triade noire, personnalité limite et maltraitance
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© Camille Leclerc, 2020
Triade noire, personnalité limite et maltraitance émotionnelle chez les adolescents: le rôle médiateur de
la mentalisation
Mémoire doctoral
Camille Leclerc
Doctorat en psychologie
Docteure en psychologie (D. Psy.)
Québec, Canada
Triade noire, personnalité limite et maltraitance
émotionnelle chez les adolescents: le rôle médiateur
de la mentalisation
Mémoire doctoral
Camille Leclerc
Sous la direction de :
Karin Ensink, directrice de recherche
ii
Résumé
La présente étude s’intéresse à la triade noire (TN) de la personnalité et aux traits de
personnalité limite, ainsi qu’à leurs associations avec la maltraitance émotionnelle et la
mentalisation. Ces construits de personnalité ont tous été associés à des déficits de
cognition sociale et à un environnement adverse à l’enfance, mais la littérature n’est pas
claire sur la nature de ces relations. La présente étude a pour premier objectif d’explorer les
associations entre les construits de la triade noire et la personnalité limite. Le deuxième
objectif est d’examiner la présence de déficits de mentalisation et de maltraitance
émotionnelle chez les adolescents d’échantillons clinique et non clinique, ainsi que
l’association entre ces variables et les construits de personnalité à l’étude. La mentalisation
est alors proposée comme médiateur de la relation entre la maltraitance et les traits de
personnalité chez des adolescents d’un échantillon clinique. Les résultats confirment une
forte association entre les trois construits de la TN et une association modérée entre la
personnalité limite et la TN. Les résultats révèlent que la mentalisation joue un rôle
médiateur dans la relation entre la personnalité limite et la maltraitance émotionnelle. De
plus, les résultats suggèrent que la mentalisation pourrait également jouer un rôle protecteur
dans la relation entre la maltraitance émotionnelle et le machiavélisme. La présente étude
n’a pas su démontrer que la mentalisation jouait un rôle médiateur dans la relation entre la
maltraitance et le narcissisme ainsi qu’avec la psychopathie, mais les résultats suggèrent
qu’il serait pertinent d’explorer davantage cette piste dans le cadre d'études ultérieures.
iii
Table des matières
Résumé ................................................................................................................................... ii
Table des matières ................................................................................................................. iii
Liste des tableaux .................................................................................................................. iv
Liste des figures ...................................................................................................................... v
Listes des abréviations ........................................................................................................... vi
Remerciements ..................................................................................................................... vii
Introduction ............................................................................................................................ 1
Chapitre 1 : Recension des écrits ............................................................................................ 1
La triade noire de la personnalité ....................................................................................... 1
Cognition sociale, mentalisation et fonctionnement réflexif .............................................. 5
Impact de la maltraitance sur la mentalisation ................................................................... 7
Triade noire, personnalité limite et cognition sociale ......................................................... 9
Triade noire, personnalité limite et maltraitance .............................................................. 13
Maltraitance, mentalisation et personnalité ...................................................................... 15
Objectifs ........................................................................................................................... 15
Chapitre 2 : Méthode ............................................................................................................ 17
Participants ....................................................................................................................... 17
Matériel ............................................................................................................................. 18
Procédure .......................................................................................................................... 20
Chapitre 3 : Analyses statistiques ......................................................................................... 21
Chapitre 4 : Résultats ............................................................................................................ 23
Analyses descriptives ....................................................................................................... 23
Analyses corrélationnelles ................................................................................................ 23
Analyse acheminatoire ..................................................................................................... 26
Chapitre 5 : Discussion ......................................................................................................... 28
Relations entre les trois membres de la triade noire ......................................................... 28
Traits de personnalité limite et triade noire ...................................................................... 29
Rôle médiateur de la mentalisation .................................................................................. 30
Limites de l’étude ............................................................................................................. 35
Conclusion ............................................................................................................................ 37
Bibliographie ........................................................................................................................ 38
iv
Liste des tableaux
Tableau 1
Description et comparaison des adolescents des échantillons clinique et non clinique…...43
Tableau 2
Comparaison du type de maltraitance émotionnelle rapporté en fonction du parent dans
l’échantillon clinique…………………………………………………………..…………. 44
Tableau 3
Corrélations de Pearson entre les construits de la TN, la personnalité limite, les facteurs de
fonctionnement réflexif et la maltraitance émotionnelle dans l’échantillon clinique….......45
Tableau 4
Estimation des covariances entre les échelles de FR (médiateurs) et les variables
dépendantes…………………………………………………………………..………….…46
v
Liste des figures
Figure 1.
Intercorrélations entre les trois membres de la TN (machiavélisme, narcissisme et
psychopathie)………………….…………………………………...………………………47
Figure 2.
Analyse acheminatoire des associations significatives et marginalement significatives entre
la maltraitance émotionnelle maternelle et paternelle, le FR des adolescents (confusion et
intérêt/curiosité) et les traits de personnalité limite et machiavéliques auprès de 40
adolescents d’une population
clinique……………………..……………………………….48
vi
Listes des abréviations
BPFS-C…………………...……….……..Borderline Personality Features Scale for
Children
CECA-Q………………………...…Childhood Experience of Care and Abuse
Questionnaire
DD-Y………………………...………...……………………...………Dirty Dozen for Youth
FR………………………………..………………………………….Fonctionnement réflexif
PIANO……...…………………….Portail intégré d’applications numériques pour
ordinateur
RFQ-Y………………………..………………...Reflexive Function Questionnaire for
Youth
SCEP………………………...………..…..Service de consultation de l’École de
psychologie
ToM…………………………...…………………………………………...…Theory of Mind
TN ……………….…………..…..………………………………………………Triade noire
TPL………………………………………...…………….….Trouble de la personnalité
limite
vii
Remerciements
J’aimerais tout d’abord remercier ma directrice de recherche, Madame Karin Ensink,
pour avoir cru en moi et en mon projet tout au long de ce processus. C’est vous qui m’avez
introduit au monde de la recherche dans le cadre de ma Recherche dirigée et j’ai
énormément appris sous votre supervision depuis ce temps. Je tiens également à remercier
Madame Lina Normandin, présidente de mon comité d’encadrement, pour ses critiques
toujours constructives concernant mon projet. Je n’aurais jamais pu arriver à ce résultat
sans votre support et votre implication. Je dois également un énorme merci à Hélène
Paradis, statisticienne, pour son aide précieuse en matière d’analyse statistiques.
Je dois également un énorme merci à toute l’équipe du laboratoire de recherche en
psychologie clinique de l’enfant et de l’adolescents, qui a permis la réalisation de ce projet
par son travail incroyable en matière de recrutement, de saisie de données et de gestion de
banque de données. Un merci spécial à Michaël H. Bégin, qui a toujours été prêt à m’aider
quand j’en avais besoin. Je ne peux pas non plus passer à côté d’Alexandra Thériault
Séréno. En tant que collègue et amie, tu m’as toujours aidée à relativiser quand mon
autocritique me jouait des tours, depuis Recherche dirigée jusqu’à aujourd’hui! Enfin, un
grand merci à Marie-Claude Parent, ma partenaire de rédaction et soutien moral de l’été
2019!
Je tiens également à remercier mon amoureux, Francis, pour son soutien et ses
encouragements. Tu as cru en moi et tu as toujours su voir le verre à moitié plein quand je
le voyais à moitié vide (ou complètement vide, avouons-le)! Tu es arrivé dans ma vie à la
fin de mon parcours doctoral, mais ton optimisme à tout épreuve aura eu plus d’importance
que tu ne pourrais t’imaginer. Ensuite, un grand merci à mes parents et ma famille, qui
m’ont toujours encouragée et supportée dans la poursuite de mes études et de ma carrière.
Finalement, un gros merci à mes amies du doc, Alexandra, Kelly Ann, Émilie,
Sandra et Amber. Qu’aurait été le doctorat sans vous et sans nos sorties pour se changer les
idées? Et Anne-Marie, ma partenaire de P2, je te dois aussi un très grand merci pour ton
soutient à travers les épreuves que nous avons vécues ensemble. On va finir par aller le
prendre notre nachos au pub!
Merci infiniment!
1
Introduction
Bien que le narcissisme, la psychopathie et le machiavélisme soient trois construits
distincts, la recherche montre qu’ils présentent certains chevauchements. Ces trois
construits de personnalité, qui sont considérés comme aversifs sans nécessairement
atteindre un seuil pathologique, forment la « triade noire » (TN; « dark triad »). Chacun de
ces construits de personnalité implique à divers degrés des comportements d’autopromotion,
une froideur émotionnelle, une tendance à la tromperie et à l’agressivité (Paulhus et
Williams, 2002). Chez les adolescents de la communauté, les traits de personnalité de la TN,
plus particulièrement la psychopathie et le machiavélisme, sont associés à la présence de
délinquance et de symptômes d’agression (Muris, Meesters et Timmermans, 2013). De plus,
les trois construits de la TN sont associés à des déficits au niveau de la cognition sociale,
notamment un déficit d’empathie. Une meilleure compréhension de la relation entre la
triade noire et la cognition sociale pourrait contribuer à améliorer les interventions auprès
d’adolescents présentant ces traits de personnalité. De plus, puisque la plupart des études
sur la TN ont été menées auprès d’adultes, il subsiste des lacunes au niveau des
connaissances quant à l’expression de ces traits de personnalité et leurs relations chez les
adolescents.
1
Chapitre 1 : Recension des écrits
La triade noire de la personnalité
Narcissisme. Le narcissisme peut être conceptualisé comme étant la capacité d’un individu
à maintenir une image de soi relativement positive à travers une variété de processus
d’auto-régulation, sous-tendant ses besoins de validation et d’affirmation ainsi que sa moti-
vation à rechercher ouvertement ou secrètement des expériences de valorisation personnelle
dans son environnement social (Pincus et al. 2009). Le narcissisme peu s’exprimer de façon
saine ou de façon pathologique, reflétant une organisation adaptée ou mésadaptée de la per-
sonnalité de l’individu, ses besoins psychologiques et ses mécanismes de régulation. Ces
différents facteurs donnent lieu à des différences individuelles dans la façon de gérer les
besoins de valorisation de soi et de validation (Pincus & Lukowitsky, 2010). Le narcissisme
en tant que construit de la triade noire réfère aux aspects aversifs du concept de narcissisme,
soit davantage au narcissisme pathologique.
Bien que le narcissisme à l’adolescence ait fait l’objet d’un nombre grandissant
d’études dans les dernières années, des lacunes demeurent dans les connaissances à ce sujet.
Pourtant, le narcissisme jouerait un rôle important dans le développement de l’adolescent,
voire même un rôle adaptatif. Selon Hill et Lapsley (2011), le sentiment d’omnipotence
serait une facette plus adaptative du narcissisme à l’adolescence, puisqu’elle est associée à
une meilleure estime de soi et un sentiment accru de valeur personnelle. Toutefois, le
sentiment d’être unique serait plutôt une manifestation maladaptée de narcissisme à
l’adolescence, entraînant un sentiment de vulnérabilité et une certaine anxiété sociale.
Selon Ensink et coll. (2018), le narcissisme pathologique à l’adolescence est associé à la
présence de troubles internalisés et externalisés.
Deux phénotypes de narcissisme pathologique ont été identifiés : le narcissisme
grandiose et le narcissisme vulnérable. Wink (1991) est le premier à avoir soulevé l’idée
que le narcissisme puisse prendre ces deux formes. Il identifie le narcissisme grandiose
comme étant associé à l’extraversion, une haute estime de soi, l’exhibitionnisme et
l’agression, alors que le narcissisme vulnérable serait plutôt associé à l’introversion, une
attitude défensive, une hypersensibilité, de l’anxiété, et une vulnérabilité face aux traumas.
2
Malgré ces différences, les deux facettes du narcissisme partagent un noyau commun, soit
l’arrogance, la complaisance et le mépris d’autrui. Si cette structure du narcissisme a
d’abord été révélée au sein d’une population adulte, l’existence de ces deux facettes du
narcissisme a aussi été confirmée récemment chez les adolescents (Ensink et coll., 2018).
Psychopathie. Le concept de psychopathie a d’abord été défini par Cleckley (1988),
à partir de ses impressions cliniques. C’est à partir des critères établis par Cleckley que
Hare (1980) a développé la Psychopathy Checklist (PCL), une échelle largement utilisée en
recherche qui fut révisée plusieurs fois par la suite (Hare, 1991; 2003) sur la base de
travaux empiriques. Des analyses factorielles ont permis d’identifier deux composantes
centrales de la psychopathie : un facteur affectif-interpersonnel et un facteur impulsif-
antisocial. Le premier facteur est défini par un dysfonctionnement émotionnel, impliquant
une réduction de l’empathie, des traits calleux-insensibles et un attachement réduit, alors
que le deuxième facteur réfère à des comportements antisociaux (Hare et coll., 1990;
Harpur, Hakstian et Hare, 1988). Des travaux plus récents remettent toutefois en doute cette
structure à deux facteurs, proposant plutôt un modèle à trois facteurs (Cooke et Michie,
2001; Jones, Cauffman, Miller et Mulvey, 2006), dans lequel le facteur de
dysfonctionnement émotionnel est divisé en deux sous-catégories, soit une dimension
calleuse-insensible et une dimension de narcissisme. De manière similaire, trois dimensions
de psychopathie ont été identifiées chez les enfants et les adolescents: (1) une dimension
affective (émotions superficielles, manque d’empathie, dureté), (2) une dimension
interpersonnelle (charme superficiel, manipulation, grandiosité, mensonge) et (3) une
dimension comportementale (impulsivité, irresponsabilité, recherche de sensation, absence
de but à long terme) (Andershed, Kerr, Stattin et Levander, 2002; van Baardewijk et coll.,
2008). C’est la dimension affective, les traits calleux-insensibles, qui distinguerait de
manière unique la psychopathie des autres troubles de types antisociaux (Sharp et
Vanwoerden, 2014).
Machiavélisme. Le machiavélisme réfère à un style de personnalité marqué par le
cynisme, le pragmatisme, des croyances misanthropes et immorales, une empathie limitée,
la manipulation, l’exploitation des autres, la tromperie et la planification stratégique
(Christie, Geis, Festinger et Schachter, 2013). Le machiavélisme est d’ailleurs associé au
3
fait d’être socialement manipulateur et à l’exploitation d’autrui à ses propres fins (Jonason,
Li, Webster et Schmitt, 2009). Les individus ayant un haut degré de machiavélisme tendent
à se comporter de manière froide et manipulatrice autant lors d’expériences en laboratoire
qu’en milieu naturel (Christie et coll., 2013). La plupart des études sur le machiavélisme
ont été effectuées auprès d’échantillons adultes, mais quelques études se sont penchées sur
le machiavélisme chez les adolescents. Chez ces derniers, le machiavélisme serait associé
positivement à différents types de difficultés, dont l’hyperactivité, les problèmes de
comportement, les problèmes avec les pairs et certains symptômes émotionnels. Il
semblerait d’ailleurs que le machiavélisme augmente avec l’âge, suggérant que les
adolescents deviennent plus cyniques en vieillissant (Geng et coll., 2017).
Personnalité limite. Le trouble de la personnalité limite (TPL) est une
psychopathologie sévère qui se caractérise par un mode général d’instabilité des relations
interpersonnelles, de l’image de soi et des affects, avec une impulsivité marquée qui se
manifeste dans divers contextes (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders
(DSM-5) : Americain Psychiatric Association, 2013). Le diagnostic de TPL selon le DSM-5
représente un construit catégoriel. Or, en raison des aspects développementaux de la
personnalité à l’adolescence, il vaut mieux adopter une approche dimensionnelle plutôt que
catégorielle (Sharp et Fonagy, 2015). Chez les adolescents, la personnalité limite a été
associée à une plus grande occurrence de troubles liés à l’utilisation d’une substance, de
problèmes intériorisés et extériorisés (Chanen, Jovev et Jackson, 2007; Ha, Balderas,
Zanarini, Oldham et Sharp, 2014) et d’autres troubles de personnalité appartenant à tous les
groupes (Becker, Grilo, Edell et McGlashan, 2000).
Relations entre les construits de la triade noire. Une méta-analyse (Furnham,
Richards et Paulhus, 2013) conduite sur près d’une centaine de corrélations a cherché à
évaluer la force des corrélations entre les trois construits de personnalité de la TN dans des
échantillons non cliniques. Il en ressort que toutes les corrélations observées sont positives
et significatives et qu’environ le quart d’entre elles sont plus grandes que 0,50. Enfin, selon
cette méta-analyse, les construits les plus fortement corrélés seraient le machiavélisme et la
psychopathie, alors que le narcissisme et le machiavélisme seraient les moins fortement
associés. Une méta-analyse plus récente (Vize, Lynam, Collison et Miller, 2018) a examiné
4
les différences entre les composantes de la TN et présente les intercorrélations moyennes
obtenues avec le Dirty Dozen, dont une version adaptée aux adolescents est utilisée dans la
présente étude. Les résultats montrent des corrélations modérées à fortes entre les concepts
(rs = 0,49 pour le machiavélisme et le narcissisme, 0,33 pour le narcissisme et la
psychopathie et 0,53 entre le machiavélisme et la psychopathie).
Triade noire vulnérable. Le narcissisme pathologique et la psychopathie font
preuve d’une certaine hétérogénéité. En effet, la pathologie du narcissisme peut se présenter
selon le type grandiose ou vulnérable, et deux facteurs de psychopathie ont été identifiés,
soit un facteur affectif/interpersonnel (i.e. psychopathie de type 1) et un facteur
comportemental (i.e. psychopathie de type 2). Pour rendre compte de cette hétérogénéité,
Miller et coll. (2010) ont étudié l’existence d’une TN dite « vulnérable », qui combine un
style interpersonnel hostile à une dérégulation émotionnelle. Cette seconde triade serait
composée du narcissisme vulnérable, de la psychopathie de type 2 et de la personnalité
limite. D’un autre côté, la personnalité limite a également été suggérée comme quatrième
membre potentiel de la TN originale (Furnham et coll., 2013), puisqu’elle présente une
association significative avec le narcissisme vulnérable (Miller et coll., 2010) et la
psychopathie (Hunt, Bornovalova et Patrick, 2015; Sprague, Javdani, Sadeh, Newman et
Verona, 2012). Par ailleurs, le chevauchement entre la psychopathie et la personnalité limite
serait particulièrement observable chez les femmes (Sprague et coll., 2012). La personnalité
limite, tout comme les autres construits de la TN originale, est associée à des déficits de
cognition sociale.
La personnalité dans une perspective de psychopathologie développementale
Si l’étude de la personnalité, tant normale que pathologique, s’est longtemps limitée
à l’âge adulte, ces dernières années ont vu s’accroître l’intérêt envers les troubles de
personnalité à l’adolescence. Dans leur revue portant sur l’état des connaissances en
matière de troubles de la personnalité à l’adolescence, Lebel et Normandin (2015)
soulignent le fait que l’adolescence est une période de grands bouleversements aux plans
biologique, psychologique et social mettant grandement à l’épreuve les capacités
d’adaptation des jeunes. De ce fait, l’approche de la psychopathologie développementale
devient tout indiquée afin de mieux comprendre ce qui fait en sorte que certains adolescents
5
vivent des difficultés au cours de cette période et d’autres non. Par ailleurs, une grande
attention a été portée au trouble de la personnalité limite à l’adolescence, élargissant les
connaissances quant à ses manifestations, sa stabilité et ses facteurs de risque. Les aspects
plus sombres de la personnalité chez les jeunes ont quant à eux été moins étudiés, laissant
la place aux aspects plus vulnérables. Or, considérant les difficultés associées à la présence
de traits de la TN chez les adolescents, une meilleure connaissance des manifestations, du
développement, de la stabilité et des facteurs de risque associés pourrait s’avérer d’une
grande importance en termes de traitement et de prévention, tant pour la société que pour
les adolescents eux-mêmes. De plus, le fait d’avoir vécu de la maltraitance émotionnelle
durant l’enfance, pourrait potentiellement expliquer que certains adolescents développent
des traits de personnalité narcissiques, psychopathiques, machiavéliques et limite. La
mentalisation pourrait être la clé pour expliquer cette trajectoire, et ce concept sera
davantage développé dans la section suivante.
Cognition sociale, mentalisation et fonctionnement réflexif
Définition de la cognition sociale. La cognition sociale fait référence aux
nombreux processus grâce auxquels les individus comprennent et donnent un sens au
monde qui les entoure (Frith, 2008). Autrement dit, il s’agit du processus par lequel un
individu, enfant ou adulte, se comprend lui-même et comprend les autres en termes de
comment ils pensent, ressentent, perçoivent, imaginent, réagissent, attribuent et infèrent
(Sharp, Fonagy et Goodyer, 2008). De nombreux mécanismes de cognition sociale ont été
identifiés, et ceux-ci existeraient sur deux niveaux. Certains mécanismes sont implicites,
largement automatiques, et considérés comme étant de bas niveau. Ces mécanismes de bas
niveau permettent l’imitation, la contagion émotionnelle et la reconnaissance d’émotions à
partir d’expressions faciales. Il existe également des mécanismes de plus haut niveau, qui
sont plus lents et flexibles, et qui demandent un plus grand effort mental. Ces processus
sont requis pour calculer les intentions, les croyances et les désirs d’autrui, et doivent donc
intégrer une représentation mentale de l’esprit de l’autre, tout en suspendant
temporairement sa propre perspective (Frith et Frith, 2008; Sharp et Vanwoerden, 2014).
Définition de l’empathie. L’empathie est un concept relié à la cognition sociale et
fait l’objet de nombreuses définitions. L’empathie étant un concept multidimensionnel, on
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y distingue généralement trois composantes : l’empathie cognitive, l’empathie émotionnelle
et l’empathie motrice. L’empathie cognitive réfère à la capacité de l’individu de se
représenter les états mentaux des autres, et donc à la théorie de l’esprit (Theory of Mind en
anglais [ToM]), ou mentalisation (Frith et Frith, 2003; Leslie, 1987; Sharp et coll., 2008).
L’empathie émotionnelle désigne plutôt la réponse émotionnelle aux émotions exprimées
par les autres (expressions faciales et vocales, mouvements corporels, etc.) (Sharp et coll.,
2008). L’empathie motrice se produit lorsqu’un individu reflète les réponses motrices d’une
personne qu’il observe (Preston et de Waal, 2002).
Définition de la mentalisation. La cognition sociale englobe de nombreux
construits, dont la mentalisation, qui correspond à la capacité de concevoir les états
mentaux chez soi et chez les autres. La mentalisation est un concept décrit autant dans les
domaines de la psychodynamique (Fonagy, Jurist, Target et Gergely, 2014) que de la
psychologie cognitive (Baron-Cohen, Tager-Flusberg et Lombardo, 2013; Morton et Frith,
1995). Le fonctionnement réflexif (FR) correspond à l’opérationnalisation du concept de
mentalisation, et réfère au processus mental qui sous-tend la capacité de mentaliser.
L’attribution d’états mentaux permet de donner du sens au comportement d’autrui, rendant
celui-ci prévisible (Fonagy, Target, Steele et Steele, 1998). Le FR s’inscrit dans le contexte
de l’attachement, et se développe dans le cadre des premières relations sociales de l’enfant
(Fonagy et coll., 2014; Fonagy et Target, 1997). Le FR implique à la fois une composante
autoréflexive et une composante interpersonnelle. Cette dernière permet à l’individu de
distinguer la réalité interne de la réalité externe, le faire semblant des modes de
fonctionnement « réels », et les processus mentaux et émotionnels intrapersonnels de la
communication interpersonnelle. Le FR est un processus automatique qui permet
d’interpréter de manière inconsciente l’action humaine. Le FR contribue également à
donner forme et cohérence à l’organisation de soi, et ce de manière tout aussi inconsciente,
contrairement à l’introspection, dont l’impact sur l’expérience de soi est clair et explicite
(Fonagy et coll., 1998).
Développement de la mentalisation. La mentalisation se développe dans le
contexte de la relation entre l’enfant et son parent et de leurs interactions. Selon Fonagy et
Campbell (2016), la compréhension qu’une personne a des autres dépend du fait que ses
7
propres états mentaux aient été ou non adéquatement compris par des adultes attentionnés
et non menaçants. En effet, le contexte d’un attachement sécure est idéal au le
développement de la mentalisation, puisqu’il offre un environnement exempt d’obstacles à
son développement (Fonagy et Allison, 2012). Selon Fonagy et Allison (2012), le plein
développement de la mentalisation nécessite une interaction avec des esprits plus matures et
sensibles. Lorsque le parent reflète les états mentaux de l’enfant, il organise de ce fait son
expérience et l’aide à savoir ce qu’il ressent. Le reflet se doit d’être juste, mais un certain
écart entre le ressenti de l’enfant et la représentation du parent peut être bénéfique. Un
reflet trop exact peut faire en sorte que la représentation devienne une source de peur pour
l’enfant. Si le reflet n’est pas disponible, s’il est contaminé par les préoccupations du parent
ou si l’état mental de l’enfant est exagéré, cela peut compromettre le développement du soi
(Fonagy et Target, 1997). Il est donc de mise que le développement de la mentalisation peut
être compromis pour un enfant grandissant dans un contexte de maltraitance émotionnelle.
Impact de la maltraitance sur la mentalisation
Puisque la mentalisation se développe au sein du contexte familial et du lien
d’attachement, le fait de grandir dans un contexte d’adversité peut avoir un impact négatif
sur le développement des capacités de mentalisation et la cognition sociale en général.
Selon la théorie de la mentalisation de Fonagy, l’une des conséquences de la négligence, de
la maltraitance et de l’abus est le fait que les émotions de l’enfant ne sont pas reflétées de
manière sensible, ce qui compromet la capacité de l’enfant à comprendre ses états mentaux
et ceux des autres. De plus, dans un contexte d’abus, alors que le parent entretient des
intentions hostiles envers l’enfant, la reconnaissance des états mentaux des autres peut
devenir menaçante pour l’enfant, ce qui mine le FR. Enfin, un déficit de FR peut également
découler non pas des actes d’abus eux-mêmes, mais également de l’atmosphère familiale
qui les entoure (Fonagy et coll., 2014). Plusieurs études empiriques appuient cette
hypothèse théorique, montrant que les enfants ayant vécu de maltraitance présentent des
déficits au niveau de la ToM (Cicchetti, Rogosch, Maughan, Toth et Bruce, 2003; Germine,
Dunn, McLaughlin et Smoller, 2015; O’Reilly et Peterson, 2015; Pears et Fisher, 2005) et
de la reconnaissance des émotions (Ardizzi et coll., 2015; Camras, Grow et Ribordy, 1983;
da Silva Ferreira, Crippa et de Lima Osório, 2014; Leist et Dadds, 2009; Pears et Fisher,
8
2005; Pollak, Cicchetti, Hornung et Reed, 2000). Il est à noter que certaines études ont
trouvé que les adolescents ayant vécu de la maltraitance émotionnelle ne présentaient pas
de déficit sur le plan de la mentalisation (van Schie et coll., 2017) et que l’âge était un
modérateur de cette relation, les déficits de mentalisation s’atténuant avec l’âge (Luke et
Banerjee, 2013). En ce qui a trait à l’impact de la maltraitance sur le FR, moins de
connaissances empiriques sont disponibles. Selon Ensink, Normandin, et coll. (2015), les
enfants ayant un historique d’abus sexuel présentent des déficits de mentalisation par
rapport à soi et aux autres, avec un impact plus sévère lorsque l’abus est de nature
intrafamiliale. La mentalisation agit également comme médiateur de la relation entre l’abus
sexuel et les difficultés intériorisées et extériorisées chez les enfants. Autrement dit, le fait
d’avoir vécu un abus sexuel à l’enfance aurait un impact négatif sur la mentalisation, ce qui
explique une augmentation des symptômes dépressifs et des comportements extériorisés
(Ensink, Bégin, Normandin et Fonagy, 2016).
Cognition sociale, mentalisation et psychopathologie. Tel que rapporté par Sharp
et coll. (2008), la cognition sociale joue un rôle essentiel dans les interactions sociales et
permet de s’impliquer dans diverses activités humaines, telles que la famille, l’amitié,
l’amour, la coopération, le jeu et la communauté. De ce fait, un déficit de cognition sociale
peut avoir un impact très négatif sur la vie d’un individu et de sa famille, ainsi que sur sa
communauté. Plusieurs psychopathologies sont associées à un tel déficit, et cette relation a
fait l’objet d’un nombre grandissant d’études dans les dernières décennies. Certaines,
comme l’autisme, sont de l’ordre des troubles neurodéveloppementaux (voir Baron-Cohen
et coll., 1985), mais on retrouve aussi des déficits de cognitions sociales dans certains
troubles intériorisés, comme la dépression (Bora et Berk, 2016; Lee, Harkness, Sabbagh, et
Jacobson, 2005), et extériorisés (Gambin, Gambin et Sharp, 2015). Par ailleurs, la cognition
sociale constitue une pierre angulaire dans le développement de la personnalité, tant
normale que pathologique (Sharp et Vanwoerden, 2014). La mentalisation, en tant que
composante de la cognition sociale, peut être elle-même altérée, et des déficits sécifiques de
mentalisation peuvent être associés à différentes psychopathologies. Deux types de
difficultés de mentalisation sont identifiés : l’hypomentalisation (mentalisation faible ou
absente) et l’hypermentalisation (ou ToM excessive) (Dziobek et coll., 2006; Sharp et coll.,
2013).
9
Triade noire, personnalité limite et cognition sociale
Quelques études ont examiné le lien entre la triade noire, la personnalité limite et la
cognition sociale, avec des résultats généralement peu cohérents. Dans leurs études, Lishner,
Hong, Jiang, Vitacco et Neumann (2015) ont testé l’hypothèse selon laquelle la
psychopathie et les traits de personnalité narcissiques et limites sont reliés à un déficit dans
l’expérience de l’empathie affective, en exposant des étudiants de premier cycle
universitaire, à une tâche implicite d’empathie affective. Selon leurs résultats, seule la
psychopathie (plus particulièrement les traits calleux) serait associée de manière consistante
à un déficit d’empathie affective. De manière similaire, Lee et Gibbons (2017) ont trouvé
que la psychopathie, en comparaison aux deux autres traits de la TN, était associée de
manière unique à une réduction de la compassion rapportée, alors qu’un déficit d’empathie
cognitive et affective agissait comme médiateur partiel de cette relation. Le narcissisme
était toutefois associé à un plus haut niveau de compassion rapporté, relation expliquée par
l’empathie émotionnelle. Les auteurs attribuent ce résultat à la propension des individus
narcissiques à exprimer leurs émotions et leur supériorité. Aucun lien significatif n’a été
révélé entre la compassion rapportée et le machiavélisme. Stellwagen et Kerig (2013) dans
leur étude sur la relation entre quatre dimensions de la TN (traits calleux-insensibles,
narcissisme, impulsivité et machiavélisme) et la ToM chez les enfants d’âge scolaire ont
observé que les traits calleux insensibles étaient négativement reliés aux capacités de ToM,
alors que le narcissisme y était positivement relié. Le machiavélisme et l’impulsivité
n’étaient pas significativement reliés aux capacités de ToM. Une autre étude (Schimmenti
et coll., 2017), menée auprès d’adultes, montre que tous les construits de la TN sont
positivement associés à l’alexithymie et négativement associés à l’empathie et à la ToM.
Cette variabilité dans les résultats peut être attribuable à l’utilisation de différents
instruments de mesure des construits de cognition sociale. La présente étude pourrait
contribuer à éclaircir la relation entre la triade noire, les traits de personnalité limite et la
cognition sociale. De plus, en abordant la cognition sociale sous l’angle du FR, ce projet
pourrait venir enrichir les connaissances en ce qui a trait aux déficits de cognition sociale
associés à la TN, puisque ceux-ci ont principalement été étudiés sous l’angle de l’empathie
et de la ToM.
10
Narcissisme et mentalisation. Si un manque d’empathie constitue un critère du
trouble de personnalité narcissique (TPN) (DSM-5; American Psychiatry Association,
2013), le lien entre narcissisme pathologique et cognition sociale a longtemps manqué de
support empirique. Un nombre grandissant d’études s’est intéressé à la question, mais
considérant le caractère multidimensionnel de l’empathie et du narcissisme, les résultats
demeurent peu cohérents à ce jour. Une étude de Ritter et coll., 2011) révèle que les patients
ayant un TPN présentent un déficit d’empathie affective, tout en conservant une bonne
capacité d’empathie cognitive. L’étude de Marissen, Deen et Franken (2012) contredit
toutefois ces résultats. Ces chercheurs ont observé que les individus ayant un diagnostic de
TPN présentaient un déficit dans la reconnaissance d’expressions émotionnelles, plus
spécifiquement en ce qui a trait à la peur et au dégoût, et concluent donc à un déficit
d’empathie cognitive. Ces résultats divergents pourraient être expliqués par le fait que les
observations de Marissen et coll. (2012) se limitent à la reconnaissance d’émotions.
En ce qui a trait au FR, l’étude de Duval, Ensink, Normandin et Fonagy (2019)
montre que le narcissisme grandiose est positivement associé à une certitude excessive
quant aux états mentaux d’autrui. Ces résultats sont cohérents avec ceux d’Ames et
Kammrath, 2004). En effet, ces auteurs ont trouvé que les individus qui performaient le
moins bien en termes de mentalisation étaient aussi ceux qui surestimaient le plus leur
performance, et que le narcissisme grandiose permettait de prédire cette surestimation des
compétences. Duval, Ensink, Normandin et Fonagy (2019) sont toutefois allé plus loin,
montrant également que le narcissisme vulnérable était associé à une confusion et une
difficulté à identifier et distinguer les états mentaux. Il semblerait de plus que le
narcissisme vulnérable serait associé à un déficit dans la capacité de prendre la perspective
d’autrui (empathie cognitive) tout comme dans la capacité de comprendre
émotionnellement l’expérience des autres (empathie affective) (Luchner et Tantleff-Dunn,
2016). Le manque de consensus quant aux altérations de la cognition sociale associées au
narcissisme pathologique montre la nécessité de poursuivre la recherche dans ce domaine et
soutien la pertinence de la présente étude.
Psychopathie et mentalisation. Tel que rapporté ci-haut, un déficit d’empathie
découlant d’un dysfonctionnement émotionnel constitue l’une des deux composantes
11
centrales de la psychopathie. Peu d’études ont utilisé des mesures précises et valides de
mentalisation. Toutefois, il existe plusieurs études portant sur des variables apparentées.
Ainsi, la littérature suggère que le déficit de cognition sociale associé à la psychopathie
serait d’ordre affectif plutôt que cognitif. En effet, plusieurs études n’ont pas montré la
présence de déficit de théorie de l’esprit, terme parfois utilisé de manière interchangeable
pour désigner la mentalisation (Blair et coll., 1996; Dolan et Fullam, 2004; Jones, Happé,
Gilbert, Burnett et Viding, 2010; Morosan et coll., 2017; Nentjes, Bernstein, Arntz, Slaats et
Hannemann, 2015), soutenant l’idée que le réel déficit consiste plus en un manque d’intérêt
envers les victimes potentielles plutôt que des difficultés de mentalisation. Supportant cette
explication, Drayton, Santos et Baskin-Sommers (2018) ont trouvé que les individus
psychopathes auraient la capacité de prendre intentionnellement la perspective d’autrui,
mais présenteraient une propension réduite à penser automatiquement ou spontanément
selon la perspective d’autrui.
D’autres études utilisant des conceptions différentes de la mentalisation sont
toutefois arrivées à des résultats différents. Sharp et Vanwoerden (2014) ont étudié la
relation entre les traits psychopathiques chez les adolescents et la ToM, en utilisant une
conception plus large de la ToM, incluant des mécanismes de haut et de bas niveaux, et une
distinction entre une ToM réduite et une ToM excessive. Leurs résultats soulignent une
relation unique entre la composante affective de la psychopathie (traits calleux-insensibles)
et une altération des processus de bas niveau et de haut niveau de la ToM. De plus, la
composante affective de la psychopathie serait associée à une ToM excessive, alors que les
composantes comportementales seraient plutôt associées à une réduction ou une absence de
ToM. En ce qui a trait au FR, Taubner, White, Zimmermann, Fonagy et Nolte (2013) ont
trouvé que chez les adolescents, les traits psychopathiques étaient associés à un niveau plus
bas de FR. Le FR constitue un concept intéressant dans l’étude des déficits de mentalisation
associés à la psychopathie, puisqu’il tient compte du contexte affectif.
Machiavélisme et mentalisation. Peu d’études se sont penchées spécifiquement sur
la relation entre la mentalisation et le machiavélisme. Parmi les études rapportées ci-haut
ayant étudié simultanément les trois construits de la TN en relation avec la cognition
sociale, certaines ont constaté une absence de lien entre le machiavélisme et la cognition
12
sociale (Lee et Gibbons, 2017; Stellwagen et Kerig, 2013), alors qu’une étude a mis en
lumière un déficit, plus précisément une association positive entre le machiavélisme, une
théorie de l’esprit réduite, une faible empathie et l’alexithymie (Schimmenti et coll., 2017).
Bernáth et Kovács (2013) ont étudié le lien entre trois facteurs de mentalisation, soit le
besoin de mentaliser (ou de « lire » les autres), le besoin de relations sereines et l’attitude
envers la mentalisation. Les individus présentant un haut degré de machiavélisme
rapportaient un besoin plus faible de mentaliser, mais n’étaient pas différents des individus
peu machiavéliques sur les deux autres facteurs. Les auteurs concluent donc que ces
résultats appuient la théorie selon laquelle les individus ayant un haut degré de
machiavélisme performent moins bien aux tâches de mentalisation parce qu’ils sont moins
intéressés à lire les états mentaux des autres (argument motivationnel).
Personnalité limite et mentalisation. Les traits de personnalité limite, tout comme
les construits de la TN, ont également été associés à des déficits de cognition sociale.
Certains chercheurs ont observé que les adolescents ayant un trouble de la personnalité
limite (TPL), lorsque comparés à ceux ayant un trouble dépressif majeur, performaient
moins bien à une tâche sollicitant la composante affective de la ToM, mais les deux groupes
ne présentaient pas de différence pour ce qui est de la composante cognitive de la ToM (Tay,
Hulbert, Jackson, et Chanen, 2017). En ce qui a trait à la reconnaissance d’expressions
faciales, les personnes présentant plus de traits limites auraient tendance à détecter des
émotions négatives qui sont à peine présentes, mais cela serait plus vrai pour les individus
présentant un faible contrôle volontaire (Meehan et coll., 2017). Selon Fertuck et coll.
(2009), toutefois, les individus présentant un trouble de la personnalité limite
performeraient mieux que les individus sains en ce qui a trait à la reconnaissance des
émotions à partir des yeux. Les auteurs suggèrent que cette sensibilité supérieure aux états
mentaux des autres pourrait être à la base des déficits sociaux associés à la personnalité
limite. Les individus ayant un trouble de personnalité limite auraient également une
meilleure capacité de ToM, et seraient donc meilleurs pour attribuer des états mentaux aux
autres (Franzen et coll., 2011). Sharp et coll. (2011) ont alors soulevé que les difficultés de
mentalisation observées en lien avec la personnalité limite pourraient découler de
l’émergence d’une stratégie alternative inhabituelle, soit l’hypermentalisation, plutôt que
d’un réel déficit ou une perte de la capacité de mentaliser (hypomentalisation ou absence de
13
mentalisation). Sharp et coll. (2013) définissent l’hypermentalisation comme un processus
social-cognitif amenant l’individu à faire des assomptions quant aux états mentaux d’autrui
qui dépassent largement ce qui est observable, au point où il est difficile pour les autres de
voir en quoi ces assomptions sont justifiées. Selon Sharp et coll. (2013), il existe une
relation spécifique entre la personnalité limite et l’hypermentalisation, indépendamment des
difficultés intériorisées et extériorisées. Concernant le FR, Sharp, Penner et Ensink (2019)
ont trouvé une relation inverse entre le FR et les traits de personnalité limite, mais
seulement en présence de troubles extériorisés.
Triade noire, personnalité limite et maltraitance
Le narcissisme pathologique, la psychopathie, le machiavélisme et la personnalité
limite partagent certains facteurs étiologiques communs. Notamment, ces construits de
personnalités ont tous été associés à un environnement adverse à l’enfance, que ce soit
empiriquement ou théoriquement. Miller et coll., (2010) ont observé que le narcissisme
vulnérable, la personnalité limite et le facteur 2 de la psychopathie étaient tous associés à
un patron similaire d’abus à l’enfance, alors que le narcissisme grandiose et le facteur 1 de
la psychopathie seraient plus faiblement reliés à ces facteurs étiologiques. Afifi et coll.
(2011), ont obtenu des résultats similaires, observant une association robuste entre l’abus et
la négligence à l’enfance et les troubles de la personnalité du cluster B, incluant les troubles
de la personnalité limite, narcissique et antisociale.
Peu d’études empiriques sont disponibles en ce qui concerne les aspects
développementaux du narcissisme pathologique, dont le vécu traumatique. Ménard et
Pincus (2014) ont observé que la maltraitance était positivement associée au narcissisme
grandiose et vulnérable, alors que Miller et coll. (2010) ont trouvé que le vécu traumatique
prédisait uniquement les aspects vulnérables du narcissisme. Selon Ensink, Chrétien,
Daigle, Normandin et Fonagy (sous presse) le narcissisme, tant grandiose que vulnérable,
est associé positivement au maltraitement (antipathie, négligence, abus psychologique,
physique et sexuel) chez les adolescents, mais uniquement chez les filles. Les auteurs
suggèrent que l’absence de lien significatif chez les garçons pourrait s’expliquer par une
plus grande vulnérabilité des filles aux effets de la maltraitance. Selon Kernberg, (1975), le
narcissisme pathologique se développerait dans un contexte familial impliquant des parents
14
froids, durs, présentant une agressivité intense, mais cachée. L’enfant développerait alors un
soi grandiose pour se protéger du sentiment de ne pas être aimé et d’être l’objet d’envie et
de haine de la part de ses parents.
L’adversité à l’enfance serait également reliée à la psychopathie. Toutefois, la
recherche concernant le rôle de la maltraitance dans le développement de la psychopathie
demeure limitée. Il semblerait qu’un manque de soins maternels et de surprotection
parentale ainsi que l’abus physique durant l’enfance seraient associés aux traits
psychopathiques à l’âge adulte (Gao, Raine, Chan, Venables et Mednick, 2010). Les adultes
présentant un niveau élevé de traits psychopathiques présenteraient également plus d’abus
et de négligence à l’enfance que les adultes ayant un niveau faible de traits psychopathiques
(Lang, af Klinteberg et Alm, 2002). Dans l’étude de Schimmenti, Di Carlo, Passanisi, et
Caretti (2015), l’abus émotionnel à l’enfance est identifié comme un prédicteur positif des
traits psychopathiques chez les délinquants violents. Ometto et coll. (2016) ont quant à eux
observé que les adolescents ayant vécu de la maltraitance présentent plus de traits
psychopathiques que les adolescents sans vécu de maltraitance, indépendamment du
quotient intellectuel et des autres troubles psychiatriques.
Peu d’études se sont intéressées spécifiquement au lien entre la maltraitance
émotionnelle et le machiavélisme à l’adolescence. Selon Láng et Birkás (2015) l’aliénation
maternelle serait associée à un plus grand degré de machiavélisme chez les filles, alors que
le manque de communication avec le père serait associé à un plus grand degré de
machiavélisme chez les garçons. Chez les adultes, une relation positive faible, mais
significative est observée entre la négligence à l’enfance mesurée rétrospectivement et le
machiavélisme à l’âge adulte (Láng et Lénárd, 2015).
Enfin, le fait d’avoir vécu des événements traumatiques à l’enfance est reconnu dans
la littérature comme facteur de risque important du trouble de personnalité limite à l’âge
adulte (Bandelow et coll., 2005; Bujalski, Chesin et Jeglic, 2017). Bounoua et coll. (2015)
ont observé que chez les adolescents, l’abus émotionnel avait un effet significatif sur les
symptômes de trouble de personnalité limite, par l’entremise de la sensibilité à l’anxiété. La
négligence serait par ailleurs un prédicteur significatif de symptômes accrus de personnalité
limite (Jovev et coll., 2013). Selon Ensink, Biberdzic, Normandin et Clarkin (2015), l’abus,
15
la négligence et le trauma augmenteraient le risque de développer un trouble de
personnalité limite entre autres via leur impact sur les processus attentionnels, la
mentalisation à propos de soi-même et des autres et une augmentation de la peur et de
l’agression menant au clivage et à la diffusion de l’identité. Par ailleurs, les adolescents
ayant vécu un abus sexuel et ceux ayant vécu de l’antipathie de la part de leurs parents en
cooccurrence avec des abus physiques et de la négligence rapportent plus de traits de
personnalité limite que les adolescents n’ayant pas vécu d’abus (Begin, Ensink, Chabot,
Normandin et Fonagy, 2018).
Maltraitance, mentalisation et personnalité
Il existe peu d’études à ce jour s’intéressant au lien entre maltraitance émotionnelle,
mentalisation et personnalité. L’étude de Sharp et coll. (2016) a été la première à démontrer
empiriquement que l’hypermentalisation agit comme médiateur de la relation entre la
cohérence de l’attachement et les traits de personnalité limite. Ces résultats sont
intéressants, dans la mesure où la maltraitance est associée à une certaine discontinuité au
plan de l’attachement (Weinfield et al., 2004). On peut donc supposer que la mentalisation
pourrait jouer un rôle médiateur similaire dans la relation entre maltraitance émotionnelle et
traits de personnalité limite. Duval et al., (2019), quant à eux, ont été les premiers à tester
l’hypothèse centrale de la théorie de Fonagy et Bateman (2007), soit que le vécu de
maltraitance à l’enfance entraîne des difficultés au plan de la personnalité via leur impact
sur le FR, auprès d’adolescents de la communauté. Leurs résultats montrent que la
maltraitance émotionnelle mène au développement de traits de personnalité limite par leur
impact sur le FR. À notre connaissance, il n’existe pas à ce jour d’étude examinant
simultanément la relation entre maltraitance, mentalisation et machiavélisme ou
psychopathie, et plus précisément le potentiel rôle médiateur de la mentalisation.
Objectifs
L’objectif général de ce projet est d’explorer le lien entre la maltraitance
émotionnelle, la cognition sociale, les traits de personnalité limite et la triade noire chez les
adolescents. Dans un premier temps, les relations entre les différents construits de
personnalité – narcissiques, psychopathiques, machiavéliques et limites – seront
16
investiguées (objectif 1). Dans un deuxième temps, les relations entre les traits de
personnalité, le FR et la maltraitance émotionnelle sera examinée et le rôle médiateur de la
mentalisation sera testé dans la relation entre la maltraitance émotionnelle et les traits
narcissiques, psychopathiques, machiavéliques et limites (objectif 2).
Ainsi, les hypothèses suivantes sont posées : (1) les construits de la triade noire
seront fortement et positivement associés entre eux; (2) les traits limites seront positivement
associés aux construits de la TN; (3) la maltraitance émotionnelle sera associée à plus de
traits limites, narcissiques, psychopathiques et machiavéliques; (4) la présence de traits de
personnalité pathologiques sera associée à des déficits sur le plan de la mentalisation et ; (5)
le fait d’avoir vécu de la maltraitance émotionnelle sera aussi associé à des déficits sur le
plan de la cognition sociale. Il est attendu que cette dernière joue un rôle médiateur entre la
maltraitance émotionnelle et les traits de personnalité pathologique.
17
Chapitre 2 : Méthode
Participants
La présente étude comporte deux échantillons, le premier étant un échantillon
clinique et le second un échantillon non clinique.
Les participants de l’échantillon clinique sont 73 adolescents âgés de 12 à 21 ans (M
= 16,15; ET = 2,41), qui consultent pour diverses difficultés d’ordre psychologiques et/ou
psychiatriques et ont accepté de participer au projet de recherche. Cet échantillon est
composé à 71% de filles et 29% de garçons. Il existe plusieurs définitions de l’adolescence,
et l’étendue d’âge incluse dans cette période de développement varie d’une étude à l’autre
et d’un endroit du monde à un autre. L’âge de majorité civile est souvent utilisé pour
désigner la fin de l’adolescence et le début de l’âge adulte. Or, il s’agit d’un critère
relativement arbitraire, qui varie généralement entre 15 et 21 ans selon différentes régions
du monde. De plus, des études de neuroimagerie longitudinale auraient démontré que le
cerveau, et plus précisément le cortex préfrontal, qui coordonne les processus cognitifs de
haut niveau ainsi que les fonctions exécutives, se développeraient et matureraient au-delà
de l’âge de 20 ans (Johnson et al., 2009). Sawyer et ses collaborateurs (2018) suggèrent
même que l’adolescence prendrait fin vers l’âge de 24 ans, la transition de l’enfance à l’âge
adulte occupant une plus grande partie du cours de la vie qu’auparavant. Cela justifie donc
que les jeunes âgés entre 18 et 21 ans soient inclus dans la définition d’adolescents dans le
cadre du présent projet.
La présente étude s’inscrit dans un projet de recherche plus large visant la validation
d’un protocole d’évaluation clinique auprès d’adolescents présentant un trouble de
personnalité. Dans le cadre de l’évaluation psychologique, les participants étaient donc
invités à participer en remplissant une batterie de questionnaires en ligne et en complétant
quelques entrevues et tâches informatisées. Les participants sont recrutés au sein de deux
milieux : le Service de consultation de l’école de psychologie (SCEP) et le Centre de
pédopsychiatrie du Sacré-Cœur.
Dans le cadre des analyses descriptives, ce groupe clinique sera comparé à un
18
échantillon composé au total de 672 adolescents âgés entre 12 et 21 ans (M = 14,57; ET =
1,67) provenant de la communauté. Cet échantillon est composé à 46% de filles et 36% de
garçon. Les données concernant le sexe sont manquantes pour 17% de l’échantillon. Ces
adolescents ont été recrutés à l’Université Laval et dans plusieurs écoles et ont été invités à
participer en remplissant une batterie de questionnaire en ligne ou un protocole papier.
Matériel
Dirty Dozen for Youth (DD-Y). Le DD-Y (Muris et coll., 2013) est un instrument
mesurant les traits de la TN, adapté aux adolescents à partir du Dirty Dozen original
(Jonason et Webster, 2010). Cette version adaptée est comparable à l’originale, mis à part
certains changements dans la formulation des items, visant les rendre plus compréhensibles
pour les enfants et les adolescents. Cet instrument comporte 12 items regroupés sous trois
sous-échelles, mesurant chacune un construit de personnalité associé à la TN, soit le
narcissisme (e.g. « J’ai tendance à vouloir que les autres me trouvent important »), la
psychopathie (e.g. « J’ai tendance à ne pas chercher à savoir si mes comportements sont
bons ou mauvais ») et le machiavélisme (e.g. « J’ai tendance à manipuler les autres pour
obtenir ce que je veux »). Le DD-Y capte les aspects vulnérables du narcissisme
pathologique tout comme les aspects grandioses (Maples, Lamkin et Miller, 2014). Pour
chaque item, le participant doit indiquer son niveau d’accord avec l’énoncé sur une échelle
de type Likert de 1 « fortement en désaccord » à 9 « fortement en accord ». Les scores sont
obtenus en faisant la moyenne des items pour chaque sous-échelle. Un score total peut être
obtenu en effectuant la moyenne de tous les items. Bien qu’il soit considéré que cet
instrument mesure trois construits distincts, certaines preuves empiriques suggèrent que les
mesures de la TN représentent un seul facteur latent, soit un style interpersonnel
d’exploitation (Jonason et coll., 2009). La version francophone du DD-Y utilisée dans la
présente étude est traduite par Normandin et Fraissignes-Jacquin (2016).
Borderline Personality Features Scale for Children (BPFS-C). Le BPFS-C est un
questionnaire autorapporté qui évalue les caractéristiques de la personnalité limite chez les
enfants et adolescents à partir de l’âge de 9 ans (Crick et coll., 2005). La version du BPFS-
C utilisée dans cette étude est une version francophone validée par Ensink, Bégin, Kotiuga,
Sharp et Normandin (2020). Basé sur une perspective développementale, le BPFS-C
19
contient 24 items regroupés sous quatre sous-échelles, soit l’instabilité affective (« J’alterne
entre différentes émotions, comme la colère, la tristesse ou la joie »), les problèmes
d’identité (« J’ai l’impression qu’il y a quelque chose qui manque chez moi, mais je ne sais
pas ce que c’est »), les relations interpersonnelles négatives (« J’ai choisi des amis qui
m’ont maltraité »), et les comportements à risque (« Je me mets dans le trouble parce que
je fais des choses sans réfléchir »). Pour chaque item, le participant doit indiquer sur une
échelle de type Likert allant de 1, « pas vrai du tout », à 5 ,« toujours vrai », comment ils se
sentent par rapport à eux-mêmes ou aux autres (Crick et coll., 2005). Les scores individuels
de chacun des 24 items sont additionnés pour obtenir un score total de traits de personnalité.
Le score total peut varier de 24 à 120. Un score total plus élevé indique des niveaux plus
élevés de caractéristiques de la personnalité limite. La version francophone présente une
cohérence interne élevée, avec un alpha de Cronbach de 0,91 pour l’ensemble des items.
Puisque certaines sous-échelles présentent une cohérence interne faible, seul le score total
sera utilisé dans la présente étude.
Reflexive Functioning Questionnaire for Youth (RFQ-Y). Le RFQ est un
questionnaire autorapporté développé afin de fournir une méthode simple pour mesurer la
mentalisation (Fonagy et coll., 2016). L’instrument utilisé dans la présente étude est
composé de 25 items regroupés sous trois sous-échelles identifiées par Duval, Ensink,
Normandin, Sharp et Fonagy (2018). Une première sous-échelle de confusion est constituée
de 11 items et réfère à une confusion face aux états mentaux ou une difficulté à reconnaître
et distinguer les états mentaux. Une deuxième échelle d’intérêt/curiosité comporte huit
items illustrant l’intérêt de l’individu dans les états mentaux et sa capacité à prendre
conscience des états mentaux qui sous-tendent les comportements. Enfin, la troisième sous-
échelle, certitude excessive, comporte six items montrant la certitude de l’individu par
rapport à sa connaissance des états mentaux des autres. Les participants indiquent pour
chaque item, sur une échelle de Likert allant de 1 « totalement en désaccord » à 6
« totalement en accord ». Un score moyen est calculé pour chaque sous-échelle. Les
échelles de confusion et certitude excessive sont associées à des déficits de mentalisation,
alors que l’échelle d’intérêt/curiosité représente une mentalisation adéquate. La présente
étude utilise une version francophone (Duval, Ensink, Normandin, Sharp et Fonagy, 2018)
du Reflexive Functioning Questionnaire for Youth (Ha, Sharp, Ensink, Fonagy et Cirino,
20
2013) est utilisée.
Childhood Experience of Care and Abuse Questionnaire (CECA-Q). Le CECA-Q
(Bifulco, Bernazzani, Moran et Jacobs, 2005; Smith, Lam, Bifulco et Checkley, 2002) est
un questionnaire autorapporté évaluant le vécu d’adversité à l’enfance. Développé à partir
d’une entrevue rétrospective validée, la Childhood Experience of Care and Abuse Interview
(Bifulco, Brown et Harris, 1994), ce questionnaire évalue le manque de soins parentaux
(négligence et antipathie), l’abus physique par les parents, et l’abus sexuel commis par tout
adulte avant l’âge de 17 ans. Ainsi, le CECA-Q comporte six sous-échelles : antipathie (α
= .86), négligence (α = .86), abus psychologique (α = .89), abus physique, abus sexuel et
renversement de rôle (α = .83). L’abus physique et l’abus sexuel sont des variables
dichotomiques, alors que les autres sont des variables continues. Chaque type d’abus est
évalué d’abord en relation avec la mère (ou figure maternelle), puis avec le père (ou figure
paternelle), à l’exception de l’échelle d’abus sexuel, qui est évalué par rapport à tout adulte.
La présente étude s’intéresse à la maltraitance à caractère émotionnel. Ainsi, une moyenne
des scores aux sous-échelles antipathie, négligence émotionnelle et abus psychologique est
obtenue pour chacun des parents, avec une cohérence interne acceptable tant pour la mère
(α = 0,83) que pour le père (α = 0,80). Une version francophone du questionnaire traduite
par Biberdzic, Chrétien, Ensink et Normandin (2012) est utilisée.
Procédure
Le protocole de recherche est administré aux participants par un clinicien ou un
membre de l’équipe de recherche. Les participants remplissaient une batterie de
questionnaires incluant le DD-Y, le BPFS-C, le RFQ, le RMET et le CECA-Q, sur une
plateforme sécurisée, le Portail intégré d’applications numériques pour ordinateur
(PIANO). Une dérogation éthique permettait aux participants âgés de 14 ans et plus de
consentir eux-mêmes à l’étude. Dans le cas des participants âgés de 12 et 13 ans, les parents
devaient consentir par courriel, avant que leur enfant puisse compléter la procédure.
21
Chapitre 3 : Analyses statistiques
Dans le cadre d’analyses préliminaires exploratoires, des tests t seront effectués afin
de vérifier si l’échantillon clinique se distingue de l’échantillon recruté dans la communauté
en termes de niveau de traits de personnalité de la TN et limite, de mentalisation et de vécu
de maltraitance émotionnelle. Les analyses suivantes seront effectuées uniquement auprès
de l’échantillon clinique. Des analyses descriptives seront effectuées afin de décrire les
types de maltraitance émotionnelle maternelle et paternelle rapportée (antipathie,
négligence émotionnelle et abus psychologique).
Des analyses de corrélations seront ensuite utilisées afin de répondre au premier
objectif, soit d’examiner les liens existants entre les différents construits de personnalité
étudiés. Des corrélations de Pearson seront donc effectuées (α < .05) afin d’évaluer
l’association entre les trois sous-échelles du DD-Y (narcissisme, psychopathie et
machiavélisme), et l’association entre le score total du BPFS-C et ces trois mêmes sous-
échelles. Les corrélations entre les traits de personnalité, les échelles de FR et la
maltraitance émotionnelle maternelle et paternelle seront également rapportées afin
d’investiguer la relation entre les différentes variables à l’étude préalablement à la conduite
des analyses acheminatoires. Ces analyses seront effectuées à l’aide du logiciel SPSS
(version 24).
Afin de répondre au deuxième objectif et tester le modèle mettant en relation la
triade noire, la maltraitance émotionnelle et la mentalisation, des analyses acheminatoires
seront effectuées allant de la maltraitance (prédicteur) vers les traits narcissiques,
psychopathiques, machiavéliques et limites (résultat), en passant par la mentalisation
(médiateur). Ces analyses seront effectuées à l’aide du logiciel Mplus (Muthen et Muthen,
1998-2017). Le modèle teste des effets indirects sur la base de calculs semblables aux
analyses de médiation. Ces analyses permettront mettre en lumière l’effet des prédicteurs,
ou variables indépendantes (maltraitance émotionnelle maternelle et paternelle) sur les
variables indépendantes (traits de personnalité machiavélique, narcissique, psychopathique
et limite) via les variables médiatrices potentielles (confusion, intérêt/curiosité et certitude
excessive). Les effets indirects sont rééchantillonés 1000 fois pour construire des intervalles
de confiance de 95%. Cette procédure de rééchantillonage (bootstrap procedure) crée
22
aléatoirement 1000 échantillons en remplacement de l’échantillon original afin de
construire les intervalles de confiance. Les effets indirects seront jugés significatifs à un
niveau alpha de 0,05 si la valeur zéro n’est pas incluse dans l’intervalle de confiance.
Plusieurs indices d’ajustement seront utilisés afin de vérifier l’adéquation du modèle : le
ratio du chi-carré divisé par les degrés de liberté (χ²/dl), l’erreur d’approximation de la
racine carrée moyenne (RMSEA), le résidu standardisé de la racine carrée moyenne
(SRMR), l’indice d’ajustement comparatif (CFI) et l’indice d’ajustement Tucker-Lewis
(TLI). La statistique χ²/dl indique un bon ajustement lorsque le chi-carré est non-significatif
et que le ratio χ²/dl est inférieur à trois (Ullman, 2001). Le RMSEA et le SRMR sont des
échelles allant de zéro à un. Une valeur obtenue entre 0,01 et 0,06 indique un excellent
ajustement tandis qu’une valeur entre 0,06 et 0,08 consiste en un ajustement appréciable
(Browne et Cudeck, 1993). Le CFI et le TLI sont des indices dont une valeur supérieure à
0,9 est considérée acceptable (Schumacker et Lomax, 2010) tandis qu’une valeur
supérieure à 0,95 est considérée appréciable et recommandée (Hu et Bentler, 1999).
23
Chapitre 4 : Résultats
Analyses descriptives
Les résultats des analyses descriptives sont présentés dans le tableau 1. Les tests t
effectués afin de comparer les échantillons clinique et non clinique montrent des
différences significatives sur toutes les variables à l’étude, à l’exception du machiavélisme
et du facteur de certitude excessive du RFQ-Y. En comparaison des adolescents de
l’échantillon provenant de la communauté, les adolescents de l’échantillon clinique
présentent un niveau significativement plus élevé de narcissisme, de psychopathie et de
traits de personnalité limite, avec des tailles d’effet moyennes-élevées. Les analyses
n’indiquent pas de différence statistiquement significative entre l’échantillon clinique et
l’échantillon non clinique sur le plan du machiavélisme, avec une petite taille d’effet. En
comparaison de l’échantillon non clinique, les adolescents de l’échantillon clinique
présentent un degré de confusion significativement plus élevé, avec une taille d’effet faible-
moyenne. Les adolescents de l’échantillon clinique présentent un niveau significativement
plus élevé d’intérêt/curiosité, avec une taille d’effet faible. La différence entre les deux
échantillons sur le plan de la certitude excessive est non significative, avec une petite taille
d’effet. Concernant la maltraitance émotionnelle, les adolescents de l’échantillon clinique
en rapportent des niveaux significativement plus élevés que les adolescents de l’échantillon
non clinique, tant pour la mère que pour le père, avec des petites tailles d’effet. Il est à
noter que la différence d’âge moyen entre les deux groupes est statistiquement significative.
Des analyses descriptives ont également été menées afin d’examiner les différences
entre les types de maltraitances rapporté en fonction du parent (père et mère). Les résultats
sont présentés dans le tableau 2. Au sein de l’échantillon clinique, les niveaux moyens
d’antipathie et d’abus psychologique maternel et paternel ne diffèrent pas significativement,
mais le niveau moyen de négligence émotionnelle rapportée est significativement plus
élevé pour le père que pour la mère. Le niveau moyen total de maltraitance émotionnelle
rapporté pour les deux parents n’est pas significativement différent.
Analyses corrélationnelles
24
Afin de répondre au premier objectif de ce projet, une analyse de corrélation a été
effectuée afin d’explorer les relations entre la triade noire – narcissisme, machiavélisme et
psychopathie – et la personnalité limite. Les résultats sont rapportés dans le Tableau 3 et
représentés visuellement dans la figure 1. La relation entre les scores aux trois sous-échelles
du DD-Y a d’abord été examinée. Tant dans l’échantillon clinique quand dans l’échantillon
non clinique, les corrélations entre les scores à ces sous-échelles sont toutes positives,
significatives et fortes. Les associations les plus importantes sont celles observées entre la
sous-échelle narcissisme et la sous-échelle psychopathie et entre la sous-échelle narcissisme
et la sous-échelle machiavélisme. La sous-échelle narcissisme est donc fortement corrélée
avec les deux autres sous-échelles du DD-Y. La relation entre la sous-échelle
machiavélisme et psychopathie est plus modérée, mais demeure forte. La relation entre le
score total au BPFS-C et les trois sous-échelles du DD-Y ont également été examinées.
Dans l’échantillon clinique, les corrélations entre le BPFS-C et les sous-échelles du DD-Y
sont toutes positives et significatives, et sont de force modérée. Dans l’échantillon non
clinique, les corrélations sont faibles et non significatives.
L’association entre les construits de personnalité, la mentalisation et la maltraitance
émotionnelle a également été explorée grâce à des analyses de corrélation, d’abord dans
l’échantillon clinique. Les résultats sont rapportés dans le tableau 3. Concernant le lien
entre la mentalisation et la personnalité, la confusion par rapport aux états mentaux est
associée positivement et significativement au machiavélisme (relation modérée) et à la
personnalité limite (relation forte). Une association faible à modérée non significative est
observée entre la confusion et le narcissisme. L’association entre la confusion et la
psychopathie est faible et non significative. Quant à l’intérêt/curiosité et la certitude
excessive, aucune corrélation statistiquement significative n’est observée avec la
personnalité. En ce qui a trait à la relation entre la mentalisation et la maltraitance
émotionnelle, une association faible positive et significative est observée entre la
maltraitance émotionnelle maternelle et la confusion. Des associations positives faibles et
marginalement significatives sont observées entre la maltraitance émotionnelle paternelle et
la confusion (r = 0,225; p = 0,082) et entre la maltraitance émotionnelle paternelle et
l’intérêt/curiosité (r = 0,225; p = 0,081). Finalement, concernant la relation entre la
maltraitance émotionnelle et la personnalité, la maltraitance émotionnelle maternelle est
25
positivement et significativement associée à la personnalité limite (relation modérée). Les
associations entre la maltraitance maternelle et les autres variables de personnalité sont non
significatives. La maltraitance émotionnelle paternelle est associée positivement et
significativement à la psychopathie (relation modérée). Une association positive
marginalement significative est observée entre la maltraitance paternelle et le
machiavélisme (r = 0,281; p = 0,079) et entre la maltraitance émotionnelle paternelle et la
personnalité limite (r = 0,228; p = 0,062). L’association entre la maltraitance émotionnelle
paternelle et la psychopathie est positive et de force modérée, mais est non significative.
Les relations entre les construits de personnalité, la mentalisation et la maltraitance
émotionnelle ont également été investiguées dans l’échantillon non clinique grâce à des
analyses corrélationnelles. La confusion est associée de façon faible-modérée, mais non
significative avec le machiavélisme (r = 0,225; p = 0,127) et le narcissisme (r = 0,240; p =
0,136). La confusion est faiblement et non significativement associée à la psychopathie,
mais présente une relation très forte et significative avec la personnalité limite. L’intérêt
curiosité démontre des relations non significatives allant de très faible à presque nulle avec
le machiavélisme, le narcissisme et la personnalité limite et une association faible-modérée
et non significative avec la psychopathie (r = 0,244; p = 0,129). La certitude excessive
présente des relations presque nulles avec les trois membres de la TN et une association
faible significative avec la personnalité limite. Concernant la relation entre la maltraitance
émotionnelle et la mentalisation, la maltraitance émotionnelle tant maternelle que paternelle
est associée faiblement et significativement à la confusion. L’intérêt/curiosité présente des
associations significatives et négatives faible-modérée avec la maltraitance émotionnelle
maternelle et faible avec la maltraitance émotionnelle paternelle. Les associations entre la
maltraitance émotionnelle et la certitude excessive sont presque nulles et non significatives.
Enfin, en ce qui a trait à la relation entre la personnalité et la maltraitance émotionnelle
dans l’échantillon non clinique, le machiavélisme présente des associations faibles-
modérées n’atteignant pas le seuil de signification avec la maltraitance émotionnelle
maternelle (r = 0,267; p = 0,091) et la maltraitance émotionnelle paternelle (r = 0,250, p =
0,125). Le narcissisme est associé faiblement de façon non significative à la maltraitance
émotionnelle tant maternelle que paternelle. La psychopathie est associée de façon très
faible et non significative à la maltraitance émotionnelle paternelle. La personnalité limite
26
est significativement associée de façon faible à modérée à la maltraitance émotionnelle
maternelle et paternelle.
Analyse acheminatoire
Afin de tester l’hypothèse selon laquelle le FR jouerait un rôle médiateur dans la
relation entre la maltraitance émotionnelle et les traits de personnalité limite et de la TN,
une analyse acheminatoire est effectuée. Vu l’absence de corrélations significatives entre la
TN, la mentalisation et la maltraitance émotionnelle dans l’échantillon non clinique, le
modèle d’analyse acheminatoire ne sera testé que dans l’échantillon clinique. Les cas
incomplets ont été exclus de l’analyse, qui a donc été conduite sur un sous-échantillon de
40 sujets de l’échantillon clinique. Un premier modèle incluant toutes les variables à l’étude
a été testé, montrant une absence d’effets significatifs en ce qui a trait à la psychopathie, au
narcissisme et à la certitude excessive. Afin d’augmenter la puissance statistique, ces
paramètres ont donc été exclus du modèle. Ainsi, l’analyse acheminatoire est effectuée avec
deux prédicteurs (maltraitance émotionnelle maternelle et maltraitance émotionnelle
paternelle), deux médiateurs (confusion et intérêt/curiosité) et deux variables résultats
(machiavélisme et personnalité limite). Les différents indices indiquent un ajustement allant
de bon à excellent (RMSEA = 0,00; IC : 0,00 à 0,380, p RMSEA ≤ 0,05 = 0,468; SRMR =
0,024; TLI = 1.173; CFI = 1,00; χ2(1) = 0,582; χ2/dl = 0,582;). Le modèle est représenté
visuellement dans la figure 2 et les paramètres estimés brutes sont rapportés dans le tableau
4.
Concernant le lien entre la maltraitance émotionnelle et la mentalisation, les
résultats de ce modèle montrent que la maltraitance émotionnelle maternelle est associée
positivement et significativement à la confusion par rapport aux états mentaux (β = 0,365, p
< 0,05). La maltraitance émotionnelle paternelle a également un effet direct positif et
significatif sur la confusion par rapport aux états mentaux (β = 0,339, p < 0,05). Ce modèle
explique 22% de la variance de la confusion par rapport aux états mentaux. Les résultats
montrent un effet direct positif marginalement significatif sur l’intérêt/curiosité envers les
états mentaux (β = 0,287, p = 0,059). Ce modèle explique 8% de la variance de l’intérêt
curiosité envers les états mentaux.
27
En ce qui a trait au lien entre la mentalisation et les traits de personnalité, ce modèle
montre un effet direct positif et significatif de la confusion sur les traits de personnalité
limite (β = 7,905; p < 0,001). La confusion est également associée positivement au
machiavélisme, mais de façon non significative (β = 0,352; p = 0,13). L’intérêt/curiosité est
associé négativement et significativement au machiavélisme (β = -0,679; p < 0,01). Pour ce
qui est du lien entre la maltraitance émotionnelle et les traits de personnalités, des effets
directs positifs marginalement significatifs sont observés entre la maltraitance émotionnelle
maternelle et la personnalité limite (β = 4,391; p = 0,13) et entre la maltraitance
émotionnelle paternelle et le machiavélisme (β = 0,492; p = 0,07).
Les effets indirects (c.-à-d. médiation) ont été calculés avec la méthode d’estimation
de l’intervalle de confiance par bootstrapping (5000; IC 95%). Le modèle montre un effet
indirect positif significatif de la maltraitance maternelle sur les traits de personnalité limite
via la confusion par rapport aux états mentaux (b = 2,887; IC : 0,471 à 6,748) et un effet
indirect positif et significatif de la maltraitance paternelle sur les traits de personnalité
limite via la confusion également (b = 2,681; IC : 0,582 à 6,494). Ce modèle explique 35%
de la variance des traits de personnalité limite. Un effet indirect négatif significatif est aussi
observé entre la maltraitance paternelle et le machiavélisme via l’intérêt/curiosité envers les
états mentaux (b = -0,195; IC : -0,548 à -0,023). Ce modèle explique 27% de la variance du
machiavélisme.
28
Chapitre 5 : Discussion
La présente étude avait pour premier objectif d’explorer la relation entre les
construits de personnalité formant la TN – machiavélique, narcissique et psychopathique –
entre eux et entre chacun de ceux-ci et les traits de personnalité limite. Elle avait également
comme second objectif était de vérifier le rôle médiateur de la mentalisation dans la relation
entre la maltraitance émotionnelle et les construits de personnalité à l’étude.
Relations entre les trois membres de la triade noire
Les résultats de ce projet confirment la forte association entre le machiavélisme, le
narcissisme et la psychopathie, qui ensemble forment la triade noire de la personnalité. Ces
résultats sont cohérents avec ceux des méta-analyses effectuées à ce sujet (Furnham et coll.,
2013; Vize, Lynam, Collison et Miller, 2018) pour ce qui est de la direction et de la force
des associations. Toutefois, les résultats de la présente étude diffèrent en ce qui a trait au
patron d’associations. En effet, les résultats obtenus tant au sein de l’échantillon clinique
que non clinique révèlent des associations plus fortes entre le narcissisme et la
psychopathie et entre le narcissisme et le machiavélisme, alors que le machiavélisme et la
psychopathie sont les construits les moins fortement associés (avec tout de même une
grande force d’association). Cependant, ces résultats divergent de ceux des méta-analyses
portant sur la TN, qui mettent généralement en lumière des associations plus fortes entre la
psychopathie et le machiavélisme. Pour ce qui est des études utilisant le DD, ce
questionnaire semble générer une association plus forte entre le narcissisme et le
machiavélisme que les autres mesures de la TN (Vize et coll., 2018). Tel que mentionné par
Muris, Merckelbach, Otgaar et Meijer (2017) cette relation étroite entre le narcissisme et le
machiavélisme pourrait être attribuable au fait que le DD et le DD-Y ne comportent que
douze items, avec seulement quatre items par membre de la triade, réduisant
potentiellement la capacité de capter l’unicité de chaque construit de personnalité. De plus,
les items se rapportant au narcissisme et au machiavélisme sont orientés vers les autres (c.-
à-d. qu’ils réfèrent à la façon dont l’individu tente d’avoir un impact sur autrui) alors que
les items concernant la psychopathie sont orientés vers soi et décrivent principalement des
caractéristiques personnelles (Jonason et Webster, 2010), d’où potentiellement une relation
plus étroite entre narcissisme et machiavélisme. Il est difficile d’expliquer la très forte
29
relation observée entre le narcissisme et la psychopathie dans la présente étude. Il est
toutefois important de noter que les échantillons inclus dans les méta-analyses étaient
principalement composés d’étudiants de niveau universitaire, alors que la présente étude
porte sur des échantillons d’adolescents plus jeunes, avec un âge moyen d’environ 16 ans
dans l’échantillon clinique et 14 ans dans l’échantillon non clinique. Il est donc possible
que l’âge ait une incidence sur la façon dont se manifestent les traits de la TN, mais plus
d’études, avec un devis longitudinal idéalement, seront nécessaires afin d’investiguer cette
hypothèse. De plus, considérant la petite taille des échantillons du présent projet, il est
possible que les associations trouvées découlent de caractéristiques propres à ceux-ci.
D’autres études incluant des échantillons plus larges seront nécessaires afin d’investiguer
les relations entre les membres de la TN au sein d’une population clinique adolescente.
Par ailleurs, le fait que les corrélations entre le narcissisme et les deux autres
construits de la TN soient très fortes suggère une certaine redondance, alors que dans la
littérature ces construits sont considérés comme distincts malgré leurs chevauchements aux
plans théoriques et empiriques (Paulhus et Williams, 2002). Il existe plusieurs explications
possibles à cette très forte association. En effet ces résultats pourraient être attribuables aux
propriétés psychométriques du DD-Y, à un chevauchement des items, à des composantes
communes aux trois construits ou à d’autres facteurs inconnus qui n’ont pas été testés dans
le cadre de ce projet. Les résultats de la présente étude montrent toutefois que les trois
construits de la TN présentent des patrons d’association différents avec la maltraitance
émotionnelle et la mentalisation, supportant l’idée que ces trois construits de personnalité
sont des entités distinctes malgré d’importants chevauchements.
Traits de personnalité limite et triade noire
La seconde hypothèse posée dans le cadre du premier objectif de ce projet était que
la personnalité limite serait modérément et positivement associée à aux trois membres de la
triade noire. Les résultats des analyses corrélationnelles confirment cette hypothèse dans
l’échantillon clinique, mais pas dans l’échantillon non clinique. En effet, les résultats
suggèrent un certain chevauchement entre la personnalité limite et la TN dans l’échantillon
clinique, mais ce lien est d’une force moindre que le lien unissant les membres de la TN
eux-mêmes. Ces résultats suggèrent que la personnalité limite pourrait êtrecorrélée à la TN
30
sans en être un quatrième membre. L’hypothèse d’une seconde TN dite vulnérable,
composée du narcissisme vulnérable, du facteur 2 de la psychopathie et de la personnalité
limite (Miller et coll., 2010) serait peut-être une piste plus pertinente afin de mieux
comprendre la place de la personnalité limite aux côtés du narcissisme et de la psychopathie.
Les résultats de ce projet suggèrent tout de même que la personnalité limite pourrait être
associée à des aspects plus sombres et aversifs de la personnalité, comme la manipulation et
l’agressivité, ce qui apporte un éclairage différent sur la problématique, la personnalité
limite ayant souvent été associée à la position de victime. Plus d’études seront toutefois
nécessaires afin de mieux comprendre de quelle façon la personnalité limite est reliée aux
construits de la TN.
Au sein de l’échantillon non clinique, toutefois, la personnalité limite ne semble pas
associée à la TN, les résultats de l'analyse corrélationnelle montrant des associations faibles
et non significative. Considérant le petit nombre de participants de l’échantillon non
clinique ayant répondu au DD-Y, il se peut que cette absence de signification soit
attribuable à un manque de puissance statistique et que les faibles corrélations résultent de
caractéristiques particulières de l’échantillon. En effet, l’échantillon non clinique se
distingue de l’échantillon clinique par une moyenne d’âge significativement plus faible
ainsi que sur des scores moyens plus faibles au DD-Y (à l’exception de la sous-échelle de
machiavélisme) et au BPFS-C. Il serait pertinent dans des études futures de tester l’âge
comme modérateur de la relation entre la TN et la personnalité limite.
Rôle médiateur de la mentalisation
Le second objectif de la présente étude était de tester le rôle médiateur de la
mentalisation dans la relation entre la maltraitance émotionnelle et les traits de personnalité
de la TN et limites. L’hypothèse posée était que la maltraitance émotionnelle serait associée
à plus de difficultés de mentalisation, que ces difficultés de mentalisation seraient associées
à des niveaux plus élevés de traits de la TN et limites, et que la maltraitance émotionnelle
serait également associée à une élévation sur le plan des traits de personnalité. Un premier
modèle impliquant les quatre construits de personnalité à l’étude et trois facteurs de
mentalisation a été testé, mais aucun résultat significatif n’est ressorti quant à la
psychopathie, au narcissisme et à la certitude excessive envers les états mentaux. Le
31
modèle présenté dans les résultats et discuté ci-bas représente donc le rôle médiateur de
deux facteurs de la mentalisation, soit la confusion et l’intérêt/curiosité, dans la relation
entre la maltraitance émotionnelle maternelle et paternelle et la personnalité machiavélique
et limite.
Machiavélisme. Les résultats de la présente étude montrent que la maltraitance
émotionnelle paternelle, mais non maternelle, a pour effet indirect de réduire le
machiavélisme, via une augmentation de l’intérêt/curiosité envers les états mentaux. Or, il
était plutôt attendu que la maltraitance émotionnelle soit inversement associée à
l’intérêt/curiosité envers les états mentaux. En effet, selon la théorie de Fonagy, la
négligence, la maltraitance ou généralement un milieu familial au sein duquel le parent
entretiendrait des intentions hostiles envers l’enfant pourraient faire en sorte qu’il devienne
menaçant pour l’enfant de s’intéresser et de reconnaître les états mentaux des autres, ce qui
minerait le FR (Fonagy et coll., 2014). Ces résultats vont plutôt dans le sens de ceux de van
Schie et coll. (2017), qui n’avaient pas décelé de différence sur le plan de la mentalisation
entre les adolescents ayant vécu de la maltraitance et ceux n’en ayant pas vécu. Dans la
présente étude, le lien entre la maltraitance émotionnelle et une augmentation de
l’intérêt/curiosité n’atteint pas le seuil de signification, mais ces résultats mettent en
lumière une hypothèse intéressante. En effet, il existe une possibilité que pour certains
jeunes, la maltraitance émotionnelle aurait pour effet d’augmenter l’intérêt envers les états
mentaux dans un but de protection. Par exemple, un enfant pourrait accorder une grande
attention aux états mentaux de son parent dans le but d’éviter de le provoquer. Il serait
nécessaire de répliquer ces résultats dans un échantillon plus large d’adolescents et
d’identifier éventuellement quelle variable pourrait expliquer que certains jeunes ayant
vécu de la maltraitance développent un intérêt plus marqué pour les états mentaux et
d’autres non.
Les résultats de la présente étude montrent que les jeunes rapportant plus d’intérêt
envers les états mentaux présentent moins de traits machiavéliques. Ces résultats sont
cohérents avec ceux de Bernáth et Kovács (2013), qui avaient conclu que les individus
ayant un haut degré de machiavélisme performent moins bien aux tâches de mentalisation
parce qu’ils sont moins intéressés à lire les états mentaux des autres. De plus, les résultats
32
de la présente étude suggèrent que la mentalisation pourrait avoir un effet protecteur contre
le développement du machiavélisme chez les adolescents vivant de la maltraitance
émotionnelle. Les résultats montrent également que la maltraitance émotionnelle paternelle
pourrait avoir un effet direct sur le machiavélisme, en faisant augmenter ce dernier. Ce lien
est marginalement significatif, probablement en raison d’un manque de puissance
statistique, mais est cohérent avec la littérature (Láng et Birkás, 2015; Láng et Lénárd, 2015)
et soulève une explication potentielle intéressante. En effet, cela implique qu’il pourrait
exister deux trajectoires potentielles dans le développement du machiavélisme. Alors que
certains adolescents vivant de la maltraitance émotionnelle paternelle pourraient développer
plus de traits machiavéliques, d’autres semblent développer un intérêt et une curiosité plus
marqués envers les états mentaux, ce qui préviendrait le développement de traits
machiavéliques.
Par rapport au machiavélisme, il est important de soulever que la maltraitance
paternelle uniquement semble avoir un effet direct ou indirect. Les analyses descriptives
ont montré que les participants rapportaient un niveau significativement plus élevé de
négligence émotionnelle pour le père que pour la mère. Il est possible d’émettre l’hypothèse
selon laquelle la négligence émotionnelle, par rapport aux autres types de maltraitance
émotionnelle, aurait un effet particulier sur le développement du machiavélisme. Il serait
intéressant de vérifier empiriquement cette hypothèse dans une étude ultérieure. Láng et
Birkás (2015) avaient également trouvé des différences entre les sexes en ce qui concerne le
lien entre l’attachement parental et le machiavélisme. À la différence de cette étude,
toutefois, l’échantillon du présent projet est principalement composé de sujets féminins et
seule la maltraitance émotionnelle paternelle semble avoir un effet sur le machiavélisme,
alors que dans l’étude de Láng et Birkás (2015) c’était la relation négative avec le parent de
même sexe qui prédisait le machiavélisme. Néanmoins, les résultats de la présente étude
suggèrent que le fait de vivre de la maltraitance émotionnelle dans la relation avec la mère
ou le père pourrait avoir un effet différent sur le machiavélisme chez les adolescents.
Personnalité limite. En cohérence avec la théorie de Fonagy et coll. (2014) sur la
mentalisation, les résultats de la présente étude montrent que le FR, ou plus précisément la
confusion par rapport aux états mentaux, explique la relation entre la maltraitance
33
émotionnelle tant maternelle que paternelle et les traits de personnalité limite. Autrement
dit, les adolescents rapportant plus de maltraitance émotionnelle maternelle et paternelle
présenteraient plus de traits de personnalité limite, ce qui serait expliqué par une
augmentation de la confusion par rapport aux états mentaux. L’effet direct de la
maltraitance émotionnelle maternelle sur les traits de personnalité limite est marginalement
significatif, alors que l’effet direct de la maltraitance émotionnelle paternelle est non
significatif. Cette absence de signification est probablement attribuable à un manque de
puissance statistique dû à la taille de l’échantillon. Néanmoins, les résultats obtenus dans le
présent projet viennent appuyer ceux de Duval, Ensink, Normandin et Fonagy (2019) qui
avait pour la première fois démontré empiriquement le rôle du FR dans la relation entre la
maltraitance émotionnelle et les traits de personnalité limite à l’adolescence. Ces résultats
sont également en accord avec ceux de Chiesa et Fonagy (2014) qui indiquent que le FR
médie partiellement la relation entre le fait d’avoir grandi dans un contexte d’adversité et le
fait de présenter un TPL à l’âge adulte et ceux de Sharp et coll. (2016) qui ont démonté
empiriquement le rôle médiateur de l’hypermentalisation dans la relation entre la cohérence
de l’attachement et les traits de personnalité limite.
Psychopathie. Le présent projet n’a pas réussi à démontrer que la mentalisation
jouerait un rôle médiateur dans la relation entre la psychopathie et la maltraitance
émotionnelle. Les résultats montrent toutefois que dans l’échantillon clinique, les
adolescents rapportant plus de maltraitance émotionnelle paternelle présentent également
plus de traits psychopathiques. Les différents facteurs de mentalisation ne semblaient pas
être associés à la psychopathie dans l’échantillon clinique. Il est donc possible qu’une autre
variable inconnue vienne expliquer cette relation entre la psychopathie et la maltraitance
émotionnelle. De plus, l’instrument utilisé dans la présente étude afin de mesurer la
mentalisation est un questionnaire autorapporté. Malgré la richesse que peut apporter une
mesure autorapportée de FR, il se peut que certains participants n’aient pas été honnêtes
dans leurs réponses, ou qu’un manque d’introspection ait teinté la façon de répondre des
participants. Ainsi, en plus de tester le modèle dans un plus large échantillon, il serait
intéressant d’utiliser un instrument de mesure objectif (p.ex. Movie for the Assessment of
Social Cognition; Dziobek et coll., 2006) ou une entrevue clinique (p.ex. Child Reflexive
Functioning Scale [CRFS]; Ensink, Target, Oandasan & Duval, 2015), afin de tester si les
34
capacités de mentalisation peuvent expliquer le lien entre maltraitance émotionnelle et
psychopathie. Dans l’échantillon non clinique, toutefois, les adolescents rapportant plus de
traits psychopathiques rapportaient également plus d’intérêt/curiosité envers les états
mentaux, quoique ce lien n’atteigne pas le seuil de signification, probablement par manque
de puissance statistique. Dans l’échantillon non clinique, les adolescents rapportant plus de
traits psychopathiques ne rapportaient pas plus de maltraitance émotionnelle. Bien qu’il soit
difficile d’expliquer ces divergences de résultats entre l’échantillon clinique et non clinique,
ceux-ci pointent vers l’importance d’investiguer davantage la relation entre la psychopathie
et la mentalisation ainsi que la relation entre la maltraitance émotionnelle et la psychopathie
chez les adolescents. Il serait pertinent de tester l’hypothèse du rôle médiateur de la
mentalisation dans de plus larges échantillons tant cliniques que non cliniques.
Narcissisme. La présente étude n’a pas réussi à établir le rôle médiateur de la
mentalisation dans la relation entre la maltraitance émotionnelle et le narcissisme. Les
analyses de corrélations montrent que tant dans l’échantillon clinique que non clinique, le
narcissisme est faiblement et positivement associé à la maltraitance émotionnelle paternelle
et à la confusion par rapport aux états mentaux, mais ces liens sont non significatifs. De ce
fait, le narcissisme a été retiré de l’analyse acheminatoire afin de réduire le nombre de
paramètres estimés et d’augmenter la puissance statistique. Les résultats de Duval, Ensink,
Normandin et Fonagy (2019) qui avaient trouvé que la maltraitance émotionnelle avait un
effet indirect sur le narcissisme grandiose via la confusion par rapport aux états mentaux et
que la confusion était un médiateur partiel de la relation entre la maltraitance émotionnelle
et le narcissisme grandiose, n’ont donc pas pu être répliqués dans la présente étude. Un
manque de puissance statistique pourrait expliquer l’absence de résultats significatifs, mais
il est également possible que la mentalisation joue un rôle différent pour les adolescents de
l’échantillon clinique. En effet, le modèle rapporté par Duval, Ensink, Normandin et
Fonagy (2019) était testé dans un plus large échantillon composé d’adolescents provenant
de la communauté. Il serait donc nécessaire de tester ce même modèle dans un échantillon
clinique plus large afin de mieux comprendre comment la maltraitance émotionnelle peut
être associée au narcissisme et quel rôle peut jouer la mentalisation.
35
Limites de l’étude
Le protocole de cette étude présente certaines limites. Bien que les résultats
permettent de contribuer aux connaissances concernant les mécanismes potentiels de la
relation entre maltraitance et personnalité à l’adolescence, la nature transversale de la
présente étude ne permet pas de faire des inférences causales. Il serait important de tester
l’hypothèse de médiation par la mentalisation dans le cadre d’un devis longitudinal afin de
mieux examiner le rôle des expériences de maltraitance et de la mentalisation dans le
développement de la personnalité.
La nature autorapportée des mesures peut également constituer une certaine limite.
En effet, si les traits de personnalité plus sombres sont associés à la manipulation et au
mensonge, il est possible que les participants ayant un plus grand degré de ces traits
puissent répondre de façon malhonnête. Les instruments autorapportés aident grandement à
comprendre ce que vivent les adolescents, mais il serait pertinent dans les recherches
futures d’utiliser plusieurs sources d’information (ex. questionnaire rempli par le parent,
par le clinicien, etc.) et de mesurer la mentalisation par des tâches objectives ou des
entrevues cliniques afin de voir si le modèle testé s’appliquerait toujours.
La petite taille de l’échantillon clinique utilisé dans cette étude demeure une limite
importante à considérer, de même que le faible nombre de participants ayant répondu au
DD-Y dans l’échantillon non clinique. En effet, plusieurs effets appréciables sont observés,
mais n’atteignent pas le seuil de signification. Cela est certainement dû à une faible
puissance statistique découlant de la petite taille de l’échantillon. Malgré cette limite, des
résultats significatifs ressortent de cette étude, apportant donc tout de même une
contribution aux connaissances en ce qui a trait à la triade noire, à la personnalité limite, et
au rôle de la mentalisation dans le développement de la personnalité. Il est également à
noter que l’échantillon est composé de sujets principalement de sexe féminin et peut donc
être potentiellement moins représentatif des adolescents de sexe masculin.
Enfin, même si la décision d’inclure les individus âgés entre 18 et 21 ans dans
l’échantillon d’adolescents est justifiable, considérant que la période de développement du
cerveau peut s’étendre au-delà de l’âge de 20 ans (Johson et coll., 2009), cela peut
36
également constituer une limite de cette étude. Notamment, cela a pour impact qu’il devient
plus difficile de comparer les résultats de la présente étude à ceux d’autres études utilisant
des étendues d’âge différentes, souvent plus restreinte, dans leur conception de
l’adolescence. De plus, il est possible de penser que différents changements
développementaux surviennent entre l’âge de 12 et 21 ans. Il serait donc pertinent dans une
étude ultérieure d’utiliser une étendue d’âge plus restreinte, ou encore de séparer les
adolescents en sous-échantillons (p.ex. jeunes adolescents vs. adolescents plus âgés).
37
Conclusion
Le présent projet contribue à l’avancement des connaissances concernant l’étiologie
des construits de personnalité de la TN et de la personnalité limite à l’adolescence en
investiguant au sein d’une même étude le machiavélisme, le narcissisme, la psychopathie et
la personnalité limite. Il en ressort notamment que les adolescents présentant davantage de
traits de personnalité limite rapportent également plus de traits de la TN. Par ailleurs, la
personnalité limite est associée à la TN sans en constituer un quatrième membre. L’un des
résultats le plus importants de la présente étude est la mise en lumière du rôle médiateur de
la mentalisation, ou plus précisément du FR, dans la relation entre la maltraitance
émotionnelle et la présence de traits limites et de la TN chez les adolescents d’une
population clinique. Les résultats de l’étude montrent un effet indirect négatif de la
maltraitance émotionnelle paternelle sur le machiavélisme, via une augmentation de
l’intérêt/curiosité envers les états mentaux. La présente étude révèle également le rôle
médiateur de la confusion envers les états mentaux dans la relation entre la maltraitance
émotionnelle maternelle et paternelle et les traits de personnalité limite. Ces résultats
soutiennent en partie la théorie selon laquelle le fait de grandir dans un contexte de
négligence, d’antipathie, de rejet, avec peu de sensibilité et de cohérence en ce qui concerne
les états mentaux aurait pour effet d’entraver le développement de la mentalisation,
entraînant des problèmes sur le plan de la personnalité à l’adolescence. Les résultats
concernant le machiavélisme pointent toutefois dans une direction différente, suggérant
qu’il existe une trajectoire alternative au sein de laquelle certains adolescents vivant de la
maltraitance émotionnelle développent un plus grand intérêt envers les états mentaux, ce
qui les protégerait contre le développement de traits machiavéliques. Malgré que les
hypothèses ne soient pas toutes entièrement confirmées, la présente étude suggère que la
théorie de la mentalisation de Fonagy est une avenue intéressante pour mieux comprendre
le développement des traits de personnalité limite et de la TN. Au plan clinique, ces
résultats viennent appuyer l’idée que pour ces individus ayant un vécu de maltraitance
émotionnelle, une intervention visant le développement des capacités de mentalisation
pourrait permettre de traiter ou prévenir l’apparition de traits de personnalité aversifs ou
pathologiques.
38
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48
Tableau 1.
Statistiques descriptives et comparaisons des échantillons clinique et non clinique sur la personnalité, la mentalisation et la
maltraitance émotionnelle
Variable à l’étude N Moyenne (ET) t d
Clinique/non clinique Clinique Non
clinique
Personnalité Narcissisme 41/42 3,02 (1,53) 1,99 (1,17) 3,465** 0,756
Machiavélisme 41/42 3,05 (1,35) 2,68 (1,47) 1,175 0,262
Psychopathie 41/42 4,15 (1,76) 2,82 (1,58) 3,602** 0,795
Personnalité limite 71/521 63,59 (13,63) 53,15
(13,64)
6,051*** 0,766
Mentalisation Confusion 64/426 3,61(0,94) 3,19 (0,96) 3,302* 0,442
Intérêt/curiosité 64/429 4,48 (0,84) 4,26 (0,73) 2,242* 0,280
Certitude excessive 64/423 3,22 (0,78) 3,40 (0,91) -1,485 0,212
Maltraitance
émotionnelle
Mère 70/457 1,38 (0,77) 1,18 (0,49) 3,045** 0,310
Père 68/445 1,49 (0,67) 1,29 (0,59) 2,414* 0,317
Note. DD-Y = Dirty Dozen for Youth, BPFS-C = Borderline Personality Features Scale for Children, RFQ = Reflexive Function Questionnaire for Youth. Les variables
de trauma psychologique (anthipathie, negligence et abus psychologique) pour la mère et le père sont mesurés à l’aide du Childhood Experiences of Care and Abuse
Questionnaire
*p< 0,05. **p<0,01 ***p<0,001
49
Tableau 2.
Comparaison du type de maltraitance émotionnelle rapporté en fonction du parent dans
l’échantillon clinique.
Type de maltraitance n Moyenne (écart type) t
Mère Père
Antipathie 67 1,92 (0,93) 2,06 (0,97) -1,244
Négligence 67 1,72 (0,71) 2,10 (0,83) -3,150*
Abus psychologique 68 0,39 (0,47) 0,33 (0,38) 1,151
Maltraitance
émotionnelle (total)
68 1,33 1,48 -1,612
Note. * = p < 0,05
50
Tableau 3
Corrélations de Pearson entre les construits de la TN, la personnalité limite, les facteurs de fonctionnement réflexif et la maltraitance émotionnelle (clinique/non clinique).
Mach Narc Psyc Lim Conf Int Cert Malt. M Malt. P
Mach 1 - - - - - - - -
Narc 0,706**/0,616** 1 - - - - - - -
Psyc 0,578**/0,565** 0,755**/0,716** 1 - - - - - -
Lim 0,396*/0,151 0,403*/0,189 0,380*/0,030 1 - - - - -
Conf 0,350*/0,245 0,227/0,240 0,175/0,102 0,591**/0,732** 1 - - - -
Int -0,195/-0,014 0,007/0,124 0,164/0,244 -0,084/-0,018 -0,043/-0,044 1 - - -
Cert -0,072/0,032 -0,131/0,068 -0,033/0,001 -0,207/0,167** -0,170/0,106* 0,164/0,425** 1 - -
Maltraitance mère 0,202/0,267 0,042/0,123 0,063/0,031 0,291*/0,236** 0,281*/0,189** 0,005/-
0,246**
-0,005/
-0,027
1 -
Maltraitance père 0,281/0,250 0,206/0,136 0,340*/0,042 0,228/0,239** 0,225/0,152* 0,225/-0,141* -0,062/
0,020
0,281*/0,592** 1
Note. Mach = machiavélisme, narc = narcissisme, psyc = psychopathie, lim = personnalité limite, conf = confusion, int = intérêt/curiosité, cert = certitude excessive, malt. M
= maltraitance émotionnelle maternelle, malt P. = maltraitance émotionnelle paternelle.
* : p < 0,05
** : p < 0,01
51
Tableau 4.
Estimation des covariances entre les échelles de FR (médiateurs) et les variables
dépendantes (traits de personnalité limite et machiavéliques) chez 40 adolescents de
l’échantillon clinique.
Estimé Écart Type p R2
Confusion
prédite par
Maltraitance
émotionnelle
maternelle
0,365 0,186 0,050*
0,220
Maltraitance
émotionnelle
paternelle
0,339 0,164 0,039*
Intérêt prédit
par
Maltraitance
émotionnelle
maternelle
-0,036 0,172 0,833
0,084
Maltraitance
émotionnelle
paternelle
0,287 0,152 0,059
Machiavélisme
prédit par
Maltraitance
émotionnelle
maternelle
0,162 0,291 0,578
0,273
Maltraitance
émotionnelle
paternelle
0,492 0,271 0,069
Confusion 0,352 0,237 0,138
Intérêt -0,679 0,257 0,008*
Personnalité
limite prédite
par
Maltraitance
émotionnelle
maternelle
4,391 2,894 0,129 0,347
Maltraitance
émotionnelle
paternelle
-0,333 2,695 0,902
Confusion 7,905 2,363 0,001*
Intérêt -0,826 2,554 0,746
Note. Les paramètres estimés rapporté dans ce tableau sont non standardisés.
En gras se trouvent les résultats significatifs et marginalement significatifs.
*p < 0,05
52
Figure 1. Intercorrélations des trois membres de la TN (machiavélisme, narcissisme et
psychopathie).
Note. (Clinique/non clinique)
p < 0,01 (bilatéral)
Triade
noire
Machiavélisme
Narcissisme Psychopathie
0,706/0,616 0,578/0,565
0,755/0,716
53
Figure 2. Analyse acheminatoire des associations significatives et marginalement
significatives entre la maltraitance émotionnelle maternelle et paternelle, le FR des
adolescents (confusion et intérêt/curiosité) et les traits de personnalité limite et
machiavéliques auprès de 40 adolescents d’une population clinique.
Note. Les estimés présentés dans la figure sont ceux du modèle standardisé.
Les lignes pleines représentent les effets significatifs. Les lignes pointillées représentent les
effets marginalement significatifs.
Les effets non significatifs et les covariances ne sont pas représentés pour une meilleure
lisibilité.