stratégies endogènes d’adaptation aux risques hydro-climatiques...
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Stratégies endogènes d’adaptation aux risques hydro-climatiques dans le bassin du Zou
VISSIN E.W1., HOUSSOU C.S1. et SINTONDJI L. O².
La recherche effectuée établit un lien entre les risques hydroclimatiques et les échecs des différents projets de
développement conduits dans le bassin du Zou (figure 1) et propose un mécanisme de gestion efficace et
durable des ressources climatiques et hydriques, basé sur une excellente connaissance de la vulnérabilité des
ressources naturelles dans le contexte des changements hydroclimatiques.
DONNEES ET METHODES
La présente étude a nécessité plusieurs types de données parmi lesquelles :
-des données climatologiques (hauteurs de pluies journalières et mensuelles, températures moyennes
mensuelles, évapotranspiration potentielle, de 1971 à 2000). Les analyses statistiques (descriptives et
probabilistes) des séries ont permis d’établir des indices de vulnérabilité des ressources climatiques et
hydriques du secteur d’étude ;
-des données hydrologiques (débits moyens et volume d’eau écoulée, etc.). Les analyses statistiques ont
contribué à analyser la variabilité de l’écoulement ;
-des données socio-spatiales (perceptions des changements hydroclimatiques et de leurs causes, changements
de l’occupation des sols et des eaux, mutations des méthodes culturales, changement d’affectation des terres).
A ces dernières, il faut ajouter les jugements et les stratégies localement élaborées.
Ces données sont collectées grâce aux enquêtes et entretiens. Enfin, un outil d’aide à la décision pour
l’aménagement du bassin du Zou est établi sur la base de données d’entrée et de sortie de modèles
statistiques, et d’analyse des phénomènes étudiés.
La baisse du volume d’eau écoulé dans le bassin est calculée à partir de la moyenne
1 Laboratoire Pierre Pagney : Climat, Eau, Ecosystème et Développement (LACEEDE), Abomey-Calavi, Bénin, Courriels :
[email protected],, [email protected], 2 Faculté des Sciences Agronomiques (FSA)
LECREDE/ UAC
2003
Figure 1 : Situation du bassin sud de la rivière
RESULTATS
1. Impacts écologiques, socio-économiques et sanitaires des aléas hydroclimatiques dans le bassin du Zou
Les localités riveraines des lits des cours et plans d’eau sont les plus vulnérables à l’inondation. Les aléas
hydroclimatiques sont relatifs aux années humides et sèches. Ils caractérisent les périodes d’excédent ou de
déficit pluvio-hydrologique. A chacune des ces phases hydroclimatiques correspondent non seulement des
risques pour la société et l’économie, mais également des avantages par moment.
En années humides extrêmes, les eaux d’inondations traversent les forêts galeries (photo 1) et envahissent les
champs des bas de versant. La destruction des cultures (photo 2), les difficultés de conservation des produits
agricoles, la décimation des produits de l’élevage de case (volailles, caprins, porcins) constituent les faits
majeurs de la fragilisation des structures économiques.
LECREDE, octobre 2003
LECREDE, octobre 2003
Photo 1. Inondation d’une forêt galerie par la rivière Zou à
Atchérigbé Photo 2. Inondation d’une palmeraie à Kpoto- Zagnanado
Les habitations et, dans le pire des cas des villages entiers sont affectés par le débordement des eaux en
période de crue. En effet, le vieillissement des habitations accélère leur destruction, comme c’est le cas à
Kpoto-Zagnanado lors des dernières inondations de 2003 (Photo 3).
Le défaut de canalisation le long des pistes, sentiers et routes bitumées et les formes d’exploitation fragilisent
les infrastructures routières et accélèrent leur dégradation (photo 4).
LECREDE, octobre 2003
LECREDE, octobre 2003
Photos 3. Destruction de maisons à Kpoto-Zagnanado
LECREDE, octobre 2003 LECREDE, octobre 2003
Photo 4. Destruction des voies dans les localités de Za-Kpota et Tindji par l’érosion hydrique
2. Stratégies d’adaptation aux contraintes hydroclimatiques dans le bassin du Zou
Le système adaptatif primaire des populations du bassin du Zou est inspiré des us et coutumes et des liaisons
établies entre les facteurs physiques (climatiques et hydrologiques) et la culture. Les savoirs endogènes sont
généralement utilisés pour répondre à la modification périodique ou permanente de l’environnement et aux
menaces qui pèsent sur la vie des populations. Les noms des éléments du temps et du climat sont résumés
dans le tableau I.
Tableau I Ressources climatiques en pays Fon
Pluie Chaleur Vent Tonnerre Foudre Froid
Dji Yozo Djohon Hεvieso Sô AvivŦ
Rosée Brouillard Nuage Orage poussière
Amionsoun Ahoun AkpŦ-akpŦ Dji Daho Afountountoun
A chacun de ces éléments climatiques sont attribuées des forces, pouvoirs ou puissances incarnés par des
divinités telles Hεvieso, Sakpata, Dan, etc. Xèviésso est l’une des plus grandes divinités sollicitées et vénérées
en pays Fon. Les stratégies d’adaptation prennent la forme de cérémonies de sacrifices et d’invocations des
dieux protecteurs des ressources en eau tels Hèviésso et Sakpata.
2.2. Solutions techniques et technologiques : Techniques culturales et hydrauliques dans le bassin du Zou
Les mesures d’adaptation aux contraintes climatiques et hydriques, sur le plan agricole concernent les
associations culturales, la mise en valeur des bas-fonds, les rotations de cultures, les assolements,
l’augmentation des superficies cultivées, l’utilisation des engrais, l’adoption de nouvelles variétés de cultures,
le réajustement du calendrier agricole aux types de cultures.
LACEEDE, octobre 2003
LACEEDE, octobre 2003
Photo 5. Association de l’arachide et du Voandzou à Gobaix
à Bohicon
Photo 6. Exploitation de sols hydromorphes dans la partie
inondable du Zou à Setto
L’inadaptation des cultures vivrières aux nouvelles conditions hydroclimatiques et les baisses de rendements
enregistrées obligent les paysans à développer les cultures de rente telle le coton à Djidja. La nouvelle forme de
spéculation agricole est le verger d’orangers ou de manguiers, surtout dans les localités de Za-Kpota (figure 8).
LECREDE, octobre 2003
LECREDE, octobre 2003
Photo 7. Association de manioc, du mais et du tarot à Setto. Photo 8. Association du coton et de verger d’orangers à
Zakpota.
La gestion des sources d’eau naturelle pose le véritable problème de pollution des eaux, facteurs de la
dégradation de la santé des populations.
BIBLIOGRAPHIE
LAMARRE D. et al., 1997 : Les risques liés au climat. Dijon : Editions Universitaires de Dijon, 222 p.
LECREDE 1998 : Récessions pluviométriques et mutations socioéconomiques dans le département du Zou.
Abomey-Calavi, 71 p.
MICHAILOF S., 1997 : Mission d’étude socio-économique : Département du Zou. SATEC, 202 p.
PERARD J. et al 1992 : Eaux et société en pays Fon. Actes du colloque – l’eau, mythes et réalités, Dijon, 18-21
novembre 1992, Centre Gaston Bachelard. Dijon, pp 53-68.
Six M., 1998 : Croyances traditionnelles et gestion de l’espace dans la sous-préfecture d’Allada (Bénin).
Mémoire de maîtrise. Université de Paris IV Sorbonne, France, 139 p.