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La société du grille-pain. Personnages : SCENE 1 : des costumes cravates SCENE 2 : La société du grille-pain. Crieur Public Fille 1 Voyageur 1 Fille 2 Voyageur 2 Fille 3 Gérard SCENE 3 : SDF Nathan Mère Nathan SDF Perso Détritus Perso Café Femme sac à main Vieux canne Passant Préssé SCENE 4 : LA SOCIETE DU GRILLE-PAIN SUITE Voyageur 1 Voyageur 2 Gérard Roger Sandrine Policier SCENE 5 : CAFE Femme 1 Serveuse Femme 2 Homme à laisse Homme 1 Femme en 1

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La société du grille-pain.

Personnages :

SCENE 1 : des costumes cravates

SCENE 2 : La société du grille-pain.

Crieur Public Fille 1Voyageur 1 Fille 2Voyageur 2 Fille 3Gérard

SCENE 3 : SDF

Nathan Mère NathanSDF Perso DétritusPerso Café Femme sac à mainVieux canne Passant Préssé

SCENE 4 : LA SOCIETE DU GRILLE-PAIN SUITE

Voyageur 1 Voyageur 2Gérard RogerSandrine Policier

SCENE 5 : CAFE

Femme 1 ServeuseFemme 2 Homme à laisseHomme 1 Femme en laisseHomme 2 BarbieFemme muselière Homme BarbieHomme muselière

SCENE 6 : LA SOCIETE DU GRILLE PAIN SUITE ET FIN : LA BOULANGERIE

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Boulangère CharlotteGrand-mère NathanClient Homme fesséePolicier Femme fessée

SCENE 7 : NAISSANCE DE SUPER CIVIQUE

Voix Off OuvreuseNathan/ Super-C Vieille DameAccessoiriste 1 Jeune filleAccessoiriste 2 LuiPerso 1 EllePerso 2 DoubleurPerso 3 Petite fillePerso 4 MonsieurPerso 5 Dame 1

Dame 2

SCENE 8 : MORT DE SUPER CIVIQUE

Nathan/ super-C 41 52 63 7

ACCESSOIRES :

Un t.shirt ou autre accessoire distinctif pour Nathan/ Super Civique.

Un banc.

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SCENE 1   : DES COSTUMES CRAVATES AU BUREAU  

- Un chèque géant est accroché au plafond. Un employé qui ne travaille pas cherche à attraper le chèque. Les autres travaillent de manière presque robotique.

- L'employé tue un premier collègue à l'aide d'une batte en plastique, le traîne jusqu'au chèque, monte dessus, mais il est encore trop petit alors il fait de même avec chacun de ses collègues. Il finit par décrocher le gros chèque.

- Un dernier collègue arrive par derrière et le tue avec le rouleau à scotch et prend le gros chèque.

- Il descend de la pile de cadavre, trébuche sur un bras, une jambe, une chaussure et se tue sous son gros chèque.

Noir.Lumière.

SCENE 2   : LA SOCIETE DU GRILLE-PAIN

A l’avant-scène, devant les rideaux fermés.

Un crieur public entre. Il secoue en permanence une cloche dans sa main, qui fait un bruit insupportable.

Pendant ce temps, les deux voyageurs entrent. Ils s’arrêtent quelques instants devant le crieur public. Le voyageur 1 observe le crieur public, tandis que le voyageur 2 manipule son téléphone portable.

Le crieur public : (d’une voix très forte) Salon du grille-pain ce week-end ! Salon du grille-pain ce week-end ! Venez voir les nouveaux grille-pain ! Venez voir les nouveaux grille-pain ! Ils sont beaux, ils sont chers ! Ils sont beaux, ils sont chers ! Salon du grille-pain ce week-end ! Salon du grille-pain ce week-end !

Voyageur 1 (au crieur public) : Excusez-moi… (Le crieur public se tait et le regarde). Savez-vous dans quelle ville nous sommes ?

Le crieur public : (reste muet un temps puis soudain, d’une voix encore plus forte) Salon du grille-pain ce week-end ! Salon du grille-pain ce week-end ! Venez voir les nouveaux grille-pain ! Venez voir les nouveaux grille-pain ! Ils sont beaux, ils sont chers ! Ils sont beaux, ils sont chers !

Le crieur public sort. On entend des rires de jeunes filles derrière la scène. Gérard entre, en faisant rouler derrière lui un petit chariot, sur lequel se trouve un grille-pain. Il est suivi de deux filles. Il s’arrête, se place derrière son grille-pain, et sort quelques tranches de pain. Les filles, excitées et souriantes, se placent autour de lui. Le voyageur 1 s’avance vers Gérard. Le voyageur 2 s’avance avec lui, mais garde la tête baissée sur son téléphone.

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Voyageur 1 : (à Gérard) Excusez-moi… Savez-vous où nous sommes ?

Gérard : (en s’avançant vers le voyageur 1) Où nous sommes ? Mais nous sommes à Tartineland, pardi ! La société du grille-pain !

Voyageur 2 : (en montrant son téléphone) Savez-vous s’il y a du réseau ici ?

Gérard : Non, mais on a du beurre.

Voyageur 1 : Qu’est-ce que vous faites avec ce grille-pain ?

Gérard : qu’est-ce qu’on fait ? Mais voyons, nous faisons des tartines, c’est évident !

Voyageur 2 : En plein milieu de la rue ?

Gérard : Vous n’avez pas entendu ? Ici, c’est Tartineland, la société du grille-pain !

Voyageurs : Ah.

Gérard : Chez nous, le grille-pain est au cœur des préoccupations de la société, et passionne les petits comme les grands. Tenez, la semaine dernière, je me suis acheté un nouveau grille-pain. C’est le dernier modèle d’une grande marque. Il est beau, il est parfait, et il m’a couté cher. Très cher. (Il s’écarte davantage du groupe de filles, et parle d’une voix plus basse) Pour l’avoir, j’ai dépensé toutes mes économies. J’attendais ce moment depuis longtemps. Je vis dans une cabane, et je mange peu, mais ce n’est pas grave, car j’ai un beau grille-pain. Quand je sors avec, toutes les filles me courent après. Elles se réunissent en masse autour de mon grille-pain et me complimentent sur son esthétique. C’est alors que l’une d’entre elles, séduite par mon charme et celui de l’appareil, me demande…

Fille 1 : (a Gérard, qui est à l’autre bout de la scène) : Gérard, tu veux bien me griller du pain ?

Gérard : Et toutes les autres font de même ;

Fille 2/ 3 : Oh oui ! Nous aussi ! S’il te plait !

Gérard : (aux deux filles) : Calmez-vous ! Bien sûr que je vais vous en griller. Mais il va falloir être patientes. J’espère avoir assez de pain pour tout le monde ! (Aux deux voyageurs. Il retourne à son grille-pain et fait griller du pain aux trois filles). En vérité, si j’ai acheté ce nouveau grille-pain, ce n’est pas seulement pour la séduction. Comme beaucoup de gens, ces appareils me passionnent. L’intérêt d’acheter un appareil haut de gamme, malgré son prix, est qu’il assure une sécurité quasi-parfaite. Je connais quelqu’un qui est mort, suite à un accident de grille-pain. Ces machines chauffantes sont à manier avec précaution. C’est pour cela qu’il faut passer un examen avant de les utiliser. (Un « cling » se fait entendre. Gérard sort et tend les tranches de pain aux trois filles). Voilà les filles. Je n’ai plus de confiture, désolé. (Les filles sortent. Gérard reprend sa conversation). Tout cela est ridicule, me direz-vous ! Et je suis parfaitement d’accord : un grille-pain n’est pas dangereux en lui-même. Ce sont l’Homme et la société, en abusant de ses fonctions, qui le rendent dangereux. D’ailleurs, l’État diffuse des campagnes de prévention, afin de limiter les dégâts. A moins d’avoir 0,5 grammes d’alcool par litre de sang, il faudrait vraiment être bête pour confondre ses doigts avec une tranche de pain ! C’est ce que nous pensons tous, et pourtant, les accidents arrivent tous les jours. Mais cet appareil est indispensable. Qui n’a pas de grille-pain ne trouve pas d’emploi. Un matin sans tartines grillées, c’est un employé mal luné. Malgré tout,

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aujourd’hui, je me suis posé la question suivante : que serait le monde sans grille-pain ? Qu’il soit pire ou meilleur, infernal ou idéal, une chose est certaine : il serait bien différent. Suivez-moi, je vais vous montrer. On a une vraie obsession ici !

Noir.

Lumière.

SCENE   3   : Le SDF

La scène se passe dans un jardin public. On voit d’abord Gérard passer avec les deux voyageurs puis :

- Un SDF entre, il porte toute la misère du monde sur son dos. Il est sale, affamé, frigorifié, malade... Il a une couverture et un gros sac de voyage avec lui. Le jardin est vide. Il s'installe donc au milieu avec un gobelet devant lui. En fond de scène, un bac public….

Une fois installé, des passants arrivent. Le SDF est invisible à leurs yeux, aucun ne s'intéresse à lui.

- Un enfant, NATHAN passe. Intrigué et curieux il touche l'homme. Sa mère arrive le gronde lui met une fessée et le tire loin de l'homme.

- Au bout d'un moment, quelqu'un jette un détritus qui tombe sur le SDF. Il le prend et le jette par terre à son tour.

- Arrive une femme avec un café à la main. Elle lui renverse malencontreusement dessus. Énervée d'avoir perdu sa précieuse boisson, elle lui jette sa tasse dessus, ne s'excuse de rien, et continue sa route. Le SDF manifeste son mécontentement, se lève pour demander réparation mais à ce moment une femme avec un gros sac à main et lui en file un gros coup par inadvertance et continue sans se rendre compte de rien. Le SDF lui est à terre assommé. Un vieux lui passe dessus avec sa canne, un passant pressé lui marche dessus, puis un autre, puis un autre...

Il finit piétiné, tous lui passent dessus.

Noir.

Lumière.

SCENE 4   : LA SOCIETE DU GRILLE-PAIN SUITE

Le rideau s’ouvre. On contemple le tableau suivant. Deux voisins (Roger et Sandrine) se trouvent chacun derrière un grille-pain. Roger, derrière son grille-pain, fait les cent pas en regardant sa montre. Sandrine, de son côté, se concentre, les yeux fermés, comme si elle pratiquait un exercice de méditation.

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Voyageur 1 : Pourquoi ces gens grillent-ils du pain sur leur terrasse ?

Gérard : A quoi bon le griller dans sa cuisine, lorsque l’on peut prendre le petit déjeuner dehors, sur sa terrasse, et montrer à tout le monde que l’on possède un BEAU grille-pain ? Cela peut paraître étrange, mais je vous rassure, dans cette ville, tout le monde est très gentil.

Roger et Sandrine : (Qui s’énervent soudainement après leur grille-pain.) Dépêche-toi, espèce de vieux tas de ferraille ! Qu’est-ce que tu fous ! Il avance ou quoi ? Je ne vais pas y passer la journée !

Gérard : (Aux deux voyageurs) Regardez. Le monsieur, là-bas, c’est Gérard. Individu de classe moyenne. Il travaille dans une grande entreprise d’informatique. Il doit nécessairement arriver à l’heure à son travail. Mais il possède un grille-pain bas de gamme qui met du temps à griller. Alors, c’est plus fort que lui, tous les matins, il s’énerve.

Roger regarde Sandrine. Sandrine regarde Roger.

Sandrine : (A Roger) Quoi ? Et qu’est-ce qu’il m’ veut l’autre ? Il veut ma photo ?

Gérard : Et à côté, c’est Sandrine. Même catégorie sociale. C’est la voisine de Roger. Elle aussi, elle doit arriver à l’heure à son travail. Mais comme son grille-pain ne fonctionne pas très bien, il cuit lentement. Alors Sandrine s’énerve.

Roger : Elle n’est pas gênée celle-là ! Allez ! Bouge-toi espèce de commère !

Sandrine : Bah voyons ! Bah voyons !

Gérard : Elle a conscience qu’elle s’énerve, et elle fait tout pour e contenir ; Mais c’est plus fort qu’elle. Un jour, la police l’a surprise en train de chauffer son pain à 155 degrés. Elle était à 25 au-dessus de la limitation ! Alors ça a chauffé : contravention, confiscation de l’appareil, etc. Et comme elle n’avait pas beaucoup d’argent, elle s’est acheté ce vieux grille-pain d’occasion.

Roger : Quelle andouille, ce n’est pas vrai !

Sandrine : Sale grilleur du dimanche ! Ordure !

Un « cling » se fait entendre. Les tartines sont grillées.

Sandrine et Roger : (Satisfaits) Ah…

Ils sortent le pain avec difficulté, de leur appareil bas de gamme. Ils mangent leurs tartines.

Sandrine : (a Roger, d’une voix amicale, très douce et zen) Belle journée n’est-ce pas ? Il fait un temps magnifique !

Roger : (Amical également) Oui, espérons que ça se maintienne pour le reste de la journée !

Sandrine : Dites, pourriez-vous garder mes enfants, dimanche soir ? J’ai un rendez-vous au salon du grille-pain.

Roger : Avec plaisir !

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Le policier entre.

Policier : Bonjour messieurs dames ! Contrôle des appareils ! (A Roger) Bonjour Monsieur. Carte grise de la machine, et certificat d’assurance, s’il vous plait.

Roger cherche ses papiers dans sa poche. Pendant ce temps, le policier tourne autour du grille-pain.

Policier : Tout à l’air conforme. (Roger donne les papiers au policier. Il les regarde, puis les lui redonne). Très bien. Oh ? Mais qu’est-ce que je vois ici ? Une bouteille de bière. Cela mérite un petit alcotest !

Roger : C’est-à-dire que…

Policier : On ne conteste pas ! (Le policier lui fait le test). 0,4 grammes. Vous êtes dans les normes. Mais je vous aurai un jour ! (Il va voir Sandrine). Bonjour madame. Papiers de l’appareil, s’il vous plaît. (Sandrine lui donne. Le policier les garde en main, le temps de faire un tour de l’appareil. Puis il s’arrête, et touche le petit levier). Tiens donc. Il semblerait qu’il y ait un disfonctionnement dans le levier automatique !

Sandrine : C’est-à-dire que…

Policier : Quand a eu lieu le dernier contrôle technique ? (Il regarde dans les papiers). 2005 ! Madame, vous êtes en retard ! … Et en infraction !

Sandrine : C’est-à-dire que le prix du pain a augmenté de 15 centimes ces derniers temps, alors…

Policier : Accusez donc la boulangère, pendant que vous y êtes ! Savez-vous combien de personnes se brûlent les doigts, avec des leviers mal réglés ? Je dois vous mettre une contravention, madame. 150 euros.

Sandrine : 150 euros ? Mais c’est énorme !

Policier : Oui mais… Offrez-moi donc deux ou trois tartines, je la réduirai à 125.

Sandrine : Bon. Tenez.

Sandrine donne des tartines au policier. Le policier écrit sur la contravention et la donne à Sandrine.

Policier : Voici madame. Et que je ne vous y reprenne plus ! (L’agent se tourne vers Gérard). Monsieur Gérard ! Comment allez-vous ? Votre grille-pain est toujours sublime, à ce que je vois ! Je ne le contrôle pas… Il est en parfait état de marche, cela va de soi.

Gérard : Monsieur l’agent, je vous présente deux touristes en visite.

Policier : Mesdames.

Voyageur 2 : Monsieur, savez-vous où je puis avoir du réseau, pour mon téléphone ?

Policier : Du réseau ? Mais il y en a partout ! Tous les grille-pain que vous voyez dans cette ville fonctionnent par champ électromagnétique ! (Il prend le téléphone du voyageur 2).

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Prêtez-moi votre téléphone. C’est un jeu d’enfant. Il vous suffit simplement de le brancher au grille-pain de monsieur Gérard, comme ceci, dans le trou principal, et normalement…

Bruit énorme de court-circuit. Toutes les lumières de la scène s’éteignent, et se rallument quelques secondes plus tard.

Gérard : Que s’est-il passé ?

Sandrine : Mon grille-pain ne fonctionne plus !

Roger : Ca alors ! Le mien non plus !

Gérard (en observant son grille-pain) : Mince…

Voyageur 2 : (en récupérant son téléphone dans le grille-pain) : Et moi je n’ai toujours pas de réseau !

Gérard : Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

Cris affolés de toute la population.

Voyageur 1 : Attendez ! J’ai une idée. Au lieu de vivre dans la dépendance du grille-pain, pourquoi ne pas simplement beurrer ses tartines, sans les faire griller ?

Gérard : Sans les faire griller ? Enfin, ne soyez pas ridicule !

Voyageur1 : Non, croyez-moi ! Je suis même sûr que les tartines sont meilleures quand elles ne sont pas grillées.

Sandrine : Mais… Mais c’est dégoûtant !

Voyageur 1 : (a Gérard, en prenant une tranche de pain) Prenez du bon pain ! Allez. Goûtez-moi ça !

Gérard : Ah non !

Voyageur 1 : S’il vous plait…

Gérard : Non !

Voyageur 1 : Je vais me fâcher !

Gérard cède et goûte une tranche de pain. Il fait une grimace de dégoût. Un temps. La grimace diminue.

Gérard : Mais… Mais oui… Ce n’est pas mauvais… C’est même délicieux…

Intrigués, Roger et Sandrine goûtent à leur tour.

Sandrine : Oui… C’est frais, c’est fin… C’est très raffiné…

Roger : Je n’ai jamais rien mangé d’aussi bon !

Voyageur 1 : Bah voilà !

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Gérard : Les amis ! Je crois que nos appareils ne nous seront plus utiles à présent. Emmenons –les à la décharge !

Sandrine : (résolue) Il a raison ! On abandonne le grille-pain ! A la décharge !

Tous : Ouais !

Roger : C’est vrai, une vie sans grille-pain, ce n’est pas la mort, finalement…

Gérard, Sandrine, Roger et les deux voyageurs sortent de la scène. Il ne reste que le policier, solitaire.

Policier : Et moi ? Qu’est-ce que je fais maintenant, si je ne peux plus inspecter les grille-pains ? (Il réfléchit) Je sais ! Je vais inspecter les fourneaux de la boulangère ! Avec tout le pain qu’elle vend, on peut bien lui rajouter quelques taxes !

Il sort.

Noir.

Lumière.

SCENE 5   : LE CAFE.

La scène se passe à la terrasse d'un café. Près de la boulangerie.

- Deux femmes sont assises à une table, elles discutent. Deux hommes arrivent à leur tour et s'assoient sur les femmes qui arrêtent de parler. Les hommes rient fort commandent à boire.

- A la table à coté arrive un homme avec sa femme. Elle porte une muselière. Une serveuse vient les servir l'homme commande et met une main au fesse à la serveuse qui continue à travailler comme si de rien n'était.

- Les deux hommes à coté partent et les femmes reprennent leur conversation.- Passe dans la rue un homme qui tient sa femme en laisse. Le premier couple du café

s'en va, le second prend sa place. - Arrive sur scène une femme «   poupée Barbie   » dans une boite. Elle ne fait que passer,

tirée par un homme.

Noir.Lumière.

SCENE 6   : LA SOCIETE DU GRILLE-PAIN SUITE ET FIN. LA BOULANGERIE

Dans la boulangerie. Un passant colle son chewing-gum sur la vitrine. (Ou crache devant la porte ?)

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Boulangère : (Au passant) Non mais vous n’êtes pas gêné vous ! Vous ne savez pas ce qu’est le savoir vivre, p’tit con !? C’est qui, qui va nettoyer maintenant !? Revenez ici tout de suite ! J’ai dit tout de suite ! (un temps) Vous n’êtes qu’un lâche ! (En rentrant dans sa boulangerie tout en disant a la grand-mère) Petit con va !

Grand-mère : C’est vrai que ce garçon a été impoli ! Mais ne vous mettez pas dans cet état ! Si vous l’insultez comme ça, vous ne valez pas mieux que lui !

Boulangère : Je vous ai causé à vous ? Alors fichez-moi la paix ! De toute façon c’est lui qui a commencé, c’est donc lui qui est en tort !

Un client entre.

Client : Une baguette à l’ancienne.

Grand-mère : (Tout bas a la boulangère) Cette fois ci ne faîtes pas de scandale !

Boulangère : (A la grand-mère) Ne vous en faites pas (tout haut) Je ne vais en faire, de scandale (Elle lance un regard noir au client).

Client : Quel scandale ?

Boulangère : Quel scandale ? Vous êtes idiot ou bien ? ! Le « bonjour, s’il vous plaît, merci » ? Ça vous passe complètement au-dessus de la tête ! Non mais c’est la journée des cons ou quoi ? Vous vous êtes réunis hier et vous vous êtes dit «  Tiens ! On va emmerder la vieille boulangère ! »

Grand-mère : (A la boulangère) Vous ne m’écoutez jamais vous …

Client : Si je suis, comme vous dites «  impoli et con » alors vous n’êtes qu’une vieille chouette ! Et je reste poli ! Mais vous vous prenez pour qui? Vous avez la chance d’avoir des clients et maintenant vous nous insultez ?! Vous n’êtes pas la seule boulangère du quartier, vous savez !

Boulangère : Vous ne vous en sortirez pas comme ça ….

Charlotte : (A Nathan) Mais où as-tu mis ton doudou ?

Nathan : (Pleurant) Je ne sais pas !!!

Boulangère : Et voilà ! …. Qu’est-ce que c’est que ça ? (Hurlant) Vous m’insupportez, tous autant que vous êtes ! J’en ai marre ! Vous étiez où quand vos parents vous ont éduqués ! Un « bonjour », ça vous arracherait la gueule ?!

Charlotte : (Apeurée et toute timide) Je suis confuse ! Mais j’étais distraite par Nathan, euh mon fils, il a perdu son doudou et … Je n’y ai pas pensé … Excusez-moi !

Grand-mère : Ne vous en faites pas ! Ce n’est rien (tout bas). La boulangère s’est levée du mauvais pied !

Boulangère : Je rêve ou cette vieille mégère se fout de moi ouvertement ! Mais où va le monde ! Et vous ! Quel exemple vous donnez à votre fils !

Client : Il n’y a pas de quoi s’énerver contre ces pauvres dames ! Vous allez trop loin madame ! Si vous continuez j’appelle la police ! Et je suis sérieux !

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Le policier rentre dans la boulangerie …

Policier : Quelqu’un a dit « police » !? Me voici ! Et d’ailleurs, on entend tellement crier de l’extérieur que j’allais venir faire une petite inspection… C’est vous qui criez, madame heu … la Boulangère. Vous allez bien ?

Boulangère : Qu’est-ce que c’est que ce cirque ? Ce n’est pas moi qui crie, ce sont eux ! (en montrant le client, Charlotte et la grand-mère) et tout va pour le mieux, monsieur, merci. Je n’ai pas besoin de vos services. J’étais simplement en train de leur donner une petite leçon de savoir-vivre ! Ah ! Voilà ! Quand on parle du loup ! (Un couple passe devant la boulangerie, l’homme met une claque sur les fesses de la femme). (Explosant de rage) Vous voyez, monsieur le policier, comment va votre monde ? Et c’est vous et votre je-m’en-foutisme notoire, qui en êtes responsables !

Policier : Ca va bien, ma petite dame ! On se calme, un peu… Mon je-m’en-foutisme voit que vous avez un sacré chewing-gum collé sur la vitrine et que vos clients ne sont pas servis…

Client : Voilà 15 minutes que j’attends !

Boulangère : Mais ce n’est pas du tout ce que vous croyez Colombo, j’étais gentiment en train de discuter avec ce charmant jeune homme et pour ce qui est du chewing-gum c’est ….

Policier : Non, non, non, non, non. Madame ; Contravention ! Et ne discutez pas !

Boulangère : Mais vous êtes un beau salaud ! Vous vous prenez pour qui ? Le justicier du chewing-gum ? Vous croyez en plus que je vais payer ? Mais vous rêvez mon gars ! Alors maintenant, on ne peut plus dire ce qu’on pense ? On ne peut plus défendre ses valeurs et faire remarquer à des crétins impolis leur bassesse humaine ?  On vit dans un monde de stupides, de crétins et d’abrutis ! Oui, j’ose le dire ! Voyez quel exemple on donne à cet enfant ? Il va devenir quoi, cet enfant plus tard ? Hein !

Nathan : En tout cas, pas vous !

Noir.

Lumière.

SCENE 7   : LA NAISSANCE DE SUPER-CIVIQUE   :

Nathan est seul au milieu de la scène vide, face au public. On entend ses pensées.

Voix Off : A ce moment-là… je sentis en moi l’aube d’une ère nouvelle. Le temps du changement venait de résonner comme une cloche d’église réveille le Saint Esprit. J’avais 9 ans, et devant moi (il examine le public) se débattait une foule d’égoïstes paradoxaux. Un peuple réclamant justice, reconnaissance, mérite et bienséance mais qui en retour répandait malhonnêteté, dédain, oisiveté et irrespect.

Un temps. Deux accessoiristes apportent deux chaises, l’un côté jardin, et la pose de profil regardant la coulisse côté cour. Nathan voit la chaise et va s’y assoir prenant sa tête dans ses

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mains, très préoccupé. Pendant ce temps, l’autre, la pose côté cours, de profil, regardant côté jardin, dessus est posé le costume de super civique. Nathan se relève et retourne à l’avant-scène face public.

Voix Off : Combien de personnes, comme moi, ont été choquées ? Combien sont devenues mauvaises au contact d’une société corrompue ?

Nathan s’assoit en tailleur et raconte sa vie d’enfant.

Nathan : A l’école, nous apprenions des valeurs auxquelles nous ne prêtions pas attention… Déjà, je trouvais injuste que Charles-Henri se fasse toujours voler son goûter à la sortie des cours. Quand Léonie se faisait traiter de grosse vache, j’avais immédiatement envie de prendre sa défense. Si la Cindy la dédaignait, je posais sur elle un regard accusateur. Et Axel, lorsqu’il a voulu me refaire le portrait parce que je lui avais marché sur le pied… Je n’aurais pas dû m’excusez, ça non, j’aurais dû lui dire quelle grosse brute qu’il était! (il se lève) L’incarnation du mal, le traumatisme de la récré !

Voix Off : Et la maîtresse, qui voit tout, qui ne dit rien. Qui nous apprend des valeurs auxquelles elle ne fait plus attention. Et la boulangère, aussi désagréable qu’antipathique, avec son œil critique qui juge ses prochains sans même balayer devant sa porte.

Nathan/ Super civique : Ras-le-bol ! C’est décidé ! Si les gens ne se prennent pas en main, je le ferai. Je veux être quelqu’un qui n’a pas peur, un héros moderne, avec un message à faire passer. Je me sens grandir. J’ai des opinions, je vais me battre pour elles. Oui ! Je suis désormais le défenseur de la civilité et des valeurs perdues. Je veux réveiller cette vie citoyenne endormie, laissant le chaos y prendre ses droits.

(Il s’entraine devant une glace imaginaire en verbalisant des « PUCH, PUCH »)

Quelqu’un jette un papier par terre ? Je lui ferai manger la poussière !

Moi, Super-Civique, je terrasserai l’incivique. Je lutterai pour la liberté et le respect d’autrui ! Allez Go !

Il sort, fier et sûr de lui.

Noir.Lumière.

Un personnage (perso 3) est assis sur une chaise. Super-civique (SC) entre avec sa chaise. Monte une marche imaginaire, choisit sa place imaginaire et s’installe dans un métro imaginaire. Il fait une station puis un arrêt. Les portes s’ouvrent. Entrent deux personnages avec leurs chaises (perso 1 et 2). Perso 1 semble déjà agacé. Perso 2 arrive en continuant une conversation téléphonique, très fort.

Perso 2 : Passe-la ! Mais passe-la je te dis ! … (Un temps où elle s’installe en prenant « sa place », évidemment) Allo ?! C’est toi ma chérie ?... Oh là là, que je suis contente de t’entendre ! …Ça fait combien de temps qu’on ne s’est pas vues ? …. C’est tout ? J’aurai dit plus ! Le temps passe si vite… Et Lucas ? … Ah ! Ah ! Ah ! (Elle rit) toujours aussi drôle ! … Non ! Ce n’est pas vrai ?! Si !?... (Elle incommode visiblement les autres passagers) Alors

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ça ! Il m’est arrivé d’en entendre des bonnes, mais, celle-là ! C’est comme moi, l’autre jour… Attends que je te raconte…

(Les passagers commencent à perdre leur sang-froid) J’étais dans un magasin avec mon frère, je l’avais accompagné parce qu’il n’a aucun gout pour s’habiller. Il est nul… Oui… Alors moi, j’étais là, en train de lui donner des conseils quand la vendeuse me dit …

Perso 1 : (Se levant) Mais tu vas la fermer, oui ! (Se rasseyant) C’est vrai quoi, depuis qu’on est sur le quai vous racontez votre vie à tout le monde. Vous pourriez parler moins fort s’il vous plait ?

Perso 2 : (Au téléphone) Je te rappelle. (A perso 1) C’est un lieu public, je parle fort si je veux !je raconte ma life si je veux ! Ok ?

Perso 3 : Vous avez raison…

Perso 1 et 2 : Qui ?

Perso 3 (à Perso 2) Rendez-vous compte que tout le monde vous regarde ici. C’est bien qu’il y a un problème, non ?

Perso 2 : Eh bien, si ça ne vous plait pas prenez votre voiture, pas les transports en commun.

« ENTREE FRACASSANTE » de super-civique (rampant sur la musique de mission impossible) arrêt, visage face public, puis il se lève et saisit le perso B par l’oreille.

SC : Dis-donc, vilaine, crier dans le train, ce n’est pas bien ! C’est impoli, irrespectueux et incivique. Répète !

Perso 2, tentant de se dégager : Mais ça ne va pas, non ?

SC, tournant un peu plus l’oreille : Tu n’as pas compris ? Répète !

Perso 2 : Aïe ! Si, j’ai compris : c’est impoli, irrespectueux et incivique.

SC, tournant encore un peu plus : Tu es sûre ?

Perso 2 : Mais oui !

SC : Merci ! Tu peux partir mais que je ne t’y reprenne plus !

Elle Sort. Persos 4 et 5 montent. Chacun avec sa chaise. Perso 4 porte un foulard autour du cou et mâche exagérément un chewing-gum. Il s’assoit et pose les pieds sur le siège d’en face. Le perso 5 étant sur le point de s’y asseoir change de place. Perso 4 retire son chewing-gum de la bouche et le colle sous le siège. Super-civique observe la situation avec attention. Il sort un arme maison été la pointe sur les jambes de perso 4. Comprenant que ses jambes vont y passer, il les retire immédiatement du siège.

SC : Hé ! Hé ! Trop tard ! Je t’ai vu ! Ha ! Ha !

Perso 4 : Non, non, ok, ok, je ne le ferai plus !

Gros « Puch » de Super-civique.

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SC : Dis-moi, si j’avais posé mes grosses chaussures pleines de terre sur le siège où tu as posé ton joli derrière, aurais-tu eu envie de t’y asseoir ? Hein ? Et ton chewing-gum, ruminant, tu ne trouves pas ça un peu cradoc par hasard, de le coller sous le siège ? Alors, tu vas être bien mignon, déchirer un petit bout de papier et tu vas aller le récupérer, compris !?

Perso 4, à genoux : Oui, Super-civique, d’accord super-civique…

SC : Tu peux m’appeler SC.. (« SSSSSS »)

Perso 4 : Oui, SC, J’ai compris mon erreur, désormais, je ne dégraderai plus le matériel public et je défendrai la veuve et l’orphelin.

Perso 4 détache son foulard, s’en fait une cape et s’envole vers d’autres cieux.

Noir.

Lumière.

Scène vide. La situation se passe devant l’administration d’une faculté. Entre une dame âgée, elle se poste côté jardin à l’avant-scène de profil, elle regarde la coulisse la plus proche. Elle regarde sa montre, fait mine d’attendre. Quelques instants plus tard entre une jeune fille, casque sur les oreilles, elle chante écoutant sa musique à fond. Elle fait la queue derrière la vieille dame. Arrive ensuite un couple d’amoureux, se plaçant en troisième position. Enfin, une cinquième et dernière personne vient s’insérer dans la queue à la file indienne. Ils patientent encore quelques secondes, puis l’ouvreuse arrive.

Ouvreuse : Bonjour. C’est pour quoi ?

Vieille dame : Je viens chercher le poly pour le partiel de la rentrée.

Ouvreuse : Je reviens.

Elle sort. Attente. La jeune fille chante de plus en plus fort.

Vieille dame (VD) : Tu vas baisser ta musique de sagouin oui tête d’enclume !

Jeune fille : C’est bon, j’ai mis mes écouteurs !

« ENTREE FRACASSANTE » de super civique. Il arrive à reculons sur la BO de James Bond.

SC : Toi la vilaine, tu vas baisser le son.

Jeune fille : Mais…

SC : Il n’y a pas de « mais » (gros « PUCH », la jeune fille tombe par terre)

Vieille dame : Oh merci super civique, vous êtes for… (« DOUBLE PUCH » de super civique, la dame âgée tombe à terre)

SC : Et vous, vous auriez dû lui demander poliment. Les jeunes apprennent par l’exemple, soyez exemplaire ou fermez-la. Maintenant je vous relève et vous allez faire sagement la queue…

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Les deux femmes se relèvent, penaudes et reprennent leur file d’attente. Super civique va pour partir quand le dernier de la file double les 3 personnes devant elle.

Lui : Nan mais faut pas se gêner !

Elle : Tu l’as vu celle-là en train de doubler tout le monde ?

SC : (Se retournant) Quoi ? (Attrapant le doubleur par le bras) Hé toi ! Tu n’as pas compris ce que je t’ai dit, là ?

Doubleur : Mais… mais… Vous n’avez rien dit.

SC : Ah ? Bon. Ce que j’ai voulu dire c’est que doubler ce n’est pas bien, si tu recommences tu te prendras un « PUCH » comme les autres. (Il sort)

L’ouvreuse revient.

Ouvreuse : J’ai votre poly, madame… Ah non mince. Il est 15h02, on est fermé depuis 2 min. Revenez aux heures ouvrables. (Elle sort)

Agacement général, soufflements, voir crises d’hystérie, ils sortent tous.

NOIR.

LUMIERE.

Retour dans le train, les chaises sont placées dans le sens « retour ». Le wagon est rempli, une vieille dame étrangère et sa petite fille entrent.

Petite fille : (S’adressant à un monsieur) Excusez-moi monsieur, pouvez-vous laissez votre place à ma grand-mère ? S’il vous plaît monsieur ».

Monsieur : (Au téléphone, il ne regarde pas la jeune fille) Vous ne voyez pas que je suis au téléphone ? Vous me dérangez là. (En parlant au téléphone) Désolée ma Chérie, c’était une roumaine qui voulait que je lui laisse ma place. C’est bon, elle est partie ! Tu disais ?

Petite fille : (Reste un instant sous le choc puis s’adresse à une femme et son fils) Excusez-moi Madame mais pourriez-vous prendre votre fils sur vos genoux pour que ma grand-mère puisse s’asseoir ? S’il vous plaît madame.

Dame 1 : (Avec un rire narquois) Mon fils et moi sommes arrivés avant vous non ? Il est parfaitement normal que nous gardions nos places. Allez essayer dans un autre wagon !

Petite fille : Excusez-moi Madame mais vous n’êtes pas correcte. Les places ne sont pas attitrées. Je vous le demande pour une personne âgée Madame ! C’est mon accent qui vous dérange ?

Dame 1 : Mais pas du tout ! Si vous voulez une place, attendez que les gens descendent c’est tout naturel !

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SC : (S’adressant à la petite fille) Laissez-moi faire.

Petite fille : Non, merci Monsieur Super Civique, mais vous ne serez pas toujours là. Nous devons tous nous battre pour obtenir le droit de vivre ensemble en respectant les autres.

SC : Je suis ému… Une nouvelle partisante.

Dame 2 : (Qui était debout, accoudée) Oui ! Voilà ! Je le dis ! Je trouve cette situation inadmissible ! De couleur ou non, cette dame que vous méprisez, est âgée et a besoin d’un endroit pour s’asseoir ! Votre racisme me dégoute, vous devriez avoir honte de votre attitude !

Le petit garçon se lève et cède sa place à la dame, sous le regard noir de sa mère.

Noir.

Lumière.

SCENE 8   : LA MORT DE SUPER CIVIQUE.

Super civique se promène. Une bande arrive, composée de plusieurs mécontents.

1 : Le voilà !

2 : C’est lui ?

3 : Oui, je le reconnais !

4 : Attrapons-le !

5 : Attachons-le !

6: Vengeons-nous !

7 : Faisons-lui la peau !

SC : Quoi ?

Il essaie de les éviter sans pour autant fuir. Ils finissent par l’attraper.

1 : On va te faire payer, super-nul !

2 : Tu vas déguster, super-minable !

SC : Mais qu’est-ce que je vous ai fait ? Pourquoi tant de haine !

3 : Tu m’as humilié devant mon fils parce que je n’avais pas dit « merci », merdeux !

4 : Tu m’as obligé à nettoyer le parc parce que j’y avais jeté des papiers, andouille.

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5 : Tu m’as fait nettoyer mon crachat, avec ma langue, vicieux.

6 : Tu m’as obligé à présenter des excuses à un étranger, abruti.

7 : Tu as voulu que je tienne les portes à des femmes ! Crétin !

Tous : Tu vas morfler ! (Déguster, souffrir…)

A chaque mot qu’ils prononcent, ils assènent un coup à Super-civique qui ne s’en relèvera pas. Chaque coup « tue » une valeur…

1 : Merci ! (Un coup, au visage.)

2 : Bonjour ! (Un coup de l’autre côté.)

3 : Respect ! (Un coup à l’épaule.)

4 : Pardon ! (Un coup dans l’autre épaule.)

5 : S’il vous plait ! (Un coup dans le ventre.)

6 : Ecoute ! (Un coup dans la hanche.)

7 : Entraide ! (Un coup dans l’autre hanche.)

1 : Dévotion ! (Un coup derrière un genou.)

2 : Au revoir ! (Un coup derrière l’autre genou.)

3 : Fraternité ! (Un coup dans le dos pour le faire tomber à plat dos.)

4 : Politesse ! (Un coup violent dans la tête, dernier soubresaut de Super-civique.)

Super-civique est inerte sur le sol.

5 : Bien fait ! Il n’a eu que ce qu’il méritait.

6 : Nous sommes libérés du joug de la politesse,

7 : Du respect et de l’écoute.

1 : Vive le chacun pour soi !

2 : Vive l’hypocrisie, la mauvaise foi et la prétention !

3 : Maintenant on fait ce qu’on veut.

4 : Quand on veut, comme on veut.

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Les personnages descendent dans le public, et « l’agresse ».

5 : Je veux ton sac à main, donne ! (Prend un sac)

6 : Pousse-toi, je veux m’asseoir ! (s’exécute.)

7 : (Marche sur les pieds de quelqu’un ou le bouscule) T’avais qu’à dégager ! Je ne m’excuse pas !

Petite impro où les personnages font monter l’irrespect entre eux et avec le public. Attention au vocabulaire ! Lorsque qu’on arrive à un certain paroxysme, que les personnages commencent à en venir aux mains, l’un d’entre eux, à une femme :

1 : Quoi ?! Tu veux ma photo ? Baisse les yeux ! Baisse les yeux ! Baisse les yeux ou...

2 : Non ! Arrête, c’est ma mère ! (Soubresaut de vie de SC)

1 : Et alors ! Je m’en fiche ! Je ne respecte personne moi !

2 : Moi non plus, mais là, quand-même, c’est ma maman… (SC …)

1 : Bon, si c’est ta maman… excusez-moi, madame… (SC…)

3 : Quoi ?! Tu t’excuses ? Tu demandes pardon ? Tu te rabaisses ?! Tu es stupide ou quoi ?

4 : N’exagère pas quand-même, ce n’est pas « se rabaisser ». Reconnaitre qu’on a fait une erreur, c’est plutôt intelligent, non ? (SC…)

5 : (Choisit quelqu’un dans le public qui appuie ce qui suit.) Ça va ? Vous n’avez pas l’air bien, vous devriez vous asseoir…

6 : Mais qu’est-ce que tu fais ? Tu t’occupes de lui (d’elle) ? Tu ne veux pas lui donner la main tant que tu es ?

5 : Je ne sais pas. (A la personne) Vous avez besoin de mon bras ? (SC…)

Perso 3 tombe.

7 : Attends, ne bouge pas, je viens t’aider. (SC…)

3 : Merci beaucoup.

SC : Ah ! Ah ! Je vous y prends ! L’anarchie de vous plait plus ? Vous avez des soubresauts de respect, de politesse…

1 : Mais…

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SC : Mais quoi? Vous m’avez tué ? Vous avez tué les valeurs morales qui sont les fondements du « vivre ensemble ». Vous avez essayé de vous affranchir de ce peu d’humanité qu’il y avait en vous… Mais ce n’est pas si facile, hein ? Ah ! Ca ! Les oublier quand ça vous arrange, c’est simple… Vous regarder le nombril, c’est quelque chose que vous savez faire ! Mais aller au bout du processus, être salop jusqu’au bout des ongles, finalement, ce n’est pas si facile… Hein !

Demandez pardon !

Tous les personnages vont demander pardon, s’excuser, faire des bisous au public… Petite impro mignonette ! Super-Civique en posture de vainqueur…

Je suis Super-civique ! Et avec vous, je gagne !

Noir.

(Scène optionnelle, à voir…

On rejoue la scène du sdf. Sauf que les gens se croisent en se disant un « bonjour gentil », qu’au lieu de renverser son café sur le sdf, on lui offre, etc…)

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