vêtements d'occasion : motivations et freins à l'achat de
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Vêtements d'occasion : motivations et freins à l'achat de seconde main en ligne.
Auteur : Renaud, Léa
Promoteur(s) : Delcourt, Cécile
Faculté : HEC-Ecole de gestion de l'Université de Liège
Diplôme : Master en sciences de gestion, à finalité spécialisée en management général (Horaire décalé)
Année académique : 2019-2020
URI/URL : http://hdl.handle.net/2268.2/10168
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VÊTEMENTS D’OCCASION : MOTIVATIONS ET FREINS À L’ACHAT
DE SECONDE MAIN EN LIGNE
Promoteur :
Cécile DELCOURT
Lecteur :
Michael GHILISSEN
Travail de fin d'études présenté par Léa
RENAUD en vue de l'obtention du diplôme
de Master en Sciences de Gestion, à finalité
spécialisée en Management Général
Année académique 2019-2020
RÉSUMÉ
La seconde main connait un nouvel essor grâce aux plateformes digitales, particulièrement en
C2C. Une collecte de données de type quantitative auprès d’un échantillon de 153
consommateurs a été utilisée afin d’identifier et de mesurer les motivations et les freins propres
à ces nouveaux canaux de distribution, dans le secteur particulier de l’habillement. Les résultats
ont pu mettre en évidence l’apparition de nouvelles motivations inhérentes au circuit digital,
notamment le caractère mobile de celui-ci, mais également des freins modernes comme la
possible déception à la réception d’un article qui n’a jamais été essayé. Influencés par les
changements sociétaux, d’autres freins connus de la seconde main semblent, à travers le prisme
technologique, disparaître (affiliation, hédoniste, expression de soi). La nostalgie et les contacts
sociaux paraissent, quant à eux, avoir une moindre importance dans l’achat de seconde main en
ligne.
Mots-clés : achat d’occasion, motivation, frein, e/m-commerce, habillement
ABSTRACT
Second-hand shopping is experiencing a new boom thanks to digital platforms, mainly in C2C.
A quantitative data collection from a sample of 153 consumers has been to identify and measure
the motivations and barriers specific to these new distribution channels, with a focus on the
clothing sector. The results were able to highlight the emergence of new motivations inherent
to the digital system, including – and mainly – its mobile nature but also modern barriers such
as the possible disappointment upon receipt of an item that has never been tried on. Influenced
by societal changes, some obstacles known to the second-hand seem, through the technological
prism, to disappear (affiliation, hedonism, self-expression). Nostalgia and social contact indeed
appear less important in second hand shopping online.
Keywords : second-hand shopping, motivation, barrier, online shopping, clothing
REMERCIEMENTS1
Je tiens d’abord à remercier ma Directrice de mémoire, Cécile Delcourt, pour m’avoir
permis de déterminer un sujet et de m’avoir fait profiter de ses connaissances. Je remercie
également Michael Ghilissen, lecteur du présent mémoire, pour son aide et sa collaboration.
Dans un registre plus personnel, à mes parents, j’adresse mes chaleureux remerciements pour
leur aide et leur bienveillance. Je tiens également à exprimer toute ma reconnaissance à ma
sœur, Estelle Renaud pour son indéfectible soutien, ses encouragements quotidiens, ses
multiples relectures et ses remarques précieuses durant toute la rédaction de ce mémoire.
Je souhaite ensuite remercier les personnes qui ont participé à la relecture – de tout ou partie –
de ce mémoire, Jocelyne Bocken, Romain Masquelier, Anne Piraprez et Olivier Tancrède.
Enfin, je terminerai par remercier Hannah Charpentier, Noura El Khouda, Tiffanie Guidi et
Olivier Levaux-Holvoet qui m’ont soutenu de près ou de loin durant l’exercice périlleux qu’est
un travail de fin d’études.
1 Je me permettrai seulement de parler à la première personne du singulier dans les présents remerciements. Dans le corps du travail, le « nous » dit de modestie sera utilisé.
« It is hard to imagine living in a world without textiles.
Nearly everyone, everywhere comes into contact with them
nearly all the time. This is especially true of clothing […]
Clothes provide comfort and protection, and for many
represent an important expression of individuality. »
A New Textiles Economy : Redesigning Fashion’s Future, Ellen MacArthur Foundation
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION 1
CHAPITRE I : REVUE DE LITTÉRATURE 8 1. Considérations théoriques générales 8 1.1. Le processus d’achat 8 1.2. Les besoins des consommateurs 9 1.3. Les motivations des consommateurs 9 1.4. Les personas 11 2. Le marché de la seconde main 12 2.1. Définitions 12 2.2. Lieux d’échange 13 2.3. Historique 13 2.4. Les motivations à l’achat de seconde main 15 2.4.1. La dimension économique 17 2.4.1.1. Juste prix 17 2.4.1.2. Frugalité 17 2.4.2. La dimension critique 18 2.4.2.1. Distance avec le système marchand traditionnel 18 2.4.2.2. Préoccupations éthiques et écologiques 19 2.4.3. La dimension récréationnelle 19 2.4.3.1. « Chasse aux trésors » 19 2.4.3.2. Originalité 20 2.4.3.3. Contact social 20 2.4.3.4. Nostalgie 20 2.4.4. La dimension tendance 21 2.5. Les freins à l’achat de seconde main 21 2.5.1. Frein sécuritaire 21 2.5.2. Frein utilitaire 22 2.5.3. Frein hédoniste 22 2.5.4. Frein d’expression de soi 22 2.5.5. Frein d’affiliation 22 3. Les plateformes digitales 23 3.1. Définitions 23 3.2. Les motivations à l’achat en ligne 24 3.2.1. Motivations fonctionnelles 24 3.2.2. Motivations hédonistes 24 3.3. Les freins à l’achat en ligne 25 3.3.1. Freins économiques et sécuritaires 25 3.3.2. Freins d’usage et de circuit 26 3.3.3. Freins liés aux caractéristiques personnelles 26 4. La seconde main en ligne 27 4.1. Les plateformes digitales de seconde main 27 4.2. Les motivations à l’achat de seconde main en ligne 30 4.3. Les barrières à l’achat de seconde main en ligne 30
5. Le cas de Vestiaire Collective 32
CHAPITRE II : DESIGN DE RECHERCHE 34
1. Méthodologie 34 2. Hypothèses 35 3. Questionnaire 36 3.1. Conception du questionnaire 37 3.2. Pré-test 37 4. Échantillon 39 5. Traitement des donneés 40 6. Limitations de la collecte de données 40
CHAPITRE III : RÉSULTATS 42 1. Statistiques descriptives 42 1.1. Variables générales 42 1.2. Canaux privilégiés 44 1.3. Achat de seconde main en et hors ligne 45 1.4. Variables socio-démographiques 46 1.5. Motivations et barrières perçues à l’achat de seconde main en ligne 47
CHAPITRE IV : DISCUSSION 50
CONCLUSION 54
BIBLIOGRAPHIE 58
ANNEXE I : QUESTIONNAIRE 66 ANNEXE II : STATISTIQUES DESCRIPTIVES 73
LISTES DES TABLEAUX
1. Tableau croisé EN LIGNE * HORS LIGNE…………………………………………43
2. Tableau croisé EN LIGNE * AGE……………………………………………….......44
LISTE DES FIGURES
Figure 1. Typologie des consommateurs de vêtements…………………………………10
Figure 2. Motivations à l’achat de seconde main……………………………………….15
Figure 3. Motivations et freins perçus à l’achat de seconde main en ligne……..………30
Figure 4. Relation entre les différents segments de Vestiaire Collective……………….31
Figure 5. Canaux privilégiés lors de l’achat de seconde main en ligne…………………44
Figure 6. Préférence de canal d’achat de seconde main………………………………...45
LISTE DES ABRÉVIATIONS
IFM : Institut Français de la Mode
EPRS : European Parliament Research Service
AEE : Agence Européenne de l’Environnement
P2P : Peer-to-Peer
C2C : Customer-to-Customer
B2C : Business-to-Customer
1
INTRODUCTION
De tout temps, l’Homme s’est vêtu, pour des raisons de confort, de protection ou de
simple apparat. Aussi anodin soit-il, l’habit est un média, c’est-à-dire une extension et un
prolongement de l’Homme (McLuhan, 1964) ; il représente une « fabrication humaine ». Cette
couverture corporelle, comme la surnomme Roland Barthes, permet de s’insérer dans un
système formel et organisé. Le vêtement fait partie de notre apprentissage culturel, participe à
la construction de notre identité et contribue à notre représentation du monde. Il est à la fois
acte individuel et institution collective (Barthes, 1957). Le vêtement répond à un ensemble de
normes et son achat obéit à une démarche similaire. Des peaux de bêtes aux étoffes les plus
soyeuses, le vêtement est à la fois historique et sociologique (Barthes, 1957) mais il est surtout,
à l’heure actuelle, un objet économique.
Dans l’Union européenne, le chiffre d’affaires du secteur textile s’élève à plus de 160 milliards
d’euros en 2015 (Statista, 2017). Cette même année, les citoyens européens ont acheté 6,4
tonnes de nouveaux vêtements (Sajn, EPRS, 2019) avec une moyenne de 12,66 kg par personne,
soit une augmentation de 40% depuis 1996 selon l’Agence Européenne de l’Environnement
(AEE). La production, quant à elle, a doublé depuis les années 2000 (Greenpeace, 2016) et cela
n’est pas sans conséquence. En effet, l’industrie du textile est aujourd’hui considérée comme
l’une des plus polluantes. Les chiffres donnent le vertige : ce serait le deuxième secteur le plus
pollueur au niveau mondial (Forbes, 2015), juste après l’industrie pétrolière. Le secteur du
textile pèse plus de 3000 milliards de dollars US (Fashion Industry Market, 2019) et représente,
à lui seul, 10% du total des émissions de gaz à effet de serre. Le rapport A new textiles economy :
Redesigning fashion’s future de la fondation Ellen MacArthur, spécialisée dans l’économie
circulaire, évalue la quantité des émissions de gaz à effet de serre produite par l’industrie du
textile, à plus de 1,2 milliard de tonnes par an, soit plus que les quantités produites par les vols
internationaux et le transport maritime réunis. Les volumes d’eau utilisés par l’industrie sont
également importants ; ils se situent à hauteur de 93 milliards de m3 d’eau en 2015 (Ellen
MacArthur Foundation, 2017). Ces chiffres s’expliquent par le fait qu’aujourd’hui, les
vêtements sont produits et consommés rapidement. Le sociologue Frédéric Godart rappelle
qu’historiquement :
La mode est une industrie réputée pour avoir inventé l’obsolescence programmée esthétique. Et elle a toujours mis en majesté, comme élément de réponse à cette obsolescence, la nouveauté, qui doit permettre aux gens de garder du style (Le Monde, 2020).
2
Comme déjà relevé précédemment, la production de vêtements a doublé de 2000 à 2014
(McKinsey & Company, 2016) et nous portons nos vêtements à hauteur de 36% de moins, en
comparaison aux 15 dernières années (Euromonitor International Apparel and Footwear, 2016).
La fast fashion – qui se définit par sa production rapide et bon marché, en vue de s’adapter aux
goûts des consommateurs (Jung et Jin, 2016) – est l’un des acteurs de cette tendance ; plus de
la moitié des vêtements produits chaque année est jetée en moins d’un an (McKinsey &
Company, 2016) avec une utilisation moyenne de 30 jours, ce qui est notamment dû à leur
faible qualité. Le rapport de la Fondation Ellen MacArthur pointe également du doigt la
démarche linéaire du système textile qui consomme de grandes quantités de ressources non
renouvelables pour produire des vêtements pas ou peu recyclés. Pour la fondation Ellen
MacArthur, c’est « plus de 500 milliards de dollars de valeurs qui sont perdus chaque année en
raison de la sous-utilisation des vêtements et du manque de recyclage ». Les vêtements qui
dorment dans nos placards ont, par conséquent, une certaine valeur et non des moindres.
Un autre revers de l’industrie de l’habillement et de la fast fashion est le coût humain que celles-
ci engendrent. Les vêtements sont généralement produits en Asie, où la main-d’œuvre est peu
chère et où les marques occidentales ne paient pas toujours le salaire minimum aux travailleurs
(Edward et al., 2019). Par ailleurs, les mesures de sécurité ne sont pas souvent respectées
comme le témoigne le tragique accident du Rana Plaza, survenu en 2013, au Bangladesh. Plus
de 1100 personnes, essentiellement des jeunes femmes, avaient trouvé la mort, suite à
l’effondrement du complexe de confection pour cause de négligence et de mauvaise gestion du
bâtiment. Plusieurs étiquettes de grandes marques, comme Mango, Primark ou encore Benetton
avaient été retrouvées sur les lieux (Forbes, 2020).
Force est de constater que des enjeux humains, économiques et environnementaux sous-tendent
notre façon de consommer, raison pour laquelle il semble pertinent d’analyser d’autres
alternatives de consommation. Les rapports se multiplient sur la manière dont le monde de la
mode devrait se réinventer. D’abord, pour répondre aux défis écologiques et économiques
existants mais aussi afin d’assurer la protection de ses travailleurs, soit de manière individuelle
pour certaines marques, soit de manière collective et politique, comme le Fashion Pact signé
en 2019 par plusieurs groupes du secteur du luxe lors du G7 à Biarritz (Le Monde, 2019) ou
l’Accord on Fire and Building Safety signé par plus de 200 marques à travers le monde pour
garantir la sécurité des travailleurs au Bangladesh ou encore la charte d’engagement de la mode
pour le climat présentée lors de la COP 21 (Journal du Textile, 2015).
3
De nombreuses enseignes ont pris des initiatives pour une mode plus durable et éthique, ce qui
a parfois été critiqué comme étant uniquement du greenwashing. H&M, par exemple, met en
avant, depuis plusieurs années, sa collection CONSCIOUS où les produits « sont fabriqués avec
soin et dans le respect des gens qui les fabriquent et de l’environnement » mais en réalité, cela
ne représente qu’un minuscule pourcentage de sa production (Hyman, 2017). Ce virage
n’épargne pas le secteur du luxe, qui a souvent préféré brûler ses invendus, mais qui s’est
également mis à repenser son modèle (Verlaque, 2019). Ainsi, la maison Prada a lancé le « re-
nylon » fabriqué à partir de plastiques flottant dans l’océan (Fashion Network, 2019). Il y a
désormais un engouement pour la mode durable et éthique. D’après une étude du journal The
Business of Fashion, 66% de la génération des « Millenials »2 sont prêts à dépenser davantage
dans des marques durables. Les groupes du textile et de l’habillement investissent, dès lors,
dans de nombreux projets avec plus ou moins d’enthousiasme, de succès et d’authenticité.
Quand certains repensent leur production, d’autres réfléchissent à de nouvelles façons de vendre
leurs produits et leur marque. Ainsi, Bocage a lancé « Comme neuves », c’est-à-dire des
chaussures usagées de la marque éponyme vendues à moitié prix. Même H&M, l’un des
premiers acteurs du mass-market, propose désormais des vêtements « preloved » sur le site
&OtherStories, bien qu’il s’agisse actuellement d’une phase de test exclusive à la Suède. En
2017, le géant suédois avait investi plus de 2 millions d’euros dans Sellpy, une société de
seconde main (La Libre, 2019). Les marques françaises telles que Petit Bateau, Camaïeu, J.M.
Weston, les Galeries Lafayette et Cyrillus ont suivi, en proposant, dans certaines de leurs
boutiques, un système de revente (Le Monde, 2020). Une démarche inédite sur le marché du
retail classique mais aussi un nouveau canal de vente pour les objets de seconde main.
Ces derniers, en effet, se caractérisent par leur nature – ils ont déjà été utilisés – et par leurs
canaux de distribution – des méthodes distinctes de celles des produits neufs et souvent non
conventionnelles (Guiot & Roux, 2010). Les lieux d’échange des objets de seconde main sont
effectivement assez originaux et variés ; brocantes, marchés aux puces, petites annonces, vide-
greniers, friperies, magasins spécialisés et plus récemment les plateformes en ligne. Longtemps
considéré comme une pratique marginale (Marzella, 2015), l’achat de seconde main n’est plus,
à l’heure actuelle, réservé aux franges les plus pauvres de la population.
2 Le terme Millenials représente les enfants nés entre 1982 et 2000, aujourd’hui âgés de 20 à 38 ans selon W. Strauss et N. Howe, dans leur ouvrage Millenials Rising : The Next Great Generation (2000).
4
L’achat de seconde main représente une alternative à la consommation de nouveaux vêtements
et cette autre façon de penser et de consommer est assez répandue dans certains pays ; la
discipline est « élevée au rang de religion » au Japon (Sagnard, 2019) et l’Allemagne opère une
réutilisation et un recyclage des vêtements à hauteur de 75% (Fachverband Textilrecycling,
2016) que la journaliste allemande Simone Preuss (2015) justifie par la demande croissante
pour la qualité et l’achat intelligent.
Bien que le phénomène ne rencontre pas la même ferveur en Belgique et en France, l’achat de
seconde main se développe néanmoins petit à petit et est en constante augmentation. Une
recherche menée par le bureau d’études iVox3, à la demande des deux grands acteurs du secteur
– Troc.com et 2èmemain – évalue que 34% de Belges se sont tournés vers l’achat de seconde
main au cours de l’année 2017. De cette étude, il ressort en outre que les vêtements arrivent en
première position et que les femmes seraient plus engagées sur ce marché. En France, les
chiffres progressent également. D’après le cabinet Xerfi Research, le chiffre d’affaires du
commerce de seconde main a crû de 3,8% entre 2013 et 2015 (Sagnard, 2019). L’Institut
Français de la Mode (IFM) estime que quatre Français sur dix ont déjà fait l’achat d’au moins
un vêtement ou accessoire en seconde main. En 2019, 39% de la population française a acheté
un vêtement de seconde main contre 31% en 2018 (IFM, 2019). Une économie circulaire4 qui,
selon le journaliste Arnaud Sagnard, « explose ». D’après cette même étude de l’IFM, c’est le
prix qui motive principalement l’achat de seconde main. Si c’est le cas pour 75% des Français,
25% le font également pour des raisons environnementales (IFM, 2019). A l’instar des
acheteurs français, les Belges se tournent vers la seconde main principalement pour des raisons
financières. 38% mettent également en avant le côté récréatif et 31% le font pour participer à
un mode de consommation plus durable (2èmemain Presse, 2017).
S’il existe plusieurs raisons – de différentes natures, notamment économiques et récréatives –
il y a également de nombreux freins, notamment utilitaires et sécuritaires5, qui varient selon le
positionnement ou le produit. Par exemple, une paire de chaussures semble – pour des raisons
d’hygiène sans doute – plus difficile à acheter ou à vendre.
3 Recherche réalisée auprès de 2000 Belges en septembre 2017. 4 L’économie circulaire, dans le secteur de l’habillement, peut se définir comme un système où le consommateur est à la fois « an obtainer and a provider of a given resource » (Ertz et al., 2016, p. 5). 5 Nous identifierons et définirons les différentes motivations et barrières dans le chapitre I.
5
Bien que la seconde main, de par son ancrage à la marge, n’ait pas rencontré un grand intérêt
académique et managérial, les recherches se sont multipliées ces dernières années sur les
motivations (Belk et al., 1988 ; Cervellon et al., 2012 ; Chu & Liao, 2007 ; Ertz et al., 2016 ;
Gregson & Crewe, 1997 ; Bardhi & Arnould, 2005 ; Guiot & Roux, 2008, 2010 ; Pierce &
Paulos, 2011 ; Sherry, 1990 ; Soiffer & Herrmann, 1987; Stone et al., 1996) et les freins
(Bezançon, Guiot & Le Nagard, 2013 ; Bezançon, 2012 ; Hiller Connel, 2009 ; Roux & Korchia,
2006 ; Steinbring et Rucker, 2003 ; O’Reilly et al., 1984) inhérents à l’achat d’occasion. Ces
deux notions ont, cependant, comme l’observent Durif et al. (2014), souvent été analysées de
manière distincte alors que les étudier conjointement permettrait de faire des liens et d’en retirer
un enseignement.
Indépendamment des facteurs financiers et environnementaux, l’actuelle hausse du marché de
seconde main s’explique également par la digitalisation, véritable accélérateur. Plus besoin
aujourd’hui de devoir arpenter la ville à la recherche de friperies ou de flâner sur les brocantes.
Il existe désormais de nombreuses plateformes en ligne sur lesquelles tout en chacun devient
vendeur et/ou acheteur en s’inscrivant simplement sur une application mobile. Ces outils
permettent de connecter l’offre et la demande (Ellen MacArthur Foundation, 2017) et de créer
ainsi une communauté. Ces plateformes en ligne appellent de nouvelles motivations à l’achat,
notamment le plaisir immédiat d’acheter en ligne, le fait de ne pas être observé, l’évitement des
interactions, le choix et la variété (Kinney et al., 2009) mais créént aussi des barrières, comme
celle de ne pas pouvoir toucher et voir les vêtements désirés.
Dans l’expérience d’achat, le premier acteur reste le consommateur. Ce dernier est l’intervenant
final dans une démarche marketing6 ; c’est lui qui va poser le choix d’acheter ou non un produit
et il est important de l’intégrer tout au long du processus. Il est ainsi nécessaire de le connaitre,
d’analyser ses intentions d’achats et de comprendre ses besoins. Ainsi, l’ambition du présent
travail sera d’analyser les principales motivations et les barrières perçues par le client qui sous-
tendent l’achat de seconde main, et plus particulièrement sur les plateformes digitales, afin par
exemple, de pouvoir développer des personas7 (Kotler et al., 2015, 132) efficaces.
6 Nous définirons la notion de marketing dans le chapitre I. Nous pouvons, toutefois, retenir la définition suivante : « the fundamental idea of marketing is that organisations survive and prosper through meeting the needs of customers » (Doyle & Stern, 2006, 32). L’objectif du marketing consiste à connaitre et à comprendre le client pour que le produit ou le service lui convienne parfaitement (Drucker, 1975, 86) 7 Les personas sont des personnes imaginaires (Kotler et al., 2015, 132), un client idéal et un résumé de ses caractéristiques, de ses besoins, de ses motivations et de l’environnement dans lequel il évolue.
6
Les questions soulevées dans le présent travail seront les suivantes : quels sont les motivations
et les freins que nous pouvons retrouver dans l’achat de seconde main sur les plateformes
digitales ? Ceux-ci sont-ils semblables aux achats de seconde main hors ligne et aux achats en
ligne réguliers ? Il s’agit d’une démarche de superposition : le marché de la seconde main d’une
part, et de la vente online d’autre part. L’hypothèse est celle-ci : la vente en ligne et les
plateformes digitales ont une influence considérable sur les motivations et les freins à l’achat
de seconde main. Le présent travail s’attachera ainsi à déterminer les variables les plus
impactées par la digitalisation dans la perception de l’acheteur.
Dans un premier temps, nous nous attacherons à définir et à développer les différents concepts
– le marché de la seconde main et les plateformes en ligne, les motivations et les barrières
perçues mises en évidence dans la littérature pour chacune de ces places d’échange – en vue de
poser le contexte et les limites de ceux-ci. Dans un second temps, nous analyserons le cas de
Vestiaire Collective, plateforme de seconde main de luxe française, qui a mis en place plusieurs
méthodes pour garantir la qualité des produits vendus et les présenter de manière attractive. Par
la suite, il sera pertinent de conduire une collecte de données sous la forme de questionnaires
au regard des freins et motivations que les acheteurs peuvent percevoir sur le marché en ligne
de seconde main, et ainsi opérer une comparaison entre l’achat de seconde main hors ou en
ligne. Nous procéderons ensuite à une analyse des données collectées de manière quantitative.
Enfin, nous conclurons par la mise en évidence des résultats récoltés, tout en rappelant les
limites de ce travail de recherche.
7
8
CHAPITRE I : REVUE DE LITTÉRATURE
L’objectif de ce premier chapitre est de mettre en exergue les motivations et les freins
perçus par les consommateurs dans le cadre d’une expérience d’achat de seconde main en ligne.
Nous appliquerons le principe de l’entonnoir, en commençant par de larges considérations
théoriques pour ensuite définir les différents champs étudiés et les motivations et freins qui leur
sont propres. Ensuite, dans une démarche de superposition, nous établirons les freins et les
motivations propres à la seconde main en ligne. En dernier lieu, le cas de la plateforme en ligne
Vestiaire Collective sera analysé.
1. CONSIDÉRATIONS THÉORIQUES GÉNÉRALES
Le présent travail s’inscrit dans une démarche marketing – comprendre les motivations et les
facteurs déterminant l’expérience d’achat des consommateurs, est en effet nécessaire afin de
pouvoir dégager des stratégies pour optimiser celle-ci – et il semble important d’en préciser le
champ. Nous nous baserons sur la définition suivante :
Le marketing recouvre l’activité, l’ensemble des institutions et les processus visant à créer, communiquer, délivrer et échanger les offres qui ont de la valeur pour les clients, les consommateurs, les partenaires et la société au sens large.8
La mission première du marketing, comme le sous-entend cette première définition, est la
création de valeur pour le client. La valeur perçue par ce dernier peut se définir comme la
différence entre l’évaluation des bénéfices et des coûts associés à une offre (Kotler et al., 2015,
147). Les coûts comprennent évidemment le coût monétaire mais également d’autres éléments
non monétaires comme le temps, l’énergie et l’effort psychologique investis. Afin de faire
rencontrer l’offre et la demande, il est essentiel de connaitre son client en vue de pouvoir lui
délivrer une valeur.
1.1. Le processus d’achat
L’achat comporte plusieurs étapes au cours desquelles « un ensemble de facteurs
psychologiques, combinés avec les caractéristiques individuelles du consommateur, aboutit à
un processus de décision » (Kotler et al., 2015, 193).
8 Définition du marketing de l’American Marketing Association, 2007.
9
1.2. Les besoins des consommateurs
Tout individu a des besoins, classés habituellement en deux catégories : les besoins
fondamentaux, c’est-à-dire nécessaires à la survie, dits biologiques et les besoins
psychologiques, notamment le besoin de reconnaissance (Wilson et al., 2005, 178). Les besoins
ressentis peuvent se transformer en motivations si leur niveau d’intensité est élevé ; cette notion
de motivation est essentielle afin de comprendre ce qui incite le consommateur à entamer un
acte d’achat (Kotler et al., 2015)
Freud et Maslow, respectivement psychanalyste et psychologue, ont tous deux exposé des
théories de la motivation, lesquelles sont d’ailleurs parfois contestées. D’après, la théorie
freudienne, l’être humain n’est pas toujours conscient de ses besoins et ne reconnait pas non
plus nécessairement ses motivations (Kotler et al., 2015), ce qui rend dès lors leur identification
délicate. Maslow, de son côté, propose une hiérarchie des besoins : les besoins physiologiques
(1), les besoins de sécurité (2), les besoins d’appartenance et d’affection (3), les besoins
d’estime (4) et les besoins de s’accomplir (5). Lorsque le premier besoin est satisfait, l’individu
cherche à satisfaire le suivant. La théorie de Maslow peut aider à comprendre un achat via
l’identification des différents besoins en jeu (Kotler et al., 2015)
Ces besoins deviennent des désirs lorsqu’ils portent sur des objets spécifiques. Kotler (2015)
donne l’exemple suivant : un consommateur américain a besoin de nourriture mais désire un
hamburger, des frites et un soda. Un Mauricien a également besoin de se nourrir mais désire
une mangue, du riz et des lentilles. Les désirs sont façonnés par la société et par de nombreux
facteurs culturels, sociaux et/ou personnels (Kotler et al., 2015). Par conséquent, le marketing
ne crée pas de besoins puisque ceux-ci préexistent. En revanche, conjointement à d’autres
dynamiques, il influence les désirs et permet de satisfaire des besoins. Un autre est celui de
l’achat d’un 4x4 ou d’une voiture sportive qui rencontre un besoin d’estime et de puissance
(Kotler et al., 2015). Il ne crée pas ce besoin mais propose un moyen de le satisfaire.
1.3. Les motivations des consommateurs
La connaissance des consommateurs est un concept essentiel du marketing, raison pour laquelle
les travaux à ce sujet abondent ; de nombreux chercheurs se sont intéressés aux motivations à
l’achat des clients (Tauber, 1972 ; Batra et al., 1991 ; Babin et al., 1994 ; Mooradian et al.
1996 ; Westbrook et al., 1985 ; Arnold et al. 2003 ; Dias, 2003 ; Solomon et al., 2006 ; Kang
et Park-Poaps, 2010). Il en ressort que les principaux objectifs d’un achat sont de deux types :
utilitaire et hédoniste.
10
La valeur utilitaire s’inscrit dans une démarche d’achat qui répond à un besoin rationnel (Batra
et al. 1991) et se définit par l’acquisition d’un produit qui remplit sa mission (Babin et al.,
1994). En revanche, la valeur hédoniste satisfait davantage un besoin de divertissement, de
fantaisies et d’émotions à la consommation (Arnold et al., 2003) avec un attrait ludique ou
esthétique pour les expériences d’achat. Cependant, il existe de nombreux autres besoins –
autres qu’uniquement acquérir un produit dans une perspective fonctionnelle – auxquels
l’acheteur peut vouloir répondre lorsqu’il va faire du shopping.
En effet, le comportement d'achat survient pour trois raisons fondamentales : acquérir un
produit (1), acquérir à la fois un produit désiré et satisfaire les besoins non liés au produit (2),
ou atteindre principalement des objectifs non liés à l'acquisition de produits (3) (Arnold et al.,
2003). Selon Tauber (1972), ces objectifs sont classés selon deux aspects : personnel d’une part
(entre autres, la gratification personnelle, la découverte de nouvelles tendances, l’activité
physique et la stimulation sensorielle, l’auto-satisfaction), et social d’autre part (notamment, la
communication avec ses pairs, ayant des intérêts similaires et le plaisir de négocier).
Les achats ne sont donc pas uniquement motivés par des facteurs rationnels. Mooradian et Olver
(1996) ont associé ces motivations à la perception de l’individu, en utilisant la théorie de la
personnalité à cinq facteurs (Digman, 1990). Selon cette théorie, les cinq dimensions de la
personnalité humaine – les « Big Five » – sont l’agréabilité c’est-à-dire l'orientation vers la
compassion et le souci des autres (1) ; l’ouverture à l'expérience, notamment la tolérance des
nouvelles idées et des nouvelles façons de faire (2) ; la conscience et la préférence pour une
activité orientée vers un but (3) ; le caractère extraverti ou introverti qu’il définit comme la
préférence ou non pour l’interaction sociale (4) ; et la stabilité émotionnelle caractérisée par la
capacité de faire face efficacement aux émotions négatives (5).
Comme le remarque Kotler (2015), comprendre les besoins, les motivations et les désirs des
consommateurs n’est pas une démarche évidente pour les raisons suivantes ; certains clients
n’ont pas conscience de leurs besoins, ne les expriment pas clairement ou utilisent un discours
qui demande une réinterprétation.
11
1.4. Les personas
Ces différentes considérations théoriques permettent aujourd’hui de définir plusieurs types
d’acheteurs – des personas (Kotler et al., 2015, 132) – et d’identifier de manière plus efficace,
leurs motivations et leurs besoins propres, au regard d’un profil sociodémographique et
psychologique. Il s’agit d’établir une typologie de consommateurs en vue de comprendre la
cible visée, d’intégrer son point de vue et de concevoir des expériences d’achat profitables.
Les personas sont des archétypes mais l’objectif est de se rapprocher au plus près du réel. Ces
personnes semi-imaginaires ont des prénoms, un âge, une histoire, une image. Dans le secteur
de l’habillement, plusieurs archétypes ont été définis (Figure 1).
Figure 1. Typologie des consommateurs de vêtements
Source : Ellen MacArthur Foundation (2017). A new textiles economy : Redesigning fashion’s future, 759
Cette typologie s’applique à des vêtements neufs, c’est-à-dire achetés pour la première fois dans
des canaux de distribution classiques. Cependant, nous retrouverons des profils semblables
dans les résultats que nous analyserons au chapitre III relatif aux résultats des questionnaires
reçus.
9 D’après Shaw D., & Koumbis D. (2013). Fashion buying : From trend forecasting to shop floor, 126.
12
2. LE MARCHÉ DE LA SECONDE MAIN
2.1. Définitions
Le terme « d’occasion », vient du latin occasio, et se définit comme un coup de chance, un
événement opportun (Guiot & Roux, 2008). Selon Le Robert (2013), le terme désigne
également un marché avantageux pour l’acheteur ; le prix est, en effet, moins élevé en raison
de la dépréciation liée à l’utilisation et/ou à la propriété antérieure de l’objet (Guiot & Roux,
2008). Dans la loi belge10, le bien d’occasion s’oppose au caractère neuf d’un même produit.
L’objet n’est pas forcément usagé ou utilisé mais a été antérieurement la propriété d’autrui ; il
passe d’un consommateur à l’autre (Marzella, 2015, 120). L’objet d’occasion n’est donc plus
de première main mais de seconde main.
Le marché de la seconde main peut se définir comme suit : « The acquisition of used objects
through often specific modes and places of exchange » (Guiot & Roux, 2008). Il se caractérise
par un produit – qui n’est pas neuf comme évoqué ci-avant – et par un mode d’échange distinct
des canaux conventionnels d’achats du neuf. Le bien d’occasion peut être de plusieurs types :
vêtements, jouets, livres, instruments, fournitures, vélos, équipements divers, voitures, maisons,
etc. Il est difficile d’en dresser une liste exhaustive. En effet, l’une des particularités du marché
de la seconde main est son caractère informel (Guiot & Roux, 2008).
Il y a une distinction à faire entre les terminologies vintage et de seconde main. Les vêtements
vintage sont assimilés à des pièces datant des années 1920 à 1980 (Cervellon et al., 2012).
Emprunté à la terminologie utilisée dans le domaine des vins, le terme vintage est lié à l’idée
de connaisseur (Hamilton, 2012). En revanche, les vêtements de seconde main désignent plutôt
des vêtements modernes (Hamilton, 2012). Pour Cervellon et al. (2012), les objets de seconde
main sont « toutes les pièces qui ont été utilisées antérieurement, nonobstant l’âge des
vêtements ». Dans le présent travail, nous nous concentrons sur la seconde main dont nous
pouvons retenir la définition suivante : un objet ayant appartenu à un premier propriétaire, sans
considération pour l’âge du vêtement et/ou pour son caractère usagé. En effet, de nombreux
vêtements modernes, toujours étiquetés et donc presque neufs, se retrouvent en vente sur les
plateformes en ligne de seconde main.
10 Loi du 1er septembre 2004 relative à la protection des consommateurs en cas de vente de biens de consommation.
13
2.2. Lieux d’échange
Les marchés de redistribution (Botsman & Rogers, 2010) sont variés, avec une large gamme de
prix ainsi qu’une vaste sélection. L’objet d’occasion peut être partout et n’importe où : « Il
[l’objet d’occasion] est seulement possible de le ‘localiser’ par rapport à un consommateur, ce
qui sous-entend une dispersion géographique maximale et aléatoire » (Roux, 2001, 5). Nous
citons ici – de manière non exhaustive – ces lieux d’échange : d’une part, hors ligne, c’est-à-
dire dans les magasins physiques – « brick-and-mortar » – qui peuvent être des organisations
à but non lucratif (appelés aussi charity shops), comme Terre ou la Croix-Rouge où la
dimension sociale prime, mais également des magasins commerciaux comme des thrift shops,
des friperies, des commerces spécialisés, des dépôts-ventes, et de manière plus informelle, les
marchés aux puces, les brocantes, les vide-dressings entre particuliers ; d’autre part, et plus
récemment, en ligne, sur des applications et des sites qui deviennent de plus en plus populaires.
De nombreux articles de presse recensent d’ailleurs les meilleures apps pour vendre et acheter
entre particuliers (C2C). C’est devenu une nouvelle marketplace assez prisée où les acheteurs
et les vendeurs peuvent très facilement entrer en contact. Nous les définirons plus en détail dans
la troisième partie de ce chapitre qui concerne les plateformes digitales.
2.3. Historique
En Europe, l’achat d’occasion est issu d’une longue tradition (Weinstein, 2014). Selon Guiot
& Roux (2020), la pratique existe au moins depuis le 12ème siècle (Guiot & Roux, 2020), même
s’il est évident qu’elle est sans doute apparue auparavant, puisque depuis que les vêtements
existent, ils ont été empruntés, échangés et donnés (Brooks, 2015). A la Renaissance, les
vêtements neufs étaient tellement luxueux qu’ils étaient réservés aux classes sociales les plus
aisées. Seul les vêtements d’occasion pouvaient être achetés par l’ensemble de la population
dans les gildes de toutes les grandes villes européennes (Frick, 2005) avec toutefois quelques
restrictions dans la mesure où les responsables de la santé pensaient que les vêtements
d’occasion avaient propagé la peste.
Lors de la Révolution industrielle, le marché des vêtements d’occasion prend de l’expansion
puis rencontre de moins en moins d’intérêt à la fin du 19ème siècle (Ginsburg, 1980). En effet,
avec la production de masse à bas prix et le nombre croissant de magasins de prêt-à-porter, les
produits de seconde main deviennent moins attractifs (Weinstein, 2014) et restent, pendant un
certain temps, associés à des contraintes économiques (Hamilton, 2012 ; Sherry, 1990) ou sont
exportés, généralement sur le continent africain (Hansen, 2000).
14
Si les vêtements d’occasion ont souvent été assimilés aux franges de la population les plus
pauvres, ils ont toutefois touché divers publics. De tout temps, ils ont été échangés de manière
irrégulière, informelle et à petite échelle (Lambert, 2004). Depuis les années 1980, le marché
de l'occasion connait un regain d’intérêt dans les pays riches en raison de crises économiques
majeures et la démarche est alors réinterprétée comme une manière d’acheter à moindre coût
(Bardhi & Arnould, 2005 ; Williams & Paddock, 2003). En 2009, soit après la crise de 2008, la
même dynamique s’est imposée.
***
Aujourd’hui, deux facteurs – économique et environnemental – se sont combinés pour modifier
les représentations et la symbolique (Guiot & Roux, 2001) des vêtements d’occasion. Cette
tendance a mené à la création d'un autre type de marge où l'exclusion de la société de
consommation n'est pas vécue comme un fardeau mais bien comme un choix de vie délibéré
(Cherrier, 2009). Ce changement n'implique pas forcément de consommer mais au contraire de
trouver des « trésors » cachés aux meilleurs prix et/ou de récupérer des objets dont les autres
ne veulent plus. Ceci peut être réalisé en achetant des biens d'occasion mais aussi, par exemple,
en récupérant gratuitement les objets déposés sur les trottoirs les jours de collecte d'objets
encombrants (Guillard & Roux, 2014).
Par ailleurs, la connotation négative des friperies disparaît peu à peu pour devenir une démarche
responsable et même branchée à tel point que même Virgil Abloh, directeur de création chez
Dior, a affirmé : « La mode, ça va être de cesser d’acheter du neuf » (Dazed, 2019). A l’heure
actuelle, le chiffre d’affaires des vêtements d’occasion serait d’un peu plus d’un milliard
d’euros par an et leur rythme de croissance serait supérieur à 10%, selon Antoine Jouteau,
directeur général du Boncoin, site français de petites annonces en ligne (Le Monde, 2019). Si
47% des Français disaient avoir déjà acheté, une fois dans leur vie, des produits d’occasion de
toutes sortes (vêtements, voitures, objets d’enfants, etc.), Rémy Oudghiri, directeur général
adjoint de Sociovision, filiale d’études sur la consommation du groupe IFOP, affirme que « dix
ans plus tard, ils seront 60 % » (Le Monde, 2019).
15
2.4. Les motivations à l’achat de seconde main
Les vêtements répondent à une fonction utilitaire de protection, de couverture et de décoration
(Brooks, 2015) mais ceux-ci ne sont pas uniquement fonctionnels. En effet, leur consommation
se base, en effet, également sur des aspects symboliques et hédonistes, et participe à la
construction de l’identité de l’individu, à son identification à un groupe social, à sa singularité
(Sempels & Vandercammen, 2009, 25).
L’expérience d’achat sous-tend un vouloir et un pouvoir (Roux, 2001). Le vouloir d’achat est
l’intérêt que les consommateurs portent à l’acquisition de biens d’occasion tandis que le pouvoir
d’achat se rapporte à leur capacité financière par rapport à un bien neuf. Le consommateur
intègre donc un processus de traitement des alternatives ; Roux relève que, parmi les variables
susceptibles d’affecter ce processus d’évaluation et d’arbitrage, « le prix joue sans doute un rôle
fondamental puisqu’il constitue un bénéfice essentiel du point de vue de l’acheteur » (Roux,
2001, 9). Le coût économique est, effectivement une variable essentielle pour le consommateur
et constitue une motivation à l’achat.
D’après Bezançon (2012, 2), la motivation est définie « comme une force qui pousse le
consommateur à entreprendre une action afin d’atteindre le but qui lui permettra de répondre à
un besoin identifié, c’est-à-dire un motif ». Les motivations à l’achat de seconde main ont été
analysées dans plusieurs études (Belk et al., 1988 ; Cervellon et al., 2012 ; Chu & Liao, 2007 ;
Ertz et al., 2016 ; Gregson & Crewe, 1997 ; Guiot & Roux, 2010 ; Pierce & Paulos, 2011 ;
Sherry, 1990 ; Soiffer & Herrmann, 1987 ; Stone et al., 1996 ; Bardhi & Arnould, 2005 ; Ferraro
et al., 2016) et il ressort de celles-ci que la motivation première est d’ordre économique bien
que l’impératif de prix ne soit pas l’unique motif. D’autres variables conduisent effectivement
les consommateurs à se tourner vers la seconde main et notamment l’aspect récréationnel.
Acheter de seconde main divertit le consommateur qui souhaite acheter des objets à moindre
coût et différemment (Stone et al., 1996 ; Belk et al., 1988).
Ferraro et al. (2016) observent eux aussi que la consommation de seconde main a du sens pour
beaucoup et est une manière d’exprimer son identité et ses valeurs. Comme nous l’avons relevé
précédemment, si le prix est important et constitue toujours une motivation, acheter d’occasion
aujourd’hui n’est plus seulement une question d’économie mais plutôt une affaire de choix
posés par le consommateur (Yan et al., 2015).
16
Guiot et Roux (2010) ont articulé les motivations à l’achat de seconde main en trois macro-
dimensions : économique (1), hédoniste (2), critique (3) – avec leurs motifs sous-jacents – et
Ferraro et al. proposent également la dimension tendance. Il s’agirait d’une combinaison de ces
différentes forces : économiques, récréationnelles, critiques et tendances (Stone et al., 2005 ;
Bardhi & Arnould, 2005).
Figure 2. Motivations à l’achat de seconde main
Source : adapté de Guiot, D., & Roux, D. (2010). A Second-hand Shoppers’ Motivation Scale : Antecedents, Consequences and Implications for Retailers, Journal of Retailing, Vol. 86, n°4, 355-371 ; et Ferraro, C., Sands, S., & Brace-Govan, J. (2016). The role of fashionability in second-hand shopping motivations, Journal of Retailing and Consumer Services, 32, 262-268.
17
2.4.1. La dimension économique
D’un point de vue économique, les motivations inhérentes à l’achat d’occasion prennent l’une
ou plusieurs des formes suivantes : la sensibilité au prix et/ou la conscience de celui-ci.
En effet, au quotidien, les gens prennent des décisions concernant l'allocation de leurs actifs
(Ferraro et al., 2016). Les contraintes économiques se sont avérées être un facteur essentiel
dans la décision d'achats d'occasion (Roux et Korchia, 2006). Lesdits achats permettent au
consommateur de satisfaire ses besoins primaires sans dépenser trop d'argent (Ferraro et al.,
2016). Les produits d'occasion se trouvent à des prix plus abordables que les produits neufs et,
par conséquent, ils sont un moyen d’alléger le fardeau de la pauvreté pour les consommateurs
à faibles revenus (Hamilton, 2012). Traditionnellement, comme évoqué ci-avant, la seconde
main a été l’affaire de classes au pouvoir d’achat inférieur, raison pour laquelle la dimension
économique a souvent été la motivation principale de l’achat de seconde main (Xu et al., 2015,
670). Les consommateurs économes sont considérés comme soucieux du prix, ce que
Lichtenstein et al. (1993) caractérisent comme « le degré auquel le consommateur se concentre
exclusivement sur le paiement de prix bas », ou comme conscients de la valeur, c’est-à-dire
une comparaison « du prix payé par rapport à la qualité reçue » (Lichtenstein et al., 1993, 235).
2.4.1.1. Juste prix
La motivation du juste prix peut se traduire par le désir de payer moins cher, la recherche d'une
bonne affaire et la satisfaction d'avoir payé un prix avantageux. La différence de prix entre les
biens d'occasion et les produits neufs encourage les consommateurs économes à acheter des
produits d'occasion (Anderson & Ginsburgh, 1994 ; Stroeker, 1995). Les consommateurs
veulent un prix juste et n’acceptent pas de payer plus uniquement parce que l’objet est neuf
(Guiot & Roux, 2008).
2.4.1.2. Frugalité
Lastovicka et al. (1999, 88) définissent la frugalité comme « un trait du mode de vie des
consommateurs, caractérisé par le degré auquel ils sont à la fois limités à acquérir et à utiliser
de manière ingénieuse des biens et services économiques pour atteindre des objectifs à plus
long terme ». De Young (1986, 285) la résume par « l’utilisation prudente des ressources et
l’évitement du gaspillage ». Ainsi, les consommateurs au mode de vie frugal font des choix
réfléchis et dépensent leur argent avec prudence et précaution.
18
Il y a donc une motivation, non seulement économique, mais aussi écologique et critique
comme le soulignent Guiot & Roux (2008), étant donné que les consommateurs frugaux ont
tendance à mettre davantage l'accent sur la valeur des produits lors de leurs achats (Kasser,
2005) et préfèrent obtenir un bon rapport qualité-prix. Ils vont trouver dans la seconde main
une manière de réutiliser, à moindre coût, des vêtements qui peuvent encore être portés. Il s’agit
ici d’une conscience de la valeur – un prix par rapport à la qualité (Lichtenstein et al., 1993,
235).
2.4.2. La dimension critique
Il est intéressant de mettre en avant la dimension critique, qui est une réponse au système de
surconsommation actuel. De plus en plus de consommateurs deviennent des « rebelles à
l’hyperchoix » (Roux, 2001, 12). Ils participent ainsi à réduire le gaspillage (Bekin et al., 2007)
et acheter des pièces que les autres ne veulent plus, leur permet de répondre à la prolifération
des vêtements. Les préoccupations éthiques et écologiques sont un véritable accélérateur,
surtout chez les jeunes, qui n’ont pas souvent les moyens de dépenser de l’argent dans des
marques éthiques et durables souvent plus onéreuses ; la seconde main constitue ainsi une
alternative idéale (Xu et al., 2014). Guiot & Roux (2010) exposent également une certaine prise
de distance et un évitement du système de consommation régulier.
2.4.2.1. Distance avec le système marchand traditionnel
Le premier aspect de cette dimension critique est le contournement des canaux de distribution
conventionnels. Certains individus désirent prendre de la distance, réduire leur consommation
et stopper la prolifération des produits (McDonald & Oates. 2006). Il s’agit, pour eux, de
« s’affranchir des règles du marché du neuf » (Marzella, 2015, 118). Les articles de seconde
main deviennent par conséquent souhaitables car ils représentent une alternative aux modes de
consommation et de production contemporains (Hamilton, 2012). Ils sont, en quelque sorte,
une récupération du système. Pour certains, ils sont une forme d’opposition à la consommation.
Cependant, comme l'affirme Etzioni (1998), ces signaux sont difficiles à distinguer de la
pauvreté. Lors d’une étude de cas dirigée par Shaw & Newholm (2002), un répondant a, par
exemple, déclaré avoir acheté des vêtements d'occasion dans un quartier aisé de la ville et les
avoir portés ensuite d'une manière « subversive », comme un geste provocateur envers l’ordre
établi. La seconde main est dès lors vue comme un marché « anti-structure » qui challenge le
secteur régulier (Sherry, 1990, 28).
19
2.4.2.2. Préoccupations éthiques et écologiques
La motivation écologique a fait son apparition dans les deux dernières décennies. Les personnes
très soucieuses des préoccupations éthiques et écologiques ne comprennent pas les raisons pour
lesquelles d’autres personnes jettent des produits qui sont toujours en bon état (Guiot & Roux,
2010). Acheter de seconde main leur permet de satisfaire ce besoin de valeurs. Il s’agit de
s’inscrire dans une démarche de récupération et de « recyclage » pour revaloriser des vêtements
déjà portés mais aussi de poser un acte d’engagement. Acheter de seconde main permet une
préservation des ressources et une durée de vie allongée des objets.
2.4.3. La dimension récréationnelle
Les motivations récréationelles ou hédonistes (Guiot & Roux, 2010) impliquent les besoins de
divertissement, d'excitation, de plaisir nostalgique et d'authenticité lors de la chasse aux trésors
de produits d'occasion. Les consommateurs d’articles de seconde main espèrent trouver des
produits qui deviendront significatifs pour eux et fonctionneront comme un marqueur d'identité
(Ferrero et al., 2016). Ces motivations sont soutenues par les caractéristiques propres aux
magasins d'occasion, à savoir le prix, l'ambiance et les produits (Guiot & Roux, 2010). Dans la
mesure où la mode est conçue comme un éternel recommencement, acheter des objets de
seconde main est souvent perçu comme une pratique de redécouverte d’objets historiques
(Marzella, 2015, 117). Par sa nature singulière, l’achat de seconde main peut de même répondre
à un besoin d’aventure et de divertissement (Armstrong et al., 2015).
2.4.3.1. « Chasse aux trésors »
Se lancer dans une chasse aux trésors et frisonner à l’idée de trouver un produit rare et à bon
prix (Guiot & Roux, 2010, Belk, 1988, Lombart, 2004 ; Bardhi & Arnould, 2005) concerne de
nombreux acheteurs, mais souvent des collectionneurs et des amateurs de vintage (Cervellon et
al., 2012) Il s’agit d’une motivation de recherches et de découvertes : fouiller parmi des choses
pour en trouver une qui en vaut la peine, dénicher un produit rare et unique. Guiot & Roux
(2010) définissent la chasse aux trésors comme « un intermédiaire entre le besoin d’unicité, le
plaisir nostalgique et l’intention d’achat de vêtements vintage » [« a mediator of the
relationship between the traits related to uniqueness and nostalgia and the purchase intention
of vintage clothing »]. Cette chasse aux trésors est intrinsèque à la nature de l’offre (Guiot &
Roux, 2008).
20
2.4.3.2. Originalité
L’originalité peut être assimilée à l’identité et à la distinction. Yan et al. (2015) soulignent que
les magasins de seconde main offrent la possibilité aux consommateurs de trouver des articles
rétro et vintage qui ne sont plus commercialisés. Les consommateurs d'articles vintage sont
ainsi motivés par la création d'un style unique. Ce besoin d’unicité [« need of uniqueness »]
(Guiot & Roux, 2010) est aussi une manière de se distinguer, de porter des choses que personne
n’a. Aujourd’hui, les collections qui arrivent en boutique ont déjà été vues et revues sur les
réseaux sociaux (Business of Fashion, 2016) alors la seconde main permet de se démarquer.
Catalani (2005) observe que de nombreuses personnes ne veulent plus porter la même chose
que les autres puisque les objets et la possession racontent l’histoire de nos vies. Le vêtement
participe ainsi à la construction de notre identité et apparaît comme un médium capable de nous
distinguer (Belk et al. 1988). De plus, l’une des motivations de la seconde main est d’avoir
quelque chose de « neuf » – à savoir un vêtement que l’acheteur lui-même n’a jamais porté
(Lang et al., 2018).
2.4.3.3. Contact social
Il s’agit de savourer le plaisir du contact social (Herrmann & Soiffer, 2004 ; Guiot et Roux,
2010 ; Gregson et Crewe, 1997), en faisant son shopping avec des personnes proches ou
simplement en interagissant avec d’autres. Le plaisir perçu s'est révélé être une variable ayant
des effets positifs sur les attitudes et l'intention des consommateurs à participer à l’économie
collaborative (Davis et al., 1992 ; Hamari et al., 2016). Les points de vente du circuit de la
seconde main seraient, plus encore que les circuits de distribution traditionnels, capables de
satisfaire une gamme variée de besoins : flâner à l'extérieur, fouiller dans les produits proposés,
se laisser surprendre, chercher des objets indisponibles sur le marché du neuf (G&R, 2008). Les
normes sont différentes des magasins traditionnels, avec un échange plus détendu et convivial.
2.4.3.4. Nostalgie
Les objets neufs ont une sorte d’absence d’origine et les consommateurs de seconde main, et
plus particulièrement de vintage, ont alors le plaisir et la motivation de faire revivre avec
nostalgie les « objets d’avant » (Guiot et Roux, 2010 ; Debary & Tellier, 2004). Les vêtements
peuvent rappeler des souvenirs, avoir un esthétisme qui n’est plus actuel ou être animés par une
certaine histoire. Les amateurs aiment imaginer celle-ci et s’imprégner de cette essence
supposée. Il y a un besoin d’authenticité et de retour vers le passé, lesquels semblent
inséparables de la seconde main.
21
2.4.4. La dimension tendance
Les motivations liées à la mode – c’est-à-dire les tendances « dictées par les créateurs à un
moment précis » (Leeds-Hurwitz, 1993, 105) – sont surtout le fait de créer un style en suivant
les tendances ou au contraire de construire un genre personnel et unique (DeLong et al., 2005 ;
Reiley & DeLong, 2011). Le besoin d’authenticité incite certains consommateurs à acheter de
seconde main et davantage depuis que cette dernière est devenue désirable (Beard, 2008 ;
Ferraro et al., 2016).
La mode ne répond pas tant au besoin de couvrir le corps mais plutôt à ce désir de l’exposer, à
travers un habillement particulier. La mode est l'indice d'un changement, d'une altération
sociale, qui concerne principalement le besoin d'une société spécifique de s'exprimer (Catalani,
2005). Le résultat de ce changement et de cette altération sont les articles de mode, qui
symbolisent et concrétisent les changements sociaux survenus. Dans notre société de
consommation contemporaine, les vêtements deviennent surtout des marqueurs d’une
individualité et définissent un statut social (Martin, 1999).
2.5. Les freins à l’achat de seconde main
La littérature relative aux barrières d’un achat de seconde main (Bezançon et al., 2013 ;
Bezançon, 2012 ; Hiller Connel, 2009 ; Roux & Korchia, 2006 ; Roux, 2004 ; Steinbring et
Rucker, 2003 ; O’Reilly et al., 1984 ; Argo et al., 2006 ; Bardhi & eckhardt, 2012 ; Edbring et
al., 2016 ; Kapitan & Bhargave, 2013 ; Lang et al., 2018 ; Laitala et al., 2018) est moins riche
que celle qui enregistre les motivations.
Les freins sont assimilés à des motivations négatives (Darpy & Volle, 2007), qui vont pousser
le consommateur à éviter des comportements et des actions qui compromettraient l’atteinte d’un
besoin identifié (Bezançon, 2012). La peur d’être contaminé, la dimension symbolique des
vêtements et de la possession, autant de questionnements, parfois inconscients, qui nous
traversent avant un achat dans un magasin de seconde main. Bezançon (2012) identifie cinq
freins majeurs liés au produit ou au circuit d’occasion.
2.5.1. Frein sécuritaire
Le frein sécuritaire est lié à l’hygiène (Laitala et al., 2018) et semble être la réponse directe à
un besoin de sécurité (Bezançon, 2012). L’hygiène est l’une des barrières principales pour
laquelle certains individus ne consomment pas d’objets de seconde main. Il y a, en effet, la peur
22
de ne pas partager les mêmes « standards d’hygiène » (Edbring et al., 2016) et partant,
d’acquérir un vêtement sale, voire même contagieux (Roux & Korchia, 2006). Le caractère de
contagion – dans le sens transfert négatif – d’un vêtement est revenu dans plusieurs études
(Argo et al., 2006 ; Laitala et al., 2018) surtout lorsque le précédent propriétaire est extérieur
au cercle familial ou de connaissances (Lang et al., 2018).
2.5.2. Frein utilitaire
Par utilitaire, Bezançon (2012) entend d’abord l’efficacité d’un achat : obtenir un résultat
satisfaisant en ayant dépensé un minimum d’énergie, et ainsi atteindre l’objectif fixé. Le rapport
qualité/prix est questionné et semble, parfois, insatisfaisant. Sur le marché de la seconde main,
des complications géographiques et logistiques entrent en jeu de telle sorte que le bien
d’occasion est souvent difficilement identifiable. Les individus peuvent également s’interroger
sur le caractère faisable ou non de l’achat : le produit est-il ou non disponible ? (Edbring et al.,
2016).
2.5.3. Frein hédoniste
Les freins de nature hédoniste sont de plusieurs types et touchent à la dimension récréative d’un
achat. Hiller Connel (2009) met en évidence que les circuits de seconde main sont souvent
moins attractifs que les canaux de distribution du neuf. La disposition et la présentation ne sont
pas les mêmes, il y a souvent beaucoup de vêtements, empilés les uns sur les autres, parfois
triés par couleur, par types de produits mais sans réelle mise en avant. Il y a donc une certaine
difficulté à mener à terme le processus d’achat.
2.5.4. Frein d’expression de soi
Le frein d’expression de soi est également lié à la dimension hédoniste et au fait de posséder
l’objet (Edbring, 2016) que Belk (2007) renomme la « poursuite de la propriété individuelle ».
La possession est une dimension très importante dans nos sociétés puisque comme relevé
précédemment, les objets sont une sorte d’extension de nous-mêmes et nous permettent de
raconter notre histoire, de poser des balises sociales et identitaires.
2.5.5. Frein d’affiliation
Le frein d’affiliation est perçu comme un risque social. L’acheteur est inquiet que sa décision
d’achat – en l’espèce, acheter dans un circuit en particulier, à savoir celui de la seconde main –
abime l’image sociale qu’il renvoie à la société (Kang & Kim, 2013).
23
3. LES PLATEFORMES DIGITALES
3.1. Définitions
Les plateformes digitales sont d’abord des entreprises où les transactions et le service client se
font exclusivement en ligne. A son arrivée, vers 1994-1995 (Martin & Dagiral, 2016), le web a
révolutionné nos vies et plus tard, notre mode de consommation. L’e-commerce ou commerce
électronique est défini comme « toute transaction effectuée sur un réseau géré par un ordinateur
qui implique le transfert de propriété ou le droit d’utiliser des biens et des services » (Rallet,
2001). C’est un des grands défis du marketing parce qu’il éclate le temps et l’espace, permet
d’acheter des biens et des services dans différents pays (Kotler et al., 2015, 18), n’importe
quand et de n’importe où.
Kotler et al. (2015, 451) expliquent que le digital a également changé les relations clients,
notamment dans la mesure où internet « permet aux clients d’exprimer largement leur
mécontentement – ou leur satisfaction – en informant le monde entier par un simple clic ». Un
changement de paradigme entre les marques et les clients, mais également une transformation
de la relation entre les particuliers, sont constatés. L’internet permet une personnalisation et un
échange proactif entre les utilisateurs.
Les chercheurs s’accordent à dire que l’expérience d’achat a été transformée par le web mais
également par les technologies mobiles et les appareils connectés (Kim et al., 2015 ; Martins et
al., 2018). Ainsi, 87% des utilisateurs de smartphones (et tablettes) ont déclaré utiliser leur
appareil lors de processus d’achats et que ledit appareil avait une influence considérable sur
leurs comportements (Neilsen, 2014). Depuis 2014, il y a plus d’appareils mobiles dans le
monde que de personnes. L’internet a donc bouleversé le marché du retail et les nouvelles
technologies continuent de le transformer pour rendre l’expérience client encore plus
confortable (Blàzquez, 2014).
Les ventes en ligne sont en hausse – elles se sont encore accentuées pendant le confinement
imposé suite à la crise sanitaire du Covid-19 – et l’habillement est la première catégorie de
produits vendue en France : 66% des internautes achètent des vêtements sur internet (Fashion
Network, 2018). Face à ce constat, il est dès lors intéressant d’analyser les motivations et les
barrières que le commerce en ligne suscite.
24
3.2. Les motivations à l’achat en ligne
Nous pouvons regrouper les motivations à l’achat en ligne en deux catégories : la dimension
émotionelle et la dimension pratique. En d’autres mots, il s’agit des motivations fonctionnelles
(réduction des coûts, commodité, recherche, disponibilité de l’information) et non
fonctionnelles (sociabilité, unicité, divertissement), lesquelles ont été définies par Stafford &
Stafford (2001) et To et al. (2007).
De la même manière, Ha & Stoel (2010) ont mis à jour douze facteurs de choix et ont
notamment classé les intentions à l’achat en ligne en distinguant les motivations fonctionnelles
(la commodité, la facilité, la sécurité et la confidentialité, et une large gamme de marchandises)
et non-fonctionnelles (notamment l’achat à domicile et les multiples informations disponibles).
3.2.1. Motivations fonctionnelles
L’achat en ligne serait davantage régi par un objectif utilitaire qu’hédoniste (Parker & Wang,
2016). Shang et al. (2005) observent que c’est d’abord la facilité d’utilisation et l’utilité perçue
d’un circuit ou d’un produit qui motivent les consommateurs à acheter online. Ils listent
également une plus grande variété de choix, des prix compétitifs et un moindre coût d’énergie
lors de la chasse aux bonnes affaires. En effet, les recherches sur internet peuvent être réalisées
partout et tout le temps. Il s’agit de gagner du temps pour acquérir un produit spécifique et au
meilleur prix. L’une des croyances de la technologie est que celle-ci est sûre (Ha & Stoel, 2010),
preuve que la sécurité participe également au processus d’achat.
3.2.2. Motivations hédonistes
Les motivations non fonctionnelles (Ha & Stoel, 2010) ou hédonistes comportent une
dimension ludique. A la base d’internet, il y a une interaction entre l’utilisateur et le système.
Plusieurs chercheurs (Norman, 2005 ; Oveisy & Aryana, 2008 ; Petermans et al., 2009) ont
démontré que l’expérience émotionnelle d’une interaction avec des produits et notre
environnement est une variable qui influence considérablement les choix que nous faisons. Déjà
à la démocratisation d’internet, Tractinsky (1997) attestait que les interfaces esthétiques avaient
une corrélation positive avec la convivialité perçue et même l’utilité. Shang et al. (2005)
insistent sur le caractère ludique de l’expérience : l’utilisation de son ordinateur ou de son
mobile comme média, le sentiment de contrôle et le plaisir immédiat de l’achat en ligne.
25
Selon Shang et al. (2005), l’achat en ligne ne correspond pas à la même satisfaction que
l’expérience d’achat traditionnelle mais ce plaisir constitue toutefois l’une des motivations
majeures qui reste très peu mise en avant. Shang la définit comme un besoin d’auto-
détermination et/ou un besoin de comptétence – lorsque les individus effectuent des achats en
ligne, ils peuvent éprouver du plaisir car ils se sentent compétents. Il remarque également que
les personnes qui sont joueurs [« playful »] avec leur ordinateur seraient plus à même de faire
leurs achats en ligne. De même, pour un individu au caractère introverti, les contacts sociaux
sont réduits et les achats peuvent ainsi être effectués sans être vu (Kinney et al., 2009) et sans
pour autant être qualifié de marginal, acheter online étant socialement accepté. Shang et al.
(2005) expliquent d’ailleurs que l’influence sociale va jouer un rôle prédominant dans
l’intention d’achat en ligne. En effet, l’achat en ligne est déterminé à la fois par l’attitude et par
la norme subjective de l’individu, qui va se référer à la perception des personnes importantes
[pour lui] au regard d’un certain comportement.
3.3. Les freins à l’achat en ligne
Le portail de statistiques Statista a recensé six risques perçus par les consommateurs à l’achat
en ligne tout en constatant une évolution de ceux-ci de 2004 à 2018 : la sécurité des paiements
qui n’est pas assurée en premier lieu (1), l’impossibilité de sentir et toucher les produits (2), la
méconnaissance de l’entreprise (3), l’absence de vendeur pour distiller des conseils (4), le
caractère plus onéreux des produits (5), les délais de livraison trop longs (6) (Statista, 2020).
Les risques perçus, comme le souligne Bezançon (2012, 3), sont « relatifs aux pertes
conséquentes à une action » alors que les freins sont relatifs à des besoins. Les deux sont bien
entendu liés mais ne sont pas semblables. Certains auteurs (Jain & Kulhar, 2019 ; Akram, 2018)
ne tiennent pas compte de la distinction et expliquent que le risque perçu est lié à l’intention
d’achat. Nous adopterons la même attitude, en précisant toutefois lorsqu’il s’agira d’un frein
découlant d’un risque perçu. Ruldoph et al. (2004), quant à eux, classent les barrières à l’achat
en ligne en deux catégories : fonctionnelles et psychologiques. Jain & Kulhar (2019) ont, de
leur côté, déterminé des freins économiques et de sécurité, des barrières d’usage et de
commodité, des barrières liées au circuit et d’autres à l’utilisateurs.
3.3.1. Freins économiques et sécuritaires
Jain & Kulhar (2019) observent que le risque financier est l’un des freins les plus importants
dans l’achat en ligne ; thèse soutenue par d’autres études (Joines et al., 2003 ; Jones, 2001 ;
Dinev et al., 2006). Il est relatif au besoin de sécurité de l’acheteur, qui va craindre de perdre
26
de l’argent ou ses données personnelles, de se faire arnaquer ou voler ses numéros de carte de
crédit. Aussi, le prix est parfois perçu comme plus élevé à cause des frais de livraison (Sthapit
et al., 2016). Enfin, il arrive parfois que les entreprises digitales inspirent la méfiance (Rudolph
et al., 2004) de par leur circuit de distribution, et celles-ci vont dépendre de la confiance que
l’utilisateur leur accorde.
3.3.2. Freins d’usage et de circuit
Une autre barrière d’usage est l’inconfort lié à l’achat en ligne. Certaines personnes vont trouver
qu’il est plus facile de faire son shopping en magasin physique (Kacen et al. 2013). Les
vêtements en ligne, en effet, ne peuvent pas être essayés. L’acheteur n’est donc pas certain de
la qualité et peut avoir peur d’être déçu ; pouvant entrainer une certaine frustration/déception
dans son chef. De plus, tout le monde ne possède pas de carte de crédit, ce qui peut être une
barrière fonctionnelle d’usage (Ruldoph et al., 2004). Il peut en outre y avoir trop de choix et
une impression de perte de temps. Il faut également tenir compte du temps de livraison qui est
souvent long, mas aussi du retour des articles qui s’avère parfois laborieux.
3.3.3. Freins liés aux caractéristiques personnelles
Selon Jain & Kulhar (2019), les freins personnels liés à des données sociodémographiques
peuvent jouer : l’âge (Lian et al., 2014) et le sexe du consommateur vont avoir un impact
important dans l’achat online. L’utilisateur va, en effet, prendre plus ou moins de plaisir à
effectuer ses achats online ou offline. C’est ce que Rudolph et al. (2004) définissent également
comme la « barrière fonctionnelle de valeur » ; le consommateur va avoir un besoin de contact
social à travers un avis du personnel de ventes par exemple et/ou un besoin d’obtenir plus
d’informations que celles disponibles.
27
4. LA SECONDE MAIN EN LIGNE La digitalisation a permis à l’achat de seconde main d’être accessible partout et tout le temps.
Acheter et vendre d’occasion est devenu très simple (Le Monde, 2019). Selon Fernando et al.
(2018), les achats en ligne à l’échelle mondiale sont en augmentation et les achats d’occasion
ont la croissance la plus rapide. Selon le baromètre du commerce collaboratif (2017), un tiers
des ventes en ligne de seconde main pour les vêtements se fait de particulier à particulier. Les
plateformes en ligne ont, en effet, mis en avant un système participatif de peer-to-peer (P2P)
ou customer-to-customer (C2C). Avec la seconde main en ligne, l’individu ne consomme plus
de manière classique et linéaire, c’est-à-dire d’un distributeur à un consommateur, mais il peut
être à la fois offreur et demandeur, et s’inscrit ainsi dans une démarche circulaire. C’est une
pratique ouverte à tous, qui rassemble les gens et séduit de plus en plus. Lemaitre & De Barnier
(2015) observent plusieurs raisons au succès de cette démarche :
Le récent essor du commerce C to C peut s’expliquer par différents facteurs, tels que la tendance à l’écologie et au recyclage des biens durables, le contexte de crise économique, ou l’avènement du e-commerce facilitant les échanges entre particuliers.
Les interactions et les échanges ont été facilités sans qu’un grand investissement ne soit
nécessaire. Alors que la seconde main est traditionnellement une forme d’acquisition locale
(Williams & Paddock, 2003), la diffusion spatiale de ces échanges s’élargit avec internet,
répondant ainsi à une demande informelle croissante des vendeurs, ainsi qu'aux nouvelles
attentes des acheteurs (Roux, 2001).
4.1. Les plateformes digitales de seconde main
Les plateformes en ligne permettent une collaboration facilitée (Ertz, 2017). Elles mettent en
relation des utilisateurs et jouent le rôle d’intermédiaire facilitateur et/ou médiateur entre les
particuliers. Les plateformes digitales sont de différents types :
a) Sites généralistes d’annonces (Le Bon coin, Ebay, 2ème main, Troc, etc.) sur lesquels les
utilisateurs sont nombreux, ce qui crée un effet de réseau (Dang, 2016). Il y a ainsi une
juxtaposition de plusieurs communautés mais elles n’ont pas toujours d’intérêts croisés,
souligne Dang (2016). Par exemple, des personnes voudront vendre leur voiture, d’autres
désireront acheter des chaussures ; ce n’est donc pas évident de faire un tri et de trouver
l’annonce qui correspond à nos attentes et nos recherches.
28
b) Sites de seconde main qui fonctionnent comme des sites marchands traditionnels, en B2C
c’est-à-dire en business-to-consumer. Ce ne sont pas des ventes entre particuliers mais
bien de vendeurs à particuliers, dans une démarche plus linéaire.
c) Réseaux sociaux : même Facebook a lancé sa propre marketplace en 2017 où l’on trouve
toutes sortes d’objets. Avant la mise en place de ce lieu d’échange, les utilisateurs avaient
déjà perçu l’intérêt des réseaux sociaux et avaient créé des pages dédiées à des trocs –
comme par exemple, « Troc’n’Roll Liège » où il n’y a pas d’implication monétaire dans
des échanges entre particuliers – et des pages personnelles ou locales consacrées à l’achat
et à la vente de vêtements d’occasion. Instagram regorge également de comptes de vide-
dressing. Vendre sur les réseaux sociaux est entièrement gratuit, et dans ce cas, c’est à
l’acheteur et au vendeur de prendre leurs dispositions pour se rencontrer afin d’effectuer
une remise en main propre ou de s’arranger pour la livraison du produit. La relation est
basée sur la confiance.
d) Applications et plateformes spécialisées : elles sont, quant à elles, spécialisées dans
l’habillement comme Vinted, Vide-dressing, Depop ou l’équivalent belge United
Wardrobe. Certaines applications – dont Vestiaire Collective dont nous ferons une
analyse de cas ci-après – prennent également en charge une certaine authentification des
produits. Ces applications comptent souvent une commission sur les ventes ou des frais
administratifs et en contrepartie, engagent leur responsabilité. Elles suivent également
tout le processus d’achat jusqu’à la livraison et s’assurent que les deux parties soient
satisfaites.
Nous allons porter une attention particulière à ces dernières, qui semblent être des acteurs
importants dans le changement de perception de l’achat de seconde main. Le principe est le
même pour toutes les applications : il suffit de s’inscrire et de mettre des articles en vente et/ou
de faire son shopping parmi les articles d’autres utilisateurs contre un prix fixe ou en faisant
des offres. Avec internet, il y a une concentration sur la figure du client. Les plateformes
digitales sont en rupture avec la chaine de valeur traditionnelle, puisqu’elles mettent en relation
des clients mais ne possèdent rien.
Les interfaces sont colorées et faciles d’utilisation, les produits sont présentés de manière
ludique, ce qui incite également les utilisateurs à se voir comme une communauté. Par exemple,
29
les utilisateurs de Vinted sont appelés les « vinties ». Sur le web, les clients sont de plus en plus
actifs par le biais de commentaires et de systèmes de notation intuitifs et récréatifs. Les
utilisateurs sont, en effet, invités à donner des informations sur la fiabilité d’un
vendeur/acheteur. Cela implique une reconnaissance, une sorte de classement entre les
vendeurs. Il est, par exemple, plus rassurant d’avoir un vendeur/une vendeuse avec de
nombreuses ventes et une note de 5 étoiles qu’un utilisateur peu actif et/ou peu recommandé. Il
y a un entendement sur le statut des vendeuses habituées et confirmées. Les applications
permettent de noter les acheteurs et les vendeurs sur plusieurs critères : leur sérieux, leur
agréabilité, la vitesse de livraison, la qualité du produit, et ce, seulement lorsqu’une transaction
a été finalisée. Ainsi, il n’y a pas de risque de faux commentaires ou de notations mensongères.
Parmi les vendeurs, il y a bien évidemment ceux qui vont aussi acheter de seconde main
également mais d’autres qui vont utiliser cet argent gagné pour acheter des vêtements dans le
circuit du neuf, les porter et potentiellement les revendre ensuite. Il n’est d’ailleurs pas rare de
trouver des vêtements neufs, qui n’ont jamais été portés, sur le profil des utilisateurs.
Consommer d’occasion a trouvé un nouveau souffle à l’ère de la digitalisation. Cette manière
de consommer, presque en « sous-économie » bénéficie d’une plus grande visibilité. Ferraro et
al. (2016) remarquent que si les acheteurs de seconde main étaient par le passé, parfois
embarassés de dire qu’ils achetaient d’occasion, il y a, aujourd’hui une vraie acceptation de la
démarche. De nombreux youtubeurs distillent d’ailleurs leurs « conseils pour shopper en
friperies » dans des vidéos ludiques et amusantes, et en profitent pour exhiber leurs dernières
trouvailles. Le changement de perception, qui est, entre autres, passé par les réseaux sociaux,
représente une opportunité pour le marché en ligne de seconde main.
Comme examiné dans la revue de littérature (chapitre I), les chercheurs ont réalisé de
nombreuses études sur les freins et les motivations des acheteurs de seconde main, mais très
peu l’ont fait exclusivement à travers le prisme technologique. Les travaux de Padmavathy et
al. (2019) et Durif et al. (2014) semblent être, à notre connaissance, les seuls à s’intéresser aux
motivations et aux barrières perçues par les acheteurs de seconde main en ligne. En superposant
ces dernières à celles observées respectivement dans l’achat de seconde main et l’achat en ligne,
nous établirons, dans le chapitre III relatif au design de recherche, un questionnaire et une série
d’items à analyser.
30
4.2. Les motivations à l’achat de seconde main en ligne
Certaines motivations à l’achat de seconde main en ligne sont similaires aux motifs d’achat
d’occasion traditionnel. Padmavathy et al. (2019) relèvent notamment que les personnes
introverties préfèreront acheter en ligne plutôt qu’hors ligne. Selon Durif et al. (2014), la
recherche d’un objet rare – la chasse aux trésors – est l’une des motivations les plus
significatives dans l’achat de seconde main en ligne, outre l’importance du contact social
malgré le caractère virtuel et de la prise de distance avec le système marchand traditionnel. La
nostalgie, quant à elle, est moins plébiscitée sur les plateformes digitales. Durif et al. (2014)
estiment que le web n’offre pas encore « les attraits nécessaires pour attirer les acheteurs de
type nostalgique ». Au-delà de ces considérations, les motivations à l’achat de seconde main en
ligne correspondent sensiblement aux motivations relatives à l’achat d’occasion traditionnel.
4.3. Les barrières à l’achat de seconde main en ligne
Le marché de l’occasion comporte une série de contraintes : la rareté et le caractère aléatoire
des offres, le temps nécessaire à la localisation et à l’acquisition de l’objet, la difficulté d’accès
aux produits, le risque perçu lié à une absence de garantie, l’image sociale peu valorisée de ce
mode d’acquisition par rapport à l’achat neuf, le frein psychologique à l’acquisiation d’un objet
ayant servi à d’autres (Roux, 2001). Aujourd’hui, alors que ces différentes contraintes semblent
s’effacer peu à peu grâce à internt, d’autres barrières apparaissent avec le web comme médium.
Durif et al. (2014) estiment que les risques les plus significatifs sont ceux liés au site : les
plateformes de vente évaluées d’une part pour leur ergonomie et leur facilité d’utilisation et
d’autre part, pour les services de système de dépôt ou de garantie. Malgré les systèmes de
notations et les descriptions, les transactions sur le web ont été caractérisées par un échange
d’informations inégal (Roux, 2001). Les acheteurs peuvent avoir des réticences à s’engager et
il est donc important pour les plateformes en ligne, de demander un maximum de
renseignements au vendeur quant à la description du produit vendu. Les freins d’affiliation et
d’expression de soi sont également bien présents malgré que le web permette d’acheter loin du
regard des autres.
31
Figure 3. Motivations et freins perçus à l’achat de seconde main en ligne
(récapitulatif)
ACHAT DE SECONDE MAIN
MOTIVATIONS FREINS ÉCONOMIQUE
Conscience du prix Sensibilité au prix
CRITIQUE Distance avec le système traditionnel Enjeux environnementaux et éthiques
RÉCRÉATIONNELLE Originalité Sociabilité Nostalgie
Chasse aux trésors TENDANCE
Désirabilité sociale
SÉCURITAIRE Hygiène, transfert négatif
UTILITAIRE Rapport qualité/prix
Efficience HÉDONISTE
Plaisir EXPRESSION DE SOI
Possession Extension de soi AFFILIATION
Jugement d’autrui
ACHAT DE SECONDE MAIN EN LIGNE ou intention d’achat
MOTIVATIONS FREINS FONCTIONNELLE Facilité d’utilisation
Utilité Variété de choix Prix compétitifs
Mobilité HÉDONISTE
Sociabilité choisie Plaisir immédiat
Discrétion Influence sociale
ÉCONOMIQUE ET SÉCURITAIRE Données personnelles en jeu
Confiance produit/site D’USAGE ET DE CIRCUIT
Perte de temps Inconfort
Choix trop vaste PERSONNEL
Données sociodémographiques Échelle personnelle des valeurs
Informations disponibles
ACHAT EN LIGNE
32
5. LE CAS DE VESTIAIRE COLLECTIVE Vestiaire Collective est un acteur de la seconde main en ligne. Cette plateforme spécialisée dans
les produits d’occasion de luxe est créée en 2009 – avec comme nom de départ Vestiaire des
Copines – en réponse à l’observation suivante : « Pourquoi tant de pièces de mode de luxe sont-
elles reléguées au fond de nos penderies ? Pourrait-il y avoir un moyen de prolonger leur durée
de vie en les remettant en circulation ? ». Onze ans plus tard, avec plus de 9 millions de membres
(Vanity Fair, 2020), l’entreprise aurait réalisé un chiffre d’affaires de plus de 140 millions
d’euros en 2017 (Fashion Network, 2018). Active dans 90 pays, à travers l’Europe, les USA,
l’Asie et l’Australie, ce sont plus de 60 000 nouveaux articles qui sont soumis par les vendeurs
chaque semaine.
L’une de ses forces – par rapport à d’autres acteurs de la vente d’occasion en ligne – est de se
limiter à une communauté particulière (Dang, 2016) et de créer un marché de niche dont le
marketing est défini par Kotler (2015, 296) de la manière suivante :
Dans le cas où le segment choisi est de petite taille et se caractérise par des besoins tout à fait spécifiques, on parle de marketing de niche. Une niche est attractive si les clients sont prêts à payer un prix plus élevé pour un produit qui répond précisément à leurs attentes, si l’entreprise réduit ses coûts en se spécialisant, et si cette niche offre un potentiel de rentabilité et de croissance.
Dang met en exergue la logique d’appariement à l’oeuvre – c’est-à-dire le fait de mettre en
relation des vendeurs et des acheteurs avec les mêmes intérêts – qui, en l’espèce, est une
appétence pour les produits de luxe. L’approche n’est pas seulement transactionnelle mais aussi
relationnelle, à savoir le fait de faire partie d’une même communauté.
Figure 4. Relation entre les différents segments de Vestiaire Collective
33
La revente de produits de luxe doit néanmoins répondre à certaines conditions, dont celle de
favoriser une confiance entre acheteurs et vendeurs. Dès son lancement, Vestiaire Collective a
mis en place un système de vérification des produits. Chaque produit vendu est ainsi examiné
lors d’un contrôle-qualité physique. L’une des menaces pour la plateforme digitale est, en effet,
la contrefaçon. Elle met donc tout en place pour garantir l’authenticité des produits vendus
mais, cette réduction des risques encourus par l’acheteur et cette certification ont un prix
conséquent : Vestiaire Collective prend effectivement 25% à 30% de commission sur les ventes
(Vanity Fair, 2020). En septembre 2019, le nouveau CEO a assoupli les règles concernant le
processus de vérification, permettant ainsi une réduction de la commission, uniquement pour
les membres les plus fiables.
Une autre force de Vestiaire Collective est d’ordre économique puisqu’il y a régulièrement
d’importantes levées de fonds. Elle compte d’ailleurs parmi ses actionnaires, le géant des
médias, Condé Nast. Vestiaire Collective a réussi à imposer une certaine légitimité et agit
presque comme le secteur de la distribution classique : une offre abondante, une garantie, un
merchandising étudié, une communication ciblée pour les acheteurs et les vendeurs, et une
plateforme très épurée rappelant les codes du luxe, entre image classique et contemporaine,
continuité et changement (Kotler, 2015).
En 2014, le marché mondial des produits de luxe d’occasion pesait 16 milliards d’euros, soit
7,17% du marché global du luxe, dont 3% passent par les ventes en ligne, estime Nebia (2015).
Un engouement qu’Olivier Marcheteau, ex-CEO, explique par le changement de perception de
l’occasion, même dans le luxe : « Nous sommes à la croisée de plusieurs phénomènes :
l'évolution de la consommation de la mode avec la montée en puissance de la fast fashion, la
volonté de créer son propre style en mixant luxe et produits accessibles, et l'agilité qu'offre le
Net » (Nebia, 2015). Les réseaux sociaux ont eux aussi été un catalyseur des produits de luxe,
les valorisant et les rendant encore plus visibles.
34
CHAPITRE II : DESIGN DE RECHERCHE
Ce second chapitre a comme objectif de définir le plan de recherche élaboré pour répondre
à l’hypothèse suivante : quelles sont les motivations et les barrières perçues par les
consommateurs lors d’un achat d’occasion en ligne ? L’ambition du présent travail est
d’observer l’impact de la vente en ligne sur le marché de l’occasion et de déterminer les
manières dont les logiques de ces deux secteurs s’articulent. Dans ce chapitre, nous allons
justifier les différents choix opérés et présenter la construction de la collecte de données.
N’ayant pas eu de cours de Statistiques lors de notre cursus en horaire décalé à HEC-Liège,
nous avons utilisé nos cours de Statistiques descriptives et de Méthodologie de l’enquête, sans
doute moins développés que dans un cursus régulier HEC-Liège, que nous avons suivis dans
notre précédent cursus (Information et communication).
1. MÉTHODOLOGIE
La question de recherche posée ci-avant a été très peu étudiée dans la littérature, à l’exception
des travaux de Durif et al. (2014) mais il convient d’identifier les motivations et les freins les
plus importants à l’achat d’occasion en ligne. Nous avons opté pour une démarche quantitative,
qui permet de dégager une prévalence. Dans une perspective exploratoire, nous aurions pu
choisir de mener des entretiens qualitatifs qui se distinguent par des questions ouvertes exigeant
des réponses relativement longues. Nous pouvons citer l’exemple de question – qu’il aurait été
intéressant de poser – suivant : « le web a-t-il changé votre perception et/ou votre consommation
de produits de seconde main ? ». Cependant, au regard de la situation sanitaire mondiale et dans
un souci de pragmatisme, nous avons opté pour le questionnaire en ligne.
L’une des difficultés des sondages en ligne réside dans « l’incapacité des répondants à pouvoir
déterminer certains aspects de leur propre perception, soit parce qu’ils en sont incapables, soit
parce qu’ils ne le veulent pas » (Malhotra, 2010). Il est vrai qu’en tant que consommateurs,
nous n’analysons pas systématiquement nos motivations et notre comportement. De plus, les
questionnaires en ligne ne permettent pas de développer longuement les réponses. Une méthode
qualitative aurait donné lieu à une autre captation de richesse (Maxwell, 2012) mais nous n’y
avons pas eu recours pour les raisons expliquées ci-avant.
35
Soulignons aussi que les questionnaires, malgré une neutralité apparente, sont souvent orientés
et peuvent influencer considérablement les choix des répondants.
Les réponses avec des choix fixes sont en outre à relativiser car d’autres réponses auraient pu
être envisagées par le répondant. Le questionnaire ne lui donne toutefois pas la possibilité de
s’exprimer en dehors du cadre, notamment à propos de données subjectives (Malhotra, 2010).
Malgré ces difficultés, le questionnaire nous a semblé approprié et reste en tout cas la méthode
la plus amplement répandue (Rindfleisch et al., 2008). Le faire à travers le web est également
un choix efficace surtout au regard du sujet analysé. Le contrôle sur l’échantillon et sur son
environnement demeure toutefois assez bas (Ertz, 2017).
2. HYPOTHÈSES Au vu des différentes motivations et barrières observées dans la revue de littérature, nous avons
pu déterminer les hypothèses suivantes :
H1. Les motivations à l’achat de seconde main influencent positivement les intentions d’achat et l’achat de vêtements d’occasion en ligne. H2. Les freins à l’achat de seconde main influencent négativement les intentions d’achat et l’achat de vêtements d’occasion en ligne. H3. Les motivations à l’achat en ligne influencent positivement les intentions d’achat et l’achat de vêtements d’occasion en ligne. H4. Les freins à l’achat en ligne influencent négativement les intentions d’achat et l’achat de vêtements d’occasion en ligne.
Chacune de ces quatre hypothèses entrainent des sous-catégories propres et des items de choix
que nous avons mis en évidence dans la figure 3. Nous sommes conscients du caractère primaire
des différentes hypothèses.
36
3. QUESTIONNAIRE Il s’agit d’abord de définir le but du questionnaire, à savoir celui d’identifier les motivations et
barrières ayant un impact considérable sur la décision d’achat des consommateurs. En d’autres
termes, il convient de les identifier pour ensuite déterminer l’importance de chacune dans
l’esprit des consommateurs. Il s’agit enfin de sonder l’opinion par rapport à un phénomène qui
se généralise.
Comme expliqué ci-dessus, nous avons opté pour le questionnaire en ligne que nous avons créé
à partir de Google Forms. Son accès est gratuit, l’interface est claire et facile d’utilisation tant
pour nous que pour les répondants. De plus, il est assez aisé par la suite d’analyser les résultats.
Pour l’élaboration des questions, il est important d’utiliser des mots simples afin de s’adresser
au plus grand nombre, de faire attention aux doubles négations et à l’influence de la formulation
des questions sur les réponses obtenues, d’essayer d’être exhaustif dans les possibilités de
réponses, et à défaut, de permettre aux répondants de s’exprimer librement en introduisant une
réponse « Autre ». Cependant, il n’est pas toujours évident de déchiffrer ces dernières réponses
et d’en retirer ensuite un enseignement utile.
Il faut également prêter une attention toute particulière à la manière dont les questions sont
posées, laquelle est déterminante pour les réponses. Il n’est pas possible de poser une question
totalement neutre, celle-ci étant toujours influencée par le niveau de langage : même le sens des
mots les plus simples varie en fonction du contexte et/ou de l’expérience personnelle des
répondants. Cette observation est encore plus vraie pour les entretiens qualitatifs. Dans notre
cas, nous n’avons pas le répondant en face de nous et nous ne disposons pas ou peu de moyens
pour l’influencer, par exemple, au travers de nos réactions.
Nous avons décidé de poser un maximum de questions fermées, à l’exception d’une question
relative aux canaux de distribution utilisés et/ou préférés par les répondants lors d’un achat neuf
ou d’occasion en ligne. Le choix des questions fermées est justifié par le fait que les questions
ouvertes, dans un questionnaire en ligne, restent souvent sans réponse et il est souvent difficile
pour un répondant de répondre de manière succincte à une question qui nécessite un plus long
développement. De plus, les réponses à des questions ouvertes sont plus complexes à traiter de
manière quantitative et à coder par la suite.
37
Nous avons ensuite choisi une échelle de mesure, celle de Likert, utilisée dans de nombreuses
études et pour laquelle une variable suppose un degré d’accord. Le degré d’accord qui nous a
semblé le plus pertinent – pour ne pas donner trop d’amplitude à la possibilité de réponse – est
l’échelle de 1 à 5, où le chiffre 1 correspond à « Pas du tout d’accord » et le 5 à « Tout à fait
d’accord ». Il importe que celle-ci soit impaire pour permettre aux répondants d’être sans avis,
au risque toutefois que cette option neutre soit une réponse refuge.
3.1. Conception du questionnaire
Le questionnaire repris en Annexe I, se compose comme suit : nous avons commencé par une
brève description du sujet de recherche, du cadre dans lequel celui-ci s’inscrivait ainsi que d’une
présentation du questionnaire, notamment quant à sa durée et à l’anonymat des réponses. Cette
description s’accompagnait également de l’adresse mail de l’ULiège afin de rassurer les
répondants et de leur permettre de nous contacter s’ils rencontraient un problème – ce qui n’a
pas été le cas – et d’un message de remerciement. Le questionnaire comporte 45 questions,
incluant les données socio-démographiques. Pour les motivations à l’achat de seconde main, 12
questions ont été proposées tandis que les freins ont été regroupés en 8 items. En ce qui concerne
les motivations à l’achat en ligne, nous en avons sélectionné 9 et pour les freins, nous en avons
retenu 8 sous forme de questions. Nous avons également posé 4 questions générales sur l’achat
de seconde main en/hors ligne et sur les canaux de préférence.
3.2. Pré-test
Le questionnaire terminé et les différentes motivations et freins triés, nous avons procédé à un
pré-test auprès de 10 personnes. Il est fondamental de réaliser une phase de test afin de s’assurer
que toutes les questions soient claires et compréhensibles. C’est une manière d’évaluer la
difficulté du questionnaire, de vérifier comment les formulations des différentes questions
passent auprès des répondants, et ensuite de les corriger et/ou de les améliorer en conséquence.
Lors de ce pré-test, plusieurs incompréhensions ou demandes de précisions ont été formulées.
Quelques fautes de syntaxe ont également été corrigées. Par ailleurs, nous voulions commencer
par une question d’ordre général (savoir si les personnes avaient déjà effectué un achat
d’occasion que ce soit en ou hors ligne), mais cela s’est avéré non pertinent étant donné l’intitulé
du questionnaire « SECONDE MAIN EN LIGNE ». Nous avons donc supprimé cette question
pour la remplacer par une question supplémentaire sur la seconde main hors ligne, à la fin du
questionnaire.
38
Les 10 premiers répondants ont également relevé qu’il serait judicieux de prévoir des exemples
pour les différents canaux de distribution en ligne – que nous avions d’abord catégorisés par
« plateformes généralistes », « sites marchands de vêtements de seconde main », « applications
dédiées », « applications spécialisées avec authentification », « réseaux sociaux » – et pour les
choix de réponses « je n’achète pas en ligne » ou « je n’achète pas de vêtements/accessoires de
seconde main, ni en ligne, ni hors ligne ». Dans un souci de clarté, nous avons donc sélectionné
et intégré les exemples les plus communs et représentatifs (exemple : « applications dédiées ;
Vinted, Videdressing, Depop, United Wardrobe »). Il nous a également été conseillé d’intégrer
une catégorie « Autre » mais il s’avère que celle-ci n’a guère été utilisée par les répondants et
les réponses trop peu détaillées pour être signifiantes.
L’une des motivations à l’achat, que nous n’avions pas intégrée dans le questionnaire dans un
premier temps, était également la marque ; certains consommateurs se tournent vers la seconde
main uniquement pour acheter des vêtements de marques, plus chers et donc moins accessibles,
surtout lorsqu’ils sont neufs. Cette question peut toutefois être liée à la « chasse aux trésors ».
Aussi, certaines questions étaient aussi parfois trop déterminées et présupposées comme « Je
n’achète pas de seconde main, parce que je ne trouve pas que ce soit hygiénique », ce qui est à
éviter. Celles-ci ont dès lors été modifiées pour une meilleure analyse (exemple :
« Personnellement, je trouve que les vêtements et/ou accessoires d'occasion ne sont pas
hygiéniques »). Les questions posées ont également été fractionnées par section, pour une plus
grande lisibilité du répondant.
Il est arrivé que certains répondants aient parfois l’impression de donner des réponses
contradictoires comme, par exemple, lorsqu’ils affirment acheter en ligne pour trouver une
pièce moins chère, et bénéficier d’un cadre de confiance et d’authentification (sur Vestiaire
Collective notamment) et dans le même temps, lorsqu’ils disent avoir peur des arnaques quand
ils achètent sur une autre plateforme de vente d’occasion. Cela peut bien sûr induire un biais
motivationnel d’engagement, le répondant ayant envie de rester cohérent dans ses réponses.
Cependant, le ressenti ne suivant pas une logique dichotomique, nous avons maintenu les
questions en laissant les répondants suivre leur instinct et nuancer leurs avis grâce aux degrés
d’accord de l’échelle de Likert.
39
Une personne nous a également parlé de l’intérêt d’intégrer la perspective des vendeurs, mais
nous avons dû délimiter les contours de ce travail, raison pour laquelle nous n’avons pas relevé
cette remarque.
Une des difficultés de la collecte de données est que les répondants sont souvent des
représentants d’une opinion qui parfois les dépasse. Nous avons également eu plusieurs retours
tels que : « Je n’avais jamais pensé à telle ou telle motivation d’achat mais c’est vrai que ça fait
partie de ma prise de décision ! Je n’en avais pas conscience ». Enfin, nous avons reformulé les
préférences relatives à l’achat en ou hors ligne.
Au niveau des données socio-démographiques, la réponse « Autre » à la question du genre a
été ajoutée dans un souci d’inclusion. Au départ, nous avions fait le choix de proposer aux
répondants de donner leur âge, mais il a semblé plus lisible pour l’analyse de les classer par
tranche d’âge. Ensuite, concernant les niveaux d’éducation, un des répondants a souligné qu’il
était peut-être plus approprié de formuler « bachelier » et « master » par « équivalent bachelier »
et « équivalent master » afin de n’exclure aucune possibilité et d’être plus précis encore que si
nous nous étions limités aux « études supérieures ».
4. ÉCHANTILLON Sélectionner un échantillon représentatif demande quelques précisions préalables. Il est
impossible d’étudier l’ensemble de la population, qui est ici sans attribut déterminé ; puisque
nous interrogeons autant les personnes qui consomment des vêtements d’occasion que celles
qui n’en consomment pas. L’échantillonnage dépend de la précision souhaitée quant aux
résultats et au degré de certitude – c’est-à-dire le risque de se tromper – que l’on veut intégrer.
Pour récolter cette opinion sur le marché d’occasion, nous avons retenu une méthode
communément utilisée – c’est-à-dire un questionnaire ouvert à tous – mais qui n’est pas
totalement aléatoire puisque celui-ci a été posté sur notre page personnelle Facebook, et que
nos contacts l’ont partagé ensuite à leur cercle d’amis respectif. Il s’agit d’un échantillon
empirique dans la mesure où tout le monde n’a pas la même probabilité d’être interrogé et il
faut en outre garder à l’esprit que ceux qui ne répondent pas, sont souvent différents de ceux
qui répondent. L’objectif est d’obtenir un échantillon le plus représentatif de la population pour
la refléter au mieux.
40
5. TRAITEMENT DES DONNEÉS Nous avons choisi d’analyser nos données à l’aide de tableaux croisés afin de mettre en relation
l’achat ou non de seconde main avec les différentes motivations et barrières perçues. Le logiciel
SPSS en version gratuite d’IBM a été utilisé. Nous sommes bien conscients que des tableaux
de corrélation auraient été plus significatifs mais notre manque de connaissances du logiciel ne
nous l’a pas permis. Nous utiliserons également les différents graphiques générés par Google
Forms lors du traitement des réponses.
6. LIMITATIONS DE LA COLLECTE DE DONNÉES La collecte de données implique des biais motivationnels et cognitifs. Les biais cognitifs sont
relatifs au cadre de référence que chaque répondant va utiliser. Les biais motivationnels eux,
sont surtout liés au désir de voir les choses sous un certain angle. Parmi les biais cognitifs, le
biais de positivité est envisagé, à savoir qu’il est toujours plus facile de répondre « oui » plutôt
que « non » lorsqu’une question est posée. Parmi les biais motivationnels, nous pouvons
envisager le biais de désirabilité sociale ; le répondant cherchera spontanément à renvoyer une
image positive de lui-même et va identifier les comportements valorisants et moins valorisants.
Ainsi, les comportements valorisés seront sur-évalués tandis que les comportements dévalorisés
seront sous-évalués. Nous avons conscience des nombreuses limites de notre questionnaire
mais nous avons tenté de l’analyser au mieux avec les outils à notre disposition.
41
42
CHAPITRE III : RÉSULTATS
Les données ont été recoltées durant cet été. Nous allons procéder à la présentation des
résultats obtenus pour un échantillon de 153 participants (n=153) à l’aide des statistiques
descriptives et de tableaux croisés entre les différents items.
Comme attendu et observé dans les différents travaux scientifiques de la revue de littérature
(Chapitre I) mais aussi dans les sondages commerciaux, notre échantillon est composé de plus
de femmes que d’hommes, avec des tranches d’âge qui ne sont pas représentatives de la
population, ce qui peut sans doute s’expliquer par le type de partage du lien du présent
questionnaire et par le canal utilisé, à savoir le réseau social Facebook.
1. STATISTIQUES DESCRIPTIVES
1.1. Variables générales
Dans un premier temps, il est intéressant de remarquer que notre échantillon est composé de
plus de 73,9% d’acheteurs de seconde main en ligne. Un chiffre beaucoup plus important que
celui présenté dans notre introduction, qui avait été réalisé en 2017, auprès de 2000 Belges,
par le bureau d’études iVox, à la demande de plusieurs acteurs du secteur.
43
Le pourcentage d’acheteurs de seconde main est encore plus élevé lorsque nous ne prenons pas
en compte la variable de l’achat en ligne. Nous pouvons donc supposer que les personnes qui
achètent d’occasion en ligne sont également des amateurs de seconde main hors ligne.
En effectuant un tableau dynamique en fréquence et en valeur relative via le logiciel de
statistiques SSPS, nous constatons qu’en effet, les acheteurs de seconde main sont présents en
ligne et hors ligne. Seulement 20 répondants n’ont jamais utilisé que le web pour acheter
d’occasion. Nous pouvons constater, qu’en quelques années, le web a fait des adeptes de la
seconde main en ligne.
1. Tableau croisé EN LIGNE * HORS LIGNE
HORS LIGNE TOTAL NON OUI
EN NON 13 (8,5%) 27 (17,6%) 40 (26,1%) LIGNE OUI 20 (13%) 93 (60,8%) 113 (73,9%)
33 (21,6%) 120 (78,4%) 153 (100%)
44
Dans les plus jeunes catégories, nous relevons une tendance plus importante à l’achat de
seconde main en ligne. Celle-ci s’inverse à partir de la tranche d’âge 46-55 ans.
2. Tableau croisé EN LIGNE * AGE
AGE
< 18 ans
18-25 ans
26-35 ans
36-45 ans
46-55 ans
56-65 ans
66-75 ans
TOTAL
EN NON 0 19 11 1 3 4 2 40 LIGNE OUI 3 59 41 4 2 3 1 113 TOTAL 153
1.2. Canaux privilégiés
Nous avons pu observer parmi les réponses à la question « Lorsque vous achetez des vêtements
et/ou accessoires de seconde main en ligne, quels canaux priviligiez-vous ? » que les réseaux
sociaux et les applications dédiées aux vêtements et/ou accessoires de seconde main étaient les
plus utilisés. Les applications de type Vinted, Videdressing, United Wardrobe, Depop, etc.
sont le canal de distribution le plus apprécié. Ledit canal est utilisé par plus de 50% (78 choix
– 51%) des répondants et concerne principalement les tranches d’âge de 18 à 25 ans et de 26
à 35 ans, tandis que les réseaux sociaux sont utilisés par 46% de l’échantillon. Les
plateformes généralistes, précurseurs dans le domaine de la seconde main en ligne, sont le
canal de préférence de 23% des répondants. Seul 3% utilisent les applications où une
expertise est effectuée, concernant le plus souvent les produits de luxe. Les sites de
vêtements de seconde main concernent, quant à eux, seulement 4% de notre échantillon.
Figure 5. Canaux privilégiés lors de l’achat de seconde main en ligne (en fréquence)
45
Nous n’avons pas limité les choix de réponses concernant les canaux privilégiés, ce qui ne
nous a pas permis de délimiter avec précision la filière la plus appréciée. Cependant, nous
remarquons que la combinaison des canaux qui revient le plus fréquemment est celle des
réseaux sociaux et des applications. Dans un souci de visibilité de la figure, nous avons
nettoyé le fichier excel des données et retiré les différentes descriptions qui figuraient sur le
questionnaire.
Il est apparu que les personnes qui préféraient acheter des vêtements de seconde main en
ligne, étaient également celles qui utilisaient les applications mais sans grande signification
dans les écarts. Nous n’avons donc pas relevé cet élément puisque la plus grande majorité
n’avait pas de préférence, comme nous pouvons le voir ci-après.
1.3. Achat de seconde main en et hors ligne
La majorité des répondants n’a aucune préférence quant au fait d’acheter en ligne ou hors ligne.
31,4% préfèrent d’ailleurs acheter dans des brick-and-mortar ou des canaux informels.
Seulement 13,8% préfèrent acheter de la seconde main en ligne.
Figure 6. Préférence de canal d’achat de seconde main (n=153)
46
1.4. Variables socio-démographiques
En décortiquant les résultats, nous remarquons que la représentativité en âge de la population
n’est pas respectée. Il y a en effet une très grande majorité des tranches d’âge « jeunes » et très
peu de répondants de plus de 35 ans. Plus de la moitié des répondants est âgée de 18-25 ans.
Nous constatons également que la plupart de nos répondants sont des femmes, comme cela
avait été le cas pour les travaux scientifiques recensés (Babin et al., 1994 ; Parker & Wang,
2016) dans notre revue de littérature.
47
En ce qui concerne le niveau d’éducation, les valeurs les plus importantes sont les équivalences
bachelier et master, ce qui s’explique vraisemblablement par le milieu étudiant dans lequel nous
évoluons.
1.5. Motivations et barrières perçues à l’achat de seconde main en ligne
En examinant les résultats obtenus par Google Forms et les moyennes obtenues dans SPSS (en
Annexe II), nous pouvons dresser les constats suivants : le prix est toujours la motivation
première à l’achat de seconde main - avec un pourcentage cumulé de plus de 70% - même en
ligne.
La dimension critique qui comportait la prise de distance par rapport au système traditionnel et
la conscience environnementale et éthique est également dans une tendance haute. La
dimension hédoniste, le besoin de sociabilité et la nostalgie sont par contre totalement passés à
la trappe dans l’achat de seconde main en ligne. Quant à la tendance et à l’originalité, elles ne
font pas non plus l’unanimité et ne concernent qu’un degré d’accord de 30% parmi les
répondants.
Le frein utilitaire – c’est-à-dire la crainte du temps et de l’énergie dépensés – serait moindre
dans l’achat de seconde main en ligne. Plus de la moitié des répondants ne trouve pas que cela
demande trop d’investissement. Le frein sécuritaire de l’hygiène est par contre totalement nié,
puisque plus de 70% sont en désaccord avec l’affirmation « Personnellement, je trouve que les
vêtements et/ou accessoires d'occasion ne sont pas hygiéniques ». A l’instar du frein lié à
l’hygiène, le frein hédoniste semble disparaître puisque les répondants sont plus de 68% à
penser que les vêtements et/ou accessoires de seconde main procurent autant de plaisir que leurs
48
semblables neufs. Le frein d’expression de soi s’estompe également ; plus de 67% des
répondants estiment qu’il est tout à fait possible d’exprimer son style avec des produits de
seconde main. Il en va de la même tendance pour les dimensions d’affiliation ; les produits
d’occasion ne sont pas perçus comme démodés (85%) et ne sont plus associés à des personnes
à faibles revenus (83%) ou à une mauvaise image sociale que les consommateurs de seconde
main pourraient renvoyer (88,3%).
Les motivations et les freins perçus à l’achat de seconde main d’abord, puis superposés à l’achat
de seconde main en ligne, ont par conséquent, évolué de manière considérable. Les tendances,
à travers le prisme de l’achat en ligne, ne sont pas aussi marquées que pour les motivations et
les freins perçus lors de l’achat de seconde main « traditionnel ».
Par ailleurs, la discrétion n’est pas une variable approuvée mais par contre le média a son
importance pour le plaisir qu’il procure (46%), et son caractère « mobile » – partout et n’importe
quand – est également accepté par 73% des répondants. Le plaisir immédiat de l’achat en ligne
n’a pas de tendance. En revanche, l’offre plus vaste est acceptée par 58,9% des répondants. Le
risque perçu de la frustration si le vêtement et/ou accessoire ne ressemble pas au produit
commandé et le besoin de toucher et d’essayer le vêtement est accepté par 45,1% des
répondants.
Il n’y a pas de tendance pour la réduction des contacts sociaux ; nous imaginons que cela dépend
du caractère de la personne (si celle-ci est intro-, extro- ou extravertie). Les contacts sociaux ne
sont donc peut-être pas réduits mais comme dit précédemment, l’impression de faire partie
d’une communauté n’est pas déterminant.
Le caractère compliqué de l’achat en ligne est également refusé à hauteur de 70%. Enfin, le
manque de confiance dans les plateformes de vente et dans les vendeurs suivent toutes les deux
la même tendance négative.
49
50
CHAPITRE IV : DISCUSSION
Au regard de ces observations, nous pouvons confirmer toutes nos hypothèses, même si
nous sommes conscients de leur portée limitée et de leur fiabilité fragile en raison du manque
de représentativité de l’échantillon. Elles peuvent tout de même être nuancées et mises en
perspective avec différentes considérations.
En ce qui concerne les motivations, nous pouvons relever que le prix est toujours le motif le
plus convaincant de l’achat de seconde main en ligne. Quand bien même des frais de livraison
s’y appliquent (Jain & Kulhar, 2019), ceux-ci ne réfrènent pas l’acheteur dans sa démarche.
La seconde motivation de l’achat d’occasion en ligne est le caractère « mobile » de celui-ci, ce
que Parker & Wang (2016) appellent l’avantage d’être on-the-move. En effet, la majorité de
nos répondants ont exprimé leur préférence pour les applications ; celles-ci sont pensées pour
pouvoir être consultées partout et tout le temps – au restaurant, au milieu de la nuit, dans le bus,
au lit avant d’aller se coucher, en marchant dans la rue et même aux toilettes – et fonctionnent
comme les réseaux sociaux où les utilisateurs peuvent demander plus d’informations, ajouter
des pièces dans leurs favoris et/ou encore acheter une combinaison de ski pour leurs prochaines
vacances. Cette motivation inhérente à l’achat en ligne dépend principalement de l’utilisation
d’un média – ordinateur et/ou smartphone – et de la dimension hédoniste à laquelle il renvoie.
De même, le choix de vêtements disponibles sur les sites ou les applications est très varié et
c’est la troisième raison pour laquelle les utilisateurs ont recours à ce circuit digital de
distribution.
Ensuite, l’éloignement pris par rapport au système et la conscience des enjeux
environnementaux et éthiques ont également des valeurs élevées. Healy & Dovel (1975)
remarquaient déjà que les jeunes étaient plus friands de seconde main, d’abord en raison des
contraintes budgétaires mais aussi suite au développement de l’esprit de contestation, un brin
rebelle de la jeunesse. Ladhari et al. (2019) remarquent d’ailleurs que la génération Y (c’est-à-
dire les individus aujourd’hui âgés de 20 à 38 ans) ne consomme plus de manière classique et
linéaire ; ils tendent à être des précurseurs et à ne pas hésiter à se tourner vers des canaux moins
conventionnels. Ces jeunes sont également sensibles à l’influence sociale mais d’une manière
qui semble, pour l’achat de seconde main en ligne en tout cas, assez positive.
51
Les résultats de notre questionnaire ont, en effet, mis en évidence la disparition progressive du
frein d’affiliation. Les répondants n’avaient pas vraiment peur de l’image qu’ils pouvaient
renvoyer en affirmant acheter en seconde main et déclaraient en outre ne pas considérer l’achat
de seconde main comme une affaire réservée uniquement aux personnes avec de faibles
revenus. Acheter d’occasion n’est plus perçu comme un « marqueur de pauvreté » (Gregson &
Crewe, 2003).
Bezançon (2013), à travers une série d’entretiens qualitatifs sur les risques perçus lors de l’achat
d’occasion en ligne, avait mis en lumière la « contagion positive », ce qui signifie que nous
allons être plus à même d’acheter un vêtement et/ou un accessoire si nous aimons l’essence
et/ou le style de la personne qui le porte. Malgré l’absence de contacts physiques et le fait de
ne voir les vêtements qu’en photo, le caractère tendance et de style est considérable pour la
vente en ligne. L’originalité se maintient comme une motivation à valeur positive dans le circuit
en ligne.
A l’instar de Durif et al. (2014), nous constatons dans nos résultats que la nostalgie n’est pas
vraiment un critère décisif dans l’acte d’achat de seconde main en ligne. Durif et al. (2014)
expliquent que ce désintérêt est d’autant plus exacerbé pour la génération Y (dont notre
échantillon est largement constitué) et que cela tend « à montrer que les plateformes Web
n’offrent pas encore les attraits nécessaires pour attirer les acheteurs de type nostalgique »
(2014, 13). Cependant, là où nos résultats diffèrent, c’est au niveau de la dimension sociale qui,
dans notre cas, a peu ou pas d’importance. Faire partie d’une communauté et discuter avec ses
pairs ne serait pas tant une motivation d’achat primordiale. Nous pouvons faire le même constat
concernant la discrétion que permet le circuit digital. La qualité des produits, même si Ladhari
et al. (2019) estiment que la génération Y y est moins sensible que les générations précédentes,
reste une variable positive.
Parmi les motivations les plus significatives, l’achat d’occasion en ligne serait donc d’abord
encouragé par le prix, ensuite par le caractère mobile et la facilité d’utilisation du circuit de
distribution et enfin, par une prise de distance avec le marché traditionnel de masse et l’envie
de consommer responsable, dans une plus grande conscience des enjeux environnementaux et
éthiques.
52
Concernant les freins de l’achat de seconde main en ligne, le plus prédominant est la peur de la
déception, dans la mesure où il n’y a pas de moyen de toucher ou d’essayer le vêtement au
préalable. La difficulté d’effectuer un retour est également l’une des raisons pour laquelle les
consommateurs hésitent à acheter de seconde main sur le web.
La qualité reste également une importante barrière. Il existe, comme le souligne Bezançon
(2013, 3), une asymétrie de l’information : « les vendeurs de produits d’occasion connaissent
mieux la qualité de leurs biens que les acheteurs, qui n’ont pas les moyens de vérifier cette
qualité. » Cette asymétrie de l’infomation peut mener à une déception lors de la réception du
produit acheté.
Alors que les freins inhérents à l’achat en ligne prennent de l’ampleur, ceux relatifs à la seconde
main traditionnelle – c’est-à-dire le frein sécuritaire lié à l’hygiène, la peur du jugement d’autrui
et le déplaisir d’acheter d’occasion – semblent s’effacer peu à peu. Les vêtements d’occasion
ne semblent plus associés à « la maladie, la mort et le malheur social » comme le décrivaient
Roux & Korchia (2006, 33). La disparition graduelle du frein hédoniste peut trouver sa cause
dans les efforts mis en œuvre par les plateformes digitales afin d’assurer aux acheteurs une
expérience agréable.
Les plateformes digitales jouent également un rôle dans la confiance accordée par les acheteurs
aux vendeurs. En effet, les consommateurs de vêtements de seconde main en ligne estiment
qu’ils ressentent une certaine méfiance vis-à-vis des vendeurs. Les plateformes ont donc dû
mettre en place des garanties afin de gagner la confiance des consommateurs – la licorne Vinted
par exemple, fournit des bordereaux d’envoi, communique sur les différentes étapes du
processus (« commandé, en cours de livraison, livré ») et propose aux acheteurs de valider la
confirmité de l’article à sa réception.
Les plateformes engagent leur responsabilité et occupent la place d’un médiateur en
garantissant aux acheteurs comme aux vendeurs, une certaine sécurité. Il est vrai qu’il est
particulier d’acheter d’une manière consensuelle à des personnes que nous n’avons jamais vues,
par exemple sur 2ème main. C’est encore plus le cas pour l’achat de produits de luxe et pour la
plateforme Vestiaire Collective que nous avons présentée ci-avant.
53
Les freins d’usage et de circuit que nous avions relevés – à savoir l’incommodité et la perte de
temps et d’énergie lors d’un achat en ligne – ne sont pas significatifs, ce qui s’explique sans
doute par le fait que notre échantillon est essentiellemet composé de digital natives. La sécurité,
relative aux données, est essentielle mais ne constitue pas un frein majeur.
54
CONCLUSION
Depuis quelques années, le marché d’occasion connait un nouvel essor notamment grâce
à la digitalisation et à l’apparition, en ligne, d’une nouvelle forme d’échange en C2C. L’internet
se présente comme un véritable accélérateur dans les changements de paradigmes de notre
consommation. La démarche est également favorisée, au delà du seul avantage économique,
par une aspiration écologique et citoyenne au sens large, par la conscience accrue des limites
de notre modèle de consommation ainsi que des enjeux environnementaux et sociaux, et enfin
par l’urgence de la préservation des ressources. Si « l’époque dicte un nouveau discours –
acheter du neuf donne [aujourd’hui] le sentiment de polluer » (Le Monde, 2020), l’achat
d’occasion permet de soigner une angoisse ultra-moderne.
Les motivations et les freins à l’achat de seconde main ont retenu l’intérêt de différents
chercheurs depuis les années 1980 mais très peu les ont étudiés à travers le prisme
technologique. Dans le présent travail, nous avons procédé comme suit : nous avons d’abord
décrit les différentes motivations et barrières à l’œuvre dans l’achat d’occasion, puis dans
l’achat en ligne, pour ensuite en observer leur impact lors d’un achat d’occasion en ligne auprès
de 153 répondants.
Si internet est un canal apprécié par les acheteurs de vêtements de seconde main, il ne remplace
pas les lieux d’échange d’occasion « classiques ». Les consommateurs d’occasion considèrent
les plateformes digitales comme une possibilité supplémentaire, et non comme un circuit unique
voué à remplacer l’ancien. Nous avons tout de même pu remarquer qu’une partie de notre
échantillon (13%) n’avait jamais acheté de vêtements d’occasion avant la possibilité de les
acheter en ligne. La digitalisation a donc permis au marché de l’occasion d’une part, d’avoir
plus de visibilité, notamment au travers des réseaux sociaux – surtout Instagram – où se fabrique
aujourd’hui « l’économie du désir » (Fontanel, 2019) et d’autre part, d’atteindre un public qui
ne lui était pas acquis au départ. Ce principe de circulation d’informations et de produits résulte
vraisemblablement de la logique de partage à l’œuvre pour le web dans sa dimension macro.
Dans les résultats obtenus, nous avons pu observer, qu’à l’heure actuelle, plusieurs barrières et
motivations tendaient à disparaitre lors d’un achat d’occasion en ligne qu’actuellement, comme
les freins d’affiliation et d’expression de soi, à l’instar de certaines motivations hédonistes
comme la nostalgie et le contact social. La motivation économique est, quant à elle, restée la
55
plus prépondérante, tandis que de nouveaux motifs sont apparus avec internet et les objets
connectés, comme la mobilité de l’achat et le plaisir d’être sur ses appareils. Des avantages qui
ne seront pas sans conséquence à l’avenir, puisque Majdouline Sbaï, sociologue spécialisée en
environnement, estime qu’en 2027, « le marché de la fripe sera plus important que celui de la
fast fashion ».
En ce qui concerne les implications managériales, nous avions relevé dans l’Introduction que
de nombreuses enseignes se lançaient dans la revente en et/ou hors ligne de leurs produits. Nous
avions précisé que la connaissance des motivations et des barrières inhérentes à la
consommation de seconde main en ligne leur permettait de mieux cerner les besoins des
consommateurs et de mettre en place des outils visant à atténuer les forces négatives et les
risques perçus par les consommateurs lors d’un achat d’occasion en ligne.
Nous avons également pu poser les constats suivants : la confiance en la plateforme utilisée est
capitale et cela demande un certain engagement de cette dernière pour assurer aux acheteurs un
cadre sécurisant, notamment par le biais de garanties. Aussi, les risques perçus, notamment
d’expression de soi et d’affiliation, semblent être moins présents chez les « Millenials »11 qui
composent la majeure partie de notre échantillon, lesquels sont des consommateurs
enthousiastes à l’idée de consommer d’une manière autre, non conventionelle.
L’originalité de ce présent travail a été d’étudier les motivations et les freins à l’achat de
seconde main en ligne et de les articuler. Cependant, nous devons reconnaitre que nous avons
été, malgré l’ambition de fournir une étude approfondie, confrontés à plusieurs obstacles : nous
aurions voulu procéder à des entretiens qualitatifs, ce qui n’a pu se faire en raison de la crise
sanitaire mondiale. Nous avons, par conséquent, opté pour un questionnaire en ligne mais notre
échantillon n’était sans doute pas une totalement représentatif puisqu’il aurait fallu autant de
consommateurs que de non-consommateurs de seconde main pour obtenir des résultats fiables.
Notre échantillon était, en effet, sur-représenté avec une majorité de consommateurs de seconde
main, une majorité de « jeunes » (jusque 35 ans) et de femmes (ce qui est toutefois souvent le
cas, comme le soulignent Durif et al. (2014), dans ce genre d’études). Face à ce constat, il
pourrait être utile de s’interroger sur le pourcentage actuel de non-consommateurs de seconde
main, au travers d’une étude à plus large échelle.
11 C’est-à-dire des individus âgés de 20 à 38 ans comme défini dans l’Introduction.
56
En outre, nous aurions pu nous limiter à une seule perspective afin de procéder à une analyse
plus ciblée. Par exemple, nous concentrer uniquement sur la perception du marché d’occasion
en ligne par les Millenials et notamment l’impact des applications mobiles. Ces dernières
présentent, en effet, une facilité d’utilisation, qui plus est sur un média auquel les utilisateurs
sont attachés. Les smartphones sont toujours allumés et emmenés presque partout, ils rendent
possible un achat immédiat et sont particulièrement interactifs, notamment grâce à la
géolocalisation, la prise de photos et de vidéos (Kotler, 2015, 707). Si les membres de la
génération Y sont décrits comme individualistes, bien éduqués, technologiquement avertis,
moins crédules et mieux informés que les générations précédentes (Ladhari et al., 2019), il
serait intéressant d’analyser leur perception de la seconde main à travers leur mobile.
Une autre limite du présent travail est le fait qu’aujourd’hui, à l’instar de nombreuses marques
et entreprises qui affichent des valeurs vertes et engagées, il est de bon ton d’acheter de seconde
main afin de réduire le gaspillage et de préserver les ressources. Or, Sempels & Vandercammen
(2017) rappellent que « l’être humain possède cette particularité de ne pas faire tout ce qu’il dit
ou tout ce qu’il a l’intention de faire. (…) Les préoccupations sociales ou environnementales
n’échappent pas à cette règle de base du fonctionnement humain : s’il est commode de s’afficher
en tant que consommateur responsable, il est bien plus délicat d’en être réellement un ». Par
conséquent, nos résultats sont peut-être, comme souligné précédemment, tronqués par un biais
de désirabilité sociale. De plus, la seconde main peut également être un acteur de pollution,
notamment lors des livraisons.
Au niveau des possibles recherches futures, il pourrait être intéressant d’analyser les freins et
les motivations du secteur de la seconde main de luxe, en sélectionnant par exemple
l’application Vestiaire Collective dont nous avons fait une esquisse dans le chapitre I. Dans ce
secteur, ce sont des consommateurs avertis. Les consommateurs de la génération Y, comme le
relève Ladhari, se démarquent des autres par les produits et les marques qu'ils achètent et ont
tendance à éviter les marques de masse, et préfèrent à celles-ci des matériaux plus rares et
nobles, ce qui fait d’eux le plus grand marché potentiel pour les achats de marques de luxe
(Butcher et al., 2017). Tout ceci pourrait être également une raison du succès de Vestiaire
Collective ; afin de posséder une pièce de luxe et de répondre à un besoin de distinction sans se
ruiner, les « jeunes » se tourneraient d’abord vers la seconde main.
57
Il serait aussi pertinent de déterminer les stratégies mises en place afin de minimiser les freins
à l’achat de seconde main en et/ou hors ligne dans une perspective de marketing durable. Le
vêtement utilisé et revendu étant intrinsèquement « unique », il ne s’agirait pas de vendre un
produit mais plutôt de favoriser une démarche, d’encourager un certain comportement plutôt
que de vendre un produit spécifique.
A la manière de Simon Jacquemus, il faudrait rendre désirable des vêtements qui, au départ, ne
le sont pas ou plus. Le créateur avait réussi un coup de maitre en organisant, lors d’un
événement, une vente de ses invendus qu’il avait pour l’occasion rebaptiser ses « archives »
(Fontanel, 2019) : « On les nomme d’habitude de manière plus triviale, parce qu’on a honte de
cette deuxième vie des vêtements lorsqu’ils coûtent soudain beaucoup moins chers… ».
Enfin, une autre approche serait de se focaliser sur une catégorie particulière d’objets ou encore
de s’attacher à comprendre la perspective du vendeur, puisque la seconde main s’inscrit dans
une démarche circulaire où « les conditions de développement sont autant le fait de la demande
que de l’offre » (Roux, 2001, 9).
Le présent travail – sur un des nombreux aspects de la seconde main – nous laisse penser que
le marché d’occasion ouvre encore bien des possibles, riches de sens et de réponses à découvrir.
58
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ANNEXE I : QUESTIONNAIRE
SECONDE MAIN EN LIGNE Cher(e) participant(e), Dans le cadre de mon master à HEC Liège, je réalise une étude sur les motivations et les freins perçus lors de l’achat de vêtements et/d'accessoires d’occasion en ligne. Que vous soyez acheteur ou non, votre avis m’intéresse. Pourrais-je vous demander de répondre le plus sincèrement possible. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses. La durée du questionnaire est de 10 minutes. Les réponses seront anonymes. Je vous remercie pour le temps que vous m’aurez consacré. Léa Renaud - [email protected]
I. Considérations générales
Avez-vous déjà acheté des vêtements et/ou accessoires de seconde main en ligne ?
Oui
Non
Lorsque vous achetez des vêtements et/ou accessoires de seconde main en ligne, quels canaux
privilégiez-vous ?
Plateformes généralistes ; 2ème main, EBay, Troc.com, etc.
Sites de vêtements vintage sélectionnés ; LaFripeFrançaise, 97thVintage, etc.
Applications dédiées ; Vinted, Videdressing, United Wardrobe, Depop, etc.
Applications spécialisées avec authentification ; Vestiaire Collective, StockX, etc.
Réseaux sociaux ; marketplace sur Facebook, vide-dressing sur Instagram, etc.
Je n'achète pas de seconde main en ligne.
Je n'achète pas de vêtements/accessoires de seconde main, ni en ligne, ni hors ligne.
Autre :
67
II. Achat d’occasion en ligne
Dans quelle mesure êtes-vous d'accord avec les affirmations suivantes ?
Acheter des vêtements d’occasion en ligne permet d’avoir un meilleur prix par
rapport à un vêtement neuf. 1-5
Pour moi, l’achat d’occasion en ligne est une manière de prendre des distances par
rapport au système marchand traditionnel. 1-5
Quand je vois un vêtement neuf qui me plait, j’essaie de trouver son équivalent en
seconde main. 1-5
Je pense à l’environnement et à l’éthique lorsque j’achète des vêtements d’occasion. 1-5
Les achats d’occasion en ligne me permettent de trouver des pièces uniques et rares. 1-5
Lorsque j'achète des vêtements et/ou accessoires d'occasion, la marque est un critère
de choix. 1-5
J’apprécie discuter avec des pairs lors de mes achats en ligne et sentir que l'on fait
partie d’une même communauté. 1-5
Quand un vêtement et/ou accessoire dépasse un certain prix dans le circuit du neuf,
je regarde sur le marché de seconde main. 1-5
Pour moi, l’achat de vêtements et/ou accessoires d’occasion répond à une certaine
nostalgie. 1-5
Acheter d’occasion, c’est tendance. 1-5
J'aime pouvoir négocier les prix lorsque j'achète des vêtements et/ou accessoires en
ligne. 1-5
Pour moi, l’achat de vêtements et/ou accessoires d’occasion permet d’avoir un look
original 1-5
68
II. Achat d’occasion en ligne
A nouveau, dans quelle mesure êtes-vous d'accord avec les affirmations suivantes ?
Selon moi, acheter des vêtements et/ou accessoires d'occasion en ligne demande
trop de temps et d'énergie. 1-5
Personnellement, je trouve que les vêtements et/ou accessoires d'occasion ne sont
pas hygiéniques. 1-5
Acheter des vêtements et/ou accessoires d’occasion procure moins de plaisir que
d’acheter du neuf. 1-5
Les vêtements et/ou accessoires d'occasion ne me permettent pas d'exprimer mon
style. 1-5
J’ai peur que les autres aient une mauvaise image de moi si je porte des vêtements
et/ou accessoires de seconde main. 1-5
Je trouve que les vêtements de seconde main sont démodés. 1-5
J’ai peur de la mauvaise qualité des vêtements et/ou accessoires de seconde main. 1-5
Acheter des vêtements d'occasion, c'est habituellement pour des personnes ayant
de faibles revenus. 1-5
69
II. Achat d’occasion en ligne
A nouveau, dans quelle mesure êtes-vous d'accord avec les affirmations suivantes ?
C’est agréable d’acheter en ligne car personne ne me voit. 1-5
J’aime être sur mon ordinateur ou mon smartphone. 1-5
Lorsque j'achète des vêtements et/ou accessoires d'occasion en ligne, j’ai
l’impression d’être en contrôle. 1-5
C'est de plus en plus répandu d'acheter des vêtements et/ou accessoires de seconde
main en ligne. 1-5
Acheter des vêtements et/ou accessoires en ligne est un passe-temps quand je
m'ennuie. 1-5
Je peux le faire partout et n’importe quand. 1-5
Lorsque j'achète des vêtements et/ou accessoires de seconde main en ligne, je réduis
les interactions sociales. 1-5
Acheter des vêtements et/ou accessoires de seconde main en ligne est facile et le
plaisir est immédiat. 1-5
Acheter des vêtements et/ou accessoires de seconde main en ligne offre une très
grande variété de choix. 1-5
70
II. Achat d’occasion en ligne
A nouveau, dans quelle mesure êtes-vous d'accord avec les affirmations suivantes ?
Je n'aime pas acheter des vêtements et/ou accessoires d'occasion en ligne car j’ai
besoin de voir à quoi mon potentiel achat ressemble, de le toucher et de l’essayer. 1-5
Je préfère ne pas acheter en ligne pour des raisons de sécurité ; J'ai peur des
arnaques. 1-5
Je ne préfère pas acheter de vêtements et/ou accessoires en ligne pour des raisons
pratiques ; Je n'ai pas de carte de crédit. 1-5
Selon moi, acheter des vêtements et/ou d'accessoires en ligne est compliqué. 1-5
Lors d'un achat de seconde main en ligne, il est difficile de faire un retour. 1-5
Si vous lisez cette phrase, cochez la case « Pas du tout d'accord ». 1-5
J'ai peur de ne pas recevoir ce que j'attendais et d'être déçu(e). 1-5
Je n'ai pas confiance dans le vendeur. 1-5
Je n'ai pas confiance dans la plateforme de vente. 1-5
71
III. Achat d’occasion en/hors ligne
Avez-vous déjà acheté des vêtements et/ou accessoires de seconde main hors ligne ; dépôt-
vente, vide-dressing, vintage store, brocante, etc. ?
Oui
Non
Je préfère acheter des vêtements et/ou accessoires d'occasion en ligne.
Oui, je préfère acheter des vêtements d'occasion en ligne
Non, je préfère acheter des vêtements d'occasion hors ligne
Je n'ai pas de préférence
Je n'achète pas de vêtements d'occasion en/hors ligne
72
IV. Données personnelles
Vous êtes…
Une femme
Un homme
Autre
Quel âge avez-vous ?
< 18 ans
18-25 ans
26-35 ans
36-45 ans
46-55 ans
56-65 ans
66-75 ans
> 75 ans
Quel est votre niveau d'études ?
Pas de diplôme
Primaire
Secondaire
Equivalent bachelier
Equivalent master
Doctorat
73
ANNEXE II : STATISTIQUES DESCRIPTIVES N Minimum Maximum Moyenne Ecart type Q1 153 1 5 4,03 ,959 Q2 153 1 5 3,55 1,219 Q3 153 1 5 2,22 1,304 Q4 153 1 5 3,58 1,296 Q5 153 1 5 2,99 1,233 Q6 153 1 5 2,56 1,327 Q7 153 1 5 2,08 1,161 Q8 153 1 5 2,93 1,433 Q9 153 1 5 2,25 1,274 Q10 153 1 5 3,09 1,221 Q11 153 1 5 2,80 1,358 Q12 153 1 5 2,79 1,360 Q13 153 1 5 2,54 1,214 Q14 153 1 5 2,01 1,164 Q15 153 1 5 1,99 1,264 Q16 153 1 5 1,57 ,951 Q17 153 1 5 1,46 ,925 Q18 153 1 5 1,67 ,999 Q19 153 1 5 2,59 1,305 Q20 153 1 5 1,61 1,033 Q21 153 1 5 2,48 1,391 Q22 153 1 5 3,31 1,264 Q23 153 1 5 2,41 1,244 Q24 153 1 5 3,99 1,023 Q25 153 1 5 2,65 1,511 Q26 153 1 5 3,98 1,155 Q27 153 1 5 3,10 1,346 Q28 153 1 5 3,00 1,076 Q29 153 1 5 3,65 1,172 Q30 153 1 5 3,32 1,145 Q31 153 1 5 2,58 1,145 Q32 153 1 5 1,97 1,350 Q33 153 1 5 2,03 1,106 Q34 153 1 5 3,58 1,207 Q35 153 1 5 3,48 ,981 Q36 153 1 5 2,65 1,022 Q37 153 1 5 2,37 1,146 N valide (liste) 153