stratÉgies ressources de la mÉmoire & du sa
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[STRATÉGIES & RESSOURCES DE LA MÉMOIRE & DU SA
333
Aurélien Blaha : Scip France est ouvert à la veille stratégique et concurrentiellep. 07
[STRATÉGIES & RESSOURCES DE LA MÉMOIRE & DU SAVOIR]
333
333
que doit-on réellement numériser ?
n° 33319 euros ■ avril 2020
Aurélien Blaha : Scip France est ouvert à la veille stratégique et concurrentiellep. 07
Emilie Marquois : au cœur des médias sociauxp. 45
Laurence Bril : à chacun sa détox numérique !p. 46
n°66
GP
66
GP66
gérer et valoriser ses ressources multimédia
guide pratique75 euros
une p
ublic
ation
du gr
oupe
1archimag n° 333 avril 2020
Serda édition-IDP 24, rue de Milan, F-75009 Paris Tél. : +33 (0)1 55 31 92 30 Fax : +33 (0)1 44 53 45 01 [email protected] www.archimag.com
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rédactionrédacteur en chefMichel Remizedirectrice de la rédactionLouise Guerredirecteur de la publicationPierre Fuzeau
l’équipe de rédacteursClémence Jost, Eric Le Ven, Bruno Texiernos correspondantsArbido (Genève), Ikram Bouzikar (Tanger), Florian Delabie (Bruxelles), Philippe Laurent (Bruxelles), Élisabeth Lavigueur (Montréal),ont collaboré à ce numéroFrédéric Bergonzoli, Jérôme Bondu, Caroline Buscal, Christophe Dutheil, Danièle Véretconception graphiqueJulio Arias-Arranz, ArncoatmaquetteArtistyck (Aline Paumard)dessinateurYves Barros
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Tarif étudiant : 1 an, 30 euros Tarif demandeur d’emploi : 1 an, 65 euros Vente au numéro : 19 eurosimprimeurInore Groupe Impression 4 rue Thomas Edison 58640 Varennes VauzelleséditeurIDP Sarl, au capital de 40 000 euros Information, documentation, presse Numéro de commission paritaire : 1221 T 85484 ISSN : 2260-166X Dépôt légal à parution du numérocrédits photosCouverture : © demaerre / iStockIntérieures : droits réservés, sauf mentions différentes
annonceursA2Press : 39Elsevier : 11Everial : 21Groupe Luquet Duranton : 2Iguana : excartIDP : encart, 2e de couverture, 35, 3e et 4e de couvertureIron Mountain : 23Numerize : 17PMB : 37Serda Formation : 9
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Ce document est imprimé sur papier certifié PEFC
« q uels documents est-il nécessaire de numériser ? »,
s ’ i n t e r r o g e
notre dossier.
Une question très classique lorsque
l’on parle de dématérialisation, et il est
vrai que les quantités de papier en cir-
culation dans les organisations privées
et publiques sont encore impression-
nantes. Pour numériser, la méthode a
son importance et, selon les volumes, les
problématiques, le recours à un presta-
taire pourra s’imposer. Mais comment
établir avec lui de bonnes bases de tra-
vail ? Le dossier insiste sur cet aspect
en évoquant en particulier la rédaction
d’une convention de numérisation, sorte
de feuille de route très stricte qui peut
éviter bien des dérapages.
Avec le confinement décidé suite à la
pandémie de Covid-19, certains se seront
félicités d’avoir de longue date mis en
œuvre un processus de numérisation.
De quoi permettre l’accès à distance aux
documents électroniques nécessaires
au télétravail — lorsqu’il est possible.
Et des prestataires en numérisation
parviennent à poursuivre leur activité
pendant cette période, dans une certaine
mesure, évitant les ruptures de flux.
D’autres regrettent de ne pas s’être enga-
gés dans cette voie à temps… Nombre
de documents papier se retrouvent en
attente, des retards s’accumulent, avec
des conséquences qui peuvent s’avérer
très douloureuses pour l’activité.
Reste que la numérisation ne fait pas tout.
Opérée dans les règles de l’art, elle met à
disposition le « bon » document, catégo-
risé, indexé, routé, archivé comme il se
doit, des données pouvant être extraites
au passage. Mais une solide gouvernance
doit permettre de conserver cette qualité
tout au long de l’utilisation de ce docu-
ment ou de ses informations. Des réflexes
souvent bien établis lorsque l’on est dans
son cadre de travail habituel, avec ses ou-
tils de tous les jours, mais qui peuvent être
sévèrement bousculés dans un contexte
de télétravail parfois improvisé.
Imaginez simplement que certains col-
laborateurs utilisent, par obligation
pratique ou négligence, une adresse email
personnelle pour continuer à traiter leurs
dossiers, sans trop s’inquiéter de sécurité
et en stockant sur le disque dur de leur
PC maison ou dans leur cloud privé : vous
avez là une idée de comment un « vrac numérique » peut apparaître. C’est un
autre casse-tête en vue pour le déconfi-
nement. Un nouveau chapitre à écrire
dans les procédures de gouvernance de
l’information. n
Michel Remize[ Rédacteur en chef ]
le virus de la numérisation
Michel Remize DR
3archimag n° 333 avril 2020
sommaire04 quelles archives à l’horizon 2024 ?05 e-administration : la Cour des comptes
interpelle l’État06 nouveau site pour la bibliographie nationale
française07 3 questions à Aurélien Blaha08 un ouvrage rarissime de Newton trouvé
à la bibliothèque d’Ajaccio09 DocuSign acquiert Seal Software…10 la start-up du mois : Keeex
46 Laurence Bril : « à chacun sa détox numérique ! »
48 archimag store : applis, cadeaux, beaux livres…50 dans les archives d'Archimag, avril 2000 48
04
12 que doit-on réellement numériser ? Dans le privé comme dans le public, les besoins en numérisation
sont encore nombreux. La tentation de vouloir tout numériser ne tient pas longtemps lorsque l’on se pose la question du coût, ou d’abord celle de l’utilité. Records managers et archivistes le savent, mais ne sont pas forcément aux manettes.
Sommaire p.13
24 l’IA va à Dam26 quand les bibliothèques passent au vert28 le laboratoire africain de l’intelligence
économique32 choisissez les outils adaptés pour vous mettre
au télétravail34 la gouvernance de l’information au Québec36 choisir son agence d’abonnement40 collectivités : réussir et pérenniser son projet
d’open data42 la preuve électronique44 favoris : les moteurs de recherche académiques45 Emilie Marquois, au cœur des médias sociaux 36
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[actualités]
4 archimag n° 333 avril 2020
quelles archives à l’horizon 2024 ?Le Cadre stratégique commun de modernisation des archives anticipe « le passage à l’échelle » de l’archivage numérique de l’État. Un chantier ambitieux qui devrait impacter les pratiques professionnelles, mais aussi les agents de la fonction publique.
le 7 octobre 2015, Manuel Valls, alors
Premier ministre, envoyait une cir-
culaire à l’ensemble des membres
du gouvernement. Objet : la mise en
place d’un cadre stratégique commun
de modernisation des archives. Pour le chef
du gouvernement, il s’agissait de « donner la priorité au développement de l’archivage numérique au sein des administrations de l’État et des services publics d’archives ».
Mais il faut en réalité remonter au début de
la décennie 2010 pour trouver la trace des
premières réflexions lancées sur le sujet.
Depuis, cet ambitieux chantier a fait l’ob-
jet de près de vingt réunions de travail
menées au sein du Comité interministé-
riel des archives de France (Ciaf) et il vise
désormais l’horizon 2020-2024.
À ce jour, cinq grandes thématiques ont
été dégagées par le Ciaf :
n placer l’usager au cœur des dispositifs ;
n archivage numérique : passer à l’échelle ;
n mettre l’archivage au cœur de la trans-
formation numérique de l’administration ;
n faire évoluer les politiques de collecte
et de conservation des services publics
d’archives ;
n accompagner les agents dans les évolu-
tions en cours.
À l’évidence, ce cadre stratégique va non
seulement impacter le cœur de métier des ar-
chivistes (notamment les phases de collecte
et de conservation), mais il a également
pour ambition d’évangéliser la fonction ar-
chivistique au sein des ministères.
le passage à l’échelle de l’archivage numérique françaisLe « passage à l’échelle » est désormais la
clef de voûte de l’archivage numérique fran-
çais. Le credo du Ciaf repose pour partie sur
ce qui a déjà été produit par les archivistes,
en particulier la plateforme d’archivage
Vitam et ses déclinaisons (Adamant pour les
Archives nationales, Saphir pour le minis-
tère des Affaires étrangères et Archipel pour
le ministère des Armées) qui sont désor-
mais opérationnelles. Il repose également
sur ce qu’il va falloir mettre en œuvre, à sa-
voir « munir les administrations centrales et les opérateurs de l’État d’une solution d’archivage ». Mieux : le Ciaf préconise de
« faciliter l’émergence et l’appropriation d’outils permettant les traitements de don-nées et documents en amont des systèmes d’archivage électronique ».
Ce passage à l’échelle devra aussi se faire à
l’aune de la volumétrie. Face à « la massifi-cation de l’archivage numérique », il faudra
lever les obstacles culturels, techniques
et organisationnels qui sont constatés au-
jourd’hui. De même, les archivistes devront
être en mesure de maîtriser un plus grand
nombre de formats.
Au-delà des archivistes, les agents de la
fonction publique seront donc mis à contri-
bution à travers un plan qui sera lancé dans
chaque département ministériel afin « d’ac-culturer l’ensemble des agents à la fonction archives ».
politiques de collecte pertinentes, soutenables et transparentesDu côté des pratiques professionnelles, des
changements sont-ils à prévoir ? Le cadre
stratégique évoque « des politiques de collecte et de traitements pertinentes, soutenables et transparentes ». Cette
formule est-elle à rapprocher de la no-
tion « d’archives essentielles » défendue
par l’ancienne ministre de la Culture
Françoise Nyssen en 2018 ? Tel qu’il est
rédigé, le document de travail du Ciaf ne
répond pas à cette question.
Les usagers quant à eux peuvent se réjouir.
Ils n’ont pas été oubliés et devraient accéder
plus facilement à leur patrimoine documen-
taire via une simplification du droit d’accès
aux archives. Cet accès passera également
par la poursuite de la numérisation (déjà
très engagée en France) et le développement
de l’accès à distance. La consultation in situ
sera également repensée grâce à l’améliora-
tion des espaces d’accueil du public.
Et pour aller au-delà de son périmètre tra-
ditionnel, la fonction archives sera intégrée
dans les politiques d’éducation artistique
et culturelle ainsi que dans les stratégies
culturelles des territoires. n
Bruno Texier
Le site des Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine Arc
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5archimag n° 333 avril 2020
les tweets du mois
suivez-nous sur Twitter : twitter.com/ArchimagRedac
sur Archimag.com
e-administration : la Cour des comptes interpelle l’ÉtatC’est un constat mi-figue mi-raisin que la Cour des comptes porte sur la numérisation
des services publics. Dans son rapport public 2020, la Cour estime que « les impacts positifs de la transformation numérique, tant sur les services offerts aux usagers que sur l’efficacité des organisations ne sont pas toujours au rendez-vous ».
Les auteurs du rapport reconnaissent certains succès (en matière fiscale par
exemple), mais ils soulignent également un manque de préparation dans d’autres
chantiers numériques. C’est notamment le cas pour la délivrance de certains titres
(cartes nationales d’identité, passeports, permis de conduire et cartes grises) où la
dématérialisation a été progressive depuis 2017.
insuffisante prise en compte des difficultés d'accès Cette transition pose des problèmes en raison d’une « insuffisante prise en compte des difficultés d’accès de certaines populations aux services numériques », telles
que l’illettrisme et l’illectronisme… « La dématérialisation intégrale des procédures de délivrance des titres ne pouvait réussir sans que soit offerte aux usagers une aide téléphonique », constate le rapport.
La Cour des comptes déplore également des lacunes professionnelles à certains
échelons de l’administration. Elle liste une série de dysfonctionnements : carences
en personnel qualifié dans les services informatiques, répartition déséquilibrée des
effectifs au sein de ces services… Au final, « ces facteurs structurels expliquent le manque d’attractivité pour les jeunes diplômés ».
simplification des procéduresSans remettre en cause la stratégie de l’État, la Cour des comptes lance un avertis-
sement : « Sans simplification des procédures, leur numérisation risque d’être peu efficace et même de les rendre encore plus complexes. Le thème de la dématérialisa-tion de la délivrance des titres montre bien comment la numérisation intégrale de procédures aussi complexes aurait justifié un travail approfondi de simplification préalable ». n
erratumUne erreur s’est glissée dans Archimag numéro 332 de mars 2020. Page 26, la cita-
tion en exergue à côté de la photo n’est pas attribuée à la bonne personne. Il fallait
lire Anthony Mahé (qui est sociologue et directeur de la connaissance au sein du
cabinet de conseil Eranos). Avec toutes nos excuses. n
[actualités]
6 archimag n° 333 avril 2020
nouveau site pour la bibliographie nationale française
près de vingt ans après sa mise en ligne, le site de la bibliographie nationale
française fait peau neuve. Cette nouvelle version propose notamment une
fonctionnalité de recherche par mots (simple ou avancée) pour des interroga-
tions globales, croisées ou ciblées sur l’ensemble des données. De nouveaux
critères de recherche font leur apparition ainsi que de nouvelles facettes.
La catégorie audiovisuelle, quant à elle, est enrichie de quatre nouvelles sections : son,
vidéo, multimédia et multisupports.
observatoire du dépôt légalAutre changement notable, les internautes peuvent désormais accéder aux notices du
dépôt légal établies dès les années 1970 contre 2001 auparavant, ainsi qu’à l’Observa-
toire du dépôt légal… n
bibliographienationale.bnf.fr
Europeana : une nouvelle version webEuropeana est désormais accessible dans une nouvelle version, quatre ans après la
dernière refonte. Avec une interface beaucoup plus aérée, la bibliothèque numérique
européenne se veut plus rapide notamment pour la page recherche « qui ne nécessite plus de rafraîchissement entre les changements de mots-clés ou de filtres » ; de nom-
breux filtres supplémentaires sont proposés : couleur dominante du document, taille de
l’image, format de fichier…
Une nouvelle section destinée aux enseignants fait son apparition avec une grande variété de
ressources et d’outils pour les aider à intégrer le patrimoine culturel dans leur enseignement. n
www.europeana.eu/fr
université de Strasbourg : futur learning centerLe futur learning center de l’université de Strasbourg devrait ouvrir ses portes début 2021.
Baptisé Studium, ce nouveau site sera « innovant, pluriel et accueillant répondant aux différents besoins et attentes de la communauté universitaire : apprentissages formels et informels, documentation, expérimentations, collaborations, sociabilités, transfor-mation numérique, ressources pour l’innovation pédagogique (inversée, par projet) »,
explique l’université de Strasbourg.
Les horaires d’ouverture seront particulièrement généreux : dès 8 heures du matin en
semaine jusqu’à 23 heures ainsi que certains week-ends, ceci pour l’accès à 80 000 do-
cuments et avec 650 places assises et de 26 salles de travail. n
un livre…
L’indexation matière en transition. De la réforme de Rameau à l’indexation automatique.
Sous la direction d’Etienne Cavalié. - Paris : Éditions du cercle de la librairie, 2019. - 227 p. - ISBN 978-2-7654-1623-4/40 eurosQuarante ans après la création du langage documentaire Rameau, où en est l’indexation ? En une dizaine d’années, les codes de catalogage RDA et Bibframe ont été au cœur des discussions, bientôt suivis par le projet de transition bibliographique menée en France par la BNF et l’Abes. Cet ouvrage collectif a une ambition : « Donner une meilleure lisibilité à cette réforme en cours de réalisation », explique Etienne Cavalié dans son introduction.La douzaine d’auteurs réunis ici revient sur le contexte normatif de la transition bibliographique et s’interroge sur les perspectives d’évolution de Rameau et de la classification décimale Dewey. Le thème de nouvelles métadonnées générées par l’indexation automatique de documents est également abordé à travers des exemples empruntés à la presse, aux partitions ou aux manuscrits. En guise de conclusion, l’ouvrage ouvre une porte vers l’intelligence artificielle, notamment l’apprentissage automatique (machine learning) et son impact sur les techniques d’indexation. n
7archimag n° 333 avril 2020
un livre…
Connaître et valoriser la création littéraire numérique en bibliothèque
Sous la direction de Franck Queyraud. - Villeurbanne : Presses de l’Enssib, 2019. - 197 p. - ISBN 978-2-37456-104-4/22 eurosCes dernières années ont vu l’expansion de nouvelles formes de création littéraire : livres enrichis, applications, blogs, livres web… Sans oublier les réseaux sociaux littéraires et la production de chaînes Youtube consacrées aux livres.Cet ouvrage collectif rend compte de la métamorphose du livre à travers les témoignages des acteurs de la chaîne éditoriale : auteurs, éditeurs, bibliothécaires… On trouvera notamment un chapitre consacré aux nouveaux « lieux d’écriture » : Facebook, Twitter, Tumblr, Instagram, ateliers d’écriture en ligne… L’écrivain François Bon, impliqué depuis longtemps dans la sphère numérique, évoque « les chemins buissonniers du lire-écrire à l’ère numérique ». Une vingtaine de cas concrets sont présentés : revues, applications, blogs… La place des bibliothèques est également abordée depuis le projet prêt numérique en bibliothèque (PNB) jusqu’aux offres alternatives de livres numériques en bibliothèque. n
3 questions à Aurélien Blaha« Scip France est ouvert à tous les praticiens de la veille stratégique et concurrentielle »Aurélien Blaha est représentant français au sein de Scip.
Pourquoi relancer Scip France ?Scip est une association profession-
nelle d’origine américaine ayant pour
but de réunir des praticiens de la veille
stratégique et concurrentielle (Scip
signifie Strategic and competitive in-
telligence professionals). Au-delà des
États-Unis, Scip est organisée par cha-
pitres (« chapters ») nationaux : il en
existe une quinzaine dans le monde,
plus ou moins actifs. En Europe, les cha-
pitres nationaux les plus actifs sont le
Royaume-Uni, l’Espagne et le Portugal.
Je trouvais dommage que la France n’y
soit plus représentée. À la suite d’une
rencontre avec Christophe Bisson (direc-
teur de programme à Skema Business School et membre du board de Scip), nous
avons décidé de relancer Scip France.
Qui trouvera-t-on au sein de Scip France ?Scip France est ouvert à tous les praticiens de la veille stratégique et concurrentielle
qui souhaitent échanger avec leurs pairs, accéder à des ressources sur ces sujets et
partager en retour leurs bonnes pratiques. Pour cela nous invitons des experts à
partager leur expérience de l’intelligence économique, en particulier si elle a une
dimension internationale. Nous avons ainsi déjà organisé deux petits-déjeuners en
novembre et février derniers, et d’autres sont prévus.
Quelle est la particularité de Scip France par rapport aux autres associations d’intelligence économique ?J’en vois aux moins deux. Tout d’abord, le côté international. Les autres associa-
tions d’intelligence économique en France sont généralement franco-françaises, ce
qui limite notre vision des différentes pratiques de l’intelligence économique dans
le monde. Avec Scip, je sais par exemple que je peux échanger avec mes homolo-
gues européens. L’année dernière, je suis retourné à l’événement annuel Scip à
Orlando qui réunit des professionnels du monde entier, et je n’y ai vu que très peu de
Français. La deuxième différence tient dans l’approche de l’intelligence économique.
Bien qu’internationale, l’association Scip est d’origine américaine et cela se ressent
évidemment dans l’approche anglo-saxonne de l’intelligence économique (on parle
d’ailleurs plutôt de competitive intelligence et market intelligence) : une approche
très pragmatique, orientée business, plus offensive, là où l’approche française reste
plus défensive, centrée sur la protection du patrimoine. n
twitter.com/Scipfrance
DR
[actualités]
8 archimag n° 333 avril 2020
un ouvrage rarissime de Newton trouvé à la bibliothèque d’Ajaccio
« c’ est un trésor exceptionnel qui a été récemment découvert à la bi-bliothèque patrimoniale d’Ajaccio : un ouvrage datant de 1686 du mathématicien, physicien et astronome Isaac Newton ! »
La bibliothèque ajaccienne n’en revient toujours pas d’avoir
trouvé sans ses collections cet ouvrage rarissime dont il n’existe
que 80 exemplaires (en version latine) dans le monde (et 400 en version anglaise).
Le 3 mars dernier, Vannina-Vassilia Schirinsky-Schikhmatoff, responsable à la conser-
vation et à la restauration de la Bibliothèque Patrimoniale Fesch a mis la main sur
« Philosophia Naturalis Principia Mathematica » (« Principes mathématiques de la philosophie naturelle »). « Ce qui est émouvant c’est qu’il est très probable que l’auteur l’ait eu entre ses mains », explique-t-elle.
trouvé dans un état étonnamment bonCet exemplaire provient de la collection de Lucien Bonaparte. Trouvé dans « un état étonnamment bon », l’ouvrage présente cependant une usure de la tranche et des alté-
rations sur certaines pages.
Dans « Philosophia Naturalis Principia Mathematica », Newton aborde des questions
aussi légères que la mécanique des mondes ou les lois et théories de l’attraction terrestre…
Un exemplaire similaire a été vendu aux enchères pour un montant de 3,5 millions d’eu-
ros en 2013. n
réouverture de la bibliothèque GulbenkianBonne nouvelle pour le public lusophone et les passionnés de culture portugaise,
la Bibliothèque Gulbenkian a rouvert ses portes au public le 16 mars dernier. Désormais
située dans les locaux de la Maison du Portugal de la Cité universitaire à Paris — elle était
située dans un hôtel particulier du 7e arrondissement —, elle propose une collection
d’environ 97 000 documents (livres, périodiques…) ainsi que des ressources numé-
riques consacrées au Portugal et plus largement à la production culturelle lusophone. n
RSF, la liberté de la presse et MinecraftAlors que blogs et sites de presse sont interdits dans certains pays, le jeu en ligne Minecraft reste accessible à tous les internautes. C’est donc sur cette plateforme fréquentée par 145 millions d’utilisateurs que Reporters sans frontières a décidé d’installer une bibliothèque dédiée à la liberté de la presse, avec des contenus non modifiables. Outre les articles censurés, les internautes pourront accéder au Classement mondial de la liberté de la presse et aux rapports sur la situation de la liberté d’information dans 180 pays. Ceci à l’abri de la surveillance des gouvernements. n
Italie, le coût du piratage de livres numériques300 000 actes de piratage de livres numérique sont recensés chaque jour en Italie. Soit près de 107 millions par an ! Selon une enquête menée pour l’Associazione Italiana Editori et la Federazione Italiana Editori Giornali, le téléchargement illégal de livres dématérialisés est en pleine expansion et porte un rude coup au secteur éditorial italien.Tous segments confondus (romans et essais, universitaire, banques de données), le coût du piratage est estimé à 528 millions d’euros par an soit 23 % du marché global (hors secteur scolaire et exportation). Le piratage serait à l’origine de la destruction de 8 800 emplois. n
DR
9archimag n° 333 avril 2020
DocuSign acquiert Seal Software…Nouvelle étape pour DocuSign qui a annoncé l’acquisition de Seal Software une société
spécialisée dans l’analyse des contrats d’entreprise et recourant au machine learning et
au traitement du langage naturel. Plus positionnée que jamais sur la digitalisation des
échanges, DocuSign fait le pari de l’intelligence artificielle pour renforcer ses outils dédiés
à la signature électronique et au cycle de vie des contrats. Concrètement, les solutions
de DocuSign devraient être en mesure de catégoriser automatiquement les clauses, en
extraire les termes clés et utiliser ces informations pour influencer les workflows. Montant
de l’acquisition de Seal Software : 188 millions de dollars (environ 169 millions d’euros). n
… et Alfresco Technology Services GroupAlfresco Software, éditeur de services de contenu open source, annonce l’acquisition
de Technology Services Group (TSG), société de services et logiciels ECM (Chicago).
Fondée en 1996 et partenaire d’Alfresco depuis 2006, TSG emploie 45 ingénieurs. n
IBML FusionLe spécialiste américain de l’automatisation de capture intelligence à haut volume IBML vient de lancer une nouvelle série de scanners considérés comme les plus rapides du monde : jusqu’à 730 pages A4 et 938 vérifications par minute ! Dotés d’une solution de capture extrêmement puissante, ils sont distribués par Kodak Alaris, qui offre une gamme d’options de maintenance et de services dédiés. n
NovarchiveNovarchive est désormais certifiée selon les règles de la marque NF 461. Délivrée par l’Afnor, celle-ci atteste la conformité du système d’archivage électronique Novadoc à la norme NF Z42-013 et son équivalent international Iso 14641-1. n
MOOC : VEILLE, IA ET DATA VISUALISATION
MODULE 1Veille, intelligence économique
et prospective :les nouveaux enjeux
MODULE 2 L'apport de l'IA et de la Dataviz
dans les pratiques de l'intelligence économique
MODULE 3L'intelligence arti�cielle :
moteur d'intelligence collective pour la veille stratégique
Bonjour, je suis Auriane et je suis impatiente de vous présenter ce nouveau Mooc réalisé par Serda
Formation et Archimag, en partenariat avec Geotrend. Il sera consacré à la veille et à
l'intelligence économique par le prisme de l'IA et de la data visualisation. Dans le premier module
nous aborderons les enjeux de la veille et de l'intelligence économique. Dans le second, nous
verrons ce qu’apportent l'IA et la data visualisation aux processus de veille. En�n, dans le troisième, nous nous pencherons sur l'avenir de la veille et sur le concept d'intelligence collective. Je vous donne rendez-vous en mars prochain pour le
découvrir.r
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https://bit.ly/2Ou8Rul
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verrons ce qu’apportent l'IA et la data visualisation aux processus de veille. En�n, dans le troisième, nous nous pencherons sur l'avenir de la veille et sur le concept d'intelligence collective. Je vous donne rendez-vous en mars prochain pour le
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l'intelligence économique par le prisme de l'IA et de la data visualisation. Dans le premier module
nous aborderons les enjeux de la veille et de l'intelligence économique. Dans le second, nous
verrons ce qu’apportent l'IA et la data visualisation aux processus de veille. En�n, dans le troisième, nous nous pencherons sur l'avenir de la veille et sur le concept d'intelligence collective. Je vous donne rendez-vous en mars prochain pour le
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l'intelligence économique par le prisme de l'IA et de la data visualisation. Dans le premier module
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10 archimag n° 333 avril 2020
start-upla la start-up du mois : Keeex
du mois
Keeex, c’est quoi ?Keeex est une société marseillaise qui exploite une technologie de protection des données. Nous créons des originaux numériques qui sont aussi probants que le papier. Nous appliquons cette technologie à de nombreux documents (diplômes, bulletins de paie, factures, photographies…), mais aussi à des processus industriels comme la traça-bilité alimentaire ou la logistique maritime. Nous sommes également positionnés sur le domaine de l’intelligence artificielle en attestant des données qui ont été utilisées pour l’entraînement de l’IA.
Concrètement, sous quelle forme se présentent vos solutions ?Elles se présentent sous la forme d’applications de bureau ou d’applications mobiles selon les besoins des clients. L’application Photo Proof, par exemple, prend des clichés, les authentifie, les géolocalise et les horodate. Elle peut être utilisée notamment pour une déclaration d’incident ou pour réaliser un état des lieux.
Qui sont vos clients ?Nos clients appartiennent exclusivement au segment B2B et évoluent dans tous les secteurs : EDF, Orange, SNCF, Thales, Société générale, Engie…
Est-il facile de convaincre les entre-prises à mettre en place des solu-tions de traçabilité documentaire ?Je ne dirais pas que c’est facile car les cycles de vente restent longs, surtout en B2B. Pour autant, ces cycles de vente sont en train de se raccourcir dans le domaine de la photographie par exemple.
Quel est votre modèle économique ?Licence et paiement à l’usage.
Comment être disruptif dans le domaine de la traçabilité ?Nous avons quelques points de valeur comme les dossiers de preuve créés par Keex qui sont auditables au niveau du fichier. En cas de litige, nos fichiers peuvent être audités à tout moment.Nous apportons également à nos clients la possibi-lité d’opposer la preuve qu’ils ne sont pas capables de créer des faux. Concrètement, une école qui utilise notre solution peut apporter la preuve qu’il est impossible de falsifier un diplôme. De même, dans le cas de la traçabilité alimentaire, un compte-rendu vétérinaire ne peut pas être contrefait.
Quels profils recrutez-vous ?Nous nous apprêtons à recruter des profils de business developpers avec un fonds de compétence technique ainsi que des ingénieurs informaticiens. n
Keeex keeex.me/fr/
n la société en 3 donnéesannée de création : 2014effectif : 10 personneslieu : Marseille
open data : la France 2e « Avec data.gouv.fr, la France possède l’un des portails de données gouvernementales les plus développés parmi les pays de l’OCDE ». L’Organisation de coopération et de développement économiques ne tarit pas d’éloges sur la politique de la France en matière d’open data. Résultat : notre pays se maintient à la deuxième place des pays les plus engagés dans l’ouverture des données publiques.Selon l’index open data 2020 de l’OCDE, la première place est occupée, comme en 2019, par la Corée du Sud suivie par la France, l’Irlande, le Japon et le Canada. En queue de peloton, se trouvent le Chili, la Suède et la Lituanie. À noter que 32 pays ont été étudiés sur les 36 États membres de l’OCDE ; 19 pays ont fait des progrès en termes de disponibilité des données. n
l’open data, c’est (aussi) du cinéma !Combien de films ont dépassé le million d’entrées ? Combien coûte la distribution d’un film ? Quel est le nombre de salles de cinéma par département ? À toutes ces questions, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) apporte des réponses via la mise en ligne de ses statistiques en open data. La direction des études, des statistiques et de la prospective du CNC propose en effet des dizaines de jeux de données qui couvrent les multiples domaines de l’industrie cinématographique. n
Lambert Bouley[fondateur et PDG de Keeex]
Mac ou Windows ?Plutôt Linux !
Google ou Qwant ?Plutôt Qwant qui revendique, comme
nous, la non-traçabilité de ses utilisateurs.Cravate ou t-shirt ?
T-shirt et chaussures de couleur !
11archimag n° 333 avril 2020
publirédactionnel
Préparer l’évaluation des laboratoires avec l’aide de Scopus
Contact ELSEVIERAnne-Catherine RotaRelations Institutionnelles, Research Intelligenctél : +33 634 194 263 e-mail : [email protected]
L’exercice d’évaluation des laboratoires de recherche n’est pas chose aisée, et pourtant il revient régulièrement, que ce soit pour l’HCERES ou un autre organisme, générant un travail conséquent de préparation. Très certainement, l’exercice d’autoévaluation en lui-même est très utile, mais il n’en reste pas moins consommateur de temps. Aussi convient-il d’en simplifier sa préparation. Penchons-nous sur la manière dont Scopus — et SciVal — peuvent vous aider, en disposant de la liste des publications par unité de recherche, en positionnant les travaux au niveau national ou international et encore en contribuant à la présentation du projet et de la stratégie du laboratoire.
Disposer de la liste à jour des publications scientifiques de l’unité depuis Scopus
Un élément important des produits et activités de la recherche est certainement le corpus des publications reflétant au mieux la réalité, que vous pouvez récupérer aisément depuis Scopus. Certaines institutions, telles que l’Université de Bordeaux, ont d’ailleurs mis au point un envoi systématisé à chaque unité de recherche de sa liste des publications à partir de Scopus.Cette liste par laboratoire s’incrémente en effet automa-tiquement dans la base de données Scopus grâce à la hiérarchie des affiliations organisée au niveau des unités de recherche, y compris pour les unités mixtes de recherche. Ceci est rendu possible grâce à la description précise trans-mise par les institutions sur les structures, leurs variantes de noms, les sites et les co-tutelles des unités. Vous pouvez également disposer des corpus de publications par équipe de chercheurs à partir de requêtes sur la liste des auteurs.
Obtenir des indicateurs de qualité pour caractériser le rayonnement et l’attractivité scientifiqueIl va sans dire qu’il est impératif de combiner indicateurs qualitatifs et quantitatifs sur les publications afin de se faire
une idée de leur qualité. Pour la partie métrique, on peut retenir l’accès direct dans Scopus au nombre de citations (et aux articles ayant cité ces publications) et aux indica-teurs normalisés par domaine scientifique, ainsi qu’à des indicateurs alternatifs, comme les mentions dans des blogs de référence. Un autre indicateur de SciVal peut s’avérer pertinent : le nombre de Views, soit le nombre de clics sur les publications dans Scopus. Mais plus important encore est la capacité de positionner les unités de recherche du domaine, que ce soit en France ou à l’international, et ce sur le champ de recherche bien précis. SciVal le permet.
Contribuer à l’exposition du projet et de la stratégie
Si certaines des publications font partie des Topics of pro-minence, accessibles dans Scopus, cela signifie qu’elles contribuent à un sujet soit émergent, soit tout au moins avec du momentum ! Il est aussi utile de disposer d’une vision plus prospective du domaine, avec l’identification des ac-teurs, de potentiels partenaires et de la pluridisciplinarité…
Plus d’information dans le webinaire dédié
Un webinaire s’est tenu sur le sujet le 2 avril dernier : « Comment préparer l’évaluation de votre unité de re-cherche avec l’aide de Scopus et SciVal ? » Vous pouvez accéder à l’enregistrement ici.Et bien sûr, l’équipe, est à votre disposition pour vous gui-der dans vos préparations des exercices d’évaluation. n
Plus d’informations disponibles sur : https://www.elsevier.com/fr-fr/solutions/scopushttps://www.elsevier.com/fr-fr/solutions/scopus/webinars
Le prochain webinaire aura lieu le 7 mai prochain et aura pour thème :
« Les Objectifs de Développement Durable dans SciVal : quelle utilité pour les institutions ? Témoignage de
Daniel Egret, Université PSL. »
13archimag n° 333 avril 2020
16 tout savoir sur la convention de numérisation19 RATP, station atelier de numérisation à force probante20 Seris dématérialise ses dossiers RH en haute sécurité22 MDPH : une numérisation attentive aux données de santé
que doit-on réellement numériser ?Dans le privé comme dans le public, les besoins en numérisation sont encore nombreux. La tentation de vouloir tout numériser ne tient pas longtemps lorsque l’on se pose la question du coût, ou d’abord celle de l’utilité. Records managers et archivistes le savent, mais ne sont pas forcément aux manettes. Si l’on suit la voie de la sous-traitance, on peut obtenir des conseils de la part de son prestataire. L’on peut aussi s’appuyer sur une convention de numérisation, définie avec l’assistance d’un spécialiste et qui cadrera précisément l’opération. À partir bien sûr d’orientations stratégiques. Témoignage avec trois retours d’expérience.
confier des documents à numé-
riser, une fois les lots prêts,
paraît simple pour un client.
Pour son prestataire, c’est tout
un métier qui va de la relation
client à la livraison, en passant par le
transport, l’organisation de la produc-
tion et les contrôles qualité. Pro Archives
Systèmes et Tessi le vivent tous les jours.
Du document patrimonial à la reprise
de masse, Pro Archives Systèmes peut
répondre à toutes demandes de numé-
risation. Elles viennent d’organisa-
tions très différentes, décrit Mickael
Sansiquier, ingénieur avant-vente solu-
tions digitales : d’un cabinet de géomètre
à l’assurance, de la banque à l’industrie.
L’opération se déroule parfois en interne,
ce qui fut le cas pour Airbus, où 18 per-
sonnes étaient mobilisées pour numéri-
ser près de 20 000 boîtes d’archives en
un an. De façon générale, via les appels
d’offres ou non, Pro Archives Systèmes
se situe plus volontiers sur du volume
(documents bancaires, courrier, etc.).
de vrais enjeux industriels« Nous sommes sur de vrais enjeux in-dustriels », déclare Eric Jamet, directeur
marketing et innovation, Tessi. Pour ce
sommaire
[dossier]
14 archimag n° 333 avril 2020
prestataire, la production s’élève à 1,3 mil-
lion de pages par jour. Tessi s’adresse ain-
si, d’une part, à des grands comptes, pour
l’externalisation de leur salle courrier —
avec soit un déversement dans leurs flux,
soit un système de Ged avec des corbeilles
prédéfinies —, d’autre part à des métiers
« très documentés » confrontés à d’impor-
tants volumes (dossier de crédit, de sous-
cription en énergie, télécoms ou encore
banque et assurance).
Pas de mauvaise surprise pour ces types
de projets qui sont bien cernés par les
clients, tant en déroulement qu’en retour
sur investissement (ROI). Cependant,
« nous abordons depuis un an le marché des établissements de soins », précise Eric
Jamet ; « il se montre plus complexe, avec des documents tels que des radios, des comptes rendus, des annotations, etc. »
très tôt avoir une vision du coûtMickael Sansiquier se montre très cir-
conspect devant un client voulant « tout numériser ». « Avec une telle approche, le projet risque fort de ne jamais voir le jour », déplore-t-il ; « il faut très tôt avoir une vision du coût et du retour sur inves-tissement ». Entendez : si des documents
ne sont pas consultés, autant les laisser
en archivage physique. Si des consulta-
tions épisodiques sont à prévoir, on peut
y répondre par une numérisation à la
demande. La numérisation complète sera
assurée pour un fonds très consulté.
En même temps, on peut aussi prévoir de
numériser telle partie de fonds en priorité.
Les cas d’externalisation dans le secteur
public sont de plus en plus fréquents,
avec appels d’offres et cahiers des charges
à l’appui, observe Eric Jamet, « c’est une vraie tendance ». Elle tranche avec un
passé récent où la DSI se chargeait de
l’opération de numérisation.
définit les responsabilitésS’appuyer sur une convention de numé-
risation n’est pas systématique. Pour des
documents à caractère non engageant,
où la traçabilité n’est pas déterminante,
on ne monte pas à ce niveau de formali-
sation, on s’en tient à des spécifications
fonctionnelles d’ordre informatif.
Avec tout de même, précise Eric Jamet,
un travail en comité de pilotage qui défi-
nit rigoureusement le champ des respon-
sabilités. Prise en charge, délais, flux et
cadences, dimensionnement des équipes :
« Tout cela est précisé et négocié et fait partie de la signature du contrat ».
En revanche, dès que l’on se place dans
le cadre de la norme NF Z 42-026 sur les
prestations de numérisation fidèle, une
convention est adoptée. L’on passe en-
core à un cran supérieur si l’on veut une
copie fiable, avec un système d’archivage
électronique (NF Z 42-013). Alors la des-
truction des originaux est envisageable.
Un nombre croissant de demandes vont
dans ce sens.
Et parallèlement, la destruction peut être
courante, par exemple pour un docu-
ment comme le chèque, selon le délai
réglementaire.
logistiqueMais l’activité de numérisation suppose
aussi de la logistique. « Nous avons notre propre flotte de véhicules pour le trans-port des documents », déclare Mickael
Sansiquier. En fait, les coûts se révèlent
moins élevés quand Pro Archives Systèmes
travaille dans ses propres centres et non
sur le site du client. Dans un centre, on
peut davantage compter sur une équipe
stable, qui peut même avoir l’avantage
d’être spécialisée. C’est le cas du centre
nantais en ce qui concerne les dossiers de
ressources humaines (RH). En outre, le
prestataire peut plus facilement y répartir
les charges de travail, mieux utiliser ses
ressources.
Si Tessi n’assure pas elle-même le trans-
port, elle l’orchestre et en est garante.
Le« tri service arrivée » (TSA) de La Poste
est beaucoup utilisé.
la traçabilité dans l’ADNLa question de la sécurité est bordée :
tout collaborateur signe une clause de
confidentialité — « C’est le minimum
requis », affirme Mickael Sansiquier —,
et l’on applique la norme NF Z 40-
350 sur les prestations d’archivage et
de gestion externalisée de documents
(confidentialité dès l’enlèvement chez
le client, traçabilité, cartons anonymi-
sés, manipulation par les seules per-
sonnes chargées de la prestation, etc.).
L’agrément hébergement de données de
santé (HDS) comporte aussi son lot de
contraintes… qui rassurent les clients.
De plus, un plan de continuité d’ac-
tivité (PCA) apporte une garantie
supplémentaire.
D’une manière générale, la traçabi-
lité est dans l’ADN d’un prestataire en
numérisation
L’approche globale n’empêche pas de
faire du spécifique. Par exemple, illustre
Tessi, pour tel organisme, le flux de la
direction générale sera préidentifié
et traité isolément dans le workflow.
L’automatisation est de toute façon pri-
vilégiée, d’autant que les technologies le
permettent, avec un recours croissant à
l’analyse sémantique.
contrôle qualitéL’indexation, la plupart du temps, se
cale sur le plan de classement fourni
par le client, accompagné de règles de
nommage. Les documents peuvent être
typés manuellement ou via un applicatif
de reconnaissance de caractères (OCR).
« Toute anomalie est gérée au cas par cas avec le client », ajoute Mickael
Sansiquier.
Quant au contrôle qualité, il est effectué
de trois manières : manuellement, auto-
matiquement, via des applicatifs (sup-
pression des pages blanches, rotation
pour redresser l’image dans le sens de
la lecture, etc.), ou aléatoire. Ce contrôle
aléatoire est humain, pour vérifier la
conformité, la lisibilité… 2 % à 3 % des
documents y sont soumis.
Ce contrôle peut être adressé en « repor-ting » aux clients. Mais les demandes de
reporting varient d’une campagne de
numérisation à l’autre. Il s’agit parfois
de demandes très pointues (signaler
les documents déchirés, par exemple),
15archimag n° 333 avril 2020
dont là encore il faut anticiper l’im-
pact économique. « Plus on ajoute de contrôles, plus on alourdit la facture »,
insiste Mickael Sansiquier. En fait, on se
situe ici dans une démarche de mesure
du niveau de risque : quelle marge d’er-
reur est fonctionnellement, économi-
quement, juridiquement tolérable ?
Ce qui reste constant dans un reporting a
trait aux flux. Ce reporting est journalier,
hebdomadaire ; pour une reprise de
masse, il sera par quinzaine, par mois…
Ceci pour connaître le nombre de conte-
neurs traités, le nombre de dossiers.
PDF, Ged ou APIPour la livraison finale, le format est
évidemment donné en amont. « C’est le plus souvent en PDF, soit à 95 % »,
observe Mickael Sansiquier, « ce format ayant l’avantage d’être exploitable par n’importe quel système ». XML ou CSV
sont réclamés lorsqu’une intégration est
prévue.
Tessi privilégie une restitution dans
une Ged. Elle est en mode hébergé si
le client le souhaite, et les utilisateurs
y traitent leurs flux (possibilité de cor-
beilles). C’est affaire de types de projets.
Si le traitement des documents est très
lié à un système métier, le prestataire
fournira, à travers une API, des fichiers
indexés, avec images et métadonnées.
Du côté de Pro Archives Systèmes,
le support de livraison le plus commun
est le disque dur, il est en tout cas domi-
nant pour les reprises de masse. Il ar-
rive que l’on recoure à des clés USB —
32 Go ou 64 Go représentent un volume
appréciable de documents. Il est moins
fréquent que les clients souhaitent du
flux (par SFTP, CFT). n
Michel Remize
quelques conseils
n Que l’on envisage une numérisation simple ou avec copie fidèle, il faut tout cadrer dès le départ. n Définir un cahier des charges le plus précis possible, avec des responsabilités
clairement partagées. n Le CDC intègre les éléments de décision concernant la prise en compte
des données personnelles (RGPD). n Savoir que les premiers tests de numérisation feront de toute façon ressortir
la nécessité d’ajustements. n
repères
Prise en charge, délais, flux et cadences, dimensionnement des équipes : « Tout cela est précisé et négocié et fait partie de la signature du contrat » (Eric Jamet, Tessi). T
essi
[dossier]
16 archimag n° 333 avril 2020
tout savoir sur la convention de numérisationDe plus en plus, quand on envisage la numérisation globale ou partielle de ressources documentaires, on évoque le rôle de la convention de numérisation. Quel est ce document ? Pourquoi est-il aussi central ? Il s’inscrit en fait dans toute une démarche, voici comment.
si l’on prend le contexte réglemen-
taire porteur de la dématérialisa-
tion des activités métier de nos
organisations, secteur public ou
secteur privé, domaines RH, fi-
nancier, comptable, commercial ou autres,
on se retrouve assez vite plongé dans la
lecture de la norme Z42-26 « Définition et spécifications des prestations de numé-risation fidèle de documents sur support papier et contrôle de ces prestations ».
Cette norme est dorénavant le cadre tech-
nique applicable dès lors que l’on organise,
soit en interne, soit en externe auprès d’un
prestataire spécialisé, soit sous forme de
lots ou sous forme de flux réguliers, la dé-
matérialisation des dossiers et documents
de son organisation. Elle met en évidence
la nécessité d’établir une convention de
numérisation. C’est le document central
autour duquel tout s’articule.
cas d’usageLe plus souvent une entreprise ou une col-
lectivité qui organise cette démarche est
confrontée à plusieurs situations :
n des stocks de dossiers actifs contenant
des natures documentaires diverses, avec
un classement pas toujours homogène,
mais utilisés quotidiennement en terme
de ressources par des équipes ;
n des flux entrants ou circulants en interne,
réguliers ou pas, centralisés ou pas, et avec
vocation à intégrer ces mêmes dossiers ;
n un souhait de dématérialisation unique-
ment en fonction d’un besoin d’accès à un
fonds documentaire jusque-là conservé
papier. On peut donc être confronté à ces
six cas d’usage (voir tableau).
Cas d’usage Libellé Points d’attention Niveau critique
Cas 1 Stock actif de dossiers
Beaucoup de métiers ou de domaines dans une organisation ont encore ce type de stock, parfois doublé insuffisamment de dossiers électroniques partiels.
Élevé car dossiers pouvant contenir des documents engageants.
Cas 2 Flux entrants Il s’agit le plus souvent de flux réguliers, type courrier, entrant par voie postale, internalisée ou externalisée directement vers un prestataire.
Élevé car le plus souvent la gestion est faite en 2 temps (donc complexe) et les originaux sont conservés sur un temps moyen (entre 1 et 3 ans) ou avec application des DUA*.
Cas 3 Flux internes
Il s’agit des documents circulant en interne, essentiellement en format numérique.
Moyen car ce flux est de plus en plus maîtrisé par les métiers d’autant plus si l’organisation s’équipe de parapheurs et de signatures électroniques.
Cas 4 Flux centralisés
Il s’agit d’une chaîne de traitement mise en place de manière centralisée permettant de capitaliser sur un process et un outillage très encadré.
Limité car mise en conformité possible à la norme pour la chaîne de capture et les actions menées et permettre ensuite la destruction des documents papier.
Cas 5 Flux décentralisés
Il s’agit d’une chaîne de traitement délocalisée au plus près des utilisateurs permettant ainsi de numériser à la volée certains documents et de les rendre immédiatement : ex. le guichet d’un laboratoire médical, le guichet d’une banque…
Élevé car difficulté à maîtriser les pratiques et le suivi des travaux et de l’usage de l’outillage dans ce cadre ; le réserver à des cas sans besoin de copie fiable.
Cas 6 Stock à la demande
Il s’agit d’une chaîne de traitement sollicitée dans des cas d’usage encadrés par un contrat ou un mode opératoire spécifique, pour la dématérialisation d’un fonds ou de plusieurs fonds documentaires (dossiers, documents…) dont l’accès et le partage sont nécessaires au suivi des activités d’une organisation.
Limité car le plus souvent traité dans le cadre d’un atelier de dématérialisation, interne ou externe, aligné sur les recommandations de la norme.
* Durée d'utilité administrative
une ou plusieurs conventions ?Alors faut-il une convention de numérisa-
tion spécifique par cas d’usage ou peut-on
concevoir une seule convention de numéri-
sation (« CdN » pour les initiés) encadrant
plusieurs situations ? Selon le mode opéra-
toire que l’organisation va mettre en œuvre,
on peut se retrouver face à la rédaction de
lire la suite en page 18
17archimag n° 333 avril 2020
publirédactionnel
Contact NUMERIZEBoris Corioltél : 06.37.51.54.25 e-mail : [email protected] /// www. www.numerize.com ///
Numerize, le prestataire tout-en-un de la dématérialisationAprès avoir fait ses classes dans une entreprise alsacienne chargée de la numérisation du patrimoine local et constatant le besoin grandissant des collectivités territoriales en matière de dématérialisation, Boris Coriol a fondé Numerize. Et en quelques années, le prestataire a pris du galon et s’est fait connaître dans toute la France.
En 2008, lorsque Boris Coriol a créé Numerize, sa volonté était de sauvegarder le patrimoine local et de travailler sur l’histoire de l’Alsace-Lor-raine. « Rapidement, nous avons bénéficié d’un
excellent bouche-à-oreille auprès des collectivités et des projets de plus en plus complexes se sont enchaî-nés ». Aujourd’hui, Numerize compte une quinzaine de collaborateurs, l’entreprise possède plus 5 000 clients dans toute la France et même les entreprises privées se tournent vers elle.
Des tournées de numérisation « intelligentes »
75 % de l’activité de Numerize concerne la numérisation de l’état civil récent, de 1900 jusqu’à nos jours. La loi n° 2016-1547 du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice a, en effet, rendu obligatoire pour toutes les mairies accueillant ou ayant accueilli dans le passé une maternité le raccordement au dispositif COMEDEC (COMmunication Électronique des Données de l’État Civil). « Nous pouvons assurer cette prestation de nu-mérisation dans nos locaux ou sur site, indique Boris Coriol. Notre équipe se déplace alors en mairie avec un scanner spécifique pour numériser tous les registres. Nous sommes également appelés par les mairies pour numériser les permis de construire, les fiches de paie, les actes de concession, etc. Dans le secteur public, tout ce qui est papier est en cours de dématérialisation. Et pour chaque projet, nous proposons une solution ».
Des petites communes aux grandes agglomérations
« Nous répondons aux besoins de toutes les collectivi-tés, celles de moins de 100 habitants jusqu’aux grandes villes comme Le Havre, reprend Boris Coriol. Nous pous-sons d’ailleurs les petites communes dans ce sens, car le secrétaire de mairie seul ne peut plus tout gérer. D’où l’importance de tout informatiser ».
Une politique tarifaire juste et attractive
« Ce qui fait la différence auprès de nos clients, c’est la qua-lité de notre travail, poursuit le chef d’entreprise. Plusieurs éditeurs de logiciels d’actes d’état civil (naissance, décès, ma-riage, divorce, etc.) nous ont déjà recommandés. Ils se sont, en effet, rendu compte qu’en passant par des prestataires qui manquaient de sérieux, leurs logiciels ne donnaient pas satisfaction ». Pour que ces logiciels soient réellement utiles, il est important que la numérisation et l’indexation soient de qualité. « Outre notre sérieux, ce qui est aussi apprécié c’est notre politique tarifaire et notre respect des délais, continue M. Coriol. Nos tarifs n’augmentent pas en fonction des com-mandes, il n’y a pas de fluctuation. Il s’agit de l’argent public, nous essayons d’être le plus justes possible ».
Tendre vers le zéro papier
Outre ses prestations de dématérialisation complète, Numerize peut également réaliser l’indexation des docu-ments déjà numérisés. « Nous avons notre propre atelier de saisie qui veille à la qualité des données et affiche un taux d’erreur proche de zéro, indique le fondateur de l’en-treprise. Les données restent par ailleurs sur nos serveurs et ne quittent jamais le territoire français. Nous répondons aux exigences du RGPD et passons des audits internes pour le prouver à nos clients ». Numerize propose aussi un logiciel de GED permettant de mettre en place des work-flows et d’intégrer la signature électronique. « Avec cette offre à 360°, nous sommes capables d’accompagner tous nos clients vers le zéro papier ». n
[dossier]
18 archimag n° 333 avril 2020
différentes conventions. Car une conven-
tion de numérisation est un document
engageant qui fait office de document
« contractuel » entre le donneur d’ordre et
l’opérateur, et définit l’objet de la prestation
de numérisation. Cette convention encadre
le processus global, détaille les différentes
tâches pour les documents concernés, défi-
nit les modalités de la dématérialisation en
amont, pendant et en aval du traitement
(type de document, ordre de traitement,
intercalaire, traitement d’image, couleur
ou N/B, métadonnées, etc.), elle identifie
les responsabilités notamment du donneur
d’ordre (DO), propriétaire des documents,
et de l’opérateur (OP) qui numérise (ser-
vice interne ou prestataire extérieur) et les
obligations des deux parties.
plusieurs situationsIl y a souvent plusieurs situations. Dans
le cas où le donneur d’ordres et l’opéra-
teur font partie de la même organisation,
la convention de numérisation devient
une procédure interne et reste impérative,
elle s’applique pour tous les cas identifiés :
stock, flux, centralisé, décentralisé… Autre
cas, pour une société qui passe ou a passé un
contrat de prestation de services pour enca-
drer sa relation avec une société externe
qui va gérer des ressources documentaires,
il s’agit alors d’établir et d’annexer autant
de conventions de numérisation qu’il y
aura de cas à traiter (voir tableau). On doit
aussi établir une convention spécifique si on
traite des fonds documentaires de natures
différentes : photos, plans, documents pa-
trimoniaux, etc. Au final, une organisation
peut se retrouver à établir X conventions de
numérisation selon les chantiers à réaliser.
des professionnels de bon conseilLes prestataires de services du domaine
sont des professionnels de bon conseil qui
peuvent aussi vous proposer des cadres
de travail sur lesquels, comme pour tout
contrat, vous pourrez réagir, compléter,
amender. Ceci avant de signer la version
conforme aux travaux attendus et leur
contexte de réalisation. N’oubliez pas aus-
si qu’ils sont souvent certifiés pour leurs
prestations, et le volet contractualisation
de ces mêmes prestations fait partie de ce
qui est auditable pour vérifier la confor-
mité à la norme et recevoir la certification
qualité. Ils y sont très attentifs.
points clésOn établit donc autant de conventions
qu’il y a de situations à traiter, il n’y a pas
de limite. Certaines organisations, pour
des opérations qui se font en interne,
peuvent mettre en place une convention
de numérisation-cadre (sur le modèle
d’un contrat-cadre) et définir des procé-
dures différentes selon les cas d’usage et
les situations (sur le modèle d’avenant).
Quel que soit le contexte, le cadre et le
type de cas d’usage, toutes les conven-
tions doivent clarifier systématiquement
les points suivants :
n les donneurs d’ordre ;
n le périmètre du fonds documentaire à
traiter ;
n le mode opératoire décrivant chacune
des étapes (de la prise en charge des
documents à numériser et le contrôle de
réception, jusqu’à la conservation dans un
système d’archivage électronique en cas
de copie fidèle) ;
n toutes ces caractéristiques précises y
compris l’outillage sont à consigner dans
la CdN ;
n les responsabilités ;
n les délais ;
n les référentiels de contrôle et la dé-
marche de contrôle qualité ;
n les résultats garantis (empreintes, ca-
chets serveurs…) ;
n les modalités de livraison et les devenirs
du papier d’origine et des fichiers de travail
produits dans le cadre de la numérisation
(purge au-delà d’un certain délai…). Les li-
mites possibles restent celles de la faisabi-
lité de travaux de numérisation : tout n’est
pas numérisable, pour des raisons d’état
sanitaire des documents notamment, des
niveaux plus ou moins dégradés du sup-
port, de l’encre, des couleurs, etc. On est là
sur des limites techniques et sur des profils
d’outillage particuliers.
définition juridique de la convention
DR
n Une convention est un pacte, un accord de volonté conclu entre deux ou plusieurs parties et qui s’apparente à un contrat. Une convention est aussi une clause, une condition particulière contenue dans un contrat, un pacte ou un traité. n Dans le langage juridique, « convention »
est synonyme de contrat et d’accord.
extrait du « Dictionnaire juridique »
« Les mots “contrat” et “convention” sont utilisés indifféremment. En fait “contrat” désigne plutôt le document et “convention” désigne plutôt le contenu du contrat, c’est à dire, ce à quoi les signataires se sont engagés. Dans ce sens l’article 1108 du Code civil énonce les conditions essentielles pour la validité d’une convention. La formation d’un contrat est subordonnée à la connaissance
de l’acceptation de l’offre par le pollicitant, c’est-à-dire au moment de la réception par le celui qui émet une offre de conclure un contrat, de l’acceptation de l’autre. (3e Civ. — 16 juin 2011, pourvoi n° 09-72679, BICC n° 751 du 15 novembre 2011 et Légifrance). » (source : Dictionnaire-juridique.com) L’article 1101 du Code civil définit d’ailleurs le contrat comme une convention. n
repères
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contrôle qualité et seuils d’acceptabilitéSi bonne démarche il y a, on ne peut que
vous conseiller d’établir le cadre général
avec plan type, objectif attendu (copie
simple, fiable, fidèle), niveau de respon-
sabilité, réversibilité, purge, contrôle
qualité… Bref, posez tous les sujets
nécessaires et ajustez en fonction des
fonds documentaires concernés. Un cha-
pitre de la CdN est également à dédier
aux opérations de contrôle qualité sur
les travaux attendus, intégrant même
des seuils d’acceptabilité sur la qualité
de l’image, l’indexation, les métadon-
nées. Enfin, dans le cas des organisations
du secteur public, ministères, collectivi-
tés, établissements publics, nous vous
rappelons que les CdN relèvent aussi
du périmètre du contrôle scientifique
et technique des Archives de France (1)
notamment dans le cas de destruction
de documents papier. C’est pourquoi,
en cas d’établissement de convention de
numérisation fidèle, il est impératif de
leur soumettre et de vérifier avec elles
la bonne conformité du processus et de
l’outillage utilisé. n
Caroline Buscal[Manager Serda Conseil]
(1) Notamment, vous pouvez vous référer à la « Charte qualité pour la numérisation fidèle de documents », publiée par le Service interministé-riel des Archives de France, version 1, 2018.
´ francearchives.fr/fr/article/91524885
RATP, station atelier de numérisation à force probanteLa RATP prépare la création d’un atelier de numérisation à force probante afin de réduire son empreinte tertiaire.
c’est en 2019 que la RATP
s’est lancée dans une
réflexion sur la numéri-
sation d’une partie de ses
documents d’entreprise :
« Aujourd’hui nous effectuons de la numérisation simple et répondons aux demandes ponctuelles, mais sans struc-ture bien définie », explique Véronique
Charron, responsable qualité et coordi-
nation digital et impressions ; « nous nu-mérisons notamment des documents de marchés, des plans et des dossiers amiante. Nous avons pour objectif de créer un atelier de numérisation à force probante et ainsi enclencher un pro-cessus de destruction du papier », pour
notamment accompagner la politique de
modernisation des espaces tertiaires avec
l’arrivée du flex office.
En ce printemps 2020, les équipes de la
RATP étudient les solutions actuelles du
marché pour à terme créer cet atelier de
numérisation logiciels et réseaux.
tableau de gestion validé par le SiafDu côté du patrimoine documentaire,
il n’est pas question de numériser tout
et n’importe quoi. Une réflexion est en
cours avec le service veille, archives et
records management de la RATP pour
étudier ce qui, dans la production docu-
mentaire, représente un intérêt, tant
économique que patrimonial, pour faire
l’objet d’une numérisation à valeur pro-
bante. Les tableaux de gestion conçus
par le service veille, archives et records
management et validés par le Service
interministériel des archives de France
(Siaf), tutelle de la RATP dans ce do-
maine seront un élément d’appui pour
valider l’intérêt de la numérisation des
documents. En effet seuls des documents
patrimoniaux à durée de conservation
longue ou à fort besoin de communica-
tion représentent des candidats éligibles
à la numérisation.
Une phase de test est prévue pour le mois
de juillet avant le passage opérationnel
pour la fin 2020. n
Bruno Texier
Siège de la RATP à Paris. Gro
up
e R
AT
P
[dossier]
20 archimag n° 333 avril 2020
Seris dématérialise ses dossiers RH en haute sécuritéPremier groupe français indépendant sur le marché de la sécurité des biens et des personnes, Seris a fait appel à l’éditeur Ephesoft pour dématérialiser ses dossiers du personnel.
avec 18 000 collaborateurs à
travers le monde, Seris fait
office de premier groupe fran-
çais indépendant sur le mar-
ché de la sécurité des biens et
des personnes. Ses activités couvrent de
nombreux domaines : sûreté aéropor-
tuaire, ingénierie sûreté, technologies,
télésurveillance, sécurité mobile, sûreté
cynophile, formations et services…
En raison de spécificités liées à son sec-
teur, Seris doit se conformer à de nom-
breuses règles de sécurité. En France,
l’entreprise compte aujourd’hui près
de 9 000 collaborateurs. Particularité :
près de 2 000 nouveaux collabora-
teurs arrivent tous les ans. De plus, ses
50 agences réparties sur le territoire
national l’obligent à transférer fréquem-
ment des documents d’un site à un autre.
Ces dossiers d’employés peuvent conte-
nir plus de 100 types de documents dif-
férents, certains périodiques, comme
le bulletin de paie mensuelle, d’autres
non. Certains de ces documents sont
réglementaires avec des dates de vali-
dité à surveiller et des renouvellements
à anticiper.
Pendant longtemps, les documents pa-
pier et les photocopies ont été la règle, au
risque de générer des lourdeurs de ges-
tion et des risques potentiels de perte de
document.
le machine learning au service de la capture fiableAu printemps 2014, l’entreprise a pris la
décision de dématérialiser tous les dos-
siers du personnel. Un chantier qui pré-
sentait de multiples enjeux : réduire les
coûts, améliorer le processus opération-
nel des ressources humaines, innover
pour se démarquer de la concurrence en
étant l’une des premières sociétés du sec-
teur à dématérialiser les dossiers du per-
sonnel dans les RH.
Après avoir évalué six solutions et op-
tions de déploiement (on premise, dans
les nuages ou externalisées), le choix de
Seris s’est finalement porté sur une solu-
tion Smart Capture de l’éditeur Ephesoft :
« Nous voulions non seulement numéri-ser, mais aussi recevoir des métriques à partir de nos documents. C’est la raison pour laquelle, il était primordial d’ex-traire de nos dossiers d’employés les mé-tadonnées correspondantes, notamment les dates de validité », explique Philippe
Kervoëlen, directeur général délégué
support chez Seris ; « grâce au machine learning, Ephesoft a été validé comme une plateforme de capture fiable pour automatiser les processus de tri des do-cuments par employé, type de document et capture des métadonnées requises en fonction du type de document ».
Signé à la mi-octobre 2014, le système
complet était installé en février 2015.
Après une phase test et la configuration
des différents types de documents,
le déploiement de la solution au sein des
agences a commencé quatre mois plus
tard. Au mois de juillet 2015, toutes les
agences étaient à pied d’œuvre.
plus de 10 000 dossiers numérisés en quelques moisLa solution est aujourd’hui utilisée au
siège social de l’entreprise et dans toutes
les agences où des agents de sécurité sont
gérés. Les utilisateurs du système ont
pu l’appréhender aisément grâce à une
interface utilisateur à la prise en main
facile et simple d’accès via un simple
navigateur web.
Concrètement, Seris a connecté son parc
de copieurs multifonctions existants via
des dossiers partagés pour le transfert
des fichiers numérisés. Dans un deuxième
temps, des scanners individuels en réseau
ont été ajoutés et une migration sous Linux
ainsi que la mise à jour d’Ephesoft ont per-
mis d’améliorer encore les performances.
La liste des employés est désormais acces-
sible via une interface donnant accès à la
base de données du fichier du personnel.
Quant aux documents et aux métadon-
nées, ils sont stockés sur une plateforme
de gestion de contenu Nuxeo.
Après avoir atteint sa vitesse de croisière,
la plateforme Smart Capture d’Ephesoft
a permis à Seris de numériser plus de
10 000 dossiers d’employé en quelques
mois. « Cette solution innovante nous a permis de gagner sensiblement en effi-cacité, en contrôle et en fiabilité sur cette activité centrale et critique », précise
Philippe Kervoëlen ; « nous prévoyons déjà d’étendre cette procédure aux fac-tures des fournisseurs ». n
Bruno Texier
Un agent en mission de surveillance. Seri
s
21archimag n° 333 avril 2020
publirédactionnel
Numérisation & Données personnelles : un cocktail à haut risqueDepuis 2018, les prestataires en numérisation ont placé la question du traitement de la donnée personnelle au cœur de leurs préoccupations. Everial a développé une véritable expertise sur ce sujet.
« Que ce soit pour la copie fiable ou la copie simple, le traitement des données personnelles dans le cadre de proces-sus externalisés se doit d’être aussi
rigoureux, précise Sandrine Hilaire, consultante transition digitale chez Everial. L’objectif en tant que sous-traitant : limiter le risque sur la gestion des données personnelles, souvent sensibles, que nous confient nos clients ».
Le vidéocodage, l’opération critique
Les documents électroniques issus d’un scan suivent un circuit spécifique (LAD-RAD, OCR, vidéocodage, génération et versement des livrables en GED, etc.). « La problématique ne se pose pas tellement au niveau de l’acte de numérisation en lui-même mais plutôt lors de l’extraction de la donnée, de la génération des copies de traitements, journaux de traces que produisent nos outils, ajoute Sandrine Hilaire. Tous les collaborateurs ont été sensibilisés et formés à la protection des données à caractère personnel. Nous utilisons et nous conseillons à nos clients d’utiliser le moins de données person-nelles possible, en remplaçant par des codifications par exemple. Nous leur préconisons au plus tôt dans la phase projet d’introduire des notions de gouvernance de l’infor-mation ».
Les questions à se poser
En effet, à chaque fois qu’une donnée est traitée, il est important de déterminer son degré de criticité et de se poser plusieurs questions : cette donnée est-elle in-dexable dans mes systèmes ? Quelle doit être sa durée de vie ? Quelles sont les modalités d’archivage et les limitations d’accès mises en place durant ses phases de conservation ? L’idée étant que ces informations ne soient accessibles qu’au personnel autorisé et pendant la période nécessaire seulement.
Du « Big Data » au « Minimal Data »
De nombreuses organisations se sont fait épingler l’an dernier par les autorités de régulation, partout en Europe, y compris en France, pour des utilisations abusives de don-nées personnelles. Aujourd’hui, les entreprises ne peuvent plus ignorer les enjeux du RGPD et beaucoup ont dû ren-forcer la sécurité de leurs systèmes. C’est un changement de méthode radical. « Ce qui est certain, c’est que plus l’en-treprise maîtrise les données qu’elle gère, moins elle court de risques, indique Mme Hilaire. En quelques années, nous sommes passés du Big Data au Minimal Data. Il est devenu impossible, voire risqué, de tout conserver sans maîtrise ».
Une réponse adaptée et plus de sécurité
« En tant que sous-traitant, nous avons par exemple mis en place des protocoles automatiques de suppressions des copies et données de nos clients sur nos serveurs explique la consultante Everial. Les équipes R&D, DSI ont fait évoluer les outils avec plus de sécurité. Les documents clients tests durant la phase projet sont anonymisés. ».
Une question de confiance
« Chez Everial, nous n’avons pas de “réponse unique RGPD” pour nos clients.Une réponse adéquate au RGPD est toujours une balance entre les risques et les coûts, aussi bien pour les docu-ments papier que pour les données électroniques, chacun ayant ses réponses spécifiques.Nous apportons notre savoir-faire et notre expertise sur le flux documentaire pour optimiser, rationaliser, minimiser, sécuriser et valoriser la circulation et la conservation d’un document, de l’information. Nous incluons très tôt l’idée de la protection des données dans nos études et missions de conseil, conclut Sandrine Hilaire. Notre mission n’est autre que d’établir de la confiance et de la transparence. Aujourd’hui en B2B, ces deux notions sont essentielles ». n
Contact EVERIALSandrine Hilaire Consultante en Transition Digitale Pôle Innovation Everiale-mail : [email protected] /// www.everial.com ///
[dossier]
22 archimag n° 333 avril 2020
MDPH : une numérisation attentive aux données de santéSubissant trop de contraintes dues aux dossiers papier, la maison départementale des personnes handicapées de la Corse-du-Sud a franchi le pas de la numérisation. Une opération menée dans le respect des données de santé à caractère personnel.
impossible de remplir sa mission si
l’on n’archive pas numériquement
les dossiers et si l’on ne met pas en
place une solution de gestion docu-
mentaire pour le classement, la re-
cherche et le partage dynamique des docu-
ments. C’est le risque identifié par la maison
départementale des personnes handicapées
(MDPH) de la Corse-du-Sud. Avec une
contrainte forte : respecter le cadre légal de
conservation des données de santé.
Le défi est considérable : 15 000 dossiers
actifs, 200 mètres linéaires d’archives,
des dossiers contenant énormément de
documents caducs (formulaire de de-
mandes, certificats médicaux, justificatifs,
notifications…), des temps de recherche
trop longs, des dossiers physiques parfois
immobilisés par un agent et donc inacces-
sibles pour ses collègues, la transmission
de pièces compliquée impliquant de nom-
breuses photocopies…
choix des prestatairesLa numérisation est décidée. Bénéficier de
garanties en matière de protection et d’ar-
chivage des données de santé compte pour
beaucoup dans le choix des prestataires
opéré par la MDPH. Zeendoc est ainsi
retenu, sa solution de gestion documen-
taire étant labellisée « hébergeur agréé de données de santé » (HADS). De même que
le Scan Center, l’atelier de numérisation
de Sages Informatique à Ajaccio qui offre
de nombreuses prestations d’archivage.
Il met à disposition de la MDPH le niveau
de compétences et de garanties demandé.
L’opération est menée tambour battant.
En six mois, les équipes du Scan Center
dématérialisent 1,4 million de pages. Elles
interviennent sur site pour respecter les
exigences de confidentialité liées au conte-
nu. Elles font face à tous types de formats :
A4, A3, petits formats et formats atypiques
comme des documents en trois volets. Les
données numérisées sont sauvegardées
dans une armoire Zeendoc Santé HADS.
La totalité des documents est préindexée,
ceci sans qu’il soit besoin d’apporter le
moindre développement spécifique. Enfin,
les agents de la MDPH sont formés au flux
courant et aux nouveaux outils.
1,2 million de pages purgéesAujourd’hui, les nouveaux dossiers sont
numérisés et directement déposés dans
Zeendoc. La solution classe automati-
quement les documents. Une vingtaine
d’agents utilisent quotidiennement la so-
lution. Deux en particulier sont en charge
des phases de scannérisation, dépôt et
indexation. Tous les dossiers physiques
ont été purgés des documents pour les-
quels il n’existe pas d’obligation légale de
conservation du support original. Ainsi,
près de 85 % des documents ont pu être
retirés des archives, soit environ 1,2 mil-
lion de pages !
Grâce à la circulation numérique des do-
cuments au sein des services, le délai de
réponse est considérablement réduit, ceci
au profit d’un accroissement de la qua-
lité de service auprès des demandeurs.
Le nombre d’impressions a baissé. Quant
au niveau de sécurité de Zeendoc Santé
HADS, il répond parfaitement à toutes les
contraintes légales du guichet.
Au 1er janvier 2018, la maison des per-
sonnes handicapées de la collectivité de
Corse s’est substituée aux deux MDPH de
Corse-du-Sud et de Haute-Corse. Côté do-
cumentaire, la fusion s’est effectuée sous
Zeendoc Santé HADS. Une preuve de plus
que le bon choix avait été effectué. n
Michel Remize
Numérisation : délai de réponse réduit, accroissement de la qualité de service. Pix
abay
23archimag n° 333 avril 2020
publirédactionnel
Contact IRON MOUNTAINtél : 0800 215 218 e-mail : [email protected] /// www.ironmountain.fr ///
Continuer l’activité en période de criseUne entreprise ne peut se permettre de baisser le rideau du jour au lendemain, même lorsque surgit une inondation, une cyberattaque ou une pandémie. Iron Mountain, grand spécialiste international des solutions de conservation et de gestion de l’information, nous livre quelques conseils pour maintenir l’activité.
En période de crise, notamment pandémique, de nombreuses techniques et méthodes aident les entreprises à éviter toute interruption de leurs systèmes d’information. Les VPN (pour
« Virtual Private Network » ou « réseau privé virtuel » en français) sont un exemple : ils facilitent la connexion sécurisée d’une flotte d’ordinateurs distants aux sys-tèmes informatiques internes. Idem pour les workflows de validation numérisés et les solutions de signature électronique, qui permettent de maintenir les échanges et les transactions.
Numérisation à la demande et salles de courriers
Mais il est surtout conseillé, pour continuer d’accéder aux documents essentiels hors les murs, d’opter pour une numérisation à la demande (Image-On-Demand), des pièces les plus importantes ayant été archivées. Il n’est pas indispensable (ou économiquement pos-sible) de numériser en masse toutes les archives. Mais il est facile, et recommandé, de numériser à la demande les documents appelés à être régulièrement consultés. Et ce, en faisant en sorte que chacune des pièces puisse être préparée et scannée dans les règles de l’art, puis soumise à des contrôles de lisibilité et de conformité par des spécialistes de l’imagerie documentaire.Il est aussi souhaitable de s’équiper d’un service de salle de courrier digitale, qui facilite la récupération, l’indexation et la numérisation de tous les documents papier entrants. Le principe ? Un système postal auto-matisé est mis en place, sur abonnement : les courriers
entrants sont dès lors redirigés vers un prestataire, qui numérise et indexe les documents à la volée, puis les distribuent de façon automatisée vers les services ou les personnes concernées.
Prévoir un plan de retour à la normale
En cas d’imprévu, l’idéal est en outre de s’être préparé, au travers d’un plan de reprise d’activité après sinistre (PRA) ou de continuité d’activité (PCA). Ce plan, pensé à l’appui de différents scénarios, définit les mesures susceptibles d’être prises pour garantir la continuité des activités vi-tales. Pour honorer leurs commandes, certaines sociétés choisissent ainsi de proposer de nouveaux services de livraison, tandis que d’autres recrutent et forment provi-soirement des collaborateurs à distance…Il convient en outre de mettre en place une cellule de crise, si possible composée de l’ensemble des dirigeants, pour suivre au quotidien l’évolution de la situation et traiter des politiques et procédures à mettre en œuvre pour maintenir l’activité. La sécurité ne peut être négligée. Les situations de crise sont en effet, hélas, propices à une multiplication des cyberattaques visant l’organisation ou ses collaborateurs, plus épar-pillés que d’ordinaire. Et plus vulnérables, puisqu’un certain nombre d’entre eux utilisent leurs propres ter-minaux pour se connecter aux applications métier les plus sensibles ! n
[outils]
24 archimag n° 333 avril 2020
l’IA va à DamLes spécialistes des solutions de gestion des actifs numériques (Dam) se mettent de plus en plus souvent en capacité d’entraîner des intelligences artificielles via leurs propres technologies ou celles de tiers. L’objectif ? Effectuer de façon automatisée de plus en plus de traitements sur les images, les sons et les vidéos… Décryptage.
toujours aussi bouillonnant, voire
« encombré », le marché du Dam
(les solutions de gestion des actifs
ou des ressources numériques) est
au niveau international dominé
par une quinzaine d’éditeurs, tels Adobe
(avec Adobe Experience Manager),
Aprimo, Celum, MediaBeacon, Nuxeo
et OpenText (avec OpenText Digital Asset
Management). Ils se distinguent, d’après
l’institut de recherche Forrester, par l’in-
tuitivité et l’ergonomie de leurs interfaces,
qui se doivent d’être simples et faciles à
utiliser par tous les collaborateurs, et par
leurs capacités à s’intégrer avec les outils
permettant aussi bien de créer des contenus
numériques que de les diffuser. Mais ils se
démarquent surtout par les avancées dans
l’utilisation de l’intelligence artificielle ou
de l’apprentissage automatique (machine
learning) pour enrichir les contenus nu-
mériques et les catégoriser dans de toutes
petites entités potentiellement réutilisables.
partenariats avec les Gafampour cela, il est possible d’utiliser avec les
plateformes de Dam les solutions d’éditeurs
spécialisés à 100 % dans l’intelligence arti-
ficielle appliquée aux images, aux textes ou
aux vidéos (Clarifai ou Vue.ai, par exemple).
Les éditeurs spécialisés peuvent exploiter
depuis leurs outils (à un tarif intéressant)
des interfaces de programmation (API)
d’outils de traitement des images dévelop-
pés par plusieurs géants du numérique.
C’est le cas de la technologie de deep lear-
ning (apprentissage profond) Amazon
Rekognition, facturée proportionnellement
au nombre d’images traitées. Elle permet
entre autres d’identifier des objets, des
scènes, des visages ou du texte dans des
images et des vidéos. Google suit un modèle
économique comparable et propose pour sa
part une API Vision pour faciliter la recon-
naissance du texte ou bien l’identification
et le « taggage » des objets et des visages à
l’aide de modèles de machine learning « pré-entraînés ». Il s’est aussi doté d’une solution
AutoML, qui offre la possibilité à un éditeur
ou une entreprise de créer et d’entraîner ses
propres modèles de machine learning sur
un corpus d’images hébergées sur le cloud
ou stockées dans des applications maison.
entraînement d’IA pour des secteurs spécifiques« À notre avis, il n’y a pas de marché pour de l’IA générique », précise Eric Barroca,
PDG de l’éditeur d’origine française Nuxeo,
qui propose une solution de Dam et tra-
vaille depuis plus de deux ans à l’ajout de
nouvelles fonctionnalités d’intelligence arti-
ficielle. « Les solutions des grands groupes du numérique, qui sont intéressantes sur
certains aspects, ne sont en revanche pas du tout adaptées pour répondre à des be-soins métier très précis. C’est ce que nous faisons, par exemple, pour un constructeur automobile : nous avons entraîné des mo-dèles pour automatiser l’identification de tous les modèles de véhicules figurant dans des images ou des vidéos. Nous avons aus-si entraîné des modèles pour des marques de chaussures de sport ou de cosmétiques, qui souhaitent vérifier que l’utilisation de leurs contenus numériques dans tel ou tel pays est en conformité avec la protection de leur image ou avec les contrats qu’elles ont signés avec telle ou telle personnalité y figurant ».
L’allemand Dalim Software utilise quant à
lui l’IA pour deux principales tâches, précise
Jacques Thiebauld, directeur technologies :
« Il y a, d’une part, la génération de mots-clés et le taggage des images et, d’autre part, la recherche de similarités sur la base des images enregistrées ». « Nous préen-traînons des modèles pour des industries très spécifiques, comme la robinetterie. Ils vont progressivement apprendre les bons mots-clés et identifier les caractéris-tiques communes aux images associées ».
Dans la même veine, son concurrent fran-
çais Einden, créateur de la solution Ephoto
Dam, s’appuie sur l’intelligence artifi-
cielle pour proposer aux utilisateurs des
« termes candidats » à associer aux conte-
nus. « Le machine learning permet, par exemple, de soumettre plusieurs photos
DR
« il n’y a pas de marché pour de l’IA générique »
Eric Barroca, Nuxeo
25archimag n° 333 avril 2020
d’un même produit ou d’un même engin (un avion, une voiture ou autre) au Dam, afin qu’il soit capable, après un temps d’apprentissage, de reconnaître automati-quement la marque et le modèle du produit ou de l’engin en question », écrit l’entre-
prise sur son blog. Il en va de même pour la
reconnaissance des individus, à condition
d’avoir « au préalable pris soin de nourrir l’algorithme avec des photos de ces per-sonnes » : « Le système est autoapprenant et progresse à mesure qu’il est sollicité ».
données d’utilisation, données sensiblesÀ l’avenir, et en complément de son utilité
pour « l’étiquetage automatique », l’intelli-
gence artificielle devrait en outre aider les
spécialistes du Dam à optimiser en temps
réel l’expérience offerte aux utilisateurs des
solutions. C’est le pari du français Wedia,
qui souligne, sur son site internet, que le
système peut notamment s’appuyer sur l’IA
pour « apprendre de l’utilisateur et créer des widgets présentant les derniers télé-chargements sur la base des métadonnées [qu’il] recherche chaque jour ou des der-niers éléments sur lesquels il a travaillé ».
Les recherches se multiplient aussi pour
aider les entreprises à améliorer la capacité
des solutions à extraire des contenus dans
tous types de médias, y compris les plus
secrets. Le groupe français Oodrive, spécia-
lisé dans la gestion des données sensibles,
vient ainsi de racheter à Algoba Systems
sa solution de gestion des médiathèques
et de photothèques Orphea, au motif que
les données média (images, vidéos et docu-
ments) sont souvent « au cœur de projets confidentiels et stratégiques » et « néces-sitent à ce titre un traitement spécifique et très exigeant en matière de sécurité ».
recherches en coursActif depuis près de 30 ans sur ce segment
de marché, et partenaire de nombreuses
entreprises utilisant ses solutions pour des
photothèques ou des médiathèques, l’édi-
teur Orkis a commencé à utiliser l’IA sur des
documents audio dès 2011, explique André
Capurro, son fondateur. L’entreprise, à
l’origine du logiciel et du service web Ajaris,
crée quelques années plus tard son propre
laboratoire de recherche et de développe-
ment. Il collabore étroitement, entre autres,
avec le Laboratoire informatique d’Avignon
(LIA), en pointe sur le traitement automa-
tique du langage et de la parole.
Le but ? Automatiser au maximum les
tâches d’indexation et réduire ainsi le temps
conséquent jusqu’ici dévolu à l’extraction
des données se trouvant dans les contenus
lourds (images, sons et vidéos), « plus dif-ficiles à traiter que les contenus textuels »
selon André Capurro. « Nous explorons deux principaux axes de recherche », dé-
taille ce responsable. « Le premier est le sous-titrage automatisé du son des vidéos, grâce auquel nous arrivons aujourd’hui à injecter de façon quasi parfaite le texte
associé dans Ajaris. Le second est la détec-tion de visages dans les images fixes et les vidéos, dans un objectif de gestion des droits (nous pouvons par exemple flouter les visages des personnes qui n’ont pas donné leur consentement et identifier auto-
matiquement des dirigeants ou des élus) ».
Depuis peu, ce spécialiste, convaincu de
l’utilité de se démarquer des offres d’in-
dexation grand public des Gafam, travaille
sur d’autres algorithmes liés à la « la re-connaissance de formes » ou à « la gestion des bases de couleurs ». Il participe égale-
ment, aux côtés du LIA et du laboratoire
d’informatique de l’université du Mans,
à un nouveau projet de recherche sur
l’intelligence artificielle bénéficiant d’un
financement de l’ANR (Agence nationale
de la recherche). L’objectif est de « déve-lopper de nouveaux modèles sémantiques au niveau de la phrase et au niveau de la conversation pour l’extraction d’infor-mation pertinente depuis des documents parlés ». Orkis pourrait ainsi parvenir
à terme à ajouter des fonctionnalités de
résumé automatique aux capacités exis-
tantes d’Ajaris en matière de transcription
de la voix. Intelligent. n
Christophe Dutheil
DR
« nous explorons deux principaux axes de recherche
(…) : le sous-titrage automatisé du son des vidéos (…), la détection de visages
dans les images fixes et les vidéos, dans un objectif
de gestion des droits »
André Capurro, Orkis
DR
« l’IA pour « d’une part, la génération de mots-clés
et le taggage des images et, d’autre part, la recherche de similarités sur la base des images enregistrées »
Jacques Thiebauld, Dalim Software
[outils]
26 archimag n° 333 avril 2020
quand les bibliothèques passent au vertEn quelques années, le thème de l’écologie s’est imposée dans le monde des bibliothèques. En France et à l’étranger, quelques établissements font figure de précurseurs et ouvrent la voie.
la question écologique s’invite
partout. A-t-elle également sa
place au sein des bibliothèques ?
Comparées au transport aérien,
à l’industrie textile ou à l’exploi-
tation minière, les bibliothèques font
figure d’enfant de chœur en matière
d’impact environnemental.
« Et pourtant qu’elles le veuillent ou non, les bibliothèques ont une respon-sabilité sociale, et leur performance écologique se mesure en émission de CO2 ou en surface productive néces-saire pour répondre à la consommation de ressources et aux besoins d’absorp-tion de déchets », explique Joachim
Schöpfel, maître de conférences en
sciences de l’information et de la do-
cumentation à l’université de Lille 3 ;
« d’ailleurs, un nombre croissant de bibliothèques prend conscience de cette responsabilité et se lance dans la démarche d’une bibliothèque verte. D’autres y sont obligées puisque leur tutelle — municipalité, département, ministère, université… — mène une politique en faveur du développe-ment durable et met tous les services à contribution pour la réussite de son plan d’action locale « agenda 21 » (1).
Comme tout site, les bibliothèques
ont en effet une empreinte environ-
nementale qui se calcule sur la base
de plusieurs indicateurs : consomma-
tion d’eau, consommation d’énergie de
chauffage, consommation d’électricité,
production de déchets, émission de
dioxyde de carbone (CO2)…
audit énergétique« L’empreinte environnementale des bibliothèques est multiple », précise
Manon Le Guennec, conservatrice des
bibliothèques et auteure d’un mémoire
d’études à l’Enssib (2) ; « elle dépend de facteurs très divers d’une bibliothèque à l’autre : du type de bibliothèque, de sa taille, de son amplitude horaire, de ses bâtiments, etc. Et de facteurs dont on peine à définir précisément l’empreinte écologique globale (fabrication du livre, impact du numérique). Difficile donc d’évaluer l’empreinte environne-mentale des bibliothèques en général ».
Pour autant, la communauté des biblio-
thécaires s’empare progressivement de la
thématique environnementale. Cela doit
cependant se faire de façon méthodique :
« Il s’agit de réaliser un audit énergé-tique, ou encore une étude de la gestion des déchets par exemple. C’est souvent le point de départ d’actions qui visent à réduire l’empreinte environnementale des bibliothèques », explique Manon Le
Guennec.
Une fois cet audit réalisé, d’autres actions
peuvent être mises en place : « On peut agir sur les bâtiments (rénovation pour réduire la dépense énergétique par exemple), sur le circuit des déchets (mise en place du recyclage), sur les produits d’entretien, sur les écogestes pour les personnels et les publics (inciter à utili-ser de la vaisselle réutilisable, à réduire la consommation d’eau, d’énergie…) ».
La prise de conscience écologique
en bibliothèque n’est pas récente.
Dès 2008, Alain Caraco, conservateur
général des bibliothèques, estimait
que « les bibliothèques ne peuvent pas rester indéfiniment en dehors de la question environnementale. Leur im-pact écologique est typique des activités tertiaires : les bibliothèques occupent des bâtiments, génèrent des transports, effectuent des achats et produisent des déchets ». Une douzaine d’années plus
tard, son appel a été entendu.
quand l’Ifla décerne son prix de la bibliothèque verteEn France, plusieurs établissements ont
décidé de monter en première ligne. La bi-
bliothèque universitaire centrale du Havre
et la médiathèque l’Alpha d’Angoulême
sont dotées de bâtiments qui visent à
réduire leur empreinte. À Sainte-Luce-
sur-Loire (Loire-Atlantique), la média-
thèque René Goscinny s’inscrit aussi dans
une démarche de haute qualité environ-
nementale : ventilation à double flux,
éclairage naturel, peintures minérales,
chaudière à condensation, végétation
filtrant l’eau de pluie sur le toit. Plus mo-
destement, la bibliothèque de la Canopée,
au cœur de Paris dans le quartier des
Halles, a mis en place une séance de travail
dédiée à la question environnementale.
Rien qu’en France, 82 établissements
ont pris la décision de s’inscrire dans
l’Agenda 2030, le programme de déve-
loppement durable à l’horizon 2030,
lancé par l’Onu en 2015. Parmi eux,
on compte des bibliothèques munici-
pales et universitaires, mais aussi des
centres de documentation spécialisés,
y compris scolaires.
27archimag n° 333 avril 2020
À l’étranger, la bibliothèque municipale
Daniel Guillard de Cali (Colombie) a ré-
cemment reçu le prix de la bibliothèque
verte décerné chaque année depuis
2016 par l’Ifla. La Fédération interna-
tionale des associations et institutions
de bibliothèques a récompensé l’établis-
sement pour son projet Gaia destiné à
faire prendre conscience du concept de
durabilité. Les usagers se sont vu propo-
ser une série d’actions concrètes : cours
d’artisanat à partir de matériaux recy-
clés, ateliers radiophoniques consacrés à
la nature, club de théâtre sur des thèmes
liés à l’environnement, lectures…
Avant la bibliothèque Daniel Guillard,
l’Ifla avait déjà récompensé des établis-
sements chinois (Foshan), allemand
(Stadtbibliothek Bad Oldesloe) et mexicain
(San Cristobal de las Casas). Le montant
de ce prix est modeste (500 euros), mais
l’Ifla entend marquer le coup et « promou-
voir le développement des initiatives des bibliothèques écologiques au niveau local et mondial ».
enseigner la question écologique aux bibliothécairesEt si la question écologique était enseignée
dans la formation des bibliothécaires ?
C’est en partie le cas, estime Manon Le
Guennec : « Des centres de formation pro-posent des sessions de formation continue consacrées à ces questions. En juin 2019, Mediat Rhône-Alpes a organisé une de-mi-journée de formation continue sur la thématique des enjeux environnementaux en bibliothèque. Par ailleurs, depuis deux ans, un atelier consacré à ce sujet est pro-posé en formation post-concours BIBAS classe normale à Mediadix (université Paris Nanterre) ».
On pourrait ajouter la journée
d’étude organisée par l’association
Languedoc-Roussillon Livre et Lecture.
Au programme : un retour d’expérience
tiré de la construction de la médiathèque
Montaigne de Frontignan (Hérault) qui
a bénéficié de terrasses végétalisées.
Résultat : une ventilation naturelle par
une « boîte à vent » permet de rafraîchir
naturellement le bâtiment.
Reste à décliner ces formations conti-
nues dans le cadre des formations
initiales des bibliothécaires. n
Bruno Texier
(1) Joachim Schöpfel. Performance écologique des bibliothèques. Lectures, Centre Max Weber, 2016, pp.50-53. hal-01586540f.
(2) Bibliothèques et écologie : Les bibliothèques de lecture publique françaises et les enjeux environne-mentaux. Manon Le Guennec. Enssib. 2018.
Bibliothèque universitaire centrale du Havre. Un
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Médiathèque René Goscinny. Sain
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Médiathèque L’Alpha à Angoulême. Gra
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Médiathèque Montaigne de Frontignan. Vil
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[outils]
28 archimag n° 333 avril 2020
le laboratoire africain de l’intelligence économiqueCreuset de cultures multiples, l’Afrique est aussi le lieu d’influences latines (françaises, espagnoles et portugaises), anglo-saxonnes, russes ou chinoises. Le développement de l’intelligence économique y est donc spécifique. Comment se caractérise celle-ci ?
1. l’IE en Afrique : un démarrage marocain
le développement de l’IE en Afrique a
été d’abord le fait du Maroc, qui dès
2004 a organisé un premier grand
rassemblement. Les rencontres in-
ternationales de Tétouan marquent
la décision, au plus haut niveau de l’État
chérifien, de doter le Maroc d’une politique
publique d’intelligence économique.
D’autres jalons vont venir témoigner de
l’intérêt grandissant du reste du continent.
Au Sénégal, en 2005, le terme intelligence
économique apparaît pour la première fois
dans un décret pour la création de l’Agence
sénégalaise de promotion des exportations
(Asepex). Puis l’Algérie, la Côte d’Ivoire,
le Cameroun prennent part à la dynamique.
C’est au Cameroun que naît le Centre afri-
cain de veille et d’intelligence économique
(Cavie). Le Maroc joue le rôle de locomotive
en accueillant nombre d’initiatives, dont
l’université ouverte de Dakhla, à mettre
au crédit de Driss Guerraoui, président du
Forum des associations africaines d’intel-
ligence économique, les premières Assises
africaines de l’intelligence économique
initiées par François Jeanne-Beylot ou le
lancement du Forum des associations afri-
caines d’intelligence économique.
constats sans concessionPhilippe Clerc, président de l’Association
internationale francophone d’intelligence
économique rappelle que le Maroc a très tôt
posé des constats sans concession sur un
retard à combler. Il rappelle l’allocution de
Mohammed M’Barki qui en 2004 s’inter-
rogeait lucidement : « Comment réussir le développement en situation de déficit de moyens, de faiblesses de ressources, à laquelle s’ajoutent le caractère désuet des systèmes d’information, la rareté des rela-tions de partenariat entre l’administration, le monde de l’entreprise et l’université ? »
2. des caractéristiques propres
■ initiatives surtout privées ou associatives
François Jeanne-Beylot, gérant-fondateur
de Troover, fondateur des Assises africaines
de l’IE, explique « qu’il aura (…) fallu une quinzaine d’années (2005-2020) pour que se structure la démarche africaine d’intel-ligence économique avec quelques rares volontés publiques (Maroc, Sénégal, Algérie, Côte d’Ivoire), mais surtout des initiatives privées ou associatives. Les organisations multinationales africaines n’ont pour l’ins-tant pas totalement pris la mesure de la discipline pour améliorer leur productivité et optimiser leur processus de prise de décision. Mais il y a fort à parier que la multiplication des initiatives citées ici et le défi de produc-
tion de connaissance qu’elles permettent de relever, réveille les consciences sur le sujet ».
■solidarité et culture traditionnelle
Lors des deux dernières Assises africaines de
l’IE, se sont tenus des ateliers sur les spécifi-
cités africaines. Les participants ont choisi les
mots-clés les plus représentatifs : « solidari-té », « importance de la culture et notamment de la culture traditionnelle », « résilience »,
« poids de l’informel et de l’oralité ».
le bon échelon de l’Union africaineMais l’Afrique est un continent immense
aux multiples cultures. Mounir Rochdi,
secrétaire général du Forum des asso-
à noter
Cet article n’est pas exempt de biais, et les reconnaître est important. n Il y a un biais linguistique, puisque
tous les acteurs interviewés sont francophones. Cela contribue évidemment à une surpondération des pays de la zone francophone. n Il y a un biais documentaire, qui fait
que l’on accorde plus d’importance à ce qui est écrit. Des pays comme l’Algérie ou le Rwanda n’ont pas de forte production écrite de connaissances en IE, mais ont néanmoins une politique volontariste. Cette sous-production n’est pas uniquement le produit d’une forte tradition orale, mais est aussi le témoin d’une volonté d’avancer en toute discrétion. Ces pays ont pu être sous-représentés dans cet article. n
repères
29archimag n° 333 avril 2020
ciations africaines d’IE (FAAIE), parle
des « quatre ou cinq Afrique » en diffé-
renciant les grandes aires culturelles.
Arsène Emvahou, ancien élève de l’École
de guerre économique (EGE) insiste sur
la grande diversité du continent. Les pra-
tiques y sont différentes par régions et
sous-régions. Il détaille les organisations
régionales : « L’Uma pour l’Union du Maghreb Arabe, la région Cedeao pour l’Afrique de l’Ouest avec la Côte d’Ivoire et surtout le Nigeria comme locomotives économiques ; dans cet espace, il y a une vraie dynamique IE intrinsèque. La ré-gion CEEAC pour l’Afrique centrale, moins dynamique. La région SADC pour l’Afrique de l’Est qui connaît un dynamisme fort avec l’Afrique du Sud qui est l’autre locomotive de l’Afrique ».
Selon Arsène Emvahou, pour parler
d’une politique d’IE, le bon échelon est
l’Union africaine car elle possède déjà
tous les ressorts d’une grande puissance
économique : une zone de libre-échange,
une cour africaine de justice et des droits
de l’Homme, une cour d’arbitrage…
■économie informelle et renseignement humain
Selon Guy Dweth, fondateur de Knowdys
Consulting Group, président du Cavie :
« L’IE en Afrique n’est pas encore mature, mais se structure. Il y a peu d’informa-tions économiques disponibles, il y a une sous-informatisation, et les données ne sont pas mises à jour. Donc les sources humaines sont essentielles. Notamment celles tirées des administrations pu-bliques, des États, des collectivités et des entreprises privées ».
Valérie Houphouet Boigny, responsable
du Club Afrique de l’AEGE, apporte un
autre élément fondamental sur la per-
ception de l’adversaire : « En Occident, on joue aux échecs et l’on vise la destruc-tion totale de l’adversaire. L’IE africaine ressemble plus au jeu de l’awalé où l’on a besoin de l’adversaire pour avancer. En Afrique, la recherche de la meilleure stratégie sera tout aussi importante que la recherche de la victoire. Il faut en effet prendre en compte les notions d’honneur et de respect de l’adversaire
avec qui la paix interviendra forcément après le conflit ».
Pour Philippe Clerc enfin, apparaît une
culture spécifique de l’IE en Afrique. Il per-
çoit « une volonté forte d’autonomisation ; on sent émerger des écoles africaines avec toute leur diversité réhabilitant les spécificités de la culture de la stratégie africaine ».
3. les grands enjeux de l’IE
la maîtrise des forces géopolitiques
L’Afrique est un continent qui attire beau-
coup de convoitises. Arsène Emvahou
rappelle que l’Afrique est au cœur des
stratégies d’IE chinoises, russes, améri-
caines et européennes. Voyons les forces
géopolitiques en présence.
n des puissances activesGuy Dweth identifie deux groupes de
puissances actives sur le continent.
Un premier groupe est constitué des très
grandes puissances : États-Unis, Chine,
Japon, Europe (France, Royaume-Uni,
Allemagne…). Un second groupe com-
prend le Brésil, la Turquie, Israël, l’Arabie
Saoudite et le Quatar… Tous ces pays
jouent un rôle en Afrique, et leur déno-
minateur commun est de maîtriser trois
types de leviers : le pouvoir coercitif,
en grande partie militaire (hard power),
le pouvoir d’influence (soft power), et la
combinaison des deux (smart power).
n stratégie des États-UnisD’après Guy Dweth : « La stratégie états-unienne et sa diplomatie économique passe notamment par deux réseaux pré-dominants que sont Africom et CTA ».
Africom est le dispositif militaire américain
sur le continent. CTA, ONG qui regroupe
en son sein près de 200 entreprises, est
une véritable « machine de guerre éco-nomique » selon l’analyse de Guy Dweth
regroupant renseignement, réseaux et
communication d’influence ; elle est une
entité extrêmement importante pour le dé-
veloppement des entreprises américaines
sur le continent africain.
n diplomatie chinoiseQuant à la Chine, sa diplomatie écono-
mique connaît des succès retentissants.
Il faut reconnaître, explique Guy Dweth,
que le maniement de l’arme de « l’aide sans condition » permet à la Chine d’as-
surer une forte coopération économique
et commerciale avec les pays africains.
Les Chinois jouent sur le très long terme
en offrant des « cadeaux de souveraine-té » : l’exemple le plus éloquent est sans
doute la construction du siège de l’Union
africaine ! Plus classiquement des diplo-
mates africains se voient régulièrement
Intervention du Pr. Driss Guerraoui, président du FAAIE, lors de sa 2e édition. FA
AIE
[outils]
30 archimag n° 333 avril 2020
offrir des téléphones portables, des ordi-
nateurs et des clés USB. Cela fait gagner
des points aux entreprises chinoises,
même si ces cadeaux sont empoisonnés !
Un scandale récent a éclaté quand des
informaticiens du siège de l’Union afri-
caine — celui justement offert et construit
par les Chinois — se sont aperçus qu’une
faille dans le système informatique en-
voyait des données à l’extérieur ! Laurene
Montalbano, coordinatrice 2019-2020
du Club Afrique de l’AEGE, résume cela
en une phrase : « La stratégie chinoise en Afrique est bien rodée ». Et l’on serait
tenté de se demander si le numérique ne
serait pas la pointe de diamant du soft
power chinois en Afrique.
n réponse marocainePhilippe Clerc soulève que le Maroc a
bien analysé ces luttes d’influence géopo-
litiques, et a mis en place une structure
pour y parer. « Un des grands avantages de l’Afrique est d’être confronté à des enjeux politiques et géostratégiques, énergétiques, humanitaires, de sécu-rité d’une ampleur inédite. Les cercles de réflexion africains ont intégré dès le départ des prospectivistes pour élar-gir les champs de vision ». À ses yeux
l’université ouverte de Dakhla, créé avec
Driss Guerraoui, est un de ces exemples
de réussite. « Tous les deux ans, le Maroc finance la venue d’experts de 41 pays, pour constituer un laboratoire de ré-flexion monde mobilisé sur les défis du Maroc, de l’Afrique et du reste du monde, œuvre d’influence en même temps et de soft power marocain. À chaque rencontre depuis 2010, un thème est choisi qui concerne la mondialisation et son impact sur le développement des territoires, approche prospective et d’in-telligence stratégique ».
Mounir Rochdi reconnaît que le Maroc
est un pays leader en matière d’IE.
Mais il tempère : « Beaucoup de pays ont investi le sujet. Le Nigeria (dont le PIB à lui seul représente plus de 60 % du PIB de l’ensemble des pays de la Cedeao) est très présent, ainsi que la Tunisie, le Cameroun, l’Afrique du Sud
ou le Burkina pour ne citer que quelques exemples. L’IE n’est plus un effet de mode en Afrique. Aujourd’hui les actions sont réfléchies avec pour objectif de dé-velopper la compétitivité des PME ».
le climat des affaires et la corruption
Alain Juillet, ancien haut responsable
chargé de l’IE au sein du SGDN, pointe
deux difficultés pour un sain développe-
ment de l’IE en Afrique : « La première est la méconnaissance des politiques de ce qu’est réellement l’intelligence éco-nomique. À part dans certains pays de l’Afrique francophone où les dirigeants ont fait de l’IE, comme l’ancien premier ministre du Togo. La seconde est la per-sistance de la corruption qui ne va pas faire bon ménage avec l’IE. La plupart des pays africains ont un haut niveau de corruption ». Mais le danger de voir les
Américains utiliser leur bras armé juri-
dique, sur la base du FCPA, n’est pas à
surestimer. Selon lui, « les Américains sont en train de se retirer. Ils y étaient essentiellement pour le pétrole. Or ils sont actuellement autosuffisants et se retirent d’Afrique. En outre, ils ne s’attaquent qu’aux entreprises qui les intéressent directement ». Il se veut donc
rassurant, mais vigilant.
des risques associésDans le même ordre d’idée, Jean-Michel
Lavoizard, directeur général de la com-
pagnie panafricaine Aris, se réjouit du
dynamisme du marché africain, mais
pointe aussi les risques associés. Ce dé-
veloppement expose les entreprises
« à diverses dimensions de risques, soit existants, mais amplifiés, soit nou-veaux auxquels elles sont mal préparées (transactionnels, de fraude, d’image et de réputation, de propriété intellectuelle et industrielle, d’impunité, de non-per-formance, de défaut, de non-conformité, etc.). Si les opportunités ne sont pas cor-rectement évaluées et les risques associés maîtrisés, les problèmes surviennent, plus difficiles qu’ailleurs à résoudre dans des États de droit peu sécurisés (tous litiges
et malversations internes et externes, concurrence déloyale, contrefaçon, etc.). Le processus d’IE est particulièrement utile, voire vital, dans des environne-ments d’affaires africains caractérisés par la concurrence exacerbée, le manque de transparence et la mauvaise gouver-nance. C’est pourquoi, en Afrique plus qu’ailleurs, en complément indispen-sable d’un premier niveau d’intelligence économique (sources ouvertes) tel qu’on l’entend habituellement en France, s’impose le recours au “renseignement économique” (sources non ouvertes) ».
la numérisation des données et l’indépendance informationnelle
Arsène Emvahou insiste sur les en-
jeux colossaux de numérisation des
données en Afrique. Cette numérisa-
tion sera menée selon lui par les grands
acteurs qui sont déjà aux commandes
(banque, assurances…) et par les États.
« Cette numérisation sera la base d’ac-tions de compliance et de due diligence. Cela permettra à l’Afrique d’intégrer plus encore les flux économiques ». Plus alar-
pour aller plus loin
n Forum des associations africaines d’intelligence économique : ´www.faaie.africa n Assises africaines de
l’intelligence économique : ´www.assises-africaines-ie.org n Portail africain de l’IE, lancé après
les 1res Assises africaines de l’IE, et qui compte comme partenaires le portail de l’IE et le club Afrique de l’AEGE : ´portail-intelligence-afrique.com n Centre africain de veille et d’IE : ´www.cavie-acci.org/fr/ n Association internationale
francophone d’IE (AIFIE) : ´www.aifie.org n
repères
31archimag n° 333 avril 2020
miste qu’Alain Juillet, il déclare :
« La guerre économique par le droit que l’Amérique peut mener en Afrique est une sérieuse menace pour l’Europe et la Chine. L’Amérique a accès à toutes les données, via notamment la collecte des Gafam, et l’extraterritorialité du droit. Quand les États-Unis vont tourner leur radar de compliance vers l’Afrique, les entreprises, notamment françaises, peuvent souffrir énormément ». Il insiste
enfin sur l’importance des cours de justice
et de l’Organisation pour l’harmonisation
en Afrique du droit des affaires (Ohada)
qui gère les dossiers d’arbitrage. « Les Chinois ne s’y sont pas trompés et ont an-ticipé l’importance de cette structure. Ils ont déjà deux juges parlant notamment le français et l’anglais qui peuvent siéger dans cette cour ».
manque de prise de conscience des domaines stratégiquesPour leur part, les étudiants de l’EGE
identifient trois risques au développe-
ment de l’IE : « Le premier risque est de calquer des pratiques occidentales sans prendre en compte les aspects culturels
africains. Le second est une segmen-tation par ethnie, même si cela peut faciliter ponctuellement le partage au sein même d’un même groupe. Le der-nier est le manque de prise de conscience des domaines stratégiques (gestion des données, gestions des ports, concessions de minerais…). Même si l’Afrique n’a pas les moyens de se développer seule ».
4. quelques enseignements
■ l’effacement de la France
Alain Juillet le souligne : « François Jeanne-Beylot, Charles Pahlawan, et Philippe Clerc et quelques autres sont présents en Afrique. Mais la pré-sence française perd pied ». Jean-Michel
Lavoizard est le plus mordant à ce sujet :
« On observe un découplage économique entre la France et l’Afrique, qui s’accélère depuis 2010 et l’ouverture des marchés à la concurrence internationale. Parmi les raisons de cet effacement relatif, (…) l’ouverture des marchés à une concur-rence internationale et intra-africaine : acteurs historiques en quête de diversifi-
cation, nouveaux acteurs à la recherche de relais de croissance. Parmi les raisons imputables à la France : le manque de réalisme et la persistance de comporte-ments de rentiers attachés à des “prés carrés” révolus ; la frilosité à sortir des sentiers battus des marchés franco-phones ; surtout, le recours excessif au “biberonnage institutionnel”, d’où une aversion atavique au risque. Le manque de culture entrepreneuriale au royaume de l’État providence qui s’érige en diplo-mate économiste infantilise les individus et déresponsabilise les entreprises : il se paye au prix fort face à de véritables entrepreneurs aventuriers venus de tous les continents conquérir seuls des parts de marché sans attendre d’incitation ni d’assistanat ».
■ la force du multiculturel
Mais la France est aussi en réduction
un îlot de multiculturalisme qu’il faut
exploiter. François Jeanne-Beylot insiste
souvent sur la force du partage intercultu-
rel : « La force du continent réside dans le mélange entre l’approche francophone, anglophone, hispanophone et arabo-phone. Il n’y a pas de barrière de langue. Ce mélange permet d’avoir le meilleur des différentes approches. À condition que les gens se parlent ».
■ la recherche d’une souveraineté
Philippe Clerc se demande comment
l’Afrique va concevoir une doctrine
d’application de sa souveraineté (droit,
ressources naturelles, data, terres, nota-
tions financières et culture). S’il y parvient,
« le continent va alors être un terrain d’innovation tout à fait intéressant. Et l’on pourra certainement y apprendre des choses intéressantes pour l’Europe ».
Là aussi il y a fort à faire à l’échelle du
continent européen totalement absorbé
par les Gafam, et incapable d’offrir à ses
concitoyens des outils indépendants. n
Jérôme Bondu[Formateur et consultant en intelligence économique] ´ Inter-ligere.fr
quelques jalons dans le développement de l’IE en Afrique
2004 Maroc : Rencontres internationales de Tétouan. Décision, au plus haut niveau de l’État de doter le Maroc d’une politique publique d’IE nationale et territoriale
2005 Sénégal : Le terme intelligence économique apparaît pour la première fois dans un décret pour la création de l’Agence sénégalaise de promotion des exportations (Asepex)
2006 Algérie : L’IE est à l’ordre du jour d’un conseil du gouvernement qui invite les entreprises à la mettre en œuvre
Entre 2006 et 2015
Multiplication des initiatives publiques, consulaires, privées et associatives : Maroc, Sénégal, Côte d’Ivoire, Cameroun, Algérie, Bénin, Congo, Guinée, Madagascar, Tunisie, au Burkina Faso, Tchad…
2015 Cameroun : Naissance du Centre africain de veille et d’IE (Cavie)
2016 Maroc : 1res Assises africaines de l’IE. Naissance du Portail africain de l’IE
2018 Maroc : Lancement du Forum des associations africaines d’IE
2018 Maroc : Première rencontre africaine de Dakhla, créé par Driss Guerraoui
repères
[outils]
32 archimag n° 333 avril 2020
choisissez les outils adaptés pour vous mettre au télétravailQualité de la connexion, confidentialité des échanges grâce au VPN, plateformes de travail collaboratif, réseaux sociaux d’entreprises… Les outils dédiés au télétravail s’enrichissent de nouvelles fonctionnalités pour mieux aider les salariés à travailler à distance.
les temps sont décidément favo-
rables au télétravail. Avant même
la pandémie due au coronavirus
et obligeant depuis la mi-mars au
confinement, les travailleurs fran-
çais ont dû faire face à la longue grève du
mois de décembre 2019 contre la réforme
du régime des retraites. Si elle n’était pas
parvenue à faire reculer le gouvernement,
en revanche, elle avait déjà beaucoup fait
pour le télétravail ! Selon le Groupe Inops,
90 % des PME de la filière numérique
ont pu poursuivre leurs missions malgré
la quasi-absence de transports notam-
ment en région parisienne. Au-delà des
entreprises du numérique, de nombreux
salariés d’autres secteurs ont pu conti-
nuer leur activité depuis leur domicile
grâce au télétravail.
Pour autant, le télétravail nécessite de
l’autodiscipline et des outils. « Il faut s’assurer d’avoir à sa disposition la meilleure technologie possible pour optimiser son environnement de colla-boration à domicile », explique Jenifer
Salzwedel, directrice du marketing chez
Poly, une entreprise spécialisée dans
les outils de communication ; « même
en travaillant à distance, je suis en mesure de participer activement à des réunions, en utilisant un grand nombre de solutions technologiques telles que mon casque à réduction active du bruit, ma caméra de visioconférence ou encore mon haut-parleur portable qui me donnent l’impression d’être dans la même pièce que mes collègues. Je dispose également de plusieurs ap-plications de communication comme Microsoft Teams, ou encore Zoom ».
connexion indispensable et VPN conseilléMais avant même de penser aux ou-
tils, il est essentiel de disposer d’une
connexion (filaire de type ethernet ou
wifi). Bonne nouvelle : le taux d’équipe-
ment des foyers français en connexion
internet à domicile s’élevait à 86 %
en 2018 (1). « Un nouveau record ! »,
se réjouit l’Autorité de régulation des
communications électroniques et des
postes (Arcep). Autre bonne nouvelle,
la vitesse et la qualité de connexion
s’améliorent au fur et à mesure du dé-
ploiement de la fibre sur le territoire
national. Avec un tel écosystème, le télé-
travail devient une possibilité pour de
nombreuses entreprises… À l’exception
néanmoins de celles qui se trouvent dans
les zones grises non couvertes par les
opérateurs télécoms. Dans la plupart des
cas, il s’agit d’entreprises situées sur des
territoires ruraux.
Côté confidentialité, certaines entre-
prises fournissent à leurs collaborateurs
une clé USB dédiée à la sécurisation du
poste informatique en cryptant tout ou
partie de leur communication. D’autres
fournissent un ordinateur professionnel
sécurisé et doté de toutes les applications
indispensables pour travailler à distance.
La sécurité des connexions peut également
être assurée par un VPN (réseau privé vir-
tuel). Cette option est particulièrement
conseillée dans le cas d’utilisation d’un
wifi public (aéroport, gare, bibliothèque,
hôtel…). Elle permet en outre de naviguer
de façon anonyme. Le marché du VPN est
dynamique et composé d’une multitude
d’acteurs : NordVPN, CyberGhost, VPN.
net, UltraVPN, TunnelBear, Hide.me,
Windscribe, VPNBook… Certains sont
gratuits, d’autres sont payants (à partir de
5 euros par mois environ). Pour ce prix,
il est possible d’installer le VPN sur plu-
sieurs appareils : ordinateur, tablette ou
smartphone. Parfois, une période d’essai
de 30 jours est offerte à l’internaute.
plateformes de travail collaboratifQui dit télétravail, dit plateformes de tra-
vail collaboratif. Pour travailler en équipe,
partager des documents ou stocker des
fichiers dans les nuages, ces outils sont
le compagnon indispensable du télétra-
vailleur. Le marché est dynamique avec
la présence de très gros acteurs comme
Microsoft et son Office 365 ou Google
et sa G Suite. Ces deux plateformes ont
beaucoup gagné en ergonomie et se
prennent désormais en main sans diffi-
culté particulière. Grâce au cloud, chacun
peut y accéder depuis son domicile ou
un espace de travail partagé. À quelques
différences près, les deux solutions pro-
posent des outils similaires : service de
courrier électronique, messagerie ins-
tantanée, agenda, traitement de texte,
tableur, espace de stockage…
Microsoft commercialise plusieurs ver-
sions d’Office 365 (famille, étudiant…)
dont une plus particulièrement destinée
33archimag n° 333 avril 2020
aux entreprises avec des outils comme
Skype Entreprise (ou Skype for Business)
qui permet d’organiser des conférences
et de partager des vidéos. Au menu
également, SharePoint donne accès à
la gestion de contenu, aux moteurs de
recherche, à la gestion électronique de
documents, à la possibilité de créer des
formulaires et des statistiques. À noter
qu’Office 365 pour entreprises est dé-
cliné en deux sous-versions : grandes
entreprises et PME.
Google de son côté a lancé la première
version de sa G Suite en 2006. Depuis,
la solution n’a cessé de s’enrichir d’outils
supplémentaires, mais reste fidèle à l’ADN
de la marque avec une interface épurée et
particulièrement intuitive. Très utilisée,
Hangouts est une messagerie instantanée
qui permet à des collaborateurs disper-
sés sur plusieurs sites de communiquer
simultanément à condition de ne pas
dépasser quinze utilisateurs. Selon des
chiffres communiqués par Google, plus de
cinq millions d’entreprises utiliseraient
G Suite à travers le monde.
pourquoi ne pas essayer les réseaux sociaux d’entreprise ?À côté de ces deux mastodontes, il existe
d’autres solutions moins connues qui
peuvent néanmoins être utilisées en
situation de télétravail. Workspace de
Citrix promet « un monde où chacun peut travailler et entreprendre depuis n’importe où ». L’interface est construite
autour de vignettes permettant d’accé-
der à des dossiers ou à des applications
(y compris Google ou Microsoft).
Autre nouvel entrant, la société fran-
çaise Klaxoon, créée à Rennes en 2014,
se positionne sur un segment particu-
lier : faciliter l’organisation des réunions
d’équipe et fluidifier les échanges entre
les membres. Le logiciel s’adapte aux
différents écrans (ordinateur, tablette,
smartphone) et peut faire interagir
jusqu’à 50 collaborateurs simultanément.
En quelques années, Klaxoon a convain-
cu des dizaines d’entreprises françaises
et étrangères.
Du côté des RSE (réseaux sociaux
d’entreprise), il y a également de quoi
trouver chaussure à ses pieds avec les
nombreuses solutions mises à disposi-
tion des entreprises. Au programme : une
meilleure circulation de l’information,
la possibilité de créer des espaces de dis-
cussions (publics ou privés), le partage
des connaissances, l’échange de bonnes
pratiques, la gestion de projets…
Là aussi, le marché est vigoureux avec
de nombreux acteurs, y compris français
comme Jalios, Jamespot ou Yoolink Pro.
À noter : l’installation d’un réseau
social d’entreprise doit respecter un
certain nombre de règles juridiques.
Elle doit notamment être précédée d’une
consultation auprès de l’instance repré-
sentative du personnel (comité social et
économique ou CSE). L’entreprise doit
en outre respecter l’information indivi-
duelle du salarié. n
Bruno Texier
(1) Baromètre du numérique 2018, 18e édition. Arcep.
34 archimag n° 333 avril 2020
[outils]
la gouvernance de l’information au Québec
Outre-atlantique, la Belle province a mis en place une gouvernance de l’information qui est désormais considérée comme un incontournable pilier de l’ingénierie documentaire.
[De notre correspondante à Montréal]
suite à la loi sur l’accès aux docu-
ments des organismes publics et la
loi sur les archives, une première
génération de politiques en gestion
des documents a vu le jour (1 et 2).
Les mandats des différents acteurs y étaient
précisément décrits. Les lois subséquentes
relatives à la sécurité ou la pérennité de
l’information ont été de réels déclencheurs
de la gouvernance de l’information (GI).
L’information devient le point majeur dans
un écosystème multidisciplinaire.
Selon Chantal Ménard, spécialiste de la
gouvernance de l’information à Hydro-
Québec, la GI au Québec se résume encore
à des concepts de gestion du contenu
informationnel et aux technologies de
l’information (TI). L’objectif principal de
la GI, ajoute-t-elle, est de s’assurer de la
gestion des données et de l’information de
manière efficace et efficiente afin de facili-
ter la prise de décision et de mener à bien
la mission de l’entreprise. La GI au Québec
inclut les questions liées à la gestion des
risques, la fiabilité, la qualité, l’authen-
ticité, l’intégrité, la sécurité, les rôles et
responsabilités, et ce, tout en étant en
conformité avec les exigences légales, éco-
nomiques, politiques et éthiques. Le plus
important est d’être en mesure de garder
un équilibre entre la conformité et la per-
formance de l’entreprise.
Entrée dans le vocabulaire, la GI est
aujourd’hui considérée comme un in-
contournable. Reste à savoir comment
concrétiser sa mise en application.
des rythmes variablesEn février 2020, Hydro-Québec a créé
la direction affaires corporatives et
gouvernance-gestion de l’information.
Centralisée sous la vice-présidence affaires
corporatives, juridiques et gouvernance,
cette direction permet de contribuer à la
performance d’Hydro-Québec en facili-
tant l’accès à une information fiable et de
qualité, qui aidera à réduire les risques de
l’entreprise, confirme Chantal Ménard.
Étant l’approche et le cadre multidiscipli-
naire, la GI est appariée à la gouvernance
TI. Cependant, selon Chantal Ménard,
il arrive trop souvent que la transforma-
tion numérique et l’arrivée des nouveaux
outils n’ont été pris en compte que du
point de vue de la technologie, ce qui
a produit des implantations TI qui ne
répondent pas toujours aux usages fonc-
tionnels que doivent en faire les employés.
Un bel exemple de GI est celui de la
Commission de la santé et des services
sociaux des Premières Nations du Québec
et du Labrador (CSSSPNQL) qui a publié
un cadre de référence sur la GI en 2019.
L’approche est liée aux valeurs profondes
des Premières Nations, soit récupérer, valo-
riser, protéger et transmettre aux futures
générations leur patrimoine information-
nel. La GI réfère à la structure, au processus
de prise de décision relative à la collecte,
l’utilisation, au partage, à la gestion et à la
protection de l’information et à son accès.
La finalité de ce cadre de référence vise à
promouvoir leur autonomie et à mettre en
place des mécanismes d’application de la
GI. Il est intéressant de constater que cette
finalité ne se réduit pas uniquement à des
procédures en gestion de l’information et
des documents, mais est en lien direct avec
la gouvernance des Premières Nations, soit
prôner l’autodétermination et la souveraine-
té de l’information des Premières Nations.
la parole aux expertsChantal Ménard mentionne que le Québec
devrait bientôt atteindre son degré de
maturité. La compréhension est là, il faut
travailler les mentalités et les cultures
pour une nouvelle mise en application de
GI et la mutualisation des expertises.
Par ailleurs, une étude sur les acteurs
de la GI a été réalisée de 2017 à 2019,
par Dominique Maurel, de l’université de
Montréal, et Natasha Zwarich, de l’univer-
sité du Québec à Montréal. Les auteures
mentionnent que parmi les acteurs en
GI, les professionnels de l’information
doivent repenser leurs rôles afin d’an-
crer leur positionnement dans la mise
en œuvre d’une GI. Elles recommandent
d’optimiser les cursus universitaires en
sciences de l’information en ajoutant par
exemple la gestion de projet, la gestion
des risques, le leadership, la stratégie
d’entreprise ou l’apprentissage en IA.
La nouvelle mouture du programme de
l’EBSI et la révision du certificat en ges-
tion des documents et des archives de
l’UQAM en sont la manifestation. n
Élisabeth Lavigueur avec la participation de Chantal Ménard
(1) Loi sur l’accès aux documents des orga-nismes publics et sur la protection des renseigne-ments personnels (RLRQ, c. A-2.1).
(2) Loi sur les archives (RLRQ, c.A-21.1).
Vu de Montréal
C
M
J
CM
MJ
CJ
CMJ
N
[outils]
36 archimag n° 333 avril 2020
choisir son agence d’abonnementInterlocuteur unique, facturation simplifiée, élimination des doublons, accès unifié aux statistiques de consultation… Les atouts des agences d’abonnement ne manquent pas. Mais les bibliothèques et les centres de documentation ont intérêt à bien négocier avant de choisir leur partenaire.
rappel de définition : une
agence d’abonnement est un
prestataire qui fait office d’in-
termédiaire entre les éditeurs
de périodiques et leurs clients.
Elle s’adresse donc essentiellement à
la filière documentaire : bibliothèques,
centres de documentation… Mais
les agences d’abonnement peuvent
également viser des clients plus inat-
tendus comme les chaînes hôtelières
par exemple. Le tableau en pages sui-
vantes recense uniquement les agences
qui proposent une prestation à des-
tination des professionnels. Il exclut
donc les offres destinées directement au
grand public.
Le recours aux agences d’abonnement
présente plusieurs avantages : interlo-
cuteur unique, facturation simplifiée,
élimination des doublons, accès unifié
aux statistiques de consultation… Mais
qu’en pensent vraiment les profession-
nels de la documentation ? Du bien… et du
moins bien ! Le forum des professionnels
des bibliothèques et de la documenta-
tion Agora Bib (1) livre des témoignages
pour le moins contrastés : « correct, sans plus… », « très mauvaise expérience… »,
« tout fonctionne très bien ! »…
Une bibliothécaire constate avec jus-
tesse que « le marché est très limité ».
De fait, suite à la liquidation judiciaire
d’un important acteur en 2014 (Swets
France) et au rachat de l’activité abon-
nements de Lavoisier par Prenax, le
marché français est aujourd’hui resserré
autour d’une demi-douzaine d’agences
seulement.
large périmètre de périodiquesPremier constat, les prestations des
agences couvrent un large périmètre
de périodiques. On y trouve à la fois
des titres de la presse spécialisée et des
titres destinés au grand public. Les or-
ganisations auront donc intérêt à bien
étudier le corpus commercialisé par
les agences pour répondre aux besoins
exacts de leurs usagers.
Tous genres confondus, le nombre de
références peut atteindre plusieurs mil-
liers de titres. En revanche, les offres
hybrides (disponibles aux formats
papier et numérique) ne sont pas com-
mercialisées par tous les éditeurs.
Fonctionnalités indispensables, la ges-
tion et le suivi des abonnements sont
proposés par toutes les agences qui
ont répondu à notre questionnaire.
Cela permet par exemple aux clients
de relancer des numéros manquants
ou d’adresser des réclamations. Celles-
ci sont ensuite transmises aux éditeurs
dans des délais qu’il convient de dé-
terminer lors de la négociation avec
l’agence d’abonnement.
réactivité et disponibilité du chargé de clientèleParmi les critiques que les centres de
documentation adressent aux agences
d’abonnement, le manque de réacti-
vité revient assez souvent : « Le service client répond rarement, et quand il répond, ce sont des phrases bateau qui éludent totalement nos questions »,
se plaint une documentaliste. Du côté
des agences, on est conscient du pro-
blème : « La réactivité de l’agence est essentielle », nous déclarait un acteur
du marché en 2016 ; « celle-ci passe par la disponibilité et l’expérience du chargé de clientèle, ainsi que par la ges-tion en local de ses activités afin que le traitement des commandes et des récla-mations soit le plus rapide possible ».
Là aussi, il est conseillé de se renseigner
sur les moyens dont dispose l’agence
pour répondre aux réclamations de ses
clients.
À prendre en considération également,
la limitation de consultation par nombre
d’utilisateurs. Les réponses varient se-
lon les agences, certaines d’entre elles
s’alignant sur la politique des éditeurs.
Quant au coût d’un projet, difficile de
se faire une idée tant les prix diffèrent
en fonction de la prestation retenue.
À savoir tout de même : lorsqu’une
bibliothèque souhaite contracter un
nouvel abonnement, l’agence doit lui
fournir un devis : tarif éditeur dans sa
devise d’origine, frais de port, taux de
change et taux de TVA (2). n
Bruno Texier
(1) ´ www.agorabib.fr
(2) Gérer les périodiques. Géraldine Barron. Presses de l’Enssib.
Centre de documentation de l’École des Ponts ParisTech. B
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37archimag n° 333 avril 2020
publirédactionnel
Contact PMB SERVICESZI de Mont sur Loir 72500 Montval-sur-Loirtél : +33 (0) 2 43 440 660 e-mail : [email protected]
Comment PMB Services a permis au nouveau PAM de voir le jourLe « PAM », Portail des Arts de la Marionnette, est un projet collectif porté par l’Institut International de la Marionnette, qui fédère 27 institutions. Il vient de mettre en ligne une version laboratoire de son nouveau site : https://lelab.artsdelamarionnette.eu. Celle-ci s’appuie sur le travail de sémantisation démarré en 2014 avec PMB Services dans le cadre d’un projet de SIGB mutualisé.
L’ ancien site, développé dans un autre logiciel, se présentait comme une base de données où pour naviguer, il fallait avoir une idée de ce qu’on cherchait : seuls les spécialistes s’y retrouvaient,
les néophytes demandaient à être davantage guidés. « Nous avons donc travaillé à rendre possibles différentes approches », indique Raphaèle Fleury, directrice de la Recherche et de l’Innovation de l’Institut. Le PAM propose désormais d’explorer ses ressources à travers quatre uni-vers : « Découvrir » (points de repère), « Transmettre » (pour les enseignants, thérapeutes et éducateurs), « Pratiquer » (pour les marionnettistes), « Chercher » (pour les aficiona-dos et les chercheurs). « Après être repartis de zéro avec PMB Services, nous venons de mettre en ligne une version bêta du futur portail. Elle est publique, mais pas totale-ment terminée. Nous l’enrichissons au fur et à mesure ».
Indexation : FBFRoo et SKOS en soutien
Les données sur les documents, les personnes et les œuvres sont structurées selon le modèle FBFRoo, enrichi d’ontologies spécifiques (par exemple, pour les processus de construction de marionnettes) en respectant, pour les concepts utilisés pour l’indexation, les recommandations SKOS. « Cette démarche nous permet d’être plus précis et de créer des liens et donc des possibilités de rebond beaucoup
plus fines que ce que nous pouvions faire auparavant, sou-ligne Mme Fleury. Rattacher une captation de spectacle (PMB Services a développé un plug-in pour charger directement des extraits dans Vimeo depuis le SIGB) à la représentation dans laquelle il a été tourné, par exemple, ou caractériser un objet dont nous avons des photos en tant qu’objet, même lorsqu’il n’existe plus matériellement ». Ce travail permet d’enrichir la navigation et de mettre en appétit les visiteurs.
Une éditorialisation automatisée
« Après le catalogage et le chargement de la ressource, chaque fois que nous affinons l’indexation et les liens, nous enrichissons visuellement tous les niveaux des pages, précise la directrice : ceci permet une forme d’éditorialisa-tion automatique ». Les pages du portail sont alimentées dynamiquement : chacune agrège différents niveaux ou segments du modèle : ceci permet par exemple d’éditer à la volée des parcours thématiques autour d’un concept — sur une technique de marionnette —, en montrant les notions auxquelles il est lié, leur définition, et toutes les ressources qui le représentent. Un gain de temps très appréciable dans une équipe très réduite : chaque saisie d’une documentaliste contribue directement ou indirecte-ment à la constitution de supports de médiation.
Sémantiser pour rendre visible
« Je crois que ce portail reflète aujourd’hui les arts de la marionnette dans leur diversité et leur vitalité, des formes les plus traditionnelles aux formes les plus insaisissables et abstraites, conclut Mme Fleury. Nous sommes, en effet, dans un domaine en pleine expansion et qui lutte pour sa recon-naissance ». Ce à quoi le PAM contribue par sa stratégie sémantique et son effort pour tendre vers le FAIR data (Facile à trouver, Accessible, Interopérable et Réutilisable). « Pour la plus grande visibilité des arts de la marionnette, nous avons donc tout intérêt à ce que ce portail puisse être facilement utilisé et à encourager la réutilisation de nos données ». n
[outils]
38 archimag n° 333 avril 2020
Société A2Presse CID Ebsco Prenax UNI-Presse ViapresseSite web pro.a2presse.fr www.cid.fr www.ebsco.fr www.prenax.fr pro.uni-presse.fr www.viapresse.comCibles Professionnels Toutes les entreprises,
institutions publiques et privées
Centre de documentation, bibliothèques de tout type, centres de recherche, entreprises...
Toute organisation, secteur privé ou public
Tous clients institutionnels en France et à l'étranger
Particuliers, professionnels (bibliothèques, mairies, CDI, centres pénitentiers, hôpitaux, CSE, hôtels…)
cataloguePresse grand public ● ● ● 19 000 titres ● plus de 950 titres
Presse spécialisée ● ● ● 215 000 titres ● Plus de 900 titres, possibilité de recherche hors catalogue
Nombre total de références
4 000 Environ 400 000 abonnements à des revues
et livres
Plus de 360 000 titres français et étrangers
(en constante évolution)
234 000 10 000 Plus de 1 800 titres
Nombre de titres papier
3 493 NC Plus de 200 000 (en constante évolution)
58 000 7 000 1 850
Nombre de titres numériques
42 NC Près de 80 000 (en constante évolution)
71 000 2 000 600
Nombre de titres hybrides 465 NC Plus de 100 000 (en constante évolution)
105 000 1 000 NC
Nombre de livres numériques
0 NC Plus de 1,5 million dont 225 000 titres dans DRM
(en constante évolution)
1 000 0 NC
Nombre de bases de données
NC NC Plus de 400 BDD bibliographiques
et en texte intégral
Inclus dans les titres numériques
100 NC
servicesGestion et suivi en ligne des abonnements
● ● ● ●
via Prenax Online● ●
portail en ligne, réclamation par téléphone, email, ou
extranet ERP (réponse en 20 minutes à 24 h)
Portail d'accès en ligne aux ressources numériques
●
via l'éditeurVia les portails internet
des éditeurs● ●
portail dédié✖ Directement consultable
sur le portail de l'éditeur
Consultation sur tablettes et smartphones
● Selon site internet des éditeurs
● ● ● ●
Archivage des numéros passés avant, pendant et après la fin de l'abonnement
✖ Selon site internet des éditeurs
● NAdépend des éditeurs
✖ Selon les propositions de l'éditeur
Recherche multicritère ● ● ● ● ✖ NCStatistiques des usages exportables
NC Selon site internet des éditeurs
● NAdépend des éditeurs
● Visualisation ou/et exportation (Excel) selon de nombreux filtres
Limitation de consultation par nombre d'utilisateurs (quotas)
1 ou plus suivant licence
Selon site internet des éditeurs
Proposition de solutions pour répondre à la limitation de consultation par utilisateur
(par ex. solution Saas Open Athens pour donner accès et attribuer du contenu en fonction des utilisateurs)
NAdépend des éditeurs
✖ Selon les souhaits de l'éditeur
autresCertifications NC NC NC NC ✖ NCRéférences clients Orange,
Bouygues, EADS, Airbus
NC NC 1 500 en France Ministère des Affaires étrangères, ACOSS,
Mairie de Créteil, Union du Cercle
Interallié
NC
● Oui ✖ Non
panorama des agences d'abonnement
39archimag n° 333 avril 2020
Société A2Presse CID Ebsco Prenax UNI-Presse ViapresseCoût moyen NC Gain global de 15 à 20 %
pour un client qui n'a pas de gestion externalisée de ses abonnements
NC Dépend des volumes confiés, de la typologie
des ressources d'information confiées ainsi
que du mode de gestion souhaité (centralisé/
décentralisé, e-procurment, facturation EDI)
1 000 € 850€
Remarques - PME familiale aux valeurs marquées depuis 46 ans : qualité de service, proximité client, RSECatalogue : tous titres ; si l'organisme d'édition est inconnu, il est sollicité et ses revues sont intégrées au catalogue
Optimisation de la gestion et du suivi des fonds de ressource documentaire. Valorisation des collections dans leur intégralité. Simplification de l'accès et maximisation de l'usage des ressources numériques (signalement, résolveur de liens, discovery tool...)
Spécialiste de la gestion et l'optimisation des ressources d'information du monde entier (abonnements, licences multi-utilisateur, bases de données, adhésions et livres). Dispose d'une expertise pivilégiée dans les intégrations avec les SI de ses clients Punch-Out, Chorus Pro & EDI
UNI-Presse est une associaiton loi 1901 qui appartient aux éditeurs de presse France
Interlocuteur dédié, moyens de paiement adaptés, compte client dédié, service client spécialisé pour les pros, remises supplémentaires, devis express sous 24 h, envoi des couvertures et des sommaires des magazines pour enrichissement des bases de données
● Oui ✖ Non
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40 archimag n° 333 avril 2020
collectivités : réussir et pérenniser son projet d’open dataDepuis 2016, l’adoption de la loi pour une République numérique prévoit la mise à disposition gratuite de certaines données du secteur public, donnant aux projets d’open data le champ libre pour nourrir le territoire et le rendre plus intelligent. Pourtant, une grande majorité de collectivités territoriales ne fournit pas encore de données aux citoyens. Archimag revient sur les points essentiels qui permettent d’initier un projet d’open data et le faire vivre dans la durée.
la disposition de la loi Lemaire est
claire, les collectivités de plus de
3 500 habitants employant au moins
50 agents doivent mettre en ligne
toutes leurs bases de données dans
un format ouvert et lisible par une machine,
à l’exception des données personnelles et
de sécurité. « L’observatoire des données locales mis en place par Opendata France estime que sur les 5 000 collectivités concernées par la loi Lemaire, 500 seule-ment ont ouvert à ce jour leurs données »,
souligne Laurence Comparat, adjointe au
maire de la ville de Grenoble, en charge,
entre autres, de l’accès à l’information et de
la libération des données publiques.
Dans une récente tribune signée dans les
Échos par une vingtaine de spécialistes,
parmi lesquels Danièle Bourcier, directrice
de recherche au CNRS, Christian Quest,
fondateur d’Opendatarchives, et Bertrand
Gervais, cofondateur d’Handimap, le
constat est plus alarmant : « Malgré la volonté politique démontrée par la France sur l’open data depuis plusieurs années, des interrogations se sont fait jour à pro-pos des contraintes opérationnelles mais aussi, de manière plus inquiétante, de la portée même de l’open data ».
manque de moyensPersonne ne remet en cause les vertus de
l’ouverture de données. Qu’elles concernent
les services publics, le budget, l’urbanisme
ou encore la vie culturelle, l’utilisation
de ces données conduit associations, en-
treprises et collectivités à déployer des
solutions destinées au confort des citoyens.
Mais un manque de moyens grippe la mé-
canique que l’État a voulu mettre en place,
en lien direct avec la taille de la collectivité.
Les grandes collectivités qui se sont lancées
dans l’open data ne sont pas confrontées à
une absence de moyens, observe l’associa-
tion Opendata France, dont l’objectif est de
regrouper et soutenir les collectivités enga-
gées dans une démarche d’ouverture des
données. Ces régions, départements, mé-
tropoles et intercommunalités possèdent
en effet un service informatique pour le-
quel la conduite d’un projet open data ne
représente pas de difficulté. Ce n’est pas le
cas des petites communes, souvent dému-
nies en termes d’expertise IT. Dans un
contexte où la loi Lemaire n’est assortie ni
de sanction ni de moyens, voici sept points
qui permettent de lancer un projet d’open
data et de le consolider dans le temps.
1. contacter des collectivités pionnières et s’en inspirer
Si les disparités de moyens existent entre
les typologies de collectivités, il apparaît
que l’ensemble du territoire métropolitain
est couvert par des pionniers de l’open
data. Chaque collectivité qui souhaite lan-
cer son projet peut trouver dans sa région
une ou plusieurs autres collectivités dont
les données ont déjà été ouvertes. Le retour
d’expérience obtenu auprès d’elles est d’au-
tant plus bénéfique qu’elles ont déjà essuyé
les plâtres. Il existe une forme de solidarité
et un sens du service public qui, assurent
les spécialistes, poussent au partage des
DR
« commencer par mettre en ligne quelque chose
qui a été demandé »
Laurence Comparat, Grenoble
41archimag n° 333 avril 2020
informations voire à une mutualisation des
moyens, en particulier l’hébergement des
données. Cette première étape est essentielle
pour évaluer ce qui a déjà été fait et s’en ins-
pirer pour construire la trame d’un projet.
2. déterminer un objectif
Publier un budget, des appels d’offres ou des
délibérations ne demande pas les mêmes
ressources que la fourniture en temps
réel des données du trafic d’un réseau de
transport en commun. Les collectivités ont
souvent commencé par publier un jeu limité
de données avant de se lancer dans des pro-
jets plus ambitieux. « Une collectivité peut tout simplement commencer par mettre en ligne quelque chose qui lui a été demandé car c’est précisément quelque chose qui in-téresse quelqu’un. C’est un point de départ intéressant qui met en valeur le fruit du tra-vail des agentes et des agents qui produisent ces données au quotidien dans le cadre d’une mission de service public », estime Laurence
Comparat. Le choix des thématiques abor-
dées (mobilité, sport, culture, finance, etc.)
détermine les cibles visées par le projet.
3. définir cibles et contexte
La réutilisation des données est au cœur
des enjeux. Les citoyens, les associations,
les élus, les services internes des collecti-
vités ou encore les délégations de service
public sont autant de cibles susceptibles de
réutiliser les données mais avec des objectifs
différents. À la fois consommateurs et met-
teurs en scène de ces données, ces acteurs
n’attendent pas le même type d’information
et de formats. Il convient alors de définir le
périmètre des données publiques à ouvrir.
La collectivité peut s’intéresser aux don-
nées de référence, aux données associées
à ses compétences, au socle commun des
données locales recommandé par Opendata
France et qui définissent un ensemble de
jeux de données prioritaires, normalisés et
communs aux collectivités territoriales.
4. sous-traiter ou réaliser
« Plusieurs questions émergent de la part de ceux qui possèdent les données et de ceux
qui veulent y accéder. Quelles données ont été générées, comment et où ? Lesquelles ont été consultées, par qui et sous quelle forme ? Ont-elles été modifiées ou copiées ? Où et comment ont-elles été référencées ? D’où proviennent les données ? Leur source fait-elle autorité ? Pendant combien de temps seront-elles fiables et disponibles ? »,
résume Alan Clark, directeur CTO office in-
dustry initiatives et merging standards chez
l’éditeur open source Suse, pour illustrer
l’importance des interrogations que pose un
projet open data. Sans expertise, difficile de
se passer d’une aide. Sur le volet juridique,
les cabinets de conseil réalisent l’analyse de
l’existant, tout en effectuant un tri sur les
données éligibles à l’ouverture et celles qui
ne le sont pas. Sur le plan technique, le re-
cours à un prestataire externe est souvent
nécessaire, par exemple pour effectuer des
requêtes dans des bases de données, mettre
des fichiers au bon format, les transférer sur
des serveurs, gérer les API ou encore récu-
pérer des données en provenance de l’IoT.
Mais c’est aussi l’occasion d’embaucher une
personne qualifiée.
5. gérer le risque juridique
Le respect de la réglementation qui
entoure la publication de données est es-
sentiel. Il est lié aux exigences du RGPD
et aux contraintes plus générales de sécu-
rité. Cela implique d’établir une frontière
entre les données publiques, personnelles
et anonymes, tout en s’appuyant sur
une gouvernance des données. Si aucun
service juridique n’est disponible sur
place, les ressources d’une autre collecti-
vité peuvent être sollicitées. Des forums
comme Teamopendata.org sont une bonne
source d’information.
6. choisir une licence
Réalisée en interne ou confiée à l’extérieur,
la gestion d’un service public pose la ques-
tion de la réutilisation et de la propriété
des données publiées. Il est obligatoire
d’attribuer une licence et de la communi-
quer. La licence dite ouverte a été conçue
par Etalab pour supporter les projets open
data liés aux missions de service public.
Les licences Open Data Commons parmi les-
quelles on compte ODBL et ODC-BY, et les
licences Creative Commons CC-BY sont
d’autres alternatives. Toutes permettent la
réutilisation, même pour un usage commer-
cial. La licence ODBL octroie toutefois plus
de droits et facilite le cas échéant le passage
aux autres types de licence.
7. animer et pérenniser
Pour faciliter l’accès aux données placées
en ligne, une stratégie de communication
s’impose. Valoriser les données passe par
l’organisation et l’animation d’événe-
ments, le renforcement de relations avec
les partenaires et les contributeurs autant
que par l’usage de portails où la visualisa-
tion des données est optimisée. La mise à
jour régulière des data est capitale à la fois
pour stimuler leur réutilisation et pour
favoriser l’innovation qui pousse tous les
acteurs du territoire à penser et produire
de nouvelles applications. n
Frédéric Bergonzoli
DR
« quelles données ont été générées,
comment et où ? Lesquelles ont été consultées, par
qui et sous quelle forme... »
Alan Clark, Suse
[outils]
42 archimag n° 333 avril 2020
la preuve électroniqueQue ce soit pour la négociation, la formation et l’exécution de relations contractuelles, commerciales, civiles ou sociales, ou bien pour l’exécution d’obligations extracontractuelles, il est indispensable de pouvoir prouver les actes et les faits. Au fil du temps, la communication par l’intermédiaire de tout type de support électronique est entrée dans la vie de tous. Ces éléments de preuve ont alors acquis une valeur juridique.
en matière de preuve électro-
nique, les principes de base
restent inchangés. Même de-
puis la réforme du droit des
obligations : il faut prouver
l’obligation dont on réclame l’exécution
ainsi que le paiement ou le fait qui éteint
l’obligation (1). La loyauté dans la collecte
des éléments de preuve veut que ceux-ci
ne soient pas extorqués par violence ou
par fraude (2). Et la preuve peut être rap-
portée par tout moyen, sauf si la loi exige
un mode de preuve particulier (3).
L’écrit demeure une priorité pour per-
mettre aux juges de prendre connaissance
des relations entre le demandeur et le
défendeur afin de dénouer les situations
de conflit.
S’il était parfois difficile d’obtenir des
preuves écrites, dans bien des affaires,
ces écrits sont devenus surabondants du
fait de la multiplication des échanges par
voie électronique et particulièrement par
courriel.
La Cour de cassation reconnaît la valeur
probatoire des courriels et même des
SMS (4).
La validité de certains actes est toutefois
subordonnée à la signature électronique,
comme les actes authentiques (5), les offres
dématérialisées dans le cadre des mar-
chés publics et les factures électroniques
adressées à l’État ou aux collectivités ter-
ritoriales (6).
le courriel : un mode de preuve couramment admisLes courriers deviennent marginaux
par rapport aux échanges par courriels.
À tel point que les juges prennent leurs
décisions sur la base des courriels com-
muniqués, sans même s’attarder sur leur
valeur probatoire (7, 8, 9).
le SMS : un message partagéLa mobilité des personnels accroît le
mode de communication par messages
échangés via le téléphone portable, par
SMS. Si, dans une affaire de divorce, une
Cour d’appel a rejeté le procès-verbal de
constat d’huissier retranscrivant des SMS,
l’huissier ayant procédé au constat sans
autorisation judiciaire préalable, la Cour
de cassation a cassé l’arrêt au motif que la
Cour d’appel n’avait pas vérifié si lesdits
SMS avaient été extorqués par violence ou
par fraude (10). La Cour de cassation re-
connaît donc, a contrario, la recevabilité
du SMS comme mode de preuve.
La réception d’un mini-message (SMS),
envoyé par l’opérateur de communica-
tions électroniques à son client, sur le
téléphone portable de ce dernier, pour
l’informer du volume des connexions au
réseau qu’il a effectuées, vaut exécution
de l’obligation d’information de la part de
l’opérateur, son client devenant ainsi un
consommateur averti (11).
Le destinataire de SMS peut les utiliser à
titre de preuve puisque l’émetteur de ces
messages sait que ceux-ci sont enregistrés
sur le téléphone mobile du destinataire.
Le procédé de collecte de ce mode de
preuve est donc loyal (12).
la signature électronique : la contestation est-elle possible ?Le procédé utilisé pour signer un acte,
par voie électronique, permet de consta-
ter l’intégrité de l’acte au moment de son
établissement puis lors de sa conser-
vation, la fiabilité du rattachement de
la signature à l’acte, l’identification de
la plateforme de contractualisation sur
l’acte signé, l’identification et l’authen-
tification des signataires à une date
donnée. Ainsi, il n’y a lieu à contester la
validité de la signature (13).
Les juges appliquent les dispositions
relatives à la signature électronique en
réaffirmant qu’un document, en l’espèce
une déclaration au greffe, émanant d’un
tiers certificateur répondant aux exi-
gences réglementaires, est valable et a la
même valeur qu’un document signé de
façon manuscrite (14).
L’utilisation par une société d’un certifi-
cat de signature électronique de niveau
de sécurité adéquat pour la remise
d’une offre, dans le cadre d’un marché
43archimag n° 333 avril 2020
public, permet de contester le rejet de
l’offre par la plateforme choisie par la
personne publique. En l’espèce, le mes-
sage d’erreur qui est apparu n’était pas
identifié dans le manuel d’utilisation
de la plateforme électronique et le ser-
vice d’assistance informatique n’a pas
trouvé la solution pour identifier l’ori-
gine de l’erreur et la corriger. L’offre du
candidat au marché public n’ayant,lLa
facture électronique : envoyée par dé-
faut ou sur demande du client ?
La prédominance de tout acte déma-
térialisé s’affirme. Un opérateur de
communications électroniques peut
adresser à ses clients des factures élec-
troniques, sauf demande expresse par
ces derniers de les recevoir sous format
papier (16).
le site internet accessible au public : une source de preuvesL’accessibilité au public de photogra-
phies publiées sur le site internet d’un
médecin, fut-il mis en ligne à titre expé-
rimental, constitue une atteinte à la vie
privée des patientes identifiables et une
violation du secret professionnel (17).
Le contenu d’un site peut aisément être
capté et les captures d’écran sont des
preuves des infractions, ce qui conduit
à l’application de sanctions.
les réseaux sociaux : sphère privée ou sphère publiqueLe besoin de partage d’information mul-
tidirectionnel conduit les personnes à
s’exprimer via les réseaux sociaux. Des
propos tenus par une salariée sur ses su-
périeurs hiérarchiques et sur l’entreprise
qui l’emploie sont diffusés sur un compte
Facebook. L’employeur n’apporte pas la
preuve que le paramétrage du compte de
cette personne salariée rendait le message
accessible dans la sphère publique et non
dans la sphère privée (18). Il ne suffit donc
pas de communiquer la page captée sur le
réseau social, mais il est indispensable de
démontrer que ces propos ont dépassé le
cadre privé et sont accessibles à toute per-
sonne qui se connecte à ce réseau social.
Ne sont par ailleurs pas considérés comme
des propos publics ceux qui sont diffusés sur
un réseau social, en l’espèce sur Facebook et
MSN, et accessibles à un ensemble restreint
de personnes agréées par le diffuseur, dont
fait partie la représentante de l’employeur
de la salariée en colère (19).
Si l’on étouffe dans son entreprise, on peut
encore en parler à son psy et à ses amis, si
on en a encore, puisque la Cour de cassa-
tion considère que les amis sur les réseaux
sociaux ne sont pas des amis (20) ! n
Danièle Véret[Avocat à la Cour Secrétaire générale de l’Adij]
(1) Article 1353 du Code civil — nouveau.
(2) Rapport de la Cour de cassation 2012 — La preuve dans la jurisprudence de la Cour de≈cassation :
´www.courdecassation.fr/publications_26/rapport_annuel_36/rapport_2012
(3) Article 1358 du Code civil.
(4) SMS : Short Message Service — cf. référence 2 ci-dessus.
(5) L’Acte authentique sur support électronique (AASE) :
´www.notaires.fr/fr/newsletters/lettre-notaires-France/l’acte-authentique-sur-support-électronique
(6) ´ www.economie.gouv.fr/cedef/dematerialisa-tion-marches-publics
(7) Cour de cassation Chambre sociale, 24 octobre 2012.
(8) Cour de cassation Chambre civile 1, 2 juillet 2014.
(9) Cour de cassation Chambre civile 1, 1er juillet 2015.
(10) Rapport de la Cour de cassation 2012 — page 325.
(11) Tribunal de grande instance d’Angoulême, 1re chambre civile, 9 juillet 2015 — Legalis.
(12) Cour de cassation Chambre sociale, 23 mai 2007 — Legalis.
(13) Cour de cassation civile 1re, 6 avril 2016 — Legalis.
(14) Juridiction de proximité de Dreux, 22 janvier 2014 — Legalis.
(15) Tribunal administratif de Limoges, 12 novembre 2010 — Legalis.
(16) Tribunal de grande instance de Paris ¼ social, 22 mars 2011 — Legalis.
(17) Ordre des médecins d’Île-de-France Chambre disciplinaire de première instance — Décision du 2 décembre 2008 — Legalis.
(18) Cour d’appel de Rouen chambre sociale du 15 novembre 2011 — Legalis :
´www.legalis.net/jurisprudences/cour-dappel-de-rouen-chambre-sociale-arret-du-15-novembre-2011/
(19) Cour de cassation, 1re chambre civile, 10 avril 2013 — Legalis.
(20) Cour de cassation, 2e chambre civile, 5 janvier 2017 — Legalis.
« dans bien des affaires, les preuves écrites
sont devenues surabondantes du fait
de la multiplication des échanges
par voie électronique et particulièrement
par courriel »Danièle Véret
DR
[outils]
44 archimag n° 333 avril 2020
favoris : les moteurs de recherche académiques
Google Scholar
´ scholar.google.fr
à côté des moteurs de recherche
« grand public », les « moteurs de recherche académiques »
sont principalement utilisés
par la communauté scientifique
qui peut y trouver des ressources docu-
mentaires spécifiques. Là comme ailleurs,
Google fait figure d’acteur incontour-
nable avec son Google Scholar lancé en
2004. Là où le premier interroge tout le
web (du moins le web visible), le second
se concentre sur les références bibliogra-
phiques académiques avec un lien pointant
vers le texte lorsque celui-ci est disponible.
Avec son formulaire de recherche simple,
Google Scholar rappelle son grand frère
trait pour trait ! Une recherche avancée
peut néanmoins être lancée afin de limi-
ter la recherche à un ou plusieurs mots
situés soit dans le titre, soit à n’importe
quel endroit dans l’article, à un auteur
ou à des titres de revues. Les résultats
de recherche peuvent également être fil-
trés par année de publication voire sur
une période spécifique. Pour cela, il faut
cliquer sur le menu sandwich (en haut,
à gauche) qui donne également accès à
des statistiques consacrées aux « publi-cations phare » ventilées par langue.
Enfin, à l’instar du moteur de recherche
grand public, Google Scholar permet de
créer une alerte.
Scinapse
´ scinapse.io
« Nous sommes meilleurs que Google ».
Dès la page d’accueil, Scinapse annonce
la couleur et vante ses mérites face au
géant de Mountain View. Lancé en 2019,
ce moteur de recherche académique
couvre plus de 48 000 revues et met en
avant son succès auprès des chercheurs
en revendiquant plus de 50 000 inscrits
répartis dans 196 pays. Ces chercheurs
auraient déjà accédé à plus de 50 mil-
lions de documents.
Son formulaire de recherche présente un
avantage : la simplicité. Il suffit de sai-
sir un titre, un auteur, un mot-clé ou un
DOI. Le Digital Object Identifier est un
code alphanumérique pérenne associé à
un objet documentaire.
Côté contenus, Scinapse collecte des
données auprès de quatre sources prin-
cipales : Microsoft Academic Graph,
Semantic Scholar, PubMed, et Springer
Nature. Un fonctionnement qui le rap-
proche d’une logique de métamoteur
académique. Le résultat de recherche
peut être ajouté à une collection (après
inscription au service) et affiché dans
un format bibliographique. Scinapse
propose également un système de re-
commandation (sous forme de lettre
d’information) basé sur l’activité de
l’utilisateur.
Semantic Scholar
´www.semanticscholar.org
Lancé en 2015, Semantic Scholar se pré-
sente comme « un moteur de recherche universitaire gratuit et à but non lucra-tif ». Avec plus de 181 millions d’articles,
il puise dans des dizaines de sources
bien connues des chercheurs : ArXiv,
De Gruyter, Springer Nature, Wolters
Kluver…
Semantic Scholar fait surtout appel à
l’intelligence artificielle : « Nous pensons que dans vingt ans, l’IA sera en mesure de relier les points entre les études pour identifier les hypothèses et suggérer des expériences qui, autrement, passeraient inaperçues ». Précision importante :
cette intelligence artificielle, tout comme
ce moteur de recherche, est financée par
Paul Allen le cofondateur de Microsoft.
À l’instar des moteurs précédents, les
résultats de recherche peuvent être fil-
trés par période de publication et sont
affichés sous forme de courtes réfé-
rences bibliographiques. Ces dernières
sont documentées à l’aide d’indicateurs
de citations. Selon les cas, l’article peut
être lu au format PDF ou bien accédé
(en partie seulement) via un site tiers.
Sans surprise, Semantic Scholar propose
également une fonctionnalité de sauve-
garde après inscription. n
Bruno Texier
DR
DR
DR
45archimag n° 333 avril 2020
Emilie Marquois, au cœur des médias sociauxplus de 24 000 suiveurs sur
Twitter, plus de 5 000 sur
Pinterest, près d’un millier
sur Instagram… Sans oublier
des centaines d’abonnés sur
Facebook et LinkedIn ! Pas de doute, avec
de telles statistiques, Emilie Marquois
figure parmi les influenceuses des médias
sociaux. Sur son site (1), ses différentes
casquettes en témoignent : elle est
consultante médias sociaux, formatrice,
conférencière et community manager.
« Mes activités sont en effet organisées autour du community management que je réalise pour différentes marques et du conseil en stratégie sur les réseaux sociaux. Je forme également des entreprises à la meilleure façon d’utiliser les plateformes disponibles sur le marché. Je les aide à choisir le bon outil et à adapter leurs mes-sages en fonction de l’audience. D’une façon générale, il faut éviter le copier-coller ! »
sciences du langageLa vie d’Emilie Marquois a pourtant com-
mencé bien loin des réseaux numériques.
C’est à Pointe-Noire, sur la façade atlan-
tique du Congo, qu’elle a vu le jour alors que
ses parents étaient expatriés sur le conti-
nent africain. Elle regagne la France au
début des années 1990 d’abord en Vendée
puis en région parisienne où elle passe
un baccalauréat littéraire (A2). « À cette époque, je souhaitais m’orienter vers les métiers de bibliothécaire et de documen-taliste. Après une maîtrise “information et documentation”, je me suis finalement orientée vers les sciences du langage. »D’abord stagiaire au sein du laboratoire
informatique de l’université Paris 6, elle se
lance dans un projet de doctorat et mène
des recherches sur « la modélisation et la simulation de la dynamique des com-
munautés virtuelles ». Nous sommes au
début des années 2000. L’époque est alors
au triomphe des blogs et à l’émergence
des premiers réseaux sociaux. Emilie
Marquois pressent l’impact du web 2.0 et
se lance dans l’aventure : « J’ai commencé à bloguer sur les thèmes des moteurs de recherche, du web et des réseaux sociaux. Je me suis prise au jeu en écrivant de plus en plus de billets. Après quelques mois, j’ai été identifiée comme quelqu’un de référent sur ces différents sujets. Puis j’ai reçu des invitations pour participer à des conférences et pour assurer des forma-tions auprès des entreprises ».
des écrans au rugbyEn 2008, elle rejoint XWiki comme
responsable des marketing et communi-
cation. Elle reste cinq années auprès de
cet éditeur spécialisé dans les solutions
collaboratives et open source. Puis se
lance en indépendante et passe par la
case éditoriale. Elle cosigne l’ouvrage
« Twitter - 101 questions ». De ses diffé-
rentes expériences, Emilie Marquois porte
un regard contrasté sur l’évolution des
médias sociaux. Elle apprécie la multipli-
cité des plateformes mises à la disposition
des internautes, mais regrette l’efface-
ment progressif de l’esprit de partage et de
coconstruction des années 2010.
Lorsqu’elle délaisse ses écrans, elle est in-
tarissable sur l’équipe de France de rugby :
« Je constate un nouveau souffle grâce à l’arrivée de Fabien Galthié au poste de sélectionneur du Quinze de France. Cela se ressent sur le terrain. Je suis très fière de cette équipe ! » Ce goût du rugby
lui est venu de son grand-père au côté du-
quel elle regardait ses premiers matches.
Aujourd’hui, elle n’hésite pas à « live twit-ter » les performances du XV tricolore.
« En mode compulsif », reconnaît-elle.
De même, ses autres passions — la pâtis-
serie et le café — font l’objet de multiples
messages sur Instagram et Pinterest.
Finalement, les écrans ne sont jamais
loin. n
Bruno Texier
(1) ´ www.emiliemarquois.com
elle likeSa ville préférée : C’est peu original, mais je dirais Paris, surtout le matin, très tôt. J’avoue aussi avoir beaucoup aimé Dubrovnik.Sa série préférée : Difficile de choisir étant donné le nombre de séries qui existent. Je suis quelqu’un de nostalgique et donc mon choix se porte sur X-Files.Son plat préféré ? : Peut-on choisir une gourmandise ou un dessert ? J’adore le croissant aux amandes, mais aussi le carrot cake et les cafés gourmands !
DR
[perspectives]
46 archimag n° 333 avril 2020
333avril 2020
Laurence Bril : « à chacun sa détox numérique ! »Laurence Bril est journaliste, blogueuse et conférencière. Elle est également l’autrice de « Passage piéton. Récit d’une détox numérique par la marche » (Éditions Rue de l’échiquier, 2020).
Vous êtes passée d’une vie de journaliste hyperconnectée à une vie sans écran « au grand air » en parcourant 3 600 kilomètres à travers la France. Qu’est-ce qui vous a amenée à changer de vie ?
à un moment donné de ma vie
professionnelle, j’ai ressen-
ti une forme de trop-plein.
Après avoir créé trois sites
internet, après avoir écrit des
livres, après avoir animé des réseaux
sociaux, après avoir donné des confé-
rences et des formations notamment
sur la vie numérique, j’ai eu l’impres-
sion de n’avoir en tête que des « like »,
des mails, des « posts » et des octets !
Ce sentiment de trop-plein est lié au
phénomène numérique qui permet
d’être connecté en permanence : il n’y a
pas de limite de temps.
« à un moment donné de ma vie professionnelle,
j’ai ressenti une forme de trop-plein »
Cette prise de conscience s’est faite de
façon progressive.
J’ai vu les réseaux sociaux passer d’un
côté plutôt sympathique à un état
d’esprit moins convivial. J’ai décidé de
prendre mes distances avec les réseaux
sociaux. Je me suis alors rendu compte
que je pouvais vivre sans cette hyper-
connexion si je réorganisais ma vie.
Un jour, alors que je me baladais sur des
falaises au cœur d’un paysage magni-
fique, mon esprit était encombré par
une surcouche numérique et m’empê-
chait de profiter pleinement de cet en-
vironnement sauvage… J’ai alors dit :
stop !
Concrètement, comment s’est passée votre déconnexion ?Je suis passée par une période de transi-
tion, où j’ai acquis de nouveaux réflexes
et une nouvelle gestion de l’urgence
suscitée par le numérique. J’ai tenu à
distance par exemple mon smartphone,
en supprimant les alertes et notifica-
tions. J’ai de nouveau confié à mes
neurones une part de la mémorisation
que j’avais déléguée à mon téléphone,
comme par exemple les numéros de té-
léphone de mes enfants…
Puis j’ai réorganisé ma vie profession-
nelle, et j’ai peu à peu déserté les ré-
seaux sociaux.
Avez-vous ressenti un vide en délaissant vos écrans ?Non, pas particulièrement. Cette mise
à distance m’a fait du bien. J’ai troqué
mon fond d’écran pour des paysages
bien réels. À partir du moment où j’ai
commencé à m’aérer et à renouer avec le
grand air, j’ai retrouvé une vraie ouver-
ture sur ce qui m’entoure.
Avez-vous noté des effets positifs après vous être déconnectée ?Je n’ai noté que des effets positifs !
Physiquement, bien sûr : je me suis
découvert une âme de sportive, moi qui
détestais ça. Mais surtout, j’ai retrouvé
cette part de liberté que j’avais l’impres-
sion d’avoir perdue avec toutes ces « at-taches » numériques, qui créent des liens
dont il est parfois difficile de se passer.
« à partir du moment où j’ai commencé
à m’aérer et à renouer avec le grand air, j’ai retrouvé
une vraie ouverture sur ce qui m’entoure »
Paradoxalement, vous utilisez des appli-
cations qui permettent de tracer votre
activité lorsque vous marchez !
Je souhaitais connaître le nombre de
kilomètres que j’effectuais lors de mes
marches. J’ai opté pour une montre
connectée, qui me donne des indica-
tions intéressantes lorsque je cours ou
randonne.
Autour de vous, constatez-vous un mouvement vers la détox numérique ?Je constate une vraie prise de conscience
de l’emprise du numérique sur le quoti-
dien. Mais je ne suis pas sûre que tout le
monde soit prêt à tenter une détox nu-
mérique ! Ce n’est parfois pas possible
d’un point de vue professionnel.
Je crois en revanche que de nom-
breuses personnes sont prêtes, au moins
47archimag n° 333 avril 2020
temporairement, à revoir leurs usages
numériques.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite faire une détox numérique ?Je pense qu’il est d’abord nécessaire de
prendre conscience de son lien avec le nu-
mérique, de faire un état des lieux. Il faut
distinguer le superflu de l’essentiel. Essayer
aussi de démêler les différents temps et de
les cloisonner : car l’une des spécificités du
numérique, c’est qu’il irrigue tous les temps
de notre vie, professionnelle, personnelle,
familiale… Il me semble important de gar-
der des temps « off », sans tentation de jeter
un œil sur ses mails ou ses alertes : le temps
des repas, professionnels ou amicaux, par
exemple devrait pouvoir rester « off » pour
favoriser les échanges. C’est aussi une
question de politesse. Il faut se poser les
bonnes questions et prendre ses distances
de façon raisonnée. Il ne s’agit pas de se
couper du monde, mais plutôt de remettre
le numérique à une place qui ne déborde
pas sur le reste.
Aujourd’hui, souffrez-vous toujours du syndrome « fomo » (fear of missing out) « la peur de rater quelque chose » ?Souffrir me semble un bien grand mot,
pour ce qui n’est au final qu’un constat,
que nous sommes nombreux à pouvoir
faire : le numérique, en facilitant l’accès
à l’information et en le rendant perma-
nent, fait naître des réflexes auxquels il
est parfois difficile de mettre fin.
« je constate une prise de conscience
de l’emprise du numérique sur le quotidien »
Il me semble donc nécessaire de faire la
part des choses, non seulement en fil-
trant les informations, mais aussi en se
raisonnant. Nous vivons dans une époque
de surinformation, qui peut se révéler
anxiogène, et qui exige donc de faire la
distinction entre ce qui est important et
ce qui ne l’est pas. Faire de la veille, oui,
être envahie par des alertes, non.
Prônez-vous une forme d’hygiène de l’information ?Posons-nous les bonnes questions :
avons-nous besoin d’être connectés en
permanence ? D’être abonnés à autant de
newsletters ? De recevoir autant d’alertes ?
De consulter nos mails quand la journée
est finie ? avons-nous le temps néces-
saire pour lire tout ce qui est à portée de
clic ? Je pense que la réponse est non.
Un nouveau rapport au numérique est
possible, si nous y mettons des filtres.
Mon discours ne consiste pas à bannir la
technologie et à retourner vivre dans une
grotte ! Au contraire, je continue de penser
qu’internet est une invention prodigieuse,
mais je crois qu’il faut garder le meilleur et
prendre ses distances avec le reste.
La loi reconnaît désormais un droit à la déconnexion. Y voyez-vous un signe de la prise en compte par le législateur du malaise que la connexion permanente peut créer chez les salariés ?Il existe en effet une prise de conscience
que la vie professionnelle connectée em-
piète trop sur le temps social. Ces temps
superposés, professionnels, familiaux,
sociaux, sont source de tension. Avec le
développement du télétravail, nous
sommes en train de vivre une forme
de bascule qui va générer de nouveaux
usages. Nous ne sommes qu’au début de
cette réflexion.
Aujourd’hui, comment gérez-vous la surcharge informationnelle générée par les réseaux sociaux et les très nombreux canaux d’information ?Mon compte Twitter ne me sert au-
jourd’hui qu’à faire de la veille. Je n’ai
plus le temps ni l’envie de l’alimenter.
Je ne consulte Twitter que de temps à
autre pour prendre la température et
détecter les tendances en cours.
Quant à Facebook, je ne le consulte que
rarement, je n’ai jamais été une grande
fan. J’ai créé un blog, « Passage piéton »,
que j’anime de manière très zen, quand
j’en ai envie et quand j’en ai le temps.
C’est au final sur Instagram que je suis
la plus active, j’y trouve une certaine ins-
piration. Aujourd’hui, ma présence en
ligne se limite à cela.
J’ai réduit ma part de production de
contenus et d’animation sur la toile. Je ne
me sens plus obligée d’interagir en per-
manence, de liker ou d’être likée. En re-
prenant en main ma vie numérique, j’ai
rééquilibré ma vie au sens large. Le fait
de marcher, puis de courir, m’a beaucoup
aidée, notamment en me vidant la tête,
mais à chacun de trouver sa voie… n
Propos recueillis par Bruno Texier
DR
« je ne me sens plus obligée d’interagir en permanence ou de liker les messages
qui me plaisent »
Laurence Bril
48 archimag n° 333 avril 2020
archimag store : applis, cadeaux, beaux livres…
la police des LumièresLe XVIIIe siècle a vu la convergence du mouvement des Lumières et l’émergence d’une police professionnalisée. À travers près de 200 documents originaux, cette exposition a pour ambition d’illustrer cette rencontre entre la police et les Lumières, sans prétendre les confondre.
Archives nationales (Paris), jusqu’au 29 juin 2020.
le Palais Bourbon raconté par ses archivesAvant de devenir le siège de l’Assemblée nationale, le Palais Bourbon fut la maison d’agrément de la duchesse de Bourbon. Cet ouvrage retrace l’histoire du bâtiment grâce à une très belle iconographie et à de nombreuses archives issues des fonds de l’Assemblée nationale.
Le Palais Bourbon. Trois siècles d’histoire d’après un manuscrit inédit. Éditions du Patrimoine, 20 euros.
Winky, un mini-robot éducatif Appendre la programmation informatique en s’amusant : c’est ce que promet Winky, un petit robot éducatif destiné aux enfants à partir de cinq ans. Doté de capteurs, Winky développe la perception, l’attention, la motricité et la mémoire des enfants.
´heywinky.com
applis, cadeaux,
beaux livres, expos…
archimag store
notre coup de
cœur
[perspectives]
49archimag n° 333 avril 2020
la police des LumièresLe XVIIIe siècle a vu la convergence du mouvement des Lumières et l’émergence d’une police professionnalisée. À travers près de 200 documents originaux, cette exposition a pour ambition d’illustrer cette rencontre entre la police et les Lumières, sans prétendre les confondre.
Archives nationales (Paris), jusqu’au 29 juin 2020.
les plus belles bibliothèques du mondeBibliothèque apostolique vaticane, bibliothèque de Trinity College, bibliothèque du monastère franciscain de Lima au Pérou… Ce splendide ouvrage propose un voyage photographique parmi les plus belles bibliothèques du monde, qu’elles soient publiques ou privées. Édition trilingue (français, allemand, anglais).
Les plus belles bibliothèques du monde. Massimo Listri. Éditions Taschen, 150 euros.
cyclistes, gonflez vos pneus avec cette pompe à air électriqueAmateurs de vélo, voici un accessoire qui devrait prendre place dans votre barda. Cette pompe à air électrique fabriquée par Xiaomi est capable de regonfler un pneu de vélo en trois minutes. Dotée d’une batterie au lithium, elle indique également la pression et peut être utilisée pour regonfler les ballons.
Environ 55 euros
le mauvais esprit en tamponLe Tampographe — alias Vincent Sardon — est un dessinateur qui ne manque pas de — mauvais — esprit. Depuis 2016, il fabrique également des tampons au ton très corrosif qui doivent être tenus à distance du jeune public. Tampons déprimants (« Tu sers à rien »…) ou plus graphiques, il y en a pour tous les goûts.
´ letampographe.bigcartel.com
Lille expose le fonds Pierre DhainautLa médiathèque Jean Lévy propose une exposition des pièces majeures du fonds constitué par les dons du poète dunkerquois Pierre Dhainaut. L’occasion de découvrir son œuvre à travers des recueils de poésie, des brouillons, des manuscrits et des livres d’artistes.
Jusqu’au 25 avril 2020 ´ www.bm-lille.fr
[perspectives]
50 archimag n° 333 avril 2020
archi… kitsch
au mois d’avril 2000, Archimag se
faisait l’écho des inquiétudes du
monde de l’édition face à l’émer-
gence des livres virtuels. À l’occa-
sion de l’édition 2000 du Salon
du livre, un ovni fit en effet son apparition :
« Les visiteurs se pressent pour admirer les premiers prototypes du livre électronique de la jeune société Cytale ». Cette dernière,
fondée entre autres par Erik Orsenna,
fut l’une des premières à commerciali-
ser des liseuses. La durée de vie de Cytale
sera brève cependant : 1998-2002. Au-delà
de la liseuse elle-même, c’est bien la ques-
tion de l’éditorial qui attirait l’attention :
« La chasse aux contenus est ouverte »
avec l’irruption de nouveaux éditeurs prêts
à se faire une place sur le marché du livre
numérique. « Un fort engouement qui vient masquer le peu d’empressement des édi-teurs traditionnels à publier de nouveaux titres sur cédérom ». Vingt ans plus tard, les
parts de marché du livre numérique restent
modestes et le bon vieux livre papier n’a pas
disparu des rayonnages des bibliothèques
et des librairies.
adieu au catalogue de fiches en cartonDans ce même numéro, un reportage consa-
cré à la réouverture du Musée de la publicité
évoquait le rôle des documentalistes dans ce
projet muséal. Il s’agissait de « passer d’un catalogue de fiches en carton à un système documentaire entièrement numérisé ».
Munis d’un nouveau logiciel, les documen-
talistes avaient pour mission de remettre à
plat le plan de classement existant qui ne
disposait que d’une seule entrée : le nom du
produit. Ce chantier documentaire mobilisa
pas moins de cinq personnes qui durent s’at-
teler à une série de tâches : indexation avec
saisie libre des descripteurs, critique et vali-
dation (ou pas) de l’indexation… « C’est dans ces circonstances que l’on se rend compte de l’importance que chacun accorde à un mot », remarquait la responsable de l’unité
documentaire du Musée de la publicité.
Dans le même temps, le musée procédait
à la numérisation d’affiches et de vidéos
issues du monde de la publicité. Une fois
numérisés, les documents ont fait l’objet
d’une fiche descriptive à une cadence
d’environ 300 nouvelles notices par mois.
Aujourd’hui intégré au sein du Musée des
arts décoratifs, le Musée de la publicité
valorise ses collections et propose réguliè-
rement des expositions dans ses locaux de
la rue de Rivoli à Paris. n
Bruno Texier
Retrouvez la collection Archimag 1985-2010, plus de 200 numéros en texte intégral sur :´ collection.archimag.com
au prochain numéro
dans les archives d'Archimag, avril 2000
[dossier]
n coronavirus : les bibliothèques se bougent[outils]
n l’identité numériquen le design sprintn les projets InterPares et eArchiving Building Blocksn l’archivage des documents signés électroniquementn offre et usage des chatbotsn les archives du sportn panoramas des offres de Lad et de Ged
31e congrès CoTer Numérique 10-11 juin, Saint-MaloThème : « le big data et l’intelligence artificielle : des actifs stratégiques pour les collectivités ».´ www.coter-club.org
Congrès AIFBD 2020 12-13 août, BruxellesCongrès trisannuel de l’AIFBD ; thème : « l’accès à l’information au cœur du développement socio-économique : plaidoyer pour les bibliothèques et les centres de documentation ».´ www.aifbd.org/congres-2020/
Ifla WLIC 2020 15-21 août, Dublin, IrelandThème : « inspirer, engager, activer, connecter ».´ 2020.ifla.org
Documation 2020 22-24 septembre, Paris-Porte de Versailles26e édition de ce salon consacré au management de l’information et aux processus documentaires. Avec exposition, conférences et ateliers. 4 500 visiteurs attendus. Un partenariat Archimag.´ www.documation.fr
Salons Solutions 22-24 septembre, Paris-Porte de VersaillesCet événement couvre différentes thématiques dont en particulier la dématérialisation. Avec exposition, conférences et ateliers.´ www.salons-solutions.com
66e congrès de l’ABF 29-31 octobre, Kursaal DunkerqueThème : « bibliothèques inclusives, bibliothèques solidaires ? »´ www.abf.asso.fr
15e Forum européen IES 2020 4-5 novembre, ParisCet événement organisé par l’association 3AF fête son 30e anniversaire, soit « 30 ans pour éclairer l’avenir : rétrospective et prospective sur les outils et métiers de l’intelligence économique et stratégique ».NB : appel à communications en cours jusqu’au 30 juin. Contact : [email protected]→ www.ies2020.eu
agenda
Couverture d’Archimag, avril 2000. DR