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Señor San Jerónimo,suelte usted la piedracon que se machaca.

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ESQUISSE POUR UNE HISTOIRE DE LATRADUCTION EN ESPAGNE

HENRI VAN HOOFComité pour l'Histoire de la Traduction de la FIT

Lauréat du Prix FIT - IBC 1996

Des diverses occupations de la pénin-sule ibérique qui se sont succédé avantl'arrivée des Romains —Phéniciens, Grecs,Carthaginois sur les côtes, Ligures et Cel-tes à l'intérieur— aucune langue n'a sur-vécu. A l'inverse, lorsque Rome, profitantde la deuxième guerre punique, conquitl'Espagne en 219 av. J.-C., la latinisationdu pays fut profonde et la pax romana yrégna jusqu'à l'invasion barbare. Le déve-loppement culturel y atteignit un niveautrès élevé, au point que, dès le premiersiècle de notre ère, plusieurs grands écri-vains latins étaient d'origine espagnole:Sénèque le rhéteur, son fils Sénèque lephilosophe et son petit-fils, le poète Lucain(tous nés à Cordoue), le rhéteur Quintilien(né à Calahorra), le poète Martial (né àBilbilis, dans le Nord), ami de Silius Itali-cus (25-101), riche amateur d'art d'origineespagnole lui aussi, connu pour sa traduc-tion de l'Iliade (75-80) d'Homère du grecen latin. La christianisation, apparue au IIe

s., était déjà fortement implantée au IVe,comme en témoignent les poètes chrétiensJuvencus (Caius Vettius Aquilinus) etPrudence (Aurelius Prudentius Clemens),ainsi que le pape Damase (366-384), celui-là même qui chargea saint Jérôme de révi-ser l'ancienne version latine des Ecritures,tous trois Espagnols eux aussi.

A L'AUBE DE LA TRADUCTION

En 409, les peuples barbares —Alains,Suèves, Vandales— envahirent la pénin-sule, bientôt remplacés par les Wisigoths,

les quels adoptèrent la culture latine, supé-rieure à la leur. Seule subsistait une opposi-tion religieuse entre l'arianisme des Wisi-goths et le catholicisme des Hispano-Romains, opposition qui ne disparut qu'àla conversion du roi Reccared (587).L'Eglise acquit alors une autorité plusgrande encore et une intense activité théo-logique et intellectuelle s'ensuivit, alimen-tée par des traductions comme SententiaePatrum Aegyptiorum, Capitula ex OrientaliumSynodis et Apophtegmata Patrum (ca. 560)que donnèrent du grec San Martin et Pas-casio, deux moines du monastère de Du-mio, et couronnée par l'oeuvre encyclopé-dique d'un Isidore de Seville.

Le royaume wisigothique s'effondraavec l'invasion des Arabes, qui, en septans, occupèrent toutes les terres habitées.La population s'accommoda assez facile-ment de leur présence car ils faisaientpreuve de tolérance en religion. Beaucoupd'Espagnols embrassèrent l'Islam, d'autresémigrèrent vers les Etats chrétiens duNord, d'autres encore —appelés Mozara-bes— conservèrent la foi catholique tout enparlant la langue de l'occupant. Les Om-meyades firent régner sur leurs territoires,en particulier en Andalousie où Cordouedevint non seulement un centre religieuxmais aussi un grand foyer intellectuel avecune bibliothèque de quelque 400.000 ma-nuscrits, une civilisation brillante et origi-nale où deux langues s'influençaient mu-tuellement et trois religions (catholique,musulmane et juive) vivaient côte à côte.En 946, Isaac Velasquez, chrétien de Cor-doue, mit les Evangiles du latin en arabe à

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la demande de l'évêque de Seville, afin queles fidèles puissent les comprendre. Dans ledomaine scientifique, c'est du grec enarabe que le médecin hispano-arabed'origine juive Hasdai ben Schaprout (915-970), qui fut ambassadeur du calife deCordoue, traduisit la Matière médicale deDioscoride en collaboration avec le moinebyzantin Nicolas.

Depuis 718, la reconquête chrétienne del'Espagne avait commencé et les repeu-plements qui l'accompagnaient favorisè-rent le progrès des divers dialectes romansissus des variétés de latin vulgaire prati-quées dans les régions montagneuses quiavaient résisté aux Arabes: galicien, léo-nais, navarrais, aragonais, catalan, cas-tillan. Lorsque le petit royaume fondé parle comte de Castille à la fin du Xe s. s'unit,en 1037, à ses voisins pour former leroyaume de Castille et León, le castillan endevint la langue officielle. Dorénavant, ilallait concurrencer le latin, qui restaitmalgré tout la langue de la culture et, par-tant, celle de la traduction.

Les premières ébauches de traductionde l'arabe en latin se seraient faites vers lemilieu du Xe s., sous la forme de résumés,souvent d'oeuvres scientifiques, sans men-tion de l'auteur ou du traducteur. La pre-mière traduction signée serait l'oeuvre d'unjuif, Moses Sefardi, baptisé en 1106 àHuesca sous le nom de Pedro Alfonso;parcourant le monde à la recherche demanuscrits arabes, il réunit des contesorientaux qu'il traduisit sous le titre Disci-plina clericalis. Non loin de là, à Tarazona,le clerc Hugues de Santalla traduisit pourl'évêque Michel, intronisé dans cette villeaprès sa reconquête en 1119 par Alphonse1er. Celui-ci repeupla la vallée de l'Ebreavec des Mozarabes venus d'Andalousie,qui servirent de trait d'union culturel.Ainsi s'esquissèrent dans la région lesdébuts d'un mouvement de traduction, quiculminera au XIIe s. avec l'École de To-

lède. Mais d'autres centres auraient existéaussi à León, à Pampelune, à Ségovie, àBarcelone, où travailla notammentl'astronome et mathématicien judéo-espagnol Abraham Savasorda (7-1136), néet mort dans cette ville, auteur d'un traitéd'arpentage qu'il mit lui-même de l'hébreuen latin sous le titre Liber embadorum avecl'aide de l'Italien Platon de Tivoli ; il tra-duisit aussi de l'arabe en castillan le livrede l'astrolabe d'Ibn al-Saffâr, dont Platonde Tivoli assura la version latine. A Bar-celone encore, le moine et astrologue Lupi-to mit de l'arabe en latin le De multiplicatio-ne et divisione numerorum de Joseph Hispa-nus.

LE PREMIER ÂGE D'ORDE LA TRADUCTION

Tolède, libérée seulement en 1085 parAlphonse VI, avait eu le temps en quatresiècles d'occupation de se transformer enun centre culturel important. Peu après laReconquista, l'archevêque Raymond, quidirigea l'Eglise de Tolède de 1125 à 1152,se mit à encourager les traducteurs dans ledessein de combattre l'Islam sur le plan desidées en faisant traduire ses écrits. C'estainsi que débuta l'activité de ce qu'on aappelé l'École de Tolède (1130), bien qu'iln'y ait apparemment jamais eud'organisation institutionnalisée et centra-lisée comme le fut la Maison de la Sagessecréée à Bagdad par Haroun al-Rachid (786-809) et Al-Mamoun (814-833) pour pro-mouvoir la traduction des ouvrages scienti-fiques et philosophiques grecs.

Tolède attira de nombreux lettrés detoute l'Europe, qui oeuvrèrent aux côtésdes traducteurs espagnols. Parmi ceux-ci,Jean d'Espagne (Johannes Hispanus), juifconverti, et Domenico Gonzalva, chanoinede la cathédrale de Tolède connu aussisous le nom de Gundisalvi, furent les pre-miers collaborateurs de l'archevêque Ray-

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mond pour les textes philosophiques, en1140 déjà. Gundisalvi faisait traduire ora-lement le texte arabe en castillan ets'occupait de la version latine. On leur doitla Métaphysique (De anima) et le Livre de laguérison du philosophe et médecin Avi-cenne (Ibn Sina), la Fons vitae du philoso-phe judéo-espagnol Avicébron (Salomonben Gabirol), les écrits mystiques du philo-sophe musulman Al-Ghazâli. Le Moza-rabe Jean de Seville (Johannes Hispalensis,1110-1180) et Domingo González, archi-diacre de Ségovie, procédaient de mêmepour les textes scientifiques, le premiertraduisant en castillan et confiant le latinau second; ils auraient ainsi produit le DeNumero Indorum du mathématicien et as-tronome perse Al-Khwârizmi, qui est àl'origine de la mise au point définitive deschiffres arabes, le Traité de la conjonction desplanètes d'AI-Khabiri, etc. Jean de Sevilleaurait aussi traduit du grec Y Almageste deClaude Ptolémée en collaboration avecGérard de Crémone. Pierre de Tolède fitpartie du groupe constitué par Pierre laVénérable pour traduire le Coran (ca.1141); on lui doit aussi une version latinede Y Apologie du philosophe Ishaq al-Kindi.Plus tard, Marc de Tolède, qui aurait étu-dié la médecine en Italie ou en France,s'attaqua à l'oeuvre de Galien et proposaune nouvelle version du Coran (1210) supé-rieure à celle de ses prédécesseurs. Alvarod'Oviedo serait l'auteur de la premièretraduction latine d'un traité théologiquemusulman, la Confession de foi d'ibn Tru-mart, exécutée à la demande del'archevêque Rodric (1202-1247) qui avaitsuivi la voie tracée par Raymond.

Une activité traduisante existait aussi endehors de l'École de Tolède, singulière-ment dans les communautés juives, et lerôle joué par la traduction de l'arabe enhébreu ne doit pas être oublié. Elle eutpour représentants l'exégète et grammai-rien Abraham ibn Ezra (1089-1167), qui

possédait l'arabe, l'hébreu, le latin et lecastillan; le rabbin Joseph Kimchi (1110-1175), qui par ses traductions d'ouvragesarabes et du traité sur les Devoirs du coeur deBahiâ raviva l'intérêt de ses coreligionnai-res pour la littérature judéo-espagnole;Jehuda ibn Tibbon (XIIe s.), qui traduisit leLivre de l'ennoblissement des propriétés (1167)d'Avicébron, YEpître aux Yéménites, leGuide des égarés (ca. 1190) et le Discours surla résurrection des morts de Maimonide,Y Introduction aux devoirs du coeur (1160)d'ibn Paqûda, etc.; son fils Samuel signaune nouvelle version du Guide des égarés(1209) et son petit-fils Moïse traduisit lesCommentaires sur Aristote d'Avenues ainsique les Eléments d'Euclide; le rabbin Jehu-da al-Harizi (7-1235), né à Jerez, mit enhébreu les Makâmat (Conférences) del'écrivain et grammairien Al-Hariri; lerabbin et philosophe Jedaiah Happenini(1250-1298), né à Barcelone, se fitl'interprète des philosophes arabes.

C'est Maimonide (1135-1204), philoso-phe juif de Cordoue, qui, recueillant lalongue expérience des traducteurs arabes etjuifs, fut le premier à livrer des considéra-tions sur la primauté du sens en traduction,rejoignant en quelque sorte ce que saintJérôme avait dit dans sa lettre De óptimogenere inferpretandi.

ALPHONSE X LE SAGEET LA PRIMAUTÉ DU CASTILLAN

Outre l'hébreu, tous les lettrés juifs maî-trisaient l'arabe et le castillan. Ce seraientmême les collaborateurs juifs d'AlphonseX (1221-1284) qui auraient incité le roi àfavoriser le castillan au détriment du latinet à suggérer la traduction de Y Ancien Tes-tament directement de l'hébreu en castillan(ca. 1260). Désireux d'exploiter les riches-ses de la culture arabe au bénéfice de laculture espagnole, Alphonse X encouragea

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l'activité traduisante à l'instar del'archevêque Raymond et de ses succes-seurs, mais en outre il prit sur lui la fonc-tion de correcteur de la langue castillane. Ilfît ainsi réaliser de nombreuses traductionsdans les domaines qui l'intéressaient, enparticulier l'astrologie et l'alchimie, parmilesquelles les tables astronomiques d'Al-Battâni, la Configuration du monde du physi-cien et mathématicien Al-Hazîn, le Ghâyâtal-Hakûn, ouvrage de l'alchimiste madri-lène Al-Majriti, etc. Il employait aussi biendes juifs arabisés, comme Rabbi Cag, Mo-se ha-Cohen et Abraham de Tolède, quedes Arabes convertis ou des Mozarabes,comme Bernard l'Arabe. C'est à deuxtraducteurs aussi, Judas ben Mosé et Isaacben Sîd, qu'il confia la composition desfameuses Tables alphonsines et c'est JehudaMoche qu'il chargea de mettre en castillanle traité d'astrologie d'Abi Abenragel, Ellibro complido de los indizios de las estrellas.Dans un tout autre domaine, enfin, unetraduction remarquable est celle des fablesde Bidpay faite d'après la version arabed'Al-Muqaffa sous le titre Livre de Kalila etDimna.

Alphonse X, l'un des princes les pluséclairés de son temps, non seulement pa-tronna de sa royale autorité la langue cas-tillane mais en fixa aussi la prose. C'estd'ailleurs à son époque que la littératureespagnole, dont les débuts ne remontentqu'au XIIe s. {Cantar de mió Cid, ca. 1150),prit son essor. Le premier auteur dont lenom soit connu est le moine poète Gon-zalo de Berceo (ca. 1198-1264): la plupartde ses vies de saints et de ses poèmes enl'honneur de la Vierge seraient des traduc-tions. Dans cette période de formation dela littérature comme de la nation, qui en-globe les XIVe et XVe siècles jusqu'àl'installation des rois catholiques, l'activitétraduisante semble avoir été quelque peuen veilleuse. Quelques traductionsd'oeuvres latines émaillent le XIVe siècle:

celles de l'historien Pedro López de Ayala(1332-1407), qui se fit l'interprète de Tite-Live, de Boccace, du pape Grégoire leGrand; de Jacme Conesa, qui mit en cas-tillan la Historia Troyana (1367) du chroni-queur sicilien Guido délie Colonne; deFerrer Sayol, qui traduisit La Agricultura(1385) de l'agronome Palladius.

Pour aider ses coreligionnaires dans lescontroverses avec les chrétiens, le médecinet philosophe hispano-arabe d'origine juiveIsaac ibn Schaprout mit en hébreul'Evangile de saint Mathieu (Besorah Mat-tai) et des parties des trois autres évangiles.Au début du XVe siècle, Pedro de Toledotraduisit de l'hébreu More, el Moysen deEgipto (ca. 1415) de Maimonide. Quelquestraductions du grec firent leur apparition:La Yliada de Hornero (ca. 1438) par le poèteet chroniqueur royal Juan de Mena (1411-1456), La Iliada de Hornero (1442) parl'archevêque et homme d'Etat Pedro Gon-zález de Mendoza (1428-1495), qui tradui-sit aussi du latin des oeuvres de Virgile,Ovide et Salluste, La Philosophia moral (ca.1455) d'Aristote par le prince Carlos deViana, le Fedón (ca. 1455) de Platon —mais sur la version latine de l'humanisteitalien Leonardo Bruni— par Pedro Díazde Toledo, qui traduisit encore trois centsproverbes et sentences (1482) du philoso-phe latin Sénèque. L'homme politique etécrivain Enrique de Aragón, marquis deVillena (1348-1434), est un autre interprètedu latin, avec YEneida (1427) de Virgile etdes poésies d'Horace, mais il traduisit ausside l'italien la Divina Commedia de Dante.

Il faut savoir que, suite a la conquête deNaples par le roi d'Aragon, en 1443,l'Espagne lettrée découvrit l'Italie et ensubit l'influence dans ses goûts littéraires.Le chevalier íñigo López de Mendoza(1398-1458), l'un des deux grands poètesdu XVe siècle, fut un imitateur des Italiens.Joignant l'activité d'un homme de guerre àcelle d'un homme de lettres, il rassembla

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une riche bibliothèque et s'entoura desavants auxquels il recommandait de fairedes traductions. Lui-même traduisit dulatin des poésies d'Horace, qui marquèrentson entrée en littérature, YEneyda de Vir-gile, les Transformaciones d'Ovide et lesTragedias de Sénèque.

Ce siècle vit par ailleurs apparaître lespremières traductions intéressant le cata-lan: Ferrando Valentí, professeur à Major-que, signa la Traducció de les Paradoxa(1450) de Cicerón; Bonifacio Ferrer publiaune traduction de la Bible (1478), qui futdétruite par l'Inquisition en 1498; l'oeuvrede Villena intitulée Los doce trabajos deHércules (1417) a été traduite du catalan.Quant au roman Amadis de Gaule (1493) deGarcía Ordóñez de Montalvo, il aurait ététraduit du portugais.

DES ROIS CATHOLIQUES À L'ÂGED'OR DE LA LITTÉRATURE

En 1474, l'union des royaumes de Cas-tille et d'Aragon renforça la prédominancedu castillan, qu'Antonio de Nebrija dotade sa première grammaire en 1492. Cettedate marqua aussi la fin de la Reconquista,avec la prise de Grenade par Isabelle,l'expulsion des juifs et la persécution desMaures. A l'inverse de ce qui se produisitdans toute l'Europe de la Renaissance, enEspagne le dialogue cessa et la péninsulene connut pas la Réforme, car l'ordre établipar les souverains catholiques était assezfort pour la rendre impossible: l'Inquisitionremise en vigueur par Ferdinand, en 1478,faisait régner la terreur religieuse. C'estdans ce climat que s'ouvrit le XVIe siècle etque commença, pour la littérature espa-gnole, un âge d'or qui fleurirait del'avènement de Charles Quint (1519) à lamort de Philippe IV (1665).

Quelles furent, dans ces conditions, lesorientations prises par la traduction? De

beaux esprits se penchèrent sur le proces-sus de traduction pour essayer d'en définirla nature, tel l'humaniste Juan Luis Vives(1492-1540) dans le chapitre Versiones ointerpretaciones de son Arte de hablar (DeRatione dicendi, 1532). Des érudits tentèrentde créer un théâtre littéraire et savant enadaptant des pièces grecques et latines. Ondoit ainsi au moraliste Fernán Pérez deOliva (1492-1530), recteur de l'universitéde Salamanque, des traductions des tragé-dies Electre de Sophocle et Hécubed'Euripide, ainsi que de la comédie Amphy-trion de Plaute. Dans le même esprit, legrammairien Pedro Simón Abril (1530-1595) donna les Comédies de Térence; enoutre, il traduisit les Lettres de Cicerón etplusieurs oeuvres grecques, parmi lesquel-les la Politique et VEthique (ca. 1580)d'Aristote et les Fables d'Esope. Autresinterprètes du grec, l'homme d'Etat Gon-zalo Pérez pour l'oeuvre homérique, etDiego Graciân, auteur de la premièretraduction espagnole des Oeuvres morales(1542) mais aussi des Apophtegmes (1533)de Plutarque et d'ouvrages des historiensgrecs Thucydide et Dion Cassius et del'historien latin Justin. Plutarque fut en-core traduit par le théologien luthérienFrancisco de Enzinas (Dryander,15201552), qui commit de plus une versiondu Nouveau Testament (1543) dont CharlesQuint accepta la dédicace avant de la dé-noncer à l'Inquisition à l'instigation de sonconfesseur.

Le domaine religieux est encore repré-senté par L'Echelle sainte de saint JeanClimaque, traduite du grec, et Y Imitation deJésus-Christ de Thomas a Kempis, traduitedu latin par le théologien et prédicateurdominicain Luis de Granada (1504-1588);par YEnquiridon o manual del caballero cris-tiano (1526) traduit d'Erasme par AlonsoFernández de Madrid; par la versionqu'Antonio Barba donna du De conuenien-tia militaris disciplinae cum Christiana religione

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dialogus qui insaibitur Démocrates (1541) del'historien Juan de Sepúlveda; par la Tra-ducción literal y declaración del Libro de losCantares (ca. 1561) de Salomon due aumoine augustin Luis de León (1527-1591),ce qui lui valut d'être dénoncé àl'Inquisition par le dominicain BartoloméMedina; par les Meditaciones, Soliloquios yConfesiones traduites de saint Augustin parle jésuite Pedro de Ribadeneyra (1527-1611); par une nouvelle version de la Bible(1569) due à Cassiodoro de Reyna et révi-sée en 1602 par Cipriano de Valera.

On voit que si certains traducteurs dulatin s'intéressaient toujours aux Anciens—et c'est encore le cas de Martín Laso deOropesa, qui mit en espagnol La Farsalia(ca. 1530) de Lucain, de l'historien Anto-nio de Herrera (1559-1625), qui se fitl'interprète de Tacite, ou de l'hommed'État Antonio Pérez (1534-1611), auquelon doit une nouvelle version des Transfor-maciones d'Ovide —d'autres se tournaientdéjà vers les auteurs néo-latins contempo-rain— et c'est encore le cas du juriscon-sulte Gaspard de Baeza, qui traduisit lesouvrages de l'historien italien Paolo Gio-vio (Paul Jove), ou du chroniqueur Garci-laso de la Vega (1539-1616), dit l'Inca, quimit à son actif une version des Diálogos deamor (1590) de Judas-León Abravanel, ditLéon l'Hébreu. Quant au jésuite et histo-rien Juan de Mariana (1535-1624), il sechargea lui-même de mettre en espagnolles vingt-cinq volumes de son Histoire géné-rale d'Espagne (1592) qu'il avait écrite enlatin.

L'âge d'or, qui vit la naissance du mys-ticisme littéraire, de la veine picaresque etde Cervantes, dont le Don Quichote a béné-ficié de quelque 1.200 traductions en 40langues (y compris le gaélique, le letton, lejavanais et le sanskrit!), connut aussi unrajeunissement de la poésie lyrique parl'imitation des Italiens. Il ne faut donc pass'étonner si plusieurs poètes se livrèrent à

des traductions de l'italien. Juan BoscánAlmogáver (1495-1542) fut de ceux-là:militaire de carrière, il servit sous CharlesQuint en Italie, où il apprit la langue; ilintroduisit en Espagne les formes et lesmètres italiens et signa plusieurs traduc-tions, parmi lesquelles II Cortegiano. Loscuatro libros del Cortesano (1543) de BaltasarCastiglione, qu'il avait rencontré là-bas.Gutiérrez de Cetina (1520-1557), poètepétrarquisant, qui vécut longtemps enItalie, se fit l'interprète de nombreux poè-tes de la Renaissance. Luis Gàlvez deMontalvo (1549 1591), auteur de poésiespastorales, mit à son actif une version de laJérusalem délivrée du Tasse. Le médecin etpoète andalou Luis Barahona de Soto(1548-1595), qui avait déjà donné unetraduction quasi littérale des Fábulas deVertumno et de YActéon d'Ovide, publiaencore sous le titre La primera parte de laAngélica (1586) une imitation de VOrlandofurioso de l'Arioste, qui fut très appréciéepar Cervantes et Lope de Vega. Al'inverse, l'historien Alfonso de UUoa (?-1580), qui vécut à Venise, mit en italien denombreux ouvrages espagnols, notammentl'Histoire de la vie de Christophe Colomb(1571) écrite par le navigateur lui-même.

LA TRANSITION D'UN AGE GRIS

Vu sous l'angle de la traduction, leXVIIe siècle, qui prolonge un âge d'or dontla fin est dominée par le gongorisme et lethéâtre (Tirso de Molina, Calderón), nediffère guère de la période précédente. Ontraduisit encore du grec: les Odesd'Anacréon trouvèrent des interprètes dansles poètes Francisco de Quevedo (1580-1645) et Esteban de Villegas (1595-1669).Ce dernier traduisit encore des oeuvresd'Horace, comme le firent aussi le poèteBartolomé Argensola (1562-1631) et legrammairien Francisco Cáscales (1564-

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1642), auquel on doit une version de Y Arspoética. Autres traductions du latin, LaTebaida (ca. 1603) de Stace par Juan deArjona, terminée par Gregorio Morillo,Apología y todas las obras (1644) du théolo-gien Tertullien par Fray Pedro Mañero,des oeuvres de Tacite par le général ethistorien Carlos Colonna (15731637), De lavida y acciones de Alejandro el Grande (1699)de Quinte-Curce par Mateo Ibáñez deSegovia y Orellana, une nouvelle versionde la Pharsale de Lucain par le peintre etpoète Juan de Jáuregui y Aguilar (1587-1641). Les auteurs néo-latins égalementtrouvèrent encore des interprètes, tel lepoète gallois John Owen, dont Franciscode la Torre traduisit les Agudezas (1674).Jáuregui, qui pour les besoins de sa pein-ture avait passé la première moitié de savie à Rome, traduisit en outre de l'italien lacomédie pastorale Aminta (1607) du Tasse.Les traductions de l'italien se diversifièrentcar, à côté d'une version en vers de la tragi-comédie pastorale II Pastor Fido (1609) deBattista Guarini par le poète CristóbalSuárez de Figueroa (1586-1650), on relèveune Historia de las Guerras civiles en Francia(1660) de l'historien Enrico Davila traduitepar Basilio Varen de Soto. D'autre part, leslangues traduites se multiplièrent, commeen témoignent Las Memorias de Felipe deComines, señor de Argentan (1643) du chro-niqueur Philippe de Comines, traduites dufrançais par Juan Vitrian, chapelain du roiPhilippe IV, et la Filosofía Moral (1682) deManuel Tesauro, traduite du portugais parGómez de la Rocha y Figueroa.

Le règne de Charles II marqua le débutde la décadence et si Philippe V sortitvictorieux de la ruineuse Guerre de Suc-cession (1701-1715), ce fut au prix d'uneEspagne exsangue. En littérature commedans les autres domaines, le pays était isolédu reste de l'Europe. Certains esprits,pourtant, se tournèrent vers l'extérieur:l'élite des lettrés adopta les doctrines fran-

çaises et c'est en s'inspirant aussi de laFrance que le roi Philippe V fondal'Académie de la langue espagnole. Il n'estdonc pas surprenant si l'oeuvre principalede l'écrivain Ignacio de Luzán (1702-1754), appelé le chef des Afrancesados, futun Art poétique (1737) imité de Boileau. Iln'est pas surprenant non plus de voir proli-férer les traductions du français Le jésuiteJosé Francisco Isla de la Torre y Rojo(1703-1781) traduisit non seulement leCompendio de la Historia de España (1758) duR. P. Duchesne et YHistoria del EmperadorTeodosio el Grande (1783) de Valentin-EspritFléchier, évêque de Nîmes, mais aussi leroman Gil Blas de Lesage, et cela sous untitre qui ne laisse aucun doute sur sondessein: Aventuras de Gil Blas... robadas aEspaña y adoptadas en Francia por M. LeSage, restituidas a su patria y a su lengua nati-va por un Español zeloso, que no sufre que seburlen de su nación (1787-88); la thèse d'Islaétait que Le Sage avait utilisé un originalespagnol perdu. Le littérateur et naturalisteJosé Clavijo y Fajardo (1730-1806) mit enespagnol l'Histoire naturelle de Buffon.Nicolas de Aquino traduisit El deísmo refu-tado por sí mismo (1777) du théologienNicolas Bergier. L'écrivain satirique FélixMaria Samaniego (1745-1801), qui étudiaen France et que l'Inquisition condamna àterminer sa vie dans un couvent en raisonde l'irréligiosité de ses écrits, adapta descomédies de Molière. Celui-ci trouva en-core un interprète en la personne du dra-maturge Leandro de Moratin (1760-1828),qui dirigea le Bureau des Traductions auMinistère des Affaires étrangères et auquelon doit Mogigata (1804), imitée de Tartufe,L'École des maris (1812) et i> Médecin malgrélui (1814) mises au goût espagnol.

Parmi les traductions de l'italien, onnote le Retrato crítico de la Corte y del Corte-sano (1753) de Francesco Frugoni parFrancisco Mariana Cacigal et le Compendiode Filosofía moral (1785) de Francesco Za-

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netti par la marquise de Espeja. L'anglaisétait venu s'ajouter aux langues traduites:le diplomate José Nicolás de Azara (17311805) mit en espagnol la Historia de la vidade Marco Tullio Cicerón (1790) du critiqueConyers Middleton, et l'on retrouve Moratincomme interprète de Shakespeare —dont ilprétendit "discipliner la sauvagerie"— dansune version de Hamlet (1792).

Ces orientations nouvelles n'enlèvent rienà l'intérêt que les traducteurs portent tou-jours au grec et au latin. Ignacio GarciaMalo publia une nouvelle version de LaHiada (1788) d'Homère; Antonio Ranz Ro-manillos traduisit Isocrate sous le titre Ora-ciones y cartas del padre de la eloquencia, Isóaates(1789), Francisco Patricio de Berguizass'attaqua aux Obras poéticas (1798) de Pin-dare. L'écrivain Tomás de Iriarte (1750-1791), qui fut traducteur officiel de l'État etqui mit en espagnol de nombreux ouvragesfrançais dont il s'efforça ensuite d'enrayer ladiffusion, signa de plus une nouvelle versionde Y Ars poética (1777) d'Horace pour défen-dre les théories néoclassiques alors en vogue;Cristóbal Coret y Péris traduisit du néo-latinles Diálogos (1723) de l'humaniste et philoso-phe espagnol Juan Luis Vives. Dans le do-maine religieux parurent deux nouvellesversions de la Bible, l'une faite par un certainPère Scio pour le roi Charles IV, l'autre —réputée remarquable— par l'évêqued'Astorga, Félix Torres Amat (1772-1847).

Enfin convient-il de signaler un ouvrageconsacré à la pratique de la traduction, Artede traducir el idioma francés al castellano (1776)de l'historien et philologue Antonio deCapmany (1742-1813), membre del'Académie royale.

A L'OMBRE DELA RÉVOLUTION FRANÇAISE

La Révolution française eut ses réper-cussions dans la Péninsule. Tout au longdu XIXe siècle, des mouvements libéraux

tentèrent de donner à l'Espagne des struc-tures calquées sur l'étranger et son histoirese résuma bientôt à une lutte incessanteentre absolutisme et libéralisme, parseméed'insurrections sanglantes qui entraînèrentl'exil de nombreux intellectuels et écri-vains. Ce sont ces exilés, ramenés avec lamonarchie au début du siècle, qui introdui-sirent le romantisme en Espagne. Juan deEspronceda (1810-1842), le type parfait duromantique, s'enthousiasma pour Byronpendant son exil en Angleterre et l'imitadans sa poésie. L'écrivain Antonio AlcaláGaliano (1789-1865), réfugié en Angleterreà l'arrivée des armées napoléoniennes(1808), traduisit les Poemas dramáticos(1886) de Byron. Les premières oeuvrespour le théâtre de Gil y Zarate (1786-1861), qui fit ses études en France, furentdes traductions de pièces françaises,comme Cuidado con las novias et El Entreme-tido (1825). Juan Hartzenbusch (1806-1888), d'origine allemande, créateur dudrame romantique en Espagne, traduisit del'allemand des pièces de Schiller et deLessing. J. A. Pérez Bonalde mit en espa-gnol El Cancionero (1885) du poète Hein-rich Heine, le dernier des romantiquesallemands. Le romancier Eugenio deOchoa (1815-1872), grand défenseur desprincipes du romantisme, qui partagea savie entre Madrid et Paris, se fit l'interprètede Victor Hugo (Bug Jargal, Hernani, Notre-Dame-de-Paris), mais aussi de Chateau-briand, Lamartine, Alexandre Dumaspère, George Sand, etc. En outre, il tradui-sit de l'anglais les romans de Walter Scott.

Après le romantisme, qui domina jus-qu'aux environs de 1850, une tendance auréalisme se dessina avec le poète GustavoAdolfo Bécquer (1836-1870), qui dut àcertains moments de son existence misé-reuse recourir a la traduction comme ga-gne-pain. D'ailleurs, plusieurs auteursvenus de disciplines diverses eurent uneactivité de traducteur. Pour le français, le

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poète et diplomate Juan Bautista Arriaza(1770-1837), qui précéda encore le roman-tisme, produisit une nouvelle version deY Art poétique (1807) de Boileau; le drama-turge Manuel Tamayo y Baus (1829-1898),qui inaugura le théâtre d'observation,adapta la pièce Geneviève de Brabant (1841)d'Anicet Bourgeois; Marcel Proust futrévélé par les traductions de Mario Ver-dáguez. Pour l'anglais, Jean Brouta fut lepremier à faire connaître le théâtre deBernard Shaw; l'historien Pascual Gayan-gos y Arce (1809-1897), qui rédigea laplupart de ses ouvrages en anglais, publiaune traduction de l'Histoire de la littératureespagnole (185156) de son confrère améri-cain George Ticknor; autre traduction d'unauteur américain, mais dans un tout autredomaine, celle de Leaves of Grass du poèteWalt Whitman par Concha Zardoya. Pourl'allemand, on retrouve Tamayo y Baus,qui adapta la Jungfrau von Orleans, pièce deSchiller, sous le titre de Jeanne d'Arc (1847)et exerça aussi son activité d'adaptateur encollaboration avec d'autres auteurs, parmilesquels Manuel Cañete (1822-1891) etAureliano Fernández Guerra (1817-1894);le romancier et diplomate Juan Valera yAlcalá Galiano (1824-1905) donna duFaust de Goethe une traduction d'un styleremarquable; José Herrera publia des Poe-sías y fantasías (1883) de Heine; FranciscoGiner de los Ríos (1839-1915), l'un desrares philosophes de l'époque et propaga-teur de la doctrine panthéiste de l'allemandKarl Krause, traduisit de celui-ci le Com-pendio de estética (1874).

Faut-il conclure, à l'énumération detoutes ces traductions du français, del'anglais, de l'allemand, que les languesanciennes étaient abandonnées? Aucune-ment, et parmi les interprètes du grec re-viennent les noms de Juan Valera et RanzRomanillos, le premier pour une versiondu roman Daphnis et Chloé de Longus, lesecond pour celle des Vidas paralelas (1821)

de Plutarque: l'érudit José Gómez Hermo-silla (1771-1837) signa une nouvelle tra-duction de La Iliada (1831) d'Homère; lecritique Marcelino Menéndez y Pelayo(1856-1912) mit en espagnol des tragédiesd'Eschyle et traduisit aussi du latin desoeuvres de Cicerón et d'Horace. Des Poe-sías (1820) d'Horace parurent encore sousla plume de Javier de Burgos, tandis queLuis Folgueras Sión donnait les Satires(1817) de Juvénal et que Gómez Hermo-silla ajoutait à son actif une nouvelle ver-sion de YEneida de Virgile. On relèvemême encore des traduction de l'hébreu,comme les Libros poéticos de la Biblia (1819-28) de González Carvajal, et l'on voitapparaître des traductions d'oeuvres écritesdans des idiomes espagnols autres que lecastillan, telle celle du drame El Místico del'auteur catalan Santiago Rusiñol, traduitepar le dramaturge Joaquín Dicenta (1860-1917).

LE XXe SIÈCLE, NOUVEL ÂGE D'ORDE LA TRADUCTION

Le désastre de la guerre hispano-américaine (1898) provoqua une vive réac-tion des intellectuels et des écrivains, quien appelèrent à l'unité pour rendre àl'Espagne un destin digne de son passé.Mais le cadre politique du XXe siècle de-meura confus et à un pouvoir dictatorial dedroite succédèrent la révolution, l'abolitionde la monarchie, une république de gaucheet, enfin, la guerre civile et le franquisme,qui une fois de plus furent le signal de l'exilpour beaucoup. Ces temps troublésn'empêchèrent pourtant pas la littératured'atteindre un niveau de qualité qu'ellen'avait plus connu depuis longtemps. Plu-sieurs de ses grands noms forcés à l'exil serévélèrent aussi d'excellents traducteurs.

Le Prix Nobel Juan Ramón Jiménez(1881-1958) se fît l'interprète de Romain

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Rolland; le poète Jorge Guillen (1893-1984) traduisit avec maestria le Cimetièremarin de Paul Valéry, ainsi que des oeuvresde Jules Supervielle, Stéphane Mallarmé,Paul Claudel, Jean Cassou, etc.; le poète etcritique Pedro Salinas (1891-1951), quitransposa en espagnol moderne le Poemadel Cid (1925), signa par ailleurs de nom-breuses traductions des poètes Henri deRégnier et Albert Samain, des romanciersMarcel Proust et Henry de Montherlant,l'écrivain Francisco Ayala (1906)s'intéressa aux oeuvres de Benjamin Cons-tant et de l'abbé et homme politique E. J.Sieyès.

La littérature française, et singulière-ment la poésie, attira grandement les tra-ducteurs. L'écrivain George Santayana(1863-1952), qui fut professeur à la Sor-bonne, mit en espagnol le poème en qua-torze stances L'Art de Théophile Gautier;le poète Enrique Diez Cañedo (1879-1944)traduisit Paul Fort, Jean Moréas, Henri deRégnier, Albert Samain, Francis Jammes,Paul Verlaine, Arthur Rimbaud; ce derniertrouva encore des interprètes en GabrielCelaya (1911) également traducteur dePaul Eluard, et en Ramón Buenaventura;les poètes symbolistes trouvèrent le leur enRamón Gómez de la Serna (1888-1963).Du côté du roman, les oeuvres traduitessont d'une grande variété: le romancierVicente Blasco Ibáñez (1867-1928) mit àson actif des oeuvres de J. K. Huysmans, àcoté des Mille et une nuits dans la version dumédecin et orientaliste Joseph Mardrus;Consuelo Berges, cofondatrice del'association des traducteurs espagnols,traduisit les Oeuvres complètes (1955) deStendhal, Un mauvais rêve (1956) de Geor-ges Bernanos, etc.; Violeta Pérez se fitl'interprète de Balzac et Sánchez Pañoscelui de Rabelais, le roman Diario del ladrón(1976) de Jean Genet fut couronné du PrixFray Luis de León dans la version deMaría Isabel Reverte et María Teresa

Gallego, laquelle traduisit aussi Colas Breu-gnon (1981) de Romain Rolland; CarlosRamírez de Dampierre obtint le même prixen 1979 pour Los Opúsculos satíricos y filosófi-cos de Voltaire; Luis Roma y García mit enespagnol la Correspondance (1980) de Gus-tave Flaubert. Dans le domaine du théâtre,le dramaturge Alfonso Sastre (1926-) adap-ta des pièces de Jean Paul Sartre. Au rayondes oeuvres non littéraires, on relève cellesdu philosophe et historien Ernest Renantraduites par Andrés González Blanco(1888-1924), L'Espagne du Sud (1954) deJean Sermet et l'Histoire de l'Espagne chré-tienne (1956) de Jean Descola traduites parConsuelo Berges, Los problemas teóricos de latraducción (1971) de Georges Mounin parJulio Lago Alonso, etc.

Plusieurs traducteurs du français se sontintéressés aussi à l'anglais. C'est le cas deJuan Jiménez, qui traduisit le dramaturgeirlandais John M. Synge et le Prix Nobelindien Rabindranath Tagore; de FranciscoAyala, qui traduisit des oeuvresd'Alexander Comfort; de Gabriel Celaya,qui traduisit des poésies de William Blake.Parmi d'autres poètes mis à la portée dulecteur espagnol, il y a Percy B. Shelley,qui fut traduit par le poète Manuel Altola-guirre (1905-1959), auteur notammentd'une version de l'élégie Adonaïs, ainsi quepar l'écrivain Dámaso Alonso (1898-1990),président de l'Académie espagnole, auquelon doit encore des traductions de ThomasS. Eliot et de James Joyce et qui mit en"espagnol moderne" les Soledades (1935) deGóngora; il y a aussi les Américains Vla-dimir Nabokov et William Faulkner, dontJavier Marias Franco (1951-) traduisitrespectivement 18 Poemas (1979) et 12Poemas (1980); il y eut encore Irving Lay-ton, dont Salustiano Masó Simón transpo-sa The Love Poems (1980); il y a, enfin, uneanthologie de Veinte poetas británicos con-temporáneos (1981) due à la plume de JorgeFerrer Vidal, etc. Le roman anglo-saxon

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est représenté par des oeuvres de GeorgeBorrow, dont l'homme d'État et littérateurManuel Azaña y Díaz (1880-1940) tradui-sit dans une langue magnifique The Bible inSpain (1921); de Thomas Hardy {El brazomarchito, 1974), Laurence Sterne {La vida ylas opiniones del caballero Tristram Shandy,Prix Fray Luis de León 1979) et R. L.Stevenson {De vuelta del mar, 1980) parJavier Marias Franco; de James Joyce,dont la version d' Ulysses (1977) valut à JoséMaría Valverde le Prix Fray Luis de León1978; de George Eliot {Middlemarch, 1981)par José Luis López Muñoz; de WilsonKnight {The Wheel of Fire, 1981) de MiguelMur Allue; d'Anthony Burgess et KurtVonnegut par Ramón Buenaventura, etc.Du côté de la scène, les dramaturges élisa-béthains ont été à l'honneur dans des tra-ductions de Ben Jonson par l'écrivainBenjamín Jarnés Millán (1888-1949), deCyril Tourneur {The Revenger's Tragedy,1980) et Thomas Middleton {The Change-Hng,l980) par Fernando Villa verde Landa,de Shakespeare par le critique Luis AstranaMarin (1889-1960), qui en donna las Obrascompletas (1930), et par José Maria Segarra,qui signa une nouvelle adaptation de Ro-meo y Julieta (1962). Dans le domaine nonlittéraire, le théoricien des littératures An-drés González Blanco se signala encorepar des traductions de l'historien ThomasCarlyle et du philosophe américain RalphW. Emerson; Fernando Vela signa LaFormación de la Edad Media (1955) traduitede K. W. Southern; Faustino Cordón mit ason actif Genética y origen de las especies(1955) du généticien américain d'originerusse Th. Dobzhanshy, La Evolución comoun progreso (1956) édité par le biologisteJulian Huxley, etc.; A. de la FuenteAdáñez publia Traducción: Teoría y Práctica(1986) traduit du linguiste et traducteurbiblique américain Eugene A. Nida.

Quelques traducteurs du français et del'anglais se sont affirmés aussi comme de

bons interprètes de l'allemand, en particu-lier des poètes d'Outre-Rhin: Diez-Canedopour Heinrich Heine, Celaya et Ayala pourRainer Maria Rilke. Ce dernier fut encoretraduit par E. Barjau et le lecteur espagnola pu découvrir d'autres poètes dans lestraductions de Friedrich Hölderlin par LuisCernuda (1902-1963), ami de Lorca, deNovalis par Violeta Pérez, de Hugo vonHofmannsthal par Miguel Angel Vega, depoètes de l'ex-République DémocratiqueAllemande par Pablo Sorozábal Serrano(1934-), etc. Plusieurs de ces traducteurs sesont penchés sur la prose allemande: Bar-jau sur celle de Peter Handke, Vega surcelle d'Arthur Schnitzler, de FriedrichSchlegel, d'Erich Kästner; V. Pérez surcelle d'Ernst Th. A. Hoffmann; Sorozábalsur celle de Theodor Fontane {Effi Briest,1980), de Reiner Kunze (El león Leopoldo),d'Urs Bitterli (Ojos tras la ventana, Imágenestramposas), de Franz Kafka (Cartas a Felise),etc. On retrouve Ayala comme interprètede Thomas Mann et Javier Marías commecelui de Günther Grass, Thomas Bernhard,etc. Grimmeishausen et Goethe furenttraduits par M. González, Ernst Jünger parJ. Conesa. Sur scène aussi, Sorozábal s'estdistingué en adaptant les pièces Trotzky enel exilio, Hölderlin et El Seguro de PeterWeiss, auteur auquel s'est attaché encoreun autre nom connu, le presque homo-nyme traducteur de Sartre, Alonso Sastre.En 1982, Manuel Olasagasti obtint le PrixNational de la Littérature enfantine tra-duite pour Año de lobos de Willy Fähr-mann. Au rayon des oeuvres non littérai-res, on peut citer celle de Y Introduction al'étude des langues romanes (1927) du philo-logue Wilhelm Meyer-Lübke par AméricoCaserío.

Décidément multilingue, FranciscoAyala a traduit aussi de l'italien, notam-ment des romans d'Alberto Moravia. Dudramaturge Diego Fabbri, Diego Hurtadoa donné La Embustera (1961). Esther

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Benítez a mis en espagnol / nostri antenati(1977) du romancier ítalo Calvino et en futrécompensée par le Prix Fray Luis de León1978. Une traduction de l'essai Gli intellet-tuali e la guerra di Spagna parut en 1980 desmains d'Angel Sánchez-Gijón Martínez.

L'éventail des langues traduites s'estélargi bien au delà des territoires tradition-nels. Le domaine néerlandais est explorépar deux Espagnols installés aux Pays-Bas:le poète et journaliste Francisco Carras-quer, émigré en 1953, et Felipe LordaAlaiz. Le premier, auteur de plusieursarticles sur la traduction, publia en 1959une Antología de Poetas Holandeses, qui con-tient des poésies de W. Kloos, H. Gorter,A. Roland-Holst, W. Buning, S. Vestdijk,M. Nijhoff, H. de Vries, G. Achterberg, H.C. Kool, B. Aafjes, R. Campert, etc.; ellefut couronnée du Prix de Traduction Mar-tinus Nijhoff 1960. Le second a signé destraductions de Herman Teirlinck, HugoClaus, Raymond Brûlez, Herwig Hensen,etc., réunies dans le volume Teatro Flamen-co (1962), des romans médiévaux Lancelot,Marieken van Nimweghen et Elckerlyc sous letitre Tres poemas dramáticos neerlandeses de laBaja Edad Media, ainsi que d'oeuvresd'auteurs contemporains comme MaxCroiset, Eduard Hoornik, Harry Mulisch,etc.; il obtint en 1968 le Prix MartinusNijhoff pour l'ensemble de ses produc-tions. Le domaine russe est représenté parles traductions du critique et romancier R.Cansinos Assens (1883-1964) auquel ondoit une intégrale de l'oeuvre de FiodorDostoïevski, de Lev Tolstoï et de LeonidAndreïev. Virgilio Pinera a traduit duhongrois La Tragédie de l'homme (1978),poème dramatique d'Imre Madách. Juan E.Zúñiga Amaro a mis en espagnol Y Obrapoética (1980) du Bulgare Peju Yavorov.Francisco J. Uriz a adapté du suédois 10Obras dramáticas (1980) d'August Strindberg.

Langues exotiques et langues anciennesse partagent le reste de la gamme des

idiomes traduits. Parmi les interprètes del'arabe, on trouve l'historien de la littéra-ture Ángel González Palencia (1889-1946),le théologien spécialiste des rapports entrel'Islam et le Moyen âge chrétien MiguelAsín y Palacios, qui a traduit YEpître de lasainteté du mystique Ibn Arabi dans sesVidas de santones Andaluces, ainsi que diverspassages des Révélations mecquoises dans ElIslam cristianizado (1931), le Père EstebanLator, traducteur de 0, jeune homme (1957)du mystique Al-Ghazâli, María TeresaGarulo Muñoz, à qui l'on doit une versiondu Diwan (1980) d'Ibn Sahl de Sevilla, etc.Le domaine chinois a été abordé par Mar-cela de Juan1 (7-1981), fille d'un diplomatechinois et d'une mère hispano-belge, quivécut en Chine de 1913 à 1926 et qui apublié une Breve Antología de la Poesía China(1948), les Analectes (1955) de Confucius etle Tao-teu king (1956) de Lao Tseu, uneAntología de cuentistas chinos, des Cuentoschinos de tradición antigua et un volume dePoesía china: del siglo XX00 a. de C. a lascanciones de la Revolución cultural; JuanPreciados Ydoeta a signé une nouvelleversion du Tao-teu king (1978) pour laquelleil reçut le Prix Fray Luis de León 1979,Taciana Fissac a traduits La Familia (1981)de Ba Yiu. Parmi les Anciens Grecs, So-phocle a bénéficié d'une traduction nou-velle dans Y Obra completa (1980) del'helléniste José Donado; pour le grecmoderne, Alfonso Silván a traduit lesPoesías completas (1981) de KonstantinKavafis. José López de Toro obtint en1957 le Prix Fray Luis de León pourY Epistolario traduit du latin de Pedro Már-tir de Angleria; du latin encore, JenaroCasado Fuentes a proposé une nouvelleversion de Y Eneida (1981) de Virgile etFrancisco Calero a traduit El pensamientocientífico de Francisco Vallès.

' Transcription approximative de son nom chi-nois Ma Ce Huang.

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Un mouvement de traduction en languecatalane, qui s'était déjà manifesta audébut du siècle avec, entre autres, destraductions du poète chrétien Prudence parle chanoine et poète Miguel Costa i Llobe-ra (1854-1922), n'a fait que s'amplifier avecle retour constitutionnel à l'autonomie desrégions. On doit ainsi au poète Josep Car-ner (1884-1970) des adaptations de Molièreet de Shakespeare, lequel fut encore traduitpar l'écrivain et diplomate Josep Sagarra iCastellarnau (1894-1961), auteur parailleurs d'excellentes interprétations del'italien, notamment de Dante. Le poète etcritique Caries Riba Bracons (1893-1959),auteur d'un dictionnaire de la langue ca-talane, fit preuve d'une prodigieuse diversi-té en traduisant du grec (tragédies de So-phocles), du grec moderne (poésies deKavafis), de l'allemand (poésies de Höl-derlin), de l'anglais (poésies d'Edgar Poe),etc. L'écrivain Carlos Barrai (1928-1989) amis en catalan les Sonetos a Orfeo (1964) deRilke et Josep Murgades Barceló les Narra-ciones completas (1980) de Kafka.

LA THÉORIE ET LA PRATIQUE

Une activité traduisante d'une telleabondance et d'une telle variété, pratiquéeparfois par des écrivains illustres, ne pou-vait manquer de susciter une réflexion surla traduction et sur le rôle du traducteurdans la société. Des considérations sur latraduction il y en eut certes au cours dessiècles précédents, mais c'était toujourssous forme de préfaces aux oeuvres tradui-tes, de manuels a visée didactique —Capmany au XVIIP siècle— ou de passagesoccasionnels dans des ouvrages plusgénéraux —Vives au XVIe siècle et encoreArturo Costa Alvarez avec le chapitre "Lostraductores" dans son livre Nuestra lengua(1922). Même le célèbre essai Miseria yesplendor de la traducción (1937) de José

Ortega y Gasset (1883-1955) appartient ala même veine. Le premier ouvrage entiè-rement consacré à la traduction et sesproblèmes semble être celui que FranciscoAyala, émigré en Amérique latine a laguerre civile, écrivit en 1943 et publia auMexique en 1956 sous le titre Breve Teoríade la Traducción (devenu Problemas de Tra-ducción dans la réédition de Madrid, 1965).Depuis, les ouvrages théoriques se sontmultipliés: Hacia una teoría de la traducción(1971) de Horst Hiña, Teoría general de latraducción (1979) de Mariano García Lan-da, En tomo a la traducción (1983) et Traduc-ción: historia y teoría (1994) de ValentínGarcía Yebra, Teoría y crítica de la traduc-ción: Antología (1987) de Julio-César San-toyo, Teoría de la traducción literaria (1994)d'Esteban Torre, etc. Dans le même temps,la littérature spécialisée s'enrichissait denombreux articles: "Dignificación del artede traducir" (1955) de Marcela de Juan,"Técnica y práctica de la traducción"(1966) de Miquel Dole, "Apuntes para unahistoria de la traducción" (1973) d'AgustínGarcía Calvo, "Traducir en el desierto"(1977) et "El traductor, nueva figura deautor" (1982) d'Ester Benítez, "Traduccióny enriquecimiento de la lengua del traduc-tor" (1986) de García Yebra, etc.

La conscience qu'a pris le traducteurd'appartenir à une profession devenueindispensable au monde moderne de lacommunication a logiquement fait naîtreune volonté d'organisation corporative.Celle-ci se matérialisa en 1954 dansl'Asociación Profesional Española deTraductores e Intérpretes (APETI), fondéepar Marcela de Juan, qui en assuma laprésidence jusqu'en 1973, Consuelo Ber-ges, qui lui succéda à ce poste, José Lópezde Toro et quelques autres. Elle créa im-médiatement un organe d'informationpour ses membres, le Boletín informativo del'APETI, puis, en 1956, le Prix de Traduc-tion Fray Luis de León, ainsi nommé en

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mémoire du grand traducteur du Cantiquedes cantiques. Parmi les lauréats de cettedistinction, on trouve J. López de Toro, C.Berges, J. M. Valverde, Gómez de la Ser-na, Méndez Herrera, M. T. Gallego, M. I.Reverte, C. Garcia Gual, E. Benítez, J.Marias Franco, etc. En 1980, l'APETI,alors sous la présidence d'Ester Benítez,organisa un Primer Simposio Internacionalsobre el Traductor y la Traducción, aucours duquel V. Garcia Yebra, sous-directeur de l'Instituto Universitario deLenguas Modernas y Traductores (IUL-MyT), traita de "Quelques problèmes de latraduction de poésie" et de "L'influence dela traduction dans la culture espagnole".

Parallèlement à l'organisation de la pro-fession s'était amorcée celle de la forma-tion, de l'enseignement. L'Institut pourTraducteurs de l'université de Madrid

(IULMyT) fut fondé en 1974 et dans soncorps professoral figurent les noms deJavier Marías, García Yebra, MiguelSáenz, etc. Il organisa en 1987 les PrimerosEncuentros Complutenses en torno a la Tra-ducción dont la sixième édition s'est tenuea Madrid en 1995, année qui a vu aussi lanaissance de sa revue Hieronymus Complu-tensis. D'autres écoles de traduction ont étémises sur pied par les universités de Bar-celone, de León, de Grenade (qui a créé sarevue Sendebar en 1990), etc. L'intérêt desmilieux académiques pour l'enseignementet la recherche en matière de traductions'est encore concrétisé par l'instauration,en 1983 d'un Centro Español de Investiga-ciones sobre la Traducción (CEIT) patron-né par la Fundación Alfonso X el Sabio.

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Page 18: Señor San Jerónimo, suelte usted la piedra con que se ... · San Jerónimo Antonio Amadeo Giovanni Señor San Jerónimo, suelte usted la piedra con que se machaca. Me pegó con