secret show, de chris ryall et gabriel rodriguez,d'après clive barker, akiléos

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1 SECRET SHOW CLIVE BARKER AKILEOS AKILEOS RYALL - RODRIGUEZ

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Page 1: Secret Show, de Chris Ryall et Gabriel Rodriguez,d'après Clive Barker, Akiléos

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SECRET

SHOWC L I V E

B A R K E R

AKILEOSAKILEOS

RYALL - RODRIGUEZ

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SECRET SHOW

C L I V EB A R K E R

AKILEOSAKILEOS

RYALL - RODRIGUEZ

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Clive Barker - Secret showAdaptation : Chris RyallDessins et couverture : Gabriel RodriguezCouleurs : Jay FotosTraduction/lettrage : Achille(s)Relecture : Dominique GervaisGalerie de dessins en couleur : Gabriel RodriguezGalerie de croquis : Clive Barker

www.idwpublishing.comwww.akileos.comakileos-editions.blogspot.com

Remerciements à Anthony DiBlasi, Kurt Adam, Robert Woodfield, Julia Field, et Clive Barker pour leur aide précieuse.

The Complete Clive Barker’s Great and Secret Show. Février 2011. Première édition. Clive Barker’s The Great and Secret Show est ©1989 Clive Barker. Tous droits réservés. Dessins et adaptation2006 Idea and Design Works, LLC. Le logo IDW est enregistré au U.S. Patent and Trademark Office. Tous droits réservés. Première édition en langue française par Akileos, 162 Cours du Maréchal Gallieni - 33400 TalenceAucune reproduction, totale ou partielle, n’est autorisée sans la permission écrite des détenteurs du copyright.

ISBN : 978-2-35574-075-6Imprimé en Italie par L.E.G.O. en mars 2011.Dépôt légal : Avril 2011.10 9 8 7 6 5 4 3 2 1

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The Show Must Go On

J’écris mes romans et mes nouvelles tel un journaliste rapportant ce que je visualise dans mon esprit avec le plus de sobriété et de précision possible. Si je ne peux pas le visualiser, je ne peux pas l’écrire. La seule exception à cette règle concerne les

débats métaphysiques à l’intérieur même des livres, dans lesquels les personnages devisent librement et envisagent toutes sortes de stimulantes excentricités que mon imagination ne peut peut-être pas conjurer avec acuité.

Mais la règle centrale (qui dit que ces imposants livres commencent tous par des choses observées) reste la même, ce qui nous amène naturellement à l’idée d’adaptation de mes romans sous forme de bandes dessinées, qui reposent sur la notion de spectacle et ne sont pas limitées par un budget comme peuvent l’être un film. Ce qui ne signifie pas pour autant que le processus d’adaptation en serait simple. Quand Chris Ryall m’a contacté pour m parler d’une possible adaptation de Secret Show en bande dessinée, j’étais enthousiaste mais néanmoins prudent. J’avais déjà vu un autre de mes longs romans, Le Royaume des devins, dénaturé dans son adaptation plusieurs années auparavant (sans que ce soit la faute de son auteur, Dan Chichester) et le souvenir était encore un peu douloureux. Mais Chris est extrêmement persuasif et il était absolument convaincu que le grand récit de Secret Show pouvait être retranscrit en une série de douze numéros sans rien perdre de l’ampleur du roman. Quand il m’a détaillé son plan et fait partager sa vision, j’ai donné mon accord. Il y eut bien un petit moment de flottement désagréable quelques mois plus tard quand nous avons craint que nos douze numéros risquaient de devoir être réduits à six pour des raisons fiscales, mais grâce soit rendue à IDW, ils ont compris qu’il était sage de laisser l’histoire se dérouler sur un canevas plus élégant et ils ont validé le projet initial de Chris.

La pièce suivante du puzzle consistait bien sûr à choisir un dessinateur et, une fois de plus, Chris avait un atout dans sa manche : Gabriel Rodriguez. Dans les pages suivantes, Gabriel a réalisé un travail exemplaire, dépeignant à la fois l’univers banal de Palomo Grove, la ville dans laquelle se déroule l’essentiel de l’action, et les créatures monstrueuses et parfois angéliques qui se déversent des imaginations des deux factions antagonistes qui s’affrontent dans ses rues. Il y a un quelque chose de merveilleux dans les créations de Gabriel. J’ai vraiment la sensation, en regardant ces pages qui grouillent de créatures maudites, que Gabriel s’est assis et les a dessinées d’après modèle.

Ainsi, mon épopée peu maniable et tentaculaire sur ce qui nous attend au bout de l’AMERICAN WAY, a trouvé deux interprètes merveilleux en la personne de Chris et Gabriel. Ce n’est plus mon Secret Show ; Chris et Gabriel lui ont donné vie et mis en scène, dans le moindre détail, jusqu’à son sceau secret et ses horreurs encore plus secrètes. Ils ont donné vie à mes mots, honorés par le soin et la compassion qu’ils ont insufflé à ce monde imaginaire. Puisse la fête qui sera donné en leur honneur à Quiddity, quand ils auront le temps de respirer un peu (ou peut-être d’arrêter définitivement de respirer) et de se mettre les doigts de pied en éventail dans le sable chaud et les eaux vivantes de le mer-rêve, laisser sa trace durant un millénaire et dévoiler les plaisirs occultes du livre à un tout nouveau public. Comme moi.

L’un des nombreux personnages de cette histoire est Harry D’Amour, le détective dont la vie a été marquée par un nombre infini de rencontres avec les matières fécales de l’enfer. Il se trouve par hasard que je suis en train d’écrire un roman intitulé The Scarlet Gospels (NdT :un roman encore non publié à ce jour), dans lequel Harry, héros involontaire mais déterminé, part à la recherche d’un de ses amis, pris en otage par le personnage communément appelé Pinhead, jusqu’aux tréfonds des Enfers. Là, se produira un événement qui bouleversera sa vie. Un événement qui ramènera Harry dans la trilogie de l’Art (dont Secret Show n’est que le premier volume) irrémédiablement transformé. Cette descente, et la blessure de Harry, était censée être racontée en environ 35 000 mots et confiée sous forme de nouvelle à mes éditeurs. Elle en fait désormais 240 000 et n’est pas achevée. Je mentionne seulement ce fait car j’espère très sincèrement que le travail extraordinaire réalisé par Chris, Gabriel et le coloriste Jay Fotos sur Secret Show sera lu et aimé passionnément par suffisamment de lecteurs pour les encourager à adapter le deuxième volume de la trilogie, Everville.

Ce qui ne laisse plus qu’un volume (encore sans titre, encore non écrit, mais qui trouble mon esprit de débordements de violence, de sexe bizarre, et du genre de théories métaphysiques qui donnent des ulcères et des hémorroïdes aux fondamentalistes chrétiens) à retranscrire par Chris et Gabriel dans leur médium de prédilection. Si cela devait arriver, comme je l’espère ardemment, j’ai la conviction qu’à travers leur transcription réinventée, la Trilogie de l’Art sera un nouveau sommet d’excellence de l’imagination et de l’esthétique.

Clive Barker.

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La quête pour l’Art de Randolph Jaffe a débuté à la poste centrale d’Omaha.

Au centre des courriers perdus pour être précis.

Des lettres mortes, Randolph.

Des trucs que même un bon postier

américain ne peut pas distribuer.

Et tout est à toi, maintenant. Ton petit coin de

paradis.

Trie-les. Ouvre-les. Cherche

les trucs importants, qu’on ne se retrouve pas à mettre le feu

à des billets de banque.

il y a de l’argent là-dedans ?

Parfois. Peut-être. Mais c’est surtout de

la pub.

Des trucs que les gens ne veulent

pas. Où avec une mauvaise adresse.

Ne me demande pas pourquoi mis quand

ils ne savent pas quoi faire de cette merde, ils l’envoient ici à Omaha.

Et tout est trié.

à la main. par toi.

tout ça ?

Tout pour toi. Tu vas prendre le coup. Si l’enveloppe a une marque

du gouvernement, tu mets ça au feu. Qu’ils aillent se faire foutre pas vrai ? Mais le reste, tu l’ouvres. On ne sait jamais ce qu’on peut

y trouver.

Et ce qu’on trouve, on le

partage.

Mémoire, prophétie et fantastique (le passé, le futur et le temps du rêve entre les deux) ne forment qu’une seule contrée, vivant une journée éternelle.Savoir cela est la sagesse.En faire usage est l’Art.

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Ah, une dernière chose,

Randolph…

je repasserai régulièrement te voir. Alors n’essaie pas de me cacher quoi que ce soit. Je sais quand il y a un billet dans une enveloppe, et je sais quand il y a un

voleur dans l’équipe.

On partage en équipe pas

vrai ?

compris.

Randolph Jaffe avait autrefois de grandes ambitions qui n’ont jamais abouti à quoi que ce soit.

Et la routine du travail n’a servi qu’à lui rappeler son échec à laisser une trace en ce monde.

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Au début, ce travail pénible correspondait à ce que Jaffe attendait.

Des lettres d’amour, des lettres de haine, des romans perdus… Des cartes de st valentin avec

des poils pubiens, des lettres de suicide, des CV et des ca-deaux refusés et des poèmes, et bien d’autres choses encore, sans importance.

Les lettres d’amour faisaient transpirer Jaffe. Les demandes de rançon le faisaient réfléchir. Mais le plus intrigant dans tout ça fut une autre histoire, une histoire qu’il n’est pas aussi facile de décrire.

Avec le temps, Jaffe a commencé à comprendre que l’Amérique avait une vie secrète… une vie dont il n’avait pas eu le moindre indice de l’existence auparavant

Toutes les quarante ou cinquante lettres, il trouvait un indice l’amenant vers une autre vérité : que le monde n’était pas ce qu’il semblait.

Des forces (gouvernementales, religieuses, médicales ou autres) conspiraient pour faire taire ceux qui étaient au courant. Mais des hommes et des femmes passaient entre les mailles du filet. On ne pouvait pas faire confiance aux téléphones. Alors, ils écrivaient.

ils écrivaient sur des ovnis, des sectes et des mediums. Mais Jaffe commença à percer ce qu’il y avait derrière ce charabia pour découvrir ce qui se cachait derrière. il déchiffra le code. il lut comment ôter le voile.

il apprit l’existence d’une mer sombre et de trois moyens d’y accéder. il apprit l’existence d’une île qu’on croyait être autrefois Atlantis, et aussi de la fin du monde.

et il découvrit l’art.

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L’Art était toujours évoqué de multiples façons : comme le dernier grand œuvre, comme le désespoir de De Vinci.

il y avait de multiples manières de le décrire, mais un seul Art. Et un vrai mystère : pas d’artiste.

Qu’est-ce que tu caches,

Jaffe ?

Je ne cache ri…

Tu planques des trucs que tu devrais partager avec nous

autres.

Non, ce n’est pas vrai, je

jure…

Tu passes chaque instant de ta putain

de journée en bas. Tu ne bois pas avec nous.

On sent pas bon ou quoi ?

Ou tu es un voleur ?

Je ne suis pas un voleur. Tu peux

me fouiller.

Putain, je risque pas de toucher. Tu me prends pour un putain de pédé

ou quoi ?

Non, ce que je vais faire, c’est envoyer quelqu’un d’autre

en bas te remplacer. Je te déplace.

Je ne veux pas… je veux dire. Je suis content en bas. C’est

un boulot qui me plaît, vraiment.

Ouais, eh bien à partir de lundi, tu bouges. Et si

ça te plait pas, tu pourras toujours te trouver un

autre job.

Ça pue ici. Ça pue un max.

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Jaffe déjeuna avec ses collègues de travail ce jour-là, déterminé à ne pas donner à Home la moindre raison supplémentaire de s’énerver.

Mais ses collègues l’évitèrent. il ne s’intégrait pas, il le savait. Et il se réjouissait d’être exclu.

Jaffe ne retourna pas au travail ce jour-là.

Il y avait trop à faire. Des secrets à découvrir. Et il chercha. il chercha et chercha d’autres signes…

il savait qu’il y avait un Art, mais pas d’artiste ; une pratique, mais pas de praticien.

Peut-être était-il cet homme ?

Jaffe commença à réaliser que tous ces symboles disparates se rattachaient au même mystère. A l’unique grand mystère de ce monde. Et il découvrit le Banc.

En recoupant ses sources, il comprit que le Banc était une sorte de culte et que son symbole était ce qu’il tenait dans la main. Et que le récif était lié à l’Art, d’une façon ou d’une autre. Mais de quelle manière ?

Ceux qui avaient écrit les lettres n’étaient pas assez intelligents pour assembler tout ça. Randolph Jaffe allait peut-être être le premier. Le médaillon pourrait l’amener aux réponses qu’il cherchait. Mais d’abord…

Et tout est trié.

Ben, elle t’avait fait un bon

steak, fallait la récompenser.

Et je lui ai mis cher hier soir.

ah ah !

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…il lui fallait détruire les preuves.

il n’avait plus qu’à se débarrasser du reste des lettres de son bureau. Par chance, Homer devait déjà être parti.

normalement. C’est quoi, l’arnaque ?

Pas d’arnaque. Je ne prends rien qui t’intéresserait. Ou que tu pourrais

utiliser…

C’est à moi d’en juger, trouduc. Je

veux savoir ce que tu manigançais là-dedans,

à part te branler.

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Je devrais t’expliquer… ce qu’est vraiment

l’arnaque.

Ouais, je t’écoute, vas-y.

eh bien, c’est très simple…

…j’ai trouvé un secret. Tu veux savoir ce

que c’est ?

Je…je sais pas ce que fais,

putain, mais ça me plait pas.

Je ne t’en veux pas. Mais c’est ton travail de savoir ce qui se passe ici,

n’est-ce pas ?

J’étais assis au centre du monde. Cette petite pièce… c’est là que tout

se passe.

aucun doute.

Ah… ah bon ?

Ouais… faut que j’y aille. J’étais juste descendu…

Tu veux partir ?

Tu as peur de moi…

Et tu as raison. Je

ne suis plus l’homme que

j’étais.

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Jaffe n’avait jamais versé la moindre goutte de sang auparavant. Néanmoins, il eut le sentiment que c’était le début d’une prophétie qu’il allait réaliser.

Pour autant, il aurait trop compliqué de traîner le corps et tout le courrier au fourneau.

il valait mieux déplacer le fourneau ici.

Jaffe ne possédait quasiment rien ; il existait à peine, en fait. Mais il était temps de quitter Omaha et de commencer un voyage.

La direction importait peu, du moment que le chemin l’amenait vers l’Art.