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Seigneur, à qui irions-nous ? Transcription de la vidéo n. 1.2
Bonjour,
vous vous souvenez qu’on a longuement parlé la dernière fois de Marie à propos de la naissance de Jésus, et notamment du chant qu’elle a entonné à son arrivée chez sa cousine Élisabeth, nous dit saint Luc. En fait, ce chant du Magnificat n’est en rien une invention de Marie : c’est une louange qui s’inspire des Psaumes — Les Psaumes sont une série de 150 poèmes rassemblés en un seul livre et que juifs et chrétiens aiment chanter chaque jour. En particulier, Marie s’inspire des derniers Psaumes du livre. On peut citer le Ps 136 :
Le Seigneur s’est souvenu de nous dans notre humiliation car éternelle est sa miséricorde !
Ou le Ps 138 :
Sublime est le Seigneur qui voit les humiliés et reconnaît de loin les superbes !
Ou le Ps 146 :
Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les humiliés, le Seigneur aime les justes de charité (Ps 146,8)
Autant de thèmes qu’on retrouve dans le Magnificat :
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humiliés. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de sa miséricorde de la promesse faite à nos pères en faveur d’Abraham et de sa descendance à jamais… (Lc 1,51-‐54)
Alors plus précisément, un mot doit éveiller notre attention : « Le Seigneur élève les HUMILIÉS. »
LE SEIGNEUR ÉLÈVE LES HUMILIÉS
C’est la seconde fois que Marie utilise ce mot, ou cette famille de mots, dans son Magnificat, puisqu’elle commence par chanter : « Mon être exalte de Seigneur, mon esprit exulte en mon Dieu car il a porté son regard sur l’humiliation de sa servante. » On retrouve souvent ce thème de l’humiliation dans les Psaumes et dans les livres de la Sagesse biblique pour désigner ceux qui, littéralement, sont COURBÉS mais qui sont surtout ceux que les superbes méprisent, ceux dont se rient les “Grands”. Or voilà que c’est sur ces HUMILIÉS que DIEU se penche, et là, nous apprenons quelque chose d’essentiel, de bouleversant : DIEU, le VRAI DIEU qui s’attache aux humbles plutôt qu’aux grands, le DIEU de l’Alliance qui s’est penché sur Israël alors qu’il n’était plus qu’un résidu d’esclaves voués à l’extermination par Pharaon : ce Dieu-‐là, le DIEU de la ToRaH est fondamentalement HUMBLE ! Comprenons bien : quand je m’incline devant une haute personnalité, il ne s’agit pas d’humilité ; appelons ça de
la loyauté, de la civilité, de l’hommage que rend un petit à un plus grand que lui. En revanche, qu’un plus grand se courbe respectueusement devant un plus petit, ça, c’est de l’HUMILITÉ ; une humilité qui rime avec noblesse et avec amour ! Par exemple : Mère Teresa n’est pas humble quand elle s’agenouille devant le Pape ; mais elle l’est quand elle s’abaisse devant un humilié en qui elle reconnaît qu’en tant que tout-‐petit, jonché dans la rue, il est revêtu de majesté. Son geste n’a aucune condescendance ; elle ne surplombe rien : elle exprime la Charité comme la respiration exprime la vie… Or il faut être immensément GRAND pour respirer ainsi. Il faut être DIEU, ou s’être laissé rencontrer par Lui pour pouvoir à notre tour aimer de Charité jusqu’au bout, ce qui n’est possible que si nous nous inscrivons dans la Charité même de DIEU.
Donc, lorsque DIEU se penche sur l’humiliation de sa servante, il est HUMBLE. Voilà peut-‐être la définition la plus belle de l’Humilité : l’humble se reconnaît à ce qu’il voit l’humilié que les superbes, eux, ne voient pas — il y a une très puissante parabole à ce sujet, c’est-‐à-‐dire un court récit qui s’inspire des événements quotidiens pour illustrer un enseignement. Il s’agit de la parabole du riche et du pauvre Lazare. Je vous la mets dans les documents ”Pour aller plus loin”. Quoi qu’il en soit, l’humilié : voilà celui que DIEU « voit », dit le Psaume, parce que c’est dans l’humilité que se tient la Ressemblance entre l’humilié et l’humble : l’un comme l’autre, refusent d’être des superbes, de regarder le monde de haut. C’est cette ressemblance qui va permettre leur rencontre, comme avec Marie : « Il a porté son regard sur l’humiliation de sa servante ! ». DIEU ne l’écrase pas, tout au contraire, il l’ÉPOUSE et il l’ÉLÈVE d’autant plus qu’en retour, Marie Le reçoit tel qu’Il s’est révélé dans la tradition de ses pères, dans la ToRaH de Moïse donc, depuis Abraham.
Et pour ne pas tomber dans le piège des pures idées, des fantasmes toujours dévastateurs, voilà que cette rencontre se vérifie dans la CHAIR avec la naissance de Jésus en qui DIEU et l’Homme sont en telle communion que l’Un et l’autre subsistent ensemble en une seule et même personne, dans un don libre de l’un à l’autre qui révèle entre eux une AMITIÉ ineffable et profondément joyeuse.
PAS D’AMOUR SANS HUMILITÉ
C’est alors qu’on découvre à quel point la grandeur de l’AMOUR tient dans l’HUMILITÉ, une humilité qui manifeste d’abord et avant tout DIEU comme un PÈRE. Eh oui : que font des parents lorsqu’ils reçoivent leur enfant, sinon s’abaisser jusqu’à lui dans le seul but de l’ÉLEVER : être père, être mère, c’est participer à l’humilité de DIEU ; c’est aimer en vérité en abandonnant toute superbe pour s’abaisser jusqu’à l’enfant pour être avec lui, gratuitement ; jouer, grandir, découvrir le monde avec lui et se réjouir à le voir prendre son envol. Eh bien : voilà une magnifique icône du DIEU Père dont la Vierge nous livre la clef dans son chant : « Il a porté son regard sur l’humiliation de sa servante ! »
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Rien que cette considération révolutionne ce que toutes les autres religions ont pu supputer à propos de DIEU. Je vais essayer de vous donner quelques pistes. Par exemple : DIEU, s’il est DIEU, ne peut être que Plénitude : plénitude de VIE, plénitude d’Être, etc. Or une plénitude orgueilleuse est-‐elle seulement concevable ? DIEU alors serait « plein de lui-‐même », absolument autosuffisant ! Un Créateur satisfait de sa richesse ; Il « aurait » sa divinité avant que d’ « être » DIEU ! Or c’est ainsi qu’en toute religion, les hommes inventent des idoles qu’à terme, ils ne peuvent que mépriser, à moins d’accepter d’en être les esclaves à tout jamais, ce qui est juste révoltant. Eh bien, en Jésus, nous découvrons qu’en réalité, DIEU est HUMBLE ou alors c’est qu’Il n’est pas !
Et regardez comment cette humilité, si nous acceptons de la voir, convertit notre regard sur DIEU : on pardonne difficilement à quelqu’un de l’emporter sur nous s’il n’est pas humble ! En revanche, s’il l’est, ça change tout : sa supériorité ne nous annule pas ; on ne le sent pas supérieur pour la raison que cette supériorité nous élève ! On reconnaît même avec bonheur cette supériorité du fait que l’humilité en est le sceau. On n’est pas jaloux d’un grand humble, or c’est dans ce sens que Jésus nous travaille : pourquoi nous défend-‐il ne serait-‐ce que de dire de quelqu’un qu’il est fou, sinon parce que le dire, c’est se positionner comme supérieur à lui en le rabaissant, donc l’humilier ! Une attitude absolument antinomique avec DIEU ! L’humble n’humilie pas ! Il n’humilie JAMAIS : la profondeur de son être s’y oppose. Eh bien : voilà le DIEU transcendant que nous révèle Jésus, en sa CHAIR ! L’humilité de Jésus est, tout au long de sa vie, l’humilité même de DIEU qu’Il veut communiquer à l’homme par l’Esprit Saint, parce que cette Humilité est le lieu même de notre élévation, de notre divinisation !
QUI S’ÉLÈVE SERA ABAISSÉ, QUI S’ABAISSE SERA ÉLEVÉ
Alors il faut évoquer à ce propos un enseignement clef de Jésus, qui revient plusieurs fois dans les évangiles : « Qui s’élève — c’est-‐à-‐dire qui s’élève par soi, par vanité, qui se fait superbe — Qui s’élève donc sera abaissé — sous entendu, par DIEU ; c’est souvent le sens du passif dans la littérature biblique qu’on appelle un “passif divin” — Mais qui s’abaisse — c’est-‐à-‐dire qui choisit d’être HUMBLE, de ne pas regarder les autres de haut, que ce soit DIEU ou le prochain —, qui s’abaisse, donc, sera élevé — sous entendu : sera élevé PAR DIEU, toujours le passif ! Et souvent, Jésus double cette sentence en ajoutant : Les premiers seront les derniers ; les derniers seront les premiers ! Non qu’il faille renoncer à être le meilleur, au contraire. Mais le meilleur en termes de QUALITÉ, pas de quantité. Et pour ça, rien de tel que de rester proche des plus pauvres, des humiliés, tout en ne lâchant pas DIEU, ni ses frères et sœurs dans l’Église ! Un exemple étonnant de quelqu’un qui a réussi mais qui se donne, comme règle, de vivre régulièrement à côté des plus démunis, c’est M. Emmanuel Faber. En 2016, en tant que PDG du groupe Danone, il a fait un discours aux étudiants de HEC dont le lien se trouve dans les documents Pour aller plus loin. Or ce qu’il fait avec ces HUMILIÉS, c’est parce que la vie lui en a certes ouvert le chemin à travers son propre frère, mais c’est aussi et surtout, car M. Faber est catholique, au nom du Christ, pour suivre le Christ CHARNELLEMENT.
Alors il y aurait beaucoup à dire, tellement le chemin de contemplation qui s’ouvre ici est infini ! Mais voyez comment HUMILITÉ ne rime décidément pas avec mollesse, impuissance ou déficience, tout au contraire ! Simplement, dans la plénitude de sa Toute-‐Puissance, DIEU NE NUIT PAS — ce qui est la définition même de l’innocence — DIEU est INNOCENT par nature. Dans le monde du péché, pour éviter de se nuire à soi-‐même, on s’emploie à nuire aux autres. Jésus, lui, enseigne tout à l’inverse que c’est dans la mesure où on est nuisible à autrui qu’on est nuisible à soi-‐même ; et inversement : c’est dans la mesure où l’on est bon envers autrui qu’on est bon envers soi-‐même : « Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-‐le vous-‐mêmes pour eux. Voilà la ToRaH et les prophètes ! » (Mt 7,12) Sans attendre de retour ! Il ne s’agit pas de faire quoi que ce soit pour autrui en vue qu’autrui en fasse autant sinon plus pour moi, parce que ce serait utiliser l’autre à mes fins, et on retombe dans l’orgueil manipulatoire ! Pas faciles… Et pourtant, on sent bien que là est le secret de la vraie VIE, ce qui permet de pressentir, à tout le moins, que l’HUMILITÉ n’est pas simplement une valeur mais une manière de SE TENIR DANS L’ÊTRE sans le transformer en avoir… L’HUMBLE est par définition quelqu’un de PAUVRE : non qu’il n’ait rien, mais il ne POSSÈDE RIEN, parce que tout ce qu’il a est POUR AUTRUI ! Et là, on se sent vraiment petit et c’est tant mieux… raison pour laquelle nous avons besoin de nous unir à Jésus en ouvrant notre CHAIR à l’Esprit Saint, car seul les HUMILIÉS savent accueillir l’Esprit.
PAS D’AMOUR SANS SACRIFICE
Du coup, on pourrait croire qu’en rencontrant Jésus, on soit saisi nécessairement par tant de Grandeur ! Dans le fond, ne pourrait-‐on pas QUE suivre un tel homme si on le croisait ? Que nenni ! Parce qu’un tel homme, d’abord, laisse LIBRES ceux qu’il rencontre ; et ensuite parce qu’il dérange nécessairement l’ordre établi sur la loi du plus fort, raison pour laquelle Jésus finira sa vie sur la croix… Alors maintenant la question rebondit : est-‐ce que ça signifie pour autant que la vie de Jésus ne sera que douleur et tristesse ? Vu du côté de l’AVOIR, on peut interpréter son histoire comme ça, ce qui est juste révoltant. Mais du côté de l’AMOUR qui conjugue la Charité et l’Amitié, l’interprétation de cette histoire est tout à l’opposé ! Je laisse ici, à nouveau, la parole au père François Varillon qui a exprimé la chose avec une justesse très fine : « Ce n'est qu'au niveau du sacrifice consenti par amour que l'on peut expérimenter l'unité paradoxale de la souffrance et de la joie. Quand on est décentré par rapport à soi, quand l'autre est celui à qui l'on dit sans trop mentir “Tu es tout pour moi”, quand la vie ou un secteur de la vie est “consacrée” à autrui, la souffrance est alors vécue comme essentielle à la joie. On le pressent à partir de cette petite phrase toute simple, souvent entendue, de l'ami qui rend à l'ami un service coûteux : “Je suis tellement heureux de faire cela pour toi !” Qu'on prolonge cette ligne, et l'on comprendra comment la limite peut être atteinte : la joie de mourir d'amour. La souffrance n'est plus imperfection ni entrave au bonheur : elle est le bonheur même. » C’est vraiment magnifiquement dit. Donc il est un bonheur pour DIEU de nous être présent, jusque dans ce que nous avons de plus douloureux, jusque dans ce que nous avons de moins avouable, parce que cet accompagnement silencieux n’est autre que l’AMOUR en acte
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de RÉDEMPTION : DIEU endosse le prix de notre péché ; il prend sur Lui notre souffrance, mais sans nous regarder de haut, HUMBLEMENT, sans nous écraser, de sorte qu’en sa présence même, nous nous sentions non pas condamnés mais AIMÉS, PARDONNÉS et ÉLEVÉS, tout blessés que nous soyons. « Je suis tellement heureux de le faire pour toi ! »
« FAIS-‐TOI CAPACITÉ, JE ME FERAI TORRENT »
Alors oui, ça nous met en dette vis-‐à-‐vis du DIEU Sauveur. Et alors ? Par ailleurs, ne le sommes-‐nous pas déjà d’avoir été créé ? Gratuitement ? Et alors ? On pourrait dire la même chose de chaque enfant vis-‐à-‐vis de ses parents, et alors ? Qu’attendent les parents qui misent tout sur leur enfant alors qu’ils l’élèvent ? Qu’il leur rembourse au jour de ses 18 ans la somme équivalente dépensée pour lui ? Non ! Qu’il prenne son envol et qu’à son tour il soit porteur de vie et d’espérance, voilà la récompense ultime ! Eh bien ne serait-‐ce pas la même chose pour un DIEU qui n’est qu’Amour, qui est la source de tout Amour ? Qui est l’AUTEUR même de l’Amour ? AUTEUR est un mot magnifique : étymologiquement, il désigne celui qui fait grandir, qui impulse le désir d’agir. Or à nouveau, un AUTEUR véritable suppose l’HUMILITÉ qui donne TOUT ! Si DIEU est l’AUTEUR de la Création, c’est en tant qu’Il ne retient rien pour LUI puisqu’il n’est QUE DON de soi ; l’être de DIEU que révèle Jésus, c’est ça : non pas DIEU qui serait puissant et ensuite, par magnanimité, déciderait de se donner ; DIEU N’EST QUE DON, il est POUR AUTRUI ! Ce mode d’être est même INSCRIT en LUI, nous dit Jésus, puisque le Père est POUR LE FILS, le FILS est POUR LE PÈRE, et de cet amour réciproque qui porte le Père vers le Fils et le Fils vers le Père jaillit Celui qu’on appelle l’Esprit Saint, c’est-‐à-‐dire l’Esprit de DIEU qui est le débordement de cette VIE d’AMOUR et grâce à qui va paraître la VIE créée : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-‐dessus de l’abîme et l’Esprit de Dieu planait au-‐dessus des eaux. » (Gn 1,1-‐2) Voilà : et d’emblée, on comprend que la CRÉATION est elle-‐même appelée à ne pas arrêter ce flux de vie surabondante, en « excès » comme disent les philosophes, au sens d’un trop-‐plein de VIE qui ne cesse de déborder. Voilà : la plénitude du DIEU VIVANT est un débordement de VIE. Un débordement qui témoigne que DIEU est donc TRINITÉ : trois personnes : le Père, le Fils et l’Esprit. Trois Personnes parce qu’en ce qui concerne l’Amour, on ne peut pas se contenter de parler d’énergie ou de rester dans un anonymat fonctionnel. Non, en DIEU, il y a 3 Personnes qui président au débordement de cette HUMBLE SOURCE éternelle d’AMOUR Créateur et Sauveur ! Décidément, qu’on tourne la question par tous les bouts, DIEU ne peut être source que s’Il est HUMBLE, s’Il est TOUT POUR AUTRUI. Et ceux qui sont à même de recevoir ce DON ne peuvent être à leur tour que les HUMILIÉS, les PETITS, ceux qui sont vides de tout avoir au sens de toute rétention, de toute avarice, de toute mesquinerie ; qui ne sont au contraire que réception, réceptacle, capacité, hospitalité. Rappelons-‐nous simplement cette phrase que Sainte Catherine de Sienne entend de la part de Jésus au cours d’une extase : « Fais-‐toi capacité, Je me ferai torrent ! » Être en capacité de recevoir le torrent d’Amour qui jaillit de la Source éternelle, non pour le garder pour soi mais pour diffuser cet AMOUR vivifiant dans la Création : voilà ce qui fait la GRANDEUR de l’homme attaché
à DIEU tel que la foi en Jésus nous en dévoile le Mystère et voilà en définitive ce à quoi travaille TOUTE LA BIBLE.
DIEU REND HUMBLES LES GRANDS
Toutes les figures de cette histoire, DIEU les travaille pour qu’ils deviennent HUMBLES, à commencer par Abraham, Isaac et Jacob, les Patriarches. À qui il faut ajouter Moïse que le livre des Nombres — le 4e livre biblique — désigne comme « l’homme le plus humble que la terre ait porté. » (Nb 12,3). De prince d’Égypte, il devient simple berger en plein désert ; un prince que DIEU a défait de sa superbe pour pouvoir être entendu et l’envoyer libérer Israël de l’anéantissement planifié par Pharaon !
On songe à David ! Peut-‐être est-‐il considéré aujourd’hui comme un grand roi, mais à tout le moins, il n’avait rien d’un Alexandre le Grand ou d’un Pharaon d’Égypte ! Le pays d’Israël, c’est tout petit, même avec l’annexion des terres alentour ! Alors ? Qu’est-‐ce qui fait d e lui un roi PLUS GRAND qu’Alexandre ou que Pharaon ? C’est qu’il a appris de DIEU que la grandeur était l’humilité : son tempérament était violent — ce n’était pas un enfant de chœur —, jusqu’à ce que cette violence se retourne contre lui ! Il fut un temps où il se croyait tout permis, mais il a bien du admettre que son arrogance conduisait sa politique à la faillite… alors il s’est reconnu pécheur, il s’est HUMILIÉ devant le Seigneur, et là, il est devenu un GRAND ROI, LE roi d’Israël à qui tout Juif, aujourd’hui encore, fait référence !
Du coup, le Magnificat de la Vierge devient lumineux, il prend tout son sens :
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humiliés. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de sa miséricorde… (Lc 1,51-‐54)
JÉSUS A GRANDI PARMI LES HUMILIÉS
Pour en revenir à Jésus, il a donc grandi parmi ces humiliés, dans un milieu où on se reçoit du DIEU des pères, où on lit les Prophètes, où on prie les Psaumes et où on essaye de vivre à l’école des figures de l’histoire d’Israël, conscient que l’avenir du peuple n’est pas ailleurs, que le Règne de DIEU tant attendu ne passe pas par un autre chemin que celui de l’humilité ; et c’est à partir de là que Jésus prêchera sur le Règne de DIEU, à travers des paraboles toutes simples, mais tellement parlantes pour les foules : « Jésus proposa cette parabole aux disciples : “Le Règne des Cieux est comparable à une graine de moutarde qu’un homme a prise et qu’il a semée dans son champ. C’est la plus petite de toutes les semences — voilà les HUMILIÉS —, mais quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes potagères et devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel viennent et font leurs nids dans ses branches.” Et Jésus de poursuivre : Il leur dit une autre parabole : “Le Règne des Cieux est comparable au levain qu’une femme a pris et qu’elle a enfoui dans trois mesures de farine jusqu’à ce que toute la pâte ait levé.” » (Mt 13,31-‐33) L’humilité de DIEU enfouie dans le peuple, que personne ne
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remarque alors que c’est grâce à lui que ce peuple va pouvoir s’épanouir et devenir nourrissant au quotidien pour toutes les nations.
Ceci dit, je voudrais qu’on n’oublie pas le peuple d’Israël où Jésus enracine cette passion pour les humiliés. Alors bien sûr, elle vient du DIEU HUMBLE qu’il est en Personne, mais en même temps n’oublions pas qu’Il est un DIEU INCARNÉ ! Si cette incarnation n’est pas une blague, autrement dit si Jésus est vraiment homme, ça signifie qu’il n’a pas la science infuse ! Il doit donc entrer dans la mémoire de son peuple transmise de génération en génération dans l’étude et la prière. Une prière d’une part quotidienne et d’autre part hebdomadaire — le jour du Shabat — dont fait partie, par exemple, ce qu’on appelle la BiRKaT Ha-‐Shi‘R, la Bénédiction du Chant : « Ô Seigneur […], Toi qui ressuscites les morts et guéris les malades, qui dessilles les yeux des aveugles et redresse les humiliés, qui fais parler les muets et dévoiles les mystères, c’est Toi et Toi seul que nous honorons. » Voilà en définitive le programme que va accomplir Jésus à travers toute sa vie, un programme qui vérifie CHARNELLEMENT que Jésus est véritablement le Messie attendu par son peuple.
« ES-‐TU CELUI QUI DOIT VENIR ? »
Le premier à nous le dévoiler dans les évangiles, c’est un homme appelé Jean-‐Baptiste, le fils d’Élisabeth que Marie était allée visiter et devant qui elle a entonné le chant du Magnificat. Jean-‐Baptiste était une personnalité connue à l’époque, de lignée sacerdotale — son père officiait dans le temple comme prêtre, donc Jean-‐Baptiste lui-‐même était prêtre —, mais il vivait en ermite dans le désert. C’est lui qui baptisera Jésus dans le Jourdain.
Toujours est-‐il qu’à un moment, la femme d’Hérode Antipas qui le détestait fait arrêter Jean-‐Baptiste et en prison, il s’interroge à propos de Jésus dont on lui rapporte les œuvres et la prédication. Alors il envoie ses disciples lui demander : « Es-‐tu Celui qui doit venir — c’est-‐à-‐dire le Messie attendu par Israël — ou devons-‐nous en attendre un autre ? » Or Jésus répond précisément : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles recouvrent la vue et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, et les morts se relèvent et l’Évangile — l’heureuse annonce de la libération — est annoncé aux humiliés ! » (Mt 11,2-‐5) Voilà ! Vous entendez ? La réponse de Jésus, c’est juste la reprise à la supplication juive quotidienne qui espère la manifestation de DIEU pour libérer son peuple composé de boiteux, d’aveugles, d’humiliés etc., c’est-‐à-‐dire de gens honorant humblement le DIEU de l’Alliance, le DIEU des pères et préparant sa venue à travers une vie de fidélité aux commandements de Moïse qui façonne l’humble réceptacle où DIEU pourra faire germer le Messie. Alors Jean-‐Baptiste pose la question : quand Israël pourra-‐t-‐il accueillir le Messie ? Et à travers la reprise de la prière de tout Israël, Jésus lui répond : MAINTENANT ! Non seulement pour Israël qui reste la RACINE sur laquelle va se déployer l’arbre de la VIE, mais sur laquelle aussi vont pouvoir être greffées les branches des nations à l’appel de Jésus : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et moi, je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et mettez-‐vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur. » (Mt 11,28-‐29). Le JOUG, dans le langage juif, c’est celui de la ToRaH de
Moïse. Le JOUG de Jésus, ce sont donc les commandements de VIE de la ToRaH qu’il appelle à prendre sur les épaules en Le suivant, lui, Jésus, qui s’inscrit dans le sillon des HUMILIÉS grâce à qui la ToRaH n’est jamais perdue ! Le chrétien ne saurait donc jamais mépriser la ToRaH de Moïse ; à sa manière, sans être lui-‐même Juif, mais néanmoins en recevant Jésus, le chrétien est fidèle à cette ToRaH à travers le commandement de la Charité : « Aimez-‐vous de charité comme je vous ai aimés de charité ». Là se résume toute la ToRaH de DIEU, ce qui suppose un patient travail sur soi à la lumière du Christ et de l’Église.
Enfin voilà. Donc voyez : l’humilité n’est pas facultative quand on est chrétien, ni d’ailleurs quand on est juif. Alors pour terminer, concrètement, comment sait-‐on qu’on est humble ? On est humble quand on commence à se dire qu’on ne l’est pas assez ! Le superbe ne se pose jamais la question ! L’humble, lui, se la pose à chaque instant. Et c’est là qu’on perçoit que l’humilité est liée à la foi, à l’espérance et à la Charité, car de la même manière, plus on a la foi et plus on se dit qu’on ne l’a pas assez ; plus on espère et plus on se dit qu’on n’espère pas assez ; plus on aime de charité et plus on se dit qu’on n’aime pas assez… Voilà : là est toute la dynamique de la VIE, qui ne s’interrompra pas dans l’Éternité ; une Éternité qui, si nous avons travaillé en nous cette capacité à recevoir ce torrent d’Amour, nous remplira de cet excès d’amour divin, de ce débordement de JOIE divine, de cette surabondance d’humilité qui nous fera nous donner à notre tour, librement, sans compter : là est l’accomplissement de notre divinisation.
Alors tout ça est bien dense, j’en ai conscience. Revoyez patiemment le tout avec votre accompagnateur, en interrompant la vidéo quand nécessaire. Et quoi qu’il en soit, que le Christ Jésus vous garde en sa bénédiction.
Je vous remercie.