these pour le doctorat d'etat -...
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UNlVERSAUX SYNTAXIQUES ET
STRUCTURE DU PULAAR
Claude HAGEGE
\,
A mon onc13 Boubou Sall Memoire familiale de nos premiers pas Je dedie cette these terminale
I I
I ! I
AVANT-PROPOS ET REM£RCIEMENTS
11 Y a un peu plus de dix ans, alors etudiant a l'Universite de Californie a Los Angeles (U.C.L.A.) ,
no us avions pris contact avec le Professeur Claude Hagage
pour lui demander de bien vouloir accepter de diriger
notre these d'Etat,apres l'obtention du dipl~me de Ph D
que nous preparions. 11 nous avait chaleureusement encou
rage a le faire, tout en nous signalant divers travaux re
cents consacres a la langue peUle, notamment ceux de R.
Labatut, et en nous mettant en garde contre un certain
pluralisme theorique, a moins, disait-il, de tirer de
chaque theorie "ce qu'il y a de meilleur pour la partie
de la,12lngue a laquelle il convient".
En nous referant tout au long de la redaction de
cette these a divers courants (la grammaire generative
transformationnelle, la grammaire relationnelle, la theo
rie des trois points de vue, etc. ), nous pouvons dire
que nous avons essays de garder presentes a l'esprit ces
remarques.
Ce ne rut guare chose facile, car chacune de ces
theories a des preoccupations specifiques. Nous avons
1 i
les donnees du pUlaar, et dans la perspective des univer
saux. y avons-nous reussi ?
Aux termes de la redaction de cette these, nous te
nons donc a manifester toute notre gratitude au Profes
seur Claude Hagege pour nous avoir encourage et suivi de
puis cette epoque-la, malgre les nombreuses sollicitations
dont il est l'objet. Le Professeur Hagege a pris le temps
de lire chaque chapitre de cette these et de nous en don
ner des commentaires qui ant beaucoup contribue a en fai
re ce qu'elle est.
Au Professeur Jean Perrot, nous voudrions aussi ex
primer tous nos remerciements pour la disponibilite dont
il a fait preuve a notre egard et pour l'inter~t tout par
ticulier qu'il a pmrte a nos travaux. Nous avons amplement
profite de sa vaste culture et ses commentaires auront
beaucoup apporte a la clarification theorique de certains
concepts et notions abordes notamment dans le chapitre 4.
Son experience administrative aussi nous aura evite bien
des ecueils.
collegue Jeanne Lopis pour llaffection dont elle nous a
entoure durant la redaction de cette these dont la forme
definitive doit beaucoup a sa formation classique et a son
sens critique.
de l'Universite Cheikh Anta Diop, au Directeur de l'Insti
tut Fondamental d'Afrique Noire-Cheikh Anta Diop, a la Fon
dation Ford et a la Fondation Leopold Sedar Senghor, nous
sommes reconnaissant pour leur soutien materiel et moral
sans lequel ce travail aurait difficilement vu le jour.
Enfin, a Melle Codou Gueye, qui a assure la dactylo
graphie de cette these, j'exprime toute ma gratitude.
t 1 I
Non usite(devant un enonce ou un mot)
Termes interchangeables
Actif (voix)
Anaphore anterieure
Abla tif
PASS Passif (enonce)
-6-
, !
mod erne.
son developpement a l'epoque cantemQoraine: la conferen
ce de Dobbs Ferry, en 1961 et celle d' Austin, en 1967,
qui sont considerees comne des manifestes de deux cou
rants bien distincts de la discipline.
La premiere, dominee p,,:r la personnalita de J. Gre~m
berg et d'orientation empirique, s'appuiera sur la ty
pologie pour definir les caracteristiques et tendances
partagees par toutes les langues du monde. La deuxieme,
dominae par celle de N. Chomsky et d'orientation abs
traite et deductive, en assumant l'unicita des langues,
cherchera d resoudre les problemes qui concernent les
universaux relatifs a la forme et a la substance, l'u
niversalite du passage de la structure profonde a la
structure de surface, et l'existence d'une base univer-
~ I i,
partout dans le monde, plus particuli~rement aux Etats
Unis et en Europe, et ont suscite des pistes de recher
che inestimables dans des domaines linguistiques aus
si varies que la phonologie, la syntaxe, la semanti
que et la pragmatique, degageant des hypoth~S8S Sllr
les universaux o
Le but de la presente th~se est d'evaluer a tra
vers la structure du pulaar, p~rler peul du Fuuta Too
ro (Nord-Senegal), un certain nombre de ces hypotheses
ayant trait aux huit domaines suivants les fonctions
syntaxiques ; lee probl~~Bb lies ~ la focalisation,
a l'emphatisation et ~ la thematisation ; los processus
anaphoriques ; les clitiquos pronominaux ; les construc
tions causatives ; la passivation ; le traitement de la
transitivite ; la negation. Mais avant de proceder a l'examen de llorganisation de ces chapitres,il nous pa
rmtt important de degager d'abord, dans cette introduc
tion generale, la place de l'etude le? langues parti
culi~res dans la recherche des universaux, d'esquisser
la methodologie adoptee et de clarifier la cadre theori
que qui sous-tend notre th~se.
0.1. Place des langues particuli~res dans la recherche
des universaux
Quel que soit le point de vue DD lIon se place,
nous pouvons dire que l'objet de la grammaire univorsel
le est le m~me. 11 s'aQit de rendre conpte des principes
selon lesquels toutes les langues sont baties ; et etant donne qu'on a affaire a des langues particulieres, dont
-9-
la diff~rence est ~gaJement admise par tous les cou
rants, il revient ~ la grammaire universelle de ren
dre compte aussi de cette diversit~. Le courant inn~is
te, notamment dans sa forme modulaire, essaiera de r~
soudre les particularites lingu~stiques en incluant une
composante parametrique dans son schema, qui, selon le
sens dans lequel elle est fixee, permet de eerner les
differences (voir i~~r9). Le courant typologiste, moins
preoccupe des problemes d'elaboration de modeles theo
riques, fait usage des exceptions dans la formulation
des universaux.
ticulieres contribueront ~ l'elaboration de la grammai
re universelle de deux manieres : soit que dans sa for
me descriptive initiale et structurale, la langue par
ticuliere alimente la recherche comparee indispensa
ble, selon nous, ~ la formulation des universaux suivant
une demarche du type empiriqo-inductif, soit qu'elle
serve ~ tester les principes universalistes postules
suivant une d~marche hypoth6tico-deductive. Dans tous
les cas, noWs pouvonsadmettre que la confirmation d'un
Universa1 1 u par les donne8s d'une langue particulie
re n'ayant pas servi ~ la postulation de U, renforce
la th~orie T dont U fait partie integrants, tandis que
l'infirmation de U par les m~mes donnees peut soulever
des questions dont les reponses serviront ~ ameliorer
cette theorie.
-10-
courant typologiste que du courant inneiste,
0.2. Methodologie
Tout au long de la redaction de cette th~se nous
avons ete mO par le souci de l'explication des phenom~
nes observes; par l'explication interne d'abord, en
essayant de comprendre certaines proprietes de l'inte
rieur , c'est-~-dire en examinant com~ent une proprie
te grammaticale donnee peut ~tre expliquee par une au
tre propriete de la m~me langue ; par l'explication ex
terne ensuite , en replaQant les resultats de la des
cription dans le contexts de la linguistique generale
et des hypoth~ses avancees dans le cadre des courants
des universau~ du lang~g8.
Parce que toute discussion theorique valable doit
s'appuyer sur la description adequate, nous a\/ons pri
vilegie la selection des probl~mes au lieu de partir
de la selection d'une approche theorique ~ priori. C'est
cela qui justifie l'organisation adoptee ~ l'interieur
de chaQue chapitre, notamment:
notions/concepts indispensables ~ la cIJmprehension des
discussions ulterieures de chaque challitra ;
b) description systematiqU8 et interne du ph6nom~ne
El examiner, ce qui permet de degager les points 5ail
lants El expliquer ;
nees cross-linguistiques et par les universaux.
Nos donnees sont tirees non seulement de l'intros
pection, puisque le peul est notre langue maternelle,
mais aussi d'informateurs, chaque fois que besoin en
etait. Les etudes anterieures consacrees a la langue
peule ont ele consultees dans une perspective critique
pour ne pas commettre l'erreur d'insister dans notre
description sur des points suffisamment elucides dans
la litterature. Toutefois, a Ifexception de Labatut
(1976/1982), et de Sylla (1979), tres peu rI' auteurs ant
consacre a la syntaxe une part importante. C' est Ilotamment
le cas de Arnott (1972) ; ragerberg (1982) ; ~c Instosh
(1984) et Ka (1985).
0.3. Cadre (s) theorique(s)
general neutres par rapport aux differentes theories
linguistiques contemporaines : neanmoins, l'argumenta
notre familiarite avec la grammaire generative. Les ques
tions soulevees par la description des phenomenes obser
'ves en pulaar sont replacees dans le contexte theorique
de l'hypothese universaliste appropriee ; cependant,
nous pensons que beaueoup de phenom~nes syntaxiqlJes
trouvent une explication dans la semantique et la prag
matique, adoptant ainsi une analyse linguistique tfJta-
le (Perrot, 1967, 1974, et 1778) et exploitan~ au maxi
mum IfinteractiDn Jes trois points de vue developpes
dans Hagege (1978, 1979-1980 ,1982,1984 et 1985).
-12-
(morpho)syntaxe, semantique et pragmatique. Sans en-
trer dans les details de la forme de chacune de ces com
posantes, degageons les aspects de ces dernieres qui
sont pertinents a notre etude. Le lexique est compose
d'items appartenant a des categories lexicales, et cha
que entree lexicale reflete les proprietes phonologi
que, semantique et syntaxique de sa categorie ; le le
xique contient en outre des regles de formation des mots
(derivation morphologique) qui delimitent la classe des
items lexicaux ainsi que leurs relations (regIes de
redondance). Les notions syntaxiques centrales a notre
description sont les fonctions syntaxiques ou relations
grammaticales 'predicat de' , 'sujet de' , 'objet direct
de' ,'objet indirect de'. Ces relations ne sont pas ad
mie8s de fa90n pretheorique oU primitive comme en Gram
maire Relationnelle, mais leur existence en puIaar est
justifiee de fa90n independante. La composante semantique
assure l'interpretation semantique de l'enonce et les
syntagmes nominaux sont associes aux rCles semantiques
suivants: 'agent', 'patient', 'beneficiaire' ou'benefac
tif','instrumental', 'causatif', 'locatif' etc. La prag
matique prendra en compte la structure informationnelle
de l'enonce et les proprietes du discours; dans cette
perspective, la notion centrale de cette composante sera
ici celle de presupposition, definie formellement comme
une proposition qui reste constante sous la negation ou
l'interrogation.
(rheme) et de 'topique' (theme), contrairement aux rtl
les semantiques qui sont inherents aux syntagmes norni-
naux, peuvent affecter un SN ,un SV ou aIors tout
-13-
un enonce. Sui vant Comrie (1981), les r~les de topi
que et de focus peuvent ~tre per9us comme des proprie
tes pragmatiques relationnelles souvent associees aux
traits ldefini i et 'ind8fini' qui, eux, sont per9us
comme proprietes pragmatiqu2s inherentes aux syntagmes
nominaux.
rentes theories contemporaines, cette these n1en reste
pasrnoins tributaire de trois modeles linguistiques dont
nous no us proposons de presenter ici les organisations
generales et les notions fondamentales qui les sous-tendent
et qui sont utiles all suivi des discussions ulterieares.
11 slagit de la Grammaire Generative Transforrnationnel-
le (modeles Standard (Etendu) et du Gouvernement et
Liage) , de la crammaire Relationnelle, et de la Theo-
rie des Tr8is Points de Vue.
0.3.2.1. La Grammaire Generative Transformationnelle
(GGT)
11 est de nos jours commUnern8nt admis que la pu
bE cation ;J a r Cho[tI", k j' de !l~~CT s ....Q.!:-.th 8 rh e or y Q[2.Yll t ax
(1965), donna sa vraie place ~ la syntaxe dans les etu
des linguistiques. Cet ouvra~2 ;=-c,ut ~tr8 consideI'!J cC':-'
~ le modele standard chomskyen.
-14-
guistique des locuteurs de L.
Le modele standard (generatif et transformationel)
de Chomsky est organise suivant les composantes de la
figure 1
2. Competence et performance sont doux notions import~n
tes chez Chomsky et designent chez le locuteur d'une lan gue L, la premiere, le systeme de regles interiorisees qui determiment la forme et le contenu des phrases, la seconde, l'utilisation effective de ce SY3teme de regles par le locuteur de L. Ces notions ont souvent ete mises en parallele, respectivement avec la notion saussurien ne de langue (produit social de la faculte de langage) et parole (exercice de cette faculte).
-15-
I it
\ i ! I
____________~[r ~p rest ~n tat i onl s",man lque I
regles d'inter pretation se manti que
regles transformationelles
structures superficiel12s:
regles phonologiques
vante la partie syntaxique comporte
a)- un8 composante de base formee par les r8g1es syn
tagmatiques et le lexique, qui engendre les structures
profondes ;
(transformationnelles) appliquees aux "structures pro
fondes" transforment celles-ci en "structures super
ficielles".
des contiennent toutes les informations necessaires a l'interpretation semantique, et qui sont donnees par
trois autres types de r8g1es fondamentales :
- les r8g1es syntagmatiques (DU de reecriture) qui de
finissent les categories syntaxiques que sont, par exem
pIe, les Syntagmes Nominaux (SN), les Syntagmes Verbaux
(SV), les Noms (N), les Verbes (V). De telle sorte qu'u
ne phrase P:
(2) l'enfant a mange le fruit dans la cuisine
pe ut ~tre derivee par les regles syntagmatiques en (3), et apres insertion lexicale (voir infra), donner l'in
dicateur syntagmatique (4) :
b. SN --" Det N
C. SV--7 V (SN)(SP)(Sp)
-17-
I
sine
qui sont sensibles au contexte, indiquent las contextes
dans lesquels apparaissent les verbes (regles de sous
categorisation stricte), de sorte que, par exemple, le
verbe manger est sous-categorise [V: __ (SN)] signifiant
qu'il admet un SN complement, qui peut ne pas appara1
tre en surface ; 10s regles de sous-categorisation in
diquent egalement les traits associes aces contextes
(regles de selection), de telle sorte que le verbe ~
~ admettrait un complement associe aux traits [-humain;
-animeJ ,dans notre exemp12 ;
l'insertion d'items lexicaux aux contextes appropries.
Les regles transformationnelles (deuxieme composan-
-18-
tique en un autre indicateur syntagmatique, etablis
sant ainsi les connexions entre enonces. Ainsi une
transformation passive peut ~tre appliquee a (4), con
sideree alors comms la structure profonde , pour ob
tenir l'indicateur syntagmatique (5) correspondant a la phrase passive le fruit a ete mange par l'enfant
clans la cuisine :
une composante de base qui genere les structures pro
fond-s ~ne composante transformationnelle qui projet
te les structures profondes sur les structures de surfa-
ce • D'autre part, toute struqture profonde de phrase
fait l'objet d'une interpretation semantique a travers
la composante semantique, et sa structure de surface,
l'objet d'une interpretation phonetique a travers la
composante phonologique.
representation semantique est determinee par la structu-
re profonde et la structure superficielle" (Chomsky, 1977b:
35 ). En effet, il faut dire qu'avant Remarks on nominali
zation (Chomsky, 1970), le modele standard avait fait
l'objet d'attaques de la part des tenants de la Semanti
que Generative. Ce courant, qui remettait en question
l'idse de structure profonde telle qu'elle apparaissait
dans Aspects, assimilait celle-la a une representation
abstraite qui devait contenir l'ensemble de l'informa-
tion semantique. L'ouvrage de Katz & Postal (1964) deve
loppera cette tendance associee a l'hypothese de Katz
& Postal. Chomsky et ses defenseurs poursuivirent donc
la theorie standard et endue inauguree avec l'hypothese
lexicaliste3 , dans Chomsky (1970), et a la semantique
generative, ils opposerent la semantiquo interpretative
selon laquelle les r8g1es d'interpretation semantique
s'appliqueraient a la fois aux structures profondes et
aux structures superficielles.
3. L'hypothese lexicaliste prevoyait de rendre compte des irregularites lexicAles par le truchement de r8g1es lexicales, ce qui inaugura touto une tradition lexicalis te qui, en fait, donna naissance a des modeles autonomes dont la plUs influents de nos jours est la "Grammaire Fonctionnelle et Lexicale" (Lexical-Functional Grammar) developpee par Joan Bresnan et Ron Kaplan (cf. Kaplan & Bresnan, 1982);
0.3.2.1.2.
-20-
Ce qui marqua les annees 1970 jusqu'a nos jours,
c'est le developpement de contraintes et de conditions
sur les transformations, qui ont pour role de rf~strein
dre le pouvoir descriptif du modele transformationnel.
Des revisions successives du modele Standard Etendu ont
conduit graduellement a la mise au point de la theorie
du "Gouvernement et du Liage" (Govern[;lent and Binding)
GL dont on se propose maintenant d'esquisser l'organi
sation et de clarifier les notions de base. Nous le fe
rons en nous appuyant essentiellement sur les schemas
qui se degagent de Chomsky (1981 j 1982a/1987), Sells
(1985) et Rouveret (1987). Le changement est tel qu'il
est etabli par l'usage, de plUs en plus, que l'appella-
tion Grammaire Generative Transformationnelle est em
ployee pour designer les modeles anterieures de Chomsky,
tandis que Gouvernement et Liage designera le models ac
tuel.
dans la remise en question du recours aux transformations
specifiques et le remplacement de celles-ci par une trans
formation unique denommee "Deplac8r <x" (~1ove 0<), et par
un systeme de princip83 et de contraintes dont le rele
est de limiter la classe des grammaires possibles. D'au
tre part, aux deux niveaux de representation de la Gram
maire Generative Transformationnelle que sont la structu
re profonde et la structure de surface (auxquelles sont
substituees les expressions similaires D-structure et
S-structure ), s'ajouteront deux niveaux supplementaires:
la "Forme Logique" et la "Forme Phonetique". GL est donc
organise en un systeme de regles (6) et un systeme de
principes (7), qu'on va maintenant commenter suivant
Chomsky (1981):
(ii) Theorie du Gouver~8ment(Government Theory)
(iii) Ll - Theorie( e-theory)
(vi) Theorie du Contr~le (Control Theory)
Considerons, tout dlabord, le fonctionnemsnt du
systeme en (6). Le lexique (6i) specifie la structure
de chaque item lexical (clest-a-dire, ses traits synta
xique, categoriel et contextuel). Les rogles de la com
posante categorielle sont contraintes par la theoric
X- barre4 •
4. La theorie X-barre ou theorie des categories syntaxi ques traduit llanalogie structurelle entre les groupes majeurs de la phrase que sont, fJ, SI~, SV, SA (syntagme adjectival) et SP, en utilisant la notation X-barre, en remplacement des regles syntagmatiques individuelles du type (3). Dans ce schema, les regles auront donc la forme
a. Xl 1---7 0" Xl b. Xl ---70" X
OU X est une variable valant pour les categories N,V,P, et A ; Xl pour les syntagmes correspondants (SN,SP,SA) etXll,pourP.
-22-
Le lexique et le systeme en 6iia forment la composante
de base dont les regles vont generer les D-structures
apres l'insertion des items lexicaux aux structures
produites par la composante c~tegorielle (ii)a. La com
posante transformationnelle "Deplacer d" transforme-
ra les D-structures en S-structures~laissantdes tra~'
ces co-4.ndexees a leurs antecedents, la regIe "Deplacero.!."
peut egalement slappliquer a la Forme Logique et a la
Forme Phonetique. Donc, en resume, la syntaxe de (6)
genere des S-structures auxquelles les composantes FL
et FP assigneront des representations phonetiques et
logiques, ce que Chomsky traduit par le schema simpli
fie suivant :
systeme en (7),e11e8 ont chacune une portee specifique
dont on va faire une presentation sommaire. La Theorie
des Barrieres contraint les regles du domaine de la
composante transformationnelle "Deplacer eX",
5. DI OD l'idee que GL est une theorie modulaire , defi nie comme "une theorie qui est scindee en plusieurs sous systemes autonomes et coherents, dotes chacun de princi pes et de lois de fonctionnement propres dont la portee est generale dans le domaine de pertinence de ce sous systeme" (Rouveret, 1987 : 61).
-23-
gouvernement definit les relations de dependance struc
turale ; le Gouvernement correspond a la notion tradi
tionnelle de rection, qui avait deja ete reprise for
mellement dans Aspects, sous l'appellation de sous-ca
tegorisation. Le principe fondamental du module e-theo
rie est celui de e -cri ter e selon lequel tout argument
doi t assumer un B-rl'ile (c' est-a-dire, une fonction se
mantique - Agent, But etc •• -) et un s8ul , et recipro
quement, ~-r~le est assigne a un argument et a un seul.
La theorie du Liage est concernee par les problemes lies
aux processus anaphoriques, a la relation anaphore-ante
cedent. La theorie des Cas est fondee sur la conception
traditionnelle des cas et, tout simplement, stipule que
chaque SN devra recevoir un cas abstrait. Enfin, la theo
rie du ContrOle regle l'interpretation de l'element nul
PRO?
11 convient de preciser que les principes et regles de
finis par ces deux systemes constituent la "grammaire
noyau" (core-grammar) qui est donc "l'ensemble des prin
cipes, des contraintes et des mecanismes repartis dans
les divers modules et les differentes composantes et qui
ne se congoivent bion que si on les pose comme…
STRUCTURE DU PULAAR
Claude HAGEGE
\,
A mon onc13 Boubou Sall Memoire familiale de nos premiers pas Je dedie cette these terminale
I I
I ! I
AVANT-PROPOS ET REM£RCIEMENTS
11 Y a un peu plus de dix ans, alors etudiant a l'Universite de Californie a Los Angeles (U.C.L.A.) ,
no us avions pris contact avec le Professeur Claude Hagage
pour lui demander de bien vouloir accepter de diriger
notre these d'Etat,apres l'obtention du dipl~me de Ph D
que nous preparions. 11 nous avait chaleureusement encou
rage a le faire, tout en nous signalant divers travaux re
cents consacres a la langue peUle, notamment ceux de R.
Labatut, et en nous mettant en garde contre un certain
pluralisme theorique, a moins, disait-il, de tirer de
chaque theorie "ce qu'il y a de meilleur pour la partie
de la,12lngue a laquelle il convient".
En nous referant tout au long de la redaction de
cette these a divers courants (la grammaire generative
transformationnelle, la grammaire relationnelle, la theo
rie des trois points de vue, etc. ), nous pouvons dire
que nous avons essays de garder presentes a l'esprit ces
remarques.
Ce ne rut guare chose facile, car chacune de ces
theories a des preoccupations specifiques. Nous avons
1 i
les donnees du pUlaar, et dans la perspective des univer
saux. y avons-nous reussi ?
Aux termes de la redaction de cette these, nous te
nons donc a manifester toute notre gratitude au Profes
seur Claude Hagege pour nous avoir encourage et suivi de
puis cette epoque-la, malgre les nombreuses sollicitations
dont il est l'objet. Le Professeur Hagege a pris le temps
de lire chaque chapitre de cette these et de nous en don
ner des commentaires qui ant beaucoup contribue a en fai
re ce qu'elle est.
Au Professeur Jean Perrot, nous voudrions aussi ex
primer tous nos remerciements pour la disponibilite dont
il a fait preuve a notre egard et pour l'inter~t tout par
ticulier qu'il a pmrte a nos travaux. Nous avons amplement
profite de sa vaste culture et ses commentaires auront
beaucoup apporte a la clarification theorique de certains
concepts et notions abordes notamment dans le chapitre 4.
Son experience administrative aussi nous aura evite bien
des ecueils.
collegue Jeanne Lopis pour llaffection dont elle nous a
entoure durant la redaction de cette these dont la forme
definitive doit beaucoup a sa formation classique et a son
sens critique.
de l'Universite Cheikh Anta Diop, au Directeur de l'Insti
tut Fondamental d'Afrique Noire-Cheikh Anta Diop, a la Fon
dation Ford et a la Fondation Leopold Sedar Senghor, nous
sommes reconnaissant pour leur soutien materiel et moral
sans lequel ce travail aurait difficilement vu le jour.
Enfin, a Melle Codou Gueye, qui a assure la dactylo
graphie de cette these, j'exprime toute ma gratitude.
t 1 I
Non usite(devant un enonce ou un mot)
Termes interchangeables
Actif (voix)
Anaphore anterieure
Abla tif
PASS Passif (enonce)
-6-
, !
mod erne.
son developpement a l'epoque cantemQoraine: la conferen
ce de Dobbs Ferry, en 1961 et celle d' Austin, en 1967,
qui sont considerees comne des manifestes de deux cou
rants bien distincts de la discipline.
La premiere, dominee p,,:r la personnalita de J. Gre~m
berg et d'orientation empirique, s'appuiera sur la ty
pologie pour definir les caracteristiques et tendances
partagees par toutes les langues du monde. La deuxieme,
dominae par celle de N. Chomsky et d'orientation abs
traite et deductive, en assumant l'unicita des langues,
cherchera d resoudre les problemes qui concernent les
universaux relatifs a la forme et a la substance, l'u
niversalite du passage de la structure profonde a la
structure de surface, et l'existence d'une base univer-
~ I i,
partout dans le monde, plus particuli~rement aux Etats
Unis et en Europe, et ont suscite des pistes de recher
che inestimables dans des domaines linguistiques aus
si varies que la phonologie, la syntaxe, la semanti
que et la pragmatique, degageant des hypoth~S8S Sllr
les universaux o
Le but de la presente th~se est d'evaluer a tra
vers la structure du pulaar, p~rler peul du Fuuta Too
ro (Nord-Senegal), un certain nombre de ces hypotheses
ayant trait aux huit domaines suivants les fonctions
syntaxiques ; lee probl~~Bb lies ~ la focalisation,
a l'emphatisation et ~ la thematisation ; los processus
anaphoriques ; les clitiquos pronominaux ; les construc
tions causatives ; la passivation ; le traitement de la
transitivite ; la negation. Mais avant de proceder a l'examen de llorganisation de ces chapitres,il nous pa
rmtt important de degager d'abord, dans cette introduc
tion generale, la place de l'etude le? langues parti
culi~res dans la recherche des universaux, d'esquisser
la methodologie adoptee et de clarifier la cadre theori
que qui sous-tend notre th~se.
0.1. Place des langues particuli~res dans la recherche
des universaux
Quel que soit le point de vue DD lIon se place,
nous pouvons dire que l'objet de la grammaire univorsel
le est le m~me. 11 s'aQit de rendre conpte des principes
selon lesquels toutes les langues sont baties ; et etant donne qu'on a affaire a des langues particulieres, dont
-9-
la diff~rence est ~gaJement admise par tous les cou
rants, il revient ~ la grammaire universelle de ren
dre compte aussi de cette diversit~. Le courant inn~is
te, notamment dans sa forme modulaire, essaiera de r~
soudre les particularites lingu~stiques en incluant une
composante parametrique dans son schema, qui, selon le
sens dans lequel elle est fixee, permet de eerner les
differences (voir i~~r9). Le courant typologiste, moins
preoccupe des problemes d'elaboration de modeles theo
riques, fait usage des exceptions dans la formulation
des universaux.
ticulieres contribueront ~ l'elaboration de la grammai
re universelle de deux manieres : soit que dans sa for
me descriptive initiale et structurale, la langue par
ticuliere alimente la recherche comparee indispensa
ble, selon nous, ~ la formulation des universaux suivant
une demarche du type empiriqo-inductif, soit qu'elle
serve ~ tester les principes universalistes postules
suivant une d~marche hypoth6tico-deductive. Dans tous
les cas, noWs pouvonsadmettre que la confirmation d'un
Universa1 1 u par les donne8s d'une langue particulie
re n'ayant pas servi ~ la postulation de U, renforce
la th~orie T dont U fait partie integrants, tandis que
l'infirmation de U par les m~mes donnees peut soulever
des questions dont les reponses serviront ~ ameliorer
cette theorie.
-10-
courant typologiste que du courant inneiste,
0.2. Methodologie
Tout au long de la redaction de cette th~se nous
avons ete mO par le souci de l'explication des phenom~
nes observes; par l'explication interne d'abord, en
essayant de comprendre certaines proprietes de l'inte
rieur , c'est-~-dire en examinant com~ent une proprie
te grammaticale donnee peut ~tre expliquee par une au
tre propriete de la m~me langue ; par l'explication ex
terne ensuite , en replaQant les resultats de la des
cription dans le contexts de la linguistique generale
et des hypoth~ses avancees dans le cadre des courants
des universau~ du lang~g8.
Parce que toute discussion theorique valable doit
s'appuyer sur la description adequate, nous a\/ons pri
vilegie la selection des probl~mes au lieu de partir
de la selection d'une approche theorique ~ priori. C'est
cela qui justifie l'organisation adoptee ~ l'interieur
de chaQue chapitre, notamment:
notions/concepts indispensables ~ la cIJmprehension des
discussions ulterieures de chaque challitra ;
b) description systematiqU8 et interne du ph6nom~ne
El examiner, ce qui permet de degager les points 5ail
lants El expliquer ;
nees cross-linguistiques et par les universaux.
Nos donnees sont tirees non seulement de l'intros
pection, puisque le peul est notre langue maternelle,
mais aussi d'informateurs, chaque fois que besoin en
etait. Les etudes anterieures consacrees a la langue
peule ont ele consultees dans une perspective critique
pour ne pas commettre l'erreur d'insister dans notre
description sur des points suffisamment elucides dans
la litterature. Toutefois, a Ifexception de Labatut
(1976/1982), et de Sylla (1979), tres peu rI' auteurs ant
consacre a la syntaxe une part importante. C' est Ilotamment
le cas de Arnott (1972) ; ragerberg (1982) ; ~c Instosh
(1984) et Ka (1985).
0.3. Cadre (s) theorique(s)
general neutres par rapport aux differentes theories
linguistiques contemporaines : neanmoins, l'argumenta
notre familiarite avec la grammaire generative. Les ques
tions soulevees par la description des phenomenes obser
'ves en pulaar sont replacees dans le contexte theorique
de l'hypothese universaliste appropriee ; cependant,
nous pensons que beaueoup de phenom~nes syntaxiqlJes
trouvent une explication dans la semantique et la prag
matique, adoptant ainsi une analyse linguistique tfJta-
le (Perrot, 1967, 1974, et 1778) et exploitan~ au maxi
mum IfinteractiDn Jes trois points de vue developpes
dans Hagege (1978, 1979-1980 ,1982,1984 et 1985).
-12-
(morpho)syntaxe, semantique et pragmatique. Sans en-
trer dans les details de la forme de chacune de ces com
posantes, degageons les aspects de ces dernieres qui
sont pertinents a notre etude. Le lexique est compose
d'items appartenant a des categories lexicales, et cha
que entree lexicale reflete les proprietes phonologi
que, semantique et syntaxique de sa categorie ; le le
xique contient en outre des regles de formation des mots
(derivation morphologique) qui delimitent la classe des
items lexicaux ainsi que leurs relations (regIes de
redondance). Les notions syntaxiques centrales a notre
description sont les fonctions syntaxiques ou relations
grammaticales 'predicat de' , 'sujet de' , 'objet direct
de' ,'objet indirect de'. Ces relations ne sont pas ad
mie8s de fa90n pretheorique oU primitive comme en Gram
maire Relationnelle, mais leur existence en puIaar est
justifiee de fa90n independante. La composante semantique
assure l'interpretation semantique de l'enonce et les
syntagmes nominaux sont associes aux rCles semantiques
suivants: 'agent', 'patient', 'beneficiaire' ou'benefac
tif','instrumental', 'causatif', 'locatif' etc. La prag
matique prendra en compte la structure informationnelle
de l'enonce et les proprietes du discours; dans cette
perspective, la notion centrale de cette composante sera
ici celle de presupposition, definie formellement comme
une proposition qui reste constante sous la negation ou
l'interrogation.
(rheme) et de 'topique' (theme), contrairement aux rtl
les semantiques qui sont inherents aux syntagmes norni-
naux, peuvent affecter un SN ,un SV ou aIors tout
-13-
un enonce. Sui vant Comrie (1981), les r~les de topi
que et de focus peuvent ~tre per9us comme des proprie
tes pragmatiques relationnelles souvent associees aux
traits ldefini i et 'ind8fini' qui, eux, sont per9us
comme proprietes pragmatiqu2s inherentes aux syntagmes
nominaux.
rentes theories contemporaines, cette these n1en reste
pasrnoins tributaire de trois modeles linguistiques dont
nous no us proposons de presenter ici les organisations
generales et les notions fondamentales qui les sous-tendent
et qui sont utiles all suivi des discussions ulterieares.
11 slagit de la Grammaire Generative Transforrnationnel-
le (modeles Standard (Etendu) et du Gouvernement et
Liage) , de la crammaire Relationnelle, et de la Theo-
rie des Tr8is Points de Vue.
0.3.2.1. La Grammaire Generative Transformationnelle
(GGT)
11 est de nos jours commUnern8nt admis que la pu
bE cation ;J a r Cho[tI", k j' de !l~~CT s ....Q.!:-.th 8 rh e or y Q[2.Yll t ax
(1965), donna sa vraie place ~ la syntaxe dans les etu
des linguistiques. Cet ouvra~2 ;=-c,ut ~tr8 consideI'!J cC':-'
~ le modele standard chomskyen.
-14-
guistique des locuteurs de L.
Le modele standard (generatif et transformationel)
de Chomsky est organise suivant les composantes de la
figure 1
2. Competence et performance sont doux notions import~n
tes chez Chomsky et designent chez le locuteur d'une lan gue L, la premiere, le systeme de regles interiorisees qui determiment la forme et le contenu des phrases, la seconde, l'utilisation effective de ce SY3teme de regles par le locuteur de L. Ces notions ont souvent ete mises en parallele, respectivement avec la notion saussurien ne de langue (produit social de la faculte de langage) et parole (exercice de cette faculte).
-15-
I it
\ i ! I
____________~[r ~p rest ~n tat i onl s",man lque I
regles d'inter pretation se manti que
regles transformationelles
structures superficiel12s:
regles phonologiques
vante la partie syntaxique comporte
a)- un8 composante de base formee par les r8g1es syn
tagmatiques et le lexique, qui engendre les structures
profondes ;
(transformationnelles) appliquees aux "structures pro
fondes" transforment celles-ci en "structures super
ficielles".
des contiennent toutes les informations necessaires a l'interpretation semantique, et qui sont donnees par
trois autres types de r8g1es fondamentales :
- les r8g1es syntagmatiques (DU de reecriture) qui de
finissent les categories syntaxiques que sont, par exem
pIe, les Syntagmes Nominaux (SN), les Syntagmes Verbaux
(SV), les Noms (N), les Verbes (V). De telle sorte qu'u
ne phrase P:
(2) l'enfant a mange le fruit dans la cuisine
pe ut ~tre derivee par les regles syntagmatiques en (3), et apres insertion lexicale (voir infra), donner l'in
dicateur syntagmatique (4) :
b. SN --" Det N
C. SV--7 V (SN)(SP)(Sp)
-17-
I
sine
qui sont sensibles au contexte, indiquent las contextes
dans lesquels apparaissent les verbes (regles de sous
categorisation stricte), de sorte que, par exemple, le
verbe manger est sous-categorise [V: __ (SN)] signifiant
qu'il admet un SN complement, qui peut ne pas appara1
tre en surface ; 10s regles de sous-categorisation in
diquent egalement les traits associes aces contextes
(regles de selection), de telle sorte que le verbe ~
~ admettrait un complement associe aux traits [-humain;
-animeJ ,dans notre exemp12 ;
l'insertion d'items lexicaux aux contextes appropries.
Les regles transformationnelles (deuxieme composan-
-18-
tique en un autre indicateur syntagmatique, etablis
sant ainsi les connexions entre enonces. Ainsi une
transformation passive peut ~tre appliquee a (4), con
sideree alors comms la structure profonde , pour ob
tenir l'indicateur syntagmatique (5) correspondant a la phrase passive le fruit a ete mange par l'enfant
clans la cuisine :
une composante de base qui genere les structures pro
fond-s ~ne composante transformationnelle qui projet
te les structures profondes sur les structures de surfa-
ce • D'autre part, toute struqture profonde de phrase
fait l'objet d'une interpretation semantique a travers
la composante semantique, et sa structure de surface,
l'objet d'une interpretation phonetique a travers la
composante phonologique.
representation semantique est determinee par la structu-
re profonde et la structure superficielle" (Chomsky, 1977b:
35 ). En effet, il faut dire qu'avant Remarks on nominali
zation (Chomsky, 1970), le modele standard avait fait
l'objet d'attaques de la part des tenants de la Semanti
que Generative. Ce courant, qui remettait en question
l'idse de structure profonde telle qu'elle apparaissait
dans Aspects, assimilait celle-la a une representation
abstraite qui devait contenir l'ensemble de l'informa-
tion semantique. L'ouvrage de Katz & Postal (1964) deve
loppera cette tendance associee a l'hypothese de Katz
& Postal. Chomsky et ses defenseurs poursuivirent donc
la theorie standard et endue inauguree avec l'hypothese
lexicaliste3 , dans Chomsky (1970), et a la semantique
generative, ils opposerent la semantiquo interpretative
selon laquelle les r8g1es d'interpretation semantique
s'appliqueraient a la fois aux structures profondes et
aux structures superficielles.
3. L'hypothese lexicaliste prevoyait de rendre compte des irregularites lexicAles par le truchement de r8g1es lexicales, ce qui inaugura touto une tradition lexicalis te qui, en fait, donna naissance a des modeles autonomes dont la plUs influents de nos jours est la "Grammaire Fonctionnelle et Lexicale" (Lexical-Functional Grammar) developpee par Joan Bresnan et Ron Kaplan (cf. Kaplan & Bresnan, 1982);
0.3.2.1.2.
-20-
Ce qui marqua les annees 1970 jusqu'a nos jours,
c'est le developpement de contraintes et de conditions
sur les transformations, qui ont pour role de rf~strein
dre le pouvoir descriptif du modele transformationnel.
Des revisions successives du modele Standard Etendu ont
conduit graduellement a la mise au point de la theorie
du "Gouvernement et du Liage" (Govern[;lent and Binding)
GL dont on se propose maintenant d'esquisser l'organi
sation et de clarifier les notions de base. Nous le fe
rons en nous appuyant essentiellement sur les schemas
qui se degagent de Chomsky (1981 j 1982a/1987), Sells
(1985) et Rouveret (1987). Le changement est tel qu'il
est etabli par l'usage, de plUs en plus, que l'appella-
tion Grammaire Generative Transformationnelle est em
ployee pour designer les modeles anterieures de Chomsky,
tandis que Gouvernement et Liage designera le models ac
tuel.
dans la remise en question du recours aux transformations
specifiques et le remplacement de celles-ci par une trans
formation unique denommee "Deplac8r <x" (~1ove 0<), et par
un systeme de princip83 et de contraintes dont le rele
est de limiter la classe des grammaires possibles. D'au
tre part, aux deux niveaux de representation de la Gram
maire Generative Transformationnelle que sont la structu
re profonde et la structure de surface (auxquelles sont
substituees les expressions similaires D-structure et
S-structure ), s'ajouteront deux niveaux supplementaires:
la "Forme Logique" et la "Forme Phonetique". GL est donc
organise en un systeme de regles (6) et un systeme de
principes (7), qu'on va maintenant commenter suivant
Chomsky (1981):
(ii) Theorie du Gouver~8ment(Government Theory)
(iii) Ll - Theorie( e-theory)
(vi) Theorie du Contr~le (Control Theory)
Considerons, tout dlabord, le fonctionnemsnt du
systeme en (6). Le lexique (6i) specifie la structure
de chaque item lexical (clest-a-dire, ses traits synta
xique, categoriel et contextuel). Les rogles de la com
posante categorielle sont contraintes par la theoric
X- barre4 •
4. La theorie X-barre ou theorie des categories syntaxi ques traduit llanalogie structurelle entre les groupes majeurs de la phrase que sont, fJ, SI~, SV, SA (syntagme adjectival) et SP, en utilisant la notation X-barre, en remplacement des regles syntagmatiques individuelles du type (3). Dans ce schema, les regles auront donc la forme
a. Xl 1---7 0" Xl b. Xl ---70" X
OU X est une variable valant pour les categories N,V,P, et A ; Xl pour les syntagmes correspondants (SN,SP,SA) etXll,pourP.
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Le lexique et le systeme en 6iia forment la composante
de base dont les regles vont generer les D-structures
apres l'insertion des items lexicaux aux structures
produites par la composante c~tegorielle (ii)a. La com
posante transformationnelle "Deplacer d" transforme-
ra les D-structures en S-structures~laissantdes tra~'
ces co-4.ndexees a leurs antecedents, la regIe "Deplacero.!."
peut egalement slappliquer a la Forme Logique et a la
Forme Phonetique. Donc, en resume, la syntaxe de (6)
genere des S-structures auxquelles les composantes FL
et FP assigneront des representations phonetiques et
logiques, ce que Chomsky traduit par le schema simpli
fie suivant :
systeme en (7),e11e8 ont chacune une portee specifique
dont on va faire une presentation sommaire. La Theorie
des Barrieres contraint les regles du domaine de la
composante transformationnelle "Deplacer eX",
5. DI OD l'idee que GL est une theorie modulaire , defi nie comme "une theorie qui est scindee en plusieurs sous systemes autonomes et coherents, dotes chacun de princi pes et de lois de fonctionnement propres dont la portee est generale dans le domaine de pertinence de ce sous systeme" (Rouveret, 1987 : 61).
-23-
gouvernement definit les relations de dependance struc
turale ; le Gouvernement correspond a la notion tradi
tionnelle de rection, qui avait deja ete reprise for
mellement dans Aspects, sous l'appellation de sous-ca
tegorisation. Le principe fondamental du module e-theo
rie est celui de e -cri ter e selon lequel tout argument
doi t assumer un B-rl'ile (c' est-a-dire, une fonction se
mantique - Agent, But etc •• -) et un s8ul , et recipro
quement, ~-r~le est assigne a un argument et a un seul.
La theorie du Liage est concernee par les problemes lies
aux processus anaphoriques, a la relation anaphore-ante
cedent. La theorie des Cas est fondee sur la conception
traditionnelle des cas et, tout simplement, stipule que
chaque SN devra recevoir un cas abstrait. Enfin, la theo
rie du ContrOle regle l'interpretation de l'element nul
PRO?
11 convient de preciser que les principes et regles de
finis par ces deux systemes constituent la "grammaire
noyau" (core-grammar) qui est donc "l'ensemble des prin
cipes, des contraintes et des mecanismes repartis dans
les divers modules et les differentes composantes et qui
ne se congoivent bion que si on les pose comme…