trajectoire n°94, de l'ombre à la lumière
DESCRIPTION
Des rencontres, des opinions, de l'élégance TRAJECTOIRE est devenu, ces dernières années, le magazine ayant le plus d’abonnés payants en Suisse romande… Ce qui nous pousse à l’excellence. A la fois élitiste, qualitatif et indépendant, il s’adresse principalement aux leaders d’opinion.TRANSCRIPT
9 771662 619008
94
Printemps 2011n°94 – CHF 10.-
DE L’OMBRE À LA LUMIÈRE14 portraits sous les projecteursNatalie Portman danse avec le bonheur • Mercedes-Benz, la Saga des 125 ansMarc A. Hayek, la passion en héritage • Elie Saab, le couturier des stars
roger federerMaître des courts. Collectionneur de Grands Chelems.
Record de jours consécutifs à la tête du classement mondial.
Icône. Mentor. Phénomène.
Considéré comme le plus grand joueur de tous les temps.
Par les plus grands joueurs de tous les temps.
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TRAJECTOIRE 1 Printemps 2011
IMPRESSUM
EditeurAndré ChevalleyPromoco Développement SAChemin de la Marbrerie 1CH – 1227 CarougeT. +41 22 827 71 00www.trajectoire.ch
Directrice de la rédactionSiphra Moine-Woerlen
Publicité & relation publiqueOlivier [email protected]
Graphic designerCarine Bovey
Secrétariat de rédaction & coordination généraleNathalie Raneda
Ont collaboré à ce numéroPaul-Henry BizonEdouard DawsonJacques DeschenauxFabrice EschmannPatrick GalanSaskia GalitchAnaïs Georges du ClosChantal-Anne JacotRoger JauninAnne-Lucie MeyerSimone RiesenChristopher TracyGérard UlmannAgence LargeNetwork : Gaëlle ChaarCynthia KhattarWilliam TürlerLuise Wunderlich
Relecture et correctionsLou Clément
WebmasterRémi Pillon
ImpressionGessler Impression Sàrl
Tirage20’574 exemplairesCertification REMP. 2010
Tirage imprimé 22’500 exemplaires
DiffusionL’abonnement au magazineTrajectoire est offert aux clientsMercedes-Benz, Rolls-Royce,Bentley, Bugatti et Maybachdu Groupe André Chevalley SA.Trajectoire est vendu dans leskiosques Naville, envoyé parabonnement aux médecins, avocats,notaires, agences immobilièresde Suisse romande ainsi qu’auxmembres des clubs de golf et depolo, dans les établissements lesplus prestigieux et les hôtels 5étoiles à Genève, Crans-Montana,Divonne, Lausanne, Montreux,Gstaad, Verbier et Villars.
©TrajectoireLa reproduction, même partielle,du matériel publié est interdite.Les pages « People » n’engagentpas la rédaction. La rédactiondécline toute responsabilité encas de perte ou de détériorationdes textes ou photos adresséspour appréciation.
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CouvertureNatalie PortmanPhoto © Dior
Q uels sont les points communs entre la légendaire SL papillon, petit bijou automobile, une grande complication d’un de nos meilleurs horlogers, un macaroni farci à la truffe noire préparé par Eric Frechon et les lointaines sirènes de l’ambulance dues à un énième accident sur
l’autoroute ?Des femmes et des hommes remarquables que nous côtoyons au quotidien mais dont on ne mesure pas toujours le travail.Trajectoire a souhaité dans ce numéro, faire une immersion dans quelques professions plus ou moins médiatisées.Ils sont quatorze. Choix difficile, sujet à débats et oublis…Rompus au travail humble et prodigieux de leur maison, ils sont tous passés par l’apprentissage de leurs pairs mais restent souvent dans l’ombre.Leur imagination est débordante, leur savoir-faire formidable et leur énergie insatiable… Ce sont des ingénieurs, des artisans, des chercheurs, des designers, des ouvriers spécialisés, des scientifiques, des sauveurs de vies, des idées pour le futur, des matériaux rares, bref, une communauté de talents, de savoir-faire, souvent de l’amour et même parfois du génie…Des élans qui méritent tout simplement de la gratitude, de la lumière, préambule pour bien commencer ce printemps.Coup de projecteur enfin, sur cette rencontre exceptionnelle avec Natalie Portman, sublimement épanouie en attendant son premier enfant et savourant à juste titre son Oscar.
Par Siphra MOINE-WOERLEN
ÉDITORIALDE L’OMBRE À LA LUMIÈRE
TRAJECTOIRE n°94
SOMMAIREPrintemps 2011
TRAJECTOIRE 2 Printemps 2011
06 RUE DU RHÔNE Dernières nouvelles de l’artère du luxe.
12 REPéRAGES Quelques adresses sélectionnées pour vous.
24 NEWS D’AILLEURS Zoom sur une actualité venue des quatre coins du globe.
28 L’INVITé Interview exceptionnelle de Natalie Portman tout juste récompensée d’un Oscar et nouvelle égérie Dior. La star nous livre ses petits bonheurs.
34 MARC A. HAYEK Rencontre inédite d’un homme de passion qui raconte les souvenirs de son grand-père et retrace son parcours atypique.
44 MODE Les années seventies revues par Elie Saab.
52 COUP DE PROJECTEURS 14 Portraits de femmes et d’hommes mis en lumière.
52 WolfgangSickenberg
54 FrançoisSarasin
56 HélènePoulit-Duquesne
58 VincentMaitre
60 TatianaVialle
62 CédricTorres
64 AnitaPorchet
66 PierrePaganini
68 SylvainAuroux
70 CarolineSchumacher
72 JoséLévy
74 AbsaKane
76 RicardoGuadalupe
78 PetradeCastro
TRAJECTOIRE n°94
SOMMAIREPrintemps 2011
TRAJECTOIRE 4 Printemps 2011
80 AUTOMOBILE Bentley dévoile son nouveau coupé Continental GT.
84 SAGA Mercedes : 125 ans d’histoire – 1ère partie.
92 INTéRIEUR Découverte d’une villa verte aux multiples trésors.
104 SAVEURS Eric Frechon, rencontre avec les étoiles.
108 CIGARE Rencontre avec Philippe Subilia, passionné de cigares et inventeur du Swisskubik.
116 SPA Détente et bien-être. Nos bonnes adresses.
120 ESCAPADES Le trio viking : Stockholm, Copenhague et Oslo.
121 CHILI Découverte du désert de l’Atacama, à la frontière de la Bolivie et du Pérou.
130 PEOPLE Etiez-vous aux plus belles soirées de la capitale du luxe ?
Gagnants du concours Trajectoire n°93Billy Barben, Youssef Britel, Jean-Claude Crausaz, Lisa Di Rella, Charles Humbert-Droz, Jacqueline Ferrat-Gibaud,Gabriel Monney, Sophia Palkine, Richard Powell, Rosemary Stüssi Roo
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N°7N°1
BAR A VIN AU SOMMET
de la Tour du MolardUn nouveau bar à vin a ouvert ses portes fin
décembre dans un cadre unique : la Tour du
Molard. Edifiée au XVème siècle, ce monument
serait le bâtiment le plus photographié de la
ville. Ironie du sort, un personnage genevois
presque aussi célèbre s’est chargé de la réha-
biliter : Jean-François Schlemmer, entre autres
patron du Palais Mascotte et du restaurant
Curiositas, qui ouvre ainsi sa dixième enseigne
à Genève. Spécialisé dans le vin genevois,
l’établissement propose près de 300 crus issus
de producteurs locaux avec, à croquer, de sa-
voureuses bruschettas. Sobre mais chaleureux,
il attire aussi bien les touristes que les traders
de la ville et... les amoureux de la Tour : « J’ai eu
envie de rendre aux genevois un objet qui leur
est cher », raconte Jean-François Schlemmer.
L’établissement propose aussi des dégustations
et un service de conseil à la vente. —
Bar à vinde la Tour du MolardPlace du Molard
1204 Genève
T. +41 22 310 02 02
TRAJECTOIRE 6 Printemps 2011
EN VUE
RUE DU RHÔNEDernières nouvelles de l’artère du luxe
HORLOGERIE, LES MONTRES
pour deux de DelaneauDes montres de femmes pensées par des
femmes et pour des femmes, c’est ce que
propose la maison Delaneau avec ses chrono-
mètres « aussi uniques que l’ADN des femmes ».
Bouleversant cet adage, la directrice créative
et CEO du groupe Cristina Wendt-Thévenaz a
lancé un nouveau concept intitulé « Time to be
two ». Ces montres réalisées par paires sont des-
tinées à être portées par deux femmes, amies
ou parentes, pour symboliser l’attachement im-
muable qui les lie, ou par de parfaites étrangères
tombées amoureuses du même modèle. Avec
ses garde-temps rectangulaires, gravés à la main
et sertis par deux arcs, la collection « Atame »
(« Attache-moi ») cherche à donner vie aux
liens émotionnels de la vie. Quant aux modèles
« Magic », ils font honneur à la tradition de la
« montre à secret » avec leurs cadrans dissimulés
sous des dômes de rubis ou de diamants. —
delaneauCour de Saint-Pierre 7
1204 Genève
T. +41 22 318 80 40
www.delaneau.com
BOUTIQUE
Les petites à GenèveC’est à Genève que la marque de prêt-à-por-
ter française Les Petites a choisi d’ouvrir sa
première adresse suisse. La boutique est située
entre les rues Basses et la Vieille-Ville, dans un
quartier où commencent à fleurir les marques
parisiennes dont raffolent les fashionistas. Les
Petites a été créée en 1992 par la styliste fran-
çaise Isabelle Bénichou et se présente comme
une marque de luxe accessible. Elle mêle des
tenues confort à des matières nobles, dans
un esprit « couture jour », à la fois féminin et
urbain. La collection été 2011 mise sur le style
masculin/féminin. Entre des couleurs allant du
basique chic aux flashy joyeux, la tendance de
la saison privilégie le monochrome, en parti-
culier le total look blanc. Pourquoi le nom Les
Petites ? Parce que, même en tant que grande
personne, une fille reste toujours « la petite » de
quelqu’un. —
leS PeTiTeSRue du Purgatoire 1
1204 Genève
T. +41 22 312 00 12
www.lespetites.fr
N°35N°34N°2
TRAJECTOIRE 8 Printemps 2011
EN VUE RUE DU RHÔNE
BVLGARI
Coup de neufSoucieuse de satisfaire une clientèle exigeante
et fidèle depuis de longues années, Bvlgari
procède à des travaux de rénovation et à
l’agrandissement de sa boutique historique au
30, rue du Rhône à Genève. Le résultat final
marquera l’incessante recherche de la grande
maison en matière de design avant-gardiste
tout en respectant son riche héritage dans le
domaine du luxe. Dès le début de l’été 2011,
cette importante étape permettra aux clients
de vivre une véritable expérience à travers la
mise en valeur et l’originalité des principales
catégories de produits de l’univers Bvlgari :
joaillerie, bijouterie, horlogerie, maroqui-
nerie ainsi que d’un impeccable service à la
clientèle. Durant cette période de rénovation,
Bvlgari a ouvert une boutique temporaire pour
accueillir sa clientèle au 35, rue du Rhône à
Genève. —
BvlGariRue du Rhône 30 (boutique temporaire : 35)
1204 Genève
T. +041 22 317 70 70
www.bulgari.com
BONGéNIE & GRIEDER
Fabiana FilippiLa ligne de vêtements de la styliste italienne,
originaire d’Ombrie, évoque une simplicité
fabuleuse, une élégance épurée, une distinc-
tion sensuelle. Jersey aux mailles ultrafines,
velours doux et soyeux, cuir nappa au grain
délicat, cotonnades soyeuses… Les matières
nobles sont travaillées pour souligner parfois
un effet brillant inhabituel audacieux, en
ville au travers comme à la mer en vacances.
L’inspiration vient de contrées lointaines qui
laissent transparaître des tons d’ambre rap-
pelant le désert et le sable. Les compositions
florales échappées d’un tournesol ou d’un
coquelicot flamboyant sont accentuées par
des notes fruitées melon-orange sans oublier
une touche de noir et de blanc synonyme de
séduction. La philosophie qui se dégage de la
surprenante collection est dynamique, fraîche,
ludique. —
BonGénieRue du Marché 34
1204 Genève
T. +41 22 818 11 11
www.bongenie-grieder.ch
AMBIANCE EPICURIENNE
Chez lucien Après le Café des Banques, Elie Bernheim –
petit-fils de l’horloger Raymond Weil – vient
d’inaugurer Chez Lucien, un bar à tapas installé
depuis décembre dernier aux Eaux-Vives. Dans
une ambiance à la fois chic et décontractée, l’éta-
blissement propose des formules apéro le soir,
avec des planchettes de charcuterie italienne ou
de saumon (en version petite ou grande faim).
Du côté des vins, douze crus à choix sont servis
au verre. La carte propose en outre des nectars
de Suisse, de France ou d’Italie. L’établissement
«réservé aux épicuriens» ouvre également à
midi. A déguster, des tartares maison coupés au
couteau (bœuf, saumon, thon), des salades dé-
clinées en version Fanny, César, Léontine et Er-
nest, ainsi que des clubs sandwichs, des paninis
et des desserts. Chez Lucien, on proposera aussi
des produits d’épicerie fine à la vente, comme au
Café des Banques. —
CHeZ luCienRue de la Scie 2
1207 Genève
T. +41 22 311 44 93
www.chezlucien.com
TRAJECTOIRE 28 Printemps 2011
L’INVITÉ
COUVERTUREPar Siphra MOINE-WOERLEN
CygNE dE gRâCEEllE rEmportE l’oscar dE la mEillEurE actricE pour son
rôlE dE ballErinE schizophrènE dans « black swan », dEviEnt
la craquantE égériE dE « miss dior chériE » Et rayonnE plus
quE jamais En attEndant son prEmiEr Enfant. dE passagE En
EuropE, nataliE portman nous parlE dE son bonhEur…
O n pourrait raconter Natalie Portman d’un seul
trait, tant la trajectoire de cette actrice est im-
portante. Révélée à 13 ans dans « Léon » où
elle fait ses débuts au cinéma comme appren-
tie tueur à gages, elle n’aura de cesse d’évoluer avec quasiment un
film par an et connaître la célébrité avec Star Wars en 1999.
Extrêmement douée (elle est unanimement reconnue par ses pairs
pour la justesse de son jeu), diplômée de la prestigieuse université
de Harvard, elle a tourné avec les plus grands tout en gardant une
vie plutôt discrète.
Personnellement et professionnellement, la star qui aura 30 ans
en juin prochain, est entrain d’exploser par l’aura de perfection qui
l’entoure…
Les personnages qu’elle a interprétés étant enfant avaient en
commun d’être particulièrement mûrs pour leur âge. Sur un plan
symbolique, « Black Swan » aura permis à l’actrice de casser cette
image et de se révéler en tant que femme, en tout cas d’une jeune
fille qui aspire à devenir femme.
Rôle charnière, fan de ballet, sa transformation physique stupé-
fiante se lit à l’écran et sur son corps.
Sereine, elle attend aujourd’hui son premier enfant avec son fian-
cé, le chorégraphe français Benjamin Millepied, rencontré sur son
dernier tournage, elle est à l’affiche de la
nouvelle campagne « Miss Dior Chérie » et
nous raconte sa routine écolo engagée.
Revenons sur le rôle de Nina dans « Black Swan », une ballerine ultra-perfection-niste. Vous sentez-vous proche de ce personnage ?Quand j’ai commencé enfant à être actrice,
je voulais plaire à tout le monde et cherchais
toujours l’approbation des autres… un peu
comme Nina. Mais Nina est un personnage
torturé qui vit dans un monde obsessionnel
où atteindre la perfection vaut toutes les
douleurs. Ce rôle a été sans aucun doute le
plus difficile de ma carrière, tant d’un point
de vue physique qu’émotionnel. J’ai suivi un
entraînement très intensif pour parvenir à
jouer une ballerine. Je dansais en moyenne
six heures par jour les mois précédents le
tournage. Je pense que cette discipline ex-
trême a été nécessaire pour entrer dans la
peau du personnage. Mais je ne me sens
© d
ior
TRAJECTOIRE 28 Printemps 2011
TRAJECTOIRE 30 Printemps 2011 TRAJECTOIRE 31 Printemps 2011
L’INVITÉ NATALIE PORTMAN
TRAJECTOIRE 30 Printemps 2011 TRAJECTOIRE 31 Printemps 2011
pas comme Nina, je suis beaucoup plus
tolérante avec moi-même (rires). J’aime
profiter de la vie et des gens qui m’entou-
rent. Je me décrirais comme une personne
résolument hédoniste.
Votre carrière a démarré très jeune, vous êtes aujourd’hui la nouvelle égérie du parfum « Miss Dior Chérie », et vous avez remporté un Golden Globe et un Oscar grâce à votre rôle phare dans le film « Black Swan ». Comment vivez-vous cette période de votre vie ?Je me sens vraiment chanceuse. En tant
qu’actrice, il est toujours rassurant de
sentir la reconnaissance du public. J’aime
mon métier et j’espère avoir la possibi-
lité de continuer sur cette voie. En ce qui
concerne Dior, je suis vraiment honorée
d’avoir été choisie pour représenter une
marque qui a une histoire aussi riche. Dior
représente pour moi l’élégance ultime, le
chic parisien, la beauté à la française, sexy
et naturelle à la fois.
Que symbolise la fragrance « Miss Dior Chérie » pour vous ?C’est un parfum à la fois espiègle et fé-
minin. Je dirais que la séduction carac-
térise bien « Miss Dior Chérie », mais une
séduction légère, sans se prendre trop au
sérieux… C’est d’ailleurs comme ça que
j’espère être.
Vous avez toujours été remarquée par votre élégance naturelle. Quel est votre rapport à la beauté ? A mon sens, l’élégance est innée et ne doit
pas être liée à l’effort… On voit tout de
suite lorsqu’une personne est bien dans sa
peau, se sent à l’aise dans ses vêtements.
Je suis très nature et je me maquille peu.
Au quotidien, j’aime mettre une touche de
mascara (DiorShow, si possible !...). Les
yeux sont la partie du visage qui transmet
le plus d’émotions. Pour me maintenir en
forme, je fais régulièrement de l’exercice.
Mais j’ai arrêté de me regarder de façon
critique il y a déjà quelques années. Quand
je me regarde dans le miroir, je me dis sim-
plement « c’est moi », et je dois m’accepter
telle que je suis.
Quel lien entretenez-vous avec la culture française ?Paris est la ville d’Europe que je préfère!
J’aime le charme et l’authenticité que l’on
ressent en se promenant dans les rues
parisiennes. Vous savez, mon enfance a
été bercée par la musique française des
années 60, qui était très populaire en
Israël où j’ai grandi. Mon père est un grand
fan de variété française, notamment Serge
Gainsbourg.
Il y a quelque chose en vous qui inspire le respect : votre vie privée que vous protégez, vos choix de film, votre enga-gement humanitaire. Quelle est la chose la plus importante que vos parents vous aient enseignée ?Je pense que le plus important que mes
parents m’aient transmis est le respect des
autres, et le fait d’être une bonne personne
envers autrui. Mes parents n’hésiteraient
pas à rester éveillés une nuit entière si
j’avais besoin d’eux. Ils ne le feraient pas
seulement pour moi, mais aussi pour des
amis, pour des membres de la famille ou
même pour des personnes qu’ils connais-
sent à peine. Ils m’ont montré ce qu’étaient
une vraie amitié et un véritable amour. Mes
parents ont sans aucun doute été ceux qui
m’ont encouragé et soutenu le plus tout au
long de ma carrière.
Vous êtes végétarienne depuis toute pe-tite, vous êtes également active dans la
© d
ior
TRAJECTOIRE 34 Printemps 2011 TRAJECTOIRE 35 Printemps 2011
RENCONTRE
HORLOGERIEPar Fabrice Eschmann / BIPHPhotos Fred MERZ / Rezo
D ans « Marc A. Hayek », le « A » signifie Alexandre.
C’est aussi le prénom qu’il a donné à son fils,
né il y a une année et demie. Son grand-père,
Nicolas Georges, avait déjà donné ses deux
prénoms, mais à l’envers, à son propre fils, aujourd’hui surnommé
Nick. On a le sens de la filiation chez les Hayek. Une propension
qui n’a cependant pas empêché Marc A. Hayek de déterminer seul
son destin. « C’est parce que j’ai toujours été libre de choisir que
je suis là aujourd’hui ! », aime-t-il répéter. Membre de la direction
générale de Swatch Group, il est administrateur délégué et CEO
de Blancpain, rôles qu’il assume aussi depuis quelques mois chez
Breguet et Jaquet Droz. Ce parcours, tout tracé semble-t-il, est
pourtant moins évident qu’il n’y paraît.
Elevé par ses grands-parents – Nicolas et Marianne Hayek – dès
l’âge de 3 ans suite au divorce de ses parents, Marc Hayek a tou-
jours baigné dans l’odeur du tabac et les bilans comptables de so-
ciétés horlogères. Un environnement aimant qui va durablement le
marquer. Après sa scolarité à Zurich, c’est pourtant aux Etats-Unis
qu’il choisit de poursuivre ses études, à l’Université de Californie.
Entre 1987 et 1991, il y suit des cours d’économie et de marketing.
Le jeune Hayek s’y plaît tellement que le retour en Suisse devient
incertain : « Tout était possible là-bas, ce qui n’était pas interdit était
permis ! »
Il a fallu un lac – celui de Zurich en l’occurrence – pour l’encoura-
ger à revenir. « Il me rappelle la mer. L’eau est l’une de mes grandes
passions. » Un semestre supplémentaire sur les bancs de l’univer-
sité à étudier l’ingénierie finit de le persuader qu’il n’est pas fait
pour la vie derrière un ordinateur. Un stage chez Swatch comme
assistant marketing et relations publiques, ainsi qu’un poste chez
Certina comme manager marketing et sponsoring, l’initient alors
au monde de l’horlogerie. Mais à 25 ans, son envie d’indépen-
dance est grande : « Un soir chez des amis, un cigare à la bouche,
nous nous sommes fait la réflexion qu’il n’y avait rien de bien pour
s’amuser le soir à Zurich. Il y avait des boîtes de nuit où l’on payait
le Gin tonic 30 francs, ou alors des lieux sélects où le costume-
cravate était obligatoire. »
Quelques mois plus tard, il s’associe à deux amis – un architecte
déjà propriétaire de restaurants et un cuisinier – pour lancer à Zu-
rich le Colors. Le concept de ce restaurant, qui accueille aussi
un bar à vin, un lounge à cigare et une boutique, est novateur.
Mais alors qu’il prépare d’autres projets d’ouverture à St Moritz
ou Milan, son destin le rattrape : la direction de Blancpain est à
prendre. « Un challenge que je ne pouvais pas manquer », dira-t-il
plus tard. L’entreprise compte alors 65 personnes. Elle en emploie
aujourd’hui 650.
Nicolas G. Hayek l’appelait affectueusemeNt « le Vaudois de la famille ».
c’est à paudex, sur les riVes du lac lémaN, que marc a. Hayek s’est
prêté au jeu de l’iNterView. patroN de BlaNcpaiN depuis 2002, mais aussi
de BreGuet et de jaquet droz depuis quelques mois, il éVoque le
souVeNir de soN GraNd-père et retrace soN parcours atypique.
« C’EsT pARCE quE J’AI TOuJOuRs Eu lE ChOIx quE JE suIs là AuJOuRD’huI »
TRAJECTOIRE 34 Printemps 2011 TRAJECTOIRE 35 Printemps 2011
TRAJECTOIRE 38 Printemps 2011
HORLOGERIE
SÉLECTIONPar Simone REISEN / Swiss Watch Makers
Photos prises au Vivarium de Meyrin / www.elapsoïdea.ch
éLéGANCE ET SAVOIR-FAIRETels semblenT êTre les maîTres moTs de ce débuT d’année horlogère. les
modèles présenTés à genève onT en effeT rivalisé de perfecTion esThéTique
eT Technique. des innovaTions bluffanTes dans des boîTiers à porTer TouTe
une vie, voire au-delà ! en somme, des monTres comme on les aime !
HublotVendôme TourbillonDeux répliques en bronze de la Colonne Vendôme, à Paris, prennent
place sur le cadran. Le mouvement mécanique à remontage manuel à
tourbillon volant, développé et manufacturé par Hublot, le HUB6003,
offre une réserve de marche de 120 heures. Présenté ici en version
or rouge 5N, ce modèle est aussi disponible en céramique noire.
CHF 150’000.- or et 130’000.- céramique noire.
ParmigianiBugatti Super Sport. En édition spéciale de 30 pièces, ce modèle est
muni d’un mouvement à remontage manuel élaboré sur deux plans
pour les heures, les minutes et la réserve de marche de 10 jours. Boî-
tier en or blanc de 36 x 50,7 mm, hauteur 22,7 mm doté de six glaces
saphir. CHF 285’000.-
Lionel LadoireBlack Widow - Mr Green
Un mouvement manufacture Calvet/o2 à remontage automatique par
micro-rotor qui propose les heures, les minutes, les secondes (un sys-
tème breveté) divisées en trois zones avec affichage par indicateurs
fixes et disques sur des micro-roulements à billes céramiques, GMT
12 heures. Edition limitée de 12 pièces. CHF 75’000.-
TRAJECTOIRE 39 Printemps 2011
Baume & MercierLinea 10008Les heures, les minutes, les secondes et la date animent ce modèle
équipé d’un mouvement quartz ETA. D’un diamètre de 27 mm, son
cadran est argenté aux finitions soleil et azuré, son bracelet en veau est
interchangeable muni d’une boucle ardillon. CHF 1’800.-
IWCPortofino Remontage Manuel Huit JoursLe nouveau calibre de manufacture 59210, mécanique à remontage
manuel, affiche les heures, les minutes, la petite seconde, la date et
la réserve de marche. Le boîtier - 45 mm de diamètre - en acier fin
est doté d’un cadran argenté et le bracelet en alligator est muni d’une
boucle ardillon. Fond transparent. CHF 10’2000.-
Audemars PiguetJules Audemars AutomatiqueLe Calibre manufacture 3120 à remontage automatique, dont tous les
composants sont décorés, affiche les heures, les minutes, les secondes
et la date; sa masse oscillante est travaillée en or 22 carats. Boîtier en
or rose 18 carats d’un diamètre de 39 mm pour une épaisseur de 9 mm,
à fond saphir. Bracelet cousu main en alligator avec boucle ardillon en
or rose. CHF 17’190.-
TRAJECTOIRE 40 Printemps 2011
HORLOGERIE SÉLECTION
Vacheron ConstantinPatrimony Traditionnelle Heures du MondeIndication des 37 zones horaires y compris les fuseaux décalés
d’une demie ou d’un quart d’heure grâce au nouveau calibre méca-
nique à remontage automatique, le 2460 WT, développé et manu-
facturé par la maison, estampillé du Poinçon de Genève. L’un des
trois cadrans est muni d’un dégradé jour/nuit. CHF 43’500.-
OmegaHour Vision BlueAvec ce modèle, la marque apporte son soutien à Orbis qui a pour mission
de combattre la cécité. Il est équipé du Calibre Co-Axial 8500 à remontage
automatique certifié COSC. Grâce à lui, il est possible de régler l’aiguille
des heures indépendamment de celle des minutes, parfait lors d’un chan-
gement de fuseau horaire. Boîtier en acier à fond transparent. CHF 6’500.-
Van Cleef & ArpelsDe la Terre à la LuneInspirée du monde Jules Verne et de ses voyages extraordinaires, cette
pièce est éditée en 22 exemplaires. Dans un boîtier en or blanc, prend
place un cadran en émail paillonné translucide. Il est équipé d’un mou-
vement automatique, le 800P. Ce modèle fait partie de la collection Les
quatre Voyages Extraordinaires, toutes en hommage à l’écrivain français.
Prix sur demande.
TRAJECTOIRE 41 Printemps 2011
Greubel ForseyDouble Tourbillon 30° Technique385 composants pour ce mouvement doté d’un tourbillon intérieur incliné à 30° avec une
rotation par minute et d’un tourbillon extérieur avec une rotation en 4 minutes. Il a pour
fonctions les heures, les minutes, la petite seconde, les indicateurs de rotation du tour-
billon extérieur et de la réserve de marche de 120 heures. Boîtier en platine.
CHF 490’000.-
Richard MilleTourbillon extra-plat RM 017Le Calibre RM 017, un mouvement extra-plat à remontage manuel
pour les heures, les minutes, et la réserve de marche. L’indicateur de
fonction : en tirant sur la couronne, l’aiguille indique le remontage, la
mise à l’heure ou la position neutre comme pour un changement de
vitesse sur une voiture. Le boîtier en titane - de 49,80 mm x 38,00 mm
pour une épaisseur de 8,70 mm – demande 202 opérations d’usinage.
A partir de CHF 325’000.-
De BethuneRégulateur TourbillonLe mouvement DB2109, mécanique à remontage manuel, propose les
heures, les minutes, les secondes sautantes au centre, l’indicateur de
temps de marche et l’indication de la seconde sur 30 secondes au dos;
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un cadran en acier bleui avec des étoiles en or. CHF 225’000.-
TRAJECTOIRE 44 Printemps 2011 TRAJECTOIRE 45 Printemps 2011
TRAJECTOIRE 44 Printemps 2011 TRAJECTOIRE 45 Printemps 2011
V éritable surdoué de la haute couture libanaise, Elie Saab est la star du moment. En 1982
à tout juste 18 ans, il ouvre son premier atelier au Liban. Très vite, sa notoriété dépasse
les frontières pour s’imposer à travers le monde. Connu d’abord pour ses robes de ma-
riées, il conquit aussi grâce à ses lignes de haute couture et de prêt-à-porter.
Pour ce printemps, le couturier libanais mise sur un style résolument seventies : longueur nonchalante
des pantalons, robes ultra fluides signées d’une fente, matières « lingerie de satin » pour un effet sensuel
et raffiné. Côté couleur, Elie Saab ressuscite des pigments disparus. Teintes rouille, ocre, brique, sable,
jade, vert menthe, et surtout corail, couleur très présente dans cette collection. « Il y a toujours dans mes
souvenirs d’enfance, les femmes des années 70 qui portaient cette couleur. Je trouve le corail très flatteur
pour la femme » explique Elie Saab.
Allongées par de hautes sandales ouvertes impeccablement coordonnées, les robes caressent la sil-
houette et dessinent la moindre des courbes. Taille fluide, épaules marquées, transparence des tissus,
matières délicates… La femme Elie Saab conserve son titre de séductrice, un brin provocante !
Les stars les plus en vue de la planète se parent de ses créations, que ce soit pour monter les marches
du Festival de Cannes, ou pour fouler les tapis rouges hollywoodiens. De Catherine Zeta-Jones en pas-
sant par Angelina Jolie, ou encore Sophie Marceau… Une liste de noms très convoitée qui ne cesse de
s’agrandir depuis qu’une image d’Halle Berry, en robe lie-de-vin, fit le tour du monde en 2002. Surnommé
le « porte-bonheur des stars » par la presse américaine, les robes Elie Saab en deviendraient presque un
sésame vers la gloire. —
LEs AnnéEs 70 VuEs pAR ELIE sAAbConservateur du glamour hollywoodien, le Créateur
libanais nous dévoile une ColleCtion prêt-à-porter rétro
ChiC, à l’image du Charme légendaire de bianCa Jagger
et lauren hutton. démonstration.
MODE
ELIE SAABPar Nathalie RANEDA
TRAJECTOIRE 46 Printemps 2011 TRAJECTOIRE 47 Printemps 2011
MODE ELIE SAAB
TRAJECTOIRE 46 Printemps 2011 TRAJECTOIRE 47 Printemps 2011
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TRAJECTOIRE 88 Printemps 2011 TRAJECTOIRE 89 Printemps 2011
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TRAJECTOIRE 88 Printemps 2011 TRAJECTOIRE 89 Printemps 2011
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TRAJECTOIRE 112 Printemps 2011 TRAJECTOIRE 113 Printemps 2011
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TRAJECTOIRE 112 Printemps 2011 TRAJECTOIRE 113 Printemps 2011
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TRAJECTOIRE 125 Printemps 2011
TRAJECTOIRE 125 Printemps 2011
Là-bAs, L’ATACAmA… !Au nord du Chili, à lA frontière de lA Bolivie et du Pérou,
CoinCé entre le PACifique et lA Cordillère des Andes, s’étend
le désert le Plus Aride du monde où lA trAnsPArenCe de l’Air
renverse nos sens. sur mille kilomètres, Ce ne sont que
PAysAges grAndioses, vAllées lunAires, geysers, lAgunes et
volCAns millénAires.
D ans la vallée de la Lune, nul bruit si ce n’est
le souffle du vent qui râpe des pyramides
rouges, glisse sur les éclats de gypse trans-
parent et fait tournoyer en volutes une pous-
sière salée vieille de millions d’années. La couleur se fragmente,
vous doutiez-vous que le gris puisse devenir phosphorescent ? La
vallée n’a pas usurpé son nom, on se croirait bien sur la lune. L’en-
droit le plus sec de la planète, qui n’est pas sans rappeler Mars,
déploie un fascinant terrain de jeu pour amateurs d’univers inso-
lites. Le désert d’Atacama est d’ailleurs devenu, pour la NASA,
une zone d’essai réputée en matière de traces de vie martienne
car l’intensité du rayonnement ultraviolet, ainsi que de puissants
oxydants qui se trouvent dans le sol, désagrègent rapidement les
molécules organiques, comme c’est le cas sur la planète rouge.
Ainsi, les robots Nomad et Zoë, ont-ils identifié des signes de vie
qui n’auraient pas pu être détectés par les deux sondes Viking que
les Américains ont fait atterrir sur Mars en 1976.
Les roses d’AtAcAmAUn seul jour, au printemps, le désert d’Atacama se couvre de
roses. On dit qu’écloses dès l’aube, elles se faneraient le soir
même. Mais les « roses d’Atacama » sont un mirage, une idée ra-
vivée par le bouleversement climatique du fameux El Niño, une
légende à la taille d’un angoissant désert de sel et de cailloux,
considéré comme le désert des déserts, le plus sec de tous. De
mémoire d’homme, on ne se souvient pas de la moindre goutte
de pluie. On dit même que depuis l’arrivée des Conquistadors, le
ciel n’a plus versé une larme. Malédiction ? Non, la terre recèle
en ses profondeurs des richesses en cuivre, lithium, potassium
et autres minéraux. En fait, certains endroits n’ont pas connu de
précipitation depuis des milliers d’années.
Une réalité qui semble une aberration quand
on longe la côte : à Iquique, les matins sont
souvent brumeux. Partout, des nuages se
lovent contre les parois de la cordillère occi-
dentale, mais ils sont incapables de se vider,
toute l’humidité étant happée par le courant
froid de Humbold qui remonte de l’Antarc-
tique. Vu d’avion, le paysage fait penser à
un gigantesque tapis de papier kraft, froissé
par un dieu dans un moment de grande co-
lère : falaises abruptes, plateaux monotones
perforés de volcans et de geysers, cernés
de lacs rouillés et de canyons déchiquetés,
rainurés de rubans d’asphalte en lambeaux
et parsemés d’oasis rabougries. Tout pa-
raît excessif dans ce désert insensé, choisi
en 2002 par George Lucas comme théâtre
de « L’Attaque des clones » dans Star Wars
épisode 2, sans parler de l’immense gouffre
circulaire de Chuquicamata, la plus grande
mine de cuivre à ciel ouvert du monde.
de L’ALpAgA Au piscoSurgissant de cet enfer, à 2’500 mètres
d’altitude, le village indien de San Pedro de
Atacama est un miracle, une place straté-
gique pour le tourisme. Les ruelles étroites
grouillent de petits restaurants, les hôtels
sont de plus en plus nombreux et les bou-
DEsTINATION
cHiLiPar Patrick GALAN
Photos Jean-Pierre MOINE
TRAJECTOIRE 126 Printemps 2011 TRAJECTOIRE 127 Printemps 2011
de muscat : fort au palais, il devient dange-
reusement doux en cocktail (trois mesures
de pisco, une de jus de citron, une de jus
d’orange, 1/4 de Cointreau ou de triple sec,
deux cuillères à café de sucre glace et un
doigt de blanc d’œuf avant de mélanger le
tout au shaker avec des glaçons)… Et pour
les backpackers de luxe, un séjour à l’hôtel
Explora (1’980 US dollars/personne pour
3 nuits, base chambre double, en pension
complète et transferts inclus) les ressour-
cera mais ne les transformera pas en ex-
plora… teurs.
des piscines nAtureLLesIl faut attendre quelques jours d’avoir ap-
privoisé l’altitude avant de s’aventurer sur
les sommets et se lever tôt pour parcourir,
avant le lever du soleil, les 96 kilomètres
qui séparent le village du volcan El Tatio.
Le spectacle n’est jamais en retard. Dès
que le ciel bleuit l’atmosphère change et
les geysers font leur show dans un pay-
sage de glace. On se croirait en Islande,
les geysers gargouillent et bouillonnent
en gouttelettes brûlantes. Dans l’air fri-
gorifié, il faut se dépêcher d’entrer dans
l’eau à 35 degrés. Dans une odeur de
soufre et un chuintement venu du centre
de la Terre, les geysers expulsent leur
eau bouillante en jets réguliers. Mais une
menace plane pour demain : une centrale
géothermique devrait remplacer les fume-
rolles. Pour l’instant, la nature puissante et
sauvage tient encore l’homme à distance.
Sur le chemin du retour, les sources d’eau
chaude formant les piscines naturelles des
thermes de Puritama semblent plus ac-
cueillantes. Elles descendent en cascades
souterraines depuis les geysers d’El Tatio
et se jettent dans les bassins entre deux
parois ocres. Plus loin, comme des miroirs
émeraude ou turquoise, les lagunes de
l’Altiplano trouent les étendues de « paja
brava », touffes de crin végétal semblables
à des hérissons, qui seules résistent aux
conditions climatiques extrêmes à cette
altitude. Quelques cactus poussent à l’abri
du vent. Au loin, au pied des volcans Li-
cancabur et Lascar, s’échappent des trou-
peaux de vigognes, de guanacos ou de
lamas. Tout est silence.
tiques proposent autant d’artisanats que
d’excursions. Il y a même des cybercafés
pour baroudeurs branchés ! Les allées du
marché débordent de pulls, d’écharpes en
laine d’alpaga ou de chapeaux andins en
poil de lama. On marchande un peu mais
pas trop, les visages sérieux des Indiens
n’imitant pas la fougue latine. Ce sont
des gens du désert, austères, méfiants,
habitués à lutter et non à sourire. Dans la
poussiéreuse rue centrale, la calle Cara-
coles, c’est un défilé incessant de jeunes
néo-hippies aimantés par la « buena onda »
du lieu. Un camp de base idéal cerné de
splendeurs. On flâne dans le village en
adobe en reprenant son souffle, car la
« puna », le mal de l’altitude, peut provo-
quer des nausées et des maux de tête
nécessitant de s’acclimater progressive-
ment. L’extrême sécheresse de l’air et le
rayonnement solaire imposent également
de se protéger généreusement la peau et
les lèvres, et de s’hydrater beaucoup. Pour
cela, à San Pedro de Atacama, il n’y a pas
d’apéritif sans pisco sour! Le pisco est une
eau-de-vie obtenue par distillation de vin
DEsTINATION cHiLi
TRAJECTOIRE 126 Printemps 2011 TRAJECTOIRE 127 Printemps 2011
sALArs et fLAmAnts rosesPour profiter pleinement de cette apo-
théose que sont ici les couchers de soleil, il
faut s’arrêter sur le Gran Salar de Atacama,
immense étendue saline au reflet lacté. Au
bord de la lagune Chaxa, traversée par une
chaussée-promenade, vivent des colonies
de flamants roses qui picorent la croûte de
sel et y trouvent, étonnamment, quelques
crevettes pour s’alimenter. On aurait cru
ces oiseaux frileux et on les retrouve à plus
de 4’000 mètres d’altitude traversant de
leur vol tranquille les Lagunas Altiplanicas
en quête d’un dernier rayon de soleil. Le
crépuscule accentue la teinte de leur plu-
mage et le contraste de l’anneau noir qui
entoure leur œil. Vous voulez les suivre,
vous vous mettez à courir, mais l’altitude
vous rappelle à l’ordre. Et lorsqu’ils pas-
sent à quelques mètres au-dessus de votre
tête, vous frémissez. Ce n’est ni la peur ni
le froid qui vous saisissent, mais bien la
beauté sauvage d’un lieu où aucun homme
ne peut vivre. Alors les conversations se fi-
gent, le temps de savourer l’arrêt sur image
que vous emporterez avec vous… —