène. Selon la police, un quart des personnes se donnent la mort suite à une perte d’emploi ou une situation de surendettement.

etats-unis Aucune statistique offi cielle récente n’est disponible. Mais les experts notent une forte augmentation du nombre

d’appels passés au numéro national d’urgence : 59 500 en mai 2010 contre 13 400 en janvier 2007. Les psychologues de garde assurent que la plupart de leurs correspondants appellent suite à la dégradation de leur situation économique.

Tunisie, algérie, Maroc Dans ces trois pays où les récentes immolations par le feu ont déclenché des révolutions, les statistiques font défaut. La gendarmerie et la police annoncent entre 0,7 et 0,81 suicide pour 100 000 habitants. Mais c’est peu crédible. Un lourd tabou religieux semble freiner les déclarations. Selon Lahcen Achy, économiste au Carnegie Middle East Center, « le nombre de cas est en forte augmentation depuis deux à trois ans, en particulier chez les jeunes sans travail ».

en direct de terraeco.net

Page 31: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

Réagissez sur

terra eco mars 2011 31

La ViDÉo Du MoiS « Le pétrole est une drogue »

Témoignages chocs, groupes de parole : c’est l’heure du grand déballage. Nous sommes tous accros à l’or noir et il faut se soigner. Ces idées simples mais fortes, Greenpeace France les développe dans une campagne de communication plutôt rigolote et bien fi chue. Pour l’ONG, c’est aussi une première : ordinairement, elle cible les producteurs d’or noir ou les investisseurs, pas les consommateurs (lire aussi notre dossier pages 40 à 58).Tapez dans le moteur de recherche de terraeco.net : « Greenpeace drogue ».

« Quelle solution à la dette publique ? L’écologie ! Une fi scalité verte, une plus grande

effi cacité énergétique, le développement de l’économie circulaire, le renforcement de la santé environnementale, etc. »par Hervé MorelProfesseur de fi nance à HEC et membre de la commission économie d’Europe Ecologie - Les Verts.

« Nous avons voulu une démocratie. Le

peuple doit construire son pouvoir, ses institutions, ses associations, son information, en bref, sa liberté. Nous devons imaginer demain. »par HasniCyber-activiste et administrateur du site Internet« Le Réveil tunisien » : www.reveiltunisien.org

oliv

ier c

ulm

ann

- te

ndan

ce fl

oue

/ ext

rait

de la

vid

éo d

e G

reen

peac

e Fr

ance

Le chiFFre

250 à 600 millions de tonnes de CO2C’est le bilan carbone de la guerre en Irak entre 2003 et 2009, selon Mike Berners-Lee (1). Il donne une estimation grossière de ce confl it à partir d’un modèle de calcul de l’Offi ce national des statistiques britanniques : de 160 à 500 millions de tonnes équivalent CO2 pour les activités militaires et environ 80 millions de tonnes supplémentaires pour les soins dispensés aux soldats. Ajoutez quelques tonnes pour les forces de la coalition. Et 1% pour les rebelles, largement moins bien équipés.(1) Auteur de « How bad are bananas ? The carbon footprint of everything » (Green Profi le, 2010).

L’inSoLiTeA Pékin, qui veut gagner une plaque d’immatriculation ?

C’est à la télévision que les Pékinois ont découvert le résultat de la grande loterie. A la clé, le droit de visser une plaque d’immatriculation sur leur nouveau véhicule. 17 600 heureux élus se sont partagé le gros lot parmi les 210 178 postulants. Pékin espère réduire ainsi le nombre d’autos en circulation sur ses routes : 4,8 millions aujourd’hui.

Page 32: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

32 mars 2011 terra eco

La chronique Adieu à l’anthropocène, bienvenue dans le noocène

Si notre ère se caractérise par la destruction accélérée des ressources de la planète, à quoi ressemblera la prochaine ?

Claude Lorius, pionnier des recherches sur le climat,

médaille d’or du CNRS, signe avec Laurent Carpentier un extraordinaire Voyage dans l’anthropocène. J’y ai appris entre mille choses qu’en 2012, on allait statuer sur la reconnaissance d’une ère géologique nouvelle, apparue il y a trois siècles. La dernière décision de ce genre date de plus d’un siècle. C’est en 1885 que fut officialisée l’ère appelée holocène, commencée avec la sédentarisation de l’homme il y a 11 500 ans. Officialiser l’anthropocène, c’est reconnaître que l’espèce humaine est devenue la principale force géologique, modifiant le climat, la biosphère, l’hydrosphère, la lithosphère… Mais ce qui m’a le plus frappé dans

ce voyage, c’est qu’on peut déjà prévoir la fin de cette ère à peine reconnue. L’anthropocène repose en effet sur la destruction accélérée des ressources physiques en quantité finie, à commencer par les énergies fossiles. Un premier débat porte sur la date de fin : entre 2050 et 2150 ? Les ères précédant le quaternaire duraient entre 50 et 250 millions d’années. Le pléistocène aura duré 2,6 millions d’années, l’holocène 12 000 et l’anthropocène 400 ? Et il ne s’agit pas d’un effet d’optique lié au fait que nous avons plus d’informations sur les périodes récentes. Il s’agit bien de la vitesse à laquelle l’ensemble des données physiques et biologiques qui caractérisent notre planète évolue.

Un appel au sursautUn deuxième débat qu’initie Claude Lorius avec humour et gravité, c’est celui du nom de la prochaine ère. « Postanthropocène, noocène, Alain Grandjean est cofondateur

et associé du cabinet Carbone 4, membre du comité stratégique de la Fondation Nicolas Hulot

http://alaingrangjean.fr

Lire aussi la critique de l’ouvrage « Voyage dans l’anthropocène » (Actes Sud, 2010) de Claude Lorius et Laurent Carpentier, en page 78.

apocalypsenocène ? » On sent bien son hésitation. « La seule question qui se pose désormais à nous, c’est : “ Que voulons-nous faire de ce monde dont nous sommes devenus dans le même temps les fossoyeurs et les gardiens ? ” » Et il cite cette belle phrase d’Edgar Morin : « Le probable est la désintégration. L’improbable mais possible est la métamorphose. » Mais la postface de Michel Rocard – « La force de l’amitié a sauvé l’Antarctique » – montre bien où son cœur penche. C’est pourquoi son livre est un appel au sursaut. Sinon, mieux vaudrait boire un bon coup. Pour oublier.De mon côté, je n’ai pas l’ombre d’une hésitation. La prochaine ère sera le noocène (1). Parce que le système de valeurs dominant aujourd’hui (assez bien illustré par le film Avatar) est à la fois létal et mortel. « Les civilisations meurent par suicide, écrivait Arnold Toynbee. Non par meurtre. » Nous serions la première à commettre un meurtre contre l’ensemble de nos congénères, de la création et contre nous-mêmes. Ce système de valeurs est en train de se désintégrer. Et nous assistons à l’émergence d’une humanité… enfin humaine, dans les décombres de la fureur et de la bêtise crasse de cet Homo appelé sapiens par antiphrase. Bienvenue dans le noocène. —(1) « Noos » signifie « esprit » en grec. C’est Vladimir Vernadsky, un biogéochimiste russe, qui a créé le terme, repris et popularisé par le paléoanthropologue français Pierre Teilhard de Chardin.

extra

it du

film

« W

aste

Lan

d »

- w

ww

.was

tela

ndm

ovie

.com

« Nous assistons à l’émergence d’une humanité enfin humaine, dans les décombres […]de la bêtise de l’Homo sapiens. »

en direct de terraeco.net

Page 33: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

extra

it du

film

« W

aste

Lan

d »

- w

ww

.was

tela

ndm

ovie

.com

Page 34: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

34 mars 2011 terra eco

Le Rocher, son prince, ses Formule 1 et sa réputation de paradis fiscal. La Principauté vient d’investir 5 millions d’euros dans une grande campagne de blanchiment… d’image.Par JULIEN VINZENT

Le marketing expliqué à ma mère

Monaco l’emportera-t-il au paradis (fiscal) ?

« Monaco, comme l’île Maurice ou la Suisse, joue beaucoup sur le développement durable pour faire oublier qu’il est un paradis fiscal. »Jean Merckaert, coauteur d’un rapport du CCFD sur la question

Branle-bas de combat à Monaco. En février 2009, Nicolas Sarkozy pointe du doigt la Principauté et l’as-simile à un paradis fiscal. Deux mois plus tard, elle

figure sur la liste grise de l’Organi-sation de coopération et de déve-loppement économique (OCDE). En réaction, des élus au Conseil national appellent à «  lancer  une vaste  campagne  internationale  de communication,  pour  rappeler  les réalités monégasques ». Un trio d’ex-perts – le journaliste et conseiller en communication politique Jean-Luc Mano, le politologue Stéphane Rozès et le publicitaire Régis Lefèbvre – est nommé par le gouvernement pour évaluer les dégâts. Résultat : du Grand prix de F1 à Grace Kelly, le Rocher fait rêver et le prince Albert a la cote, mais le pays n’en est pas moins effective-ment vu comme un paradis fiscal. Et comme un « ghetto de riches ». Bref, Monaco doit s’ouvrir au monde, une campagne s’impose. Cinq millions d’euros sont débloqués.

StratégieLa cible est claire : les « leaders écono-miques et d’opinion français et plus largement internationaux », explique au Figaro Michel Roger, ministre d’Etat de la Principauté. En novembre 2010, après un premier teasing à destination des résidents monégasques, un site Internet est lancé et dix visuels sont publiés dans la presse française : La 

Tribune, Le Monde, Le Figaro, Le Point, L’Equipe… Courant 2011, c’est la presse économique anglo-saxonne qui sera visée.Signées TBWA Paris, les planches vantent « un rôle à part dans le monde » en termes d’environnement, d’aide au développement, de culture, de sport et… de coopération fiscale. Avec une approche cartographique couplée à un encadré détaillé, « on ne cherche pas de l’instantané, du clinquant ou des formules publicitaires, assure Guillaume Pannaud, directeur de l’agence TBWA, dans Monaco Hebdo. C’est une campagne qui parle à l’esprit. »

Démenti princierEt sur le fond ? Ceux qui ont suivi le feuilleton de la pêche au thon rouge le savent : Monaco avait proposé l’in-terdiction du commerce internatio-nal dudit poisson. Et même si cette option n’a pas été retenue, la protec-tion du milieu marin fait bien partie de l’ADN monégasque. En témoigne son centre d’océanographie. Difficile aussi de contester les 5 % du budget national consacrés à la culture, quand la moyenne européenne tourne autour

de 1 %. Quant à l’augmentation de 25 % par an de l’aide publique au développement, c’est un bon point même si on est encore loin de pays comme la Suède. Lorsque le micro-Etat vante son cosmopolitisme et son économie florissante, il fait l’impasse sur ses conditions fiscales : aucun impôt sur le revenu, sur les plus-values ou sur le capital. Et les droits de succession sont minimes. Le tout ne s’appliquant toutefois pas aux Français.Selon Jean Merckaert, coauteur d’un récent rapport du CCFD Terre solidaire sur la question, « Monaco, comme l’île Maurice ou la Suisse, joue beaucoup sur le développement durable pour faire oublier qu’il est un paradis fiscal ». Pourtant, en novembre 2010, le prince Albert martelait dans le Figaro : « J’aimerais que cesse, une fois pour toutes, cette affirma-tion sur mon pays. Monaco n’est pas un paradis fiscal. » Mensonge couronné ? Techniquement, Monaco n’est plus sur la liste grise de l’OCDE, près de dix ans après sa première apparition dans le viseur de l’organisation. Comment l’Etat s’y est-il pris ? Simple : il fallait passer douze accords de coopération fiscale, Monaco en a signé 24.

TBW

A P

aris

Page 35: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

terra eco mars 2011 35

Le marketing

Isabelle Kurata, cofondatrice de l’association suisse Act Responsible : « Cette campagne est créative et audacieuse, presque prétentieuse. Le côté fiscal, c’est leur point noir, ils ne le cachent pas sous le tapis. S’ils font cela, c’est qu’ils pensent être prêts, car ils savent très bien qu’on va aller les chercher. Mais la moindre des choses aurait été de faire un blog qui permette aux gens de poser leurs questions. Là, c’est une plaquette. Cela manque d’ouverture. »www.act-responsible.org

Avis de l’expert : 3/5Problème : aucun ne l’a été « avec l’Italie alors que c’est le sujet numéro 1 (les Italiens forment la communauté étrangère la plus importante du pays, avec 20 % des habitants, ndlr), ni avec des pays en voie de développement », note Jean Merckaert, qui évoque la présence à Monte-Carlo de proches de dictateurs africains. Quant aux textes paraphés, « ils ne vont pas très loin. Il s’agit juste d’un échange d’informa-tions à la demande. Si le fisc soupçonne quelqu’un, il envoie un formulaire et l’administration monégasque décide ou non de transmettre des renseignements. L’expérience montre que les redresse-ments fiscaux à partir de ce type d’ac-cords sont limités. On aurait préféré un échange automatique comme dans les 27 », analyse encore l’expert. Qui reconnaît cependant que « cela peut 

faire peur à certains fraudeurs. C’est une brèche. »

VerdictLa lutte contre le blanchiment des capitaux doit encore accomplir des efforts. Le comité d’experts Moneyval, qui dépend du Conseil de l’Europe, a reconnu en 2009 quelques avancées, mais n’a pas donné de blanc-seing à la Principauté. Passé au crible de 12 critères (secret bancaire, régle-mentation sur les trusts, prête-noms, accords internationaux…) par le Réseau mondial pour la justice fiscale, l’Etat obtient un « score d’opacité » de 67 sur 100. « Ce n’est pas le pire, mais cela reste un territoire opaque », conclut Jean Merckaert. Ni le gouvernement monégasque ni TBWA n’ont donné suite à nos demandes d’interview. —TB

WA

Par

is

Page 36: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

36 mars 2011 terra eco

les mains et prétend qu’elle ne peut être tenue responsable de la mauvaise performance des titres rachetés par Pimco et compagnie. Selon elle, la crise économique et l’effondrement du marché immobilier sont les principaux coupables. Début janvier, la banque a pourtant réglé un litige avec Fannie Mae et Freddie Mac – les deux établis-sements de refinancement hypothécaire sous la tutelle du gouvernement – en leur versant respectivement 1,52 et 1,28 milliard de dollars (1,13 et 0,95 milliard d’euros) pour le rachat de créances douteuses. Une preuve que l’argument des investisseurs n’est pas complètement farfelu… et que la banque espère tourner la page. Problème : Bank of America croule sous les réclamations. Dans son der-nier rapport trimestriel à la Securities and Exchange Commission, le gen-darme de Wall Street, la banque a en effet révélé que les demandes de remboursement de la part d’investis-seurs qui s’estiment grugés s’élèvent à 375 milliards de dollars (278 milliards d’euros). Une paille ! « La faillite d’une 

norme : 47 milliards de dollars, soit 35 milliards d’euros. C’est la somme réclamée à Bank of America (Bofa) par un groupe d’in-vestisseurs américains parmi lesquels la Banque fédérale de New York et

Pimco, l’un des plus importants fonds de pension du pays. Ils exigent que Bofa leur rachète des titres considérés désormais comme frau-duleux. Ces derniers ont été refilés par Countrywide, le numéro un du marché du crédit immobilier lors de son acquisition par Bofa en 2008. Cette somme « suffirait à provoquer la chute de la plus grosse banque du pays », assure Randall Wray, profes-seur d’économie à l’université de Missouri-Kansas. Ce scénario fait trembler Wall Street qui se souvient trop bien que la crise financière mondiale de 2008 avait été déclen-chée par l’effondrement spectacu-laire de Lehman Brothers.Au cours de la « bulle des subprimes ». ces établissements accordaient des prêts immobiliers à tout va et à tout le monde, sans se soucier de la solvabilité des emprunteurs. Ensuite, ils les reven-daient joyeusement à des investisseurs – les fonds de pension par exemple – sous la forme de paquets de créances présentés comme des investissements sûrs, connus outre-Atlantique sous le nom de « mortgage back securities ». Bank of America tente de s’en laver

ou deux banques de la taille de Bank of America suffirait à provoquer une autre crise financière mondiale », affirme Randall Wray qui se dit cependant favorable à un tel scénario ! Selon lui, ce serait le seul moyen de mettre un terme à la financiarisation croissante de l’économie. Le gouvernement aurait alors pour tâche de réguler de manière drastique les institutions financières afin d’empêcher de tels abus.

100 000 maisons saisies par moisMais les mastodontes de Wall Street ne sont pas les seuls à vouloir traîner les banques en justice. Les établissements financiers qui ont accordé des crédits subprimes font également face à une révolte des emprunteurs non solvables auxquels ils avaient accordé ces mêmes crédits. Ils ne manquent pas : chaque mois aux Etats-Unis, 100 000 maisons sont saisies car leurs propriétaires sont incapables de rembourser leurs prêts immobiliers en temps et en heure. Selon le Wall Street Journal, au cours des quatre dernières années, ce sont 5 millions de résidences qui ont été

Les établissements de crédit sont à nouveau sur la sellette aux Etats-Unis. Après la crise des subprimes qui a renversé l’économie mondiale en 2008, les voilà englués dans le scandale du « foreclosure gate ». Récit d’un cyclone financier en puissance.Par ANNE SENGÈS

L’économie expliquée à mon père

Les demandes de remboursement de la part d’investisseurs qui s’estiment grugés par le géant Bank of America s’élèvent à 278 milliards d’euros.

franc

o fo

lini -

flic

kr

Banques américaines : après la crise, encore la crise

Page 37: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

terra eco mars 2011 37

immobiliers (1), les banques ont établi le MERS (Mortgage Electronic Registration Systems), un système électronique permettant d’alléger la paperasse et les coûts administratifs. Les banques se contentent d’enregistrer chaque transfert de prêt immobilier électroniquement au lieu de se rendre chez le notaire et de payer des frais à chaque transaction. « Sauf que la loi américaine stipule qu’à chaque trans-fert, les titres de créance qui scellent le contrat entre le prêteur et l’emprunteur doivent être transférés au nouveau pro-priétaire du prêt hypothécaire », pointe Christopher Peterson, professeur de droit à l’université de l’Utah. Cette procédure est allègrement ignorée par les établissements financiers qui se retrouvent, s’ils sont convoqués devant le juge, sans les documents indispensables : certains ont été perdus ou même détruits lors des multiples transferts.Jusqu’à présent, rares sont ceux qui ont protesté contre la saisie de leurs

confisquées par les banques, un chiffre qui pourrait tripler d’ici à 2012. Pour tenter de stopper l’hémorragie, George Mantor, un ancien agent immo-bilier installé en Californie du Sud, a créé l’American Foreclosure Resistance Movement, une organisation qui incite les victimes de saisies immobilières à se rebeller et à porter leurs cas devant les tribunaux. Son argument : les 60 millions de prêts contractés au cours des dernières années par les Américains sont illégaux et les insti-tutions financières – Bank of America en tête – sont coupables de fraude. Force est de constater que son raison-nement n’est pas sans fondement : le « foreclosure gate », ce scandale des saisies, a mis en lumière un certain nombre d’irrégularités dans la façon dont les institutions financières ont orchestré les saisies.

Une gênante absence de paperassePour mieux leur permettre de jouer à la roulette en « titrisant » les prêts

Bank of America www.bankofamerica.com Les mots de la finance www.lafinancepourtous.com Les subprimes en BD www.rue89.com/files/subprimesRue89.pdf « La grande déprime des subprimes » www.terraeco.net/a3662.htmlfra

nco

folin

i - fl

ickr

Bank of America est accusée d’avoir émis des prêts frauduleux.

biens immobiliers. «  Engager  un avocat coûte très cher pour des gens qui n’arrivent déjà pas à rembourser leurs emprunts », souligne George Mantor. Mais la Cour suprême du Massachusetts a récemment donné raison à deux propriétaires qui avaient saisi la justice pour protester contre leurs créanciers – US Bancorp et Wells Fargo – n’ayant pu fournir les docu-ments nécessaires à la saisie de leurs domiciles. Cette décision galvanise les victimes du « foreclosure gate » et fragilise encore plus les banques. —(1) La titrisation est une technique qui permet à des banques de transformer des créances en titres financiers émis sur le marché des capitaux et de les transférer à des investisseurs.

Pour aller plus loin

Page 38: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

38 mars 2011 terra eco

lollie

-pop

- fl

ickr

/ gi

lles

franç

ois

- fl i

ckr

Pour vivre « bas carbone », aimez-vous !Le divorce est l’une des causes majeures de l’augmentation des gaz à effet de serre (GES) en France. Pourquoi ? Car on nous pousse à être de plus en plus égoïstes, individualistes et hédonistes. Dans ces conditions, le taux de séparation est en constante augmentation depuis 1970. Or, un divorce nécessite de refonder un foyer, souvent loin de son lieu de travail et de son bassin de vie. Les nouvelles constructions engendrent des émissions de GES et les transports additionnels aussi, directement (fabrication de véhicules) et indirectement (plus de km parcourus). Alors que faire ? D’abord bien choisir son/sa partenaire ! Aller vivre en Bretagne, ensuite : c’est là que le taux de divorce est le plus faible. Et en cas de séparation, mieux vaut reprendre une colocation ou louer un bâtiment existant. Enfi n, si possible, il faut se retrouver un ou une amoureux/se très rapidement pour refonder une famille, mais pas dans une nouvelle construction, s’il vous plaît !Blog : www.terraeco.net/Demande-a-FredO,608.html

Auteur : Frédéric Chomé,

directeur de Factor X,

conseiller en stratégie climatique et

développement durable

Inventons l’indiced’attractivité durable !

En direct de nos blogs

Ouvrez votre blog sur

Si l’on compare les nations selon les indicateurs d’attractivité et ceux de développement durable, les pays développés chutent en passant du premier classement au second. Les

Etats-Unis, classés premiers au « World Competitiveness Year-book » (1) perdent 16 places au classement ESI (2) et 28 pour l’empreinte écologique ! Les pays en voie de développement sont, eux, meilleurs en termes de développement durable que d’attractivité. Notons que pour l’Allemagne, la France ou les Pays-Bas, on trouve une certaine constance dans les classements. Plus les pays sont développés, plus leurs empreintes écologiques ont des chances d’être mauvaises. Rien d’étonnant car, parfois, les indicateurs mesurent des phénomènes opposés. Il est logique qu’un pays sous-développé possède une attractivité faible et une faible empreinte écologique : le « besoin » en ressources naturelles est moindre, tout comme les pollutions. Rapprocher attractivité et développement durable est donc per-tinent, dans la lignée des réfl exions de la Commission Stiglitz qui estime que le système statistique « doit davantage mettre l’accent sur la mesure du bien-être de la population que sur celle de la pro-duction économique, et qu’il convient de surcroît que ces mesures du bien-être soient resituées dans un contexte de soutenabilité ». Il permettrait ainsi d’englober les trois pôles du développement durable (économie, social, environnement) et ainsi de défi nir et mesurer « l’attractivité durable » d’un territoire.(1) Ce rapport annuel de l’International Institute for Management Development de Lausanne publie cet Indice de compétitivité mondiale.(2) Indice de soutenabilité environnementale de Yale et Columbia.

Blog : www.terraeco.net/blog/anne-musson.htmlAuteur : Anne Musson, doctorante en écologie humaine

Blogueur

Blogueur

Page 39: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

lollie

-pop

- fl

ickr

/ gi

lles

franç

ois

- fli

ckr

Page 40: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

40 mars 2011 terra eco

Voiture, logement, télé, vêtements et même légumes : notre quotidien baigne dans l’or noir. Difficile de décrocher. C’est pourtant une nécessité alors que la ressource devient rare et que son prix s’envole. Certains expérimentent une vie sans brut. Ils témoignent dans « Terra eco ».

TOUSACCROSaU petrole

depuis 1965, le monde consomme de plusen plus de pétrole (en milliers de barils par jour)Source : « Revue statistique BP de l’énergie mondiale »

196531 095

197964 135

Page 41: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

42 ETAT DES LIEUX Transport, alimentation, logement… Où se cache le pétrole ?

48 TÉMOIGNAGESComment ils ont arrêté le brut (ou presque)

56 ENQUÊTE Ce que les pétroliers nous préparent pour l’avenir

Sommaire

199267 433

200177 032

200785 619

prévision 2020115 000

prévision 2030121 000

Page 42: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

42 mars 2011 terra eco

NOTRE MaREE NOIRE quOtidienne

ela faisait quelques semaines qu’il tournait autour du pot. Cette fois, c’est fait : le baril de Brent de la mer du Nord

a franchi, le 31 janvier dernier, le seuil des 100 dollars (73 euros). La première fois, c’était en 2008. Cette année-là, il avait même atteint les 138 dollars (101 euros) avant de dégringoler, crise oblige. L’an dernier, la demande de brut est repartie à la hausse. Ajoutez

« Terra eco » vous propose de suivre à la goutte l’omniprésence du pétrole dans nos vies. Et comment il va dévorer notre porte-monnaie.Par DENIS DELBECQ

l’impression que le pic pétrolier est derrière nous et la révolution en Egypte, où transitent 2 millions de barils par jour sur le canal de Suez : tout est prêt pour une nouvelle envolée des cours.

Huile de baleineLe pétrole est une source d’énergie fantastique. Grâce à lui, on a pu nourrir une population mondiale qui a qua-druplé au siècle dernier. Nos sociétés

riches lui doivent aussi l’allongement de l’espérance de vie, la multiplica-tion des loisirs. Il a même sauvé les baleines de l’extinction, en renvoyant leur huile au rang de souvenir ! L’or noir se cache partout. Dans les voitures et les chaudières, bien évidemment. Mais il n’y a pas une once de notre vie quotidienne qui ne contienne d’hy-drocarbures, sous forme de pétrole ou de gaz. Alors, si on vous propose de vous désintoxiquer en un claquement de doigt, passez votre route, c’est une arnaque. Le chemin vers une société sans pétrole et décarbonée n’est pas impossible (lire pages 50 à 55) mais il sera long ! — fre

deric

mai

grot

- ré

a

Page 43: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

terra eco mars 2011 43

1861 1870 1880 1890 1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2009

En dollars constants de 2009. De 1861 à 1944 : moyenne Etats-Unis. De 1845 à 1983 : Arabian Light. De 1845 à 1983 : Brent.

LE COURS DU BARIL DE BRUT

Boom

du

pétr

ole

en P

enns

ylva

nie

Prem

ière

gue

rre

mon

dial

e

Deu

xièm

e gu

erre

mon

dial

e

Cris

e de

Sue

z

Gue

rre

du K

ippo

ur

Révo

lutio

n ira

nien

ne

Inva

sion

du

Kow

eït

Inva

sion

de

l'Ira

k

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Source : BP

frede

ric m

aigr

ot -

réa

Page 44: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

3,2 ml de pétrole 4,1 ml de pétrole

6 ml de pétrole 11 cl de pétrole 13 cl de pétrole

20 cl de pétrole 2 litres de pétrole 2,8 litres de pétrole

59 800 litresde pétrole

17 litres de pétrole 25 litres de pétrole

102 litres de pétrole 93 litres de pétrole

Un gobelet en plastique Un gobelet en carton

Un saucisson de 300 g Un litre de lait

Un kilo de bœuf Une ramette de papier

1 kilomètre d'autoroute

Un kilo de veau Un jean

Un pneu poids lourd Un lave-vaisselle

2,5 ml de pétrole

7,9 litres de pétrole

27 litres de pétrole

612 litres de pétrole

Un yaourt aux fraises

Un kilo de poulet

Un kilo d'agneau de Nouvelle-Zélande

Un pneu voiture

Un ordinateur

Un verre de jus d'orange

44 mars 2011 terra eco

3,2 ml de pétrole 4,1 ml de pétrole

6 ml de pétrole 11 cl de pétrole 13 cl de pétrole

20 cl de pétrole 2 litres de pétrole 2,8 litres de pétrole

59 800 litresde pétrole

17 litres de pétrole 25 litres de pétrole

102 litres de pétrole 93 litres de pétrole

Un gobelet en plastique Un gobelet en carton

Un saucisson de 300 g Un litre de lait

Un kilo de bœuf Une ramette de papier

1 kilomètre d'autoroute

Un kilo de veau Un jean

Un pneu poids lourd Un lave-vaisselle

2,5 ml de pétrole

7,9 litres de pétrole

27 litres de pétrole

612 litres de pétrole

Un yaourt aux fraises

Un kilo de poulet

Un kilo d'agneau de Nouvelle-Zélande

Un pneu voiture

Un ordinateur

Un verre de jus d'orange

3,2 ml de pétrole 4,1 ml de pétrole

6 ml de pétrole 11 cl de pétrole 13 cl de pétrole

20 cl de pétrole 2 litres de pétrole 2,8 litres de pétrole

59 800 litresde pétrole

17 litres de pétrole 25 litres de pétrole

102 litres de pétrole 93 litres de pétrole

Un gobelet en plastique Un gobelet en carton

Un saucisson de 300 g Un litre de lait

Un kilo de bœuf Une ramette de papier

1 kilomètre d'autoroute

Un kilo de veau Un jean

Un pneu poids lourd Un lave-vaisselle

2,5 ml de pétrole

7,9 litres de pétrole

27 litres de pétrole

612 litres de pétrole

Un yaourt aux fraises

Un kilo de poulet

Un kilo d'agneau de Nouvelle-Zélande

Un pneu voiture

Un ordinateur

Un verre de jus d'orange

3,2 ml de pétrole 4,1 ml de pétrole

6 ml de pétrole 11 cl de pétrole 13 cl de pétrole

20 cl de pétrole 2 litres de pétrole 2,8 litres de pétrole

59 800 litresde pétrole

17 litres de pétrole 25 litres de pétrole

102 litres de pétrole 93 litres de pétrole

Un gobelet en plastique Un gobelet en carton

Un saucisson de 300 g Un litre de lait

Un kilo de bœuf Une ramette de papier

1 kilomètre d'autoroute

Un kilo de veau Un jean

Un pneu poids lourd Un lave-vaisselle

2,5 ml de pétrole

7,9 litres de pétrole

27 litres de pétrole

612 litres de pétrole

Un yaourt aux fraises

Un kilo de poulet

Un kilo d'agneau de Nouvelle-Zélande

Un pneu voiture

Un ordinateur

Un verre de jus d'orange

3,2 ml de pétrole 4,1 ml de pétrole

6 ml de pétrole 11 cl de pétrole 13 cl de pétrole

20 cl de pétrole 2 litres de pétrole 2,8 litres de pétrole

59 800 litresde pétrole

17 litres de pétrole 25 litres de pétrole

102 litres de pétrole 93 litres de pétrole

Un gobelet en plastique Un gobelet en carton

Un saucisson de 300 g Un litre de lait

Un kilo de bœuf Une ramette de papier

1 kilomètre d'autoroute

Un kilo de veau Un jean

Un pneu poids lourd Un lave-vaisselle

2,5 ml de pétrole

7,9 litres de pétrole

27 litres de pétrole

612 litres de pétrole

Un yaourt aux fraises

Un kilo de poulet

Un kilo d'agneau de Nouvelle-Zélande

Un pneu voiture

Un ordinateur

Un verre de jus d'orange

Cela en surprendra sans doute plus d’un. Mais le litre de carburant coûte aujourd’hui moins cher – en proportion – au smicard français qu’il y a vingt-cinq ans.

En trois minutes à la pompe, on déverse dans le réservoir de sa voiture autant d’énergie que des centaines de paires de bras pourront fournir en une journée épuisante. Pour la planète entière, multipliez par 800 millions de voitures, ajoutez-y les camions, les avions et les navires, n’oubliez pas les péniches, et vous aurez un aperçu de ce que serait notre monde si le pétrole devait s’arrêter brutalement de couler. La moitié de l’or noir produit est aujourd’hui utilisé dans les transports. Le pétrole et ses dérivés (le GPL – pour gaz de pétrole liquéfié – par exemple) alimentent 96 % des moyens de transport. Sans compter l’énergie nécessaire à la fabrication de toutes ces formidables machines : entre une et deux tonnes de pétrole pour une voiture, qu’on

Transports immatricule à raison de 1 000 par jour pour la seule ville de Pékin (lire aussi page 31) ! Avant que l’ensemble des engins motorisés se soient convertis à l’électricité, il faudra plusieurs décennies. Dans quinze ans, l’essentiel des voi-tures continuera de rouler au pétrole, mais à quel prix ? Les agrocarburants n’ont pas encore fait la preuve de leur innocuité écologique et n’offrent pas assez de potentiel aujourd’hui, sauf à provoquer une crise alimentaire. Et en dépit de quelques expériences, les carburants verts ne sont pas près de concentrer assez d’énergie pour faire voler des avions. D’ailleurs, depuis quelques semaines, le prix des billets est reparti à la hausse : Air France-KLM a réintroduit une taxe kérosène sur les courts-courriers, soit 4 euros pour un aller-retour. Côté longs-courriers, la fac-ture grimpe à 212 euros sur l’aller-retour de plus de 14 heures !

La pompe française s’en sort bienEn France, l’automobiliste a de la chance, car le système de taxation de l’essence fait la part belle à la Tipp (Taxe intérieure sur les produits pétroliers) qui est un prélèvement forfaitaire (environ 43 cen-times par litre) et non un pourcentage. Ce système amortit, à la hausse comme à la baisse, les varia-tions de prix. En 2010, selon le gouvernement, le super 98 a grimpé en moyenne de 9 % TTC à la pompe, quand son prix hors taxes s’envolait, lui, de 16 % (1). Le coût du transport maritime devrait lui aussi grimper en flèche. Car outre les cours du brut, les normes votées à l’Organisation maritime internationale vont obliger les armateurs à utiliser d’ici à 2015 des fiouls moins soufrés dans certaines régions du monde (mer Baltique, Manche, mer du Nord et bientôt le long des côtes américaines). De quoi multiplier le prix du litre par deux. —(1) Le prix du gazole a grimpé aussi vite que celui du pétrole mais en grande partie à cause de l’écart entre l’offre et la demande. En France, on importe 33 % du gazole consommé et on exporte 64 % du super produit !

3,2 ml de pétrole 4,1 ml de pétrole

6 ml de pétrole 11 cl de pétrole 13 cl de pétrole

20 cl de pétrole 2 litres de pétrole 2,8 litres de pétrole

59 800 litresde pétrole

17 litres de pétrole 25 litres de pétrole

102 litres de pétrole 93 litres de pétrole

Un gobelet en plastique Un gobelet en carton

Un saucisson de 300 g Un litre de lait

Un kilo de bœuf Une ramette de papier

1 kilomètre d'autoroute

Un kilo de veau Un jean

Un pneu poids lourd Un lave-vaisselle

2,5 ml de pétrole

7,9 litres de pétrole

27 litres de pétrole

612 litres de pétrole

Un yaourt aux fraises

Un kilo de poulet

Un kilo d'agneau de Nouvelle-Zélande

Un pneu voiture

Un ordinateur

Un verre de jus d'orange

Page 45: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

3,2 ml de pétrole 4,1 ml de pétrole

6 ml de pétrole 11 cl de pétrole 13 cl de pétrole

20 cl de pétrole 2 litres de pétrole 2,8 litres de pétrole

59 800 litresde pétrole

17 litres de pétrole 25 litres de pétrole

102 litres de pétrole 93 litres de pétrole

Un gobelet en plastique Un gobelet en carton

Un saucisson de 300 g Un litre de lait

Un kilo de bœuf Une ramette de papier

1 kilomètre d'autoroute

Un kilo de veau Un jean

Un pneu poids lourd Un lave-vaisselle

2,5 ml de pétrole

7,9 litres de pétrole

27 litres de pétrole

612 litres de pétrole

Un yaourt aux fraises

Un kilo de poulet

Un kilo d'agneau de Nouvelle-Zélande

Un pneu voiture

Un ordinateur

Un verre de jus d'orange

terra eco mars 2011 45

3,2 ml de pétrole 4,1 ml de pétrole

6 ml de pétrole 11 cl de pétrole 13 cl de pétrole

20 cl de pétrole 2 litres de pétrole 2,8 litres de pétrole

59 800 litresde pétrole

17 litres de pétrole 25 litres de pétrole

102 litres de pétrole 93 litres de pétrole

Un gobelet en plastique Un gobelet en carton

Un saucisson de 300 g Un litre de lait

Un kilo de bœuf Une ramette de papier

1 kilomètre d'autoroute

Un kilo de veau Un jean

Un pneu poids lourd Un lave-vaisselle

2,5 ml de pétrole

7,9 litres de pétrole

27 litres de pétrole

612 litres de pétrole

Un yaourt aux fraises

Un kilo de poulet

Un kilo d'agneau de Nouvelle-Zélande

Un pneu voiture

Un ordinateur

Un verre de jus d'orange

Alimentation

D is-moi ce que tu manges, et je te dirai combien tu as bu… de pétrole. Attention, indigestion

garantie : un Américain consomme environ une tonne de nourri-ture chaque année. Des aliments qui « contiennent » 2 000 litres de pétrole (1). Inutile de se réfugier derrière notre mode de vie euro-péen : à chaque kilo englouti, nous ingurgitons nous aussi pas loin de 2 litres d’or noir. Pourquoi notre alimentation est-elle à ce point dépendante ? Parce que si l’agriculture moderne a fait des merveilles en termes de rendements depuis la Seconde Guerre mon-diale, c’est grâce à l’usage massif du pétrole et de ses cousins. Tracteurs et engins de récolte, engrais, pesticides,

irrigation, chaque étape du miracle agricole se paie par une consom-mation d’hydrocarbures, pétrole ou gaz. Ainsi, aux Etats-Unis, entre 1950 et 1980, on a déversé dans les champs 20 à 50 fois plus de pro-duits, selon les cultures. Et ce alors que les rendements ont été, au mieux, quadruplés (2) ! Une tonne de pesticides, c’est l’équivalent de 2,4 tonnes de pétrole. Chaque tonne d’engrais, c’est à peu près autant d’hydrocarbures.Une fois produits, nos aliments sont transportés, parfois sur de grandes distances. Ainsi, si une belle salade ne nous fournira que 110 calories (kcal), il en aura parfois fallu sept fois plus pour la faire pousser. Transportez-là en avion sur 1 000 km et vous aurez ajouté plus de 2 000 kcal à la facture (200 g de

pétrole). Bref, avec un prix du pétrole qui fonce dans la stratosphère, la laitue voyageuse deviendra rapidement un produit de luxe. De nombreux aliments sont aussi transformés, puis empaquetés, suremballés, et si nécessaire stockés au frais. Au bout du compte, on réchauffe ou on cuit. Et hop, encore du pétrole ou du gaz. Au final, le pétrole « déversé » dans les champs ne représenterait que le tiers de l’énergie qu’on a dépensé pour remplir nos assiettes.

Emeutes de la faimCette dépendance au pétrole fait valser les étiquettes : le cours des produits alimentaires atteint des sommets depuis quelques mois. L’indice concocté par la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agri-culture) dépasse aujourd’hui le niveau record de 2008, quand des émeutes de la faim avaient éclaté dans plusieurs pays émergents. En un an, il a grimpé de 26 % tandis que le cours du blé a doublé en Europe. Le pétrole n’est pas le seul responsable : il y a bien sûr la spéculation, l’impact de la sécheresse en Russie et la crainte de mauvaises récoltes en Argentine. Mais le baril de brut a grimpé de 15 % l’an dernier, et aucun expert ne parierait sur une stabilisation des cours. Et plus il a fallu dépenser d’énergie pour produire un aliment, plus son prix va s’envoler. Un peu pour les céréales et l’huile, un peu plus pour le lait et les œufs. Beaucoup pour la viande. Remplacer la bidoche par du poisson ? Un chercheur agité du bocal a bien tenté de

biENTôT, lA lAitue vOyAgeuSe SERa UN pROdUiT dE lUxE.

Sources : Be Citizen, MIT, Bio Intelligence Service, Greenpeace, Usirf, Michelin et Solagro.

Page 46: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

46 mars 2011 terra eco

3,2 ml de pétrole 4,1 ml de pétrole

6 ml de pétrole 11 cl de pétrole 13 cl de pétrole

20 cl de pétrole 2 litres de pétrole 2,8 litres de pétrole

59 800 litresde pétrole

17 litres de pétrole 25 litres de pétrole

102 litres de pétrole 93 litres de pétrole

Un gobelet en plastique Un gobelet en carton

Un saucisson de 300 g Un litre de lait

Un kilo de bœuf Une ramette de papier

1 kilomètre d'autoroute

Un kilo de veau Un jean

Un pneu poids lourd Un lave-vaisselle

2,5 ml de pétrole

7,9 litres de pétrole

27 litres de pétrole

612 litres de pétrole

Un yaourt aux fraises

Un kilo de poulet

Un kilo d'agneau de Nouvelle-Zélande

Un pneu voiture

Un ordinateur

Un verre de jus d'orange

3,2 ml de pétrole 4,1 ml de pétrole

6 ml de pétrole 11 cl de pétrole 13 cl de pétrole

20 cl de pétrole 2 litres de pétrole 2,8 litres de pétrole

59 800 litresde pétrole

17 litres de pétrole 25 litres de pétrole

102 litres de pétrole 93 litres de pétrole

Un gobelet en plastique Un gobelet en carton

Un saucisson de 300 g Un litre de lait

Un kilo de bœuf Une ramette de papier

1 kilomètre d'autoroute

Un kilo de veau Un jean

Un pneu poids lourd Un lave-vaisselle

2,5 ml de pétrole

7,9 litres de pétrole

27 litres de pétrole

612 litres de pétrole

Un yaourt aux fraises

Un kilo de poulet

Un kilo d'agneau de Nouvelle-Zélande

Un pneu voiture

Un ordinateur

Un verre de jus d'orange

3,2 ml de pétrole 4,1 ml de pétrole

6 ml de pétrole 11 cl de pétrole 13 cl de pétrole

20 cl de pétrole 2 litres de pétrole 2,8 litres de pétrole

59 800 litresde pétrole

17 litres de pétrole 25 litres de pétrole

102 litres de pétrole 93 litres de pétrole

Un gobelet en plastique Un gobelet en carton

Un saucisson de 300 g Un litre de lait

Un kilo de bœuf Une ramette de papier

1 kilomètre d'autoroute

Un kilo de veau Un jean

Un pneu poids lourd Un lave-vaisselle

2,5 ml de pétrole

7,9 litres de pétrole

27 litres de pétrole

612 litres de pétrole

Un yaourt aux fraises

Un kilo de poulet

Un kilo d'agneau de Nouvelle-Zélande

Un pneu voiture

Un ordinateur

Un verre de jus d'orange

3,2 ml de pétrole 4,1 ml de pétrole

6 ml de pétrole 11 cl de pétrole 13 cl de pétrole

20 cl de pétrole 2 litres de pétrole 2,8 litres de pétrole

59 800 litresde pétrole

17 litres de pétrole 25 litres de pétrole

102 litres de pétrole 93 litres de pétrole

Un gobelet en plastique Un gobelet en carton

Un saucisson de 300 g Un litre de lait

Un kilo de bœuf Une ramette de papier

1 kilomètre d'autoroute

Un kilo de veau Un jean

Un pneu poids lourd Un lave-vaisselle

2,5 ml de pétrole

7,9 litres de pétrole

27 litres de pétrole

612 litres de pétrole

Un yaourt aux fraises

Un kilo de poulet

Un kilo d'agneau de Nouvelle-Zélande

Un pneu voiture

Un ordinateur

Un verre de jus d'orange

dresser des poissons à revenir au port quand on les siffle, mais ça

n’a pas marché. Il faut donc aller les chercher, toujours plus loin, toujours plus profond, et le carburant représente la moitié des coûts de cette activité. En dépit de moyens toujours plus sophistiqués, plus on pêche, moins on pêche. Des chercheurs britanniques l’ont démontré en 2010 : à effort égal, on attrape aujourd’hui 17 fois moins de poissons qu’en 1889 ! Tout ça pour un aliment qui contient 12 fois moins d’énergie que celle utilisée pour le pêcher. Quant à l’aquaculture, c’est encore pire : pour 1 000 calories dépensées à élever un saumon, on n’en avalera que 20. Une efficacité digne de l’élevage bovin (3).

Manger local et de saison Face à ce dilemme, il existe une réponse simple et toute faite : manger local. Sauf que le haricot vert kenyan pèse nettement moins d’énergie (et de pétrole) que celui qui a poussé sous serre chauffée en Europe, comme l’a montré un formidable ouvrage du Britannique Fred Pearce (4). Bref, il faut manger local, mais surtout de saison. Au final, c’est peut-être l’eau minérale qui contient le moins de pétrole : un à trois verres d’or noir par litre, suivant la distance parcourue (compter 1 000 fois moins pour l’eau du robinet). Mais même fraîche et accompagnée d’un bon bol d’amour, l’eau ne nourrit pas son homme. —(1) David Pimentel, « Human Ecology », août 2008.(2) David Pimentel, « Energies », mars 2009.(3) Daniel Pauly, « Ambio », décembre 2005.(4) « Les tribulations d’un consommateur ordinaire qui se prenait pour un écolo exemplaire » (La Martinière, 2010).

E chapper au pétrole dans votre vie quotidienne ? Vous n’y pensez pas. Sans ce liquide, pas de

brosse à dents, ni de dentifrice. Pas de jouets en plastique (lire aussi sujet pages 56 à 58). Pas d’hôpitaux, d’imagerie médicale, de médicaments et de soins. Pas de tissus modernes, ni de coton qu’il faut transporter sur des milliers de kilomètres. Il ne vous reste que la laine et les peaux de bête, si tant est qu’il reste des animaux à fourrure… Dans une paire de jeans, star mondiale du vêtement, il y a pas moins de 25 litres d’or noir, selon

Vie quotidienne

les calculs de l’agence française Bio Intelligence Services. Et il faudra en moyenne dépenser 37 litres supplémentaires pour le laver au cours de son existence.

Un grand cru dans une brique ?Ne vous cassez pas la tête, aucun objet n’échappe à la règle. Début février, le fabricant d’électroménager Electrolux a annoncé des hausses de prix allant jusqu’à 10 %. Motif : le prix des matières premières s’envole (d’autant plus qu’elles sont transportées avec du pétrole) et le coût de l’énergie aussi. Pour

Page 47: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

terra eco mars 2011 47

fabriquer un lave-vaisselle, comptez environ 86 kg de pétrole, contre 120 kg pour un gros frigo. Un kilo de plastique ou de caoutchouc, c’est autant de pétrole. Chaussures, lessive, rouge à lèvres, papier… A chaque objet sa facture pétrolière. Sans oublier les emballages et les contenants : il faut quatre fois plus d’énergie pour produire une bouteille en verre qu’un récipient en carton de même contenance. Etes-vous prêts à déguster un grand cru sorti d’une brique alimentaire?

Hollywood autant que l’hôtellerieSans pétrole, la vie serait bien triste. Pas de raquettes de tennis, ni de ballons de football, ni de bateaux ou de cannes à pêche. Un livre, un documentaire à la télévision, une ballade sur Internet, une soirée au cinéma… Sans hydrocarbures, on oublie. Un ordinateur de bureau contient au moins 10 fois son poids en pétrole, soit 300 kg. Sans compter qu’il voyage bien souvent en avion, parce que le consommateur n’attend pas. Autrement dit, le boom des appareils nomades serait une bonne chose, puisqu’ils sont plus petits et plus légers. Le hic, c’est que l’un remplace rarement l’autre. Ces objets se complètent et la facture s’alourdit. En 2006, une étude de l’université de Californie à Los Angeles a montré que la production cinématographique d’Hollywood avalait 120 tonnes-équivalent pétrole par million de dollars de chiffre d’affaires, soit à peu près autant que des secteurs comme l’aéronautique ou l’hôtellerie (1). Il ne nous reste plus que les soirées au coin du feu. —(1) www.environment.ucla.edu/media/files/mpis_report.pdf

Logement

L’omniprésence du pétrole, on la retrouve dans les bâtiments, même s’il est quasi-ment impossible d’en

connaître la teneur exacte. Car d’un matériau à l’autre, d’une usine à l’autre, la source d’énergie diffère : l’aluminium se fabrique avec de l’électricité (et donc peu de pétrole) mais ensuite, on le transporte. Les tuiles de nos toits sont, elles, cuites dans des fours à gaz, et transpor-tées avec du pétrole. Le ciment est, le plus souvent, produit avec du coke de pétrole, un résidu de raffinage, mais les industriels utilisent aussi toutes sortes de combustibles (vieux pneus broyés, farines animales, boues d’épuration, etc.) suivant les ressources disponibles près de leurs usines. Il n’y a finalement que le PVC des fenêtres et les isolants syn-thétiques dont on connaît « l’énergie grise », puisque, comme la plupart des plastiques, on les fabrique à partir du pétrole.

Energie positive à l’horizon 2020Selon les données du ministère de l’Ecologie, le secteur de la construc-tion absorberait chaque année entre 700 000 et 1 million de tonnes de pétrole, soit moins de 1 % de l’or noir consommé en France. Est-ce

peu ou déjà trop ? Peu importe : il est difficile de faire sans. D’une manière générale, les matériaux naturels (bois, isolants naturels, etc.) contiennent beaucoup moins d’énergie grise. Raison pour laquelle ils connaissent un net regain d’in-térêt en France, où le béton et la brique ont toujours dominé dans le bâtiment. En principe, les normes de construc-tion devraient imposer en France la règle de l’énergie « positive » à partir de 2020 : les logements devront alors produire plus d’énergie qu’ils n’en consommeront. Mais attention à l’énergie dépensée dans la phase de construction ! A condition d’y mettre le prix, on connaît malgré tout la recette. En 2009, l’univer-sité allemande de Darmstadt a ainsi remporté la compétition du Solar Decathlon en proposant une maison produisant, sous la pluie, plus d’énergie qu’elle n’en consom-mait. Cet exploit lui permet – en théorie au moins – de « rendre » au bout de onze ans l’énergie nécessaire à sa construction. Mais on ne s’en-flamme pas, ce n’est pas demain la veille que ces constructions seront la règle : la maison couronnée a coûté près de 700 000 euros… pour une surface habitable de 120 mètres carrés seulement. —

Adieu RaQUETTES dE TENNiS, baTEaUx, caNNES à pêchE…

Page 48: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

48 mars 2011 terra eco

Ils ont décidé de ne pas attendre l’apocalypse pour vivre ou produire autrement.Chacun à leur façon, ils inventent une vie décrochée du baril de brut. Par EMMANUELLE VIBERt

JE viS sans pétrole (OU pRESQUE)

Par an, un Françaisroule en moyenne 15 000 km en voiture

Cela représente 1 260 litres de pétrole

Page 49: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

terra eco mars 2011 49

3,2 ml de pétrole 4,1 ml de pétrole

6 ml de pétrole 11 cl de pétrole 13 cl de pétrole

20 cl de pétrole 2 litres de pétrole 2,8 litres de pétrole

59 800 litresde pétrole

17 litres de pétrole 25 litres de pétrole

102 litres de pétrole 93 litres de pétrole

Un gobelet en plastique Un gobelet en carton

Un saucisson de 300 g Un litre de lait

Un kilo de bœuf Une ramette de papier

1 kilomètre d'autoroute

Un kilo de veau Un jean

Un pneu poids lourd Un lave-vaisselle

2,5 ml de pétrole

7,9 litres de pétrole

27 litres de pétrole

612 litres de pétrole

Un yaourt aux fraises

Un kilo de poulet

Un kilo d'agneau de Nouvelle-Zélande

Un pneu voiture

Un ordinateur

Un verre de jus d'orange

3,2 ml de pétrole 4,1 ml de pétrole

6 ml de pétrole 11 cl de pétrole 13 cl de pétrole

20 cl de pétrole 2 litres de pétrole 2,8 litres de pétrole

59 800 litresde pétrole

17 litres de pétrole 25 litres de pétrole

102 litres de pétrole 93 litres de pétrole

Un gobelet en plastique Un gobelet en carton

Un saucisson de 300 g Un litre de lait

Un kilo de bœuf Une ramette de papier

1 kilomètre d'autoroute

Un kilo de veau Un jean

Un pneu poids lourd Un lave-vaisselle

2,5 ml de pétrole

7,9 litres de pétrole

27 litres de pétrole

612 litres de pétrole

Un yaourt aux fraises

Un kilo de poulet

Un kilo d'agneau de Nouvelle-Zélande

Un pneu voiture

Un ordinateur

Un verre de jus d'orange

3,2 ml de pétrole 4,1 ml de pétrole

6 ml de pétrole 11 cl de pétrole 13 cl de pétrole

20 cl de pétrole 2 litres de pétrole 2,8 litres de pétrole

59 800 litresde pétrole

17 litres de pétrole 25 litres de pétrole

102 litres de pétrole 93 litres de pétrole

Un gobelet en plastique Un gobelet en carton

Un saucisson de 300 g Un litre de lait

Un kilo de bœuf Une ramette de papier

1 kilomètre d'autoroute

Un kilo de veau Un jean

Un pneu poids lourd Un lave-vaisselle

2,5 ml de pétrole

7,9 litres de pétrole

27 litres de pétrole

612 litres de pétrole

Un yaourt aux fraises

Un kilo de poulet

Un kilo d'agneau de Nouvelle-Zélande

Un pneu voiture

Un ordinateur

Un verre de jus d'orange

3,2 ml de pétrole 4,1 ml de pétrole

6 ml de pétrole 11 cl de pétrole 13 cl de pétrole

20 cl de pétrole 2 litres de pétrole 2,8 litres de pétrole

59 800 litresde pétrole

17 litres de pétrole 25 litres de pétrole

102 litres de pétrole 93 litres de pétrole

Un gobelet en plastique Un gobelet en carton

Un saucisson de 300 g Un litre de lait

Un kilo de bœuf Une ramette de papier

1 kilomètre d'autoroute

Un kilo de veau Un jean

Un pneu poids lourd Un lave-vaisselle

2,5 ml de pétrole

7,9 litres de pétrole

27 litres de pétrole

612 litres de pétrole

Un yaourt aux fraises

Un kilo de poulet

Un kilo d'agneau de Nouvelle-Zélande

Un pneu voiture

Un ordinateur

Un verre de jus d'orange

3,2 ml de pétrole 4,1 ml de pétrole

6 ml de pétrole 11 cl de pétrole 13 cl de pétrole

20 cl de pétrole 2 litres de pétrole 2,8 litres de pétrole

59 800 litresde pétrole

17 litres de pétrole 25 litres de pétrole

102 litres de pétrole 93 litres de pétrole

Un gobelet en plastique Un gobelet en carton

Un saucisson de 300 g Un litre de lait

Un kilo de bœuf Une ramette de papier

1 kilomètre d'autoroute

Un kilo de veau Un jean

Un pneu poids lourd Un lave-vaisselle

2,5 ml de pétrole

7,9 litres de pétrole

27 litres de pétrole

612 litres de pétrole

Un yaourt aux fraises

Un kilo de poulet

Un kilo d'agneau de Nouvelle-Zélande

Un pneu voiture

Un ordinateur

Un verre de jus d'orange

I l a trouvé le moyen de transformer la paille en or ou presque. Michel Delmas, la soixantaine, est professeur de chimie à Toulouse. Il a

pourtant commencé sa carrière avec le pétrole. « A l’époque, il n’y avait pas grand-chose d’autre. » Mais depuis vingt ans, il planche pour raffiner la paille en trois produits distincts : la lignine, la cellulose et les sirops de sucre. « L’agriculture produit annuellement dans le monde 4 à 5 milliards de tonnes de résidus végétaux. Ce sont 7 à 10 millions de tonnes en France. Jusque-là, on n’en faisait rien parce qu’on ne savait pas séparer proprement ces trois produits. La lignine en particulier – une composante de la paroi des végétaux, qui leur donne dureté et imperméabilité – sortait toujours impure ou dégradée. Nous sommes les premiers dans le monde à y être parvenus ! »

Le pari de la chimie « verte » Son entreprise, la Compagnie industrielle de la matière végétale, a vu le jour en 1998. En 2006 naissait une usine-pilote à Bazancourt (Marne) au prix d’un investissement de 6 millions d’euros. La production réelle débutera fin 2012-début 2013. Elle sera ultralocale. « L’approvisionnement en paille se situera à moins de 50 km à la ronde. Et les clients sont aussi dans le coin. » Plus de 80 % de la production est déjà prévendue. « On vend au prix du marché mondial et dans des conditions économiques extrêmement rentables. » Les débouchés ? La lignine servira de colle pour des panneaux de particules ou contreplaqués qui échapperont du coup au

MIchEL DELMAS, directeur scientifique de la Compagnie industrielle de la matière végétale

« Nous sommes les premiers au monde à transformer la paille en colle »

formaldéhyde et au phénol ; ou bien dans la plasturgie verte pour réaliser des polyuréthanes, des polyesters… Avec la cellulose, on fera du papier, des emballages alimentaires, des agrocarburants… Et avec les sirops de sucre, des agents texturants pour l’alimentation animale. Michel Delmas se rend régulièrement aux Etats-Unis pour y vendre sa technologie. C’est là-bas que la prochaine usine sortira de terre. Et quatre autres projets sont à l’étude en France.Serait-ce un signe que l’industrie chimique sort de son addiction au pétrole ? Le chemin est encore long. En France, seuls 7 % de ses approvisionnements sont constitués de matières premières renouvelables : pois, huile de ricin, algues, maïs ou encore bois. Ce chiffre devrait monter à 15 % en 2017, selon les engagements pris lors du Grenelle de l’environnement. Mais la chimie verte compte déjà ses mastodontes, comme l’entreprise française Roquette, producteur mondial de dérivés d’amidon – utilisé dans des additifs alimentaires, des adhésifs, des plastiques biodégradables… – au chiffre d’affaires de plus 2,5 milliards d’euros. Il y a aussi une myriade de start-up. Aux Etats-Unis, la Silicon Valley s’est muée en berceau des biotechnologies. En Espagne, la première usine au monde de agrocarburants à base d’algues ouvrait en début d’année à Alicante. Ailleurs, on fait des élastomères avec de l’huile de ricin ou du bitume, des solvants, du caoutchouc, toujours avec des matières premières végétales. —www.cimv.fr

Page 50: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

50 mars 2011 terra eco

PIErrE BErTrAND, initiateur d’une « transition town » à Trièves (Isère)

« A Trièves, agriculteurs et forestiers ont développé des filières courtes »

Q uand il n’y aura plus du tout de pétrole, Totnes pourrait devenir la capitale du monde.

Pour l’instant, c’est une ville de près de 8 000 habitants dans le Devon, en Angleterre, qui fait parler d’elle comme « ville de transition ». Rob Hopkins, enseignant en permaculture, y a lancé le mouvement en 2006. L’idée ? Agir sans attendre les effets du pic pétrolier, en changeant nos façons de consommer et de vivre, en acquérant de nouvelles compétences. En pratique ? Mise en place de groupes de cyclistes, de jardins partagés, d’écoconstructions, plantation de 170 arbres fruitiers sur les espaces publics… Aujourd’hui, plus de 700 villes, quartiers ou villages s’autodéclarent « en transition » dans le monde, dont une vingtaine en France.Le territoire de Trièves, en Isère, est la première des initiatives hexagonales.

On la doit à Pierre Bertrand, traduc-teur scientifique, doté d’une solide expérience dans le monde associatif écolo. C’est un Anglais installé dans le coin, Jeremy Light, spécialiste de systèmes de filtres à roseaux, qui lui a parlé de Totnes en 2007. Ensemble, ils décident alors de lancer leur vallée dans l’aventure de la transition. Entre massifs du Vercors et du Dévoluy, ce

territoire regroupe 29 communes et 9 000 habitants (dont 1 400 pour le chef-lieu, Mens). Ses particularités : à la fois une grande dépendance vis-à-vis de la voiture et un grand dynamisme sur le plan écologique. « Beaucoup d’acteurs de l’agriculture et de la filière bois tra-vaillent sur la création de circuits courts. Les communes sont très impliquées et les associations très actives. »Les premières réunions débutent en 2008. Aujourd’hui, Trièves en transi-tion compte 30 adhérents et une cen-taine de sympathisants. Avec un beau programme de formations : réparer des outils de jardin, construire un chauffe-eau solaire ou une éolienne individuelle, s’initier aux plantes médicinales, se former au labour et au cheval de trait… « Il s’agit d’orga-niser le bouillonnement déjà présent. De communiquer, de mettre en réseau, susciter des partenariats, de motiver un maximum de gens. » —http://aprespetrole.unblog.fr

Lewes, en Angleterre, s’est aussi engagé dans la transition.

greg

oire

ber

nard

i pou

r « T

erra

eco

»

Page 51: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

terra eco mars 2011 51

hErvÉ BELLUT, fondateur de www.buscyclistes.org

« J’ai demandé aux autres cyclistes de l’entreprises d’offrir leurs services »

S avez-vous qu’un déplacement sur deux en voiture fait moins de 3 km ? Que sur 5 km, voire 7 km

ou 8 km, en ville, le vélo est plus rapide que la voiture ? Inutile d’ajouter qu’il a aussi l’avantage de ne consommer rien de rien, si ce n’est l’énergie de vos mollets. Hervé Bellut connaît ces chiffres par cœur et milite pour l’expansion du vélo, qu’il considère comme une vraie alternative à la voiture. « J’étais ingénieur qualité logiciel, salarié d’une boîte d’électronique pour les avions dans la région de Toulouse. J’allais au boulot à vélo, comme je l’ai toujours fait, même lorsque j’habitais à 20 km. »Un jour, il décide de se lancer dans la promotion de son biclou adoré, d’entraîner les gens à aller au travail en pédalant, comme lui. « En 2005, j’ai créé une section déplacements alternatifs dans mon comité d’entreprise. J’ai demandé aux autres cyclistes de l’entreprise d’offrir comme moi leurs services en

tant qu’accompagnateur et d’inviter les volontaires à se joindre à eux sur leur trajet quotidien. » Résultat : cinq bus cyclistes sont créés. Pour donner un peu de souffle au mouvement, Hervé Bellut organise un événement en invitant tout le monde à circuler à vélo le 3 juin. « J’avais mis dans le coup le club vélo de mon village, mon entreprise et d’autres, comme Airbus. » Ensuite ? Le passionné de vélo lance l’association « Les bus cyclistes » et un site Internet. On peut y inscrire une nouvelle ligne de bus à

deux roues et y consulter sur une carte, les itinéraires, les jours et horaires du peloton, tout en contactant le guide. Aujourd’hui, il existe 112 lignes autour de Nantes, Paris, Strasbourg, Lyon, Marseille.

En sueur au travail ?Hervé Bellut a pris la peine d’écrire un livre, De la voiture au vélo : en route vers le changement, pour convaincre les récalcitrants. Vous préférez la voiture parce que vous craignez d’arriver la chemise trempée de sueur au bureau ? Voilà une question à laquelle Hervé à une réponse de pro : « Je pédale en tenue de cycliste et j’ai un pantalon, une chemise et une cravate roulés dans un sac. Au travail, je laisse une veste et mes chaussures dans un tiroir. Il y a toujours une solution pour se changer, quitte à aller aux toilettes s’il n’y a pas de vestiaires. » —www.buscyclistes.org

aUJOURd’hUi, il ExiSTE 112 ligneS dE bUS cycliSTES EN fRaNcE.

greg

oire

ber

nard

i pou

r « T

erra

eco

»

Entre 0 et 5 litres, les asperges, tomates, haricots et concombres peuvent contenir des quantités de pétrole très variables selon la période de l’année et donc le pays où ils ont été cultivés. A certaines saisons, les asperges sont en effet importées du Pérou et les haricots du Kenya ou du Maroc.Source : Niels Jungbluth et Mireille Emmenegger, ESU-services, 2004.

légumes et quantité de pétrole consommée en fonction des saisons

Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre

Page 52: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

52 mars 2011 terra eco

15 ml de pétrole 1 litre de pétrole 1,9 litre de pétrole 3,6 litres de pétrole 4,1 litres de pétrole 4,5 litres de pétrole 4,7 litres de pétrole 5,5 litres de pétrole 7 litres de pétrole 9,5 litres de pétrole 16 litres de pétrole

Un Tchadien Un Chinois Un Brésilien Un Iranien Un Anglais Un Français Un Allemand Un Japonais Un Australien Un Américain Un Saoudien

KEMI FAKAMBI, missionnée par le Geres pour développer les énergies renouvelables au Bénin

« Au Bénin, une filière locale à base de jatropha »

S e développer, mais sans pour cela entrer dans une dépendance au pétrole. Voilà l’objectif que

se sont fixées plusieurs ONG. Ainsi

au Kenya, « Use solar save lives » dis-tribue des lanternes solaires comme alternative aux lampes à kérosène. Bolivia Inti diffuse, elle, des cuiseurs

solaires auprès des populations les plus pauvres. Le Geres (Groupe éner-gies renouvelables, environnement et solidarités) mène, de son côté, des projets de développement innovants, comme celui d’efficacité énergétique dans l’habitat en Afghanistan, de microhydroélectricité au Ladakh en Inde, ou encore d’agrocarburant à base de jatropha au Bénin.Ici et là, on présente le jatropha comme un « or vert », car cet arbre du désert pousse tout seul et produit une huile m

eyer

- te

ndan

ce fl

oue

consommation de petrole par Habitant et par jourSources : « Revue statistique BP de l’énergie mondiale », 2010 et CIA World Factbook.

Culture de jatropha

dans le village de Dottan au Bénin.

Page 53: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

terra eco mars 2011 53

chrySTINE rISLEr, pédégée de Capoverde, société engagée dans le Cradle-to-Cradle (« du berceau au berceau »)

E conomie circulaire, Cradle-to-Cradle (C2C)… Tous les moyens sont bons pour produire sans gaspiller et diminuer sa consommation de pétrole. Certains

cherchent la labellisation, comme les fabricants de mobilier de bureau Steelcase qui sont les champions du C2C. D’autres avancent à leur rythme. « Mes clients me réclamaient de plus en plus des matières écologiques », raconte Chrystine Risler. A la tête d’une société d’impression numérique depuis quatre ans, elle imprime sur du textile… issu du pétrole. « Mais il n’y avait pas d’alternative. Ou alors du faux : des bâches dotées du suffixe “ éco ”, mais qui ne l’étaient pas. » Du coup, elle a commencé à proposer du linge de maison en coton bio. Puis, s’est tournée vers son tisseur, basé en Rhône-Alpes. Celui-ci travaille le polyester recyclé pour faire de la polaire. Pourquoi ne pas aussi essayer un tissu en PET recyclé pour l’impression ? « Après une phase de test, on a mis au point deux matières, avec blanchiment aux normes Oecko Tex (1) et impression avec des encres aqueuses, donc sans solvant. Le tout 100 % issu de PET recyclé. Les produits sont destinés à l’intérieur : des bâches pour des stands de salon, des coussins, des rideaux… » La production vient tout juste de commencer. « La qualité et la résistance au temps sont les mêmes que pour le conventionnel, pour des produits de 5 % à 8 % plus chers. Mon but est de baisser les prix dès qu’on montera dans les volumes de vente. » Pour boucler la boucle, Chrystine Risler tente de mettre en place une filière de recyclage en Rhône-Alpes. « Aujourd’hui, 80 % des textiles polyester français récupérés partent hélas se faire recycler au Japon. » —http://capoverde.fr

(1) Label assurant que les textiles sont contrôlés sur leur teneur en substances indésirables.

« 80 % des textiles polyester français sont recyclés… au Japon »

15 ml de pétrole 1 litre de pétrole 1,9 litre de pétrole 3,6 litres de pétrole 4,1 litres de pétrole 4,5 litres de pétrole 4,7 litres de pétrole 5,5 litres de pétrole 7 litres de pétrole 9,5 litres de pétrole 16 litres de pétrole

Un Tchadien Un Chinois Un Brésilien Un Iranien Un Anglais Un Français Un Allemand Un Japonais Un Australien Un Américain Un Saoudien

semblable au diesel. « C’est en partie vrai », explique Kémi Fakambi, mais c’est aussi beaucoup plus compliqué que cela. Cette jeune agronome est retournée dans son pays, le Bénin, il y a quatre ans, avec en projet une thèse sur le jatropha et son introduction dans l’agriculture familiale béninoise. Elle croise la route de membres du Geres. Ensemble, ils mettent en place un programme-pilote.

Pénurie et spéculation« Au Bénin, on transforme le maïs et le manioc en farine, le fruit de palme ou l’arachide en huile, avec des machines fonctionnant souvent au gazole. Or, dans les zones retirées du pays, où l’état des routes rend le transport difficile, le carburant est sujet à la pénurie et à la spéculation. Une filière locale à base de jatropha pourrait résoudre le problème », justifie Kémi Fakambi. Pour convaincre les producteurs, il faut produire un peu d’huile, faire des démonstrations. En 2008, ils étaient une cinquantaine à se lancer dans l’expérience. Aujourd’hui, ils sont 400, avec 250 000 plants. « Nous avons choisi des zones non électrifiées, où le coût du gazole est élevé. » Reste à régler l’acidité de l’huile et l’adaptation des moteurs. « Il va falloir encore au moins trois ans pour régler les questions agronomiques, et celles de la structuration des acteurs. »Et puis, il y a la menace industrielle. Le gouvernement a une stratégie de production de biocarburants à grande échelle. « Rien n’a encore démarré, mais demain, nos producteurs de jatropha pourraient être tentés de vendre leurs graines à l’industrie. » Pour les inciter à rester fidèles à la filière de proximité, les petits producteurs pourraient devenir actionnaires de l’unité d’extraction. « Au niveau local, c’est un cercle vertueux. Au niveau industriel, sans régulation, on va dans le mur. Donc il faut convaincre gouvernement et populations locales. » Pas si simple, l’or vert. — www.geres.eum

eyer

- te

ndan

ce fl

oue

Page 54: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

54 mars 2011 terra eco

A u département américain de la Défense, c’est le branle-bas de combat. Celui-ci avale 300 000 barils par an, soit 80 % de

la consommation totale du gouvernement améri-cain. Réduire cette boulimie est donc une urgente question de sécurité nationale. « La dépendance des Etats-Unis envers les ressources étrangères en énergie constitue une menace militaire, diplomatique et économique », prévient un rapport du Pew Project on National Security, Energy and Climate, paru en avril 2010. Du coup, le plan de réduction de la dépendance au pétrole est ambitieux : acquisition de 4 000 véhicules électriques dans les trois ans à venir, 50 % d’énergie d’origine alternative en 2020 pour toute la marine…L’armée française scrute ces innovations avec intérêt. En 2008, une délégation constituée de représentants

LIEUTENANT-cOLONEL MANGArA, chef de la division prévention environnement des armées

« 4 000 véhicules électriques dans les futurs convois militaires »

de l’armée de l’air, du service interarmées des essences et de la direction générale des armements traversait même l’Atlantique pour étudier la question des carburants alternatifs, raconte le lieutenant-colonel Mangara, chef de la division prévention environne-ment. « Depuis, le dossier est dans les mains de l’Etat-major des armées. Nous avons commencé à mener des actions de réduction de consommation sur les bases aériennes. » Des véhicules électriques ont été acquis par les bases aériennes de Tours (Indre-et-Loire) et de Saint-Dizier (Haute-Marne), d’autres arrivent ce printemps à Orléans (Loiret). Des lamas et des chevaux ont pris leurs quartiers sur la base d’Avord (Cher) pour remplacer les dizaines de milliers de litres de désherbants déversés auparavant sur les 160 hectares de terrain. Et 20 % des sites d’entraî-nement sont labellisés Natura 2000. — th

e ne

w y

ork

times

- ré

aArmée américaine à Camp Victory, près de Bagdad (Irak), en 2009.

Page 55: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

terra eco mars 2011 55

« cOMMENT pROdUiRE EN fRaNcE Au COût ChinOiS ? »

JEAN-SÉBASTIEN cOUILLEAU, directeur de la fonderie Loiselet, qui a choisi de relocaliser en France

« Plus besoin de placer sa trésorerie sur des bateaux pendant des semaines »

L a parenthèse chinoise de la fon-derie Loiselet n’aura pas duré plus d’une petite dizaine d’années.

Cette entreprise fabrique des pièces en fonte, en décoration, mobilier urbain, voirie et industrie, depuis cinq géné-rations. En 2001, la fonderie française fermait ses portes. Les établissements Loiselet se sont alors fournis en Chine. « Un choix purement économique », explique Jean-Sébastien Couilleau, directeur développement de l’entreprise. Pendant ses années asiatiques, Loiselet était régulièrement sollicité pour des dossiers de reprise d’usines en France. « En 2008, un dossier de reprise a presque abouti, mais on a fini par décider d’une création ex nihilo, malgré tous les avis contraires ! » La motivation du retour ? Tout aussi économique qu’à l’aller. « Plus besoin de placer sa trésorerie sur des bateaux en transit pendant plusieurs

semaines. » Cela représente presque 15 % du prix de revient de la marchan-dise, soit 960 000 euros par an pour cette entreprise. Ce poste de dépenses est en augmentation constante, étant donné que les paquebots carburent au pétrole. Ajoutez à cela le coût de la main-d’œuvre chinoise, dont la ten-dance est aussi à la hausse, et vous aurez compris la logique de relocalisation.

Pollution en moinsPour créer une nouvelle usine à Dreux (Eure-et-Loire), il fallait 12,4 millions d’euros. L’investissement est bouclé grâce à un prêt gratuit de l’Etat qui, depuis le printemps 2010, a mis en place des aides à la relocalisation. Le casse-tête du business plan : comment produire en France au coût chinois ? Cela passe par l’achat d’une machine aux grandes avancées techniques. Et par d’autres

FrANÇOISE-hÉLÈNE JOUrDA, architecte pionnière des bâtiments écologiques en France

« Plus le droit d’augmenter les distances »

atouts purement franchouillards : « Ici, on fait de la fusion électrique ; la tempé-rature doit monter à 1400° C. En Chine, on utilisait le charbon. » Merci pour les émissions de gaz à effet de serre et la pollution en moins. Et puis, « jusque-là, en France, les déchets métallurgiques, surtout issus de l’automobile, partaient à l’étranger. Dans notre usine française, nous allons utiliser 80 % à 90 % de fonte recyclée. » Le tout en embauchant une centaine de personnes et pour un prix de vente final… inférieur au made in China. —

F rançoise-Hélène Jourda a reçu le prix international d’architecture durable en 2007, une discipline qu’elle pratique depuis près de trente ans. Elle milite pour

qu’on conçoive des villes dont les maîtres-mots seraient la mixité sociale et la densité : « Nous n’avons plus le droit de gaspiller nos sols, d’augmenter les distances de transports – et par là même de polluer encore plus –, de réserver à une élite économique le droit de vivre en espace urbain. »En attendant que les décideurs de l’urbanisme français entendent le message, Françoise-Hélène Jourda est en train de concevoir le premier projet architectural écologique ambitieux de la capitale. La Halle Pajol, située dans le XIXe arrondissement, sera livrée fin 2012. Le bâtiment industriel du XIXe siècle s’étire le long des voix de chemins de fer de la gare de l’Est, et va muer en auberge de jeunesse,

en bibliothèque, en locaux d’activité et en jardin public. Ce bâtiment à énergie positive verra ses toits recouverts de cellules photovoltaïques et thermiques qui suffiront à couvrir la consommation énergétique totale.Bien sûr, les matériaux issus de la pétrochimie sont ici proscrits. On leur préfère le bois, issu de forêts certifiées de France ou d’Europe du Nord. Et on choisit du mélèze, qui même utilisé pour barder les façades à l’extérieur, n’a pas besoin de traitement. La ouate de cellulose, faite de papier recyclé, fera office d’isolant. Et pour le sol, ce sera du linoléum, des dalles qui ressemble à du vinyle, mais composées de matières naturelles : résine de pin, poudres de bois et liège, huile de lin. Le tout transporté sans camions au cœur de Paris, uniquement par train grâce aux voies de chemin de fer qui bordent le chantier. —

Page 56: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

56 mars 2011 terra eco

Les mastodontes de l’or noir ne peuvent imaginer un monde sans millions de barils produits chaque jour. Alors ils cherchent des parades. Plus vite, plus loin, plus profond.Par MAttHIEU AUZANNEAU

péTROliERS : brut fOREvER

Nous n’avons jamais consommé autant de pétrole : 84 millions de barils par jour (mb/j), soit

près de 1 000 barils à la seconde. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter. Il suffit pour cela de regarder la gloutonnerie des économies émergentes (Chine, Inde, Brésil, etc.) Or, la production de pétrole dit « conventionnel » (le liquide « classique ») n’augmentera « plus jamais », reconnaît l’Agence internationale de l’énergie dans son dernier rapport annuel. Rien que pour compenser le déclin des régions pétrolières les plus anciennes, il faudrait creuser assez de nouveaux puits dans les dix prochaines années pour fournir l’équivalent de deux fois la production de l’Arabie Saoudite, soit 20 mb/j !La course aux derniers barils est donc lancée. Depuis les pôles jusqu’aux tréfonds de la terre et des mers, les pétroliers n’hésitent plus à se tourner vers les sources non conventionnelles, pourtant plus chères et plus polluantes.http://petrole.blog.lemonde.fr

Les « agrocarburants » Grands spécialistes, le Brésil et les Etats-Unis. Chez l’Oncle Sam, un quart de la production de céréales finit déjà dans les réservoirs d’essence. Cette poli-tique a été lancée par George W. Bush, probable-ment afin de compenser le déclin des extractions américaines. Les 100 millions de tonnes de maïs et d’autres céréales transformées chaque année en carburant dans plus de 80 usines aux Etats-Unis suffiraient à nourrir 330 millions de personnes. Ce n’est sûrement pas sans rapport avec les records qu’atteignent aujourd’hui les cours des denrées alimentaires. Sous les climats tropicaux – au Brésil, en Afrique ou en Indonésie –, la production de carburant à partir d’huile de palme ou d’alcool de canne à sucre participe à la déforestation des forêts primaires. Le groupe finlandais Neste Oil, l’un des leaders mondiaux du diesel « vert », vient de se voir décerner le prix Public Eye Awards de l’entreprise la plus irresponsable de l’année.

L’océan ArctiqueC’est la frontière ultime pour les grands pétroliers, la dernière grande région du globe qui n’a pas encore été passée au peigne fin par leurs géologues. Ironie du sort : l’accès à l’Arctique se libère grâce à la fonte de la banquise, elle-même provoquée par les émissions de CO

2 induite par notre appétit insatiable d’hydrocar-

bures. Mais quelles seraient les conséquences d’une marée noire sous un climat aussi extrême ? Tous les grands groupes sont sur les rangs. A l’instar de BP, qui vient de passer un accord historique avec le géant russe Rosneft, les compagnies occidentales sont à court de lieux moins inaccessibles où forer. Le français Total s’est associé à l’autre leader russe des hydrocarbures, Gazprom, pour développer un champ de gaz naturel paraît-il très prometteur : le Shtokman, au large de la Russie par 73 ° de latitude nord.

Page 57: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

terra eco mars 2011 57

Coal-to-Liquid La transformation du charbon en pétrole semble – faute de mieux – avoir un grand avenir devant elle, car les réserves de charbon sont beaucoup plus importantes que celles d’hydrocarbures. Les experts de cette industrie lourde et coûteuse sont les Sud-Africains de la compagnie Sasol. Leur technologie est issue de l’Allemagne nazie et a été améliorée à l’époque de l’apartheid, lorsque l’Afrique du Sud était visée par un embargo sur les produits pétroliers.

Gas-to-LiquidIl est également possible de faire du carburant liquide à partir de gaz naturel. Comme pour la liquéfaction du charbon, les infrastructures à mettre en place

sont là colossales pour des capacités de production presque anecdotiques à l’échelle mondiale. Une fois opérationnelle, la plus grande usine du monde, The Pearl (« La Perle »), que la compagnie Shell est en train de finir de tester à Abu Dhabi, sera capable de produire 140 000 barils/jour. Par comparaison, la demande chinoise s’est accrue de 600 000 barils/jour en 2009.

Le offshore profond Les ultimes découvertes de pétrole conventionnel ont désormais lieu loin au large, à grande profon-deur. Les extractions de offshore profond – plus de 300 mètres – représentent aujourd’hui 6 % de la production mondiale de brut. Cette al

fredo

cal

iz -

pano

s -

réa

Plate-forme petrolière dans la baie de Niterói, près de Rio de Janeiro, au Brésil.

Page 58: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

58 mars 2011 terra eco

proportion pourrait dépasser 16 % dans une décennie. Selon un expert du département

de l’Energie américain, les récentes découvertes au large du Brésil « constituent à peu près le seul point positif (...) en attendant d’aller dans l’Arctique ». Attention danger : la plate-forme de forage Deepwater Horizon qui a explosé en avril 2010 dans le golfe du Mexique, provoquant la pire marée noire de l’histoire des Etats-Unis, était une merveille tech-nologique. Elle détenait le record de profondeur pour un forage à 10 km sous la surface des flots.

Pétrole et gaz de schisteVous en avez sûrement déjà entendu parler si vous lisez Terra eco (1) et que vous suivez la campagne que José Bové a lancée contre des permis d’explora-tion dans le sud-est de la France. Pour faire sortir le pétrole ou le gaz naturel piégés dans les couches de schistes, il faut envoyer de l’eau à très haute pression, agrémentée d’un cocktail impressionnant de produits chimiques, afin de fracturer la roche. On appelle cela le « fracking ». Balbutiante en Europe, cette technique d’extraction est déjà très répandue aux Etats-Unis. Là-bas, les cas d’intoxication de riverains sont légion. Car une fois libérés, le méthane et les produits chimiques ne remontent pas seulement par les puits. Ils se retrouvent dans l’eau du robinet, qui prend feu lorsqu’on passe un briquet devant, comme le montre le documentaire Gasland (lire aussi pages 10 à 13).

Les pétroles lourds Le français Total est passé maître de leur exploitation, que ce soit sous forme liquide, comme au Venezuela, ou sous forme de bitume solide, comme au Canada. L’exploitation massive des sables bitumineux du Canada implique des déboisement massifs et laisse très souvent derrière elle de vastes étangs de boues toxiques. Pourtant, les pétroles lourds sont d’ores et déjà indispensables à l’économie mondiale : les sables bitumineux canadiens sont, depuis 2010, la première source d’approvisionnement en pétrole des Etats-Unis.

Micro-algues Le n° 1 mondial du pétrole, Exxon, a investi 600 mil-lions de dollars (450 millions d’euros) pour déve-lopper des essences à base de plancton végétal. L’armée américaine a lancé ses propres recherches dans le domaine. Des tests sont menés sur des moteurs d’avions de chasse. Mais un rapport de la

RAND corporation, groupe de recherche majeur pour les affaires militaires aux Etats-Unis, vient de doucher les espoirs de ceux qui rêvent d’une armée « verte » : ces nouveaux carburants seraient inefficaces et trop chers, même pour l’armée amé-ricaine, l’institution au monde la plus vorace en pétrole (lire aussi page 54).

Et les renouvelables ? Curieusement, c’est dans les pays du golfe persique, où se concentre l’essentiel de ce qui reste des réserves mondiales de pétrole, que l’on trouve certaines des expériences les plus ambitieuses dans le domaine des énergies renouvelables. Le chantier de 22 mil-liards de dollars (16 milliards d’euros) de la future ville de Masdar, dans l’émirat d’Abu Dhabi, en est le symbole. —(1) www.terraeco.net/a14415.html

Et si l’Iran avait vraiment besoin du nucléaire ? C’est le plus vieux producteur de pétrole du monde, et ses réserves s’épuisent. L’Agence internationale de l’énergie anticipe un déclin brutal de sa production de brut dans les années à venir. En off, plusieurs analystes de l’industrie pétrolière jugent que si la République islamique tient tant à maîtriser l’atome, ce n’est pas seulement pour disposer de la bombe.

le cas iranien

joha

nnes

arlt

- la

if -

réa

Recherche sur les microalgues à Uetze, en Allemagne.

Page 59: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

joha

nnes

arlt

- la

if -

réa

Page 60: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

L’éco-conso

62 Alimentation LaFrancepourrait-ellegober desœufsàladioxine?

64 J’ai testé… Lessextoysécolos

66 Casse-tête Ascenseurouescalator?

68 Ils changent le monde Destubespournourrir laville

74 Zoom Plasticplanet,undoc mastoc

78 Chroniques livres, DVD… Anthropocène,l’èreque l’hommeinspire

80 Agenda

Les fruits de la raisonQuels points communs entre la banane et l’ananas ? Le goût sucré et l’exotisme. Pas seulement. Les deux sont souvent aussi produits dans des conditions sociales et écologiques déplorables. Quatre ONG lancent donc la campagne « Le juste fruit ». Elles exigent qu’on réduise la quantité de pesticides utilisés pour ces cultures, que les multinationales respectent les droits des travailleurs et que les supermarchés payent un prix juste aux fournisseurs.www.lejustefruit.org

60 mars 2011 terra eco

Une mode éthique du premier au dernier fil, voici l’obsession d’Ideo. Imaginez des vêtements modulables qui oublient le cycle des saisons : vestes réversibles, tours du cou qui deviennent paréos. Fabriquez-les en coton bio, lin français ou alpaga. Un accroc ? Faites-les réparer dans la boutique atelier de la marque à Paris. Et s’ils ne vous plaisent plus, rendez-vous au même endroit pour les soirées trocs. Qui dit mieux ?

Le + environnemental : matières naturelles, troc et réparation. Prix : 85 euros la veste Moby réglisse (en photo).

www.ideocollection.com

Une nouvellemode de vie

Pochettes surprenantesOn ne présente (presque) plus la marque Freitag qui s’est fait connaître avec ses sacs chics et responsables. Voici que la griffe suisse s’adapte au dernier iPhone et à ses dimensions fines de fines avec de jolies pochettes recyclées. Le concept reste le même : on récupère des bâches de camion, on soigne le design – avec ici une languette express – et on n’oublie pas la doublure en velours qui efface les traces sur le smartphone !

Le + environnemental : matériau recyclé. Prix : 43 euros.

www.freitag.ch

Page 61: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

L’éco-conso

terra eco mars 2011 61

Du plastique à la loucheMiamlescrêpesSuzette!Ellesseraientencoremeilleuressionnelesdécollaitpasavecunespatuleenméchantthermoplastique.Lesustensiles«Enjoy»deTefalontremportéleconcourseuropéen2010duproduitenplastiquerecyclé.Etpourneriengâcher,leurdesignestmoelleuxcommeunmuffin.

Le + environnemental : plastique PET à 95 % recyclé. Prix : 2,85 euros. www.tefal.fr

L’éthique toque à côtéLe commerce équitable, ce n’est pas que pour les pays du Sud. La preuve avec ces lentilles, pois cassés, haricots blancs et mueslis signés Alter Eco et produits par la Corab, une coopérative de Saint-Jean-d’Angely en Charente-Maritime. Les 120 agriculteurs ne travaillent qu’en biologique et la Corab achète 100 % de leur production à un prix très largement supérieur à celui du marché.

Le + environnemental et social : produits biologiques achetés à un prix juste.

www.altereco.com

Les ordis prennent l’airAdieu le syndrome des cuisses brûlantes, bien connu des utilisateurs d’ordinateur portable. Bye-bye aussi la table basse qui chauffe dangereusement. L’Ecopad, c’est une petite tablette élégante et sobre en bambou biologique qui permet à votre laptop chéri de respirer. Pour agrandir la zone de travail, un panneau coulissant permet aussi de faire glisser votre souris.

Le + environnemental : matériau naturel. Prix : 29,95 euros.

www.macally.com

Page 62: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

Alimentation

62 mars 2011 terra eco

La France pourrait-elle gober des œufs à la dioxine ?

Que mangent les poules pondeuses de l’Hexagone ?A l’image de leurs voisines alle-mandes, les volailles françaises

boulottent au milligramme. Les éle-veurs calculent très précisément leurs besoins nutritionnels quotidiens. Leur alimentation est composée de 60 % à 70 % de céréales (maïs, blé…), de protéines (majoritairement du soja), de 2 % à 3 % de minéraux et complé-ments vitaminiques et enfin de 1 % à

Outre-Rhin, des élevages de poules pondeuses et de porcs ont été contaminés et des milliers d’exploitations sont placées sous surveillance. L’Hexagone est-il à l’abri ?Par JULIA PASCUAL

5 % de matières grasses (huiles de soja, palme, colza, tournesol…). Ce sont ces dernières qui ont fait l’objet d’une contamination outre-Rhin. A l’origine du scandale : un fabricant d’agrodiesel qui a fourni des acides gras à une société produisant des graisses pour l’industrie et l’alimentation animale. Cela n’aurait jamais dû se produire mais les acides gras du carburant – contaminés à la dioxine – ont été livrés… à des fabri-cants d’aliments pour animaux.

De quels contrôles dispose-t-on ?En matière d’alimentation humaine et animale, c’est l’Europe qui fait la loi depuis 2006. Les 27 Etats membres doivent suivre à la lettre ce que l’on appelle le « paquet hygiène », qui regroupe six règlements commu-nautaires. Côté professionnels, cela se traduit par des analyses de risques biologiques, physiques et chimiques, un guide de bonnes pratiques, de la formation, des auto-contrôles… Côté pouvoirs publics, on n’est pas en reste : la Direction générale de l’alimentation, la Direction générale de la concur-rence, de la consommation et de la répression des fraudes et le ministère de la Santé organisent également des contrôles à chaque maillon de la chaîne alimentaire. ol

ivie

r cul

man

n -

tend

ance

flou

e

Page 63: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

Malgré son air pâlot, le champignon de Paris est une star environnementale. D’abord, il est le roi du compost. Pour le nourrir, point besoin d’engrais, un simple lit de paille et de fumier suffit. Les champignonnières françaises, concentrées en Val de Loire, en consomment 150 000 tonnes par an, venus du Centre et de la Picardie. Ensuite, le champignon se sent bien à 14° C. Idéal pour la culture en cave, toute l’année. Aujourd’hui cependant, 95 % de la production hexagonale se fait en surface, en maison de culture, sorte de serre climatisée. Ses seuls ennemis sont ses congénères, les champignons indésirables. « On traite en début de culture pour échapper à la guerre des champignons. Puis, on est tranquille pour sept semaines », explique Didier Dupin, directeur de la Fédération des cultivateurs de champignons. Un bon bilan chimique donc. Le véritable ennemi du champignon de Paris, c’est son sosie polonais, qui porte le même nom. Car la main-d’œuvre pèse la moitié du coût de production. « En Pologne, elle est quatre fois moins chère, soupire Didier Dupin. Sur l’étal, il faut s’accrocher pour résister ! » —

Production française 104 000 tonnes, dont 27 000 en frais, le reste en conserve

Emplois 2 300 salariés, deux tiers de moins qu’il y a vingt ans

Marché français 1 champignon de Paris frais sur 2 est cultivé en France ; le reste vient de Pologne, des Pays-Bas et de Belgique.

Les pieds dans le plat

Champignon au naturelpar Miss Bouffe

terra eco mars 2011 63

foto

lia

Sont-ils suffisants ?« Nous avons vécu quatre crises en dix ans dans les élevages (1), rappelle Frédéric Vincent, porte-parole du commissaire européen à la Santé, John Dalli. A chaque fois, la contamination à la dioxine trouvait son origine dans ces fameux corps gras utilisés dans la fabrication des aliments pour animaux. » Interpellée par l’affaire allemande, l’Europe indique qu’elle réflé-chit à un renforcement des contrôles, voire à une législation imposant une séparation claire entre la production de graisses industrielles et celles destinées à nourrir les animaux. « Au Danemark et au Royaume-Uni, il y a déjà une sépara-tion physique des silos », souligne Frédéric Vincent. Et Berlin vient d’annoncer des mesures similaires. La France ne faisant pas partie des pays zélés, le risque de contamination n’est pas nul.

Comment éviter l’omelette dioxinée ? Autrement, dit, y a-t-il des œufs plus sûrs que d’autres ? « Qu’il s’agisse d’œufs de qualité supérieure ou d’œufs convention-nels, les contrôles (sur la dioxine, ndlr) sont effectués par les services vétérinaires et sont les mêmes pour tous », explique-t-on à l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao), établissement public sous tutelle du ministère de l’Agricul-ture. « Ce qui s’est passé en Allemagne aurait pu se passer en France, renchérit Cécile Hareau, chef de produit de la coopérative Le Gouessant, spécialisée dans l’alimentation des animaux de ferme. Il peut y avoir des fraudes par-tout. » Manger bio ou Label rouge ? « Le risque de contamination à la dioxine est le même dans l’absolu », explique Jean-Christophe Rodallec, responsable qualité de la marque « L’œuf de nos villages ». D’autant que les aliments pour poules pondeuses standard ou certifiées Label rouge viennent souvent des mêmes usines ! Oui, mais dans le cadre d’œufs arborant le macaron, « on a des garanties et une sécurité supplémentaires », assure Agnès Laszczyk, directrice du Syndicat national des labels avicoles de France. « L’organisme certificateur va auditer le ol

ivie

r cul

man

n -

tend

ance

flou

e

fabricant d’aliments en se déplaçant sur le site au minimum une fois par an », explique Jean-Christophe Rodallec. Pour des œufs courants, exit cette obligation. Attention, les organismes certificateurs ne mènent pas la chasse à la dioxine : ils vérifient l’application d’un cahier des charges. « En revanche, ils peuvent contrôler de manière ciblée quand un risque a été identifié », souligne l’Inao. « Le fait qu’il y ait de toute façon plus de contrôles fiabilise la filière », assure Jean-Christophe Rodallec. Parfois même, les producteurs de qua-lité supérieure font du zèle dans la prudence. La marque « Les fermiers de Loué » a ainsi un « plan de surveillance des matières premières, explique le direc-teur général Yves de la Fouchardière. Chaque semaine, nous analysons un échantillonnage afin d’écarter le risque de retrouver des métaux lourds, des insec-ticides ou encore des nicotoxines. » Loué a aussi construit en 2000 sa propre usine d’aliments. Les céréales – 80 % de l’alimentation – sont produites localement par des exploitants sous contrat. « On ne cherche pas à faire de l’optimisation à tout prix et nous ne passons pas par un intermédiaire, affirme Yves de la Fouchardière. Cela supprime les risques de crise. » —(1) 1999 en Belgique, 2004 et 2006 aux Pays-Bas, 2008 en Irlande.

« Les contrôles sur la dioxine sont les mêmes pour tous les œufs, de qualité supérieure ou conventionnels. »L’Institut national de l’origine et de la qualité

CoMMEnt déCodEr un œuf ?En France, 80 % des poules pondeuses vivent dans des cages de batterie. Cette information est inscrite sur la coquille de l’œuf. En effet, la réglementation européenne impose depuis 2004 un marquage avec le chiffre 3 sur chaque œuf issu d’une poule de batterie. Le 2 signale l’œuf de cocotte élevée au sol, dans une volière. Le 1 correspond à la poule de plein air et le 0 à celle élevée selon un mode bio.

Page 64: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

adrie

n al

bert

- w

ww

.lete

rrie

r.inf

o/le

-ter

rier-

Adr

ien-

Alb

ert-

illust

rate

ur.h

tml+

L’expérience

Signe de la morosité de notre époque ou simple curiosité inas-

souvie, un tiers des Français réclament un peu d’origi-

nalité lors de leurs étreintes. Quelques audacieux, seuls ou à

plusieurs, adorent s’adjoindre les services d’accessoires stimulants pour améliorer l’ordinaire.

Mais savent-ils, ces inconséquents, qu’ils risquent de se tripatouiller le berlingot

avec du poison ? Oui, chers lecteurs, le jouet sexuel peut s’avérer dange-reux. Non pas que vous risquiez l’étouffement avec (quoique…), mais plutôt la perturbation en-docrinienne ! En 2006, le bureau néerlandais de Greenpeace a fait analyser huit vibromasseurs (1). Sept

contenaient des phtalates dans des proportions variant de 24 % à 51 % !

Quoi ? Des phtalates dans le frifri ? Sa-chant qu’à l’époque, dans l’Union européenne,

les phtalates étaient déjà interdits dans les jouets qu’adorent mâchouiller les enfants, pourquoi les autoriser dans ceux des adultes ? D’autant que leur ultime fonction consiste à pénétrer le corps humain ! Aucune réponse du côté de Bruxelles, mais depuis cette étude qui a fait grand bruit dans les médias, certains fabricants se sont mis au vert et proposent des alternatives sans poison.

L’arlésienne du vibro solaireAu-delà de l’impact de leur matériau, les sextoys qui fleurissent dans les « sexstores » (on ne dit plus sexshops, c’est trop vulgaire, voyez-vous) présentent un bilan énergétique – quantité mensuelle de piles utilisées, nombre de recharges – proportionnel à la solitude de leurs propriétaires. Inoffensif ou presque pour l’environnement à l’unité, le sextoy pèse rai-sonnablement lourd dans la chambre à coucher

64 mars 2011 terra eco

J’ai testé les sextoys écolos

Le réchauffement climatique, faut pas être sectaire : je suis pour sous la couette ou les portes cochères. Enquête stimulante sur la piste des accessoires verts. Par LAURE NOUALHAT

Page 65: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

terra eco mars 2011 65

adrie

n al

bert

- w

ww

.lete

rrie

r.inf

o/le

-ter

rier-

Adr

ien-

Alb

ert-

illust

rate

ur.h

tml+

Sur La piSte du pLaiSirVoici l’une de nos meilleures adresses pour acquérir un meilleur ami à piles : Passage du désir (11, rue Saint-Martin, 75004 Paris) www.passagedudesir.fr.Un conseil : ne négligez pas les matières naturelles comme le bois – sur www.artisan-du-plaisir.fr notamment –, mais aussi la pierre, le cuir, le verre, l’ivoire végétal ou les objets coquins de collection glanés chez les antiquaires. Après tout, on en utilisait déjà au IIe siècle avant notre ère : ça doit donc bien se recycler ailleurs qu’au musée des Arts premiers.

des Français : 20 % de nos concitoyens assurent en posséder un et 17 % souhaitent tenter l’expérience, d’après une étude de 2007 signée Durex. En 2008, les ventes de la marque (qui ne fait pas que dans la capote) ont explosé de 29 % sur ce créneau.Grâce à ce « J’ai testé », j’ai surtout pu mettre à mal une quasi-légende urbaine. Cela fait des années que j’entends parler du vibro solaire, j’ai lu les dizaines d’articles qui lui ont été consacrés, mais jamais je ne l’avais croisé dans un sexshop ordinaire. Au fil des ans, le vibro solaire était devenu mon arlésienne du développement durable. Il a fallu attendre le nouveau rayon « cul bio » de la boutique Passage du désir pour le commander sans passer par un obscur site californien. Malheureusement, pas de quoi organiser une manif pour l’imposer dans le sac des dames. Argenté, profilé comme un suppo-sitoire, il vibre sans subtilité au gré d’un variateur d’intensité relié à un mini-panneau photovoltaïque. Pour les explorateurs les plus maladroits, le bout du suppo dispose d’une loupiote bleue qui éclaire le continent convoité. Merci du coup de main.

Pâte à modeler, manivelle et aimantsLa vraie surprise existe pourtant. Elle vient du sextoy rechargeable par aimantation de la marque Fun Factory. Les premiers « dildos » électriques de ces ingénieux Allemands ont été élaborés sur un coin de table avec la pâte à modeler des enfants (si ça peut inspirer). De là à se la fourrer dans le cornet, il n’y a qu’un pas, facile à franchir tant la texture de la bête est d’une douceur quasi inhumaine et ses formes toutes en rebondissements généreux. Mention spéciale pour les multiples modes vibratoires qui font passer l’outillage buccal ou la dextérité d’un(e) amant(e) pour une 4L de collection. Dès qu’il est à plat, notre désormais-meilleur-ami s’aimante à la « Fun box », qui sert de chargeur unique à toute la gamme de la marque. Ce qui limite le matériel nécessaire. On a aussi beaucoup vu le « vibro à manivelle » ou « Earth Angel » (tout un programme) dans les mags féminins, mais la supercherie – blanc, incon-fortable, sans nuance – était trop visible. Il n’a pas rencontré le succès escompté et la société irlandaise qui le fabriquait a fait faillite. Au fond, c’est bien le problème : les sextoys bio, tout le monde en parle, mais peu en achètent. « Chez nous, en tout cas, ce n’est pas un argument de vente », plaide-t-on chez Durex. En attendant qu’ils deviennent aussi appétissants et performants que leurs confrères traditionnels, les sextoys verts émoustilleraient-ils uniquement les journalistes, les écolos et, donc… les journalistes écolos ? —(1) www.greenpeace.org.uk/MultimediaFiles/Live/FullReport/7938.pdf

Page 66: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

66 mars 2011 terra eco

foto

lia

Fabrication : avantage ascenseurAscenseur : Des câbles à la machinerie, les entrailles de la bête qui me fait de l’œil sont essentiellement constituées d’acier. Leur fabrication est donc très énergivore. A l’ouverture, jolie surprise : la cabine n’est pas en tôle habillée de moquette nauséabonde – la mode est passée au tournant du XXIe siècle –, mais en panneaux de bois stratifiés. Elle pèse ainsi 40 % de moins que son ancêtre. Sa cousine tout en verre est, elle, plus jolie, mais plus lourde. Certains constructeurs font néanmoins des efforts et annoncent 45 % de métaux recyclés, des peintures sans solvant et des colles non toxiques pour le bois.Escalator : Charpente, chaîne et moteur en acier, marches en aluminium, vitres latérales en verre, trottoir roulant et

Dilemme Ascenseur ou escalator ?Sportive exemplaire mais les bras chargés de paquets en plein centre commercial, vais-je céder à l’appel de l’escalier mécanique ou de la cabine ? Une enquête à pas comptés.Par PHiliPPiNe ARNAl

casse-tête

main courante en caoutchouc : c’est un zéro pointé pour ces matériaux – affolants pour mes pieds, je le reconnais – qui requièrent une énergie folle à la fabrication.

transport : ex-æquoAscenseur : La cabine a de fortes chances d’avoir été assemblée dans une usine européenne. Hors de la structure de l’appareil, des systèmes de sécurité et de l’armoire électronique, les pièces sont fabriquées chez des sous-traitants et rapportent un passeport bien tamponné : les rails viennent d’Espagne, les panneaux de bois d’Italie, le moteur de France, de Chine ou d’Amérique du Sud et les câbles d’Allemagne !Escalator : Deux options possibles. Ou je me trouve face un spécimen made in Europe – un appareil sur deux – ou j’en emprunte un importé tout entier de Chine après huit semaines de bateau. Et si, pour les fabricants, la facture est la même en fin de parcours, le bilan carbone du modèle chinois explose littéralement le plafond.

EnErgiE consommEE : ex-æquoAscenseur : Tout se joue quand les portes s’ouvrent devant moi. 60 % de son impact environnemental est en effet dû à son usage. Bonne nouvelle : depuis 2000, les nouveaux modèles consomment deux fois moins qu’avant. L’ascenseur hydraulique reste cependant un mauvais élève et atteint des sommets inégalés : il dépense autant d’énergie plein que vide. Mais à moins de se perdre dans les réserves du magasin, le client lambda n’a pas de raison d’en croiser un.Escalator : Avec sa mauvaise habitude de fonctionner en continu, il pèse à lui seul 2 % de l’énergie utilisée par le centre commercial ! S’il transporte dix fois plus de monde que l’ascenseur, il dépense potentiellement dix fois plus d’énergie. Je note enfin la flemmardise certaine de l’animal : il consomme six fois plus en montée qu’en descente !

Fin dE viE : avantage ascenseurAscenseur : A part les éléments en plastique, 90 % de l’appareil – soit la part des métaux – est recyclable. D’une durée de vie moyenne de trente ans, les 500 000 ascenseurs installés en France sont souvent de véritables patchworks. Il est en effet plus simple – et moins cher – de remplacer les pièces défectueuses que d’installer un appareil tout neuf.Escalator : Les 6 000 modèles empruntés par les Français ont la même durée de vie que les ascenseurs, mais un potentiel de recyclage légèrement inférieur. La faute à leur masse de caoutchouc, matériau qui résiste toujours au recyclage. —

sauvEr la planètE ou son cœur ?

On peut réduire la consommation des escalators de 30 % et des cabines de 75 % en les équipant des dernières technologies de veille ou de récupération d’énergie. Mais au final, c’est l’ascenseur qui gagne le combat écologique. Côté santé, pas d’hésitation : vive l’escalier !

Page 67: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

foto

lia

Page 68: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

68 mars 2011 terra eco

Des tubes pour nourrir la ville

Et si finalement les pneuma-tiques, c’était fantastique ? Souvenez-vous : une navette en forme de cylindre creux où l’on glisse son courrier, un vaste réseau de tubes qui qua-

drille une ville ou une entreprise, et un peu d’air comprimé. Voilà com-ment on faisait circuler jadis petits paquets et documents à Londres, Berlin, New York, Prague… et même Paris jusqu’en 1984. Depuis, ces bons vieux tubes pneumatiques ont été abandonnés au profit des fax et des courriers électroniques, bien plus modernes. Pourtant, une équipe britannique souhaite les réhabiliter pour transporter de la nourriture ! w

ww

.noe

lhod

son.

com

Une bande d’ingénieurs planche depuis des années sur Foodtubes : un réseau de circulation de nos aliments via des pneumatiques souterrains. Un test grandeur nature pourrait voir le jour près de Londres.Par RAFAËLE BRILLAUD

Légumes, poisson frais, boîtes de conserve, yaourts ou paquets de pâtes pourraient ainsi circuler sous nos pieds, 24 heures sur 24, sans craindre les embouteillages ni les caprices de la météo. Plus de retards de livraison donc. Et surtout, à la surface, des routes et des centres-villes débarrassés de leurs encombrants camions « qui dépensent 92 % de leur énergie pour se transporter eux-mêmes », souligne Noel Hodson. Spécialiste des transports, c’est lui qui est à la tête de cet étonnant projet baptisé Foodtubes, rassemblant une vingtaine d’ingénieurs, d’universitaires et de consultants. Concrètement, l’idée est la suivante : distribuer les produits alimentaires et

de consommation au cœur des villes via des tubes souterrains qui relieraient entre eux producteurs, grossistes, dis-tributeurs et usines de recyclage. Sans pour autant aller jusqu’à la porte des particuliers ! Remettre au goût du jour nos pneu-matiques d’antan, d’accord. Mais il s’agit de leur donner un sérieux coup de jeune. Finies les navettes minuscules, où l’on pouvait loger au mieux un sandwich : Foodtubes imagine de gigan-tesques capsules en aluminium, légères, d’un mètre de haut sur deux de long ! Adieu également les tubes pressurisés : le système prévoit que les capsules se déplacent à 100 km/h maximum grâce à un moteur linéaire à induction. Ce dernier est déjà utilisé pour propulser les wagons des montagnes russes ou Linimo, le fameux train japonais à sustentation électromagnétique. Géré par une armada d’ordinateurs, le tout sera inévitablement gourmand en élec-tricité. Pour la produire de manière écologique, on aura donc recours à l’éolien, l’hydraulique, le solaire, l’énergie marémotrice ou géothermique, etc. Au final, le Royaume-Uni économi-serait chaque année 8 % d’émissions de gaz à effet de serre dues à l’homme et le fret verrait sa facture chuter de 85 % !

Les tentacules de « Brazil »Reste la grande question : un projet tentaculaire comme celui-ci est-il réa-liste ? Ne risquons-nous pas, comme le caricaturait Terry Gilliam dans le film Brazil, d’être vite débordés par un entrelacs de tuyaux à construire ou à gérer, traversant les continents,

Ils changent le monde L’invention

Page 69: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

terra eco mars 2011 69

galopant sous nos villes, grimpant dans les étages de nos immeubles ? Pas de panique : l’équipe de Foodtubes rap-pelle qu’il existe déjà plus d’un million de kilomètres de pipelines à travers le monde, dont 300 000 km en Europe et plus de 500 000 km aux Etats-Unis. Ils transportent de l’eau, du gaz et du pétrole. « Y a-t-il un seul responsable des transports sain d’esprit qui sug-gère de condamner les pipelines pour acheminer leur contenu par la route ou le rail ?, demande avec malice Noel

ww

w.n

oelh

odso

n.co

m

« Y a-t-il un seul responsable sain d’esprit qui suggère de condamner les pipelines qui acheminent l’eau ? La nourriture est aussi vitale. »Noel Hodson, spécialiste des transports à la tête du projet Foodtubes

Hodson. La nourriture est aussi vitale que l’eau. » Et puis, toujours selon les promoteurs du projet, installer ces tubes serait plus simple et plus économique que l’entretien actuel de nos routes et de nos camions.

700 camions en moins par jour« L’idée, raconte Noel Hodson, m’est venue en travaillant sur la conception de petits véhicules économiques, sur le télétravail pour réduire la circulation automobile  et  en  étudiant  les  biens 

véhiculés par pipeline sans générer de pollution. » Foodtubes, né du croisement de ces recherches, a été présenté en 2008 au prestigieux prix St Andrews pour l’environnement, organisé par la très cotée université écossaise. Finaliste mal-heureux, le projet circule depuis dans les médias du monde entier et l’équipe est invitée à faire des présentations à Londres, Buenos Aires ou au Texas.Et pour mieux convaincre, Foodtubes a imaginé un banc d’essai grandeur nature dans la périphérie de Londres, à Croydon. Dans ce district qui rassemble 130 000 foyers et plus d’une centaine de magasins et de supermarchés, 80 kilo-mètres de tubes et 400 terminaux seraient nécessaires pour un budget de 400 millions d’euros. Croydon verrait alors disparaître de ses rues 700 camions par jour et économiserait chaque année 60 millions d’euros. Mais en dépit de ces beaux arguments, ce « fast-food » d’un nouveau genre n’existe encore que sur le papier. Noel Hodson, désormais en quête de financement, entend bou-cler son budget en demandant près de 6 millions d’euros à la Commission européenne. L’Union jugera-t-elle que son tuyau est percé ? —

Vous avez un projetpour changer le monde ?

[email protected]

Le site du créateur de Foodtubes www.noelhodson.comLes vidéos Foodtubes www.youtube.com/user/foodtubes Le prix St Andrews pour l’environnement www.thestandrewsprize.com

Pour aller plus loin

Des pipelines permettraient de circuler sous les installations déjà existantes.

Page 70: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

70 mars 2011 terra eco

O ccasion à saisir : mairie vend PC, parfait état de marche, logiciels selon besoins, for-mation incluse, 10 euros. Un coup de folie d’une ville aux

finances plombées par la crise ? Pas du tout. « En voyant les déchets infor-matiques de notre commune, tout ce matériel qui partait à la benne, j’ai proposé au directeur du centre com-munal d’action  sociale de  travailler ensemble », raconte David Henrard, responsable informatique de Fresnes-sur-Escaut (Nord). L’idée ? Récupérer je

ff ku

bina

- fl

ickr

de vieux ordis et les revendre à prix cassé aux habitants, sous conditions de revenus.Le projet « Fresnes éduquer au recy-clage informatique social » (Feris) a vu le jour en 2009 dans cette ville de 7 500 habitants. En pratique, le jeune homme récupère les machines auprès d’une grosse entreprise de la région et de l’université de Valenciennes, à une dizaine de kilomètres de là. Autour de lui, la mission locale, les collèges et les familles participent « à l’ensemble des étapes du reconditionnement », explique

Julie Bailleul, de l’association Nord Internet solidaire qui coordonne le programme Ordi 2.0 (lire ci-dessous) en Picardie et dans le Nord-Pas-de-Calais. Mais pour repartir avec un PC sous le bras, les 45 premiers bénéficiaires du projet – collégiens de 3e comme quinquagénaires au revenu de solida-rité active – ont dû « ouvrir le capot et mettre la main à la pâte », sourit David Henrard. Durant cinq séances, il leur a expliqué « comment remplacer les composants défectueux, installer le sys-tème d’exploitation libre Linux, utiliser les logiciels dont ils ont besoin, etc. ».

Initiative copiée-collée«  L’objectif  n’est  pas  d’en  faire  des techniciens, mais des consommateurs responsables. Quand leur ordinateur plantera, ils sauront qu’il faut peut-être juste changer la carte graphique », renchérit Nicolas Marciszak, chef de projet « Ville numérique » à Lambersart, une commune de la banlieue lilloise qui a copié-collé l’initiative de Fresnes. Et comme dans les entreprises et les administrations, « les pratiques actuelles sont assez peu respectueuses de l’envi-ronnement, avec un cycle de vie de plus en plus court », souligne Julie Bailleul, les copieurs ne risquent pas la panne de croissance. D’après David Henrard, « Feris est facilement transposable. Dès lors que l’on a un local et la compétence informatique – c’est en général le cas des mairies de taille moyenne –, cela demande juste un peu de motivation et de temps. » A vos souris ! —

Ils changent le monde La ville

La « Fresnes connexion » branche les citoyensMairie vend ordinateurs à prix cassés ! A Fresnes-sur-Escaut dans le Nord, on aide collégiens et chômeurs à s’équiper, mais surtout à devenir des consommateurs responsables.Par JULIEN VINZENT

Lancé en 2008, Ordi 2.0 vise à faire passer le courant entre les administrations, collectivités et entreprises françaises qui mettent 2,5 millions de machines au rebut tous les ans – dont 50 % en état de marche – et les victimes de la fracture numérique. Plus de 100 reconditionneurs, dont certains respectent la charte sociale et environnementale du « label Ordi 2.0 », sont répertoriés sur le site Internet. Après une phase expérimentale avec 17 000 PC reclassés en dix-huit mois, ce sont 35 000 ordinateurs qui ont trouvé (re)preneurs pour la seule année 2010.www.ordi2-0.fr

ordI 2.0 : Le pLan antIFracture

Page 71: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

jeff

kubi

na -

flic

kr

Page 72: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

undi 28 février, 14 h 20. Elise doit apporter à sa mère-grand… un petit pot de beurre. Problème : la jeune fille n’a pas le permis. Et habite route de Mulhouse à

Reiningue dans le Haut-Rhin, quand son aïeule vit, elle, boulevard Pasteur à Haguenau, à l’autre bout de l’Alsace. Pas de panique, elle se connecte sur www.vialsace.eu. Hop hop hop, il faut faire vite : le bus Solea de l’agglomération mulhousienne passe dans 9 minutes ! Ensuite, un tramway, deux TER et un dernier bus du réseau Ritmo à Haguenau. Arrivée à 17 h 43.Elise a obtenu ces infos en trois clics grâce au premier « système d’infor-mation multimodale » de la région. Derrière ce nom barbare se cache une plate-forme pratique qui permet de calculer précisément un itinéraire grâce aux 10 transports en commun possibles (bus, métro, tram, car et train) dans la région. En ligne depuis un an, Vialsace renseigne aussi sur les conditions de circulation, les navettes

Vialsace : itinéraires pour usagers gâtés

spéciales vers les marchés de Noël ou les sports d’hiver dans les Vosges. Le site séduit déjà près d’un millier d’internautes par jour.« Notre chance, c’est de travailler dans le cadre d’un partenariat public-privé sur dix ans », explique le responsable d’exploitation Jean-Claude Bildstein. Conséquence : les améliorations à venir sont pléthore. Au menu, l’intégration des voies cyclables au printemps, l’in-terconnexion transfrontalière avec les systèmes allemand et suisse de la région de Bâle. Idem avec les propositions d’autopartage et de covoiturage du coin. Et comme Vialsace ne cache pas son penchant responsable, on peut déjà calculer ses émissions de CO

2 sur le site

et bientôt celles d’autres gaz à effet de serre, dont les grands méchants NOx. Dans quelques mois naîtront aussi les applications iPhone et iPad. Bref, « on n’a pas fini de s’amuser », conclut Jean-Claude Bildstein. —FRANÇOIS MEURISSE

www.vialsace.eu

Ils changent le monde

72 mars 2011 terra eco

Réseau des boutiques de gestionCertes, le réseau a changé de nom il y a peu pour devenir BGE. Mais les 14 000 entrepreneurs qui se sont appuyés sur lui depuis 1980 le connaissent sous le nom des Boutiques de gestion. Ces organismes indépendants et solidaires accompagnent les créateurs, repreneurs ou nouveaux chefs d’entreprise dans toutes les étapes qui mènent à la viabilité d’une boîte. Les trois quarts de celles qui ont été conseillées par le réseau sont pérennes à trois ans. Les 750 bénévoles et 920 salariés de BGE, présents dans presque tous les départements français, prodiguent tuyaux et ficelles, de l’analyse du marché à la couveuse – histoire de tester le projet en grandeur réelle –, en passant par la recherche de financement. En trente ans, les sociétés que le réseau a pris sous son aile ont généré près de 20 000 emplois. —www.boutiques-de-gestion.com

Les bons tuyaux Vous avez un projet, ils peuvent vous aider.

Ce site permet aux internautes de voyager dans toute la région en jonglant uniquement avec les systèmes de transport en commun.

mau

ritsv

ink

- fli

ckrVous avez un projet

pour changer le monde ?

[email protected]

Page 73: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

mau

ritsv

ink

- fli

ckr

Page 74: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

74 mars 2011 terra eco

Plastic planet : un doc mastoc

zoom

Page 75: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

terra eco mars 2011 75

Le film sort en salles en France le 6 avril. www.zootropefilms.

fr/plastic-planet

Sortez tous les objets en plastique de votre maison ! » Voilà une

injonction qui peut vous laisser dubitatif. Ce ne sera plus le cas après avoir vu le documentaire Plastic planet, de l’Autrichien Werner Boote. Que ce soit aux Etats-Unis (ci-contre), en Corée du Sud ou en Inde (page suivante), le constat est le même : le plastique est omniprésent dans notre vie. Depuis les jouets que l’on mâchonne encore bébé jusqu’aux boîtes hermétiques où l’on garde les restes de repas ou encore les 200 milliards de bouteilles en plastique que l’on vide chaque année. Petit-fils de l’un des patrons du géant InterPlastik, Werner Boote a été « élevé » au plastique. Et il l’a aimé follement. Jusqu’à ce qu’il découvre que les molécules présentes dans cette matière étaient libérées avec le temps et s’introduisaient dans la chaîne alimentaire, dans notre sang, dans nos hormones. Pendant plus de six ans, il a essayé de comprendre ses ingrédients, son processus de décomposition, son impact sur la santé… Cinquante-trois producteurs de plastique ont refusé que sa caméra suive le processus de fabrication. Mais sa ténacité fait de ce documentaire un bijou d’investigation. Et un appel à la vigilance. — KAREN BASTIEN

Page 76: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

76 mars 2011 terra eco

Page 77: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr
Page 78: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

78 mars 2011 terra eco

Voyage dans l’anthropocèneClaude lorius et laurent CarpentierActes Sud, 200 p., 19,80 euros

D’abord une définition : l’anthropocène est la période géologique dans laquelle nous vivons actuellement. Si on lui

accole « anthropo » (du grec « homme »), ce n’est pas parce que les hommes y vivent, mais parce qu’ils l’ont provoquée. Eh oui, le réchauffement de la planète, la fonte des glaces, le pillage des ressources fossiles, la destruction des espèces animales, tout ceci participe rien de moins qu’à un changement géologique, qui a la particularité d’être à 100 % imputable à l’homme. A quand remonte le début de l’anthropocène ? Selon l’inventeur du terme, le chimiste Paul Crutzen, à 1784. Ça au moins, c’est précis !C’est que cette année-là, l’Ecossais James Watt invente la machine à vapeur moderne qui

fera basculer l’Europe dans la première Révolution industrielle. Suivront les mines de charbon, les usines manufacturières, puis le chauffage central, l’automobile, l’avion et tutti quanti, jusqu’à la Kinect à Noël dernier. En somme, Watt, c’est le début de la fin pour la planète. Mais il en a fallu du temps, aux hommes, pour réaliser qu’il étaient, si l’on peut dire, en train de se scier la branche sous les fesses.

Whisky et carottes polairesClaude Lorius est un glaciologue âgé de 78 ans. Précisions biographiques importantes. Car en qualité de scientifique septuagénaire, il se souvient qu’en 1958, un certain Charles David Keeling s’était déjà alarmé de ce que l’atmosphère de notre planète comptait bien trop de dioxyde de carbone et que ceci était certainement dû aux activités humaines. Evidemment, personne n’a rien entendu. Il se souvient aussi qu’en 1965, lui-même a eu

l’idée géniale (grâce à un bon whisky, on n’en dira pas plus…) de pratiquer des carottes dans la glace des pôles pour retrouver et étudier l’air des millénaires précédents. Et surtout que vingt ans plus tard, ces témoins du passé nous révélaient sans doute possible que notre bonne vieille Terre se réchauffait dangereusement. On connaît la suite. Oui, mais pas la fin.

Raisonnablement catastrophisteLa fin, Lorius, lui, croit la pressentir. La notion même d’anthropocène signe, d’après lui, l’abandon de la « tentation de la toute-puissance » humaine et de ses deux bras armés : le progrès et la science. Il ne dit pas où l’on va, mais c’est sûr, on n’ira plus dans la même direction. « Aujourd’hui, tout est à repenser. » Il faudra laisser moins de place aux algorithmes et un peu plus à la philosophie. Pas d’espoir superflu cependant. Le glaciologue nous glace : « Oh ! Non pas que l’homme soit menacé ! Il s’entrégorgera, il se déplacera, il mourra de faim, de soif, de maladies, mais il ne disparaîtra pas. Pas si vite. La banquise aura disparu qu’il sera encore là. » Raisonnablement catastrophiste, l’explorateur se montre moins convaincant quand il se fait moraliste. Appeler les hommes à l’« humilité », c’est s’adresser à des créatures qui n’existent pas. Mais au fond, c’est peut-être ça, la philo ? —ARNAUD GONZAGUELire aussi la chronique d’Alain Grandjean, page 32.

adam

waj

rak

- ga

zeta

- a

genc

e vu

enrichissez-vous

A LIRE L’ ère que l’homme inspire

Dans le futur, il faudra laisser moins de place aux algorithmes et un peu plus à la philo.

Page 79: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

terra eco mars 2011 79

Faut-il manger les animaux ?JonatHan saFran Foer, Editions de l’Olivier, 368 p., 22 eurosLes bons livres mettent le doigt là où l’on ne veut pas qu’ils le mettent. Ainsi, tout lecteur sensé de Terra eco sait que manger des animaux aussi souvent que nous le faisons est mauvais : pour notre santé, pour les bêtes (99 % des élevages sont industriels), pour la planète (l’impact de ces élevages sur le changement climatique est énorme). Pourtant, nous continuons. Pourquoi ?

Bien sûr, un bon bifteck est un argument. Mais pourquoi mange-t-on certains animaux et pas d’autres ? La réponse de l’écrivain Jonathan Safran Foer à ces questions quasi enfantines, c’est un livre mêlant enquête journalistique, philosophie grand public, sociologie et vrais morceaux de littérature. Hilarant, angoissant, inquiétant. Bref, réussi. — A.G.

romarin jardine malin, sopHie toVaGliari et Marie Coisnon Ed. Arthur et Cie,32 p., 7,50 eurosRomarin est un lapin moustachu et malin. La

preuve : il a choisi de jardiner bio. Et les enfants (à partir de 3 ou 4 ans) peuvent l’imiter, puisque la petite maison d’édition Arthur et Cie a la bonne idée de glisser, dans chacun de ses ouvrages, une petite graine de capucine à planter. Une manière de s’initier tout en douceur aux bons trucs du bio : les coccinelles et les syrphes pour grignoter les pucerons, la cendre pour faire fuir les escargots, les composts avec les épluchures et les sachets de thé, etc. — A.G.

la course au luxeroBert H. FranKEditions Markus Haller, 448 p., 28 eurosLes Américains ne connaissent pas l’euro. Pourtant, eux aussi ont

cette impression bizarre que des objets courants qui, avant, étaient abordables, sont devenus hors de prix. L’économiste Robert H. Frank a enquêté et en a fait sa thèse : l’enrichissement des plus riches dans les années 1980 les a poussés à accroître leurs dépenses de luxe, imités par les « presque riches », puis les classes moyennes. D’où une « course au luxe » qui tire les prix vers le haut dans beaucoup de secteurs… sans pour autant modifi er le sentiment général de bonheur. Ce livre, dont la première édition date de 1999, n’a pas pris une ride. — A.G.

diversité des natures, diversité des culturespHilippe desCola, Bayard, 88 p., 12 eurosCe titre bien vague cache un texte passionnant qui n’a qu’un défaut : être trop court ! L’auteur, anthropologue, y examine le rapport de divers peuples « primitifs » avec la faune et la fl ore. La distinction entre, d’un côté, les hommes, êtres de culture, et la nature sauvage n’a pas de sens pour les Indiens et Aborigènes : les animaux leur parlent en rêve ou coopèrent avec eux. On découvre aussi que notre « nature » n’a été inventée qu’au XVIIe siècle, et qu’elle n’est pas plus pertinente que les autres ! — A.G.

Krach, FaBriCe Genestal1 DVD TF1 VIDEO, environ 20 eurosSi on a tout bien compris à ce fi lm français qui se passe à New York, il y a les gentils traders et les méchants traders. Les premiers empochent quelques millions de dollars par an en respectant les limites du marché et les seconds, enivrés par leur pouvoir, atteignent le milliard. La spéculation n’est un sot métier que si elle est pratiquée par des gens sans scrupules, et non par de sympathiques quadras qui « aiment le risque » (et pratiquent le « base jump » le week-end). Quant à savoir ce que leur activité provoque comme catastrophes sociales et environnementales dans le monde, on ira le chercher ailleurs. — A.G.

Bien sûr, un bon bifteck est un argument. Mais pourquoi mange-t-on

enrichissez-vous

Toutes les chroniques culturelles sur

Page 80: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

80 mars 2011 terra eco

Rendez-vous à venir

9 au 16 marsFestival international du fi lm des droits de l’homme80 projections sont programmées chaque année lors de ce rendez-vous. Le public peut également débattre avec des réalisateurs du monde entier. Entrée : 6 euros ou pass de 20 à 50 euros (cinéma Le Nouveau Latina, Paris).www.festival-droitsdelhomme.org/paris

2 mars au 24 juillet « La ville fertile » Cette exposition de la Cité de l’architecture revient sur la limite entre ville et nature, et la présence du végétal en ville. « Labyrinthe végétal » est, lui, un parcours-exposition proposé par le musée à la découverte du végétal dans ses collections permanentes. Entrée : 8 euros (Palais de Chaillot, Paris). www.citechaillot.fr

3 au 5 marsEcobat

Lors de ce salon national, 150 exposants présenteront des solutions concernant l’écoconstruction, l’écorénovation, la performance

énergétique, les énergies renouvelables

ou encore la formation. Entrée : 8 euros (Porte de Versailles, Paris).www.salon-ecobat.com

8 marsJournée internationale de la femmeCette journée est organisée par l’ONU pour faire avancer la cause des droits des femmes partout dans le monde. Elle a été initiée en 1910.www.un.org/fr/events/women/iwd

9 et 10 mars« Déchets et société » Séminaire de recherche organisé par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), dont les comptes rendus seront publiés en ligne (Cité internationale universitaire, Paris). www.ademe.fr

11 au 12 mars« Le savant, le politique et le citoyen »Colloque sur les interfaces entre recherche scientifi que et décision politique, sur le rôle des citoyens, du débat et des médias dans la gouvernance mondiale de l’environnement (Cité des sciences et de l’industrie, Paris). www.cite-sciences.fr

11 au 13 marsSalon Primevère25e édition de ce rendez-vous de l’écologie et des alternatives. 450 stands dont 150 associations de l’économie sociale et solidaire, 150 producteurs biologiques et 120 animations. Entrée : 7 euros (Eurexpo, Lyon). http://primevere.salon.free.fr

14 marsPrix de la semaine européenne de la mobilitéCe trophée récompense, chaque année, les villes les plus entreprenantes en termes de transport durable : les 3 fi nalistes sont Almada au Portugal, Murcie en Espagne

et Riga en Lettonie (Bruxelles, Belgique).www.mobilityweek.eu

15 au 24 marsConférence internationale de la Via CampesinaLes quelque 70 délégués du mouvement international paysan se retrouvent pour une rencontre intermédiaire, avant la grande conférence de 2012, afi n d’établir un bilan de leur activité (Ile de Berder, Morbihan). www.viacampesina.org

17 marsTrophées Handi-Friends

Ces prix récompensent des établissements d’enseignement supérieur pour leurs efforts en faveur

de l’intégration des étudiants handicapés (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis).www.trophees-handi-friends.com

18 au 21 marsVivre autrement : éthic, chic et bioSalon de produits et services respectueux de la nature et des hommes. 430 exposants, 50 ateliers pratiques et créatifs pour adultes et enfants. Entrée : 7 euros (Parc fl oral, Paris).www.salon-vivreautrement.com

21 au 25 mars Climate week Une semaine d’échanges et de débats autour du climat organisée par la fondation GoodPlanet, la fondation Nicolas Hulot, le Réseau action climat, la Société météorologique de France et le WWF (partout en France). www.wwf.fr

23 au 25 marsVelo-city, le cycle de vieEvénement international sur les thèmes de la santé, de l’éducation, de l’effi cacité et de l’impact économique de l’utilisation du vélo

Agenda

Trophées Handi-Friends

Page 81: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr
Page 82: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr

82 mars 2011 terra eco

Agenda

(Séville, Espagne). www.velo-city2011.com

26 marsEarth HourLe WWF appelle tous les citoyens à faire un geste symbolique pour la planète en éteignant la lumière pendant une heure, de 20 h 30 à 21 h 30, afi n de promouvoir les économies d’électricité et, par conséquent, la réduction des émissions de gaz à effet de serre. www.earthhour.fr

24 marsNEED : le forum Nouvelle économie durableDepuis trois ans, les ateliers et conférences NEED se concentrent sur la transition vers une économie durable. Entrée gratuite sur inscription (place de la Bourse, Bordeaux).http://needforum.eu

27 au 29 marsBiovisionForum mondial des sciences du vivant, réunissant 180 intervenants de renommée mondiale (Centre des congrès, Lyon).www.biovision.org

28 marsQuelle(s) forêt(s) en France en 2100 ?Conférence au Muséum national d’histoire naturelle animée par Vincent Badeau, ingénieur bioinformatique et changement climatique, de l’Institut national de la

Vous souhaitez nous informerd’une manifestation, écrivez-nous :[email protected]

recherche agronomique (auditorium de la Grande galerie de l’évolution, Paris).www.mnhn.fr

29 et 30 marsLes Rencontres de la commande publique responsableDeux jours pour présenter une offre de produits et services responsables à 3 000 acheteurs publics et privés (Nantes, Loire-Atlantique).www.rencontresdelacommande

publiqueresponsable.com

29 et 30 marsForum mondial sur l’environnementSéminaire d’experts de l’OCDE sur la dimension environnementale des politiques économiques et sociales (OCDE, Paris).www.oecd.org

31 mars au 3 avrilEver Monaco6e édition du Salon international des véhicules écologiques (électriques, hybrides, gaz et agrocarburants) et des énergies renouvelables (Grimaldi Forum, Monaco).www.ever-monaco.com

31 mars au 3 avrilPlanète durable

Salon grand public

pour aiguiser les consciences sociale et environnementale : produits bio, éthiques et

équitables (Porte de Versailles, Paris).www.planete-durable.com

31 marsInnoveco Informations et débats sur le bâtiment intelligent (Cité de l’architecture et du patrimoine, Paris).http://innoveco-paris.com

Page 83: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr
Page 84: wikileakSaGNÈS b. débat teStS - univ-st-etienne.fr