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Avril 2010 38 la lettre du Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes du CNRS Sûreté de fonctionnement informatique Entre fierté et défis Bioplume, pour la détection biologique Des puces à anticorps aux nanopuces Interdisciplinarité pour la santé Le LAAS et l’INSA premières équipes de recherche de l’ITAV Brake-to-Vacate sur le premier vol de l'A380 d'Air France Une histoire qui commence par une thèse au LAAS

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Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes du CNRS

Sûreté de fonctionnementinformatiqueEntre fierté et défis

Bioplume, pour la détection biologiqueDes puces à anticorps aux nanopuces

Interdisciplinarité pour la santéLe LAAS et l’INSA premières équipes de recherche de l’ITAV

Brake-to-Vacate sur le premier volde l'A380 d'Air FranceUne histoire qui commence par une thèse au LAAS

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s o m m a i r ela lettre du LAAS n° 38

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D O S S I E RSÛRETÉ DE FONCTIONNEMENT INFORMATIQUEUne moisson de résultats 4FUTURS SYSTÈMES INFORMATIQUES UBIQUITAIRESDe la tolérance aux fautes à la résilience 5PROJET EUROPÉEN CRUTIALModélisation et protection d’infrastructurescritiques interdépendantes 7PROJET EUROPÉEN HIDENETSDes applications mobiles embarquées sûres de fonctionnement 8JEAN-CLAUDE LAPRIE, GRAND PRIX 2009DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES EN INFORMATIQUEToute une vie de chercheur 10

A C T U A L I T É S C I E N T I F I Q U EVERS DES CAPTEURS AUTONOMES POUR LASURVEILLANCE D’AVIONS EN VOLDes microsystèmes de gestion de l’énergie 13Microsillons en silicium pour l’imagerie 3Den biologie cellulaire 14Des microplumes pour fabriquerdes microlentilles en polymères 14CANCÉROPÔLE TOULOUSE CAMPUS CANCERLe LAAS, artisan du Centre Pierre-Potier ITAV 15

I N N O V A T I O NSYSTÈMES D’ASSISTANCE À L’ATTERRISSAGE SUR AIRBUSDe la thèse au LAAS à la certification 16GÉOLOCALISATION POUR LA NAVIGATION URBAINEAider les malvoyants à se déplacer 17DOMOTIQUE MÉDICALEProtéger les personnes âgées en zone rurale 18START UP MICROBIOCHIPSUne nouvelle génération de biopuces à protéines 19

E X P É R I E N C EENTRETIEN : JEAN-BERNARD LASSERRE,CHERCHEUR EN AUTOMATIQUE“C'est une question de moments” 20BIOPLUMEUne pluridisciplinarité fertile 23NICOLAS VAN WAMBEKE,1400e docteur du LAAS 24

V I E S C I E N T I F I Q U ENominations, talents 25 / 26 / 27Distinctions régionales 27Thèses 25 / 26 / 27 / 28 / 29Habilitations à diriger des recherches 28 / 29Parutions, congrès 30

I M A G E D U L A A S 31Un laboratoire sur puce pour la visualisation3D des mouvements de l’ADN

E X P O S I T I O N A U L A A S 32Réalisme et poésie de la vie scientifique

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14, 19, 23

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é d i t oPA R RA JA CH AT I L Adir ec t eur du LAAS-CNRS

C est à l’automne 2009 que le CNRS a mis en place sa nouvelle structure avec 10instituts, le LAAS étant rattaché principalement à l’INSIS (Institut des sciences del'Ingénierie et des Systèmes) et secondairement à l’INS2I (Institut des Sciences

Informatiques et de leurs Interactions). Les recherches du laboratoire se situent au confluentdes domaines de ces deux instituts, la problématique de l’intégration matériel-logiciel avecune approche système. Ce numéro illustre bien cette unité et cette démarche.

En 2009, Jean-Claude Laprie a reçu le grand Prix de l'Académie des sciences en informatique.Le LAAS saisit cette belle occasion de célébrer l'un de ses chercheurs talentueux à travers unévénement scientifique les 15 et 16 avril 2010. Le dossier de ce numéro est consacré à la sûretéde fonctionnement informatique, discipline à laquelle Jean-Claude Laprie a apporté descontributions essentielles.Toujours en 2009, l’Automatique a été à l’honneur avec le prix international Lagrange enoptimisation décerné à Jean-Bernard Lasserre qui illustre l’originalité des travaux conduits auLAAS.

L’évolution vers des systèmes de plus en plus complexes intégrant des approchespluridisciplinaires a fait émerger dans la stratégie du LAAS deux axes de recherchetransversaux au laboratoire. Le premier est celui des interactions avec le vivant, de l’échellemoléculaire à l’échelle de l’être humain, avec des ouvertures transdiciplinaires vers la biologie,la santé ou les neurosciences. Ce numéro rend compte de cette orientation à travers l’histoirede “Bioplume” depuis son invention jusqu’à la création d’une start-up, le projet Ourses dedomotique médicale ou encore les promesses de la micro fluidique, discipline en pleineexpansion. L’inauguration de la plateforme bionanotechnologies avec le Centre Pierre-PotierITAV sur le site du Cancéropôle Toulouse cancer campus à l’automne 2009 pour lequel leLAAS et ses équipes ont beaucoup œuvré, renforce les infrastructures mutualisées régionalespour la recherche transdisciplinaire dans ce domaine.

En juin prochain, le LAAS posera la première pierre d’un nouveau bâtiment emblématiquedu deuxième axe transversal du laboratoire, autour des systèmes cyber-physiques et de l’intelligenceambiante, baptisé Adream (Architectures Dynamiques Reconfigurables pour SystèmesEmbarqués Autonomes Mobiles), et qui intègre aussi un important volet sur la conversiond’énergie photovoltaïque. Nous aurons l’occasion d’évoquer largement ce sujet dans leprochain numéro.

Les évolution structurelles de l’enseignement supérieur et de la recherche vont donner uneimportance croissante à la dynamique des sites régionaux dont le LAAS est un des maillonsincontournables. Il participe activement au pôle mondial Aerospace Valley avec par exempledes systèmes de gestion d’énergie pour la surveillance d’avions en vol. La démarche du LAASest illustrée par le parcours de deux jeunes docteurs, démontrant d’une part la diversité desparcours possibles de formation par la recherche et d’autre part les relations étroites dulaboratoire avec l’industrie, dont les besoins sont souvent à la source de véritables sujets derecherche. Des arguments en faveur du futur campus d’innovation technologique dans lecadre de l’Emprunt National. Assurément, le LAAS a sa carte à jouer dans la future grandeuniversité du XXIe siècle qui conjuguera recherche, formation et innovation.

Nous vous souhaitons une bonne lecture !

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Le LAAS a le label Carnot depuis 2006.

La lettre du LAASPublication du Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes du CNRS7, avenue du Colonel Roche, 31077 Toulouse Cedex 4Tél. : 05 61 33 62 74, Fax : 05 61 55 35 77Courriel : [email protected], Web : www.laas.frDirecteur de la publicationRaja Chatila, directeur du LAAS-CNRSResponsable de la rédactionMarie-Hélène DervillersComité éditorialAurélien Bancaud, Lucie Baudouin, Sophie Bonnefont, Marie Breil, Pierre-François Calmon, Silvano Dal Zilio,Patrick Danès, Christian Ganibal, Jérémie Guiochet, Marie-José Huguet, Olivier Llopis, Anne Mauffret, Gérard Mouney.

Le LAASLaboratoire d’analyse et d’architecture des systèmesest un laboratoire de recherche du CNRS. Ses domaines derecherche sont les micro et nanosystèmes, l’automatique et letraitement du signal, l’informatique et la robotique.Le LAAS est associé, au sein du PRES Université deToulouse, à trois établissements d'enseignement supérieur :l'Université Paul Sabatier, UPS, l'Institut national des sciencesappliquées, INSA et l'Institut national polytechnique, INP.

649 personnes dont• 209 chercheurs et enseignants-chercheurs• 275 doctorants et 50 post-doctorants et chercheurs en

poste d’accueil• 115 ingénieurs et techniciens

Laboratoire d’Analyseet d’Architecture des Systèmes

© photos : Airbus, CNRS/Cyril Frésillon, CNRS-photothèque/Emmanuel Perrin, Creative Commons / Matt Britt, ITAV/Archiguide, LAAS-CNRS/Daniel Daurat, Bruno Muthelet, Thierry Pons.

Image de couverture :Cartographie partielle du réseau Internet en 2005.Les liens, modélisés par des étoiles, composant la toile sontreliés par des nœuds (hubs) interconnectés.

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SÛRETÉ DE FONCTIONNEMENT INFORMATIQUE

informatique ubiquitaire, ce sont ces immenses systèmes, en continuelle évolution, de réseaux

d’objets informatiques ; qu'il s'agisse des gigantesques fermes de serveurs et centres de données ou des minuscules dispositifs mobiles ; l'ensemble constituant l’infrastructure informationnelle. Cette problématique a été au centre de trois projets européens, de trois ans chacun, qui se sont déroulés en concomitance et viennent de s'achever. Le réseau d’excellence ReSIST1 a défini les approches nécessaires pour doter l’infrastructure informationnelle de la résilience à même de supporter l’intelligence ambiante. Le projet HIDENETS2, s'est concentré sur la conception et la validation d’applications mobiles embarquées sûres de fonctionnement. Enfin, le projet CRUTIAL3 a étudié les interdépendances entre l’infrastructure informationnelle et l’infrastructure électrique. Ces trois projets avaient en commun la tolérance aux défauts de développement résiduels, aux défaillances et perturbations physiques, aux erreurs d’interaction et aux attaques malveillantes.Le LAAS a coordonné ReSIST et a contribué significativement à HIDENETS et à CRUTIAL, dont il a été à l’origine. Cela n'est pas le fruit du hasard mais d'une véritable compétence, patiemment et durablement mûrie et enrichie au sein du laboratoire, qui a été précurseur, contribuant très tôt à la notion de tolérance aux fautes puis en proposant aujourd'hui le concept de résilience informatique. Cette compétence, qui a conduit une nouvelle fois la Commission européenne à accorder crédit scientifique et financier au LAAS au travers de ces trois projets, a été saluée également par l'Académie des sciences qui a décerné à Jean-Claude Laprie, fondateur au LAAS en 1975 du groupe de recherche Tolérance aux fautes et sûreté de fonctionnement informatique, son grand Prix en informatique. Voici donc les fruits de ces trois angles de recherche, qui dessinent chacun leur avenir, tout autant riche d'avancées substantielles que pavé de défis à relever à la mesure d'une évolution extrêmement rapide. Jean-Claude Laprie revient, au terme administratif d'une vie professionnelle entièrement vouée à la recherche, sur sa vie de chercheur.

Une moisson de résultats

4

Les projets européens et les partenaires

• LAAS-CNRS (coordinateur), Toulouse, France, • Université de technologie et d’économie de Budapest, Hongrie • City University, Londres, Royaume-Uni, • Technische Universität Darmstadt, Allemagne,• Deep Blue, Rome, Italie, • Institut Eurécom, Sophia-Antipolis, France, • France Telecom Recherche et Développement, Lannion et Caen, France, • IBM Research, Zürich, Suisse,• Université de Rennes 1 – IRISA, France, • Université de Toulouse III – IRIT, France, • Université Vytautas Magnus, Kaunas, Lituanie,• Fundação da Faculdade de Ciencas da Universidade de Lisboa, Portugal, • University of Newcastle upon Tyne, Royaume-Uni, • Università di Pisa, Italie, • QinetiQ, Malvern, Royaume-Uni,• Università degli studi di Roma "La Sapienza", Italie, • Universität Ulm, Allemagne, • University of Southampton, Royaume-Uni.Période : janvier 2006 – mars 2009

• Aalborg University (Danemark) (coordinateur), • Université de technologie et d’économie de Budapest (Hongrie), • Carmeq Gmbh (Allemagne), • Fujitsu Siemens Computers (Allemagne), • LAAS-CNRS• Telenor (Norvège), • Twente Institute for Wireless and Mobile Communications (Pays-Bas) • Università di Firenze (Italie) • Fundação da Faculdade de Ciencas da Universidade de Lisboa (Portugal)Période : janvier 2006 – mars 2009

• CESI-RICERCA (Centro Elettrotecnico Sperimentale Italiano Ciancinto Motta, Milan, Italie, coordinateur),• CNR-ISTI (Consiglio Nationale delle Ricerche – Istituto di Scienza e Tecnologie dell’Informazione, Pise, Italie), • Consorzio Nazionale Interuniversitario per le Telecomunicazioni (Italie),• Faculdade de Ciencas da Universidade de Lisboa (Portugal), • Université catholique de Leuven (Belgique), • LAAS-CNRSPériode : janvier 2006 – mars 2009

HIDENETS : HIghly DEpendable ip-based NETworks and Services Projet européen du 6e programme cadre communautaire IST-26979

CRUTIAL : Critical UTility InfrastructurAL resilienceProjet européen du 6e programme cadre communautaire IST-27513

RESIST : Resilience for Survivability in Information Society TechnologiesRéseau d’excellence européen du 6e programme cadre communautaire IST-26764

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3

D O S S I E R

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De la tolérance aux fautes à la résilience

L a résilience informatiqueest définie par ReSISTcomme la persis-

tance de la délivrance d’unservice de confiancejustifiée — donc lapersistance de lasûreté de fonctionnement —face à des changements fonction-nels, environnementaux ou technolo-giques, ces derniers pouvant être maté-riels comme logiciels. Cette persistancedépasse la notion de tolérance aux fautesau profit de celle de résilience, qui prônel’adaptabilité à ces changements. Le réseaud'excellence ReSIST s'est donc fixé l'objectifd'organiser et de proposer en un ensemblecohérent la recherche sur la résilience desfuturs systèmes informatiques ubiquitaires. Laméthode choisie a été de :• rassembler des équipes de chercheurs telles

que les sujets fondamentaux relatifs auxsystèmes ubiquitaires résilients puissent êtreabordés par une recherche coopérative etmultidisciplinaire de grande ampleur,

• identifier, dans un contexte international, desaxes-clefs de recherche (techniques et socio-techniques) induits sur les systèmes ubiqui-taires support de l’intelligence ambiante,

• produire des résultats de recherche significa-tifs (concepts, modèles, politiques, algo-rithmes, mécanismes) qui pavent la voie versles systèmes ubiquitaires résilients,

• promouvoir et diffuser une culture de la rési-lience dans les programmes d’enseignementsupérieur et dans les meilleures pratiques del’ingénierie.

L'état des connaissances a été rassemblé en2006 par cinq groupes investis dans autantd'aspects des technologies de la résilience :architecture, algorithmes, systèmes socio-techniques, évaluation, vérification, puissynthétisé dans un document unique de 22articles. On en vint alors en 2007 à la prospec-tive. Chaque groupe de travail releva les axes

d er e c h e r c h e

selon les quatrepropriétés de la rési-

lience : évolutivité, analy-sabilité (néologisme faute de

traduction simple d’“assessabi-lity”), utilisabilité (“usability”) et

diversité. Ces vues ont conduit,après structuration, compléments

et synthèse, au programme derecherche préconisé. Les deux docu-

ments, œuvre de 83 co-auteurs, ontété identifiés comme particulièrementpertinents par l'enquête internationalesur les défis de recherche en résilienceinformatique, conduite en 2008, qui a

recueilli les avis et propositions decinquante collègues académiques et indus-triels du monde entier.Parallèlement, plusieurs actions de recherchecoopératives bi- ou multi-latérales ont étéentreprises, qui ont culminé durant la dernièreannée de ReSIST dans neuf mini-projetscouvrant l’ensemble des propriétés de la rési-lience informatique. Ceux-ci sont nés d’unappel, basé sur le programme de recherche,auprès des jeunes chercheurs et des docto-rants – les chercheurs confirmés de demain –,impliquant soixante dix d'entre eux (lire P. 6).

Une culture de la résilienceAfin d’offrir une représentation structurée desconcepts sous-tendant le volumineux, ettoujours croissant, ensemble de documents oùréside la connaissance dans le domaine de lasûreté de fonctionnement et de la résilience,une ontologie et un thesaurus ont été cons-truits. Une telle représentation permet d’utiliserles outils de traitement de la langue naturellepour effectuer l’identification et la classificationdes documents traitant de la résilience.

F U T U R S S YS T È M E S I N F O R M AT I Q U E S U B I Q U I TA I R E S

Le réseau d'excellence européen ReSIST amobilisé 105 chercheurs et 68 doctorants,de 14 institutions académiques et 4 sociétésindustrielles, issus de 8 pays de lacommunauté. La base des connaissances comporte 110millions de faits de base. L'état desconnaissances est structuré en 22 articles desynthèse. Le programme de recherchecompte 41 textes focalisés introduits par 4synthèses, l'ensemble rédigé par 83 co-auteurs. 9 mini-projets ciblés ont permis à70 jeunes chercheurs et doctorantsd'exercer leur talent, 32 publications co-signées en résultent. Le programmed'enseignement, couvrant les deuxdernières années de maîtrise, est assortid'un support de cours de 1590 planches.Au total, 485 articles ont été publiés, dont60 co-signés par des chercheurs de 2 à 5partenaires. L’effort, de façon comptabledans les coûts éligibles soumis à laCommission européenne, représente 672personne.mois. L’effort réel peut êtreestimé au moins au double.

Un programme d’enseignement en résilienceinformatique a été établi, qui couvre sur quatresemestres les deux dernières années demaîtrise ès-sciences, pour un total de 120ECTS (European Credit Transfer andAccumulation System), partagé égalemententre les deux années. Le premier semestreporte sur les bases et les fondements, ledeuxième sur les méthodes, techniques etoutils, le troisième sur des projets en coopéra-tion avec l’industrie sur des domaines d’appli-cation spécifiques, et le quatrième estconsacré au mémoire de maître ès-sciences.Ce programme et le support de cours associé— planches et exercices — sont, par leur

5

http://www.resist-noe.eu

Le réseau d'excellence européen ReSIST a rassemblé des chercheurs de premier plan dans les domainesmultidisciplinaires de la sûreté de fonctionnement, de la sécurité informatique et des facteurs humains.Plus de cent chercheurs et à peine moins de doctorants de huit pays y ont pris part, avec l'objectif dedoter l’Europe d’un ensemble cohérent de recherches sur la résilience des futurs systèmes informatiquesubiquitaires, en termes de concepts, de modèles, de politiques, d’algorithmes et de mécanismes.Pour ce faire, un état des connaissances, inexistant jusqu'alors, a été dressé. De là un programme derecherche, des actions ciblées, au sein de mini-projets, un programme d’enseignement et un support decours associé ont été élaborés. Le tout porté par une nouvelle acception du concept de résilienceinformatique.

ReSISTen quelques chiffres

D O S S I E R Sû r e t é d e f on c t i on n emen t i n f o r ma t i qu e

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Adaptationen opérationde logiciels detolérance auxfautesL’adaptation en opération des logicielspeut être due à de nombreuses raisonsliées à l’environnement du système, àl’évolution des logiciels au travers deversions successives, à des actions dereconfiguration du système global, à laconsommation des ressources, maisaussi à l’occurrence de fautes, voire à denouveaux types de fautes observés enopération. Cette tendance est trèsactuelle dans le monde du génie logicielpour les systèmes d’information engénéral et concernera dans un futurproche les systèmes critiques. C’est cetteproblématique qui a fait l’objet duprojet ASAP (AsseSsment-basedAdaPtable Software Architecture forDependability, voir encadré mini-projets) dont l’objectif était de montrerque les nouvelles techniques dedéveloppement logiciel à base decomposants ainsi que les approchesréflexives de la conception des systèmespermettaient d’aborder le problème del’adaptation en opération desmécanismes de tolérance aux fautes. Ces approches permettent de structurerle logiciel en composant indépendantsdont on peut observer la structureinterne ainsi que manipuler les liaisonsinter composants. L’adaptation enopération demande aussi unemodélisation comportementale plus fine(par exemple, à base de Réseaux de Petri)pour déterminer les états adaptablespermettant la substitution d’uncomposant par un autre en opération.Ces états ont été déterminés de façonprécise pour garantir des propriétés desécurité et de vivacité lors del’adaptation du logiciel de tolérance auxfautes.Les expérimentations réalisées ontmontré l’intérêt et la faisabilité del’adaptation en opération grâce auxnouvelles technologies dedéveloppement logiciel mentionnéesprécédemment. Le cœur de ces travauxest consigné dans une thèse de doctorat1

soutenue le 27 Janvier 2009 au LAAS.Ces travaux ont ouvert la voie à desétudes plus approfondies portant surl’évolution en opération de mécanismesde tolérance aux fautes par uneapproche proactive, mais aussi sur lavérification par test des logicielsproduits selon ces techniquesémergentes de génie logiciel.

dimension coopérative internationale, uniquesen leur genre. Ils sont à la libre disposition desenseignants en sûreté de fonctionnement, ensécurité et en résilience informatiques.L’ensemble des résultats deReSIST est accessible sur sonsite web, et, sous la forme duweb sémantique, dans la basede connaissances RKB(Resilience Knowledge Base).Cette base, au-delà des résul-tats du réseau, fournit un accèsintégré à des informationsapprofondies en provenancede toute l’Europe, à propos despersonnes, projets, institutions et publicationsconcernant les chercheurs en résilience infor-matique, ainsi que sur les organisations quileur dispensent des fonds. La base de connais-sances comporte approximativement 110millions de faits de base, auxquels il peut êtrefait accès par une variété d’outils et d’inter-faces, y compris l’application RKB Explorer.

C o n t a c t

Jean-Claude Laprie, [email protected] Kanoun, [email protected]

@

RESIST A RASSEMBLÉ DES CHERCHEURS D’HORIZONS DIVERSPOUR UNE RECHERCHE COOPÉRATIVE ET MULTIDISCIPLINAIRE

L’activité au sein de ReSIST a conduit à 485publications. Au delà de cette concrétion duconcept de résilience informatique, nombred’événements ont été organisés dans le but de

familiariser la communautéconcernée et d'installer unevéritable culture de la rési-lience. Ainsi un séminaire desdoctorants en Italie en 2006,une école d’été en France en2007, plusieurs journéesd’étude ouvertes à l’ensemblede la communauté et desprésentations, tables rondes,tutoriels lors de conférences

internationales. Quant aux résultats, quidépassent les objectifs originels, ils ouvrent lavoie, tracée et large, aux recherches sur lessystèmes ubiquitaires actuels et surtout endevenir. �

Les mini-projets de

1. Assessing the resilience of open verifiablee-voting systems

2. Assesment-based adaptable software architecturefor dependability

3. Formalisms and algorithms for resilient services designin ambient systems

4. Formal analysis of evolving resilient usable systems

5. Fault/intrusion removal through evolutionand recovery

6. Malicious fault characterization exploitinghoneypot data

7. Multi-agent systems with fault-tolerant agreementprotocols for conflict resolution in air traffic control

8. Testing in mobile settings

9. Formal modelling and analysis methodsfor wireless sensor network algorithms

TITRES

1. City U., IRIT,U. Newcastle

2. City U., U. Kaunas, LAAS

3. IRISA, LAAS, U. Rome

4. IRIT, U. Newcastle, U. Pise

5. U. Lisbonne, U. Pise, City U.

6. City U., U. Darmstadt,Eurecom, FranceTelecom, IBM

7. Deep Blue, U. Lisbonne, U. Pise

8. U. Budapest, LAAS

9. U. Pise, Qinetiq, U. Ulm

PARTENAIRESLe partenaire leader est en italique

1 Thomas Pareaud, Adaptation en ligne de mécanismes de toléranceaux fautes par une approche à composants ouverts,Doctorat de l’Institut national polytechnique de Toulouse,27 Janvier 2009, 166p.

Contact : Jean-Charles Fabre, [email protected]@

Nombred’événements ont

été organisés dansle but de

familiariser lacommunautéconcernée

D O S S I E R Sû r e t é d e f on c t i on n emen t i n f o r ma t i qu e

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7

L es résultats de CRUTIAL sont relatifsd’une part à la modélisation desdéfaillances consécutives aux inter-

dépendances et l’évaluation de leurs consé-quences, et d’autre part, au développementd’une architecture intégrant des mécanismesde contrôle d’accès et de tolérance aux fauteset aux intrusions, prenant en compte les inter-dépendances.Concernant la modélisation, le LAAS acontribué essentiellement par l’établissementd’un modèle original permettant de représenterde façon unifiée l’influence des fautes acciden-telles (défaillances du matériel, défauts rési-duels du logiciel, interactions inappropriées) etdes malveillances (attaques externes oumalversations internes) de l’infrastructure infor-mationnelle, ainsi que les défaillances de l’in-frastructure électrique. Ce modèle est basé surl’hypothèse que les défaillances en cascadeayant pour origine des dysfonctionnementsdans une infrastructure donnée, induisent descontraintes sur le fonctionnement de l’autreinfrastructure (se traduisant par exemple pardes dégradations des performances ou desinterventions inappropriées), entraînant ainsides défaillances dites en escalade. Le modèleest constitué d’une machine à états décrivantde façon compacte lecomportement des infrastruc-tures et leurs interdépen-dances, machine à étatsexplicitée par un réseau dePetri stochastique qui permetde mettre en évidence l’en-chaînement des phéno-mènes conduisant à desdéfaillances en cascade et enescalade. Ce modèle unifié,qui est le premier à avoir étépublié, a servi de base auxautres activités d’évaluation du projet. Il s’estavéré très utile pour une bonne compréhensiondes défaillances liées aux interdépendances,et il a aussi servi de base à la formalisation desinterdépendances ainsi qu’à l’élaboration demodèles détaillés tenant compte des architec-tures internes des infrastructures.Dans l’architecture CRUTIAL, l’infrastructureinformationnelle est vue comme un réseau

informatique étendu (Wide Area Network, ouWAN) interconnectant plusieurs réseauxlocaux (Local Area Network, ou LAN) par desCIS (CRUTIAL Information Switch) intégrés à

des équipements physiquescomme des routeurs, passe-relles ou pare-feux, situés à lafrontière entre le réseau locald’une organisation et le restedu monde. Ils intègrent deuxmécanismes de protectionprincipaux offrant : 1) la vérifi-cation des interactions entreorganisations selon descontrats préétablis, et 2) lasécurité des communicationsentre CIS. Plusieurs versions

du CIS ont été développées, correspondant àdifférents niveaux de tolérance aux intrusions,sélectionnés en fonction du niveau d’accepta-bilité des risques et du coût dans l’environne-ment considéré.Les principales contributions du LAAS à l’archi-tecture CRUTIAL ont concerné la formulationet la mise en œuvre de politiques de sécuritéadaptées au contexte ouvert, hétérogène et

Modélisation et protectiond’infrastructures critiques interdépendantes

multi-organisationnel, qui caractérise les infras-tructures étudiées. Dans l’approche proposée,PolyOrBAC, (une extension de OrBAC,Organization Based Access Control), chaqueorganisation protège en toute indépendanceses propres biens, tout en étant tenue respon-sable de ses interactions avec les autres orga-nisations participant à l’infrastructure. Pourcela, chaque organisation définit sa proprepolitique de sécurité, et les interactions entreorganisations utilisent des services Web, enconformité avec des contrats signés entre four-nisseur et client de chaque service Web. Cetteconformité est vérifiée en temps réel par desautomates temporisés mis en œuvre au seindes CIS. Un prototype a été développé pourvalider ces principes sur un scénario applicatifmettant en jeu les opérateurs des centres decontrôle d’un réseau de transport d’électricitéet de réseaux de distribution d’électricité dansun contexte critique nécessitant un délestageen urgence. �

P R O J E T E U R O P É E N C R U T I A L

L’exploitation et le contrôle des réseaux électriques ont longtemps été centralisés. L’ouverture des marchéset l’émergence de nouvelles formes de production de l’énergie électrique amène des modes d’exploitationdécentralisés, faisant intervenir des organisations multiples avec des systèmes d’informationinterconnectés, dont certains pourraient être ouverts sur le réseau Internet.Ces évolutions et ces interdépendances engendrent des vulnérabilités qui peuvent conduire, par accidentou par malveillance, à des défaillances dites en cascade ou en escalade qu’il est nécessaire de modéliser,comprendre et analyser pour pouvoir développer des mécanismes de protection efficaces.

L’ARCHITECTURECRUTIAL

C o n t a c t

Mohamed Kaâniche, [email protected]

@

Des politiques desécurité adaptées

au contexteouvert,

hétérogène etmulti-

organisationnel

D O S S I E R Sû r e t é d e f on c t i on n emen t i n f o r ma t i qu e

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D O S S I E R Sû r e t é d e f on c t i on n emen t i n f o r ma t i qu e

L e projet HIDENETS, associant neufpartenaires académiques et indus-triels, s’est concrétisé par le dévelop-

pement de solutions innovantes pour laconception, le développement et l‘analysed'applications mobiles embarquées sûres defonctionnement, particulièrement dans ledomaine de l'automobile. Cette industrie porteen effet un intérêt croissant à l’utilisation descommunications sans-fil et des réseaux spon-tanés, cherchant à améliorer la sécurité et lafluidité du trafic et à offrir de nouveaux servicesde confort et de loisirs aux passagers. Les recherches menées dans le cadre deHIDENETS ont abouti à des solutions architec-turales offrant aux applications des servicessupport pour la sûreté de fonctionnement,permettant de prendre en compte lescontraintes liées à la mobilité, ainsi qu’à l’éla-boration de méthodes efficaces pour leur déve-loppement, leur test et leur évaluation. Desprototypes expérimentaux ont été mis enœuvre pour éprouver la faisabilité des solu-tions proposées selon des scénarios applicatifsissus de l’automobile.

Les services support pour la sûreté de fonc-tionnement visent à assurer la protection desapplications face à des fautes accidentelles ouà des malveillances risquant d’affecter lesplates-formes d’exécution et de communicationet d’altérer les données et caractéristiquestemporelles. Ces services sont mis en œuvrepar des intergiciels s’interposant entre le logi-ciel applicatif et les couches de communicationde niveaux liaison et réseau du protocole ISO.Ils permettent par exemple la détection et latolérance aux erreurs temporelles, la réplica-tion de processus logiciels ou des liens et inter-faces de communication. Les contributions duLAAS ont porté sur le développement demécanismes de sauvegarde coopérative dedonnées, tirant profit des ressources mises àdisposition par les dispositifs mobiles à proxi-mité. L'exemple applicatif utilisé a été celuid’une boîte noire virtuelle distribuée (au sensaéronautique du terme, voir encadré). Outre le développement de solutions architec-turales, un effort important a été consacré àl’élaboration d’une approche d’évaluation holis-tique permettant de quantifier les caractéris-

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Des applications mobiles embarquéessûres de fonctionnement

P R O J E T E U R O P É E N H I D E N E T S

L'évolution des technologies decommunication sans fil aengendré de nouvellesapplications dansl’informatique mobile, qu'ils'agisse par exemple de ladomotique, la santé, laprotection de l’environnementou encore de l’automobile oudes transports en général. Cesapplications sont basées sur laprésence de processeursembarqués dans des objetsphysiques : téléphones,ordinateurs, appareils photo...,pouvant dialoguer entre euxvia des réseaux sans fil ouaccéder à des services via desinfrastructures fixes. Pour queles services fournis par cesapplications soient adoptés parle grand public, la question deleur sûreté de fonctionnement,et donc de la confiance qu’onpeut leur porter, est essentielle.Pour y répondre, plusieursaspects sont à prendre encompte dans la conception et lavalidation de ces applications :mobilité des objets et desutilisateurs, défaillancesd’origine accidentelle oumalveillante, déconnexionsfréquentes, autonomie limitée,restrictions de bande passanteet de traitement.

LE CONTEXTE ET LES SCÉNARIOS DE MOBILITÉ HIDENETS

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A la manière des boîtes noires utilisées dansl’aéronautique, l’objectif est d’enregistrer defaçon continue des informations sur l’étatd’un véhicule et de son environnement : lavitesse du moteur ou du véhicule, l’état desfreins, la position du volant, la ceinture desécurité du conducteur. En plus de cesinformations classiques, la boîte noiredistribuée ici proposée est capabled’enregistrer des informations sur le voisinagedes véhicules, comme par exemple la positiondes véhicules environnants. Ces informationssont utiles pour analyser les causes etresponsabilités dans un accident. Cependant,au lieu d’utiliser un matériel coûteux poursauvegarder les données sur le véhicule (quirisque d’être lui-même endommagé en casd’accident), l’idée promue par le LAASconsiste à transférer les données collectées surun serveur de l’infrastructure fixe, en utilisantles véhicules se trouvant à proximité pour unesauvegarde temporaire permettant ainsi depréserver la disponibilité des données. Cette

solution permet d’éviter la perte des données qui pourrait résulter de défaillancesaccidentelles ou de malveillances avant leur sauvegarde permanente.La conception de cette application s’appuie sur trois services de base. L’un d’eux permettantl’identification des véhicules se trouvant à proximité en réalisant une cartographie en tempsréel du voisinage ; le deuxième l’authentification et l’évaluation du niveau de confiance desvéhicules participant au service de sauvegarde ; et le troisième la sauvegarde coopérative desdonnées recueillies par le véhicule source en utilisant des codes d’effacement d’erreurs quisont bien adaptés pour préserver la disponibilité et la confidentialité des données. Unprototype expérimental a été développé pour valider ces principes dans un laboratoire quiest instrumenté pour reproduire les caractéristiques d’un environnement réel, à échelleréduite. Le prototype est constitué d’ordinateurs portés par des robots mobiles, qui sontéquipés d’un système de localisation et de cartes WIFI 802.11 avec des atténuateurs de signal.La salle d’expérimentation est équipée d’un système de localisation en temps réel basé sur unsystème de capture de mouvement à partir de caméras infrarouge. Une vidéo illustrant cetteexpérimentation est disponible sur http://theresumeexperience.blogspot.com/.

LE FONCTIONNEMENT D’UNE BOÎTE NOIRE DISTRIBUÉE BASÉESUR UNE SAUVEGARDE COOPERATIVE DES DONNÉES

LA PLATEFORME EXPÉRIMENTALE ARUM, CONSTITUÉED’ORDINATEURS PORTÉS PAR DES ROBOTS MOBILES

Marc-Olivier Killijian, [email protected]@

D O S S I E R Sû r e t é d e f on c t i on n emen t i n f o r ma t i qu e

tiques de sûreté de fonctionnement des appli-cations à différents niveaux d’abstraction. Unetelle approche a été conçue pour maîtriser lacomplexité en proposant une décompositionmulti-couches du système et une évaluationpar composition de résultats issus de modèlesanalytiques, de simulations ou d’évaluationsexpérimentales. Une attention particulière aété consacrée à la prise en compte de façoncombinée des caractéristiques de l’environne-ment et des scénarios de mobilité en plus desconséquences des défaillances des systèmesmis en jeu. Les travaux du LAAS ont concernéla définition conceptuelle de cette approche etson application à plusieurs cas d’études parmilesquels un système d’autoroute automatisée,une boîte noire virtuelle distribuée.Concernant le test, les travaux ont conduit à ladéfinition d’une méthode de test guidée pardes scénarios. Pour décrire les interactionsdans un contexte mobile, des extensions ontété apportées aux langages de scénarios clas-siques, notamment l’adjonction d’une vuespatiale sous forme de graphes étiquetés. Dela sorte, on représente explicitement nonseulement les communications entre nœuds,mais aussi l’évolution des configurationsspatiales du système due à la mobilité. Unalgorithme a également été développé pourpermettre l’analyse automatique des tracesd’exécution des tests. Ces travaux ont étémenés en particulier par le LAAS en collabora-tion avec l’université de Budapest dans lecadre d’une thèse en co-tutelle. �

C o n t a c t

Mohamed Kaâniche, [email protected]

@

Une boîte noire virtuelledistribuée pour l’automobile

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Lannonce du grand Prix de l’Académiedes sciences en Informatique m’a faitextrêmement plaisir. D’abord du fait de

l’énoncé du Prix qui récompense l’ensembledes travaux d’une personnalité scientifiquedans un laboratoire français, qui a contribué demanière exceptionnelle au dynamisme et aurayonnement de la recherche en informatiquetout en établissant une coopération remar-quable avec l’industrie. Ensuite, le moment dema vie où ce Prix vient : je suis à quelques moisde la fin officielle de mon activité profession-nelle, même si dans les faits elle se prolongerapar un éméritat. Ce prix salue donc l’ensemble de la vie profes-sionnelle d’un chercheur. La Lettre du LAASm’ayant ouvert ses colonnes, je saisis cetteoccasion pour revenir sur ma vie de chercheur.Après un bref résumé, j’aborde successivementcontributions scientifiques, relations indus-trielles, tâches de direction, projets européens,place dans la communauté internationale,tâches d’enseignement, et bien sûr le CNRSqui m’a permis de vivre cette vie passionnante.Plutôt qu’une relation factuelle, j’ai choisi demettre l’accent sur les principes qui m’ont guidéet les enseignements que j’ai tirés, et donc dedégager, ce faisant, ma vision du métier dechercheur.Tout commence lorsque, en troisième année del'ENSICA, je réponds à une offre, par deux demes professeurs, Alain Costes et ChristianDurante, de thèse de docteur-ingénieur auLAAS sur la commande d'attitude de satellitesgéostationnaires par propulsion ionique. C’estpour moi l’occasion de goûter un peu à larecherche, avant d’aller dans l’industrie. Maisj’attrape le virus de la recherche : le LAAS estalors récemment créé, et son fondateur JeanLagasse sait insuffler de l’enthousiasme ! Unefois ma thèse soutenue, et le service militaireaccompli comme Appelé scientifique du contin-

Toute une vie de chercheur

gent, je réussis le concours d’entrée au CNRS.Je m’oriente alors vers la sûreté de fonctionne-ment informatique qui sera l’objet de ma thèsed’État, soutenue en 1975, et vers lequel j’en-traîne des chercheurs qui m’entourent. Jedeviens, fin 1975, responsable de ce qui sera legroupe de recherche Tolérance aux fautes etsûreté de fonctionnement informatique (TSF)du LAAS. En 1992, la pratique depuis 1971 desrelations industrielles me permet de fonder leLIS, Laboratoire d’ingénierie de la sûreté defonctionnement, laboratoire commun réunis-sant le LAAS, Matra Marconi Space (devenudepuis Astrium) et Technicatome (devenudepuis Areva-TA), auxquels se joignent, en1996, l’Aérospatiale (aujourd’hui EADS Airbus),EDF et Thomson-CSF (aujourd’hui Thales). Jeconduis le LIS, et toujoursle groupe TSF, jusqu’à fin1996 et ma nomination dedirecteur du LAAS, fonc-tion que j’exercerai durantsix ans. Après ce mandat,les années 2003 et 2004ont été dominées par l’or-ganisation du Congrèsmondial de l’informatique,qui s’est tenu à Toulouseen Août 2004, et qui arassemblé 1200 partici-pants. J’ai ensuite cons-titué le Réseau d’excel-lence européen ReSIST (Resilience forSurvivability in Information SocietyTechnologies), que j’ai coordonné de janvier2006 à mars 2009.L’intérêt et l’importance de la sûreté de fonc-tionnement informatique n’ont fait que serenforcer au fil du temps, même si l’évolutionscientifique et technologique a naturellementinfluencé le cours des travaux. Les sources dedéfaillance prédominantes ont évolué despannes matérielles aux défauts logiciels,

complétés depuis l’ouverture des systèmesinformatiques par les attaques malveillantes et,en raison de la complexité des systèmesactuels, par les erreurs de configuration. Lasûreté de fonctionnement informatique est doncun domaine aussi durable que l’informatiqueelle-même, et offre des opportunités sans bornetemporelle pour qui sait évoluer.

Les contributions scientifiquesLa source majeure de la notoriété qui m’estaccordée réside dans la structuration et laformulation des concepts de base de la sûretéde fonctionnement et de la terminologie asso-ciée. La sûreté de fonctionnement, définiecomme la délivrance d’un service de confiancejustifiée, est vue comme un concept intégrateur,

structuré en attributs (fiabi-lité, disponibilité, sécurité,confidentialité, intégrité,maintenabilité), en moyens(prévention, tolérance,élimination, prévision desfautes), et en entraves(fautes, erreurs,défaillances). Cette vue estmaintenant la référence, enFrance et dans la commu-nauté internationale. Lesnombreuses référencesaux articles et communica-

tions que j’ai produits à ce propos depuis 1982,et l’ouvrage en cinq langues (anglais, français,allemand, italien et japonais) intituléDependability : Basic Concepts andTerminology, que j’ai publié chez Springer-Verlag en 1992 en sont le signe. Et de façonencore plus significative, le changement denom des principales conférences du domaine,qui ont substitué dependability (sûreté de fonc-tionnement en anglais) à fault tolerance, qu’ils’agisse de la conférence phare (Fault-TolerantComputing Symposium, devenue Conference

Même s’il n’en fournitpas toutes les

conditions matériellessouhaitables, le CNRSpermet de tracer uneroute scientifique, en

toute libertéacadémique

J E A N - C L AU D E L A P R I E , G R A N D P R I X 2 0 0 9D E L ’ A C A D É M I E D E S S C I E N C E S E N I N F O R M AT I Q U E

MA THÈSE DEDOCTEUR INGÉNIEURÉTAIT POUR MOIL’OCCASION DEGOÛTER UN PEUÀ LA RECHERCHE,MAIS J’AI ATTRAPÉLE VIRUS

D O S S I E R Sû r e t é d e f on c t i on n emen t i n f o r ma t i qu e

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Paul Blanquart d’Astrium ou Pascal Traversed’Airbus.

Les collaborationsindustriellesAllier spéculations scientifiques au meilleurniveau international et concrétisations technolo-giques par des relations industrielles a été lestyle du LAAS depuis sa fondation. Ainsi, lesrecherches conduites au LAAS dépassent lascission schématique entre recherche fonda-mentale et recherche appliquée, étant les deuxà la fois. Elles allient, selon le modèle duQuadrant de Pasteur, quête de compréhensionfondamentale et souci d’utilisation, et contri-buent de ce fait tant à la science qu’à la tech-nologie.

J’ai conduit des travauxcoopératifs avec l’indus-trie dès 1971, et de façoncontinue depuis lors, lespartenaires industrielscouvrant de nombreuxsecteurs d’activité. J’aiégalement eu une impor-tante activité d’ingénieur-conseil, en France et àl’étranger, pour la NASApar exemple. Ces rela-tions recherche-industrieont culminé avec la créa-tion du LIS. Le LIS a cons-titué une expérience

hautement enrichissante, du point de vue orga-nisationnel, par l'accueil dans un environne-ment académique d'ingénieurs de l'industriepour des activités de recherche, mais aussid'un point de vue scientifique, par l'enjeu queconstitue l'ingénierie de la sûreté de fonctionne-ment informatique. En particulier, l'action pluri-disciplinaire entreprise avec des ergonomescogniticiens pour la tolérance aux fautes d'inte-raction homme-système a largement contribuéà cet enrichissement, une fois surmontées lesdifficultés inhérentes à la pluridisciplinarité lors-

on Dependable Systems and Networks), ou desconférences régionales (Europe, zonePacifique, Amérique du Sud). Enfin, le carac-tère intégrateur de cette vue a beaucoupcontribué à la structuration des activités de lacommunauté, et à son rapprochement avecd’autres, en particulier celles des méthodesformelles et de la sécurité informatique. Jepoursuis cette activité, en collaboration avecdes collègues et amis américains et britan-niques, Al Avizienis de UCLA et Brian Randellde l’Université de Newcastle upon Tyne. Mes autres contributions ont porté sur l’évalua-tion probabiliste de la sûreté de fonctionnementdes systèmes, avec un fort accent sur la fiabilitédu logiciel, et sur la tolérance aux fautes logi-cielles. J’ai développé ces travaux en collabo-ration avec d’autres chercheurs du groupe TSF,tout en maintenant une production scientifiquepersonnelle. J’ai toujours considéré qu’autant ilest naturel que nombre de publications soientco-signées, sous réserve bien sûr que tous lesco-auteurs aient contribué de façon effectiveaux résultats présentés (ne pas confondre co-signature et remerciements !), autant il estessentiel que tout chercheur publie sous sonseul nom. Je suis ainsi seul auteur d’un bonquart de mes 172 articles dans des revuesscientifiques, communications dans des actesde congrès, chapitres d’ouvrages, ouvrages (laproduction totale du groupe lorsque j’en étaisresponsable a été de 309 articles de revues etcommunications dans des actes). De même, entant que responsable de groupe, j’ai naturelle-ment insufflé des thèmes de recherche auxquinze chercheurs concernés, tout en leurménageant la possibilité de tracer leur propreroute scientifique, ce que plusieurs d’entre euxont fait avec succès, et je me suis toujoursrefusé à établir une structure hiérarchique entreles chercheurs. Le groupe TSF s’est, au fil dutemps, affirmé comme un acteur de toutpremier rang au sein de la communauté natio-nale et internationale de la recherche en sûretéde fonctionnement des systèmes informa-tiques. Je ne résiste pas au plaisir de citer le

LA SÛRETÉ DE FONCTIONNEMENT INFORMATIQUE EST UN DOMAINEAUSSI DURABLE QUE L’INFORMATIQUE ELLE-MÊME

jugement porté par le Comité scientifique duLAAS en octobre 1996, alors que j’allais quitterla responsabilité du groupe pour prendre ladirection du laboratoire :

“L’avis du Comité sur la présentation dugroupe Tolérance aux Fautes et Sûreté deFonctionnement Informatique est assezfacile à formuler, car ce qui nous a étéprésenté a reçu l’adhésion de tout unchacun sur le niveau et la qualité de cegroupe qui est le premier européen et peut-être mondial dans son domaine [...] Legroupe est un point extrêmement fort duLAAS et tout le monde se félicite de l’actionqui est menée tant au niveau du groupequ’au niveau du laboratoire commun LIS”.

Ce qui précède ne signifie nullement que je n’aipas de regrets, celui en particulier de ne pasavoir su dégager letemps nécessaire àl’approfondissement decertains de mes résul-tats de nature théoriquesur l’évaluation probabi-liste de la fiabilité et dela disponibilité des logi-ciels. L’éméritat m’enfournira peut-être l’oc-casion.Je salue les chercheursdu groupe TSF avec quij'ai vécu ces années, enparticulier ceux avecqui j’ai rédigé des publications scientifiques :Jean Arlat, Christian Beounes, prématurémentdisparu en 1993, Alain Costes, Yves Crouzet,Yves Deswarte, Jean-Charles Fabre, MohamedKaâniche, Karama Kanoun et David Powell.Une activité importante d’un chercheur est l’en-cadrement de doctorants, par la démultiplica-tion des idées qu’ils apportent. Comme touterelation scientifique et humaine, elle s’accom-pagne de variété. Je continue à entretenir desrelations, scientifiques et amicales, avecplusieurs de mes anciens doctorants, tels Jean-

Allier spéculationsscientifiques au meilleurniveau international et

concrétisationstechnologiques par desrelations industrielles a

été le style du LAASdepuis sa fondation

D O S S I E R Sû r e t é d e f on c t i on n emen t i n f o r ma t i qu e

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qu’elle associe des parcours et des cultures fortdifférents. Le travail en commun commence pardes échanges verbaux, nécessaires pour lacompréhension mutuelle. Cette compréhensionverbale apparemment acquise, l’étapesuivante, c’est-à-dire l’écriture conjointe, révèleen fait que la moitié du chemin seulement a étéparcourue !

La direction du LAASLa direction d'un laboratoire de la taille duLAAS (180 chercheurs et enseignants-cher-cheurs, 170 doctorants, 25 post-doctorants, 95ITA, lors de mon mandat) fut une activité fortprenante. En termes d'actions d'ensemble, j'aiconduit la production d'un plan de développe-ment à cinq ans, ainsi que l'analyse des forces,faiblesses, opportunités et menaces, analyserendue publique. J'ai rassemblé les compé-tences du laboratoire dans deux domainesjusque-là disjoints, la communication multi-média et les microsystèmes, pour aboutir à ladéfinition d'une plate-forme de télé-ingénieriecoopérative en développement de microsys-tèmes, projet retenu dans le cadre du Contratde Plan État-Région 2000-2006, et qui apermis la rénovation et l’extension de la salleblanche, poursuivies par la suite. Afin de favo-riser les dialogues scientifiques au sein duLAAS, les activités du laboratoire ont étédécrites selon trois axes transdisciplinaires,Communication, Protection, Intégration, axesorthogonaux aux trois domaines disciplinairestraditionnels du laboratoire, l’Automatique,l’Informatique, la Microélectronique. En termes d’organisation, j’ai bien sûrconservé ma conviction des méfaits des struc-tures inutilement hiérarchisées, convictionrenforcée par les résultats de la sociologie desorganisations. Je ne résiste pas, à ce propos, àciter un précédent directeur du départementdes Sciences pour l’ingénieur du CNRS,Michel Combarnous, qui, en assemblée géné-rale du LAAS, rappela que “dans la recherche,contrairement à l’armée ou à la SNCF, on peutparler à plus de quatre ou cinq personnes” ! Entant que directeur, je me suis considéré commele “primus inter pares” des chercheurs, tout enaccordant une attention soutenue aux ITA qui,du fait de l’attachement de leurs postes aulaboratoire, dépendent eux hiérarchiquementdu directeur, ce dernier ayant alors uneinfluence sur leur déroulement de carrière.J’espère qu’avec Augustin Martinez, directeur-adjoint avec qui l’entente fut parfaite, nousavons perpétué la fierté des personnels duLAAS de faire partie d’un laboratoire d’excep-tion.

Les projets européensLa coordination de ReSIST fut une autregrande expérience, extrêmement prenante etvariée, comportant des volets scientifiques, dedirection d’un ensemble composite de cher-cheurs et d’administration de la recherche. Jene m’attarde pas sur ReSIST, qui fait l’objetd’un autre article de cette Lettre, mais j’aime-rais mentionner l’aide précieuse que m’aapportée Karama Kanoun dans sa conduite.Je saisis cependant l’occasion pour aborderles projets européens dans leur ensemble. J’aiparticipé dès le premier programme-cadre ànombre d’entre eux, et en ai co-dirigé, ou dirigé

comme ReSIST, plusieurs. Malgré la lourdeuradministrative qu’ils entraînent, ils offrent unchamp de collaboration nettement plus vaste etplus stimulant que les projets purement natio-naux. Ils sont de plus devenus une des raressources de financement appréciable. Lesprojets nationaux, tels que ceux financés parl’ANR, n’accordent qu’un soutien financierlimité aux coûts marginaux induits, faisant l’hy-pothèse que l’environnement scientifique ettechnique des chercheurs participants estcouvert par leurs institutions-mères, pour nousle CNRS, ce qui est loin de correspondre à laréalité.

La communauté internationaleL’implication dans la communauté internatio-nale fait partie intégrante de la vie d’un cher-cheur. Voyager donc également, que ce soitpour présenter et soumettre à la critique sesrésultats, échanger avec des collègues lors decongrès, gagner l’organisation d'autrescongrès, ou pour l’exercice de responsabilitésinternationales. Certains collègues deviennentau fil du temps de réels amis, comme, outre AlAvizienis et Brian Randell déjà mentionnés, BillCarter d’IBM Research, qui nous a malheureu-sement quittés en 1995, Marie-Claude Gaudeldu LRI, Hermann Kopetz de l’Université deVienne, ou John Meyer de l’Université duMichigan à Ann Arbor.

J’ai organisé plusieurs congrès internationaux.Le premier, en 1978, 7e Fault-Tolerant Compu-ting International Symposium, témoigne denotre visibilité précoce. Je l'ai organisé denouveau à Toulouse en 1993. Faire partie d’uncomité des programmes d’une conférenceinternationale ou, a fortiori, le présider, est à lafois gratifiant par la reconnaissance qui y estassociée, et exigeant par le volume de travailque cela implique pour l’expertise des soumis-sions. Ce travail a cependant une récompensedifficilement égalable : la connaissanceacquise grâce aux discussions pour la sélec-tion des soumissions lors des réunions descomités. Ces discussions participent aussi àconstituer et à souder les communautés. Je nepeux de ce point de vue que regretter la

tendance actuelle, du fait de la pression finan-cière, à substituer aux réunions physiques desréunions virtuelles, électroniques, aux discus-sions et aux relations sociales nettement moinsriches.Les voyages ne se limitent pas, ou nedevraient pas se limiter, à des courtes durées,et donner lieu également à des séjoursprolongés dans des institutions étrangères afinde se confronter de façon approfondie à d’au-tres expériences, à d’autres cultures. J’ai faitde tels séjours au Brésil, à Singapour, et àplusieurs reprises aux États-Unis, qui se sonttoujours avérés fructueux, par la confrontationapprofondie avec d’autres expériences, d’au-tres cultures. J’ai de ce point de vue fortementapprécié l’expérience d’enseignement à UCLA,où j’ai séjourné neuf mois comme InvitedVisiting Professor.J’ai eu assez tôt des responsabilités internatio-nales. Président en 1984-1985 du comité tech-nique Fault-Tolerant Computing de l'IEEEComputer Society, j’ai été le premier présidentnon nord-américain d'un comité technique del'IEEE. L’essentiel de ces responsabilités s’estcependant exercé au sein de l’IFIP(International Federation for InformationProcessing) ; présidence du groupe de travail10.4 Dependable Computing and FaultTolerance de 1986 à 1995 puis du comité tech-nique 10 Computer System Technology de1996 à 2002 ; vice-présidence de la fédérationde 2002 à 2008. Les réunions informellessemestrielles du groupe de travail 10.4, dont jesuis membre fondateur, sont toujours sourcede discussions approfondies, et parfoispassionnées. Des invités occasionnels les ontsouvent déclarées vivifiantes. Je crois y avoiréprouvé certaines de mes plus grandes joiesintellectuelles.

L’enseignementAutre volet de la palette des divers aspects dela vie d’un chercheur, l’enseignement. Il permetbien sûr de transmettre des connaissances,nécessite de les synthétiser et offre la possibi-lité de recruter des doctorants. J’ai ainsienseigné dans les universités de Toulouse etde Compiègne et encore aujourd’hui dans desécoles d’ingénieurs, notamment Sup’Aéro,l’ENSICA, l’école de mes débuts, et l’ENSEIRBà Bordeaux. Bien que le CNRS n’y oblige nulle-ment, un chercheur qui n’enseignerait pas estpour moi un mystère !

A propos du CNRSJ’en viens au CNRS justement. Il m’a permisde vivre une vie passionnante. Même s’il nefournit pas toutes les conditions matériellessouhaitables, il permet, à qui veut s’en donnerla peine, de tracer une route scientifique, entoute liberté académique. Personne ne m’aenjoint d’entreprendre des recherches ensûreté de fonctionnement informatique ! LeCNRS a su reconnaître mes résultats, dans ledéroulement de ma carrière comme en medécernant la Médaille d’argent de la Recherchescientifique, distinction qui m’est la plus chèrede celles que j’ai reçues, avec bien sûr le Prixde l’Académie des sciences. �

JEAN-CLAUDE LAPRIE

L’IMPLICATION DANS LA COMMUNAUTÉINTERNATIONALE FAIT PARTIE INTÉGRANTE

DE LA VIE D’UN CHERCHEUR

D O S S I E R Sû r e t é d e f on c t i on n emen t i n f o r ma t i qu e

[email protected]@

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L edéfi pources réseauxde capteurs estassocié à leur longé-vité énergétique dans lamesure où l’on vise uneautonomie de 40 ans, inaccessibleavec les batteries actuelles. L’option technolo-gique proposée par le LAAS est d’exploiterl’énergie disponible dans l’environnement prochedu capteur, thermique et vibratoire, et de gérer aumieux, par la conception d’une électroniquespécialisée, son utilisation et son stockage, princi-palement capacitif et électrochimique. L’énergieprovenant des vibrations mécaniques de la struc-ture de l’avion sera récupérée grâce à un trans-ducteur piézoélectrique, et les gradients detempérature lors des phases d’ascension et dedescente de l’avion seront exploités grâce à desthermo éléments. En parallèle et dans unedémarche de conception de systèmes fonction-nels, des circuits de traitement et de gestion del’énergie spécialisés sont conçus en utilisantcomposants commerciaux très basse consomma-tion et en minimisant le volume de l’électronique. �

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C es capteurs distribués laissent entre-voir l’espoir d’acquérir des mesuresen grand nombre, en continu et de

façon peu invasive, voire invisible, et de commu-niquer en temps réel les informations recueilliesen vue d’assurer une fiabilité accrue sur l’état d’unsystème, et d’intégrer sécurité et intelligence dansles équipements. Les domaines d’applicationssont multiples, les mieux identifiés étant la santé,le génie civil, le suivi industriel, l’aéronautique, ladéfense et la sécurité.La perspective de développer une intelligenceambiante requiert d'importantes innovations dansla conception et l'intégration technologique demicro sources d’énergie afin d’assurer une auto-nomie énergétique aux capteurs sur de longuesdurées. Les efforts de recherche sont effectués àplusieurs niveaux. La réalisation de dispositifsélémentaires de récupération de l'énergie à partir

Grâce aux avancées destechniques d'intégration et destechnologies de communicationsans fil, le concept de réseau decapteurs autonomescommunicants sans fil oud'objets intelligents distribuésest en pleine émergence etsuscite des espoirs importantspour grand nombred’applications. Encore faut-illes pourvoir, pour garantirleur autonomie sur de longuesdurées, de micro sourcesd’énergie de rayonnement solaire, de vibrations, de diffé-

rence de température... ; puis la conception dedispositifs de stockage énergétique tels que dessuper-capacités, des batteries ou des piles àcombustibles miniaturisées. Il faut ensuite conce-voir des architectures pour la gestion de l'énergieembarquée et procéder à la miniaturisation ultimede ces systèmes embarqués autonomes. Le LAAS est impliqué dans cet axe de recherchedans le cadre d’un projet financé par la FondationRecherche Aéronautique et Espace, AUTOSENS.L’objectif est de concevoir et d’intégrer un microsystème de gestion de l’énergie basé sur la récu-pération d’énergie ambiante pour alimenter uncapteur sans fil destiné à la surveillance d’unestructure aéronautique. L’ambition est deremplacer les liaisons filaires actuellementdéployées dans les avions, qui représententplusieurs centaines de km dans les gros porteurstel l’A380. Or, ces équipements ont des inconvé-nients majeurs en termes de flexibilité, de coûtimportant lors de la mise en œuvre, et de difficultéde mise en place.

V E R S D E S C A P T E U R S AU TO N O M E S P O U R L AS U R V E I L L A N C E D ’ AV I O N S E N VO L

C o n t a c t

Carole Rossi, [email protected]

@

UN RÉSEAU DECAPTEURS POURLE CONTRÔLED’UN AVION

LE SCHÉMA ET LA PHOTO PAR MICROSCOPIE ÉLECTRONIQUE REPRÉSENTENTLE SYSTÈME DE RÉCUPÉRATION D’ÉNERGIE À PARTIR DE VIBRATIONS MÉCANIQUES

Des microsystèmes de gestion de l’énergie

A C T U A L I T É S C I E N T I F I Q U E

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Une méthode originale de dépôt loca-lisé de polymère liquide thermodur-cissable a été récemment déve-

loppée au laboratoire à partir de Bioplume (voirp. 19 et 23) pour fabriquer des matrices demicrolentilles. La taille des lentilles peut êtreajustée avec le temps de contact de la plumesur la surface (image 1). Les lentilles réaliséesprésentent des formes hémisphériques ainsique des rugosités extrêmement faibles(Ra < 0.3 nm), car le principe du dépôt reposeuniquement sur l’équilibre des tensions desurface. Par ailleurs, les focales accessibles sesituent dans la gamme [40-160μm] et les aber-

C o n t a c t

Véronique Bardinal, [email protected] Pourciel, [email protected]

@

Des microplumes pour fabriquerdes microlentilles en polymères

rations optiques mesurées par interférométrieMach-Zehnder s’avèrent très faibles (aberra-tions RMS < /14), ce qui les place au meilleurniveau international. En effet, ces propriétéssont comparables à celles obtenues avec lestechnologies de dépôts par jets d’encre. Cette nouvelle technique est actuellement appli-quée à la mise en forme des faisceaux lasersdes lasers à cavité verticale à émission par lasurface (VCSELs) en exploitant en particulier lespropriétés d’auto-alignement de ces lentilles surdes motifs cylindriques de résine SU-8 prédé-finis par photolithographie sur la surface descomposants (image 2).

SYSTÈME DE DÉPÔT MATRICIELBASÉ SUR L’UTILISATION D’UN HEXAPODE (PI)

MICROSILLONS GRAVÉS DANS DU SILICIUM(MICROSCOPIE ÉLECTRONIQUE) UTILISÉS COMME

MICROMIROIRS À 2 FACETTES.DES CELLULES VIVANTES RENDUES FLUORESCENTES

CIRCULENT DANS CES TRANCHÉES. ON OBTIENT (VUEDU BAS) 3 POINTS FLUORESCENTS DONT LES 2IMAGES RÉFLÉCHIES DE PART ET D'AUTRE DE LA

CELLULE CENTRALE. ON RECONSTRUIT AINSI UNESCÈNE EN 3D AVEC UNE SEULE CAMÉRA

D'ACQUISITION (ÉCHELLE 20 μM).

(lire aussi p. 31)

MATRICES DE MICROLENTILLES AUTO-CENTRÉESSUR DES MICROPILIERS DE SU-8

(INSERT : IMAGE MEB D’UNE LENTILLESUR MICROPILIER DE 30μM)

IMAGE DE MICROSCOPIE ELECTRONIQUEÀ BALAYAGE (MEB) DE MICROLENTILLESDÉPOSÉES SUR UNE SURFACE DE RÉSINE

PHOTOSENSIBLE SU-8 POUR TROIS DE TEMPSDE CONTACT CROISSANTS

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L e LAAS a proposé une méthodeoptique originale s’appuyant sur lestechnologies de microfabrication de

la microélectronique. Sur des surfaces de sili-cium, nous avons gravé des sillons en formede V dont la base mesure 10 à 50 μm. Cesmicrosillons sont recouverts de métal afin d'ob-tenir des miroirs à facettes, qui, à la manière dekaléidoscopes, permettent de voir simultané-ment un objet sous plusieurs angles. Enplaçant ces miroirs au contact de cellulesvivantes, nous sommes parvenus à observersimultanément la cellule elle-même, mais aussideux réflexions à travers chacun des miroirs,puis, en recombinant ces trois vues par traite-ment du signal, nous avons pu reconstruirel’objet correspondant en 3D. Cette méthodeprésente l'avantage d'être peu coûteuse enlumière et très rapide en vitesse d'acquisition.

Microsillons en siliciumpour l’imagerie 3D en biologie cellulaire

C o n t a c t

Aurélien Bancaud, [email protected]

@

Nous avons en particulier pu décortiquer lemouvement de l'ADN dans une cellule vivanteavec une grande sensibilité temporelle. Nousespérons exploiter ce dispositif pour d’autresapplications en biologie en utilisant d’autrestypes de cellules, plus petites comme lesbactéries ou plus grandes comme les cellulesde mammifères dans le cadre de la recherchemédicale par exemple. Ce projet combinantdes savoir-faire en microélectronique, enoptique et en biologie, montre que les biotech-nologies, qui ont déjà connu de nombreuxsuccès avec les biopuces, trouvent encore desdébouchés originaux, ici en imagerie cellulaire3D. �

La vidéo-microscopie est un domaine très actif en biologie, car il permetd’observer en temps réel les processus du vivant avec une excellenterésolution spatiale et temporelle. Les images actuellement capturéessont des vues projetées en 2D. Développer des méthodes d’imagerierapides et adaptées à la reconstruction en 3D est le défi relevé.

D’autre part, il est tout à fait possible d’étendrele champ d’application et les performances decette technique en utilisant des plumes de plusgrande taille ainsi que des systèmes de posi-tionnement plus performants de type Hexapode(Image 3). �

A C T U A L I T É S C I E N T I F I Q U E

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ITAV, mais aussi la formation, au sein del’équipe antenne pluridisciplinaire Bionanoregroupant ses équipes impliquées et l’INSA àtravers la plateforme Biopuces (GénopoleToulouse Midi-Pyrénées). Les projets à fortpotentiel de valorisation en bionanotechnolo-gies vont ainsi pouvoir bénéficier de l'ensembledes moyens mis à disposition par l’ITAV. Unsecond appel d’offre est prévu dans les moisqui viennent. Côté pépinière, les startups Ederna, et Dendrisqui développe des biopuces pour le diagnosticde maladies, ont déjà investi les lieux. D’autresentreprises aimeraient profiter de cet environ-nement en grande proximité avec le milieu dela recherche, environnement qu'investirontdans les prochains mois les laboratoiresSanofi-Aventis et Pierre-Fabre, puis la cliniqueuniversitaire du cancer. Le prochain tour desélection est prévu mi-décembre. L'ambitieuxprojet du centre Pierre-Potier ITAV confirme làtout son sens et trouve sa réalité. �

L e Centre Pierre-Potier ITAV1 a étéinauguré le 18 novembre dernier parPierre Cohen, député-maire et prési-

dent du Grand Toulouse, sur le site duCancéropôle Toulouse Campus Cancer qu'ilpréside également. Ce premier bâtimentpublic, sur ce site de 70 hectares dans le quar-tier de Langlade à Toulouse, réunit en unmême lieu un institut de recherche, l'ITAV, dotéde trois plateformes de haute technologie, etune pépinière d’entreprises. Initiée et coor-donnée par Alain-Michel Boudet, professeur àl’Université Paul Sabatier, l'idée est née dedeux volontés complémentaires : promouvoirl’interdisciplinarité de la recherche en sciencesdu vivant et décloisonner les recherchespubliques et privées afin de faciliter le transfertdes technologies. Le concept est celui d’unhôtel à projets interdisciplinaires. Il a reçu lesoutien de l’Europe, de l’Etat et des collecti-vités territoriales ainsi que de l’université PaulSabatier, de l’INSA de Toulouse et du CNRS. Dirigée par Martine Knibiehler, ingénieur derecherche au CNRS, la partie recherche del’ITAV, ITAV-recherche, est entièrementconcentrée sur la mise en œuvre de recher-ches interdisciplinaires dans le domaine de lasanté. Plusieurs équipes du LAAS, naturelle-ment parties prenantes dès la genèse duprojet, se sont présentées au premier appel àprojets scientifiques en 2007. Quatre ont étéretenus sur les six proposés : - Alma sur l’algorithmique du mouvement et

des interactions macromoléculaires ; - Nutripuce sur un microsystème de mesure

pour le diagnostic biochimique des maladiesmétaboliques ;

- Hit-Chip sur des biopuces diffractantes pourle criblage pharmacologique à haut débit ;

- Nanomultiplex sur des études systématiquesde biomolécules uniques organisées en

réseaux ordonnées par nanolithographiedouce.

Pour mener à bien les projets retenus, leséquipes de recherche jouissent de trois plate-formes technologiques aux équipements trèsperformants. L'une, consacrée à l’imagerie,dispose d’un système confocal multiphotonspermettant l’observation en 3D, in vitro ou invivo sur petit animal, des mécanismes cellu-laires. La plateforme de chimie de synthèse estdotée d’un automate de synthèse parallèlepour le criblage à haut débit de moléculesorganiques, d’un synthétiseur d’oligonucléo-tides et d’une HPLC (Chromatographie enphase liquide à haute-performance) couplée àun spectromètre de masse Q-Tof. Enfin, Laplateforme de bionanotechnologies, que leLAAS a hébergée deux ans jusqu’à son trans-fert en juillet dernier à l’ITAV, est équipée dedeux microscopes à force atomique AFM-bio,d’une microbalance à quartz multicanaux etd’un système d’analyse sans marquage SPRi(Imagerie de résonance plasmodique desurface). Le LAAS apporte donc sa connaissance scien-tifique et technologique au centre Pierre-Potier

C A N C É R O P Ô L E - TO U L O U S E C A M P U S C A N C E R

Le LAAS, artisan du Centre Pierre-Potier ITAV

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C o n t a c t

Christel Martin-Cerclier, [email protected]

@

LE BÂTIMENT DE 5000 M2 QUI ABRITE LE CENTRE PIERRE-POTIER ITAVEST LE PREMIER À ÊTRE INAUGURÉ SUR LE NOUVEAU SITE DU CANCÉROPÔLE TOULOUSE CAMPUS CANCER

LORS DE L’INAUGURATION DUCENTRE PIERRE-POTIER ITAV,ALAIN-MICHEL BOUDET,L’INITIATEUR DU PROJET(AU CENTRE) ET MARTIN MALVY,PRÉSIDENT DU CONSEIL RÉGIONALDE MIDI-PYRÉNÉES (À DROITE)PRÈS DE LA PLATEFORMEBIONANOTECHNOLOGIESPRÉSENTÉE PARCHILDERICK SÉVERAC, INGÉNIEURDE RECHERCHE AU LAAS

1 Institut des technologies avancées en sciences du vivant

A C T U A L I T É S C I E N T I F I Q U E

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I N N O V A T I O N

A près une thèse au LAAS, cofinancéepar Airbus dans le cadre d’uneconvention CIFRE, commencée en

1998 autour de l’automatique non linéaire, etappliquée à un schéma de contrôle pour l’avion ausol, Fabrice Villaumé a proposé en 2002 ceschéma avec de nouvelles fonctions quisemblaient prometteuses. L’une d’entre elles asuscité l’intérêt car elle était susceptible de désen-gorger les aéroports en réduisant le temps d’oc-cupation de la piste des avions lors de l’atterris-sage : le système Brake-to-Vacate. Ce dispositifd’aide au pilote régule de manière optimale le frei-nage de l’avion en fonction de la bretelle de sortiede piste qu’il empruntera. La fonction ROPS aégalement retenu l’attention car elle concerne laprévention du risque de sortie de piste. En effet,elle évalue en temps réel ce risque lors de laphase finale de l’atterrissage et lors de la phasede freinage grâce à l’alerte de l’équipage si néces-saire, capable dés lors de prendre rapidement lesdécisions appropriées. Les sorties de pistes repré-sentent aujourd’hui le premier risque d’accidentsaériens, soit 20 % des accidents constatés en2008 avec une tendance croissante confirméelors des dix dernières années.En prévision d’une démonstration concrète etavec l’accord des dirigeants d’Airbus, le travail très

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Le parcours de Fabrice Villaumé, ingénieur de l’ENAC1 etancien doctorant au LAAS, a déjà été évoqué dans la lettre duLAAS2. La certification toute récente par l’EASA3 des systèmesBrake-to-vacate, BTV, et Runway Overrun Prevention System,ROPS, équipant désormais, en option, l’Airbus A380, mériteun retour sur une histoire remarquable, depuis le sujet derecherche appliquée de sa thèse jusqu’à la certification de cesdispositifs.

personnel de la thèse a laissé la place à unephase de travail en équipe intégrée, passageobligé de la théorie à la phase opérationnelle. Lessystèmes BTV et ROPS ont été conçus par uneéquipe internationale à Toulouse et Filton, auRoyaume-Uni. En exploitant le système de posi-tionnement GPS installé sur l’A380 et les basesde données aéroportuaires contenues dans le“On-Board Airport Navigation System” (OANS),combinés avec le pilote automatique et le systèmede freinage automatique classique, appelé “Auto-Brake”, le système BTV donne aux pilotes unevisibilité en temps réel sur les distances opéra-tionnelles réalistes de freinage. Il rend alorspossible la sélection d’une bretelle de sortie attei-gnable sur la piste. Il permet aussi l’évaluationopérationnelle en vol des distances d’atterrissageau cours de la phase d’approche. Dès lors que lepilote a choisi une bretelle de sortie, le systèmeindique le temps estimé d’occupation des pistes etles délais minimums avant d’entreprendre le volsuivant. Au cours de la phase d’atterrissage ulté-rieure, et selon les conditions potentielles d’adhé-rence de la piste (piste humide ou sèche), la décé-lération de l’appareil est automatiquement réguléede telle manière qu’il atteigne la sortie choisie à lavitesse appropriée.

Décélération de l'avion modulée,confort des passagersLe système BTV a été installé sur un A340-600pour une campagne d’essais qui a débuté en2004, à Toulouse puis, après affinage du proto-type, à l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle en

2005. L’immersion dans le trafic, répétée au coursde plusieurs essais, a été un succès. Le systèmeétant suffisamment avancé, le début de l’indus-trialisation a commencé sur l’A380 en octobre2006. Les premiers essais du système BTV surl’A380 ont ainsi été menés en mai 2008. La certi-fication par l’EASA, obtenue le 15 octobre dernier,ouvre la voie à son introduction sur l’A380 avec lesclients de lancement Air France et Lufthansa. Lessystèmes BTV et ROPS seront aussi dans la défi-nition standard de l’avion A350 XWB à venir.Le système BTV, qui calcule le temps d’occupa-tion des pistes selon différents paramètres etéclaire les choix du pilote dès la phase d’ap-proche, présente également l’avantage demoduler la décélération de l'avion et de diminuerl'énergie utilisée pour le freinage, tout en respec-tant le confort des passagers. Il réduit aussi lebruit, la consommation de carburant et l’émissionde CO2 et limite l’utilisation de la poussée maxi-male des inverseurs sur des pistes sèches. Enfin,si on considère un nombre significatif d’avionséquipés du système BTV, il pourra permettred’augmenter la capacité des pistes en heures depointe de l’ordre de 5 à 15 % en fonction des confi-gurations, et minimisant le temps d’occupationdes pistes, il permettra aux compagnies de maxi-miser le nombre de rotations des avions et laréduction du temps d’exposition à un risque d’in-cursion sur piste.L'entrée en service a eu lieu lors du premier volcommercial de l'A380 aux couleurs d'Air France,le 20 novembre 2009 entre Paris et New-York. �

UN AIRBUS A380 D'AIR FRANCE LORS DE SA PHASE D'ATTERRISSAGE. LE SYSTÈME BTV,QUI CALCULE LE TEMPS D’OCCUPATION DES PISTES ET ÉCLAIRE LES CHOIX DU PILOTE DÈS LA PHASE D’APPROCHE, PRÉSENTE ÉGALEMENT L’AVANTAGE DE

MODULER LA DÉCÉLÉRATION DE L'AVIONET DE DIMINUER L'ÉNERGIE UTILISÉE POUR LE FREINAGE

1 Ecole nationale d’aviation civile.2 Lettre du LAAS n° 37, novembre 2008.3 European Aviation Safety Agency.

S YS T È M E S D ' A S S I S TA N C EÀ L ' AT T E R R I S S A G E S U R A I R B U S

De la thèse au LAAS à la certification

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I N N O V A T I O N

1 Sur la base d’informations croisées, issues des services de santé, desCDES (Commissions départementales de l'éducation spéciale), desCOTOREP (Commission technique d'orientation et de reclassement profes-sionnel) et du ministère des Finances.

2 Micro-Electro-Mechanical Systems ou Microsystème électromécanique.3 Institut de médecine et de physiologies spatiales.4 Direction générale des entreprises (rattachée au Ministère de l’économie, de l’industrieet de l’emploi) qui a lancé le 2e appel à projets Uliss (Utilisation comme levier d’innova-tion des signaux satellites) en 2007.

5 Global System for Mobile Communications,norme numérique de seconde génération pour la téléphonie mobile.

G É O L O C A L I S AT I O N P O U R L A N AV I G AT I O N U R B A I N E

Aider les malvoyants à se déplacer

UN SYSTÈME DE NAVIGATION URBAIN POURMALVOYANTS RÉPONDANT AUX CRITÈRES

D'ACCEPTABILITÉ DE SÉCURITÉ, FIABILITÉ,CONFORT, ESTHÉTIQUE, INDÉPENDANCE ET PRIX

Le projet Binaur, auquel leLAAS a collaboré, a permis ledéveloppement d’un serviced'aide au déplacement pourmalvoyants et aveuglescirculant en zones urbaines etinterurbaines.Le produit qui en est issu estaujourd’hui commercialisé parla société Angeo Technology.

L e nombre de malvoyants (ou“amblyopes”) était estimé1 à 770 000,soit 1 français sur 100, en janvier

2000 par la Fédération des aveugles et handi-capés de France, dont plus de 150 000 en Ilede France. Parmi ces personnes, la populationen âge de travailler, environ 100 000, compre-nait 85 000 malvoyants et 15 000 aveugles.Les jeunes aveugles et malvoyants ont le désird’une vie normale et revendiquent une inser-tion sociale et professionnelle tout aussinormale. En 2002, les trois quarts despersonnes malvoyantes en France étaientcependant victimes du chômage, taux extrêmed'inactivité lié à leur manque d'autonomie. D’oùl’idée de favoriser l’intégration sociale de lapersonne handicapée en la rendant plus auto-nome dans ses déplacements.Le projet Binaur a eu pour objectif de concevoirun système de navigation urbain pourmalvoyants disposant d'une précision en loca-lisation de 5 m sur 98 % du temps et répondantaux critères d'acceptabilité de sécurité, fiabilité,confort, esthétique, indépendance et prix. Binaur a été conçu comme une aide à la loco-motion incitant le malvoyant à développer sescapacités visuelles résiduelles pour détecterles dangers de proximité. Le système peutégalement être utilisé par des aveugles car l'in-terface humain-machine libère les mains del'utilisateur et lui permet donc d'utiliser desaides conventionnelles (cannes, chiens,…)

Géolocalisation : la fusionentre GPS et MEMS compenseles manques en milieu urbainLe système de géolocalisation proposé par leLAAS fusionne les informations issues d’uncapteur GPS standard et des MEMS2 disposés

dans un boîtier fixé à la taille du sujet (accélé-romètre, gyromètre, magnétomètre). Le proto-type, développé au LAAS sur une base PCportable, a permis de valider les algorithmes defusion sous différentes versions évaluant lemeilleur compromis coût précision. Cette fusion permet de pallier les manques durécepteur GPS en environnement urbain(masquage des satellites, multi trajets). Enoutre, un modèle dynamique de locomotionhumaine a été identifié hors ligne grâce à l’uti-lisation de la capture de mouvement. Il estajusté en ligne pendant les phases de bonneréception GPS afin de s’adapter à la morpho-logie de l’individu. Il en résulte un accroisse-ment considérable de la précision et de l’inté-grité du système de localisation. La précisionde positionnement atteint 5 m sur 95 % dutemps, ce qui est très supérieur aux perfor-mances d’un GPS seul en ville, où les erreursdépassent fréquemment la centaine de mètres.Le projet a été mené par la PME toulousaineNavocap en collaboration avec le LAAS,Rockwell Collins, le Medes3 et la PME Eurisco,en partie financé par la DGE (appel à projetsUliss)4 sur une durée de trois ans, de 2007 à2009.

Ces recherches ont abouti à la créationd’Angeo Technology, courant 2009, filiale deNavocap. Angeo Technology distribue le produitet fournit le service d’assistance en ligne auxutilisateurs par liaison GSM5. Dans sa versionfinale, l'itinéraire peut être pré-enregistré soitpar reconnaissance préalable avec l’aide d’unaccompagnant, soit à partir d'un logiciel decalcul d'itinéraire disponible sur PC ou PDA. Unmoteur de calcul d'itinéraires est égalementimplanté dans le calculateur embarqué afin depermettre des modifications d'itinéraire entemps réel. Un dépôt de demande de brevet aété réalisé en copropriété entre le CNRS et lasociété Navocap. �

C o n t a c t

André Monin, [email protected]

@

LE SYSTÈME DE GÉOLOCALISATIONDÉVELOPPÉ PAR LE LAAS FUSIONNE

LES INFORMATIONS ISSUES D’UNCAPTEUR GPS STANDARD ET DES

MEMS1 DISPOSÉS DANS UN BOÎTIERFIXÉ À LA TAILLE DU SUJET

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L e projet Ourses (offre d’usage ruralde service par satellite) a développéet testé des solutions de télésanté

pour les zones rurales. Il a ainsi rendu desservices d’assistance médicale à distance pourles personnes âgées ou à risque en situationisolée. Une analyse de besoins, des étudestechniques et des développements permettantd’intégrer ces services avec des plateformesde communication par satellite ont été menés.Labellisé par le pôle de compétitivité mondialAerospace Valley, il a reçu le soutien de laDGE1 via un financement FUI2. EADS Astriuma assuré la coordination pendant la durée duprojet de 2007 à 2009. Le projet OURSES areçu le grand prix du jury du Trophée e-santédécerné par l’association La Mêlée numériqueen partenariat avec la Technopole de Castres-Mazamet le 2 juillet dernier.

Une surveillance de lapersonne non intrusiveet innovanteFort de ses acquis antérieurs dans le domainede la domotique médicale via Prosafe3, leLAAS a développé et déployé un service d’as-sistance à distance pour la surveillancecomportementale et la détection de situationsanormales (chutes, malaises, fugues, agitationnocturne…). La maison de retraite de typeEHPAD4 de Tibiran-Jaunac (Hautes-Pyrénées)fut le site d’expérimentation. Equipée d’un liensatellite à haut débit, l’une des chambres a étédotée d’un réseau de capteurs de présencesans fil. Ceci a permis d’analyser le comporte-

LE VILLAGE DE TIBIRAN-JAUNAC,DANS LES HAUTES-PYRÉNÉES,ET SA MAISON DE RETRAITE,SITE D'EXPÉRIMENTATION

Protéger les personnes âgées en zone rurale

ment de la personne âgée et de renseigner surune situation inhabituelle. Les techniquess‘inspirent de l’intelligence artificielle commepar exemple la reconnaissance des formes parle calcul de probabilités couplées à des tech-niques de classification. Elles étaient destinéesà anticiper les dangers en donnant l’alarme encas de besoin sans action directe de lapersonne. Cette surveillance non intrusivebasée sur la seule détection de présence esttrès originale.

Homecare, la suite d’OursesLe système complet a été testé et validé debout en bout de la chaîne fonctionnelle médi-cale. Il intègre une fonction de communicationvidéo entre les infirmières et le médecin réfé-rent distant, le transfert de fichiers automa-tisés, une base de données ainsi qu’une inter-face de contrôle et de commande.L’expérimentation a requis la participation dupersonnel médical pour valider les différentesfonctions et recueillir le degré de satisfactiondes utilisateurs. Aujourd’hui, le LAAS coordonne le projet ANRTecSan5 2009 “Homecare” qui vise à expéri-menter et à qualifier, au niveau opérationnel,un système complet de surveillance 24h sur 24en environnement intérieur pour despersonnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.Ce projet évaluera les perspectives indus-trielles. �

EN SAVOIR PLUSwww.ourses-project.fr

D O M O T I Q U E M É D I C A L E

RÉSEAU DE CAPTEURS DE PRÉSENCE SANS FILNON INTRUSIF ET INTERFACE DE CONTRÔLE

ET DE COMMANDE SUR ORDINATEURPOUR LE PERSONNEL MÉDICAL

C o n t a c t

Eric Campo, [email protected]

@

1 Direction générale des entreprises, rattachée au Ministère del’économie, de l’industrie et de l’emploi.

2 Fond unique interministériel.3 Voir la Lettre du Laas, juin 2002.

4 Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.5 Appel à projets orientés vers l'innovation pour les recherches partenariales en

technologies pour la santé et l'autonomie.18

I N N O V A T I O N

Page 19: Sûreté de fonctionnement informatique - Laboratoire d ... · Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes du CNRS ... des systèmes de gestion d’énergie pour la

pour suivre les modifications physiopatholo-giques à travers des analyses multiplexées,puces à cellules, électrodéposition de métauxet polymères…

Industrialisationde Bioplume pour 2010Les puces à protéines constituent un puissantoutil d’identification de biomarqueurs pour lediagnostic et les études d’interactionsprotéiques dans la recherche thérapeutique.Prévoyant une commercialisation de sespremières nanopuces en 2010, MBC envisageun positionnement sur le marché des biomar-queurs d’ici à cinq ans grâce à sa technologiede nanopuces couplée à une activité deservice.Bioplume a été incorporé au sein d’une plate-forme automatisée et robuste en partenariatavec un cabinet d’ingénierie et les conseils duLAAS. Ce projet d’industrialisation a pour butinitial d’optimiser la technologie en augmentantle débit de dépôt. Il devrait voir le jour début2010. Dans un second temps, il sera intégré ausein d’une plateforme complètement automa-tisée permettant de l’adapter aux contraintesde l’industrie : produire à grand échelle despuces à très haute densité, les nanopuces. �

EN SAVOIR PLUSwww.microbiochips.com

dépôt avec une facteur de 10 à 100 fois supé-rieur aux autres systèmes de dépôt de molé-cules biologiques. Les quantités protéiquesnécessaires sont beaucoup plus faibles que lestechniques actuelles, de l’ordre du pico-gramme et femtolitre par rapport au nano-gramme et picolitre. D’où une économie decoûts considérable.

Miniaturisationdes analyses biologiquesAvec une densité de dépôt d’anticorps 40 foissupérieure aux autres systèmes, Bioplume estbien positionné sur le marché des puces à anti-corps. Une première collaboration avec unlaboratoire suédois expert l’a récemmentconfirmé. La sensibilité de détection des inter-actions biologiques anticorps antigènes estaussi élevée qu’en utilisant des systèmes dedépôt traditionnels.De tels outils miniaturisés apportent unesomme d’informations biologiques plus riche(multiplexe) tout en économisant les précieuxéchantillons. Ils ouvrent des voies promet-teuses pour accélérer la mise au point deméthodes de diagnostic et de thérapies effi-caces pour des pathologies comme lescancers et les maladies neurodégénératives,notamment les maladies d’Alzheimer ou deParkinson.Bioplume présente également des avantagespour la miniaturisation des analyses biolo-giques3 : dépôt de molécules sur fibre optique

M icroBioChips (MBC), créée en2006, propose une activité deservice spécialisée dans les

biopuces à protéines et à anticorps. Elles’adresse aux sociétés pharmaceutiques tellesque GlaxoSmithKline ou Pierre Fabre, commeà l’Inserm ou à l’Institut Pasteur. Les partena-riats internationaux signés avec les leadersSigma Aldrich, Abcam, CapitalBio etVigeneTech révèlent que la société possèdedéjà une compétence recherchée dans lemilieu des biopuces.MBC, certifiée ISO 90012, exerce égalementune activité de R&D centrée sur Bioplume, unprocédé de dépôt de solutions biologiquesdéveloppé et breveté par le LAAS. La start-updispose de la licence exclusive et mondiale decette technologie qui apporte une nouvelleéchelle de miniaturisation et permet la concep-tion de biopuces à protéines de nouvelle géné-ration, les nanopuces. Celles-ci permettentd’identifier plus rapidement et plus efficace-ment des voies de signalisation impliquéesdans certaines pathologies, le cancer parexemple, et des biomarqueurs. Ces derniersservent au diagnostic, au pronostic grâce à laprévision de l'évolution d'une maladie, et auchoix thérapeutique pour établir un traitementadapté au malade. De nouvelles stratégiesthérapeutiques se profilent alors, et à plus longterme la perspective d’une médecine person-nalisée.Bioplume permet d’augmenter la densité de

S TA R T- U P M I C R O B I O C H I P S

Une nouvelle génération de biopuces à protéines

3 Leïchlé, et al, 2005. Nanotechnology 16, 525–531 ; Leïchlé, et al, 2006 Appl. Phys. Lett. 88, 254108 ; Duroure et al, 2008 Biomed Microdevices 10:479–487 ;Roupioz et al 2009, Small..

Grâce à l’innovation technologique Bioplume1 conçue au LAAS, la start-up MicroBioChipsdéveloppe une nouvelle génération de puces à protéines, les nanopuces. Ces nouveaux outils vontaccélérer la recherche pharmaceutique et diagnostique, réduire les coûts et les délais. A terme, ilsfavoriseront une médecine personnalisée.

BIOPLUME, UN OUTIL INNOVANT POUR LE DÉPÔT MINIATURISÉ DE SOLUTION BIOLOGIQUES.DE GAUCHE À DROITE : PUCE À ANTICORPS (SPOTS DE DIAMÈTRE 15μM) ;

PLUMES UTILISÉES POUR LE DÉPÔT (FABRIQUÉES DANS LA CENTRALE RTB DU LAAS) ; PUCE À CELLULES UNIQUES

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1 Marque déposée2 Version 2000 depuis juillet 2008.

I N N O V A T I O N

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V ous avez fait vos études supé-rieures à l’ENSIMAG1 àGrenoble, comment êtes-vous

venu à la recherche ?Pour mon stage de 3e année de l’ENSIMAG,j’ai été encadré par J.-P. Gauthier et ce stagem’a donné envie de continuer la recherche. Jesuis ensuite venu à Toulouse pour des raisonspersonnelles et j’ai démarré une thèse auLAAS, encadrée par F. Roubellat, puis un Post-doc au département Electrical Engineering andComputer Science, EECS, de l’Université deCalifornie à Berkeley. Ce stage était initiale-ment prévu avec E. Polak mais pour desraisons scientifiques, j’ai finalement travailléavec P. Varaiya. L’envie de faire une thèsem’est venue lors mon stage de 3e année.C’était devenu une évidence et l’ENSIMAGétait l’endroit parfait pour avoir des sujets dansle domaine des mathématiques appliquées.Mon sujet de stage concernait la boucle ferméepour le contrôle d’une colonne de distillationdans l’industrie chimique et mes sujets dethèse de doctorat et doctorat d’Etat étaientaussi plutôt appliqués, mais j’étais dès le débutattiré par des approches plus théoriques.

Un post-doctorat aux Etats-unis en1979, de nombreuses missions àl’étranger depuis, que représentent lesvoyages dans votre travail ?Voyager, c’est pour moi plusieurs choses.D’abord se confronter et communiquer avecd’autres chercheurs du domaine et éventuelle-ment collaborer avec eux. En France, à cettepériode, il n’y avait pas vraiment de chercheurssur le sujet des processus de décisionMarkoviens et donc voyager était très impor-tant, d’autant plus qu’Internet n’était qu’à sontout début. J’ai toujours tâché de faire desséjours dans les équipes qui m’intéressaient àl’occasion de déplacements à des confé-rences, ou en montant une collaboration dansle cadre des accords qu’a le CNRS aveccertains pays.C’est par ailleurs toujours agréable de donnerdes séminaires pour faire connaître son travaildans des endroits d’excellence et trouver desinterlocuteurs scientifiques spécialistes dansson domaine. On trouve cependant rarementune personne travaillant exactement sur lemême sujet et l’on est obligé de regarder deschoses un peu différentes. C’est ce qui estmotivant et qui fait progresser.Finalement tout cela a beaucoup influencémon travail. Par exemple, j’ai collaborépendant plus de 15 ans, depuis 1985, avec unchercheur mexicain, O. Hernández-Lerma, sur

“C'est une question de moments”

E N T R E T I E N AV E C J E A N - B E R N A R D L A S S E R R E ,C H E R C H E U R E N AU TO M AT I Q U E

Jean-Bernard Lasserre,directeur de recherche auCNRS, mène ses recherches auLAAS, dans le domaine del’automatique, depuis 1980.Ses travaux, intégrant desoutils de géométrie algébriquepour résoudre des problèmesd’optimisation, viennentd’être récompensés par le prixLagrange. Dans un entretienavec une collègue chercheusede son groupe au LAAS, ilévoque sa vie scientifique,ponctuée de séjours dans desuniversités étrangères, livre savision sur sa discipline, surla nécessité des voyages et del’échange, sur le CNRS et saplace dans l’organisation dela recherche en France.

les processus de décision Markoviens. Lui étaittrès théoricien et cela m’a fait regarder deschoses que je ne connaissais pas très bien, parexemple en analyse fonctionnelle et théorie dela mesure, ce que je n’aurais pas fait si j’étaisresté sur des sujets plus appliqués. C’était trèsmotivant, et le côté humain de cette collabora-tion était également très agréable et enrichis-sant. Ainsi, suite à ma thèse d’Etat soutenue en1984 sur les horizons de planification, montravail s’est naturellement orienté vers dessujets plus mathématiques tels que les proba-bilités et processus de décision Markoviens,les chaînes de Markov sur des espaces deBorel.Je me sens très globe-trotter, mais surtout,personne au LAAS ne travaillait vraiment surcertains sujets qui m’intéressaient, et j’étaisdonc de fait assez isolé sur une partie de mesthématiques. Sur la partie “gestion de produc-tion”, j’ai tout de même gardé assez longtempsune activité en collaboration avec des cher-cheurs du LAAS. Quand j’ai commencé à m’in-téresser à la géométrie algébrique réelle et lathéorie des moments pour l’optimisation poly-nomiale en 1999, Didier Henrion, chercheur auLAAS, est venu me voir car il voulait déve-lopper un algorithme utilisant cette méthodo-logie. Cela a marqué le début d’une collabora-tion fructueuse, qui continue encore cetteannée par l’encadrement de deux doctorants.

1 Ecole nationale supérieure d’informatique et de mathématiques appliquées.

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Aviez-vous identifié l’article2 qui a étérécompensé par le prix Lagrangecomme une contribution majeure devotre part dans le domaine ?Quand cet article a été accepté pour publica-tion dans SIAM, Journal of Control andOptimization, j’ai eu de très bonnes critiques dela part des rapporteurs. Oui, j’aime assez cerésultat bien que mon article le plus cité dansle domaine ne soit pascelui-là mais le précé-dent, publié en 2001, surla théorie des momentset l’optimisation globale.Celui qui a été récom-pensé baigne aussi dansle domaine desmoments. C’est unecontribution théoriquesur la représentation despolynômes positifs.J’étais content de la tour-nure technique et jetrouve que c’est unrésultat intéressant, maisce n’est pas l’article qui a eu le plus d’impact.Peut-être parce que, même si c’est dit dansl’article, on ne voit pas tout de suite à quoi celapeut servir. D’ailleurs, dans la citation associéeau prix, il est précisé que c’est aussi l’ensemblede ma contribution en optimisation polynomialequi est saluée, cet article étant, selon moi, fina-lement plutôt un prétexte.

Pouvez-vous expliquer brièvementquelle avancée a été saluée ?Cet article concerne les polynômes positifs etles polynômes qui sont sommes de carrés, cesderniers étant beaucoup moins nombreux. J’aimontré qu’on pouvait quand même approchertous les polynômes positifs par des polynômessommes de carrés. C’est donc un résultat dedensité (au sens de la norme L1 ). C’est unexemple de contribution plutôt théorique quipermet cependant des applications numé-riques concrètes. J’ai été en fait assez surprispar ce prix, connaissant le lobbying habituelautour des prix aux Etats-Unis et que l’onpratique peu en France. Je savais que quel-qu’un m’avait nominé, mais on n’est jamais sûrque cela va marcher. Par ailleurs, cet article de2006 a été réadapté pour être publié en 2007dans la section SIGEST du journal SIAM

un grand nombre de situations et donc, bienque l’énoncé du problème soit très simple(deux lignes !), il recouvre de nombreusesapplications dans des domaines variés. Ceproblème des moments, formulé il y a long-temps, servait essentiellement d’outil théoriquede modélisation et d’existence de solution pourcertains problèmes, mais on ne savait pas lerésoudre numériquement sinon dans des castrès particuliers. La nouveauté de notre contri-bution est de pouvoir faire du calcul effectif sil’on se restreint au cadre semi-algébrique,c’est-à-dire quand le support de la (ou les)mesure(s) inconnue(s) est un ensemble semi-algébrique basique et les fonctions à intégrersont des polynômes, ou à la rigueur parfois despolynômes par morceaux ou des fonctionsrationnelles. On combine alors des résultatspuissants, relativement récents, de géométriealgébrique réelle, avec l’outil d’optimisationconvexe qu’est la programmation semi-définie.Il y a une autre partie de mon activité scienti-fique que je trouve un peu “exotique” et surlaquelle je viens aussi d’écrire un livre4.J’espère qu’il suscitera quelque intérêt dans lacommunauté “recherche opérationnelle”. Ilconcerne la programmation entière et le comp-tage de points entiers dans les polytôpes, etutilise les fonctions génératrices. La géométriealgébrique apparaît là aussi mais pas du toutcomme avec les polynômes positifs !

Vous encadrez simultanément troisnouvelles thèses. Comment cela s’in-tègre-t-il dans vos activités ?Deux sont co-encadrés avec Didier Henrion.Je n’avais pas eu de thésard depuis longtempscar je préfére n’avoir personne plutôt que desétudiants peu formés dans mon domaine. Leréservoir naturel du LAAS pour les futursdoctorants (formation EEA et informatique)n’est pas adapté à mes besoins plus orientésvers les mathématiques appliquées. J’avaisdonc peu de candidats intéressés par messujets. J’ai donné des cours à l’université ParisVI pour tenter d’en récupérer mais les élèvesont souvent déjà le stage, puis la thèse, prévusavec des chercheurs parisiens. Les trois docto-rants qui commencent vont travailler sur dessujet connexes. L’un sur l’optimisation paramé-trique, avec un point de vue plutôt théorique - ilvient d’une formation de l’Institut de mathéma-tiques d’Hanoï au Viêtnam - et les deux autresavec des sujets plus appliqués (vision,problèmes de contrôle) utilisant l’approche desmoments et des polynômes positifs.L’encadrement des doctorants, selon leurniveau, peut soit représenter un stimulus pourexplorer d’autres voies, soit permettre d’appro-fondir sa connaissance d’un domaine et traiterensuite des applications ou explorer des exem-ples, pour éventuellement retourner en amont.

Une part importante du travail d’unchercheur consiste désormais àrechercher des financements enrépondant à des appels à projets.Quelle est votre expérience dans cedomaine ?Je ne suis apparemment pas très doué pourdécrocher des contrats, et pourtant j’ai essayé.J’en ai quand même obtenu quelques-uns,finalement peu pour mes efforts. Par exemple,

Review, vitrine de la société savante SIAM etdes mathématiques appliquées. Cela a peut-être contribué à sa visibilité.

Etes-vous particulièrement fier de cetravail par rapport à d’autres ?Je suis surtout content et conscient d’avoirtravaillé au bon moment dans ce domaine-là. Ily a toujours un peu de chance dans tout cela.

On peut travailler surcertains sujets très inté-ressants et obtenir desrésultats originaux, maiss’ils n’arrivent pas aubon moment, ils ne sontpas aussi bienreconnus. Dans ce cas,P. Parrilo, qui a fini sondoctorat à Caltech en2000, a fait un travailtrès semblable presqueau même moment, luien thèse et moi avecd’abord une note dansles comptes rendus de

l’Académie des sciences en 2000. Il est main-tenant au MIT et c’est un vrai rouleau compres-seur. Si j’étais arrivé sur ce sujet un tout petitpeu plus tard, il aurait déjà “balayé le terrain” etje n’aurais pas eu la même reconnaissance.C’est quelqu’un avec qui j’ai des échanges. Onest concurrents, mais on s’aime bien et c’estsource d’émulation scientifique.

Ce résultat a été valorisé avec leconcours d’un autre chercheur duLAAS. Pouvez-vous nous en dire plus ?Effectivement, avec Didier Henrion, déjàmentionné, nous avons développé GloptiPoly àpartir de ce travail et on peut dire que c’est lepremier logiciel qui permet de résoudre oud’approximer, pour des tailles encoremodestes, le problème généralisé desmoments. Les applications sont trèsnombreuses. Je viens d’ailleurs de publier unlivre3 qui explique la théorie et décrit quelquesexemples d’applications du problème généra-lisé des moments. Il s’agit d’un problème d’op-timisation infini-dimensionnel dont lesinconnues sont des mesures de probabilité etles contraintes sont décrites par des fonction-nelles linéaires. Le support des mesures, quipeut être très compliqué, permet de modéliser

On trouve rarement unepersonne travaillant

exactement sur le mêmesujet et l’on est obligé

de regarder des chosesun peu différentes. C’est

ce qui est motivant etqui fait progresser.

2 Lasserre, B. A sum of squares approximation of nonnegative polynomials.SIAM J. Optim. 16 (2006), no. 3, 751—765 et SIAM Review 49 (2007), no. 4, 651--669.

3 Moments, Positive Polynomials and Their Applications, Imperial College Press, 2009.4 J.B. Lasserre Linear and Integer Programming vs Linear Integration and Counting, Springer-Verlag, 2009. 21

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une visite de démarchage au laboratoire d’IBMde Yorktown Heights, suscitée par un ingénieurd’IBM-Toulouse à l’époque où je voulais vendreune idée de planification et ordonnancementintégrés en gestion de production, s’est soldéepar un flop complet ! De même, un de mesanciens thésards, professeur et consultantpour EADS, a essayé de présenter et “vendre”mon travail en optimisation polynomiale à sonsponsor chez EADS qui lui a répondu : non,non, les polynômes, ça ne nous intéresse pas !J’ai été responsable d’un contrat ANR blanc5,avec Didier Henrion, qui a été cité commeexemplaire et félicité à son terme. Beaucoupde publications, de résultats, en 2005 le prix D.Marr de Didier Henrion en vision assistée parordinateur, un article nominé en Mathéma-tiques financières en 2006, un article SIAMreview. On m’a même demandé de leprésenter aux journées bilan de l’ANR. Et pour-tant, notre demande de renouvellement n’a pasabouti, avec comme critique l’absence decollaborations extérieures !

Comment vous sentez-vous touché parla réforme de la recherche, et celle duCNRS en particulier ?Depuis mon entrée au CNRS en 1980, on nousannonce presque chaque année des nuagesqui s’amoncellent au-dessus du CNRS etmenacent son existence. Je suis donc devenuassez philosophe. Ceci dit, les transformationsrécentes sont assez profondes pour que l’ons’inquiète légitimement quant à l’existence et lapérennité du CNRS.

Je pense qu’en recherche, il faut accepter quel’essentiel du travail soit incrémental. De tempsen temps, quelque chose sort de l’ordinaire,une brèche est mise en avant et éventuelle-ment récompensée. Mais cette brèche a aussibénéficié de l’accumulation de ce travail incré-mental moins spectaculaire et plus anonyme,qu’il ne faut pas dénigrer. Évidemment on peutaussi être frustré de n’être pas celui qui appor-tera une des contributions marquantes dans ledomaine.Je suis très sceptique quant aux projets fina-lisés dans les labos, en tout cas dans mondomaine. Je ne pense pas que la mission duCNRS soit de sauver l’industrie française ! AuxEtas-Unis, le fameux transfert dans l’industriedont on parle tant se fait essentiellement parles doctorants et les masters formés dans lesuniversités de pointe, qui inondent l’industrie etles start-up. En France et malgré certainsprogrès, c’est loin d’être le cas car le doctoratn’est toujours pas bien reconnu dans l’industrieoù la culture ingénieur prévaut. Par ailleurs, jeremarque que mes collègues américains engénie n’ont pas besoinde monter des dossiersavec des dizaines departenaires pour obtenirun financement, quasirécurrent, de la NSF ! Unprofesseur et quelquesétudiants suffisent. Surla base du travail projetéet des antécédents del’équipe, ils sont financéssur des projets que l’onpeut souvent qualifier de“blancs”. Sans parler desmoyens financiers,toujours fournis par laNSF, dont disposent les instituts de mathéma-tiques américains qui peuvent inviter tous fraispayés leurs collègues étrangers pour desconférences spécialisées ou des séjours. La version française de ce type de financementpar l’ANR pourrait être positive. Mais je ne saispas comment cela va évoluer, l’attribution desfonds étant un peu opaque et sans pérennitéassurée. Le principe n’est pas mauvais en soi,l’important réside dans la politique scientifiqueque l’ANR met en oeuvre. Il faut se souvenirqu’avant, il n’y avait pratiquement rien d’autreque des fonds symboliques pour financer desprojets blancs. Le nouvel outil, qui permet enparticulier de financer des projets ne faisantpas nécessairement appel à des collaborationsavec l’industrie, est donc plutôt bon. Toutdépend de la volonté qui le sous-tend et de latransparence des procédures.Avec le nouveau découpage du CNRS en 10instituts, le LAAS est désormais affilié àl’INSIS6 et secondairement à l’INS2I7. Je suispour ma part à la fois au LAAS et à l’Institut demathématiques de Toulouse, IMT, et cettedouble affiliation me place déjà sur deux insti-tuts du CNRS. Cette double affiliation avaitpour but de me permettre de mettre plus enavant certaines de mes activités qui ne sontpas dans les thématiques principales de mongroupe, orienté commande, au LAAS. C’estdonc pour moi une question de visibilité, maisje n’interagis pas autant que j’aurais imaginéavec les gens de l’IMT. Historiquement, les

processus de décision Markoviens étaient monoccupation principale au moment de ma candi-dature pour rejoindre l’IMT mais je travailledepuis plutôt en collaboration avec l’équiped’optimisation avec laquelle j’ai quand mêmebeaucoup de contacts.

Plusieurs belles motos sont visibles survotre page personnelle sur le site webdu LAAS. Qu’en faites-vous ? Avez-vous d’autres loisirs ?Une seule des motos est en activité ! L’autre, lasportive jaune, a été accidentée. J’ai été unvrai motard mais maintenant, je suis plutôt unmotard du dimanche, et même de l’été ! Jeviens finalement souvent au LAAS en voituremais je me sers beaucoup de la moto pour mebalader, vers l’Espagne, dans les coins où il faitbon, et dès que l’été arrive.Je trouve d’ailleurs que voyager devrait aller desoi dans notre métier. Je suis étonné qu’il n’yait pas plus de chercheurs, surtout les jeunes,juste après leur thèse, qui aient envie devoyager. À mon époque, on se ruait sur les

bourses de l’IRIA, l’ac-tuel INRIA ! Lesmissions de travail nesont pas des voyagesde loisir mais on peutparfois combiner lesdeux, et l’interactionavec des collègues dumême domaine, quisont parfois aussi desamis n’en est que plusplaisante.Pour ma part, j’aitoujours essayé, quandje partais en déplace-

ment pour une conférence, de passer deuxsemaines en plus dans le pays, en contactantdes collègues locaux pour faire un séminaire,maintenir des contacts et éventuellement descollaborations, à moindres frais finalement.C’est par exemple le cas de plusieurs de messéjours à Berkeley, Stanford, ou au MIT, lieuxd’excellence, très motivants dans mesdomaines de travail et dans un environnementagréable.J’écoute aussi du rock et je suis un fan mais jene sais pas en jouer. Mes favoris sont parexemple Pink Floyd, Santana. Ce goût, je l’aidepuis que je suis adolescent. Je connaissaisbien San Francisco et ses lieux les plus rock.Récemment un collègue m’a aussi rapporté deNew-York un tee-shirt du CBGB, lieu demusique mythique des années 80 à New-York.Et je suis presque imbattable sur les Hard-Rock cafés de beaucoup de lieux !Finalement, moto et Rock sont les complémen-taires détente de mes activités scientifiques.Ça fait planer un peu aussi ! �

Je suis très sceptiquesur les projets finalisésdans les labos, en toutcas dans mon domaine.Je ne pense pas que la

mission du CNRS soit desauver l’industrie

française !

5 MOGA : Moments, Optimisation et Géométrie Algébrique.6 Institut des sciences de l’ingénierie et des systèmes.7 Institut des sciences informatiques et de leurs interactions.

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C o n t a c t

Jean-Bernard Lasserre, [email protected]

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Propos recueillis par Lucie Baudouin

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Une pluridisciplinarité fertile

B I O P L U M E , U N O U T I L P O U R L A D É T E C T I O N B I O L O G I Q U E

L été dernier, enjuillet, nous fai-sions la couverture

de la revue Small1 grâce àdes lymphocytes sagementrangées en réseaux pério-diques sur un substrat solide.Le défi relevé consistait à fixerdes cellules dites “circulantes”(se fixant donc difficilement) surun substrat. C’est le résultatd’un travail commun avec desbiologistes de l’Institut nanos-ciences et cryogénie (CEA) etdes immunologistes de l’InstitutAlbert Bonniot (Inserm) deGrenoble L’objectif était d’étudier le comportementde ces cellules face à certaines conditions destress biologique ou chimique afin de mieuxcomprendre certaines pathologies comme l’hépa-tite C. La fixation avait été rendue possible par l’in-termédiaire de l’outil Bioplume qui avait permis ledépôt régulier de “points de colle” micrométriquessur le substrat de fixation. Cette application exem-plaire parachève une longue histoire commencéedix ans plus tôt. Un chercheur du LAAS, Christian Bergaud, imagi-nait alors une façon de miniaturiser à l’extrême lesrobots de fabrication de biopuces en les transpo-sant à la technologie silicium. Je finissais ma thèsesous sa direction et assistais à la montée en puis-sance de la Génopôle toulousaine et à la nais-sance d’un langage commun entre les micro-tech-nologues, menés par Christian, et les biologistes,avec en tête de pont Jean-Marie François, profes-seur à l’INSA et responsable de la plateformebiopuce. Le premier jalon de cette aventure humainecommune a été la toute première version deBioplume, dont l’objectif affiché était de réaliserdes biopuces de densité supérieure à ce qui exis-tait alors, en utilisant en guise d’outils de dépôt (desondes biologiques sur une surface) des micro-plumes en silicium se chargeant à la manière des

anciennes plumes à écrire, àpartir d’un encrier déporté. Dansle cas présent, “l’encre” est biolo-gique et permet “d’écrire” desmotifs très petits sur un substratsolide appelé biopuce. Lepremier prototype fonctionnel2 avu le jour au début des années2000, fruit du travail technolo-gique de Christian, de sesdoctorants en salle blanche,au LAAS, et de Jean-BernardPourciel, ingénieur derecherche, dont le rôle a été

d’apprendre “à marcher” (par la miseen place d’interfaces automatiques spécifiques)au Bioplume 1.0.Les choses ont alors pris de la vitesse. Le projeteuropéen NAPA, méthodes émergentes de nano-fabrication, dont le LAAS était partenaire, adémarré en 2004 pour une durée de 4 ans. Celanous a permis de créer Bioplume 2.0, pluscompact, plus précis, puis le Bioplume 3.0, plusagile, plus complexe. Nous avons détourné lavocation première de Bioplume en le transformanttour à tour en robot de dépôt de nanoparticules, enrobot de dépôt de polymères à empreinte molécu-laire ou de polymères électro-polymérisables5,puis petit à petit de l’ADN2 nous sommes passésaux protéines et enfin, aux cellules, en juilletdernier.Nous voulions au début un robot de fabrication debiopuces à ADN car nos collègues biologistes yvoyaient un certain intérêt ! En chemin, nousavons rencontré les chimistes de Compiègne(Karsten Haupt), les biochimistes de Grenoble(Thierry Livache, Pascal Mailley et YoannRoupioz), les immunologistes de Montpellier(Martine Pugnière) et de Grenoble (PatriceMarche).Aujourd’hui, Bioplume marche. Grâce auxcapteurs embarqués, pilotés par Fabrice Mathieu,il est sensible à son environnement et sait faire

plein de choses différentes grâce à tous ceux etcelles qui ont passé leurs jours et leurs nuits à leslui apprendre (Thierry, Nathalie, Daisuke).Aurions-nous réussi tout cela, seuls, dans notrecoin, confinés dans nos disciplines respectives ?Certainement pas ! �

LIVIU NICU

LIVIU NICU EN 2008 À SAN DIEGO,EN CALIFORNIE, LORS DU CONGRÈS

MICROTAS SUR LES SYSTÈMES MINIATURISÉSPOUR LA CHIMIE ET LES SCIENCES DE LA VIE

Bioplume est un outil de détection biologique. Initialement conçu au LAAS pour la réalisation de biopuces dehaute densité, son principe, certes robotisé et miniaturisé, est proche de la combinaison encrier-porte plume-cahierd’autrefois, des microplumes de silicium déposant l’élément biologique sur un susbstrat solide, la biopuce.Bioplume s’est avéré capable au fil des évolutions qu’il a connues de déposer avec succès des molécules biologiquesdiverses comme l’ADN, des protéines et aujourd’hui des cellules, promettant potentiellement d’autres usages. Il aété breveté par le LAAS, continue de remplir sa mission de soutien à la recherche tout en permettant à une start-upqui l’utilise de développer une nouvelle génération de puces à protéines. Liviu Nicu est chercheur au LAAS. Il était doctorant lors de la conception originelle de Bioplume à laquelle il aparticipé. Il revient sur le chemin parcouru en dix ans, dont il attribue particulièrement le succès à lapluridisciplinarité des équipes qui ont œuvré à l’évolution de Bioplume comme à l’entente intellectuelle et humaineentre chercheurs et ingénieurs d’horizons géographiques et scientifiques différents.

E X P É R I E N C E

[email protected]@

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Nicolas Van Wambeke1400e docteur du LAASDepuis la création du LAAS en 1968, plus de 1400 doctorants ont été accueillis, autant dethèses soutenues, dirigées par des chercheurs du laboratoire. Ces derniers sont par ailleurs eux-mêmes 200 à avoir poursuivi leur carrière au LAAS après leur thèse. Nicolas Van Wambeke asoutenu sa thèse de doctorat, délivrée par l’INSA de Toulouse, en septembre 2009. Il est le 1400e

docteur du LAAS. Il a choisi d'offrir et développer ses compétences dans le secteur industriel et arejoint Thales Alenia Space où il travaille à la définition de systèmes de communication parsatellite. Itinéraire d'un jeune et brillant docteur.

N icolas Van Wambeke est ingénieur deconception pour les systèmes decommunication par satellite au sein

du groupe Thales Alenia Space. “L'intitulé de mafonction n'est pas définitif, indique le jeunehomme, j'aimerais à terme enlever le mot ingé-nieur”. Lui-même se présente sur le CV qu'il asoumis à son employeur comme Docteur en infor-matique et réseaux, avec comme slogan d'ac-croche Construire des solutions innovantes, la clédu succès de nos projets.Le jeune docteur est de nationalité belge, mais,ayant vécu quelques années au El Salvador, c'estau lycée français de San Salvador qu'il a fait sesétudes secondaires, puis donc passé un bacca-lauréat français qui l'a naturellement conduit àpoursuivre ses études supérieures en France. “Lesystème belge d'inscriptions et d'équivalence desdiplômes alors en vigueur était un peu compliqué.

J'aurais pu faire de la biologie mais je voulais fairede la physique et des mathématiques. Toulouseétait mon premier choix”. Après un DEUGSciences et technologies à l'Université PaulSabatier, notre pérégrin intègre l'INSA. Il en sortingénieur Réseaux et télécommunications en2006, major de sa promotion, comme il le sera deson master recherche Réseaux, télécommunica-tions, systèmes et architectures. “J'ai fait unpremier stage au LAAS en 2005. J'ai tout de suiteaccroché à la façon de travailler, à la philosophie”.Viennent alors les années de thèse, financées parune bourse du ministère de la Recherche, aucours desquelles Nicolas Van Wambeke seraégalement moniteur de l'enseignement supérieurà l'INSA. Le sujet de thèse porte sur Une approchepour la composition autonome de services decommunication. Elle présente une architecturelogicielle et des modèles algorithmiques pour la

“J'AI ENVIE DE TRAVAILLER À LA CONSTRUCTION DE SOLUTIONS INNOVANTES”

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construction de systèmes de communication auto-adaptatifs. Ce qu'il a pensé du LAAS ? “C'est unestructure qui fonctionne bien, une fois qu'on s'esthabitué à ses spécificités. On est dans la fonctionpublique. On voit parfois les extrêmes d'unsystème en évolution et quelques incohérences”. Environ 35% des docteurs du LAAS ont poursuividans la recherche académique, la majorité dansl'industrie. “C'est vrai, il y a un moment où le cœurbalance entre ces deux mondes, dit Nicolas, maisj'ai toujours été passionné par l'aéronautique etl'espace, et, après toutes ces années d'études, j'aieu l'envie de changer d'environnement, detravailler de l'autre côté de la barrière”. �

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Propos recueillis par Marie-Hélène Dervillers

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Jean-Claude Laprie,Lauréat du grand Prix de l’Académie des sciencesen informatique

Le grand Prix de l’Académie des sciences en informatique 2009 estdécerné à Jean-Claude Laprie, chercheur au LAAS-CNRS, pour sestravaux dans le domaine de la sûreté de fonctionnement informatique. Ceprix annuel des sciences de l’informatique et de leurs applications, qui lui

a été remis ce 24 novembre sous la coupole de l’Institut de France, a été créé en 2007 par lafondation d’entreprise EADS. Il récompense l’ensemble des travaux d’une personnalité scientifiquedans un laboratoire français, qui a contribué de manière exceptionnelle au dynamisme et aurayonnement de la recherche en informatique tout en établissant une coopération remarquableavec l’industrie.Ce Prix distingue une carrière entièrement vouée à la sûreté de fonctionnement informatique dansses aspects fondamentaux. Jean-Claude Laprie, qui a fondé au LAAS et dirigé dès 1975 une équipede recherche dans cette thématique, a contribué à en formuler de manière rigoureuse les conceptset les méthodologies, ainsi que la terminologie associée. La communauté scientifiqueinternationale, qui les a adoptés, lui a rapidement reconnu un rôle de leader dans le domaine. Sestravaux ont essaimé et fait école.Jean-Claude Laprie et son équipe ont établi très tôt, dès la fin des années 70, des liens étroits avecl’industrie. Nombre des collaborations résultantes ont influencé les approches industrielles de lasûreté de fonctionnement. Au premier chef, les systèmes critiques comme les transports aériens,notamment les systèmes avioniques, les transports ferroviaires ou la production et distributiond’énergie électrique.L’avènement des systèmes informatiques ubiquitaires pose de nouveaux défis qui requièrent desconcepts novateurs. Le concept de résilience informatique est au cœur des travaux du réseaud’excellence européen ReSIST (Resilience for Survivability in Information Society Technologies)qu’a initié et dirigé Jean-Claude Laprie de 2006 à 2009.Ce grand Prix récompense la capacité d’abstraction et de formalisation particulière du lauréat, quia jeté les bases d’une appréhension nouvelle de la sûreté de fonctionnement informatique etdessiné, par l’apport récent du concept de résilience, les orientations de son avenir.Jean-Claude Laprie est directeur de recherche de classe exceptionnelle au CNRS. Il a reçu lamédaille d’argent du CNRS en 1994. Il a dirigé le LAAS de 1997 à 2002. �

N O M I N A T I O N S

T A L E N T S

Robert Plana,Directeur scientifique Maths-Physique-Nano-TICau ministère chargé de la Recherche

Robert Plana est nommé directeur scientifique du secteur Mathématiques-Physique-Nanosciences-STIC à la direction générale de la Recherche etde l'innovation au ministère de l'Enseignement supérieur et de larecherche. Chercheur au LAAS et professeur de l’Université Paul Sabatier

de Toulouse, ce spécialiste de la conception, de la modélisation et de la simulation des composantset circuits micro-ondes est reconnu pour ses travaux dans le domaine du bruit basse fréquence descomposants et circuits à semi-conducteurs. Ce qui lui a valu en 1999 la médaille de bronze duCNRS. C'est en 2005 qu'il devient directeur scientifique du département des Sciences ettechnologies de l'information et de la communication du CNRS, puis directeur du programme ennanosciences et nanotechnologies (PNANO) de l'ANR jusqu'en 2009. �

Micro et nano systèmes

� Technologies PNIPAM pour leslaboratoires sur puce,PAR G. PAUMIER,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 6 novembre 2008.

� Composants optoélectroniques àmicrocavités verticales sur GaAs :Technologies avancées pour denouvelles fonctions ,PAR M. CONDE,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 18 novembre 2008.

� Biodétection optique sansmarquage basée sur la diffraction demotifs moléculaires submicroniques,PAR J.C. CAU,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'INSA, 21 novembre 2008.

� Microsystème de propulsion apropergol solide sur silicium : applicationau controle d'assiette de microdrone,PAR A. CHAALANE,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 21 novembre 2008.

� Architectures de convertisseursDC/DC à fort courant, basse tensionavec commande numérique,PAR A. SIMON,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 24 novembre 2008.

� Nouvelle topologie d'antennesmulti-bandes pour applicationsspatiales,PAR S. HEBIB,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 24 novembre 2008.

� Design, modelization andrealization of integrated inductivecomponents for low power suppliesand microsystems,PAR P. ARTILLAN,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'INSA, 27 novembre 2008.

� Optimisation énergétique de l'étaged'adaptation électronique dédié à laconversion photovoltaïque,PAR C. CABAL,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 15 décembre 2008.

� Etude de nano-systèmes électro-mécaniques (NEMS) à base denanotubes de carbone pourapplications hyperfréquences,PAR T. RICART,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 18 décembre 2008.

� Développement d'outils d'analysedes matériaux pour l'étude duchargement des diélectriques :application à la fiabilité des micro-commutateurs RF à actionnementéléctrostatique,PAR M. LAMHAMDIthèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 19 décembre 2008.

Thèses

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Christian Bergaud,Directeur du GDR nationalMicro-Nano Systèmes

Christian Bergaud, directeur de recherche au LAAS et spécialiste desnanobiosystèmes, a été nommé directeur du Groupement de recherchenational Micro-Nano Systèmes pour une durée de 4 ans. Ancien directeurdu LIMMS (laboratoire des systèmes mécatroniques micro intégrés

CNRS/Univ. de Tokyo), il remplace Lionel Buchaillot (IEMN, Lille). Le GDR MNS initié en 2004 parle département STIC du CNRS a pour mission l’animation scientifique nationale de ce domaine. �

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Jean-Bernard Lasserre,Lauréat du Prix Lagrange en optimisation

Le prix Lagrange est décerné tous les trois ans par les sociétés savantesSIAM1 et MPS2. Il confirme et renforce la reconnaissance internationaled’un chercheur pour sa contribution originale en mathématiquesappliquées dans le domaine de l’optimisation. L’article ou l’ouvrage mis enavant est l’une des contributions originales du chercheur.

Jean Bernard Lasserre, Directeur de recherche au CNRS, a été distingué pour l’originalité de sestravaux intégrant des outils de géométrie algébrique pour résoudre des problèmes d’optimisation oùl’on cherche à minimiser un coût sous des contraintes. En effet, des propriétés algébriquesremarquables des polynômes positifs, qui n’avaient pas été exploitées en optimisation jusque-là,s’avèrent extrêmement utiles et efficaces.Ces travaux ont notamment conduit au LAAS au développement du logiciel GloptiPoly, pourl’optimisation du calibrage des caméras pour l’analyse de scènes dans lesquelles un robot sedéplace. Ce dernier travail a été récompensé par le prestigieux Prix Marr en vision par ordinateuren 2005. Les recherches de Jean-Bernard Lasserre s’appliquent également au calcul d’optionsexotiques en finance utilisées par les traders. L’article “Pricing exotic options via moments and SDPrelaxations” co-écrit avec T. Priéto-Rumeau et M. Zervos a fait partie des cinq nominés pour lemeilleur article 2006 en Mathématiques financières attribué par l’Institut Europlace de Finance.Jean-Bernard Lasserre est diplômé de l’Ecole nationale supérieure d'informatique etmathématiques appliquées de Grenoble. Il a obtenu sa thèse de docteur-ingénieur en 1978 et sondoctorat d'Etat en 1984 à l’Université Paul Sabatier de Toulouse. Avec le soutien d’une bourse del’INRIA en 1978 et de la National Science Foundation américaine en 1985, il a fait deux séjours d’unan au département de génie électrique de l’Université de Californie à Berkeley. Par la suite ileffectue aussi des séjours plus courts dans d’autres universités et instituts : Université de Stanford,Institut Technologique du Massachusetts (MIT), Institut de recherche en sciences mathématiquesde Berkeley, Fields Institute de Toronto, Institut pour les mathématiques et leurs applications deMinneapolis, Cinvestav-IPN de Mexico. Jean-Bernard Lasserre est membre de l’Institut deMathématiques de Toulouse. �

Jean-Jacques Quisquater,Docteur Honoris Causa de l'INP de Toulouse

Jean-Jacques Quisquater, professeur à l'Université catholique de Louvain,en Belgique, a reçu, sur proposition du LAAS, le diplôme de DocteurHonoris Causa de l'INP le 11 janvier dernier. Ingénieur civil enmathématiques appliquées, Docteur d'Etat en science informatique,professeur de cryptographie et de sécurité multimédia, Jean-Jacques

Quisquater s'intéresse particulièrement à l’implémentation de la cryptographie sur des cartes àpuces, domaine où il a apporté une contribution importante. Ami de longue date de Toulouse et duLAAS, il a mené régulièrement des recherches en collaboration sur la sécurité informatique. De2004 à 2006, il était titulaire d’une chaire d'excellence Pierre de Fermat de la Région Midi-Pyrénées,qui a permis de renforcer cette collaboration avec le LAAS. C'est Yves Deswarte, directeur derecherche au CNRS et chercheur au LAAS, qui a prononcé son éloge lors de la cérémonie deremise. �

Etienne Dague,Prix de la Société des docteurs en pharmacie

Etienne Dague a reçu ce prix de l'Académie nationale depharmacie pour l'année 2008 couronnant l'ensemble de sestravaux de recherche depuis 2003. Il a préparé sa thèse àNancy au Laboratoire de Chimie Physique et Microbiologiepour l’Environnement (LCPME) puis a poursuivi ses travauxsur l’usage de la microscopie à force atomique en biologieà l’Université Catholique de Louvain (Unité de chimie desinterfaces) avant de rejoindre le LAAS en octobre 2007. AuLAAS, il développe de nouvelles technologies à la frontièreentre la physique et la biologie pour élucider les interactions

entre biomolécules ou entre cellules avec une précision moléculaire. Ce prix, doté par la société desDocteurs en Pharmacie d’expression française, est ouvert dans toutes les disciplines pour destravaux de doctorat d’université défendus en France ou dans un pays francophone par unpharmacien. �

1 Society for Industrial and Applied Mathematics, plus de 10.000 membres2 Mathematical Programming Society.

T A L E N T S

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Micro et nano systèmes (suite)

� Etude des potentialités desnanotubes de carbone dans ledomaine hyperfréquence : Applicationà l'élaboration de matériauxnanocomposites et contribution à laminiaturisation de composantsélectromécaniques (NEMS),PAR S. PACCHINI,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 19 décembre 2008.

� Nouvelles architectures distribuéesde gestion et conversion de l'énergiepour les applications photovoltaïques,PAR S. PETIBON,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 20 janvier 2009.

� Assemblage dirigé d'objets à partirde solutions colloïdales,PAR M. GENEVIEVE,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'INSA, 4 février 2009.

� Stratégies de modélisation etprotection vis à vis des déchargesélectrostatiques (ESD) adaptées auxexigences de la norme du composantcharge (CDM),PAR Y. GAO,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'INP, 13 février 2009.

� Nouvelle approche méthodologiquepour la prise en compte de laflexibilité dans les interactions entremolécules biologiques : les ModesStatiques,PAR M. BRUT,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 5 mars 2009.

� Actionnement électriques de fluidesdédiés aux microsystèmes,PAR L. TANGUY,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 9 mars 2009.

� Réalisation d'une plateformebiopuce sans marquage basée sur lalithographie douce,PAR H. LALO,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'INSA, 16 mars 2009.

� Elaboration de sourceshyperfréquences à haute puretéspectrale à base de résonnateursoptiques,PAR P.H. MERRER,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 17 avril 2009.

� Analyse de la fiabilité à long termede transistors bipolaires soumis à defaibles contraintes,PAR A. CROSSON,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 23 avril 2009.

� Jonctions ultra-minces p+/n pourMOS "ultimes étude de l'impact desdéfauts sur la mobilité et l'activationdu bore,PAR F. SEVERAC,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 24 avril 2009.

Thèses

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V I E S C I E N T I F I Q U E

Céline Casenave,Lauréate du prix international Amélia Earhart du Zonta

Céline Casenave, doctorante au LAAS, a été récompensée par ce prix quidistingue des jeunes femmes pour l'excellence de leurs travaux en sciences etingénieries liées au domaine aéronautique et spatial. Ses travaux de thèse

portent sur la “formulation diffusive d’équations opérationnelles et application à certains problèmesdynamiques non linéaires”. Grâce à des résultats significatifs en regard du problème essentiel“d’inversion opératorielle”, elle a démarré une application en situation concrète pour la simulation etl'identification de certains modèles en aéroacoustique et combustion. �

Emrah Akin Sisbot,1er prix de thèse du GDR Robotique

Le Groupement de recherche en robotique du CNRS a décerné le 1er prix dethèse 2009 à un post doctorant du LAAS. Emrah Akin Sisbot mène desrecherches sur le raisonnement géométrique et la planification du mouvement

dans l'interaction homme-machine avec Rachid Alami. La cérémonie de remise du prix a eu lieu le5 novembre dernier lors des Journées nationales de la recherche en robotique. Le GDR regroupeprès de 60 équipes de recherche du CNRS, de l'université et de l'INRIA entre autres. Il regroupeplus de 800 chercheurs dont la moitié de doctorants. �

Fabien Thion,Lauréat du prix de la rupture technologique

Fabien Thion, doctorant au laboratoire Ampère de Lyon en co-tutelle avec leLAAS, a reçu le prix 2009 de la rupture technologique lors de la conférence desJeunes chercheurs en génie électrique le 23 septembre. L'article priméconcerne "les composants électroniques en diamant : état de l'art, applications

et simulations préliminaires". C'est une reconnaissance importante de la communauté du génieélectrique français. �

T A L E N T S Micro et nano systèmes (suite)

� Intégration à grande échelle denanobiocapteurs basés sur le blocage decoulomb et de canaux microfluidiques,pour la détection directe debiomarqueurs cancéreux,PAR A. MARTINEZ RIVAS,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'INSA, 26 juin 2009.

� Modélisation du contact métal-métal:application aux micro-commutateursMEMS RF,PAR F. PENNEC,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 26 juin 2009.

� Modélisation et optimisationd'actionneurs électrostatiques àmembrane,PAR C. MAJ,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'INSA, 8 juillet 2009.

� Modélisation et optimisation decapteurs de pression piézorésistifs,PAR M. OLSZACKI,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'INSA, 8 juillet 2009.

Automatique et traitement du signal

� Détection et localisation des défautsprovenant des capteurs et desactionneurs : application sur un systèmenon linéaire,PAR D. FRAGKOULIS,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 13 novembre 2008.

� Synthèse LPV polynomiale appliquéeà la commande de turboréacteurs,PAR W. GILBERT,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l’INSA, 25 novembre 2008.

� Un point de vue unifié sur ladiagnosticabilité,PAR X. PUCEL,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'INSA, 11 décembre 2008.

� Diagnostic hors-ligne à base demodèles : approche multi-modèle pourla génération automatique de séquencesde tests. Application au domaine del'automobile,PAR H. RESSENCOURT,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, décembre 2008.

� Active diagnosis of hybrid systemsguided by diagnosability analysis.Application to autonomous satellites,PAR M. BAYOUDH,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'INP, 4 février 2009.

� Méthodologie de conception decontrôleurs intelligents par l'approchegénétique. Application à un bioprocédé,PAR O. GUENOUNOU,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 22 avril 2009.

Thèses

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Alain Costes,Prix du Cercle d’Oc 2009

A l’occasion de la fête annuelle du Cercle d’Oc, club de chefs d’entreprise de Midi-Pyrénées, le 17 septembre, Alain Costes a reçu le prix des mains du nouveauprésident Alain Di Crescenzo. Toute sa carrière, Alain Costes a œuvré au

rapprochement entre scientifiques et industriels. Citons la mise en place en 1991 du concept novateurde laboratoire commun entre la recherche et l’industrie et la création du Club des affiliés du LAAS lamême année. �

Yann Weber,Lauréat du prix Paul Sabatierde l'Académie des sciences, inscriptions et belles lettres de Toulouse

Yann Weber, docteur du LAAS en 2008, a été distingué pour ses travaux sur laconception d'une nouvelle génération de transistor Flymos 200 V possédant

une résistance spécifique dépassant la limite conventionnelle du silicium. A la suite de cesrecherches, menées au sein du laboratoire commun LISPA (lab. d’intégration des systèmes depuissance avancés) LAAS/Freescale, il a intégré l'entreprise en tant qu'ingénieur en analyse dedéfaillances. �

Ana-Elena Rugina,Prix de thèse Léopold Escande de l’INPT

Déjà lauréate de plusieurs prix (Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, Amelia Earhart, Lambda-mu d'or Recherche), Ana-ElenaRugina a effectué sa thèse au LAAS. Elle ajoute à son palmarès le prix LéopoldEscande qui récompense chaque année les meilleures thèses de l'INPT.

Démarrée dans le cadre du projet européen Assert coordonné par l'Agence spatiale européenne, lathèse concernait l'évaluation de la sûreté de fonctionnement de systèmes critiques. Ana-Elena poursuitsa carrière au sein d'EADS Astrium. �

D I S T I N C T I O N S R É G I O N A L E S

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V I E S C I E N T I F I Q U E

NOV. 2008 À DÉC. 2009

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Suivant les applications considérées et lenombre de degrés de liberté à envisager,Christophe Prieur a étudié deux grandesclasses de systèmes. La première classede systèmes est décrite par deséquations non linéaires aux dérivéesordinaires.Les commandes correspondantes ontété examinées avec une dynamiquemixte discrète/continue, dites hybrides.Elles permettent de stabiliser des

systèmes non linéaires avec unerobustesse, par rapport aux erreurs demesure par exemple, et une certaineoptimalité. La seconde classe desystèmes concerne ceux à paramètresdistribués. Des résultats ont concernésplus particulièrement le contrôle ou lastabilisation de structures flexibles, ainsique la stabilisation robuste del'écoulement de l'eau dans un réseau decanaux.

9 novembre 2009par Christophe PrieurContrôlabilité et stabilisation optimalesen dimension finie ou infinie

Depuis l'origine des temps l'homme rêve devivre plus longtemps et surtout d'utiliser cetemps pour des activités agréables. Laprochaine étape de cette évolution sera laconstruction de robots capables de choisir,définir et enfin accomplir une tâche demanière autonome au milieu des humains.Pour atteindre ce but, des outils deplanification et de contrôle pour des tâchesde manipulation sont présentés. La notion demouvements souples constitués de suites defonctions cubiques permet, d’une part, deplanifier des trajectoires en prenant en

compte le temps et les contraintes de confortet de sécurité des utilisateurs, et d’autre part,de faire le lien entre planification etcommande. La planification de prises etl’étude de leurs stabilités constituent unélément clé de la planification de tâches demanipulation. L’étude de la dynamique et desfrottements est indispensable à lacompréhension de la manipulation.L’interaction entre humains et robots estabordée à partir de l’étude de l’échange d’unobjet équipé de capteurs pour mesurer lesforces d’interaction.

13 novembre 2009par Daniel SidobreManipulation robotisée et interaction

Automatique et traitement du signal (suite)

� Sur la stabilité des systèmes à retardsvariant dans le temps: théorie etapplication au contrôle de congestiond'un routeur,PAR Y. ARIBA,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 23 novembre 2009.

Robotique

� Interaction décisionnelle homme-robot: la planification de tâches auservice de la sociabilité du robot,PAR V. MONTREUIL,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 7 novembre 2008.

� Vision et filtrage particulaire pourle suivi tridimensionnel demouvements humains: applications àla robotique,PAR F. FONTMARTY,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 2 décembre 2008.

� On autonomous target tracking forUAVs,PAR T. THEODORAKOPOULOS,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 4 mai 2009.

� Planification de tâche demanipulation par pivotement pour unrobot humain,PAR M. POIRIER,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'INSA, 21 septembre 2009.

Informatique

� Découverte et agrégation detopologies de réseaux : application aucontrôle d'admission,PAR W. HTIRA,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 12 novembre 2008.

� Modélisation des applicationsdistribuées à architecture dynamique:conception et validation,PAR M. HADJ KACEM,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 13 novembre 2008.

� Evaluation des systèmes dedétection d'intrusion,PAR M. GAD EL RAB,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 15 décembre 2008.

� Adaptation en ligne de mécanismesde tolérance aux fautes par uneapproche à composants ouverts,PAR T. PAREAUD,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'INP, 27 janvier 2009.

� Conception, implantation etexpérimentation d'une architecture enbus pour l'auto-réparation desapplications distribuées à base deservices Web,PAR R. BEN HALIMA,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 17 juin 2009.

Thèses

Depuis le premier concept proposé parKenichi Iga (Tokyo Institute of Technology,Japon) il y a 30 ans, une forte activité derecherche a été déployée sur les lasers àcavité verticale à émission par la surface(VCSELs). Elle s’étend désormais dumatériau au composant jusqu’aux systèmesphotoniques, les conduisant à la positionstratégique qu'occupe actuellement ceslasers. Le parcours scientifique deVéronique Bardinal s’inscrit dans cettedynamique. Ses activités de recherche onttout d'abord concerné le contrôle en tempsréel de la croissance par épitaxie desdispositifs et la maîtrise de leurconfinement transverse. Elles se sontensuite étendues vers l’étude de laphotodétection intégrée dans des VCSELs

multifonctionnels. Le contrôle del’injection électrique dans les composantsde grandes dimensions pour lamanipulation de solitons de cavité aégalement constitué un axe dedéveloppement. Sans oublier la générationde puissance, jusqu’à l’intégration desVCSELs dans les microsystèmes,notamment pour le biomédical. Cettedernière thématique a conduit VéroniqueBardinal à mettre en place une nouvellefilière sur la micro-optique intégrée à basede polymères pour ces composants. Cestravaux ouvrent de nombreusesperspectives dans le domaine de la nano-photonique, de l’instrumentation et de labio-photonique.

Habilitations à diriger des recherches

9 avril 2009par Véronique Bardinal-DelagnesVCSELs : Technologie et intégration photonique

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V I E S C I E N T I F I Q U E

Informatique (suite)

� Contributions on detection andclassification of internet trafficanomalies,PAR S. FARRAPOSO,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 17 juin 2009.

� Détection d'erreur au plus tôt dansles systèmes temps réel : une approchebasée sur la vérification en ligne,PAR T. ROBERT,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'INP, 24 juin 2009.

� Contribution à la qualité de servicedans les réseaux d'accès sans-fil,PAR M. EL MASRI,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'INSA, 9 juillet 2009.

� Une approche pour la compositionautonome de services decommunication orientés QoS.Application aux protocoles de transportconfigurables,PAR N. VAN WAMBEKEthèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'INSA, 8 septembre 2009.

� Controle d'accès pour les grandesinfrastructures critiques. Application auréseau d'énergie électrique,PAR A. BAINA,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'INSA, 29 septembre 2009.

� End to end architecture andmechanisms for mobile and wirelesscommunications in the Internet,PAR L. ZHANG,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l’UPS, 5 octobre 2009.

� Approche système pour laconception d'une méthodologie pourl'élicitation collaborative des exigences,PAR J. KONATE,thèse de l'Université de Toulousedélivrée par l'UPS, 27 octobre 2009.

Thèses

Les travaux présentés portent sur l'impact du bruit de fondélectrique sur les technologies des composants actifs, lescircuits et les systèmes des hautes fréquences. Durant nos 12dernières années de recherche, nous nous sommesintéressés à des filières émergentes à fort potentield'intégration (BiCMOS SiGe) ou à forte puissance (GaN).Nous avons développé des modèles électriques et en bruitdes composants actifs pour identifier les pistesd'améliorations technologiques, localiser les défautsstructurels ou étudier le comportement de ces mêmesdéfauts après l'application de contraintes simulant unvieillissement accéléré. Sur la base de la connaissance des

8 décembre 2009par Jean-Guy TartarinLe bruit de fond électrique dans les composants actifs,circuits et systèmes des hautes fréquences : des causes vers les effets

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Habilitations à diriger des recherches

La sécurité des systèmes informatiquesrépartis est un problème de plus en plusimportant, en particulier avec l'utilisationmassive du réseau Internet. Il est doncessentiel de pouvoir imaginer destechniques de protection efficaces de nossystèmes et de nos réseaux. Ces travauxproposent une contribution à laprotection des systèmes informatiquesvis-à-vis des malveillances, en abordant leproblème sous deux angles : un anglearchitectural et un angle expérimental.

L'angle architectural concerne laconception d'architectures de sécuritépermettant de faire face aux menacesactuelles, en proposant plusieursapproches suivies dans la cadre dedifférentes thèses.L'angle expérimental se focalise sur destechniques permettant d'améliorer notreconnaissance des attaquants et desprocessus d'attaques, en particulier, lesprocessus qui utilisent le réseau Internetcomme support.

19 novembre 2009par Vincent NicometteLa protection des systèmes informatiques vis-à-vis des malveillances : architecture et évaluation expérimentale

Cette habilitation s'attache à décrirel'intérêt de l'analyse d'intervalles enordonnancement. L'analyse d'intervallesconsidère les relations d'ordresexistantes entres certains intervallescaractéristiques des tâches àordonnancer. On montre comment, pourcertains problèmes particuliers, ellepermet de définir des conditions dedominance ou des conditions suffisantesd'optimalité, caractérisant des ensemblesremarquables de solutions. Laconnaissance de ces ensembles permet

d'envisager des formulations deprogrammation linéaire en nombresentiers (PLNE) efficaces et originalespour résoudre certains problèmesréputés difficiles. De plus, lesconditions étant relativementindépendantes des valeurs numériquesdu problème, on montre aussi leurintérêt pour la caractérisationd'ensembles flexibles et robustes desolutions. D'autres travaux serontégalement évoqués dans lesquels lanotion d'intervalle est centrale.

7 décembre 2009par Cyril BriandAnalyse d'intervallespour l'ordonnancement d'activités

composants actifs, nous avons développé des circuitsintégrés MMIC faible bruit à 10 GHz et 20 GHz(amplificateurs et oscillateurs) dont certains se positionnentà l'état de l'art. La troisième partie, orientée système, abordel'étude du bruit d'un récepteur, le cas d'un étage deréception affecté par la chaîne d'émission, en proposantdifférentes parades permettant de limiter les dégradationsde son plancher de bruit. Enfin, le cas d'un système deliaison hertzienne embarqué sur automobile est abordé.Diverses stratégies sont ainsi proposées pour pallier lesévènements conduisant à une rupture de la liaison.

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C O N G R È S

Rendez-vous Carnot 2010 5-6 mai 2010, LyonCette 3e édition est organisés à l’initiative de l’Association des instituts Carnot en collaboration avec la région Rhône-Alpes et le Grand Lyon. Le LAAS, en tant qu'InstitutCarnot, y participe. Au programme : rendez-vous d'affaires, présentations flash de start-ups, démonstrateurs, conférences, tables rondes... Durant deux jours, chefsd’entreprises, responsables R&D de grands groupes, PME et représentants de collectivités territoriales, porteurs de projet d’innovation pourront avoir un accès facile etgratuit aux acteurs majeurs d’une recherche publique engagée pour le développement de ’innovation et de l’économie.www.rdv-carnot.com / Contact : Alain Filipowicz, [email protected]

11e Congrès des doctorants EDSYS (école doctorale systèmes de Midi-Pyrénées ED 309) 6-7 mai 2010, ENAC, Toulouse EDSYS réunit de nombreux laboratoires travaillant autour des systèmes (systèmes automatiques, systèmes industriels, systèmes informatiques, systèmes embarqués).Ce congrès est l'occasion pour tous les doctorants de l'EDSYS d'exposer leurs travaux au reste de la communauté.www.laas.fr/EDSYS/contents/congres/2010/index.php

5th International Congress ERTS2 , Embedded Real Time Software and Systems19-21 mai 2010, ToulouseLa cinquième édition du congrès ERTS2 suit celle de 2008 qui avait accueilli plus de 500 participants. Cette manifestation, unique en son genre, permet de regrouperautour du logiciel embarqué des acteurs de différents domaines. L’adjonction du terme Systems dans le titre de cette cinquième édition étend le spectre des domainesd’application, qui étaient principalement l’automobile, le ferroviaire, le spatial et l’aéronautique, à la notion plus large de système, commune à d’autres applications commel’énergie, les télécommunications, et le médical. Les sujets abordés offrent une large couverture de la problématique des systèmes embarqués temps réel : architectureset algorithmes, langages, processus de développement, méthodes et outils, sûreté de fonctionnement et qualité de service, interactions homme-machine, environnementspour l’innovation et modèles économiques. ERTS est devenu au fil du temps une manifestation de tout premier plan : de 20 communications soumises et 179 participantslors de la première édition en 2002, cette cinquième édition a attiré 154 soumissions, et 800 participants sont attendus. Il est de plus à signaler que, débordant largementle cadre européen, cette édition a attiré des soumissions du Brésil, des États-Unis d’Amérique, et de Russie.www.erts2010.org / Contact : Jean-Claude Laprie, président du comité de programme, [email protected]

Journée du Club Optique Micro-ondes 3 juin 2010, ISAE / Campus Supaero, ToulouseL’ISAE (Institut supérieur de l’aéronautique et de l’espace) et le LAAS organisent cette journée sous la direction de la Société française d'optique. La thématique principalesera l’opto-hyperfréquence dans l’avionique et le spatial. http://websites.isae.fr/jcom/

DRHE 2010 Dependable Robots in Human Environments16-17 juin 2010, LAAS CNRS, Toulouse La robotique moderne est face aux nombreux nouveaux domaines d'application qui exigent des interactions physiques et cognitives fiables et efficaces avec les humains.Ce 7e workshop sur les défis techniques des robots fiables en environnement humain de l'IARP (International Advanced Robotics Program) s'intéressera particulièrementaux robots autonomes. Il s'inscrit dans une suite de manifestations scientifiques fructueuses autour d'un petit groupe d'experts de haut niveau en robotique et issus d'autresdisciplines, afin de discuter des dernières avancées dans ce domaine. L'atelier est prévu conjointement avec d'autres manifestations qui se tiendront au LAAS CNRS lamême semaine.www.laas.fr/DRHE2010/ / Contact : Félix Ingrand, Comité d'organisation, [email protected]

IFAC World Congress 2017À l’initiative des représentants de la fédération internationale de l’Automatique, IFAC, en France et avec le soutien de l’ensemble de la communauté scientifique dudomaine, la France est candidate pour présider l’IFAC pour le triennal 2014 - 2017 et organiser l’IFAC World Congress en 2017 à Toulouse. Le LAAS est porteur de cettecandidature localement. L'attribution finale se fera en juillet 2010 et se joue entre Amsterdam, Toulouse et Yokohama. Cet événement majeur, organisé une fois tous lestrois ans, regroupe près de 3.000 chercheurs du monde entier issus des milieux académiques et industriels. En 2017 il coïncidera avec les 60 ans de l’IFAC fondée en1957 à Paris.

P A R U T I O N S

Linear and IntegerProgramming vs LinearIntegration and CountingPar Jean-Bernard LasserreSpringer-Verlag, 2009.

Dans ce livre, l’auteur analyse etcompare quatre problèmes liés : laprogrammation linéaire, laprogrammation entière, l’intégrationlinéaire et le comptage. L’accent estmis sur la dualité et l’approche estnouvelle car elle met la programmationentière en perspective avec troisproblèmes associés et permet dedéfinir les analogues discrets de

concepts bien connus en dualité continue. Il y a une partie de mon activitéscientifique que je trouve un peu exotique, indique l'auteur, j’espère que celivre suscitera quelque intérêt dans la communauté rechercheopérationnelle. Il concerne la programmation entière et le comptage depoints entiers dans les polytopes, et utilise les fonctions génératrices. Làaussi la géométrie algébrique apparaît.

Moments, PositivePolynomials and TheirApplicationsPar Jean-Bernard LasserreImperial College Press, 2009.

Des très nombreuses application enoptimisation globale, algèbre,probabilité et statistiques,mathématiques appliquées, théoriedu contrôle, mathématiquesfinancières, problèmes inverses,etc… peuvent être modéliséescomme des exemples particuliers duproblème généralisé des moments.Ce livre introduit une nouvelle

méthodologie pour résoudre ce problème généralisé des momentsquand ces données sont des polynomes et des espaces semi-algébriques. Cette méthodologie combine la programmation semi-définie avec des résultats récents de géométrie algébrique réelle pourfournir une hiérarchie de relaxations semi-définies convergeant vers lavaleur optimale voulue.

V I E S C I E N T I F I Q U E

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I M A G E D U L A A S

Ci-dessus, on voit en haut à gauche de laphotographie le dispositif d’un laboratoire sur pucedédié à la visualisation en 3D de cellules vivantes.Ce dispositif est composé d’un réseau de 100micro-miroirs en forme de V (partie moirée dudispositif), et de tuyaux fluidiques à travers lesquelsles solutions sont transportées.Les trois formes arrondies (en bas à droite) sontdes photos de noyaux de levure d’environ 3 μm dediamètre, les points lumineux correspondant à unsegment d’ADN fluorescent.Le dessin schématise un sillon en V (orangé) avecle noyau (vert) qui se reflète sur 2 facettes dumiroir.La ligne noire reliant les points jaune et orangesymbolise le chemin parcouru pendant un tempsdonné.L’échelle est fournie par la lame de verre dépoli de2,5 cm de longueur.

Ci-contre, une autre modélisation des micromiroirs.

Un laboratoire sur puce pour la visualisation3D des mouvements de l’ADN (photomontage)

C o n t a c t

Aurélien Bancaud, [email protected]

@

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Imp.

Ramo

nville

Exposition au LAAS-CNRSExposition au LAAS-CNRSEntrée libre les vendredis d’avril et mai 2010 de 10h à 18h.7, avenue du Colonel Roche, 31077 TOULOUSE