slalom n° 2

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Le quotidien des journées de Chamonix - JIES 2013 u C omme l’a dit André Giordan dans son introduction, « il faut se méfier des mots » (citation de Ben). Car, si nous avons parlé des jeux, le verbe « jouer » peut prendre différents sens. Je joue avec ma vie, mon image, avec les émotions, avec les autres… Finalement, ne suis-je pas, dans toute situation, privée ou professionnelle, en train de me mettre en scène, en train de « jouer », comme on le ferait sur une scène de théâtre ? D’ailleurs, dans nos relations sentimentales, ne dit-on pas, pour rassurer son partenaire, qu’on ne veut pas d’un « double jeu », que l’on ne « joue pas avec ses sentiments », qu’on « arrête de jouer » pour être vrai, sérieux… Paradoxalement, comme le dit Bruno Faidutti, « dans un jeu de rôle, on sait qui l’on est, alors que dans la vraie vie… » Finalement, puisque, dans toute situation de cette « vraie vie », nous devons respecter des règles, atteindre des objectifs, gérer des relations, des conflits, voire des situations compétitives… tout comme dans les jeux, ne serait-ce pas pendant le jeu, alors que nous vivons pleinement cet instant présent, que nous ne jouons plus un rôle ? Une chose est sûre, les partici- pants à cette 32 e édition des JIES jouent véritablement le jeu. Le jeu des rencontres, des échanges, du partage, de la convivialité et du plaisir d’être ensemble pour débattre d’un sujet qui nous passionne. L’originalité de ces journées réside dans cer- tains éléments qui perdurent depuis plus de 30 ans. Leurs initiateurs ont misé sur la proxi- mité physique pour favoriser les échanges autour de thématiques transversales. Aujourd’hui en- core, le fait que la plupart des participants logent et mangent dans un lieu unique permet une organisation du temps libre favorable à ces moments infor- mels qui enrichissent la réflexion et le partage d’expériences. La soirée jeu de mardi en a été un excellent exemple, tout comme le démarrage du « Grand Jeu ». lEdito 32 e édition des Journées internationales de l’éducation et de la médiation scientifiques – Chamonix 2013 L’édito Le rendez-vous Le livre du jour Causerie 2.0 2 questions à... En direct d’Eurythmion Retour sur hier Un participant, un jeu Ping pong Hommage à Ivan Gillet oSommaire jeudi 23 mai 2013 numéro 2 1 2 2 2 3 3 3 3 4 4 Est-il possible de ne pas jouer ? Autour des tables, des gens qui ne se connaissent pas rient en- semble, partagent des émotions et, surtout, du plaisir. Le plaisir est, pour moi, la clé de ces ren- contres. Que nous parlions du jeu ou d’une thématique qui puisse paraître moins ludique, le plaisir est recherché comme moteur de ces journées interna- tionales, afin que chacun puisse y apporter l’essentiel de lui- même. Francine Pellaud HEP de Fribourg

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2e numéro du journal des JIES Chamonix sur le jeu dans l'éducation et la médiation scientifiques, publié le jeudi 23 mai 2013.

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Page 1: Slalom n° 2

Le quotidien des journées de Chamonix - JIES 2013u

Comme l’a dit André Giordan dans son introduction,

« il faut se méfier des mots » (citation de Ben). Car, si nous avons parlé des jeux, le verbe « jouer » peut prendre différents sens. Je joue avec ma vie, mon image, avec les émotions, avec les autres… Finalement, ne suis-je pas, dans toute situation, privée ou professionnelle, en train de me mettre en scène, en train de « jouer », comme on le ferait sur une scène de théâtre ? D’ailleurs, dans nos relations sentimentales, ne dit-on pas, pour rassurer son partenaire, qu’on ne veut pas d’un « double jeu », que l’on ne « joue pas avec ses sentiments », qu’on « arrête de jouer » pour être vrai, sérieux… Paradoxalement, comme le dit Bruno Faidutti, « dans un jeu de rôle, on sait qui l’on est, alors que dans la vraie vie… » Finalement, puisque, dans toute situation de cette « vraie vie », nous devons respecter des règles, atteindre des objectifs, gérer des relations, des conflits, voire des situations compétitives…

tout comme dans les jeux, ne serait-ce pas pendant le jeu, alors que nous vivons pleinement cet instant présent, que nous ne jouons plus un rôle ?

Une chose est sûre, les partici-pants à cette 32e édition des JIES jouent véritablement le jeu. Le jeu des rencontres, des échanges, du partage, de la convivialité et du plaisir d’être ensemble pour débattre d’un sujet qui nous passionne. L’originalité de ces journées réside dans cer-tains éléments qui perdurent depuis plus de 30 ans. Leurs initiateurs ont misé sur la proxi-mité physique pour favoriser les échanges autour de thématiques transversales. Aujourd’hui en-core, le fait que la plupart des participants logent et mangent dans un lieu unique permet une organisation du temps libre favorable à ces moments infor-mels qui enrichissent la réflexion et le partage d’expériences. La soirée jeu de mardi en a été un excellent exemple, tout comme le démarrage du « Grand Jeu ».

lEdito

32e édition des Journées internationales de l’éducation et de la médiation scientifiques – Chamonix 2013

L’éditoLe rendez-vousLe livre du jourCauserie 2.02 questions à...En direct d’EurythmionRetour sur hierUn participant, un jeuPing pongHommage à Ivan Gillet

oSommaire

jeudi 23 mai 2013 numéro 2

1222333344

Est-il possible de ne pas jouer ?

Autour des tables, des gens qui ne se connaissent pas rient en-semble, partagent des émotions et, surtout, du plaisir. Le plaisir est, pour moi, la clé de ces ren-contres. Que nous parlions du jeu ou d’une thématique qui puisse paraître moins ludique, le plaisir est recherché comme moteur de ces journées interna-tionales, afin que chacun puisse y apporter l’essentiel de lui-même.

Francine PellaudHEP de Fribourg

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hLe livre du jour

Est citoyen celui qui participe à la vie collective.

Nous nous sommes tous interrogés un jour sur les moyens à mettre en place pour améliorer l’éducation à la citoyenneté. La démarche d’ap-prentissage du débat favorise la participation à la vie collective.

Cet ouvrage, qui repose sur des situations concrètes d’apprentis-sage du débat, propose différentes approches à appliquer avec des publics différents (école, collège, lycée). Il est exploitable dans toutes les situations de débat, et à des fins multiples : approfondir des connaissances, apprendre à prendre

Apprentissage du débat et éducation à la citoyenneté

jLe rendez-vousSalon des jeux de Chamonix

Le 23 mai de 16 h à 18 h 30 (enfants accompagnés)et de 20 h à 21 h 30 (adultes) au Majestic

D emain, Le Majestic ouvre grand ses portes pour accueillir les

habitants de la ville à l’occasion du Salon des jeux. Ils pourront décou-vrir les différents stands, posters et animations chargés de leur présen-ter l’actualité du monde ludique en matière de jeux éducatifs. Avec eux vous pourrez également explorer certaines des dernières avancées en matière de pédagogie scientifique en vous glissant dans la peau d’une fourmi ou en découvrant l’astrono-mie tout en vous amusant !

À la sortie des classes, de 16 h à 18 h 30, les enfants de Chamonix sont également invités à découvrir les animations du salon en exclusi-vité et à participer à l’une des deux activités ludiques et éducatives pré-sentées à cette occasion :• Pousse ta plante : un puzzle

ludo-écologique où l’on se démène pour prendre racine !

• Des maths et des jeux : du jeu in-soluble à la stratégie gagnante, venez découvrir les mathéma-tiques sous un nouveau jour !

De la confiturePetites cuillérées de savoir pour briller en société

oAujourd’hui mieux connu sous le nom de Risk, le jeu La Conquête du Monde a été créé en 1956 par Albert Lamorisse, réalisateur oscarisé du court- métrage Le Ballon rouge.

Auteurs : Collectif, sous la direction de Françoise Werckmannédition : SCEREN

n 2 questions à…

Thierry Wendling, en tant qu’anthro-pologue, vous étudiez le « contrat ludique », de quoi s’agit-il ?

Un contrat social passé entre les joueurs, contrat qui pré-existe aux règles. Dans ce contrat, souvent tacite, les joueurs décident de jouer ensemble, fixent un enjeu, choi-sissent de se confronter à certaines règles…bref, ils balisent ensemble l’expérience ludique qu’ils vont vivre. J’éclaire ce concept en étudiant certains cas limites dans lesquels le contrat ludique est soit inexistant soit pipé. Par exemple, les parties de sonnettes des enfants, ou le bonne-teau. Autre exemple, à mon sens, de contrat pipé : le cas des jeux utilisés à l’école… Un des cas que je déve-lopperai dans mon intervention.

Aboutissez-vous à des recomman-dations pour les pédagogues qui utilisent les jeux en contexte scolaire ?

Je ne suis pas pédagogue, et je ne fais pas d’anthropologie appliquée. Aux pédagogues, s’ils le souhaitent, de s’emparer de mes réflexions.

Retrouvez Thierry Wendling lors de la plénière aujourd’hui à 9 h 30.

rCauserie 2.0

Bruno Faidutti au #JIES2013 : « serious game » c’est un pléonasme déguisé en oxymore.

Matteo Merzagora@happymerz

#JIES2013 Pasquinelli : à quoi elle carbure ?? j’en veux une dose d’urgence ! #quelleenergie

Jean-Marc Galan@jeanmarcgalan

Slalom en version numérique

Retrouvez tous les numéros de Slalom 2013 sur notre site www.jies-chamonix.org à la rubrique Slalom !

la parole, pratiquer la réflexion et la distanciation. Il est ainsi com-posé de cinq parties qui sont autant d’outils et protocoles permettant d’organiser un débat.

Retrouvez Françoise Werckmann lors de la session Jeu et modifica-tion du comportement, vendredi à 9 h 30.

La citation du jour à débattre

« L’opposé du jeu n’est pas le sérieux mais la réalité. »

Sigmund Freud

Page 3: Slalom n° 2

Est-ce vraiment sérieux ?

Zefligue ? Vous avez dit Zefligue, bah mince alors, je ne pensais pas devenir un jour un Zefligue. Il a fallu que j’attende d’être aux JIES 2013 pour faire partie d’une guilde de gardiens verts. Nous avons reçu une quête ini-tiale, une mission, des points d’énergie vitale... Entre les maîtres dryde, borkx, frane... nous voici rapidement plon-gés dans cet univers fantastique. Enthousiasmée par la bonne ambiance qui règne au sein de la guilde, nous devons gagner les épreuves coûte que coûte : séduire une bibliothécaire, plonger les mains dans des contenants in-connus, résoudre des casse-têtes... On se croirait à Fort Boyard. L’accumulateur de collaboration se remplit. Les indices sont aussi énigmatiques que les épreuves. Mais petit à petit, nous arrivons à franchir les étapes... et cela crée une réelle cohé-sion d’équipe. Demain nous nous occuperons de remplir notre sac de voyage. Moi qui n’étais pas une convertie des jeux de rôle, me voilà prise au jeu.

t En direct d’Eurythmion

Z

pqRetour sur… la soirée d’hierEntre médiation scientifique et action sociale

Le jeu, ce n’est pas que du plai-sir. Dans son intervention,

Diego Rizzuto nous l’a montré sans détour. En Italie, les jeux de hasard font dépenser à chaque ci-toyen en moyenne 1 300 € par an. En moyenne. Et sans compter le casino ! Il y a sûrement une partie de ces joueurs (la plupart perdants, cela va de soi) contents de l’être, mais il n’est pas difficile d’imaginer qu’ils ne sont pas majoritaires. Les français, eux, se limitent à jouer 89 millions d’euros par jour. Parler de fléau social serait peut-être exagéré, mais nous n’en sommes pas loin. Le jeu pathologique est aussi une question de prise de conscience : la plupart des malades ne savent pas qu’ils le sont. C’est sur ce premier point qu’une association de vulga-risation scientifique peut jouer un rôle. Taxi1793, la structure basée à Turin créée par Diego, est sou-vent appelée par les associations qui luttent contre l’addiction au jeu pour entrer dans la discussion sur le jeu pathologique par une porte objective et donc protégée, celle des mathématiques. Comme hier soir au Majestic, ils présentent des questions de probabilité de façon ludique et interactive. On apprend qu’une probabilité de 1 sur 20 millions – celle de gagner au Loto, difficile à visualiser – fait qu’il est plus probable de mou-rir en allant acheter un billet de loterie que de gagner à la loterie.

On apprend, et on réfléchit. Pour peut-être choisir de jouer quand même (l’esprit n’est pas mo-ralisateur), mais de jouer en sachant ce qu’on fait. C’est une façon de coupler de la médiation scientifique des maths avec un enjeu de société non négligeable, qui semble avoir un impact plus important au niveau de la prévention. Elena Pasquinelli, de son côté, nous a bien introduit de façon flamboyante à une autre présence ambiguë et irrésistible : les écrans, et le langage avec le-quel ils ont appris à nous parler et nous flatter à travers les jeux. En détruisant des mythes très répan-dus, comme celui de la nouvelle génération de digital native, sans négliger les aspects pathologiques là aussi indéniables, et surtout en donnant le goût d’observer avec intelligence ce qui se passe autour de nous. Au fond, c’est ça la science et la médiation. b Un participant, un jeu

Atomes crochus est une adap-tation d’un quizz télévisé diffusé en première partie de soirée sur une chaîne nationale québécoise. Cette version maison est un jeu hilarant et rassembleur dans lequel vous devrez compléter des phrases lou-foques ou faire des associations de mots. Pour accumuler des points, vous devrez avoir des atomes cro-chus avec l’animateur pour être en mesure de deviner ses réponses. Aurez-vous assez d’atomes cro-chus pour gagner ?

Attention, les expressions dif-fèrent d’une culture à l’autre ! Par exemple, ce jeu transformera peut-être la petite souris en fée des dents ou encore le méchant loup en bon-homme sept heures !

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a)Retour sur… en vidéo

Retrouvez les vidéos des JIES sur YouTube http://bit.ly/18UAICX

Les outils des JIES

Fidèles à l’esprit d’échange et de partage entretenu pendant plus de 30 éditions, les JIES persistent et signent en s’appropriant les réseaux sociaux !

Retrouvez-nous et participez sur :

• Twitter Suivez les sessions, commentez les contributions et partagez l’information avec le mot-dièse #JIES2013

• Sched Personnalisez le programme et retrouvez les dernières mises à jour surjies2013.sched.org ainsi que les liens pour la prise de note collaborative

• FlickrDécouvrez les dernières images des Journées surwww.flickr.com/photos/groupe-traces/ et envoyez-nous vos propres clichés sur [email protected](objet : Flickr) pour qu’ils soient publiés en ligne

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édition Groupe Traces

Rédactrices en chef Vanessa Mignan et Meriem Fresson

équipe de rédaction Claire Stewart, Jean-Marc Galan, Matteo Merzagora, Virginie Thibaud

Directeur de la publication Richard-Emmanuel Eastes

Fondateur Hubert Desrues

Une manière de lutter contre le réchauffement climatique : se

brancher sur les énergies renou-velables (Soleil, etc.) et utiliser les combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel) uniquement comme minerais de carbone, c’est-à-dire matières premières de fabrication chimique. C’est urgent et indispensable. Cela implique aussi un changement culturel.

De différents côtés, actuellement, on voit se profiler des craintes concernant le climat de la Terre. En effet, notre Terre est chauffée par le rayonnement reçu du Soleil. Cette Terre chaude émet, vers l’Es-pace, du rayonnement thermique, notamment infrarouge, ce qui équi-libre sa température moyenne. Mais ce rayonnement infrarouge est frei-né par certains gaz de l’atmosphère dénommés « gaz à effet de serre », notamment le gaz carbonique (CO2).

La température moyenne de la Terre est donc liée à la concen-tration en CO2 dans l’atmosphère. Or, cette concentration augmente avec la combustion des combus-tibles fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel). Ceux-ci, en effet, sont des réserves de carbone dormant sous Terre depuis des millions d’années. Cette combustion des combustibles fossiles constitue donc un danger pour l’avenir du climat !

Alors que faire ? Il faut se souve-nir que, actuellement, une partie (quelques pourcents) des combus-tibles fossiles, réserve de carbone, sert à fabriquer des produits comme ce que l’on appelle les « plastiques », les fibres synthétiques, les caout-choucs synthétiques. C’est « l’usage chimique », à côté de « l’usage éner-gétique » des combustibles fossiles.

Il serait donc sage de prendre, dès maintenant, le rayonnement solaire comme source principale et

Culture, énergie et climatIvan Gillet, chimiste de l’université de Liège et humaniste, fut un participant assidu des Journées de Chamonix. Il vient de décéder ; il avait écrit quelque temps auparavant ce petit billet à l’intention du journal Slalom pour ces journées. Il reprenait une communication qu’il avait effectuée il y a quelques années quand cette question n’était pas encore d’actualité. Jojo Gillet, son épouse, autre participante « pilier » de ces Journées l’a remis à André Giordan pour publication. Le Comité d’organisation lui rend hommage.

Hommage à Ivan Gillet

de réserver ainsi les combustibles fossiles pour « l’usage chimique ». Cela permettrait de les prolonger grandement, d’autant plus que l’usage chimique permet souvent le recyclage.

Comment utiliser le rayonnement solaire comme source d’énergie ? Cela est déjà fait, depuis la nuit des temps, par la combustion du bois dont la croissance constitue un processus de stockage d’énergie solaire. Systématiser, rationnaliser et généraliser ce processus est donc une voie à suivre. Mais il y a aussi des procédés directs pour utiliser le Soleil comme source d’énergie utile.

Ivan Gillet †

kPing-pongQuestions croisées entre participants d’horizons différentsLisa Rougetet est doctorante au laboratoire Sciences, Sociétés, Cultures et leurs Évolutions (SCité-lab) à l’université de Lille 1. Elle étudie l’histoire des mathématiques et notamment l’histoire de la théorie combinatoire des jeux, des jeux de Nim et de la programmation des jeux combinatoires. Myriam Verzat est rédactrice, recherchiste et chef de projet chez CREO, entreprise qui produit et diffuse des outils de vulgarisation scientifique multiplateformes et innovants, à Montréal, Canada (@scienceenjeu).

Lisa Rougetet : Est-il déjà arrivé que ce que vous expliquiez au public à un certain moment de la médiation ait été remis en cause du fait que vous soyez une femme ? (moins de crédibilité, moins de respect, etc.)Myriam Verzat : Bonne question. Je me souviens davantage d’occasions où j’ai pu faire une activité avec un homme : on l’écoutera plus. Ceci dit, en termes de reconnaissance de la femme en tant que personne aussi compétente, l’entreprise dans laquelle je travaille est assez exemplaire : elle est

dirigée par deux femmes [ndlr : dont Caroline Julien, présente aux JIES]. Dans un milieu comme le jeu vidéo et l’informatique, c’est assez atypique. L. R. : Comment faites-vous pour trouver le juste équilibre entre « présenter une situation scienti-fique et tous ses enjeux » et « faire qu’un public de non-initiés » en sai-sissent l’essence et son importance ?M. V. : Ce que nous faisons dans les jeux que nous développons est de commencer par des étapes très faciles, en ayant beaucoup recours

dès le début à des encouragements, des récompenses. La confiance en soi qui est alors instaurée permet d’aborder ensuite des points plus pointus ou d’autres facettes. Par exemple, en ce moment, nous tra-vaillons à un jeu sur les MST. Le joueur se met dans la peau d’un mé-decin. Au début du jeu, il pourrait prendre peur et se dire qu’il n’a pas les connaissances suffisantes pour jouer ce rôle. C’est pourquoi il n’est pas seul à cette étape : pour son pre-mier patient, il est accompagné d’un autre médecin.