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15 ans de voyages botaniques en Asie

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Page 1: Voyages

1 5 ans d'explorations botaniques

en Asie

Du Moyen-Orient au Japon. . .

Par Cédric Basset

Page 2: Voyages

Explorateur. Un mot qui fait rêver et nous évoque principalement le temps des grandes

découvertes aux 1 8° et 1 9° siècles. I l est vrai qu’à cette époque il s’agissait vraiment

d’explorer des régions qui nous étaient encore inconnues.

Peut-on encore, aujourd’hui, employer ce mot pour une mission en Chine – même dans

une région reculée – avec les réseaux et modes de transports existants ? Le père David,

Franchet, Joseph Rock et tous les autres nous diraient sûrement que non.

Reprenons la définition de ce mot (d’après le petit Larousse) :

Explorateur, trice n. 1 . Personne qui fait un voyage de découverte dans un pays lointain,

une région inconnue. 2. Personne qui se l ivre à des recherches dans un domaine

particul ier.

Si au 1 9° siècle, les explorateurs étaient bien souvent missionnés par des institutions

(Museum d’Histoire Naturel leY ) ou des entreprises (pépinières surtout) pour al ler

découvrir et expédier toutes les nouvelles espèces – végétales ou animales – qu’i ls

trouvaient, le contexte a depuis bien évolué.

Les méthodes de transport tout d’abord avec l’avion qui permet en une dizaine d’heures

d’al ler à l ’autre bout du monde. Puis, sur place, le formidable développement des réseaux

routiers. Oui, mais. Ces réseaux ont amenés avec eux l’urbanisation et le désenclavement

des régions les plus reculées. I l faut donc aujourd’hui al ler plus loin pour trouver une

nature intacte. Là, où justement, i l n’y a pas encore de réseau praticable (en dehors des

réserves naturel les).

I l y a ensuite la science qui a énormément progressée et, si au 1 9° siècle i l suffisait de sortir

de 1 km d’une vil le pour découvrir une foule de nouvelles espèces, i l n’en est plus de même

maintenant. Ceci est également fortement l ié à la progression terrifiante du nombre

d’espèces en voie d’extinction.

I l faut également se soucier des réglementations qui n’existaient pas à l’époque, comme la

CITES, visant à la protection des espèces. On ne peut donc pas faire comme on le veut.

I l est donc nécessaire d’obtenir un tas d’autorisation pour prélever ne serait-ce qu’une

feuil le sur un arbre. I l faut tout de même comprendre les pays qui, durant des décennies,

se sont fait « voler » leur biodiversité avec des retombées financières uniquement pour les

grandes entreprises occidentales.

Les pays interdisent donc bien souvent de toucher à leur nature. La sortie de matériel

(plantes, graines, herbiersY ) n’est bien sûr pas autorisée. La grande peur de la propagation

des virus et maladie en est aussi une des causes.

Aujourd’hui, vous appartenez donc soit à une grande institution qui vous permet de mener

à bien vos recherches, soit vous êtes botanistes indépendant (ou appartenant à une

institution n’ayant pas les moyens techniques et financiers, comme la plupart en France

hélas) et vous devez vous débrouil lez comme vous pouvez.

Et si vous ne pouvez pas prendre des échanti l lons d’herbiers, comment déterminer les

espèces vues (bien souvent les photos ne suffisent pas) et, en cas de découverte d’une

nouvelle espèce, comment la décrire ? Sans échanti l lon, pas de description scientifique

valide.

Tout ceci pose de véritables problèmes à l’explorateur d’aujourd’hui.

ci-contre, l'auteur dans une région désetique du Népal

Page 3: Voyages

Pourquoi explorer encore ?

Malgré les connaissances actuel les, i l reste encore beaucoup d’espèces végétales et

animales à découvrir. Mais les expéditions ne servent pas qu’à ça. En effet, i l y a

énormément d’espèces encore mal connues dont l ’aire de répartition est à clarifier ou dont

les descriptions doivent être complétées (fruits ou bulbe non connu par exemple).

El les permettent également – et ceci est malheureusement de plus en plus nécessaire – de

suivre l ’évolution des populations (cel les en régression surtout) et l ’état de conservation

des biotopes.

Et puis i l y a les situations politiques qui évoluent. Des régions jusqu’alors ouvertes se

ferment, certaines restent encore diffici lement inaccessibles (certains Etats de l’Est de

l ’ Inde, le Myanmar, l ’AfghanistanY ) et d’autres s’ouvrent comme le Laos (où il y a sans

doute de nombreuses plantes à découvrir) et certaines région de l’ouest de la Chine qui

n’étaient pas ouvertes aux étrangers i l y a encore 5 ans.

vallée sauvage dans la région de Baoxing dans le Sichuan, Ouest de la Chine

Amoureux des plantes depuis tout petit, j 'ai travail lé durant 1 5 ans dans de riches collections

botaniques. Ma première expérience professionnelle à la célèbre Bambouseraie d'Anduze dans

les Cévennes a donné le prétexte à un premier voyage botanique en Chine. C'était en 1 999. I l

n'en fal lait pas plus pour contracter le "virus" des voyages botaniques. . . Depuis 1 5 ans, de

nombreux autres voyages ont été réalisés dans plusieurs pays asiatiques. Des mil l iers de

plantes croisées au détour d’un chemin au sommet des Himalayas, dans un parc au Japon, au

sommet d'un volcan au large de la Corée du sud, dans une sombre vallée de Chine, au bord

d'une plage de la Corée, au sommet de la châine montagneuse de Taiwan, dans les steppes

sèches de Turquie, dans les montagnes du Liban ou encore dans une forêt tropicale de

Singapour. . .

Je vous propose ici de découvrir, en textes et en images, l 'ensemble de mes explorations

botaniques. . .

ci-contre, près du village tibétain de

Tagong

Page 4: Voyages

Pour une première mission botanique hors d’Europe, c’est la Chine qui a été choisie et ceci

pour plusieurs raisons.

La première est qu’un des buts était d’y observer les populations naturel les de bambous et

de la végétation associée. L’Asie était donc un choix logique car c’est le continent qui en

compte le plus grand nombre d’espèces.

La deuxième raison est l ’accessibi l ité du pays et la relative facil ité de s’y déplacer.

Plusieurs choix s’offraient alors à nous : Himalaya (NépalY ), Inde, Chine, Japon ou pays

plus tropicaux (Vietnam, MalaisieY ). Le choix final s’est porté sur la Chine pour sa

diversité des climats (tropicaux à montagnards) et sa grande richesse botanique.

En Chine, deux provinces sont célèbres pour leur biodiversité. I l s’agit du Sichuan et du

Yunnan, dans le sud-ouest du pays. Situées à l’est de la chaîne himalayenne, el les offrent

une grande diversité de paysages et de rel iefs, donc de climats et de végétations.

Dans le Sichuan, le cl imat va de subtropical à alpin et même de tropical à alpin pour le

Yunnan. I l faut savoir qu’une bonne partie de ces deux provinces se situaient autrefois en

territoire tibétain.

dans Bangkok. . .

Cette première mission donc, s’est faite dans le Yunnan. Deux régions bien différentes

étaient au programme : le nord-ouest, au cl imat de montagne et l ’extrême sud, à la

frontière avec le Laos, pour la végétation tropicale.

Le départ en avion se fait de Paris pour arriver à Bangkok en Thaïlande puis, le lendemain,

la l iaison Bangkok-Kunming, capitale du Yunnan.

Kunming est une vil le que j’aime beaucoup car si en Chine la plupart des grosses cités sont

invivables et suffocantes à cause de la pollution, Kunming située à 1 800m d’altitude,

bénéficie d’un cl imat particul ièrement agréable. C’est une vil le qui est longtemps restée

tranquil le par rapport au développement pharaonique de ces consoeurs comme Chengdu,

Shanghaï, Hong Kong ou encore Beij ing (Pékin). El le a depuis rattrapé le train en marche

et se métamorphose à vue d’oeil en ne laissant plus aucune trace des vieux quartiers de bois

laqués rouges si typiques qui font le charme de l’ancienne Chine.

Cette destination n’est pas non plus le fruit du hasard car au moment où nous débarquons

se tient une immense foire horticole internationale avec, entre autres, un grand jardin

présentant les nombreux bambous poussant dans le Yunnan.

Page 5: Voyages

C’est donc nos premiers contacts avec la population et la vie chinoise. Nous découvrons la

gastronomie locale et les viei l les boutiques poussiéreuses qui côtoient – pour un temps

compté – les espaces flambant neuf des grandes marques occidentales débitant de la

musique techno.

La halte à Kunming sera courte, juste le temps pour découvrir la vi l le et visiter l ’exposition

horticole, principalement les espaces plantés d’espèces endémiques de Chine. Ce sera pour

nous l ’occasion de voir des plantes rares que l’on ne connaît pas encore dans nos jardins

botaniques.

Aesculus wangii, un marronnier tropical du sud du Yunnan & Machilus pingii

Le jardin de bambous planté des espèces poussant dans le Yunnan est très bien réalisé,

étiqueté et un musée d’objets est ouvert.

Fargesia yuanjiangensis

Page 6: Voyages

Neosinocalamus affinis & Dendrocalamus latiflorus

Chimonocalamus makuanensis, Chimonocalamus pallens & Chimonocalamus longilugulatus

ci-dessous : Fargesia fungosa, Fargesia frigida & Fargesia fractiflexa

Page 7: Voyages

Après cette courte visite, nous commençons notre périple avec la première partie qui nous

emmène au nord-ouest dans les cités célèbres de Dali et Li j iang.

Plusieurs heures de route sont nécessaires pour atteindre la nouvelle vi l le de Dali pour y

trouver une correspondance pour Dali (la viei l le vi l le) située au bord du grand lac Erhai.

Heureusement, les nouvelles autoroutes entre Kunming et la nouvelle vi l le de Dali sont

très correctes.

La viei l le vi l le de Dali est située entre la rive ouest du lac Erhai et les Cang shan (shan en

chinois veut dire montagne). C’est une vil le très paisible qui a conservée ses anciens

remparts. Nous trouvons facilement un hôtel, nous sommes encore dans une région

fréquentée par les touristes occidentaux. Ne voulant pas perdre de temps, nous organisons

rapidement la journée suivante qui devra nous mener dans les montagnes pour une toute

première herborisation en ChineY

La Préfecture Autonome de la Minorité Bai de Dali a une vil le et 1 1 comtés sous sa

juridiction. Dali (comprenant la viei l le vi l le et la nouvelle vi l le de Xiaguan) en est la

capitale. Les principaux sites de la région sont les Montagnes Cangshan, le Lac Erhai, la

Source aux Papil lons, la viei l le vi l le de Dali , la Montagne Jizu (comté de Bingchuan), le

Mont Shibao (comté de Jianchuan) et le Mont Weibao (comté de Weishan).

De tous ces lieux, c'est la vi l le de Dali qui remporte la palme du plus grand nombre de

visiteurs chinois et étrangers. La viei l le vi l le est réputée comme le paradis des routards en

Chine. Certains y restent plusieurs mois voire des années pour étudier la fascinante

culture de la minorité Bai, ou apprendre le Kungfu dans les temples des Monts Cangshan.

La rue "Yangren" (rue des étrangers) au surnom significatif, est située au coeur de la viei l le

vi l le, et c'est le rendez-vous des touristes.

La ville de Dali et le lac vus des montagnes,

tombes sur le flanc des montagnes et

végétation des Cang shan composée de

conifères (Abies delavayi) et de bambous

cespiteux (Fargesia, zones vert clair).

Page 8: Voyages

Dali , vi l le au passé riche, compte de nombreux vestiges historiques, comme les Trois

Pagodes du Temple Chongsheng, symbole de la culture ancienne de Dali , ainsi que les

ruines de la vil le de Tianhe (ancienne capitale du royaume de Nanzhao), la stèle de Dehua,

les ruines de la vil le de Yangjuhu (capitale du royaume de Dali puis nouvelle capitale du

royaume Nanzhao), la stèle commémorative de la conquête du Yunnan par le premier

empereur de la dynastie Yuan, et le Temple Gantong. La vil le est située entre les

Montagnes Cangshan et le Lac Erhai, qui offrent de nombreuses possibi l ités de

promenade. Le "parcours de la ceinture de Jade", sur les Montagnes Cangshan, s'étend sur

plus de 20 kilomètres. La "Foire du Troisième Mois" (du 1 5 au 21 du 3e mois lunaire), le

"Raoshanlin", festival de danses Bai (du 23 au 25 du 4e mois lunaire), et le "Rendez-vous

des Papil lons" (le 1 5 du 4e mois lunaire) sont des rendez-vous à ne pas manquer pour les

visiteurs désireux d'en savoir davantage sur les coutumes des Bai.

Le marbre des Montagnes Cangshan, véritable don de la nature, est certainement l 'un des

plus beaux au monde et constitue donc un souvenir idéal.

Abies delavayi accrochés sur les parois verticales & Rhododendron neriiflorum

Dali est à 370 km de Kunming. Des mini-bus font la l iaison toutes les heures (5 heures de

trajet) depuis les grandes gares routières de la vil le. (les temps de trajet ont dû bien raccourcir

depuis!).

Ne connaissant pas les l ieux, nous cherchons un guide en vil le. Visiblement, la pratique

n’est pas courante puisque non seulement nous ne trouvons pas (ou une personne

demandant un prix pharaonique) mais tous nous disent que ce n’est pas la saison pour voir

des fleurs ! Nous ne sommes pas venus au mois de juin par hasardY

Nous partirons donc seuls. Quand nous nous promenons chez nous dans les Alpes on ne se

perd pas, alors pourquoi on devrait s’égarer ici ?

Les Cang shan sont une chaîne de montagnes bien connue des natural istes. El les abritent

une biodiversité très riche et les plus grands explorateurs des 1 9° & 20° siècles y sont

passés. Si le cl imat au pied des montagnes est tempéré plutôt chaud, les sommets sont

couverts de plantes alpines.

Le début de l’ascension est facil ité par la présence d’un télésiège menant à un temple. I l

nous fait gagner deux bonnes heures de marche et nous permet d’observer les arbres à

hauteur de la canopée.

montagnes sur la route de Kunming à Dali

Page 9: Voyages

Nomocharis pardanthina

Nous commençons donc l’ascension par de la forêt. Une forêt superbe et dense composée

principalement de pins (Pinus yunnanensis) avec, en sous-bois, une multitude de petits

fleurs : Ophiopogon intermedius, un tout petit iris (Iris collettii var.acaulis, Roscoea

parecox, Arisaema consanguineum, les premiers bambous cespiteux (Fargesia).

Une des plus belles surprise de cette première journée fût les Nomocharis pardanthina en

fleurs au mil ieu des bambous. Ce sont des proches cousins des lys.

Roscoea praecox, Iris collettii var.acaulis & Ophiopogon intermedius

Page 10: Voyages

Nous continuons notre ascension. La pente est raide et le solei l cogne dur. Nous sommes

maintenant au-dessus de la forêt et avons une superbe vue sur le lac. Nous trouvons les

premiers rhododendrons dont un grand arbuste à fleurs rouge profond, Rhododendron

neriiflorum. Ce rhododendron est un bel arbuste dont les grandes fleurs en entonnoirs sont

rouge foncé en mai-juin. I l atteint environ 1 .5 à 2.5 m de haut avec un port très ramifié.

Dans la journée, nous passons de 2200 m à environ 3500 m. A cette altitude, nous

commençons à trouver des plantes dites alpines : primevères, orchidées, parisettesY

Ce qui est terrible finalement, c’est que même en partant de très bonne heure le matin,

nous sommes obligés de faire demi-tour pour rentrer dans la vi l le ou le vi l lage où nous

logeons. I l est très diffici le de prévoir un chemin avec différentes étapes successives. Et

vous imaginez bien que l’on n’a jamais envie de se retourner car i l y a sans doute une

plante que nous n’avons pas encore vue dans quelques mètresY et ainsi de suite.

Petits joyaux proches des lys, les Nomocharis sont des plantes bulbeuses dont les fleurs

s'ouvrent presque à plat avec des tépales généralement roses plus ou moins mouchetés. Leur

floraison est spectaculaire et el les font de superbes bulbeuses pour les situations fraîches et

ombragées. Les Nomocharis apprécient les sols ferti les, acides à neutres, frais et bien drainés.

Iris collettii est une petite merveil le pleine de finesse. La plante a de fines feuil les dressées et les

fleurs bleu clair apparaissent au pied de la plante, au niveau du sol. El les mesurent 4 cm et sont

parfumées. La plante atteint entre 5 et 1 5 cm de haut.

Les trajets en Chine ne peuvent – pour un étranger – se faire que par bus ou taxi. I l est à la

rigueur possible par endroit de louer une voiture avec chauffeur pour la journée. Notre

permis de conduire n’est pas valable en Chine. C’est sans doute ceci qui conduit aux plus

grandes frustrations quand on voyage dans ce pays. Imaginez que vous montiez dans un

bus dans une gare routière en pleine vil le. Durant des heures vous roulez en pleine nature

et traversez d’immenses forêts vierges sans pouvoir vous y arrêter. Enfin, le bus vous

poseY en pleine vil le loin des plantes !

Paris polyphylla var.alba & Phaius delavayi, une orchidée terrestre

Page 11: Voyages

Mais revenons à nos montagnes. Nous observons encore un grand nombre d’espèces sur

cette chaîne vraiment très riche. Parmi cel les-ci, une splendide lysimaque, Lysimachia

taliensis. J ’ai ensuite cherché cette plante durant des années chez les pépiniéristes. Mais les

plantes cultivées ne sont pas aussi bel les que celle vue à Dali .

Pêle-mêle, nous observons aussi un grand arbuste de la famil le des rhododendrons

(Ericacées), Lyonia ovalifolia ; Corylopsis yunnanensis ; Rodgersia pinnata (plante de sous-bois

de la famil le des saxifrages) ; une spirée (Spiraea japonica var.acuta) ; Indigofera

balfouriana (famil le des Légumineuses) ; un magnifique mil lepertuis arbustif à grosses

fleurs, Hypericum forrestii ; une petite violette jaune (Viola delavayi) ; une primevère

(Primula moupinensis) ; Deutzia rehderiana ; un autre Arisaema (A.elephas) ; un grand iris

bleu foncé (Iris bulleyana) ; Pedicularis axillaris et P.rex ; une autre orchidée (Chusua

brevicalcarata) ; Rhododendron trichocladum ; un arbuste de la famil le des légumineuses,

Piptanthus nepalensis ; Anemone rivularis ; un l i las (Syringa yunnanensis) ; une sauge

jaune (Salvia bulleyana) & Schisandra neglecta.

Enfin, au sommet, deux conifères peu ordinaires. Un genévrier aux longs rameaux

pendants, Juniperus recurva var.coxii et surtout un sapin aux jeunes cônes violet foncé,

Abies delavayi (ci-dessous).

Lysimachia taliensis est une vivace de 40/80 cm de haut avec

des feuil les souvent colorées de vert-gris à pourpre. En été, la

plante porte de nombreuses inflorescences dressées de fleurs

blanchâtres à roses (ci-contre).

Rodgersia pinnata est une grande et vigoureuse plante de 1 ,2

m de haut pour 1 m de large environ. Ses grandes feuil les

sont composées de fol ioles vert foncé. Ses grandes

inflorescences roses ou blanches apparaissent en été.

Hypericum forrestii est un mil lepertuis arbustif. I l atteint entre

1 et 1 .2 m de haut environ, i l est très ramifié, ses rameaux

sont arqués et portent de petites feuil les vertes devenant

rouges en automne. De juin à septembre, ses grandes fleurs

jaune vif de 5/7 cm de diamètre s’ouvrent le long des

rameaux. Un arbuste très beau qui change des mil lepertuis

couvre-sol très courants et sensibles à la rouil le.

Page 12: Voyages

Rodgersia pinnata & Hypericum forrestii

Iris bulleyana est un iris des prairies alpines de Chine. C’est une très belle plante de 40/70 cm

de haut à la floraison. Ses fleurs sont bleu foncé à violet foncé avec des lignes plus sombres et

des taches blanchâtres ou jaunâtres. I l existe une forme blanche dans le Yunnan.

Rhododendron trichocladum est un arbrisseau de moins de 1 m de haut avec des feuil les

arrondies et ci l iées. En mai-juin, i l porte de larges fleurs jaune pâle.

Iris bulleyana & Rhododendron trichocladum

Syringa yunnanensis atteint 1 .5 à 2 m environ. Ses fleurs rose clair et parfumées apparaissent

en panicules retombantes au mois de juin. I l a de petites feuil les.

Salvia

bulleyana &

Syringa

yunnanensis

Page 13: Voyages

Piptanthus nepalensis & Corylopsis yunnanensis

ci-dessus : Juniperus recurva var.coxii

ci-contre : dans les forêts de pins

Avec l’arrivée de la fin de l ’après-midi, nous devons hélas redescendre. Nous devons

reprendre le même chemin, donc le retour est plus rapide que l’al ler. Nous trouvons tout

de même quelques espèces non vues à la montée.

La soirée à Dali est très agréable, i l est facile de trouver de bons restaurants et i l n’y a pas

tant de touristes que ça.

Demain, nous quitterons déjà les Cang shan pour al ler à quelques heures plus au nord,

dans la région de la superbe et ancienne vil le de Lij iang, autre l ieu hautement touristique

en Chine. Nous irons herboriser dans les Yulong shan situées au nord de la vil le où de

nombreuses surprises nous attendent.

Voici quelques autres plantes vues ce jour.

Les Arisaema sont des plantes avec des tubercules parfois

assez gros qui émettent chaque printemps une nouvelle

pousse pourtant une ou plusieurs feuil les et une inflorescence.

I ls sont de de la famil le de notre arum des bois. J ’aime

beaucoup le genre Arisaema pour ses fleurs étranges et

colorées.

Arisaema consanguineum est une plante très variable pouvant

mesurer 40 cm comme plus de 1 m ! Sa grande feuil le est

composée d’étroites fol ioles parfois fortement marquées de gris

au centre. L’ inflorescence est généralement dans les tons vert

clair à vert foncé en mai-jui l let.

Page 14: Voyages

Hydrangea heteromalla est un grand hortensia.

I l peut atteindre 3 à 4 m de haut ! Les fleurs

apparaissent en fin de printemps et début d’été

sur le bois de l’année précédente en

inflorescences blanches très larges (jusqu’à 30

cm) et parfumées. En fanant, les fleurs virent

souvent au rose.

Les rhodiolas sont des plantes à feuil les

charnues de la famil le des sédums ou orpins.

Rhodiola yunnanensis atteint 30/40 cm de haut

et ne devient pas très large. La floraison a lieu

en juin-jui l let. Ses tiges sont d'abord dressées

puis courbées et portent des feuil les groupées

par 3 en vertici l le tout autour de celles-ci.

Primula moupinensis & Roscoea praecox

de gauche à droite et haut

en bas : Streptolirion

volubile, Arisaema

yunnanense (avec

Tripterygium hypoglaucum),

Indigofera balfouriana,

Deutzia rehderiana

Page 15: Voyages

les montagnes au nord de Lijiang

Quelques heures de bus nous emmènent de Dali à Lij iang. Aux premiers abords, rien ne

distingue Lij iang d’une autre vil le moderne de Chine, c'est-à-dire sans charme. Portant, dès

que la première porte de la viei l le vi l le est franchie, c’est un tout autre monde qui s’offre à

vous. Enfin une ancienne vil le préservée. La viei l le vi l le est entièrement piétonne et i l est fort

appréciable de s’éloigner du vacarme de la circulation de la nouvelle vi l le. El le est constituée

d’une multitude de petites ruel les pavées bordées de boutiques et restaurants. Alors bien

sûr, c’est très très touristique et i l y a énormément de touristes chinois et occidentaux. Mais

le cadre est très agréable et, de tous les endroits de Chine où j’ai pu al ler, je pense que c’est

la vi l le où nous avons pu trouver les hôtels au meil leur rapport qualité/prix. Des chambres

doubles ou triples pour quelques Euros, propres donnant sur une cour intérieure typique.

La région de Lij iang et notamment les montagnes Yulong ne sont pas du tout inconnues.

Cela fait maintenant longtemps que les botanistes les parcourent. Jospeh Rock y a séjourné

lorsqu’i l étudiait la flore du sud-ouest de la Chine entre 1 922 et 1 949 (Paeonia rockii par

exemple lui est dédiée). Durant cette période, i l parcoura le Yunnan, le Sichuan, le sud-ouest

du Gansu et l ’Est du Tibet. La majorité de ses récoltes se trouvent dans l ’herbier Arnold de

l’université de Harvard. I l était instal lé près de Lij iang dans le vil lage de Nguluko et ses

expéditions à Muli , dans les Gongga shan notamment furent relatées dans le National

Geographic.

forêt dans les Yulong shan

Page 16: Voyages

Le lendemain, nous partons donc pour le nord de la vil le. I l faut traverser un long plateau

avant d’accéder aux montagnes. Nous n’irons pas jusque dans les Yulong shan ce jour là

mais nous herboriserons sur les montagnes situées à l’ouest de ce plateau.

La végétation y est très intéressante. Le plateau a beau être très cultivé, on trouve plein de

plantes intéressantes dans les petites bandes d’herbes séparant chaque champ. Par

exemple, de superbes Thalictrum delavayi, Hypecoum leptocarpum (Papavéracées), des

edelweiss, Cynoglossum amabile aux fleurs bleues, Arisaema yunnanense et

consanguineum, Anemone demissa, Silene aprica, Corallodiscus bullatus (Gesnériacées),

Potentilla stolonifera, Hypoxis aurea, Jasminum beesianum (un jasmin à fleurs roses),

Pyracantha rogersiana, Fragaria orientalis (fraisier sauvage), et sur les clôtures, une

magnifique grimpante de la famil le des Asclépiadacées, Dregea sinensis.

Thalictrum delavayi est une espèce qui dépasse allègrement

1 m de haut. En été, ses hautes tiges se couvrent de fleurs

mauves en larges clochettes pendantes. L'ensemble est très

léger et est un vrai régal en été.

Dregea sinensis est une grimpante

évoquant les floraisons des hoyas. Ses

fleurs apparaissent de mai à jui l let en

inflorescences de couleurs variables. El les

sont généralement roses mais peuvent également être blanches ou presque rouges. El les sont

parfumées. Appelé autrefois Watakaka sinensis.

Hypecoum leptocarpum & Hypoxis aurea

Page 17: Voyages

Jasminum beesianum se distingue des autres par ses

fleurs qui sont rose-rouge en mai-juin. C’est une

grimpante à croissance rapide qui atteint 2 à 3 m de haut.

Ses petites feuil les vertes sont caduques ou persistantes

sous climat doux. Malheureusement, ses fleurs ne sont

que très légèrement parfumées. I l n’en reste pas moins

que c’est une belle grimpante pour le jardin qui s’avère de

plus très rustique. A noter que toutes les photos de

plantes préentées ici sont cel les réalisées in situ durant

les voyages.

Cynoglossum amabile est une grande plante

vivace de la famil le du myosotis. El le fleurit en

juin-août et grandes inflorescences portant de

nombreuses fleurs. El le atteint alors entre 50 cm

et 1 m de haut environ.

Corallodiscus bullatus & Silene aprica

Potentilla stolonifera & Pyracantha rogersiana

Page 18: Voyages

Nous attaquons les premières pentes des coll ines. El les sont couvertes d’un petit chêne

persistant et très piquant, Quercus monimotricha. Entre eux, on trouve une ribambelle de

fleurs à commencer par cette très belle petite clématite, Clematis chrysocoma et une

scutel laire (Scutellaria amoena). Mais aussi Indigofera balfouriana, Viola delavayi (une

violette à fleurs jaunes), Geranium yunnanense, Stellaria chamaejasme (une Thyméléacée à

fleurs parfumées), Viburnum betulifolium, Deutzia glomeruliflora, Leptodermis forrestii,

Adonis brevistyla, Thalictrum petaloideum, Corylus yunnanensis (noisetier du Yunnan),

Ligularia veitchiana, Androsace spinulifera.

Quercus minimotricha & Stellera chamaejasme

Viburnum betulifolium

Page 19: Voyages

Scutellaria amoena

Nous entrons dans une petite val lée très étroite. De beaux

exemplaires d’Acer davidii la surplombent. Lyonia ovalifolia, un

arbuste de la famil le des rhododendrons est en fleurs. Sur

la végétation grimpent des clématites (Clematis rehderiana) et

des jasmins (Jasminum polyanthum). D’autres arbustes sont en

fleurs, comme les Desmodium tiliaefolium. Des pins

du Yunnan (Pinus yunnanensis) poussent en bosquets.

D’autres plantes comme Herminium monorchis (orchidée

terrestre), Rhododendron oreotrephes, Viburnum punctatum,

Rosa sweginzowii (rosier à fleurs roses), Paris polyphylla,

Berchemia floribunda (famil le des Rhamnus), un superbe

peuplier (Populus rotundifolia var.duclouxiana), Kolkwitzia

amabilis, Indigofera pendula (un superbe arbuste à longues

inflorescences pendantes ressemblant à une glycine),

Zanthoxylum simulans, Rubus thibetanus (avec ses rameaux

argentés), Leycesteria formosa (l ’arbre aux faisans), un érable

(Acer cappadocicum subsp.sinicum), Spiraea japonica

var.acuta, Tamarix juniperina, un ti l leul (Tilia chinensis) et une

très jol ie orchidée terrestre, Habenaria delavayi.

Lyonia ovalifolia & Jasminum

polyanthum

Page 20: Voyages

Desmodium tiliaefolium est un élégant arbuste à

feuil les composées de 3 fol ioles larges. En été, i l

se couvre de fleurs rose-l i las pâle.

Indigofera pendula (au centre sur la photo ci-dessus) est un grand arbuste qui se couvre tout

l ’été de très longs épis pendants de fleurs roses à la manière des fleurs de glycines. Les épis

peuvent atteindre 30 cm de long. Son port est d’abord érigé puis ses branches sont arquées. I l

peut atteindre entre 2 et 3 m de haut. Vraiment une très belle impression de voir ces beaux

sujets dans leur mil ieu naturel.

Herminium monorchis

Rhododendron oreotrephes

Rosa sweginzowii

Populus rotunda var.duclouxiana

Clematis chrysocoma

Page 21: Voyages

Habenaria delavayi

Une pluie torrentiel le s’abat sur nous et nous oblige à faire

demi-tour. La route qui longe la montagne est déserte et nous

n’avons aucun moyen de renter à Lij iang. Heureusement, un

mini bus de touristes chinois passe par là et s’arrête pour nous

ramener en vil le. Nous sommes trempés et boueux.

La soirée à Lij iang est l ’occasion de flâner dans les boutiques

proposant toutes sortes de souvenirs.

Le lendemain matin, cap sur les Yulong shan ! Comme

beaucoup de montagnes en Chine, cel les-ci sont sacrées et

nous savons que nous devons partir tôt afin d’éviter les hordes

de chinois. Malgré ceci, nous allons nous rendre compte que

les chinois sont vraiment des lève tôt !

Les Yulong shan sont plus connues sous le nom de Montagne du Dragon de Jade.

Le mont du Dragon de Jade, avec une altitude de 5596 m, se situe au nord de l 'ancienne vil le

de Lij iang. C'est un haut l ieu des touristes Chinois. Cette montagne se serait formée lors d’un

phénomène géologique, i l y a 230 mil l ions d’années. Ses 1 3 pics aux sommets enneigés lui

donne la forme d’un dragon. Selon la légende chinoise, aperçevoir les sommets enneigés

porterait bohneur car ces derniers sont la plupart du temps cachés dans les nuages.

Le mont du Dragon de Jade est reconnu pour posséder une très grande variété floristique et

faunistique. On y recnse près de 3200 espèces de plantesLe mont du Dragon de Jade est un

véritable paradis floral pratiquement tout le long de l’année.

Concernant la faune, on ne compte pas moins de 59 espèces animales dont 30 sont rares et

protégées par l ’Etat chinois comme le Daim musqué, le faisan argenté ou encore le singe du

Yunnan.

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Nous ferons une première halte « toi lettes » qui nous permettra d’admirer de grandes

pelouses sèches et cail louteuses couvertes d’énormes fleurs roses, des incarvi l lées

(Incarvillea forrestii). Au loin, on voit des l igulaires avec leurs grands épis jaunes dressés.

Egalement, beaucoup d’euphorbes (Euphorbia stracheyi).

Nous reprenons notre route qui va s’arrêter au pied d’un télésiège qui aboutit dans une

grande prairie alpine. I l y a déjà des mil l iers de chinois faisant la queue pour monter ! ! !

Nous décidons donc de monter à pieds.

Incarvillea forrestii

Nous ne le regretterons pas car cette ascension va nous permettre de voir plusieurs plantes

en fleurs : une primevère jaune (Primula forrestii), un géranium (Geranium yunnanense),

Skimmia laureola, une sauge (Salvia campanulata), un buddleia (Buddleia nivea).

Primula forrestii & Euphorbia stracheyi

Skimmia laureola & Geranium yunnanense

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La montée débouche sur une vaste prairie plate avec un magnifique panorama sur les

hautes montagnes qui l ’entoure. Et nous savons enfin ce qui pousse les chinois à faire des

heures de queue en bas du télésiège. Une photo en costume traditionnel ! ! !

Des heures d’attente pour ne rester qu’un quart d’heure en haut !

La prairie est bordée de forêts moussues très préservées où poussent Roscoea cautleoides,

Arisaema elephas, et où nous ferons connaissance avec notre première sangsue ! Je

déteste ces bestioles. Egalement un aster à grosses fleurs (Aster souliei) et une scutel laire

blanche (Scutellaria lichiangensis).

Roscoea cautleoides est une plante de la famil le

du gingembre de 1 5/35 cm de haut environ

formant des touffes denses portant dans la

deuxième moitié du printemps des fleurs de

couleurs très variables, al lant du blanc au rose en

passant par le jaune et le pourpre.

Aster souliei, Scutellaria lichiangensis & Arisaema elephas

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Au pied du télésiège, i l y a une grande forêt de pins. Le sous-bois nous réservera de belles

surprises. A commencer par 5 espèces de sabots de Vénus ! Tout d’abord, sans doute le

plus spectaculaire, Cypripedium tibeticum, le sabot de Vénus du Tibet à énormes fleurs

roses.

Cypripedium tibeticum est impressionnant. Sans doute l ’espèce avec les plus grosses fleurs.

Celles-ci apparaissent en fin de printemps-début d’été et sont roses à rose très foncé presque

rouges. Les tépales sont parfois fortement marqués de jaune-crème. La plante reste assez

petite, 20/30 cm de haut environ.

Toujours dans cette forêt, un mignon petit iris est en fleurs, Iris collettii ; une véronique vraiment

originale avec ses fleurs de pyrole, Veronica pyroliformis ; un deuxième iris, tout aussi petit, Iris

ruthenica var.nana ; un petit rhododendron, Rhododendron aff.hippophaeoides.

Veronica pyroliformis

Rhododendron aff.hippophaeoides & Iris ruthenica var.nana

Cypripedium flavumLa suiteprochainement...