toxoplasme et toxoplasmose

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Dr S.Yebbous Bensaid Toxoplasmose 1 Toxoplasme et Toxoplasmose 1) Introduction : C’est une infection cosmopolite due Ă  une coccidie intracellulaire : Toxoplasma gondii qui peut parasiter toutes les cellules du systĂšme histiomonocytaire de l'organisme (endothĂ©liums, histiocytes, monocytes, lymphocytes). Elle est souvent latente sauf chez le fƓtus, le nouveau-nĂ© et le sujet immunodĂ©primĂ© chez qui elle s'avĂšre redoutable. 2) Agent pathogĂšne : 2-1) Classification : Embranchement Protozoa Sous-embranchement Apicomplexa Classe Coccidea Ordre Eimeriida Famille Sarcocystiidae Genre Toxoplasma EspĂšce gondii Le genre Toxoplasma ne comporte qu’une seule espĂšce mais grĂące Ă  la biologie molĂ©culaire et aux techniques de PCR-RFLP et l’analyse des microsatellites trois gĂ©notypes principaux ont Ă©tĂ© identifiĂ©s chez l’homme et les animaux domestiques. Il s’agit du type I, II et III. Le Type II Ă©tant le plus frĂ©quent chez l’homme et les animaux domestiques (environ 80% des souches). 2-2) Morphologie : Toxoplasma gondii se prĂ©sente sous 3 formes diffĂ©rentes en fonction de l’hĂŽte et / ou du stade de la maladie : Le TachyzoĂŻte : Il dĂ©coule du mot grec TachĂŽs signifiant bref Il reprĂ©sente la forme retrouvĂ©e pendant la phase aigue de la maladie et qui est dissĂ©minĂ©e dans l’organisme par voie sanguine et lymphatique en dĂ©but d’infection. C’est une cellule asymĂ©trique en forme de croissant ou d’arc mesurant entr e 5 Ă  7 ÎŒm de long sur 3 Ă  4 ÎŒm de large avec une extrĂ©mitĂ© antĂ©rieure effilĂ©e et une extrĂ©mitĂ© postĂ©rieure arrondie renfermant un noyau. Il trĂšs fragile, dĂ©truit aprĂšs 30 mn Ă  50°C, aprĂšs congĂ©lation Ă  -20°C, aprĂšs dessiccation et sous l’action du suc gastrique.

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Page 1: Toxoplasme et Toxoplasmose

Dr S.Yebbous Bensaid Toxoplasmose

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Toxoplasme et Toxoplasmose

1) Introduction :

C’est une infection cosmopolite due à une coccidie intracellulaire : Toxoplasma gondii qui peut

parasiter toutes les cellules du systÚme histiomonocytaire de l'organisme (endothéliums,

histiocytes, monocytes, lymphocytes).

Elle est souvent latente sauf chez le fƓtus, le nouveau-nĂ© et le sujet immunodĂ©primĂ© chez qui elle

s'avĂšre redoutable.

2) Agent pathogĂšne :

2-1) Classification :

Embranchement Protozoa

Sous-embranchement Apicomplexa

Classe Coccidea

Ordre Eimeriida

Famille Sarcocystiidae

Genre Toxoplasma

EspĂšce gondii

Le genre Toxoplasma ne comporte qu’une seule espĂšce mais grĂące Ă  la biologie molĂ©culaire et

aux techniques de PCR-RFLP et l’analyse des microsatellites trois gĂ©notypes principaux ont Ă©tĂ©

identifiĂ©s chez l’homme et les animaux domestiques. Il s’agit du type I, II et III. Le Type II Ă©tant

le plus frĂ©quent chez l’homme et les animaux domestiques (environ 80% des souches).

2-2) Morphologie :

Toxoplasma gondii se prĂ©sente sous 3 formes diffĂ©rentes en fonction de l’hĂŽte et / ou du stade de

la maladie :

Le TachyzoĂŻte :

Il découle du mot grec TachÎs signifiant bref Il représente la forme retrouvée pendant la phase

aigue de la maladie et qui est dissĂ©minĂ©e dans l’organisme par voie sanguine et lymphatique en

dĂ©but d’infection.

C’est une cellule asymĂ©trique en forme de croissant ou d’arc mesurant entre 5 Ă  7 ”m de long sur

3 à 4 ”m de large avec une extrémité antérieure effilée et une extrémité postérieure arrondie

renfermant un noyau. Il trÚs fragile, détruit aprÚs 30 mn à 50°C, aprÚs congélation à -20°C,

aprùs dessiccation et sous l’action du suc gastrique.

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Dr S.Yebbous Bensaid Toxoplasmose

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La forme kystique :

Le kyste est une forme de latence intratissulaire de 5-100”m de diamÚtre. Ils siÚgent

principalement dans les neurones, les astrocytes, les cellules musculaires et les cellules

rétiniennes.

Le kyste peut contenir plusieurs milliers de bradyzoïtes, qui découle du mot grec brados

signifiant lent. Ils sont de structure trĂšs proche de celle des tachyzoĂŻtes, mais plus petits et plus

résistants, avec un noyau plus postérieur. Le kyste est plus résistant que le tachyzoïte.

Il survit dans le suc gastrique et à une température inferieure à 60°C, mais il est détruit par la

congélation pendant au moins trois jours, et à des températures supérieures à 67°C pendant 03 mn

et partiellement inactivé par la cuisson au microonde.

L’oocyste :

C’est la forme de rĂ©sistance dans le milieu extĂ©rieur mais aussi la forme de dissĂ©mination. Il

existe sous deux formes :

Oocyste non sporulé : Fraichement émis dans les excréments du chat.

Oocyste sporulĂ© : C’est la forme infestante, ovoĂŻde de 12 ”m de long entourĂ©e d’une coque

résistante enveloppant deux sporocystes ellipsoïdes contenant chacun 4 sporozoïtes haploïdes de

structure comparable Ă  celle du tachyzoĂŻte.

Les oocystes sporulĂ©s rĂ©sistent plus d’une annĂ©e dans le sol humide, aux agents de dĂ©sinfection

dont l’eau de javel et au suc gastrique. Ils sont par contre dĂ©truits par une tempĂ©rature de 60°C

pendant 1mn et inactivés de façon incomplÚte par la congélation.

3) Cycle Ă©volutif :

Trois phases sont Ă  distinguer dans le cycle Ă©volutif du toxoplasme:

Une phase de reproduction ou phase coccidienne: au niveau des cellules entéro-

Ă©pithĂ©liales de l’intestin de l’hĂŽte dĂ©finitif.

Une phase libre ou de sporulation dans le sol.

Une phase proliférative chez les hÎtes intermédiaires (oiseaux et mammifÚres y compris

l’homme).

La phase coccidienne:

L’évolution chez l’hĂŽte dĂ©finitif comprend notamment :

Une multiplication asexuĂ©e ou schizogonie rĂ©sultant de l’infestation de l’hĂŽte par les kystes

prĂ©sents chez les rongeurs ou oiseaux qu’il aurait dĂ©vorĂ©s ou bien Ă  partir d’oocystes mĂ»rs

souillant le sol ou les végétaux.

Et une multiplication sexuée ou gamogonie qui se caractérise par la transformation des formes

asexuées (tachyzoïtes) en gamétocytes mùles (microgamétocytes) et gamétocytes femelles

(macrogamĂ©tocytes), il s’en suivra une fĂ©condation qui aboutira Ă  la formation d’oocystes non

sporulĂ©s, non infectieux qui seront Ă©liminĂ©s avec les fĂšces du chat. L’émission des oocystes

s’effectue cinq jours aprùs ingestion des kystes et vingt jours aprùs ingestion d’oocystes

sporulés.

Page 3: Toxoplasme et Toxoplasmose

Dr S.Yebbous Bensaid Toxoplasmose

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La phase libre :

Dans le milieu extérieur, les oocystes deviennent infectieux en 1 à 5 jours, en fonction de

l’humiditĂ© et la teneur en oxygĂšne, grĂące Ă  un processus appelĂ© sporogonie et qui aboutit Ă  la

formation de sporozoïtes. Ainsi ils vont assurer la contamination tellurique des vertébrés.

La phase proliférative :

L’ingestion des kystes ou des oocystes chez l’hĂŽte intermĂ©diaire entraine au niveau du tube

digestif la rupture de leur paroi puis la libération de bradyzoïtes ou de sporozoïtes, ces derniers

gagnent les diffĂ©rents organes de l’hĂŽte par le biais des macrophages et monocytes sanguins et

lymphatiques, pénÚtrent dans les cellules et se multiplient par endodyogénie. Les cellules hÎtes

Ă©clatent et libĂšrent un grand nombre de tachyzoĂŻtes qui infestent d’autres cellules. C’est la phase

aigĂŒe de la maladie ou toxoplasmose Ă©volutive qui ne dure que 8 Ă  12 jours.

AprĂšs une brĂšve parasitĂ©mie et suite Ă  l’apparition de phĂ©nomĂšnes immunitaires, les parasites

s’enkystent dans les tissus, en particulier dans les muscles striĂ©s et le cerveau, et passent Ă  l’état

quiescent. C’est la phase chronique de la maladie.

4) Mode de contamination :

La contamination orale est la plus fréquente par :

Ingestion de kystes contenus dans la viande crue ou saignante d'ovins, de porcins et plus

rarement de poulet ou de bovins. C’est la cause principale de contamination chez l'homme ;

Ingestion d’oocystes contenus dans des vĂ©gĂ©taux ou des boissons souillĂ©es par des

excréments de chat.

La contamination trans-placentaire : Une premiÚre toxoplasmose aiguë (primo-infection)

chez une femme enceinte peut ĂȘtre responsable du passage du parasite au fƓtus.

La contamination par transfusion sanguine, greffe d’organe ou par accident de laboratoire

est rarissime.

Page 4: Toxoplasme et Toxoplasmose

Dr S.Yebbous Bensaid Toxoplasmose

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5) Répartition géographique et prévalence de la toxoplasmose :

La prévalence de la toxoplasmose est trÚs variable selon les zones géographiques, le niveau

socio-économique et les habitudes culinaires. La prévalence estimée élevée dans les pays chauds

et humides avec prĂ©sence des fĂ©lidĂ©s dans l’environnement, se trouve faible dans les pays froids.

L’affection apparait donc ubiquitaire avec une sĂ©roprĂ©valence variable d’un pays Ă  l’autre et

parfois Ă  l’intĂ©rieur d’un mĂȘme pays.

6) Physiopathologie :

La physiopathologie des lésions observées aux cours de la toxoplasmose est directement liée à la

prolifĂ©ration des tachyzoites et Ă  la lyse des cellules qu’ils infectent.

La transmission maternofƓtale est dĂ©terminĂ©e par le passage transplacentaire du parasite au cours

d’une parasitĂ©mie maternelle suite Ă  une primo-infection conceptionelle. Cette transmission

dĂ©pend de la structure et de l’irrigation placentaire. Ainsi le placenta pourrait retarder la

transmission parasitaire de la mĂšre au fƓtus de plusieurs semaines aprĂšs une sĂ©roconversion

maternelle. La transmission des tachyzoĂŻtes aux fƓtus est suivie d’enkystement polyviscĂ©ral du

parasite. Les lésions dues à la prolifération des tachyzoïtes constituent des foyers de nécrose

pĂ©riventriculaire ou entourant l’aqueduc de Sylvius, associant vascularite, thromboses et

calcifications. Ces lĂ©sions sont secondairement responsables d’hydrocĂ©phalie par obstruction de

l’aqueduc de Sylvius.

La frĂ©quence et la gravitĂ© du risque fƓtale au cours de la toxoplasmose Ă©volutive maternelle varie

selon l’ñge de la grossesse et la prĂ©cocitĂ© de la thĂ©rapeutique.

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7) Clinique :

Toxoplasmose de l'immunocompétent :

Dans 80% des cas, elle peut passer inaperçue. L'atteinte ganglionnaire est la plus fréquente.

Les adénopathies de petite taille ne sont ni douloureuses, ni inflammatoires et ne suppurent

jamais. Elles s'accompagnent parfois de fébricule, de myalgies et d'asthénie. Plus rarement, on

rencontre une atteinte oculaire ou neurologique

Toxoplasmose de l'immunodéprimé :

Elle s'observe lors d'une thérapeutique immunosuppressive, d'un déficit immunitaire congénital,

d'un cancer ou d'un SIDA.

Il s'agit de la réactivation des formes quiescentes contenues dans des kystes intra tissulaires et

dont le risque est important quand le taux de CD4 devient inférieur à 100/mm3. Cette réactivation

va causer des formes disséminées réalisant une fiÚvre élevée, des abcÚs cérébraux multiples, des

arthralgies, des éruptions cutanées, une atteinte myocardique, pulmonaire, ou hépatique.

Toxoplasmose congénitale :

Le fƓtus ne peut ĂȘtre infectĂ© que si la mĂšre est contaminĂ©e pendant la grossesse. Les toxoplasmes

peuvent traverser le placenta pendant la phase septicémique de la maladie puis diffuser dans le

sang fƓtal.

Les lésions sont d'autant plus graves que la contamination est précoce, on distingue trois formes

de toxoplasmose congénitale.

La toxoplasmose tertiaire du premier trimestre :

Souvent la transmission en dĂ©but de grossesse entraine une fƓtopathie grave. Si le nouveau nĂ©

arrive Ă  terme, il sera porteur de lĂ©sions de type sĂ©quellaire du systĂšme nerveux central et de l’Ɠil

traduisant les signes de la tétrade classique hydrocéphalie, microphtalmie, calcifications

intracérébrales et retard du développement psychomoteur.

Le pronostic est variable, il peut s’en suivre la mort du fƓtus et l’avortement, la prĂ©maturitĂ© avec

un nouveau nĂ© fortement atteint ou la naissance Ă  terme d’un nouveau nĂ© apparemment sain dont

l’atteinte toxoplasmique se rĂ©vĂšlera dans les semaines Ă  venir.

La toxoplasmose secondaire du deuxiĂšme trimestre :

Le tableau clinique Ă  la naissance est celui d’une encĂ©phalite Ă©volutive avec des manifestations

neurologiques, retard psychomoteur et/ou une choriorétinite évolutive.

Si l’évolution n’est pas fatale, le nouveau nĂ© est exposĂ© Ă  des lĂ©sions nerveuses irrĂ©versibles.

La toxoplasmose primaire du troisiĂšme trimestre :

Le nouveau né présente une symptomatologie polyviscérale extraneurale. On peut observer un

ictĂšre nĂ©onatal, gĂ©nĂ©ralement rĂ©versible, accompagnĂ© d’hĂ©patosplĂ©nomĂ©galie, ou des lĂ©sions

oculaires isolées.

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Mais la forme la plus frĂ©quente est la toxoplasmose congĂ©nitale infraclinique. L’enfant est

porteur de kystes dans le nĂ©vraxe ou la rĂ©tine et la maladie est susceptible de s’exprimer

secondairement.

8) Diagnostic :

Le diagnostic biologique de la toxoplasmose peut ĂȘtre direct par la mise en Ă©vidence du parasite,

ou indirect par des techniques immunologiques.

7-1) Diagnostic parasitologique :

Examen direct :

Pour le diagnostic de la toxoplasmose congénitale les prélÚvements à traiter sont le liquide

amniotique, le sang du cordon et le placenta.

La recherche des tachyzoĂŻtes ou des kystes se fait sur frottis aprĂšs coloration au MGG ou encore

par l’immunofluorescence directe. Mais la recherche du parasite dans ces prĂ©lĂšvements est assez

difficile vue le nombre faible de parasites.

L’inoculation à l’animal :

C’est une mĂ©thode de rĂ©fĂ©rence pour l’isolement du toxoplasme viable. Elle est applicable Ă  tous

les produits biologiques. L’inoculation se fait par voie intrapĂ©ritonĂ©ale. Le toxoplasme sous sa

forme kystique est recherché 6 semaines aprÚs au niveau du cerveau de la souris blanche Balb C.

La culture cellulaire :

La culture est réalisée sur les fibroblastes embryonnaires humains type MRC5, les lignées

monocytaires THP1 et les cellules Hella, etc.

C’est une technique difficile Ă  rĂ©aliser et moins sensible que l’inoculation Ă  la souris, mais elle

donne des résultats en 3 à 6 jours. La mise en évidence du parasite se fait par coloration au MGG

ou aprĂšs marquage par un anticorps monoclonal fluorescent.

La biologie moléculaire :

Elle permet la mise en Ă©vidence de l’ADN parasitaire qui sera amplifiĂ© par la technique PCR. Les

gĂšnes les plus recherchĂ©s sont le B1, le RE529 et le P30. C’est une technique trĂšs sensible et

dotĂ©e d’une spĂ©cificitĂ© optimale, ce qui la rend plus avantageuse que les autres techniques

précédemment citées.

7-2) Diagnostic sérologique

La recherche des anticorps anti-Toxoplasma constitue l’essentiel du diagnostic de la

toxoplasmose. C’est d’ailleurs la principale application de la sĂ©rologie parasitaire. Elle met en

évidence la présence, dans le sérum du patient, des anticorps IgG et des IgM spécifiques anti-

Toxoplasma. L’interprĂ©tation des rĂ©sultats sĂ©rologiques est effectuĂ©e en fonction de la cinĂ©tique

des anticorps IgM et IgG et permet de distinguer une toxoplasmose aiguë d'une toxoplasmose

chronique.

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7-2-1) Diagnostic de la toxoplasmose acquise :

Cinétique des anticorps au cours de la primo-infection :

L’étude de la cinĂ©tique des diffĂ©rents isotypes d’immunoglobulines permet d’illustrer

schématiquement différentes phases sérologiques.

La phase de latence :

La sérologie est encore négative, elle sépare le moment de la contamination et le début de la

réponse humorale spécifique. Sa durée est estimée à 8-10 jours.

La phase précoce :

Les IgM spécifiques sont les premiÚres à apparaitre et la synthÚse des IgG est trÚs variable, de

quelques jours à plusieurs semaines, et seule l’apparition des IgG permettra d’affirmer le

diagnostic qui est en général vers le quinziÚme jour aprÚs les IgM.

La phase exponentielle :

La synthùse des IgG puis l’augmentation de leur taux confirme l’infection toxoplasmique. Cette

phase est variable selon les individus et peut aller de deux Ă  six mois.

La phase en plateau :

Le titre d’IgG reste en plateau et sa dĂ©croissance est lente pendant plusieurs annĂ©es, les IgM

peuvent persister plus d’un an en fonction de la technique utilisĂ©e.

La phase chronique :

Le titre d’IgG reste le plus souvent Ă  un niveau rĂ©siduel et stable, cette phase correspond Ă  une

infection anciennement acquise.

Les IgA ont Ă©tĂ© proposĂ©es pour la datation de l’infection toxoplasmique vue leurs persistances

plus courtes que celle des IgM, leur principale indication reste le diagnostic de l’infection

congénitale chez le nouveau né.

Quant aux IgE, leur synthĂšse est fugace et inconstante en cas de primo-infection mais elles sont

un facteur de mauvais pronostic chez le nouveau né.

Page 8: Toxoplasme et Toxoplasmose

Dr S.Yebbous Bensaid Toxoplasmose

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Diagnostic de la toxoplasmose de l’immunocompĂ©tent :

Le diagnostic sérologique par dosage des IgG et des IgM spécifiques permet de préciser le statut

immunitaire du patient et estimer Ă©ventuellement l’anciennetĂ© de la contamination

Diagnostic de la toxoplasmose de la femme enceinte :

Le diagnostic sĂ©rologique de la toxoplasmose chez la femme enceinte est basĂ© sur l’étude de deux

prĂ©lĂšvements espacĂ©s de trois Ă  quatre semaines. L’intĂ©rĂȘt de dresser un statut immunitaire pour

les gestantes est de détecter les femmes séronégatives pour la toxoplasmose, les informer sur les

risques d’une sĂ©roconversion au cours de leur grossesse et de leur conseiller certaines mesures

d’hygiĂšne et de diĂ©tĂ©tique d’une part et de dĂ©pister et traiter toute sĂ©roconversion d’une autre part

(figure1et 2)

Ce suivi sérologique doit débuter en périconceptionnel et se terminer une semaine aprÚs

l’accouchement.

Page 9: Toxoplasme et Toxoplasmose

Dr S.Yebbous Bensaid Toxoplasmose

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SĂ©rologie de contrĂŽle Ă  3 semaines d’intervalle

IgM(-), IgG(-)

PremiÚre sérologie

IgM(+), IgG(-)

Gestante séronégative

SĂ©rologie de contrĂŽle Ă  3 semaines d’intervalle

Mesures hygiénodiététiques

ContrÎles sérologiques mensuels, le dernier

une semaine aprùs l’accouchement

IgM(-), IgG(-)

Ac transfusionnels

IgM(+), IgG(+)

SĂ©roconversion

IgM(-)/(+), IgG(+)

IgM(-)/(+), IgG(+) IgM(-)/(+), IgG(+)

SĂ©rologie de contrĂŽle Ă  3 semaines d’intervalle

Faible Avidité

Avidité Forte Avidité

Titre stable Titre 3 fois +

Toxoplasmose Ă©volutive non exclue Infection ancienne probable

ContrÎle sérologique aprÚs un mois

Infection ancienne probable Toxoplasmose Ă©volutive Titre + Titre stable

Figure 1 : Algorithme décisionnel devant une sérologie toxoplasmique chez la femme enceinte

Page 10: Toxoplasme et Toxoplasmose

Dr S.Yebbous Bensaid Toxoplasmose

7-2-2) Diagnostic de la toxoplasmose congénitale :

Toute toxoplasmose maternelle acquise pendant la grossesse expose le fƓtus au risque d’infection par

transmission transplacentaire des tachyzoites. Le diagnostic est réalisé in utéro et/ou aprÚs la naissance.

Le diagnostic anténatal :

Le dĂ©pistage de la toxoplasmose congĂ©nitale se base sur deux types d’investigation, Ă©chographique et

biologique.

La surveillance échographique est pratiquée vers la 18Úme

, la 24Ăšme

et la 30Ăšme

semaine Ă  la recherche de

calcifications intracrĂąniennes, de dilatations des ventricules cĂ©rĂ©braux, d’hĂ©patomĂ©galie et d’une ascite.

L’amniocentĂšse consiste Ă  prĂ©lever 10 Ă  20 ml de liquide amniotique Ă  partir de la 18Ăšme

semaine

d’amĂ©norrhĂ©e et quatre semaines au moins aprĂšs la date prĂ©sumĂ©e de l’infection maternelle. À partir du

culot de centrifugation de ce liquide, on fait une inoculation Ă  la souris et/ou une PCR, dont

l’association des deux techniques permet d’obtenir une sensibilitĂ© de l’ordre de 80%. Sur le surnagent

on effectue un dosage d’IgG, d’IgM et d’IgA et on Ă©tablit un profil comparatif avec les anticorps de la

mĂšre par un WB.

Un diagnostic antĂ©natal positif confirme le passage du parasite et n’ont pas l’atteinte fƓtale, ceci

conduira à un changement de la thérapeutique à base de Rovamycine par une autre plus efficace à base

de Pyrimétamine-sulfadoxine

Diagnostic néonatal :

A la naissance, le diagnostic de la toxoplasmose congénitale associe les arguments suivants :

Clinique :

C’est le diagnostic qui vise Ă  rechercher des signes cliniques non spĂ©cifiques d’embryo-fƓtopathie au

stade évolutif (hépatomégalie, splénomégalie, ictÚre, anémie
) ou séquellaire (hydrocéphalie,

convulsions
), toute en associant un examen radiologique qui repose actuellement sur l’échographie

transfontanellaire à la recherche des calcifications cérébrales et des dilatations ventriculaires, et un

examen ophtalmologique sous anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale Ă  la recherche d’un foyer rĂ©tinien.

Biologiques :

PrélÚvements : Plusieurs prélÚvements sont nécessaires pour établir ce diagnostic dans les meilleures conditions. Le

placenta est prélevé le plus aseptiquement possible et placé dans un flacon propre sans fixateur, stocké à

+ 4 °C, et adressé au laboratoire dans les meilleurs délais.

Le sang du cordon (SC) est placĂ© dans un tube sec (5-10 ml) pour non seulement l’isolement du

parasite, mais aussi les tests sérologiques, et enfin un échantillon du sang du nouveau-né prélevé à J10.

Le bilan est complĂ©tĂ© par un contrĂŽle sĂ©rologique de la mĂšre, nĂ©cessaire pour l’étude des profils

comparés mÚre-enfant.

Examen parasitologique :

La recherche du toxoplasme peut se faire par l’inoculation à la souris et/ou PCR et/ou encore par culture

cellulaire. La sensibilitĂ© de cette recherche est de l’ordre de 50% pour inoculation Ă  l’animal et de 50 Ă 

61% pour la PCR. La combinaison des deux techniques augmente la sensibilitĂ© Ă  l’ordre de 60 Ă  70% et

elle diminue Ă  25% aprĂšs traitement in utĂ©ro par l’association pyrimĂ©thmine-sulfadoxine.

Page 11: Toxoplasme et Toxoplasmose

Dr S.Yebbous Bensaid Toxoplasmose

Examen sérologique :

Les techniques sérologiques utilisées dans le dépistage de la toxoplasmose ne sont pas toutes adaptées

au diagnostic de la toxoplasmose congénitale. Seuls, les tests par immunocapture des IgM ou des IgA

valides pour ce diagnostic doivent ĂȘtre pratiquĂ©s. En cas de tests positifs pour les IgM ou les IgA, il

faudra confirmer le résultat sur le sang du nouveau-né prélevé aprÚs le 10Úme

jour. Des tests analytiques

complémentaires comme la comparaison des profils immunologiques mÚre-enfant par immunoblot

permettent de mettre en Ă©vidence la synthĂšse d’anticorps IgG et IgM par l’enfant. La prĂ©sence

d’anticorps nĂ©osynthetisĂ©s dans le sĂ©rum du nouveau-nĂ© est la preuve absolue de l’atteinte congĂ©nitale

et doit conduire au traitement de l’enfant.La prĂ©sence des isotypes dĂ©pend du moment de la

contamination maternelle. Pour les séroconversions maternelles du premier et du deuxiÚme trimestre, ce

sont les IgA qui sont le plus fréquemment détectées alors que les IgM spécifiques le sont plus souvent

pour des infections du troisiĂšme trimestre.

La comparaison de la charge immunitaire sérique du nouveau né et de celle de sa mÚre permet

Ă©galement le diagnostic lorsque la charge immunitaire chez l’enfant est significativement supĂ©rieure (3

à 4 fois) à celle de la mÚre. En associant les méthodes de diagnostic parasitologique et sérologique, le

diagnostic de l’infection est portĂ© dans la majoritĂ© des cas.

Diagnostic postnatal :

Il consiste en une surveillance sĂ©rologique du nourrisson durant la premiĂšre annĂ©e. L’apparition des IgG

spĂ©cifiques nĂ©osynthĂ©tisĂ©es par l’enfant de façon qualitative par WB ou quantitative par comparaison

des charges immunitaires infirme ou confirme l’infection congĂ©nitale.

Si l’enfant n’est pas atteint, les anticorps IgG transmis par la mĂšre s’éliminent et la sĂ©rologie devient

négative entre le 9éme

et le 12Ăšme

mois. Tout rebond sĂ©rologique avant l’ñge de neuf mois, mĂȘme aprĂšs

une nĂ©gativation transitoire des IgG transmises, doit ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme Ă©tant une infection

congĂ©nitale dĂ©pistĂ©e tardivement, en raison d’une synthĂšse diffĂ©rĂ© des IgG spĂ©cifique de l’enfant.

Aussi, un examen ophtalmologique Ă  6 mois, 1an et 2 ans Ă  la recherche d’un foyer toxoplasmique rĂ©tinien de rĂ©vĂ©lation tardive et mĂȘme jusqu'Ă  l’ñge adolescent.

Page 12: Toxoplasme et Toxoplasmose

Dr S.Yebbous Bensaid Toxoplasmose

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Séroconversion ou toxoplasmose évolutive prouvée

Diagnostic anténatal

AmniocentĂšse

Inoculation Ă  la souris, culture cellulaire, PCR

Un résultat positif Tous les résultats négatifs

Toxoplasmose congénitale probable Toxoplasmose congénitale peu probable

Changement de la conduite thérapeutique

Diagnostic néonatal

Diagnostic immunologique

Placenta, sang du cordon

et du nouveau né

SĂ©rum de la mĂšre

et du nouveau né

PCR, inoculation Ă  la souris Charge immunitaire, Western blot

RĂ©sultats en faveur d’une toxoplasmose congĂ©nitale

Changement de la conduite thérapeutique, contrÎle sérologique

jusqu’à l’obtention d’un taux faible et stable d’IgG

RĂ©sultats pas en faveur d’une toxoplasmose congĂ©nitale

Diagnostic postnatal

Sérum de la mÚre et du nouveau né

Enfant indemne - Charge immunitaire, Western blot et sérologie +

Jusqu’à 1 an

Figure 2 : Conduite diagnostique lors d’une sĂ©roconversion ou d’une toxoplasmose Ă©volutive prouvĂ©e

Diagnostic direct

Page 13: Toxoplasme et Toxoplasmose

Dr S.Yebbous Bensaid Toxoplasmose

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7-2-3) La toxoplasmose oculaire :

Le diagnostic est immunologique et parasitologique. Le titre d’anticorps toxoplasmiques IgG

trouvĂ© dans l’humeur aqueuse sera comparĂ© Ă  celui trouvĂ© dans le sĂ©rum par calcul du

coefficient de Desmonts ou par profil comparĂ© du WB. Toute Ă©lĂ©vation du titre d’anticorps

dans l’humeur aqueuse non retrouvĂ©e dans le sĂ©rum signe une toxoplasmose oculaire, dans la

limite d'une intégrité de la barriÚre hémato-rétinienne. Un diagnostic parasitologique est

possible par détection du parasite par PCR dans l'humeur aqueuse.

Coefficient de Desmonts = IgG sp Ă©cifiques oculaires en (UI/ml ) /IgG totales oculaire en g/L

IgG sp écifiques sérum UI /ml /IgG totales sérum g/l

7-2-4) La toxoplasmose opportuniste :

Le plus souvent, l’amĂ©lioration des signes cliniques et radiologiques suite Ă  un traitement

antitoxoplasme d’épreuve permet de faire le diagnostic car la sĂ©rologie peut ĂȘtre perturbĂ©e par

l'immunodéficience. Tout au plus la sérologie permet de déterminer si le sujet

immunodéprimé a déjà été en contact avec le parasite et donc s'il risque de faire une

réactivation. Aussi la sérologie permet de confirmer la synthÚse intra-thécale des anticorps

par WB évoquant une toxoplasmose cérébrale. Le diagnostic parasitologique est le diagnostic

de référence et repose sur la mise en évidence des toxoplasmes dans des prélÚvements comme

le sang, le liquide de lavage bronchiolo-alvéolaire LBA, le LCR et des biopsies tissulaires

orientées par la symptomatologie

9) Traitement :

Molécules Posologie Durée du traitement Remarques

MĂšre :

séroconversion

Spiramycine 3MU/8h DĂ©s l’apparition

des anticorps, arrĂȘt

à l’accouchement

Si intolérence :

Roxithromycine

1cp/12h

MĂšre :

Toxoplasmose

Ă©volutive sans

notion de

séroconversion

Spiramycine 3MU/8h Datation par

cinétique des

anticorps.ArrĂȘt si

toxoplasmose

antéconceptionnelle

Idem

MĂšre :

Si fƓtopathie

Pyriméthamine

+ Sulfadiazine

0.5 mg/kg/j

100mg/kg/j

Cures de 3

semaines par

trimestre, arrĂȘt

transitoire en per

partum

En alternance

avec

spiramycine,

surveillance

cutanée et

hématologique

Enfant :

Toxoplasmose

congénitale

confirmée

Pyriméthamine

+ Sulfadiazine

0.75-1mg/kg/j

100mg/kg/j

Traitement continu

dés la naissance,

arrĂȘt si argument de

guérison

Supplémentation

en folates

Surveillance

clinique et

hématologique

Page 14: Toxoplasme et Toxoplasmose

Dr S.Yebbous Bensaid Toxoplasmose

14

Traitement chez l’immunodĂ©primĂ© :

Le traitement de rĂ©fĂ©rence est l’association pyrimĂ©thamine et sulfadiazine. Le traitement

d’attaque est poursuivi au minimum trois semaines et un traitement d’entretien Ă  Âœ ou 1/3 de

doses est maintenu afin d’éviter les rechutes, car l’association agit uniquement sur les

tachyzoïtes mais pas sur les kystes. Dans le cas de l’infection à VIH, cette prophylaxie

secondaire est arrĂȘtĂ©e dĂšs que le taux de lymphocytes T (LT) CD4+ est supĂ©rieur 200 / ÎŒL.

Traitement en cas de toxoplasmose oculaire :

Le traitement de choix reste le mĂȘme que chez l’immunodĂ©primĂ© Ă  savoir l’association

pyriméthamine et sulfadiazine.

10) Prophylaxie

La prophylaxie de la toxoplasmose aiguë chez la femme enceinte et de la toxoplasmose aiguë

chez l’immunodĂ©primĂ© repose sur les points suivants:

Les mesures hygyéno-diététiques :

ne manger que de la viande bien cuite et Ă©viter la charcuterie Ă  base de viande crue

lors de la manipulation de viande crue, ne pas se toucher la bouche ou les yeux ;

laver soigneusement fruits et légumes avant consommation ;

porter des gants pour jardiner ;

Ă©viter tout contact avec du matĂ©riel qui a pu ĂȘtre contaminĂ© par des selles de chats ;

ne pas entreposer la litiĂšre du chat dans la cuisine.

La prophylaxie primaire médicamenteuse en cas d'immunosuppression : Une

prophylaxie médicamenteuse (par cotrimoxazole, BactrimŸ) s'impose si le taux de LT

CD4+ est infĂ©rieur Ă  100 / ÎŒL. En cas de traitement anti-rĂ©troviral actif, et si la

restauration immunitaire permet de retrouver un taux de LTCD4+ supĂ©rieur Ă  200 / ÎŒL

stable sur six mois, la prophylaxie mĂ©dicamenteuse peut ĂȘtre interrompue.

Page 15: Toxoplasme et Toxoplasmose

Dr S.Yebbous Bensaid Toxoplasmose

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SchĂ©ma d’un Tachyzoite Kyste de Toxoplasma gondii

Oocystes de Toxoplasma gondii : (A) non sporulé, (B) sporulé, (C) sporulé sous microscopie

Ă©lectronique

Hydrocéphalie toxoplasmique choriorétinites toxoplasmique