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à JOURNAL COMMUNAL La vido vidanto à Lorgue lLE MOT DU MAIRE p. 1 lSERICICULTURE La soie. p. 2, 3, 4 lEVENEMENT Bienvenu au père Noël. p. 5 lHISTOIRE Place d’Entrechaux ou d’Entrechaus. p. 6, 7, 8 lCULTURE Les passeurs de livres. p. 9, 10, 11 lPORTRAIT Barthélémy Tornior. p. 12, 13 lART Rob Jullien. p. 13, 14 lHISTOIRE LORGUAISE L’église Collégiale 2. p. 15 lPATRIMOINE Un patron nommé Saint-Ferréol. p. 16, 17 lINVASION Heteroptera Coreidae. p. 18, 19 lREFLEXION Beautés plastique cherchez l’erreur. p. 19 lALERTE La lutte contre le moustique Tigre s’organise - Il est chez nous à Lorgues. p. 20, 21 Le plaisir de lire. p. 22 lDETENTE Le saviez-vous ? La grille d’Antoine. p. 23 Adresses utiles. p. 24 sommaire Vivre à Lorgues Le mot du maire CLAUDE ALEMAGNA a France doit l'existence des « Monuments Historiques » à l'abbé Grégoire (1750/1831) prêtre citoyen et révolutionnaire en lutte contre le vandalisme, la vente des édifices pour finan- cer l'Etat et la Révolution ou effacer les traces de l'ancien régime. Cette figure emblématique de la Révolution française, auteur de l'article premier de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, a créé le concept de protection du patrimoine pour protéger les monuments remarquables et les œuvres d'art. Mais c'est à partir de 1830, avec la création du poste d'inspecteur général des Monuments Historiques, qu'ils seront véritablement protégés. Le Var compte 313 édifices répertoriés à l'inventaire des monuments his- toriques. Les arènes de Fréjus, l'abbaye cistercienne de Le Thoronet, la basilique de Saint-Maximin, l'église Saint-Louis de Hyères et l'église Saint-Pierre-aux-Liens de Six-Fours ont été les six premiers monuments à être classés dans notre département en 1840. A Lorgues nous avons deux monuments classés à l'inventaire des monu- ments historiques : la Collégiale Saint-Martin commencée en 1704, ter- minée en 1729, classée en 1997 et la Chapelle Notre-Dame de Ben Va (XV ème siècle,) classée en 1929. Quatre monuments inscrits : la Fontaine de la Noix située place du Révelin érigée en 1771 classée en 1926 ; le Couvent des Ursulines construit en 1633 - pour ce qu'il en reste - il occu- pait pour grande partie la place de la Bourgade et abrita en 1793 la mai- son d'arrêt révolutionnaire des royalistes favorables aux insurgés de Toulon ; le couvent a été classé en 1948. Enfin, le presbytère et Font Couverte, d'origine cistercienne (XII ème siècle,) classés en 1949. Ces trois derniers sont situés rue de la Bourgade. Le patrimoine est à la fois historique, architectural et culturel. Il est fra- gile, vulnérable et menacé de disparaître si on n'intervient pas pour répa- rer les dommages du temps. La perte serait immense, nous effacerions une part de notre identité et de notre culture. Si les travaux de réfection de la chapelle Ben-Va sont terminés, ceux de la collégiale Saint-Martin et de la porte Tre-Barri le seront très prochaine- ment. Nous engagerons sur le prochain exercice budgétaire des travaux de revalorisation du Beffroi, ancienne tour des remparts du Castrum dotée en 1623 d'une horloge, ainsi que la réfection de la toiture de la chapelle de Saint-Jaume et la réhabilitation de la Fontaine de la Noix en totalité. Depuis plusieurs décennies, les élus municipaux, en véritables gardiens du passé ont toujours défendu ce patrimoine lorguais avec la participa- tion des habitants et des bénévoles réunis en association des Amis de Saint-Ferréol et du Vieux Lorgues. Ils sont tous devenus les témoins et les acteurs de notre Histoire en réalisant des travaux de conservation ce qui a permis de transmettre un héritage culturel et ne pas laisser la place à une société sans repères. L n°130 4 ème trimestre 2016

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  • àJ O U R N A L C O M M U N A L L a v i d o v i d a n t o à L o r g u e

    lLE MOT DU MAIRE p. 1

    lSERICICULTURELa soie. p. 2, 3, 4

    lEVENEMENTBienvenu au père Noël. p.5

    lHISTOIREPlace d’Entrechaux oud’Entrechaus. p. 6, 7, 8

    lCULTURELes passeurs de livres.

    p. 9, 10, 11

    lPORTRAITBarthélémy Tornior. p. 12, 13

    lARTRob Jullien. p.13,14

    lHISTOIRE LORGUAISEL’église Collégiale 2. p. 15

    lPATRIMOINEUn patron nommé Saint-Ferréol. p. 16, 17

    lINVASIONHeteroptera Coreidae.

    p. 18, 19

    lREFLEXIONBeautés plastique cherchezl’erreur. p. 19

    lALERTELa lutte contre le moustiqueTigre s’organise - Il est cheznous à Lorgues. p. 20, 21

    Le plaisir de lire. p. 22

    lDETENTELe saviez-vous ? La grille d’Antoine. p. 23

    Adresses utiles. p. 24

    s omma i r e

    VivreàLorguesLe mot du maireCLAUDE ALEMAGNA

    a France doit l'existence des « Monuments Historiques » àl'abbé Grégoire (1750/1831) prêtre citoyen et révolutionnaireen lutte contre le vandalisme, la vente des édifices pour finan-cer l'Etat et la Révolution ou effacer les traces de l'ancien

    régime. Cette figure emblématique de la Révolution française, auteur del'article premier de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, acréé le concept de protection du patrimoine pour protéger les monumentsremarquables et les œuvres d'art. Mais c'est à partir de 1830, avec lacréation du poste d'inspecteur général des Monuments Historiques, qu'ilsseront véritablement protégés.Le Var compte 313 édifices répertoriés à l'inventaire des monuments his-toriques. Les arènes de Fréjus, l'abbaye cistercienne de Le Thoronet, labasilique de Saint-Maximin, l'église Saint-Louis de Hyères et l'égliseSaint-Pierre-aux-Liens de Six-Fours ont été les six premiers monumentsà être classés dans notre département en 1840.A Lorgues nous avons deux monuments classés à l'inventaire des monu-ments historiques : la Collégiale Saint-Martin commencée en 1704, ter-minée en 1729, classée en 1997 et la Chapelle Notre-Dame de Ben Va(XVème siècle,) classée en 1929. Quatre monuments inscrits : la Fontainede la Noix située place du Révelin érigée en 1771 classée en 1926 ; leCouvent des Ursulines construit en 1633 - pour ce qu'il en reste - il occu-pait pour grande partie la place de la Bourgade et abrita en 1793 la mai-son d'arrêt révolutionnaire des royalistes favorables aux insurgés deToulon ; le couvent a été classé en 1948. Enfin, le presbytère et FontCouverte, d'origine cistercienne (XIIème siècle,) classés en 1949. Ces troisderniers sont situés rue de la Bourgade. Le patrimoine est à la fois historique, architectural et culturel. Il est fra-gile, vulnérable et menacé de disparaître si on n'intervient pas pour répa-rer les dommages du temps. La perte serait immense, nous effacerionsune part de notre identité et de notre culture.Si les travaux de réfection de la chapelle Ben-Va sont terminés, ceux dela collégiale Saint-Martin et de la porte Tre-Barri le seront très prochaine-ment. Nous engagerons sur le prochain exercice budgétaire des travaux derevalorisation du Beffroi, ancienne tour des remparts du Castrum dotéeen 1623 d'une horloge, ainsi que la réfection de la toiture de la chapellede Saint-Jaume et la réhabilitation de la Fontaine de la Noix en totalité. Depuis plusieurs décennies, les élus municipaux, en véritables gardiensdu passé ont toujours défendu ce patrimoine lorguais avec la participa-tion des habitants et des bénévoles réunis en association des Amis deSaint-Ferréol et du Vieux Lorgues. Ils sont tous devenus les témoins etles acteurs de notre Histoire en réalisant des travaux de conservation cequi a permis de transmettre un héritage culturel et ne pas laisser la placeà une société sans repères.

    L

    n°130 4ème trimestre 2016

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    S É R I C I C U L T U R E

    Historique'élevage des vers à soie visant à laproduction du fil de soie est trèsancienne. Elle date de 5000 ans , elleapparaît la première fois en Chine quigarde jalousement le secret de la

    production pendant plusieurs millénaires ; Desfragments de ce tissu ont été retrouvés dansles tombes royales de la dynastie des Changqui régnèrent du 17ème au 11ème siècle avantJésus-Christ. C'est vers 2650 avant J.C. que selon lalégende (relatée par Confucius, dans le livredes Odes) la princesse Si Ling, épouse del'empereur Hoang Ti, élevera des vers à soiedans les domaines impériaux. Elle eut l'idée de les élever dans des bâtimentsspéciaux au lieu de les laisser se nourrir direc-tement sur l'arbre (le mûrier). De même nouslui devons, selon la légende , le dévidage ducocon pour obtenir un long fil, alors que pré-cédemment on utilisait le cocon percé qui étaitcardé. L'élevage des vers à soie, à l'époque, est leprivilège des hauts dignitaires, seuls àemployer ce précieux produit. Pendant desmillénaires le secret de la reproduction de lachenille est jalousement gardé. Il faut atten-dre vers 2300 avant J.C. qu'une princesse chi-noise épouse le roi du Katan (Turkistan) etemporte avec elle ses soieries et son élevagede vers à soie. Ainsi que des plants demûriers, seul ingrédient dont se nourrissentces vers si particuliers.La princesse apprendra aux femmes du Katanla manière d'élever les vers et la technique dudévidage du cocon, puis de son filage et dudévidage de la soie. Seuls les hauts dignitairessont autorisés à porter des vêtements de soie,l'élevage cependant s'étend progressivementà toute l'Asie et au Japon. La route de la soieElle remonte au 1er siècle avant J.C. Son his-

    toire suivra les grands évènements histo-riques. Conquête de la Perse par les Arabes(638), les croisades, l'invasion à nouveau dela Perse par Tamerlan. La croissance de l'em-pire Moghol ; et le voyage de Marco Polo jus-qu'en Chine au 13ème Siècle.La soie était transportée de la Chine vers leMoyen Orient et l'Occident en longues carava-nes. Cette route de 8 000 km est constituéede plusieurs réseaux partant de Xian en Chine.Elle traverse déserts, hautes montagnes, plai-nes et marécages du Haut Pamir versSamarkand, la Perse et l'Irak jusqu'à Istanbuloù les bateaux transportaient les soieries versAthènes, Chypre, Alexandrie, Venise, Gênes,Rome, Marseille. La soie ne représentait qu'une partie du com-merce effectué par cette, route de la soie, ontransportait également : ivoire, or, épices, tex-tiles, métaux et pierres précieuses, corail,armes en bronze. Le cycle de la soieLe bombyx (papillon) se nourrit exclusivementdes feuilles du mûrier. Une fois que les femel-les ont pondu des oeufs, il existe plusieursétapes dans leur évolution :- éclosion - du 1er âge au 5ème âgeEnsuite le ver s'enferme dans un cocon de soiequ'il tisse, puis c'est le filage du cocon (aupa-ravant étuvage des cocons) production de soiegrège, moulinage, tissage, ennoblissement.Il est à noter que le papillon ne se nourrit pas,vit une dizaine de jours, ne vole pas etn'existe pas à l'état sauvage.La soie en FranceJusqu'en l'an 1 000, elle est peu connue. Au15ème Siècle, la France devient grandeconsommatrice dans le milieu des nobles ethauts dignitaires. Face aux dépenses mineuresde l'importation de soieries étrangères, leroyaume prend une série de mesures desti-nées à favoriser la production en France. Lyondevient capitale de la soie. Henri IV assisté

    Vivre àLorgues

    LL

    Cantas, cantas, magnanarelloQue la culido es cantarello !

    Galant soun li magnan e s'endormon di tres :Lis amourié soun plen de fihoQue lou bèu tèms escarrabiho,Coume un vòu de bloundis abiho

    Que raubon sa melico i roumanin dóu gres

    F. Mistral Mirèio-Cant Segound

    La soiesoie

  • Vivre àLorguesd'Olivier de Serres, illustre agronome,Seigneur de Pradel en Ardèche, s'engage dansl'extension de cette industrie et ordonne lacréation dans chaque paroisse d'une mûraie etd'une magnanerie, lieu d'élevage des vers àsoie, appelé " magnan " en provençal : ce quiviendrait du vénitien " magnar " qui veut man-ger. 20000 mûriers sont plantés dans les jar-dins royaux (les Tuileries à Paris). La sériciculture se développe dans le sud de laFrance : dans le Languedoc et les Cévennesainsi qu'en Provence et surtout dans le Var,quelques siècles plus tard. La production s'intensifie pour atteindre en1853 : 26000 tonnes de cocons.Malheureusement une épidémie, la pébrine,décime les vers et les cocons et l'on com-mence à arracher les mûriers.Les travaux de Pasteur entre 1865 et 1870permettent d'enrayer ce fléau par la voied'une nouvelle forme d'éducation pour les versà soie et les graines (œufs). La sériciculturefut divisée en deux parties distinctes :- Elevage des vers à soie : l'éducation.- La production des graines : reproduction desvers et sélection de celles-ci destinées auxéleveurs. La sériciculture à Lorgues durant la belle époqueCet élevage est important à Lorgues avant laseconde guerre mondiale et durant le 19èmeSiècle. Le lieu où sont éduqués les vers à soieest la magnanerie et les ouvriers et ouvrièressont appelés magnaniers et magnanarelles. Ilssurveillent l'évolution des vers à soie jusqu'àla production des cocons. La production de graines et la sélection de cesdernières vont dominer dans les ateliers deLorgues. Après étuvage, le cocon sera dévidé, donnantla soie grège ou sauvage, ensuite il sera ouvréou mouliné puis teint et tissé.Au début du 19ème Siècle, il existait une demi-

    douzaine d'ateliers de grainage permettant à450 éleveurs de travailler chaque année plu-sieurs kg d'œufs produisant jusqu'à 28000 kgde cocons.Les conditions climatiques, la qualité de lafeuille du mûrier et les bons soins dispenséspar les éleveurs étaient appréciés. Les nombreuses unités familiales (éducations)étaient un atout car le sériciculteur graineurne pouvait élever lui même tous les versnécessaires à la production de cocons dont ilavait besoin. Une pièce du domicile familialétait consacrée, pour quelques mois, à cetteactivité assurée par une femme au foyer, cequi lui permettait une source de revenu sup-plémentaire. Il existait plusieurs centaines depetites unités au début du 19ème siècle. Legraineur fournissait gratuitement des œufs etles femmes les élevaient, au sein de leur mai-son, 40 jours après la fourniture des œufs, lescocons étaient livrés. Ils étaient triés par cri-tères de qualité et de sexe, les cocons femel-les étant plus lourds étaient sélectionnés enles pesant. Les cocons étaient disposés surdes filanes afin que la sortie des papillons sefasse aisément et que le ramassage soit sim-ple. Les ouvrières enfilaient, en chapelet, lescocons accouplés 2 par 2, toutes les filanesétaient suspendues dans la salle de grainage,bien aérée et à l'abri du soleil. Il ne restaitqu'à attendre la sortie des papillons qui s'ac-couplaient immédiatement. Chaque coupleétait récupéré, disposé sur des châssis en boissur lesquels était fixé une toile ce, afin d'exa-miner les sujets défectueux. Tous les cadresétaient repris est les mâles séparés des femel-les. Celles-ci étaient disposées sur des mor-ceaux de toile ou des sachets individuels nom-mées cellules. Elles pondaient et la graineuserécupérait les œufs. Ceux-ci, placés ensuitedans une boîte en carton percée de trous. Laboîte contenait les œufs que le graineur don-nait aux éleveurs, il s'agissait d'œufs de l'an-

    Les routes de la soie

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    Vivre àLorguesnée précédente, pondus au printemps, ces boîtes étaient conservées 5 mois au chaud(23 °) : estivation, puis 5 autres mois au froid(5°) : hibernation, avant de pouvoir éclore. Ladate de mise en incubation dépendait surtoutde l'état de végétation des mûriers. Elle sesituait normalement courant avril. Les oeufsétaient progressivement portés à une tempé-rature de 25° jusqu'à l'éclosion 10 jours plustard.Un des ateliers était situé à l'Ermitage St-Ferréol, celui de M. Groulier, il fournissait laMaison Berthet aux Arcs , le plus grand éta-blissement de la Région qui employait jusqu'à2000 éducateurs.Au début du 20ème siècle, la concurrenceétrangère apparaissant , les industriels fabri-cants de soierie se tournèrent vers des paysfournisseurs à meilleur .marché : la Chine, laSyrie. L'arrivée de la soie synthétique contri-bua également au déclin de la production. La

    viticulture se reconstituant et donnant desbénéfices plus attrayants, l'élevage des vers àsoie fut progressivement abandonné. En1937, il n'existait plus que 160 « éducateurs »et 3 établissements. Le dernier atelier ferma,à Lorgues, dans les années 1950. A côté desnombreux élevages domestiques on trouvaitdes grandes magnaneries : bâtiments équipéspour l'élevage des vers à soie en grande quan-tité , telle le bâtiment de Ferdinand Robert auquartier du Plan, Hébréard à la Peirouard, auDomaine de la Martinette et le bâtiment deVictor Simon au quartier La Canal. Actuellement à Lorgues, seule la présence dequelques mûriers nous rappelle cet élevage dupassé qu'il me semble important de conserveren mémoire, il fait partie intégrante du patri-moine de Lorgues et permit à beaucoup d'ha-bitants de vivre dignement durant la belleépoque. ●

    Catherine FAIVRE

    Le murier

    Du papillonau tissu de soie

    Tissu de soie

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    Vivre àLorguesE V E N E M E N T

    C'est une première àLorgues ! Après ledépart du Chanoine

    Yves Menjot, qui a été pen-dant ces 14 dernières annéescuré de notre Paroisse,depuis le 29 août, le PèreNoël Nana a pris la relèveavec beaucoup d'humilité, debienveillance, et d'écoute.A quelques jours de lagrande fête votive de Saint-Ferréol, j'ai pris l'initiative dele rencontrer pour deux rai-sons principales : la premièreétait de lui exposer d'unemanière très générale la vieassociative culturelle, histo-rique et patrimoniale denotre Cité, la seconde, deconnaître ce nouveau prêtre,appartenant à la congréga-tion des Religieux de Saint-Vincent de Paul qui arrivepour la première fois àLorgues. La nomination duPère Nana a été le fruit d'uneconcertation entre Mgrl'Evêque et le Supérieurgénéral de la congrégation.La congrégation SaintVincent de Paul a été fondéeen 1845. Elle est composéede religieux Pères (ordonnésprêtres) et Frères (nonordonnés prêtres). Destinéeau service des pauvres, à l'é-ducation et au soutien de lajeunesse, elle fait œuvre(entre-autres) de charité, dedon aux autres, de partagedu charisme. La Maison-Mèrese trouve à Paris mais lacurie générale siège à Rome.Elle comprend plus de 200religieux répartis à travers leMonde : France, Italie, Brésil,Canada, République du

    Congo, Côte d'Ivoire, etBurkina Faso.Le (jeune) Père Noël Nananous vient donc du BurkinaFaso, plus précisément deBobo-Dioulasso, seconde villeaprès Ouagadougou la capi-tale. Ancienne colonie fran-çaise et ex-République deHaute Volta, Burkina Fasosignifie littéralement " Paysdes hommes intègres ".Ordonné prêtre, il servit d'a-bord dans son propre pays ;il séjourna également quatreannées à Rome, fit plusieursséjours en France, et prépareactuellement un doctorat enDroit. Mais le Père ne viendra passeul ; avec lui le Père Eric, leFrère Laurent, et le FrèreJean-Claude, tous de lamême congrégation, pourservir les paroisses deLorgues, du Thoronet, deSaint-Antonin et peut-être deSalernes.Au cours de notre rencontre,le Père souligne : « Le charisme de la congré-gation consiste à formerJésus-Christ en nous et à ledonner aux autres par desœuvres de charité et de zèle(miséricorde). Concrètementla congrégation a en chargela jeunesse, les patronagesqui seront développés etadaptés. L'autre objectif estde faire partager à la com-munauté paroissiale le cha-risme, la charité vécue, lacommunion. C'est pourquoi ilest important que la commu-nauté s'engage ». Commecomplément ou comme diffé-rence avec les autres congré-

    Bienvenu au père Noëlgations religieuses (qui peu-vent avoir des objectifs d'en-seignement, de soins auxmalades, de personnes han-dicapées, etc.) la congréga-tion Saint Vincent de Paul seveut proche de l'Homme, deses misères, et œuvre pourla recherche de solutionspour les gens en difficulté,notamment. Avant de prendre congé, lePère Noël Nana me confie :« Je tiens à remercier les

    Lorguais qui m'ont apporté,dès mon arrivée, de quoisubsister ainsi que des cou-vertures. Pour nous, il estimportant que notre commu-nauté vive comme unefamille, et l'esprit de familleest un des traits caractéris-tiques de notre apostolat. Jesouhaite que par la suite onpuisse continuer dans cetesprit, et que chacun puissemettre la main à la pâte ».Voilà notre premier et brefcontact, fort sympathique. Le Père devra s'absenterquelque temps à Rome pourrevenir à Lorgues en Octobreet prendre possession de sesnouvelles paroisses. Il seraremplacé provisoirement parle Supérieur général, le PèreBertin Sanon.En attendant, VAL, les Lorguaises et Lorguais lui souhaitent la bienvenue,le partage et toute l'énergienécessaire à la poursuite durenouveau spirituel.bèn lèu

    Jean-François HUMBLOT

    Bibliographie :https://fr.wikipedia.org/wiki/Burkina_Faso

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    H I S T O I R E

    Vivre àLorgues

    Placed’Entrechaux

    ou d’Antrechaus

    Placed’Entrechaux

    ou d’Antrechaus

    Une histoire d'amitié

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    a nouvelle orthographe de la plaque dela place d'Antrechaus ne suscite pasque l'intérêt des curieux. Elle soulèveaussi l'incompréhension voire l'agace-ment, compréhensible, de certains

    professionnels riverains de la place, qui, touten restant « zen », se voient dans l'obligationde remettre à jour leur papier à lettres, en-tête d'ordonnances, chéquiers, coordonnéeset plan d'accès pour leur clientèle.S'agirait-il de sacrifier à la réforme de l'ortho-graphe qui écrit dorénavant « téléfone » avecun f, en passant d'Entrechaux à Antrechaus.C'est plutôt rendre à César, en l'occurrenceJean-Geoffroy d'Antrechaus, ce qui lui revient,et dont les amoureux de la vérité historiquetiquaient, jusqu'à présent, de voir le nom malorthographié. Modification graphique, minime,n'altérant en rien la similitude phonique, lerappel de l'antique amitié qui relie Lorgues àToulon et de son valeureux 1er Consul durantun épisode dramatique de son histoire, devraitcompenser les quelques inconvénients maté-riels occasionnés.Tout le monde connaît la Place d'Antrechausqui couronne le haut du Cours de la façadeclassique de l'ancienne Ecole PrimaireSupérieure (1882), aujourd'hui lycée.Ouverte en 1883 comme la grande perspec-tive est-ouest, de la Place des Ormes en pas-sant par le Cours Neuf, réhabilitée en 2010 parla Municipalité, avec la création du SquareGénéral de Gaulle, associant Espace duSouvenir avec le Monument aux Morts lesquare enfantin agrémenté d'une fresque. Auplus haut du marchè du mardi, ses restaurantset sa fontaine (érigée en 1867) achèvent d'enfaire un pôle d'attraction bien provençal. Mais sait-on que son nom lui vient d'unsecours humanitaire de denrées, au cours dela peste de 1720, entre Lorgues et Toulon,frappés par la disette.Jean d'Antrechaus, (1693-1762), 1er Consulde Toulon, âgé de 27 ans au moment de la ter-rible épidémie, qui partit de Marseille en 1720,ravagea la Provence au point de décimer prèsde la moitié des habitants de ses villes princi-pales, jusqu'en 1722. Il se vit contraint à l'iso-lement dans ses murs, ajoutant la crainte dela famine aux angoisses de la population.Lorgues avait une dette de reconnaissanceenvers Toulon, dont l'aide alimentaire géné-reuse au cours d'une épidémie de peste pré-cédente (1629) n'était pas oubliée.Aussi les Consuls de Lorgues avaient-ils déjàoffert leurs services lors de l'épidémie de1664, tissant des liens de sympathie entre lesdeux villes. Lors du fléau de 1720, Le Conseilmunicipal de Lorgues, Honoré de Matty à satête, délibéra pour envoyer « deux à troiscents moutons et quelques bœufs aux barriè-res de Toulon et les offrir à MM les Consuls,nos bons amis, et il sera pris 1650 livres surl'imposition ». Aussitôt acheminés, ils furent suivis quelquetemp après d'un secours plus important de

    LLVivre àLorgues

  • 8

    Vivre àLorgues

    deux cents moutons qui permirent aux habi-tants de Toulon d'attendre les secours plusefficaces que l'Intendant de la province diri-geait sur cette ville. « Des quantités considérables de farine furentaussi envoyées. Ce qu'il y avait de plus tou-chant dans ces envois c'est que la populationentière s'associait aux sacrifi-ces que s'imposait la commu-nauté ».Il semble que les Consuls deLorgues aient été les seuls àdonner signe de vie dans l'é-preuve que traversait Toulon,et « que la cour et la provinces'en soient reposées sur leurbon cœur ».L'histoire a heureusementretenu quelques autresexemples d'actes de dévoue-ments individuels ou collectifsdans cette période tragiquequi frappa la Provence et fitplus de 16000 victimes surles 26276 habitants deToulon de 1720, dont 9 mem-bres de la familled'Antrechaus.Enfin, l'heureuse nouvelle dela fin du fléau à Toulon s'ac-compagne de démonstrationsd'amitié de part et d'autre,liesse à Lorgues à l'occasiond'une députation de remer-ciement envoyée officielle-ment à Lorgues avec à satête le 1er Consul pour offriraux habitants le titre deBourgeois de Toulon. En1723, les armoiries deLorgues sont accolées à cel-les de Toulon et placées dansla grande salle de l'Hôtel deVille. Durant de longuesannées une profonde recon-naissance entretient ces relations sympa-thiques dans une correspondance entre lesdeux villes, et Lorgues recourt à ses récoltes,comme en 1789, propose ses forces lors desémeutes de Toulon.Enfin, le calme revenu après bien des épreu-ves, République, Empire, fléaux, le Conseilmunicipal de Toulon délibéra en 1863 - asso-

    ciant dévouement et générosité - que le nomde Lorgues sera donné à l'ancienne rue« Cavaillon » élargie et prolongée, et l'une desplus belles voies de la nouvelle ville, et denommer la première rue qui sera percée dansla nouvelle ville Rue « d'Antrechaus ».S'il est vrai que les documents d'époque font

    apparaître différentes ortho-graphes du nomd'Antrechaus, le choix que fitle Conseil de Toulon d'ortho-graphier sa rue avec un « A »et un « S » final, pourraitsuffire à en certifier l'ortho-graphe.Le Conseil municipal deLorgues, en remerciement,s'empressa de donner à uneplace de Lorgues toute nou-vellement construite le nomdu premier Consuld'Antrechaus afin d'honorerla mémoire de l'illustre tou-lonnais et manifester ainsil'amitié séculaire et indéfec-tible des deux cités. S'il fautune conclusion au débatorthographique patrony-mique d'Antrechaus, ellepeut être apportée par lemaire de Saint-Tropez, Jean-J o s e p h - G e o f f r o yd'Antrechaus, petit-fils del'illustre 1er Consul, quisigna en 1811, un documentmunicipal « D'ANTRE-CHAUS ». ●

    Gisèle ESPLANDIU

    Citations: Dr.F. CORDOUAN: " Histoire dela commune de Lorgues " (1864)Bibliographie- Brochure ASFVL: " Lorgues, au fil desrues, au fil du temps " (2004)- Louis PELABON: " La peste de Toulon en1721 ", Poeme provençal en quatrechants dédié à cette cité et à la ville de

    Lorgues " (1873)- Jean Geoffroy d'ANTRECHAUS " Relation de la peste dont la villedeToulon fut affligée en 1721 " - Collectif:" Histoire de la Provence ", Ed. Privat (1987)- Lorgues-Infos: N°08 - Rentrée 2010Internet:- lorgues.free: Place d'Antrechaus- wikipedia: Jean-Geofroy d'Antrechaus- lesviesde-saint-tropez.blogspot.fr: " Les bonnes fortunes deJean- Joseph-Geoffroy d'Antrechaus

    En 1723, les armoiries

    de Lorgues sontaccolées à celles

    de Toulon et placées

    dans la grandesalle de

    l'Hôtel deVille

    Armoiries et signature de Jean-Joseph-Geoffroy d'Antrechaus

    ● ● ●

    CC

    Plaque de la place d'Antrechaus

  • Vivre àLorguesC U L T U R E

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    omme entrée en matière,revenons un instant sur cefilm culte de FrançoisTruffaut : Fahrenheit 451 -d'après un roman de

    Science-Fiction de Ray Bradbury.Petit rappel du thème principal : ilest axé sur la prise de consciencepar le héros des méthodes d'ungouvernement violemment obscurantiste.C'est le règne de la « dystopie », cette visiond'un futur alarmant où les libertés individuel-les sont bannies. C'est une réflexion sur ladécouverte de l'importance de la lecture entant que liberté individuelle.Le livre, le film…Une brigade spéciale de pompiers pyromanespourchassent les villes, les rues, les habita-tions, voire même les habitants, à la recher-che de détenteurs de livres, pour y mettre feuà la température de « Fahrenheit 451 ».Finalement, notre hérospompier devient intéressépar la lecture et il est tra-qué. Il s'enfuit de la ville etdécouvre alors un campisolé de marginaux. Ilspeuvent retenir un livre parcœur et ils « sèment » ainsiles contenus des œuvres.Ils se disent être des« couvertures de livres ».Evidemment, ceci est de la Science-Fiction… maisqu'en sera-t-il demain ?devrons-nous en arriver làpour partager la joie de lire ?Oublions un peu la téléréa-lité et l'illusoire pouvoir dela consommation à ou-trance et portons enfin un

    regard neuf sur la vie et sur lesmots. Laissez-moi vous présenter :Les Passeurs de Livres qui sèment des livres dans les rues de GrasseDepuis août 2013, de petitesbibliothèques libres d'accès ontfait leur apparition dans les ruesde Grasse. Après la rue de

    l'Oratoire et la place de la buanderie, c'est àl'entrée de la galerie marchande du centreLeclerc, situé au Plan de Grasse que l'associa-tion Les Passeurs de Livres a installé sa troi-sième boîte à lire. Le but ? Mettre des livres àla disposition du plus grand nombre.L'association Les Passeurs de Livres a étécréée en 2013 conjointement par l'écrivain etenseignant Jean-Claude Junin et le conseillergénéral Jérôme Viaud. Son logo a été réalisépar le dessinateur Kristian.Le lien Internet est :

    http://www.gralon.net/arti-cles/enseignement-et-for-mat ion/assoc iat ion-et-organisme/article-les-pas-seurs-de-livres-sement-des-livres-dans-les-rues-de-grasse-7809.htmL'historique du book crossing à travers le mondeMoins d'une minute parjour... C'est l'utilisationmoyenne d'une cabine télé-phonique aujourd'hui.Partout en France, celles-cisont progressivement reti-rées de la voie publique parOrange, qui a pris la suite deFrance Telecom. Partout ?Pas tout à fait, la ville de

    Les passeursde livres

    Le livre-échange de culture

    passeurslivres

    Aux USA, on appelle ça le « book crossing ».Le concept : laisser un livre dans la nature, en espérant

    qu'il sera lu et « libéré » à nouveau.

    CC

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    Vivre àLorgues

    Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine,ayant justement décidé d'en réinstaller unedizaine, réhabilitées et transformées en peti-tes bibliothèques de rue, gratuites et partici-patives, à l'image des little free librairiesanglo-saxonnes. Ce type de projet, que l'on adéjà pu voir fleurir aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne ou encore enTchécoslovaquie, est plutôt inédit en France.Le maire, Patrick Ollier, nous avait demandéde trouver une idée originale pour mettre laculture à la portée de tous, explique CaroleThierry, conseillère municipale, au Parisien ;on est assez vite parti sur l'idée de mettre deslivres à disposition dans la rue. Et quand on avu ce dont on avait besoin pour construire unabri, on s'est rendu compte que ça correspon-dait à une cabine téléphonique. Parlons deslivres qui se donnent et s'échangent, par lebiais de boîtes à livres. On en trouve un peupartout dans le monde. C'est évidemmentdurable : la vie de l'ouvrage se poursuit au-delà du premier lecteur. Pas de doute, c'est lebon moment pour parler de livres-échanges !Les cabines téléphoniques très tendanceQuand on s'intéresse aux boîtes à livres, à cesbibliothèques ouvertes et autogérées, on finittoujours par tomber sur Westbury-sub-Mendipdans le Somerset, en Angleterre. Après la sup-pression du service de bibliothèque itinérantedans leur village, ses habitants ont été les pre-miers à transformer une célèbre cabine télé-phonique rouge en librairie locale. Elle a coûtéune livre à peine. Parfois, la transmission deslivres se fait dans un cadre moins formalisé,

    moins organisé, à une échelle bien plus petite.Ainsi, en Allemagne et dans les pays anglo-saxons, il n'est pas rare de trouver une « caisse à livres » dans les halls d'entrée desimmeubles à appartements. Elles fonctionnentsur le même principe. Les livres qui restentsur le carreau sont in fine offerts à des asso-ciations locales. Rencontre avec Jean-Claude Junin qui a créé l'AssociationJ'ai eu l'occasion de rencontrer J.C. Junin lorsde plusieurs Salons du Livre locaux. Derrièreses jolies petites lunettes cerclées de vert, ondécouvre un homme passionné par sonAssociation, motivé par la transmission gra-tuite de la lecture et à l'écoute. Il souhaite voirson Association s'étendre plus largement dansle Var. Et Lorgues n'est-elle pas la petite villeidéale pour ce faire ? On peut voir déjà, surcertains seuils et portes cochères de notrebourgade, des petites étagères qui offrent aupassant un échantillon gratuit d'ouvrages des-tinés à « être passés de main en main ». Clin d'œil à la Culture, des petits étals de liv-res sont présentés par-ci, par-là : près del'Office du Tourisme, devant la Maison d'Hôtesde la rue de la Bourgade, sous le storeombragé d'un petit café du Cours. Le but : se servir, lire, et remettre ailleurspour que d'autres en profitent. C'est le livrenomade.Mais ces généreux donateurs sont encore troppeu nombreux.« C'est un réel succès », me dit-on : une pilede livres déposée le matin peut avoir fonducomme neige au soleil le soir même…

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    Vivre àLorgues

    C'est bon signe, n'est-ce-pas ? Cela nous ras-sure un peu sur notre société et ses attachesculturelles.Et qu'advient-il de nos livres s'ils ne sont pasprotégés ?J.C. Junin a mis au point des abris-livres enbois, joliment décorés. Son but et sa démar-che : trouver les bons décideurs, convaincreles politiques que ce système n'est pas cher et« civique ». Trouver un petit abri pour lesouvrages est essentiel car même si nousavons beaucoup de soleil, nous pouvons avoirbeaucoup de pluie, voire des déluges ! Onpourrait peut-être recycler nos vieilles cabinestéléphoniques françaises. Mais d'après lui cen'est pas dans l'air du temps et une premièredémarche vers France Telecom / Orange s'estavérée infructueuse.Le principe est simple : Ces « boîtes à lire »sont accessibles 24h/24, sans abonnement,sans inscription, entièrement gratuit ! Il suffitde choisir un ou deux livres, de les emporterpour les lire, et de les redéposer après lecture,dans l'une des boîtes mises à disposition, etpas nécessairement celle ou l'ouvrage a étéemprunté, pour les partager. Pour la Mairie, cela représente un coût de 170euros pour une boîte et son accompagnementpendant 1 an. Ces frais passent en budget defonctionnement. Prendre un livre dans uneMédiathèque est une démarche culturelle. Les« boîtes à livres » ne sont pas une entrave àla fréquentation des lecteurs de laMédiathèque car, au bout du compte, les gensont une nouvelle envie de lecture.L'idéal pour installer cette mini-bibliothèque

    est de posséder un petit pas de porte assezprofond pour installer le matériel. Dans notrejolie petite ville de Lorgues, il serait plaisantde pouvoir glaner à droite et à gauche un peude littérature, en langues variées, car n'ou-blions pas que de nombreux étrangers viventou sont de passage ici. Près du Lycée pour nosétudiants fauchés, à l'abord des cabinetsmédicaux où l'attente est parfois longue, surles tables des cafés du Cours, dans les squa-res….On peut imaginer des petites scènes d'appro-che, aux terrasses des cafés, près du Lycée ouprès des « boîtes à livres » ;Lui : « Bonjour, vous êtes peut-être Rebecca »ou « L'élégance des Veuves » ?Elle : « Non, vous faites erreur, je suis Nana,La Chartreuse de Parme » ! Et vous, vousdevez être « Don Quichotte, Le Maître desIllusions » ?Lui : « Hélas, non ! je ne suis que L'ombre duVent, Le Mec de la tombe d'à-côté »Elle : « Vous pourriez être aussi L'homme quivoulait être heureux ou Bel Ami » ?Lui : « C'est possible. Alors nous sommes peut-être tous les deux Les enfants du paradis » ?et le paradis c'est notre monde des livres….Ne laissons pas les livres mourir… En tenir undans ses mains, tourner les pages, se laisserpénétrer par l'odeur âcre de vieux ouvrages aupapier un peu usé, quel privilège ! quel luxe !Unissons-nous au nom de la Culture et duVoyage littéraire ! Amenons la lecture à notreporte…. ●

    Béatrice BEDIN

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    P O R T R A I T

    Vivre àLorgues

    'il est un personnage à Lorgues aisé à distinguer, c'est bien celui à la haute silhouettedroite et rigide, grand gaillard émacié coiffé d'un épais bouquet blanc et bouclécomme la mer qui moutonne. Une voix forte et rocailleuse, un pas lent mais déter-miné. C'est de Jean TORNIOR qu'il s'agit.

    Un soir dernier, où il m'avait convié dans l'intimité de son logis, il sortit de l'encombrement dequelques chaises un grand carton. Tenez, me dit-il, vous trouverez là la passion de mon cousin, Barthélémy décédé en 2008,amouraché d'écriture. Et en effet, s'y mêlaient poèmes, morceaux de pièces de théâtre, débutsde romans, une profusion de feuillets, soit rédigés à la main, soit tapés sur une machine à écriredu temps des rubans encreurs et des tiges qui s'empêtrent ! Toute la mémoire d'une vie de soi-rées, de veillées, de temps consacré à écrire, rien d'autre, le travail achevé, que d'écrire. J'ai extrait de cette masse de souvenirs, de papiers jaunis ou déchirés, deux petits poèmes deBarthélémy TORNIOR. Qu'ils retrouvent ici, grâce à Vivre à Lorgues un peu de lumière, uneseconde vie à la lueur d'antan, la souvenance d'un temps partiellement révolu. ●

    Frédéric TENDILLE

    Le ciel effleure la collineQue je reste seul à gravirDans la rocaille et les épinesSeul avec toi mon souvenir.

    Car il n'y monte plus personne ;Chacun s'incruste dans son coinSourd à la voix qui nous ordonneD'aller voir plus haut et plus loin.

    Tapi derrière son grillageOu sa muraille de bétonChacun s'occupe à mettre en cage Son cœur, son âme, sa raison.

    Hors du confort et de ses chainesD'où l'on ne peut plus s'échapperNul aujourd'hui ne se promène Sans qu'il soit un peu suspect.

    Flânant au gré de sa folieLe poète au regard d'enfantS'étonne de voir qu'on l'épieAvec des yeux de chien méchant.

    Aussi ses rêves, de plus belle,Comme pour défier les chiens

    S'amusent à battre des ailesSur son chapeau de magicien.

    Mais il a tort cela détonneD'aimer la vie et d'être heureuxAu regard des grandes personnesQui se prennent très au sérieux.

    Heureux ?....Mais j'y songe, le suis-je ?Ta voix, doucement, me dit nonA cause d'un très vieux litigePeut-être bien qu'elle a raison.

    Sans ton amour, sans ton sourire,Sans la clarté de ton regardLes fleurs ne veulent plus rien direLes sentiers ne vont nulle part.

    Tout est mort, tout n'est que silenceMe suis-je trompé de cheminDans le désert de ton absence Où je ne reconnais plus rien ?

    Des beaux jours nimbés de lumièreDe nos vingt ans émerveillésIl ne reste plus que ces pierresQui dégringolent sous mes pieds.

    La Colline

    SSBARTHÉLÉMY TORNIOR

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    A R T

    Vivre àLorgues

    Barthélémy TORNIORAvec l'aimable autorisation de son cousin Jean.

    La nuit était paisible et le cielplein d'étoiles.Un silence léger palpitait dansles airs.Dans l'ombre et la clarté quilui servaient de toile,La lune composait sonétrange univers.

    J'écoutais, immobile, assis aupied d'un arbre,Chanter un rossignol juste au-dessus de moi,M'astreignant avec peine àcacher mon émoiSous la rigidité d'un visage demarbrePour ne pas perturber cespectacle de roi.

    Et je me demandais à quellointain messageVenu d'un univers dont nousserions bannisRépondait cet oiseau blottidans le feuillageAvec son petit bec ouvert versl'infini.

    Quand soudain je compris,dans cette nuit si pureOù le ciel me semblait se rap-procher du sol,Le double appel pressantd'une double natureQui rend chacun de noussemblable au rossignol.

    Car tandis qu'il chantait,éclairé par la lune,Et que j'étais saisi d'uneintense émotion,J'entrevis, juste avant qu'elletouchât mon front,Comme une étoile blancheavec des teintes brunesQui descendait tout droit deson petit croupion.

    Le rossignol

    ob JULLIEN est né artiste, il le sera sa vieentière. Un artiste hors normes, non passeulement par l'excentricité apparente de

    son travail, mais surtout par l'autonomie créa-trice de ses œuvres.Très tôt, ses parents logés dans les communsde l'Hôtel particulier Lestang-Parade à Aix enProvence ont décelé la précocité artistique deleur fils Robert. Résidaient dans ce même lieu,les descendants du peintre Joseph VILLE-VIEILLE, grand peintre aixois et ami de PaulCEZANNE, proximité qui a eu une grandeinfluence sur le destin de Robert JULLIEN. Les capacités naturelles de Robert, son sensartistique prééminent lui permettent d'expo-ser ses premières peintures alors qu'il n'estâgé que de 13 ans.Plus tard, après ses études il épousera Marie,native des Alpes Maritimes, et le couple s'ins-tallera dans une ruine, en plein centre de lacommune de Lorgues, le moulin à huile TreBarri bâti en 1620.Il fera de ce lieu, sa maison et son atelier, unevie de passion à peindre, toujours peindre, etce jusqu'à 100 toiles par an. Il façonnera sonhabitation à l'image de son énergie créatrice,les pierres servant de support à l'autonomieartistique de ses visions. Il en résulte desœuvres spectaculaires, surréalistes faites d'u-nivers invisibles. Nul besoin de chevalet et dela lumière extérieure pour cet artiste. Il a enlui toute la vision symbolique où il veut abou-tir. Il brosse touche après touche, sans cane-vas, un monde ésotérique, mystique, oni-

    RobJullienRob

    Jullienpeintre mystique

    Robert JULLIEN est né à Aix en Provence

    le 11 Août 1931.Il décédera à Lorgues

    le 20 Août 1991,il venait tout juste

    d'avoir 60 ans.

    RR

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    Vivre àLorguesrique… l'univers énigmatique et mystérieux desa demeure, l'univers des Templiers dont ilaspire à recréer le message intemporel….Situé rue Barry, tout proche de la porte dumême nom, le musée Rob JULLIEN est malconnu de la plupart des lorguais. Il faut cepen-dant avoir conscience de la valeur culturelle dece site qui abrite l'histoire et la vie d'un pein-tre d'exception. ●

    Frédéric TENDILLE

    Avec tous mes remerciements à Philippe ROU-TIER (Lorgues) pour la préparation, et la com-pilation de nombreuses notes et témoignagesautour de Rob JULLIEN.

    Note : Si l'idée de redonner à cet artiste la position qu'il mérite dans l'univers culturel lorguaisintéresse nos amis lecteurs, merci de prendre lien avec mon [email protected] afin que je centralise les diverses réflexions.

    Portrait de Rob Jullien

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    U N E P A G E D ’ H I S T O I R E L O R G U A I S E

    u moment où la restaura-tion de l’église collégiale

    arrive à son terme (encore quede nombreux mois sont encorenécessaires pour cela) faisonsun plongeon dans le passé de cebel édifice qui fait la fierté desLorguais. Tirée d’un opusculeédité en 1941 , sous la hauteautorité de Mgr. Gaudel, l’his-toire de la Collégiale se déroulede 1703 à 1941. Bien entendu,cette histoire n’a pas la préten-tion de se présenter comme unehistoire complète du monumentet de la vie religieuse deLorgues.Décoration de l’égliseLa population lorguaise eut àcœur de pourvoir aussitôt à l’a-meublement de sa nouvelleéglise ; ornements et tableauxne tardèrent pas à être offerts.En 1784 eut lieu l’acquisition dumaître-autel qui, par sa pureté,l’élégance de son architecture etla variété de ses marbres, faitl’admiration des connaisseurs. Il fut acheté aux PèresObservantins de Marseille auprix de 6.000 francs. En 1806,une œuvre d’art d’une valeurincontestable « la Vierge depierre » fut transportée del’Abbaye du Thoronet, ferméedepuis la Révolution. En 1811,l’église fait l’acquisition de l’au-tel de Saint-Etienne au prix de240 francs, qui sera plus tardorné d’un beau tableau par laConfrérie des hommes et lagénérosité du chanoine VictorinVian. Le 7 décembre 1813, lafoudre frappe le clocher, brisela grosse cloche, saccage la toi-ture, détruit les vitres, l’eauinonde l’église et le maître-autel : désolation des fidèlesqui s’ingénient à réparer ce dés-astre. En 1869, sous la direc-tion de M. Gerin, architectedépartemental, le maire et lepréfet feront installer un para-tonnerre. Il coûta 1100 francs.Les grandes orgues En 1836, après un don de 2000francs de M. Arnaud, avocat, leconseil de fabrique décide l’ac-quisition des grandes orgues.Les plans et devis seront confiés

    à M. Ziegler de Lyon. L’inaugu-ration eut lieu le 22 octobre1837. Elles font partie des plusbelles de France avec leurs 39jeux et 4 claviers. Le prix totals’élèvera à 25000 francs. Ellesfurent réparées à 4 reprises,notamment en 1874, par M.Mader de Marseille au prix de6000 francs en 1889 et en 1912.En 1845, à l’occasion d’unegrande mission prêchée par lesCapucins l’église fit l’acquisitiond’une chaire en marbre facticeau prix de 3500 francs. En 1849,le chœur fut orné d’une belleboiserie, tout autour à une hau-teur de 4 mètres. La partiesupérieure du chœur reçut unepeinture couleur noyer faite pardes ouvriers lorguais. En 1860,le peintre Pietro Pelerina, plaçala riche mosaïque du sanctuaireau prix de 16 francs le mètre

    carré. Prix total 3011 francs. Lamême année, un sculpteurgénois dressa la table de com-munion en marbre pour 2900francs. En 1864, eut lieu la posedes vitraux pour 6744 francs. Lamême année, à l’issue d’unegrande mission, Mgr Jordany,évêque de Fréjus, vint bénir lagrande statue de la SainteVierge qui orne le milieu de lagrande façade de l’église. Plustard, en 1888, à l’occasion dupremier centenaire de la consé-cration de l’église, on plaça surles deux côtés de la façade lesstatues de Saint-Ferréol et deSaint Martin. En 1867, la grandecloche ayant été brisée, elle futremplacée par une autre d’unpoids de 1140 Kg. Le parrain decette nouvelle cloche futAdolphe de Roux et la marraineMme Marguerite Courdouan,née Castillon. En 1869, un beau carrelage enmarbre de Gênes vint remplacerl’ancien. Le travail fut effectuépar M. Vian, maçon pour 15000francs. La même année l’abbéGros, offrit un tableau peint parl’abbé Cartier de Draguignan. Etl’on restaura les autels de laSainte Vierge et de SaintJoseph. En 1887, notre collé-giale s’enrichit de la magnifiquechaire en bois de Russie. Ce futla Maison Goyer de Louvain quiexécuta ce chef-d’œuvre d’art etde foi. Le monument mesure8,10 m. de hauteur, les statuesde Saint-Martin et de Saint-Ferréol : 1,70 m, les autresstatues (anges et groupe) 1,30m. Il y a deux majestueux esca-liers. L’inauguration eut lieu ledimanche 8 mai 1887, par l’ar-chiprêtre Martin de Draguignanet le sermon fut prêché par l’an-cien vicaire l’abbé Pastoret.Celui-ci, à la fin de son sermondéclara : « que les paroissiensprésents et futurs se fassent unhonneur et un devoir de conser-ver cet héritage sacré de leursancêtres » . C’est ce que fait lamunicipalité plus d’un siècle plustard après d’autres. ●

    Feu M. le curé SALOMON et JeanLouis CASCETTA (à suivre).

    Vivre àLorgues

    CollégialeAA

    L’église2

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    ors d'une visite commentée de notreErmitage de Saint Ferréol, la petite voixinsidieuse de l'inévitable visiteuse-ques-

    tionneuse du groupe de personnes présentes,me lance : « c'est incroyable le nombre derégions, de lieux, d'édifices, et autres sanc-tuaires qui, en France, portent le nom de cesaint ; était-il si puissant que ça pour être par-tout ? ».En fait, cette profusion est due à la notoriété decinq saints qui ont porté le nom de Ferréol :Ferréol de Besançon suivi de Ferréol deLimoges, puis Ferréol de Grenoble, puisFerréol d'Uzès……Et notre célèbre Patron de notre bonne citéde Lorgues : le Tribun romain Ferréol deVienne (sur Le Rhône à environ 35 Km au Sudde Lyon), mort en 304 et dont le culte estrépandu en Dauphiné, Quercy, Provence etautres pays d'Oc. Deux sanctuaires dédiés auSaint : Saint-Céré (66) ancienne dépendancede l'abbaye de Moissac (82), qui gardequelques ex-voto peints, des plaques de mar-bre et de nombreuses béquilles des grâces etguérisons reçues et celui de Lorgues (83) trèsconnu pour sa collection remarquable d'ex-voto peints. La Fête du saint fixée au 18 sep-tembre donne lieu à de grandes et pieusescérémonies dans ces deux sanctuaires.C'est de ce saint dont nous allons vous entre-tenir… mais d'abord, plantons le décor :Rome a conquis la Gaule. Nous sommes aupremier siècle, sous le règne de l'empereurDioclétien, (284 à 305), grand réformateur,notamment dans le découpage des provincesde l'Empire. La Viennoise est créée, avecVienne pour capitale. Crispinus en est nomméGouverneur. Dans l'Empire, Dioclétien, commeses prédécesseurs, poursuit la persécution deschrétiens (notamment dans l'armée), pouréradiquer la nouvelle religion (un Empire, unereligion). La peine de mort est appliquéecontre tous ceux qui refusent les sacrifices auxdieux romains. C'est dans ce contexte que Ferréol naît àVienne, vers le milieu du II° siècle. Sesparents, nobles et aisés, l'élèvent dans la reli-gion chrétienne, et lui donnent une solideinstruction, le destinant à occuper un posteimportant dans l'administration de l'Empire.Ferréol choisit la carrière militaire et, guerrierremarqué par sa bravoure, il reçut le grade deTribun, (actuel grade de Colonel). Nommé chefmilitaire de la Viennoise, il y retrouve Julienson ami intime et compagnon d'armes, tous

    Vivre àLorguesP A T R I M O I N E

    deux remarqués pour leur zèle à défendre etpropager la nouvelle religion. Malgré Crispinuset ses flatteries et promesses de promotion,nos deux compagnons d'armes refusèrentd'abjurer leur religion. Ulcéré, Crispinus passaaux menaces et aux mauvais traitements.Devant ce climat de persécutions, Julien fuit,passe le Rhône et va près de Brioude enAuvergne où il est massacré et sa tête rappor-tée à Crispinus. Ce dernier montra à Ferréol latête de Julien, le menaçant du même sort s'ilne reniait pas sa foi. Ferréol ne cède pas « Jesuis chrétien, je ne peux sacrifier. Il me suffitde vivre en chrétien et, si ce n'est pas possi-ble, je suis prêt à mourir ». On dit qu'un ange(ange… gardien de geôle, sans doute) le déli-vra ; il traversa le Rhône, mais repris peu detemps après, il est ramené à Vienne et mis àmort vers l'an 304. Ses fidèles lui donnèrentune sépulture au bord du Rhône et, conformé-ment aux souhaits qu'il avait exprimés, mirentdans son tombeau la tête de Julien.Ses ossements furent dispersés en 1562 lorsde l'occupation de Vienne par les huguenots,et l'Abbé A. Catre ('auteur d'un livre sur leSaint) prétend que les reliques, soit les deuxtêtes, sont à l'Abbaye de Moissac. Des reliquesauraient été ramenées dans la chapelle denotre Ermitage.Depuis son martyre Saint Ferréol exauce ceuxqui lui demandent une grâce. De tous lesmiracles évoqués, et attestés, nous enconnaissons certains, dont l'éradication de lapeste qui, en 1653 ravageait le Quercy (Montauban) et ceux attestés, à Lorgues, parses (47, je crois) ex-voto peints*, exemplesde la confiance de la population en détresse,laquelle, (vox populi, vox Dei) a vraisembla-blement demandé que le Saint soit le Patronde notre Cité.Et pourtant…Figurez-vous qu'en l'année 1917,la population lorguaise affligée par une séche-resse de quatre mois déjà, et malgré les mes-ses processions et autres appels au saint, cedernier (sans doute appelé au ciel pour uneraison qu'on ignore) est resté aux abonnésabsents. Désespérés, nos Lorguais sontconvenus de solliciter Sainte Roseline des Arcs(83). Et c'est ainsi qu'en grande pompe, plus detrois mille personnes, dit-on, maire, curé péni-tents blancs et gris en tête, ont été en proces-sion, le 8 mai 1817, prier et implorer laditesainte pour pallier cette maudite sécheresse !Miracle, une pluie abondante et salvatrice

    LL

    Un Patron nommé

    Saint-FerreolSaint-Ferreol

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    serait tombée… ce même jour ! Enfin, pour terminer, je vais vous conter unpetit fait que je tiens du regretté papet Lucien,qui le tenait lui-même de son père, et qui m'aété rapporté avec un sérieux de vérité, digned'une bonne foi. Ce fait est l'objet d'un ex-votopeint, représentant un coin d'immeuble dansle Village. Sur la gauche, une fenêtre où deuxhommes descendent une lourde commodeavec une corde rompue à mi-hauteur. Sous cemeuble un homme âgé. En bas à gauche, unefemme les mains jointes et, à son coté, unhomme, le bras tendu semblant avertir dudanger de chute. Enfin à droite de la premièrefenêtre, une seconde fenêtre où une femmebras tendu, semble elle aussi avertir dumême danger. Eh bien en voici l'histoire :…Il était une fois, un très riche propriétaire,d'une avarice, d'une méchanceté et d'unesécheresse de cœur et d'humanité telles qu'ilmit ses enfants dehors, estimant qu'ils étaientgrands, capables de travailler et de gagnerleur vie sans le secours de leur père ; celui-ciconsentit à leur faire don d'une vieille com-mode aux tiroirs vermoulus, passablementdélabrée et qui traînait dans un coin de han-gar. Peu de temps après, le père, pensant s'ê-tre débarrassé d'un objet convoité par le bro-canteur du coin, somma ses enfants de le luirendre, surveillant lui-même la restitution dumeuble qui, trop volumineux, ne pouvait sedécharger que par une fenêtre du deuxièmeétage. C'est au cours de la descente que lacorde se rompit et que le meuble écrasa l'abo-minable bonhomme.Rendu sur place, les gendarmes, appelés aus-sitôt, constatèrent que la corde était neuve, etqu'elle avait été tranchée net par une lameincandescente ; les deux bouts de corde rom-pus comportant des traces noires de brûlures.Interrogés, les passants, témoins de l'acci-dent, ont déclaré que la corde s'était rompueà une hauteur telle et de telle façon qu'il auraitété impossible, pour quiconque de coupercette corde. Selon eux, seul le glaive de StFerréol était intervenu. L'affaire fut classéesans suite, mais l'événement fit grand bruit,surtout que l'aubaine rendait les enfants duvieux, héritiers d'une fortune venant, fort àpropos, balayer l'état de pauvreté danslaquelle ils étaient. Quant à l'ex-voto, auxdires bien hauts des enfants, il n'aurait étépeint, évidemment, que pour honorer SaintFerréol, dont les miracles servent aussi à punirles méchants.Bien entendu l'histoire m'a été contée, en pro-vençal et avec l'accent. ●

    Jean-Claude LARROQUE* Voir « Les ex-voto du sanctuaire », bulletin AD 2003 disponibleauprès de l'association des Amis de Saint-Ferréol et du VieuxLorgues. Sources : Jacques de Voragine, La Légende dorée, Bibliothèque dela Pléiade, Gallimard, 2004, publication sous la direction d'AlainBoureau - Régis De La Haye, Qui a introduit le culte de saintFerréol et de saint Julien à Moissac ?, Bulletin de la SociétéArchéologique et Historique de Tarn-&-Garonne - DORY Franck -Saint Ferréol martyr, de Vienne au pays catalan,Archéo66 -Bulletin de l'AAPO,Perpignan,27,2012,p.81-84 - Grégoire de Tour(Libre Miracolorum ) - Les ouï-dire d'un Papet.

    Ex-votos du sanctuaire de Saint-Ferréol

    Vivre àLorgues

  • I N V A S I O N

    Vivre àLorgues

    n Novembre 2015, jedécouvre dans l'angled'une fenêtre à l'inté-

    rieur de la maison unepetite bête impressionnanteet splendide que je n'avaisjamais vue auparavant. Ils'agit bien d'un insecte avecson corps composé de troisparties bien distinctes (tête,thorax et abdomen), unepaire d'antennes, trois pai-res de pattes, des ailes. Latête minusculeporte deux très lon-gues antennes, surle thorax sontfixées des ailesdoubles d'un jolimarron avec undessin blanc enforme de W, lespattes postérieuresont des fémurs for-tement épineux, etles tibias ont l'ap-parence d'unefeuille. Si le corpsne mesure quedeux centimètres,l'animal resteimp r e s s i o nnan tavec ses antenneset ses pattes surdimensionnées. Première investigationLa bestiole est venue squatter notre demeureà l'approche des frimas comme le font réguliè-rement les coccinelles. Au bout de quelquesjours ce n'est pas une mais quelques dizainesde bestioles qui s'installent dans la maison etcontrairement aux coccinelles qui d'habituderestent sagement au coin de la fenêtre, l'ani-mal se déplace régulièrement et… participe enquelque sorte à la vie familiale…J'interrogeplusieurs personnes : l'animal semble totale-ment « inconnu au bataillon » « et dans unejardinerie, on m'affirme» : C'est peut-être untermite »!. Panique à bord car s'il s'agit d'untermite, qu'adviendra-t-il dans quelque tempdes charpentes en bois de la maison ? Il fautmener l'enquête et Internet va être d'un grandsecours.L'enquête InternetUn premier site Internet : galerie-insecte.orgprésente une fiche par insecte, la galerie pré-sente plus de 150 000 insectes mais le « mien« ne semble pas y figurer. Le site propose éga-

    lement l'identification par unspécialiste à partir d'unephoto. Je transmets doncune photo de notre insecteet j'attendrai fin février pouravoir une réponse et la créa-tion de la fiche N°154762.Cette fiche présente notrebestiole ; c'est un« Heteroptera Coreidae » ?Le néophyte que je suis estbien avancé…et va devoirpénétrer le monde desentomologistes (spécialistes

    des insectes) etcomme il y plus de1,3 millions d'espè-ces d'insectes dansle monde !!! Wikipedia nousapporte un débutde réponse L ' H é t é r o p t è r econstitue la famille des punaises qui se caractérise par un appareilbuccal de typepiqueur-suceur. Le « Coreidae » estessentiellement uninsecte suceur desève. Il se nourritde cônes de conifè-

    res en cours de formation et également desgraines contenues dans ces cônes. Ouf, ce n'est pas un termite et sa présencedans notre région riche en pins n'est pas sur-prenante ? par contre la réputation des punai-ses fait naître de nouvelles craintes : à priorinotre locataire, s'il a été fortement présentdans la maison, n'a néanmoins pas laissé d'o-deur particulière, ni piqué, ni occupé les lits.La punaise américaineFinalement, des passionnés du monde desinsectes (en particulier : insectes-net.fr) vontnous faire découvrir une longue et passion-nante odyssée. Les français ont baptisé notre bestiole sous lenom de « Punaise américaine » ou « Punaise du pin ». En effet, décrite pour lapremière fois en 1910, cette punaise était enquelque sorte « coincée » aux Etats-Unis entreles montagnes Rocheuses, le désert mexicain,et la froidure canadienne. Aidée par l'homme,elle sort de cet espace limité dans les années1950 puis colonise tout le pays avant d'arriverà New York en 1990. Dès lors la conquête de

    Heteroptera Coreidaeun nouveau locataire

    Heteroptera Coreidae

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  • Vivre àLorguesl'Europe devient prévisible, via les classiqueséchanges commerciaux, notamment mariti-mes. Les premières observations outreAmérique sont venues d'Italie du Nord (Venise1999).Cette « tête de pont » fait tache d'huile, on latrouve rapidement dans les pays voisins. EnFrance on la retrouve précisément en Corse(2005) puis en région méditerranéenne conti-nentale (2006) (voir carte) La bestiole sembleparticulièrement invasive, mais les espècesvenues d'ailleurs le sont fréquemment, cardans ces nouvelles régions, elles se retrouventsans leurs «régulateurs » habituels.Mondialisa-tion aidant, les exemples de bêtesà problème ne manquent pas tel le doryphorevenu d'Amérique à la fin de la première guerremondiale, le frelon d'Asie agressif et tueur d'a-beilles arrivé en France dans un lot de poterieschinoises en 2004, le moustique transmettantle virus du chikungunya arrivé en Europe avecles voyageurs en provenance des Antilles, etaussi ce papillon argentin qui s'attaque vio-lemment à nos palmiers.Autre souci majeur : comment va se trans-mettre la bactérie Xylella aujourd'hui déjà pré-sente en Corse et dans la région de Nice ? Heureusement, notre bestiole n'a pas tous lesdéfauts. Tout d'abord, elle ne mange que desvégétaux donc notre épiderme n'a absolumentrien à craindre : elle ne pique pas. Autre pointappréciable : la fameuse et très désagréable « odeur de punaise » est présentement trèssupportable, y compris en casd'écrabouillage accidentel ... ou volontaire !La bestiole est surtout friande des jeunescônes de conifères. Elle a même une particu-larité bien spécifique, elle dispose de capteursinfrarouges qui lui permettent de déceler àdistance les sources de chaleur donc sondéjeuner, le métabolisme des cônes nourri-ciers en formation induisant une certaine « surchauffe ». Enfin, quand une punaise US atrouvé gîte à sa convenance, elle émet desphéromones très particulières, dites «d'agré-gation», et là où l'espèce abonde... les copinesrappliquent par dizaines !... et s'agrègent ! Pasétonnant donc que nous ayons vu s'installerchez nous en quelques jours une colonieimpressionnante. Dans la nature, on trouveradonc la bestiole dans les pins, sur les cônes ousur les aiguilles de pins. Elle pond d'ailleursses œufs en faisant un joli alignement sur uneaiguille (voir photo).Pour conclure, il ne faut pas craindre la pré-sence de ce nouveau locataire, la punaiseaméricaine, dans nos maisons, seuls les pépi-niéristes qui cultivent les pins devront sur-veiller les jeunes plantations et il reste à voirsi cet insecte aura un impact ou non sur l'évo-lution de nos forêts de conifères à moyenterme. ●

    François LengletSources : Sites internet Fiche spécifique : http://www.galerie-insecte.org/galerie/fiche.php?ref=154762Etude détaillée : http://www.insectes-net.fr/punaise/leptoglossus1.htm

    Cheminer sur les petits cheminsde notre belle campagne

    lorguaise, quel bonheur !Nous voyons au cours des saisonsles vignes se parer de feuilles,grandir, changer de couleurs, virerdu jaune au rouge à l'automne, puis,finalement se dévêtir pour ne laisservoir que leurs ceps tortueux.Ce spectacle est merveilleux. Maisquand vient le mistral, nous faisonssouvent de tristes découvertes.S'agrippant désespérément auxbranches des pieds de vigne etautres rameaux tortueux etvampiriques, d'affreux plastiquesdécorent les champs. Sachant que lanouvelle législation tend à abolirdéfinitivement les sacs plastiques, ilest regrettable de voir cesornements déparer la campagne.Pour qu'un sac plastique soitdétérioré par le temps, il fautcompter entre 100 et 400 ans.Par vent fort, les arbrisseauxretiennent tous ces lambeaux gris,blancs ou verts. Et dans les fossés,les rafales bousculent les canettesvides et autres reliefs derestauration rapide qui sontemportés pour s'accumuler en grostas pathétiques… Le mistral nous dévoile alors uneautre face de nos campagnes : cellede l'homme qui souille et qui nerespecte pas l'environnement.N'essayons pas de jouer avec lemistral car il est gagnant… Le mieuxest de ne pas provoquer ses colères.Réagissons, conservons la pureté deDame Nature…Utilisons lescontainers et les tris sélectifs à notredisposition. Il est grand temps !Pensons à l'avenir, à nos enfants, àla beauté des sites préservés, à laPlanète. ● Béatrice BEDIN

    Beautés plastiques ? Cherchez l'erreur !

    R É F L E X I O N

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  • A L E R T E

    Vivre àLorgues

    e moustique provoque800000 morts par andans le monde, quisont dues aux maladies

    qu'il véhicule dont les princi-pales sont le paludisme, ladengue ou le chikungunya, etauxquelles il faut ajouter,depuis quelques années, unnouveau venu terrifiant levirus « Zika » responsablenotamment de cas de micro-céphalies chez les nouveaux-nés de femmes infectées, enAmérique du sud en particu-lier ; et le danger se rappro-che de l'Europe. Avec leréchauffement climatique etle développement destransports le problèmedevient progressivementmondial. Situation en FranceDébarqué dans le sud del'hexagone en provenance del'Italie, en 2002, le moustiquetigre « Aedes Albopictus »vecteur de la dengue et duchikungunya, colonise déjàune trentaine de départe-ments. Selon les estimations,il occupera toute la France àl'orée 2030.

    Comment contrer cetennemi insaisissable ?Seule parade : empêcher lemoustique de piquer. Plusfacile à dire qu'à faire.Insecticides, moustiquaires,répulsifs sont certes efficacesmais loin d'être suffisants.Surtout, les insecticides per-dent progressivement de leurefficacité car les moustiquesdéveloppent des résistances.Or, nous ne disposons plusque de quelques moléculesefficaces. De plus, pulvériseren masse des insecticidesn'est pas sans conséquencesur la population humaine ;par exemple, augmenter lerisque de retard de dévelop-pement chez l'enfant et l'ap-parition de cas d'autisme.StérilisationLes essais de stérilisation desmâles de la «lucilie bouchère»un moustique qui fut unemenace pour les humains etle bétail en Afrique dès lesannées 1950, fut un succès. Le principe consiste à stérili-ser par irradiation les mâlesélevés en masse, puis lesrelacher par millions dans la

    nature afin d'empêcher toutereproduction. Résultat : une éradication dela « lucilie bouchère » dansles années 1990 qui a permisà la technique de « l'insectestérile » d'être expérimentéeavec succès contre d'autresinsectes ravageurs de récolteset depuis quelques années,contre les moustiques. Testée sur les Iles Caïman, auxAntilles britanniques, puis auBrésil, la technique sera réïté-rée courant 2016 pour luttercontre « Zika » devenu unepriorité de santé publique. Latechnique fonctionne, mais ellea deux limitations de taille :contrôler la population d'unvecteur est possible sur lesîles, mais à l'échelle d'un conti-nent c'est hélas utopique ! Lesecond obstacle réside dansle coût de la stratégie, car ilest non seulement nécessairede fabriquer des millions demoustiques mais on doit lesréintroduire à intervallesréguliers.Forçage génétiqueBeaucoup moins onéreux,c'est un processus qui s'auto-

    La lutte contre le moustique tigre s'organise

    Zika, Dengue,Chikungunya,Paludisme,les moustiquestransmettent des maladies dangereuses,une seule paradeefficace, empêcherces insectes de piquer,par stérilisation ou modificationsgénétiques

    LL

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  • Vivre àLorgues

    entretient. En effet, cet autreprocédé concurrent consiste àrendre les insectes résistantsaux maladies les empêchantainsi de les véhiculer. Leschercheurs tentent d'insérerdans les cellules sexuelles desmoustiques un gêne qui setransmet à leur descendancequi devient alors résistante àla maladie.Cette stratégie présente l'a-vantage de laisser les mous-tiques en place, donc elledevrait être plus durable.Toutefois, elle présente uninconvénient (elle aussi),celui d'occasionner des dom-mages dans le génome quipourraient rendre les insectesplus sensibles à la maladie etnon plus résistants. Leremède serait alors pire quele mal ! Cela étant, parcequ'elle est moins onéreuseque la stérilisation beaucoupde chercheurs la privilégient. Une autre crainte : nuire auxhirondelles qui se nourrissentde ces insectes.DécisionsQuel processus adopter ?La lutte est engagée entre les

    décisions à prendre. Eric Marois, chercheur à l'ins-titut de Biologie Moléculaire(CNRS Université deStrasbourg) précise :« Je n'aurai aucun scrupule àéradiquer ces bestioles »Fait-il allusion au forçagegénétique ?La lutte est engagée elle serasans pitié. Rappel de la stérilisation en FranceArrivé d'Italie en 2004, dansun stock de vieux pneus. « Aedes Albopictus » (mous-tique tigre) s'est depuisinstallé durablement dans

    l'hexagone, progressant tou-jours un peu plus vers lenord. Il est aujourd'hui pré-sent dans une trentaine dedépartements. Il est vecteur de maladiesgraves comme la dengue, lechikungunya (et Zika).Il est certain que la dengue et le chikungunya sont présents en Francemétropolitaine Le premier cas de dengue aété signalé à Nice en 2010,celui du chikungunya en 2014à Montpellier. Aucun cas deZika autochtone n'a encoreété signalé.Un réseau de 45 laboratoiresa pour mission de mobiliserl'ensemble des expertises enentomologie médicale etvétérinaire.Il est concentré sur le mous-tique tigre. Crainte des cher-cheurs : voir débarquer levirus de « Zika » même si lemoustique tigre n'a pas laréputation de le véhiculer. ●Tous redoublent de vigilance.

    Robert BADINSource Hervé Ratel (Condensé de Robe Badin)

    Nous l'appellerons « le moustiquetigre », ses piqûres sont douloureuses

    et il est agressif. Originaire du Sud-Est asia-tique, il fait partie des espèces les plus inva-sives du monde ; sa capacité d'adaptation àde nouveaux environnements est impres-sionnante. Originaire de forêts, il s'adaptetrès bien en milieu urbain dans toutes leseaux stagnantes qu'il trouve, dans les petitsrécipients laissés par la population : boîtes,canettes, soucoupes, etc… Ils'installe et trouve à proxi-mité de quoi vivre : sanghumain, animal. Il est capable de transmettre lesvirus de la dengue, le chikungu-nia ou le dernier connu : lezika. C''est un vecteur. Envous piquant, après avoirpiqué un sujet malade, vous

    pouvez être contaminé, surviennent alors,maux de tête, fièvre, douleurs musculaireset articulaires, éruptions cutanées.Consultez les services médicaux. A l'heure actuelle, une trentaine de départe-ments, se trouvent concernés par l'arrivéedu moustique tigre (sud et sud-est) et il estdéjà signalé, plus au nord, en Saône etLoire. Ses œufs peuvent rester « en sommeil »

    pendant deux ans. Il estvivement conseillé de nepas laisser d'eau dans lessoucoupes mises sous lespots de fleurs, de surveillerles abords des piscines, piè-ces d'eau, etc… et de sortircouverts !! bras, jambes. ●

    Antoine PAYETDoc. Ararp n° 69

    Il est chez nous à Lorgue s, Il s' appelle « Aedes Albopictus »

    Seuleparade,

    empêcher lemoustiquede piquer.Plus facileà dire qu'à

    faire.

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    Le plaisir de lire

    «Il disait que Monet ne peignait que ce qu'il aimait...Son seul maître c'é-tait l'amour, l'amour de ce qu'il avait sous les yeux et qui était beau. Etcomme il a beaucoup d'amour, il est un grand peintre, un très grand pein-tre.» Frédéric Bazille, tué au combat le 28 novembre 1870 avait 28 ans,peintre de grand talent il était admiré et apprécié par ses amis Renoir,Manet, Sisley, Monet… Claude Monet, l'ours de la bande, sera particuliè-rement affecté par la mort de son ami. Ils partageaient un secret, celuide l'amour que l'un et l'autre portaient à la belle Camille. Au douxFrédéric, la jeune femme avait choisi l'ombrageux Claude à qui elle appor-tera un amour sans faille jusqu'à sa mort prématurée. A la fois modèle,muse, réconfort, passion et mère de ses enfants, Claude Monet ne se

    remettra jamais vraiment de sa disparition. Réfugié à Giverny pendant plus de quaranteans, il ne trouve le réconfort que dans la grande amitié qui le lie à Clémenceau. Quelquesmois avant sa disparition, il confirme à l'État le don des Nymphéas, mais ajoute une ultimecondition au contrat : l'État devra lui acheter un tableau peint soixante ans auparavant,Femmes au jardin et l'exposer au Louvre. À cette exigence et au choix de ce tableau, il nedonna aucune explication. Il meurt le 5 décembre 1926 à 86 ans entouré des portraits deceux qui lui manquaient depuis si longtemps. La clé de l'énigme est dans ce court et déli-cieux roman, par l'un des plus grands stylistes de la langue française. L'occasion de décou-vrir quelques uns de ses autres écrits : La tranchée de Calonne, Les forêts de Ravel.

    «Chacun témoigne avec ses armes, je considère la poé-sie et le langage comme les plus efficaces.» Elle necroyait «ni au sabre ni au goupillon», Charlotte Delbo(1913-1985). Mais elle savait de source sûre ce quecoûte la fidélité à un idéal. Cette biographie consacrée àcette grande dame de la Résistance - l'une des rares pri-sonnières politiques à être revenue d'Auschwitz - nousdévoile une jeune femme à la fois fantasque et détermi-née, une militante communiste passionnée, une intellec-tuelle nourrie de littérature et de philosophie. Considéréeaux États-Unis comme l'équivalent d'un Primo Levi,

    Charlotte Delbo - qui fut longtemps l'assistante et la secrétaire de Louis Jouvet - est qua-siment inconnue en France. Cette enquête menée tambour battant répare cet oubli avecpanache.

    Trois écrits qui se distinguent dans cette abondante rentrée littéraire :

    un conte zen sous des cieux italiens, une vie dédiée au théâtre infléchie par l'inimaginable,

    le secret d'un immense peintre.

    «Là / Tout simplement / Sous la neige qui tombe.» Pour rejoindre unebelle Italienne rencontrée au Japon, Kurogiku arrive en Toscane avecpour tout bagage un pot contenant trois pousses d'arbre de Kozo, lemûrier à papier. Quarante ans plus tard, il n'a toujours pas retrouvé sabelle et vit dans une ruine. Il est devenu «Maître Kurogiku», spécialistedu washi, le papier artisanal japonais. Chaque jour, face à l'origami d'unegrue, il médite devant le pliage et le dépliage du papier. Un jour,Casparo, un jeune horloger italien, arrive chez lui. Il veut construire lamontre la plus complexe possible. Son arrivée bouleverse la vie d'ermitede notre Japonais. Entre conte philosophique et poème, au rythme dephrases courtes et élégantes, l'auteur nous invite à une réflexion sur le

    monde, sur nos façons de faire sans réfléchir à la portée de nos actes. Il nous donne envied'écouter les silences, de s'appliquer à comprendre les choses avant de les mettre enœuvre. Un merveilleux premier roman formé de courts chapitres, à l'écriture sobre,dépouillée, voire minimaliste.

    Jean-Marc Ceci, Monsieur Origami, Gallimard 160 pages, 15€

    Deux remords de Claude Monet, La Table Ronde 212 pages, 20€

    Charlotte Delbo : la vie retrouvée, Grasset 597 pages, 24€et de C. Delbo : Aucun de nous ne reviendra, 3tomes, 9,65€ - 12,90€ et 13,90€

    M i c h e l P A O L A S S O

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    N° 130

    BA C D E F G H I J

    Solution du n° 129

    A B C D E F G H I J

    R I P O R T U RA

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    Horizontalement1. Solidarité2. Fleuve de France. Pour les J.O. Ecorce dechêne.3. Dans l’oreille.4. Heurter.5. débute l’office. Maquillera à outrance.6. Mal unie. Négation. Vient de rire.7. Vient de naître. Centième de yen.8. Pour moi.9. L’or du chimiste. Lac pyrénéen .Mise à

    table.10. Imposteur.

    VerticalementA. Jeune rapace.B. Liqueur d’origine créole. Coutumes..C. Musardèrent (phonét)) . 3 voyelles.D. Remises en ordre. Etalon.E. Pour crime ou merci ? . Feu rouge.F. Château Lorguais.G. Ville du Togo. Il peut être de Cocagne.H. Elite embrouillée. Nourrit l’arbre. I. Possessif. Vagabonde. En Seine-

    Maritime.J. Manager.

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    La grille d’Antoine PAR ANTOINE PAYETd’Antoine

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    Vivre àLorguesD E T E N T E

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    Quelle est la ville la plus chaude de France ?

    Le village provençal du Luc, dans le Var (83), a la moyenneannuelle de température maximale la plus élevée de France,indique Météo France sur son site internet.

    Avec 20,8 °C, Le Luc devance Lorgues, un autre village du Var, avec20,7 °C. Cassis, dans les Bouches-du-Rhône (13) et Orcana, en Corse-du-Sud(2A) se partagent la troisième place avec 20,5 °C. Météo France insiste sur le fait que cette valeur ne doit pas êtreconfondue avec la température moyenne sur l’année, classementdont la première place est détenue par Menton-Obs, dans les Alpes-Maritimes (06), avec 17,3 °C.

    Le saviez-vous ?Voilà pourquoi il fait bon Vivre à Lorgues

    L o u i s V E R D I E R

    Voilà pourquoi il fait bon Vivre à Lorgues

    ?

  • A D R E S S E S U T I L E S

    R é d a c t e u r sRobert Badin,Béatrice Bedin,

    Jean-Louis Cascetta,Gisèle Esplandiu,Caherine Faivre,

    Jean-François Humblot,Jean-Claude Larroque,

    François Lenglet,Michel Paolasso,Antoine Payet,

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    Directeur de publication

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    OstéopathesChastanier M.Combes S.Dallée A.C.Guillet- Lhermitte JF.

    Pédicure PodologueErnoux F.Toulliou C.

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    04 94 73 70 2704 94 73 95 7404 94 73 70 2704 94 73 70 3004 94 73 70 2704 94 73 70 2704 94 73 95 95

    04 94 47 41 38

    04 94 73 99 8304 94 73 71 6404 94 73 26 0004 94 73 26 0004 94 73 27 32

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    06 08 80 12 1004 94 73 90 39

    06 87 70 12 4806 89 60 71 8306 43 43 83 13

    06 63 89 03 1004 94 47 95 14

    06 75 05 16 1304 94 67 62 2906 71 38 41 07

    06 73 40 70 4506 09 03 48 2904 94 47 95 14

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    04 94 67 66 2704 94 85 10 17

    04 94 85 22 5304 94 85 22 5304 94 70 84 5704 94 84 37 99

    VivreàLorgues

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    Office de Tourisme-Syndicat d’Initiative Tél. : 04 94 73 92 37 [email protected] Fax : 04 94 84 34 09www.lorgues-tourisme.frSecours Catholique 7, rue du Collège (répondeur) 04 94 84 04 87Sécurité Sociale mairie annexe, Place Neuve(Voir calendrier du mois) 04 94 85 92 77Centre Départemental pour l’Insertion Locale(C.E.D.I.S.) : mairie annexe, Place Neuve Sur rendez-vous 04 94 85 92 77Centre de Solidarité SocialeSur rendez-vous 04 94 99 79 10Consultation de nourrissons, P.M.I.Sur rendez-vous : 04 94 50 90 55Conciliateur de Justice mairie annexe, Place Neuve Sur rendez-vous 04 94 85 92 77Mission d’Animation, C.L.S.H.Rue de la Trinité. 04 94 73 99 18 Mission Locale Relais Jeunes, Place d’Entrechausmardi matin de 9h à 12h. 04 94 76 96 89

    DÉCHETSQuai de transfert de MappeRoute de Carcès, à 4,5 km de Lorgues.Décharge privée Ste-AnneInformation, Tarification :V. Henry : 04 94 50 50 50 et 06 89 72 77 31Ramassage des « encombrants »Sur rendez-vous 0800 18 34 13

    06 63 37 82 7004 94 73 72 3206 12 05 20 36

    04 94 73 94 7804 94 68 00 1404 94 68 04 1704 94 73 94 78

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