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NOUVeLLes ROUMANIe SOMMAIRE Actualité Vie internationale Politique Economie Social Société Evénements Vie quotidienne Enseignement Santé Religion Environnement Sports Insolite Connaissance et découverte Littérature, Livres Musique, Sciences Médias Histoire, Traditions Tourisme Francophonie, Humour Infos pratiques Abonnements Coup de coeur Numéro 24 - juillet - août 2004 Lettre d’information bimestrielle Les de P ar bien des aspects, la Roumanie se modernise. Dans les villes, ses jeunes suivent les dernières modes, sont pendus à leur portable, naviguent sur Internet, les adultes discutent librement. L'étranger en déduit vite que, mal- gré la dureté des temps, le pays est tourné vers l'avenir... simple question de patience. Mais, à y regarder de plus près, c'est une toute autre réalité qui apparaît. Cet air de liberté qui flotte sur les grandes artères de Bucarest, la magnifique promenade lon- geant le Danube à Tulcea, les rues piétonnières de Timisoara ou Brasov, ne peut faire oublier le quotidien....A savoir qu'une caste règne pratiquement sans partage sur l'en- semble du pays, s'accaparant ses richesses. Non seulement, elle a récupéré une large partie des pouvoirs discrétionnaires légués par l'ancien régime, mais elle a aussi élar- gi sa toute puissance au domaine économique. Tout passe par elle, et par son expres- sion politique, issue de la nomenklatura communiste et de la Securitate, le Parti Social Démocrate. Loin d'elle, pas de salut, pas d'avenir. Il faut lui faire allégeance, accepter sa toute puissance, les injustices, les aberrations qu'elle engendre, se soumettre à ses bras séculiers que sont l'administration, la justice pour espérer signer un contrat, ouvrir une entreprise, obtenir une nomination… sans oublier de verser son écot . A son ombre, grandit une nouvelle féodalité. Dans les judets, près d'un siècle après la "Rascoala" (La Révolte) des paysans de 1907, décrite dans son roman par Liviu Rebreanu, apparaissent de nouveaux boyards. Aujourd'hui, on les appelle les "barons". Mélangeant politique et affaires, s'enrichissant sans vergogne sur le dos de leurs concitoyens, rien n'échappe à leur contrôle, de la nomination d'un directeur d'é- cole ou d'un pope, à la fixation à des niveaux dérisoires des salaires dans leurs entre- prises ou du prix du kilo du poisson versé aux pêcheurs du delta du Danube. Quelques- uns se sont taillé de véritables royaumes, suscitant même des clones au niveau local. Le salut ne vient malheureusement pas de l'étranger. Trop nombreux, parmi les milliers d'investisseurs accourus, flairant la bonne affaire, sont ceux qui misent sur le chômage, la pauvreté et la complicité des autorités locales, avec l'unique but d'en- granger un maximum de profits, avant de partir ailleurs. Féodalités et néo-libéralisme s'entendent comme larrons en foire, exploitant une population atteinte dans sa dignité, qui voit son statut régresser. Alors ? Le seul et vrai espoir restant, comme le montrent les entreprises alle- mandes s'installant en Roumanie, misant sur la durée, le progrès, la concertation… l'avenir, en un mot, d'un monde meilleur, demeure le modèle social qui fait la fierté de notre continent... La "Vieille Europe" et non l'Europe de la "ruée vers l'Est" ! Henri Gillet Entre modernisme et féodalité 2 à 5 6 à 10 11 à 14 15 à 17 18 à 23 24 et 25 26 et 27 28 29 30 et 31 32 à 34 35 36 à 38 39 40 et 41 42 à 44 45 à 47 48 et 49 50 51 52

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Bonjour Monsieur"… Le salut est franc, amical, lesyeux malicieux. Cette scène se répète plusieurs foispar jour car, à Crisan, village isolé de 450 habitants

au coeur du Delta du Danube, les enfants sont heureux d'exer-cer leur français devant les visiteurs francophones. Le regaind'intérêt pour notre langue, alors qu'ici, comme dans le reste dela Roumanie, l'anglais balaie tout sur son passage, est pour unegrande partie due à l'action de deux professeurs retraités béné-voles, Claude Reynaud et Gérard Brousse. Membres du GREF(Groupement des Retraités Educateurs sans Frontières), ils interviennent dans le Delta depuisl'automne dernier pour épauler les professeurs de français, comme sept cents de leurs collèguesle font à travers le monde depuis 1992, dont 300 à 400 sont en permanence sur le terrain.

“Venez nous soutenir, nous sommes si isolés”

Claude Reynaud (photo ci-dessus), toute jeune septuagénaire fixée en Provence, est la cheville ouvrière du programme concer-nant la Roumanie. Depuis 2 ans, au rythme de 2 missions de 2 mois par an, en automne et au printemps, elle a fait se succéder unevingtaine d'enseignants retraités français dans le Maramures, à Satu Mare et Sighet, ainsi qu'à Tulcea. L'expérience n'est pas tou-jours facile, la désillusion peut guetter, le sentiment que l'on essaie tirer profit de vous, percer… Mais cela paraît bien peu de chosesen regard du réconfort apporté aux professeurs roumains. "Venez nous soutenir, nous sommes si isolés" les entendent-ils dire.

Recevoir un collègue de France, s'appuyer sur lui, alors qu'on enseigne sa langue parfois depuis 20 ou 30 ans, seul, sans aide,avec des manuels dépassés et ennuyeux et, le plus souvent, sans avoir eu la possibilité d'y effectuer un voyage, devient un bonheurdont les enseignants français mesurent l'importance tout en le partageant.

Malheureusement, faute de financement, assuré seulement pour deux ans par le Ministère des Affaires Etrangères, ce pro-gramme s'est arrêté en 1983. Infatigable, Claude Reynaud a frappé à toutes les portes pour pouvoir donner une suite à son action.Sensible à ses arguments sur la similitude et le potentiel d'affinité existant entre le plus important delta d'Europe et la Camargue,la région PACA (Provence-Côte d'Azur) a débloqué un crédit y permettant un an d'intervention.

Et là, Claude Reynaud et Gérard Brousse ont eu une sorte de révélation : le français, voué aux oubliettes et aux étagères delivres poussiéreux, pouvait devenir une langue d'avenir. Les touristes français sont les plus nombreux dans une région qui voit sesressources piscicoles, principal revenu des habitants, diminuer sérieusement. Paysans-pêcheurs ont compris que l'énorme potentieltouristique dont ils disposent était leur salut. Leurs chaumières se transforment en autant de pensions, des hôtels apparaissent. Mais,dans les villages où les bacs débarquent leurs passagers, deux-trois… six personnes au maximum pratiquent notre langue, alors que

déjà 2 à 3000 Français y viennent chaque année, bien plus nom-breux que les visiteurs anglophones.

Cours du soir pour femmes de pêcheurs

Les deux retraités ont donc apporté leur assistance aux pro-fesseurs de français des villages de Crisan et Sfântu Gheorghe, àl’automne et au printemps derniers. Ils y ont trouvé des enfantsréceptifs, convaincus peu a peu qu'ils ne venaient pas sur lesbancs de l'école pour apprendre des tableaux de conjugaisonrébarbatifs, mais afin de rester plus tard dans leur région, sans àavoir à aller ramasser des fraises en Espagne, comme leurs aînés.

Des femmes de pêcheurs qui accueillent des touristes dans leur maisonnette, l'ont également compris. Réticentes au début, ellesont rejoint les cours de conversation que Claude Reynaud organise le soir (photo ci-dessus). De 3 à 4 en novembre, leur nombreest passé à une vingtaine, motivées à l'approche de la saison touristique… quand, hélas, le programme a pris fin, faute de sous. Semontant très attentives et appliquées, elles ne s'en sont pas moins étonnées de la démarche bénévole de leurs professeurs : "Maisil faut être fou pour venir nous aider dans cet endroit perdu, loin des conditions de vie et du confort que vous avez chez-vous !".

C'est une folie qui convient bien à Claude Reynaud et Gérard Brousse quand, le soir, devant un verre de tsuica d'abricot, ilsregardent le soleil se coucher sur le Danube, méditant sur un vol de pélicans rasant les immenses plaines de roseaux du Delta.

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Connaissance et découverte

Littérature, LivresMusique, SciencesMédias Histoire, Traditions Tourisme Francophonie, Humour Infos pratiquesAbonnements Coup de coeur

Numéro 24 - juillet - août 2004

Lettre d’information bimestrielle

Les

de

Par bien des aspects, la Roumanie se modernise. Dans les villes, ses jeunessuivent les dernières modes, sont pendus à leur portable, naviguent surInternet, les adultes discutent librement. L'étranger en déduit vite que, mal-

gré la dureté des temps, le pays est tourné vers l'avenir... simple question de patience.Mais, à y regarder de plus près, c'est une toute autre réalité qui apparaît. Cet air

de liberté qui flotte sur les grandes artères de Bucarest, la magnifique promenade lon-geant le Danube à Tulcea, les rues piétonnières de Timisoara ou Brasov, ne peut faireoublier le quotidien....A savoir qu'une caste règne pratiquement sans partage sur l'en-semble du pays, s'accaparant ses richesses. Non seulement, elle a récupéré une largepartie des pouvoirs discrétionnaires légués par l'ancien régime, mais elle a aussi élar-gi sa toute puissance au domaine économique. Tout passe par elle, et par son expres-sion politique, issue de la nomenklatura communiste et de la Securitate, le Parti SocialDémocrate. Loin d'elle, pas de salut, pas d'avenir. Il faut lui faire allégeance, acceptersa toute puissance, les injustices, les aberrations qu'elle engendre, se soumettre à sesbras séculiers que sont l'administration, la justice pour espérer signer un contrat, ouvrirune entreprise, obtenir une nomination… sans oublier de verser son écot .

A son ombre, grandit une nouvelle féodalité. Dans les judets, près d'un siècleaprès la "Rascoala" (La Révolte) des paysans de 1907, décrite dans son roman parLiviu Rebreanu, apparaissent de nouveaux boyards. Aujourd'hui, on les appelle les"barons". Mélangeant politique et affaires, s'enrichissant sans vergogne sur le dos deleurs concitoyens, rien n'échappe à leur contrôle, de la nomination d'un directeur d'é-cole ou d'un pope, à la fixation à des niveaux dérisoires des salaires dans leurs entre-prises ou du prix du kilo du poisson versé aux pêcheurs du delta du Danube. Quelques-uns se sont taillé de véritables royaumes, suscitant même des clones au niveau local.

Le salut ne vient malheureusement pas de l'étranger. Trop nombreux, parmi lesmilliers d'investisseurs accourus, flairant la bonne affaire, sont ceux qui misent sur lechômage, la pauvreté et la complicité des autorités locales, avec l'unique but d'en-granger un maximum de profits, avant de partir ailleurs. Féodalités et néo-libéralismes'entendent comme larrons en foire, exploitant une population atteinte dans sa dignité,qui voit son statut régresser.

Alors ? Le seul et vrai espoir restant, comme le montrent les entreprises alle-mandes s'installant en Roumanie, misant sur la durée, le progrès, la concertation…l'avenir, en un mot, d'un monde meilleur, demeure le modèle social qui fait la fierté denotre continent... La "Vieille Europe" et non l'Europe de la "ruée vers l'Est" !

Henri Gillet

Entre modernisme et féodalité2 à 5

6 à 1011 à 1415 à 17

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Au cœur du Deltale français devientune langue d'avenir

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Actualité

Un premier mai amer pour les Roumains laissés à la porte de l'UEVie internationale

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

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SIBIU

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BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

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TULCEABRAILA

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BACAU

PITESTI

Conseiller du Premier ministre,Adrian Nastase, pour les problèmesde politique extérieure, Sabin Pop(notre photo) a été nommé ambassa-deur de Roumanie en France, enremplacement d'Oliviu Gherman.Sabin Pop, qui a intégré le corpsdiplomatique voici plus de trente ans,a déjà été en poste à Paris, de 1990à 1994, comme principal collabora-teur de l'ambassadeur de Roumanie.Il a par ailleurs représenté son paysauprès du Conseil de l'Europe àStrasbourg, de 1995 à 2000.

DEVACLUJ

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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CHANGE*( en lei )

Euro 40 750Franc 6 212 Franc belge 1 010

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*Au 20 juin 2004

ABONNEMENTAbonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle,pour un an / 6 numéros, port compris

Normal: 100 € TTC / anAssociations et particuliers : 75 € TTC / an

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8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes - France

Les NOUVeLLes

de ROUMANIeNuméro 24, juillet-août 2004

Quatre cents cinquante cinq millions d'Européens… Et moi, et moi, et moi?Trois millions sept cent mille kilomètres carrés… Et moi, et moi, et moi?".Beaucoup de Roumains, auraient pu reprendre à leur compte la fameuse

chanson de Jacques Dutronc, soulignant leur impuissance, leur solitudeet leur amer-tume en ce premier mai qui a vu l'Union Européenne ouvrir ses bras à dix nouveauxmembres, dont huit anciens pays "frères", alors qu'eux-mêmes restaient à la porte, le"paradis" leur étant promis pour 2007, si tout va bien…

Alors que les cloches des églises des ex-pays de l'Est sonnaient à la volée pour célé-brer l'évènement, que des feux d'artifice écla-taient dans les cieux, enterrant définitivementle Rideau de fer, l'ambiance était morne àBucarest. Les journaux y pratiquaient l'au-todérision en soulignant que, désormais, laRoumanie avait une frontière commune avecl'UE, pour mieux souligner qu'il serait encoreplus difficile d'y voyager, leurs compatriotesdevant montrer "patte blanche" et présenterau moins 500 € aux douaniers afin d'accéderaux pays voisins, devenus de "respectables"membres de la Communauté et où il sedéplaçaient librement voici encore trois ans.

Les uns font la fête, les autres la tête

Pour tout arranger, le premier mai tom-bait un samedi et les Roumains ne purentbénéficier d'un solide pont, comme les annéesprécédentes. En 2002, la fête du Travail coïn-cidant avec Pâques, l'Etat leur avait octroyéune semaine de congés. Cette année, ils devront attendre le jour de la Fête Nationale,le 1er décembre, pour couper le rythme de leurs semaines de labeur. Toutefois, le gou-vernement avait pris les devants en accordant un jour férié le vendredi 2 avril, afin decélébrer l'entrée de la Roumanie dans l'OTAN.

A Bucarest, seules donc les ambassades concernées ont fêté l'élargissement del'UE. Les chancelleries de la République Tchèque, de Slovaquie, de Pologne et deHongrie avaient mis sur pied en commun un concert, avec la participation du chargéd'affaires de l'Irlande, pays présidant la Communauté européenne. Au programme descompositeurs des pays nouveaux membres, dont les œuvres figurent au répertoire uni-versel : Frédéric Chopin (Pologne), Bedrich Smetana (République Tchèque), JanLevoslav Bella et Eugen Suchon (Slovaquie), Bela Bartok (Hongrie). Les Roumainsy figuraient avec une œuvre du compositeur Paul Constantinescu et les interprètes, lapianiste Ilinca Dumitrescu et le joueur de faragote (clarinette), Vasile Macovei.

"Les dix raisons" d'un échec

Consacrant une double page à cette date historique, "Evenimentul Zilei","L'Evènement du Jour" soulignait "combien ce 1er mai était triste pour laRoumanie… Un jour où les citoyens roumains ressentent pleinement l'humiliationd'être tenus en quarantaine, alors que les voisins hongrois sont invités au grand baldu monde civilisé".

Lettre d'information bimestrielle surabonnement éditée par ADICA(Association pour le DéveloppementInternational, la Culture et l’Amitié)association loi 1901

Siège social, rédaction :8 Chemin de la Sécherie44 300 Nantes, FranceTel. : 02 40 49 79 94Fax: 02 40 49 79 49E-Mail : [email protected] de la publicationHenri GilletRédactrice en chefDolores Sîrbu-Ghiran

Ont participé à ce numéro :Bernard Camboulives, CatalinaIacob, Adriana Lungu, NicolaeDragulanescu, Martine et JeanBovon-Dumoulin, PaulaRomanescu, Ovidiu Gorea. Autres sources : agences de presseet presse roumaines, françaises etfrancophones, télévisions rou-maines, sites internet, fonds dedocumentation ADICA

Impression : Helio Graphic11, rue Louis Armand44 980 Sainte-LuceNuméro de Commission paritaire:1102 G 80172ISSN 1624-4699Dépôt légal: à parution

Prochain numéro : début sept.

VASLUI

SINAIA

Sabin Pop, nouvelambassadeur deRoumanie en France

"450 millions d'Européens… Et moi, et moi, et moi ?"

Roumains et Bulgares sont restés seuls à la porte de l’Europe, comme le montrecette caricature de Gazdaru, paru dans

“Gardianul”, à la veille de Noël 2003.

Oliviu Gherman, ambassadeur àParis depuis trois ans, devrait occu-per à son retour un poste confortableau sein de son parti, le PSD. Agé de74 ans, ancien président du Sénat, ildevait sa nomination en France auxbonnes relations le liant à Ion Iliescu.Parlant très bien le français, il étaitcependant brocardé d'une manièregénérale et constante par la presseroumaine, qui l'appelait "l'ambassa-deur somnolent", pour son manqued'initiative.

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Entreprises et collectivités (abonnement normal à 100 €): rajouter 25 € à laformule choisie.

Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être souscritpar les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pasabonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédéra-tion).

Seule règle à respecter : le règlement global est effectué par une seule per-sonne et un chèque ou virement unique, en mentionnant les coordonnées (adres-se, téléphone, fax et e-mail) des autres abonnés.

(* dans la limite, au total, de quatre personnes)

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"Eux chantent l'Ode à la Joie (hymne de l'UE), remplis-sent le ciel de feux d'artifices… Nous, nous fredonnons desmanele (airs moyen-orientaux vulgaires à la mode) etpédéséions tout (allusion au PSD, parti gouvernemental domi-nant auquel on reproche de faire main basse sur le pays)"poursuit le quotidien qui se pose la question de savoir pour-quoi les Tchèques, Slovaques, Slovènes, Baltes, Polonais etHongrois ont réussi là où la Roumanie a échoué, apportant dixéléments fondamentaux de réponse :

"1 - Des leaders dépassés par leur époque : les Polonaisont eu Lech Walesa, les Tchèques Vaclav Havel, dissidentsanti-communistes, les Roumains Ion Iliescu, communistenotoire.

2 - Une pauvre classe politique : alors que les pays voisinsont balayé immédiatement les communistes du pouvoir etchoisi sans ambiguïté le système occidental, les Roumains ontcontinué à fonctionner avec des communistes de deuxièmegénération et même avec les thuriféraires de Ceausescucomme Adrian Paunescu ou Vadim Tudor.

3 - Des services secrets toujours tout puissants : laSecuritate a été laissée libre d'agir à sa guise et continue àœuvrer dans l'ombre, contrôlant la scène politique. On retrou-ve sa main dans des évènements comme les manifestationsanti-hongroises du 15 mars 1990 ou les minériades. Sesmembres se sont partagés le pouvoir économique avec la nou-velle nomenklatura.

Réformes repoussées, promesses non tenues

4 - L'absence de réformes : la Roumanie n'a toujours pasreçu le statut d'économie de marché fonctionnelle et IonIliescu a été le plus grand frein à cette transformation.

5 - Les minériades (en 1990 et 1991, Ion Iliescu a faitappel aux mineurs pour mettre un terme, avec brutalité, auxmanifestations de l'opposition, puis chasser le Premierministre Petre Roman du pouvoir) : il s'agit de l'épisode le plussombre de l'histoire récente de la Roumanie qui l'a isolée dumonde occidental pendant une décennie. Ce genre de pratiquen'a été utilisée dans aucun autre pays satellite de l'ex-URSS.

6 - Des méthodes héritées du stalinisme : expulsion du RoiMichel, manoeuvres diaboliques contre l'opposition, classessociales dressées contre les intellectuels, les étudiants…

7 - La corruption : sur ce chapitre ce n'est pas un article oulivre qui peuvent être écrits… mais une bibliothèque.

8 - Une politique mensongère : le pouvoir a toujours pro-mis aux citoyens et aux représentants de l'UE, américains oud'organismes internationaux de prendre les mesuresdemandées ou attendues, mais repousse sans arrêt leséchéances.

9 - Un Etat de droit virtuel : que ce soit dans le domainede la propriété, de la Justice, de la liberté de la presse, les déci-sions ont toujours été ajournées. Quinze ans après la chute deCeausescu, les paysans ne sont souvent propriétaires, non pasde leurs terres, mais de simples certificats que la Justice nereconnaît pas.

10 - La cupidité et l'immoralité des dirigeants : de maniè-re constante, après un ou deux ans de pouvoir, les dirigeants etla nomenklatura se trouvent à la tête de fortunes colossales,étalent de manière tapageuse leurs richesses, villas et limou-sines luxueuses ".

Et "Evenimentul Zilei" désigne un responsable, "le régi-me Iliescu" ainsi qu'un grand coupable, "Ion Iliescu", montrésdu doigt "pour avoir condamné les Roumains à vivre beau-coup plus difficilement que leurs voisins".

La Roumanie et la France ontdécidé de procéder à un échangeannuel de 300 stagiaires de 18 à 34ans, issus de milieux professionnels,en activité, et ayant une qualificationreconnue.

Ces stages de perfectionnementd'une durée de un an, pouvant êtreprolongée de six mois, nécessitent laconnaissance de la langue du paysd'accueil et la possession d'un diplô-me permettant d'occuper le posteproposé. Les stagiaires recevront lesalaire pratiqué pour la professiondans le pays hôte… ce qui risque derestreindre les candidaturesfrançaises.

Par ailleurs le judet de Covasna(Sfântu Gheorghe), à populationmajoritairement hongroise, s'est jointeà un accord signé entre le départe-ment du Maine et Loire (Angers) etcelui de Vezprem (Hongrie), assurantpar des professeurs français l'initia-tion à la langue française des éluslocaux et des maires.

"Le train ne s'est pas arrêté"

Pincements au cœur, désabuse-ment, fatalisme, résignation…les réactions étaient bien rou-

maines en ce premier mai qui a vu lesvoisins intégrer l'UE. En voici quelquesunes, entendues dans la rue ou à la télévi-sion :

- "J'ai eu le sentiment d'être sur le

quai, d'avoir mon billet en poche, et devoir le train passer sans s'arrêter".

- "Nous, les Roumains, nous seronstoujours dans une sorte de "no man'sland" entre Russie et Europe… et on nousoubliera".

- "Qui peut bien vouloir de nous,avec nos quatre millions de Tsiganes ? "

(en fait, entre 1,5 millions et deux mil-lions d'après les estimations, et 600 000selon les autorités).

- "Ce premier mai, tout le monde fai-sait la fête, et nous, les Roumains, nousétions agglutinés derrière les barrières,comme de pauvres gens, salivant enregardant les autres festoyer".

Après six mois d'exercice, seulement un peu plus de20 % des fonds non remboursables SAPARD, soit32 M€ (200 MF) sur 150 M€ (un milliard de F)

attribués par l'UE pour l'année 2004 afin de refaire les routesdans les communes rurales ou procéder à l'adduction d'eau,avaient été utilisés. Fin mai, une seule localité seulement avaitréussi à boucler entièrement son dossier, 150 pouvant en béné-ficier. Les risques paraissaient grands qu'une partie importan-te des fonds ne soit pas mise à profit et retournent à Bruxelles.

Cette situation n'est pas nouvelle. A l'indolence de l'admi-nistration, s'ajoutent d'autres éléments d'explication : l'hiver, il

fait trop froid pour procéder à l'asphaltage des routes, le ryth-me de travail chute sérieusement pendant l'été… et cetteannée, la Roumanie se trouve en campagne électorale au prin-temps et en automne, ce qui ralentit l'examen ou la constitutiondes dossiers.

Devant cette situation, le sénateur libéral Gheorghe Fluturs'est indigné de voir "que la Roumanie n'avait même pas lacapacité de dépenser l'argent que l'Europe lui donnait, à causede l'incompétence de son administration" se demandant, aupropre comme au figuré, quel crédit elle pouvait avoir auprèsdes instances de Bruxelles.

La Roumanie n'a pas la capacité de dépenser tous les fonds européens qui lui sont attribués

Les étrangers ou les Roumainsvivant en Roumanie peuventobtenir, sous conditions, le

remboursement de la TVA pour les biensqu'ils ont achetés en Roumanie et qu'ilsveulent sortir du pays. Ceux-ci doiventcoûter, au minimum, 2,5 millions de lei(65 €, 420 F) et leur achat ne pas dater de

plus de trois mois, ni faire l'objet de res-trictions à l'exportation.

L'acheteur doit présenter à la douane,outre le ou les biens acquis, une facture,le double du formulaire spécial en deuxexemplaires qu'il aura fait remplir par levendeur, celui-ci en conservant unecopie.

Remboursement de la TVA pour des biens achetés en Roumanie

Budapest a décidé d'assouplir un peules conditions d'accès à son territoi-re des voisins roumains, rendues

plus difficiles depuis son entrée dans l'UE.Ainsi, les cyclistes et les piétons n'auront pas àprésenter de billet retour, d'attestation d'assuran-ce maladie, ni de carte verte. Ces dispositionssont prises pour faciliter la vie des frontaliersqui vont travailler quotidiennement en Hongrie,

utilisant ces moyens de déplacement. Par ailleurs, dans les jours suivants l'adhésion dela Hongrie à l'UE, les douaniers roumains ont noté un flux important de Hongrois versleur pays, venus acheter des cigarettes dans les "Duty free shops" (magasins détaxés)frontaliers, moitié moins chères et faire le plein (super à 0,6 € au lieu de 1,1 €).

Frontière hongroise plus souplepour les cyclistes et les piétons

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Répondant à des suggestions de lecteurs, et aussi à une demande manifestede Roumains de Roumanie qui prennent un plaisir réel à lire "Les Nouvelles deRoumanie", en français, et découvrent avec curiosité le regard porté sur leurpays, mais n'ont toutefois pas les moyens de s'abonner, nous lançons la formule"Abonnez vos amis roumains".

Le principe est simple : chaque abonné (abonnement simple ou collectif)peut abonner un ou plusieurs amis roumains, demeurant en Roumanie*. Larevue leur sera expédiée directement.

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Par cette initiative, "Les Nouvelles de Roumanie" souhaitent contribuer àune meilleure compréhension entre Francophones et Roumains et ainsi renfor-cer leurs liens.

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Echange annuelfranco-roumainde 300 stagiaires

Depuis le 15 mai, les Roumainsn'ont plus besoin de visa pour entrerdans la Principauté de Monaco. Cettemesure est plus utile pour lesMonégasques qui en avait besoin ensens inverse que pour les Roumains,aucun contrôle n'étant effectué à l'en-trée du célèbre Rocher. Les citoyensdes deux pays peuvent séjourner 90jours, avec des intervalles de sixmois.

Plus de visas pour Monaco

Avec ses 6,6 millions de Francophones répartis dans cinqpays membres de l'Organisation Internationale de laFrancophonie (Albanie, Bulgarie, Macédoine, Moldavie

et Roumanie) et cinq pays observateurs (Lituanie, Pologne, Slovaquie,Slovénie et République Tchèque), les pays d'Europe Centrale et del'Est constituent une composante importante de la communauté fran-cophone. Près de la moitié d'entre eux se trouvent en Roumanie, payslargement en tête de la Francophonie dans cette région, la Pologne,contrairement aux idées reçues ne comptant que 0,14 % deFrancophones, la République tchèque 2 % (et 8 % de francophonespartiels), la Lituanie 1 %.

La Bulgarie peut être considérée comme sa dauphine (13% deFrancophones partiels). S'appuyant sur une longue tradition francophi-le, ce pays a toujours privilégié l'enseignement du français depuis

1945. 150 000 élèves l'apprennent au niveau du primaire et du secondaire Son enseignement bilingue ou renforcé est dispensé dansprès de 80 lycées et collèges. Bien que petit pays de 3 millions d'habitants, la République Moldave, membre de l'OIF depuis 1999,apporte un très fort contingent de Francophones. 65 % de la population scolaire y apprend encore la français, soit plus de 200 000enfants dans le primaire, 350 000 élèves dans le secondaire et 70 000 étudiants dans les universités.

En Albanie, on compte plus de 600 professeurs de français, enseignant à près de 60 000 élèves dans les écoles primaires,25 000 au lycée et 12 000 étudiants dans les universités. En Macédoine, 45 000 élèves apprennent le français en primaire, 25 000dans le secondaire et autant à l'université.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

Francophonie

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Appelés à faire bon cœur contre mauvaise fortune par leurs dirigeants, lesRoumains ont fêté le "Jour de l'Europe", le dimanche 9 mai qui, désor-mais, tient presque lieu de seconde fête nationale, après le 1er décembre,

sans être toutefois férié. De nombreuses manifestations et concerts gratuits ont eu lieudans tout le pays, réunissant des foules importantes, mais c'est à Bucarest que les fes-tivités ont eu le plus d'ampleur.

Un "cross pour l'Europe" était organisé à travers la capitale, avec des prix àgagner, des catégories réservées aux personnes âgées, aux handicapés. Un tournoi defootball, place de la Constitution, a opposé des équipes d'artistes, de journalistes, dedix ambassades de l'Union Européenne. Un concert public en plein air a réuni les plusgrands groupes du pays, alors qu'un spectacle pyrotechnique avec feu d'artifice,musique et effets lumineux sur une façade du palais de Ceausescu, conçu par leFrançais Alain Hubert et organisé avec le concours des ambassades de France etd'Allemagne, clôturaient la journée. Le maire du 3ème secteur de Bucarest a profitéde l'occasion pour inaugurer le faisceau lumineux qui servira de repère urbain perma-nent à la capitale et est visible à 20 km.

Artistes roumains envoyés à l'étranger

L'ensemble de ces manifestations a coûté environ 500 000 €. Dans les grandesvilles, elles ont été mises à profit par les principaux candidats aux élections munici-pales, dont la campagne officielle commençait le jour même. Certains ont détourné lajournée pour organiser des concerts avec des artistes réputés que la population n'a passouvent l'occasion ou les moyens de voir, entrecoupés de discours sur leurs mérites.

Dans ce genre, la palme revient sans conteste au PSD (Parti Social Démocrate),qui a organisé une caravane de plusieurs autobus bariolés aux couleurs de l'Europe àtravers tout le pays, où prennent place les fans amenés de Bucarest des politiciens etdes vedettes. Le pouvoir n'a pas oublié d'associer à ce jour les nombreux Roumainsinstallés ou travaillant à l'étranger, soit autant d'électeurs potentiels. "Phoenix", legroupe mythique, et Mircea Baniciu se sont produits sur la Place Cervantes de Madrid,en "hommage aux victimes roumaines de l'attentat du 11 mars". Stefan Hrusca, VasileSeicaru, Victor Socaciu ont chanté à Dublin, capitale de l'Europe pour le premiersemestre 2004, et où était présente une délégation roumaine conduite par le PrésidentIliescu et le ministre des Affaires étrangères, Mircea Geoana.

Des concerts ont été organisés également à Stockholm et au Koweit, où sont basésdes soldats participant à la guerre en Irak. Benone Sinulescu, les groupes Ro-Mania etEtno ont même été envoyés à Shangaï pour fêter 50 ans d'amitié sino-roumaine. Tousces artistes ont affirmé s'être produits bénévolement… certains journaux avançantl'hypothèse que le PSD ne manquera pas de faire appel à leurs talents pour dessommes confortables, à l'occasion des diverses campagnes électorales à venir

Compte à rebours pour 2007

Par leur "enthousiasme européen", les autorités ont tenté de faire oublier qu'àcause de son impréparation le pays est resté sur le bord de la route de l'UE. Toutes lesaffiches, nombreuses, appelant à fêter le "Jour de l'Europe" étaient estampillées d'unemention, bien en vue, "Organisées par le Gouvernement". Pour montrer d'ailleurs quel'entrée dans l'Europe est toute proche et que le pouvoir s'emploie de son mieux à enrapprocher l'échéance, un compteur journalier à rebours a été installé dans la capitale,indiquant le nombre de jours séparant la Roumanie du 1er mai 2007. Lors des élec-tions générales de novembre prochain, il en restera un peu moins de 800…

"Faire bon cœur,contre mauvaise fortune"

Vie internationale

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

TULCEA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVA

CLUJ

6,6 millions de Francophones en Europe Centrale et de l'Est

Selon une étude portant sur laperspective de l'adhésion à l'UE, réa-lisée sur huit mois par une centainede spécialistes universitaires, cher-cheurs et responsables du patronatroumain, seulement 15 à 20 % desentreprises roumaines sont aptesaujourd'hui à affronter les conditionsde concurrence du marchéeuropéen.

Les problèmes les plus importantsidentifiés touchent le domaine de lacertification des produits en ce quiconcerne les normes de sécurité,d'environnement, de qualité et degarantie. Il faudrait investir, au moins,entre 500 M€ et un milliard d'eurospour mettre à niveau les entreprisesroumaines avec leurs concurrenteseuropéennes.

CHISINAU

Plus de huitentreprises roumaines sur dix ne sont pas prêtes pour l'UE

TURDA

La "Journée de l'Europe"... pour faire oublier l'échec du Premier mai

Moustiques- Quelle différence y-a-t-il entre un

député roumain et un moustique ?- Aucune. Tous les deux te piquent,

font du bruit, te donnent des boutons, ett'as beau les écraser, il y en a toujours unpour te sucer le sang.

Justification

Dana, étudiante à Timisoara, écrit àses parents qu'elle n'a pas vus depuis plu-sieurs mois, après une année universitaireagitée: "Chers parents, excusez-moi pourvous avoir laissés aussi longtemps sansnouvelles, mais j'au eu beaucoup depépins au cours de cette année et je vousconseille de vous asseoir pour lire cettelettre. Finalement, mes brûlures sontcicatrisées. Oui, je ne vous avais pas dit,ma chambre a brûlé. J'ai eu de la chance,c'est mon voisin qui m'a sauvée. Trèsgentiment, il m'a proposé de partager sonstudio. Nous vivons ensemble depuis. Jesuis d'ailleurs enceinte. Le docteur m'a ditque c'était des triplés. Je suis sûre quevous serez contents d'être grands-parents.Nous allons nous marier bientôt. Il n'apas la même religion que nous, mais je

sais que vous avez l'esprit ouvert. Il n'apas pu aller à l'école car dans son pays, enAfrique, ce n'était pas facile. Mais vousverrez, il est très intelligent. D'ailleursvous serez ravis de discuter avec lui,parce qu'il a vôtre âge. Mais nous ne pou-vons pas venir actuellement vous voir,car il est hospitalisé pour soigner sasyphilis.

Chers parents, quand je pense quetoutes ces choses terribles auraient puarriver… Heureusement, vous serez trèscontents d'apprendre qu'il en est rien etcomprendrez que le fait que je n'ai pasréussi à mes examens et que je doiveredoubler n'a rien de comparable".

Politesses

A sept heures, le matin, Ceausescusalue le soleil levant :

- Bonjour Soleil, et bonne journée.Le soleil lui répond :- Mes respects, Camarade, et bonne

journée.A midi, même cérémonie :- Je te salue Soleil, et bon après-midi.- Mes respects, Camarade, et bon

après-midi.

Le soir, à l'heure du coucher, leConducator prend congé :

- Je te salue, Soleil, et bonne nuit.- Vas te faire foutre, Camarade, je

suis passé à l'Ouest.

Congrès

Les chiens se réunissent au coursd'un congrès international, à l'époque ducommunisme. Le délégué d'un pays occi-dental discute avec celui de la Roumanie.

- Chez nous, on raconte beaucoup dechoses sur les pays de l'Est. La vie n'estpas trop dure ?

- On fait aller. J'ai un os à chaqueNoël…

- Ce n'est pas si terrible qu'on le dit,alors…

- Ce qui nous manque, c'est de pou-voir aboyer de temps en temps.

Rassurant

- Docteur, prenez-moi la main… c'estla première fois que je me fais opérer.

-Rassurez-vous, vous n'êtes passeule, moi aussi c'est la première fois quej'opère.

Blagues à la roumaineHumour

A Sofia (Bulgarie) l’IFAG, institut qui forme en français les futurscadres des Etats de la région, a reçu la visite de Boutros

Boutros Gali, ancien secrétaire général de la Francophonie.

Par ailleurs, il a été souligné quela demande de produits roumainsrisque d'être maigre car 80 % d'entreeux répondent à une faible demande,la présence de la Roumanie étantminime dans les secteurs les plusporteurs (communication, aéronau-tique, santé, environnement).

L'étude note enfin, qu'entre 1960et aujourd'hui, le décalage entre l'é-conomie roumaine et celle des paysles plus développés a doublé, pas-sant d'un rapport de un à trente, à unà soixante.

Un décalage qui a doubléen quarante ans, passant

à un rapport de 1 à 60

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2248

Connaissance eet ddécouverte

Francophonie L'anglais est désormais en tête des langues apprises par les jeunes

Quelle est la place exacte du français en Roumanie ? Longtemps, la Frances'est bercée d'illusions, laissant accroire que, malgré la montée en puis-sance de l'anglais, sa langue y demeurait la première. Aujourd'hui, per-

sonne ne le conteste plus : l'anglais est passé largement en tête, le mouvement ne fai-sant que s'accroître chez les jeunes Roumains.

Les chiffres varient cependant selon les sources. Un récent sondage assurait que15 % des Roumains pratiquaient l'anglais et 9 % le français. Selon l'OrganisationInternationale de la Francophonie, la Roumanie compte 5 % de Francophones (1 125000 personnes) - "personnes capables de faire face en français aux situations de com-munication courante" - et 13,3 % de Francophones partiels (3 000 000), "personnesayant une compétence réduite en français leur permettant de faire face à un nombreréduit de situations" (L'OIF estime qu'il y a dans le monde 110 millions deFrancophones et 65 millions de Francophones partiels).

Poussée vertigineuse du nombre de professeurs d'anglais

Les dernières statistiques disponibles du ministère de l'Education nationale rou-main indiquent que si le nombre d'élèves apprenant notre langue a reculé de 4 % en10 ans, s'élevant en 2003 à 1 984 735 élèves, il demeurait alors toutefois supérieurd'une courte tête à celui de l'anglais qui a progressé de 62 % pendant la même pério-de et concernait 1 971 732 élèves, l'an passé. Le recul paraît irréversible et est aussitangible au niveau du nombre de professeurs actifs de français, 15 227 en 2003(- 6 %), alors que les professeurs d'anglais sont passés de 6969 à 11 522 (+ 60,5 %).

Le mensuel francophone "Regard franco-roumain" qui a consacré un épais etremarquable dossier à la francophonie en Roumanie et dans les pays d'EuropeCentrale, dans son numéro d'avril, détaille ces derniers chiffres. 269 161 élèves appre-naient le français en 2003 dans le primaire, 1 675 079 dans le secondaire, environ6000 dans les DEF (Départements d'Etudes Françaises) et plus de 2000 dans les 17filières universitaires francophones (sciences humaines, sciences et techniques) quienregistrent un flux d'entrée d'environ 600 étudiants par an.

S'y ajoutent 6330 inscrits dans les cours des quatre centres culturels français(Bucarest, Timisoara, Iasi, Cluj, Constantsa) et environ 1200 dans ceux des quatreAlliances françaises (Brasov, Craiova, Pitesti, Ploiesti), plus de 3000 candidats pré-parant le DALF (Diplôme Approfondi de Langue Française). La Roumanie se dis-tingue aussi par l'importance des lycées à section bilingue français : 5949 élèves de 15à 18 ans y étudient le français à raison de 5 à 6 heures par semaine.

BUCAREST

ORADEA

SATU MARE

TIMISOARA

CLUJARAD

DEVASIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTA

CRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

225

Actualité

Voisins

Entre 5 et 13 % des Roumains parlent le français

Bucarest devrait accueillir le XIème sommet francophone en 2006

Entrée au sein de l'OrganisationInternationale de la Francophonie en1994, la Roumanie devrait accueillirson XIème sommet en 2006, lequelse tiendra pour la première fois dansun pays d'Europe Centrale et del'Est. Des manifestations culturellesimportantes devraient marquer cetévènement. Bucarest avait déjàaccueilli la XIIème conférence de laFrancophonie en 1998, au cours delaquelle avait été lancée l'AgenceIntergouvernementale de laFrancophonie et adopté la réformestructurelle de l'Agence de laFrancophonie. La capitale roumaineaccueille également en permanencele siège du Bureau Régional del'Agence Universitaire de laFrancophonie pour l'Europe Centraleet Orientale.

Par ailleurs, les gouvernementsfrançais et roumains ont décidé dedévelopper mutuellement leséchanges culturels. Ainsi une exposi-tion rétrospective d'art français, inti-tulée "Ombres et lumière", couvrantquatre siècles de création, se dérou-lera au Musée National des Beaux-Arts de Bucarest, en 2005, alors quela littérature roumaine et les écrivainsroumains seront les invités de laFrance, dans le cadre de la manifes-tation intitulée "Belles Etrangères".Plus généralement, les deux paysorganiseront une série de manifesta-tions culturelles en France, durant lapériode 2005-2007, sous le titregénérique "Paris-Bucarest ".

Une ville allemande et sa sœur polonaise rêvent d'union, avec l’élargissement de l'UE

PLOIESTI Goerlitz, ville coupée en deux le long de la frontiè-re germano-polonaise depuis la seconde Guerremondiale, rêve de réunification et compte servir

d'exemple d'intégration après l'élargissement de l'Unioneuropéenne. Charmante petite ville au bord de l'ex-RDA,Goerlitz fait face à sa soeur polonaise, Zgorelec, perdue depuisplus de cinquante ans, sise de l'autre côté de l'affluent del'Oder, la Neisse, jusqu’ici frontière naturelle de l'Unioneuropéenne. Mais en mai cette "barrière" a sauté, puisque laPologne, ainsi que neuf autres pays, ont rejoint le club desQuinze.

A entendre le maire de Goerlitz,Rolf Karbaum, et son homologue polo-nais à Zgorzelec, M. Fiedorowicz,l'avenir semble tout rose. "Nous avonsune vision. Nous voulons redevenir uneville le long de la frontière qui nous aséparés pendant des décennies", décla-re M. Karbaum.

Goerlitz et Zgorzelec ont signé en2001 une déclaration pour devenir "uneville dans deux nations" d'ici à 2030,faisant d'eux un modèle unique d'inté-gration européenne. Elles tiennent déjà régulièrement desconseils municipaux ensemble, ont des lignes de bus com-munes, des programmes d'éducation bilingues du jardin d'en-fants à l'université et des magasins acceptant aussi bien leseuros que les zlotys. "Dans les grands magasins de Goerlitz, ily avait avant des panneaux avertissant des conséquences judi-ciaires des vols à la tire", remarque Miroslaw Fiedorowicz."Maintenant, il y a des affichettes informant que les com-merçants parlent polonais", ajoute-t-il.

Frères ennemis et camarades qui s'évitent

MM. Karbaum et Fiedorowicz eux-mêmes sont peut-êtreles meilleurs exemples des liens tissés de part et d'autre de laNeisse. Ils se disent "amis", leurs familles se voient et ils s'ef-forcent même d'apprendre la langue de l'autre. "Quand onn'arrive plus à s'exprimer, on parle en russe", raconte M.Karbaum.

Après neuf siècles d'existence, Goerlitz s'est retrouvéedivisée en 1945, l'ouest étant affecté par les vainqueurs del'Allemagne nazie à ce qui allait devenir la RDA, et l'est,rebaptisé Zgorzelec passant sous contrôle polonais.

Les Allemands vivant à Zgorzelec ont été alors expulséset, malgré les grandes déclarations sur la solidarité fraternelledes pays du bloc soviétique, les ennemis de la Seconde Guerremondiale se sont largement évités pendant toute la Guerre froi-de. Avec la chute du mur de Berlin en 1989 et la perspectived'une adhésion polonaise à l'Union européenne, certains se

sont pris alors à rêver de réunification.Mais tous ne sont pas aussi optimistesque les maires des deux villes.

"Je ne suis pas inquiète de voirZgorzelec se joindre à nous, mais j'enconnais d'autres qui le sont. Vu le tauxde chômage élevé, les gens ont peur devoir les quelques emplois encore libresdisparaître. Il y a aussi la peur de lacriminalité", déclare Ingrid Dorfer, 49ans, habitante de Goerlitz.

Anne Rebiger, 30 ans, coordinatricedu projet d'"une ville dans deux

nations", reconnaît aussi qu'il existe un large ressentiment vis-à-vis des Allemands de la part de vieux Polonais. "Cela vademander beaucoup de travail de restaurer la confiance desdeux côtés".

Zgorzelec, qui compte 40 000 habitants, a une populationplus jeune que celle de Goerlitz. Très dépendante de l'industriedu charbon, elle affiche néanmoins un taux de chômagemoindre que celui de sa sœur allemande: 13% contre 23%.

En dépit de ses problèmes économiques, Goerlitz, oùvivent 60 000 personnes, fait bien meilleure figure que sa voi-sine délabrée : son centre historique mêlant des bâtimentsgothiques, de l'époque renaissance et baroque a été somptueu-sement rénové.

En plus des investisseurs publics et privés, Goerlitz a aussiun mystérieux donateur qui verse 500 000 euros (564 400 dol-lars) chaque année depuis 1995 pour la restaurer. Comme gaged'amitié, M. Karbaum pense en faire profiter Zgorzelec : il doitrencontrer l'avocat du donateur secret.

("Les Echos de Pologne")

Les clochers de Goerlitz et Zgorzelec font désormais sonner leurs carillons à l’unisson.

Dans les villages du Delta du Danube, des professeurs français sont venus épauler bénévolement leurs collègues roumains.

Elles étaient séparées depuis la Seconde Guerre mondiale

Le cardinal primat polonais, Jozef Glemp, n'a pas manifesté son opposition à la vente de livresantisémites dans une librairie des sous-sols de l'église de Tous les Saints de Varsovie. "Nousjouissons en Pologne de la liberté d'expression et il est difficile de la limiter" a-t-il commenté en

réaction à la lettre signée par 17 intellectuels catholiques qui ont lancé un appel à la dissolution de la librai-rie patriotique Antyk mise en cause. Des titres comme "Reconnais un juif" peuvent être désormais achetésdans les sous-sols de l'église. Récemment, aussi bien le procureur que le tribunal ont décidé de rendre unnon-lieu dans l'affaire de cette librairie. ("Les Echos de Pologne")

Monseigneur Glemp et l'antisémitisme

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2247

Connaissance eet ddécouverte

Conduire n'est pas de tout repos en Roumanie. L'étatde la chaussée et les trous ne sont pas seuls encause, les conditions de circulation rendent la pra-

tique souvent difficile. On ne peut pas prévoir les obstacles eton est souvent poussé à la faute: un troupeau d'oies qui surgit,un paysan qui traverse tranquillement la route - voir mêmel'autoroute - sans prendre conscience du danger, et c'est l'em-bardée vers le fossé; un camion qui se traîne et vous enfume,que vous décidez de doubler pour vous rendre compte qu'il estprécédé d'un ou deux engins agricoles ne laissant pas de placepour vous rabattre.

Il faut en prendre sonparti et se fixer comme lignede conduite, l'extrême pru-dence : ne jamais dépasser90 km/h pour pouvoir s'arrê-ter rapidement; ne jamaisdoubler sans visibilité : surles trois voies, alors quevous roulez en toute quiétu-de sur la file de gauche quiest autorisée dans votre sens,il n'est pas rare de voir surgiren face, et à la sortie d'unvirage, un véhicule qui afranchi la ligne continue,empruntant la file interdite.

Attention, quand vous êtes confronté à des grosses cylin-drées, genre Mercedes, BMW ou 4x4 dégoulinant de pare-chocs chromés. Elles sont souvent conduites à toute vitesse etde manière très dangereuse par les fils de la nouvelle nomenk-latura qui paradent à leurs volants et prennent plaisir à écraserde leur morgue leurs compatriotes se contentant de modestesDacia et à se faire valoir aux yeux des étrangers, n'hésitant pasà provoquer des fautes pour bien montrer leur toute-puissance.

Au moins la journée pour traverser tout le pays

Il faut se dire aussi que traverser la Roumanie prend aumoins la journée si on va à Bucarest, et même plus si on serend sur la Mer Noire. D'autant plus qu'il est impératif des'arrêter avant la tombée de la nuit. C'est celle-ci qui provoqueles plus grandes frayeurs aux automobilistes avec les cohortesde charrettes, de tracteurs, de bicyclettes non éclairées. Lesrisques d'accidents, et de graves complications par la suite,sont énormes. Vous ne devez pas transiger avec ce principe : laconduite de nuit est exclue !

De même, vous devez être particulièrement attentif lors ducoucher du soleil : à la campagne vous risquez de vous trou-vez nez à nez avec les troupeaux rentrant à la ferme. Prenezvotre mal en patience et appréciez ces scènes qui ont disparude notre univers occidental.

Enfin, n'oubliez pas que le taux d'alcoolémie est de zéro et

que les contrôles sont assez fréquents, tout comme lescontrôles de vitesse, la police venant d'être équipée de radarslongue distance.

Si vous êtes arrêté pour une infraction quelconque, prenezvotre temps, efforcez vous à la gentillesse, glissez quelquesmots de roumain. Cela peut marcher car dites-vous que, mêmesous l'uniforme d'un policier, il y a un Roumain qui sommeille,lequel peut vite retrouver son naturel accueillant devant unétranger dans l'embarras.

Faut-il emporter avec soi un kit de réparation particulierpour la voiture ? Pas plusque pour un autre pays parcequ'on trouve de tout désor-mais en Roumanie, notam-ment dans les stations Shell(mais pas Petrom), où onpeut se procurer des chaînespour la conduite sur neige,et il en est de même pour lecarburant (sans plomb, europlus - 98 octanes -, dieselappelé motorina), l'huile,l'antigel, le liquide de freins.Toutefois, il est prudent dese munir de 3 ou 4 bombesanti-crevaison, de courroiesde ventilateur ou autres à la

bonne dimension, de bougies et de plaquettes de freins : celavous évitera éventuellement de les faire venir de France.

Rondes de nuit

N'oubliez pas de vous arrêter au stop des voies ferrées quine sont pas protégées par des barrières. Un train peut passer etchaque année, on enregistre des accidents. En outre, des poli-ciers ne manquent pas de s'y poster pour débusquer le contre-venant, surtout s'il est étranger.

Attention également dans les villes, au deux voire troisrangées de feux, l'une pour aller tout droit, les autres pour tour-ner. C'est assez inhabituel pour les automobilistes occidentauxqui peuvent démarrer à contre-temps et traverser un carrefourà mauvais escient.

Enfin, dans certaines régions, les conducteurs se montre-ront surpris par le nombre de contrôles routiers nocturnes. Engénéral, ils ne sont pas destinés aux voitures de tourisme, maisaux camions qui transportent de la marchandise, du bois, desmatériaux, non déclarés ou sans quittance. Leurs chauffeurssont préparés à ce genre d'ennuis, qui peuvent se reproduiredeux ou trois fois de suite au cours d'une même livraison, et leplus souvent ont glissé à l'avance un billet de 10 ou 20 € dansles documents qu'ils doivent présenter. Ces rondes de nuit sontappréciées par les policiers qui en reviennent, au bas mot, avec100 € en poche.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

226

Actualité

Politique

Les "barons" ont installé de véritables féodalités à travers le pays

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIUBRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

CHISINAU

DEVA

CLUJ

IASI

De Timisoara à la Mer Noire, conduire n'est pas de tout repos TourismeUn pouvoir sans partage

à l'échelle du judet ou localement

Chantant, place d'Opéra, devantdes milliers de personnes, NicoletaNuca a fait un triomphe lors du festi-val de Timisoara, fin mars, consacréà la Bessarabie (actuelle Républiquede Moldavie), à l'occasion du 86èmeanniversaire de son rattachement àla Roumanie (de 1918 à 1940). Lajeune interprète de dix ans, originai-re de Chisinau, capitale moldave, achanté des poèmes d'Eminescu etremporte un grand succès dans sonpays auprès de ses compatriotes,lesquels supportent mal leur sépara-tion avec la "mère-patrie", imposéepar l'Union Soviétique.

Une nouvelle caste est apparue en Roumanie: les "barons". A longueur depages, les journaux évoquent chaque jour leurs faits et gestes, évaluentleur fortune, les mille manières frauduleuses qui leur ont permis de s'en-

richir, révèlent leurs affaires, les magouilles auxquelles elles donnent lieu, leurs com-plicités, leurs réseaux. Par la médiatisation que leur accorde la presse écrite, les"barons" sont devenus de véritables vedettes nationales, et les Roumains, bien qu'é-coeurés, les raillent, établissant même un hit-parade au "mérite", prenant en compteleur degré de corruption, de débrouillardise pour échapper à la justice - très peu, pourne pas dire aucun, n'ont de comptes à rendre - les connivences à tous les niveaux quileurs permettent d'augmenter l'étendue de leur pouvoir et de leur fief.

Le plus connu est sans conteste Nicolae Mischie, président du conseil du judet deGorj (Târgu Jiu), également à la tête du PSD local, qui a été contraint de l'écarter àl'approche des élections municipales, à la suite d'untrop plein de scandales. Mais biend'autres n'ont rien à lui envier: Radu Mazare à Constantsa, Marian Oprisan à Vrancea(Focsani), Dumitru Sechelariu à Bacau, etc.

Des fiefs entièrement contrôlés

Tous ces "barons" ont constitué leurs fiefsau fil de la "transition", utilisant l'omnipotencedu parti dominant, le PSD. Profitant de leurspositions antérieures dans l'ancienne nomenkla-tura communiste, et des postes qu'ils occupaientdans certains secteurs, ils ont habilementmélangé proximité politique et détournementdes réformes économiques pour s'accaparer despans entiers des richesses nationales pour unepoignée de lei, par le biais de privatisationsbiaisées, sans offres publiques d'achat. Pourcela, bien sûr, il leur a fallu "arroser" tout autourd'eux: administrations, justice, élus, ministres…créant des réseaux où on se renvoie l'ascenseur.

Aujourd'hui, fort de la main-mise du PSD sur le pays, les "barons" ont ancré leurpouvoir et règnent sur des judets entiers. Il nne faut pas se mettre en travers de leurchemin. Parti, élus, fonctionnaires, affaires, rien n'échappe à leur influence. Du popeaux directeurs d'école, les nominations dépendent souvent de leur bon vouloir ou decelui de leurs réseaux, tout comme les contrats avec les entreprises privées et les com-mandes de l'administration, toutes ces transactions générant des commissions ou des-sous de table, renforçant leur puissance financière et leurs moyens d'intervention.

Mariage entre enfants de "barons"

Ces "barons" de judets ont suscité des vocations à l'échelon local où, sur leurmodèle, on parle désormais de "petits barons" ou de "barons locaux". Ils ont mêmeentrepris de se reproduire entre eux. Au début de mai, Nicolae Mischie, président dujudet de Gorj, a marié son fils avec la fille de Mihai Rudeanu, président du judetd'Hunedoara. Comme à l'époque du mariage entre le futur Louis XVI et Marie-Antoinette, le "bon peuple" de Târgu Jiu a été convié à fêter l'évènement en assistantà un feu d'artifices de 2500 €, 2000 personnes étant invitées par ailleurs à la noce.Seuls les journalistes avaient été déclarés indésirables, des vigiles musclés veillant àce qu'ils ne s'introduisent pas dans l'enceinte où se déroulaient les réjouissances.

Une chanteuse moldave de dix ans"trop roumaine"

PIATRANEAMT

TÂRGOVISTE

Eviter de rouler la nuit et prendre son mal en patience

Entre trous et charettes non éclairées la nuit, les routes les plus buccoliques se transforment vite en pièges redoutables.

“Baron de Gorj”, “Baron d’Hunedoara”,“Baron du PNA” (Parquet anti-

corruption)... “Souriez SVP“ (Caricature de Gazdaru: mariage

des enfants Mischie et Rudeanu).

Voisins

Cette popularité dérange les auto-rités moldaves, communistes et pro-russes, de la petite république deve-nue indépendante en 1991 et dontles deux-tiers de la population sontd'origine roumaine. Ainsi Nicoleta estinterdite de télévision et de radio, seschansons étant jugées "trop rou-maines". On lui a égalementdemandé de changer tous les motsfaisant référence à la Roumanie enles attribuant à la Moldavie.

La fillette a remporté récemmentle concours de la chanson européen-ne de Tallin (Estonie) consacré auxenfants de 25 pays du VieuxContinent.

Les autorités de Chisinausupportent mal la

popularité de Nicoleta Nuca

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2246

Connaissance eet ddécouverte

Paru fin avril et réalisé sous la direction de Bernard Houliat, auteur de LaRoumanie au petit bonheur, le Guide Bleu Evasion Roumanie, publiéaux éditions Hachette, vient donner ses lettres de noblesse à ce genre qui

permet la découverte touristique de ce pays. Fourmillant de renseignements,d'adresses, de conseils pratiques, d'itinéraires illustrés par des cartes détaillées, de pho-tos, il ne se contente pas de diriger les pas du visiteur…il lui permet de comprendre"ce pays de tous les possibles, sensuel et joyeusementhumain" où on a toujours quelque chose à découvrir.

Car ce guide dresse aussi un portrait vivant et documentéde la Roumanie : la culture roumaine et les minorités,l'Histoire, la société paysanne, l'habitat et le travail du bois,les traditions religieuses, les fêtes d'hiver, la cuisine et la tsui-ca. "Même si le quotidien peut être parfois rude, lesRoumains ne manquent jamais l'occasion de lui donner del'éclat et de la chaleur. C'est son mélange de démesure et delégèreté qui rend la Roumanie si attachante" indique BernardHouliat qui conseille: "Il est temps de se promener sans rete-nue dans ce pays passionnant et encore méconnu".

Et les touristes français semblent de plus en plusconvaincus. Leur nombre a augmenté de 50 % entre 1998 et2003, atteignant 100 000 visiteurs cette année là. Les Hongrois (1 540 000), lesAllemands (380 000), sont les plus nombreux, en raison de leur présence historique enRoumanie, suivis par les Italiens (260 000), les Autrichiens (100 000), lesBritanniques (70 000), les Hollandais (60 000), les Belges (27 000). Devant cettediversité, le Guide Bleu a décidé de paraître également en anglais et en allemand.

Guide Bleu Evasion Roumanie, Editions Hachette, format : 117x220 mm, Prix : 14,50 €

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

CLUJARAD

DEVA

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

TULCEA

BRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

"The Harbour" à Bucarest

Le nom n'a rien de roumain, maisce restaurant décoré comme l'inté-rieur d'un bateau est un des rares àproposer une cuisine locale à la foistraditionnelle et inventive. Chaquemets à la carte est une recherche. Ilne faut surtout pas manquer lessoupes, délicieuses et très relevées,dont la goulasch et le bors de gâscadolfana (potage d'oie à la moldave),une merveille. Vous pouvez tout ten-ter : des saucisses au fromageenroulées dans des tranches debacon, à la tocanita marineasca,ragoût d'agneau et de bœuf, cuitdans un mélange de champignons etde divers légumes, servi dans unesoupière en croûte de pain, en pas-sant, pour les végétariens, par latocanita de ciuperci (champignons,oignons, poivrons, tomates). Lesamateurs de cuisine occidentale, quine supportent pas la viande attendrieà coup de battoir, se régaleront d'unfilet de bœuf épais et tendre, servivraiment saignant (in sânge). Situé àdeux pas de l'ambassade de France,en face du théâtre Ion Creanga et dumarché le plus réputé de la capitale,ce restaurant a ouvert en mars decette année et a récupéré un chef quia opéré pendant huit ans derrière lesfourneaux de l'hôtel Intercontinental.Pour l'addition, compter entre 300000 et 400 000 lei (7 à 10 €, 48 à 64F) par personne pour un repas com-plet, vin à la carafe inclus.

"The Harbour", 10-22 piata Amzei,tel : (021) 210 90 91 ou 0724 388 686.Ouvert tous les jours, de 11 h 30 àminuit, terrasse ombragée.

SIBIU

Evasion en Roumanie avec le remarquable

Tourisme

La parution d'Eternelle et fas-cinante Roumanie a provo-qué une controverse dans le

pays, le journal “Adevarul" ("La Vérité")se posant des questions sur le finance-ment du guide, prévu comme une opéra-tion de valorisation de l'image de laRoumanie dans le contrat, très avanta-geux passé par l'éditeur français Hachetteet le ministre roumain du tourisme de l'é-poque, Dan Matei Agathon. Au terme decelui-ci, l'Etat roumain engageait870 000 € (5,6 MF) pour financer l'opé-

ration, dont 443 000 € (2,9 MF) pour lesopérations de promotion (conférence depresse à Bruxelles et à Paris pour le lan-cement, voyage de presse en Roumaniepour journalistes et libraires, publicitédans les médias, affichage dans les ruesde Paris et de 25 autres grandes villes deFrance), et 427 000 € (2,8 MF) pourl'impression et l'édition du guide. Or,selon "Adevarul", ce dernier poste n'au-rait coûté que 217 500 € (1,45 MF). "Oùest passée la différence (210 000 €,1,4 MF) ?" demande le quotidien.

Une sortie controversée en Roumanie

En travaux de modernisation depuis décembre dernier, afin de lui assurer unclassement dans la catégorie cinq étoiles, l'Hôtel Bucuresti s'apprête àentrer dans une des trois chaînes internationales de luxe, International

Radisson SAS, Hyatt et Hilton. Ses actionnaires ont investi 40 M€ (260 MF) pourqu'il redevienne l'un des établissements les plus côtés de la capitale, dont il porte lenom et au cœur de laquelle il se situe. Avec ses 450 chambres et ses 230 appartements,le "Bucuresti" est le plus grand hôtel d'Europe de l'Est.

Cinq étoiles pour l'hôtel Bucuresti

Bonnes adresses

Guide Bleu qui vient de paraître

Du bon usage d'un ambassadeur

Le PSD d'Hunedoara a cherché à profiter d'une visiteprivée de l'ambassadeur américain Michaël Guest, à la mi- maien tentant de le faire participer à une fête pour lancer sa cam-pagne des municipales. Le représentant des USA était venuavec ses parents pour admirer une église dont son pays finan-ce la restauration. Flairant le piège et irrité, Michaël Guest aavancé son arrivée de deux heures, effectuant discrètement lavisite en compagnie du pope, qui l'a reçu ensuite chez lui pourlui offrir une visinata (liqueur de guignes), et s'est éclipsé alorsque les "officiels" arrivaient.

Bible pour les candidats PSDQuelques jours avant le lancement de la campagne des

municipales, les candidats PSD de tout le pays se sontretrouvés à 5000 autour d'Adrian Nastase, lors d'un grand mee-ting de présentation qui s'est déroulé à Târgoviste. Leur parti,

issu de l'ancien Parti Communiste Roumain, leur a distribué undossier comprenant le matériel nécessaire à leur profession defoi, à savoir une photo du Premier ministre, le texte de laconstitution, une salopette de travailleur, pour ne pas oublierleur origine, une souris d'ordinateur, symbole d'avenir… et unebible. Hôte d'honneur de cette grande messe pré-électorale, LePremier ministre Adrian Nastase, lui, a reçu un Evangile dumonastère de Dealu Mare, où son père avait étudié, avant l'ins-tauration du communisme.

Dix kilos de pommes de terre pour acheter un vote

La police de la commune de Iacobani (Suceava) a mis enexamen Vasile Ciornei, candidat PRM (Parti de CorneliuVadim Tudor) à la mairie, pour avoir tenter d'acheter le voted'une ménagère en lui offrant dix kilos de pommes de terre.Conformément à la loi, il risque entre six mois et cinq ans deprison.

ElectionsLe journal “Cotidianul” a publié récemment une carte des judets (départements) roumains, indiquant le nom des “barons” qui y règnent.

Les judets etleurs barons

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2245

Si vous venez de Bucarest ou de Brasov, vous arrive-rez à Purcareni (Pürkercz), commune deTârlungeni, sur les premiers contreforts des

Carpates, par de jolies routesombragées. Le chemin s'arrête là, dansun village paisible où Hongrois commeRoumains ont souvent deux métiers,employés à Brasov et paysans le reste dutemps. Ici, les responsables sont les pluspolyglottes du réseau OVR… L'atoutprincipal de Purcareni est de se trouver à20 minutes de Brasov. De plus, dans levillage même, l'association OVR localeorganise de nombreuses activités etbalades avec guide, très bien structurées.

Dans la montagne avoisinante, ran-données d'une journée comprenant soitune heure ou trois heures de marche,pique-nique, retour le soir entre 17 et 19h. Vous découvrirez de vastes étenduessauvages, riches en faune, flore etsources d'eaux minérales. Balade à cheval (avec cheval selléou à cru), en charrette en été, en traîneau en hiver. Pour lesamateurs de sports mécaniques, randonnée de 4 h à moto.Initiation au travail de la ferme: participer au retour des trou-peaux, apprendre à traire les vaches ou les brebis. La récom-pense sera l'apéritif offert par le fermier qui vous a reçu !

Brasov: une région à la richesse exceptionnelle

La région présente une richesse touristique et un patrimoi-ne exceptionnels, parmi les plus importants du pays, et requiertune bonne semaine pour le découvrir. Brasov, ville saxonnelongtemps florissante, a su conserver dans la vieille cité toutson caractère. La grande place du conseil, où se trouvent leplus de maisons médiévales peintes avec leurs originalesenseignes en fer forgé, et son ancien hôtel de ville, forment unensemble unique. A visiter :

- les ruelles avoisinantes toujours avec les anciennesdemeures polychromes.

- L'église noire, qui doit son nom à la suie qui l'a recou-verte à la suite d'un incendie. Elle est connue, entre autre, pourla riche collection de tapis d'orient qui la tapisse à l'intérieur.

- Le quartier du Schei et l'église Saint Nicolas. - Les différents bastions de l'ancienne citadelle.- De nombreux musées etc...- La station de sports d'hiver et d'été de Poiana Brasov,

juste au sud de la ville à quelques km. La station est depuis

longtemps le rendez-vous des skieurs et des randonneursvenus de Bucarest.

- La forteresse paysanne de Prejmer, église fortifiée du 13ème siècle entourée d'épaisses fortifica-tions, à l'intérieur desquelles, sur 4étages sont aménagées des chambres oùse réfugiaient les paysans lors des inva-sions ottomanes. Prendre la route deBudila et Teliu, puis tourner à gauche,Prejmer est à 8 km.

- Une autre citadelle paysanne,Harman; depuis Prejmer rejoindre laE574 (N11), la citadelle se trouve del'autre côté de la nationale à 2 km.

- Un peu plus loin sur la N73, àRasnov, importante citadelle paysanne.

- A Bran le fameux château deDracula.

- La grotte glaciaire de Dâmbovi-cioara dans le défilé Rucar-Bran.

- Sur l'E60 à Sinaia, le châteauPeles, musée et demeure d'été de l'ancienne famille royale.

Evènements

C'est en hiver qu'explosent les diverses fêtes tradition-nelles, en été nous n'avons pas relevé d'événement spécial.Cependant depuis 1999, existe un nouveau groupe folkloriquede jeunes appelé "Kikerics" Colchiques en français et si vousêtes là le 14 juillet, peut-être aurez- vous l'occasion de le voir,car à cette date, les habitants font la fête car ils n'ont pas oubliéque leur amie Maylis vient de France !

Fin août: le Cerbul de Aur (Le Cerf d'Or) de Brasov quiréunit les plus grands chanteurs populaires et groupes folklo-riques du pays et est le principal évènement artistique de laRoumanie avec le festival de "musica usoara" de Mamaia.Supprimée sous Ceausescu, cette manifestation a revu le jourvoici quelques années et a accueilli des vedettes étrangèrescomme Patricia Kass, Tom Jones…

Purcareni qui n'avait pas au départ une vocation touris-tique a su mettre en valeur sa situation à la porte sud-est de laTransylvanie, mais surtout montre sa capacité à se prendre encharge et offrir au touriste le meilleur de lui-même. Un séjouren hiver est aussi riche qu'un séjour en été. Si vous êtes déjàfatigués en lisant tout ce que l'association locale vous propose,n'ayez crainte… vous pouvez ne rien faire et vous reposer, onvous laissera une paix royale !

Martine et Jean Bovon-Dumoulin

Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Un des paradoxes de la transition aura été de voir réapparaître les boyards- gros propriétaires terriens et nobliaux d'autrefois, au comportement féo-dal - depuis la "Révolution", cette fois-ci issus de la nomenklatura com-

muniste qui a fait main basse sur les richesses du pays. Dans pratiquement tous lesjudets, des "barons" locaux règnent sans partage, soit sur une commune, soit sur ledépartement entier, bénéficiant de la complicité des élus, s'ils ne le sont pas eux-mêmes, et des autorités. Véritables potentats, leur pouvoir est à la fois économique etpolitique. Il n'est pas indiqué de leur résister… de nombreux journalistes, trop curieux,agressés, menacés, en ayant fait les frais.

Un empire de 23 sociétés

"Evenimentul Zilei" ("L'Evènement du Jour") a évoqué dans ses colonnes lamain-mise de l'un d'entre-eux, Ioan Niculae, sixième fortune du pays (350 M€, 2,4milliards de F) sur sa ville natale, Zimnicea (judet de Teleorman), où il emploie 50 %de la population, directement ou au travail au noir. Ioan Niculae est à la tête de l'em-pire Inter/Agro qui comprend 23 sociétés commerciales dans des domaines différents,allant des assurances (Asirom) à l'industrie chimique, au tourisme et à l'agriculture.

Le magnat détient 44 % des actions de la Société Nationale de Tabac et s'est offertune "danseuse", nécessaire à l'image de marque en Roumanie, en devenant proprié-taire du club de football d'Astra Ploiesti.

Cinq sacs de farine pour cinq jours de travail

A Zimnicea ou dans la région, "l'enfant du pays" possède la fabrique de lait, decigarettes, de sucre, d'alcool, un élevage industriel de porcs, l'abattoir, la minoterie,trois supermarchés, une discothèque… et 50 000 hectares de terrain. Mais la prospé-rité de son empire n'empêche pas son propriétaire de se montrer très dur vis-à-vis deses employés qui reçoivent souvent leurs maigres salaires en retard. Certains ne béné-ficient d'aucun contrat et doivent se contenter d'être payés en nature. L'un, interviewépar le journal mais implorant l'anonymat par peur de représailles, a indiqué que, pourcinq jours de travail à la minoterie, il avait reçu cinq sacs de farine.

Inter-Agro bénéficie pourtant pour l'actuelle décennie des mesures prises parl'Etat pour venir en aide aux régions défavorisées, dont l'exemption de la taxe doua-nière, de la TVA et des impôts propres à l'agriculture. Une des filiales les plus juteusesdu groupe, produisant 50 hl d'alcool par jour, est même redevable à la commune deZimnicea de taxes et impôts qu'elle n'a pas payés depuis 2001.

Ioan Nicualae reste en retrait de la vie politique, mais s'est mis quinze des dix neufconseillers municipaux PSD dans la poche et est ami avec le maire, lequel a marié safille. Il a d'ailleurs participé activement à sa dernière campagne électorale, apparais-sant à tous les meetings de soutien. Dernièrement, il a reçu en concession pour une deses firmes un des pâturages communaux qui devait normalement servir à toute lapopulation.

La fortune du richissime homme d'affaires paraît à beaucoup comme une insulte,mais ici il faut se taire, sous peine de perdre son emploi. Des salariés survivent avec100 000 lei (2, 5 €, 16 F) par jour et deux repas. Dans le quartier de "Rudaria", queles habitants appellent "l'Afghanistan de Zimnicea", des familles occupent des taudisconstruits à même la terre.

Le 6 janvier dernier, jour du "Boboteaza" où le pope lance traditionnellement unecroix dans les eaux que les plus courageux des fidèles doivent aller repêcher, la popu-lation a dû patienter car le "maître" était en retard. Il est enfin arrivé, comme au tempsdes boyards, dans un somptueux traîneau tiré par des chevaux et s'est installé avec safamille entre l'évêque et le maire pour présider à la cérémonie.

A Zimnicea, Ioan Niculae, sixième fortune du pays, règne sur sa ville natalePolitique

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

TIMISOARA

CLUJARADDEVA

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TIAGU MURES

GALATI

TULCEA

BRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

Mécontent des articles que lequotidien "Curentul" consacrait à laprivatisation frauduleuse d'Inter/Agro,Ioan Niculae l'a tout bonnementracheté, en faisant un instrument desa campagne contre son concurrenten affaires, l'autre milliardaire CulitaTarâta. Proche du pouvoir, IoanNiculae est souvent vu en compa-gnie d'anciens ou d'actuels ministres,dont certains sont impliqués dansdes affaires douteuses, ainsi que del'ancien responsable des privatisa-tions, député de son judet, qu'il inviteà des parties de chasse ou à despromenades dans le Delta duDanube à bord de son yacht.

Main basse sur la presse

ZIMNICEA

SATU MARE

La forteresse paysanne de Prejmer.

Il est revenu le temps des boyards

Désignés ou renvoyés jusqu'ici surcritères politiques, les préfetsdevraient l'être uniquement sur labase de leurs compétences, en2006, après la mise en application dela réforme de l'administrationpublique, demandée par l'UE. Ilsseront recrutés sur la base deconcours et deviendront de hautsfonctionnaires représentant sur placele Premier ministre et les différentesadministrations ministérielles, suivantl'exemple français.

Les préfets ne seront plus politisés

La Roumanie authenthiqueTourisme

riches en faune, flore et sources d'eaux minérales

Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le guide OVRRetea Turistica Au pays des Villages roumains qui permet de partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aidede fiches en couleurs. Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse. Joindreun chèque de 20 € (port compris) à son ordre.

Ioan Niculae.

A Purcareni, de vastes étendues sauvages,

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2244

Connaissance eet ddécouverte

La supériorité tactique du voïvode l'emporta sur la supériorité numérique de l'ad-versaire, épuisé, affamé - tous les villages avaient été évacués, les vivres emportés -harcelé avant de tomber dans un piège. Le voïvode avait réussi à attirer dans desmarais l'armée turque qui s'y enlisa, beaucoup de ses soldats se noyant, provoquant sadébandade, dont celle de son chef, qui échappa à la mort à grand peine.

La Sultane Validé Mara, veuve de Murad II, affirma que "jamais aucune arméeturque ne subit pareille défaite". L'historien roumain Constantin Giurascu notait que"la victoire de Vaslui, c'est la plus éclatante victoire terrestre de toute l'histoireeuropéenne de la lutte anti-ottomane jusqu'au siège de Vienne de 1683". C'est à cetteoccasion que le pape Sixte IV le dénomma "l'Athlète du Christ". Comme à l'accou-tumée, payant de sa personne, Etienne le Grand était au premier rang des combats.Connu pour son courage, l'histoire retient que, touché à la jambe lors d'une bataille, ildemanda à ce qu'on applique un fer rouge sur sa blessure, récitant des prières pendantcette intervention.

L'année suivante,en 1476, Mohamed II,revint à la charge, à latête d'une armée "quela terre pouvait tenir àpeine". En mêmetemps, les Tatars,devenus vassaux dusultan attaquèrent àl'est. Etienne le Grandenvoya son armée depaysans leur fairefront et se retira dansla montagne avec sa"petite armée", atten-dant de regrouper ses forces. Ce fut un succès sans gloire et sans suite pour les Turcsqui durent traverser une terre incendiée, dont toutes les fontaines avaient été empoi-sonnées. 30 000 Ottomans y laissèrent leur vie sans pour autant prendre une seule citéfortifiée et se retirèrent devant la contre-offensive des Moldaves.

Abandonné par l'Occident

Mais le voïvode dût se rendre à l'évidence. Si rois, doges, princes d'Europe, lePape même, le couvraient d'éloges, heureux d'avoir en lui le défenseur le plus parfaitde leurs frontières, les promesses d'aide contre les Turcs, lui venant de partout, nedemeurèrent que des paroles. Il envoya une ambassade à Venise pour convaincrel'Occident de l'importance stratégique de la Moldavie, avant-poste de la Chrétienté.Son appel resta sans réponse. Pire même… les Vénitiens, puis Matias Corvin firent lapaix avec les Ottomans. De guerre lasse, Etienne le Grand se résolut à pactiser avec laSublime Porte qui profitant du contexte international favorable, s'était emparée desdeux ports donnant accès à la Mer Noire, Chilia et Cetatea Alba (La Cité Blanche),celle-ci devenant un lac turc. Il accepta de leur payer tribut, préservant cependant l'au-tonomie de la Moldavie.

Dans sa célèbre pièce Coucher de soleil, consacré au voïvode, son auteur BarbuDelavrancea fait dire à son héros : "Souvenez-vous des mots de Stefan qui vous ontguidé jusqu'à sa vieillesse… que la Moldavie n'appartient pas à nos ancêtres, ne m'ap-partient pas, ni à vous, mais appartient aux descendants de nos descendants, jusqu'àla fin des siècles".

Canonisé en 1662 par l'Eglise orthodoxe, Stefan Voda est devenu "Stefan CelMare si Sfânt" ("Etienne le Grand et le Saint") et reste pour les Roumains, aux côtésde Mihaï Viteazul (Michel le Brave), premier unificateur de la Roumanie, le plusgrand personnage de leur histoire. Ce 2 juillet, les cloches de toutes les églises deRoumanie se metteront à sonner à l’issue de la messe de commémoration de sa mort.

Paula Romanescu

A Desesti, dans le Maramures(Baia Mare), (voir rubrique tourismedu n° 23 des Nouvelles deRoumanie), les rites religieuxconcernent également le bétail. Ainsi,conformément à une tradition popu-laire, le jour de l'Ascension, les pay-sannes organisent les "Pâques desanimaux" ("Pastele animalelor"), dela même façon que pour les fidèles.

Vaches, porcs, moutons, chèvresrestent enfermés dans leur étable ouenclos tandis que les femmes se ren-dent à l'église, emportant dans leursac la pitance des animaux, farine,sel, herbe, sans oublier une bouteilled'eau, chaque aliment ayant unesignification propre. La messe estidentique à celle que suivent lesparoissiens à Pâques et à l'issue dela cérémonie, tous se retrouventdans la cour de l'église, attendantque le pope vienne bénir le contenude leur sac.

A leur retour, les paysannes ser-vent dans les mangeoires les vivresramenés et vont asperger d'eau béni-te les quatre coins des endroits oùvivent habituellement leurs animaux,récitant des prières. Pour les ethno-logues, cette tradition exprime un lienétrange et fort entre la nature, leshommes et les bêtes.

Il faut noter que les Roumains uti-lisent l’expression “La Pastele cailor”,(“A la Pâque des Chevaux”), équiva-lent français de “A la Saint Glinglin”...

Dans le Maramures,les animaux fêtentPâques... le jour de l'Ascension

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

229

Actualité

Député PSD(Parti SocialDémocrate)

du judet de Tulcea depuis2000 et ancien maire deCrisan, au cœur du Deltadu Danube, Dan Verbina,la quarantaine, s'est tailléun royaume jusqu'à laMer Noire et le port deSulina, dans cette partieisolée de la Roumanie. Il a

profité de la mise en concessions du Delta, voici deux ans,devenant le principal concessionnaire des eaux de la région ety obtenant le monopole du commerce des poisons. Lespêcheurs doivent désormais lui verser une redevance annuelle,modeste pour l'instant, afin d'exercer leurs activités, libresauparavant.

L'élu a également décroché d'autres concessions, délivréespar activité, et contrôle pratiquement tout le commerce du vil-lage, possédant les deux épiceries, la boulangerie, la criée,construite avec des fonds de l'Union Européenne, faisantconstruire un restaurant, un disco.

Mais Dan Verbina ne se contente pas de régner sur la natu-re, les hommes aussi l'intéressent, et dans le village il est rarequ’une nomination à des postes clés se fasse sans son aval. Ilne ferait pas bon aussi de se mettre sur son chemin. Ainsi, iln'a pas trouvé de candidat sérieux pour lui disputer sa mairiede Crisan, en juin 2000, ses deux principaux adversaires s'étantdécouragés.

L'un redoutait de se voir muté à l'autre bout du pays,l'autre de perdre son emploi. Quelques mois plus tard, il remet-tait sa fonction de maire à un de ses co-listiers, devenantdéputé et représentant des Lipovènes (minorité d'origine russedont il est issu) au Parlement.

Des offres publiques sans transparence, faites à la dernière minute

A Crisan, on se tait donc, même si la rancœur est grande.Aucun habitant n'a réussi à obtenir une concession, lors desadjudications, faites en l'absence de transparence, qui ont pro-fité uniquement à la nomenklatura, souvent des gens venus deBucarest, et qui y font des projets commerciaux ou touris-tiques, lesquels n'aboutissent pas toujours, mais recevantcependant des subventions. Les offres publiques étaient sou-vent faites à la dernière minute, parfois une heure avant… per-sonne n'ayant le temps, ni les moyens de s'aligner.

Ainsi, Sorin Ovidiu Vântu, présenté par la presse commele plus célèbre escroc du pays, a-t-il acquis un complexe hôte-lier d'Etat, le "Lebada" ("Le Cygne") qu'il entreprend de réno-

ver. Le leader des jeunes du PNL (Parti National Libéral) deTulcea a fait construire sur un terrain appartenant à sa familleun hôtel de luxe, le "Sunrise", recevant même l'aide de l'UnionEuropéenne à hauteur de 10 % par le biais de fonds Sapard.

Des concessionnaires qui font la pluie et le beau temps

La situation est quasiment identique à Sfântu Gheorghe,où un milliardaire achève la construction d'un impressionnantvillage avec des maisons en bois et toits de chaume - respec-tant ainsi le cadre - comprenant des petits hôtels, salles deréception, villas, bungalows, etc. Ce complexe doit être ter-miné à la rentrée pour accueillir le festival de cinéma deBucarest, décentralisé pour l'occasion, et on y annonce lavenue de l'acteur Robert Redford.

Autant dire que les habitants du Delta se sententdépossédés de leur région. Mais plus encore, ils constatent queleurs conditions de vie baissent. Les concessions ont tué laconcurrence dans le domaine de la pêche. Les pêcheurs dépen-dent maintenant d'un seul acheteur qui fixe les prix. Le kilo-gramme de maquereaux est ainsi passé en deux ans de un euroà un demi euro. Ils constatent aussi que le kg de caviar, condi-tionné, leur est payé 100 € - ils n'ont droit qu'à un très faiblequota annuel - pour se retrouver à 800-1000 € dans les maga-sins Metro de Brasov ou Bucarest.

Le système des concessions a été créé en 2002, après unetentative en 1995. L'administration entend par ce biais disci-pliner les activités de pêche - depuis 1990, plus personne nepayait de taxes à l'Etat, alors que le domaine fluvial lui appar-tient - mettre fin au braconnage et au déclin de la populationpiscicole, développer et moderniser les activités de tourisme,de commerce, d'élevage des animaux, d'utilisation du roseau etde son exportation.

Pour la première fois, les pêcheurs en grève

Avec les concessionnaires, de nouveaux boyards sont ainsiapparus dans le Delta, ne reculant pas devant l'intimidation, lespressions économiques, pour asseoir leur domination et fairetaire les revendications. De nombreux pêcheurs ont conscien-ce que leur statut a régressé et ont le sentiment de se retrouverun siècle en arrière, lors de la "Rascoala" ("La Révolte"),décrite dans son livre par Rebreanu, qui avait conduit les pay-sans à se soulever contre les gros propriétaires terriens qui lesaffamaient.

L'an passé, pour la première fois, les pêcheurs du Delta sesont mis en grève, demandant en vain la fin des concessions.Finalement, beaucoup par crainte, et après avoir obtenuquelques aménagements, le mouvement s'est calmé. Mais lacolère reste toujours là.

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

PITESTI

DEVA

CLUJ

PLOIESTI

PolitiqueUn système de concessions qui réduit la condition des pêcheurs à celle des paysans du siècle dernier

Le député de Tulcea s'est taillé un royaume au cœur du Delta

La cour d’Etienne le Grand et la salle du trône ont été reconstituées au musée du judet de Suceava.

Traditions

Le député Dan Verbina représente les Lipovènes

au Parlement de Bucarest.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2243

Connaissance eet ddécouverte

Comment bien définir Etienne le Grand, voïvode moldaveentré dans la légende, sujet de chansons, d'études, de contes etdes romans où l'on exalte sa personnalité, ses victoires contreles envahisseurs qui n'arrêtaient pas de ravager la terre molda-ve afin de mieux la conquérir? Ottomans, Russes,Autrichien, Tatares, "amis" polonais, hongrois, toustransformaient les Pays Roumains, la Moldavie et laValachie, en carrefour de batailles.

C'est dans ces conditions qu'à Direptate, le qua-torze avril 1457, sous les acclamations de la foule despaysans, Etienne, fils du prince Bogdan II (1450 -1451) et petit-fils d'Alexandre le Bon (1400 - 1431)devint prince de Moldavie, à l'âge de 20 ans. Sonrègne de 47 ans assura au pays une renommée jamaisatteinte auparavant, l'appuyant sur son armée - lepeuple tout entier- et son credo - défendre la liberté etl'indépendance. Cela le conduisit à engager 36batailles dont il sortit 33 fois victorieux. A chacuned'elle, il faisait bâtir une église ou un monastère à lagloire de Dieu, et à la mémoire de ses héros tombés aucombat. Parmi elles, Putna et Voronet, pour ne parlerque des plus précieuses perles de cette couronne d'ar-chitecture de l'Epoque nommée "Stéfanienne".

Une armée de petits bourgeois et de paysans

Son conseiller vénéré, c'était l'ermite Daniil, qu'iln'oubliait jamais de consulter car la sagesse et la foi de celui-ci lui faisaient croire "qu'aux âmes bien nées la valeur n'atteintpas le nombre des années" et que le Bon Dieu protège ceux quidéfendent leur terre avec la Croix et l'épée. Car Etienne leGrand n'avait d'autre visée que de sauvegarder l'indépendancede sa Moldavie, en dehors de tout esprit de conquête.

Le voïvode créa une organisation administrative, accordades privilèges auxvilles, aux négociants,défendit les axes com-merciaux internatio-naux, fonda deséglises, veilla à l'éla-boration des évan-giles, mit en place unsystème juridiquerigoureux, assurant àla Moldavie l'une despériodes les plus flo-rissantes de son histoi-re. Les plaintes despaysans étaient jugéespar le prince-même,là, à Direptate (Champde la Justice), commele fit en son temps Saint Louis sous son chêne.

La base politique et militaire de son pouvoir était consti-tuée par les petits propriétaires (Razesimea) et la paysannerielibre qui composaient sa fameuse "Grande Armée" de 40-60000 combattants, s'enrôlant avec leur propre armement.

Prendre part à la lutte, c'était pour le voïvode tout à fait nor-mal. En récompense, ses soldats recevaient des terres, parfoisconfisquées aux boyards qui avaient trahi et dont il n'hésitaitpas à faire couper les têtes. Parallèlement, il renforçait le rôle

des forces de l'ordre et desseigneurs, constituant une"petite armée" de 10- 15000membres.

Contre les Hongrois et les Polonais

Si Etienne Le Grandconsacra la majorité de sonrègne a repousser les Turcs,refusant de leur faire allé-geance et de leur payer untribut, il eut aussi à luttercontre ses voisins immédiatsqui voulaient lui imposerleur suzeraineté. Tentantd'envahir la Moldavie, le roiMathias Corvin en fit lesfrais en 1467 à la Bataille deBaia, trois flèches lui trans-perçant le corps. Vaincumais survivant à ses bles-sures, le Hongrois apprit à

respecter son adversaire et lui offrit plus tard son aide contreles Ottomans.

Trente ans plus tard, à Codrii Cosminului (Bois deCosmin), ce fut au tour du roi des Polonais Jean Albert, à latête de 80 000 hommes, de subir une déroute, les neufdixièmes de ses soldats étant tués. Désespéré, Jean Alberttomba malade et mourut.

En 1473, Etienne le Grand profita de ceque le sultan Mahomed II était engagé enMésopotamie contre Uzun Hassan, pourchasser Radu le Beau de Valachie, inféodéaux Turcs et le remplacer par un prince loyalau Pays roumain. Radu s'enfuit chez sesamis, abandonnant ses trésors les plus pré-cieux : ses coffres d'or, sa femme et sa filleMaria Voïchitza, qui épousera quelquesannées plus tard son ravisseur.

A Vaslui, vainqueur à 50 000 contre 120 000 Turcs

Mais le plus grand fait d'armes d'Etiennele Grand demeure la bataille de Vaslui (10janvier 1475). Quarante mille soldats mol-daves, la fleur des villages et des bourgs,

hauts bonnets de fourrure, cheveux longs, yeux de feu, avecpour toute arme leurs outils de travail aidés par 9000 Secui(Hongrois) et 2000 Polonais firent face aux 120 000 janissaireset spahis de l'armée du pacha Soliman, envoyée par le sultanMohamed II. (lire page suivante).

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2210

Actualité

Une réunion discrète des dirigeants régionaux du PSD (Parti Social-Démocrate) s'est tenue à la mi-avril à Iasi pour fixer les "cotisations" quedoivent verser à leur formation les candidats à une fonction de maire ou

de parlementaire dans la région de Moldavie, pour obtenir une place éligible. Cetterencontre, conduite par l'organisateur de la campagne électorale du PSD, l'ancienministre de l'Intérieur Octav Cozmanca, s'est tenue, bien entendu, loin des oreillesindiscrètes… ce qui n'a pas empêché un journaliste de "Romania Libera" de s'y glis-ser et d'apprendre le montant des sommes demandées.

Ainsi, un candidat maire d'une ville rurale moyenne de cette région, dont l'éti-quette PSD lui donne de bonnes chances d'être élu, doit-il débourser de 10 000 à 30000 € (65 000 à 200 000 F), suivant la taille de la commune, pour recevoir l'investi-ture, contribution passant à 50 000 € (330 000 F) pour une commune plus grande etplus riche, et entre 40 000 à 75 000 € (260 000 à 500 000 F) pour un "oras" ou un"municipiu" (statut de ville). Le chiffre concernant les capitales de Judet a été tenusecret.

Les candidats à un poste de conseiller municipal sont également taxés, suivantleur position sur la liste, et doivent verser leur obole directement au candidat maire deleur formation, pour payer les frais de campagne. Quand à un poste de député ou séna-teur, pour obtenir une place lui assurant l'élection, le candidat doit apporter150 000 € (1 MF)… soit le double d'il y a quatre ans. D'après le reporter de"Romania Libera", ces chiffres sont approximatifs et sujet à négociation.

Cette pratique n'est pas propre au PSD, chaque grand parti l'utilise, la justifiantpar la nécessité de couvrir ses frais de fonctionnement. Mais elle constitue un des fon-dements de la corruption des hommes politiques roumains, lesquels gagnent men-suellement 300 € (2000 F) s'ils sont maires d'une ville moyenne (10 000 habitants),et un peu plus de 1000 € pour les parlementaires, montant très modeste qui les metdans l'impossibilité de rembourser les sommes empruntées pour devenir éligibles. Illeur faut donc trouver d'autres moyens pour satisfaire leurs riches créanciers… sans-doute pas fâchés d'avoir à leur disposition des élus redevables, avec lesquels on peutimaginer que des arrangements sont trouvés avant même leur élection…

Le service militaireobligatoire éliminé d'ici 2007

D'ici 2007, date prévue de l'inté-gration de la Roumanie dans l'UnionEuropéenne, le service militaire obli-gatoire devrait être supprimé. Lepays se dirigerait alors vers unearmée de métier, basée sur le volon-tariat. Plusieurs évolutions avaienttout d'abord été proposées avantd'être rejetées avec véhémence :laisser au jeune appelé le choix entrel'accomplissement de son servicemilitaire ou celui d'un travail d'intérêtpublic…ou encore la possibilité, pourles plus fortunés, de verser 37,5 mil-lions de lei (environ 1000 €) soit 15fois le montant d'un salaire roumainmoyen. Pour ceux qui désirent quandmême effectuer un service militaire,celui-ci devrait être réduit de 12 à 9mois. L'obligation serait néanmoinsrétablie en cas de situation excep-tionnelle comme une guerre.

Parallèlement, la démilitarisationde la police des frontières, de la gen-darmerie, des pompiers et de la pro-tection civile devrait se poursuivre

Politique "Cotisations" entre 10 000et 150 000 € pour devenir

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTA

CRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

BRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVA

CLUJ

CERNAVODA

HUNEDOARA

Refondé en 2000, l'Ordre de l'"Etoile deRoumanie" ("Steaua României"), la plus presti-gieuse distinction roumaine, qui peut être remi-

se à 3650 personnes, au maximum, civiles ou militaires, aété décerné à 900 reprises par le Président Iliescu, qui en estle grand maître. Il comprend six grades, dans l'ordre crois-sant: Chevalier, Officier, Commandeur, Grand Officier,Grande Croix et Cordon. Ce dernier n'a encore été remis àaucun Roumain, la loi le limitant à dix attributions, mais nefixant aucun seuil pour les étrangers, 47 l'ayant déjà reçu.Parmi eux, le président de la Pologne et le directeur du FBI,Louis Freeh, fait commandeur en 2001. Il existe 33 autresordres et distinctions en Roumanie, le plus important étant

la Médaille du Travail et du Mérite (Serviciu Credincios si Pentru Merit). Suivent lescroix commémoratives, puis les décoration spécifiques aux domaines d'activité :Mérite sportif, Vertu militaire, Mérite diplomatique, lequel remplace l'Ordre NicolaeTitulescu, du nom plus important et très francophile ministre des Affaires étrangèresroumain de l'Entre Deux Guerres, également président de la Société des Nations.

L'Etoile de Roumanie, une décoration enviée

L'administration fiscale a révéléqu'en 2003, la moyenne des sanc-tions financières prises à l'égard dechaque fraudeur était de l'ordre de2000 € (13 000 F), chacun de sesinspecteurs ayant rapporté à l'Etat240 000 € (1,2 MF). Le plus fin limierdu fisc se trouve dans le judet deHunedoara, où un inspecteur adressé des contraventions pour unmontant de 2 M€ (13 MF), suivi parun collègue de Constantsa (1,2 M€,8 MF).

Des inspecteurs dufisc qui rapportent

maire ou député en Moldavie

Après chaque bataille gagnée, Etienne le Grand faisait construire une église ou un

monastère, au total, près d’une quarantaine.

Le monastère de Putna, où repose Etienne la Grand aux côtés de sa seconde femme, la princesse byzantine Maria

de Mangop, et où le 2 juillet, le Patriarche Teoctist célébrera la messe du 500ème anniversaire de sa mort, le 2 juillet 1504.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2242

Connaissance eet ddécouverte

Le deux juillet, la Roumaniecélèbre avec faste le cinq centiè-me anniversaire de la mort de

Stefan Voda, plus connu sous le nom deStefan cel Mare (Etienne Le Grand), surve-nue à l'âge présumé de 67 ans. Ce voïvode,qui a régné sur la Moldavie pendant 47 ans,de 1457 à 1504, a écrit les pages les plus glo-rieuses de l'histoire médiévale desRoumains, marquant le point culminant deleur lutte pour l'indépendance.

Montrant d'évidentes qualités diploma-tiques, Etienne le Grand a toujours évité decombattre deux puissances importantes à lafois, alternant les relations de paix et conflic-tuelles devant les appétits grandissants deses redoutables voisins, Polonais, Hongrois,Turcs, qui lorgnaient les richesses moldaves.Sur le plan intérieur, il a su instaurer un équi-libre entre les différentes composantes

sociales de la province, mettant un terme aux rivalités entre boyards (propriétaires ter-riens), renforçant ainsi son pouvoir.

Son règne peut se diviser en trois époques. La première, entre 1457 et 1473 secaractérise par le renforcement de ses prérogatives et sa lutte pour l'indépendance dela Moldavie vis à vis de la Pologne et de la Hongrie. La seconde, de 1473 à 1486, estcelle des grandes confrontations avec l'Empire ottoman. La troisième, de 1486 à 1504,marquera une nouvelle orientation de sa politique. Ne pouvant compter sur l'aide del'Occident dans son combat contre les Turcs, il pactisera avec eux, acceptant de leurpayer un tribut, obtenant en échange la liberté de la Moldavie, mais enrayant leurvolonté d'expansion. En même temps, il s'alliera à la Hongrie pour contrer les viséespolonaises sur sa province.

Une église ou un monastère construits après chaque bataille

"O, grand homme digne d'admiration, en rien inférieur aux héroïques princesqu'on admire tant : de nos jours, lui, il est le premier entre tous les princes du mondequi aient remporté sur les Turcs une si éclatante victoire (NDLR : il s'agit de labataille de Vaslui en 1475). A juste raison je le considère comme le plus digne d'êtrenommé le chef suprême et le commandant contre les Turcs par un conseil et un accordde tous les chrétiens du monde puisque d'autres rois et princes catholiques sont plutôtenclins vers la paresse, vers les plaisirs ou les guerres civiles."… ainsi écrivait JanDlugosz, historien polonais (1415 - 1480, Historiae Poloniae).

Qui est donc cet homme auquel "les ennemis n'épargnaient pas leurs éloges" ? UnRoi Soleil de Moldavie ? Un guerrier "fier, adroit et invincible" (Antonio Bonfini,1454-1503, historiographe de Mathieu Corvin) ? "Un sage vénéré par son peuple"prêt à toujours veiller, l'épée à la main, aux frontières de son pays (Mathieu deMurano) ? "L'Athlète de Christ" (le Pape Sixte IV) ? Un "deuxième Alexandre leGrand" (Hustinskaia Letopis) ? "L'icône la plus claire et la plus concrète de l'âmeroumaine" (Nicolae Iorga, 1871 - 1940) ?

Histoire La Roumanie célèbrele 500ème anniversaire de la mort

d'un monument de son Histoire

Roi très pieux, Etienne le Grandn'était pas pour autant insensible auxplaisirs terrestres et aux charmesdes femmes, bien sûr très belles.Une certaine Maruschka lui donna unfils, Alexandre. Fut-elle sa femmelégitime ? L'histoire ne nous l'ap-prend pas. Son nom apparaît dansune litanie auprès des noms de sesautres femmes.

En 1463, six ans après son avè-nement au trône de Moldavie,Etienne le Grand prit en nocesEvdochia, sœur du prince Siméon deKiev, vassal du roi de Pologne. Ilseurent deux fils (morts en bas âge)et une fille, Hélène. Quatre ans plustard, Evdochia mourait. Une princes-se byzantine, Maria Comnène deMangop la remplaça en 1472 mais,une fois de plus, le temps se montraavare et en 1477, la princesse loin-taine descendante de l'empire deByzance, disparaissait sans laisserd'enfants. Elle fut enterrée dans lemonastère de Putna, fondé par levoïvode, là où, plus tard, il allaitreposer aussi.

A la cour princière de Suceava,une beauté sans égal fleurissait : lapetite prisonnière Maria Voïchitza ,digne héritière de la beauté de sonpère, éblouit Etienne le Grand. Ilavait 45 ans, elle en avait 20. En1480 ils se marièrent et seule la mortdu voïvode vingt-quatre ans plustard, les sépara. C'était le 2 juillet1504. Ils eurent deux enfants : unefille et un fils, Bogdan le Borgne quilui succéda sur le trône. Sa fille,Maria, lui donna un petit-fils, PetruRares qui fut le plus important voïvo-de moldave du XVIème siècle(1527-38, 1541-46).

Pieux et amateur de plaisirs terrestres

Président roumainPour la première fois, la Chambre de

Commerce et d'Industrie française enRoumanie a porté à sa tête un Roumain.Le nouveau président, Dan Bedros, 60ans, élu pour deux ans et prenant la suc-cession du Français Christian Estève(Renault-Dacia), est Pdg d'Alcatel-Roumanie qui emploie 750 personnes,dont 89 % ont une formation supérieureet 400 sont ingénieurs informaticiens. Ilest issu de l'Ecole Polytechnique deTimisoara. Dan Bedros a été fait cheva-lier de la Légion d'honneur en 2002.

Contingents

L'UE a fixé les nouveaux contingentsannuels de produits alimentaires que laRoumanie peut exporter sans qu'ils soient

taxés par des droits de douane. Il s'agit de la viande de volailles

(9000 tonnes), de porc (15 625 t), debœuf (4000 t), des préparations de viandede porc (2125 t), de volaille (1200 t), debœuf (500 t), de fromages (2800 t), de laiten poudre (1500 t), de yaourts (1000 t),de blé (230 000 t), de maïs (149 000 t),d'orge (89 000 t), d'avoine (7000 t), deconcombres (3000 t), de farine (18 000 t),de vin (345 000 hl).

Quatre Airbus pour Tarom

Tarom a signé un contrat pour l'achatde quatre Airbus A 318 qui seront livrésen 2006-2007, après la restructuration etle redressement attendu de la compagnienationale roumaine, laquelle a enregistrédes pertes importantes, l'an passé, et se

redéploie, abandonnant ses lignes trans-continentales, pour se consacrer à desvols à l'intérieur de l'Europe. Les quatreavions seront payés grâce à un empruntde Tarom, garanti par l'Etat, et par unesubvention du ministère des Transports.Malev, la compagnie hongroise, a achetérécemment dix Airbus similaires.

Réserves de sept milliards d'euros

Les réserves de la Banque Nationalede Roumanie s'élevaient à 7 milliardsd'euros (45 milliards de F) fin mars 2004,en diminution d'un milliard à la suite dela baisse du prix de l'or, dont la BNRpossède 105 tonnes. D'ici la fin del'année, la dette publique externe du paysdevrait baisser de la même somme.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2211

Actualité

Les autorités roumaines ont décidé de ne retenir quela seule candidature de la compagnie autrichienneOMV pour la privatisation de la Société Nationale

de Pétrole Petrom. La vente se serait faite autour d'un milliardd'euros et le contrat devrait être signé fin juillet. OMV acquiertun tiers du capital de la compagnie roumaine, mais par le biaisd'une augmentation de capital, en détiendra ultérieurement51%. La candidature autrichienne a été retenue car, aux yeuxdu gouvernement roumain, elle offrait l'avantage de reprendreintégralement la compagnie nationale, dans sa structure actuel-le, proposait un prix d'achat jugé correct et garantissait unepolitique de développement avec promesse de gros investisse-ments à venir.

Deux compagnies ont été écartées : MOL (Hongrie), quienvisageait un partenariat avec échanges d'actions, mais main-tient toutefois sa candidature en cas d'échec des ultimes négo-ciations avec OMV, et l'Américain Occidental Oil § GasHolding, lequel était surtout intéressé par l'achat des stationsservices de Petrom. Les Roumains s'attendent à voir le prix del'essence monter en flèche après cette privatisation, le litre desuper valant 0,6 € (4 F) dans leur pays contre plus d'un euroen Europe occidentale. En Roumanie, le prix de la tonne decarburant à la pompe par rapport à celui de la tonne de pétroleà la production est inférieur de 130 € à la différence enregis-trée dans les pays de l'UE.

6 millions de tonnes de pétrole extraites chaque année en Roumanie

Plus grande compagnie roumaine (il en existe une autre,Rompetrol appartenant au groupe roumain Patriciu dans lequelOMV détient déjà un quart du capital, ce qui va poser des pro-

blèmes de libreconcurrence),Petrom est pra-tiquement laseule a extrairedu pétrole enR o u m a n i e ,avec six mil-lions de tonnespar année. Ellepossède deux raffineries, à Pitesti et Ploiesti, détient desconcessions de prospection et exploitation dans plusieurs payset dans la Mer Noire et exploite plus de 600 stations services.

La compagnie emploie 57 000 personnes après en avoirexternalisé 22 000 vers des sociétés autonomes, lors de sarestructuration, entre 2001 et 2003. L'an passé, son chiffred'affaires était de 2 milliards d'euros (13 milliards de F) et sonprofit net de 38 M€ (260 MF).

L'autrichien OMV est en fait contrôlé par un fonds d'in-vestissements d'Abu-Dhabi. Il est leader de la distribution decarburant en Europe centrale, étant présent dans douze pays. Ilpossède des raffineries et des contrats de prospection dansseize pays et est également impliqué dans le secteur pétrochi-mique. La compagnie compte 6200 employés, a réalisé unchiffre d'affaires de 7,6 milliards d'euros (48 milliards de F) en2003, dégageant un profit net de 322 M€ (2,1 milliards deF)… s'assurant une rentabilité (rapport nombre d'employés/bénéfice net) près de cent fois supérieure à celle de Petrom.

Présent depuis 1998 en Roumanie, OMV y détient unesoixantaine de stations services. Il ambitionne de doubler saproduction de pétrole d'ici 2008, pour atteindre 160 000barils/jour.

Etienne le Grand, voïvode moldave,"Athlète du Christ"contre les Turcs

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A savoir

Economie OMV seul en piste pour racheter Petrom

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2241

Connaissance eet ddécouverte

Son nom, sa voix sont familiers à tous les Français etSuisses qui s'intéressent à la Roumanie. Journalisteindépendant, Mirel Bran signe régulièrement des

articles dans l'hebdomadaire "Le Point" oule quotidien "Le Temps" de Genève. Il assu-re également des chroniques sur FranceInter et la Radio Suisse Romande, ainsi quesur des radios anglaises. Mais cet Oltène de39 ans, qui partage sa vie entre Bucarest etLondres, où réside sa femme - roumainecomme lui et journaliste à la section rou-maine de la BBC - est surtout connu commecorrespondant permanent du journal "LeMonde", en Roumanie, ce qui lui occasion-ne des passages fréquents à Paris.

Mirel Bran, chargé également par lequotidien parisien de superviser l'actualitébulgare, moldave et, éventuellement, hon-groise, a pris en 1998 la succession de soncompatriote Andrei Neacsu, lequel n'a étéque quelques mois en fonction. "LeMonde" qui vient de créer un poste de journaliste à tempsplein en Pologne - le premier dans les ex satellites de l'URSS- confié à Christophe Châtelot, n'est présent physiquement enRoumanie que depuis la "Révolution" de décembre 1989.Jusque là, faute d'accréditation par les autorités communistes,l'actualité roumaine était suivie de Paris. Jean-Baptiste Naudeta été son premier correspondant permanent, ChristopheChâtelot lui succédant.

Dur de parler sans fard de son pays…

Le poste est doublement exposé pour un Roumain. Leslecteurs français attendent de lui, non seulement une écritureparfaite, mais aussi et surtout un traitement de l'informationqui doit échapper à la tentation de concessions que pourraientlui inspirer ses origines.

Le plus difficile est cependant d'affronter les réactions deses compatriotes, à l'orgueil national très chatouilleux lorsquel'image de leur pays est en cause. Journal prestigieux, "LeMonde" l'est encore plus en Roumanie du fait de sa profondefrancophonie. Dès leur parution, les articles de Mirel Bran sontimmanquablement repris et commentés dans l'ensemble de lapresse roumaine. Bien qu'ils se bornent à reproduire et à expli-quer les réalités du pays, sans esprit partisan, ni polémiques,dans une optique tout à fait professionnelle, ils déclenchentparfois des tempêtes, provoquent l'indignation outragée dupouvoir.

Considéré par certains esprits étroits comme "le vilainpetit canard" ou pire… suspecté d'être un "mauvais patriote",le journaliste doit faire face aux pressions. Ce serait mal leconnaître que d'imaginer qu'il puisse renoncer. Une enquêtesur des trafics à la frontière roumano-serbe, du temps de l'em-bargo, impliquant un homme d'affaires douteux franco-rou-

main et touchant, par ricochet, le financement de la campagneélectorale de Ion Iliescu, lui a valu un procès en diffamation…qu'il a gagné. En 2002, un article mettant en cause les pra-

tiques d'un des plus importants ministres dugouvernement d'Adrian Nastase, SerbanMihailescu, dont il dévoilait le surnomrévélateur, "Mickey le backchish", provo-quait la colère des autorités… mais aucunespoursuites. En octobre dernier, SerbanMihailescu a dû démissionner en compa-gnie de deux autres ministres, accusés demalversations.

Heureusement, dans ces conflits qu'ildoit assumer seul sur place et qui sontautant d'épreuves, Mirel Bran dispose d'unsolide atout : la confiance et le soutien sansfaille de sa rédaction. Pour ne pas jeter del'huile sur le feu, le journaliste a par ailleursadopté un comportement discret, en harmo-nie avec son propre tempérament, se refu-sant de céder aux nombreuses sollicitations

dont le correspondant du Monde est l'objet, pour participer àdes débats télévisés, des tribunes dans les journaux…

"La réalité est aussi riche et passionnante qu'un roman de fiction"

Comme beaucoup de Roumains, Mirel Bran est passé parla lecture de "Pif Gadget" pour apprendre le français, maisaussi par un professeur qui avait vécu en France. Jeunehomme, il rêvait de peinture et avait suivi l'école des Beaux-arts de Bucarest. Il enseignait la philosophie depuis six mois,quand la "Révolution" de décembre 1989 le transforma enmilitant de la démocratie. "Je voulais tellement que çà chan-ge" se souvient-il aujourd'hui ; mais sa déception fût à lamesure de l'espoir : "Je me rendais compte qu'on faisait dusurplace; je voulais apprendre et voir le monde".

En 1991, alors qu'il n'avait pas précisément envisagé unecarrière de journaliste, bien qu'ambitionnant d'écrire, MirelBran passa, un peu par hasard, le concours de recrutementorganisé à Bucarest par l'Ecole supérieure de journalisme deLille, considérée comme l'une des meilleures d'Europe.Admis, il découvrit enfin le monde occidental, mais aussi lerythme très dur des études et fût frappé par le niveau médiocrede culture générale des étudiants français.

Après l'obtention de son diplôme, les études s'enchaînè-rent : un DEA en sciences de l'information, une thèse sur lesmédias de Roumanie, passée en 1998. Des piges et correspon-dances pour des journaux suisses, puis pour "Le Point", à par-tir de 1996, lui assurèrent à la fois subsistance et une ported'entrée dans la presse occidentale. Fasciné par son métier,Mirel Bran confie volontiers : "Etre journaliste m'a fait redes-cendre sur terre. Je me suis rendu compte que la réalité estaussi riche et passionnante qu'un roman de fiction".

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2212

Actualité

Renault gardait le secret tant bien que mal depuis trois ans sur son projet devoiture à 5000 € (33 000 F), produite par Dacia, à Pitesti,sous le nom decode de “X 90”, mais le constructeur vient enfin de lever le voile sur ce

véhicule "le moins cher du monde", le présentant début juin à Paris et Bucarest. Ainsi,un demi-siècle après la Coccinelle, la 2 CV, la Fiat 500 et la Renault 4 des annéesd'après-guerre, voici la Logan, automobile bon marché pour pays émergents.

"Le projet est simple, inspiré des vieilles marmites dans lesquelles on fait lesmeilleures soupes" commente "Libération". "On choisit les pièces les plus solides deplusieurs modèles de la marque, on les assemble, on réduit au minimum le design, leséquipements et les coûts de fabrication (grâce au faibles salaires des ouvriers rou-mains)… et le tour estjoué".

Le pari de la Loganrevêt une importancestratégique décisivepour Renault, 7èmeconstructeur mondialavec 4,1 % des parts demarché, derrière, dansl'ordre, Général Motors,Toyota et Ford.Véhicule populaire etéconomique, doté d'ungrand coffre pour lerendre utilitaire, il doit correspondre aux aspirations de dizaines de millions de gensqui accèdent à l'économie de marché, à travers le monde. Fiat s'y était risqué, avec la"Palio", mais trop chère, la voiture avait été fuie par les plus pauvres, alors que lesclasses moyennes optaient pour des standards supérieurs.

A 5000 €, prix qui est davantage un slogan de communication qu'une réalité,puisque 10 % de la production seulement (et uniquement en Roumanie) seraconcernée par ce montant qui pourra atteindre 8000 €, selon les pays et leur fiscalité,la Logan aura un coût inférieur à la Matiz de Daewoo ou à la Fiat Seicento, la Kia Rio,la Hyundai Accent.

Chez Renault, on présente le défi de la façon suivante : "Au départ, il s'agissaitde remplacer la Dacia. C'est ensuite que l'opportunité de produire en Iran a fait grim-per les volumes de fabrication. On ne pensait même pas à la Russie, dont on imagi-nait qu'elle se développerait plus vite. Maintenant, ce sont les Chinois qui sont inté-ressés. La Logan, moderne et peu chère, est devenue mondiale par elle-même", avantde rajouter "On a réussi à faire une vraie voiture, qui n'est pas une sous-voiture et quirespecte tous les standards européens", pour conclure "Cette voiture de l'impossibleest la voiture de l'exploit ".

Pour augmenter ses chances, la Logan sera produite ou assemblée dans cinqusines à travers le monde : en Roumanie, où elle sera mise en vente dès l'automne, enIran, en Russie, au Maroc et en Colombie.

Le PDG de Renault. LouisSchweitzer avait décidé lui-même laréalisation d’ un modèle de voitureéconomique pour pays émergents en1998, un an avant de prendre lecontrôle de Dacia. Dans un premiertemps, Renault a investi 100 M€ puisa rajouté 200 M€ (1,3 milliard de F)pour développer le projet Logan.

En annonçant l'objectif de 5000 €,qui ne concernera que 10 % desvéhicules, Louis Schweitzer a voulumettre sous pression l'ingénierie deRenault "afin qu'elle recentre sesrêves", refusant toujours de rallongerle budget. D'où un design parcimo-nieux, des vitres plates, une planchemonobloc pour le tableau de bord,une ligne conçue pour limiter lescoûts d'emboutissage.

Autre facteur d'économie, le recy-clage des pièces existantes. Le trainavant de la Logan est celui de laClio, le train arrière provient de laModus. Ses moteurs (1,4 l et 1,6 l)équipent déjà la Clio et la Mégane,tout comme la boite de vitesse. Etplusieurs pièces du cockpit sontissues de la Clio ou de l'Espace.L'équipement a été réduit au mini-mum sur la version de base : pas declimatisation, pas de vitres élec-triques et de verrouillage central, nide direction assistée. "Juste lenécessaire" dit-on chez Renault.

Mais c'est oublier l'indispensable :des coûts de production hors deportée de la France, avec un salairemoyen mensuel de 150 € (1000 F) etla réduction par deux du nombred'ouvriers de l'usine de Pitesti, passéde 28 000 à moins de 14 000, depuisl'arrivée du constructeur français.

Renault Dacia a présenté son modèle le moins cher du monde

Economie

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Mirel Bran : la signature du "Monde" en Roumanie"Logan", la voiture à 5000 €

Les raisons d’un “miracle”

ZALAU

Médias

Voici les principales caractéristiquesde la Logan :

Longueur : 4,26 mLargeur : 1,70 mHauteur : 1,50 mCinq vitesses manuelles

Moteur : 1,6 litres (1598 cm3)Puissance : 90 chevauxCoffre : 500 litresVitesse maximum : 175 km/hConsommation annoncée : 6,5 litres

au 100 km sur route, 8,7 litres en ville.

175 km/h et 6,5 litres aux 100 km

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2240

Connaissance eet ddécouverte

Médias

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2213

Actualité

Le ministère de la DéfenseNationale organise des cours decorrespondants de guerre pour lesjournalistes roumains accréditésauprès de lui et appelés à intervenirdans les zones de conflits et sur lethéâtre des opérations militaires.Cette formation, inspirée de l'arméebelge, se déroule à Bucarest et dansun bataillon de chasseurs alpins, àPredeal (Brasov).

Les journalistes sont instruits surles facteurs de risque, les armes, lesmunitions, les mines anti-person-nelles, les mesures de protection, lespremiers soins d'urgence. Ils partici-pent aussi à des activités d'orienta-tion sur le terrain, de jour et de nuit,ainsi qu'à des séances de tir à l'armeautomatique.

Selon le ministère, cette initiativea pour but de diminuer le nombre dejournalistes tués sur le terrain, plusd'un millier dans le monde depuis dixans. La Roumanie qui n'avait jamaisété en guerre depuis 1945 participedésormais à trois conflits (Kosovo,Afghanistan, Irak) et cette situationrisque de s'aggraver avec son entréedans l'OTAN, augmentant le nombred'envoyés spéciaux sur place desmédias roumains.

Cette subite sollicitude du ministrede la Défense a surpris les journa-listes, habitués à être malmenés ouagressés. L'an passé, Ioan MirceaPascu, excédé par les révélations dela presse sur les scandales touchantle pouvoir, les avait avertis d'unemanière à peine ambiguë :"Attention, la vie se révèle parfoisplus courte qu'on ne le pense".

L'armée forme les correspondants de guerre

L'histoire de Dacia remonte à38 ans. Un an après sonarrivée au pouvoir, en 1966,

Ceausescu avait pris la décision surpre-nante de faire appel à l'industrie automo-bile capitaliste pour fabriquer annuelle-ment 40 000 exemplaires d'une voiture demoyenne cylindrée (1000-1300 cm3).Peugeot, Fiat, Alfa Roméo, Austinétaient sur les rangs, mais c'est Renaultl'emporta avec la R8.

Dacia 1100: le premier modèle pro-duit à l'usine Colibasi de Pitesti fût laDacia 1100, dont la production fût lancéele 3 août 1968. Sa vitesse maximum était

de 133 km/h et sa consommationde 6,8 l aux 100 km. Peu deRoumains ont pu faire son acquisi-tion, mais cette voiture équipait lapolice et la Securitate. Son premierexemplaire fût remis au"Conducator".

Dacia 1300: sa fabrication acommencé un an plus tard, en août 1969,avec des pièces importées de France,mais elle fût considérée comme la pre-mière voiture vraiment roumaine et labase de la gamme Dacia. Un peu plustard, est née la Dacia 1301, destinée auxservices de l'Etat, puis la Dacia 2000,copie de la Renault 20, réservée à lanomenklatura.

Trois nouvelles variantes virent lejour, à partir de 1979. La Dacia Sport, enfait la Dacia 1300 restylisée, atteignant150 km/h, la Dacia 1310, fonctionnant auméthanol et la Dacia 500 - Lastun, quin'avait rien à voir avec l'usine de Pitesti,

construite par Tehnometal de Timisoara.Ce dernier modèle correspondait au vœude Ceausescu qui voulait une voiture àusage urbain pour 2 + 2 personnes, à lavitesse limitée à 70 km/h (mais en faitelle atteindra 100 km/h), consommant 2-3 litres au 100 km et à la carrosserie enmatière synthétique… en fait l'ancêtre dela Smart ou la sœur de la Trabant. Maiscette voiture n'eut pas de succès et safabrication fût arrêtée en 1989.

Dacia Nova: lancée en 1995, cettevoiture est la première Dacia 100 % rou-maine. Elle atteint 160 km/h et consom-me 6,7 litres au 100 km.

Dacia SuperNova: lancée en 2000,elle concrétise le retour de Renault quil'équipe du moteur et de la boîte de vites-se de la Clio.

Dacia Solenza: le dernier modèleavant la Logan, lancé en 2003 dans 7 ver-sions différentes, avec un design qui ladémarque de la R 9.

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVACLUJ

SIGHISOARA

BISTRITA

Quand "Le Monde" circulait sous le manteau,

Pif-Gadget a été la seule revue occidentale à pouvoir être diffusée sur abon-nement en Roumanie, après les années 70. Ce "privilège" avait aussi unecontrepartie commerciale. La revue, émanation du Parti Communiste

Français mais sans aucun contenu idéologique, se faisait payer les nombreux abonne-ments souscrits par les Roumains en étant imprimée totalement et à moindre coût àCraïova. Dans les années 60-70, on trouvait également dans certains kiosques"L'Humanité" mais, au fil des années, les Roumains s'en sont désintéressés, n'accor-dant guère de crédit aux "camarades" français qui encensaient le régime qu'ils endu-raient (Georges Marchais était venu passer ses vacances sur un yacht mis à sa dispo-sition par Ceausescu).

En vente libre, le temps du "printemps de Ceausescu"

Plus étonnant, entre 1965 et 1970, il était possible de trouver en vente libre "LeMonde", "L'Express", "Paris Match", ainsi que des revues et journaux anglo-saxons à la Gare du Nord et dans les grands hôtels. Cette courte période correspondau vent de libéralisation que Ceausescu a fait souffler pendant deux ou trois ans, lorsde son arrivée au pouvoir. Le dictateur avait même fait cesser le brouillage des radiosétrangères, dont "Radio Free Europe" et "Voice of America". Mais elle s'arrêta viteavec le "Printemps de Prague" et le durcissement du régime, à la suite du voyage du"Conducator" en Corée du Nord, puis dans la Chine de Mao, en juillet 1971.

Pourtant, quelques rares Roumains ont continué à recevoir tout à fait légalement"Le Monde" ou "Paris Match" - celui-ci très recherché - alors que l'ensemble de lapresse occidentale, même communiste, était proscrit. Il suffisait qu'un parent vivant àl'étranger ou parti en coopération - en Algérie par exemple où les Roumains étaientnombreux - abonne les siens. Mais en faisant cette démarche, il savait qu'il les rendaitimmédiatement suspects, ainsi que lui-même, aux yeux de la Securitate qui les mettaitsous surveillance. Au départ de l'abonnement, les numéros arrivaient très irrégulière-ment, espacés, certains manquant, signe d'une mauvaise volonté évidente. Mais il suf-fisait que l'abonné - ou celui qui avait passé la commande - proteste par lettre auprèsde l'Union Postale Universelle, à laquelle appartient la Roumanie, pour que la distri-bution normale du courrier soit rétablie et que les journaux arrivent ensuite normale-ment. Il en coûtait 30 $ d'amende par courrier recommandé non distribué au pays fau-tif. En outre il aggravait la mauvaise réputation dont était déjà affublé le pays.

Parfois avec deux ou trois ans de retard

Commençait alors la diffusion clandestine du journal, circulant de mains enmains, sous le manteau, à la manière des samizdats, son propriétaire et les lecteurs sui-vants prenant toutes les précautions car ils risquaient alors la prison pour "diffusiond'informations nuisant à l'intérêt national". De véritables réseaux se mettaient enplace. Dans le meilleur cas, on disposait d'une semaine pour sa lecture, mais le plussouvent il fallait le remettre à quelqu'un d'autre dès le lendemain. Il arrivait qu'on nerécupère un exemplaire que deux ou trois ans plus tard, mais cela avait peu d'impor-tance, tant on était content d'en disposer.

Pour les Roumains, il s'agissait bien sûr, de disposer de nouvelles crédibles maisaussi de lire directement en français ou en anglais original, puisque l'importation delivres était également interdite et que l'on ne trouvait que des traductions, parfoisexpurgées. "Le Monde" était le journal le plus apprécié, le français étant alors domi-nant en Roumanie, pour son sérieux mais aussi parce que, contrairement aux journauxanglo-saxons, ses colonnes contenaient très peu de publicité à laquelle les Roumainsétaient rétifs, n'y étant pas habitués.

Les premiers modèles de la Logan seront disponiblesen Roumanie dès la rentrée, Renault-Dacia espéranten vendre 13 000 exemplaires d'ici la fin de l'année,

puis 250 000 dès 2005 (Dacia a produit 73 000 véhicules en2003). A terme, 200 000 exem-plaires seront fabriqués à Pitestiainsi que 150 000 kits destinés auxusines de montage de Russie (60000 unités), du Maroc (30 000),d'Iran (300 000, avec une produc-tion interne), de Colombie (16000)."A l'horizon 2010, les ventesse situeront à 700 000 exemplaires,soit l'équivalent de la Mégane et unpetit cinquième des ventes du grou-pe" prédit Louis Schweitzer, le Pdgde Renault qui précise que le nomde cette dernière née a été choisiparce qu'il est compréhensible dans toutes les langues de cir-culation internationale. Mais le projet du constructeur inclutégalement la Chine qui se montre intéressée.

La voiture à 5000 € (33 000 F) ne sera vendue à ce prixqu'en Roumanie, et encore seulement à la fin 2005, lorsque laSolenza (3400 €, 22 000 F), autre véhicule du groupe, seraretirée de la vente. Finalement, le modèle de base, sans clima-

tisation, fermeture centralisée des portes, vitres électriques,direction assistée, ne représentera que 10 % de sa commercia-lisation. Il pourra atteindre et dépasser les 8000 € (53 000 F)avec les options.

Dans certains pays d'EuropeCentrale, où les règlements com-munautaires s'appliquent, la Loganbasique sera équipée d'un airbag(800 €, 5000 F) et, dès 2006, d'unABS, devenu obligatoire. EnTurquie, elle coûtera au moins 8000€, en Russie, 7000 € (46 000 F), enIran, 6000 € (39 000 F), car il fautcompter aussi avec la fiscalité deces pays.

En Roumanie et en EuropeCentrale, où Renault est déjà pré-sent avec une part de marché de 10-

11 %, en Turquie, au Maghreb et au Moyen-Orient, la Loganroulera sous les couleurs de Dacia, afin de la dissocier du stan-dard de Renault, car elle ne fera que trois étoiles aux tests desécurité, alors que la norme de la firme française tend vers lescinq étoiles. Ailleurs, où il est peu implanté mais où son nomest connu (Russie, Iran, Colombie), la production portera lenom de la marque Renault.

En 1966, Ceausescu prend la décisionde faire appel à l'industrie capitaliste

Economie 700 000 exemplaires prévus en 2010, assemblés dans plusieurs usines de montage à travers le monde

La Dacia 500 - Lastun (martinet), un modèle peu connu, entre Trabant et Smart.

à la barbe de la Securitate, impuissante

Utilitaire, la Dacia accueille toutes sortes de passagers.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2239

Connaissance eet ddécouverte

Après une tournée dans les sta-tions balnéaires françaises pen-dant l'été 2002, Dalila

Cernatescu est devenue la coqueluche denombreux festivals. La jeune et très bellevirtuose roumaine de la flûte de pan avaitété découverte huit ans plus tôt à Vienne, oùelle jouait dans les rues de la capitale autri-chienne avec son père, par le président dufestival international de Montguyon, villedu département de la Vienne… française,celle-là. La jeune Dalila, alors âgée de 19 ans, parfois invitéesurprise et sans être annoncée dans les programmes officiels,médusait littéralement le public. Elle est revenue en Francel'an passé, mais cette fois-ci accompagnée par un orchestreprofessionnel.

Dalila Cernatescu a commencé à jouer de la flûte de pandès l'âge de quatre ans. Depuis, elle n'a jamais arrêté. Sous l'in-fluence de son père, qui est professeur de musique, elle aappris à jouer de cet instrument et a entamé une carrière excep-tionnelle. Elle a fait ses débuts à la télévision roumaine à cinqans. A neuf ans, la fillette était déjà une virtuose connue enAutriche, Grande Bretagne et Allemagne, sans oublier saRoumanie natale où elle est passée plus d'une centaine de foissur le petit écran. Son premier disque a été enregistré dans sonpays à dix ans.

La seule artiste à jouer les "Quatre saisons" de Vivaldi avec sa flûte de pan

A l'origine, Dalila Cernatescu jouait exclusivement des

musiques traditionnelles. Dès l'âge dedouze ans, elle interprétait des morceaux demusique classique, gagnant de nombreuxconcours nationaux et internationaux. En1996, elle représentait l'Allemagne auconcours de l'Eurovision en duo avecAngela Wield. Elle enregistra par la suite"Le printemps" de Vivaldi avec l'orchestresymphonique de Radio Bucarest. C'était lapremière fois que le morceau était interprétéà la flûte de pan. "Après avoir lu cinq fois la

partition, elle la connaissait par cœur" se rappelle fièrementson père. " C'était toujours mon désir de faire quelque chosed'unique" avoua-t-elle. C'est chose faite puisque, à ce jour, elleest la seule musicienne à jouer l'intégralité des "QuatreSaisons" avec son instrument.

De nombreux enregistrements suivront dans toutel'Europe, dans des genres aussi variés que musique tradition-nelle roumaine, classique, pop, jazz, etc. A la fin de ses étudesà l'Université Nationale de Musique de Bucarest (l'équivalentdu Conservatoire National Supérieur de Musique en France),Dalila Cernatescu deviendra musicienne professionnelle, touten obtenant un poste d'assistante dans cet établissement et enpréparant une thèse de doctorat sous la direction du recteur del'Université, Dan Buciu.

En 2001, une rencontre avec le guitariste Pedro Ibanezdonnera naissance à un nouveau CD, les deux artistes inaugu-rant un genre nouveau pour lequel il avait fallu tout créer : lespartitions musicales et même les flûtes capables de jouer lespièces qu'ils avaient prévues d'enregistrer. C'est le père deDalila qui fabrique ses flûtes. Elles sont uniques au monde !

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2214

Actualité

Le gouvernement a finalement arrêté ladate du 1er juillet pour le lancement duleu lourd. Ce projet était dans l'air du

temps depuis près de trois ans, mais il a falluattendre que l'inflation se calme aux alentours de 10% pour qu'il aboutisse. Dans un an donc, le leu per-dra quatre zéros et un leu lourd vaudra 10 000anciens lei, soit quatre lei pour un euro (un leu éga-lera 0,25 € ou 1,65 F). Cette réforme entraînera laréapparition des bani (un leu sera divisé en centbani). Leu lourd et anciens lei coexisteront jusqu'au31 décembre 2006, les prix devant être obligatoire-ment affichés dans les deux monnaies. Les ancienslei seront échangés jusqu'au 31 décembre 2009.

Le gouverneur de la Banque Nationale Roumaine, Mugur Isarescu veut voir danscette réforme monétaire un triple symbole : la fin de l'hyper inflation, de la transition,et une étape préparant pour les Roumains l'adoption ultérieure de l'euro.

Economie

Installée fin novembre à Ploiesti,au cœur de ce qui fût la plus richeréserve pétrolifère du VieuxContinent, la première centraleéolienne de Roumanie fonctionnedepuis janvier et dessert en énergieles sociétés du parc industriel de laville. D'une hauteur de 79 m,équipée d' un ordinateur de bord,elle est prévue pour fonctionner àdes vitesses de vent comprisesentre 1,8 m et 13 mètres/seconde etsa capacité est de 660 MWh.L'investissement a été de 680 000 €

(4,5 MF) et devrait être amorti entrois ans.

Un second projet, d'une capacitéde 26,7 MWh est en cours pouréquiper le port de Constantsa, l'éo-lienne étant installée sur une digue.Les pouvoirs publics estiment que lelittoral de la Mer Noire et sa plate-forme continentale recèlent unpotentiel important pour la produc-tion d'énergie éolienne.

Au niveau du pays, ces res-sources ont été estimées à une pro-duction annuelle de plus de 60TWh,permettant l'installation d'une puis-sance de 28 000 MW. En outre, lepays dispose déjà d'une expériencedans le domaine et plusieurssociétés roumaines ont des réfé-rences en matière de constructionde certains éléments d'éoliennes.

L'ambition du gouvernement rou-main est d'arriver à ce que les éner-gies renouvelables représententenviron 7 % de la consommationnationale brute d'énergie électrique,à l'horizon 2010.

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

HUNEDOARA

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEA

BUZAU

SUCEAVA

R. VÂLCEA PLOIESTI

CLUJ

Mise en service de la première éolienne roumaine

SF. GHEORGHESIBIU

VASLUI

ALBA IULIA

Variétés Dès l'âge de 5 ans, la fillette faisait ses débuts à la télévision roumaine

Concours de l'Eurovision : déception et élimination

Le leu lourd lancé le 1er juillet 2005

Les Roumains se sont montrés très déçus de la performance de leur représentante auconcours de l'Eurovision qui a terminé 18ème sur 20, ce qui élimine de facto laRoumanie de la prochaine édition qui se tiendra à Kiev. Les journaux se sont montrés

sévères avec l'interprète, Sanda Ladosi, qui "par aucun aspect n'a réussi à séduire le public, que cesoit par sa voix, laissant à désirer, ou même sa tenue de scène". La chanteuse n'a obtenu des pointsque dans les pays où les immigrés roumains nombreux se sont mobilisés, votant par téléphone - 10points de l'Espagne, 4 du Portugal, 3 de Chypre et un d'Israël - ce qui a fait dire à "Romania Libera"que "ce sont les capsunarii (ramasseurs de fraises) qui ont sauvé l'honneur du pays". Les téléspec-tateurs roumains auront pu se consoler en voyant triompher leurs voisins ukrainiens grâce à la chan-teuse Ruslana qui a interprété un air inspiré du folklore des Carpates.

Le nombre de Roumains disposant d'un télé-phone mobile était de 7 350 000, à Pâques,en augmentation de 500 000 depuis Noël et

de près de cinq millions sur trois ans, Orange étantl'opérateur le plus important devant Connex(Romtelecom). Un Roumain sur trois est donc équipéd'un portable. La téléphonie fixe est également endéveloppement, mais sur un rythme beaucoup plus

modéré. La Roumanie compte 4,3 millions d'abonnés, soit 400 000 de plus que voicideux ans, et espère avoisiner les 5 millions à la fin de l'année. Dan Nica, ministre ayanten charge ce secteur, a indiqué que son principal opérateur, Romtelecom, remplaceraittous les centrals encore manuels par des centrals automatiques d'ici la fin 2004.

Le taux d'équipement des foyers en téléphone fixe varie de 41 % à Bucarest à 26% dans le judet de Sibiu. 202 villages de Valcea (Râmnicu Valcea) n'on toujours pasle téléphone, 152 d'Hunedoara, 123 de Vaslui, mais un seul du Maramures (BaiaMare), trois de Covasna (Sfântu Gheorghe), quatre de Brasov. Plusieurs zones du paysne peuvent pas, non plus, capter les réseaux de téléphone mobile. C'est le cas dans lejudet de Buzau (132 localités), d'Alba (116) et de Vaslui (88).

Un Roumain sur troisdispose d'un téléphone mobile

L'Union Générale desIndustries Roumaines a cal-culé que l'Etat "met la main

dans la poche" du contribuable roumain à183 reprises, par le biais des diversimpôts, taxes, droits, permis, enregistre-ments, timbres, commissions, qu'il a ins-titués. Impôts et taxes, au nombre de 89,viennent en tête, suivis par les commis-sions, timbres, permis 70).

Il faut payer pour avoir le droitd'accès aux zones franches, consulter le

catalogue des programmes artistiques dela télévision, pour obtenir une accrédita-tion professionnelle…Les industrielsroumains soulignent que pour un salairenet de 100 €, ils doivent acquitter destaxes de 120 €, ce qui conduit à defaibles rémunérations et à la généralisa-tion des primes et salaires en sous-main,expliquant ainsi le départ des jeunes versl'étranger. Ils ont donc demandé au gou-vernement de baisser de 20 % les chargesconcernant l'emploi des jeunes.

Indigestion de taxes

Mugur Isarescu, Gouverneur de la Banque Nationale Roumaine.

Dalila Cernatescu : une flûtiste enchanteresse

Le Professeur Gheorghe Benga s'est vu accorder le titre de Docteur Honoris Causa par l'Universitéde Bucarest. Cette nomination essaie de faire oublier à l'heureux élu une injustice du Comité d'at-tribution des prix Nobel : en 2003, celui-ci a accordé à un chercheur américain, Peter Agre, un

prix pour sa "découverte" des propriétés d'une protéine jouant un rôle essentiel dans le fonctionnement del'organisme. Seul hic : l'équipe du professeur Benga de l'Université de Cluj, spécialisée en biologie cellulai-re avait déjà démontré et publié tout cela dans une revue américaine en…1986 ! Les chercheurs roumainss'étaient pourtant mobilisés pour que les travaux du professeur Benga soient reconnus. En vain…

Maigre consolation pour un médecin privé de prix Nobel

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2238

Livres

Connaissance eet ddécouverte

Décembre 1989. Professeur de littérature sous Ceausescu, cultivant trop legoût de la liberté, Stoian Mirtzu, 35 ans, est enfin libéré des geôles de ladictature roumaine. Durant ses dix années d'internement, seul le souvenir

du baiser de Rodica, une de ses anciennes élèves, l'avait raccroché à la vie. A sa sor-tie, Stoian découvre son portrait sur un timbre-poste. Pourquoi y personnalise-t-elleLa fille aux ibis, symbole de la résistance roumaine antifasciste? Qu'est-elle devenue?

A la poursuite d'un fantôme qui se dérobe, Lax et Giroud, à travers leur héros etdes destinspoignants ins-pirés de laréalité, nouse m m è n e n tdans l'universdes dernièresannées durégime com-muniste, sestrahisons, sesd é s e s p é -rances, sesêtres abîmés,victimes etcoupables à la fois pour survivre. Le scénariste et le dessinateur nous plongent dans la"Révolution de décembre 1989", le fol espoir qu'elle suscite, déjà ses doutes et sesdésillusions et cette question que tant de Roumains se posent encore aujourd'hui : "a-t-on bien fait d'espérer en l'avenir ?" et cette réponse chuchotée sous forme de vœu:"Je voudrais tant le croire".

Autant par les personnages, leur histoire, les situations, les scènes de la"Révolution", les paysages du Delta du Danube et du Maramures, Lax et Giroud ontsu croquer avec une justesse et une sensibilité étonnantes pour des étrangers la réalitéde la Roumanie d'alors. Le scénariste F. Giroud était resté plusieurs semaines sur placeafin de s'imbiber de l'univers roumain, avant de se mettre au travail. Le dessinateur C.Lax le restitue magnifiquement par son trait de plume délicat, ses couleurs nuancées.Cet album paru en 1993 et réédité en 2003 est une véritable petite merveille, maisaussi un document d'histoire.

La fille aux ibis, de Lax et Giroud, Editions Dupuis. Prix : 5,70 € (37 F)

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2215

Actualité

Social

"La fille aux ibis" de Lax et Giroud

- Florin Turcanu, Mircea Eliade -Le prisonnier de l'histoire, préfacede Jacques Julliard, La Découverte,2003. Prix 33 euros. Première bio-graphie intégrale d'un savant ancrédans le siècle, personnalité bouillon-nante et contradictoire. Biographieécrite par un jeune historien rou-main.

- Du Bois Pierre, Ceausescu aupouvoir: enquête sur une ascen-sion, Georg (Suisse), 2004, 17euros.

- Roman Radu Anton, Savou-reuse Roumanie, Noir sur Blanc,2003, 25 euros. Où il est questionde cuisine roumaine et de recettesgastronomiques.

- Gavin Bowd, Paul Morand et laRoumanie, L'Harmattan, 2003. 13euros.

-Gregor Von Rezzori, Les neigesd'antan, Editions de l'Olivier, 2004.La Bucovine vue par un natif deCernowitz (Cernauti).

-Petre Raileanu, Gherasim Luca,Oxus, 2004. Biographie d'un grandpoète surréaliste en Roumanie puisexilé à Paris

- Jean Nouzille, La Moldavie,histoire tragique d’une nationeuropéenne, paru aux EditionsBieler en collaboration avec leComité européen d’histoire et destratégie balkaniques, 27 rue JeanJaurès, 67 300 Schiltigheim auprèsduquel il faut commander l’ouvrage(22 € + 4 € de port). Professeur àSaint Cyr et à l’Université deStrabourg, Jean Nouzille analyse lasituation actuelle de la Moldavie,divisée ethniquement, tout en rappe-lant son histoire, à l’ombre de sesvoisins turcs et russes.

Lancés en 1999, à l'ini-tiative du syndicatCartel Alfa qui vou-

lait apporter un supplément derevenu aux travailleurs et s'assu-rer qu'ils mangent à leur faim, cequi n'était pas toujours le cas, lestickets restaurants ont fait unbond prodigieux depuis, passantde 25 000 utilisateurs alors à plusde 1,6 millions en 2003. La moi-tié des entreprises en ont émisl'an passé pour un montant estiméà 500 M€ (3,3 milliards de F).

Les possesseurs de ces bons peuvent acquérir des produitsexclusivement alimentaires, à l'exception des boissons alcoo-lisées (mais il n'y a personne pour vérifier), dans 18 500 maga-sins. Leur valeur est d'environ 1,5 € (10 F), ce qui mensuelle-ment représente un peu plus de 30 € (200 F), soit la moitié dusalaire minimum net ou un quart du salaire moyen net que

perçoivent 3,1 millions de salariés roumains. C'est donc unsupplément de salaire appréciable qui a convaincu égalementles entreprises lesquelles peuvent les déduire de leurs impôtssur les bénéfices.

Reprenant et développant l'idée, certaines firmes ontmême mis en place les tickets-cadeaux, dont le possesseurpeut se servir comme il l'entend dans 8500 magasins à traversle pays : acheter des livres, des appareils électro-ménagers, dumatériel informatique, des vêtements ou simplement desfleurs. Ces bons sont distribués à des occasions particulières,comme la fête des femmes, le 8 mars, Pâques, le 1er juin ouNoël, mais aussi à l'occasion d'un anniversaire, d'une naissan-ce, d'un mariage, d'une promotion. Ils ont pour but de motiveret de fidéliser le personnel.

Bogdan Hossu, leader du syndicat Cartel Alfa se bat éga-lement depuis trois ans pour faire accepter l'idée des tickets-vacances, afin qu'un maximum de salariés et leur famille puis-sent s'évader ne serait-ce que quelques jours dans l'année ou sedéplacer pour rendre visite à leurs parents, mais le projet de loiqui doit permettre leur adoption est sans arrêt repoussé.

Les tickets restaurantsont entrés dans les mœurs

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATISIMERIA

BRAILA

SUCEAVA

PITESTI

BOTOSANI

CLUJ

BARLAD

Catalin Mitulescu distingué à Cannes

A lire aussi

L'INS (Institut National de laStatistique) relève que sur les8,3 millions de Roumains

classés dans la catégorie de la populationactive, pour une population globale de21,7 millions d'habitants, 4,6 millionssont des salariés, 2,1 millions travaillent àleur compte, 1,4 millions sont desfemmes au foyer, 200 000 des patrons,

auxquels il faut rajouter 700 000 chô-meurs. Par ailleurs 600 000 à 700 000personnes travaillent à l'étranger.

Le plus grand nombre de travailleursest enregistré dans l'agriculture et la syl-viculture (2,3 millions, dont 50 000 ontplus de 75 ans), puis viennent l'industrie(2 millions), le commerce de gros et dedétail (900 000), la construction (530

000), le transport et les communications(450 000), l'énergie (195 000), l'industrieminière (165 000).

La Roumanie compte également 6,5millions de retraités ou pensionnés, 3,4millions d'élèves et 300 000 étudiants. Laproportion est d'un Roumain actif salariéacquittant les cotisations sociales pourcinq compatriotes non productifs.

Deux millions de Roumains sont établis à leur compte

Le paysage médiatique roumain est en plein bouleversement.Après les acquisitions faites par le groupe suisse Ringier, c'estun syndicat d'employés qui vient d'y faire irruption.

L'association des salariés du groupe pétrolier d'Etat Petrom, qui regrou-pe 70 000 membres, a fait l'acquisition de seize chaînes de télévisionslocales ou nationales, comme "Prima TV" et "Realitatea TV", de deuxradios nationales, "Kiss FM" et "Star", et neuf locales, ainsi que dugroupe de presse éditant le quotidien "Ziua" ("Le Jour").

Empire médiatique pour un syndicat

Plusieurs enquêtes d'opinions concordantesillustrent le malaise, et même le mal-vivre,de la jeunesse roumaine. Un Roumain sur

deux, entre 15 et 29 ans, veut émigrer. Pour 82 % deceux-là, il s'agit de partir pour un travail temporaire,saisonnier ou de quelques années, soit trois fois plusque voici deux ans. Par contre le nombre de jeunesdésireux de poursuivre leurs études à l'étranger(14 %), a diminué de moitié. L'Italie vient en tête desdestinations choisies, le rêve américain n'intéressantque 7 % des candidats au départ.

Un autre sondage révèle que seulement 1 % desjeunes estiment que le sérieux et les diplômes lesassurent de trouver un travail. 51 % d'entre-eux pen-sent que la réussite ne dépend pas des études. 57 %estiment que pour gagner de l'argent, il faut tricheravec la loi, 15 % avoir des relations bien placées…et11 % seulement accordent une place au travail et aumérite personnel.

Un jeune sur deux veut émigrer

Les tickets restaurant sont utilisés pour les achats

des produits alimentaires.

Une merveilleuse bande dessinée avec la "Révolution" en toile de fond

Le cinéma roumain a obtenu sa Palme d'orau dernier festival de Cannes, à savoircelle du meilleur court-métrage, attri-

buée au jeune réalisateur Catalin Mitulescu pourson film de vingt minutes, "Trafic". Agé de 32 ans,terminant ses études à l'Université d'art théâtral etde cinéma, Catalin Mitulescu participait pour latroisième fois à la manifestation et a réalisé desfilms publicitaires ainsi que des vidéo-clips.

Un autre Roumain a été distingué, CorneliuPorumboiu, qui a obtenu le second prix de la section "Cinéfondation", avec son court-métrage "Voyage à la ville".

Cinéma

Très contentes du travail accomplis par les bouchers-charcu-tiers de la réputée firme roumaine CONTIM (Timisoara),des sociétés espagnoles leur ont proposé de les faire venir

chez elles. Elles se sont heurtées à un refus général, le salaire proposéde 1000 € leur paraissant insuffisant. Ces travailleurs avaient calculéqu'ils devaient payer 300 € pour le loyer, 400 € pour les frais d'entre-tien et autres dépenses… 300 € leur restant à la fin du mois, soit lesalaire qu'ils touchent actuellement.

Les charcutiers boudent l'Espagne

Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

2237

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2216

Actualité

Social

Les investisseurs étran-gers sont de plus en plusnombreux en Roumanie,

certains caressant l'espoir que cepays se transforme en Eldorado,d'autres y voyant un marché poten-tiel important dans cette région dusud est de l'Europe. Mais qu'appor-tent-ils et comment se comportent-ils ? Henri Gillet a posé cette ques-tion à Bogdan Hossu (nos photos),le principal leader syndical rou-main, responsable de Cartel Alfa.

Henri Gillet : Quel genre d'investisseurs viennent en Roumanie ? Bogdan Hossu : "Il en existe deux types. Les "vrais", ceux qui misent sur le

moyen et le long terme, sur le développement, s'installent pour la durée ; les autres,qui sont là surtout pour "faire un coup", prêts à repartir vers d'autres cieux encore plusintéressants dès qu'ils ont empoché le "jackpot".

H.G. : Qu'est-ce qu'a à gagner la Roumanie sur le plan social et économiqueavec la venue des entreprises étrangères ?

B.H. : “Quand elles viennent pour la durée, ce qu'elles font est impressionnant.Elles investissent pour des meilleures conditions de travail, refont les vestiaires, lescantines, les sanitaires, s'efforcent de faire que les salariés évoluent dans un cadre oùl'hygiène, la propreté soient des valeurs acquises. Elles veillent sur la sécurité du tra-vail, les mesures de protection afin de réduire le nombre d'accidents, luttent contre lapollution dans les usines, pour diminuer les maladies professionnelles en éliminant lesacides, les gaz ou les particules en suspension qui étaient le lot commun jusqu'à main-tenant.

Sur le plan salarial, elles mènent une politique attractive. Alors que le salaireminimum brut est de 69 € (450 F) soit 57 € net (370 F), il y est plutôt de l'ordre de120 € (790 F), le salaire moyen brut se situant entre 250 à 350 € (1640 à 2300 F),voire à 400 € (2600 F), comme c'est le cas pour Convex, une multinationale anglaisedu groupe Balhi qui travaille dans le domaine portuaire".

Allemands et Autrichiens champions du bon comportement, Italiens et Russes mauvais élèves

H.G. : Existe-t-il des champions du bon comportement et des mauvais élèves ? B.H. : “Il ne faut pas trop généraliser, mais on peut observer des attitudes très

différentes, suivant les nationalités. Les plus corrects, de loin, sont les Allemands, àl'exception d'un seul. Eux, sont stricts sur les règles, respectent les conventions, sontvraiment intéressés par la stabilité et le long terme et se comportent donc comme desgens devant rester longtemps, même si une de leurs entreprises fait problème. Je clas-serais ensuite les Autrichiens, avec aussi parfois des difficultés dans le domaine desrelations sociales.

A l'autre bout de l'échelle, on rencontre souvent les Italiens. Ce sont une multitu-de de petits investisseurs - on en compte 1638 dans le seul judet de Timisoara - quiviennent de la Vénétie, laquelle n'est pas très lointaine, et investissent des petits capi-taux, de l'ordre de 100 000 à 200 000 €.

Les Allemands viennent pour durer, les Italiens pour empocher le "Jackpot"

H.G. : Les entrepreneursfrançais se singularisent-ils ?

B.H. : “Ils sont assez nombreux,rien que sur Bucarest avec 80 entre-prises et des groupes importantscomme ACCOR qui a deux hôtelsdans la capitale (Sofitel et Ibis), plusla Sodhexo et les chèques restau-rants. Au hit-parade du bon compor-tement, je les mettrais en troisièmeposition. Mais il existe des diffé-rences entre les secteurs. Lesgrosses entreprises de la productionsont attentives au cadre social.

Les services (hôtellerie, grandedistribution), en général, se compor-tent maintenant relativement mieux.Mais c'est dans le sens d'une amé-lioration des conditions de travailpour augmenter leur rentabilité (for-mation, techniques) et ces entre-prises se montrent toujours ferméesau dialogue social. A Carrefour, on aattendu qu'une quinzaine d'employésdécouvrent leur intention de se syn-diquer pour les mettre à la porte.

On justifie par le niveau du salaireplus important que la moyenne, lefait de ne pas respecter les normesde travail, contrairement auxAllemands. Les Français ont la répu-tation de ne pas payer les heuressupplémentaires, de faire travailler ledimanche ou à des horaires tardifssans compensation salariale. Il exis-te un mécontentement à leur égard.L'enthousiasme et la motivation pourtravailler dans certaines firmesfrançaises à baisser. Les jeunes ontle sentiment d'être exploités, de nepas être payés à la hauteur desefforts fournis, comparent et vont voirailleurs. C’est nouveau chez nous”.

Des Français réputés “radins”

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

TIMISOARA

CLUJARAD

HUNEDOARA

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

Me faisant un devoir d'attirer son attention ailleurs, sansréussir, sans d'ailleurs vouloir trop réussir, et de dévier aussi lamienne, je fus d'une loquacité inhabituelle. Je lui montrais lemonastère de Varatec, égaré sous le soleil, le plimontagneux où se cachait le monastèred'Agapia, les montagnes aux formidables seinsde pierre, dont la dernière touchait l'horizon.

Devant nous la forteresse de Neamtz, molai-re brisée de quelque monstre géant, brillait dansle soleil de midi comme un ivoire et se faisait deplus en plus grande à mesure que nous appro-chions. Dans la large vallée, la rivière d'Ozanamontrait la courbe gracieuse de ses hanches defemme endormie. Et, au fond, avec un aspect denuage, une énorme montagne obèse".

Un connaisseur des littératures française et russe

Sans avoir pleinement réussi sa traduction (témoignant encela de la difficulté des Roumains à traduire le français au sor-tir de quarante ans d'enfermement communiste… qui plus estquant il s’agit d'Adèle, un texte finement psychologique)Georgeta Horodincaprésente le mérited'avoir proposé aux lec-teurs français un trèsbeau roman. Sans quesoient véritablementconnues les raisons de saréserve, Ibraileanu étaitplutôt réticent à publierce texte portant aussi lesous-titre de Fragmentsdu journal d'EmileCodrescu (juillet-août189.). Il était pourtantdéjà, en 1933, l'auteur de nombreux ouvrages traitant de sujetslittéraires : Esprit critique de la littérature roumaine en 1908,Création et analyse en 1926.

En 1930, il avait fait paraître un ouvrage de moraliste inti-tulé En regardant la vie. Il était spécialiste de nombreux écri-vains roumains et étrangers comme Eminescu, Maupassant,Proust, Tolstoï, Tourgueniev, etc. Pour autant, cela ne suffisaitpas à lui faire franchir le cap de la publication. Etait-ce,

comme se le demande la préfacière, "scrupule d'époux sansreproche, dissimulant sous le voile transparent de la fictionlittéraire, un amour extra-conjugal bien innocent, mais non

moins réel ?". Ilest vrai que lapassion amoureu-se que GarabetIbraileanu décritdans Adèle esttout ce qu'il y a deplus dévorant:

"Je lui parlesans cesse de monamitié pour elle.En réalité, jemens, ou, plusexactement, je mefais des illusions.

L'amitié, cela veut dire confiance réciproque, communion, orce que je lui cache, c'est justement ma pensée de tous les ins-tants, l'intérêt suprême de ma vie. Et son sort m'est tellementcher que si elle était heureuse avec un autre que moi-même,j'exècrerais son bonheur, voilà l'amitié que je lui porte ! Et

placé devant l'alternative: Adèle ivre de pas-sion dans les bras d'un autre, ou inanimée surle catafalque, je ne sais pas ce que j'abhorreraisle moins, voilà l'amitié que je lui porte… ".

Avec le départ d'Adèle, Emile Codrescun'a plus qu'à sombrer dans la neurasthéniequ'Ibraileanu lui-même connaissait bien et queles lieux enchanteurs de Neamt ne parviennentplus à conjurer:

"A ce moment-là commença le passé.L'écho d'une musique était d'ailleurs tout ce quis'était passé dans les journées brûlantes de l'étéqui, lui aussi, s'en allait. La forteresse deNeamtz, le Varatec, le Ceahlau, les promenades

en plein soleil, les clairs de lune m'apparaissaient maintenantcomme le merveilleux cortège de l'été, conduit par Adèle, etqui avait disparu avec elle au-delà de l'horizon".

Bernard CamboulivesGarabet Ibraileanu, “Adèle, fragments du journal d'Emile

Codrescu (juillet-août 189.)”, Editions Jacqueline Chambon, 1991.Préface et traduction du roumain par Georgeta Horodinca. 187 pages.16 euros.

BOTOSANI

Investisseurs étrangers: le hit-parade des relations sociales

Politiquement, le poporanismeprôné par Ibraileanu proposaitune doctrine de l'Etat démocra-

tique paysan selon une voie non capita-liste, alors que Nicolae Iorga avait engagéla critique de la société roumaine d’unpoint de vue conservateur. Ibraileanuimaginait une Roumanie démocratique,avec un Parlement de petits producteurset une armée de paysans-soldats, à la

mode des Boers sud-africains; ces chefsde famille permettraient à leurs cadets,filles et garçons, d'étudier des matièresculturellement enrichissantes, à l'univer-sité ou dans des conservatoires, générantainsi une nouvelle élite intellectuelleayant acquis ses qualités en dehors detoute préoccupations utilitaires. Lespoporanistes se considéraient comme lessuccesseurs des révolutionnaires de 1848.

Et ils refusaient d'inclure dans leur visionidéale de la société les éléments non issusdes masses rurales.

Du point de vue littéraire, Ibraileanudéfendait le "spécifique national" dans latradition populisto-paysanne et prônait leroman réaliste, traditionaliste, ouvert ausocial. Il rejetait la poésie symbolistequ'il jugeait non spécifique. Il sera toute-fois l'un des premiers à accepter Proust…

Une Roumanie rêvée à la mode des Boers sud-africains

Dans un pli montagneux se cache le monastère d’Agapia, dans une région appréciée par Garabet Ibraileanu.

La forteresse de Neamtz, ”molaire brisée de quelque monstre géant”.

Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

2236

Littérature

“Viata romaneasca” (La Vie roumaine), larevue du poporanismefondée par Ibraileanu

Garabet Ibraileanu dirigea la revueViata romaneasca (La Vie roumaine)de 1906 à 1916 puis, après sa repa-rution à Iasi, de 1920 à 1933. Il s'en-toura d'un groupe de collaborateursdont le plus célèbre fut MihailSadoveanu (1880-1961). La revue,après 1933, fut dirigée par MihaiRalea puis par Georges Calinescu.Avec ses collaborateurs, Ibraileanupassait des soirées entières à lire età discuter de littérature. Sur l'orienta-tion de la revue elle-même, la traduc-trice Georgeta Horodinca écrit ceci :

"Socialiste dans sa jeunessecomme toute la fine fleur de l'intelli-gentsia moldave (Iasi est le berceaudu socialisme roumain), il avait aban-donné la doctrine de la révolutionprolétarienne sous l'influence deConstantin Stere - ancien narodnic(de narod : peuple, en russe), arrivéclandestinement à Iasi après unstage en Sibérie - et tourné sesregards vers la paysannerie, qui for-mait la majorité de la population etqui vivait encore sous un régimesemi-féodal. Le courant poporaniste(d'après le mot popor: peuple, en rou-main) était né.”

Depuis 1899, Ibraileanu, avecStere, militait à l'aile gauche du partilibéral pour la réforme agraire et lesuffrage universel. En fondant en1906 la revue Viata romaneasca, ilentendait donner au poporanismeson expression littéraire, opposéeaux images folkloriques en coursdans la revue rivale “Semanatorul“(Le Semeur), dirigée par le grand his-torien Nicolae Iorga.

Ce n'est qu'à l'extrême fin de sa vie, en 1933, que Garabet Ibraileanu déci-de de publier son roman Adèle et de faire ainsi son entrée dans le champde la fiction romanesque. Oeuvre tardive et unique, Adèle n'en est pas

moins un roman de qualité écrit et ciselé pendant de longues années par un hommetrès apprécié en son temps pour ses travaux de critique et d'esthétique littéraires. Dansce texte crépusculaire relatant l'impossible amour d'un quadragénaire pour la jeuneAdèle, sorte de Lolita de la littérature roumaine, G. Ibraileanu fait parallèlement unemagnifique peinture d'une région qui lui était très chère en Moldavie: celle de Neamt.

Le premier des Moldaves

Né en 1871 à Târgu-Frumos dans le départe-ment de Iasi en Moldavie, Garabet Ibraileanu reste-ra, sa vie durant, attaché à sa région natale. MêmeBucarest ne parviendra pas à le séduire plus que laMoldavie et s'il meurt dans la capitale roumaine, en1936, ce n'est que parce qu'il a dû s'y rendre afin d'yrecevoir des soins. Sadoveanu confiait à son sujetqu'il s'amusait à dire à ses amis qu'il était le plusancien des Moldaves puisque sa famille, de souchearménienne, était installée là avant même la créationde la Principauté de Moldavie.

Ibraileanu mène donc sa carrière à Iasi où ilétait professeur à l'université. Mais c'est la régionvoisine de Neamt, plus proche des montagnes, qui sert de cadre à son roman Adèle.Chaque été, il avait pris l'habitude de louer là un appartement, "chez des religieuses depréférence", précise Georgeta Horodinca, la préfacière et traductrice du roman, "nonsans s'assurer auparavant qu'un certain coq avait été sacrifié, l'idée du moindre bruitpossible, fût-ce un innocent cocorico, l'empêchant de dormir, et, si la santé le lui per-mettait, il commençait ses visites dans la région". Parfois, c'était avec ses collabora-teurs et amis de la “Revue Viata romaneasca” (La Vie roumaine) qu'il arpentait lessentiers des Carpates moldaves et qu'il visitait les nombreux monastères de la régionafin, professait-il, de stimuler leur élan créateur tout comme le sien.

Une stimulation réciproque entre l'amour de la femme et l'amour de la nature

Ainsi, dans Adèle, une de ses obsessions fut de "rendre l'atmosphère psycholo-gique du paysage" en même temps que d'associer ce dernier à ses tourments d'amou-reux refoulé. Pour lui existait, en effet, "une stimulation réciproque entre l'amour dela femme et l'amour de la nature". Et c'est pourquoi l'affection que porte le quadragé-naire Emile Codrescu, personnage du roman, à Adèle est indissociable du cadre natu-rel dans lequel cette affection se déploie :

"Dans la voiture étroite (toutes les voitures de par ici, méchantes carcasses d'an-ciennes vraies voitures, achetées pour rien par les paysans improvisés cochers, pro-portionnées à leurs petits chevaux, sans arrêt utilisées, sont étroites et détraquées) ilétait impossible, quoi qu'on fît, de ne pas entrer en contact avec son compagnon deroute. Après un certain temps, reconnaissant sans nous l'avouer que c'était un cas deforce majeure, nous nous en sommes accommodés de notre mieux. Cette intimité nousembarrassait (d'autant plus que dernièrement nos rapports étaient devenus de plus enplus troubles), mais nous faisions semblant de ne pas nous en apercevoir.

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

CLUJARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

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P. NEAMT

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2217

Actualité

Ils entendent les faire fructifier au plus vite, sans respecterles lois et le Code du Travail. Beaucoup misent sur la pauvretéet la faiblesse des salaires des Roumains pour réaliser desaffaires juteuses ou viennent pour spéculer, achetant des ter-rains en vue de l'adhésion de la Roumanie à l'UE, misant surune explosion ultérieure de leurs prix.

Une même mentalité, un peu "mafioso",se retrouve chez les Russes auxquels il arrive,en plus, de ne pas payer les salaires pendantdes mois d'affilée, comme cela se fait chezeux. On a aussi parfois des problèmes avec lesAméricains, comme la firme Solectron quifabrique des composants électroniques àTimisoara et emploie 1400 personnes.

D'une manière générale, on peut dire quelorsqu'on a à faire à la grosse industrie, desentreprises importantes, les rapports patrons-employés sontclairs, bien définis. Le secteur du service est celui qui pose leplus de problèmes et, au bas de l'échelle on trouve le textile, lecuir (confection et chaussure)”.

Avec le système lohn, l'esclavagisme moderne a fait son apparition

H.G. : La Roumanie qui habille et chausse l'Europe ,avec des vêtements de marque que l'on retrouve dans lesgrandes surfaces occidentales ou dans les boutiques de luxeparisiennes, à partir de tissus et des cuirs venus de pays enco-re plus pauvres, souffre-t-elle du système lohn?

B.H. : “Le lohn est un nouveau système économique quifractionne la confection d'un produit pour le fabriquer là où ilrevient le moins cher, depuis la matière première jusqu'à satransformation, et permet d’empocher ainsi un maximum debénéfices à toutes les étapes.Bien sûr, la Roumanie en souffrepuisque les premiers lohns installés dans le Banat (Timisoara),se sont déjà délocalisés vers la Moldavie où les salaires sontmoins élevés. Ces "investisseurs" recherchent les régions decrise, comme Botosani où le chômage se situe entre 38 et 40%. Ils savent qu'ils n'y rencontreront aucune résistance. Lesouvriers ne pourront rien dire si on les fait travailler douzeheures en les payant huit, travailler sept jours par semaine, tra-vailler la nuit sans leur verser le supplément de 25 % prévu parle Code du Travail. Le chantage à l'emploi est bien là. S'ils pro-testent, c'est la porte immédiatement.

Avec ces employeurs qui estiment n'avoir aucune justifi-cation à apporter, il n'y a pas d'accord, pas de convention col-lective, les syndicats ne sont pas tolérés ou pourchassés. Leurseul intérêt est de transférer au plus vite leurs profits.”

H.G.: On pourrait dire que c'est de l'esclavagismemoderne ?

B.H. : En quelque sorte. Les lohns n'apportent pratique-ment rien en matière d'investissements. Pratiquement pas d'ou-tillage moderne, pas d'amélioration des conditions de travail :les sanitaires datent toujours de l'époque de Ceausescu. Parcontre, ils ont augmenté les normes de production… quidépassent maintenant celles des machines, car elles sont plusgrandes que celles pratiquées dans l'UE. Elles sont souvent

impensables à respecter et l'employeur a beau jeu de dire"Vous n'avez pas fait votre quota", menace à peine voilée surle salaire, et de rajouter quelque chose du genre "Bon, pourl'atteindre, je vous permets de travailler deux-trois heures deplus, mais n'oubliez pas que c'est moi qui paie l'électricité et

le reste"… histoire de faire comprendre qu'iln'est pas question d'heures supplémentaires.Bien sûr, les salaires sont les plus bas du pays,quelle que soit la notoriété de la firme.

Il s'agit de comportements autoritaires, demépris vis-à-vis des employés qui n'ont pasleur mot à dire, d'un pouvoir discrétionnaire :on n'embauche pas les jeunes filles qui n'ontpas d'enfants, ce qui pourrait conduire à verserdes indemnités de grossesse avec leur mariage,des femmes travaillent jusqu'à quinze jours de

leur accouchement… et ne sont pas reprises après. Mais lesplus durs sont parfois ces Roumains que les patrons étrangersdélèguent pour suppléer à leur absence et qui font du zèle afinde se faire apprécier. Il ne faut pas oublier non plus que lesdirigeants de ces lohns sont très liés aux pouvoirs locaux, fiersde dire qu'ils ont attiré des emplois. Ce système s'appuie surl'entente et la corruption avec les administrations locales”.

Tester la réaction syndicale

H.G. : Quelle place pour les syndicats dans ce contexte ? B.H. : “Le paysage est contrasté entre les lohns, les entre-

prises de service où le syndicalisme est réprimé, où les syndi-qués peuvent être pourchassés et les employés peur de se syn-diquer, de revendiquer ou bien tout simplement de parler, et lesgrandes entreprises qui comprennent la nécessité du dialoguesocial, car elles sont intéressées à ce que ça marche bien.

Dans celles-ci, les relations sont bonnes. Si les discussionssont toujours dures sur le niveau des salaires, elles ont parcontre transféré aux syndicats des responsabilités sur le cadreet les conditions de travail. Des comités d'entreprises ont étécréés qui se réunissent tous les mois, voire chaque semaine,afin de désamorcer les conflits.

Certaines firmes jouent le jeu dans le cadre des relationsde solidarité que nous avons nouées avec la ConfédérationSyndicale Européenne, laquelle nous a permis d'introduire desobservateurs syndicaux roumains dans des comités transnatio-naux de certaines branches (ciment, construction, servicescomme Accor).

Au total, nous sommes ainsi présents dans 117 entrepriseseuropéennes. En général, on peut dire qu'il est plus facile dediscuter avec les investisseurs étrangers habitués à vivre dansun environnement prenant en compte les questions sociales,qu'avec les patrons roumains, lesquels manquent de culture dudialogue, ce qui conduit à des conflits se terminant souventdevant la Justice.

Mais il nous faut être vigilants. Nous avons gagné unprocès contre un entrepreneur italien qui avait licencié les syn-diqués de sa fabrique. Nous nous attendions à ce qu'il fasseappel, mais il ne l'a pas fait et son ton consensuel nous a sur-pris. Il nous a alors confié qu'il avait voulu seulement tester laréaction syndicale pour savoir jusqu'où il pouvait aller”.

“Adèle”, le roman d'un amour impossible de l'écrivain moldave Garabet Ibraileanu

PLOIESTI

La vénération des femmes et de la nature

SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

2235

Nicolae Ceausescu… interdit de Parti communiste

Dans sa ville de Prunisor (Mehedinti), NicolaeCeausescu est une petite vedette locale, toutcomme sa belle-soeur, Elena Ceausescu. Les his-

toires ne manquent pas sur les deux homonymes du"Conducator", des policiers se mettant au garde à vous endécouvrant leurs papiers, ou les observant d'un air méfiant,tout en n'osant pas commettre d'impair irréparable. Quand unesecrétaire du rectorat demandait sur un ton rogue à Nicolae,professeur de mathématiques et directeur d'école, de se nom-mer au téléphone, celui-ci devinait aussitôt le branle-bas decombat que son appel déclenchait… puisqu'on lui passaitimmédiatement le recteur.

Mais Nicolae Ceausescu n'a jamais été membre du Particommuniste, qu'il hait d'ailleurs. Même s'il ne voulait pas yentrer, l'accès lui en était interdit, de par ses origines : sesparents étaient des propriétaires terriens auxquels le régime

avait confisqué terres et biens. Toutefois, il estime que sonhomonyme a été un bon chef, mais mal conseillé.

Après la "Révolution", Nicu est devenu le président localdu "Front du Salut National", l'organisation voulant réaliserl'unité des Roumains, mais était manipulée en réalité par lescommunistes, la Sécuritate et la nomenklatura.

Il a vite déchanté et abandonné ses ambitions politiques.Aujourd'hui à la retraite, il estime cependant qu'on vivaitmieux du temps du communisme: "Tout le monde avait du tra-vail, un pain à mettre sur la table… Aujourd'hui, c'est la faimet la misère".

Un grand regret de Nicolae Ceausescu est de ne pas avoirle moyen de se rendre sur la tombe du dictateur, au cimetièreGhencea de Bucarest, pour y allumer un cierge. "Chaque foisqu'il y a une cérémonie à sa mémoire, je bois un verre de vindevant la télé" se console-t-il.

Insolite

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2218

SSociété

Qu'il soit en poste dans n'importe quelle capitale du monde, l'ambassadeurde France sait que la plus rude journée de l'année l'attend un certain 14juillet. Peut-être est-elle-même plus harassante que celle occasionnée par

la visite de son Président ou de son Premier ministre, les services de l'Elysée et deMatignon donnant alors un coup de main à l'organisation des réceptions. Ce jour là,pour le pays hôte, la France c'est ce minuscule territoire bénéficiant de l'exterritoria-lité et où est installée sa chancellerie, et tous les yeux sont tournés vers son représen-tant, qui l'incarne.

La tâche est encore plus exigeante en Roumanie. Le 14 juillet y est encoreconsidéré par beaucoup comme une seconde fête nationale. C'est un temps fort pourles valeurs que cette date inspire mais aussi, elle marque la chaleur des relations entreles deux pays. Si elle se trouve à Bucarest, toute la classe politique roumaine se feraun devoir d'y assister, président en tête. Le ministre des Affaires étrangères, MirceaGeoana, formé à l'ENA, a une double raison d'y participer : il est né un 14 juillet.L'ambassade se doit donc d'être à la hauteur. Les invitations ne doivent oublier per-sonne, il ne faut pas commettre d'impairs.

Trois réceptions au cours de la journée

Pour pouvoiraccueillir tout lemonde, la journéeest organisée entrois parties. Amidi, ce sont lesautorités du pays etle corps diploma-tique qui sont reçus.C'est le temps desofficialités, des dis-cours. Sur le millierd'invités, environ lamoitié se déplace.Puis, vers 18heures, c'est au tourde la communauté française en Roumanie de se rendre à l'ambassade, soit mille per-sonnes sur les 1500 conviés. Des Roumains très proches sont également invités à cetteréception. Les Français de passage à Bucarest ce jour là peuvent y assister, s'ils vien-nent cependant chercher un carton d'invitation à l'avance : c'est en effet la traditionrépublicaine, l'accès ne peut leur être refusé à la Fête nationale de leur pays, où quece soit dans le monde. En fait, une vingtaine simplement en font la demande.

Mais c'est à partir de 21 heures que le 14 juillet prend toute son ampleur, quandtout ce que la France compte d'amis en Roumanie - il a fallu cependant faire dessélections, faute de place - se retrouve au club diplomatique de Bucarest, dans le parcHerestrau. 2500 personnes, certaines ayant déjà participé à l'une ou l'autre manifesta-tion précédente, participent au bal populaire, au concours de danse, et se pressentautour des buffets copieusement garnis. Jusqu'en 2002, tout ce monde se serrait, "sesardinait même" commente un habitué, dans les jardins somme tout exigus de l'am-bassade. Une autre innovation de l'ambassade, datant de l'année passée et appréciéedes Bucarestois, a élargi le cercle de ceux pour qui le 14 juillet est une date à retenir:le grand feu d'artifices qui illumine le ciel de la capitale.

Le jury de la CommissionEuropéenne de Bruxelles a décidé dechoisir Sibiu et Luxembourg commecapitales de la culture européenne en2007, suivant le principe qui l'amèneà désigner deux villes différentes duVieux Continent chaque année, leplus souvent une de l'Ouest et une del'Est. Les autorités roumaines avaientdécouvert le projet de Luxembourg deposer sa candidature, lors d'une visitedans le Grand Duché en 2002, etavaient proposé d'y adjoindre Sibiu.Le dossier de cette cité a été jugésérieux par le jury qui l'a retenu àl'unanimité, demandant toutefois à ceque soient précisés certains aspectsdu programme de manifestations etexpositions prévues, afin de l'exami-ner lors de sa prochaine réunion, enfévrier 2005.

Sibiu est considérée comme la villeroumaine ayant le plus grand héritagearchitectural du pays. La vieille villes'étend sur 100 hectares, compte20 000 habitants et 1200 bâtimentshistoriques, dont beaucoup sont dansun état avancé de dégradation. Unprogramme de réhabilitation germa-no-roumain a été mis en place pourles restaurer, en 2000. Ville aucaractère allemand marqué, et dontl'actuel maire est allemand, Sibius'appelait aussi Hermannstadt, danscette langue.

Sibiu capitaleeuropéenne en 2007

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

CLUJARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTITURNUSEVERIN

Pour beaucoup de Roumains, ce jour est un peu une seconde fête nationaleEvénements

Le 14 juillet, la France à Bucarest, c'est son ambassade

Huit cent mille Roumains, dont les trois quarts sont des femmes, portent unprénom de fleurs que l'on fête traditionnellement le dimanche des Rameaux(Florii en roumain), une semaine avant Pâques. 250 000 déclinent le nom

même de fleur (Florin, Florina, Florian, Floriana, Florica, Floarea, Florentin,Florentina), les autres évoquent directement des fleurs : Trandafir, Trandafira (Rose),Crin, Crina (Lys), Viorel, Viorica, Violeta, Micsunica (Violette), Narcis, Narcisa,Camelia,Crizantema, Dalia, Margareta, Anemona, Romanita (Camomille), Garofita(Œillet), Panseluta (Pensée), Mugurel (Bourgeon ou Bouton)…

Une habitante de Craiova patientant dans la salle d'attente pour faire vaccinerun chaton chez un vétérinaire de Craiova, a été glacée de peur quand elle avu apparaître la queue d'un crocodile de deux mètres dépassant de la salle

d'opération. Le saurien, qui n'avait pas été anesthésié et était maintenu par trois per-sonnes, appartenait au cirque Pirovnicov, en représentation pour quelques jours dans lacapitale de l'Olténie. Une autre cliente avait la même frayeur le lendemain… Cette fois-ci, son dresseur avait amené un python de quatre mètres de long pour lui faire extirperune poche de pus.

Après avoir reçu un coup depied d'une vache dans leventre, un enfant de 9 ans

du village de Calafinda a commencé àse plaindre de douleurs atroces. Trèsinquiets, ses parents l'ont conduit àl'hôpital d'urgence de Suceava où, enl'examinant, les médecins ont décou-vert que ses souffrances survenaienten fait d'une péritonite avancée,laquelle mettait en jeu son existence.Opéré immédiatement, il s'est rétabli,le chirurgien priant ses parents de nepas réprimander la vache qui, endéclenchant des symptômes suffisam-ment tôt, lui avait certainement sauvéla vie.

Animaux de compagnie

Bien que disposant de prèsde trois fois moins de télé-viseurs que la moyenne de

l'UE, les Roumains passent deux foisplus de temps à regarder la télévision,restant devant leurs postes six heurespar jour. On compte 230 postes detélévision par mille habitants enRoumanie, soit un pour cinq habi-tants, dont 35 % sont encore en noir etblanc, contre 600 dans l'UnionEuropéenne, un pour moins de deuxhabitants.

Un coup de pied envache… salvateur

800 000 Roumains portent un prénom de fleur

Six heures par jourdevant la télévision

Dans les jardins de l’ambassade de France, les invités font la queue pour venir saluer l’ambassadeur au cours de la réception

réservée aux Français résidant en Roumanie ou de passage.

Un drôle debateau, enfac-similés

de vieuxnuméros

du Monde...planté là,

sur un quaidu port de

Constantsa.

SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

34

Depuis Sydney, on n'avait guère plus entendu parler des gymnastes rou-maines qui avaient alors dominé largement la compétition féminine.Affectées par l'âge (18-22 ans !), les championnes qui avaient apporté tant

de titres olympiques et mondiaux à leur pays ont pris depuis leur retraite, dont la peti-te prodige Adriana Raducan, considérée comme la successeur de Nadia Comaneci.

C'était oublier que l'école roumaine de gymnas-tique travaille dans l'ombre, reconstituant inlassa-blement ces générations d'athlètes de premier rang.Ses rivales, notamment les Russes s'en sont renducompte lors des récents championnats d'Europe,tremplin des J.O. d'Athènes. Non seulement laRoumanie a confirmé sa première place mondiale auniveau des filles, mais elle a également et outrageu-sement dominé la compétition masculine - une pre-mière- faisant d'elle la plus grande nation de gym-nastes de la planète, aucun continent n'étant enmesure de rivaliser avec l'Europe dans ce domaine.

Marian Dragulescu, Catalina Ponor et Dana Sofronie, nouveaux prodiges

Le véritable coup de tonnerre a été l'émergence, à Ljubliana (Slovénie), du plusgrand champion européen masculin de tous les temps, Marian Dragulescu, un gym-naste ne payant pas de mine de 23 ans, vivant dans la ferme de ses parents, à 50 kmde Bucarest, qui a décroché quatre médailles d'or, remportant le titre individuel et neratant le "grand chelem" que d'un titre, permettant par ailleurs à la Roumanie de rem-

porter la compétition par équipes. Un mois plus tard, à Amsterdam, les

Roumaines relevaient le défi des hommes,glanant douze médailles européennes entrecompétitions senior et junior, dont quatretitres et celui par équipes, le plus recherché.

Les spectateurs ont ainsi découvert levisage et le talent des jeunes filles qui figu-reront parmi les grandes favorites à Athènes.Il s'agit de Monica Rosu, Alexandra Eremia,Silvia Stroescu, et surtout de Catalina Ponor(trois titres), ainsi que de la nouvelle étoileDana Sofronie, 16 ans, laquelle a échoué dejustesse dans la quête de la médaille d'or dela compétition toutes catégories, qu'elle adominée jusqu'à l'avant-dernière épreuvepour finalement s'incliner devantl'Ukrainienne Alina Kozici.

Mais le célèbre entraîneur des filles, Octavian Belu, n'est plus le seul à faire desprodiges. Son collègue Nicolae Forminte, chargé des juniors féminines, a conduit sonéquipe à la médaille d'argent, raflant au passage plusieurs titres européens. Agéesaujourd'hui de 14 ans, les gymnastes roumaines de demain ont pour nom: StelianaNistor (championne individuelle), Alina Stanculescu, Sandra Izbasa, RodicaMarinescu et Oana Zbenghea.

Sports

Manque de sensibilisation, demoyens et facilités, pauvreté… maisaussi paresse, sont les raisons évo-quées pour expliquer le manqued'enthousiasme des Roumains à pra-

tiquer unsport,ceux-cipréféranttrès nette-ment pas-ser leurtempslibredevant unposte detélévision.Pour semainteniren forme,

un Roumain ne fait que six heuresd'exercice physique par mois, alorsque cette moyenne est de 36 heuresdans l'Union Européenne. LesFrançais sont les plus acharnés avecune moyenne mensuelle de 45heures, devançant les Anglais, 43heures, les Belges (40), les Irlandais(39), les Danois (37), les Suédois(35), les Italiens et les Espagnols(30). Avec moins de 27 heures, lesGrecs et les Luxembourgeois fer-ment la marche.

Conséquence évoquée parl'Association Roumained'Endocrinologie: un quart desRoumains sont obèses, ce qui leurdonne le 3ème rang sur le continent,après l'ex Yougoslavie et la Grèce,un classement qui a fait réagirl'Organisation Mondiale de la Santé,laquelle a indiqué que l'impact del'obésité sur la santé des Roumainsdépassera bientôt celui du tabac.

Six heures de sportseulement par mois

L'organisation du 14 juillet est tellement lourde, quel'événement se prépare dès le début de l'année. Uneéquipe se forme, travaille avec la chambre de com-

merce franco-roumaine, les entreprises françaises implantéesdans le pays, Carrefour, Cora, Renault, la société Générale,Vivendi, etc. Cette coopé-ration permet de fairesponsoriser les troisquarts des 40 000 € (260000 F) que coûte lajournée et notamment lasoirée du bal populaire, lereste étant à la charge del'ambassade.

On réfléchit aux ini-tiatives à prendre. Ainsi,un prix du 14 juillet a étécréé en 2003, attribué àl'association "Valentina"pour son action en faveurde la protection de l'enfance. Cette année, les hymnes françaiset roumains seront interprétés par une chorale de jeunes d'uneécole militaire roumaine, remplaçant les enregistrements quiofficiaient jusqu'ici.

Un des moments les plus délicats consiste à dresser la listedes invités, 4000 environ, étant donné qu'il ne peut y avoir deplace pour tout le monde. Cette tâche revient aux différents

départements de l'ambassade, qui s'y mettent dès le 15 mars,l'affaire étant bouclée mi-avril, l'ambassadeur tranchant endernier ressort. Il sera difficile d'éviter quelques impairs ou deprovoquer des déceptions. Des retraités, qui ont voué une par-tie de leur carrière à l'enseignement du français ou aux rela-

tions entre les deux paysse montreront vexés de neplus recevoir leur carton.Certains, soit recalés oubien oubliés, insisteront.Début juillet, alors queles invitations sont déjàparties, et ce jusqu'au der-nier jour, des demandestouchantes ou dithyram-biques, vantant parexemple l'amour porté àla Marseillaise, parvien-nent à l'ambassade.

Car ce rendez-vousest très recherché. Tous les subterfuges sont bons pour pouvoiry assister. De fausses invitations circulent même, ce qui aconduit à les éditer en couleurs différentes. Une dizaine de per-sonnes de l'ambassade sont mobilisées à l'entrée des récep-tions, pour accueillir les invités mais aussi pour refouler lesfraudeurs. Finalement, le 14 juillet est victime de son succès !(Photo en bas à gauche: l’ancien président Constantinescu).

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2219

SSociété

Trois à quatre mille poignées de main et autant d'invités

Quand le dernier invité sera parti, vers 1 heure du matin, l'ambassadeuraura donné 3 à 4000 poignées de main, accueilli et reconduit à leurs voituresle Président, le Premier ministre, leurs prédécesseurs, les membres du gou-vernement et les plus hautes personnalités du pays. Il se sera également mul-tiplié en interviews aux journaux, qui consacrent parfois des pages entières àla France à cette occasion, ainsi qu'aux télévisions et radios. Alors, après unejournée harassante et une dernière semaine de préparatifs très lourde pourtout le monde, l’ambassadeur pourra penser non seulement à un sommeilrécupérateur, mais, comme l'ensemble du personnel de l'ambassade, prendreses vacances, car avant le 14 juillet, il n'en est guère question… (Photo: Leprésident Ion Iliescu et Philippe Etienne, ambassadeur de France)

BUCAREST

ORADEABAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

PRIUNISOR PITESTI

CLUJ

A quelques semaines des J.O. d'Athènes, les Roumains

PIATRANEAMT

ALBA IULIA

Un rendez-vous tellement prisé par certains… qu'ils en fabriquent des fausses invitations

Gymnastique: hommes et femmes… une équipe en or

Marian Dragulescu, un gymnaste en or.

Catalina Ponor est l’un des grands espoirsde la Roumanie pour les J.O. d’Athènes.

ont réaffirmé leur suprématie européenne

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociété

Le Dinamo Bucarest,ancienne équipe de laPolice, a réalisé le

doublé cette saison, terminant à lapremière place du Championnatde Division A, décrochant son17ème titre, devançant son éternelrival, le Steaua (ex équipe del'Armée), et remportant la finalede la coupe de Roumanie face àOtelul Galati (Acier Galati), par 2buts à 0. Les “Câinii rossi” ("LesChiens Rouges") représenteront donc la Roumanie dans laLigue des Champions, mais devront disputer les deux tourspréliminaires avant d'envisager de participer aux poules dequalification.

Le Steaua participera au dernier des deux tours élimina-toires pour accéder à la coupe de l'UEFA, tandis qu'OtelulGalati, également qualifié, devra les franchir tous les deux.Trois clubs de Division A sont rétrogradés : Ceahlaul PiatraNeamt, Petrolul Ploiesti, FC Oradea, tandis que trois clubs deDivision B rejoignent les rangs des ténors : CFR Cluj, PoliUnirea Iasi, Sportul Studentesc Bucuresti.

Classement final de laDivision A: 1er Dinamo Bucarest,70 pts, 2ème Steaua Bucarest, 64pts, 3ème Rapid Bucarest, 55 pts,4ème, Universitatea Craiova, 44pts, 5ème Otelul Galati, 43 pts, (engras, les équipes qualifiées encoupe d'Europe), 6ème ApulumUnirea Alba Iulia, 41pts, 7ème FCNational 2000 Bucarest, 39 pts,8ème Poli AEK Timisoara, 9èmeFarul Constantsa, 37 pts, 10ème

FC Arges Pitesti (36 pts), 11ème FC Brasov, 36 pts, 12èmeGloria 1922 Bistritsa, 35 pts, 13ème FCM Bacau (31 pts),14ème Ceahlaul Piatra Neamt (30 pts), 15ème PetrolulPloiesti, 27 pts, 16ème FC Oradea, 24 pts (Ces trois dernièreséquipes descendent en Division B et sont remplacées pour laprochaine saison par CFR Cluj, Poli Unirea Iasi, SportulStudentesc Bucarest. La capitale comptera cinq équipes enchampionnat de Division A, en 2004-2005).

A noter que le Dinamo a également remporté la finale duchampionnat de rugby, disposant du Steaua, pourtant favori,par 32 points à 21.

Doublé coupe-championnat pour le DinamoSports

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociété

Françoise Bellegarde a la lourde charge de défendre la réputation de l'am-bassade de France en Roumanie, lors des nombreuses réceptions que celle-ci organise tout au long de l'année. Française expatriée, ayant accompagné

son mari en poste dans le pays, elle assume la fonction d'intendante pour la chancel-lerie française, tout en ne faisant pas partie du personnel diplomatique.

Bien sûr, le 14 juillet elle nedoit pas se manquer. La consignecoule de source : puisque c'est lejour de la France… on se doit demanger et boire français. C'estd'ailleurs l'habitude dans ces lieux.Charcuterie, foie gras, fromages,vins et Champagne viendront doncde l'Hexagone, par avion, plu-sieurs semaines à l'avance, etseront conservés au froid ou encave. Seuls les fleurs et les fruitsseront achetés sur place.

Les quantités à gérer sont trèsimportantes. Il s'agit tout de même de nourrir de 3000 à 4000 personnes de midi jus-qu'à la nuit. Ainsi, rien qu'en eau minérale, 2000 litres sont consommés. La réceptiondu soir permet de reconnaître assez facilement les Roumains des Français ; les pre-miers se dirigent davantage vers le buffet campagnard, apprécient le vin rouge ; lesseconds se tournent plutôt vers les petits fours et le champagne.

Françoise Bellegarde s'y prend dès début mai. Elle mobilise de deux à cinq per-sonnes, roumaines, en cuisine, pour préparer les pizzas, quiches, pâtisseries, qui serontcongelées. La dernière semaine sera stressante mais l'intendante peut compter surl'expérience de ses aides. Paula est cuisinière depuis 32 ans à l'ambassade et Petre,maître d'hôtel depuis 30 ans. Le grand jour, il ne faudra pas moins de 40 serveurs pourassurer le bon déroulement des trois réceptions qui se succèdent. Le standing deman-de des moyens, mais a aussi sa récompense. Avec une fierté bien méritée, FrançoiseBellegarde confie : "L'ambassade de France est considérée comme la meilleure tablede Bucarest".

L’ambassade de France,meilleure table de Bucarest

Evénements

Une association de propriétairesd'un immeuble d'Alba Iulia a décidéd'interdire l'accès de l'ascenseur auxanimaux, afin de conserver sa pro-preté… soulevant la colère d'unquart de ses occupants qui possè-dent soit un chat, soit un chien etcrient à une atteinte aux droits desanimaux. Ne sachant plus à quis'adresser pour obtenir l'annulationde cette décision, les protestatairesont décidé d'écrire à Brigitte Bardotpour obtenir son soutien et lui ontdemandé de venir sur place défendreleur cause.

Alba Iulia: appel à Brigitte Bardot

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGUMURES

GALATI

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PITESTI

CLUJ

BUZAU

ALBAIULIA

CERNAVODA

TURNUMAGURELE

La Roumanie n'échappe pas au phénomène du dopagedans le sport. L'athlète Ioan Vieru a été exclu deschampionnats du monde d'athlétisme de Budapest

pour ce motif, deux semaines après que son compatriote SergiuUrsu ait été contrôlé positif. En trois ans, sept athlètes roumainsont été suspendus pour dopage. L'an dernier, ce sont les tests detous les membres d'une équipe de rugby qui s'étaient révéléspositifs.

Les Roumains se font souvent prendre… parce qu'ils sont

pauvres et n'ont pas les moyens d'avoir recours aux produitsdopants de dernière génération, qui restent longtemps indétec-tables avant qu'on ne parvienne à les identifier. D'autre part, leprésident de la Commission Nationale Antidoping, IoanDragan, n'a eu des crédits que pour 600 tests l'année dernière,dont 17 se sont révélés positifs. En cette année olympique, ilespère pouvoir en faire le double. Notamment, tous les membresde la délégation olympique seront contrôlés avant le début desJ.O. d'Athènes.

Dopage: trop pauvres pour éviter de se faire prendre

Festival pour homosexuels à Bucarest

Se proposant de mieux faireaccepter les "gays" et les lesbiennesdans un pays qui a dépénalisé l'ho-mosexualité voici moins de trois ans,le "Festival des diversités" s'est tenuà Bucarest du 3 au 9 mai. Projectionde films, exposition d'affiches, dephotos, présentation de livres,débats, se sont succédés au coursde cette première qui avait reçu l'ap-pui de plusieurs associations rou-maines, ACCEPT, Centre deRessource Juridique, Fondation pourune société ouverte, ainsi que desorganisations américaines FreedomHouse, Civic Education Project.Cette initiative bénéficiait égalementde l'aide des Centres culturelsfrançais, polonais, allemand (InstitutGoethe), anglais, espagnol (InstitutCervantes), et de l'ambassade deSuède.

Mirela, professeur defrançais, écrivain, nemanque pas un 14 juillet

qu'elle commente avec un brin d'amuse-ment et d'étonnement : "Ce n'est pas faci-le de se faire inviter. Certains se font pis-tonner, d'autres récupèrent les cartons derelations qui ne peuvent venir ce jour là.Je crois qu'il y a même des faux qui sontimprimés. Il y a du monde, on est tropserré, on ne peut pas bouger. Bien sûr, ona pris tous vos défauts : les Roumains seprécipitent sur le camembert, la baguet-te, le saucisson, le Beaujolais, les yaourtsDanone. Ils apprécient qu'on puisse boireet manger à volonté tout au long de lanuit, tout en discutant, ce qui n'est pasune habitude de chez nous.

Cette abondance n'a pas toujours étéle cas. Avant l'arrivé du précédentambassadeur, Pierre Ménat, l'ambassadede France avait la réputation d'êtrepingre. C'était mauvais pour son image,car bien sûr on comparait toutes lesréceptions des ambassades et çà lafichait mal pour le pays du bien-vivre".

"Heureusement" note l'écrivain, "lesofficiels ne nous embêtent pas trop avecleurs discours. On est là pour une fêteaprès tout ? Roumains et Français s'ycôtoyaient sans trop se mélanger, maisdepuis l'instauration d'un bal populaireet d'un concours de danse, ils se rappro-chent. Je constate aussi que lesRoumaines font beaucoup plus d'effort,côté élégance, que les Françaises".

"Bien sûr, on a pris tous vos défauts"

La joie était immense parmi les1500 supporters du CFR Cluj,à l'issue du dernier match de la

saison de Division B de Football: en s'im-posant 3-0 face au Cetate Deva, leur équi-pe assurait son retour parmi l'élite pour laprochaine saison, après 28 ans de purga-toire. La performance relève du miracle,car pour s'assurer la remontée en DivisionA, le club du quartier Grivita de la capi-tale transylvaine devait aussi compter surun improbable faux-pas du leader JiulPetrosani face à Gaz Metan Medias. Or,sur son terrain, l'équipe de la vallée desmineurs n'a pu accrocher la victoirenécessaire, concédant le nul. Il s'agissait

là d'une sorte de réminiscence de justice :c'est justement à cause de Medias que,l'année précédente, le CFR Cluj avait ratéson accession ! Les dirigeants clujois s'at-tendaient si peu à ce scénario… qu'ilsn'avaient pas prévu les traditionnellesbouteilles de champagne roumain, lesjoueurs devant se contenter de bière.

Le CFR Cluj est le plus vieux clubroumain. Il a été fondé en 1907 par desemployés des chemins de fer de la régionet est dirigé par deux fortes personnalités.Son président, Arpad Paszkani, est laseule personne à avoir été exclue à viepar la Fédération de Football Roumain,pour avoir déclaré que "les arbitres

étaient des voleurs". La Cour d'Appelavait annulé cette décision. L'ensembledes arbitres de Division B l'avaientcependant traîné en justice… maisavaient retiré leurs plaintes par la suite.

L'entraîneur, Aurel Sunda a pour par-ticularité d'avoir fait monter ces trois der-nières années en Division A les troiséquipes différentes qu'il a dirigées (UMTimisoara, Apulum Alba Iulia et CFRCluj). Il affirme sans ambages son credo:"Moi, je bâtis une équipe, pendant que lesautres se construisent des villas". Il fautnoter que, jusqu'à ce dernier succès, leCFR opérait dans la même division queson grand rival local, Universitatea Cluj.

Plus vieille équipe du pays, les cheminots de Clujretrouvent la division A, après 28 ans de purgatoire

La réception du soir, très courue, se prépare dès début mai et mobilise pas moins de 40 serveurs.

Ancien ministreéphémère, lors desillusions de la

période suivant la "Révolutionde décembre 1989", NicolaeDragulanescu, 54 ans, franco-phile envers et contre tout,évoque avec émotion son pre-mier 14 juillet libre, en 1990."C'était le bonheur ; c'était

presque la fête nationale de la Roumanie. Nous étions plusd'un millier à l'Athénée (la salle la plus prestigieuse deRoumanie) à reprendre la Marseillaise en chœur. Beaucouppleuraient. Les gens avaient réappris les paroles par cœur.C'est comme si on avait chanté notre hymne".

Le bonheur d'un bi-centenaire clandestin

Puis, Nicolae raconte les 14 juillet précédents : "Il y avaitbien une réception à l'ambassade, mais seuls les officiels s'yrendaient… et la Securitate. Si on recevait un carton d'invita-tion, on était obligé d'aller le déposer à la police qui nousposait des questions et nous interdisait de nous y rendre. Jecrois que le 14 juillet le plus triste que j'ai passé, c'était en1989. Toute l'Europe de l'Est frémissait, se libérait… Et nous,nous étions plongés dans notre nuit sans fin".

Pourtant, un rayon de bonheur avait traversé la chape de

plomb qui enserrait la Roumanie de Ceausescu : NicolaeDragulanescu avait réussi à récupérer une cassette venue deFrance montrant les festivités du bi-centenaire de laRévolution de 1789 à Paris et le merveilleux défilé sur lesChamps Elysées. Des moments prodigieux qu'il avait fait par-tager à ses voisins, ses amis… jusqu'à ce qu'on la lui vole, cequi le laisse encore inconsolable aujourd'hui.

Il se souvient aussi qu'en même temps, il montrait à sonpublic clandestin une autre cassette d'un spectacle de ThierryLe Luron. "Les réac-tions étaient éton-nantes. Les gens necomprenaient pasqu'on puisse semoquer aussi féroce-ment de ses diri-geants. Certainsm'ont même suspectéd'être un provoca-teur de la Securitate,visant à les piéger.Puis, ils ont réfléchiet m'ont dit: si c'est possible chez eux, pourquoi ce ne le seraitpas chez nous ?". Avec le recul du temps, Nicolae se demandesi le fait d'avoir pu faire venir et circuler ces cassettes, alorsque la Securitate était au courant de tout, n'était pas un signeavant coureur de la décomposition du pouvoir de Ceausescu ?

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

BUCAREST

ORADEA

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BACAU

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VULCAN

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe SSociété

Evénements Un millier de Roumains reprennent en chœur la Marseillaise à l'Athénée

pour le premier 14 juillet libre

Sports

Pelouse d'importationpour le Stade national

La pelouse du Stade National deBucarest, où l'équipe de Roumaniedispute ses matchs, est une véritablecatastrophe. Lors de la rencontrecontre le Danemark, remportée 5 à 2par celui-ci, les deux équipes avaientévolué sur une surface faite demottes de terre agglutinées au sable,où l'herbe poussait en touffes.

Les spécialistes avaient avancécette raison pour expliquer la sévèrecorrection reçue par les Roumains,dont le fonds de jeu technique pâtis-sait de l'état du terrain. Ils avaient parailleurs relevé que les défaites de l'é-quipe nationale à domicile contrel'Italie (0-2), la Norvège (0-1), lacontre-performance devant laSlovénie (1-1) qui lui avaient coûté saqualification pour la Coupe du Monde2002 et l'Euro 2004, avaient été enre-gistrées par mauvais temps, sur unepelouse fortement abîmée.

Malgré des mesures provisoires,rien n'avait été sérieusement tentépour y remédier, le désastreuxRoumanie-Danemark, conduisant lesautorités à réagir. La phase élimina-toire du Mondial 2006 se profilant, ladécision de planter une nouvellepelouse, impliquant l'installation d'unsystème de drainage efficace ayanttraîné, il a fallu abandonner cettesolution qui aurait été moins coûteu-se, car elle ne permettra pas au ter-rain d'être opérationnel pour le 26mars 2005, jour où les Roumains doi-vent accueillir les Hollandais. Ceux-ciont refusé de déplacer le match àl'automne. Il a donc été décidé defaire venir de la pelouse en bandesde l'étranger qui devrait être installéequelques semaines avant la ren-contre. Le coût estimé de l'opérationest de 1,5 M€ (10 MF).

Sélectionneur de l'équipe nationale de football,Anghel Iordanescu a illustré les liens qui exis-tent entre le monde des affaires, de la politique

et du football, en devenant n°2 du PSD (Parti SocialDémocrate) du judet d'Ilfov (Bucarest), à la veille desélections locales auxquelles il était également candidatcomme conseiller départemental. C'est son ami, leministre Gabriel Oprea qui a donné l'information, laissantaussi entendre qu'il pourrait devenir le leader du parti gouvernemental dans ce judet, d'ici peu.

Anghel Iordanescu a été l'entraîneur du Steaua Bucarest, l'équipe de l'Armée,remportant la coupe d'Europe des clubs champions en 1986. Il était alors devenu colo-nel. A la suite du remarquable parcours de la Roumanie, dont il était déjà sélection-neur, lors du Mondial aux USA de 1994 - son équipe avait terminée 5ème - Ion Iliescul'avait nommé général. A l'époque, pour le récompenser, Gabriel Oprea, dont il a étéle témoin de son mariage, lui avait remis une somme de 500 000 dollars (3 MF). Lesdeux hommes, qui sont également voisins, ont investi depuis dans le domaine immo-bilier, achetant en commun plusieurs dizaines d'appartements dans la capitale.

L'annonce de l'entrée d'Anghel Iordanescu sur la scène politique est intervenueune semaine après que les Roumains aient humilié au Stade national l'équipe alle-mande, vice-championne du monde, qui a encaissé l'une des plus grandes défaites deson histoire (5-1). Cette victoire a fait oublier aux supporters l'élimination de l'Euro84 qui avait conduit le "général" à présenter sa démission, la retirant sous la pressiondu Premier ministre Adrian Nastase, selon la presse.

Anghel Iordanescu n'est pas le premier personnage à mêler politique et sport.Après avoir été longtemps dans le giron du PSD, le président de la Ligue profession-nelle de Football, Dumitru Dragomir, s'est présenté au poste de maire général deBucarest sous l'étiquette PRM (Parti de la Grande Roumanie de Corneliu VadimTudor). Patron du Steaua, Gigi Becali a crée son propre parti, populiste, le PNG (Partide la Nouvelle Génération). Président du club Ceahlaul, Gheorghe Stefan, leader duParti National Libéral dans son judet, a tenté de devenir maire de Piatra Neamt, alorsque Dinel Staicu, dirigeant du club Universitatea Craiova, membre de ForceDémocrate (Petre Roman) en faisait de même dans sa ville. C'est également grâce aufootball que Dumitru Sechelariu est devenu maire de Bacau, s'inscrivant par la suiteau PSD. Quand au tennisman Ilie Nastase, le plus populaire des sportifs roumains,après Nadia Comaneci et Gica Hagi, il avait essayé en vain de devenir maire de lacapitale en 1996, sur la suggestion des leaders du PSD.

Sélectionneur, général et politicien

Eliminatoires du Mondial 2006: la Roumanie commence par la Finlande

La Roumanie connaît le calen-drier des matchs qu'elle doitdisputer au titre de la phase

qualificative pour la coupe du monde quise déroulera en juin 2006 en Allemagne.Rappelons que les "Bleu-Jaune-Rouge"sont tombés dans un groupe de septéquipes, particulièrement difficile, dontles deux favoris sont les Pays-Bas et laRépublique tchèque. Seul le premier estqualifié automatiquement, ainsi que lesdeux meilleurs deuxièmes des huitgroupes européens, les six autres dispu-

tant entre eux un match de barrage.18 août 2004: Roumanie-Finlande4 sept. 2004: Roumanie-Macédoine8 sept. 2004: Andorre-Roumanie9 oct. 2004: R. tchèque-Roumanie17 nov. 2004: Arménie-Roumanie26 mars 2005: Roumanie-Pays Bas30 mars 2005: Macédoine-Roumanie4 juin 2005: Pays Bas-Roumanie8 juin 2005: Roumanie-Arménie17 août 2005 : Roumanie-Andorre3 sept. 2005: Roumanie-R. Tchèque8 oct. 2005 : Finlande-Roumanie.

Le 14 juillet 1990, l’Athénée a vibré au son de la Marseillaise.

Adriana, Bucarestoise, 27 ans, pratique le français depuis son enfance au sein mêmede sa famille. Elle vient d'achever un DESS à Bordeaux et est de retour dans sonpays. Pour elle, le 14 juillet et le 4 juillet - Jour de "l'Independance Day" - sont les

véritables fêtes nationales des Roumains, le 1er décembre, commémorant la naissance de laGrande Roumanie, étant célébré sans faste particulier. Elle juge d'ailleurs que le 9 mai, "Jour del'Europe" auquel les autorités locales donnent une dimension de plus en plus grande, concurren-ce sérieusement la fête nationale roumaine par toutes les manifestations auxquelles la populationest appelée à participer. Adriana a un regret : "le côté élitiste du 14 juillet". " Il existe un filtra-ge. On y assiste que sur invitation, ce qui rend la célébration plus discrète mais aussi provoquedes déceptions chez les francophiles notoires qu'on a oublié de convier et qui se sentent margi-nalisés" regrette-elle, ajoutant, "Les Américains, eux, donnent un côté super-populaire au 4juillet. Ils organisent un grand concert au parc Herastrau (grand lac de la capitale), tirent un

magnifique feu d'artifices. Les Bucarestois y viennent par dizaines de milliers, piquent-niquent en famille"."C'est dommage" ajoute la jeune roumaine, "car la France est beaucoup plus ouverte, organise des manifestations exception-

nelles, comme la semaine de la Francophonie, en mars, où chanteurs, spectacles, pièces de théâtre, films, célèbrent sa culture. Onpeut se rendre à son centre culturel comme on veut, alors que celui des Américains est devenu une véritable forteresse depuis le11 septembre 2001. Il est fermé au grand public, seuls les chercheurs y sont admis. Les étudiants doivent prendre rendez- vous s'ilsveulent consulter des revues. Vexation supplémentaire : ils sont fouillés à l'entrée et on leur explique qu'il y a trop de vols, ou bienqu'ils ont un comportement indiscipliné".

L'an passé, l'ambassade de France a organisé également un grand feu d'artifices - plus beau que celui des Américains affirmentdes Roumains francophiles (un peu chauvins ?) - et a déplacé sa manifestation nocturne au Club diplomatique, sur le lac Herestrau,ce qui permet d'accueillir davantage d'invités. Adriana n'était pas encore rentrée dans son pays.

Adriana : "un côté trop élitiste"

Nicolae Dragulanescu, témoin de 14 juillet marquants.

Anghel Iordanescu.

ALBAIULIA

PLOIESTI

BISTRITA

SSociété

Un réseau de chaussées empierrées se met en place

Parallèlement, d'autres routesvoient le jour, destinées justement àrelier les villages isolés à l'axeTulcea-Sulina. Ainsi la village depêcheurs de Caraiaman sera définiti-vement réuni à Crisan cet automnepar une voie de 12 km. Puis, par unchemin de 6 km menant au canal deSulina, viendra le tour du village deLipovènes, Mila 23. Un bac permet-tra de rejoindre la "grande route",emprunté par les charettes, voitureset camions (Notre photo)

Il est certes pompeux d'appeler ces chemins des routes. Ils'agit de chaussées empierrées, la mouvance du Delta ne per-mettant pas de les stabiliser par de l'asphalte. Il n'empêchequ'ils sont déjà davantage "circulables" que certaines mau-vaises routes de la Roumanie profonde.

Et comme ils prennent la forme d'une digue, il faut creu-ser pour dégager le remblai nécessaire. Quelques ponts pourtraverser des bras mineurs du Delta vont voir aussi le jour eton envisage d'utiliser la technique de route sur pieux pour lesendroits trop difficiles.

"C'est grand le Delta, les oiseaux ont de la place"

Les maires, les élus, les parle-mentaires et l'administration semontrent très favorables à cedésenclavement du Delta, y voyantaussi une chance pour le dévelop-pement du tourisme. "C'est grandle Delta, les oiseaux ont de laplace" répondent-ils quand on leurparle de l'environnement.

"On est isolé complètement,surtout l'hiver, quand les blocs deglace empêchent la navigation surle canal" plaide le maire de Crisan,

ajoutant "cela nous permettra de gagner du temps pour aller àTulcea et d'avoir une plus grande autonomie par rapport aubateau qui ne passe qu'une ou deux fois par jour". C'est sanscompter, qu'en cas d'urgence médicale, les vedettes vont beau-coup plus vite que les voitures et mettent moins d'une heurepour rejoindre Tulcea. Dans les cas graves, c'est même l'héli-coptère de Constantsa qui se déplace. L'élu ne redoute pas tropl'apparition des voitures: "La route passera cent mètres der-rière le village et les touristes se gareront dans un parking àson entrée ; d'autre part, on mettra des restrictions à la circu-lation, les gabarits des véhicules seront réglementés".

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

22 31

Après avoir été accidenté, un camion chargé d'azote d'ammonium a exploséà l'aube du 24 mai, dans le village de Mihailesti, près de Buzau, faisant 18morts et de nombreux blessés. Cette catastrophe, la plus grave intervenue

en Roumanie depuis le crash d'un Airbus de la Tarom, à Balotesti, près de Bucarest,en 1995 (60 morts), a révélé les nombreuses lacunesdont souffre le pays aussi bien dans le domaine dutransport des matières dangereuses, dont la régle-mentation est floue, que dans celui des mesures desécurité à prendre en cas d'urgence.

Le périmètre autour du lieu de l'accident, lequeln'avait fait aucune victime, n'avait pas été isolé et denombreux curieux s'étaient attroupés à proximité, cequi a entraîné la mort de 8 personnes et plusieursblessés. Les pompiers n'ont pas pris les mesures deprécaution nécessaires et ont payé un lourd tribuavec 6 tués. Enfin, deux journalistes de la télévisionont également été tués. Une enquête a été déclen-chée, mais semble déjà s'enliser. Le PrésidentIliescu avait d'ailleurs donné son avis, quelquesjours après la catastrophe : le fautif était le chauf-feur du camion qui, survivant à l'accident, avait donné l'alerte, demandant une inter-vention d'urgence en prévision des risques, et qui a disparu dans l'explosion.

Trois semaines plus tard, la tragédie a failli se reproduire dans le village de Rojiste(Craiova), un camion chargé de 20 tonnes du même produit s'étant renversé sur lachaussée. Mais, cette fois-ci, toutes les précautions avaient été prises par les secours.

Le 9 octobre sera désormais"Jour de l'Holocauste"

A la demande de Ion Iliescu, legouvernement roumain a décidé quele 9 octobre deviendrait désormais"Jour de l'Holocauste", décision qui asurpris la communauté juive vivantencore en Roumanie, tout en lasatisfaisant.

Le Président a ainsi voulu effacerle mauvais effet créé en Israël parses propos tenus à l'automne 2003,dans lesquels il avait affirmé que"l'Holocauste n'avait pas été un phé-nomène limité à la population juived'Europe… beaucoup d'autres per-sonnes, dont des Polonais, étantmortes de cette façon .

Cette déclaration avait été suivied'un communiqué du gouvernementroumain indiquant que "l'Holocausten'avait pas existé en Roumanie", cequi n’avait fait que rajouter de l’huilesur le feu.

Pour atténuer la vague de protes-tations suscitée par ces dires, IonIliescu avait invité les experts dumonde entier à former une commis-sion afin d'établir la vérité à ce sujet,laquelle n'a rendu encore aucuneconclusion.

Dix huit morts à la suite de l'explosion

d'un camion près de Buzau

Evénements

Afin de les séparer des adultesavec lesquels ils croupissaient en pri-son, l'Etat a fait bâtir un centre derééducation pour mineurs a Buzias(Timisoara), qui est désormais leplus moderne du pays. D'une capa-cité de 120 places, il comprend éga-lement une école générale. Saconstruction a coûté 2 M€ (13 MF).

Centre de rééducationpour mineurs

Le projet de l'Ukraine de rendrenavigable le canal Bâstroe,dans la partie du Delta lui

appartenant, suscite de vives inquiétudes,aussi bien au niveau des organisationsécologistes comme le WWF ou BirdlifeInternational, que de la part del'UNESCO, l'Union Européenne et lesUSA, lesquels ont demandé à faire partied'une commission d'experts afin d'évaluerles risques que cette initiative fait pesersur les rives mêmes du Delta.

Mais les plus soucieux sont lesRoumains qui n'ont jamais été informésdu contenu du projet, apprenant son exis-tence l'année passée, malgré les accords

de voisinage et internatio-naux qui lient les deuxpays et leur font obliga-tion d'agir en concertationpour maintenir la qualitéde l'environnement danscette région.

Or le projet, qui n'estpas encore commencé,paraît mené dans la plusgrande opacité. Aucuneétude d'impact n'aurait été

réalisée. On ne sait pas quelle sera la pro-fondeur du canal, ni sa largeur, ni sa lon-gueur. La Roumanie redoute les consé-quences que le nouvel ouvrage pourraitavoir sur le bras voisin de Chilia Veche,entraînant une modification du régimedes eaux, mais aussi sur tout le Delta.

Kiev veut mettre fin au monopole roumain entre Danube et Mer Noire

Les Ukrainiens se défendent enavançant que leur décision est conforme àla législation de leur pays et qu'il ne s'agitpas de la création d'un nouveau canal,

mais seulement de la modernisation del'ensemble de ses infrastructures. Pourjustifier cette opération, Kiev fait remar-quer que la Roumanie dispose d'un véri-table monopole sur le trafic fluvial entrele Danube et la Mer Noire, indiquant quele transit des bateaux ukrainiens emprun-tant le canal de Sulina, ces cinq dernièresannées, lui a coûté 600 M€ (près de 4milliards de F).

Les organisations de défense de l'en-vironnement manifestent une oppositionrésolue au projet, soulignant, en outre,que "pour faire venir les bateaux de forttonnage, l'Ukraine sera obligée de dra-guer en permanence ce canal afin de luimaintenir artificiellement une profondeursuffisante. Les sédiments et les alluvionsainsi recueillis seront alors rejetés enMer Noire, causant des dégâts irrépa-rables dans la faune et parmi les pois-sons. D'autre part, les rives vont être ren-forcées par du béton, détruisant lesespaces de migration de nombreusesespèces d'oiseau… sans parler des pollu-tions induites par le passage des bateaux,le rejet de carburant, qui affecteront laqualité des eaux".

Un projet de canal navigable ukrainien suscite aussi de vives inquiétudes

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABUZAU

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVACLUJ VASLUI

Un peu plus de 500 000Roumains ont été refoulés àleurs frontières au cours du

premier trimestre parce qu'ils ne respec-taient pas les conditions pour se rendre àl'étranger. 65 000 ne possédaient pas d'as-surance médicale, 24 000 n'avaient pas detitre de transport aller-retour, 30000 n'ontpu présenter la carte verte de leur véhicu-le et 345 000 la somme d'argent nécessai-re à leur séjour (au minimum 500 €).

Pendant cette période, 5 millions depersonnes ont franchi les frontières rou-maines, dont 3 millions de Roumains, 2millions d'étrangers et 1 400 000 véhi-cules ; les sorties des citoyens roumainsétaient plus importantes de 50 % par rap-port à leur retour. 1880 Roumains partislégalement mais n'ayant pu justifier leurséjour dans les pays de l'EspaceSchengen ont été renvoyés chez eux, et7300 depuis d'autres pays (Grande-Bretagne, Irlande…). Par ailleurs, la poli-

ce des frontières roumaines a organisé 53actions d'infiltration parmi les passagersdes transports en commun se rendantdans l'Espace Schengen, cette opérationconduisant au retrait de leur licence à 135firmes de transport et de tourisme et à l'é-tablissement de 1750 contraventions.

L'adhésion de nouveaux membres àl'UE a obligé la Roumanie à passer desaccords bi-latéraux avec ses voisins quin'ont pas la perspective d'y entrer, réta-blissant le régime des visas (Ukraine,Serbie-Montenegro, Turquie, Macédoine,Russie, Belarus …). Actuellement, lesseuls pays ne demandant pas de visa d'en-trée aux Roumains, outre les pays de l'UE(moins la Grande-Bretagne et l'Irlandequi en exigent toujours un), sont les sui-vants : Albanie, Corée du Sud, CostaRica, Croatie, Islande, Malaisie, Maroc,Moldavie, Norvège, Singapour, Suisse,Tunisie, Venezuela, soit au total 28 paysdans le monde.

500 000 Roumains retenus à leurs frontières au cours du premier trimestre

SSociété

Pour la première fois de sa carrière, à près de 70 ans,le "Mircea" va participer à une compétition interna-tionale de voiliers, la "Tall

Ship Challenge", qui se déroule cet étésur les côtes atlantiques américaines etcanadiennes. Avec ses trois mâts, ses23 voiles d'une surface de 1750 m2, leMircea est un des cinq plus grands voi-liers du monde, avec l'"Eagle" (USA),le "Gorg Forch" (Allemagne), le"Tavarisci" (Russie), le "Sagres"(Portugal).

Le voilier école de l'Académienavale "Mircea cel Batrin" ("Mircea leVieux", du nom d'un des plus grandsvoïvodes de l'histoire roumaine) aquitté le port de Constantsa le 17 avrilpour un voyage de 160 jours à traversla Mer Noire, la Méditerranée etl'Océan Atlantique, dont 55 serontconsacrés à ses treize escales. Le portde Brest sera le seul à l'accueillir sur lacôte Atlantique européenne. A sonbord, un équipage de 190 marins, dont105 sont étudiants à l'Académie navaleou élèves à l'école de sous-officiers "Amiral Murgescu".

Pour le "Mircea", il s'agira de sa deuxième traversée trans-atlantique. A l'époque du rapproche-ment entre Washington etCeausescu, le voilier avait en effetété invité aux cérémonies célébrantle bi-centenaire de l'indépendancedes USA, participant à la parade du 4juillet dans le port de New York.

Frère aîné transformé en torche et frère cadet confisqué par les Soviétiques

Le "Mircea" avait eu un frèreaîné, premier voilier école roumain,portant le même nom, comme le veutla tradition. Celui-ci était né en 1882dans les chantiers britanniques et fai-sait partie d'une commande globaleportant également sur la constructionde bateaux écoles à vapeur devantaccompagner la véritable émergencede la marine roumaine, le paysn'ayant accédé à l'indépendance quecinq ans plus tôt. Ce deux mâts, dedimension plus modeste, fabriqué en bois, ne comptait que 14

voiles couvrant une surface de 500 m2. Cet ancêtre accomplitde nombreuses missions, mais fut affecté au Danube pendant

la Première Guerre mondiale, et incor-poré à un convoi de bateaux remor-qués, assurant le transport de provi-sions et de matériel pour le front. LaSeconde Guerre mondiale lui fut fatale: métamorphosé en infirmerie flottante,il fut victime du bombardement duport de Galati et, transformé en torche,brûla complètement, le 16 avril 1944.Il avait soixante deux ans.

Son frère cadet avait vu le jour, sixans auparavant, dans le chantier naval"Blohm und Voss" de Hambourg.Après un voyage inaugural de 50 jours,le conflit mondial le surprit à l'été1939, alors qu'il s'apprêtait à effectuerune visite à Toulon, Alger, Gibraltar,Palerme et Alexandrie. Confisqué parles Soviétiques et remorqué jusqu'àOdessa, il fut restitué en 1946.

Sauvé de la tourmente par un remorqueur français

En 1965, la Marine roumaine décidait de le faire réparer etrénover à Hambourg. Pris en chargepar deux remorqueurs, le convoi futpris dans une terrible tempête dansle Golfe de Gascogne, affrontant desvents de 165 km/h. Les amarres duvoilier furent rompues et, ingouver-nable, il fut pris dans la tourmente.La tentative de l'équipage pour l'an-crer échoua, l'ancre cédant. Cinqvoies d'eau s'ouvrirent.

Un cargo norvégien et un remor-queur de la marine française volè-rent en vain à son secours. Le lende-main, après neuf heures d'efforts, leremorqueur français "Rhinocéros 4"parvenait enfin à le prendre en char-ge, envoyant une chaloupe de sauve-tage pour évacuer l'équipage. Celui-ci refusa de quitter son bateau qui,finalement pût être remorqué jusqu'àBrest où les premières réparationsfurent effectuées pour lui permettrede continuer son voyage vers

l'Allemagne. Dans l'adversité, le"Mircea" avait ainsi montré, qu'avec

son aîné, il avait forgé de véritables générations de marins.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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A près de 70 ans, le voilier école Mircea retrouve le grand large et fait escale à Brest cet étéEvénementsEnvironnement

Une route avance inexorablement dans le Delta du Danube

Qu'en est-il du vieux projet de Ceausescu qui rêvait d'assécher les maraisdu Delta du Danube pour en faire des terres agricoles et de relier par uneroute Tulcea, où se séparent les bras du fleuve, au port de Sulina, sur la

Mer Noire, traversant un immense espace vierge de toutes voitures où coexistent dansun environnement unique au monde, des millions d'oiseaux et quelques millier depêcheurs ? Il n'est certes plus question des projets monstrueux de systématisation duConducator, qui avait commencé ici aussi à regrouper dans des blocs une populationhabituée à vivre dans ses petites chaumières. Quand à l'idée d'une route, leGouverneur de la région Delta, chargé de sa protection, Virgil Munteanu déclare sansambages sont hostilité totale, affirmant qu'elle ne se fera jamais, le conseil d'adminis-tration gérant cetteréserve biosphèrereconnue par l'Unescoy étant égalementopposé.

Mauvais exemplesà l'appui, à travers lemonde mais aussi enCamargue qu’il avisitée, le Gouverneursoutient que "mettre lepetit doigt dans ce pro-cessus, c'est y plongerle bras". "Construisezune route et viennentensuite toutes les infrastructures touristiques" prophètise-t-il, les hôtels, les parkings,les centres de loisirs, les marchands de mici, de frites et de barbes à papa… sans par-ler des gros intérêts financiers qui ne manqueront pas de profiter de l'aubaine.

Malgré l'hostilité du Gouverneur, le projet devient réalité

Pourtant non seulement le projet est toujours d'actualité, mais cette route quidevrait faire 68 km est déjà réalisée en partie. Ses travaux ont commencé dès 1992.De Tulcea, on peut gagner le village de Nufarul par une route goudronnée. De là, unbac assure la traversée du bras Saint-Gheorghe à une trentaine de voitures, camions,tracteurs et charrettes par jour.

Une digue empierrée conduit jusqu'à Partizani sur le canal de Sulina, à hauteur del'épave du Rostock, ce bateau qui a sombré voici une dizaine d'années, handicapesérieusement la navigation et n'est toujours pas renfloué, bien que des fonds aient étédégagés pour cette opération. Dans le village, quelques voitures ont déjà fait leurapparition et quelques rares touristes se risquent jusqu'ici. Toujours en longeant lecanal, le tronçon continue jusqu'à Gorgovia, vingt kilomètres plus loin, mais il n'estpas praticable par temps de pluie et est en cours de finition et d'amélioration.

Déjà pratiquement la moitié de la liaison Tulcea-Sulina est devenue ainsi uneréalité. Cet automne, commenceront les travaux la prolongeant jusqu'à Crisan, aucoeur du Delta et distante de 12 km. Ils sont prévus pour une durée de quatre ans,l'opération est conduite par la mairie du village et financée à hauteur de 4 M€ (26MF) par le ministère des Travaux publics. Plus des deux tiers de la route seront alorsen service. Pour achever l'opération, il ne restera plus qu'à boucler le dernier tronçon,menant à Sulina, environ 20 km. Les travaux pourraient débuter dans 3-4 ans, maisaucun calendrier n'est fixé.

"Si le Delta, n'est plus le Delta… Est-ce qu'ils viendront encore les touristes ?"

Les pêcheurs du Delta sont per-plexes. Beaucoup ignorent que lestravaux de la route, commencés trèsdiscrètement, sont aussi avancés.Entre le "non" catégorique duGouverneur et le "oui" par derrièredes élus et de l'administration, ils nesavant quoi penser, se demandants'il ne s'agit pas d'un double jeu,visant à paralyser les réactions et àrendre irréversible sa construction. Etpuis ici, le pouvoir est craint et lapopulation préfère souvent se taire.

Pourtant, dans leur fond intérieur,nombreux sont ceux qui hochent latête devant la disparition pro-grammée de leur cadre de vie quirepose sur le bateau et leursbarques. Depuis des siècles, ils ryth-ment leurs journées. A cinq heures,l’après-midi, on attend l'arrivée duferry avec une charrette pour rame-ner chez elle la grand-mère partievoir ses petits-enfants à Tulcea et lesprovisions pour la semaine.

Le boulanger charge ses sacs defarine dans son embarcation, direc-tion son four. En fin de semaine, cesont les jeunes qui reviennent dulycée. Ici, on s'est toujours bienaccommodé de ne pas avoir de voi-tures. On n'en a pas besoin. Tout estréglé en fonction du fleuve.

Et les plus lucides, qui misent surle tourisme pour pouvoir rester chezeux, se posent avec angoisse cettequestion : "Si le Delta n'est plus leDelta, est-ce qu'ils viendront encoreles touristes ?".

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

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IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

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SULINA

SINAIA

Un trois mâts sur les mers et l'Océan

Un bac permet aux véhicules de gagner le coeur du Delta enempruntant la route qui se rapproche inexorablement de Sulina.

Menace sur l’intégrité du paysage et le cadre de vie des habitants

Le voilier-ècole Mircea dans son port d’attache de Constantsa, sur les bords de la Mer Noire.

SSociété

Mircea, 32 ans, ingénieur enconstruction mécanique enBucovine, a la foi et voulait

devenir prêtre, ayant suivi la formationnécessaire. Pour faire vivre sa famille, il ademandé a être prêtre honorifique, c'est àdire uniquement le dimanche, afin de pou-voir conserver son emploi. Sa propositiona été refusée par la hiérarchie religieuseorthodoxe qui lui a proposé d'occuper unministère à part entière, tout en continuantà travailler. Mircea a finalement acceptéet, moyennant une enveloppe de 3000 €

(20 000 F) remise à un conseiller del'évêque, a été nommé dans une paroissede 5000 habitants qui avait grandi et dis-posant déjà d'un pope de 40 ans.

Pendant un an, le nouveau prêtre amené de front ses deux occupations, cequi était très dur. Il était appelé fréquem-ment à l'occasion de décès et devait quit-ter son entreprise sur le champ, ce qui lemettait en porte à faux. Il décida doncd'abandonner son métier d'ingénieur pour se consacrer unique-ment à son sacerdoce. Mais ses relations avec le pope princi-pal, qui avait vu ses revenus pratiquement divisés par deuxaprès son arrivée s'étaient détériorées.

Les prêtres reçoivent une indemnité de l'Etat qui corres-pond grosso-modo aux cotisations sociales qu'ils doivent

reverser. Ils vivent - et leur famille puis-qu'ils doivent être obligatoirement mariéset ont des enfants - des rentrées procuréespar les cérémonies : baptêmes, mariages,obsèques, services religieux, "Boboteaza"(Epiphanie, à l'occasion de laquelle lespopes vont bénir chaque foyer et reçoi-vent ainsi une contribution, quasimentobligatoire).

Autant de ressources qui ne sont pasdéclarées, sur lesquelles la "GardeFinancière" (le fisc) ferme tacitement lesyeux, mais qui se sont sérieusement ame-nuisées avec la détérioration générale desbudgets familiaux.

Mircea a donc fait sécession avec soncollègue, la commune se trouvant diviséeen deux, et a installé ses fidèles dans unetoute petite chapelle en bois, dans l'atten-te de la construction d'une église en dur.

Le Conseil paroissial qu'il a consti-tué, et qui vérifie tous les comptes, estparti à la recherche de sponsors, tout en

lançant une collecte. Les travaux ont commencé, avec des arti-sans qui sont payés au noir, car la nouvelle paroisse n'a pas lesmoyens de régler les charges et une grande partie des res-sources procurées par les cérémonies leur sont consacrées.Actuellement, Mircea vit mensuellement avec 1,5 millions delei (38 €, 250 F).

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Fraises et cerises en abondance

Epargnés par le gel, les fruits de printemps ont été cueillis en abondance,cette année, faisant baisser les prix. Ainsi, début juin, les fraises se ven-daient 0,3 € (2,3 F) le kilo, descendant même en dessous de 0,15 € (1 F)

pour la qualité destinée à la confiture ou aux compotes. La production de fraises a été estimée à 18 000 tonnes pour l'ensemble des 2000

hectares consacrés à cette culture dans le pays, et a été absorbée entièrement par lemarché intérieur, rapportant 8-9 M€ (52-60 MF). Avec la moitié de cette superficie etdeux tiers de la production, le judet de Satu-Mare se taille la part du lion, le sud dupays et Bucarest étant approvisionnés par les départements de Giurgiu, RâmnicuVâlcea, et Gorj (Târgu Jiu). Cette culture est toutefois handicapée par la dimensiontrop réduite des exploitations, de l'ordre de un à deux hectares, ce qui ne permet qu'uneexploitation familiale, ne créant pas d'emplois, comme en Espagne ou en Angleterreoù elles s'étendent sur des centaines d'hectares. La culture des fraises est pourtantconsidérée comme une affaire rentable. Elle exige un investissement initial d'un mini-mum de 4000-5000 € (26 000-33 000 F) à l'hectare, le profit pouvant atteindre 2000-2200 € (13 000 -14 000 F).

L'année a été également très bonne pour les cerises et les guignes, dont on a cueilli80 000 t, 30 000 t étant mises en vente sur le marché, rapportant 20 M€ (130 MF),les autres servant à la consommation familiale. En 2003, la Roumanie avait exporté1700 t. de cerises, ce qui avait rapporté un million d'euros, et 700 t de guignes (visi-ne, dont on tire la délicieuse liqueur visinata) pour une valeur de 333 000 € (2 MF).

Les fruits exotiquesfont de la concurrenceà la banane

Après la "Révolution", lesRoumains se sont jetés sur lesbananes et les oranges dont ilsavaient été privées pendant les der-nières années du régime Ceausescu.Si ces deux fruits des pays chaudsrestent les préférés des consomma-teurs, d'autres se sont installés dura-blement dans leur univers, commeles clémentines, mandarines et pam-plemousses, leur faisant concurren-ce. Si bien que, d'après le CentreRoumain du Commerce Extérieur, lesimportations de bananes ont reculépour la première fois en 2003, pas-sant de 55 000 tonnes, l'annéeprécédente, à 43 000 tonnes.

Les Roumains ont également prisgoût aux ananas, dont les importa-tions ont doublé en deux ans, tout enrestant à un niveau très faible (280tonnes), aux kiwis, que l'on ne peutcultiver sur place à cause du climattrop continental (1600 tonnes en2002, 2000 tonnes en 2003). Ilsdécouvrent aussi les fruits exotiquesaux noms encore inconnus, voici peu: mangues, mangoustans, goyaves,tamarins, fruits de la passion, quiviennent du Brésil, d'Afrique du Sudou d'Extrême-Orient.

Un plateau de ces fruits fait raf-finé et impressionne les invités. Biensûr, très peu de personnes peuventse permettre leur achat et leur impor-tation est encore confidentielle, del'ordre de quelques dizaines detonnes… à une demi-tonne pour lestamarins, en 2003. Mais, pournombre de Roumains, offrir une oran-ge à ses enfants pour Noël resteencore dans le domaine du luxe.

Vie quotidienne Religion La foi soulève... des églises

Dix sept cultes ou Eglises reconnues

Depuis la "Révolution" de 1989, pas moins de 1800 églises detous les cultes et monastères ont vu le jour à travers le pays,soit, en 14 années, six fois plus que pendant le demi-siècle de

communisme où 600 avaient été construits alors que, parallèlement, 27étaient détruits, dont 25 à Bucarest, et 10 déménagés à cause du processusde systématisation et de l'édification du palais de Ceausescu. Ces bâtimentsreligieux sont financés par les dons des fidèles ou de la nouvelle nomenk-latura, souvent issue de l'ancienne ou de la Securitate, qui s'est enrichiedepuis la chute du communisme.

BUCAREST

ORADEA

SATUMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

VASLUI

TG. JIU

CLUJ

R. VÂLCEA

GIURGIU

Sans qu'aucune explication par-ticulière ne soit donnée, unrapport du ministère de

l'Environnement fait état d'une chuteimportante de la consommation de pois-son par les Roumains… alors queparallèlement le tonnage péché augmen-te. Le prix ne semble pas mis plus encause que dans le cas de la viande de porcou de poulet qui a la préférence desconsommateurs.

S'agit-il d'une détérioration des cir-cuits de distribution ou d'une modifica-tion des habitudes alimentaires ?... Entous les cas, les Roumains n'avaient

mangé qu'1,3 kg de poisson en 2001, soitsix fois moins qu'en 1989 (7 kg). Parcontre le tonnage pêché est passé de 16580 tonnes en 1999 à 22 500 en 2002,dont 5800 tonnes de poissons de rivière,2700 tonnes de poissons de la mer Noireet près de 14 000 tonnes de poissons d'é-levage.

Les autorités espèrent que ce derniersecteur dépassera les 50 000 tonnes en2007, horizon où elles estiment que laconsommation sera remontée à 6 kg parhabitant. L'activité de la pêche est prati-quée par des chalutiers ou des embarca-tions artisanales.

Les Roumains mangent six fois moins de poisson qu'au temps de Ceausescu

Le gouvernement roumain a approuvé quatre projets de loi transposant lesdirectives européennes dans le domaine de la consommation, qui devraientconduire les consommateurs roumains à être protégés de la même maniè-

re que les citoyens de l'UE. Les domaines visés sont le crédit à la consommation, lasécurité générale des produits, la responsabilité des producteurs en cas de manque-ments ou de défauts des produits. Par ailleurs, les associations non gouvernementalesde défense des consommateurs seront associées aux initiatives touchant les domainesde leur protection, de leur sécurité, de la santé, de la préservation de leurs intérêts, dela promotion des actions d'information et d'éducation, et pourront bénéficier des pro-grammes financés par l'UE.

Des consommateurs protégés comme les citoyens de l'UE

L'Etat roumain reconnaît dix-sept cultes ou Eglises. Il s'agit del'Eglise Orthodoxe, de l'Eglise catholique (romaine-catholiqueet gréco-catholique), des cultes protestants (Eglises luthérienne,

évangélique, réformée, calviniste, anglicane), de l'Eglise arménienne, duculte chrétien selon l'ancien rite, des cultes néo-protestants (baptiste,adventiste du Septième jour, penticostal, chrétien selon l'Evangile, évangé-liste roumain), de l'Islam, du culte juif, des Témoins de Jéhovah. Le culteboudhiste n'est pas encore reconnu officiellement car il n'a pas assezd'adeptes.

Dans sa dernière encyclopédieEncarta, datée de 2004, Microsoftestime que le nombre d'orthodoxes

se situe aux environs de 70 % de la population, enRoumanie, et non pas a 87 % comme l'indiquentles chiffres du recensement de 2002. D'autresécarts sont notés, allant de un a cent, pour lesathées ou Roumains se déclarant sans religion (10% pour la firme de Bill Gates, 0,1 % pour le gou-vernement), du simple au double pour les protes-tants (6 % contre 3 %), et pour les autres religions(baptistes, pentecôtistes, musulmans, etc..., de 8% a 4 %).

Pour donner donner l’ensemble des chiffres,qui indiquent une baisse conséquente de 17 % dela population orthodoxe en quatre ans, Microsofts'est basé sur les informations de la CIA, acces-sibles librement sur le site de celle-ci(www.cia.org/publications/factbook) et prove-nant d'autres sources spécialisées).

1800 édifices religieux ont été construits depuis la Révolution

Seulement 70 % d'orthodoxes en Roumanie

selon Microsoft et la CIA

Les collectes ne suffisent pas, il faut aussitrouver des sponsors pour bâtir une église.

SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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AIana, dans le judet moldave de Vaslui, on n'est tou-jours pas branché sur le réseau du gaz, seulsquatre postes de téléphone fonctionnent, les habi-

tants s'alimentent à l'eau du puits, les routes ne sont pas gou-dronnées… et pourtant les paysan utilisent Internet pour com-mander les semences destinées à améliorer la reproduction deleur vaches et taurillons.

A la suite d'un accord passé entre le gouvernement rou-main et l'Agence des Nations Unies pour le développementInternational, un "télécentre" a été installé dans le village, per-mettant aussi bien d'utiliser Internet, un téléphone, un fax, unephotocopieuse, deux à cinq ordinateurs, un technicien étantmis à disposition. Cinq communes du secteur font partie de ceprojet expérimental, concernant une population de 12 000

habitants, les mairies étant invitées à fournir un local, situéparfois à la Maison de la Culture ou à l'école.

Un tiers des habitants se rendent quotidiennement auxcinq télécentres, dont l'équipement, au total, a coûté200 000 € (1,3 MF). Les enfants viennent pour les jeux vidéo,mais les adultes utilisent le fax pour communiquer avec lafamille, de préférence au téléphone, cher (un euro les sixminutes), n'hésitant pas à se mettre à Internet qui est gratuit."Nous ne sommes plus isolés du monde" confesse un habitué.

Le ministère des Communications et des Technologiesinformatiques envisage d'installer quelques dizaines de télé-centres semblables dans le pays, ce qui prend de deux à troismois pour chacun d'entre eux, ayant déjà affecté 2 M€

(13 MF) à cette initiative.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociété

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A Iana, les paysans n'ont pas d'eau, de gaz, de téléphone… mais utilisent

Internet pour commander leurs semences

Vie quotidienneSanté

Pas chères et résistant aux tremblements de terre, les maisons en bois font leur apparition sur le marché

Construct Expo", le salon de la construction, qui s'estdéroulé à Bucarest, a permis de constater la percée,encore bien timide, des constructeurs de maison en

bois et pré-fabriquées roumains. Les ventes ont commencé àprogresser voici deux à trois ans, réservées principalement auxrésidences secondaires et maisons de vacances. Aujourd'hui, cesecteur ne représente plus que 15 % du marché, le reste concer-nant des commandes pour des résidences principales.

Ecologiques, offrant un confort thermique élevé, un coûtd'entretien faible, résistantes, ces maisons ont aussi l'avantagede pouvoir résister à un tremblement de terre de l'ordre de 8,2sur l'échelle de Richter, dans un pays constamment sous lamenace de ce phénomène. Mais c'est surtout leur coût réduit

qui séduisent les acheteurs ; à partir de 100 € le mètre carré jusqu'à 250 € (650 à 1650 F), ce qui met un pavillon T3 de 60 m2 à20 000 € (130 000 F), clés en main, prix même inférieur dans le cas de panneaux préfabriqués (90 € (590 F) le m2 pour l'ossatu-re et 175 € le m2 (1150 F) avec toutes les finitions). Un simple studio en construction traditionnelle dépasse les 23 000 €

(150 000 F). Autre intérêt : la durée de construction qui est limitée de 2 à 4 mois, suivant la superficie. Les constructeurs roumains ont vu également se remplir leurs carnets de commande à l'étranger, Français, Suisses, Espagnols,

Grecs, se tournant vers la Roumanie qui offre des prix défiant toute concurrence, allant de 250 à 600 € (1650 à 4000 F) le m2 àl'exportation, suivant la qualité du bois demandé.

Treize ans, durée de vie moyenne d'une voiture

En moyenne, les automobilistes roumains utilisent leurs voitures pendanttreize ans, cette durée étant fréquemment portée à vingt, voire vingt-cinqans. Au sein de l'UE, elle n'est que de huit à dix ans. Autre différence : les

voitures hors d'usage sont recyclées à 85 % dans les pays de l'UE, répondant auxnormes exigées, alors que ce pourcentage tombe à 60 % en Roumanie - le reste esttransformé en déchets - qui sera cependant obligée d'appliquer la réglementationcommunautaire d'ici à 2012. Actuellement, environ une ou deux entreprises par judetse chargent de ce travail de recyclage qui concerne annuellement 40 000 véhiculessur l'ensemble du pays mais, par souci de rentabilité, elles ne transforment que la par-tie métallique des véhicules, la prise en compte des autres matériaux, notamment lesmatières plastiques coûtant trop cher.

La psychiatrie aspire augrand chambardement

Les conditions inhumaines dans lesquelles sont souvent confinés les maladesmentaux ne constituent qu'une partie de la misère du secteur psychiatriqueen Roumanie, une spécialité qui a toujours été tenue à l'écart et peu connue.

Tout au long de leurs études, les futurs médecins ne reçoivent en tout et pour tout quequatre semaines de formation portant sur ce domaine. Peu s'engageront dans cettevoie, mal considérée et mal rémunérée, certains psychiatres préférant vendre desmédicaments ou des objets de luxe plutôt que d'accepter un poste.

Cette pénurie de médecins spécialistes, mais aussi de psychologues, se retrouveau niveau des assistantes et infirmiers, lesquels s’en vont en Italie ou en Espagne.Ainsi, à certaines consultations, les psychiatres se retrouvent avec quarante patientsqu'ils devront examiner en quatre heures, ce qui rend problématiques les soins ambu-latoires pourtant jugés préférables à un internement par la profession. Dans les éta-blissements, guère plus de deux assistants sont affectés à soixante-dix lits.

Pourtant, le regard des Roumains vis-à-vis de la psychiatrie commence à changer.On hésite moins à faire appel à un psychothérapeute, sans la peur d'être étiqueté parla société. Un programme pilote a démarré à la section de psychiatrie infantile de l'hô-pital Alexandru Obregia de Bucarest en 1999. Les jeunes patients sont installés defaçon à se sentir chez eux et entourés pas trois psychiatres, deux psychologues, uneassistante sociale et un assistant, lesquels prennent le temps de parler avec eux. Pourle président de la Ligue Roumaine pour la Santé Mentale, Bogdana Tudorache, "laprofession a très envie d'oublier le cauchemar de l'enfermement psychiatrique quiavait cours sous Ceausescu et d'ouvrir ses portes, à l'image d'une société libre".

Instauration du carnet de maternité

Dès leur première visite chez lemédecin, les femmes enceintes rece-vront désormais un carnet de mater-nité que le praticien devra remplir, etqui servira à la surveillance de leurgrossesse. Ce petit livret contiendraégalement des conseils de soins,d'hygiène, d'alimentation pour elles-mêmes et leurs bébés.

Tiré à 220 000 exemplaires pourl'année, ce qui devrait correspondreau nombre de grossesses annuellesdans le pays, ce carnet a été financépar des fonds européens PHARE. Ila été présenté par le ministre de laSanté, en présence de représentantsde l'UNICEF et de l'UE en Roumanie.

Par ailleurs, les femmes enceintesn'auront plus à attendre pour obtenirune consultation médicale où fairepratiquer des analyses : elles seronttraitées en priorité, comme des casd'urgence, n'auront pas à s'inscriresur des listes d'attente et pourrontêtre hospitalisées sans passer par lemédecin. Cette mesure a été décidéeafin de lutter contre la mortalitématernelle, due dans la moitié descas à l'insuffisance des consultationsprénatales et même, pour un tiers, àleur absence.

Cabinets médicaux cédés sous forme de concession

Le ministère de la Santé prépare un projet de loi qui prévoit de céder sousforme de concession dix milles cabinets médicaux dont il est propriétaire,aux médecins de famille les occupant actuellement. La concession, d'une

durée minimum de 15 ans, se fera au prix maximum d'un euro le m2 et devrait se situeren moyenne entre 13 et 26 € (85-100 F). Si la grande majorité de ces cabinets sesituent à la campagne ou dans des quartiers éloignés de villes, n'ayant pas une grandevaleur immobilière, certains se trouvent au cœur même des grandes cités et ont prisplace parfois dans des maisons nationalisées ou des villas de luxe. Depuis 1999, lesmédecins occupaient gratuitement ces cabinets.

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVACLUJ

VASLUI

SINAIA

Les sénateurs roumains ontadopté plusieurs dispositionslégislatives concernant l'en-

fance, l'une précisant la hiérarchie desresponsabilités, revenant dans l'ordre à lafamille, la commune et l'Etat, si besoin,l'autre interdisant de façon formelle l'ap-plication de châtiments corporels auxenfants et punissant de prison toute per-sonne les incitant à la mendicité.

Châtiments corporelspour enfants interdits

Evan Fisher, le responsabled'Amnesty International pourl'Europe Centrale et du Sud,

s'est élevé contre la pratique qui consisteà interner dans des hôpitaux psychia-triques des enfants présentant des pro-blèmes psychiques chroniques et placésdans des centres spécialisés, dès qu'ils ontatteint leur majorité, alors qu'ils pour-raient réintégrer leur communauté etvivre auprès de leurs familles.

Evan Fisher a rappelé les conditionsdéplorables des hôpitaux psychiatriques

roumains: "J'ai visité un établissement dujudet d'Arad où, pour tout chauffage, il yavait un poêle dans une seule pièce, etoù, faute de fonds, on ne pouvait plusdonner de médicaments". Ses informa-tions étant mises en cause par les auto-rités, il a indiqué qu'il les détenait desources indépendantes, crédibles etqu'elles étaient à jour, rajoutant "la réac-tion des autorités est absurde ; j'ai visitécertainement plus d'hôpitaux psychia-triques dans le pays que le ministre de laSanté".

Amnesty International attire l'attentionsur la situation dans les hôpitaux psychiatriques

La Caisse Nationale d'AssuranceSanté a décidé que tous les assurésde plus de 18 ans devraient subir uncontrôle médical annuel, en vue dudépistage de graves maladies. LaCaisse du judet d'Arad a indiquéqu'elle envisageait de ne pas rem-bourser les traitements des affectionsnon détectées à temps.

Examen médical annuel

Oubliée, sans moyens et mal considérée

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SSociété

Obole pour les examinateurs

Vasile, parent d'élève: "on a formé un collectif de parentspour préparer et faciliter le passage des examens à nos enfants.C'est une sorte d'association non officielle, mais çà existe par-tout. Vers la fin mai, on se réunit et on fait une caisse commu-ne pour payer "les frais de protocole" pour la commissiond'examen qui va se déplacer et rester sur place quatre jours : lecafé, les boissons, les repas au restaurant. L'objectif est quecette commission se montre tolérante et que pratiquement tousles élèves soient admis. Alors, on a intérêt a bien la soigner.

On fixe un tarif par élève; ceux qui ne peuvent pas payer,se débrouillent, font un effort, empruntent auprès des proches.Chez nous, c'était 10 € pour la capacitate (équivalent du bre-vet). Pour le bac, c'était nettement plus, 50 € (330 F, la moitiédu salaire moyen net), mais il y a beaucoup plus d'examina-teurs. Finalement, à la capacitate, on a eu 90 % de reçus à lapremière session et 100 % au rattrapage. Au bac, c'était 85 %,puis 90-95 %. En fait, c'était comme les années précédentes etc'est à peu près pareil dans le pays. Mais, si nous n'avions pasversé notre obole…"

Baccalauréat et relations bien placées

Pavel, professeur: "Plusieurs mois avant le bac, une amievient me voir et me demande comment faire pour arranger lesnotes de sa fille à l'examen, afin qu'elles soient très bonnes etlui permettent de rentrer à l'université. J'étais embarrassé etj'en ai parlé à l'inspecteur adjoint qui m'a dit " D'accord, maisrappelle-moi un peu avant".

Deux semaines avant l'échéance, les parents de la fille, quine sont pas particulièrement riches, viennent me voir et meremettent 400 € (2600 F). J'ai demandé à l'inspecteur combienil voulait: "300 €… 100 € pour toi (je les ai rendus auxparents), 100 € pour moi, 100 € pour la commission d'exa-men", qu'il fallait bien arroser aussi.

Un ou deux jours avant les épreuves, l'inspecteur a convo-qué la fille qui, à sa stupéfaction, s'est retrouvée en compagnied'une vingtaine d'autres candidats dans le même cas. Là, il leura fait un cours pour leur expliquer comment procéder afin que

leurs copies soient bien identifiées : répétition de certains motset fautes volontaires à des endroits précis, etc…

En outre, en général, le président de la commission a uneliste d'élèves à favoriser et s'arrange pour faire deux piles decopies pour les correcteurs qui savent ainsi qu'elles sont les"bonnes". Certains d'entre eux sont aussi dans le coup, si bienque le système de la double correction qui permettrait de déce-ler une anomalie est inopérant. Dans le cas de la jeune filleévoquée, sa moyenne a été vraisemblablement portée de 7,9sur 10 à 9,10, ce qui lui a permis de rentrer à l'université".

D'après Pavel, un président de commission récupère àchaque session du bac l'équivalent d'une Dacia Solenza(5 000 €, 33 000 F). Interrogé sur les risques qu'il encourraità faire ses "réunions de groupe" d'avant examen, l'inspecteur-adjoint lui a répondu : "Ne t'en fais pas, j'ai des relations bienplacées".

Savoir faire

Dana, 17 ans, lycéenne: "Quand je suis rentrée en dixième(équivalent seconde), mes copines et moi on a été très sur-prises de retrouver une camarade dans notre classe. Elle étaitsympa mais pas futée, et n'aurait jamais dû rentrer au lycée,surtout qu'elle n'avait eu sa capacitate que d'extrême justesse etau repêchage. Plus tard, elle m'a dit qu'elle était là parce queses parents avaient versé 200 € au directeur et autant à l'ins-pecteur principal. Elle n'était pas la seule dans ce cas".

A la fac, aussi

Tudor, professeur d'université: "Un professeur de françaisa tout simplement proposé à la mère d'une candidate à l'entréeà la faculté… de coucher avec lui. Devant son refus, sa fille aété collée deux ans de suite. Elle n'a pu y entrer que la 3èmeannée, car le prof en question était parti en stage pour troismois en France". Et Tudor de citer l'exemple d'un autre pro-fesseur, enseignant l'économie socialiste planifiée, sous lecommunisme, mais reconverti en prof d'économie de marché,qui avait bien assimilé cette transition : il demandait 50 € à cesétudiants pour qu'ils soient reçus dans sa discipline.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe SSociété

Examens achetés, piston sur commande, jurys qu'il faut

soigner, voire rançonnement

Alcool, tabac, drogue:une progressioninquiétante chez leslycéens de 16 ans

Dans le cadre d'une enquêteeuropéenne auprès de 200 lycéesroumains et portant sur 4000 élèvesde 16 ans, actualisée tous les quatreans, plus de la moitié des lycéensinterrogés ont reconnu boire oufumer régulièrement, la progressionétant alarmante, de l'ordre du doubleou du triple, depuis 1999.

A cet âge, presque tous cesjeunes ont déjà consommé de l'al-cool, et plus de la moitié ont été ivresau moins une fois. Fumer est devenuune pratique courante, commencéevers l'âge de 14 ans. Ces lycéensdéclarent boire pour se distraire (plusde la moitié), 38 % pour oublier leursproblèmes. Un tiers considèrent quecela leur permet d'avoir des relationsplus fortes avec leurs amis, ou desrelations sexuelles, que certainsregrettent le lendemain. Près de 3 %sont entraînés dans des complica-tions avec la police.

Les lieux où l'on consomme leplus sont la maison, puis la disco-thèque (pourcentage qui a triplédepuis quatre ans). 77 % deslycéens estiment qu'il est facile de seprocurer des bières, du vin ou descigarettes, bien que leur vente soitinterdite aux mineurs. 10 % ont tou-ché à la drogue, qu'ils déclarent trou-ver assez facilement dans les disco-thèques, les bars ou dans la rue. Lenombre d’initiés par leur grand frèreou sœur a doublé depuis 1999, celuides consommateurs a augmenté de50 % pour les drogues et de 85 %pour les amphétamines.

Beaucoup d'enseignants roumains se montrent amers devant les conditionsdans lesquelles ils sont contraints d'exercer leur métier: maigres salaires (3millions de lei pour un débutant, soit 75 € ou 500 F), manque de considé-

ration, de moyens matériels ou pédagogiques (bien que la situation s'améliore au pointde vue de l'équipement informatique)… Mais ils sont surtout écœurés des pratiquesauxquels ils doivent parfois se prêter.

La corruption n'épargne pas le milieu, ce qui est encore plus grave quand il s'agitde former des enfants qui l'assimilent comme étant naturelle. Parents, élèves, profes-seurs, y sont confrontés, ne peuvent y échapper ; certains en sont accablés, d'autrescourbent l'échine car ils se considèrent impuissants.

Est-ce que la situation peut changer ? Certainement pas en taisant les faits et doncen les acceptant. C'est pour cette raison que "Les Nouvelles de Roumanie" ontdécidé, en accord avec les Roumains qui ont bien voulu - et parfois demandé - témoi-gner, de rendre compte des pratiques et comportements devenus habituels à traverstout le pays et qui conduisent la jeune génération à désespérer, contribuant à fairequ'elle quitte le pays.

Profiter et se servir

Mirela, directrice d'école: "Pour devenir directri-ce, j'ai dû passer un concours, suivi d'une évaluation,trois mois après. Deux inspecteurs se sont présentésdans ma classe de français. Ils ont repéré toute unassortiment de dictionnaires que m'avaient apportésdes amis français. L'un s'est exclamé "Ah, celui-ci jene l'ai pas"… et ils m'en ont "piqué" plusieurs, sansque je ne puisse rien dire.

A la fin de l'inspection, il a fallu que je les inviteau restaurant. Çà m'a coûté cher. Ils se sont fait tirerl'oreille ("D'accord, mais on est pressés")… comme sic'était moi qui leur demandait quelque chose. J'aiappris par une collègue qu'après ce déjeuner, ils s'é-taient rendus dans une école d'une commune voisine(c'est pour çà qu'ils étaient pressés) et que le nouveaudirecteur s'était aussi senti obligé de les emmener au restaurant et de les "rincer" auchampagne ".

Coup de main obligé

Nelu, professeur, surveillant à un examen pour devenir instituteur : "l'inspectricem'a demandé d'aider une jeune fille qu'elle connaissait à obtenir son examen. Je suisrentré dans la salle, j'ai distribué des fiches où il y avait le choix entre quatre réponses(A, B, C, D) pour chacune des trente questions. Je suis passé plusieurs fois devant lacandidate et j'avais inscrit au fur et à mesure les bonnes réponses sur la paume de mamain, lui présentant discrètement. Mais j'ai vu qu'elle les recopiait mal.

Ce n'était pas la première fois que ce genre de sollicitation m'arrivait. J'avais dûfaire la même chose pour trois filles recommandées par un haut fonctionnaire duministère. Je me suis rendu compte qu'elles étaient incapables, qu'elles n'avaient pasfait les études convenables pour enseigner, mais qu'elles seraient quand même reçues,apprendrait le roumain aux enfants, alors que leurs copies étaient truffées de fautes".

Enseignement

La Roumanie est à peu près alignée sur les pays européensen ce qui concerne les taxes que doivent payer les étu-diants pour suivre leur cursus universitaire dans les uni-

versités publiques… à cette différence près qu'il faut multiplier pardix ou par quinze les sommes qu'ils doivent acquitter pour tenir comp-te de la différence de niveau de vie. Ainsi, un étudiant roumain, s'iln'est pas titulaire d'une bourse, dépensera de 50 à 100 € (325 - 650 F)de frais d'inscription et, en fonction de la filière retenue, devra ajou-ter entre 300 et 800 € (2000 - 5200 F) pour les frais de scolarité. EnFrance et au Portugal, ces frais universitaires s'élèvent à 300 € (2000F), tandis qu'en Belgique ils peuvent atteindre 650 € (4200 F). C'estaux Pays Bas et en Grande-Bretagne que ces taxes sont les plusélevées (1200 €, 8000 F). Sept pays de l'UE assurent la gratuité del'enseignement supérieur : l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, laSuède, la Finlande, la Grèce et le Luxembourg.

De 350 à 900 € pour s'inscrire en faculté

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVACLUJ

P. NEAMT

SIGHISOARACes pratiques qui accablent

enseignants, parents et élèves

Les statistiques du ministère de l'Educationnationale font apparaître que 348 élèves, fré-quentant le collège ou le lycée, se sont

mariés en Roumanie, au cours de l'année scolaire 2002-2003, et 111 adolescentes ont mis au monde un bébé, lesacadémies concernées prenant des dispositions pourqu'elles puissent continuer à suivre un enseignement,souvent à distance et sous forme allégée.

Le record est détenu par le judet de Botosani, avecle mariage de 43 élèves et la naissance de 19 bébés, 3jeunes mères ayant moins de 15 ans. A Satu-Mare, on aenregistré 17 mariages et 7 naissances. Dans la majoritédes cas, il s'agit d'adolescents tsiganes ou issus demilieux ruraux.

2002-2003: 350 mariages d'élèves et une centaine de naissances

Si certains candidats tremblent, dans l’attente

des résultats, d’autres lesconnaissent à l’’avance.

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Obole pour les examinateurs

Vasile, parent d'élève: "on a formé un collectif de parentspour préparer et faciliter le passage des examens à nos enfants.C'est une sorte d'association non officielle, mais çà existe par-tout. Vers la fin mai, on se réunit et on fait une caisse commu-ne pour payer "les frais de protocole" pour la commissiond'examen qui va se déplacer et rester sur place quatre jours : lecafé, les boissons, les repas au restaurant. L'objectif est quecette commission se montre tolérante et que pratiquement tousles élèves soient admis. Alors, on a intérêt a bien la soigner.

On fixe un tarif par élève; ceux qui ne peuvent pas payer,se débrouillent, font un effort, empruntent auprès des proches.Chez nous, c'était 10 € pour la capacitate (équivalent du bre-vet). Pour le bac, c'était nettement plus, 50 € (330 F, la moitiédu salaire moyen net), mais il y a beaucoup plus d'examina-teurs. Finalement, à la capacitate, on a eu 90 % de reçus à lapremière session et 100 % au rattrapage. Au bac, c'était 85 %,puis 90-95 %. En fait, c'était comme les années précédentes etc'est à peu près pareil dans le pays. Mais, si nous n'avions pasversé notre obole…"

Baccalauréat et relations bien placées

Pavel, professeur: "Plusieurs mois avant le bac, une amievient me voir et me demande comment faire pour arranger lesnotes de sa fille à l'examen, afin qu'elles soient très bonnes etlui permettent de rentrer à l'université. J'étais embarrassé etj'en ai parlé à l'inspecteur adjoint qui m'a dit " D'accord, maisrappelle-moi un peu avant".

Deux semaines avant l'échéance, les parents de la fille, quine sont pas particulièrement riches, viennent me voir et meremettent 400 € (2600 F). J'ai demandé à l'inspecteur combienil voulait: "300 €… 100 € pour toi (je les ai rendus auxparents), 100 € pour moi, 100 € pour la commission d'exa-men", qu'il fallait bien arroser aussi.

Un ou deux jours avant les épreuves, l'inspecteur a convo-qué la fille qui, à sa stupéfaction, s'est retrouvée en compagnied'une vingtaine d'autres candidats dans le même cas. Là, il leura fait un cours pour leur expliquer comment procéder afin que

leurs copies soient bien identifiées : répétition de certains motset fautes volontaires à des endroits précis, etc…

En outre, en général, le président de la commission a uneliste d'élèves à favoriser et s'arrange pour faire deux piles decopies pour les correcteurs qui savent ainsi qu'elles sont les"bonnes". Certains d'entre eux sont aussi dans le coup, si bienque le système de la double correction qui permettrait de déce-ler une anomalie est inopérant. Dans le cas de la jeune filleévoquée, sa moyenne a été vraisemblablement portée de 7,9sur 10 à 9,10, ce qui lui a permis de rentrer à l'université".

D'après Pavel, un président de commission récupère àchaque session du bac l'équivalent d'une Dacia Solenza(5 000 €, 33 000 F). Interrogé sur les risques qu'il encourraità faire ses "réunions de groupe" d'avant examen, l'inspecteur-adjoint lui a répondu : "Ne t'en fais pas, j'ai des relations bienplacées".

Savoir faire

Dana, 17 ans, lycéenne: "Quand je suis rentrée en dixième(équivalent seconde), mes copines et moi on a été très sur-prises de retrouver une camarade dans notre classe. Elle étaitsympa mais pas futée, et n'aurait jamais dû rentrer au lycée,surtout qu'elle n'avait eu sa capacitate que d'extrême justesse etau repêchage. Plus tard, elle m'a dit qu'elle était là parce queses parents avaient versé 200 € au directeur et autant à l'ins-pecteur principal. Elle n'était pas la seule dans ce cas".

A la fac, aussi

Tudor, professeur d'université: "Un professeur de françaisa tout simplement proposé à la mère d'une candidate à l'entréeà la faculté… de coucher avec lui. Devant son refus, sa fille aété collée deux ans de suite. Elle n'a pu y entrer que la 3èmeannée, car le prof en question était parti en stage pour troismois en France". Et Tudor de citer l'exemple d'un autre pro-fesseur, enseignant l'économie socialiste planifiée, sous lecommunisme, mais reconverti en prof d'économie de marché,qui avait bien assimilé cette transition : il demandait 50 € à cesétudiants pour qu'ils soient reçus dans sa discipline.

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe SSociété

Examens achetés, piston sur commande, jurys qu'il faut

soigner, voire rançonnement

Alcool, tabac, drogue:une progressioninquiétante chez leslycéens de 16 ans

Dans le cadre d'une enquêteeuropéenne auprès de 200 lycéesroumains et portant sur 4000 élèvesde 16 ans, actualisée tous les quatreans, plus de la moitié des lycéensinterrogés ont reconnu boire oufumer régulièrement, la progressionétant alarmante, de l'ordre du doubleou du triple, depuis 1999.

A cet âge, presque tous cesjeunes ont déjà consommé de l'al-cool, et plus de la moitié ont été ivresau moins une fois. Fumer est devenuune pratique courante, commencéevers l'âge de 14 ans. Ces lycéensdéclarent boire pour se distraire (plusde la moitié), 38 % pour oublier leursproblèmes. Un tiers considèrent quecela leur permet d'avoir des relationsplus fortes avec leurs amis, ou desrelations sexuelles, que certainsregrettent le lendemain. Près de 3 %sont entraînés dans des complica-tions avec la police.

Les lieux où l'on consomme leplus sont la maison, puis la disco-thèque (pourcentage qui a triplédepuis quatre ans). 77 % deslycéens estiment qu'il est facile de seprocurer des bières, du vin ou descigarettes, bien que leur vente soitinterdite aux mineurs. 10 % ont tou-ché à la drogue, qu'ils déclarent trou-ver assez facilement dans les disco-thèques, les bars ou dans la rue. Lenombre d’initiés par leur grand frèreou sœur a doublé depuis 1999, celuides consommateurs a augmenté de50 % pour les drogues et de 85 %pour les amphétamines.

Beaucoup d'enseignants roumains se montrent amers devant les conditionsdans lesquelles ils sont contraints d'exercer leur métier: maigres salaires (3millions de lei pour un débutant, soit 75 € ou 500 F), manque de considé-

ration, de moyens matériels ou pédagogiques (bien que la situation s'améliore au pointde vue de l'équipement informatique)… Mais ils sont surtout écœurés des pratiquesauxquels ils doivent parfois se prêter.

La corruption n'épargne pas le milieu, ce qui est encore plus grave quand il s'agitde former des enfants qui l'assimilent comme étant naturelle. Parents, élèves, profes-seurs, y sont confrontés, ne peuvent y échapper ; certains en sont accablés, d'autrescourbent l'échine car ils se considèrent impuissants.

Est-ce que la situation peut changer ? Certainement pas en taisant les faits et doncen les acceptant. C'est pour cette raison que "Les Nouvelles de Roumanie" ontdécidé, en accord avec les Roumains qui ont bien voulu - et parfois demandé - témoi-gner, de rendre compte des pratiques et comportements devenus habituels à traverstout le pays et qui conduisent la jeune génération à désespérer, contribuant à fairequ'elle quitte le pays.

Profiter et se servir

Mirela, directrice d'école: "Pour devenir directri-ce, j'ai dû passer un concours, suivi d'une évaluation,trois mois après. Deux inspecteurs se sont présentésdans ma classe de français. Ils ont repéré toute unassortiment de dictionnaires que m'avaient apportésdes amis français. L'un s'est exclamé "Ah, celui-ci jene l'ai pas"… et ils m'en ont "piqué" plusieurs, sansque je ne puisse rien dire.

A la fin de l'inspection, il a fallu que je les inviteau restaurant. Çà m'a coûté cher. Ils se sont fait tirerl'oreille ("D'accord, mais on est pressés")… comme sic'était moi qui leur demandait quelque chose. J'aiappris par une collègue qu'après ce déjeuner, ils s'é-taient rendus dans une école d'une commune voisine(c'est pour çà qu'ils étaient pressés) et que le nouveaudirecteur s'était aussi senti obligé de les emmener au restaurant et de les "rincer" auchampagne ".

Coup de main obligé

Nelu, professeur, surveillant à un examen pour devenir instituteur : "l'inspectricem'a demandé d'aider une jeune fille qu'elle connaissait à obtenir son examen. Je suisrentré dans la salle, j'ai distribué des fiches où il y avait le choix entre quatre réponses(A, B, C, D) pour chacune des trente questions. Je suis passé plusieurs fois devant lacandidate et j'avais inscrit au fur et à mesure les bonnes réponses sur la paume de mamain, lui présentant discrètement. Mais j'ai vu qu'elle les recopiait mal.

Ce n'était pas la première fois que ce genre de sollicitation m'arrivait. J'avais dûfaire la même chose pour trois filles recommandées par un haut fonctionnaire duministère. Je me suis rendu compte qu'elles étaient incapables, qu'elles n'avaient pasfait les études convenables pour enseigner, mais qu'elles seraient quand même reçues,apprendrait le roumain aux enfants, alors que leurs copies étaient truffées de fautes".

Enseignement

La Roumanie est à peu près alignée sur les pays européensen ce qui concerne les taxes que doivent payer les étu-diants pour suivre leur cursus universitaire dans les uni-

versités publiques… à cette différence près qu'il faut multiplier pardix ou par quinze les sommes qu'ils doivent acquitter pour tenir comp-te de la différence de niveau de vie. Ainsi, un étudiant roumain, s'iln'est pas titulaire d'une bourse, dépensera de 50 à 100 € (325 - 650 F)de frais d'inscription et, en fonction de la filière retenue, devra ajou-ter entre 300 et 800 € (2000 - 5200 F) pour les frais de scolarité. EnFrance et au Portugal, ces frais universitaires s'élèvent à 300 € (2000F), tandis qu'en Belgique ils peuvent atteindre 650 € (4200 F). C'estaux Pays Bas et en Grande-Bretagne que ces taxes sont les plusélevées (1200 €, 8000 F). Sept pays de l'UE assurent la gratuité del'enseignement supérieur : l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, laSuède, la Finlande, la Grèce et le Luxembourg.

De 350 à 900 € pour s'inscrire en faculté

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVACLUJ

P. NEAMT

SIGHISOARACes pratiques qui accablent

enseignants, parents et élèves

Les statistiques du ministère de l'Educationnationale font apparaître que 348 élèves, fré-quentant le collège ou le lycée, se sont

mariés en Roumanie, au cours de l'année scolaire 2002-2003, et 111 adolescentes ont mis au monde un bébé, lesacadémies concernées prenant des dispositions pourqu'elles puissent continuer à suivre un enseignement,souvent à distance et sous forme allégée.

Le record est détenu par le judet de Botosani, avecle mariage de 43 élèves et la naissance de 19 bébés, 3jeunes mères ayant moins de 15 ans. A Satu-Mare, on aenregistré 17 mariages et 7 naissances. Dans la majoritédes cas, il s'agit d'adolescents tsiganes ou issus demilieux ruraux.

2002-2003: 350 mariages d'élèves et une centaine de naissances

Si certains candidats tremblent, dans l’attente

des résultats, d’autres lesconnaissent à l’’avance.

SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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AIana, dans le judet moldave de Vaslui, on n'est tou-jours pas branché sur le réseau du gaz, seulsquatre postes de téléphone fonctionnent, les habi-

tants s'alimentent à l'eau du puits, les routes ne sont pas gou-dronnées… et pourtant les paysan utilisent Internet pour com-mander les semences destinées à améliorer la reproduction deleur vaches et taurillons.

A la suite d'un accord passé entre le gouvernement rou-main et l'Agence des Nations Unies pour le développementInternational, un "télécentre" a été installé dans le village, per-mettant aussi bien d'utiliser Internet, un téléphone, un fax, unephotocopieuse, deux à cinq ordinateurs, un technicien étantmis à disposition. Cinq communes du secteur font partie de ceprojet expérimental, concernant une population de 12 000

habitants, les mairies étant invitées à fournir un local, situéparfois à la Maison de la Culture ou à l'école.

Un tiers des habitants se rendent quotidiennement auxcinq télécentres, dont l'équipement, au total, a coûté200 000 € (1,3 MF). Les enfants viennent pour les jeux vidéo,mais les adultes utilisent le fax pour communiquer avec lafamille, de préférence au téléphone, cher (un euro les sixminutes), n'hésitant pas à se mettre à Internet qui est gratuit."Nous ne sommes plus isolés du monde" confesse un habitué.

Le ministère des Communications et des Technologiesinformatiques envisage d'installer quelques dizaines de télé-centres semblables dans le pays, ce qui prend de deux à troismois pour chacun d'entre eux, ayant déjà affecté 2 M€

(13 MF) à cette initiative.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociété

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A Iana, les paysans n'ont pas d'eau, de gaz, de téléphone… mais utilisent

Internet pour commander leurs semences

Vie quotidienneSanté

Pas chères et résistant aux tremblements de terre, les maisons en bois font leur apparition sur le marché

Construct Expo", le salon de la construction, qui s'estdéroulé à Bucarest, a permis de constater la percée,encore bien timide, des constructeurs de maison en

bois et pré-fabriquées roumains. Les ventes ont commencé àprogresser voici deux à trois ans, réservées principalement auxrésidences secondaires et maisons de vacances. Aujourd'hui, cesecteur ne représente plus que 15 % du marché, le reste concer-nant des commandes pour des résidences principales.

Ecologiques, offrant un confort thermique élevé, un coûtd'entretien faible, résistantes, ces maisons ont aussi l'avantagede pouvoir résister à un tremblement de terre de l'ordre de 8,2sur l'échelle de Richter, dans un pays constamment sous lamenace de ce phénomène. Mais c'est surtout leur coût réduit

qui séduisent les acheteurs ; à partir de 100 € le mètre carré jusqu'à 250 € (650 à 1650 F), ce qui met un pavillon T3 de 60 m2 à20 000 € (130 000 F), clés en main, prix même inférieur dans le cas de panneaux préfabriqués (90 € (590 F) le m2 pour l'ossatu-re et 175 € le m2 (1150 F) avec toutes les finitions). Un simple studio en construction traditionnelle dépasse les 23 000 €

(150 000 F). Autre intérêt : la durée de construction qui est limitée de 2 à 4 mois, suivant la superficie. Les constructeurs roumains ont vu également se remplir leurs carnets de commande à l'étranger, Français, Suisses, Espagnols,

Grecs, se tournant vers la Roumanie qui offre des prix défiant toute concurrence, allant de 250 à 600 € (1650 à 4000 F) le m2 àl'exportation, suivant la qualité du bois demandé.

Treize ans, durée de vie moyenne d'une voiture

En moyenne, les automobilistes roumains utilisent leurs voitures pendanttreize ans, cette durée étant fréquemment portée à vingt, voire vingt-cinqans. Au sein de l'UE, elle n'est que de huit à dix ans. Autre différence : les

voitures hors d'usage sont recyclées à 85 % dans les pays de l'UE, répondant auxnormes exigées, alors que ce pourcentage tombe à 60 % en Roumanie - le reste esttransformé en déchets - qui sera cependant obligée d'appliquer la réglementationcommunautaire d'ici à 2012. Actuellement, environ une ou deux entreprises par judetse chargent de ce travail de recyclage qui concerne annuellement 40 000 véhiculessur l'ensemble du pays mais, par souci de rentabilité, elles ne transforment que la par-tie métallique des véhicules, la prise en compte des autres matériaux, notamment lesmatières plastiques coûtant trop cher.

La psychiatrie aspire augrand chambardement

Les conditions inhumaines dans lesquelles sont souvent confinés les maladesmentaux ne constituent qu'une partie de la misère du secteur psychiatriqueen Roumanie, une spécialité qui a toujours été tenue à l'écart et peu connue.

Tout au long de leurs études, les futurs médecins ne reçoivent en tout et pour tout quequatre semaines de formation portant sur ce domaine. Peu s'engageront dans cettevoie, mal considérée et mal rémunérée, certains psychiatres préférant vendre desmédicaments ou des objets de luxe plutôt que d'accepter un poste.

Cette pénurie de médecins spécialistes, mais aussi de psychologues, se retrouveau niveau des assistantes et infirmiers, lesquels s’en vont en Italie ou en Espagne.Ainsi, à certaines consultations, les psychiatres se retrouvent avec quarante patientsqu'ils devront examiner en quatre heures, ce qui rend problématiques les soins ambu-latoires pourtant jugés préférables à un internement par la profession. Dans les éta-blissements, guère plus de deux assistants sont affectés à soixante-dix lits.

Pourtant, le regard des Roumains vis-à-vis de la psychiatrie commence à changer.On hésite moins à faire appel à un psychothérapeute, sans la peur d'être étiqueté parla société. Un programme pilote a démarré à la section de psychiatrie infantile de l'hô-pital Alexandru Obregia de Bucarest en 1999. Les jeunes patients sont installés defaçon à se sentir chez eux et entourés pas trois psychiatres, deux psychologues, uneassistante sociale et un assistant, lesquels prennent le temps de parler avec eux. Pourle président de la Ligue Roumaine pour la Santé Mentale, Bogdana Tudorache, "laprofession a très envie d'oublier le cauchemar de l'enfermement psychiatrique quiavait cours sous Ceausescu et d'ouvrir ses portes, à l'image d'une société libre".

Instauration du carnet de maternité

Dès leur première visite chez lemédecin, les femmes enceintes rece-vront désormais un carnet de mater-nité que le praticien devra remplir, etqui servira à la surveillance de leurgrossesse. Ce petit livret contiendraégalement des conseils de soins,d'hygiène, d'alimentation pour elles-mêmes et leurs bébés.

Tiré à 220 000 exemplaires pourl'année, ce qui devrait correspondreau nombre de grossesses annuellesdans le pays, ce carnet a été financépar des fonds européens PHARE. Ila été présenté par le ministre de laSanté, en présence de représentantsde l'UNICEF et de l'UE en Roumanie.

Par ailleurs, les femmes enceintesn'auront plus à attendre pour obtenirune consultation médicale où fairepratiquer des analyses : elles seronttraitées en priorité, comme des casd'urgence, n'auront pas à s'inscriresur des listes d'attente et pourrontêtre hospitalisées sans passer par lemédecin. Cette mesure a été décidéeafin de lutter contre la mortalitématernelle, due dans la moitié descas à l'insuffisance des consultationsprénatales et même, pour un tiers, àleur absence.

Cabinets médicaux cédés sous forme de concession

Le ministère de la Santé prépare un projet de loi qui prévoit de céder sousforme de concession dix milles cabinets médicaux dont il est propriétaire,aux médecins de famille les occupant actuellement. La concession, d'une

durée minimum de 15 ans, se fera au prix maximum d'un euro le m2 et devrait se situeren moyenne entre 13 et 26 € (85-100 F). Si la grande majorité de ces cabinets sesituent à la campagne ou dans des quartiers éloignés de villes, n'ayant pas une grandevaleur immobilière, certains se trouvent au cœur même des grandes cités et ont prisplace parfois dans des maisons nationalisées ou des villas de luxe. Depuis 1999, lesmédecins occupaient gratuitement ces cabinets.

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Les sénateurs roumains ontadopté plusieurs dispositionslégislatives concernant l'en-

fance, l'une précisant la hiérarchie desresponsabilités, revenant dans l'ordre à lafamille, la commune et l'Etat, si besoin,l'autre interdisant de façon formelle l'ap-plication de châtiments corporels auxenfants et punissant de prison toute per-sonne les incitant à la mendicité.

Châtiments corporelspour enfants interdits

Evan Fisher, le responsabled'Amnesty International pourl'Europe Centrale et du Sud,

s'est élevé contre la pratique qui consisteà interner dans des hôpitaux psychia-triques des enfants présentant des pro-blèmes psychiques chroniques et placésdans des centres spécialisés, dès qu'ils ontatteint leur majorité, alors qu'ils pour-raient réintégrer leur communauté etvivre auprès de leurs familles.

Evan Fisher a rappelé les conditionsdéplorables des hôpitaux psychiatriques

roumains: "J'ai visité un établissement dujudet d'Arad où, pour tout chauffage, il yavait un poêle dans une seule pièce, etoù, faute de fonds, on ne pouvait plusdonner de médicaments". Ses informa-tions étant mises en cause par les auto-rités, il a indiqué qu'il les détenait desources indépendantes, crédibles etqu'elles étaient à jour, rajoutant "la réac-tion des autorités est absurde ; j'ai visitécertainement plus d'hôpitaux psychia-triques dans le pays que le ministre de laSanté".

Amnesty International attire l'attentionsur la situation dans les hôpitaux psychiatriques

La Caisse Nationale d'AssuranceSanté a décidé que tous les assurésde plus de 18 ans devraient subir uncontrôle médical annuel, en vue dudépistage de graves maladies. LaCaisse du judet d'Arad a indiquéqu'elle envisageait de ne pas rem-bourser les traitements des affectionsnon détectées à temps.

Examen médical annuel

Oubliée, sans moyens et mal considérée

SSociété

Mircea, 32 ans, ingénieur enconstruction mécanique enBucovine, a la foi et voulait

devenir prêtre, ayant suivi la formationnécessaire. Pour faire vivre sa famille, il ademandé a être prêtre honorifique, c'est àdire uniquement le dimanche, afin de pou-voir conserver son emploi. Sa propositiona été refusée par la hiérarchie religieuseorthodoxe qui lui a proposé d'occuper unministère à part entière, tout en continuantà travailler. Mircea a finalement acceptéet, moyennant une enveloppe de 3000 €

(20 000 F) remise à un conseiller del'évêque, a été nommé dans une paroissede 5000 habitants qui avait grandi et dis-posant déjà d'un pope de 40 ans.

Pendant un an, le nouveau prêtre amené de front ses deux occupations, cequi était très dur. Il était appelé fréquem-ment à l'occasion de décès et devait quit-ter son entreprise sur le champ, ce qui lemettait en porte à faux. Il décida doncd'abandonner son métier d'ingénieur pour se consacrer unique-ment à son sacerdoce. Mais ses relations avec le pope princi-pal, qui avait vu ses revenus pratiquement divisés par deuxaprès son arrivée s'étaient détériorées.

Les prêtres reçoivent une indemnité de l'Etat qui corres-pond grosso-modo aux cotisations sociales qu'ils doivent

reverser. Ils vivent - et leur famille puis-qu'ils doivent être obligatoirement mariéset ont des enfants - des rentrées procuréespar les cérémonies : baptêmes, mariages,obsèques, services religieux, "Boboteaza"(Epiphanie, à l'occasion de laquelle lespopes vont bénir chaque foyer et reçoi-vent ainsi une contribution, quasimentobligatoire).

Autant de ressources qui ne sont pasdéclarées, sur lesquelles la "GardeFinancière" (le fisc) ferme tacitement lesyeux, mais qui se sont sérieusement ame-nuisées avec la détérioration générale desbudgets familiaux.

Mircea a donc fait sécession avec soncollègue, la commune se trouvant diviséeen deux, et a installé ses fidèles dans unetoute petite chapelle en bois, dans l'atten-te de la construction d'une église en dur.

Le Conseil paroissial qu'il a consti-tué, et qui vérifie tous les comptes, estparti à la recherche de sponsors, tout en

lançant une collecte. Les travaux ont commencé, avec des arti-sans qui sont payés au noir, car la nouvelle paroisse n'a pas lesmoyens de régler les charges et une grande partie des res-sources procurées par les cérémonies leur sont consacrées.Actuellement, Mircea vit mensuellement avec 1,5 millions delei (38 €, 250 F).

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Fraises et cerises en abondance

Epargnés par le gel, les fruits de printemps ont été cueillis en abondance,cette année, faisant baisser les prix. Ainsi, début juin, les fraises se ven-daient 0,3 € (2,3 F) le kilo, descendant même en dessous de 0,15 € (1 F)

pour la qualité destinée à la confiture ou aux compotes. La production de fraises a été estimée à 18 000 tonnes pour l'ensemble des 2000

hectares consacrés à cette culture dans le pays, et a été absorbée entièrement par lemarché intérieur, rapportant 8-9 M€ (52-60 MF). Avec la moitié de cette superficie etdeux tiers de la production, le judet de Satu-Mare se taille la part du lion, le sud dupays et Bucarest étant approvisionnés par les départements de Giurgiu, RâmnicuVâlcea, et Gorj (Târgu Jiu). Cette culture est toutefois handicapée par la dimensiontrop réduite des exploitations, de l'ordre de un à deux hectares, ce qui ne permet qu'uneexploitation familiale, ne créant pas d'emplois, comme en Espagne ou en Angleterreoù elles s'étendent sur des centaines d'hectares. La culture des fraises est pourtantconsidérée comme une affaire rentable. Elle exige un investissement initial d'un mini-mum de 4000-5000 € (26 000-33 000 F) à l'hectare, le profit pouvant atteindre 2000-2200 € (13 000 -14 000 F).

L'année a été également très bonne pour les cerises et les guignes, dont on a cueilli80 000 t, 30 000 t étant mises en vente sur le marché, rapportant 20 M€ (130 MF),les autres servant à la consommation familiale. En 2003, la Roumanie avait exporté1700 t. de cerises, ce qui avait rapporté un million d'euros, et 700 t de guignes (visi-ne, dont on tire la délicieuse liqueur visinata) pour une valeur de 333 000 € (2 MF).

Les fruits exotiquesfont de la concurrenceà la banane

Après la "Révolution", lesRoumains se sont jetés sur lesbananes et les oranges dont ilsavaient été privées pendant les der-nières années du régime Ceausescu.Si ces deux fruits des pays chaudsrestent les préférés des consomma-teurs, d'autres se sont installés dura-blement dans leur univers, commeles clémentines, mandarines et pam-plemousses, leur faisant concurren-ce. Si bien que, d'après le CentreRoumain du Commerce Extérieur, lesimportations de bananes ont reculépour la première fois en 2003, pas-sant de 55 000 tonnes, l'annéeprécédente, à 43 000 tonnes.

Les Roumains ont également prisgoût aux ananas, dont les importa-tions ont doublé en deux ans, tout enrestant à un niveau très faible (280tonnes), aux kiwis, que l'on ne peutcultiver sur place à cause du climattrop continental (1600 tonnes en2002, 2000 tonnes en 2003). Ilsdécouvrent aussi les fruits exotiquesaux noms encore inconnus, voici peu: mangues, mangoustans, goyaves,tamarins, fruits de la passion, quiviennent du Brésil, d'Afrique du Sudou d'Extrême-Orient.

Un plateau de ces fruits fait raf-finé et impressionne les invités. Biensûr, très peu de personnes peuventse permettre leur achat et leur impor-tation est encore confidentielle, del'ordre de quelques dizaines detonnes… à une demi-tonne pour lestamarins, en 2003. Mais, pournombre de Roumains, offrir une oran-ge à ses enfants pour Noël resteencore dans le domaine du luxe.

Vie quotidienne Religion La foi soulève... des églises

Dix sept cultes ou Eglises reconnues

Depuis la "Révolution" de 1989, pas moins de 1800 églises detous les cultes et monastères ont vu le jour à travers le pays,soit, en 14 années, six fois plus que pendant le demi-siècle de

communisme où 600 avaient été construits alors que, parallèlement, 27étaient détruits, dont 25 à Bucarest, et 10 déménagés à cause du processusde systématisation et de l'édification du palais de Ceausescu. Ces bâtimentsreligieux sont financés par les dons des fidèles ou de la nouvelle nomenk-latura, souvent issue de l'ancienne ou de la Securitate, qui s'est enrichiedepuis la chute du communisme.

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CLUJ

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GIURGIU

Sans qu'aucune explication par-ticulière ne soit donnée, unrapport du ministère de

l'Environnement fait état d'une chuteimportante de la consommation de pois-son par les Roumains… alors queparallèlement le tonnage péché augmen-te. Le prix ne semble pas mis plus encause que dans le cas de la viande de porcou de poulet qui a la préférence desconsommateurs.

S'agit-il d'une détérioration des cir-cuits de distribution ou d'une modifica-tion des habitudes alimentaires ?... Entous les cas, les Roumains n'avaient

mangé qu'1,3 kg de poisson en 2001, soitsix fois moins qu'en 1989 (7 kg). Parcontre le tonnage pêché est passé de 16580 tonnes en 1999 à 22 500 en 2002,dont 5800 tonnes de poissons de rivière,2700 tonnes de poissons de la mer Noireet près de 14 000 tonnes de poissons d'é-levage.

Les autorités espèrent que ce derniersecteur dépassera les 50 000 tonnes en2007, horizon où elles estiment que laconsommation sera remontée à 6 kg parhabitant. L'activité de la pêche est prati-quée par des chalutiers ou des embarca-tions artisanales.

Les Roumains mangent six fois moins de poisson qu'au temps de Ceausescu

Le gouvernement roumain a approuvé quatre projets de loi transposant lesdirectives européennes dans le domaine de la consommation, qui devraientconduire les consommateurs roumains à être protégés de la même maniè-

re que les citoyens de l'UE. Les domaines visés sont le crédit à la consommation, lasécurité générale des produits, la responsabilité des producteurs en cas de manque-ments ou de défauts des produits. Par ailleurs, les associations non gouvernementalesde défense des consommateurs seront associées aux initiatives touchant les domainesde leur protection, de leur sécurité, de la santé, de la préservation de leurs intérêts, dela promotion des actions d'information et d'éducation, et pourront bénéficier des pro-grammes financés par l'UE.

Des consommateurs protégés comme les citoyens de l'UE

L'Etat roumain reconnaît dix-sept cultes ou Eglises. Il s'agit del'Eglise Orthodoxe, de l'Eglise catholique (romaine-catholiqueet gréco-catholique), des cultes protestants (Eglises luthérienne,

évangélique, réformée, calviniste, anglicane), de l'Eglise arménienne, duculte chrétien selon l'ancien rite, des cultes néo-protestants (baptiste,adventiste du Septième jour, penticostal, chrétien selon l'Evangile, évangé-liste roumain), de l'Islam, du culte juif, des Témoins de Jéhovah. Le culteboudhiste n'est pas encore reconnu officiellement car il n'a pas assezd'adeptes.

Dans sa dernière encyclopédieEncarta, datée de 2004, Microsoftestime que le nombre d'orthodoxes

se situe aux environs de 70 % de la population, enRoumanie, et non pas a 87 % comme l'indiquentles chiffres du recensement de 2002. D'autresécarts sont notés, allant de un a cent, pour lesathées ou Roumains se déclarant sans religion (10% pour la firme de Bill Gates, 0,1 % pour le gou-vernement), du simple au double pour les protes-tants (6 % contre 3 %), et pour les autres religions(baptistes, pentecôtistes, musulmans, etc..., de 8% a 4 %).

Pour donner donner l’ensemble des chiffres,qui indiquent une baisse conséquente de 17 % dela population orthodoxe en quatre ans, Microsofts'est basé sur les informations de la CIA, acces-sibles librement sur le site de celle-ci(www.cia.org/publications/factbook) et prove-nant d'autres sources spécialisées).

1800 édifices religieux ont été construits depuis la Révolution

Seulement 70 % d'orthodoxes en Roumanie

selon Microsoft et la CIA

Les collectes ne suffisent pas, il faut aussitrouver des sponsors pour bâtir une église.

SSociété

Pour la première fois de sa carrière, à près de 70 ans,le "Mircea" va participer à une compétition interna-tionale de voiliers, la "Tall

Ship Challenge", qui se déroule cet étésur les côtes atlantiques américaines etcanadiennes. Avec ses trois mâts, ses23 voiles d'une surface de 1750 m2, leMircea est un des cinq plus grands voi-liers du monde, avec l'"Eagle" (USA),le "Gorg Forch" (Allemagne), le"Tavarisci" (Russie), le "Sagres"(Portugal).

Le voilier école de l'Académienavale "Mircea cel Batrin" ("Mircea leVieux", du nom d'un des plus grandsvoïvodes de l'histoire roumaine) aquitté le port de Constantsa le 17 avrilpour un voyage de 160 jours à traversla Mer Noire, la Méditerranée etl'Océan Atlantique, dont 55 serontconsacrés à ses treize escales. Le portde Brest sera le seul à l'accueillir sur lacôte Atlantique européenne. A sonbord, un équipage de 190 marins, dont105 sont étudiants à l'Académie navaleou élèves à l'école de sous-officiers "Amiral Murgescu".

Pour le "Mircea", il s'agira de sa deuxième traversée trans-atlantique. A l'époque du rapproche-ment entre Washington etCeausescu, le voilier avait en effetété invité aux cérémonies célébrantle bi-centenaire de l'indépendancedes USA, participant à la parade du 4juillet dans le port de New York.

Frère aîné transformé en torche et frère cadet confisqué par les Soviétiques

Le "Mircea" avait eu un frèreaîné, premier voilier école roumain,portant le même nom, comme le veutla tradition. Celui-ci était né en 1882dans les chantiers britanniques et fai-sait partie d'une commande globaleportant également sur la constructionde bateaux écoles à vapeur devantaccompagner la véritable émergencede la marine roumaine, le paysn'ayant accédé à l'indépendance quecinq ans plus tôt. Ce deux mâts, dedimension plus modeste, fabriqué en bois, ne comptait que 14

voiles couvrant une surface de 500 m2. Cet ancêtre accomplitde nombreuses missions, mais fut affecté au Danube pendant

la Première Guerre mondiale, et incor-poré à un convoi de bateaux remor-qués, assurant le transport de provi-sions et de matériel pour le front. LaSeconde Guerre mondiale lui fut fatale: métamorphosé en infirmerie flottante,il fut victime du bombardement duport de Galati et, transformé en torche,brûla complètement, le 16 avril 1944.Il avait soixante deux ans.

Son frère cadet avait vu le jour, sixans auparavant, dans le chantier naval"Blohm und Voss" de Hambourg.Après un voyage inaugural de 50 jours,le conflit mondial le surprit à l'été1939, alors qu'il s'apprêtait à effectuerune visite à Toulon, Alger, Gibraltar,Palerme et Alexandrie. Confisqué parles Soviétiques et remorqué jusqu'àOdessa, il fut restitué en 1946.

Sauvé de la tourmente par un remorqueur français

En 1965, la Marine roumaine décidait de le faire réparer etrénover à Hambourg. Pris en chargepar deux remorqueurs, le convoi futpris dans une terrible tempête dansle Golfe de Gascogne, affrontant desvents de 165 km/h. Les amarres duvoilier furent rompues et, ingouver-nable, il fut pris dans la tourmente.La tentative de l'équipage pour l'an-crer échoua, l'ancre cédant. Cinqvoies d'eau s'ouvrirent.

Un cargo norvégien et un remor-queur de la marine française volè-rent en vain à son secours. Le lende-main, après neuf heures d'efforts, leremorqueur français "Rhinocéros 4"parvenait enfin à le prendre en char-ge, envoyant une chaloupe de sauve-tage pour évacuer l'équipage. Celui-ci refusa de quitter son bateau qui,finalement pût être remorqué jusqu'àBrest où les premières réparationsfurent effectuées pour lui permettrede continuer son voyage vers

l'Allemagne. Dans l'adversité, le"Mircea" avait ainsi montré, qu'avec

son aîné, il avait forgé de véritables générations de marins.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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A près de 70 ans, le voilier école Mircea retrouve le grand large et fait escale à Brest cet étéEvénementsEnvironnement

Une route avance inexorablement dans le Delta du Danube

Qu'en est-il du vieux projet de Ceausescu qui rêvait d'assécher les maraisdu Delta du Danube pour en faire des terres agricoles et de relier par uneroute Tulcea, où se séparent les bras du fleuve, au port de Sulina, sur la

Mer Noire, traversant un immense espace vierge de toutes voitures où coexistent dansun environnement unique au monde, des millions d'oiseaux et quelques millier depêcheurs ? Il n'est certes plus question des projets monstrueux de systématisation duConducator, qui avait commencé ici aussi à regrouper dans des blocs une populationhabituée à vivre dans ses petites chaumières. Quand à l'idée d'une route, leGouverneur de la région Delta, chargé de sa protection, Virgil Munteanu déclare sansambages sont hostilité totale, affirmant qu'elle ne se fera jamais, le conseil d'adminis-tration gérant cetteréserve biosphèrereconnue par l'Unescoy étant égalementopposé.

Mauvais exemplesà l'appui, à travers lemonde mais aussi enCamargue qu’il avisitée, le Gouverneursoutient que "mettre lepetit doigt dans ce pro-cessus, c'est y plongerle bras". "Construisezune route et viennentensuite toutes les infrastructures touristiques" prophètise-t-il, les hôtels, les parkings,les centres de loisirs, les marchands de mici, de frites et de barbes à papa… sans par-ler des gros intérêts financiers qui ne manqueront pas de profiter de l'aubaine.

Malgré l'hostilité du Gouverneur, le projet devient réalité

Pourtant non seulement le projet est toujours d'actualité, mais cette route quidevrait faire 68 km est déjà réalisée en partie. Ses travaux ont commencé dès 1992.De Tulcea, on peut gagner le village de Nufarul par une route goudronnée. De là, unbac assure la traversée du bras Saint-Gheorghe à une trentaine de voitures, camions,tracteurs et charrettes par jour.

Une digue empierrée conduit jusqu'à Partizani sur le canal de Sulina, à hauteur del'épave du Rostock, ce bateau qui a sombré voici une dizaine d'années, handicapesérieusement la navigation et n'est toujours pas renfloué, bien que des fonds aient étédégagés pour cette opération. Dans le village, quelques voitures ont déjà fait leurapparition et quelques rares touristes se risquent jusqu'ici. Toujours en longeant lecanal, le tronçon continue jusqu'à Gorgovia, vingt kilomètres plus loin, mais il n'estpas praticable par temps de pluie et est en cours de finition et d'amélioration.

Déjà pratiquement la moitié de la liaison Tulcea-Sulina est devenue ainsi uneréalité. Cet automne, commenceront les travaux la prolongeant jusqu'à Crisan, aucoeur du Delta et distante de 12 km. Ils sont prévus pour une durée de quatre ans,l'opération est conduite par la mairie du village et financée à hauteur de 4 M€ (26MF) par le ministère des Travaux publics. Plus des deux tiers de la route seront alorsen service. Pour achever l'opération, il ne restera plus qu'à boucler le dernier tronçon,menant à Sulina, environ 20 km. Les travaux pourraient débuter dans 3-4 ans, maisaucun calendrier n'est fixé.

"Si le Delta, n'est plus le Delta… Est-ce qu'ils viendront encore les touristes ?"

Les pêcheurs du Delta sont per-plexes. Beaucoup ignorent que lestravaux de la route, commencés trèsdiscrètement, sont aussi avancés.Entre le "non" catégorique duGouverneur et le "oui" par derrièredes élus et de l'administration, ils nesavant quoi penser, se demandants'il ne s'agit pas d'un double jeu,visant à paralyser les réactions et àrendre irréversible sa construction. Etpuis ici, le pouvoir est craint et lapopulation préfère souvent se taire.

Pourtant, dans leur fond intérieur,nombreux sont ceux qui hochent latête devant la disparition pro-grammée de leur cadre de vie quirepose sur le bateau et leursbarques. Depuis des siècles, ils ryth-ment leurs journées. A cinq heures,l’après-midi, on attend l'arrivée duferry avec une charrette pour rame-ner chez elle la grand-mère partievoir ses petits-enfants à Tulcea et lesprovisions pour la semaine.

Le boulanger charge ses sacs defarine dans son embarcation, direc-tion son four. En fin de semaine, cesont les jeunes qui reviennent dulycée. Ici, on s'est toujours bienaccommodé de ne pas avoir de voi-tures. On n'en a pas besoin. Tout estréglé en fonction du fleuve.

Et les plus lucides, qui misent surle tourisme pour pouvoir rester chezeux, se posent avec angoisse cettequestion : "Si le Delta n'est plus leDelta, est-ce qu'ils viendront encoreles touristes ?".

BUCAREST

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Un trois mâts sur les mers et l'Océan

Un bac permet aux véhicules de gagner le coeur du Delta enempruntant la route qui se rapproche inexorablement de Sulina.

Menace sur l’intégrité du paysage et le cadre de vie des habitants

Le voilier-ècole Mircea dans son port d’attache de Constantsa, sur les bords de la Mer Noire.

SSociété

Un réseau de chaussées empierrées se met en place

Parallèlement, d'autres routesvoient le jour, destinées justement àrelier les villages isolés à l'axeTulcea-Sulina. Ainsi la village depêcheurs de Caraiaman sera définiti-vement réuni à Crisan cet automnepar une voie de 12 km. Puis, par unchemin de 6 km menant au canal deSulina, viendra le tour du village deLipovènes, Mila 23. Un bac permet-tra de rejoindre la "grande route",emprunté par les charettes, voitureset camions (Notre photo)

Il est certes pompeux d'appeler ces chemins des routes. Ils'agit de chaussées empierrées, la mouvance du Delta ne per-mettant pas de les stabiliser par de l'asphalte. Il n'empêchequ'ils sont déjà davantage "circulables" que certaines mau-vaises routes de la Roumanie profonde.

Et comme ils prennent la forme d'une digue, il faut creu-ser pour dégager le remblai nécessaire. Quelques ponts pourtraverser des bras mineurs du Delta vont voir aussi le jour eton envisage d'utiliser la technique de route sur pieux pour lesendroits trop difficiles.

"C'est grand le Delta, les oiseaux ont de la place"

Les maires, les élus, les parle-mentaires et l'administration semontrent très favorables à cedésenclavement du Delta, y voyantaussi une chance pour le dévelop-pement du tourisme. "C'est grandle Delta, les oiseaux ont de laplace" répondent-ils quand on leurparle de l'environnement.

"On est isolé complètement,surtout l'hiver, quand les blocs deglace empêchent la navigation surle canal" plaide le maire de Crisan,

ajoutant "cela nous permettra de gagner du temps pour aller àTulcea et d'avoir une plus grande autonomie par rapport aubateau qui ne passe qu'une ou deux fois par jour". C'est sanscompter, qu'en cas d'urgence médicale, les vedettes vont beau-coup plus vite que les voitures et mettent moins d'une heurepour rejoindre Tulcea. Dans les cas graves, c'est même l'héli-coptère de Constantsa qui se déplace. L'élu ne redoute pas tropl'apparition des voitures: "La route passera cent mètres der-rière le village et les touristes se gareront dans un parking àson entrée ; d'autre part, on mettra des restrictions à la circu-lation, les gabarits des véhicules seront réglementés".

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Après avoir été accidenté, un camion chargé d'azote d'ammonium a exploséà l'aube du 24 mai, dans le village de Mihailesti, près de Buzau, faisant 18morts et de nombreux blessés. Cette catastrophe, la plus grave intervenue

en Roumanie depuis le crash d'un Airbus de la Tarom, à Balotesti, près de Bucarest,en 1995 (60 morts), a révélé les nombreuses lacunesdont souffre le pays aussi bien dans le domaine dutransport des matières dangereuses, dont la régle-mentation est floue, que dans celui des mesures desécurité à prendre en cas d'urgence.

Le périmètre autour du lieu de l'accident, lequeln'avait fait aucune victime, n'avait pas été isolé et denombreux curieux s'étaient attroupés à proximité, cequi a entraîné la mort de 8 personnes et plusieursblessés. Les pompiers n'ont pas pris les mesures deprécaution nécessaires et ont payé un lourd tribuavec 6 tués. Enfin, deux journalistes de la télévisionont également été tués. Une enquête a été déclen-chée, mais semble déjà s'enliser. Le PrésidentIliescu avait d'ailleurs donné son avis, quelquesjours après la catastrophe : le fautif était le chauf-feur du camion qui, survivant à l'accident, avait donné l'alerte, demandant une inter-vention d'urgence en prévision des risques, et qui a disparu dans l'explosion.

Trois semaines plus tard, la tragédie a failli se reproduire dans le village de Rojiste(Craiova), un camion chargé de 20 tonnes du même produit s'étant renversé sur lachaussée. Mais, cette fois-ci, toutes les précautions avaient été prises par les secours.

Le 9 octobre sera désormais"Jour de l'Holocauste"

A la demande de Ion Iliescu, legouvernement roumain a décidé quele 9 octobre deviendrait désormais"Jour de l'Holocauste", décision qui asurpris la communauté juive vivantencore en Roumanie, tout en lasatisfaisant.

Le Président a ainsi voulu effacerle mauvais effet créé en Israël parses propos tenus à l'automne 2003,dans lesquels il avait affirmé que"l'Holocauste n'avait pas été un phé-nomène limité à la population juived'Europe… beaucoup d'autres per-sonnes, dont des Polonais, étantmortes de cette façon .

Cette déclaration avait été suivied'un communiqué du gouvernementroumain indiquant que "l'Holocausten'avait pas existé en Roumanie", cequi n’avait fait que rajouter de l’huilesur le feu.

Pour atténuer la vague de protes-tations suscitée par ces dires, IonIliescu avait invité les experts dumonde entier à former une commis-sion afin d'établir la vérité à ce sujet,laquelle n'a rendu encore aucuneconclusion.

Dix huit morts à la suite de l'explosion

d'un camion près de Buzau

Evénements

Afin de les séparer des adultesavec lesquels ils croupissaient en pri-son, l'Etat a fait bâtir un centre derééducation pour mineurs a Buzias(Timisoara), qui est désormais leplus moderne du pays. D'une capa-cité de 120 places, il comprend éga-lement une école générale. Saconstruction a coûté 2 M€ (13 MF).

Centre de rééducationpour mineurs

Le projet de l'Ukraine de rendrenavigable le canal Bâstroe,dans la partie du Delta lui

appartenant, suscite de vives inquiétudes,aussi bien au niveau des organisationsécologistes comme le WWF ou BirdlifeInternational, que de la part del'UNESCO, l'Union Européenne et lesUSA, lesquels ont demandé à faire partied'une commission d'experts afin d'évaluerles risques que cette initiative fait pesersur les rives mêmes du Delta.

Mais les plus soucieux sont lesRoumains qui n'ont jamais été informésdu contenu du projet, apprenant son exis-tence l'année passée, malgré les accords

de voisinage et internatio-naux qui lient les deuxpays et leur font obliga-tion d'agir en concertationpour maintenir la qualitéde l'environnement danscette région.

Or le projet, qui n'estpas encore commencé,paraît mené dans la plusgrande opacité. Aucuneétude d'impact n'aurait été

réalisée. On ne sait pas quelle sera la pro-fondeur du canal, ni sa largeur, ni sa lon-gueur. La Roumanie redoute les consé-quences que le nouvel ouvrage pourraitavoir sur le bras voisin de Chilia Veche,entraînant une modification du régimedes eaux, mais aussi sur tout le Delta.

Kiev veut mettre fin au monopole roumain entre Danube et Mer Noire

Les Ukrainiens se défendent enavançant que leur décision est conforme àla législation de leur pays et qu'il ne s'agitpas de la création d'un nouveau canal,

mais seulement de la modernisation del'ensemble de ses infrastructures. Pourjustifier cette opération, Kiev fait remar-quer que la Roumanie dispose d'un véri-table monopole sur le trafic fluvial entrele Danube et la Mer Noire, indiquant quele transit des bateaux ukrainiens emprun-tant le canal de Sulina, ces cinq dernièresannées, lui a coûté 600 M€ (près de 4milliards de F).

Les organisations de défense de l'en-vironnement manifestent une oppositionrésolue au projet, soulignant, en outre,que "pour faire venir les bateaux de forttonnage, l'Ukraine sera obligée de dra-guer en permanence ce canal afin de luimaintenir artificiellement une profondeursuffisante. Les sédiments et les alluvionsainsi recueillis seront alors rejetés enMer Noire, causant des dégâts irrépa-rables dans la faune et parmi les pois-sons. D'autre part, les rives vont être ren-forcées par du béton, détruisant lesespaces de migration de nombreusesespèces d'oiseau… sans parler des pollu-tions induites par le passage des bateaux,le rejet de carburant, qui affecteront laqualité des eaux".

Un projet de canal navigable ukrainien suscite aussi de vives inquiétudes

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Un peu plus de 500 000Roumains ont été refoulés àleurs frontières au cours du

premier trimestre parce qu'ils ne respec-taient pas les conditions pour se rendre àl'étranger. 65 000 ne possédaient pas d'as-surance médicale, 24 000 n'avaient pas detitre de transport aller-retour, 30000 n'ontpu présenter la carte verte de leur véhicu-le et 345 000 la somme d'argent nécessai-re à leur séjour (au minimum 500 €).

Pendant cette période, 5 millions depersonnes ont franchi les frontières rou-maines, dont 3 millions de Roumains, 2millions d'étrangers et 1 400 000 véhi-cules ; les sorties des citoyens roumainsétaient plus importantes de 50 % par rap-port à leur retour. 1880 Roumains partislégalement mais n'ayant pu justifier leurséjour dans les pays de l'EspaceSchengen ont été renvoyés chez eux, et7300 depuis d'autres pays (Grande-Bretagne, Irlande…). Par ailleurs, la poli-

ce des frontières roumaines a organisé 53actions d'infiltration parmi les passagersdes transports en commun se rendantdans l'Espace Schengen, cette opérationconduisant au retrait de leur licence à 135firmes de transport et de tourisme et à l'é-tablissement de 1750 contraventions.

L'adhésion de nouveaux membres àl'UE a obligé la Roumanie à passer desaccords bi-latéraux avec ses voisins quin'ont pas la perspective d'y entrer, réta-blissant le régime des visas (Ukraine,Serbie-Montenegro, Turquie, Macédoine,Russie, Belarus …). Actuellement, lesseuls pays ne demandant pas de visa d'en-trée aux Roumains, outre les pays de l'UE(moins la Grande-Bretagne et l'Irlandequi en exigent toujours un), sont les sui-vants : Albanie, Corée du Sud, CostaRica, Croatie, Islande, Malaisie, Maroc,Moldavie, Norvège, Singapour, Suisse,Tunisie, Venezuela, soit au total 28 paysdans le monde.

500 000 Roumains retenus à leurs frontières au cours du premier trimestre

Ancien ministreéphémère, lors desillusions de la

période suivant la "Révolutionde décembre 1989", NicolaeDragulanescu, 54 ans, franco-phile envers et contre tout,évoque avec émotion son pre-mier 14 juillet libre, en 1990."C'était le bonheur ; c'était

presque la fête nationale de la Roumanie. Nous étions plusd'un millier à l'Athénée (la salle la plus prestigieuse deRoumanie) à reprendre la Marseillaise en chœur. Beaucouppleuraient. Les gens avaient réappris les paroles par cœur.C'est comme si on avait chanté notre hymne".

Le bonheur d'un bi-centenaire clandestin

Puis, Nicolae raconte les 14 juillet précédents : "Il y avaitbien une réception à l'ambassade, mais seuls les officiels s'yrendaient… et la Securitate. Si on recevait un carton d'invita-tion, on était obligé d'aller le déposer à la police qui nousposait des questions et nous interdisait de nous y rendre. Jecrois que le 14 juillet le plus triste que j'ai passé, c'était en1989. Toute l'Europe de l'Est frémissait, se libérait… Et nous,nous étions plongés dans notre nuit sans fin".

Pourtant, un rayon de bonheur avait traversé la chape de

plomb qui enserrait la Roumanie de Ceausescu : NicolaeDragulanescu avait réussi à récupérer une cassette venue deFrance montrant les festivités du bi-centenaire de laRévolution de 1789 à Paris et le merveilleux défilé sur lesChamps Elysées. Des moments prodigieux qu'il avait fait par-tager à ses voisins, ses amis… jusqu'à ce qu'on la lui vole, cequi le laisse encore inconsolable aujourd'hui.

Il se souvient aussi qu'en même temps, il montrait à sonpublic clandestin une autre cassette d'un spectacle de ThierryLe Luron. "Les réac-tions étaient éton-nantes. Les gens necomprenaient pasqu'on puisse semoquer aussi féroce-ment de ses diri-geants. Certainsm'ont même suspectéd'être un provoca-teur de la Securitate,visant à les piéger.Puis, ils ont réfléchiet m'ont dit: si c'est possible chez eux, pourquoi ce ne le seraitpas chez nous ?". Avec le recul du temps, Nicolae se demandesi le fait d'avoir pu faire venir et circuler ces cassettes, alorsque la Securitate était au courant de tout, n'était pas un signeavant coureur de la décomposition du pouvoir de Ceausescu ?

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Evénements Un millier de Roumains reprennent en chœur la Marseillaise à l'Athénée

pour le premier 14 juillet libre

Sports

Pelouse d'importationpour le Stade national

La pelouse du Stade National deBucarest, où l'équipe de Roumaniedispute ses matchs, est une véritablecatastrophe. Lors de la rencontrecontre le Danemark, remportée 5 à 2par celui-ci, les deux équipes avaientévolué sur une surface faite demottes de terre agglutinées au sable,où l'herbe poussait en touffes.

Les spécialistes avaient avancécette raison pour expliquer la sévèrecorrection reçue par les Roumains,dont le fonds de jeu technique pâtis-sait de l'état du terrain. Ils avaient parailleurs relevé que les défaites de l'é-quipe nationale à domicile contrel'Italie (0-2), la Norvège (0-1), lacontre-performance devant laSlovénie (1-1) qui lui avaient coûté saqualification pour la Coupe du Monde2002 et l'Euro 2004, avaient été enre-gistrées par mauvais temps, sur unepelouse fortement abîmée.

Malgré des mesures provisoires,rien n'avait été sérieusement tentépour y remédier, le désastreuxRoumanie-Danemark, conduisant lesautorités à réagir. La phase élimina-toire du Mondial 2006 se profilant, ladécision de planter une nouvellepelouse, impliquant l'installation d'unsystème de drainage efficace ayanttraîné, il a fallu abandonner cettesolution qui aurait été moins coûteu-se, car elle ne permettra pas au ter-rain d'être opérationnel pour le 26mars 2005, jour où les Roumains doi-vent accueillir les Hollandais. Ceux-ciont refusé de déplacer le match àl'automne. Il a donc été décidé defaire venir de la pelouse en bandesde l'étranger qui devrait être installéequelques semaines avant la ren-contre. Le coût estimé de l'opérationest de 1,5 M€ (10 MF).

Sélectionneur de l'équipe nationale de football,Anghel Iordanescu a illustré les liens qui exis-tent entre le monde des affaires, de la politique

et du football, en devenant n°2 du PSD (Parti SocialDémocrate) du judet d'Ilfov (Bucarest), à la veille desélections locales auxquelles il était également candidatcomme conseiller départemental. C'est son ami, leministre Gabriel Oprea qui a donné l'information, laissantaussi entendre qu'il pourrait devenir le leader du parti gouvernemental dans ce judet, d'ici peu.

Anghel Iordanescu a été l'entraîneur du Steaua Bucarest, l'équipe de l'Armée,remportant la coupe d'Europe des clubs champions en 1986. Il était alors devenu colo-nel. A la suite du remarquable parcours de la Roumanie, dont il était déjà sélection-neur, lors du Mondial aux USA de 1994 - son équipe avait terminée 5ème - Ion Iliescul'avait nommé général. A l'époque, pour le récompenser, Gabriel Oprea, dont il a étéle témoin de son mariage, lui avait remis une somme de 500 000 dollars (3 MF). Lesdeux hommes, qui sont également voisins, ont investi depuis dans le domaine immo-bilier, achetant en commun plusieurs dizaines d'appartements dans la capitale.

L'annonce de l'entrée d'Anghel Iordanescu sur la scène politique est intervenueune semaine après que les Roumains aient humilié au Stade national l'équipe alle-mande, vice-championne du monde, qui a encaissé l'une des plus grandes défaites deson histoire (5-1). Cette victoire a fait oublier aux supporters l'élimination de l'Euro84 qui avait conduit le "général" à présenter sa démission, la retirant sous la pressiondu Premier ministre Adrian Nastase, selon la presse.

Anghel Iordanescu n'est pas le premier personnage à mêler politique et sport.Après avoir été longtemps dans le giron du PSD, le président de la Ligue profession-nelle de Football, Dumitru Dragomir, s'est présenté au poste de maire général deBucarest sous l'étiquette PRM (Parti de la Grande Roumanie de Corneliu VadimTudor). Patron du Steaua, Gigi Becali a crée son propre parti, populiste, le PNG (Partide la Nouvelle Génération). Président du club Ceahlaul, Gheorghe Stefan, leader duParti National Libéral dans son judet, a tenté de devenir maire de Piatra Neamt, alorsque Dinel Staicu, dirigeant du club Universitatea Craiova, membre de ForceDémocrate (Petre Roman) en faisait de même dans sa ville. C'est également grâce aufootball que Dumitru Sechelariu est devenu maire de Bacau, s'inscrivant par la suiteau PSD. Quand au tennisman Ilie Nastase, le plus populaire des sportifs roumains,après Nadia Comaneci et Gica Hagi, il avait essayé en vain de devenir maire de lacapitale en 1996, sur la suggestion des leaders du PSD.

Sélectionneur, général et politicien

Eliminatoires du Mondial 2006: la Roumanie commence par la Finlande

La Roumanie connaît le calen-drier des matchs qu'elle doitdisputer au titre de la phase

qualificative pour la coupe du monde quise déroulera en juin 2006 en Allemagne.Rappelons que les "Bleu-Jaune-Rouge"sont tombés dans un groupe de septéquipes, particulièrement difficile, dontles deux favoris sont les Pays-Bas et laRépublique tchèque. Seul le premier estqualifié automatiquement, ainsi que lesdeux meilleurs deuxièmes des huitgroupes européens, les six autres dispu-

tant entre eux un match de barrage.18 août 2004: Roumanie-Finlande4 sept. 2004: Roumanie-Macédoine8 sept. 2004: Andorre-Roumanie9 oct. 2004: R. tchèque-Roumanie17 nov. 2004: Arménie-Roumanie26 mars 2005: Roumanie-Pays Bas30 mars 2005: Macédoine-Roumanie4 juin 2005: Pays Bas-Roumanie8 juin 2005: Roumanie-Arménie17 août 2005 : Roumanie-Andorre3 sept. 2005: Roumanie-R. Tchèque8 oct. 2005 : Finlande-Roumanie.

Le 14 juillet 1990, l’Athénée a vibré au son de la Marseillaise.

Adriana, Bucarestoise, 27 ans, pratique le français depuis son enfance au sein mêmede sa famille. Elle vient d'achever un DESS à Bordeaux et est de retour dans sonpays. Pour elle, le 14 juillet et le 4 juillet - Jour de "l'Independance Day" - sont les

véritables fêtes nationales des Roumains, le 1er décembre, commémorant la naissance de laGrande Roumanie, étant célébré sans faste particulier. Elle juge d'ailleurs que le 9 mai, "Jour del'Europe" auquel les autorités locales donnent une dimension de plus en plus grande, concurren-ce sérieusement la fête nationale roumaine par toutes les manifestations auxquelles la populationest appelée à participer. Adriana a un regret : "le côté élitiste du 14 juillet". " Il existe un filtra-ge. On y assiste que sur invitation, ce qui rend la célébration plus discrète mais aussi provoquedes déceptions chez les francophiles notoires qu'on a oublié de convier et qui se sentent margi-nalisés" regrette-elle, ajoutant, "Les Américains, eux, donnent un côté super-populaire au 4juillet. Ils organisent un grand concert au parc Herastrau (grand lac de la capitale), tirent un

magnifique feu d'artifices. Les Bucarestois y viennent par dizaines de milliers, piquent-niquent en famille"."C'est dommage" ajoute la jeune roumaine, "car la France est beaucoup plus ouverte, organise des manifestations exception-

nelles, comme la semaine de la Francophonie, en mars, où chanteurs, spectacles, pièces de théâtre, films, célèbrent sa culture. Onpeut se rendre à son centre culturel comme on veut, alors que celui des Américains est devenu une véritable forteresse depuis le11 septembre 2001. Il est fermé au grand public, seuls les chercheurs y sont admis. Les étudiants doivent prendre rendez- vous s'ilsveulent consulter des revues. Vexation supplémentaire : ils sont fouillés à l'entrée et on leur explique qu'il y a trop de vols, ou bienqu'ils ont un comportement indiscipliné".

L'an passé, l'ambassade de France a organisé également un grand feu d'artifices - plus beau que celui des Américains affirmentdes Roumains francophiles (un peu chauvins ?) - et a déplacé sa manifestation nocturne au Club diplomatique, sur le lac Herestrau,ce qui permet d'accueillir davantage d'invités. Adriana n'était pas encore rentrée dans son pays.

Adriana : "un côté trop élitiste"

Nicolae Dragulanescu, témoin de 14 juillet marquants.

Anghel Iordanescu.

ALBAIULIA

PLOIESTI

BISTRITA

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociété

Le Dinamo Bucarest,ancienne équipe de laPolice, a réalisé le

doublé cette saison, terminant à lapremière place du Championnatde Division A, décrochant son17ème titre, devançant son éternelrival, le Steaua (ex équipe del'Armée), et remportant la finalede la coupe de Roumanie face àOtelul Galati (Acier Galati), par 2buts à 0. Les “Câinii rossi” ("LesChiens Rouges") représenteront donc la Roumanie dans laLigue des Champions, mais devront disputer les deux tourspréliminaires avant d'envisager de participer aux poules dequalification.

Le Steaua participera au dernier des deux tours élimina-toires pour accéder à la coupe de l'UEFA, tandis qu'OtelulGalati, également qualifié, devra les franchir tous les deux.Trois clubs de Division A sont rétrogradés : Ceahlaul PiatraNeamt, Petrolul Ploiesti, FC Oradea, tandis que trois clubs deDivision B rejoignent les rangs des ténors : CFR Cluj, PoliUnirea Iasi, Sportul Studentesc Bucuresti.

Classement final de laDivision A: 1er Dinamo Bucarest,70 pts, 2ème Steaua Bucarest, 64pts, 3ème Rapid Bucarest, 55 pts,4ème, Universitatea Craiova, 44pts, 5ème Otelul Galati, 43 pts, (engras, les équipes qualifiées encoupe d'Europe), 6ème ApulumUnirea Alba Iulia, 41pts, 7ème FCNational 2000 Bucarest, 39 pts,8ème Poli AEK Timisoara, 9èmeFarul Constantsa, 37 pts, 10ème

FC Arges Pitesti (36 pts), 11ème FC Brasov, 36 pts, 12èmeGloria 1922 Bistritsa, 35 pts, 13ème FCM Bacau (31 pts),14ème Ceahlaul Piatra Neamt (30 pts), 15ème PetrolulPloiesti, 27 pts, 16ème FC Oradea, 24 pts (Ces trois dernièreséquipes descendent en Division B et sont remplacées pour laprochaine saison par CFR Cluj, Poli Unirea Iasi, SportulStudentesc Bucarest. La capitale comptera cinq équipes enchampionnat de Division A, en 2004-2005).

A noter que le Dinamo a également remporté la finale duchampionnat de rugby, disposant du Steaua, pourtant favori,par 32 points à 21.

Doublé coupe-championnat pour le DinamoSports

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2220

SSociété

Françoise Bellegarde a la lourde charge de défendre la réputation de l'am-bassade de France en Roumanie, lors des nombreuses réceptions que celle-ci organise tout au long de l'année. Française expatriée, ayant accompagné

son mari en poste dans le pays, elle assume la fonction d'intendante pour la chancel-lerie française, tout en ne faisant pas partie du personnel diplomatique.

Bien sûr, le 14 juillet elle nedoit pas se manquer. La consignecoule de source : puisque c'est lejour de la France… on se doit demanger et boire français. C'estd'ailleurs l'habitude dans ces lieux.Charcuterie, foie gras, fromages,vins et Champagne viendront doncde l'Hexagone, par avion, plu-sieurs semaines à l'avance, etseront conservés au froid ou encave. Seuls les fleurs et les fruitsseront achetés sur place.

Les quantités à gérer sont trèsimportantes. Il s'agit tout de même de nourrir de 3000 à 4000 personnes de midi jus-qu'à la nuit. Ainsi, rien qu'en eau minérale, 2000 litres sont consommés. La réceptiondu soir permet de reconnaître assez facilement les Roumains des Français ; les pre-miers se dirigent davantage vers le buffet campagnard, apprécient le vin rouge ; lesseconds se tournent plutôt vers les petits fours et le champagne.

Françoise Bellegarde s'y prend dès début mai. Elle mobilise de deux à cinq per-sonnes, roumaines, en cuisine, pour préparer les pizzas, quiches, pâtisseries, qui serontcongelées. La dernière semaine sera stressante mais l'intendante peut compter surl'expérience de ses aides. Paula est cuisinière depuis 32 ans à l'ambassade et Petre,maître d'hôtel depuis 30 ans. Le grand jour, il ne faudra pas moins de 40 serveurs pourassurer le bon déroulement des trois réceptions qui se succèdent. Le standing deman-de des moyens, mais a aussi sa récompense. Avec une fierté bien méritée, FrançoiseBellegarde confie : "L'ambassade de France est considérée comme la meilleure tablede Bucarest".

L’ambassade de France,meilleure table de Bucarest

Evénements

Une association de propriétairesd'un immeuble d'Alba Iulia a décidéd'interdire l'accès de l'ascenseur auxanimaux, afin de conserver sa pro-preté… soulevant la colère d'unquart de ses occupants qui possè-dent soit un chat, soit un chien etcrient à une atteinte aux droits desanimaux. Ne sachant plus à quis'adresser pour obtenir l'annulationde cette décision, les protestatairesont décidé d'écrire à Brigitte Bardotpour obtenir son soutien et lui ontdemandé de venir sur place défendreleur cause.

Alba Iulia: appel à Brigitte Bardot

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BUZAU

ALBAIULIA

CERNAVODA

TURNUMAGURELE

La Roumanie n'échappe pas au phénomène du dopagedans le sport. L'athlète Ioan Vieru a été exclu deschampionnats du monde d'athlétisme de Budapest

pour ce motif, deux semaines après que son compatriote SergiuUrsu ait été contrôlé positif. En trois ans, sept athlètes roumainsont été suspendus pour dopage. L'an dernier, ce sont les tests detous les membres d'une équipe de rugby qui s'étaient révéléspositifs.

Les Roumains se font souvent prendre… parce qu'ils sont

pauvres et n'ont pas les moyens d'avoir recours aux produitsdopants de dernière génération, qui restent longtemps indétec-tables avant qu'on ne parvienne à les identifier. D'autre part, leprésident de la Commission Nationale Antidoping, IoanDragan, n'a eu des crédits que pour 600 tests l'année dernière,dont 17 se sont révélés positifs. En cette année olympique, ilespère pouvoir en faire le double. Notamment, tous les membresde la délégation olympique seront contrôlés avant le début desJ.O. d'Athènes.

Dopage: trop pauvres pour éviter de se faire prendre

Festival pour homosexuels à Bucarest

Se proposant de mieux faireaccepter les "gays" et les lesbiennesdans un pays qui a dépénalisé l'ho-mosexualité voici moins de trois ans,le "Festival des diversités" s'est tenuà Bucarest du 3 au 9 mai. Projectionde films, exposition d'affiches, dephotos, présentation de livres,débats, se sont succédés au coursde cette première qui avait reçu l'ap-pui de plusieurs associations rou-maines, ACCEPT, Centre deRessource Juridique, Fondation pourune société ouverte, ainsi que desorganisations américaines FreedomHouse, Civic Education Project.Cette initiative bénéficiait égalementde l'aide des Centres culturelsfrançais, polonais, allemand (InstitutGoethe), anglais, espagnol (InstitutCervantes), et de l'ambassade deSuède.

Mirela, professeur defrançais, écrivain, nemanque pas un 14 juillet

qu'elle commente avec un brin d'amuse-ment et d'étonnement : "Ce n'est pas faci-le de se faire inviter. Certains se font pis-tonner, d'autres récupèrent les cartons derelations qui ne peuvent venir ce jour là.Je crois qu'il y a même des faux qui sontimprimés. Il y a du monde, on est tropserré, on ne peut pas bouger. Bien sûr, ona pris tous vos défauts : les Roumains seprécipitent sur le camembert, la baguet-te, le saucisson, le Beaujolais, les yaourtsDanone. Ils apprécient qu'on puisse boireet manger à volonté tout au long de lanuit, tout en discutant, ce qui n'est pasune habitude de chez nous.

Cette abondance n'a pas toujours étéle cas. Avant l'arrivé du précédentambassadeur, Pierre Ménat, l'ambassadede France avait la réputation d'êtrepingre. C'était mauvais pour son image,car bien sûr on comparait toutes lesréceptions des ambassades et çà lafichait mal pour le pays du bien-vivre".

"Heureusement" note l'écrivain, "lesofficiels ne nous embêtent pas trop avecleurs discours. On est là pour une fêteaprès tout ? Roumains et Français s'ycôtoyaient sans trop se mélanger, maisdepuis l'instauration d'un bal populaireet d'un concours de danse, ils se rappro-chent. Je constate aussi que lesRoumaines font beaucoup plus d'effort,côté élégance, que les Françaises".

"Bien sûr, on a pris tous vos défauts"

La joie était immense parmi les1500 supporters du CFR Cluj,à l'issue du dernier match de la

saison de Division B de Football: en s'im-posant 3-0 face au Cetate Deva, leur équi-pe assurait son retour parmi l'élite pour laprochaine saison, après 28 ans de purga-toire. La performance relève du miracle,car pour s'assurer la remontée en DivisionA, le club du quartier Grivita de la capi-tale transylvaine devait aussi compter surun improbable faux-pas du leader JiulPetrosani face à Gaz Metan Medias. Or,sur son terrain, l'équipe de la vallée desmineurs n'a pu accrocher la victoirenécessaire, concédant le nul. Il s'agissait

là d'une sorte de réminiscence de justice :c'est justement à cause de Medias que,l'année précédente, le CFR Cluj avait ratéson accession ! Les dirigeants clujois s'at-tendaient si peu à ce scénario… qu'ilsn'avaient pas prévu les traditionnellesbouteilles de champagne roumain, lesjoueurs devant se contenter de bière.

Le CFR Cluj est le plus vieux clubroumain. Il a été fondé en 1907 par desemployés des chemins de fer de la régionet est dirigé par deux fortes personnalités.Son président, Arpad Paszkani, est laseule personne à avoir été exclue à viepar la Fédération de Football Roumain,pour avoir déclaré que "les arbitres

étaient des voleurs". La Cour d'Appelavait annulé cette décision. L'ensembledes arbitres de Division B l'avaientcependant traîné en justice… maisavaient retiré leurs plaintes par la suite.

L'entraîneur, Aurel Sunda a pour par-ticularité d'avoir fait monter ces trois der-nières années en Division A les troiséquipes différentes qu'il a dirigées (UMTimisoara, Apulum Alba Iulia et CFRCluj). Il affirme sans ambages son credo:"Moi, je bâtis une équipe, pendant que lesautres se construisent des villas". Il fautnoter que, jusqu'à ce dernier succès, leCFR opérait dans la même division queson grand rival local, Universitatea Cluj.

Plus vieille équipe du pays, les cheminots de Clujretrouvent la division A, après 28 ans de purgatoire

La réception du soir, très courue, se prépare dès début mai et mobilise pas moins de 40 serveurs.

SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

34

Depuis Sydney, on n'avait guère plus entendu parler des gymnastes rou-maines qui avaient alors dominé largement la compétition féminine.Affectées par l'âge (18-22 ans !), les championnes qui avaient apporté tant

de titres olympiques et mondiaux à leur pays ont pris depuis leur retraite, dont la peti-te prodige Adriana Raducan, considérée comme la successeur de Nadia Comaneci.

C'était oublier que l'école roumaine de gymnas-tique travaille dans l'ombre, reconstituant inlassa-blement ces générations d'athlètes de premier rang.Ses rivales, notamment les Russes s'en sont renducompte lors des récents championnats d'Europe,tremplin des J.O. d'Athènes. Non seulement laRoumanie a confirmé sa première place mondiale auniveau des filles, mais elle a également et outrageu-sement dominé la compétition masculine - une pre-mière- faisant d'elle la plus grande nation de gym-nastes de la planète, aucun continent n'étant enmesure de rivaliser avec l'Europe dans ce domaine.

Marian Dragulescu, Catalina Ponor et Dana Sofronie, nouveaux prodiges

Le véritable coup de tonnerre a été l'émergence, à Ljubliana (Slovénie), du plusgrand champion européen masculin de tous les temps, Marian Dragulescu, un gym-naste ne payant pas de mine de 23 ans, vivant dans la ferme de ses parents, à 50 kmde Bucarest, qui a décroché quatre médailles d'or, remportant le titre individuel et neratant le "grand chelem" que d'un titre, permettant par ailleurs à la Roumanie de rem-

porter la compétition par équipes. Un mois plus tard, à Amsterdam, les

Roumaines relevaient le défi des hommes,glanant douze médailles européennes entrecompétitions senior et junior, dont quatretitres et celui par équipes, le plus recherché.

Les spectateurs ont ainsi découvert levisage et le talent des jeunes filles qui figu-reront parmi les grandes favorites à Athènes.Il s'agit de Monica Rosu, Alexandra Eremia,Silvia Stroescu, et surtout de Catalina Ponor(trois titres), ainsi que de la nouvelle étoileDana Sofronie, 16 ans, laquelle a échoué dejustesse dans la quête de la médaille d'or dela compétition toutes catégories, qu'elle adominée jusqu'à l'avant-dernière épreuvepour finalement s'incliner devantl'Ukrainienne Alina Kozici.

Mais le célèbre entraîneur des filles, Octavian Belu, n'est plus le seul à faire desprodiges. Son collègue Nicolae Forminte, chargé des juniors féminines, a conduit sonéquipe à la médaille d'argent, raflant au passage plusieurs titres européens. Agéesaujourd'hui de 14 ans, les gymnastes roumaines de demain ont pour nom: StelianaNistor (championne individuelle), Alina Stanculescu, Sandra Izbasa, RodicaMarinescu et Oana Zbenghea.

Sports

Manque de sensibilisation, demoyens et facilités, pauvreté… maisaussi paresse, sont les raisons évo-quées pour expliquer le manqued'enthousiasme des Roumains à pra-

tiquer unsport,ceux-cipréféranttrès nette-ment pas-ser leurtempslibredevant unposte detélévision.Pour semainteniren forme,

un Roumain ne fait que six heuresd'exercice physique par mois, alorsque cette moyenne est de 36 heuresdans l'Union Européenne. LesFrançais sont les plus acharnés avecune moyenne mensuelle de 45heures, devançant les Anglais, 43heures, les Belges (40), les Irlandais(39), les Danois (37), les Suédois(35), les Italiens et les Espagnols(30). Avec moins de 27 heures, lesGrecs et les Luxembourgeois fer-ment la marche.

Conséquence évoquée parl'Association Roumained'Endocrinologie: un quart desRoumains sont obèses, ce qui leurdonne le 3ème rang sur le continent,après l'ex Yougoslavie et la Grèce,un classement qui a fait réagirl'Organisation Mondiale de la Santé,laquelle a indiqué que l'impact del'obésité sur la santé des Roumainsdépassera bientôt celui du tabac.

Six heures de sportseulement par mois

L'organisation du 14 juillet est tellement lourde, quel'événement se prépare dès le début de l'année. Uneéquipe se forme, travaille avec la chambre de com-

merce franco-roumaine, les entreprises françaises implantéesdans le pays, Carrefour, Cora, Renault, la société Générale,Vivendi, etc. Cette coopé-ration permet de fairesponsoriser les troisquarts des 40 000 € (260000 F) que coûte lajournée et notamment lasoirée du bal populaire, lereste étant à la charge del'ambassade.

On réfléchit aux ini-tiatives à prendre. Ainsi,un prix du 14 juillet a étécréé en 2003, attribué àl'association "Valentina"pour son action en faveurde la protection de l'enfance. Cette année, les hymnes françaiset roumains seront interprétés par une chorale de jeunes d'uneécole militaire roumaine, remplaçant les enregistrements quiofficiaient jusqu'ici.

Un des moments les plus délicats consiste à dresser la listedes invités, 4000 environ, étant donné qu'il ne peut y avoir deplace pour tout le monde. Cette tâche revient aux différents

départements de l'ambassade, qui s'y mettent dès le 15 mars,l'affaire étant bouclée mi-avril, l'ambassadeur tranchant endernier ressort. Il sera difficile d'éviter quelques impairs ou deprovoquer des déceptions. Des retraités, qui ont voué une par-tie de leur carrière à l'enseignement du français ou aux rela-

tions entre les deux paysse montreront vexés de neplus recevoir leur carton.Certains, soit recalés oubien oubliés, insisteront.Début juillet, alors queles invitations sont déjàparties, et ce jusqu'au der-nier jour, des demandestouchantes ou dithyram-biques, vantant parexemple l'amour porté àla Marseillaise, parvien-nent à l'ambassade.

Car ce rendez-vousest très recherché. Tous les subterfuges sont bons pour pouvoiry assister. De fausses invitations circulent même, ce qui aconduit à les éditer en couleurs différentes. Une dizaine de per-sonnes de l'ambassade sont mobilisées à l'entrée des récep-tions, pour accueillir les invités mais aussi pour refouler lesfraudeurs. Finalement, le 14 juillet est victime de son succès !(Photo en bas à gauche: l’ancien président Constantinescu).

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2219

SSociété

Trois à quatre mille poignées de main et autant d'invités

Quand le dernier invité sera parti, vers 1 heure du matin, l'ambassadeuraura donné 3 à 4000 poignées de main, accueilli et reconduit à leurs voituresle Président, le Premier ministre, leurs prédécesseurs, les membres du gou-vernement et les plus hautes personnalités du pays. Il se sera également mul-tiplié en interviews aux journaux, qui consacrent parfois des pages entières àla France à cette occasion, ainsi qu'aux télévisions et radios. Alors, après unejournée harassante et une dernière semaine de préparatifs très lourde pourtout le monde, l’ambassadeur pourra penser non seulement à un sommeilrécupérateur, mais, comme l'ensemble du personnel de l'ambassade, prendreses vacances, car avant le 14 juillet, il n'en est guère question… (Photo: Leprésident Ion Iliescu et Philippe Etienne, ambassadeur de France)

BUCAREST

ORADEABAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

PRIUNISOR PITESTI

CLUJ

A quelques semaines des J.O. d'Athènes, les Roumains

PIATRANEAMT

ALBA IULIA

Un rendez-vous tellement prisé par certains… qu'ils en fabriquent des fausses invitations

Gymnastique: hommes et femmes… une équipe en or

Marian Dragulescu, un gymnaste en or.

Catalina Ponor est l’un des grands espoirsde la Roumanie pour les J.O. d’Athènes.

ont réaffirmé leur suprématie européenne

SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

2235

Nicolae Ceausescu… interdit de Parti communiste

Dans sa ville de Prunisor (Mehedinti), NicolaeCeausescu est une petite vedette locale, toutcomme sa belle-soeur, Elena Ceausescu. Les his-

toires ne manquent pas sur les deux homonymes du"Conducator", des policiers se mettant au garde à vous endécouvrant leurs papiers, ou les observant d'un air méfiant,tout en n'osant pas commettre d'impair irréparable. Quand unesecrétaire du rectorat demandait sur un ton rogue à Nicolae,professeur de mathématiques et directeur d'école, de se nom-mer au téléphone, celui-ci devinait aussitôt le branle-bas decombat que son appel déclenchait… puisqu'on lui passaitimmédiatement le recteur.

Mais Nicolae Ceausescu n'a jamais été membre du Particommuniste, qu'il hait d'ailleurs. Même s'il ne voulait pas yentrer, l'accès lui en était interdit, de par ses origines : sesparents étaient des propriétaires terriens auxquels le régime

avait confisqué terres et biens. Toutefois, il estime que sonhomonyme a été un bon chef, mais mal conseillé.

Après la "Révolution", Nicu est devenu le président localdu "Front du Salut National", l'organisation voulant réaliserl'unité des Roumains, mais était manipulée en réalité par lescommunistes, la Sécuritate et la nomenklatura.

Il a vite déchanté et abandonné ses ambitions politiques.Aujourd'hui à la retraite, il estime cependant qu'on vivaitmieux du temps du communisme: "Tout le monde avait du tra-vail, un pain à mettre sur la table… Aujourd'hui, c'est la faimet la misère".

Un grand regret de Nicolae Ceausescu est de ne pas avoirle moyen de se rendre sur la tombe du dictateur, au cimetièreGhencea de Bucarest, pour y allumer un cierge. "Chaque foisqu'il y a une cérémonie à sa mémoire, je bois un verre de vindevant la télé" se console-t-il.

Insolite

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociété

Qu'il soit en poste dans n'importe quelle capitale du monde, l'ambassadeurde France sait que la plus rude journée de l'année l'attend un certain 14juillet. Peut-être est-elle-même plus harassante que celle occasionnée par

la visite de son Président ou de son Premier ministre, les services de l'Elysée et deMatignon donnant alors un coup de main à l'organisation des réceptions. Ce jour là,pour le pays hôte, la France c'est ce minuscule territoire bénéficiant de l'exterritoria-lité et où est installée sa chancellerie, et tous les yeux sont tournés vers son représen-tant, qui l'incarne.

La tâche est encore plus exigeante en Roumanie. Le 14 juillet y est encoreconsidéré par beaucoup comme une seconde fête nationale. C'est un temps fort pourles valeurs que cette date inspire mais aussi, elle marque la chaleur des relations entreles deux pays. Si elle se trouve à Bucarest, toute la classe politique roumaine se feraun devoir d'y assister, président en tête. Le ministre des Affaires étrangères, MirceaGeoana, formé à l'ENA, a une double raison d'y participer : il est né un 14 juillet.L'ambassade se doit donc d'être à la hauteur. Les invitations ne doivent oublier per-sonne, il ne faut pas commettre d'impairs.

Trois réceptions au cours de la journée

Pour pouvoiraccueillir tout lemonde, la journéeest organisée entrois parties. Amidi, ce sont lesautorités du pays etle corps diploma-tique qui sont reçus.C'est le temps desofficialités, des dis-cours. Sur le millierd'invités, environ lamoitié se déplace.Puis, vers 18heures, c'est au tourde la communauté française en Roumanie de se rendre à l'ambassade, soit mille per-sonnes sur les 1500 conviés. Des Roumains très proches sont également invités à cetteréception. Les Français de passage à Bucarest ce jour là peuvent y assister, s'ils vien-nent cependant chercher un carton d'invitation à l'avance : c'est en effet la traditionrépublicaine, l'accès ne peut leur être refusé à la Fête nationale de leur pays, où quece soit dans le monde. En fait, une vingtaine simplement en font la demande.

Mais c'est à partir de 21 heures que le 14 juillet prend toute son ampleur, quandtout ce que la France compte d'amis en Roumanie - il a fallu cependant faire dessélections, faute de place - se retrouve au club diplomatique de Bucarest, dans le parcHerestrau. 2500 personnes, certaines ayant déjà participé à l'une ou l'autre manifesta-tion précédente, participent au bal populaire, au concours de danse, et se pressentautour des buffets copieusement garnis. Jusqu'en 2002, tout ce monde se serrait, "sesardinait même" commente un habitué, dans les jardins somme tout exigus de l'am-bassade. Une autre innovation de l'ambassade, datant de l'année passée et appréciéedes Bucarestois, a élargi le cercle de ceux pour qui le 14 juillet est une date à retenir:le grand feu d'artifices qui illumine le ciel de la capitale.

Le jury de la CommissionEuropéenne de Bruxelles a décidé dechoisir Sibiu et Luxembourg commecapitales de la culture européenne en2007, suivant le principe qui l'amèneà désigner deux villes différentes duVieux Continent chaque année, leplus souvent une de l'Ouest et une del'Est. Les autorités roumaines avaientdécouvert le projet de Luxembourg deposer sa candidature, lors d'une visitedans le Grand Duché en 2002, etavaient proposé d'y adjoindre Sibiu.Le dossier de cette cité a été jugésérieux par le jury qui l'a retenu àl'unanimité, demandant toutefois à ceque soient précisés certains aspectsdu programme de manifestations etexpositions prévues, afin de l'exami-ner lors de sa prochaine réunion, enfévrier 2005.

Sibiu est considérée comme la villeroumaine ayant le plus grand héritagearchitectural du pays. La vieille villes'étend sur 100 hectares, compte20 000 habitants et 1200 bâtimentshistoriques, dont beaucoup sont dansun état avancé de dégradation. Unprogramme de réhabilitation germa-no-roumain a été mis en place pourles restaurer, en 2000. Ville aucaractère allemand marqué, et dontl'actuel maire est allemand, Sibius'appelait aussi Hermannstadt, danscette langue.

Sibiu capitaleeuropéenne en 2007

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

CLUJARAD

SIBIU

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BRASOV

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TARGU MURES

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TULCEABRAILA

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BACAU

PITESTITURNUSEVERIN

Pour beaucoup de Roumains, ce jour est un peu une seconde fête nationaleEvénements

Le 14 juillet, la France à Bucarest, c'est son ambassade

Huit cent mille Roumains, dont les trois quarts sont des femmes, portent unprénom de fleurs que l'on fête traditionnellement le dimanche des Rameaux(Florii en roumain), une semaine avant Pâques. 250 000 déclinent le nom

même de fleur (Florin, Florina, Florian, Floriana, Florica, Floarea, Florentin,Florentina), les autres évoquent directement des fleurs : Trandafir, Trandafira (Rose),Crin, Crina (Lys), Viorel, Viorica, Violeta, Micsunica (Violette), Narcis, Narcisa,Camelia,Crizantema, Dalia, Margareta, Anemona, Romanita (Camomille), Garofita(Œillet), Panseluta (Pensée), Mugurel (Bourgeon ou Bouton)…

Une habitante de Craiova patientant dans la salle d'attente pour faire vaccinerun chaton chez un vétérinaire de Craiova, a été glacée de peur quand elle avu apparaître la queue d'un crocodile de deux mètres dépassant de la salle

d'opération. Le saurien, qui n'avait pas été anesthésié et était maintenu par trois per-sonnes, appartenait au cirque Pirovnicov, en représentation pour quelques jours dans lacapitale de l'Olténie. Une autre cliente avait la même frayeur le lendemain… Cette fois-ci, son dresseur avait amené un python de quatre mètres de long pour lui faire extirperune poche de pus.

Après avoir reçu un coup depied d'une vache dans leventre, un enfant de 9 ans

du village de Calafinda a commencé àse plaindre de douleurs atroces. Trèsinquiets, ses parents l'ont conduit àl'hôpital d'urgence de Suceava où, enl'examinant, les médecins ont décou-vert que ses souffrances survenaienten fait d'une péritonite avancée,laquelle mettait en jeu son existence.Opéré immédiatement, il s'est rétabli,le chirurgien priant ses parents de nepas réprimander la vache qui, endéclenchant des symptômes suffisam-ment tôt, lui avait certainement sauvéla vie.

Animaux de compagnie

Bien que disposant de prèsde trois fois moins de télé-viseurs que la moyenne de

l'UE, les Roumains passent deux foisplus de temps à regarder la télévision,restant devant leurs postes six heurespar jour. On compte 230 postes detélévision par mille habitants enRoumanie, soit un pour cinq habi-tants, dont 35 % sont encore en noir etblanc, contre 600 dans l'UnionEuropéenne, un pour moins de deuxhabitants.

Un coup de pied envache… salvateur

800 000 Roumains portent un prénom de fleur

Six heures par jourdevant la télévision

Dans les jardins de l’ambassade de France, les invités font la queue pour venir saluer l’ambassadeur au cours de la réception

réservée aux Français résidant en Roumanie ou de passage.

Un drôle debateau, enfac-similés

de vieuxnuméros

du Monde...planté là,

sur un quaidu port de

Constantsa.

Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

2236

Littérature

“Viata romaneasca” (La Vie roumaine), larevue du poporanismefondée par Ibraileanu

Garabet Ibraileanu dirigea la revueViata romaneasca (La Vie roumaine)de 1906 à 1916 puis, après sa repa-rution à Iasi, de 1920 à 1933. Il s'en-toura d'un groupe de collaborateursdont le plus célèbre fut MihailSadoveanu (1880-1961). La revue,après 1933, fut dirigée par MihaiRalea puis par Georges Calinescu.Avec ses collaborateurs, Ibraileanupassait des soirées entières à lire età discuter de littérature. Sur l'orienta-tion de la revue elle-même, la traduc-trice Georgeta Horodinca écrit ceci :

"Socialiste dans sa jeunessecomme toute la fine fleur de l'intelli-gentsia moldave (Iasi est le berceaudu socialisme roumain), il avait aban-donné la doctrine de la révolutionprolétarienne sous l'influence deConstantin Stere - ancien narodnic(de narod : peuple, en russe), arrivéclandestinement à Iasi après unstage en Sibérie - et tourné sesregards vers la paysannerie, qui for-mait la majorité de la population etqui vivait encore sous un régimesemi-féodal. Le courant poporaniste(d'après le mot popor: peuple, en rou-main) était né.”

Depuis 1899, Ibraileanu, avecStere, militait à l'aile gauche du partilibéral pour la réforme agraire et lesuffrage universel. En fondant en1906 la revue Viata romaneasca, ilentendait donner au poporanismeson expression littéraire, opposéeaux images folkloriques en coursdans la revue rivale “Semanatorul“(Le Semeur), dirigée par le grand his-torien Nicolae Iorga.

Ce n'est qu'à l'extrême fin de sa vie, en 1933, que Garabet Ibraileanu déci-de de publier son roman Adèle et de faire ainsi son entrée dans le champde la fiction romanesque. Oeuvre tardive et unique, Adèle n'en est pas

moins un roman de qualité écrit et ciselé pendant de longues années par un hommetrès apprécié en son temps pour ses travaux de critique et d'esthétique littéraires. Dansce texte crépusculaire relatant l'impossible amour d'un quadragénaire pour la jeuneAdèle, sorte de Lolita de la littérature roumaine, G. Ibraileanu fait parallèlement unemagnifique peinture d'une région qui lui était très chère en Moldavie: celle de Neamt.

Le premier des Moldaves

Né en 1871 à Târgu-Frumos dans le départe-ment de Iasi en Moldavie, Garabet Ibraileanu reste-ra, sa vie durant, attaché à sa région natale. MêmeBucarest ne parviendra pas à le séduire plus que laMoldavie et s'il meurt dans la capitale roumaine, en1936, ce n'est que parce qu'il a dû s'y rendre afin d'yrecevoir des soins. Sadoveanu confiait à son sujetqu'il s'amusait à dire à ses amis qu'il était le plusancien des Moldaves puisque sa famille, de souchearménienne, était installée là avant même la créationde la Principauté de Moldavie.

Ibraileanu mène donc sa carrière à Iasi où ilétait professeur à l'université. Mais c'est la régionvoisine de Neamt, plus proche des montagnes, qui sert de cadre à son roman Adèle.Chaque été, il avait pris l'habitude de louer là un appartement, "chez des religieuses depréférence", précise Georgeta Horodinca, la préfacière et traductrice du roman, "nonsans s'assurer auparavant qu'un certain coq avait été sacrifié, l'idée du moindre bruitpossible, fût-ce un innocent cocorico, l'empêchant de dormir, et, si la santé le lui per-mettait, il commençait ses visites dans la région". Parfois, c'était avec ses collabora-teurs et amis de la “Revue Viata romaneasca” (La Vie roumaine) qu'il arpentait lessentiers des Carpates moldaves et qu'il visitait les nombreux monastères de la régionafin, professait-il, de stimuler leur élan créateur tout comme le sien.

Une stimulation réciproque entre l'amour de la femme et l'amour de la nature

Ainsi, dans Adèle, une de ses obsessions fut de "rendre l'atmosphère psycholo-gique du paysage" en même temps que d'associer ce dernier à ses tourments d'amou-reux refoulé. Pour lui existait, en effet, "une stimulation réciproque entre l'amour dela femme et l'amour de la nature". Et c'est pourquoi l'affection que porte le quadragé-naire Emile Codrescu, personnage du roman, à Adèle est indissociable du cadre natu-rel dans lequel cette affection se déploie :

"Dans la voiture étroite (toutes les voitures de par ici, méchantes carcasses d'an-ciennes vraies voitures, achetées pour rien par les paysans improvisés cochers, pro-portionnées à leurs petits chevaux, sans arrêt utilisées, sont étroites et détraquées) ilétait impossible, quoi qu'on fît, de ne pas entrer en contact avec son compagnon deroute. Après un certain temps, reconnaissant sans nous l'avouer que c'était un cas deforce majeure, nous nous en sommes accommodés de notre mieux. Cette intimité nousembarrassait (d'autant plus que dernièrement nos rapports étaient devenus de plus enplus troubles), mais nous faisions semblant de ne pas nous en apercevoir.

BUCAREST

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Ils entendent les faire fructifier au plus vite, sans respecterles lois et le Code du Travail. Beaucoup misent sur la pauvretéet la faiblesse des salaires des Roumains pour réaliser desaffaires juteuses ou viennent pour spéculer, achetant des ter-rains en vue de l'adhésion de la Roumanie à l'UE, misant surune explosion ultérieure de leurs prix.

Une même mentalité, un peu "mafioso",se retrouve chez les Russes auxquels il arrive,en plus, de ne pas payer les salaires pendantdes mois d'affilée, comme cela se fait chezeux. On a aussi parfois des problèmes avec lesAméricains, comme la firme Solectron quifabrique des composants électroniques àTimisoara et emploie 1400 personnes.

D'une manière générale, on peut dire quelorsqu'on a à faire à la grosse industrie, desentreprises importantes, les rapports patrons-employés sontclairs, bien définis. Le secteur du service est celui qui pose leplus de problèmes et, au bas de l'échelle on trouve le textile, lecuir (confection et chaussure)”.

Avec le système lohn, l'esclavagisme moderne a fait son apparition

H.G. : La Roumanie qui habille et chausse l'Europe ,avec des vêtements de marque que l'on retrouve dans lesgrandes surfaces occidentales ou dans les boutiques de luxeparisiennes, à partir de tissus et des cuirs venus de pays enco-re plus pauvres, souffre-t-elle du système lohn?

B.H. : “Le lohn est un nouveau système économique quifractionne la confection d'un produit pour le fabriquer là où ilrevient le moins cher, depuis la matière première jusqu'à satransformation, et permet d’empocher ainsi un maximum debénéfices à toutes les étapes.Bien sûr, la Roumanie en souffrepuisque les premiers lohns installés dans le Banat (Timisoara),se sont déjà délocalisés vers la Moldavie où les salaires sontmoins élevés. Ces "investisseurs" recherchent les régions decrise, comme Botosani où le chômage se situe entre 38 et 40%. Ils savent qu'ils n'y rencontreront aucune résistance. Lesouvriers ne pourront rien dire si on les fait travailler douzeheures en les payant huit, travailler sept jours par semaine, tra-vailler la nuit sans leur verser le supplément de 25 % prévu parle Code du Travail. Le chantage à l'emploi est bien là. S'ils pro-testent, c'est la porte immédiatement.

Avec ces employeurs qui estiment n'avoir aucune justifi-cation à apporter, il n'y a pas d'accord, pas de convention col-lective, les syndicats ne sont pas tolérés ou pourchassés. Leurseul intérêt est de transférer au plus vite leurs profits.”

H.G.: On pourrait dire que c'est de l'esclavagismemoderne ?

B.H. : En quelque sorte. Les lohns n'apportent pratique-ment rien en matière d'investissements. Pratiquement pas d'ou-tillage moderne, pas d'amélioration des conditions de travail :les sanitaires datent toujours de l'époque de Ceausescu. Parcontre, ils ont augmenté les normes de production… quidépassent maintenant celles des machines, car elles sont plusgrandes que celles pratiquées dans l'UE. Elles sont souvent

impensables à respecter et l'employeur a beau jeu de dire"Vous n'avez pas fait votre quota", menace à peine voilée surle salaire, et de rajouter quelque chose du genre "Bon, pourl'atteindre, je vous permets de travailler deux-trois heures deplus, mais n'oubliez pas que c'est moi qui paie l'électricité et

le reste"… histoire de faire comprendre qu'iln'est pas question d'heures supplémentaires.Bien sûr, les salaires sont les plus bas du pays,quelle que soit la notoriété de la firme.

Il s'agit de comportements autoritaires, demépris vis-à-vis des employés qui n'ont pasleur mot à dire, d'un pouvoir discrétionnaire :on n'embauche pas les jeunes filles qui n'ontpas d'enfants, ce qui pourrait conduire à verserdes indemnités de grossesse avec leur mariage,des femmes travaillent jusqu'à quinze jours de

leur accouchement… et ne sont pas reprises après. Mais lesplus durs sont parfois ces Roumains que les patrons étrangersdélèguent pour suppléer à leur absence et qui font du zèle afinde se faire apprécier. Il ne faut pas oublier non plus que lesdirigeants de ces lohns sont très liés aux pouvoirs locaux, fiersde dire qu'ils ont attiré des emplois. Ce système s'appuie surl'entente et la corruption avec les administrations locales”.

Tester la réaction syndicale

H.G. : Quelle place pour les syndicats dans ce contexte ? B.H. : “Le paysage est contrasté entre les lohns, les entre-

prises de service où le syndicalisme est réprimé, où les syndi-qués peuvent être pourchassés et les employés peur de se syn-diquer, de revendiquer ou bien tout simplement de parler, et lesgrandes entreprises qui comprennent la nécessité du dialoguesocial, car elles sont intéressées à ce que ça marche bien.

Dans celles-ci, les relations sont bonnes. Si les discussionssont toujours dures sur le niveau des salaires, elles ont parcontre transféré aux syndicats des responsabilités sur le cadreet les conditions de travail. Des comités d'entreprises ont étécréés qui se réunissent tous les mois, voire chaque semaine,afin de désamorcer les conflits.

Certaines firmes jouent le jeu dans le cadre des relationsde solidarité que nous avons nouées avec la ConfédérationSyndicale Européenne, laquelle nous a permis d'introduire desobservateurs syndicaux roumains dans des comités transnatio-naux de certaines branches (ciment, construction, servicescomme Accor).

Au total, nous sommes ainsi présents dans 117 entrepriseseuropéennes. En général, on peut dire qu'il est plus facile dediscuter avec les investisseurs étrangers habitués à vivre dansun environnement prenant en compte les questions sociales,qu'avec les patrons roumains, lesquels manquent de culture dudialogue, ce qui conduit à des conflits se terminant souventdevant la Justice.

Mais il nous faut être vigilants. Nous avons gagné unprocès contre un entrepreneur italien qui avait licencié les syn-diqués de sa fabrique. Nous nous attendions à ce qu'il fasseappel, mais il ne l'a pas fait et son ton consensuel nous a sur-pris. Il nous a alors confié qu'il avait voulu seulement tester laréaction syndicale pour savoir jusqu'où il pouvait aller”.

“Adèle”, le roman d'un amour impossible de l'écrivain moldave Garabet Ibraileanu

PLOIESTI

La vénération des femmes et de la nature

Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2216

Actualité

Social

Les investisseurs étran-gers sont de plus en plusnombreux en Roumanie,

certains caressant l'espoir que cepays se transforme en Eldorado,d'autres y voyant un marché poten-tiel important dans cette région dusud est de l'Europe. Mais qu'appor-tent-ils et comment se comportent-ils ? Henri Gillet a posé cette ques-tion à Bogdan Hossu (nos photos),le principal leader syndical rou-main, responsable de Cartel Alfa.

Henri Gillet : Quel genre d'investisseurs viennent en Roumanie ? Bogdan Hossu : "Il en existe deux types. Les "vrais", ceux qui misent sur le

moyen et le long terme, sur le développement, s'installent pour la durée ; les autres,qui sont là surtout pour "faire un coup", prêts à repartir vers d'autres cieux encore plusintéressants dès qu'ils ont empoché le "jackpot".

H.G. : Qu'est-ce qu'a à gagner la Roumanie sur le plan social et économiqueavec la venue des entreprises étrangères ?

B.H. : “Quand elles viennent pour la durée, ce qu'elles font est impressionnant.Elles investissent pour des meilleures conditions de travail, refont les vestiaires, lescantines, les sanitaires, s'efforcent de faire que les salariés évoluent dans un cadre oùl'hygiène, la propreté soient des valeurs acquises. Elles veillent sur la sécurité du tra-vail, les mesures de protection afin de réduire le nombre d'accidents, luttent contre lapollution dans les usines, pour diminuer les maladies professionnelles en éliminant lesacides, les gaz ou les particules en suspension qui étaient le lot commun jusqu'à main-tenant.

Sur le plan salarial, elles mènent une politique attractive. Alors que le salaireminimum brut est de 69 € (450 F) soit 57 € net (370 F), il y est plutôt de l'ordre de120 € (790 F), le salaire moyen brut se situant entre 250 à 350 € (1640 à 2300 F),voire à 400 € (2600 F), comme c'est le cas pour Convex, une multinationale anglaisedu groupe Balhi qui travaille dans le domaine portuaire".

Allemands et Autrichiens champions du bon comportement, Italiens et Russes mauvais élèves

H.G. : Existe-t-il des champions du bon comportement et des mauvais élèves ? B.H. : “Il ne faut pas trop généraliser, mais on peut observer des attitudes très

différentes, suivant les nationalités. Les plus corrects, de loin, sont les Allemands, àl'exception d'un seul. Eux, sont stricts sur les règles, respectent les conventions, sontvraiment intéressés par la stabilité et le long terme et se comportent donc comme desgens devant rester longtemps, même si une de leurs entreprises fait problème. Je clas-serais ensuite les Autrichiens, avec aussi parfois des difficultés dans le domaine desrelations sociales.

A l'autre bout de l'échelle, on rencontre souvent les Italiens. Ce sont une multitu-de de petits investisseurs - on en compte 1638 dans le seul judet de Timisoara - quiviennent de la Vénétie, laquelle n'est pas très lointaine, et investissent des petits capi-taux, de l'ordre de 100 000 à 200 000 €.

Les Allemands viennent pour durer, les Italiens pour empocher le "Jackpot"

H.G. : Les entrepreneursfrançais se singularisent-ils ?

B.H. : “Ils sont assez nombreux,rien que sur Bucarest avec 80 entre-prises et des groupes importantscomme ACCOR qui a deux hôtelsdans la capitale (Sofitel et Ibis), plusla Sodhexo et les chèques restau-rants. Au hit-parade du bon compor-tement, je les mettrais en troisièmeposition. Mais il existe des diffé-rences entre les secteurs. Lesgrosses entreprises de la productionsont attentives au cadre social.

Les services (hôtellerie, grandedistribution), en général, se compor-tent maintenant relativement mieux.Mais c'est dans le sens d'une amé-lioration des conditions de travailpour augmenter leur rentabilité (for-mation, techniques) et ces entre-prises se montrent toujours ferméesau dialogue social. A Carrefour, on aattendu qu'une quinzaine d'employésdécouvrent leur intention de se syn-diquer pour les mettre à la porte.

On justifie par le niveau du salaireplus important que la moyenne, lefait de ne pas respecter les normesde travail, contrairement auxAllemands. Les Français ont la répu-tation de ne pas payer les heuressupplémentaires, de faire travailler ledimanche ou à des horaires tardifssans compensation salariale. Il exis-te un mécontentement à leur égard.L'enthousiasme et la motivation pourtravailler dans certaines firmesfrançaises à baisser. Les jeunes ontle sentiment d'être exploités, de nepas être payés à la hauteur desefforts fournis, comparent et vont voirailleurs. C’est nouveau chez nous”.

Des Français réputés “radins”

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

TIMISOARA

CLUJARAD

HUNEDOARA

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

Me faisant un devoir d'attirer son attention ailleurs, sansréussir, sans d'ailleurs vouloir trop réussir, et de dévier aussi lamienne, je fus d'une loquacité inhabituelle. Je lui montrais lemonastère de Varatec, égaré sous le soleil, le plimontagneux où se cachait le monastèred'Agapia, les montagnes aux formidables seinsde pierre, dont la dernière touchait l'horizon.

Devant nous la forteresse de Neamtz, molai-re brisée de quelque monstre géant, brillait dansle soleil de midi comme un ivoire et se faisait deplus en plus grande à mesure que nous appro-chions. Dans la large vallée, la rivière d'Ozanamontrait la courbe gracieuse de ses hanches defemme endormie. Et, au fond, avec un aspect denuage, une énorme montagne obèse".

Un connaisseur des littératures française et russe

Sans avoir pleinement réussi sa traduction (témoignant encela de la difficulté des Roumains à traduire le français au sor-tir de quarante ans d'enfermement communiste… qui plus estquant il s’agit d'Adèle, un texte finement psychologique)Georgeta Horodincaprésente le mérited'avoir proposé aux lec-teurs français un trèsbeau roman. Sans quesoient véritablementconnues les raisons de saréserve, Ibraileanu étaitplutôt réticent à publierce texte portant aussi lesous-titre de Fragmentsdu journal d'EmileCodrescu (juillet-août189.). Il était pourtantdéjà, en 1933, l'auteur de nombreux ouvrages traitant de sujetslittéraires : Esprit critique de la littérature roumaine en 1908,Création et analyse en 1926.

En 1930, il avait fait paraître un ouvrage de moraliste inti-tulé En regardant la vie. Il était spécialiste de nombreux écri-vains roumains et étrangers comme Eminescu, Maupassant,Proust, Tolstoï, Tourgueniev, etc. Pour autant, cela ne suffisaitpas à lui faire franchir le cap de la publication. Etait-ce,

comme se le demande la préfacière, "scrupule d'époux sansreproche, dissimulant sous le voile transparent de la fictionlittéraire, un amour extra-conjugal bien innocent, mais non

moins réel ?". Ilest vrai que lapassion amoureu-se que GarabetIbraileanu décritdans Adèle esttout ce qu'il y a deplus dévorant:

"Je lui parlesans cesse de monamitié pour elle.En réalité, jemens, ou, plusexactement, je mefais des illusions.

L'amitié, cela veut dire confiance réciproque, communion, orce que je lui cache, c'est justement ma pensée de tous les ins-tants, l'intérêt suprême de ma vie. Et son sort m'est tellementcher que si elle était heureuse avec un autre que moi-même,j'exècrerais son bonheur, voilà l'amitié que je lui porte ! Et

placé devant l'alternative: Adèle ivre de pas-sion dans les bras d'un autre, ou inanimée surle catafalque, je ne sais pas ce que j'abhorreraisle moins, voilà l'amitié que je lui porte… ".

Avec le départ d'Adèle, Emile Codrescun'a plus qu'à sombrer dans la neurasthéniequ'Ibraileanu lui-même connaissait bien et queles lieux enchanteurs de Neamt ne parviennentplus à conjurer:

"A ce moment-là commença le passé.L'écho d'une musique était d'ailleurs tout ce quis'était passé dans les journées brûlantes de l'étéqui, lui aussi, s'en allait. La forteresse deNeamtz, le Varatec, le Ceahlau, les promenades

en plein soleil, les clairs de lune m'apparaissaient maintenantcomme le merveilleux cortège de l'été, conduit par Adèle, etqui avait disparu avec elle au-delà de l'horizon".

Bernard CamboulivesGarabet Ibraileanu, “Adèle, fragments du journal d'Emile

Codrescu (juillet-août 189.)”, Editions Jacqueline Chambon, 1991.Préface et traduction du roumain par Georgeta Horodinca. 187 pages.16 euros.

BOTOSANI

Investisseurs étrangers: le hit-parade des relations sociales

Politiquement, le poporanismeprôné par Ibraileanu proposaitune doctrine de l'Etat démocra-

tique paysan selon une voie non capita-liste, alors que Nicolae Iorga avait engagéla critique de la société roumaine d’unpoint de vue conservateur. Ibraileanuimaginait une Roumanie démocratique,avec un Parlement de petits producteurset une armée de paysans-soldats, à la

mode des Boers sud-africains; ces chefsde famille permettraient à leurs cadets,filles et garçons, d'étudier des matièresculturellement enrichissantes, à l'univer-sité ou dans des conservatoires, générantainsi une nouvelle élite intellectuelleayant acquis ses qualités en dehors detoute préoccupations utilitaires. Lespoporanistes se considéraient comme lessuccesseurs des révolutionnaires de 1848.

Et ils refusaient d'inclure dans leur visionidéale de la société les éléments non issusdes masses rurales.

Du point de vue littéraire, Ibraileanudéfendait le "spécifique national" dans latradition populisto-paysanne et prônait leroman réaliste, traditionaliste, ouvert ausocial. Il rejetait la poésie symbolistequ'il jugeait non spécifique. Il sera toute-fois l'un des premiers à accepter Proust…

Une Roumanie rêvée à la mode des Boers sud-africains

Dans un pli montagneux se cache le monastère d’Agapia, dans une région appréciée par Garabet Ibraileanu.

La forteresse de Neamtz, ”molaire brisée de quelque monstre géant”.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2238

Livres

Connaissance eet ddécouverte

Décembre 1989. Professeur de littérature sous Ceausescu, cultivant trop legoût de la liberté, Stoian Mirtzu, 35 ans, est enfin libéré des geôles de ladictature roumaine. Durant ses dix années d'internement, seul le souvenir

du baiser de Rodica, une de ses anciennes élèves, l'avait raccroché à la vie. A sa sor-tie, Stoian découvre son portrait sur un timbre-poste. Pourquoi y personnalise-t-elleLa fille aux ibis, symbole de la résistance roumaine antifasciste? Qu'est-elle devenue?

A la poursuite d'un fantôme qui se dérobe, Lax et Giroud, à travers leur héros etdes destinspoignants ins-pirés de laréalité, nouse m m è n e n tdans l'universdes dernièresannées durégime com-muniste, sestrahisons, sesd é s e s p é -rances, sesêtres abîmés,victimes etcoupables à la fois pour survivre. Le scénariste et le dessinateur nous plongent dans la"Révolution de décembre 1989", le fol espoir qu'elle suscite, déjà ses doutes et sesdésillusions et cette question que tant de Roumains se posent encore aujourd'hui : "a-t-on bien fait d'espérer en l'avenir ?" et cette réponse chuchotée sous forme de vœu:"Je voudrais tant le croire".

Autant par les personnages, leur histoire, les situations, les scènes de la"Révolution", les paysages du Delta du Danube et du Maramures, Lax et Giroud ontsu croquer avec une justesse et une sensibilité étonnantes pour des étrangers la réalitéde la Roumanie d'alors. Le scénariste F. Giroud était resté plusieurs semaines sur placeafin de s'imbiber de l'univers roumain, avant de se mettre au travail. Le dessinateur C.Lax le restitue magnifiquement par son trait de plume délicat, ses couleurs nuancées.Cet album paru en 1993 et réédité en 2003 est une véritable petite merveille, maisaussi un document d'histoire.

La fille aux ibis, de Lax et Giroud, Editions Dupuis. Prix : 5,70 € (37 F)

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2215

Actualité

Social

"La fille aux ibis" de Lax et Giroud

- Florin Turcanu, Mircea Eliade -Le prisonnier de l'histoire, préfacede Jacques Julliard, La Découverte,2003. Prix 33 euros. Première bio-graphie intégrale d'un savant ancrédans le siècle, personnalité bouillon-nante et contradictoire. Biographieécrite par un jeune historien rou-main.

- Du Bois Pierre, Ceausescu aupouvoir: enquête sur une ascen-sion, Georg (Suisse), 2004, 17euros.

- Roman Radu Anton, Savou-reuse Roumanie, Noir sur Blanc,2003, 25 euros. Où il est questionde cuisine roumaine et de recettesgastronomiques.

- Gavin Bowd, Paul Morand et laRoumanie, L'Harmattan, 2003. 13euros.

-Gregor Von Rezzori, Les neigesd'antan, Editions de l'Olivier, 2004.La Bucovine vue par un natif deCernowitz (Cernauti).

-Petre Raileanu, Gherasim Luca,Oxus, 2004. Biographie d'un grandpoète surréaliste en Roumanie puisexilé à Paris

- Jean Nouzille, La Moldavie,histoire tragique d’une nationeuropéenne, paru aux EditionsBieler en collaboration avec leComité européen d’histoire et destratégie balkaniques, 27 rue JeanJaurès, 67 300 Schiltigheim auprèsduquel il faut commander l’ouvrage(22 € + 4 € de port). Professeur àSaint Cyr et à l’Université deStrabourg, Jean Nouzille analyse lasituation actuelle de la Moldavie,divisée ethniquement, tout en rappe-lant son histoire, à l’ombre de sesvoisins turcs et russes.

Lancés en 1999, à l'ini-tiative du syndicatCartel Alfa qui vou-

lait apporter un supplément derevenu aux travailleurs et s'assu-rer qu'ils mangent à leur faim, cequi n'était pas toujours le cas, lestickets restaurants ont fait unbond prodigieux depuis, passantde 25 000 utilisateurs alors à plusde 1,6 millions en 2003. La moi-tié des entreprises en ont émisl'an passé pour un montant estiméà 500 M€ (3,3 milliards de F).

Les possesseurs de ces bons peuvent acquérir des produitsexclusivement alimentaires, à l'exception des boissons alcoo-lisées (mais il n'y a personne pour vérifier), dans 18 500 maga-sins. Leur valeur est d'environ 1,5 € (10 F), ce qui mensuelle-ment représente un peu plus de 30 € (200 F), soit la moitié dusalaire minimum net ou un quart du salaire moyen net que

perçoivent 3,1 millions de salariés roumains. C'est donc unsupplément de salaire appréciable qui a convaincu égalementles entreprises lesquelles peuvent les déduire de leurs impôtssur les bénéfices.

Reprenant et développant l'idée, certaines firmes ontmême mis en place les tickets-cadeaux, dont le possesseurpeut se servir comme il l'entend dans 8500 magasins à traversle pays : acheter des livres, des appareils électro-ménagers, dumatériel informatique, des vêtements ou simplement desfleurs. Ces bons sont distribués à des occasions particulières,comme la fête des femmes, le 8 mars, Pâques, le 1er juin ouNoël, mais aussi à l'occasion d'un anniversaire, d'une naissan-ce, d'un mariage, d'une promotion. Ils ont pour but de motiveret de fidéliser le personnel.

Bogdan Hossu, leader du syndicat Cartel Alfa se bat éga-lement depuis trois ans pour faire accepter l'idée des tickets-vacances, afin qu'un maximum de salariés et leur famille puis-sent s'évader ne serait-ce que quelques jours dans l'année ou sedéplacer pour rendre visite à leurs parents, mais le projet de loiqui doit permettre leur adoption est sans arrêt repoussé.

Les tickets restaurantsont entrés dans les mœurs

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

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BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATISIMERIA

BRAILA

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BOTOSANI

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BARLAD

Catalin Mitulescu distingué à Cannes

A lire aussi

L'INS (Institut National de laStatistique) relève que sur les8,3 millions de Roumains

classés dans la catégorie de la populationactive, pour une population globale de21,7 millions d'habitants, 4,6 millionssont des salariés, 2,1 millions travaillent àleur compte, 1,4 millions sont desfemmes au foyer, 200 000 des patrons,

auxquels il faut rajouter 700 000 chô-meurs. Par ailleurs 600 000 à 700 000personnes travaillent à l'étranger.

Le plus grand nombre de travailleursest enregistré dans l'agriculture et la syl-viculture (2,3 millions, dont 50 000 ontplus de 75 ans), puis viennent l'industrie(2 millions), le commerce de gros et dedétail (900 000), la construction (530

000), le transport et les communications(450 000), l'énergie (195 000), l'industrieminière (165 000).

La Roumanie compte également 6,5millions de retraités ou pensionnés, 3,4millions d'élèves et 300 000 étudiants. Laproportion est d'un Roumain actif salariéacquittant les cotisations sociales pourcinq compatriotes non productifs.

Deux millions de Roumains sont établis à leur compte

Le paysage médiatique roumain est en plein bouleversement.Après les acquisitions faites par le groupe suisse Ringier, c'estun syndicat d'employés qui vient d'y faire irruption.

L'association des salariés du groupe pétrolier d'Etat Petrom, qui regrou-pe 70 000 membres, a fait l'acquisition de seize chaînes de télévisionslocales ou nationales, comme "Prima TV" et "Realitatea TV", de deuxradios nationales, "Kiss FM" et "Star", et neuf locales, ainsi que dugroupe de presse éditant le quotidien "Ziua" ("Le Jour").

Empire médiatique pour un syndicat

Plusieurs enquêtes d'opinions concordantesillustrent le malaise, et même le mal-vivre,de la jeunesse roumaine. Un Roumain sur

deux, entre 15 et 29 ans, veut émigrer. Pour 82 % deceux-là, il s'agit de partir pour un travail temporaire,saisonnier ou de quelques années, soit trois fois plusque voici deux ans. Par contre le nombre de jeunesdésireux de poursuivre leurs études à l'étranger(14 %), a diminué de moitié. L'Italie vient en tête desdestinations choisies, le rêve américain n'intéressantque 7 % des candidats au départ.

Un autre sondage révèle que seulement 1 % desjeunes estiment que le sérieux et les diplômes lesassurent de trouver un travail. 51 % d'entre-eux pen-sent que la réussite ne dépend pas des études. 57 %estiment que pour gagner de l'argent, il faut tricheravec la loi, 15 % avoir des relations bien placées…et11 % seulement accordent une place au travail et aumérite personnel.

Un jeune sur deux veut émigrer

Les tickets restaurant sont utilisés pour les achats

des produits alimentaires.

Une merveilleuse bande dessinée avec la "Révolution" en toile de fond

Le cinéma roumain a obtenu sa Palme d'orau dernier festival de Cannes, à savoircelle du meilleur court-métrage, attri-

buée au jeune réalisateur Catalin Mitulescu pourson film de vingt minutes, "Trafic". Agé de 32 ans,terminant ses études à l'Université d'art théâtral etde cinéma, Catalin Mitulescu participait pour latroisième fois à la manifestation et a réalisé desfilms publicitaires ainsi que des vidéo-clips.

Un autre Roumain a été distingué, CorneliuPorumboiu, qui a obtenu le second prix de la section "Cinéfondation", avec son court-métrage "Voyage à la ville".

Cinéma

Très contentes du travail accomplis par les bouchers-charcu-tiers de la réputée firme roumaine CONTIM (Timisoara),des sociétés espagnoles leur ont proposé de les faire venir

chez elles. Elles se sont heurtées à un refus général, le salaire proposéde 1000 € leur paraissant insuffisant. Ces travailleurs avaient calculéqu'ils devaient payer 300 € pour le loyer, 400 € pour les frais d'entre-tien et autres dépenses… 300 € leur restant à la fin du mois, soit lesalaire qu'ils touchent actuellement.

Les charcutiers boudent l'Espagne

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2239

Connaissance eet ddécouverte

Après une tournée dans les sta-tions balnéaires françaises pen-dant l'été 2002, Dalila

Cernatescu est devenue la coqueluche denombreux festivals. La jeune et très bellevirtuose roumaine de la flûte de pan avaitété découverte huit ans plus tôt à Vienne, oùelle jouait dans les rues de la capitale autri-chienne avec son père, par le président dufestival international de Montguyon, villedu département de la Vienne… française,celle-là. La jeune Dalila, alors âgée de 19 ans, parfois invitéesurprise et sans être annoncée dans les programmes officiels,médusait littéralement le public. Elle est revenue en Francel'an passé, mais cette fois-ci accompagnée par un orchestreprofessionnel.

Dalila Cernatescu a commencé à jouer de la flûte de pandès l'âge de quatre ans. Depuis, elle n'a jamais arrêté. Sous l'in-fluence de son père, qui est professeur de musique, elle aappris à jouer de cet instrument et a entamé une carrière excep-tionnelle. Elle a fait ses débuts à la télévision roumaine à cinqans. A neuf ans, la fillette était déjà une virtuose connue enAutriche, Grande Bretagne et Allemagne, sans oublier saRoumanie natale où elle est passée plus d'une centaine de foissur le petit écran. Son premier disque a été enregistré dans sonpays à dix ans.

La seule artiste à jouer les "Quatre saisons" de Vivaldi avec sa flûte de pan

A l'origine, Dalila Cernatescu jouait exclusivement des

musiques traditionnelles. Dès l'âge dedouze ans, elle interprétait des morceaux demusique classique, gagnant de nombreuxconcours nationaux et internationaux. En1996, elle représentait l'Allemagne auconcours de l'Eurovision en duo avecAngela Wield. Elle enregistra par la suite"Le printemps" de Vivaldi avec l'orchestresymphonique de Radio Bucarest. C'était lapremière fois que le morceau était interprétéà la flûte de pan. "Après avoir lu cinq fois la

partition, elle la connaissait par cœur" se rappelle fièrementson père. " C'était toujours mon désir de faire quelque chosed'unique" avoua-t-elle. C'est chose faite puisque, à ce jour, elleest la seule musicienne à jouer l'intégralité des "QuatreSaisons" avec son instrument.

De nombreux enregistrements suivront dans toutel'Europe, dans des genres aussi variés que musique tradition-nelle roumaine, classique, pop, jazz, etc. A la fin de ses étudesà l'Université Nationale de Musique de Bucarest (l'équivalentdu Conservatoire National Supérieur de Musique en France),Dalila Cernatescu deviendra musicienne professionnelle, touten obtenant un poste d'assistante dans cet établissement et enpréparant une thèse de doctorat sous la direction du recteur del'Université, Dan Buciu.

En 2001, une rencontre avec le guitariste Pedro Ibanezdonnera naissance à un nouveau CD, les deux artistes inaugu-rant un genre nouveau pour lequel il avait fallu tout créer : lespartitions musicales et même les flûtes capables de jouer lespièces qu'ils avaient prévues d'enregistrer. C'est le père deDalila qui fabrique ses flûtes. Elles sont uniques au monde !

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2214

Actualité

Le gouvernement a finalement arrêté ladate du 1er juillet pour le lancement duleu lourd. Ce projet était dans l'air du

temps depuis près de trois ans, mais il a falluattendre que l'inflation se calme aux alentours de 10% pour qu'il aboutisse. Dans un an donc, le leu per-dra quatre zéros et un leu lourd vaudra 10 000anciens lei, soit quatre lei pour un euro (un leu éga-lera 0,25 € ou 1,65 F). Cette réforme entraînera laréapparition des bani (un leu sera divisé en centbani). Leu lourd et anciens lei coexisteront jusqu'au31 décembre 2006, les prix devant être obligatoire-ment affichés dans les deux monnaies. Les ancienslei seront échangés jusqu'au 31 décembre 2009.

Le gouverneur de la Banque Nationale Roumaine, Mugur Isarescu veut voir danscette réforme monétaire un triple symbole : la fin de l'hyper inflation, de la transition,et une étape préparant pour les Roumains l'adoption ultérieure de l'euro.

Economie

Installée fin novembre à Ploiesti,au cœur de ce qui fût la plus richeréserve pétrolifère du VieuxContinent, la première centraleéolienne de Roumanie fonctionnedepuis janvier et dessert en énergieles sociétés du parc industriel de laville. D'une hauteur de 79 m,équipée d' un ordinateur de bord,elle est prévue pour fonctionner àdes vitesses de vent comprisesentre 1,8 m et 13 mètres/seconde etsa capacité est de 660 MWh.L'investissement a été de 680 000 €

(4,5 MF) et devrait être amorti entrois ans.

Un second projet, d'une capacitéde 26,7 MWh est en cours pouréquiper le port de Constantsa, l'éo-lienne étant installée sur une digue.Les pouvoirs publics estiment que lelittoral de la Mer Noire et sa plate-forme continentale recèlent unpotentiel important pour la produc-tion d'énergie éolienne.

Au niveau du pays, ces res-sources ont été estimées à une pro-duction annuelle de plus de 60TWh,permettant l'installation d'une puis-sance de 28 000 MW. En outre, lepays dispose déjà d'une expériencedans le domaine et plusieurssociétés roumaines ont des réfé-rences en matière de constructionde certains éléments d'éoliennes.

L'ambition du gouvernement rou-main est d'arriver à ce que les éner-gies renouvelables représententenviron 7 % de la consommationnationale brute d'énergie électrique,à l'horizon 2010.

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

HUNEDOARA

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEA

BUZAU

SUCEAVA

R. VÂLCEA PLOIESTI

CLUJ

Mise en service de la première éolienne roumaine

SF. GHEORGHESIBIU

VASLUI

ALBA IULIA

Variétés Dès l'âge de 5 ans, la fillette faisait ses débuts à la télévision roumaine

Concours de l'Eurovision : déception et élimination

Le leu lourd lancé le 1er juillet 2005

Les Roumains se sont montrés très déçus de la performance de leur représentante auconcours de l'Eurovision qui a terminé 18ème sur 20, ce qui élimine de facto laRoumanie de la prochaine édition qui se tiendra à Kiev. Les journaux se sont montrés

sévères avec l'interprète, Sanda Ladosi, qui "par aucun aspect n'a réussi à séduire le public, que cesoit par sa voix, laissant à désirer, ou même sa tenue de scène". La chanteuse n'a obtenu des pointsque dans les pays où les immigrés roumains nombreux se sont mobilisés, votant par téléphone - 10points de l'Espagne, 4 du Portugal, 3 de Chypre et un d'Israël - ce qui a fait dire à "Romania Libera"que "ce sont les capsunarii (ramasseurs de fraises) qui ont sauvé l'honneur du pays". Les téléspec-tateurs roumains auront pu se consoler en voyant triompher leurs voisins ukrainiens grâce à la chan-teuse Ruslana qui a interprété un air inspiré du folklore des Carpates.

Le nombre de Roumains disposant d'un télé-phone mobile était de 7 350 000, à Pâques,en augmentation de 500 000 depuis Noël et

de près de cinq millions sur trois ans, Orange étantl'opérateur le plus important devant Connex(Romtelecom). Un Roumain sur trois est donc équipéd'un portable. La téléphonie fixe est également endéveloppement, mais sur un rythme beaucoup plus

modéré. La Roumanie compte 4,3 millions d'abonnés, soit 400 000 de plus que voicideux ans, et espère avoisiner les 5 millions à la fin de l'année. Dan Nica, ministre ayanten charge ce secteur, a indiqué que son principal opérateur, Romtelecom, remplaceraittous les centrals encore manuels par des centrals automatiques d'ici la fin 2004.

Le taux d'équipement des foyers en téléphone fixe varie de 41 % à Bucarest à 26% dans le judet de Sibiu. 202 villages de Valcea (Râmnicu Valcea) n'on toujours pasle téléphone, 152 d'Hunedoara, 123 de Vaslui, mais un seul du Maramures (BaiaMare), trois de Covasna (Sfântu Gheorghe), quatre de Brasov. Plusieurs zones du paysne peuvent pas, non plus, capter les réseaux de téléphone mobile. C'est le cas dans lejudet de Buzau (132 localités), d'Alba (116) et de Vaslui (88).

Un Roumain sur troisdispose d'un téléphone mobile

L'Union Générale desIndustries Roumaines a cal-culé que l'Etat "met la main

dans la poche" du contribuable roumain à183 reprises, par le biais des diversimpôts, taxes, droits, permis, enregistre-ments, timbres, commissions, qu'il a ins-titués. Impôts et taxes, au nombre de 89,viennent en tête, suivis par les commis-sions, timbres, permis 70).

Il faut payer pour avoir le droitd'accès aux zones franches, consulter le

catalogue des programmes artistiques dela télévision, pour obtenir une accrédita-tion professionnelle…Les industrielsroumains soulignent que pour un salairenet de 100 €, ils doivent acquitter destaxes de 120 €, ce qui conduit à defaibles rémunérations et à la généralisa-tion des primes et salaires en sous-main,expliquant ainsi le départ des jeunes versl'étranger. Ils ont donc demandé au gou-vernement de baisser de 20 % les chargesconcernant l'emploi des jeunes.

Indigestion de taxes

Mugur Isarescu, Gouverneur de la Banque Nationale Roumaine.

Dalila Cernatescu : une flûtiste enchanteresse

Le Professeur Gheorghe Benga s'est vu accorder le titre de Docteur Honoris Causa par l'Universitéde Bucarest. Cette nomination essaie de faire oublier à l'heureux élu une injustice du Comité d'at-tribution des prix Nobel : en 2003, celui-ci a accordé à un chercheur américain, Peter Agre, un

prix pour sa "découverte" des propriétés d'une protéine jouant un rôle essentiel dans le fonctionnement del'organisme. Seul hic : l'équipe du professeur Benga de l'Université de Cluj, spécialisée en biologie cellulai-re avait déjà démontré et publié tout cela dans une revue américaine en…1986 ! Les chercheurs roumainss'étaient pourtant mobilisés pour que les travaux du professeur Benga soient reconnus. En vain…

Maigre consolation pour un médecin privé de prix Nobel

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2240

Connaissance eet ddécouverte

Médias

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2213

Actualité

Le ministère de la DéfenseNationale organise des cours decorrespondants de guerre pour lesjournalistes roumains accréditésauprès de lui et appelés à intervenirdans les zones de conflits et sur lethéâtre des opérations militaires.Cette formation, inspirée de l'arméebelge, se déroule à Bucarest et dansun bataillon de chasseurs alpins, àPredeal (Brasov).

Les journalistes sont instruits surles facteurs de risque, les armes, lesmunitions, les mines anti-person-nelles, les mesures de protection, lespremiers soins d'urgence. Ils partici-pent aussi à des activités d'orienta-tion sur le terrain, de jour et de nuit,ainsi qu'à des séances de tir à l'armeautomatique.

Selon le ministère, cette initiativea pour but de diminuer le nombre dejournalistes tués sur le terrain, plusd'un millier dans le monde depuis dixans. La Roumanie qui n'avait jamaisété en guerre depuis 1945 participedésormais à trois conflits (Kosovo,Afghanistan, Irak) et cette situationrisque de s'aggraver avec son entréedans l'OTAN, augmentant le nombred'envoyés spéciaux sur place desmédias roumains.

Cette subite sollicitude du ministrede la Défense a surpris les journa-listes, habitués à être malmenés ouagressés. L'an passé, Ioan MirceaPascu, excédé par les révélations dela presse sur les scandales touchantle pouvoir, les avait avertis d'unemanière à peine ambiguë :"Attention, la vie se révèle parfoisplus courte qu'on ne le pense".

L'armée forme les correspondants de guerre

L'histoire de Dacia remonte à38 ans. Un an après sonarrivée au pouvoir, en 1966,

Ceausescu avait pris la décision surpre-nante de faire appel à l'industrie automo-bile capitaliste pour fabriquer annuelle-ment 40 000 exemplaires d'une voiture demoyenne cylindrée (1000-1300 cm3).Peugeot, Fiat, Alfa Roméo, Austinétaient sur les rangs, mais c'est Renaultl'emporta avec la R8.

Dacia 1100: le premier modèle pro-duit à l'usine Colibasi de Pitesti fût laDacia 1100, dont la production fût lancéele 3 août 1968. Sa vitesse maximum était

de 133 km/h et sa consommationde 6,8 l aux 100 km. Peu deRoumains ont pu faire son acquisi-tion, mais cette voiture équipait lapolice et la Securitate. Son premierexemplaire fût remis au"Conducator".

Dacia 1300: sa fabrication acommencé un an plus tard, en août 1969,avec des pièces importées de France,mais elle fût considérée comme la pre-mière voiture vraiment roumaine et labase de la gamme Dacia. Un peu plustard, est née la Dacia 1301, destinée auxservices de l'Etat, puis la Dacia 2000,copie de la Renault 20, réservée à lanomenklatura.

Trois nouvelles variantes virent lejour, à partir de 1979. La Dacia Sport, enfait la Dacia 1300 restylisée, atteignant150 km/h, la Dacia 1310, fonctionnant auméthanol et la Dacia 500 - Lastun, quin'avait rien à voir avec l'usine de Pitesti,

construite par Tehnometal de Timisoara.Ce dernier modèle correspondait au vœude Ceausescu qui voulait une voiture àusage urbain pour 2 + 2 personnes, à lavitesse limitée à 70 km/h (mais en faitelle atteindra 100 km/h), consommant 2-3 litres au 100 km et à la carrosserie enmatière synthétique… en fait l'ancêtre dela Smart ou la sœur de la Trabant. Maiscette voiture n'eut pas de succès et safabrication fût arrêtée en 1989.

Dacia Nova: lancée en 1995, cettevoiture est la première Dacia 100 % rou-maine. Elle atteint 160 km/h et consom-me 6,7 litres au 100 km.

Dacia SuperNova: lancée en 2000,elle concrétise le retour de Renault quil'équipe du moteur et de la boîte de vites-se de la Clio.

Dacia Solenza: le dernier modèleavant la Logan, lancé en 2003 dans 7 ver-sions différentes, avec un design qui ladémarque de la R 9.

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVACLUJ

SIGHISOARA

BISTRITA

Quand "Le Monde" circulait sous le manteau,

Pif-Gadget a été la seule revue occidentale à pouvoir être diffusée sur abon-nement en Roumanie, après les années 70. Ce "privilège" avait aussi unecontrepartie commerciale. La revue, émanation du Parti Communiste

Français mais sans aucun contenu idéologique, se faisait payer les nombreux abonne-ments souscrits par les Roumains en étant imprimée totalement et à moindre coût àCraïova. Dans les années 60-70, on trouvait également dans certains kiosques"L'Humanité" mais, au fil des années, les Roumains s'en sont désintéressés, n'accor-dant guère de crédit aux "camarades" français qui encensaient le régime qu'ils endu-raient (Georges Marchais était venu passer ses vacances sur un yacht mis à sa dispo-sition par Ceausescu).

En vente libre, le temps du "printemps de Ceausescu"

Plus étonnant, entre 1965 et 1970, il était possible de trouver en vente libre "LeMonde", "L'Express", "Paris Match", ainsi que des revues et journaux anglo-saxons à la Gare du Nord et dans les grands hôtels. Cette courte période correspondau vent de libéralisation que Ceausescu a fait souffler pendant deux ou trois ans, lorsde son arrivée au pouvoir. Le dictateur avait même fait cesser le brouillage des radiosétrangères, dont "Radio Free Europe" et "Voice of America". Mais elle s'arrêta viteavec le "Printemps de Prague" et le durcissement du régime, à la suite du voyage du"Conducator" en Corée du Nord, puis dans la Chine de Mao, en juillet 1971.

Pourtant, quelques rares Roumains ont continué à recevoir tout à fait légalement"Le Monde" ou "Paris Match" - celui-ci très recherché - alors que l'ensemble de lapresse occidentale, même communiste, était proscrit. Il suffisait qu'un parent vivant àl'étranger ou parti en coopération - en Algérie par exemple où les Roumains étaientnombreux - abonne les siens. Mais en faisant cette démarche, il savait qu'il les rendaitimmédiatement suspects, ainsi que lui-même, aux yeux de la Securitate qui les mettaitsous surveillance. Au départ de l'abonnement, les numéros arrivaient très irrégulière-ment, espacés, certains manquant, signe d'une mauvaise volonté évidente. Mais il suf-fisait que l'abonné - ou celui qui avait passé la commande - proteste par lettre auprèsde l'Union Postale Universelle, à laquelle appartient la Roumanie, pour que la distri-bution normale du courrier soit rétablie et que les journaux arrivent ensuite normale-ment. Il en coûtait 30 $ d'amende par courrier recommandé non distribué au pays fau-tif. En outre il aggravait la mauvaise réputation dont était déjà affublé le pays.

Parfois avec deux ou trois ans de retard

Commençait alors la diffusion clandestine du journal, circulant de mains enmains, sous le manteau, à la manière des samizdats, son propriétaire et les lecteurs sui-vants prenant toutes les précautions car ils risquaient alors la prison pour "diffusiond'informations nuisant à l'intérêt national". De véritables réseaux se mettaient enplace. Dans le meilleur cas, on disposait d'une semaine pour sa lecture, mais le plussouvent il fallait le remettre à quelqu'un d'autre dès le lendemain. Il arrivait qu'on nerécupère un exemplaire que deux ou trois ans plus tard, mais cela avait peu d'impor-tance, tant on était content d'en disposer.

Pour les Roumains, il s'agissait bien sûr, de disposer de nouvelles crédibles maisaussi de lire directement en français ou en anglais original, puisque l'importation delivres était également interdite et que l'on ne trouvait que des traductions, parfoisexpurgées. "Le Monde" était le journal le plus apprécié, le français étant alors domi-nant en Roumanie, pour son sérieux mais aussi parce que, contrairement aux journauxanglo-saxons, ses colonnes contenaient très peu de publicité à laquelle les Roumainsétaient rétifs, n'y étant pas habitués.

Les premiers modèles de la Logan seront disponiblesen Roumanie dès la rentrée, Renault-Dacia espéranten vendre 13 000 exemplaires d'ici la fin de l'année,

puis 250 000 dès 2005 (Dacia a produit 73 000 véhicules en2003). A terme, 200 000 exem-plaires seront fabriqués à Pitestiainsi que 150 000 kits destinés auxusines de montage de Russie (60000 unités), du Maroc (30 000),d'Iran (300 000, avec une produc-tion interne), de Colombie (16000)."A l'horizon 2010, les ventesse situeront à 700 000 exemplaires,soit l'équivalent de la Mégane et unpetit cinquième des ventes du grou-pe" prédit Louis Schweitzer, le Pdgde Renault qui précise que le nomde cette dernière née a été choisiparce qu'il est compréhensible dans toutes les langues de cir-culation internationale. Mais le projet du constructeur inclutégalement la Chine qui se montre intéressée.

La voiture à 5000 € (33 000 F) ne sera vendue à ce prixqu'en Roumanie, et encore seulement à la fin 2005, lorsque laSolenza (3400 €, 22 000 F), autre véhicule du groupe, seraretirée de la vente. Finalement, le modèle de base, sans clima-

tisation, fermeture centralisée des portes, vitres électriques,direction assistée, ne représentera que 10 % de sa commercia-lisation. Il pourra atteindre et dépasser les 8000 € (53 000 F)avec les options.

Dans certains pays d'EuropeCentrale, où les règlements com-munautaires s'appliquent, la Loganbasique sera équipée d'un airbag(800 €, 5000 F) et, dès 2006, d'unABS, devenu obligatoire. EnTurquie, elle coûtera au moins 8000€, en Russie, 7000 € (46 000 F), enIran, 6000 € (39 000 F), car il fautcompter aussi avec la fiscalité deces pays.

En Roumanie et en EuropeCentrale, où Renault est déjà pré-sent avec une part de marché de 10-

11 %, en Turquie, au Maghreb et au Moyen-Orient, la Loganroulera sous les couleurs de Dacia, afin de la dissocier du stan-dard de Renault, car elle ne fera que trois étoiles aux tests desécurité, alors que la norme de la firme française tend vers lescinq étoiles. Ailleurs, où il est peu implanté mais où son nomest connu (Russie, Iran, Colombie), la production portera lenom de la marque Renault.

En 1966, Ceausescu prend la décisionde faire appel à l'industrie capitaliste

Economie 700 000 exemplaires prévus en 2010, assemblés dans plusieurs usines de montage à travers le monde

La Dacia 500 - Lastun (martinet), un modèle peu connu, entre Trabant et Smart.

à la barbe de la Securitate, impuissante

Utilitaire, la Dacia accueille toutes sortes de passagers.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2241

Connaissance eet ddécouverte

Son nom, sa voix sont familiers à tous les Français etSuisses qui s'intéressent à la Roumanie. Journalisteindépendant, Mirel Bran signe régulièrement des

articles dans l'hebdomadaire "Le Point" oule quotidien "Le Temps" de Genève. Il assu-re également des chroniques sur FranceInter et la Radio Suisse Romande, ainsi quesur des radios anglaises. Mais cet Oltène de39 ans, qui partage sa vie entre Bucarest etLondres, où réside sa femme - roumainecomme lui et journaliste à la section rou-maine de la BBC - est surtout connu commecorrespondant permanent du journal "LeMonde", en Roumanie, ce qui lui occasion-ne des passages fréquents à Paris.

Mirel Bran, chargé également par lequotidien parisien de superviser l'actualitébulgare, moldave et, éventuellement, hon-groise, a pris en 1998 la succession de soncompatriote Andrei Neacsu, lequel n'a étéque quelques mois en fonction. "LeMonde" qui vient de créer un poste de journaliste à tempsplein en Pologne - le premier dans les ex satellites de l'URSS- confié à Christophe Châtelot, n'est présent physiquement enRoumanie que depuis la "Révolution" de décembre 1989.Jusque là, faute d'accréditation par les autorités communistes,l'actualité roumaine était suivie de Paris. Jean-Baptiste Naudeta été son premier correspondant permanent, ChristopheChâtelot lui succédant.

Dur de parler sans fard de son pays…

Le poste est doublement exposé pour un Roumain. Leslecteurs français attendent de lui, non seulement une écritureparfaite, mais aussi et surtout un traitement de l'informationqui doit échapper à la tentation de concessions que pourraientlui inspirer ses origines.

Le plus difficile est cependant d'affronter les réactions deses compatriotes, à l'orgueil national très chatouilleux lorsquel'image de leur pays est en cause. Journal prestigieux, "LeMonde" l'est encore plus en Roumanie du fait de sa profondefrancophonie. Dès leur parution, les articles de Mirel Bran sontimmanquablement repris et commentés dans l'ensemble de lapresse roumaine. Bien qu'ils se bornent à reproduire et à expli-quer les réalités du pays, sans esprit partisan, ni polémiques,dans une optique tout à fait professionnelle, ils déclenchentparfois des tempêtes, provoquent l'indignation outragée dupouvoir.

Considéré par certains esprits étroits comme "le vilainpetit canard" ou pire… suspecté d'être un "mauvais patriote",le journaliste doit faire face aux pressions. Ce serait mal leconnaître que d'imaginer qu'il puisse renoncer. Une enquêtesur des trafics à la frontière roumano-serbe, du temps de l'em-bargo, impliquant un homme d'affaires douteux franco-rou-

main et touchant, par ricochet, le financement de la campagneélectorale de Ion Iliescu, lui a valu un procès en diffamation…qu'il a gagné. En 2002, un article mettant en cause les pra-

tiques d'un des plus importants ministres dugouvernement d'Adrian Nastase, SerbanMihailescu, dont il dévoilait le surnomrévélateur, "Mickey le backchish", provo-quait la colère des autorités… mais aucunespoursuites. En octobre dernier, SerbanMihailescu a dû démissionner en compa-gnie de deux autres ministres, accusés demalversations.

Heureusement, dans ces conflits qu'ildoit assumer seul sur place et qui sontautant d'épreuves, Mirel Bran dispose d'unsolide atout : la confiance et le soutien sansfaille de sa rédaction. Pour ne pas jeter del'huile sur le feu, le journaliste a par ailleursadopté un comportement discret, en harmo-nie avec son propre tempérament, se refu-sant de céder aux nombreuses sollicitations

dont le correspondant du Monde est l'objet, pour participer àdes débats télévisés, des tribunes dans les journaux…

"La réalité est aussi riche et passionnante qu'un roman de fiction"

Comme beaucoup de Roumains, Mirel Bran est passé parla lecture de "Pif Gadget" pour apprendre le français, maisaussi par un professeur qui avait vécu en France. Jeunehomme, il rêvait de peinture et avait suivi l'école des Beaux-arts de Bucarest. Il enseignait la philosophie depuis six mois,quand la "Révolution" de décembre 1989 le transforma enmilitant de la démocratie. "Je voulais tellement que çà chan-ge" se souvient-il aujourd'hui ; mais sa déception fût à lamesure de l'espoir : "Je me rendais compte qu'on faisait dusurplace; je voulais apprendre et voir le monde".

En 1991, alors qu'il n'avait pas précisément envisagé unecarrière de journaliste, bien qu'ambitionnant d'écrire, MirelBran passa, un peu par hasard, le concours de recrutementorganisé à Bucarest par l'Ecole supérieure de journalisme deLille, considérée comme l'une des meilleures d'Europe.Admis, il découvrit enfin le monde occidental, mais aussi lerythme très dur des études et fût frappé par le niveau médiocrede culture générale des étudiants français.

Après l'obtention de son diplôme, les études s'enchaînè-rent : un DEA en sciences de l'information, une thèse sur lesmédias de Roumanie, passée en 1998. Des piges et correspon-dances pour des journaux suisses, puis pour "Le Point", à par-tir de 1996, lui assurèrent à la fois subsistance et une ported'entrée dans la presse occidentale. Fasciné par son métier,Mirel Bran confie volontiers : "Etre journaliste m'a fait redes-cendre sur terre. Je me suis rendu compte que la réalité estaussi riche et passionnante qu'un roman de fiction".

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2212

Actualité

Renault gardait le secret tant bien que mal depuis trois ans sur son projet devoiture à 5000 € (33 000 F), produite par Dacia, à Pitesti,sous le nom decode de “X 90”, mais le constructeur vient enfin de lever le voile sur ce

véhicule "le moins cher du monde", le présentant début juin à Paris et Bucarest. Ainsi,un demi-siècle après la Coccinelle, la 2 CV, la Fiat 500 et la Renault 4 des annéesd'après-guerre, voici la Logan, automobile bon marché pour pays émergents.

"Le projet est simple, inspiré des vieilles marmites dans lesquelles on fait lesmeilleures soupes" commente "Libération". "On choisit les pièces les plus solides deplusieurs modèles de la marque, on les assemble, on réduit au minimum le design, leséquipements et les coûts de fabrication (grâce au faibles salaires des ouvriers rou-mains)… et le tour estjoué".

Le pari de la Loganrevêt une importancestratégique décisivepour Renault, 7èmeconstructeur mondialavec 4,1 % des parts demarché, derrière, dansl'ordre, Général Motors,Toyota et Ford.Véhicule populaire etéconomique, doté d'ungrand coffre pour lerendre utilitaire, il doit correspondre aux aspirations de dizaines de millions de gensqui accèdent à l'économie de marché, à travers le monde. Fiat s'y était risqué, avec la"Palio", mais trop chère, la voiture avait été fuie par les plus pauvres, alors que lesclasses moyennes optaient pour des standards supérieurs.

A 5000 €, prix qui est davantage un slogan de communication qu'une réalité,puisque 10 % de la production seulement (et uniquement en Roumanie) seraconcernée par ce montant qui pourra atteindre 8000 €, selon les pays et leur fiscalité,la Logan aura un coût inférieur à la Matiz de Daewoo ou à la Fiat Seicento, la Kia Rio,la Hyundai Accent.

Chez Renault, on présente le défi de la façon suivante : "Au départ, il s'agissaitde remplacer la Dacia. C'est ensuite que l'opportunité de produire en Iran a fait grim-per les volumes de fabrication. On ne pensait même pas à la Russie, dont on imagi-nait qu'elle se développerait plus vite. Maintenant, ce sont les Chinois qui sont inté-ressés. La Logan, moderne et peu chère, est devenue mondiale par elle-même", avantde rajouter "On a réussi à faire une vraie voiture, qui n'est pas une sous-voiture et quirespecte tous les standards européens", pour conclure "Cette voiture de l'impossibleest la voiture de l'exploit ".

Pour augmenter ses chances, la Logan sera produite ou assemblée dans cinqusines à travers le monde : en Roumanie, où elle sera mise en vente dès l'automne, enIran, en Russie, au Maroc et en Colombie.

Le PDG de Renault. LouisSchweitzer avait décidé lui-même laréalisation d’ un modèle de voitureéconomique pour pays émergents en1998, un an avant de prendre lecontrôle de Dacia. Dans un premiertemps, Renault a investi 100 M€ puisa rajouté 200 M€ (1,3 milliard de F)pour développer le projet Logan.

En annonçant l'objectif de 5000 €,qui ne concernera que 10 % desvéhicules, Louis Schweitzer a voulumettre sous pression l'ingénierie deRenault "afin qu'elle recentre sesrêves", refusant toujours de rallongerle budget. D'où un design parcimo-nieux, des vitres plates, une planchemonobloc pour le tableau de bord,une ligne conçue pour limiter lescoûts d'emboutissage.

Autre facteur d'économie, le recy-clage des pièces existantes. Le trainavant de la Logan est celui de laClio, le train arrière provient de laModus. Ses moteurs (1,4 l et 1,6 l)équipent déjà la Clio et la Mégane,tout comme la boite de vitesse. Etplusieurs pièces du cockpit sontissues de la Clio ou de l'Espace.L'équipement a été réduit au mini-mum sur la version de base : pas declimatisation, pas de vitres élec-triques et de verrouillage central, nide direction assistée. "Juste lenécessaire" dit-on chez Renault.

Mais c'est oublier l'indispensable :des coûts de production hors deportée de la France, avec un salairemoyen mensuel de 150 € (1000 F) etla réduction par deux du nombred'ouvriers de l'usine de Pitesti, passéde 28 000 à moins de 14 000, depuisl'arrivée du constructeur français.

Renault Dacia a présenté son modèle le moins cher du monde

Economie

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

TULCEA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVACLUJ

BRAILA

Mirel Bran : la signature du "Monde" en Roumanie"Logan", la voiture à 5000 €

Les raisons d’un “miracle”

ZALAU

Médias

Voici les principales caractéristiquesde la Logan :

Longueur : 4,26 mLargeur : 1,70 mHauteur : 1,50 mCinq vitesses manuelles

Moteur : 1,6 litres (1598 cm3)Puissance : 90 chevauxCoffre : 500 litresVitesse maximum : 175 km/hConsommation annoncée : 6,5 litres

au 100 km sur route, 8,7 litres en ville.

175 km/h et 6,5 litres aux 100 km

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2242

Connaissance eet ddécouverte

Le deux juillet, la Roumaniecélèbre avec faste le cinq centiè-me anniversaire de la mort de

Stefan Voda, plus connu sous le nom deStefan cel Mare (Etienne Le Grand), surve-nue à l'âge présumé de 67 ans. Ce voïvode,qui a régné sur la Moldavie pendant 47 ans,de 1457 à 1504, a écrit les pages les plus glo-rieuses de l'histoire médiévale desRoumains, marquant le point culminant deleur lutte pour l'indépendance.

Montrant d'évidentes qualités diploma-tiques, Etienne le Grand a toujours évité decombattre deux puissances importantes à lafois, alternant les relations de paix et conflic-tuelles devant les appétits grandissants deses redoutables voisins, Polonais, Hongrois,Turcs, qui lorgnaient les richesses moldaves.Sur le plan intérieur, il a su instaurer un équi-libre entre les différentes composantes

sociales de la province, mettant un terme aux rivalités entre boyards (propriétaires ter-riens), renforçant ainsi son pouvoir.

Son règne peut se diviser en trois époques. La première, entre 1457 et 1473 secaractérise par le renforcement de ses prérogatives et sa lutte pour l'indépendance dela Moldavie vis à vis de la Pologne et de la Hongrie. La seconde, de 1473 à 1486, estcelle des grandes confrontations avec l'Empire ottoman. La troisième, de 1486 à 1504,marquera une nouvelle orientation de sa politique. Ne pouvant compter sur l'aide del'Occident dans son combat contre les Turcs, il pactisera avec eux, acceptant de leurpayer un tribut, obtenant en échange la liberté de la Moldavie, mais enrayant leurvolonté d'expansion. En même temps, il s'alliera à la Hongrie pour contrer les viséespolonaises sur sa province.

Une église ou un monastère construits après chaque bataille

"O, grand homme digne d'admiration, en rien inférieur aux héroïques princesqu'on admire tant : de nos jours, lui, il est le premier entre tous les princes du mondequi aient remporté sur les Turcs une si éclatante victoire (NDLR : il s'agit de labataille de Vaslui en 1475). A juste raison je le considère comme le plus digne d'êtrenommé le chef suprême et le commandant contre les Turcs par un conseil et un accordde tous les chrétiens du monde puisque d'autres rois et princes catholiques sont plutôtenclins vers la paresse, vers les plaisirs ou les guerres civiles."… ainsi écrivait JanDlugosz, historien polonais (1415 - 1480, Historiae Poloniae).

Qui est donc cet homme auquel "les ennemis n'épargnaient pas leurs éloges" ? UnRoi Soleil de Moldavie ? Un guerrier "fier, adroit et invincible" (Antonio Bonfini,1454-1503, historiographe de Mathieu Corvin) ? "Un sage vénéré par son peuple"prêt à toujours veiller, l'épée à la main, aux frontières de son pays (Mathieu deMurano) ? "L'Athlète de Christ" (le Pape Sixte IV) ? Un "deuxième Alexandre leGrand" (Hustinskaia Letopis) ? "L'icône la plus claire et la plus concrète de l'âmeroumaine" (Nicolae Iorga, 1871 - 1940) ?

Histoire La Roumanie célèbrele 500ème anniversaire de la mort

d'un monument de son Histoire

Roi très pieux, Etienne le Grandn'était pas pour autant insensible auxplaisirs terrestres et aux charmesdes femmes, bien sûr très belles.Une certaine Maruschka lui donna unfils, Alexandre. Fut-elle sa femmelégitime ? L'histoire ne nous l'ap-prend pas. Son nom apparaît dansune litanie auprès des noms de sesautres femmes.

En 1463, six ans après son avè-nement au trône de Moldavie,Etienne le Grand prit en nocesEvdochia, sœur du prince Siméon deKiev, vassal du roi de Pologne. Ilseurent deux fils (morts en bas âge)et une fille, Hélène. Quatre ans plustard, Evdochia mourait. Une princes-se byzantine, Maria Comnène deMangop la remplaça en 1472 mais,une fois de plus, le temps se montraavare et en 1477, la princesse loin-taine descendante de l'empire deByzance, disparaissait sans laisserd'enfants. Elle fut enterrée dans lemonastère de Putna, fondé par levoïvode, là où, plus tard, il allaitreposer aussi.

A la cour princière de Suceava,une beauté sans égal fleurissait : lapetite prisonnière Maria Voïchitza ,digne héritière de la beauté de sonpère, éblouit Etienne le Grand. Ilavait 45 ans, elle en avait 20. En1480 ils se marièrent et seule la mortdu voïvode vingt-quatre ans plustard, les sépara. C'était le 2 juillet1504. Ils eurent deux enfants : unefille et un fils, Bogdan le Borgne quilui succéda sur le trône. Sa fille,Maria, lui donna un petit-fils, PetruRares qui fut le plus important voïvo-de moldave du XVIème siècle(1527-38, 1541-46).

Pieux et amateur de plaisirs terrestres

Président roumainPour la première fois, la Chambre de

Commerce et d'Industrie française enRoumanie a porté à sa tête un Roumain.Le nouveau président, Dan Bedros, 60ans, élu pour deux ans et prenant la suc-cession du Français Christian Estève(Renault-Dacia), est Pdg d'Alcatel-Roumanie qui emploie 750 personnes,dont 89 % ont une formation supérieureet 400 sont ingénieurs informaticiens. Ilest issu de l'Ecole Polytechnique deTimisoara. Dan Bedros a été fait cheva-lier de la Légion d'honneur en 2002.

Contingents

L'UE a fixé les nouveaux contingentsannuels de produits alimentaires que laRoumanie peut exporter sans qu'ils soient

taxés par des droits de douane. Il s'agit de la viande de volailles

(9000 tonnes), de porc (15 625 t), debœuf (4000 t), des préparations de viandede porc (2125 t), de volaille (1200 t), debœuf (500 t), de fromages (2800 t), de laiten poudre (1500 t), de yaourts (1000 t),de blé (230 000 t), de maïs (149 000 t),d'orge (89 000 t), d'avoine (7000 t), deconcombres (3000 t), de farine (18 000 t),de vin (345 000 hl).

Quatre Airbus pour Tarom

Tarom a signé un contrat pour l'achatde quatre Airbus A 318 qui seront livrésen 2006-2007, après la restructuration etle redressement attendu de la compagnienationale roumaine, laquelle a enregistrédes pertes importantes, l'an passé, et se

redéploie, abandonnant ses lignes trans-continentales, pour se consacrer à desvols à l'intérieur de l'Europe. Les quatreavions seront payés grâce à un empruntde Tarom, garanti par l'Etat, et par unesubvention du ministère des Transports.Malev, la compagnie hongroise, a achetérécemment dix Airbus similaires.

Réserves de sept milliards d'euros

Les réserves de la Banque Nationalede Roumanie s'élevaient à 7 milliardsd'euros (45 milliards de F) fin mars 2004,en diminution d'un milliard à la suite dela baisse du prix de l'or, dont la BNRpossède 105 tonnes. D'ici la fin del'année, la dette publique externe du paysdevrait baisser de la même somme.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2211

Actualité

Les autorités roumaines ont décidé de ne retenir quela seule candidature de la compagnie autrichienneOMV pour la privatisation de la Société Nationale

de Pétrole Petrom. La vente se serait faite autour d'un milliardd'euros et le contrat devrait être signé fin juillet. OMV acquiertun tiers du capital de la compagnie roumaine, mais par le biaisd'une augmentation de capital, en détiendra ultérieurement51%. La candidature autrichienne a été retenue car, aux yeuxdu gouvernement roumain, elle offrait l'avantage de reprendreintégralement la compagnie nationale, dans sa structure actuel-le, proposait un prix d'achat jugé correct et garantissait unepolitique de développement avec promesse de gros investisse-ments à venir.

Deux compagnies ont été écartées : MOL (Hongrie), quienvisageait un partenariat avec échanges d'actions, mais main-tient toutefois sa candidature en cas d'échec des ultimes négo-ciations avec OMV, et l'Américain Occidental Oil § GasHolding, lequel était surtout intéressé par l'achat des stationsservices de Petrom. Les Roumains s'attendent à voir le prix del'essence monter en flèche après cette privatisation, le litre desuper valant 0,6 € (4 F) dans leur pays contre plus d'un euroen Europe occidentale. En Roumanie, le prix de la tonne decarburant à la pompe par rapport à celui de la tonne de pétroleà la production est inférieur de 130 € à la différence enregis-trée dans les pays de l'UE.

6 millions de tonnes de pétrole extraites chaque année en Roumanie

Plus grande compagnie roumaine (il en existe une autre,Rompetrol appartenant au groupe roumain Patriciu dans lequelOMV détient déjà un quart du capital, ce qui va poser des pro-

blèmes de libreconcurrence),Petrom est pra-tiquement laseule a extrairedu pétrole enR o u m a n i e ,avec six mil-lions de tonnespar année. Ellepossède deux raffineries, à Pitesti et Ploiesti, détient desconcessions de prospection et exploitation dans plusieurs payset dans la Mer Noire et exploite plus de 600 stations services.

La compagnie emploie 57 000 personnes après en avoirexternalisé 22 000 vers des sociétés autonomes, lors de sarestructuration, entre 2001 et 2003. L'an passé, son chiffred'affaires était de 2 milliards d'euros (13 milliards de F) et sonprofit net de 38 M€ (260 MF).

L'autrichien OMV est en fait contrôlé par un fonds d'in-vestissements d'Abu-Dhabi. Il est leader de la distribution decarburant en Europe centrale, étant présent dans douze pays. Ilpossède des raffineries et des contrats de prospection dansseize pays et est également impliqué dans le secteur pétrochi-mique. La compagnie compte 6200 employés, a réalisé unchiffre d'affaires de 7,6 milliards d'euros (48 milliards de F) en2003, dégageant un profit net de 322 M€ (2,1 milliards deF)… s'assurant une rentabilité (rapport nombre d'employés/bénéfice net) près de cent fois supérieure à celle de Petrom.

Présent depuis 1998 en Roumanie, OMV y détient unesoixantaine de stations services. Il ambitionne de doubler saproduction de pétrole d'ici 2008, pour atteindre 160 000barils/jour.

Etienne le Grand, voïvode moldave,"Athlète du Christ"contre les Turcs

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A savoir

Economie OMV seul en piste pour racheter Petrom

CHILIA

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

Comment bien définir Etienne le Grand, voïvode moldaveentré dans la légende, sujet de chansons, d'études, de contes etdes romans où l'on exalte sa personnalité, ses victoires contreles envahisseurs qui n'arrêtaient pas de ravager la terre molda-ve afin de mieux la conquérir? Ottomans, Russes,Autrichien, Tatares, "amis" polonais, hongrois, toustransformaient les Pays Roumains, la Moldavie et laValachie, en carrefour de batailles.

C'est dans ces conditions qu'à Direptate, le qua-torze avril 1457, sous les acclamations de la foule despaysans, Etienne, fils du prince Bogdan II (1450 -1451) et petit-fils d'Alexandre le Bon (1400 - 1431)devint prince de Moldavie, à l'âge de 20 ans. Sonrègne de 47 ans assura au pays une renommée jamaisatteinte auparavant, l'appuyant sur son armée - lepeuple tout entier- et son credo - défendre la liberté etl'indépendance. Cela le conduisit à engager 36batailles dont il sortit 33 fois victorieux. A chacuned'elle, il faisait bâtir une église ou un monastère à lagloire de Dieu, et à la mémoire de ses héros tombés aucombat. Parmi elles, Putna et Voronet, pour ne parlerque des plus précieuses perles de cette couronne d'ar-chitecture de l'Epoque nommée "Stéfanienne".

Une armée de petits bourgeois et de paysans

Son conseiller vénéré, c'était l'ermite Daniil, qu'iln'oubliait jamais de consulter car la sagesse et la foi de celui-ci lui faisaient croire "qu'aux âmes bien nées la valeur n'atteintpas le nombre des années" et que le Bon Dieu protège ceux quidéfendent leur terre avec la Croix et l'épée. Car Etienne leGrand n'avait d'autre visée que de sauvegarder l'indépendancede sa Moldavie, en dehors de tout esprit de conquête.

Le voïvode créa une organisation administrative, accordades privilèges auxvilles, aux négociants,défendit les axes com-merciaux internatio-naux, fonda deséglises, veilla à l'éla-boration des évan-giles, mit en place unsystème juridiquerigoureux, assurant àla Moldavie l'une despériodes les plus flo-rissantes de son histoi-re. Les plaintes despaysans étaient jugéespar le prince-même,là, à Direptate (Champde la Justice), commele fit en son temps Saint Louis sous son chêne.

La base politique et militaire de son pouvoir était consti-tuée par les petits propriétaires (Razesimea) et la paysannerielibre qui composaient sa fameuse "Grande Armée" de 40-60000 combattants, s'enrôlant avec leur propre armement.

Prendre part à la lutte, c'était pour le voïvode tout à fait nor-mal. En récompense, ses soldats recevaient des terres, parfoisconfisquées aux boyards qui avaient trahi et dont il n'hésitaitpas à faire couper les têtes. Parallèlement, il renforçait le rôle

des forces de l'ordre et desseigneurs, constituant une"petite armée" de 10- 15000membres.

Contre les Hongrois et les Polonais

Si Etienne Le Grandconsacra la majorité de sonrègne a repousser les Turcs,refusant de leur faire allé-geance et de leur payer untribut, il eut aussi à luttercontre ses voisins immédiatsqui voulaient lui imposerleur suzeraineté. Tentantd'envahir la Moldavie, le roiMathias Corvin en fit lesfrais en 1467 à la Bataille deBaia, trois flèches lui trans-perçant le corps. Vaincumais survivant à ses bles-sures, le Hongrois apprit à

respecter son adversaire et lui offrit plus tard son aide contreles Ottomans.

Trente ans plus tard, à Codrii Cosminului (Bois deCosmin), ce fut au tour du roi des Polonais Jean Albert, à latête de 80 000 hommes, de subir une déroute, les neufdixièmes de ses soldats étant tués. Désespéré, Jean Alberttomba malade et mourut.

En 1473, Etienne le Grand profita de ceque le sultan Mahomed II était engagé enMésopotamie contre Uzun Hassan, pourchasser Radu le Beau de Valachie, inféodéaux Turcs et le remplacer par un prince loyalau Pays roumain. Radu s'enfuit chez sesamis, abandonnant ses trésors les plus pré-cieux : ses coffres d'or, sa femme et sa filleMaria Voïchitza, qui épousera quelquesannées plus tard son ravisseur.

A Vaslui, vainqueur à 50 000 contre 120 000 Turcs

Mais le plus grand fait d'armes d'Etiennele Grand demeure la bataille de Vaslui (10janvier 1475). Quarante mille soldats mol-daves, la fleur des villages et des bourgs,

hauts bonnets de fourrure, cheveux longs, yeux de feu, avecpour toute arme leurs outils de travail aidés par 9000 Secui(Hongrois) et 2000 Polonais firent face aux 120 000 janissaireset spahis de l'armée du pacha Soliman, envoyée par le sultanMohamed II. (lire page suivante).

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2210

Actualité

Une réunion discrète des dirigeants régionaux du PSD (Parti Social-Démocrate) s'est tenue à la mi-avril à Iasi pour fixer les "cotisations" quedoivent verser à leur formation les candidats à une fonction de maire ou

de parlementaire dans la région de Moldavie, pour obtenir une place éligible. Cetterencontre, conduite par l'organisateur de la campagne électorale du PSD, l'ancienministre de l'Intérieur Octav Cozmanca, s'est tenue, bien entendu, loin des oreillesindiscrètes… ce qui n'a pas empêché un journaliste de "Romania Libera" de s'y glis-ser et d'apprendre le montant des sommes demandées.

Ainsi, un candidat maire d'une ville rurale moyenne de cette région, dont l'éti-quette PSD lui donne de bonnes chances d'être élu, doit-il débourser de 10 000 à 30000 € (65 000 à 200 000 F), suivant la taille de la commune, pour recevoir l'investi-ture, contribution passant à 50 000 € (330 000 F) pour une commune plus grande etplus riche, et entre 40 000 à 75 000 € (260 000 à 500 000 F) pour un "oras" ou un"municipiu" (statut de ville). Le chiffre concernant les capitales de Judet a été tenusecret.

Les candidats à un poste de conseiller municipal sont également taxés, suivantleur position sur la liste, et doivent verser leur obole directement au candidat maire deleur formation, pour payer les frais de campagne. Quand à un poste de député ou séna-teur, pour obtenir une place lui assurant l'élection, le candidat doit apporter150 000 € (1 MF)… soit le double d'il y a quatre ans. D'après le reporter de"Romania Libera", ces chiffres sont approximatifs et sujet à négociation.

Cette pratique n'est pas propre au PSD, chaque grand parti l'utilise, la justifiantpar la nécessité de couvrir ses frais de fonctionnement. Mais elle constitue un des fon-dements de la corruption des hommes politiques roumains, lesquels gagnent men-suellement 300 € (2000 F) s'ils sont maires d'une ville moyenne (10 000 habitants),et un peu plus de 1000 € pour les parlementaires, montant très modeste qui les metdans l'impossibilité de rembourser les sommes empruntées pour devenir éligibles. Illeur faut donc trouver d'autres moyens pour satisfaire leurs riches créanciers… sans-doute pas fâchés d'avoir à leur disposition des élus redevables, avec lesquels on peutimaginer que des arrangements sont trouvés avant même leur élection…

Le service militaireobligatoire éliminé d'ici 2007

D'ici 2007, date prévue de l'inté-gration de la Roumanie dans l'UnionEuropéenne, le service militaire obli-gatoire devrait être supprimé. Lepays se dirigerait alors vers unearmée de métier, basée sur le volon-tariat. Plusieurs évolutions avaienttout d'abord été proposées avantd'être rejetées avec véhémence :laisser au jeune appelé le choix entrel'accomplissement de son servicemilitaire ou celui d'un travail d'intérêtpublic…ou encore la possibilité, pourles plus fortunés, de verser 37,5 mil-lions de lei (environ 1000 €) soit 15fois le montant d'un salaire roumainmoyen. Pour ceux qui désirent quandmême effectuer un service militaire,celui-ci devrait être réduit de 12 à 9mois. L'obligation serait néanmoinsrétablie en cas de situation excep-tionnelle comme une guerre.

Parallèlement, la démilitarisationde la police des frontières, de la gen-darmerie, des pompiers et de la pro-tection civile devrait se poursuivre

Politique "Cotisations" entre 10 000et 150 000 € pour devenir

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

TIMISOARA

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SIBIU

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BRASOV

CONSTANTA

CRAIOVA

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CLUJ

CERNAVODA

HUNEDOARA

Refondé en 2000, l'Ordre de l'"Etoile deRoumanie" ("Steaua României"), la plus presti-gieuse distinction roumaine, qui peut être remi-

se à 3650 personnes, au maximum, civiles ou militaires, aété décerné à 900 reprises par le Président Iliescu, qui en estle grand maître. Il comprend six grades, dans l'ordre crois-sant: Chevalier, Officier, Commandeur, Grand Officier,Grande Croix et Cordon. Ce dernier n'a encore été remis àaucun Roumain, la loi le limitant à dix attributions, mais nefixant aucun seuil pour les étrangers, 47 l'ayant déjà reçu.Parmi eux, le président de la Pologne et le directeur du FBI,Louis Freeh, fait commandeur en 2001. Il existe 33 autresordres et distinctions en Roumanie, le plus important étant

la Médaille du Travail et du Mérite (Serviciu Credincios si Pentru Merit). Suivent lescroix commémoratives, puis les décoration spécifiques aux domaines d'activité :Mérite sportif, Vertu militaire, Mérite diplomatique, lequel remplace l'Ordre NicolaeTitulescu, du nom plus important et très francophile ministre des Affaires étrangèresroumain de l'Entre Deux Guerres, également président de la Société des Nations.

L'Etoile de Roumanie, une décoration enviée

L'administration fiscale a révéléqu'en 2003, la moyenne des sanc-tions financières prises à l'égard dechaque fraudeur était de l'ordre de2000 € (13 000 F), chacun de sesinspecteurs ayant rapporté à l'Etat240 000 € (1,2 MF). Le plus fin limierdu fisc se trouve dans le judet deHunedoara, où un inspecteur adressé des contraventions pour unmontant de 2 M€ (13 MF), suivi parun collègue de Constantsa (1,2 M€,8 MF).

Des inspecteurs dufisc qui rapportent

maire ou député en Moldavie

Après chaque bataille gagnée, Etienne le Grand faisait construire une église ou un

monastère, au total, près d’une quarantaine.

Le monastère de Putna, où repose Etienne la Grand aux côtés de sa seconde femme, la princesse byzantine Maria

de Mangop, et où le 2 juillet, le Patriarche Teoctist célébrera la messe du 500ème anniversaire de sa mort, le 2 juillet 1504.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2244

Connaissance eet ddécouverte

La supériorité tactique du voïvode l'emporta sur la supériorité numérique de l'ad-versaire, épuisé, affamé - tous les villages avaient été évacués, les vivres emportés -harcelé avant de tomber dans un piège. Le voïvode avait réussi à attirer dans desmarais l'armée turque qui s'y enlisa, beaucoup de ses soldats se noyant, provoquant sadébandade, dont celle de son chef, qui échappa à la mort à grand peine.

La Sultane Validé Mara, veuve de Murad II, affirma que "jamais aucune arméeturque ne subit pareille défaite". L'historien roumain Constantin Giurascu notait que"la victoire de Vaslui, c'est la plus éclatante victoire terrestre de toute l'histoireeuropéenne de la lutte anti-ottomane jusqu'au siège de Vienne de 1683". C'est à cetteoccasion que le pape Sixte IV le dénomma "l'Athlète du Christ". Comme à l'accou-tumée, payant de sa personne, Etienne le Grand était au premier rang des combats.Connu pour son courage, l'histoire retient que, touché à la jambe lors d'une bataille, ildemanda à ce qu'on applique un fer rouge sur sa blessure, récitant des prières pendantcette intervention.

L'année suivante,en 1476, Mohamed II,revint à la charge, à latête d'une armée "quela terre pouvait tenir àpeine". En mêmetemps, les Tatars,devenus vassaux dusultan attaquèrent àl'est. Etienne le Grandenvoya son armée depaysans leur fairefront et se retira dansla montagne avec sa"petite armée", atten-dant de regrouper ses forces. Ce fut un succès sans gloire et sans suite pour les Turcsqui durent traverser une terre incendiée, dont toutes les fontaines avaient été empoi-sonnées. 30 000 Ottomans y laissèrent leur vie sans pour autant prendre une seule citéfortifiée et se retirèrent devant la contre-offensive des Moldaves.

Abandonné par l'Occident

Mais le voïvode dût se rendre à l'évidence. Si rois, doges, princes d'Europe, lePape même, le couvraient d'éloges, heureux d'avoir en lui le défenseur le plus parfaitde leurs frontières, les promesses d'aide contre les Turcs, lui venant de partout, nedemeurèrent que des paroles. Il envoya une ambassade à Venise pour convaincrel'Occident de l'importance stratégique de la Moldavie, avant-poste de la Chrétienté.Son appel resta sans réponse. Pire même… les Vénitiens, puis Matias Corvin firent lapaix avec les Ottomans. De guerre lasse, Etienne le Grand se résolut à pactiser avec laSublime Porte qui profitant du contexte international favorable, s'était emparée desdeux ports donnant accès à la Mer Noire, Chilia et Cetatea Alba (La Cité Blanche),celle-ci devenant un lac turc. Il accepta de leur payer tribut, préservant cependant l'au-tonomie de la Moldavie.

Dans sa célèbre pièce Coucher de soleil, consacré au voïvode, son auteur BarbuDelavrancea fait dire à son héros : "Souvenez-vous des mots de Stefan qui vous ontguidé jusqu'à sa vieillesse… que la Moldavie n'appartient pas à nos ancêtres, ne m'ap-partient pas, ni à vous, mais appartient aux descendants de nos descendants, jusqu'àla fin des siècles".

Canonisé en 1662 par l'Eglise orthodoxe, Stefan Voda est devenu "Stefan CelMare si Sfânt" ("Etienne le Grand et le Saint") et reste pour les Roumains, aux côtésde Mihaï Viteazul (Michel le Brave), premier unificateur de la Roumanie, le plusgrand personnage de leur histoire. Ce 2 juillet, les cloches de toutes les églises deRoumanie se metteront à sonner à l’issue de la messe de commémoration de sa mort.

Paula Romanescu

A Desesti, dans le Maramures(Baia Mare), (voir rubrique tourismedu n° 23 des Nouvelles deRoumanie), les rites religieuxconcernent également le bétail. Ainsi,conformément à une tradition popu-laire, le jour de l'Ascension, les pay-sannes organisent les "Pâques desanimaux" ("Pastele animalelor"), dela même façon que pour les fidèles.

Vaches, porcs, moutons, chèvresrestent enfermés dans leur étable ouenclos tandis que les femmes se ren-dent à l'église, emportant dans leursac la pitance des animaux, farine,sel, herbe, sans oublier une bouteilled'eau, chaque aliment ayant unesignification propre. La messe estidentique à celle que suivent lesparoissiens à Pâques et à l'issue dela cérémonie, tous se retrouventdans la cour de l'église, attendantque le pope vienne bénir le contenude leur sac.

A leur retour, les paysannes ser-vent dans les mangeoires les vivresramenés et vont asperger d'eau béni-te les quatre coins des endroits oùvivent habituellement leurs animaux,récitant des prières. Pour les ethno-logues, cette tradition exprime un lienétrange et fort entre la nature, leshommes et les bêtes.

Il faut noter que les Roumains uti-lisent l’expression “La Pastele cailor”,(“A la Pâque des Chevaux”), équiva-lent français de “A la Saint Glinglin”...

Dans le Maramures,les animaux fêtentPâques... le jour de l'Ascension

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

229

Actualité

Député PSD(Parti SocialDémocrate)

du judet de Tulcea depuis2000 et ancien maire deCrisan, au cœur du Deltadu Danube, Dan Verbina,la quarantaine, s'est tailléun royaume jusqu'à laMer Noire et le port deSulina, dans cette partieisolée de la Roumanie. Il a

profité de la mise en concessions du Delta, voici deux ans,devenant le principal concessionnaire des eaux de la région ety obtenant le monopole du commerce des poisons. Lespêcheurs doivent désormais lui verser une redevance annuelle,modeste pour l'instant, afin d'exercer leurs activités, libresauparavant.

L'élu a également décroché d'autres concessions, délivréespar activité, et contrôle pratiquement tout le commerce du vil-lage, possédant les deux épiceries, la boulangerie, la criée,construite avec des fonds de l'Union Européenne, faisantconstruire un restaurant, un disco.

Mais Dan Verbina ne se contente pas de régner sur la natu-re, les hommes aussi l'intéressent, et dans le village il est rarequ’une nomination à des postes clés se fasse sans son aval. Ilne ferait pas bon aussi de se mettre sur son chemin. Ainsi, iln'a pas trouvé de candidat sérieux pour lui disputer sa mairiede Crisan, en juin 2000, ses deux principaux adversaires s'étantdécouragés.

L'un redoutait de se voir muté à l'autre bout du pays,l'autre de perdre son emploi. Quelques mois plus tard, il remet-tait sa fonction de maire à un de ses co-listiers, devenantdéputé et représentant des Lipovènes (minorité d'origine russedont il est issu) au Parlement.

Des offres publiques sans transparence, faites à la dernière minute

A Crisan, on se tait donc, même si la rancœur est grande.Aucun habitant n'a réussi à obtenir une concession, lors desadjudications, faites en l'absence de transparence, qui ont pro-fité uniquement à la nomenklatura, souvent des gens venus deBucarest, et qui y font des projets commerciaux ou touris-tiques, lesquels n'aboutissent pas toujours, mais recevantcependant des subventions. Les offres publiques étaient sou-vent faites à la dernière minute, parfois une heure avant… per-sonne n'ayant le temps, ni les moyens de s'aligner.

Ainsi, Sorin Ovidiu Vântu, présenté par la presse commele plus célèbre escroc du pays, a-t-il acquis un complexe hôte-lier d'Etat, le "Lebada" ("Le Cygne") qu'il entreprend de réno-

ver. Le leader des jeunes du PNL (Parti National Libéral) deTulcea a fait construire sur un terrain appartenant à sa familleun hôtel de luxe, le "Sunrise", recevant même l'aide de l'UnionEuropéenne à hauteur de 10 % par le biais de fonds Sapard.

Des concessionnaires qui font la pluie et le beau temps

La situation est quasiment identique à Sfântu Gheorghe,où un milliardaire achève la construction d'un impressionnantvillage avec des maisons en bois et toits de chaume - respec-tant ainsi le cadre - comprenant des petits hôtels, salles deréception, villas, bungalows, etc. Ce complexe doit être ter-miné à la rentrée pour accueillir le festival de cinéma deBucarest, décentralisé pour l'occasion, et on y annonce lavenue de l'acteur Robert Redford.

Autant dire que les habitants du Delta se sententdépossédés de leur région. Mais plus encore, ils constatent queleurs conditions de vie baissent. Les concessions ont tué laconcurrence dans le domaine de la pêche. Les pêcheurs dépen-dent maintenant d'un seul acheteur qui fixe les prix. Le kilo-gramme de maquereaux est ainsi passé en deux ans de un euroà un demi euro. Ils constatent aussi que le kg de caviar, condi-tionné, leur est payé 100 € - ils n'ont droit qu'à un très faiblequota annuel - pour se retrouver à 800-1000 € dans les maga-sins Metro de Brasov ou Bucarest.

Le système des concessions a été créé en 2002, après unetentative en 1995. L'administration entend par ce biais disci-pliner les activités de pêche - depuis 1990, plus personne nepayait de taxes à l'Etat, alors que le domaine fluvial lui appar-tient - mettre fin au braconnage et au déclin de la populationpiscicole, développer et moderniser les activités de tourisme,de commerce, d'élevage des animaux, d'utilisation du roseau etde son exportation.

Pour la première fois, les pêcheurs en grève

Avec les concessionnaires, de nouveaux boyards sont ainsiapparus dans le Delta, ne reculant pas devant l'intimidation, lespressions économiques, pour asseoir leur domination et fairetaire les revendications. De nombreux pêcheurs ont conscien-ce que leur statut a régressé et ont le sentiment de se retrouverun siècle en arrière, lors de la "Rascoala" ("La Révolte"),décrite dans son livre par Rebreanu, qui avait conduit les pay-sans à se soulever contre les gros propriétaires terriens qui lesaffamaient.

L'an passé, pour la première fois, les pêcheurs du Delta sesont mis en grève, demandant en vain la fin des concessions.Finalement, beaucoup par crainte, et après avoir obtenuquelques aménagements, le mouvement s'est calmé. Mais lacolère reste toujours là.

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PolitiqueUn système de concessions qui réduit la condition des pêcheurs à celle des paysans du siècle dernier

Le député de Tulcea s'est taillé un royaume au cœur du Delta

La cour d’Etienne le Grand et la salle du trône ont été reconstituées au musée du judet de Suceava.

Traditions

Le député Dan Verbina représente les Lipovènes

au Parlement de Bucarest.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2245

Si vous venez de Bucarest ou de Brasov, vous arrive-rez à Purcareni (Pürkercz), commune deTârlungeni, sur les premiers contreforts des

Carpates, par de jolies routesombragées. Le chemin s'arrête là, dansun village paisible où Hongrois commeRoumains ont souvent deux métiers,employés à Brasov et paysans le reste dutemps. Ici, les responsables sont les pluspolyglottes du réseau OVR… L'atoutprincipal de Purcareni est de se trouver à20 minutes de Brasov. De plus, dans levillage même, l'association OVR localeorganise de nombreuses activités etbalades avec guide, très bien structurées.

Dans la montagne avoisinante, ran-données d'une journée comprenant soitune heure ou trois heures de marche,pique-nique, retour le soir entre 17 et 19h. Vous découvrirez de vastes étenduessauvages, riches en faune, flore etsources d'eaux minérales. Balade à cheval (avec cheval selléou à cru), en charrette en été, en traîneau en hiver. Pour lesamateurs de sports mécaniques, randonnée de 4 h à moto.Initiation au travail de la ferme: participer au retour des trou-peaux, apprendre à traire les vaches ou les brebis. La récom-pense sera l'apéritif offert par le fermier qui vous a reçu !

Brasov: une région à la richesse exceptionnelle

La région présente une richesse touristique et un patrimoi-ne exceptionnels, parmi les plus importants du pays, et requiertune bonne semaine pour le découvrir. Brasov, ville saxonnelongtemps florissante, a su conserver dans la vieille cité toutson caractère. La grande place du conseil, où se trouvent leplus de maisons médiévales peintes avec leurs originalesenseignes en fer forgé, et son ancien hôtel de ville, forment unensemble unique. A visiter :

- les ruelles avoisinantes toujours avec les anciennesdemeures polychromes.

- L'église noire, qui doit son nom à la suie qui l'a recou-verte à la suite d'un incendie. Elle est connue, entre autre, pourla riche collection de tapis d'orient qui la tapisse à l'intérieur.

- Le quartier du Schei et l'église Saint Nicolas. - Les différents bastions de l'ancienne citadelle.- De nombreux musées etc...- La station de sports d'hiver et d'été de Poiana Brasov,

juste au sud de la ville à quelques km. La station est depuis

longtemps le rendez-vous des skieurs et des randonneursvenus de Bucarest.

- La forteresse paysanne de Prejmer, église fortifiée du 13ème siècle entourée d'épaisses fortifica-tions, à l'intérieur desquelles, sur 4étages sont aménagées des chambres oùse réfugiaient les paysans lors des inva-sions ottomanes. Prendre la route deBudila et Teliu, puis tourner à gauche,Prejmer est à 8 km.

- Une autre citadelle paysanne,Harman; depuis Prejmer rejoindre laE574 (N11), la citadelle se trouve del'autre côté de la nationale à 2 km.

- Un peu plus loin sur la N73, àRasnov, importante citadelle paysanne.

- A Bran le fameux château deDracula.

- La grotte glaciaire de Dâmbovi-cioara dans le défilé Rucar-Bran.

- Sur l'E60 à Sinaia, le châteauPeles, musée et demeure d'été de l'ancienne famille royale.

Evènements

C'est en hiver qu'explosent les diverses fêtes tradition-nelles, en été nous n'avons pas relevé d'événement spécial.Cependant depuis 1999, existe un nouveau groupe folkloriquede jeunes appelé "Kikerics" Colchiques en français et si vousêtes là le 14 juillet, peut-être aurez- vous l'occasion de le voir,car à cette date, les habitants font la fête car ils n'ont pas oubliéque leur amie Maylis vient de France !

Fin août: le Cerbul de Aur (Le Cerf d'Or) de Brasov quiréunit les plus grands chanteurs populaires et groupes folklo-riques du pays et est le principal évènement artistique de laRoumanie avec le festival de "musica usoara" de Mamaia.Supprimée sous Ceausescu, cette manifestation a revu le jourvoici quelques années et a accueilli des vedettes étrangèrescomme Patricia Kass, Tom Jones…

Purcareni qui n'avait pas au départ une vocation touris-tique a su mettre en valeur sa situation à la porte sud-est de laTransylvanie, mais surtout montre sa capacité à se prendre encharge et offrir au touriste le meilleur de lui-même. Un séjouren hiver est aussi riche qu'un séjour en été. Si vous êtes déjàfatigués en lisant tout ce que l'association locale vous propose,n'ayez crainte… vous pouvez ne rien faire et vous reposer, onvous laissera une paix royale !

Martine et Jean Bovon-Dumoulin

Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

228

Actualité

Un des paradoxes de la transition aura été de voir réapparaître les boyards- gros propriétaires terriens et nobliaux d'autrefois, au comportement féo-dal - depuis la "Révolution", cette fois-ci issus de la nomenklatura com-

muniste qui a fait main basse sur les richesses du pays. Dans pratiquement tous lesjudets, des "barons" locaux règnent sans partage, soit sur une commune, soit sur ledépartement entier, bénéficiant de la complicité des élus, s'ils ne le sont pas eux-mêmes, et des autorités. Véritables potentats, leur pouvoir est à la fois économique etpolitique. Il n'est pas indiqué de leur résister… de nombreux journalistes, trop curieux,agressés, menacés, en ayant fait les frais.

Un empire de 23 sociétés

"Evenimentul Zilei" ("L'Evènement du Jour") a évoqué dans ses colonnes lamain-mise de l'un d'entre-eux, Ioan Niculae, sixième fortune du pays (350 M€, 2,4milliards de F) sur sa ville natale, Zimnicea (judet de Teleorman), où il emploie 50 %de la population, directement ou au travail au noir. Ioan Niculae est à la tête de l'em-pire Inter/Agro qui comprend 23 sociétés commerciales dans des domaines différents,allant des assurances (Asirom) à l'industrie chimique, au tourisme et à l'agriculture.

Le magnat détient 44 % des actions de la Société Nationale de Tabac et s'est offertune "danseuse", nécessaire à l'image de marque en Roumanie, en devenant proprié-taire du club de football d'Astra Ploiesti.

Cinq sacs de farine pour cinq jours de travail

A Zimnicea ou dans la région, "l'enfant du pays" possède la fabrique de lait, decigarettes, de sucre, d'alcool, un élevage industriel de porcs, l'abattoir, la minoterie,trois supermarchés, une discothèque… et 50 000 hectares de terrain. Mais la prospé-rité de son empire n'empêche pas son propriétaire de se montrer très dur vis-à-vis deses employés qui reçoivent souvent leurs maigres salaires en retard. Certains ne béné-ficient d'aucun contrat et doivent se contenter d'être payés en nature. L'un, interviewépar le journal mais implorant l'anonymat par peur de représailles, a indiqué que, pourcinq jours de travail à la minoterie, il avait reçu cinq sacs de farine.

Inter-Agro bénéficie pourtant pour l'actuelle décennie des mesures prises parl'Etat pour venir en aide aux régions défavorisées, dont l'exemption de la taxe doua-nière, de la TVA et des impôts propres à l'agriculture. Une des filiales les plus juteusesdu groupe, produisant 50 hl d'alcool par jour, est même redevable à la commune deZimnicea de taxes et impôts qu'elle n'a pas payés depuis 2001.

Ioan Nicualae reste en retrait de la vie politique, mais s'est mis quinze des dix neufconseillers municipaux PSD dans la poche et est ami avec le maire, lequel a marié safille. Il a d'ailleurs participé activement à sa dernière campagne électorale, apparais-sant à tous les meetings de soutien. Dernièrement, il a reçu en concession pour une deses firmes un des pâturages communaux qui devait normalement servir à toute lapopulation.

La fortune du richissime homme d'affaires paraît à beaucoup comme une insulte,mais ici il faut se taire, sous peine de perdre son emploi. Des salariés survivent avec100 000 lei (2, 5 €, 16 F) par jour et deux repas. Dans le quartier de "Rudaria", queles habitants appellent "l'Afghanistan de Zimnicea", des familles occupent des taudisconstruits à même la terre.

Le 6 janvier dernier, jour du "Boboteaza" où le pope lance traditionnellement unecroix dans les eaux que les plus courageux des fidèles doivent aller repêcher, la popu-lation a dû patienter car le "maître" était en retard. Il est enfin arrivé, comme au tempsdes boyards, dans un somptueux traîneau tiré par des chevaux et s'est installé avec safamille entre l'évêque et le maire pour présider à la cérémonie.

A Zimnicea, Ioan Niculae, sixième fortune du pays, règne sur sa ville natalePolitique

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

TIMISOARA

CLUJARADDEVA

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TIAGU MURES

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TULCEA

BRAILA

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BACAU

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Mécontent des articles que lequotidien "Curentul" consacrait à laprivatisation frauduleuse d'Inter/Agro,Ioan Niculae l'a tout bonnementracheté, en faisant un instrument desa campagne contre son concurrenten affaires, l'autre milliardaire CulitaTarâta. Proche du pouvoir, IoanNiculae est souvent vu en compa-gnie d'anciens ou d'actuels ministres,dont certains sont impliqués dansdes affaires douteuses, ainsi que del'ancien responsable des privatisa-tions, député de son judet, qu'il inviteà des parties de chasse ou à despromenades dans le Delta duDanube à bord de son yacht.

Main basse sur la presse

ZIMNICEA

SATU MARE

La forteresse paysanne de Prejmer.

Il est revenu le temps des boyards

Désignés ou renvoyés jusqu'ici surcritères politiques, les préfetsdevraient l'être uniquement sur labase de leurs compétences, en2006, après la mise en application dela réforme de l'administrationpublique, demandée par l'UE. Ilsseront recrutés sur la base deconcours et deviendront de hautsfonctionnaires représentant sur placele Premier ministre et les différentesadministrations ministérielles, suivantl'exemple français.

Les préfets ne seront plus politisés

La Roumanie authenthiqueTourisme

riches en faune, flore et sources d'eaux minérales

Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le guide OVRRetea Turistica Au pays des Villages roumains qui permet de partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aidede fiches en couleurs. Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse. Joindreun chèque de 20 € (port compris) à son ordre.

Ioan Niculae.

A Purcareni, de vastes étendues sauvages,

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2246

Connaissance eet ddécouverte

Paru fin avril et réalisé sous la direction de Bernard Houliat, auteur de LaRoumanie au petit bonheur, le Guide Bleu Evasion Roumanie, publiéaux éditions Hachette, vient donner ses lettres de noblesse à ce genre qui

permet la découverte touristique de ce pays. Fourmillant de renseignements,d'adresses, de conseils pratiques, d'itinéraires illustrés par des cartes détaillées, de pho-tos, il ne se contente pas de diriger les pas du visiteur…il lui permet de comprendre"ce pays de tous les possibles, sensuel et joyeusementhumain" où on a toujours quelque chose à découvrir.

Car ce guide dresse aussi un portrait vivant et documentéde la Roumanie : la culture roumaine et les minorités,l'Histoire, la société paysanne, l'habitat et le travail du bois,les traditions religieuses, les fêtes d'hiver, la cuisine et la tsui-ca. "Même si le quotidien peut être parfois rude, lesRoumains ne manquent jamais l'occasion de lui donner del'éclat et de la chaleur. C'est son mélange de démesure et delégèreté qui rend la Roumanie si attachante" indique BernardHouliat qui conseille: "Il est temps de se promener sans rete-nue dans ce pays passionnant et encore méconnu".

Et les touristes français semblent de plus en plusconvaincus. Leur nombre a augmenté de 50 % entre 1998 et2003, atteignant 100 000 visiteurs cette année là. Les Hongrois (1 540 000), lesAllemands (380 000), sont les plus nombreux, en raison de leur présence historique enRoumanie, suivis par les Italiens (260 000), les Autrichiens (100 000), lesBritanniques (70 000), les Hollandais (60 000), les Belges (27 000). Devant cettediversité, le Guide Bleu a décidé de paraître également en anglais et en allemand.

Guide Bleu Evasion Roumanie, Editions Hachette, format : 117x220 mm, Prix : 14,50 €

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

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"The Harbour" à Bucarest

Le nom n'a rien de roumain, maisce restaurant décoré comme l'inté-rieur d'un bateau est un des rares àproposer une cuisine locale à la foistraditionnelle et inventive. Chaquemets à la carte est une recherche. Ilne faut surtout pas manquer lessoupes, délicieuses et très relevées,dont la goulasch et le bors de gâscadolfana (potage d'oie à la moldave),une merveille. Vous pouvez tout ten-ter : des saucisses au fromageenroulées dans des tranches debacon, à la tocanita marineasca,ragoût d'agneau et de bœuf, cuitdans un mélange de champignons etde divers légumes, servi dans unesoupière en croûte de pain, en pas-sant, pour les végétariens, par latocanita de ciuperci (champignons,oignons, poivrons, tomates). Lesamateurs de cuisine occidentale, quine supportent pas la viande attendrieà coup de battoir, se régaleront d'unfilet de bœuf épais et tendre, servivraiment saignant (in sânge). Situé àdeux pas de l'ambassade de France,en face du théâtre Ion Creanga et dumarché le plus réputé de la capitale,ce restaurant a ouvert en mars decette année et a récupéré un chef quia opéré pendant huit ans derrière lesfourneaux de l'hôtel Intercontinental.Pour l'addition, compter entre 300000 et 400 000 lei (7 à 10 €, 48 à 64F) par personne pour un repas com-plet, vin à la carafe inclus.

"The Harbour", 10-22 piata Amzei,tel : (021) 210 90 91 ou 0724 388 686.Ouvert tous les jours, de 11 h 30 àminuit, terrasse ombragée.

SIBIU

Evasion en Roumanie avec le remarquable

Tourisme

La parution d'Eternelle et fas-cinante Roumanie a provo-qué une controverse dans le

pays, le journal “Adevarul" ("La Vérité")se posant des questions sur le finance-ment du guide, prévu comme une opéra-tion de valorisation de l'image de laRoumanie dans le contrat, très avanta-geux passé par l'éditeur français Hachetteet le ministre roumain du tourisme de l'é-poque, Dan Matei Agathon. Au terme decelui-ci, l'Etat roumain engageait870 000 € (5,6 MF) pour financer l'opé-

ration, dont 443 000 € (2,9 MF) pour lesopérations de promotion (conférence depresse à Bruxelles et à Paris pour le lan-cement, voyage de presse en Roumaniepour journalistes et libraires, publicitédans les médias, affichage dans les ruesde Paris et de 25 autres grandes villes deFrance), et 427 000 € (2,8 MF) pourl'impression et l'édition du guide. Or,selon "Adevarul", ce dernier poste n'au-rait coûté que 217 500 € (1,45 MF). "Oùest passée la différence (210 000 €,1,4 MF) ?" demande le quotidien.

Une sortie controversée en Roumanie

En travaux de modernisation depuis décembre dernier, afin de lui assurer unclassement dans la catégorie cinq étoiles, l'Hôtel Bucuresti s'apprête àentrer dans une des trois chaînes internationales de luxe, International

Radisson SAS, Hyatt et Hilton. Ses actionnaires ont investi 40 M€ (260 MF) pourqu'il redevienne l'un des établissements les plus côtés de la capitale, dont il porte lenom et au cœur de laquelle il se situe. Avec ses 450 chambres et ses 230 appartements,le "Bucuresti" est le plus grand hôtel d'Europe de l'Est.

Cinq étoiles pour l'hôtel Bucuresti

Bonnes adresses

Guide Bleu qui vient de paraître

Du bon usage d'un ambassadeur

Le PSD d'Hunedoara a cherché à profiter d'une visiteprivée de l'ambassadeur américain Michaël Guest, à la mi- maien tentant de le faire participer à une fête pour lancer sa cam-pagne des municipales. Le représentant des USA était venuavec ses parents pour admirer une église dont son pays finan-ce la restauration. Flairant le piège et irrité, Michaël Guest aavancé son arrivée de deux heures, effectuant discrètement lavisite en compagnie du pope, qui l'a reçu ensuite chez lui pourlui offrir une visinata (liqueur de guignes), et s'est éclipsé alorsque les "officiels" arrivaient.

Bible pour les candidats PSDQuelques jours avant le lancement de la campagne des

municipales, les candidats PSD de tout le pays se sontretrouvés à 5000 autour d'Adrian Nastase, lors d'un grand mee-ting de présentation qui s'est déroulé à Târgoviste. Leur parti,

issu de l'ancien Parti Communiste Roumain, leur a distribué undossier comprenant le matériel nécessaire à leur profession defoi, à savoir une photo du Premier ministre, le texte de laconstitution, une salopette de travailleur, pour ne pas oublierleur origine, une souris d'ordinateur, symbole d'avenir… et unebible. Hôte d'honneur de cette grande messe pré-électorale, LePremier ministre Adrian Nastase, lui, a reçu un Evangile dumonastère de Dealu Mare, où son père avait étudié, avant l'ins-tauration du communisme.

Dix kilos de pommes de terre pour acheter un vote

La police de la commune de Iacobani (Suceava) a mis enexamen Vasile Ciornei, candidat PRM (Parti de CorneliuVadim Tudor) à la mairie, pour avoir tenter d'acheter le voted'une ménagère en lui offrant dix kilos de pommes de terre.Conformément à la loi, il risque entre six mois et cinq ans deprison.

ElectionsLe journal “Cotidianul” a publié récemment une carte des judets (départements) roumains, indiquant le nom des “barons” qui y règnent.

Les judets etleurs barons

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2247

Connaissance eet ddécouverte

Conduire n'est pas de tout repos en Roumanie. L'étatde la chaussée et les trous ne sont pas seuls encause, les conditions de circulation rendent la pra-

tique souvent difficile. On ne peut pas prévoir les obstacles eton est souvent poussé à la faute: un troupeau d'oies qui surgit,un paysan qui traverse tranquillement la route - voir mêmel'autoroute - sans prendre conscience du danger, et c'est l'em-bardée vers le fossé; un camion qui se traîne et vous enfume,que vous décidez de doubler pour vous rendre compte qu'il estprécédé d'un ou deux engins agricoles ne laissant pas de placepour vous rabattre.

Il faut en prendre sonparti et se fixer comme lignede conduite, l'extrême pru-dence : ne jamais dépasser90 km/h pour pouvoir s'arrê-ter rapidement; ne jamaisdoubler sans visibilité : surles trois voies, alors quevous roulez en toute quiétu-de sur la file de gauche quiest autorisée dans votre sens,il n'est pas rare de voir surgiren face, et à la sortie d'unvirage, un véhicule qui afranchi la ligne continue,empruntant la file interdite.

Attention, quand vous êtes confronté à des grosses cylin-drées, genre Mercedes, BMW ou 4x4 dégoulinant de pare-chocs chromés. Elles sont souvent conduites à toute vitesse etde manière très dangereuse par les fils de la nouvelle nomenk-latura qui paradent à leurs volants et prennent plaisir à écraserde leur morgue leurs compatriotes se contentant de modestesDacia et à se faire valoir aux yeux des étrangers, n'hésitant pasà provoquer des fautes pour bien montrer leur toute-puissance.

Au moins la journée pour traverser tout le pays

Il faut se dire aussi que traverser la Roumanie prend aumoins la journée si on va à Bucarest, et même plus si on serend sur la Mer Noire. D'autant plus qu'il est impératif des'arrêter avant la tombée de la nuit. C'est celle-ci qui provoqueles plus grandes frayeurs aux automobilistes avec les cohortesde charrettes, de tracteurs, de bicyclettes non éclairées. Lesrisques d'accidents, et de graves complications par la suite,sont énormes. Vous ne devez pas transiger avec ce principe : laconduite de nuit est exclue !

De même, vous devez être particulièrement attentif lors ducoucher du soleil : à la campagne vous risquez de vous trou-vez nez à nez avec les troupeaux rentrant à la ferme. Prenezvotre mal en patience et appréciez ces scènes qui ont disparude notre univers occidental.

Enfin, n'oubliez pas que le taux d'alcoolémie est de zéro et

que les contrôles sont assez fréquents, tout comme lescontrôles de vitesse, la police venant d'être équipée de radarslongue distance.

Si vous êtes arrêté pour une infraction quelconque, prenezvotre temps, efforcez vous à la gentillesse, glissez quelquesmots de roumain. Cela peut marcher car dites-vous que, mêmesous l'uniforme d'un policier, il y a un Roumain qui sommeille,lequel peut vite retrouver son naturel accueillant devant unétranger dans l'embarras.

Faut-il emporter avec soi un kit de réparation particulierpour la voiture ? Pas plusque pour un autre pays parcequ'on trouve de tout désor-mais en Roumanie, notam-ment dans les stations Shell(mais pas Petrom), où onpeut se procurer des chaînespour la conduite sur neige,et il en est de même pour lecarburant (sans plomb, europlus - 98 octanes -, dieselappelé motorina), l'huile,l'antigel, le liquide de freins.Toutefois, il est prudent dese munir de 3 ou 4 bombesanti-crevaison, de courroiesde ventilateur ou autres à la

bonne dimension, de bougies et de plaquettes de freins : celavous évitera éventuellement de les faire venir de France.

Rondes de nuit

N'oubliez pas de vous arrêter au stop des voies ferrées quine sont pas protégées par des barrières. Un train peut passer etchaque année, on enregistre des accidents. En outre, des poli-ciers ne manquent pas de s'y poster pour débusquer le contre-venant, surtout s'il est étranger.

Attention également dans les villes, au deux voire troisrangées de feux, l'une pour aller tout droit, les autres pour tour-ner. C'est assez inhabituel pour les automobilistes occidentauxqui peuvent démarrer à contre-temps et traverser un carrefourà mauvais escient.

Enfin, dans certaines régions, les conducteurs se montre-ront surpris par le nombre de contrôles routiers nocturnes. Engénéral, ils ne sont pas destinés aux voitures de tourisme, maisaux camions qui transportent de la marchandise, du bois, desmatériaux, non déclarés ou sans quittance. Leurs chauffeurssont préparés à ce genre d'ennuis, qui peuvent se reproduiredeux ou trois fois de suite au cours d'une même livraison, et leplus souvent ont glissé à l'avance un billet de 10 ou 20 € dansles documents qu'ils doivent présenter. Ces rondes de nuit sontappréciées par les policiers qui en reviennent, au bas mot, avec100 € en poche.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

226

Actualité

Politique

Les "barons" ont installé de véritables féodalités à travers le pays

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

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CHISINAU

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De Timisoara à la Mer Noire, conduire n'est pas de tout repos TourismeUn pouvoir sans partage

à l'échelle du judet ou localement

Chantant, place d'Opéra, devantdes milliers de personnes, NicoletaNuca a fait un triomphe lors du festi-val de Timisoara, fin mars, consacréà la Bessarabie (actuelle Républiquede Moldavie), à l'occasion du 86èmeanniversaire de son rattachement àla Roumanie (de 1918 à 1940). Lajeune interprète de dix ans, originai-re de Chisinau, capitale moldave, achanté des poèmes d'Eminescu etremporte un grand succès dans sonpays auprès de ses compatriotes,lesquels supportent mal leur sépara-tion avec la "mère-patrie", imposéepar l'Union Soviétique.

Une nouvelle caste est apparue en Roumanie: les "barons". A longueur depages, les journaux évoquent chaque jour leurs faits et gestes, évaluentleur fortune, les mille manières frauduleuses qui leur ont permis de s'en-

richir, révèlent leurs affaires, les magouilles auxquelles elles donnent lieu, leurs com-plicités, leurs réseaux. Par la médiatisation que leur accorde la presse écrite, les"barons" sont devenus de véritables vedettes nationales, et les Roumains, bien qu'é-coeurés, les raillent, établissant même un hit-parade au "mérite", prenant en compteleur degré de corruption, de débrouillardise pour échapper à la justice - très peu, pourne pas dire aucun, n'ont de comptes à rendre - les connivences à tous les niveaux quileurs permettent d'augmenter l'étendue de leur pouvoir et de leur fief.

Le plus connu est sans conteste Nicolae Mischie, président du conseil du judet deGorj (Târgu Jiu), également à la tête du PSD local, qui a été contraint de l'écarter àl'approche des élections municipales, à la suite d'untrop plein de scandales. Mais biend'autres n'ont rien à lui envier: Radu Mazare à Constantsa, Marian Oprisan à Vrancea(Focsani), Dumitru Sechelariu à Bacau, etc.

Des fiefs entièrement contrôlés

Tous ces "barons" ont constitué leurs fiefsau fil de la "transition", utilisant l'omnipotencedu parti dominant, le PSD. Profitant de leurspositions antérieures dans l'ancienne nomenkla-tura communiste, et des postes qu'ils occupaientdans certains secteurs, ils ont habilementmélangé proximité politique et détournementdes réformes économiques pour s'accaparer despans entiers des richesses nationales pour unepoignée de lei, par le biais de privatisationsbiaisées, sans offres publiques d'achat. Pourcela, bien sûr, il leur a fallu "arroser" tout autourd'eux: administrations, justice, élus, ministres…créant des réseaux où on se renvoie l'ascenseur.

Aujourd'hui, fort de la main-mise du PSD sur le pays, les "barons" ont ancré leurpouvoir et règnent sur des judets entiers. Il nne faut pas se mettre en travers de leurchemin. Parti, élus, fonctionnaires, affaires, rien n'échappe à leur influence. Du popeaux directeurs d'école, les nominations dépendent souvent de leur bon vouloir ou decelui de leurs réseaux, tout comme les contrats avec les entreprises privées et les com-mandes de l'administration, toutes ces transactions générant des commissions ou des-sous de table, renforçant leur puissance financière et leurs moyens d'intervention.

Mariage entre enfants de "barons"

Ces "barons" de judets ont suscité des vocations à l'échelon local où, sur leurmodèle, on parle désormais de "petits barons" ou de "barons locaux". Ils ont mêmeentrepris de se reproduire entre eux. Au début de mai, Nicolae Mischie, président dujudet de Gorj, a marié son fils avec la fille de Mihai Rudeanu, président du judetd'Hunedoara. Comme à l'époque du mariage entre le futur Louis XVI et Marie-Antoinette, le "bon peuple" de Târgu Jiu a été convié à fêter l'évènement en assistantà un feu d'artifices de 2500 €, 2000 personnes étant invitées par ailleurs à la noce.Seuls les journalistes avaient été déclarés indésirables, des vigiles musclés veillant àce qu'ils ne s'introduisent pas dans l'enceinte où se déroulaient les réjouissances.

Une chanteuse moldave de dix ans"trop roumaine"

PIATRANEAMT

TÂRGOVISTE

Eviter de rouler la nuit et prendre son mal en patience

Entre trous et charettes non éclairées la nuit, les routes les plus buccoliques se transforment vite en pièges redoutables.

“Baron de Gorj”, “Baron d’Hunedoara”,“Baron du PNA” (Parquet anti-

corruption)... “Souriez SVP“ (Caricature de Gazdaru: mariage

des enfants Mischie et Rudeanu).

Voisins

Cette popularité dérange les auto-rités moldaves, communistes et pro-russes, de la petite république deve-nue indépendante en 1991 et dontles deux-tiers de la population sontd'origine roumaine. Ainsi Nicoleta estinterdite de télévision et de radio, seschansons étant jugées "trop rou-maines". On lui a égalementdemandé de changer tous les motsfaisant référence à la Roumanie enles attribuant à la Moldavie.

La fillette a remporté récemmentle concours de la chanson européen-ne de Tallin (Estonie) consacré auxenfants de 25 pays du VieuxContinent.

Les autorités de Chisinausupportent mal la

popularité de Nicoleta Nuca

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

2248

Connaissance eet ddécouverte

Francophonie L'anglais est désormais en tête des langues apprises par les jeunes

Quelle est la place exacte du français en Roumanie ? Longtemps, la Frances'est bercée d'illusions, laissant accroire que, malgré la montée en puis-sance de l'anglais, sa langue y demeurait la première. Aujourd'hui, per-

sonne ne le conteste plus : l'anglais est passé largement en tête, le mouvement ne fai-sant que s'accroître chez les jeunes Roumains.

Les chiffres varient cependant selon les sources. Un récent sondage assurait que15 % des Roumains pratiquaient l'anglais et 9 % le français. Selon l'OrganisationInternationale de la Francophonie, la Roumanie compte 5 % de Francophones (1 125000 personnes) - "personnes capables de faire face en français aux situations de com-munication courante" - et 13,3 % de Francophones partiels (3 000 000), "personnesayant une compétence réduite en français leur permettant de faire face à un nombreréduit de situations" (L'OIF estime qu'il y a dans le monde 110 millions deFrancophones et 65 millions de Francophones partiels).

Poussée vertigineuse du nombre de professeurs d'anglais

Les dernières statistiques disponibles du ministère de l'Education nationale rou-main indiquent que si le nombre d'élèves apprenant notre langue a reculé de 4 % en10 ans, s'élevant en 2003 à 1 984 735 élèves, il demeurait alors toutefois supérieurd'une courte tête à celui de l'anglais qui a progressé de 62 % pendant la même pério-de et concernait 1 971 732 élèves, l'an passé. Le recul paraît irréversible et est aussitangible au niveau du nombre de professeurs actifs de français, 15 227 en 2003(- 6 %), alors que les professeurs d'anglais sont passés de 6969 à 11 522 (+ 60,5 %).

Le mensuel francophone "Regard franco-roumain" qui a consacré un épais etremarquable dossier à la francophonie en Roumanie et dans les pays d'EuropeCentrale, dans son numéro d'avril, détaille ces derniers chiffres. 269 161 élèves appre-naient le français en 2003 dans le primaire, 1 675 079 dans le secondaire, environ6000 dans les DEF (Départements d'Etudes Françaises) et plus de 2000 dans les 17filières universitaires francophones (sciences humaines, sciences et techniques) quienregistrent un flux d'entrée d'environ 600 étudiants par an.

S'y ajoutent 6330 inscrits dans les cours des quatre centres culturels français(Bucarest, Timisoara, Iasi, Cluj, Constantsa) et environ 1200 dans ceux des quatreAlliances françaises (Brasov, Craiova, Pitesti, Ploiesti), plus de 3000 candidats pré-parant le DALF (Diplôme Approfondi de Langue Française). La Roumanie se dis-tingue aussi par l'importance des lycées à section bilingue français : 5949 élèves de 15à 18 ans y étudient le français à raison de 5 à 6 heures par semaine.

BUCAREST

ORADEA

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TIMISOARA

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Actualité

Voisins

Entre 5 et 13 % des Roumains parlent le français

Bucarest devrait accueillir le XIème sommet francophone en 2006

Entrée au sein de l'OrganisationInternationale de la Francophonie en1994, la Roumanie devrait accueillirson XIème sommet en 2006, lequelse tiendra pour la première fois dansun pays d'Europe Centrale et del'Est. Des manifestations culturellesimportantes devraient marquer cetévènement. Bucarest avait déjàaccueilli la XIIème conférence de laFrancophonie en 1998, au cours delaquelle avait été lancée l'AgenceIntergouvernementale de laFrancophonie et adopté la réformestructurelle de l'Agence de laFrancophonie. La capitale roumaineaccueille également en permanencele siège du Bureau Régional del'Agence Universitaire de laFrancophonie pour l'Europe Centraleet Orientale.

Par ailleurs, les gouvernementsfrançais et roumains ont décidé dedévelopper mutuellement leséchanges culturels. Ainsi une exposi-tion rétrospective d'art français, inti-tulée "Ombres et lumière", couvrantquatre siècles de création, se dérou-lera au Musée National des Beaux-Arts de Bucarest, en 2005, alors quela littérature roumaine et les écrivainsroumains seront les invités de laFrance, dans le cadre de la manifes-tation intitulée "Belles Etrangères".Plus généralement, les deux paysorganiseront une série de manifesta-tions culturelles en France, durant lapériode 2005-2007, sous le titregénérique "Paris-Bucarest ".

Une ville allemande et sa sœur polonaise rêvent d'union, avec l’élargissement de l'UE

PLOIESTI Goerlitz, ville coupée en deux le long de la frontiè-re germano-polonaise depuis la seconde Guerremondiale, rêve de réunification et compte servir

d'exemple d'intégration après l'élargissement de l'Unioneuropéenne. Charmante petite ville au bord de l'ex-RDA,Goerlitz fait face à sa soeur polonaise, Zgorelec, perdue depuisplus de cinquante ans, sise de l'autre côté de l'affluent del'Oder, la Neisse, jusqu’ici frontière naturelle de l'Unioneuropéenne. Mais en mai cette "barrière" a sauté, puisque laPologne, ainsi que neuf autres pays, ont rejoint le club desQuinze.

A entendre le maire de Goerlitz,Rolf Karbaum, et son homologue polo-nais à Zgorzelec, M. Fiedorowicz,l'avenir semble tout rose. "Nous avonsune vision. Nous voulons redevenir uneville le long de la frontière qui nous aséparés pendant des décennies", décla-re M. Karbaum.

Goerlitz et Zgorzelec ont signé en2001 une déclaration pour devenir "uneville dans deux nations" d'ici à 2030,faisant d'eux un modèle unique d'inté-gration européenne. Elles tiennent déjà régulièrement desconseils municipaux ensemble, ont des lignes de bus com-munes, des programmes d'éducation bilingues du jardin d'en-fants à l'université et des magasins acceptant aussi bien leseuros que les zlotys. "Dans les grands magasins de Goerlitz, ily avait avant des panneaux avertissant des conséquences judi-ciaires des vols à la tire", remarque Miroslaw Fiedorowicz."Maintenant, il y a des affichettes informant que les com-merçants parlent polonais", ajoute-t-il.

Frères ennemis et camarades qui s'évitent

MM. Karbaum et Fiedorowicz eux-mêmes sont peut-êtreles meilleurs exemples des liens tissés de part et d'autre de laNeisse. Ils se disent "amis", leurs familles se voient et ils s'ef-forcent même d'apprendre la langue de l'autre. "Quand onn'arrive plus à s'exprimer, on parle en russe", raconte M.Karbaum.

Après neuf siècles d'existence, Goerlitz s'est retrouvéedivisée en 1945, l'ouest étant affecté par les vainqueurs del'Allemagne nazie à ce qui allait devenir la RDA, et l'est,rebaptisé Zgorzelec passant sous contrôle polonais.

Les Allemands vivant à Zgorzelec ont été alors expulséset, malgré les grandes déclarations sur la solidarité fraternelledes pays du bloc soviétique, les ennemis de la Seconde Guerremondiale se sont largement évités pendant toute la Guerre froi-de. Avec la chute du mur de Berlin en 1989 et la perspectived'une adhésion polonaise à l'Union européenne, certains se

sont pris alors à rêver de réunification.Mais tous ne sont pas aussi optimistesque les maires des deux villes.

"Je ne suis pas inquiète de voirZgorzelec se joindre à nous, mais j'enconnais d'autres qui le sont. Vu le tauxde chômage élevé, les gens ont peur devoir les quelques emplois encore libresdisparaître. Il y a aussi la peur de lacriminalité", déclare Ingrid Dorfer, 49ans, habitante de Goerlitz.

Anne Rebiger, 30 ans, coordinatricedu projet d'"une ville dans deux

nations", reconnaît aussi qu'il existe un large ressentiment vis-à-vis des Allemands de la part de vieux Polonais. "Cela vademander beaucoup de travail de restaurer la confiance desdeux côtés".

Zgorzelec, qui compte 40 000 habitants, a une populationplus jeune que celle de Goerlitz. Très dépendante de l'industriedu charbon, elle affiche néanmoins un taux de chômagemoindre que celui de sa sœur allemande: 13% contre 23%.

En dépit de ses problèmes économiques, Goerlitz, oùvivent 60 000 personnes, fait bien meilleure figure que sa voi-sine délabrée : son centre historique mêlant des bâtimentsgothiques, de l'époque renaissance et baroque a été somptueu-sement rénové.

En plus des investisseurs publics et privés, Goerlitz a aussiun mystérieux donateur qui verse 500 000 euros (564 400 dol-lars) chaque année depuis 1995 pour la restaurer. Comme gaged'amitié, M. Karbaum pense en faire profiter Zgorzelec : il doitrencontrer l'avocat du donateur secret.

("Les Echos de Pologne")

Les clochers de Goerlitz et Zgorzelec font désormais sonner leurs carillons à l’unisson.

Dans les villages du Delta du Danube, des professeurs français sont venus épauler bénévolement leurs collègues roumains.

Elles étaient séparées depuis la Seconde Guerre mondiale

Le cardinal primat polonais, Jozef Glemp, n'a pas manifesté son opposition à la vente de livresantisémites dans une librairie des sous-sols de l'église de Tous les Saints de Varsovie. "Nousjouissons en Pologne de la liberté d'expression et il est difficile de la limiter" a-t-il commenté en

réaction à la lettre signée par 17 intellectuels catholiques qui ont lancé un appel à la dissolution de la librai-rie patriotique Antyk mise en cause. Des titres comme "Reconnais un juif" peuvent être désormais achetésdans les sous-sols de l'église. Récemment, aussi bien le procureur que le tribunal ont décidé de rendre unnon-lieu dans l'affaire de cette librairie. ("Les Echos de Pologne")

Monseigneur Glemp et l'antisémitisme

Avec ses 6,6 millions de Francophones répartis dans cinqpays membres de l'Organisation Internationale de laFrancophonie (Albanie, Bulgarie, Macédoine, Moldavie

et Roumanie) et cinq pays observateurs (Lituanie, Pologne, Slovaquie,Slovénie et République Tchèque), les pays d'Europe Centrale et del'Est constituent une composante importante de la communauté fran-cophone. Près de la moitié d'entre eux se trouvent en Roumanie, payslargement en tête de la Francophonie dans cette région, la Pologne,contrairement aux idées reçues ne comptant que 0,14 % deFrancophones, la République tchèque 2 % (et 8 % de francophonespartiels), la Lituanie 1 %.

La Bulgarie peut être considérée comme sa dauphine (13% deFrancophones partiels). S'appuyant sur une longue tradition francophi-le, ce pays a toujours privilégié l'enseignement du français depuis

1945. 150 000 élèves l'apprennent au niveau du primaire et du secondaire Son enseignement bilingue ou renforcé est dispensé dansprès de 80 lycées et collèges. Bien que petit pays de 3 millions d'habitants, la République Moldave, membre de l'OIF depuis 1999,apporte un très fort contingent de Francophones. 65 % de la population scolaire y apprend encore la français, soit plus de 200 000enfants dans le primaire, 350 000 élèves dans le secondaire et 70 000 étudiants dans les universités.

En Albanie, on compte plus de 600 professeurs de français, enseignant à près de 60 000 élèves dans les écoles primaires,25 000 au lycée et 12 000 étudiants dans les universités. En Macédoine, 45 000 élèves apprennent le français en primaire, 25 000dans le secondaire et autant à l'université.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

Francophonie

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Appelés à faire bon cœur contre mauvaise fortune par leurs dirigeants, lesRoumains ont fêté le "Jour de l'Europe", le dimanche 9 mai qui, désor-mais, tient presque lieu de seconde fête nationale, après le 1er décembre,

sans être toutefois férié. De nombreuses manifestations et concerts gratuits ont eu lieudans tout le pays, réunissant des foules importantes, mais c'est à Bucarest que les fes-tivités ont eu le plus d'ampleur.

Un "cross pour l'Europe" était organisé à travers la capitale, avec des prix àgagner, des catégories réservées aux personnes âgées, aux handicapés. Un tournoi defootball, place de la Constitution, a opposé des équipes d'artistes, de journalistes, dedix ambassades de l'Union Européenne. Un concert public en plein air a réuni les plusgrands groupes du pays, alors qu'un spectacle pyrotechnique avec feu d'artifice,musique et effets lumineux sur une façade du palais de Ceausescu, conçu par leFrançais Alain Hubert et organisé avec le concours des ambassades de France etd'Allemagne, clôturaient la journée. Le maire du 3ème secteur de Bucarest a profitéde l'occasion pour inaugurer le faisceau lumineux qui servira de repère urbain perma-nent à la capitale et est visible à 20 km.

Artistes roumains envoyés à l'étranger

L'ensemble de ces manifestations a coûté environ 500 000 €. Dans les grandesvilles, elles ont été mises à profit par les principaux candidats aux élections munici-pales, dont la campagne officielle commençait le jour même. Certains ont détourné lajournée pour organiser des concerts avec des artistes réputés que la population n'a passouvent l'occasion ou les moyens de voir, entrecoupés de discours sur leurs mérites.

Dans ce genre, la palme revient sans conteste au PSD (Parti Social Démocrate),qui a organisé une caravane de plusieurs autobus bariolés aux couleurs de l'Europe àtravers tout le pays, où prennent place les fans amenés de Bucarest des politiciens etdes vedettes. Le pouvoir n'a pas oublié d'associer à ce jour les nombreux Roumainsinstallés ou travaillant à l'étranger, soit autant d'électeurs potentiels. "Phoenix", legroupe mythique, et Mircea Baniciu se sont produits sur la Place Cervantes de Madrid,en "hommage aux victimes roumaines de l'attentat du 11 mars". Stefan Hrusca, VasileSeicaru, Victor Socaciu ont chanté à Dublin, capitale de l'Europe pour le premiersemestre 2004, et où était présente une délégation roumaine conduite par le PrésidentIliescu et le ministre des Affaires étrangères, Mircea Geoana.

Des concerts ont été organisés également à Stockholm et au Koweit, où sont basésdes soldats participant à la guerre en Irak. Benone Sinulescu, les groupes Ro-Mania etEtno ont même été envoyés à Shangaï pour fêter 50 ans d'amitié sino-roumaine. Tousces artistes ont affirmé s'être produits bénévolement… certains journaux avançantl'hypothèse que le PSD ne manquera pas de faire appel à leurs talents pour dessommes confortables, à l'occasion des diverses campagnes électorales à venir

Compte à rebours pour 2007

Par leur "enthousiasme européen", les autorités ont tenté de faire oublier qu'àcause de son impréparation le pays est resté sur le bord de la route de l'UE. Toutes lesaffiches, nombreuses, appelant à fêter le "Jour de l'Europe" étaient estampillées d'unemention, bien en vue, "Organisées par le Gouvernement". Pour montrer d'ailleurs quel'entrée dans l'Europe est toute proche et que le pouvoir s'emploie de son mieux à enrapprocher l'échéance, un compteur journalier à rebours a été installé dans la capitale,indiquant le nombre de jours séparant la Roumanie du 1er mai 2007. Lors des élec-tions générales de novembre prochain, il en restera un peu moins de 800…

"Faire bon cœur,contre mauvaise fortune"

Vie internationale

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6,6 millions de Francophones en Europe Centrale et de l'Est

Selon une étude portant sur laperspective de l'adhésion à l'UE, réa-lisée sur huit mois par une centainede spécialistes universitaires, cher-cheurs et responsables du patronatroumain, seulement 15 à 20 % desentreprises roumaines sont aptesaujourd'hui à affronter les conditionsde concurrence du marchéeuropéen.

Les problèmes les plus importantsidentifiés touchent le domaine de lacertification des produits en ce quiconcerne les normes de sécurité,d'environnement, de qualité et degarantie. Il faudrait investir, au moins,entre 500 M€ et un milliard d'eurospour mettre à niveau les entreprisesroumaines avec leurs concurrenteseuropéennes.

CHISINAU

Plus de huitentreprises roumaines sur dix ne sont pas prêtes pour l'UE

TURDA

La "Journée de l'Europe"... pour faire oublier l'échec du Premier mai

Moustiques- Quelle différence y-a-t-il entre un

député roumain et un moustique ?- Aucune. Tous les deux te piquent,

font du bruit, te donnent des boutons, ett'as beau les écraser, il y en a toujours unpour te sucer le sang.

Justification

Dana, étudiante à Timisoara, écrit àses parents qu'elle n'a pas vus depuis plu-sieurs mois, après une année universitaireagitée: "Chers parents, excusez-moi pourvous avoir laissés aussi longtemps sansnouvelles, mais j'au eu beaucoup depépins au cours de cette année et je vousconseille de vous asseoir pour lire cettelettre. Finalement, mes brûlures sontcicatrisées. Oui, je ne vous avais pas dit,ma chambre a brûlé. J'ai eu de la chance,c'est mon voisin qui m'a sauvée. Trèsgentiment, il m'a proposé de partager sonstudio. Nous vivons ensemble depuis. Jesuis d'ailleurs enceinte. Le docteur m'a ditque c'était des triplés. Je suis sûre quevous serez contents d'être grands-parents.Nous allons nous marier bientôt. Il n'apas la même religion que nous, mais je

sais que vous avez l'esprit ouvert. Il n'apas pu aller à l'école car dans son pays, enAfrique, ce n'était pas facile. Mais vousverrez, il est très intelligent. D'ailleursvous serez ravis de discuter avec lui,parce qu'il a vôtre âge. Mais nous ne pou-vons pas venir actuellement vous voir,car il est hospitalisé pour soigner sasyphilis.

Chers parents, quand je pense quetoutes ces choses terribles auraient puarriver… Heureusement, vous serez trèscontents d'apprendre qu'il en est rien etcomprendrez que le fait que je n'ai pasréussi à mes examens et que je doiveredoubler n'a rien de comparable".

Politesses

A sept heures, le matin, Ceausescusalue le soleil levant :

- Bonjour Soleil, et bonne journée.Le soleil lui répond :- Mes respects, Camarade, et bonne

journée.A midi, même cérémonie :- Je te salue Soleil, et bon après-midi.- Mes respects, Camarade, et bon

après-midi.

Le soir, à l'heure du coucher, leConducator prend congé :

- Je te salue, Soleil, et bonne nuit.- Vas te faire foutre, Camarade, je

suis passé à l'Ouest.

Congrès

Les chiens se réunissent au coursd'un congrès international, à l'époque ducommunisme. Le délégué d'un pays occi-dental discute avec celui de la Roumanie.

- Chez nous, on raconte beaucoup dechoses sur les pays de l'Est. La vie n'estpas trop dure ?

- On fait aller. J'ai un os à chaqueNoël…

- Ce n'est pas si terrible qu'on le dit,alors…

- Ce qui nous manque, c'est de pou-voir aboyer de temps en temps.

Rassurant

- Docteur, prenez-moi la main… c'estla première fois que je me fais opérer.

-Rassurez-vous, vous n'êtes passeule, moi aussi c'est la première fois quej'opère.

Blagues à la roumaineHumour

A Sofia (Bulgarie) l’IFAG, institut qui forme en français les futurscadres des Etats de la région, a reçu la visite de Boutros

Boutros Gali, ancien secrétaire général de la Francophonie.

Par ailleurs, il a été souligné quela demande de produits roumainsrisque d'être maigre car 80 % d'entreeux répondent à une faible demande,la présence de la Roumanie étantminime dans les secteurs les plusporteurs (communication, aéronau-tique, santé, environnement).

L'étude note enfin, qu'entre 1960et aujourd'hui, le décalage entre l'é-conomie roumaine et celle des paysles plus développés a doublé, pas-sant d'un rapport de un à trente, à unà soixante.

Un décalage qui a doubléen quarante ans, passant

à un rapport de 1 à 60

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"Eux chantent l'Ode à la Joie (hymne de l'UE), remplis-sent le ciel de feux d'artifices… Nous, nous fredonnons desmanele (airs moyen-orientaux vulgaires à la mode) etpédéséions tout (allusion au PSD, parti gouvernemental domi-nant auquel on reproche de faire main basse sur le pays)"poursuit le quotidien qui se pose la question de savoir pour-quoi les Tchèques, Slovaques, Slovènes, Baltes, Polonais etHongrois ont réussi là où la Roumanie a échoué, apportant dixéléments fondamentaux de réponse :

"1 - Des leaders dépassés par leur époque : les Polonaisont eu Lech Walesa, les Tchèques Vaclav Havel, dissidentsanti-communistes, les Roumains Ion Iliescu, communistenotoire.

2 - Une pauvre classe politique : alors que les pays voisinsont balayé immédiatement les communistes du pouvoir etchoisi sans ambiguïté le système occidental, les Roumains ontcontinué à fonctionner avec des communistes de deuxièmegénération et même avec les thuriféraires de Ceausescucomme Adrian Paunescu ou Vadim Tudor.

3 - Des services secrets toujours tout puissants : laSecuritate a été laissée libre d'agir à sa guise et continue àœuvrer dans l'ombre, contrôlant la scène politique. On retrou-ve sa main dans des évènements comme les manifestationsanti-hongroises du 15 mars 1990 ou les minériades. Sesmembres se sont partagés le pouvoir économique avec la nou-velle nomenklatura.

Réformes repoussées, promesses non tenues

4 - L'absence de réformes : la Roumanie n'a toujours pasreçu le statut d'économie de marché fonctionnelle et IonIliescu a été le plus grand frein à cette transformation.

5 - Les minériades (en 1990 et 1991, Ion Iliescu a faitappel aux mineurs pour mettre un terme, avec brutalité, auxmanifestations de l'opposition, puis chasser le Premierministre Petre Roman du pouvoir) : il s'agit de l'épisode le plussombre de l'histoire récente de la Roumanie qui l'a isolée dumonde occidental pendant une décennie. Ce genre de pratiquen'a été utilisée dans aucun autre pays satellite de l'ex-URSS.

6 - Des méthodes héritées du stalinisme : expulsion du RoiMichel, manoeuvres diaboliques contre l'opposition, classessociales dressées contre les intellectuels, les étudiants…

7 - La corruption : sur ce chapitre ce n'est pas un article oulivre qui peuvent être écrits… mais une bibliothèque.

8 - Une politique mensongère : le pouvoir a toujours pro-mis aux citoyens et aux représentants de l'UE, américains oud'organismes internationaux de prendre les mesuresdemandées ou attendues, mais repousse sans arrêt leséchéances.

9 - Un Etat de droit virtuel : que ce soit dans le domainede la propriété, de la Justice, de la liberté de la presse, les déci-sions ont toujours été ajournées. Quinze ans après la chute deCeausescu, les paysans ne sont souvent propriétaires, non pasde leurs terres, mais de simples certificats que la Justice nereconnaît pas.

10 - La cupidité et l'immoralité des dirigeants : de maniè-re constante, après un ou deux ans de pouvoir, les dirigeants etla nomenklatura se trouvent à la tête de fortunes colossales,étalent de manière tapageuse leurs richesses, villas et limou-sines luxueuses ".

Et "Evenimentul Zilei" désigne un responsable, "le régi-me Iliescu" ainsi qu'un grand coupable, "Ion Iliescu", montrésdu doigt "pour avoir condamné les Roumains à vivre beau-coup plus difficilement que leurs voisins".

La Roumanie et la France ontdécidé de procéder à un échangeannuel de 300 stagiaires de 18 à 34ans, issus de milieux professionnels,en activité, et ayant une qualificationreconnue.

Ces stages de perfectionnementd'une durée de un an, pouvant êtreprolongée de six mois, nécessitent laconnaissance de la langue du paysd'accueil et la possession d'un diplô-me permettant d'occuper le posteproposé. Les stagiaires recevront lesalaire pratiqué pour la professiondans le pays hôte… ce qui risque derestreindre les candidaturesfrançaises.

Par ailleurs le judet de Covasna(Sfântu Gheorghe), à populationmajoritairement hongroise, s'est jointeà un accord signé entre le départe-ment du Maine et Loire (Angers) etcelui de Vezprem (Hongrie), assurantpar des professeurs français l'initia-tion à la langue française des éluslocaux et des maires.

"Le train ne s'est pas arrêté"

Pincements au cœur, désabuse-ment, fatalisme, résignation…les réactions étaient bien rou-

maines en ce premier mai qui a vu lesvoisins intégrer l'UE. En voici quelquesunes, entendues dans la rue ou à la télévi-sion :

- "J'ai eu le sentiment d'être sur le

quai, d'avoir mon billet en poche, et devoir le train passer sans s'arrêter".

- "Nous, les Roumains, nous seronstoujours dans une sorte de "no man'sland" entre Russie et Europe… et on nousoubliera".

- "Qui peut bien vouloir de nous,avec nos quatre millions de Tsiganes ? "

(en fait, entre 1,5 millions et deux mil-lions d'après les estimations, et 600 000selon les autorités).

- "Ce premier mai, tout le monde fai-sait la fête, et nous, les Roumains, nousétions agglutinés derrière les barrières,comme de pauvres gens, salivant enregardant les autres festoyer".

Après six mois d'exercice, seulement un peu plus de20 % des fonds non remboursables SAPARD, soit32 M€ (200 MF) sur 150 M€ (un milliard de F)

attribués par l'UE pour l'année 2004 afin de refaire les routesdans les communes rurales ou procéder à l'adduction d'eau,avaient été utilisés. Fin mai, une seule localité seulement avaitréussi à boucler entièrement son dossier, 150 pouvant en béné-ficier. Les risques paraissaient grands qu'une partie importan-te des fonds ne soit pas mise à profit et retournent à Bruxelles.

Cette situation n'est pas nouvelle. A l'indolence de l'admi-nistration, s'ajoutent d'autres éléments d'explication : l'hiver, il

fait trop froid pour procéder à l'asphaltage des routes, le ryth-me de travail chute sérieusement pendant l'été… et cetteannée, la Roumanie se trouve en campagne électorale au prin-temps et en automne, ce qui ralentit l'examen ou la constitutiondes dossiers.

Devant cette situation, le sénateur libéral Gheorghe Fluturs'est indigné de voir "que la Roumanie n'avait même pas lacapacité de dépenser l'argent que l'Europe lui donnait, à causede l'incompétence de son administration" se demandant, aupropre comme au figuré, quel crédit elle pouvait avoir auprèsdes instances de Bruxelles.

La Roumanie n'a pas la capacité de dépenser tous les fonds européens qui lui sont attribués

Les étrangers ou les Roumainsvivant en Roumanie peuventobtenir, sous conditions, le

remboursement de la TVA pour les biensqu'ils ont achetés en Roumanie et qu'ilsveulent sortir du pays. Ceux-ci doiventcoûter, au minimum, 2,5 millions de lei(65 €, 420 F) et leur achat ne pas dater de

plus de trois mois, ni faire l'objet de res-trictions à l'exportation.

L'acheteur doit présenter à la douane,outre le ou les biens acquis, une facture,le double du formulaire spécial en deuxexemplaires qu'il aura fait remplir par levendeur, celui-ci en conservant unecopie.

Remboursement de la TVA pour des biens achetés en Roumanie

Budapest a décidé d'assouplir un peules conditions d'accès à son territoi-re des voisins roumains, rendues

plus difficiles depuis son entrée dans l'UE.Ainsi, les cyclistes et les piétons n'auront pas àprésenter de billet retour, d'attestation d'assuran-ce maladie, ni de carte verte. Ces dispositionssont prises pour faciliter la vie des frontaliersqui vont travailler quotidiennement en Hongrie,

utilisant ces moyens de déplacement. Par ailleurs, dans les jours suivants l'adhésion dela Hongrie à l'UE, les douaniers roumains ont noté un flux important de Hongrois versleur pays, venus acheter des cigarettes dans les "Duty free shops" (magasins détaxés)frontaliers, moitié moins chères et faire le plein (super à 0,6 € au lieu de 1,1 €).

Frontière hongroise plus souplepour les cyclistes et les piétons

Abonnez vos amis roumains de Roumanie pour seulement 25 € !

Répondant à des suggestions de lecteurs, et aussi à une demande manifestede Roumains de Roumanie qui prennent un plaisir réel à lire "Les Nouvelles deRoumanie", en français, et découvrent avec curiosité le regard porté sur leurpays, mais n'ont toutefois pas les moyens de s'abonner, nous lançons la formule"Abonnez vos amis roumains".

Le principe est simple : chaque abonné (abonnement simple ou collectif)peut abonner un ou plusieurs amis roumains, demeurant en Roumanie*. Larevue leur sera expédiée directement.

Le prix est de 25 € par abonnement annuel souscrit, à ajouter à celui devotre propre abonnement ou réabonnement (un lecteur ayant un abonnementnormal, à 75 €, qui veut abonner un ami roumain, à 25 €, paiera donc 100 €).Cette somme représente les seuls coûts de fabrication, d'impression et d'expédi-tion de la revue, soit le tiers de son budget, "Les Nouvelles de Roumanie" ayantdécidé de ne pas répercuter les autres postes de dépenses dans cette formule.

Par cette initiative, "Les Nouvelles de Roumanie" souhaitent contribuer àune meilleure compréhension entre Francophones et Roumains et ainsi renfor-cer leurs liens.

* Formule strictement réservée aux abonnés ou personnes s'abonnant, et à des-tination exclusive de Roumains demeurant en Roumanie. Indiquer les coordonnéesdu ou des bénéficiaires et joindre un chèque correspondant au nombre d'abonne-ments souscrits.

Echange annuelfranco-roumainde 300 stagiaires

Depuis le 15 mai, les Roumainsn'ont plus besoin de visa pour entrerdans la Principauté de Monaco. Cettemesure est plus utile pour lesMonégasques qui en avait besoin ensens inverse que pour les Roumains,aucun contrôle n'étant effectué à l'en-trée du célèbre Rocher. Les citoyensdes deux pays peuvent séjourner 90jours, avec des intervalles de sixmois.

Plus de visas pour Monaco

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Actualité

Un premier mai amer pour les Roumains laissés à la porte de l'UEVie internationale

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Conseiller du Premier ministre,Adrian Nastase, pour les problèmesde politique extérieure, Sabin Pop(notre photo) a été nommé ambassa-deur de Roumanie en France, enremplacement d'Oliviu Gherman.Sabin Pop, qui a intégré le corpsdiplomatique voici plus de trente ans,a déjà été en poste à Paris, de 1990à 1994, comme principal collabora-teur de l'ambassadeur de Roumanie.Il a par ailleurs représenté son paysauprès du Conseil de l'Europe àStrasbourg, de 1995 à 2000.

DEVACLUJ

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CHANGE*( en lei )

Euro 40 750Franc 6 212 Franc belge 1 010

Franc suisse 26 972Dollar 33 910Forint hongrois 159

*Au 20 juin 2004

ABONNEMENTAbonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle,pour un an / 6 numéros, port compris

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8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes - France

Les NOUVeLLes

de ROUMANIeNuméro 24, juillet-août 2004

Quatre cents cinquante cinq millions d'Européens… Et moi, et moi, et moi?Trois millions sept cent mille kilomètres carrés… Et moi, et moi, et moi?".Beaucoup de Roumains, auraient pu reprendre à leur compte la fameuse

chanson de Jacques Dutronc, soulignant leur impuissance, leur solitudeet leur amer-tume en ce premier mai qui a vu l'Union Européenne ouvrir ses bras à dix nouveauxmembres, dont huit anciens pays "frères", alors qu'eux-mêmes restaient à la porte, le"paradis" leur étant promis pour 2007, si tout va bien…

Alors que les cloches des églises des ex-pays de l'Est sonnaient à la volée pour célé-brer l'évènement, que des feux d'artifice écla-taient dans les cieux, enterrant définitivementle Rideau de fer, l'ambiance était morne àBucarest. Les journaux y pratiquaient l'au-todérision en soulignant que, désormais, laRoumanie avait une frontière commune avecl'UE, pour mieux souligner qu'il serait encoreplus difficile d'y voyager, leurs compatriotesdevant montrer "patte blanche" et présenterau moins 500 € aux douaniers afin d'accéderaux pays voisins, devenus de "respectables"membres de la Communauté et où il sedéplaçaient librement voici encore trois ans.

Les uns font la fête, les autres la tête

Pour tout arranger, le premier mai tom-bait un samedi et les Roumains ne purentbénéficier d'un solide pont, comme les annéesprécédentes. En 2002, la fête du Travail coïn-cidant avec Pâques, l'Etat leur avait octroyéune semaine de congés. Cette année, ils devront attendre le jour de la Fête Nationale,le 1er décembre, pour couper le rythme de leurs semaines de labeur. Toutefois, le gou-vernement avait pris les devants en accordant un jour férié le vendredi 2 avril, afin decélébrer l'entrée de la Roumanie dans l'OTAN.

A Bucarest, seules donc les ambassades concernées ont fêté l'élargissement del'UE. Les chancelleries de la République Tchèque, de Slovaquie, de Pologne et deHongrie avaient mis sur pied en commun un concert, avec la participation du chargéd'affaires de l'Irlande, pays présidant la Communauté européenne. Au programme descompositeurs des pays nouveaux membres, dont les œuvres figurent au répertoire uni-versel : Frédéric Chopin (Pologne), Bedrich Smetana (République Tchèque), JanLevoslav Bella et Eugen Suchon (Slovaquie), Bela Bartok (Hongrie). Les Roumainsy figuraient avec une œuvre du compositeur Paul Constantinescu et les interprètes, lapianiste Ilinca Dumitrescu et le joueur de faragote (clarinette), Vasile Macovei.

"Les dix raisons" d'un échec

Consacrant une double page à cette date historique, "Evenimentul Zilei","L'Evènement du Jour" soulignait "combien ce 1er mai était triste pour laRoumanie… Un jour où les citoyens roumains ressentent pleinement l'humiliationd'être tenus en quarantaine, alors que les voisins hongrois sont invités au grand baldu monde civilisé".

Lettre d'information bimestrielle surabonnement éditée par ADICA(Association pour le DéveloppementInternational, la Culture et l’Amitié)association loi 1901

Siège social, rédaction :8 Chemin de la Sécherie44 300 Nantes, FranceTel. : 02 40 49 79 94Fax: 02 40 49 79 49E-Mail : [email protected] de la publicationHenri GilletRédactrice en chefDolores Sîrbu-Ghiran

Ont participé à ce numéro :Bernard Camboulives, CatalinaIacob, Adriana Lungu, NicolaeDragulanescu, Martine et JeanBovon-Dumoulin, PaulaRomanescu, Ovidiu Gorea. Autres sources : agences de presseet presse roumaines, françaises etfrancophones, télévisions rou-maines, sites internet, fonds dedocumentation ADICA

Impression : Helio Graphic11, rue Louis Armand44 980 Sainte-LuceNuméro de Commission paritaire:1102 G 80172ISSN 1624-4699Dépôt légal: à parution

Prochain numéro : début sept.

VASLUI

SINAIA

Sabin Pop, nouvelambassadeur deRoumanie en France

"450 millions d'Européens… Et moi, et moi, et moi ?"

Roumains et Bulgares sont restés seuls à la porte de l’Europe, comme le montrecette caricature de Gazdaru, paru dans

“Gardianul”, à la veille de Noël 2003.

Oliviu Gherman, ambassadeur àParis depuis trois ans, devrait occu-per à son retour un poste confortableau sein de son parti, le PSD. Agé de74 ans, ancien président du Sénat, ildevait sa nomination en France auxbonnes relations le liant à Ion Iliescu.Parlant très bien le français, il étaitcependant brocardé d'une manièregénérale et constante par la presseroumaine, qui l'appelait "l'ambassa-deur somnolent", pour son manqued'initiative.

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(* dans la limite, au total, de quatre personnes)

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Bonjour Monsieur"… Le salut est franc, amical, lesyeux malicieux. Cette scène se répète plusieurs foispar jour car, à Crisan, village isolé de 450 habitants

au coeur du Delta du Danube, les enfants sont heureux d'exer-cer leur français devant les visiteurs francophones. Le regaind'intérêt pour notre langue, alors qu'ici, comme dans le reste dela Roumanie, l'anglais balaie tout sur son passage, est pour unegrande partie due à l'action de deux professeurs retraités béné-voles, Claude Reynaud et Gérard Brousse. Membres du GREF(Groupement des Retraités Educateurs sans Frontières), ils interviennent dans le Delta depuisl'automne dernier pour épauler les professeurs de français, comme sept cents de leurs collèguesle font à travers le monde depuis 1992, dont 300 à 400 sont en permanence sur le terrain.

“Venez nous soutenir, nous sommes si isolés”

Claude Reynaud (photo ci-dessus), toute jeune septuagénaire fixée en Provence, est la cheville ouvrière du programme concer-nant la Roumanie. Depuis 2 ans, au rythme de 2 missions de 2 mois par an, en automne et au printemps, elle a fait se succéder unevingtaine d'enseignants retraités français dans le Maramures, à Satu Mare et Sighet, ainsi qu'à Tulcea. L'expérience n'est pas tou-jours facile, la désillusion peut guetter, le sentiment que l'on essaie tirer profit de vous, percer… Mais cela paraît bien peu de chosesen regard du réconfort apporté aux professeurs roumains. "Venez nous soutenir, nous sommes si isolés" les entendent-ils dire.

Recevoir un collègue de France, s'appuyer sur lui, alors qu'on enseigne sa langue parfois depuis 20 ou 30 ans, seul, sans aide,avec des manuels dépassés et ennuyeux et, le plus souvent, sans avoir eu la possibilité d'y effectuer un voyage, devient un bonheurdont les enseignants français mesurent l'importance tout en le partageant.

Malheureusement, faute de financement, assuré seulement pour deux ans par le Ministère des Affaires Etrangères, ce pro-gramme s'est arrêté en 1983. Infatigable, Claude Reynaud a frappé à toutes les portes pour pouvoir donner une suite à son action.Sensible à ses arguments sur la similitude et le potentiel d'affinité existant entre le plus important delta d'Europe et la Camargue,la région PACA (Provence-Côte d'Azur) a débloqué un crédit y permettant un an d'intervention.

Et là, Claude Reynaud et Gérard Brousse ont eu une sorte de révélation : le français, voué aux oubliettes et aux étagères delivres poussiéreux, pouvait devenir une langue d'avenir. Les touristes français sont les plus nombreux dans une région qui voit sesressources piscicoles, principal revenu des habitants, diminuer sérieusement. Paysans-pêcheurs ont compris que l'énorme potentieltouristique dont ils disposent était leur salut. Leurs chaumières se transforment en autant de pensions, des hôtels apparaissent. Mais,dans les villages où les bacs débarquent leurs passagers, deux-trois… six personnes au maximum pratiquent notre langue, alors que

déjà 2 à 3000 Français y viennent chaque année, bien plus nom-breux que les visiteurs anglophones.

Cours du soir pour femmes de pêcheurs

Les deux retraités ont donc apporté leur assistance aux pro-fesseurs de français des villages de Crisan et Sfântu Gheorghe, àl’automne et au printemps derniers. Ils y ont trouvé des enfantsréceptifs, convaincus peu a peu qu'ils ne venaient pas sur lesbancs de l'école pour apprendre des tableaux de conjugaisonrébarbatifs, mais afin de rester plus tard dans leur région, sans àavoir à aller ramasser des fraises en Espagne, comme leurs aînés.

Des femmes de pêcheurs qui accueillent des touristes dans leur maisonnette, l'ont également compris. Réticentes au début, ellesont rejoint les cours de conversation que Claude Reynaud organise le soir (photo ci-dessus). De 3 à 4 en novembre, leur nombreest passé à une vingtaine, motivées à l'approche de la saison touristique… quand, hélas, le programme a pris fin, faute de sous. Semontant très attentives et appliquées, elles ne s'en sont pas moins étonnées de la démarche bénévole de leurs professeurs : "Maisil faut être fou pour venir nous aider dans cet endroit perdu, loin des conditions de vie et du confort que vous avez chez-vous !".

C'est une folie qui convient bien à Claude Reynaud et Gérard Brousse quand, le soir, devant un verre de tsuica d'abricot, ilsregardent le soleil se coucher sur le Danube, méditant sur un vol de pélicans rasant les immenses plaines de roseaux du Delta.

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Numéro 24 - juillet - août 2004

Lettre d’information bimestrielle

Les

de

Par bien des aspects, la Roumanie se modernise. Dans les villes, ses jeunessuivent les dernières modes, sont pendus à leur portable, naviguent surInternet, les adultes discutent librement. L'étranger en déduit vite que, mal-

gré la dureté des temps, le pays est tourné vers l'avenir... simple question de patience.Mais, à y regarder de plus près, c'est une toute autre réalité qui apparaît. Cet air

de liberté qui flotte sur les grandes artères de Bucarest, la magnifique promenade lon-geant le Danube à Tulcea, les rues piétonnières de Timisoara ou Brasov, ne peut faireoublier le quotidien....A savoir qu'une caste règne pratiquement sans partage sur l'en-semble du pays, s'accaparant ses richesses. Non seulement, elle a récupéré une largepartie des pouvoirs discrétionnaires légués par l'ancien régime, mais elle a aussi élar-gi sa toute puissance au domaine économique. Tout passe par elle, et par son expres-sion politique, issue de la nomenklatura communiste et de la Securitate, le Parti SocialDémocrate. Loin d'elle, pas de salut, pas d'avenir. Il faut lui faire allégeance, acceptersa toute puissance, les injustices, les aberrations qu'elle engendre, se soumettre à sesbras séculiers que sont l'administration, la justice pour espérer signer un contrat, ouvrirune entreprise, obtenir une nomination… sans oublier de verser son écot .

A son ombre, grandit une nouvelle féodalité. Dans les judets, près d'un siècleaprès la "Rascoala" (La Révolte) des paysans de 1907, décrite dans son roman parLiviu Rebreanu, apparaissent de nouveaux boyards. Aujourd'hui, on les appelle les"barons". Mélangeant politique et affaires, s'enrichissant sans vergogne sur le dos deleurs concitoyens, rien n'échappe à leur contrôle, de la nomination d'un directeur d'é-cole ou d'un pope, à la fixation à des niveaux dérisoires des salaires dans leurs entre-prises ou du prix du kilo du poisson versé aux pêcheurs du delta du Danube. Quelques-uns se sont taillé de véritables royaumes, suscitant même des clones au niveau local.

Le salut ne vient malheureusement pas de l'étranger. Trop nombreux, parmi lesmilliers d'investisseurs accourus, flairant la bonne affaire, sont ceux qui misent sur lechômage, la pauvreté et la complicité des autorités locales, avec l'unique but d'en-granger un maximum de profits, avant de partir ailleurs. Féodalités et néo-libéralismes'entendent comme larrons en foire, exploitant une population atteinte dans sa dignité,qui voit son statut régresser.

Alors ? Le seul et vrai espoir restant, comme le montrent les entreprises alle-mandes s'installant en Roumanie, misant sur la durée, le progrès, la concertation…l'avenir, en un mot, d'un monde meilleur, demeure le modèle social qui fait la fierté denotre continent... La "Vieille Europe" et non l'Europe de la "ruée vers l'Est" !

Henri Gillet

Entre modernisme et féodalité2 à 5

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Au cœur du Deltale français devientune langue d'avenir