terence tarpin
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LES PERSONNAGES(par ordre d’entrée en scène)
LE RECITANT
DON JOSE DELLA JAJATA
MIGUEL RAMIREZ, son valet
ISADORA DELLA FUENTES DE JALAMON
JACQUELINE MEDAHOUI
DONA CASILDA DE JALAMON
BERNARDO DELLA FUENTES DE JALAMON, son mari
IGOR GODOLSKY DE NATAZOV
Durée approx : 60 mn
L’action se situe au 16ème siècle en Aragon.
LE RECITANT
Nous sommes en 1525, en Aragon sous le règne de Charles Quint, roi des Espagnes…Quelques familles de la noblesse se partagent les richesses et les terres de Saragosse
pendant qu’au Vietnam, John Fitzgerald Kennedy débarque ses troupes à Saigon…C’est au palais del’ Abruzio que nous nous trouvons actuellement, palais qui abrite la célèbre
dynastie des Jajata. Alors que les premiers rayons du soleil viennent de se lever et illuminent les ficus de ma
voisine, Don José de la Jajata de Jeol se lamente….
Don José, assis, pleure. A ces pieds, un papier chiffonné.Entre Miguel, son serviteur. Sans le voir.
MIGUEL
Don José !....Don José de la Jajata !....Don José !....Mais où peut il être ?....
DON JOSE
Je suis là, mon bon Miguel.
MIGUEL
Soyez plus précis mon bon prince !
DON JOSE
A deux mètres, sur ta gauche.
MIGUEL
Oh je suis bien aise de vous trouver céans mon seigneurMais pourquoi ce regard frappé du vertige du désespoir ?
Pourquoi cette sale gueule ?
DON JOSEPleure à nouveau
J’ai trouvé ce mot, ce matin, dans mon porridgeFuneste message dont la lame perce mon cœur !
MIGUEL
Je vous en prie Seigneur, ne parlez pas anglaisJe n’entends pas ce langage.
DON JOSE
Et si je parle lentement, tu me comprends ?
MIGUEL
Toujours pas ! Toujours pas Don José de la Jajata de Jeol !
DON JOSE
Très bien, je vais donc cesser de parler anglais, c’est inutile.
MIGUEL
Parfait…Moi pendant ce temps, je vais m’évanouir quelques instants.
Il s’évanouit.
DON JOSE
Miguel ! Miguel, faut-il que mon épée te fasse entendre raison ?
MIGUEL
Mais où suis-je ? Qui a mis ces doigts au bout de mes mains ? Don José, vous ici ?
DON JOSE
Oui, en attendant que la mort m’ouvre ses portes.
MIGUEL
La mort ?Oh Don José de la Jajata de Jeol ! Non !
Il n’est point temps de mourir.
DON JOSE
Quand tu auras lu ce mot Miguel, fils de Calderon de la Muerta ala Jalas de JijimajijonTu comprendras que pour moi, il n’est plus temps de vivre.
Lui tend le mot et pleure. Miguel le lit.
MIGUEL
Quelle horreur ! Quelle horreur ! Enfer et damnation ! Je tremble ! Je tremble ! Je maxitremble ! Il tremble violemment
DON JOSE
Tu comprends maintenant ma désolitude.
MIGUELNon, je ne sais pas lire mon prince...Mais qui a pu écrire de telles monstruosités ? Qui ?
DON JOSEUn monstre de beauté.
La plus belle des fleurs de Castille et d’Aragon…Ecoute plutôt :« Mon Hidalgo, il me reste encore quelques forces pour vous écrire ces mots…A la nuit
tombée, je partagerai ma couche avec un homme que j’exècre, il ne restera que mes rêves pour vous rencontrer. Père et Mère donnent ma main à Igor Boulgakov mais mon cœur vous
revient. Puisque plus jamais nous ne pourrons nous aimer, gardez ces larmes qui coulent sur mes mots au plus profond de votre cœur. Adieu mon Hidalgo, ta belle Isadora. »…
Isadora…Isadora !
Il pleure.
MIGUELVous voulez un friand à la saucisse ?
DON JOSENon, je n’ai même plus la force de mâcher…Hier encore, elle me parlait de son poney…
Allongée sur l’herbe humique de l’hacienda Jijimon, elle imitait le trot altier de son destrier et aujourd’hui plus rien….Comme je voudrais mourir…
MIGUELLui serrant le cou
J’espère que vous me donnerez une prime pour ce tuage parce que ce n’est pas compris dans mon contrat…Oh puis vous avez la peau grasse, j’ai l’impression d’enlacer une
tartiflette un soir de Ramadan.
Don José s’effondre
Enfin, ce n’est pas trop tôt…Paix à votre âme, mon prince…Bon allez, j’ai à faire, je vous laisse pourrir dans la quiétude de ce jardin boréal.
Fausse sortie
DON JOSE
Miguel !
MIGUELPeur très mal jouée
Oh un mort vivant ! Un zombi ! Au secours ! Gardes! Que l’on fasse quérir un exorciste !
DON JOSE
Mais non Miguel, c’est moi…La mort n’a pas voulu de moi, elle m’a demandé de repasser plus tard, sur rendez-vous…Je suis condamné à souffrir devant l’éternité…Laisse-moi
Miguel, dégage ! Je veux pleurer…seul…pleurer à tout jamais.
MIGUEL
Très bien seigneur…Si vous cherchez l’aspirateur, il est à gauche…enfin à droite….
DON JOSE
A gauche ou à droite ?
MIGUEL
Je ne sais plus seigneur !
DON JOSE
Allez dégage maintenant ! Dégage ! Je ne passerai pas l’aspirateur ! Je ne passerai plus jamais l’aspirateur ! Jamais !
MIGUELFaut-il que vous futez très atteint pour jeter sur la place publique de telles ignominies ? Je vais de ce pas faire quelques offrandes à la Dona San Miguel en la priant de panser votre
esprit troublé ! Oh qu’est désolatif !
Il sort.
LE RECITANT
Ainsi Don Jose de la Jajata de Jeol se retrouve seul, sans aspirateur, mais avec le désespoir qui le mine et l’obsède.
Au même moment, à quelques kilomètres de là, Isadora della Fuentes de Fofojas, sur le balcon de ses appartements privés, confie son terrible dépit à sa sœur : Jacqueline
Medahoui.
ISADORA
Oh c’est Don José de Jajata de Jeol que je l’aime ! C’est Don José que je l’aime ! C’est Don José que je l’aime beaucoup ! Très beaucoup beaucoup ! Don José ! Pas ce Igor Gloglosky !
Tu entends Jacqueline, c’est Don José que je l’aime !
JACQUELINE
Tais-toi, jeune sotte, mère pourrait t’entendre et te jeter aux marmottes.
ISADORA
Je préfère sentir les crocs acérés d’une marmotte me déchirer le cuir que les lèvres humides d’Igor Grimosky glissées le long de mon cou.
Pourquoi n’ai-je pas la force de me jeter du haut de ce précipite ?
Jacqueline la pousse, elle chute.
Mais t’es vraiment trop conne…Je me suis tordue la cheville de le pied!
JACQUELINE
Faut savoir ! Tu veux sauter ou tu ne veux pas sauter ???!
ISADORA
En quoi ça te regarde ? Je fais ce que je veux ! Et puis d’où tu me parles comme ça ? D’où ? On n’a pas élevé les jambons ensemble !
JACQUELINE
Remballe tes ardeurs Miss Pourrave !
ISADORA
Quoi ? Quoi ? Quoi Quoi Quoi ? Tu veux mourir ou quoi ?
JACQUELINE
Super, tu me fais peur Bob l’éponge !
Entre Miguel
MIGUEL au public
Ne soyez pas surpris de me voir ici, en raison de la crise des subprimes, j’officie dans plusieurs palais….Faut bien que je nourrisse mes enfants quand j’en aurons…
Madame votre mère, vous demande audience prude Isadora de la Fuentes etcetera…
ISADORA
Ma mère ou la mienne ?
MIGUEL
La votre, je crois.
ISADORA
Oh Jacqueline, tu entends ! Mère me demande audience….Quel terrible présage est-ce là ? Que faire ? M’enfuir sur mon poney à travers les steppes de la Mongolie ? Oh non il me vient
une idée démoniaque, je vais faire une tarte Tatin !
JACQUELINE
Une tarte Tatin ? Mais avec quelles pommes ? Je les ai toute prises pour me faire un collier de pommes !
ISADORA
Oh non ! Non ! Comment faire une tarte Tatin sans pommes ? Miguel, dites lui que je ne suis pas là.
MIGUEL
Bah si vous êtes là.
ISADORA
Mais non, je ne suis pas là.
MIGUEL
J’ai pourtant l’impression de vous voir.
ISADORA
Dis-lui Jacqueline que je ne suis pas là.
JACQUELINE
Impossible, je suis muette.
ISADORA
Puisque l’adversité se ligue contre moi, faites-la entrer…Faites-la entrer Miguel !
MIGUEL
Si vous n’êtes pas là, je ne vois pas l’intérêt.
ISADORA
Mais si je suis là, je suis revenue entre temps, je vais très vite sur mon poney.
MIGUEL
Ah d’accord…annonce Dona Casilda della Guidia, duchesse d’Alicante et de Verone !
Il joue de la trompette.Entre Dona Casilda, impériale.
ISADORA
Oh mère, vous avez mis vos jambes ? Quelle splendeur !
DONA CASILDA
Silence !Miguel, allez détacher mon mari.
MIGUEL
Ou l’avez-vous enchainé aujourd’hui ?
DONA CASILDA
Au sommet du mont de la Juentas de Jejeje.
MIGUEL
J’y cours Dusseche.
Miguel sort.
DONA CASILDA
Mes deux filles conspirent, elles fomentent le coup d’état qui scellera ma ruine…
ISADORA
Pas du tout, mère…Nous….Nous regardions Koh Lanta…..
DONA CASILDA
Odieuse Menteuse ! La nouvelle saison ne commence que dans trois jours !
ISADORA
Ah oui maintenant que vous le disez…
JACQUELINE
Bon moi, je pars en croisade.
Elle sort.
DONA CASILDA
Mon Dieu que vous êtes laide…Jamais rien vu de plus moche que vous ma fille…Moi si belle et vous si laide, que le monde est injuste surtout pour les moches….Vous pouvez me
remercier de vous avoir trouvé un mari…
ISADORA
Un mari vous dites vous?
DONA CASILDA
Il attend à côté. Impatient de vous voir. Ne le décevez pas, ne me décevez pas…Igor Godskiski en personne, le seul héritier de la dynastie des Natazov…Les Natazov, plus riche
que Bill Gates…
ISADORA
Mais…
DONA CASILDA
La ferme !
JACQUELINE
Excusez-moi, je me suis trompée de côté…Les croisades, c’est par plutôt par là.
DONA CASILDA à Jacqueline
Un instant ma fille…Je vous en prie, n’hésitez pas à vous faire tuer pendant cette foutue croisade…Morte, vous me rendrez plus heureuse, faite ça pour votre mère.
JACQUELINE
Je ferai mon possible mère bien aimée, vous pouvez compter sur moi et Lucky Luke.
Elle sort.
DON CASILDA
Quand à toi, fais le meilleur accueil à ton futur époux, sois douce et offerte et surtout ne me déçois pas, je veux sceller cette union avant la fin du jour…Il sera là dans quelques minutes, profitez-en pour mâcher une gomme à l’eucalyptus, tu pues du bec…Tel père, telle fille ! Et
moi qui ne suis que splendeur au milieu de cette fange ! Oh qu’est pas bien !
Elle sort.
ISADORAOh si seulement mon poney était là, je pourrais fuir jusqu’aux temples tibétains et jouer aux dominos avec Bouddha et ses potes! Oh que non, c’est pas du possible ce que je dis dès fois…Oh il me vient une idée…Oh mais oui….je peux encore conjurer le mauvais sort qui
s’abat de moi…Miguel !Miguel!
Entre Miguel
MIGUEL
Mademoiselle m’a demandé ?
ISADORA
Non….Mais tu tombes bien…Ferme la porte, ce que j’ai à te dire doit rester top secret.
MIGUEL
Vous pouvez compter sur moi, je suis une ancienne majorette.
ISADORA
Parfait…Mais où es-tu ?
MIGUEL
Juste là.
ISADORA
Ah….Miguel et je t’en prie dis-moi la vérité…Sais-tu imiter le dindon ?
MIGUEL
Oui comme tout le monde.
ISADORA
Montre.
Il imite le dindon. Elle, aussi.
ISADORA
Oh c’est fabuleux, tu es l’homme de la situation, the man of the situation…Peux-tu porter cette chaise à ton maître ?
MIGUEL
Don José de la Jajata de Jeol ?
ISADORA
Oh oui…Mon Don José que je l’aime…
MIGUEL
J’y vais de ce pas.
ISADORA
Fais vite, c’est une question de vie ou de Moonboots.
MIGUEL
Oh mais je n’arrive pas à sortir….sortilège !
ISADORA
Mais c’est normal, ici il n’y a pas de porte ici, c’est un mur et on ne peut pas sortir par les murs. Moi aussi j’ai mis du temps à comprendre…La porte est par là…
Miguel sort.Oh toutes ces étoiles…Le malheur ne peut pas triompher d’un ciel ainsi parsemé…
LE RECITANT
Et ainsi, Miguel, regagne le palais de Don José de la Jajata de Jeol…Ce dernier, ivre de désespoir, a sombré dans l’ivresse et somnole à l’ombre d’un tractopelle.
Don José somnole sur une chaise. Entre Jacqueline, déguisée, qui traverse plusieurs fois la scène sans raison apparente. Don José finit par la remarquer.
DON JOSE
Qui va là ? Il pointe son épée.
JACQUELINE
Oh non ne me tuez mon prince ! Ne me tuez pas, j’ai horreur de ça !…Je préfère mourir que me faire tuer !
DON JOSE
Je vais faire quérir mes gardes…Ils vont vous passer à la question et vous faire dire toute la foufouniaque !
JACQUELINE
Oh non pas la Foufouniaque ! Pas la foufouniaque ! Laissez-moi je vous prie retirer ce déguisement…
DON JOSE
Faites prestement, vous voyez bien que je suis au bord du suicide collectif.
Jacqueline ôte son déguisement.
JACQUELINE
Vous me reconnaissez maintenant ?
DON JOSE
Papa ?!!!
JACQUELINE
Mais non, je ne suis point votre père.
DON JOSE
Michèle Obama ???!!!
JACQUELINE
Mais non !!!...C’est moi Jacqueline, la sœur d’Isadora.
DON JOSE
La sœur d’Isadora…Oh Isadora my lovely Isadora….Comment va-t-elle ?
JACQUELINE
Elle a eu une vilaine poussée d’acné mais ça va…
DON JOSE
Une poussée d’acné !…Oh non ! Si elle a besoin d’un greffe du rein, prenez le mien, je vous en conjure !
JACQUELINE
Non merci ça ira…J’ai un message urgent de sa part…
DON JOSE
Elle m’attend, c’est ça ?
JACQUELINE
Non pas vraiment…Elle me fait vous dire que vous êtes trop pourri pour elle, elle ne vous a jamais aimé, elle ne peut pas aimer un pauvre type comme vous…Elle est très heureuse
avec Igor et elle espère ne plus voir, plus jamais…Et puis elle a ajouté que vous seriez bien mieux avec sa sœur, qui est une fille vraiment canon et moi je suis assez d’accord avec elle.
DON JOSE
Mais on ne pouvait m’apporter plus atroce nouvelle…Isadora ne m’aime plus.
JACQUELINE
Faut voir le bon côté des choses, pour nous deux c’est plutôt une bonne nouvelle…
Entre Miguel avec la chaise.
MIGUEL
Oh pardon, je vous croyais seul Don José…Mais comtesse, vous ici ?
JACQUELINE
Bah oui tiens…Bah qu’est ce que je fais là ? Ah oui, j’ai encore fait un faux numéro….Bon je vais vous laisser, j’ai une croisade qui m’attend…Mon Prince, si vous voulez faire une partie
de Monopoly, n’hésitez pas passez me voir…Bon mes amitiés à Tom Cruise…A très bientôt…Mon prince, n’oubliez pas, quand on a une fleur qui pousse sur son balcon, il suffit
de la cueillir pour l’accrocher à son cœur.
Elle sort.
DON JOSE
Laisse-moi Miguel…Je veux rester seul jusqu’à la fin des temps.
MIGUEL
J’ai quelque chose pour vous de la part d’Isadora de Juentas de Papatas.
DON JOSE
Je ne veux plus rien de ce démon…Je ne veux plus entendre ce nom ! Je me retire au couvent de San Jejetos de Jalamon.
MIGUEL
Au couvent ? Vous allez vous faire nonne ???...
DON JOSE
Oui demain, plus de Don José, Demain on m’appellera Sœur Marie-Dominique
Don José sort en chantant un Ave.
LE RECITANT
Au même moment, au palais della Juentas, Igor Gogoski s’apprête à rencontrer pour la première fois, sa promise : Isadora della Juentas.
Entre Igor.Il chante à la manière d’un crooner et s’installe sur un fauteuil. Isadora s’écarte.
IGOR
Petite coquine, tu ne veux pas venir te serrer contre moi…Tu devrais en profiter, j’ai mis tous mes poils.
ISADORA
J’ai horreur des poils, ça me donne le scorbut.
IGOR
Et bien pour toi, je me raserai tous les poils de le corps. Oh ma belle Andalouche, tu ne veux pas tenter un voyage au pays de mes muscles ?
ISADORA
J’ai horreur des muscles, ça me donne la grippe aviaire.
IGOR
Et ce petit cadeau, en auras-tu horreur ?...Tu ne l’ouvres pas ?
ISADORA
Non, j’ai oublié de prendre mes mains.
IGOR
Petite distraite…Eh bien, c’est moi qui vais l’ouvrir…Cette bague a appartenu à ma grande tante, la tsarine Dimotrov…Regarde ce diamant, le seul diamant aux reflets jasmin, rien que
pour toi mon Andalouche.
Entre Jacqueline.
ISADORA
Ma sœur c’est toi ? Déjà revenue des Croisades ?
JACQUELINE
Oui, un vrai massacre….
IGOR
Vous ne me présentez pas ?
ISADORA
Non….Enfin si…Jacquotte, je te présente Igor Gogolsky…D’ailleurs, je vais vous laisser faire plus ample connaissance, je dois aller donner de la luzerne à mon poney…
Elle sort. Un temps.
JACQUELINE
C’est donc vous Igor Grounousky ??
IGOR
C’est moi…Mais appelle-moi Gorgeous…
JACQUELINE
C’est joli Gorgeous, ça rime avec choucroute de la mer…Gorgeous, ça ne vous dérange pas si je croise les bras.
IGOR
Non vas-y croise tes bras, ne réprime pas tes pulsions démoniaques…Pendant que tu croiseras tes bras, moi je vais me regarder dans ce miroirCa fait longtemps que je ne me suis pas admiré, ma beauté me manque…
Tu aurais aimé être belle ?
JACQUELINE
Ce qui compte c’est la beauté intérieure
IGOR
Elle est sans reflet.
JACQUELINE
Et alors ? Les mammouths non plus n’avaient pas de reflet et pourtant ils avaient des défenses.
IGOR rit sans raison
Comme tu es drôle, jamais je n’avais rencontré un pitre comme toi…Asseyons-nous à l’ombre de cet arbre et parle-moi de ton dernier voyage sur le Titanic.
JACQUELINE
J’avais 5 ans presque douze et maman volait fêter l’arrivée du printemps…Oh non ! Pourquoi ? Pourquoi ? Alors papa s’est élancé vers moi, nous, nous ne pouvions rien faire, rien alors elle a entraine maman dans une marche folle et moi la peur au ventre, j’ai refermé la lettre…Si seulement, j’avais pu m’inscrire à Master Chef, rien qu’une fois !...Oh il y a une
main sur mon épaule ! J’ai trois mains ! J’ai trois mains Igor !
En effet, Igor aura posé sa main sur l’épaule de Jacqueline.
IGOR
Non, celle-ci c’est la mienne…Et maintenant, ce sont mes lèvres je vais poser sur tes lèvres…
Entre Don Bernouldo de la Jalamon dela joulas dit Berny
BERNY
Igor !
IGOR
Berny !
BERNY
Alors c’est ça ton voyage d’affaire…Je pars repousser les assauts des Aquitains en Mandchourie et je te retrouve dans les bras….Comment peux-tu me faire ça ma quenelle ?
IGOR
Ecoute-moi Berny, ne fais pas la sourde de l’oreille…
BERNY
Oh non, plus jamais, je te t’écouterai…Notre caravelle est ancrée sur la pointe de Jojito de JojolajaElle n’attendait plus que nous deux pour rejoindre Cipango
Et notre palais des splendeurs et ses bouquets d’orchidées !
JACQUELINE
Mais père que racontez-vous là ?
BERNY
Ma fille ?! Tu me trompes avec ma propre fille ! Tu jettes donc le trouble sur ma maison
Après avoir semé la houle sur ma raison !C’est avec l’épée que l’on va écrire le prélude à cette oraison !
En garde !
IGOR
Puisqu’il le faut, je prends la plume !
Il sort l’épée de son fourreau.
JACQUELINE
Oh non ! Pas ça ! Pas ça ! Non, non, non !
Entre Don Casilda
DON CASILDA
Cessez immédiatement !
BERNY
Oh ma mie, je n’y suis pour rien, c’est lui qui a commencé !
IGOR
Non, menteur, c’est moi !
JACQUELINE
Bon moi je pars en croisade !
Jacqueline sort.
DON CASILDA à Berny
Triste larron à la mine défaite !Face de nuggets mal fourbus!Hommage à la difformité !
Tu oses avec ta lame menacer le sang des Natazov !Excusez-le mon ami, mon époux est le chancre de la félonie
Excuses-toi ou la nuit tu passeras avec mes dévoués crocodiles !
BERNY
Oh non, on va s’moute !
Un temps.
DON CASILDA
On va quoi ?
IGOR
Il a dit « On va s’moute »
DON CASILDA
Et ça veut dire quoi « on va s’moute » ?
BERNY
Je sais pas, c’est sorti comme ça…L’émotion…Les crocodiles, ça me fait toujours cet effet, je finis par dire des choses étranges : on va s’moute, t’as pas un schnude ? Passe-moi une
gulnu pour le tnoute….
DON CASILDA
Paix ! Je demande le divorce…Je ne resterai pas un jour de plus la compagne d’un schizophrène teratophile !
Entre Isadora. Vivement.
ISADORA
C’est affreux ! Affreux ! Mon poney a disparu !Mon poney a disparu !
Déchirement partagé sur scène.Don Casilda se met à chanter
Isadora, Berny et Igor formeront le chœur
Ma fille a perdu qui ? Son poneyPoney, Poney, Poney
Ma fille a perdu quoi ? Son poneyPoney, Poney, Poney
Où es-tu petit poney ?Petit poney toi si têtu
Où es-tu ? tu tu ?Chapeau pointu
LE RECITANT
Profitant d’une éclipse lunaireDon José de la Jajata animé de haine et de hou-hou-to
A dérobé le poney d’Isadora et dans son palais, exténué par son forfait, il referme la lourde porte du coffre à poney sur le pauvre animal…
DON JOSE
Sale bête, tu m’as mordu ! Méchant poney !Oh mon Dieu je saigne ! Mais c’est du sang !
Par ta faute, je saigne du sang !Je saigne du sang !
Vilain poney, je t’ecnècre !Mais peu importe….Tu vas croupir au fond de ce coffre
Et ma vengeance sera consomméeLorsque la funeste IsadoraAnéantie par ta disparition
Se jettera d’un bond du haut du pont de sa fenêtre !
Comme disent les Mandchous« Si le poney ne va pas à toiVa à la Garenne Colombe »
Demain, c’est promis, j’arrête le rugby !Je n’irai pas à Twikenam ! Plus jamais !
Miguel sera entré avec un balai
MIGUEL à part
Mon maître soliloque, quel funeste présage….Mon maître, à qui parlez-vous de la sorte ?
DON JOSE
Mais je ne parlais pas…Je…
MIGUEL
Mais, je vous ai entendu…
DON JOSE
Je te dis que je ne parlais pasFaut-il que je te fasse pendrePour te faire raison entendre !
MIGUEL
Mais Seigneur, votre plastron est couvert de sang !
DON JOSE
Du sang ? Ah oui, tu as pourtant raison…J’ai encore saigné de l’œil…
MIGUEL
Laissez-moi panser vos blessuresJ’ai toujours sur moi ce fameux élixir
Que ma vieille tante confectionnait sur la route de Madison avec Clint Eastwood
DON JOSE
Tu es si bon pour moi…Si j’avais des tomates, je te ferai une salade de thon !
MIGUEL
Ne bougez pas….
Miguel panse la blessure de Don JoseEntre Berny
BERNY
Oh non !
DON JOSE
Bernounou !
BERNY
C’est donc avec un va-nu-pieds que tu me trompes !
DON JOSE
Laisse-moi t’expliquer….
BERNY
Non, je ne veux plus t’entendre !Plus jamais !
Chacun de tes mots est un mensongeMon cœur ne bat plus, il pleure
Il charrie des larmes !Oh ! Ce soir, c’est dans les bras de la mort que je m’endormirai
A tout jamais ! A tout jamais !
Entre Marco, un pizzaiolo
MARCO
La quatre fromages, c’est pour qui ?
DON JOSE
J’avais commandé une Margharita…
MARCO
Ah, ils ont du faire une erreur…Moi, j’ai une médium quatre fromages.
DON JOSE
Eh bien gardez-la, jamais je ne mangerai une pizza quatre fromagesJamais ! Parole de Muchachos dallla jeglos !
MIGUEL
Vous avez entendu mon maître, disparaissez ou je vous défonce !
Entre Jacqueline
JACQUELINE
Don José ? Don José est-il là ?
DON JOSE
Oui, je suis là.
JACQUELINE
Oh Don José….C’est honteuse que je me jette à vos genoux…Oh cette odeur…Vous avez adopté un bouc ?
DON JOSE
Non, un poney…Non pas du tout, un poney et pourquoi pas une côte d’agneau ? Non…C’est….La douche est en panne depuis 6 mois…J’ai les dessous de bras un peu moisis…
JACQUELINE
Oh des dessous de bras moisis, tout ce que j’aime…Mais trêve de nalivernes…Je dois expier ma faute !
A cet instant, ma sœur, Isadora, a sombré dans un profond comaAvant de s’évanouir, elle n’a dit qu’un mot : « Don José que je l’aime »
Isadora vous a toujours aimé Don JoséSon poney disparu, il n’y a plus que vous pour la sauver…
DON JOSE
Isadora…m’aime…
JACQUELINE
Pour toujours et à tout jamaisJ’ai trahi sa pensée sur les ordres du sergent Schütz
Et je m’en repends à vos piedsIl n’y a plus une ninute à perdre
Elle n’attend que vos lèvres pour respirer à nouveau !
DON JOSE
Isadora…Ma belle…
MIGUEL lui jetant des clés
Prenez ma voiture, vous irez plus vite !
DON JOSE
Non MiguelJe veux bien prendre ta voiture mais pas tes clés…Ce serait abuser…
Oh non mon bras gauche fait des cerclesC’est un signe ! Isadora j’arrive !
Il sort en faisant des cercles avec son bras gauche.Jacqueline se met à pleurer
MIGUEL
Mais pourquoi pleurer gente dame ?
JACQUELINE
L’amour me fuit…Il n’a d’yeux que pour ma sœur !
MIGUEL
Lorsque j’étais petit mon père disait toujours :Si tu veux du sucre, presse une betterave.
JACQUELINE
Oh quel grand homme, ce devait être !Moi depuis que papa est mort, je ne sais plus ce que je cuisine…
BERNY
Mais je ne suis pas mort...
JACQUELINE
Moi non plus…Ce n’est pas une raison pour me couper la parole !Si tu recommences, je vais chez Ikéa !
BERNY
Oh non pas chez Ikéa, pas chez Ikéa !
JACQUELINE
Rassure-toi, je n’irai plus jamais chez Ikéa, plus jamais ! Je suis une anarchiste en lutte contre le mobilier scandinave !
Et puisque l’Amour ne veut pas de moiJe vais donc errer sur les mers
Et finir ma vie au milieu d’un filet de maquereau
Fausse sortie
MIGUELLorelei !
JACQUELINEQui m’appelle ?
MIGUEL
J’ai entendu ta plainte petite bretonneEt si c’est l’amour que tu cherchons
Il parle avec mes motsEt te contemple avec mes yeux
JACQUELINE
Oh fantastic man of the world !Oh!
Je rêvais d’un homme beau, sensuel, musclé au 4 vents : un colosse norvégienEt mon rêve devient réalité…Oh mon Viking !
Ils s’enlacent.
MIGUEL
Viens ma captive, viens , allons sur les chemins de Jajanitajaja clamer notre Amour…
JACQUELINE
Oh oui, avec du jambon !
Ils sortent par des côtés opposés.
BERNY
Quelle émotion ! Rien n’est plus beau que la tard avait dans le galbions à Simone….
On entend le poney
Mais qu’entends-je ? Qui est là ?
Le poney hennit.
C’est toi petit Poney ! C’est donc Don José de la Jajata qui t’a fait prisonnier !
Oh le scélérat !Ne bouge pas petit Poney !
Je vais prévenir la garde nationale et te faire libérer !C’est un jour historique pour le Royaume d’Espagne :
Aujourd’hui, moi Bernardo de Fujitas alla SpuentesDuc de Castille et d’Aragones
Je vais adresser au monde un message de libertéUn appel à l’élan démocratique
Au soulèvement des poneys opprimés….Chante en sortant
Oh Poney ! Oh Poney ! Il faut se battreOh poney! Oh poney ! Il faut se battre
LE RECITANT
Alors que Bernardo de Fujitas alla Spuentes mène un combat sans merci contre l’asservissement des poneys
Jacqueline et MiguelLe cœur pétri d’amour
Profitent du coucher de soleil Sur les rives de la Jafuentes a Jiji de Joujou
Ils sont très éloignés l’un de l’autre.
JACQUELINE
Oh Miguel….Toute cette plage, rien que pour nous deux…C’est tellement tutuche !Si on allait se baigner ?
MIGUEL
Se baigner…Mais tu n’y penses pas…A chaque fois que je me baigne, je sors tout mouillé, c’est à n’y rien comprendre…
On est si bien tous les deux enlacés sur le sable chaud…
JACQUELINE
Tu as raison…Jamais je ne me suis sentie si bien....Notre amour est tellement fort, tellement intense…
MIGUEL
Parle moins fort, j’essaie de dormir…
JACQUELINE
Oh excuse-moi…Je pourrais peut être me rapprocher un peu de toi…Pour…
MIGUEL
Ah non, tu vas mettre du sable sur ma serviette…Tu n’as qu’à faire des mots croisés.
JACQUELINE
Oh que tu es sensuel mon Viking…Dors à présent, je vais faire une partie de badminton.
Elle joue seule au badminton
LE RECITANT
Mais quittons ce rocher de luxure et retrouvons Don José de la Jajata qui, Alerté par les révélations de Jacqueline,
a traversé à la nage le bois de Juntas alla JuntatasSur son alerte pur sang
Pour rejoindre son Isadora Dont le souffle peu à peu décline….
A cet instant, j’ ai une irrésistible envie d’imiter la fleur de lotus bousculée par les courants du Gyang-Tse…
Il imite la fleur de Lotus
DON JOSE
Oui bah c’est bon, va faire ça plus loin….
Oh ! Mon Isadora ! Tu as le teint si pale…
Ne me laisse pas seul IsadoraNe me laisse pas ! Ne me laisse pas !
Je t’en prie, réponds-moi ! Réponds-moi !
ISADORA…
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