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Sciences économiques et sociales E SS 1 re Programme 2019 Sous la direction d’Isabelle Waquet Tanguy Cornu Professeur au lycée du Grand Nouméa, Nouvelle-Calédonie Coordination scientifique de la sociologie et de la science politique Thomas Fabre Professeur au lycée Faidherbe, Lille (59) Manon Faivre Professeure au lycée Germaine Tillion, Le Bourget (93) Stéphanie Fontaine Professeure au lycée Charles de Gaulle, Poissy (78) Damien Heurtevent Professeur au lycée Chateaubriand, Rennes (35) Sophie Laval Professeure au lycée Senghor, Magnanville (78) Maxence Morel Professeur au lycée Libergier, Reims (51) Olivier Robert Professeur au lycée Faidherbe, Lille (59) Agathe Roy Professeure au lycée franco-allemand, Buc (78) Miguel Sarzier Professeur au lycée Camille Vernet, Valence (26) Charlotte Vernet-Habasque Professeure au lycée militaire de Saint-Cyr, Saint-Cyr-l’École (78) Livre du prof.indb 1 01/07/2019 10:56

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Sciences économiques et sociales

ES S 1re

Programme 2019Sous la direction

d’Isabelle Waquet

Tanguy CornuProfesseur au lycée du Grand Nouméa, Nouvelle-Calédonie

Coordination scientifique de la sociologie et de la science politique

Thomas FabreProfesseur au lycée Faidherbe, Lille (59)

Manon FaivreProfesseure au lycée Germaine Tillion, Le Bourget (93)

Stéphanie FontaineProfesseure au lycée Charles de Gaulle, Poissy (78)

Damien HeurteventProfesseur au lycée Chateaubriand, Rennes (35)

Sophie LavalProfesseure au lycée Senghor, Magnanville (78)

Maxence MorelProfesseur au lycée Libergier, Reims (51)

Olivier RobertProfesseur au lycée Faidherbe, Lille (59)

Agathe RoyProfesseure au lycée franco-allemand, Buc (78)

Miguel SarzierProfesseur au lycée Camille Vernet, Valence (26)

Charlotte Vernet-HabasqueProfesseure au lycée militaire de Saint-Cyr, Saint-Cyr-l’École (78)

Livre du prof.indb 1 01/07/2019 10:56

Édition : Vanessa ColnotMise en page et réalisation des graphiques : Yves TremblayCouverture : Primo & Primo, Barbara Tamadonpour

Le photocopillage, c’est l’usage abusif et collectif de la photocopie sans autorisation des auteurs et des éditeurs. Largement répandu dans les établissements d’enseignement, le photocopillage menace l’avenir du livre, car il met en danger son équilibre économique. Il prive les auteurs d’une juste rémunération. En dehors de l’usage privé du copiste, toute reproduction totale ou partielle de cet ouvrage est interdite. Aux termes du Code de la propriété intellectuelle, toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle de la présente publication, faite par quelque procédé que ce soit (reprographie, microfilmage, scannérisation, numérisation…) sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre Français d’exploitation du droit de Copie (CFC) – 20, rue des Grands-Augustins – 75006 PARIS - tél. : 01 44 07 47 70 – fax : 01 46 34 67 19.

© Magnard – Paris, 2019 – 5 allée de la 2e D.B., 75015 ParisISBN : 978-2-210-11112-7

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3 SOMMAIRE.

SCIENCE ÉCONOMIQUE

1 Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ? ..................................................................... 4

2 Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ? ...................................20

3 Quelles sont les principales défaillances du marché ? ..................................................................35

4 Comment les agents économiques se financent-ils ? ...................................................................45

5 Qu’est-ce que la monnaie et comment est-elle créée ? ................................................................58

SOCIOLOGIE ET SCIENCE POLITIQUE

6 Comment la socialisation contribue-t-elle à expliquer les différences de comportement des individus ? ...................................................................................................70

7 Comment se construisent et évoluent les liens sociaux ? .............................................................84

8 Quels sont les processus sociaux qui contribuent à la déviance ? ................................................99

9 Comment se forme et s’exprime l’opinion publique ?..................................................................115

10 Voter, une affaire individuelle ou collective ? ...............................................................................125

REGARDS CROISÉS

11 Comment l’assurance et la protection sociale contribuent-elles à la gestion des risques dans les sociétés développées ? ...............................................................................139

12 Comment les entreprises sont-elles organisées et gouvernées ? ..............................................153

Savoir-faire ................................................................................................................................................. 172

Épreuve de spécialité

Sujet 1 .................................................................................................................................................174

Sujet 2 .................................................................................................................................................175

SOMMAIRE

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I. Présentation du chapitreCe premier chapitre de la partie « science économique » du programme est centré sur l’étude du fonctionnement d’un marché concurrentiel. Il est articulé autour de deux grands axes :

→ 1er AXENous commencerons par définir ce qu’est un marché concurrentiel en rappelant que c’est une institution, puis en le distinguant des autres structures de marché (monopole, oligopole et concurrence monopolistique). Il s’agira d’insister sur le fait que la concurrence est suffisamment importante pour que les agents écono-miques soient preneurs de prix. Puis sera abordée la manière dont les économistes modélisent le marché concurrentiel en partant des décisions individuelles des offreurs et des demandeurs pour déboucher sur la formation de l’équilibre concurrentiel.

→ 2e AXECe modèle permet de montrer que le marché, à l’équilibre, maximise le surplus total (surplus du consommateur et surplus du producteur) en rendant possible la réalisation de tous les échanges mutuel-lement avantageux. Cette efficience allocative du marché ne se constate pas uniquement en statique mais aussi en dynamique grâce à la flexibilité des prix quand les conditions d’offre et/ou de demande évoluent. Dans cette optique, nous analyserons les effets des chocs d’offre et de demande sur l’équilibre concurrentiel en distinguant les déplacements des courbes et les déplacements sur les courbes. Les enseignements tirés de l’analyse des chocs d’offre et de demande seront remobilisés pour analyser les effets de l’introduction d’une taxe forfaitaire sur l’équilibre du marché.

II. La mise en œuvre du programme dans le manuelAprès une première page de sensibilisation présentant des marchés concrets, le traitement du programme s’ar-ticule autour de quatre dossiers, reprenant les grandes questions du programme.

Le premier dossier permet de définir ce qu’est un marché concurrentiel en montrant, d’une part, que le marché est une institution qui repose sur des règles que les agents économiques doivent respecter et, d’autre part, que les marchés doivent être distingués selon leur degré de concurrence.

Le deuxième dossier propose une analyse de la forma-tion des courbes d’offre et de demande en partant des choix des consommateurs et des producteurs puis, à partir de la confrontation de ces deux courbes, une étude de la formation de l’équilibre concurrentiel.

Le troisième dossier cherche à montrer l’efficacité de la coordination des décisions individuelles par le marché. La démonstration passe par l’étude des concepts de gains à l’échange, de surplus du consommateur et de surplus du producteur pour mettre en évidence que la somme des surplus est maximisée lorsqu’un marché est à l’équilibre.

Le quatrième dossier étudie la dynamique de l’équilibre concurrentiel. Ce sont tout d’abord les déterminants de l’offre et de la demande qui sont présentés afin d’ana-lyser comment les modifications des conditions d’offre et/ou de demande affectent les courbes et, partant, l’équilibre concurrentiel. Une analyse plus approfondie des effets de la mise en œuvre d’une taxe forfaitaire sur l’équilibre de marché est enfin proposée.

CHAPITRE 1 Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ? Manuel p. 10-37

BIBLIOGRAPHIE ET SITOGRAPHIE

Voici quelques ressources susceptibles de compléter et enrichir les informations présentes dans les documents du dossier :

- Etienne Wassmer, Principes de microéconomie, Pearson, 2017.Une présentation pointue et précise des théories du producteur et du consommateur ainsi que de l’équilibre offre-demande sur un marché concurrentiel. - Marc Montoussé, Isabelle Waquet, Microéconomie, coll. « Introduction à l’économie », Bréal, 2014.

Un petit ouvrage qui présente de manière pédagogique le choix du producteur, le choix du consommateur et l’équilibre de marché. De nombreux exercices numériques sont proposés. - David Spector, La gauche, la droite et le marché, Odile Jacob, 2017.

Une analyse historique de l’aversion française au marché. - CORE, L’économie https://core-econ.org/the-economy/book/fr/text/0-3-contents.html

Un cours d’introduction à l’économie pour le supérieur en accès libre. Le chapitre 8 est consacré à l’étude du fonctionnement des marchés concurrentiels.

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5 CHAPITRE 1 Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?

III. Corrigés

PAGES D’OUVERTURE p. 10-11

Ces pages d’ouverture permettent de présenter les caractéristiques principales d’un marché concurrentiel.

1. Sur le marché de Noël, les acheteurs sont les visiteurs et les vendeurs sont les tenanciers des chalets en bois. Sur le Nasdaq, les vendeurs sont les entreprises qui émettent des actions ou les détenteurs d’actions qui les revendent et les acheteurs sont des agents économiques dotés d’une épargne financière.

2. Le marché peut être un lieu physique comme le marché de Noël de Strasbourg mais il peut aussi prendre une forme virtuelle à l’image du NASDAQ.

3. Ces deux marchés permettent à l’offre et à la demande de se rencontrer, de faire émerger un prix et de rendre possibles les échanges.

4. Un marché est en concurrence parfaite s’il y a un grand nombre d’offreurs et de demandeurs sur le marché (hypothèse d’atomicité), si les biens ne sont pas différenciés (hypothèse d’homogénéité), si l’information est accessible à tous rapidement et sans coût (hypothèse de transparence) et, enfin, s’il n’y a pas de barrières à l’entrée sur le marché (hypothèse de fluidité).

DOSSIER 1.Qu’est-ce qu’un marché concurrentiel ? p. 12-15

A. Le marché : une institution centrale des économies modernes

Document 1Définir le marché

1. C’est un marché couvert bordelais où des artisans-commerçants viennent vendre leur production aux consommateurs.

2. Si un acheteur trouve un produit trop cher, il ira voir un autre commerçant pour déterminer si le produit est proposé à un prix plus faible. Si ce n’est pas le cas ou que ce prix excède le prix maximal qu’il est disposé à payer, il ne réalisera pas cet achat.

3. Les acheteurs veulent acheter au prix le plus faible possible et les vendeurs vendre au prix le plus élevé possible. C’est l’émergence d’un prix sur le marché qui permet de solutionner ce conflit.

4. Le marché est un lieu physique ou virtuel sur lequel la confrontation de l’offre et de la demande donne nais-sance à un prix qui permet de réaliser les échanges.

Document 2Marchés et économie de marché

5. Sur le marché du travail, ce sont les actifs qui vendent/offrent leur force de travail et les entreprises qui achètent/

demandent la force de travail. La confrontation de cette offre et de cette demande fait émerger le prix de la force de travail qu’on appelle le taux de salaire.

6. Le marché du capital permet aux agents en besoin de financement (ceux qui demandent des fonds prêtables) de rencontrer des agents avec des capacités de finan-cement (ceux qui offrent des fonds prêtables). La confrontation de cette offre et de cette demande fait émerger le prix des fonds prêtables : le taux d’intérêt.

7. Une économie de marché est un système économique dans lequel les biens et services ainsi que les facteurs de production sont alloués par des marchés, respective-ment le marché des biens et services et les marchés du travail et du capital.

Document 3

Sans droits de propriété, pas de marché

8. Un droit de propriété recouvre le droit exclusif d’uti-liser des biens, de les aliéner et de bénéficier des fruits de ce bien (revenu, récolte, etc.). L’utilisateur d’un bien ne bénéficiera pas forcément de tous les attributs du droit de propriété. Par exemple, le locataire d’un loge-ment a uniquement un droit d’usage.

9. L’échange marchand implique un transfert de propriété et nécessite alors une bonne définition des droits de propriété. Si le propriétaire d’un bien n’a pas la possibilité de prouver qu’il est effectivement propriétaire du bien, il est alors impossible de procéder à l’échange marchand. Il faut aussi des institutions pour que les droits de propriété soient respectés (lutte et répression du vol par exemple). En outre, sans droits de propriété bien protégés, les individus ne seraient pas incités à s’engager dans des échanges marchands parce que les bénéfices pourraient être appropriés par d’autres.

10. Le bateau à vapeur de Denis Papin n’a pas pu se diffuser dans l’économie du xviiie siècle parce que la société de l’époque n’a pas su correctement protéger ses droits de propriété : le pouvoir politique n’a pas empêché la guilde de batelier de locaux de détruire son bien et la justice n’a pas fait en sorte que Denis Papin soit indemnisé pour le préju-dice subi. Dans ces conditions, il n’avait plus les moyens financiers et n’était surtout plus incité à poursuivre ses recherches et à proposer ses idées sur le marché.

Document 4

La protection de la propriété intellectuelle

11. La connaissance est un bien non excluable, c’est-à-dire qu’il est difficile, voire impossible d’obliger les utilisateurs de ce bien à payer. Les agents économiques ne sont donc pas incités à produire de nouvelles connais-sances parce que la production de ces connaissances implique d’engager des dépenses qu’ils ne pourront pas couvrir à travers les très faibles ventes qu’ils réaliseront.

12. Le brevet est un droit de propriété intellectuelle qui permet de garantir à l’innovateur qu’il sera le seul à percevoir le fruit de son innovation. C’est donc une institution qui incite à produire de nouvelles connais-

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sances parce que l’innovateur bénéficie d’une situation de monopole qui lui permet de fixer un prix élevé pour le bien ou le service qu’il vend. Cette rente de monopole, puissante incitation à l’innovation, récompense l’audace, la prise de risque, l’anticonformisme de l’innovateur.

13. Il existe un dilemme associé à la protection de la propriété intellectuelle. Cette protection limite la diffusion de l’innovation dans l’économie pour ceux qui ne peuvent pas payer le prix exigé par l’innovateur, mais dans le même temps, cette protection est un « mal nécessaire » parce que, sans elle, les agents économiques ne seraient pas incités à investir dans la production de connaissances.

14. Pour dépasser le dilemme du brevet, les collectivités humaines accordent une protection de la propriété intel-lectuelle qui est limitée dans le temps. De cette manière il est possible de concilier incitation et diffusion : les agents économiques sont incités à innover parce qu’ils bénéficient d’une rente de monopole durant quelques années et, au terme de la durée de protection, la connaissance peut massivement se diffuser dans l’éco-nomie puisqu’elle est désormais librement accessible.

FAIRE LE POINT

Bon fonctionnement du marché => essor

des échanges marchands

Droits de propriétés bien définis

Protection de la propriété intellectuelle

Sécurité juridique et physique

B. Du marché concurrentiel au monopole

Document 1Le marché concurrentiel : les hypothèses de la concur-rence pure et parfaite1. Atomicité = grand nombre d’offreurs et de deman-deurs sur le marché.

2. L’absence de barrière à l’entrée est la condition essen-tielle de la concurrence parce que c’est la libre entrée qui garantit une concurrence effective ou potentielle (entrée de nouveaux offreurs sur le marché).

3. Des agents économiques preneurs de prix n’ont pas la capacité de fixer le prix qu’ils souhaitent. Le prix de marché s’impose à eux.

4. Sur un marché concurrentiel, il y a un grand nombre d’offreurs (hypothèse d’atomicité) puisqu’il n’y a pas de barrière à l’entrée (hypothèse de fluidité). Acheter un bien à tel ou tel offreur n’a pas d’importance puisque les produits sont indifférenciés (hypothèse d’homogénéité). Partant, dans un contexte où l’information est disponible pour tous (hypothèse de transparence), aucun offreur ne pourra exiger un prix plus élevé que celui que propose ses concurrents parce que, dans ce cas, il perdrait toute sa clientèle. Sur un marché concurrentiel, les agents économiques sont donc preneurs de prix : le prix de marché s’impose à eux.

Document 2

La diversité des structures de marché

5. En situation de monopole, il y a un unique offreur sur le marché, alors qu’en situation d’oligopole, il y a un nombre limité d’offreurs sur le marché.

6. En situation de monopole ou d’oligopole, l’hypothèse d’atomicité n’est pas respectée. Les offreurs peuvent alors, dans des proportions plus ou moins fortes, déter-miner le prix qu’ils vont pratiquer. Le prix de marché ne s’impose pas à eux : ils ne sont pas preneurs de prix mais faiseurs de prix.

7. En situation de concurrence monopolistique, coha-bitent un grand nombre d’offreurs qui proposent des produits différenciés : c’est donc l’hypothèse d’homogé-néité des produits qui n’est pas respectée. Les produits n’étant pas homogènes, les biens et services proposés par les producteurs ne sont pas parfaitement substi-tuables, ce qui laisse certaines latitudes aux offreurs pour établir leur prix.

Document 3Distinguer les marchés selon leur structure

Marché des céréales pour

petit déjeuner

Marché français

de l’automobile

Marché français du transport ferroviaire à

grande vitesse

Marché du blé

Grand nombre d’offreurs ? Beaucoup d’offreurs Quelques-uns Un seul Beaucoup d’offreurs

Homogénéité des produits ? Produits différenciés Produits différenciés Produit homogène Produit homogène

Structures de marché

Concurrence monopolistique Oligopole Monopole Concurrence parfaite

Les offreurs sont-ils preneurs de prix ? Oui Oui Oui Non

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7 CHAPITRE 1 Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?

FAIRE LE POINT

1. Faux (Les offreurs sont price-taker. Le prix de marché s’impose aux agents économiques).

2. Vrai (L’hypothèse d’homogénéité est une condition de la concurrence pure et parfaite).

3. Vrai (L’hypothèse d’atomicité est une condition de la concurrence pure et parfaite).

4. Faux (L’absence de concurrents permet à l’entreprise en monopole de fixer le prix qu’elle désire, celui qui va maximiser son profit).

DOSSIER 2.Comment un marché concurrentiel parvient-il à l’équilibre ? p. 16-21

A. La loi de la demande

Document 1

Rationalité et raisonnement à la marge

1. Après avoir déterminé un objectif qui dépend de ses préférences, un agent économique rationnel examine tous les moyens qui s’offrent à lui pour parvenir à son but et il choisit celui qui lui permettra de l’atteindre le plus efficacement : il cherche à maximiser son intérêt. Émettre une telle hypothèse de comportement permet de prévoir la manière dont les individus vont agir ou réagir.

2. Pour déterminer la quantité consommée qui va maximiser sa satisfaction, le consommateur rationnel compare utilité marginale et coût marginal (prix payé sur le marché). Sa satisfaction sera maximale une fois qu’il aura consommé toutes les unités qui lui rapportent davantage (d’utilité marginale) que ce qu’elles lui coûtent (le prix). Sa satisfaction est donc maximale pour la quantité qui permet d’égaliser utilité marginale et prix.

3. La ménagère a intérêt à consommer un euro supplé-mentaire pour les pommes si l’utilité marginale que lui confèrent ces pommes supplémentaires est supérieure à l’utilité marginale à laquelle elle renonce en sacrifiant un euro de bananes.

Document 2

La loi de l’utilité marginale

4. Dans un restaurant à volonté, le coût d’une assiette supplémentaire est nul.

5. Loi de l’utilité marginale décroissante = chaque unité consommée supplémentaire confère un niveau d’utilité moindre que l’unité précédente.

6. Le client consommera 3 assiettes. Même si la quatrième assiette ne lui coûte rien, il ne la consom-

mera pas parce qu’elle lui conférerait une utilité négative qui viendrait diminuer son utilité totale.

7. En vertu de la loi de l’utilité marginale décroissante, les consommateurs cessent tôt ou tard de consommer même si le coût d’une assiette supplémentaire est nulle, garantissant ainsi la viabilité du modèle économique de restauration à volonté.

Document 3

La demande : une relation décroissante entre prix et quantités demandées

8. Oui parce que le troisième kilo consommé confère moins d’utilité que le deuxième et le quatrième moins d’utilité que le troisième.

9. Pour un prix de trois euros, Iris demande trois kilos de fraises. Pour un prix de deux euros, elle en demande huit kilos. La relation entre prix et quantité demandée est donc une relation décroissante : plus le prix est faible et plus la quantité demandée est importante (et inver-sement).

10. La relation décroissante entre prix et quantité demandée s’explique par trois mécanismes :

– un prix qui augmente fait baisser la quantité demandée parce que certaines unités ont un niveau d’utilité margi-nale qui n’est désormais plus suffisant pour couvrir le niveau de prix. Le consommateur rationnel n’achètera plus ses unités parce que, désormais, elles lui coûtent plus cher que ce qu’elles lui rapportent ;

– un prix qui augmente fait baisser la quantité demandée parce que cela réduit le pouvoir d’achat des ménages ;

– un prix qui augmente fait baisser la quantité demandée parce que cela incite les ménages à recourir à des biens substituables.

Document 4

Interpréter les pentes des courbes de demande

11. Les œufs n’ont pas beaucoup de substituts et revêtent un caractère relativement indispensable. Aussi, une variation du prix des œufs ne se traduit pas par une forte variation de la quantité demandée. La pente de la droite de demande d’œufs est donc fortement néga-tive parce qu’une grosse variation de prix (sur l’axe des ordonnées) n’entraîne pas une forte variation de la quan-tité demandée (sur l’axe des abscisses).

12. La demande de repas au restaurant ne revêt pas un caractère indispensable et il existe de nombreux bien substituables (repas à la maison, pique-nique, etc.). Aussi, une variation de son prix se traduit par une forte variation de la quantité demandée. La pente de la droite de demande de repas au restaurant est donc faiblement négative parce qu’une faible variation de prix (sur l’axe des ordonnées) entraîne une forte variation de la quan-tité demandée (sur l’axe des abscisses).

13. Les habitants vivant dans des territoires ruraux dépendent de la voiture pour se rendre sur leur lieu

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d’emploi, pour faire leurs courses, etc. Ils n’ont pas un accès large à des modes de transport substituables à la voiture (faiblesse du réseau de transport en commun). Aussi, la demande d’essence dans les territoires ruraux est très peu sensible à l’évolution de son prix. La droite de demande d’essence dans les territoires ruraux présente donc une forte pente négative.

Prix del’essence

Demande d’essence dans les territoires ruraux

Quantitéd’essence

FAIRE LE POINT

La quantité demandée baisse quand le prix augmente. L’explication est triple : 1) la hausse du prix incite les agents économiques à remplacer la consommation de ce bien par un autre bien qui lui est substituable ; 2) la hausse du prix du bien, en réduisant le pouvoir d’achat fait baisser la consommation de ce bien ; 3) la hausse du prix du bien incite à cesser de consommer les unités qui présentent une utilité marginale inférieure au prix payé.

B. La loi de l’offre

Document 1La loi des rendements factoriels décroissants

1. Jusqu’à la deuxième unité, les rendements factoriels sont croissants, ce qui signifie que la productivité du travail augmente. Le supplément de production permis par le deuxième travailleur est supérieur au supplé-ment de production permis par la première travailleur (+ 30 contre + 10). À partir de la troisième unité les rendements factoriels deviennent décroissants ; la productivité marginale du travail décroît (+ 20 pour le 3e travailleur contre + 20 pour le quatrième travailleur). Après la 6e unité, les rendements factoriels deviennent négatifs puisque la production totale diminue avec l’ajout d’un travailleur.

2. La loi des rendements factoriels décroissants postule que, passé un certain niveau de production, la producti-vité marginale d’un facteur de production décroît quand on l’augmente alors que l’autre facteur reste fixe. Cela implique qu’il faut de plus en plus de facteur travail, et donc verser de plus en plus de salaire, pour réaliser une unité de production supplémentaire. Les coût marginaux de production sont donc croissants.

Document 2

La détermination du volume de production optimal

3. La recette marginale correspond au flux de revenu permis par la vente d’une unité supplémentaire. Sur un marché concurrentiel, la recette marginale correspond au prix de marché. Le coût marginal correspond aux dépenses occasion-nées par la production d’une unité supplémentaire. Le profit marginal correspond à la différence entre la recette marginale et le coût marginal. Le profit total correspond à la différence entre la recette totale et le coût total.

4. Un producteur rationnel détermine le niveau de production optimal en comparant recette marginale (prix de marché) et coût marginal. Il continue de produire tant que la recette marginale (prix de marché) est supérieure au coût marginal, c’est-à-dire tant que l’unité produite permet de réaliser un profit marginal qui vient abonder le profit total.

5. Le volume de production permettant de maximiser le profit est celui pour lequel la recette marginale est égale au coût marginal. Il n’est pas rationnel de s’arrêter avant parce que cela reviendrait à renoncer à produire des unités générant un profit marginal. À l’inverse, il n’est pas rationnel d’aller plus loin parce que la produc-tion supplémentaire ferait baisser le profit total puisque chaque unité après ce niveau de production optimal induit un profit marginal négatif.

6. Dans l’exemple chiffré du tableau, le niveau de produc-tion optimal pour un prix de 9 euros est de 3 unités. Le profit total maximal s’élèverait alors à six euros.

Document 3

L’offre : une relation croissante entre les prix et les quantités offertes

7. La loi des rendements factoriels décroissants est bien vérifiée dans cet exemple puisque les coûts margi-naux de production sont croissants. Il faut rappeler ici aux élèves que ces coûts marginaux croissants sont la conséquence de la loi des rendements factoriels décroissants (question 2 du document 1 p. 18). Le coût marginal s’élève à 5 euros pour la quatrième unité, ce qui est supérieur au coût marginal de la troisième unité (4 euros) et inférieur au coût marginal de la sixième unité (6 euros).

8. Igor offre trois kilos de fraises pour un prix de quatre euros et six kilos pour un prix de sept euros. La relation entre prix et quantité offerte est une relation croissante : plus le prix est élevé, plus la quantité qui est offerte est importante.

9. La loi des rendements factoriels décroissants implique que les coûts marginaux de production sont croissants. Partant, un prix plus élevé rend rentable (prix > coût marginal) la production d’unités qui ne le serait pas pour un prix plus faible (prix < coût marginal).

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9 CHAPITRE 1 Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?

Document 4

Interpréter les pentes des courbes d’offre

10. La droite d’offre de bananes présente une forte pente positive à court terme parce qu’il faut du temps aux producteurs pour réagir à la hausse des prix (mise en culture de nouvelles terres) : à court terme, une hausse du prix, même forte, ne se traduit pas par une hausse significative de la demande.

11. Les facteurs nécessaires à la production de vête-ments sont facilement disponibles si bien que les producteurs peuvent rapidement augmenter les quan-tités offertes lorsque les prix augmentent. La pente de la droite d’offre de vêtements est donc faiblement positive : une faible hausse de prix induit une forte hausse de la quantité offerte.

12. La droite d’offre de chambres d’hôtel en pleine saison touristique est très peu sensible à la varia-tion des prix parce qu’il est difficile à court terme de proposer des chambres supplémentaires. De ce fait, la droite d’offre de chambres d’hôtel présente une forte pente positive.

Prix des chambres

d’hôtel

Droite d’offre des chambres d’hôtel

Quantité de chambres d’hôtel

FAIRE LE POINT

Volume de production optimal

Arbitrage

Profit maximal

Prix = recette marginale

Coût marginal=

C. L’équilibre concurrentiel

Document 1

Des offres et demandes individuelles aux offres et demandes de marché

1. Pour un prix de cinq euros :

Quantité demandée par Jeanne et Bilel = 4 + 5 = 9.

Quantité demandée sur le marché = quantité demandée par Jeanne et Bilel + quantité demandée par les autres consommateurs sur le marché = 230.

Quantité offerte par Sarah et Igor = 4 + 9 = 13.

Quantité offerte sur le marché = quantité offerte par Sarah et Igor ainsi que les autres vendeurs sur le marché = 580.

2. L’offre (ou la demande individuelle) désigne l’offre (ou la demande) qui émane d’un acteur individuel alors que l’offre (ou la demande) de marché désigne l’agrégation, la somme respectivement de toutes les offres indivi-duelles et de toutes les demandes individuelles.

Document 2

La détermination du prix et de la quantité d’équilibre

3. Prix d’équilibre = 3 euros et quantité d’équilibre = 400.

4. Un excédent est une situation de déséquilibre dans laquelle la quantité offerte est supérieure à la quantité demandée. Sur ce marché, lorsque le prix des fraises s’élève à 5 euros, 350 kilos de fraises sont invendus (quantité offerte – quantité demandée = 580 – 230 = 350). Le retour à l’équilibre est permis par une baisse du prix qui fait entrer des acheteurs sur le marché (hausse des quantités demandées) et sortir des vendeurs (baisse des quantités offertes).

5. Une pénurie est une situation de déséquilibre dans laquelle la quantité offerte est inférieure à la quantité demandée. Sur ce marché, lorsque le prix des fraises s’élève à 2 euros, une demande de 220 kilos de fraises ne peut pas être satisfaite (quantité demandée – quantité offerte = 500 – 280), faute d’un nombre suffisant d’of-freurs. Le retour à l’équilibre est permis par une hausse du prix qui fait sortir des acheteurs du marché (baisse des quantités demandées) et entrer des vendeurs (hausse des quantités offertes).

Document 3

La finale de la League Europa en 2018

6. C’est une situation de pénurie. Pour un prix compris entre 45 et 65 euros, il y a beaucoup plus de places qui sont demandées que les places qu’il est possible d’offrir.

7. Cet équilibre sur le marché aurait été résorbé par une hausse du prix. Ce mécanisme de marché peut s’ob-server sur le marché noir où les places ont atteint le prix de 400 euros.

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10

Document 4 L’exclusion par les prix

8. Ce marché est à l’équilibre puisque la quantité offerte est strictement égale à la quantité demandée.

9. 300 ménages sont exclus du marché du logement représenté dans le graphique de ce document.

10. Si ces ménages sont exclus du marché, c’est souvent parce qu’ils n’ont pas des revenus suffisants pour payer le prix de marché des logements.

FAIRE LE POINT

Un marché concurrentiel résorbe automatiquement les déséquilibres entre l’offre et la demande. En situation d’excédent (offre > demande), la baisse du prix assure le retour à l’équilibre en diminuant la quantité offerte et en augmentant la quantité demandée. En situation de pénurie (demande > offre), la hausse du prix permet un rééquilibrage de l’offre et de la demande en augmentant la quantité offerte et en diminuant la quantité demandée.

DOSSIER 3.Pourquoi la coordination parle marché est-elle efficace ? p. 22-25

A. Les surplus du consommateur et du producteur

Document 1

Les gains à l’échange

1. La spécialisation permet aux individus de devenir plus productifs parce qu’ils consacrent l’intégralité de leur temps à réaliser l’activité dans laquelle ils sont les plus productifs.

2. L’échange marchand est le corollaire indispensable de la spécialisation parce que le marché permet aux agents économiques qui se sont spécialisés dans une production donnée d’échanger leur surplus de produc-tion contre les biens qu’ils ont renoncé à produire.

3. Les gains à l’échange peuvent se définir comme le surcroît de richesse dont bénéficient les agents écono-miques lorsqu’ils recourent à l’échange par rapport à une situation d’autarcie.

Document 2

Le surplus du consommateur : l’exemple d’une vente aux enchères

4. La disposition à payer désigne le prix maximal qu’un individu est disposé à payer pour un bien ou un service. Elle diffère selon les agents économiques parce que ces derniers ont des préférences qui diffèrent.

5. Le surplus du consommateur est la différence entre la disposition à payer du consommateur et le prix qu’il

paye sur le marché. Le surplus du consommateur permet de mesurer le gain que le consommateur retire de l’échange.

6. John était disposé à payer au maximum 100 euros pour obtenir le lot de cartes postales mais il a payé seulement 81 euros. Le surplus du consommateur de John s’élève donc à 19 euros.

7. John réalise un gain à l’échange parce qu’il a payé ce lot de cartes postales moins cher que le prix maximal qu’il était disposé à payer.

Document 3

Gains à l’échange et surplus du consommateur

8. Parce que sa disposition à payer est supérieure au prix pratiqué avant et après la baisse du prix.

9. La surface du triangle rectangle BAC représente le surplus du consommateur avant la hausse de prix et BDE, le surplus du consommateur après la hausse de prix. Graphiquement, le surplus du consommateur correspond à l’aire comprise entre la courbe de demande (qui indique à la disposition à payer) et le niveau du prix du marché.

10. Une baisse de prix augmente le surplus du consom-mateur pour deux raisons : – d’une part, chaque consommateur qui achetait déjà le bien voit son surplus individuel augmenter (hausse de la différence entre la disposition à payer et le prix = surface hachurée en bleu) ; – d’autre part, de nouveaux consommateurs entrent sur le marché et réalisent également des gains à l’échange (aire du triangle rectangle vert).

11. Lorsque le prix augmente, le surplus du consomma-teur diminue parce que : – certains consommateurs cessent de consommer le bien qui affiche désormais un prix supérieur à leur dispo-sition à payer ; – les consommateurs qui continuer à acheter le bien voient leur surplus individuel baisser (baisse de la diffé-rence entre la disposition à payer et le prix).

Document 4

Gains à l’échange et surplus du producteur

12. La surface du triangle rectangle BDO représente le surplus du consommateur avant la hausse de prix et celle de CAO le surplus du producteur après la hausse de prix. Le surplus du producteur se définit comme la différence entre le prix perçu et le coût marginal. Graphiquement, le surplus du producteur correspond à l’aire située entre la courbe d’offre qui indique le coût marginal et le niveau de prix du marché.

13. Une hausse du prix d’un bien augmente le surplus du producteur pour deux raisons : – chaque producteur qui offrait déjà le bien voit son surplus individuel augmenter après la hausse du prix (hausse de la différence entre le prix perçu et le coût marginal) ;

Livre du prof.indb 10 01/07/2019 10:56

11 CHAPITRE 1 Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?

– de nouveaux producteurs aux coûts plus élevés peuvent désormais proposer leur production sur le marché parce qu’un prix plus élevé permet de couvrir leurs coûts de production. Ils réalisent désormais un gain à l’échange.

14. Lorsque le prix baisse, le surplus du producteur diminue parce que : – les producteurs aux coûts élevés cessent de vendre leur production. En sortant du marché, ils ne réalisent plus de gains à l’échange ; – les producteurs qui continuent à vendre leur produc-tion sur le marché voient leur surplus individuel baisser (baisse de l’écart entre le prix perçu et le coût marginal).

FAIRE LE POINT

Échanges marchands

Spécialisation

Gains de productivité

Gains à l’échange

B. Le marché maximise la somme des surplus

Document 1

Allocation optimale des ressources et coordination par le marché

1. La main invisible désigne le mécanisme par lequel le système de prix parvient à faire en sorte que des déci-sions individuelles motivées par la recherche de l’intérêt personnel aillent dans le sens de la réalisation de l’in-térêt général.

2. Adam Smith souligne dans cette phrase qu’il est vain de mettre en œuvre des actions visant à servir l’intérêt général. Il est bien plus efficace de laisser les individus chercher à satisfaire leur intérêt personnel pour parvenir au bien-être général. Cette phrase promeut le libéra-lisme économique, une doctrine qui fait confiance aux mécanismes de marché pour assurer l’intérêt général et qui rejette l’intervention de l’État dans l’économie.

3. En prenant l’exemple du crayon de Milton Friedman, on peut constater que le marché incite les agents écono-miques à se spécialiser dans la production des différents composants entrant dans la fabrication du crayon. Dès lors qu’il existe une demande à un prix suffisamment rémunérateur, il se trouvera toujours quelqu’un, quelque part, pour y répondre. Le marché rend donc compatibles les plans des offreurs et des demandeurs. Il est possible

d’aborder cette question de la coordination des déci-sions économiques par le marché à partir de la vidéo sous-titrée en français dans laquelle Milton Friedman développe son célèbre exemple du crayon (https://www.youtube.com/watch?v=SDUB4Pw39sg).

Document 2

Le rôle régulateur des prix

4. Quand le prix du pétrole augmente, les agents écono-miques comprennent que ce dernier se raréfie et/ou devient plus rare.

5. La hausse du prix permet aux producteurs de pétrole d’exploiter de nouveaux gisements qui étaient jusqu’alors trop coûteux (pétrole offshore, exploitation des gaz de schiste ou des sables bitumeux, etc.). Du côté des demandeurs, la hausse du prix incite les consomma-teurs à économiser le pétrole.

6. Il est préférable de laisser les prix augmenter parce que la hausse du prix permet de réguler le marché, c’est-à-dire d’égaliser l’offre et la demande.

Document 3

À l’équilibre, le surplus collectif est maximal

7. Le surplus collectif correspond à la somme des surplus du consommateur et du producteur.

8. Un échange est qualifié de mutuellement avanta-geux lorsqu’il permet un gain à l’échange à la fois pour le producteur et pour le consommateur. Des échanges libres entre agents économiques rationnels sont néces-sairement mutuellement avantageux.

9. Si le prix diffère du prix d’équilibre, la quantité effecti-vement échangée est inférieure à la quantité d’équilibre. Cela signifie que des échanges mutuellement avantageux ne sont pas réalisés parce que le prix n’est pas à son niveau d’équilibre. Le surplus collectif n’est donc pas maximal. Par exemple, sur le graphique, quand le prix s’élève à 45 euros, seulement 6 unités sont échangées alors que deux échanges supplémentaires générant des gains à la fois pour les offreurs et pour les demandeurs (aire BCE) pour-raient avoir lieu si le prix baissait à 30 euros.

10. À l’équilibre, la somme des surplus est maximisée parce que tous les échanges mutuellement avantageux sont réalisés.

Document 4

L’inefficacité des prix administrés : l’exemple des loyers plafonnés

11. Dans cet exemple, le prix plafond est inférieur au prix d’équilibre. Il engendre une situation de pénurie de l’ordre de 400 000 logements (la quantité demandée – 2,2 millions – est supérieure à la quantité offerte – 1,8 million) qui perdure parce que le prix ne peut pas s’ajuster à la hausse. Or c’est cet ajustement à la hausse qui permet-trait le rééquilibrage de l’offre et de la demande.

Livre du prof.indb 11 01/07/2019 10:56

12

12. La perte sèche correspond aux pertes de surplus du consommateur et de surplus du producteur induites par la non réalisation d’échanges mutuellement avanta-geux. Cette perte sèche correspond à la différence entre le surplus total à l’équilibre (aire ABC) et le surplus total après la mise en œuvre du prix plafond (ADEC), soit l’aire BDE.

13. Un prix plafond génère d’autres effets pervers : 1) une faible incitation et une faible capacité pour les offreurs à entretenir les logements, ce qui débouche sur une dégradation du parc immobilier ; 2) l’exigence de droits d’entrée de la part des propriétaires ; 3) de la sous-location, etc.

14. Représentation graphique d’un prix-plancher supé-rieur au prix d’équilibre et de la perte sèche que ce prix-plancher induit :

Prix

Excédent

Perte sèche

Offre

Prix plancher

Demande

Quantité

FAIRE LE POINT

1. Vrai (Les prix véhiculent de l’information).

2. Faux (Parce qu’à l’équilibre la somme des surplus est maximisée).

3. Faux (La quantité échangée est moins importante qu’en situation d’équilibre).

4. Vrai (Parce que des échanges mutuellement avanta-geux ne peuvent pas avoir lieu).

DOSSIER 4.Comment les modifications de l’offreet de la demande affectent-ellesl’équilibre concurrentiel ? p. 26-29

A. La dynamique de l’équilibre concurrentiel

Document 1

Les déterminants de l’offre et de la demande

1. Un choc d’offre positif est un évènement qui pousse les offreurs à offrir une quantité plus importante qu’au-

paravant quel que soit le niveau de prix. Graphiquement, cela se traduit par un déplacement sur la droite de la courbe d’offre. Un choc de demande est un évènement qui pousse les acheteurs à demander une quantité moins importante quel que soit le niveau de prix. Graphique-ment, cela se traduit par un déplacement sur la gauche de la courbe de demande.

2. Les mandarines étant substituables aux oranges, la baisse de leur prix impacte négativement la demande d’oranges. La courbe de demande d’oranges se déplace alors sur la gauche.

3. Le passage de D1 à D3 correspond à un déplacement sur la droite de la courbe de demande, soit un choc de demande positif. Ce déplacement sur la droite de la courbe de demande induit un déplacement vers le haut sur la courbe d’offre qui fait augmenter le prix.

Document 2

Comment expliquer la hausse du prix du logement en France ?

4. Dans le 6e hausse de 189 %, dans le 14e hausse de 215 %, et dans le 19e, hausse de 214 % (soit respective-ment des multiplications du prix par 2,89, 3,15 et 3,14).

5. Facteurs affectant la demande de logements : 1) niveau des taux d’intérêt et durée des prêts ; 2) crois-sance démographique ; 3) multiplication du nombre de ménages avec le développement du célibat et des divorces ; 4) anticipation d’une future hausse des prix.

6. Facteurs affectant l’offre de logements : 1) rareté des terrains ; 2) normes d’urbanisme limitant la taille des bâtiments ; 3) hausse des coûts de production dans le bâtiment.

7. Le prix du logement dans les grandes villes comme Paris a beaucoup augmenté parce que le rythme de croissance de la demande a été beaucoup plus rapide que le rythme de croissance de l’offre.

Document 3

Utiliser le modèle du marché concurrentiel pour conseiller l’action publique

8. La demande de cannabis est représentée sous la forme d’une droite à forte pente négative parce que la consommation de cannabis est peu sensible à la varia-tion du prix (addiction).

9. La politique de sensibilisation est plus efficace que la politique de répression parce qu’elle se traduit par une baisse plus importante des quantités de cannabis échangées. Comment l’expliquer ? – La politique de répression génère un choc d’offre négatif qui fait augmenter les prix. Mais cette hausse de prix ne modère que très peu la demande car l’addiction au cannabis des consommateurs fait que leur demande est très peu sensible à la hausse des prix. – La politique de prévention génère un choc de demande négatif qui fait baisser les prix et cette baisse de prix désincite les offreurs à continuer à proposer du cannabis sur le marché.

Livre du prof.indb 12 01/07/2019 10:56

13 CHAPITRE 1 Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?

FAIRE LE POINT

Hausse du prix des fèves de cacao et marché du chocolat

Prix

Quantité

O1

D

O2

Effet sur le prix et la quantité d’équilibre de chocolat :

Hausse du prix du chocolat&

Baisse de la quantité échangée

Apparition de nouveaux offreurs sur le marché des Smartphones

Prix

Quantité

O1

O2

D

Effet sur le prix et la quantité d’équilibre de Smartphones :

Baisse du prix des Smartphones&

Hausse de la quantité échangée

Hausse de la population et marché du logement

Prix

Quantité

O

D1

Effet sur le prix et la quantité d’équilibre du logement :

Hausse du prix du logement&

Hausse de la quantité échangée

D2

Baisse du prix du train et marché du transport aérien intérieur

Prix

Quantité

O

Effet sur le prix et la quantité d’équilibre de vols intérieurs :

Baisse du prix des vols intérieurs&

Baisse de la quantité échangée

D1

D2

Livre du prof.indb 13 01/07/2019 10:56

14

B. Les effets d’une taxe forfaitaireDans cette partie, le choix a été fait, dans un souci de clarté pédagogique, de présenter uniquement les effets d’une taxe forfaitaire appliquée sur le producteur.

Document 1Les effets d’une taxe forfaitaire sur l’offre et la demande

1. Lorsqu’une taxe forfaitaire est appliquée aux produc-teurs, cela se traduit par un choc d’offre négatif qui déplace sur la gauche la courbe d’offre. Le prix d’équi-libre augmente (de 40 à 45 euros) et la quantité échangée diminue (de 250 à 225 sorties).

2. Avant la mise en œuvre de la taxe, le moniteur perce-vait 40 euros pour une sortie de canyoning. Le montant net de taxe perçu par l’offreur passe à 35 euros après la mise en œuvre de la taxe. Bien que ce soit l’offreur qui soit ciblé par la taxe, il en supporte effectivement seulement la moitié de la charge (5 euros sur 10 euros).

3. Le prix payé par le consommateur augmente de cinq euros après la mise en œuvre de la taxe, le prix de la sortie canyoning passant de 40 à 45 euros. Dans cet exemple, le poids de la taxe est également réparti entre les offreurs (leur recette par sortie baisse de cinq euros) et les deman-deurs (le prix de la sortie augmente de cinq euros).

Document 2La taxation de l’autoroute principalement supportée par les offreurs

4. La pente de la courbe d’offre est fortement néga-tive, ce qui signifie que l’offre de service autoroutier est peu sensible au prix. Cela s’explique par le fait qu’il est difficile, long et coûteux d’augmenter ou de baisser les capacités des autoroutes.

5. La demande de services autoroutiers est sensible au prix parce qu’il existe des biens substituables comme les routes nationales ou départementales.

6. Après introduction d’une taxe de cinq euros, le prix payé par les consommateurs passe de 5 à 6 euros et le prix net de taxe perçu par l’offreur de 6 à 2 euros. La taxe est principalement supportée par l’offreur (80 % de la taxe).

7. Lorsque l’offre est beaucoup moins sensible au prix que la demande, le poids de la taxe est essentiellement supporté par les offreurs.

Document 3L’écotaxe sur le carburant : principalement supportée par les consommateurs

8. L’offre de carburant est très sensible au prix parce que la hausse du prix du carburant incite les offreurs à exploiter des gisements plus difficiles et coûteux.

9. La demande est peu sensible au prix du carburant parce qu’il n’existe pas beaucoup de biens substituables au pétrole.

10. Après la taxe, les demandeurs paient 1,18 euros au lieu de 0,8 €, soit 38 centimes de plus. La recette nette

de taxe des offreurs baisse pour sa part de 2 centimes passant de 0,8 € à 0,78 €. 95 % de la taxe, ciblant pour-tant les producteurs, est effectivement supportée par les demandeurs.

11. Lorsque la demande est beaucoup moins sensible au prix que l’offre, le poids de la taxe est essentiellement supporté par les demandeurs.

Document 4

L’acceptabilité sociale de la taxe carbone

12. La recette fiscale s’obtient en multipliant les quan-tités échangées (9,2 millions = BC = AD) par le montant de la taxe (0,4 € = AB = CD) soit 3,68 millions d’euros.

13. L’aire ABE correspond à la perte sèche induite par la taxe, c’est-à-dire les échanges mutuellement avanta-geux empêchés par la taxe.

14. L’écotaxe donne un prix à la pollution et incite ainsi les agents économiques à moins polluer parce que c’est désormais coûteux pour eux.

15. L’écotaxe n’a pas été acceptée par les Français en 2018 parce qu’elle posait un double problème de justice sociale : – l’écotaxe ne s’applique pas au kérosène utilisé dans le transport aérien. Or ce moyen de locomotion induit de fortes émissions de GES ;– c’était une taxe régressive : la part du revenu qui est consacrée à payer la taxe est plus forte chez les ménages les plus modestes parce que les classes populaires et les classes moyennes sont des catégories sociales pour lesquelles les dépenses en essence représentent une part importante de leur budget (revenu limité et absence de substituts au transport automobile). Pour accroître l’acceptabilité sociale de la taxe, il faudrait utiliser les recettes de l’écotaxe pour :– indemniser ceux dont le pouvoir d’achat est affecté de manière significative ; – investir dans des infrastructures de transport collectif efficaces pour rendre ces populations moins dépen-dantes de la voiture et leur donner ainsi la possibilité de ne pas utiliser leur véhicule.

FAIRE LE POINT

1. Faux (Cela dépend du degré de sensibilité au prix de l’offre et de la demande).

2. Vrai (La taxe est un choc d’offre négatif qui déplace la courbe d’offre sur la gauche, ce qui fait que l’on se déplace vers le haut sur la courbe de demande (le prix augmente)).

3. Faux (Une taxe prélevée sur les demandeurs déplace la courbe de demande vers la gauche).

4. Vrai (Parce que la courbe d’offre se déplace vers la gauche ; cela entraîne un déplacement vers le haut sur la courbe de demande qui présente une forte pente négative : le prix augmente beaucoup et la taxe est donc principalement supporté par les demandeurs sous la forme d’une hausse du prix du bien).

Livre du prof.indb 14 01/07/2019 10:56

15 CHAPITRE 1 Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?

EXERCICES p. 33-34

Exercice 1

1. Vrai (Un agent économique utilise les moyens les plus efficaces pour parvenir aux buts qu’il s’est fixés. De cette manière, il peut accomplir la plus large palette possible de ses objectifs).

2. Faux (Sur un marché concurrentiel, les agents écono-miques sont preneurs de prix).

3. Faux (La demande est une fonction décroissante du prix).

4. Vrai (Parce qu’un agent économique rationnel va produire toutes les unités qui génèrent un profit marginal. Il cesse d’augmenter la quantité offerte une fois qu’il a produit l’unité permettant d’égaliser le prix et le coût marginal).

5. Faux (Le prix d’équilibre se fixe de manière à égaliser les quantités offertes et demandées).

6. Faux (La hausse du prix renforcerait le problème d’excédent en augmentant les quantités offertes et en baissant les quantités demandées).

7. Vrai (L’échange marchand permet aux agents écono-miques de se spécialiser et donc de réaliser des gains de productivité. Ils échangent leur excédent de production contre les biens et services qu’ils ne produisent pas mais qu’ils obtiennent en plus grande quantité qu’en situation d’autarcie).

8. Faux (C’est la différence entre le prix et le coût marginal).

9. Faux (Une hausse de la fiscalité alourdit les coûts de production. C’est donc un choc d’offre négatif qui déplace sur la gauche la courbe d’offre).

10. Faux (Cela dépend des sensibilités aux prix respec-tives de l’offre et de la demande).

Exercice 2

1. Indice des prix à la consommation (base 100 en 2010) = 0,46 x 115 + 0,02 x 110 + 0,08 x 130 + 0,16 x 130 + 0,28 x 110 = 52,9 + 2,2 + 10,4 + 20,8 + 30,8 = 117,1.

2. Entre 2010 et 2019, les prix ont augmenté en moyenne de 17,1 %.

Exercice 3

Marché considéré Marché du blé Marché de la restauration

Marché du transport aérien

Marché des couches jetables pour nourrissons

Évènement Forte sécheresse aux États-Unis

Augmentation du coût du travail

Forte hausse du prix du train

Baisse de la natalité

Effet sur l’offre ou la demande

Diminution de l’offre Diminution de l’offre Augmentation de la demande

Diminution de la demande

Déplacement de la droite d’offre ou de demande

Déplacement sur la gauche de la courbe d’offre

Déplacement sur la gauche de la courbe d’offre

Déplacement sur la droite de la courbe de demande

Déplacement sur la gauche de la courbe de demande

Évolution du prix et des quantités échangées

Hausse du prix du blé et baisse de la quantité échangée

Hausse du prix des repas et baisse de la quantité échangée

Hausse du prix du transport aérien et hausse des quantités échangées

Baisse du prix des couches jetables et baisse des quantités échangées

Effet d’une forte sècheresse aux États-Unis sur le marché du blé

Prix

Quantité

O1

D

O2

Effet d’une augmentation du coût du travail sur le marché de la restauration

Prix

Quantité

O1

D

O2

Livre du prof.indb 15 01/07/2019 10:56

16

Effet d’une forte hausse du prix du train sur le marché du transport aérien

Prix

Quantité

D1

O

D2

Effet d’une baisse de la natalité sur le marché des couches jetables pour nourrissons

Prix

Quantité

D2

O

D1

Exercice 4

1. Pour un prix de quatre euros, Gérald comman-dera quatre assiettes. C’est la quantité consommée qui lui permet de maximiser sa satisfaction puisque cette quatrième assiette lui confère une utilité margi-nale strictement égale au prix qu’il paie. Le surplus du consommateur qu’il perçoit, autrement dit ses gains à l’échange, s’élève à 12 euros : (10 – 4) + (8 – 4) + (6 – 4) + (4 – 4) = 12.

2. Pour un prix de six euros, Gérald consommera trois assiettes. C’est désormais la quantité de consommation optimale pour laquelle l’utilité marginale est égale au prix. Son surplus s’élève désormais à (10 – 6) + (8 – 6) + (6 – 6) = 6 euros, soit 6 euros de moins que la semaine précédente.

3. Gérald a intérêt à accepter la formule à volonté parce que les assiettes qui lui confèrent une utilité marginale positive fournissent un niveau d’utilité totale supérieure au prix qu’il paye (30 euros d’utilité conférée par les six premières assiettes contre un prix de la formule à volonté qui s’élève à 25 euros). Sa satisfaction sera maxi-male lorsqu’il aura mangé toutes les assiettes qui lui confèrent une utilité marginale positive ou nulle, soit six assiettes.

4. Si le profil de Gérald est représentatif, le prix maximal que les consommateurs sont disposés à payer pour une formule à volonté s’élève à 30 euros. Ce prix de 30 euros est donc le prix maximal que peuvent fixer les restaura-teurs pour ce type de prestation s’ils souhaitent encore attirer des clients. Au-delà, il se couperont de la majeure partie de leur clientèle.

Exercice 5

1. et 2.

Prix

Offre

Demande

Quantité

40

35

30

25

20

15

10

5

010 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150 160 170 180 190 200

3. Qd = Qo ⇔ 130 – 3P = 3P + 10 ⇔ 6P = 120 ⇔ P = 20

Q = 130 – 3P ; or on sait que P = 20, donc Q = 130 – 60 = 70.Le prix d’équilibre s’élève à 20 euros et la quantité d’équilibre à 70 unités.

4.

PrixOffre avant la sécheresse

Demande

Quantité

40

35

30

25

20

15

10

5

010 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150 160 170 180 190 200

Offre aprèsla sécheresse

5. Qd = Qo ⇔ 130 – 3P = 3P – 20 ⇔ 6P = 150 ⇔ P = 25.Q = 130 – 3P ; or on sait que P = 25, donc Q = 130 – 75 = 55.Le prix d’équilibre s’élève désormais à 25 euros et la quantité d’équilibre à 55 unités. Ce choc d’offre négatif a diminué les quantités échangées de 15 unités.

Livre du prof.indb 16 01/07/2019 10:56

17 CHAPITRE 1 Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?

6. Si les pouvoirs publics fixent un prix plafond pour les céréales, c’est pour éviter que les consommateurs soient exclus par les prix de l’accès à un bien essentiel à leur survie.

7.

Prix

Offre avant la sécheresse

Demande

Quantité

40

35

30

25

20

15

10

5

010 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150 160 170 180 190 200

Offre aprèsla sécheresse

QO< QD

prix plafond

pénurie

8. On constate une situation de pénurie : les quantités offertes sont inférieures aux quantités demandées.

VERS LE BAC.Épreuve de spécialité p. 36-37

PARTIE 1. Mobilisation de connaissances et traitement de l’information

Exercice

1. L’offreur est un agent économique rationnel qui cherche à maximiser son profit. Puisque l’offreur est preneur de prix sur un marché concurrentiel, il n’a pas de marges d’action sur le prix. Il peut seulement déterminer la quantité qu’il va produire. Pour déter-miner le niveau de production optimal, c’est-à-dire la quantité produite qui maximise son profit total, l’offreur va raisonner à la marge en comparant la recette margi-nale qu’il retire d’une unité supplémentaire (le prix de marché) et son coût marginal. Il est important de signaler que le prix de marché est une constante mais que ce n’est pas le cas du coût marginal qui augmente avec les quantités produites du fait de la loi des rende-ments factoriels décroissants. Dans ces conditions, l’offreur va produire toutes les unités qui se vendront à un prix supérieur ou égal au coût marginal, c’est-à-dire toutes unités permettant un profit marginal. Il cessera d’augmenter les quantités offertes une fois qu’il aura produit l’unité permettant d’égaliser coût marginal et prix de marché. Ce niveau de production atteint, l’offreur n’a plus aucun intérêt à produire des unités supplémentaires parce que cela se traduirait par des

pertes marginales (prix < coût marginal) qui viendraient diminuer son profit total.

Nous venons de présenter comment l’offreur déter-mine la quantité qu’il offre pour un niveau de prix donné mais la question porte sur l’offre, c’est-à-dire la relation entre les quantités offertes et les prix. Il faut donc analyser à partir du modèle de comportement du producteur comment évoluent les quantités offertes lorsque le prix varie. Si le prix de marché s’élève, des unités produites supplémentaires dégageront désor-mais un profit marginal parce que le prix de marché plus élevé permet de couvrir le coût marginal plus élevé de ces unités supplémentaires. L’offreur est donc incité à proposer une quantité plus importante sur le marché lorsque le prix augmente. Inversement, la baisse du prix de marché fait que des unités qui, jusqu’alors, généraient un profit marginal (prix > coût marginal), engendrent désormais une perte marginale (prix < coût marginal). Dans ce cas les offreurs sont incités à diminuer la quantité offerte. Nous constatons donc que l’offre est une fonction croissante du prix : quand le prix augmente, la quantité offerte croît alors que, lorsque le prix baisse, la quantité offerte diminue. Cette relation croissante entre quantités offertes et prix de marché trouve son fondement dans la loi des rendements facto-riels décroissants qui génère des coûts marginaux de production croissants.

2.

Prix

Offre

Demande

Quantité

16

14

12

10

8

6

4

2

01 2 3 4 5 6 7 8 9 10

24

22

20

18

28

26

Le prix d’équilibre s’élève à 12 euros et la quantité d’équilibre à 6 unités.

Livre du prof.indb 17 01/07/2019 10:56

18

3. La mise en œuvre d’une taxe génère un choc d’offre négatif qui fait baisser les quantités échangées (passage de 6 unités à 5 unités) et augmenter le prix (passage de 12 euros à 15 euros).

Prix

Offreavant la taxe

Demande

Quantité

16

14

12

10

8

6

4

2

01 2 3 4 5 6 7 8 9

24

22

20

18

28

26

Taxe

Offreaprès la taxe

Partie de la taxesupportée par les consommateurs

Partie de la taxe supportée par les producteurs

Cette taxe qui cible les producteurs est essentiellement supportée par les consommateurs (3/4 de la taxe) parce que la demande est beaucoup moins sensible aux prix que l’offre. La taxe sur les producteurs engendre un choc d’offre négatif qui déplace la courbe d’offre sur la gauche. Ce déplacement de la courbe d’offre induit un déplacement vers le haut sur la courbe de demande qui présente une forte pente négative. Le prix augmente fortement (de 12 à 15 euros), la taxe est principalement supportée par les consommateurs.

Partie 2. Raisonnement appuyé sur un dossier documentaireÀ l’aide de vos connaissances et du dossier documen-taire, vous montrerez comment fonctionne un marché concurrentiel.

3 IntroductionUn marché concurrentiel est un marché sur lequel les conditions de la concurrence pure et parfaite (atomicité, homogénéité des produits, transparence de l’informa-tion, fluidité, parfaite mobilité des facteurs de production) si bien que les offreurs et les demandeurs sont preneurs de prix. Cela signifie que les agents économiques qui interagissent sur ce type de marché n’ont pas la capa-cité de fixer leurs prix. Pour présenter le fonctionnement

d’un marché concurrentiel, il faut donc tout d’abord rappeler que le fonctionnement du marché repose sur un certain nombre d’institutions. Puis il s’agira de montrer que, sur ce type de marché, la rencontre d’offreurs et de demandeurs motivés par leurs intérêts personnels donne naissance à un prix qui permet d’équilibrer les quantités offertes et demandées de telle manière que le surplus collectif est maximal. Enfin, la flexibilité des prix permet un retour à l’équilibre, et donc à une situation de surplus collectif maximal, lorsque les conditions d’offre ou de demande évoluent.

3 Proposition de plan détaillé

I/ Le fonctionnement du marché repose sur un certain nombre d’institutions.– L’échange marchand nécessite un transfert de propriété. La définition de droits de propriété ainsi que leur protection est donc essentielle pour permettre les échanges. – La justice doit garantir la bonne exécution des contrats pour que les offreurs et les demandeurs se fassent confiance et s’engagent dans les échanges. – Des institutions de mesure (des poids, des longueurs, etc.) et de transaction (la monnaie) sont nécessaires pour que les échanges aient lieu.

II/ Les interactions entre offreurs et demandeurs donnent naissance à un prix qui permet d’équilibrer les quantités offertes et demandées, ce qui maximise le surplus collectif.– L’offreur est un agent économique rationnel qui cherche à maximiser son profit total. Il va produire toutes les unités qui génèrent un profit marginal (prix > coût) et s’arrêter de produire pour la quantité qui égalise prix et coût marginal, quantité pour laquelle le profit total est maximal. L’offreur peut faire ce calcul pour tous les niveaux de prix et il constate que la quantité qu’il offre est une fonction croissante du prix parce que ses coût marginaux de production sont croissants, ce qui est la conséquence de la loi des rendements factoriels décrois-sants (Doc. 1). L’ensemble des relations prix-quantités offertes correspondent à la courbe de demande. Le document 2 confirme que l’offre est une fonction crois-sante du prix.– Le demandeur est lui aussi un agent économique rationnel qui cherche à maximiser sa satisfaction. Comme l’offreur, il procède à une analyse à la marge pour déterminer la quantité achetée qui va maximiser sa satisfaction. Il achètera donc toutes les unités qui génèrent une utilité marginale supérieure à leur coût marginal, c’est-à-dire leur prix. Il s’arrêtera de consommer pour la quantité qui permet d’égaliser utilité marginale et prix. Comme l’utilité marginale est décroissante (Doc. 1), la relation entre les prix et les quantités demandées est décroissante, ce que confirme le graphique du document 2. – Sur le marché, les offres individuelles et les demandes individuelles s’agrègent pour donner naissance respec-tivement à l’offre de marché et à la demande de marché dont la confrontation fait émerger un prix permettant

Livre du prof.indb 18 01/07/2019 10:56

19 CHAPITRE 1 Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?

d’équilibrer les quantités offertes et les quantités comme le montre le graphique 1 :

Graphique 1

Prix

quantité

Offre

Demande

Prixd’équilibre

Quantité d’équilibre

Tous les échanges se font à ce prix. Par exemple, sur le marché espagnol de l’électricité en gros, le KWh s’est échangé à 55 centimes le 21 septembre 2002. – Lorsque le marché est à l’équilibre, le surplus collectif est maximal. Il faut tout d’abord rappeler que les échanges marchands permettent aux agents économiques de se spécialiser et donc de réaliser des gains de productivité en se consacrant uniquement aux activités dans lesquelles ils sont les meilleurs. Ils peuvent alors échanger leurs excédents de production pour obtenir auprès d’autrui les autres biens et services qu’ils obtiennent en plus grande quantité par rapport à une situation d’autarcie. Les agents économiques réalisent donc des gains à l’échange. Ces gains à l’échange sont mesurés par les économistes à travers les concepts de surplus du producteur (différence entre le prix perçu et le coût marginal) et de surplus du consommateur (différence entre la disposition à payer et le prix payé) que l’on peut observer dans le graphique 2. L’aire en orange correspond au surplus du consommateur et l’aire en bleu, le surplus du producteur. La somme de ces deux aires représente le surplus total ou collectif et on se rend compte que ce surplus est maximal lorsque le marché est à l’équilibre.

Graphique 2

Prix

Quantité

Offre

Demande

Prixd’équilibre

Quantité d’équilibre

III/ Lorsque les conditions d’offre ou de demande chan-gent, la flexibilité des prix permet un retour à l’équilibre qui garantit une allocation optimale des ressources.

– L’offre dépend de multiples facteurs comme la techno-logie, le nombre d’offreurs, les coûts salariaux, les coûts des matières premières ou les taxes. Pour la demande, ce sont les revenus, les préférences, les prix des biens complémentaires et substituables ou le nombre de consommateurs.

– Lorsque ces conditions d’offre et de demande changent, il est nécessaire de modifier l’allocation des ressources pour assurer un surplus collectif maximal. Ce sont les marchés, à travers le système de prix qui vont permettre cette réallocation des ressources indis-pensable pour maximiser le surplus total.

– Prenons l’exemple d’une modification des préférences des consommateurs. Supposons qu’ils développent une appétence beaucoup plus marquée pour les produits issus de l’agriculture biologique. L’allocation des ressources n’est plus adaptée aux préférences des consommateurs : trop de facteurs de production sont consacrés à l’agriculture conventionnelle et pas assez à l’agriculture biologique. Le choc de demande positif que constitue ce changement de préférence sur le marché des produits biologiques va déplacer la courbe de demande sur la droite et entraîner un déplacement vers le haut sur la courbe d’offre et une hausse des prix (voir graphique 3).

Graphique 3

Prix

Quantité

Offre

Demande

Prixd’équilibre

Quantité d’équilibre

Cette variation à la hausse du prix signale aux offreurs que les consommateurs désirent davantage de produits biologiques. Supposant que les offreurs sont rationnels, ces derniers vont alors être incités à passer de l’agri-culture conventionnelle à l’agriculture biologique. Le marché permet une réallocation des ressources qui va dans le sens des consommateurs, ce qui augmente le surplus collectif.

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20

I. Présentation du chapitreDeuxième chapitre de la partie « Science économique », il fait suite au premier chapitre centré sur le fonctionne-ment d’un marché parfaitement concurrentiel. Construit par opposition au cadre de la concurrence parfaite, il remobilise aussi la plupart des outils présentés dans le premier chapitre : représentation graphique de l’équi-libre de marché, méthode des surplus… Ce chapitre est articulé autour de trois grands axes :

→ 1er AXEIl s’agit d’abord de connaître et de savoir illustrer les différentes configurations de marché et leurs origines. Il s’agit de comprendre les sources de pouvoir de marché et les raisons pour lesquelles la concurrence est imparfaite.

→ 2e AXEIl s’agit ensuite de comprendre comment les décisions des firmes sont prises en situation de concurrence imparfaite. Cela doit permettre de caractériser les équilibres propres à chaque configuration de marché et de les comparer avec l’idéal d’un marché concurrentiel. La formulation du programme est assez affirmative en soulignant l’inefficacité des structures de concurrence impar-faite. L’analyse de base permet en effet de montrer le coût en termes de surplus d’un équilibre carac-térisé par un prix plus élevé et une quantité plus faible. Il convient pourtant de dépasser ce premier résultat en soulignant la diversité des origines du pouvoir de marché, celle des stratégies suivies par les firmes, et l’existence de certains avantages attachés à des structures plus concentrées.

→ 3e AXETout le travail d’analyse doit enfin permettre de comprendre les enjeux de la politique de la concur-rence et d’aborder la façon dont les autorités contrôlent les comportements et les structures.

II. La mise en œuvre du programme dans le manuelAprès une première page de sensibilisation autour de l’exemple de l’oligopole des plateformes de vidéo à la demande, le traitement du programme s’articule autour de quatre dossiers, reprenant les grandes questions du programme.

Le premier dossier présente la diversité des sources de pouvoirs de marché. Quatre sources principales sont identifiées autour de quatre exemples concrets : l’existence de barrière à l’entrée (monopole de la De Beers), la nombre limité de producteurs (marché des

Smartphones), l’existence d’ententes (cartel de l’élec-troménager) entre les producteurs et la différenciation des biens (Coca-Cola et Pepsi-Cola). Conformément à l’esprit du programme, il s’agit de faire saisir, à partir d’exemples, la diversité des situations réelles de concur-rence imparfaite. Cette approche inductive permet, dans un deuxième temps, d’aborder les cadres conceptuels permettant d’organiser la diversité des configurations de concurrence imparfaite. Il part de la typologie classique des configurations de marché construite à partir du cadre de référence de la concurrence parfaite. Sont ainsi distingués le monopole, l’oligopole et la concurrence monopolistique. Le caractère idéal de ces configurations est toutefois souligné en incitant l’élève à les confronter aux marchés réels. Cette approche traditionnelle est également complétée par la présentation de l’approche schumpéterienne de la concurrence. Cette dernière, à la fois plus qualitative et dynamique, permet d’introduire l’enjeu de l’innovation et d’aborder la question actuelle des innovations de rupture.

Le deuxième dossier est consacré à l’étude des mono-poles. Il vise d’abord à faire prendre conscience de la diversité des types de monopole et de leur origine. Quatre types principaux évoqués dans le programme sont ainsi abordés par l’exemple : le monopole naturel (distribution du gaz), le monopole d’innovation (médica-ment protégé par un brevet), le monopole institutionnel (jeux de hasard), le monopole local (station essence sur autoroute). Comme dans le précédent dossier, il s’agit ensuite de dépasser cette approche inductive et d’aborder, de façon plus générale et formelle, la prise de décision des monopoleurs. L’équilibre de monopole est ainsi caractérisé graphiquement et son coût pour la société est évoqué. Des éléments de nuance sont toute-fois apportés que ce soit au sujet de la qualité du bien ou de la légitimité du monopole en opposant notam-ment les rentes de situation et d’innovation.

Le troisième dossier présente ensuite le fonctionne-ment des oligopoles. Les comportements en situation d’interaction stratégique sont plus divers et complexes à analyser. Le dossier aborde successivement les stra-tégies coopératives et non coopératives. L’étude du dilemme du prisonnier permet de comprendre pourquoi les firmes ont intérêt à s’entendre mais aussi pourquoi ces ententes sont difficiles et d'amorcer une réflexion sur les conditions propices à de telles ententes. Les straté-gies non coopératives sont plus diverses. Quelques-unes sont étudiées, toujours autour d’exemples concrets : guerre des prix (Airbus-Boeing), course à la taille (Uber) concurrence par la qualité (croisiéristes), prolifération des marques (céréales).

Le quatrième dossier traite pour finir des politiques de la concurrence. Il est organisé autour des deux grands domaines d’intervention : le contrôle des comportements

CHAPITRE 2 Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ? Manuel p. 38-63

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21 CHAPITRE 2 Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?

III. Corrigés

PAGES D’OUVERTURE p. 38-39

L’objectif est de sensibiliser les élèves à la question des choix stratégiques des firmes autour de l’exemple concret d’un marché qu’ils connaissent bien : celui des plateformes de vidéo à la demande. Le graphique permet de mesurer le fort degré de concentration du marché derrière l’entreprise ultradominante Netflix. Le podcast permet de comprendre comment cette position dominante a été construite par la stratégie de l’entre-prise Netflix. Enfin, la photographie illustre une partie de cette stratégie avec l’investissement massif de l’en-treprise dans la production de contenu. Cette page de sensibilisation permet ainsi d’approcher les notions de pouvoir de marché ou encore de barrière à l’entrée.

1. La photographie illustre le large choix d’œuvres offert aux consommateurs qui est le résultat de la politique d’investissement de l’entreprise Netflix.

2. Netflix occupe une place dominante sur le marché français du streaming vidéo avec 63% d’utilisateurs de 15 ans ou plus qui déclarent préférer Netflix pour consommer leur service de streaming vidéo.

3. Une politique de prix très agressive et un investisse-ment massif dans l’acquisition ou la production d’œuvres originales. Cela a permis à Netflix de s’imposer rapi-dement sur le marché et de constituer une barrière à l’entrée pour les nouveaux entrants qui pourraient diffi-cilement proposer au départ, avec un faible nombre d’abonnés, un catalogue aussi large.

DOSSIER 1.Le pouvoir de marché des entreprises : d’où vient-il et comment l’expliquer ? p. 40-43

A. Les sources du pouvoir de marché

Document 1

Barrière à l’entrée et monopole

Le document 1 présente un des exemples les plus célèbres de monopole historique, celui de la De Beers ainsi qu’une première cause de pouvoir de marché : l’existence de barrières à l’entrée. Il est accompagné d’une affiche publicitaire illustrant la stratégie marke-ting de l’entreprise. Assurée de son monopole, De Beers a pu bâtir une campagne publicitaire assurant la promo-tion générique du diamant.

1. L’existence de barrières à l’entrée est contraire à l’hy-pothèse de libre entrée de la concurrence parfaite.

2. Dans le cas de la De Beers, la barrière à l’entrée provient du fait que l’entreprise contrôle toute la chaîne de production depuis la mine jusqu’à la commerciali-sation. Ainsi, une entreprise qui voudrait exploiter une nouvelle mine aurait du mal à écouler sa production sans passer par le circuit de commercialisation de la De Beers. De même, une entreprise qui voudrait commer-cialiser des diamants aurait du mal à se fournir en quantité et en qualité suffisante sans s’approvisionner auprès des mines contrôlées par la De Beers.

BIBLIOGRAPHIE ET SITOGRAPHIE

Voici quelques ressources susceptibles de compléter et enrichir les informations présentes dans les documents du dossier :

- François Lévêque, Les Habits neufs de la concurrence. Ces entreprises qui innovent et qui raflent tout, Odile Jacob, 2017.Un ouvrage qui fourmille d’exemples actuels ou plus anciens de marchés en concurrence imparfaite. Plusieurs sont utilisés dans le chapitre mais bien d’autres encore méritent d’être étudiés. - Emmanuel Combe, La Politique de la concurrence, La Découverte, coll. « Repères », juin 2016.

Petit manuel complet et accessible, rédigé par le vice-président de l’autorité de la concurrence. - Le site Internet de l’Autorité de la Concurrence : www.autoritedelaconcurrence.fr/

Pour une présentation générale de sa mission, son histoire et toute l’actualité sur les politiques de la concurrence (rapport annuel notamment). - Le site Internet de la Direction Générale de la Concurrence de la Commission européenne http://ec.europa.eu/competition/index_en.html

L’équivalent du site de l’Autorité française pour l’Union européenne. Site moins pratique et pages souvent en anglais.

(ententes et abus de position dominante) et le contrôle des fusions-acquisitions. Il s’agit de décrire les interventions des autorités et de les rattacher aux éléments d’analyse économique des dossiers précédents. Les justifications

des sanctions comme le dilemme entourant le contrôle des concentrations font ainsi écho aux analyses des risques et aussi des quelques avantages des structures de concurrence imparfaite.

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3. En contrôlant l’ensemble de la filière et près de 90 % de la production de diamants bruts, la De Beers est probablement en mesure d’imposer un prix plus élevé et plus stable pour les diamants.

Document 2

Un nombre limité d’offreurs

Le document 2 insiste sur une deuxième source de pouvoir de marché : la concentration du marché. Il présente la répartition du marché des Smartphones au début de l’année 2018 et souligne sa forte concentration en isolant les 5 principaux producteurs mondiaux.

4. La firme Samsung détient 23,4 % du marché de Smartphones qui s’élève à 334,3 millions d’appareils. Elle a donc écoulé 334,3 x 23,4 / 100, soit 78,23 millions de Smartphones.

5. Les 5 premiers fabricants de Smartphones, Samsung (23,4 %), Apple (15,6 %), Huawei (11,8 %), Xiaomi (8,4 %), Oppo (7,1 %), cumulent 66,3 % du marché

6. Ce marché ne respecte pas la condition de l’atomicité de l’offre. Ces 5 acteurs sont en mesure d’influencer le prix d’équilibre sur ce marché.

Document 3

Entente et pouvoir de marché

Le document 3 présente un exemple récent d’entente qui constitue une 3e source de pouvoir de marché. Il s’agit du cartel de l’électroménager, condamné fin 2018 par l’Autorité de la Concurrence.

7. Une entente est un accord entre entreprises sur un marché qui vise à s’accorder sur le prix de vente et/ou les quantités vendues

8. En l’absence d’entente sur les prix, si un producteur isolé augmente son prix, il risque de perdre des parts de marché face à ses concurrents. S’il les baisse, il peut craindre des représailles et une guerre des prix préjudiciable à tous. En s’entendant sur le prix, les producteurs peuvent ensemble prélever une rente sur le marché.

9. Ces réunions se tenaient en secret car elles sont illé-gales. L’Autorité de la Concurrence a ainsi dû enquêter pour prouver l’existence de ces réunions et de l’entente sur les prix.

Document 4

Différenciation et pouvoir de marché

Le document 4 insiste sur une 4e source de pouvoir de marché : la différenciation des biens qui permet d’échapper à la concurrence frontale par les prix.

10. Non, s’ils ne connaissent pas la marque, les consom-mateurs ne semblent guère capables de différencier les deux boissons. Ils semblent se tromper presque autant que s’ils répondaient au hasard.

11. Les consommateurs attachés à la marque Coca-Cola ne sont pas prêts, malgré un prix plus élevé, à le remplacer par du Pepsi-Cola. L’investissement massif de l’entreprise Coca-Cola dans la publicité explique l’attachement des consommateurs à la marque Coca, l’importance de ses ventes et le prix plus élevé qu’ils sont prêts à payer.

12. Le pouvoir de marché de Coca-Cola provient de la différence construite par la publicité entre le bien vendu par l’entreprise et celui offert par ses concur-rents. La firme dispose d’une certaine latitude pour imposer son prix malgré l’existence de produits en partie substituables. Ce pouvoir de marché pourra être analysé (cf. infra) comme un exemple de monopole de marque.

FAIRE LE POINT

1. Moins le nombre de firmes est élevé, plus faciles sont les ententes.

2. Plus les biens des producteurs sont différenciés, plus le pouvoir de marché des producteurs est important.

3. Plus l’entrée est libre, plus intense est la concurrence.

B. Les modèles de la concurrence imparfaite

Document 1

La typologie de la concurrence imparfaite

Le document 1 présente une typologie des configura-tions de marchés en concurrence imparfaite en croisant deux conditions de la concurrence parfaite : l’homogé-néité des biens et l’atomicité du marché. Il permet de travailler la lecture d’un tableau à double entrée et de faire le lien avec des marchés réels.

1. Dans les deux cas, il y a un grand nombre de vendeurs. La différence provient de l’existence (concurrence monopolistique) ou non (concurrence parfaite) de biens différenciés. Alors qu’en concurrence parfaite, tous les biens sont identiques (hypothèse d’homogénéité des biens), en concurrence monopolistique, les biens sont différenciés objectivement (par leurs caractéristiques) ou subjectivement (dans l’esprit des consommateurs).

2. Le transport aérien : longtemps oligopolistique, voire monopolistique, le marché du transport aérien a vu la concurrence s’accroître avec un grand nombre de nouvelles compagnies lowcosts. Pour autant, le nombre d’offreurs reste limité et les produits offerts sont différenciés (oligopole différencié ou concurrence monopolistique).

Cours de ski : contrairement à ce qui est parfois cru, il n’existe aucun monopole légal des cours de ski. Pourtant, l’ESF (École de Ski Français) détient un quasi-monopole avec une part de marché très élevée (85 % en 2017).

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23 CHAPITRE 2 Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?

Automobile : le marché est assez concentré avec de firmes de grande taille qui produisent par ailleurs des biens différenciés. Oligopole différencié.

Pétrole Brut : cartel des pays de l’OPEP qui fonctionne presque comme un monopole. Mais il n’est pas si uni que cela et d’autres producteurs existent en dehors du cartel. La structure du marché s’apparente à un oligo-pole pour un produit qui est par ailleurs homogène.

Les difficultés à clairement rattacher ces exemples aux éléments de cette typologie permettent d’enclencher une réflexion sur le caractère « idéal » de ces types.

3. Ces deux configurations de marché se rapprochent d’un marché en monopsone où un seul acheteur (le gros employeur ou la centrale de distribution) fait face à une multitude de vendeurs (les travailleurs offrant leur travail, les fournisseurs offrant leurs produits).

Document 2

Une conception dynamique de la concurrence

Le document 2 offre un regard complémentaire sur la concurrence et pointe les limites de l’approche néoclas-sique de la concurrence. Il prépare les discussions sur les enjeux de la concentration des marchés qui seront vues dans le dossier 4.

4. Joseph Schumpeter oppose à la concurrence par les prix, la concurrence par l’innovation. Pour défendre leur place sur le marché ou accroître leurs parts de marché, les entreprises sont poussées à inventer de nouveaux produits, à améliorer leur qualité, à changer leurs tech-niques ou leur organisation productive.La première forme de concurrence, celle évoquée dans les manuels, est celle issue du modèle de la concurrence parfaite. Elle repose sur l’existence d’un grand nombre d’entreprises pouvant limiter le pouvoir de marché de chacune. Elle passe par les prix sur un marché de biens homogènes. La seconde repose sur la possibilité d’innover en propo-sant un nouveau produit ou une nouvelle méthode de production. Elle passe davantage par la qualité. Elle prend aussi une forme plus dynamique.

5. La baisse des prix ou l’amélioration de la qualité des biens que l’on peut attendre de la concurrence par l’innovation est sans commune mesure avec celle issue de la pression du nombre des concurrents sur les marges des producteurs. C’est elle qui révolu-tionne les techniques, entraîne l’apparition de biens ou de services radicalement nouveaux, qui bouleverse les filières d’approvisionnement ou le fonctionnement des marchés, etc. On comprend la métaphore du bombar-dement et de la pesée sur une porte.Pour Joseph Schumpeter, les bienfaits de la concurrence (baisse des prix, amélioration de la quantité et de la qualité des biens) proviennent bien davantage de la seconde forme de concurrence que de la première. La pression qui pousse à améliorer les conditions de production et à en faire profiter les consommateurs provient bien plus de l’appa-rition incessante de nouvelles techniques et de nouveaux

produits que de la discipline imposée par le nombre de concurrents sur un marché de biens homogènes.

6. Même sur des marchés où peu de firmes sont présentes, les entreprises installées sont sous la pression d’une innovation potentielle qui menacerait leur survie sur le marché. Elles sont donc incitées elles-mêmes à innover et à limiter leurs marges. L’entrée potentielle de nouvelles entreprises ou la menace d’innovations suffit à discipliner les comportements des entreprises.

Document 3

L’exemple d’un centre commercial

Le document 3 permet de faire fonctionner la typo-logie de la concurrence imparfaite autour d’un exemple concret, celui d’un centre commercial qui offre une concurrence limitée entre enseignes offrant des biens imparfaitement substituables.

7. Que ce soit pour la mode femme ou homme, la restau-ration ou encore l’optique, chacune des enseignes présentes dans le centre commercial propose des biens ou des services différenciés qui ne sont pas considérés comme parfaitement identiques et substituables par les consommateurs. Ils peuvent différer en qualité ou en variété. Par exemple, pour le prêt-à-porter féminin : Camaïeu, Caroll, Promod. Autant d’enseignes qui proposent des vêtements pour femmes mais qui ne s’adressent pas forcément aux mêmes segments de la clientèles (selon l’âge, le budget…). Idem pour la mode masculine (Jules, Celio…), ou les enfants (compagnie des petits, Okaïdi…), ou encore la restauration.

8. Chaque enseigne risque de voir ses clients préférer faire quelques mètres pour aller dans une enseigne concurrente. Elle dispose toutefois d’un certain pouvoir de marché car les biens et services proposés par les enseignes concurrentes ne sont pas parfaitement simi-laires. Elles peuvent donc jouer sur les préférences des consommateurs pour imposer un prix plus élevé.

9. Le nombre de vendeurs reste, au moins localement, limité, ce qui nous rapproche de l’oligopole. La libre entrée sur le marché est sans doute limitée par l’ab-sence de point de vente disponible dans la galerie. Pour autant, les biens sont différenciés.

Document 4

Le lowcost : une « innovation disruptive »

Le document 4 vise à illustrer la conception dyna-mique de la concurrence introduite par Schumpeter et à introduire les notions très actuelles de « low cost » et « d’innovation disruptive ».

10. Le terme « d’innovation disruptive » est un terme à la mode et, par conséquent, employé dans un sens plus ou moins précis ou strict. D’après le consultant de la vidéo, faire une innovation de rupture, c’est « rendre acces-sible au client une solution qui était hors de portée ». Elle s’appuie soit sur l’invention d’un nouveau produit,

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d’un nouveau concept, qui répond mieux à un besoin que les biens existant sur le marché, soit sur le fait de mettre le bien en question à la portée d’un plus grand nombre de consommateurs en le proposant à un prix nettement plus bas. En ajoutant les deux critères, on retrouve la définition d’origine du concept qui correspond au sens strict de l’encadré. Une entreprise déstabilise un marché en « entrant par le bas de ce marché » en proposant un bien épuré qui correspond mieux aux besoins des clients à un prix très inférieur.

11. On pense aux exemples classiques du lowcost : transport aérien (Easyjet, Ryanair), à la grande distribu-tion (Lidl…), automobile (Logan…).Un autre exemple moins connu : « Dollarshaveclub » (https://www.youtube.com/watch?v=ZUG9qYTJMsI).Les vendeurs de rasoirs mécaniques sont très anciens et peu nombreux. Ils vendent des rasoirs assez bon marché, mais imposent ensuite des prix très élevés pour des lames qui ne sont compatibles qu’avec les manches de leur marque. Ils se sont placés dans une montée en gamme (multiplications des lames, système pivotant, gel lubrifiant…) qui accroît toujours la différenciation des produits. Dollarshaveclub est entré sur ce marché peu concurrentiel par le bas en proposant des rasoirs très simples pour un prix modique (1 dollar par mois). Les concurrents installés continuent à se faire concurrence par la montée en gamme et laisse ce nouveau concur-rent se développer. Une fois installé, il pourra monter en gamme et les concurrencer sur le cœur de leur activité.

12. Les entreprises installées sont peu nombreuses. Pour-tant, la possibilité d’entrer par le bas du marché permet à des entreprises innovantes de concurrencer les entre-prises installées. La pression exercée par cette innovation engendre à terme une baisse des prix et une hausse des quantités beaucoup plus fortes que la simple entrée d’une nouvelle firme exerçant une concurrence par les prix.

FAIRE LE POINT

Marché de la téléphonie mobile k Oligopole

Marché du roman policier k Monopole

Marché des jeux de grattage k Concurrence monopo-listique

DOSSIER 2.Comment fonctionnent les monopoles ? p. 44-47

A. Le monopole dans tous ses états

Document 1

Un monopole naturel : la distribution du gaz

Le document 1 présente un des exemples les plus classiques de monopole naturel du fait d’importantes économies d’échelle et de réseau : la distribution du gaz.

1. Cela provient de l’existence d’importants coûts fixes liés à la construction du réseau de distribution. La taille du réseau est en grande partie indépendante du nombre d’abonnés. Qu’un seul habitant d’une rue ou que la tota-lité des habitants de cette rue s’abonnent ne change pas les coûts liés à l’acheminement du gaz jusqu’à cette rue. Ces coûts fixes pèseront d’autant moins dans le coût de chaque abonné que le nombre d’abonnés sera grand.

2. Un tel monopole est qualifié de « naturel » car il découle « naturellement » du jeu de la concurrence. Il n’est pas le produit d’une intervention publique ou d’une pratique anticoncurrentielle. Il résulte d’un processus de sélection naturel par la concurrence. Une entreprise un peu plus grande est plus efficace ; les clients la rejoignent, ce qui la fait encore grandir et la rend encore plus efficace.

3. Toutes les activités de réseau présentent un caractère de monopole naturel même si le marché peut parfois se stabiliser en oligopole : téléphonie mobile, électricité, transport ferroviaire, les réseaux sociaux aujourd’hui, l’émission de monnaie… Plus généralement, les activités présentant des coûts fixes très importants : aéronau-tique civile par exemple.

Document 2

Monopole d’innovation : le cycle de vie du médicament

Le document 2 présente un deuxième type de mono-pole, celui qui découle d’une innovation protégée par un brevet. Il décrit en même temps le système des brevets tel qu’il fonctionne en France avec l’exemple des médi-caments.

4. C’est l’existence de brevets qui constitue une barrière à l’entrée sur le marché du médicament.

5. L’opération qui conduit à l’invention d’un médicament est longue et coûteuse. De la recherche fondamentale aux tests cliniques, il se passe une dizaine d’années pendants lesquelles l’entreprise pharmaceutique engage des dépenses importantes. Si d’autres entreprises pouvaient copier les résultats de ses recherches, elles refuseraient d’engager ces dépenses et aucun médica-ment ne serait inventé.

6. Pendant la période de protection du brevet, le labo-ratoire pharmaceutique est le seul producteur autorisé du médicament. Il est donc en situation de monopole. Toutefois, cette protection ne dure pas indéfiniment. Elle expire au bout de 20 ans (elle peut éventuellement être prolongée pour 5 ans au maximum) avant que l’invention ne tombe dans le domaine public. À ce moment, d’autres laboratoires peuvent utiliser la formule chimique pour produire des médicaments génériques.

Document 3

Un monopole institutionnel : les jeux d’argent et de hasard

Le document 3 aborde un troisième type de monopole, le monopole institutionnel. Comme le précédent, il s’appuie

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25 CHAPITRE 2 Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?

sur un cadre légal, mais ne découle pas d’une innovation et se justifie par des motivations d’intérêt public.

7. Le monopole de la Française des Jeux couvre l’en-semble des jeux de tirage et de grattage, que ce soit sur le segment physique ou en ligne. Il s’étend aussi aux paris sportifs et hippiques, mais ne concerne dans ces cas que les jeux « physiques », la loi de 2010 ayant ouvert les jeux en ligne à la concurrence.

8. La loi de 2010 a ouvert les paris et certains jeux de casino en ligne à la concurrence.

9. L’État français limite la concurrence sur une grande partie des jeux d’argent et de hasard pour des raisons d’ordre et de santé publics. Il s’agit d’assurer la régu-larité des jeux (il est plus facile de contrôler quelques acteurs, surtout publics, qu’une multitude d’intervenants privés), et de lutter contre l’addiction aux jeux. C’est donc d’abord pour protéger les joueurs que la concurrence est réduite.

Document 4

Un monopole local

Le document 4 donne enfin l’exemple d’un dernier type de monopole, celui qui découle de l’existence de coûts de déplacement qui protège les producteurs de la concur-rence sur une aire géographique donnée.

10. Plus la densité de stations est élevée, moins le prix du gazole l’est. Le prix du gazole est ainsi près de 4 centimes moins élevé sur l’A1 que sur l’A36 où la densité de stations est plus faible (moins de stations sur une plus grande distance).

11. La distance géographique induit des coûts. À l’ex-trême, un conducteur qui n’a presque plus d’essence est bien obligé de s’arrêter à la prochaine station et de payer un prix élevé qui sera toujours inférieur au coût d’une panne (remorquage, perte de temps…). Les conducteurs plus prévoyants et moins contraints voudront toutefois répartir leur temps de pause, s’arrêter à l’heure du repas, etc. Les différentes localisations de stations rendent donc ces stations imparfaitement substituables bien qu’elles offrent un produit très homogène.

12. Un supermarché constitue un « monopole local » dans le sens où il est le seul supermarché sur une aire géographique donnée. Les clients peuvent certes faire jouer la concurrence en se rendant dans un super-marché plus lointain, mais cela leur occasionne des coûts de déplacement qui rendent cette clientèle en partie captive.

FAIRE LE POINT

Le pouvoir de monopole d’une firme provient de l’exis-tence d’une barrière à l’entrée. Elle peut reposer sur des économies d’échelle, une protection réglementaire, une innovation technologique.

B. Des monopoles faiseurs de prix et souvent inefficaces

Document 1

Un équilibre inefficace

Le document 1 se présente comme un exercice guidé pour analyser l’équilibre en situation de monopole et le comparer à l’équilibre de concurrence parfaite. Il s’agit de montrer graphiquement que l’équilibre est, a priori, inef-ficace car caractérisé par une quantité offerte plus faible, un prix plus élevé et un surplus total réduit. Il reprend l’exemple de la De Beers présenté au dossier 1.

1. Non, le producteur en situation de monopole est malgré tout contraint par la demande des consomma-teurs. Ces derniers n’accepteront pas de consommer n’importe quelle quantité à n’importe quel prix. En fait, le monopoleur choisit soit le prix, soit la quantité, l’autre variable lui étant alors imposée. Cette contrainte prend la forme de la relation de demande qui relie juste-ment la quantité que les consommateurs sont prêts à consommer à chaque niveau de prix proposé.

2. C’est pour cette quantité que l’entreprise De Beers réalise son profit le plus élevé. En effet, une unité supplé-mentaire lui coûterait plus chère qu’elle ne lui rapporterait (la droite de recette marginale est en dessous de celle de coût marginal). De même, en produisant une unité de moins, l’entreprise réduirait son profit puisque la recette marginale est cette fois supérieure au coût marginal.

3. Lorsque De Beers produit 8 millions de carats écoulés à 600 euros par carat, sa recette totale s’élève à RT (8) = 8 x 600 = 4 800 millions d’euros, soit 4,8 milliards d’euros. Comme chaque carat lui revient en moyenne à 200 €, son coût total s’élève à 8 x 200 = 1 600 millions d’euros, soit 1,6 milliard d’euros. Son profit total est égal à la différence entre sa recette totale et son coût total, soit 3,2 milliards d’euros.Graphiquement, l’aire du rectangle OPMMA représente la recette totale (rectangle d’une longueur de 8 millions et largeur de 600 €). De même, l’aire du rectangle OPCAQM représente le coût total (rectangle de longueur 8 millions et de largeur 200). La différence entre les deux aires correspond à l’aire du rectangle PMMAPC qui représente donc le profit total.Il est aussi possible de raisonner sur le profit unitaire (CB).

4. En concurrence parfaite, la libre entrée sur le marché et la transparence du marché permettent à de nouvelles entreprises, attirées par les profits, de venir concurrencer les entreprises installées. L’offre de biens s’accroît et le prix baisse jusqu’à annuler les profits. Le prix se fixe donc à long terme au niveau des coûts moyens de production.

5. L’équilibre en monopole se traduit par un prix plus élevé (PM = 600 € > PC = 200 €) et une quantité plus faible (QM = 8 millions < QC = 16 millions de carats).

6. Le surplus du consommateur représente le gain net retiré par les consommateurs du fait qu’ils paient un prix sur le marché inférieur au prix maximal qu’ils auraient été prêts à payer pour le bien. Graphiquement, il corres-

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pond à la surface située sous la courbe de demande et au-dessus de la droite de prix. En situation de concur-rence, il correspond donc au triangle PCCD. En situation de monopole, il correspond au triangle PMMD. La perte de surplus pour le consommateur correspond donc à la surface PCCMPM.

7. Le producteur en situation de monopole prélève donc une rente sur le marché. Son gain en termes de surplus correspond au profit représenté par l’aire du rectangle PMMAPC. Ce gain provient d’un transfert d’une partie de la perte du surplus du consommateur (surface PCCMPM).

Comme ce gain du monopoleur ne couvre pas l’ensemble des pertes du consommateur, il en résulte une perte nette pour la collectivité, représentée par le triangle ACM.

Document 2

Monopole et qualité

Le document 2 aborde une autre conséquence de l’exis-tence d’un monopole : l’effet sur la qualité du bien offert au consommateur. Il fait écho à la double conception de la concurrence évoquée dans le premier dossier. Il s’ap-puie toutefois sur l’exemple ambigu du monopole des taxis dont une des origines historiques est justement le problème de qualité en situation de concurrence libre et d’information imparfaite des usagers. Le podcast d’Etienne Tabbagh sur l’histoire du monopole des taxis est complété par un sondage Odoxa sur la qualité du service de taxi perçue par les consommateurs.

8. Globalement, les personnes interrogées ne semblent pas satisfaites de la qualité des services offerts par les conducteurs de taxi. C’est particulièrement vrai dans l’agglomération parisienne. Ainsi, les personnes inter-rogées ne sont que 42 % à trouver les conducteurs aimables (32 % à Paris) tandis qu’ils sont 88 % à trouver le service offert cher.

9. Le monopole réglementaire des taxis réduit, par le système de licences, l’entrée sur le marché. Les taxis installés sont donc protégés de la concurrence et sont en position de force face aux clients. Ces derniers ne peuvent faire jouer la concurrence. Les taxis n’ont pas besoin d’offrir un service de qualité pour convaincre les clients qui peinent à trouver un taxi.

10. Il semble bien qu’une des origines de la réglementa-tion soit justement la volonté des autorités d’assurer la qualité du service en excluant les mauvais chauffeurs. En effet, en l’absence de réglementation, n’importe qui peut devenir chauffeur de taxi. Outre le risque d’engorgement de la circulation, le risque est grand que des chauffeurs malhonnêtes ou dangereux entrent dans le métier. En créant une rareté et une rente de situation, les auto-rités permettent une sélection des chauffeurs. Le choix britannique de le faire par un concours est une option intéressante en la matière. À noter que l’arrivée des VTC n’a été possible qu’avec l’innovation numérique permet-tant d’informer les clients de la réputation du chauffeur.

Document 3Rente d’innovation et rente de situation

Le document 3 introduit une nuance quant à l’inefficacité des monopoles selon leur origine. Ainsi, les monopoles issus d’innovations ou d’économies d’échelle peuvent-ils être à la fois efficaces et légitimes. Le document permet aussi de faire le point sur la notion de rente. Il pointe notamment les interrogations actuelles engendrées dans le secteur des nouvelles technologies, mais aussi dans le secteur bancaire ou de la distribution.

11. L’innovation ou l’existence d’économies d’échelle conduisent naturellement à la concentration d’un secteur. La concurrence entraîne un processus de sélection qui ne laisse subsister que les plus grandes entreprises sur le marché qui sont aussi les plus effi-caces ou les plus innovantes.Notons que, si cette hypothèse est vérifiée, la concen-tration ne constitue pas un problème car ce processus de concentration s’accompagne alors d’un gain d’effi-cacité dans la production. L’exploitation des économies d’échelle ou l’innovation sont bénéfiques pour la société.

12. Un tel processus de sélection n’aurait pas dû s’ac-compagner d’un ralentissement de l’investissement. Au contraire, les firmes devraient investir massive-ment pour acquérir de nouvelles capacités et accroître l’échelle de la production.

13. La destruction créatrice, théorisée par Joseph Schum-peter, implique un fort renouvellement des emplois et des structures productives. De nouvelles entreprises émergent et créent des emplois qui remplacent des emplois détruits dans des entreprises plus anciennes. La part des emplois dans les entreprises les plus jeunes est donc un bon indica-teur de l’intensité du processus de destruction créatrice. Sa diminution traduit une inertie des structures productives.

14. Non, les rentes d’innovation récompensent les inno-vations passées. Elles sont plus légitimes et il pourrait être contreproductif de les supprimer car cela réduirait l’incitation future à innover. Au contraire, les rentes de situation sont illégitimes et inefficaces. Elles constituent un enrichissement sans cause et réduisent les incita-tions à l’innovation.

FAIRE LE POINT

Monopole par rapport à la concurrence

Prix d’équilibre >

Quantité d’équilibre <

Surplus du consommateur <

Surplus du producteur >

Surplus total <

Qualité <

Il est toutefois possible de discuter ces résultats : en cas d’économies d’échelle importantes par exemple, le consommateur pourrait bien bénéficier d’un prix plus faible et d’une quantité augmentée et voir ainsi son surplus augmenter.

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27 CHAPITRE 2 Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?

DOSSIER 3.Comment fonctionnent les oligopoles ? p. 48-51

A. Des stratégies coopératives

Document 1

Découverte du dilemme du prisonnier

Le document 1 vise à faire découvrir la structure du jeu du dilemme du prisonnier et à l’appliquer à l’étude de l’interaction stratégique entre des firmes sur un marché oligopolistique. Il peut être utilisé de façon plus ou moins directive par l’enseignant. La rubrique COMPRENDRE peut être lue immédiatement ou « découverte » après une mise en activité des élèves.

1. Si A Telecom fixe son prix à 15 euros et que B Telecom le fixe à 30, A Telecom prend l’essentiel du marché, si ce n’est la totalité de ce marché. Il parvient à réduire suffi-samment ses coûts unitaires pour réaliser des profits importants malgré le faible prix de l’abonnement. L’en-treprise B Telecom voit ses ventes chuter et, malgré un abonnement cher, ne parvient pas à rentabiliser ses coûts fixes. Elle fait des pertes. En inversant les rôles de A et B, on renverse logiquement les gains puisque les coûts comme les prix sont identiques (le jeu est symé-trique).Si les deux entreprises décident de fixer un prix élevé, les consommateurs sont bien obligés d’acheter ces abonnements plus chers. Même si certains renoncent, les profits des deux firmes sont plus élevés. Ces 2 firmes se comportent comme un monopole et prélèvent une rente sur le marché.

2. Elles ont intérêt à s’entendre car le libre jeu de la concurrence conduit à un équilibre qui ne leur est pas avantageux. Leurs profits sont limités ici à 1 milliard alors qu’elles pourraient en obtenir 3 si elles s’enten-daient sur un prix de 30 €.

3. En l’absence d’accord légalement institué, les firmes se retrouvent dans la situation du dilemme du prisonnier à devoir prendre leurs décisions dans leur coin. Même si elles peuvent négocier, elles restent libres de changer de décision ensuite. Le jeu du dilemme du prisonnier montre ainsi que les ententes sont a priori instables.

4. La fin du jeu n’est pas connue sur un marché. Elle dépend de l’arrivée de nouveaux produits, de l’évolution des modes de consommation. L’incertitude sur la fin du jeu peut renforcer l’intérêt à coopérer.

5.

Prisonnier B

N’AVOUE PAS AVOUE

Prisonnier AN’AVOUE

PAS (0 ; 0) (-2 ; 1)

AVOUE (1 ; -2) (-1 ; -1)

Document 2

Portrait-robot d’un cartel

Le document 2 poursuit l’analyse du fonctionnement d’un marché en oligopole en explorant les conditions favorables à la constitution d’un cartel. Il permet ainsi de prolonger les résultats mis en avant par l’étude du dilemme du prisonnier.

6. Les entreprises ont intérêt à former un cartel pour imposer ensemble un prix plus élevé au consommateur et maximiser le profit total qu’elles réalisent sur le marché. Elles se constituent ainsi une rente de monopole.

7. Si le cartel permet d’espérer la fixation d’un prix plus élevé et donc un profit plus important pour ses membres, il n’est pas facile à mettre en place car chaque entreprise a individuellement intérêt à ne pas respecter l’accord.

8. Face à des coûts fixes importants, tant que le prix de vente couvre les coûts variables, les entreprises ont intérêt à le baisser pour attirer de nouveaux clients. Les coûts fixes sont plus facilement amortis et les profits augmentent. Mais, sur un tel marché, si toutes les entre-prises font cela, les prix chutent et ne couvrent plus les coûts de production. Les entreprises font des pertes.

9. Si l’élasticité-prix de la demande est forte, la hausse du prix qui résulte de la constitution du cartel entraîne une forte baisse des quantités vendues. La rente issue du cartel sera donc limitée. L’incitation à constituer le cartel est donc faible au regard des coûts potentiels (négocia-tions, coûts de contrôle, risque de sanction des autorités…).

Document 3

Segmenter le marché : une forme d’entente implicite

Le document 3 aborde une autre forme d’ajustement stratégique entre firmes sur un marché oligopolistique, qui peut être assimilée à une forme d’entente tacite : la segmentation du marché. Chaque entreprise se posi-tionne sur un segment de marché spécifique pour éviter une confrontation trop brutale. Il n’y a pas besoin d’un accord formel. L’exemple des céréales de petit déjeuner est ici éloquent et pourrait être rapproché d’autres exemples comme celui des jouets, aussi évoqué par l’auteur dans son ouvrage.

10. En s’installant le plus loin possible de son concurrent, le marchand de glaces réduit la pression concurrentielle qui s’exerce sur lui. Les vacanciers situés au plus proche de son point de vente sont éloignés de celui du concur-rent et auront tendance à le préférer pour limiter les coûts de déplacement. En contrepartie, il s’isole du cœur du marché et risque de réduire sa clientèle potentielle. Plus il est proche de l’autre marchand, plus son marché poten-tiel est grand, mais moins fort est son pouvoir de marché.

11. Sur un marché de biens différenciés, la distance n’est pas géographique, elle prend la forme d’un degré de différenciation. Produire un bien proche de celui du concurrent, c’est lui faire une concurrence frontale, par les prix. Le consommateur a le choix entre deux produits presque identiques. Tous les consommateurs, quels que

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soient leurs goûts, sont susceptibles d’acheter les biens du producteur. Mais, en contrepartie, la concurrence par les prix est forte. Cela correspond à la stratégie du marchand qui se met au milieu de la plage ou très proche de l’autre vendeur de glaces. Au contraire, en offrant un bien très différencié, le producteur pourra exercer un fort pouvoir de marché sur la partie des consommateurs dont les préférences seront proches des caractéristiques de son bien. De la même façon que le marchand de glace disposait d’une clientèle captive avec les vacanciers proches du point de vente. Malheu-reusement, le producteur renonce à vendre à certains consommateurs qui préfèreront acheter les produits différents du concurrent.

12. Il n’y a pas besoin d’accord formel. Chaque entre-prise peut comprendre qu’il est dans son intérêt d’éviter une concurrence frontale avec les autres producteurs. En faisant le choix de différencier leurs produits, les entreprises se répartissent implicitement le marché, ce qui réduit la concurrence par les prix. Cela a donc un effet similaire à un accord formel de répartition du marché et de contrôle des prix. Mais cette entente est implicite car informelle.Complément : il est possible de réaliser un schéma pour illustrer la parabole du marchand de glaces. Plusieurs solutions sont envisageables, l’objectif est juste de faire réfléchir les élèves. Par exemple :

Plage

Plage

Marchand1

Marchand2

– –Accès aux consommateurs

Pouvoir du marché+ +

+

FAIRE LE POINT

1. Faux2. Vrai3. Faux4. Vrai

B. Des stratégies non coopératives

Document 1

La guerre des prix entre Boeing et Airbus

Le document 1 illustre, à partir du duopole Airbus-Boeing, la guerre des prix que peuvent se livrer des entreprises sur un marché oligopolistique lorsqu’elles ne cherchent pas ou ne parviennent pas à s’entendre. Il se compose d’un graphique faisant état des parts

de marché des deux entreprises mesurées par les commandes annuelles d’avions, et d’un petit texte le mettant en perspective pour souligner l’enjeu straté-gique de finir l’année devant son concurrent.

1. Le marché de l’aéronautique est un oligopole. Sur le segment ici représenté des avions civils de plus de 100 places, Airbus et Boeing sont pratiquement les seules sur le marché, ce qui les rapproche d’un duopole.

2. Airbus a dû sensiblement baisser ses prix pour signer un gros contrat et ainsi dépasser les commandes totales enregistrées par Boeing.

3. Chaque entreprise est prête à réduire ses marges pour ne pas se laisser distancer dans la course. En fin d’année, comme en 2017, les entreprises signent des contrats importants en accordant de fortes concessions à leurs clients.

Document 2

« Le premier rafle la mise »

Le document 2 présente une autre stratégie non coopé-rative sur un marché récent et en forte croissance avec l’exemple de l’entreprise Uber qui cherche à s’implanter rapidement sur tous les marchés pour s’imposer comme la référence du secteur. C’est une nouvelle illustration du phénomène des « rendements croissants d’adop-tion » ou « externalités de réseau » qui conduisent à des monopoles naturels.

4. Non pas vraiment dans le sens où l’ouverture d’un nouveau marché entraîne des coûts d’adaptation de la technologie. De nouveaux coûts fixes apparaissent donc qui sont spécifiques au nouveau marché.

5. « Le premier rafle la mise ». L’activité d’Uber est caractérisée, comme beaucoup d’activités liées aux plateformes numériques, par des externalités de réseau (effet d’entraînement dans le texte). Plus le réseau grandit, plus il est intéressant de le rejoindre. Un léger avantage au départ enclenche un mécanisme auto-renforçant qui ne cesse de creuser l’écart entre l’entreprise leader et ses concurrents. On reconnaît ici le phénomène de « monopole naturel » attaché aux économies d’échelle. Ces externalités de réseau sont d’ailleurs également appelées « rendements crois-sants d’adoption ».

Document 3

Montée en gamme : l’exemple des croisiéristes

Le document 3 illustre, avec l’exemple des croisiéristes, la concurrence par la qualité sur un marché en forte croissance. Une fois de plus, cette stratégie s’articule autour de l’existence d’économies d’échelle, à l’origine de la structure oligopolistique.

6. Les croisiéristes se font concurrence par la qualité en concevant des bateaux toujours plus grands ou en propo-sant des services toujours plus variés et innovants.

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29 CHAPITRE 2 Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?

7. L’objectif est double. D’abord, il s’agit d’exploiter les économies d’échelle. Les coûts fixes supportés (person-nels, carburants…) sont amortis sur un plus grand nombre de passagers, ce qui fait baisser le coût de chaque passager. Ensuite, il s’agit d’offrir une gamme plus large de services à bord et de concurrencer ainsi par la qualité les autres croisiéristes, et au-delà les autres entreprises du secteur du tourisme.

8. Sur un marché en forte croissance comme celui de la croisière, les entreprises peuvent investir massive-ment pour accroître leurs capacités en même temps que la qualité de leurs services. Sur un marché en faible croissance, les entreprises chercheraient surtout à augmenter leur taux d’occupation et s’engageraient probablement dans une concurrence par les prix du fait des coûts fixes importants.

Document 4

La prolifération des marques comme barrière à l’entrée

Le document 4 prolonge la stratégie de « segmentation des marchés » vue au début du dossier avec l’exemple des céréales pour petit déjeuner. Cette fois, les entre-prises essaient d’ériger des barrières à l’entrée en multipliant les marques pour saturer le marché.

9. Il semble exister plus de 3 000 marques différentes de céréales (sur presque 10 ans, soit presque 3 650 marques) quand il n’en existait que 25 en 1950, soit une multiplica-tion par plus de 100.

10. En multipliant les marques, les firmes réduisent les possibilités d’entrée sur le marché. Un nouvel entrant devrait en effet positionner une nouvelle variété dont la part de marché potentielle sera d’autant plus faible que le nombre de variétés est grand sur le marché.

11. L’avantage pour le consommateur tient à la plus grande diversité de produits présents sur le marché, ce qui permet à chacun de trouver le produit le plus proche de ses goûts personnels. Malheureusement, cela conduit à une production à plus petite échelle donc plus coûteuse et cela réduit la concurrence, donc accroît le pouvoir de marché des vendeurs.

12. Les gains en termes de diversité sont faibles au regard des coûts qu’elle engendre : réduction de l’échelle de production et hausse du coût moyen, hausse des marges au détriment du consommateur.

FAIRE LE POINT

Concurrence par les prix

Concurrence par la qualité

Stratégie coopérative

Cartel Segmentation

Stratégie non coopérative

Guerre des prix

Montée en gamme

DOSSIER 4.Comment les autorités régulent-elles la concurrence sur les marchés ? p. 52-55

A. La surveillance des comportements des firmes

Document 1

Pourquoi faut-il sanctionner les pratiques anticoncurrentielles

Le document 1 est un extrait du site Internet de l’Autorité de la Concurrence dans lequel l’institution présente et justifie son action. Il permet de faire le lien avec l’ana-lyse des dossiers précédents sur le coût des pratiques anticoncurrentielles des firmes, notamment en termes de baisse de surplus du consommateur. Il introduit la définition des deux grands types de pratiques anti-concurrentielles : les ententes et les abus de position dominante.

1. Une entente est une concertation entre plusieurs entreprises alors qu’un abus de position dominante est une pratique anticoncurrentielle d’une seule firme.

2. Les ententes comme les abus de position dominante conduisent à un équilibre de marché inefficace caracté-risé par un prix plus élevé et des quantités échangées plus faibles. Il impose un surcoût pour les utilisateurs des biens ou services qui se répercute dans d’autres activités si les acheteurs incorporent ces biens à leur propre production. Le coût de ces pratiques anticoncur-rentielles se prolonge en dynamique en réduisant les incitations à l’innovation.

3. En sanctionnant les pratiques anticoncurrentielles, les autorités assurent aux consommateurs des produits plus abondants, moins chers et de meilleure qualité. De cette façon, ils permettent à plus de consommateurs d’acquérir des biens de meilleure qualité et à un prix plus bas. Le surplus des consommateurs est donc augmenté car les consommateurs sont plus nombreux à retirer un surplus de leur consommation et chaque consommateur accroît l’écart entre le prix qu’il était prêt à payer et le prix qu’il paie effectivement.

Document 2

Les amendes pour entente et abus de position dominante

Le document 2 est un graphique présentant l’évolution des amendes infligées par l’Autorité de la concurrence pour entente ou abus de position dominante entre 2009 et 2017. Il permet de mesurer l’activité de cette institution.

4. Le total des sanctions infligées s’élève à 4 736,8 millions d’euros sur une période de 9 ans, soit une moyenne de 4 736,8/9 = 526,3 millions d’euros.

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5. Il ne semble pas y avoir de tendance claire à la hausse ou à la baisse des sanctions infligées par l’Autorité de la concurrence. Tout au plus peut-on noter deux années exceptionnelles, en 2014 et en 2015, où les amendes ont atteint deux fois le montant annuel moyen de la période. Cette forte hausse ne s’est pas confirmée par la suite. Cela provient sans doute du caractère exceptionnel de certaines sanctions qui gonflent temporairement le montant des sanctions.

Document 3

À la recherche de la sanction optimale

Dans ce document 3, Emmanuel Combe, vice-président de l’Autorité de la concurrence, applique la théorie du choix rationnel à l’évaluation du montant optimal des sanctions.

6. Les autorités de la concurrence peuvent soit augmenter la probabilité de détection en augmentant les moyens déployés pour contrôler les firmes ou en améliorant les procédures, soit augmenter la valeur des sanctions pour accroître le coût des cartels pour une probabilité de détection donnée.

7. Le gain illicite ne dépend pas que de la hausse du prix permise par la constitution du cartel. Il dépend aussi de l’évolution des quantités vendues. Si l’élasticité-prix de la demande est forte, la quantité vendue par le cartel diminue sensiblement, ce qui réduit d’autant le gain illicite. Une sanction plus faible peut donc être suffisam-ment dissuasive.

8. Non. En tenant compte du risque de détection, les gains espérés de la constitution d’un cartel sont largement supérieurs au coût éventuel de la sanction.

Document 4

Miner les ententes

Le document 4 permet de rentrer un peu dans le concret des procédures de contrôle des autorités de la concurrence. Le rapport de la direction générale de la concurrence de la Commission européenne souligne l’importance du programme de clémence et du nouveau système d’alerte pour influencer le comportement stratégique des acteurs, que ce soit pour dénoncer les abus, ou plus largement pour les prévenir. Il s’accompagne de l’exemple du cartel des camions qui est, à ce jour, la sanction la plus élevée infligée pour entente en Europe.

9. Le dilemme du prisonnier a permis de comprendre que chaque entreprise avait intérêt à s’entendre pour atteindre, collectivement, le profit total le plus élevé. Il a aussi permis de comprendre que ces ententes étaient difficiles car chaque entreprise a intérêt à ne pas respecter l’accord pour chercher à atteindre un profit encore plus élevé ou parce qu’elle peut soupçonner l’autre d’en faire autant. En offrant la possibilité de sortir de l’entente sans coût, les autorités cherchent à renforcer les incitations à la défection pour chaque firme.

Pourtant,  elles veulent surtout miner les ententes. Chaque entreprise pouvant raisonnablement croire que l’autre cherchera à bénéficier du programme de clémence, elle sera tentée d’essayer de le faire avant, voire elle refusera de se lancer dans l’entente tout court.

10. Le nouveau système d’alerte permet de recueillir plus facilement des documents à charge pour démontrer l’existence d’une entente et, ainsi, la faire condamner. Ces ententes étant secrètes, il n’est pas toujours facile pour les autorités de les dénoncer efficacement. Par ailleurs, une fois de plus, c’est un message stratégique destiné à convaincre les entreprises que la probabilité de détection sera plus forte et donc les ententes moins profitables.

FAIRE LE POINT

Pratiques anticoncurrentielles

Quantité plus faible

Prix plus élevé

Moindre innovation

Ententes Abus de position dominante

Perte de surplus pour le consommateur

B. Le contrôle des concentrations

Document 1

Un arbitrage pouvoir de marché/baisse des coûts

Comme le document 1 du dossier 2B p. 46, ce premier document constitue un exercice guidé d’analyse graphique pour souligner le dilemme que doivent gérer les autorités de la concurrence lorsqu’elles ont à se prononcer sur des projets de fusion. Il s’agit de l’arbi-trage de Williamson présenté par Emmanuel Combe. Il faut noter que, pour simplifier, le coût marginal est supposé constant et égal au coût moyen.

1. S’il existe des économies d’échelle, la fusion permet de réduire le coût moyen en augmentant l’échelle de production. Des économies peuvent être faites sur les coûts fixes qui peuvent être mutualisés (recherche/développement notamment). Une réorganisation des firmes peut accroître la productivité par une division du travail plus approfondie. Il faut toutefois noter que ces restructurations sont, à court-terme, moins coûteuses.

2. La firme constituée par la fusion obtient un pouvoir de monopole. Elle est en mesure de faire le prix et d’imposer un prix supérieur à ses coûts de production.

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31 CHAPITRE 2 Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?

Le risque d’entente sur un marché plus concentré est également plus élevé.

3. Avant la fusion, le surplus du consommateur est représenté par la surface sous la droite de demande et au-dessus de la droite de prix P0. Après la fusion, le surplus est réduit à la surface située sous la droite de demande et au-dessus du nouveau prix P1. La perte correspond au trapèze rouge A1.

Avant la fusion, le profit du producteur est nul car le prix de vente est égal au coût moyen. Après la fusion, le prix de vente P1 est au-dessus du coût moyen C1. Ce profit unitaire, multiplié par la quantité vendue, constitue le profit du producteur qui peut être représenté par le rectangle hachuré A2.

4. Oui, l’analyse de Williamson montre qu’un tel gain net est possible si le gain de surplus du producteur (aire A2) l’emporte sur la perte du consommateur (aire A1).

5. Le bilan dépend, d’une part, de l’importance de la baisse du coût marginal et unitaire de production et, d’autre part, de l’importance de la hausse du prix pour le consommateur. Le premier effet dépend de l’impor-tance des synergies et économies d’échelle engendrées par la fusion. Le second dépend de l’importance du pouvoir de marché acquis par la nouvelle entité sur le marché. On ne peut exclure dans le cas le plus favo-rable une baisse du prix pour le consommateur et une forte baisse du coût unitaire, assurant un bilan très positif de la fusion. Mais il est aussi possible que les coûts baissent peu et que le gain pour le producteur ne couvre même pas les pertes du consommateur subis-sant une forte hausse du prix.

Document 2

La défense du surplus du consommateur d’abord

Le document 2 relativise les conditions de l’arbitrage de Williamson présenté dans le document 1. Face aux diffi-cultés d’évaluer les gains d’efficacité, les autorités sont surtout attentives aux effets sur le prix et à la qualité pour le seul consommateur.

6. Une information asymétrique désigne une informa-tion qui est inégalement partagée entre les acteurs. Certains acteurs détiennent une information que les autres acteurs ne connaissent pas. Ils peuvent en faire un usage stratégique.

7. Non, il est difficile pour les autorités de la concurrence d’évaluer les gains d’efficience engendrés par un projet de fusion et ce pour deux raisons principales. D’abord, les gains ne peuvent être connus avec certitude par les firmes. Ils dépendent des synergies potentielles mais aussi de la mise en œuvre concrète du projet de fusion et des coûts qu’il engendrera. Ensuite, les entreprises qui entendent fusionner en savent plus sur leur projet que les autorités (situation d’asymétrie d’information). Elles peuvent donc faire un usage stratégique de leur avantage en surestimant les gains d’efficience de leur projet pour obtenir l’aval des autorités.

Document 3

Des autorisations sous condition

Le document 3 montre l’exemple d’une décision de l’Autorité de la concurrence dans le cas d’une fusion-acquisition, rachat de ITM Equipement de la Maison par Bricorama. Le document est complété par un éclairage statistique sur les différents types de décision de l’ins-titution.

8. Non, il ne semblait pas y avoir de risque car la part de marché détenue par le nouveau groupe sur l’ensemble du territoire n’était pas de nature à lui octroyer une capa-cité réelle d’imposer des prix plus élevés.

9. Le projet de rachat de Bricorama risquait de faire apparaître des monopoles locaux dans quelques régions spécifiques.

10. L’Autorité de la concurrence a imposé au nouveau groupe de vendre quelques magasins dans les zones où son pouvoir de marché aurait été significatif. L’objectif est que ces magasins soient repris par des concurrents pour maintenir une pression concur-rentielle suffisante.

11. Ce type d’autorisation sous conditions reste assez rare. Entre 2009 et 2017, sur 1 734 décisions, seules 65 ont été assorties de conditions, soit moins de 4 % d’entre elles.

FAIRE LE POINT

1. Faux.

2. Vrai.

3. Faux.

EXERCICES p. 59

Exercice 1

1. Faux (C’est le coût unitaire qui diminue).

2. Faux (Certaines ententes sont parfois autorisées comme les accords technologiques).

3. Vrai.

4. Faux (La guerre des prix par exemple est favorable !)

5. Faux (Il est contraint par la demande).

6. Vrai (Les innovations se diffusent, les brevets sont temporaires).

7. Vrai (En général mais, dans certains cas, cela peut être faux s’il y a des économies d’échelle importantes par exemple).

8. Faux.

9. Vrai.

10. Vrai.

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Exercice 2

1.

Constructeurs Nombre de véhicules

Part de marché

PSA 77 762 30,8 %

Renault 76 177 30,2 %

Volkswagen 29 156 11,6 %

Fiat Chrysler 13 019 5,2 %

Toyota 9 925 3,9 %

BMW 8 731 3,5 %

Ford 7 274 2,9 %

Daimler 6 699 2,7 %

Nissan 6 672 2,6 %

Autres 16 807 6,7 %

2. Répartition du marché automobile français en juin 2018

PSA31 %

Renault30 %

Volkswagen11 %

FiatChrysler

5 %

Toyota4 %

BMW3 %

Ford3 %

Daimler3 %

Nissan3 %

Autres7 %

Exercice 3

1. Le nombre d’abonnés à la plateforme Netflix est en forte croissance depuis 2012 que ce soit aux États-Unis ou dans le reste du monde. Ainsi, le nombre d’abonnés Netflix est passé de moins de 30 millions à près de 150, soit une multiplication par environ 5 entre 2012 et 2018.

2. On cherche le taux de croissance annuel moyen, noté g, tel que 23,41 x (1 + g)6 = 56,7. On a donc g = 1 - (56,7/23,41)1/6 = 15,9 % .Le nombre d’abonnés Netflix aux États-Unis a cru au rythme annuel moyen de 15,9 %.De la même façon, on calcule que le nombre d’abonnés en dehors des États-Unis a augmenté au rythme annuel moyen de 67,5 %.

3. La croissance du nombre d’abonnés semble se faire à un rythme constant aux États-Unis tandis que ce

rythme semble sans cesse accélérer dans le reste du monde. Cette dernière contribue donc de plus en plus à la croissance du nombre total d’abonnés. Ainsi, alors que les abonnés hors des États-Unis représentaient 90 % environ des abonnés Netflix en 2012, ils en repré-sentaient en 2018 : 87,9/148,5 = 59 %.

L’INFOGRAPHIE DU CHAPITRE p. 60

Les GAFA sont des entreprises originales par leur taille (CA, effectifs…) et leur relative jeunesse, marque d’une croissance exceptionnellement rapide.

Leur pouvoir de marché se mesure à leur part de marché (Google et Facebook notamment mais aussi Amazon avec son service Prime), ou leur profitabilité exception-nelle (Apple ou Google)

La concentration de ces secteurs repose sur d’impor-tantes économies d’échelle et de réseau. Leur croissance exceptionnelle illustre le phénomène de « winner takes all » abordé dans le dossier 3

La défense des GAFA peut s’appuyer sur l’importance de leur innovation qui est à la fois à la source de leur monopole et au cœur de leur développement constant. Leur extraordinaire profitabilité peut alors s’interpréter comme une rente d’innovation, une récompense légitime pour leur contribution à l’innovation. L’approche schum-péterienne du monopole temporaire des entrepreneur innovateur peut ici être mobilisée.

Mais le pouvoir de marché des GAFA repose aussi sur l’existence de barrières à l’entrée qui découlent des économies d’échelle et de réseau et qui sont aussi entretenues par les GAFA eux-mêmes. Ces derniers utilisent leurs profits pour acquérir des start-up inno-vantes. Cela leur permet de renforcer leur pouvoir de monopole.

VERS LE BAC.Épreuve de spécialité p. 62-63

PARTIE 1. Mobilisation de connais-sances et traitement de l’information

Étude de document

1. En situation de concurrence pure et parfaite, les produits vendus sont homogènes, le nombre de vendeurs et d’acheteurs est très grand et tous ces vendeurs et acheteurs ont la même taille : l’information sur les produits est transparente, le marché est fluide (ni barrières à l’entrée, ni barrières à la sortie), le travail et le capital sont mobiles. Dans ces conditions, la concur-rence ne porte que sur les prix, aucun acteur ne peut influencer le marché. Un prix du marché s’impose à tous et les acteurs sont preneurs de prix. Pour augmenter le

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33 CHAPITRE 2 Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?

profit, l’entreprise doit faire des progrès techniques pour réduire ses coûts.

En situation de monopole, un seul vendeur fait face à une infinité d’acheteurs. Il dispose donc d’un certain pouvoir de marché, limité cependant par la courbe de demande des acheteurs. Le monopole peut fixer un prix plus élevé qu’en concurrence pure et parfaite. Les quantités vendues sont plus faibles et il en résulte une perte de bien-être pour la collectivité. La situation de monopole est souvent fragile : elle dépend soit de déci-sions réglementaires (monopole institutionnel), soit du fonctionnement de la concurrence (économies d’échelle et monopole naturel) soit d’innovations portées par une firme. Dans ce cas, le monopole est temporaire puisque d’autres firmes vont, au cours du temps, imiter la firme innovatrice.

En situation d’oligopole, un petit nombre de firmes fait face à un grand nombre d’acheteurs.

Elles prennent leurs décisions en situation d’interac-tion stratégique. Leur profit dépend de leur décision de production mais également de celles de leurs concurrents. Une entente désigne un accord formel

ou informel entre quelques entreprises sur la quan-tité mise sur le marché et/ou le prix de vente. Une telle entente est avantageuse si elle permet d’éviter la guerre des prix et permet aux entreprises d’atteindre un profit plus élevé. En cas d’entente parfaite, sous la forme d’un cartel par exemple, les firmes agissent collectivement comme le ferait un monopoleur. Elles obtiennent alors le profit total le plus élevé. L’entente permet également de répartir ce profit entre les diffé-rentes entreprises participant au cartel, de façon à satisfaire les intérêts de chacun.

À défaut d’entente, la concurrence entre les firmes conduit à un équilibre moins favorable avec un prix plus faible. La concurrence peut même conduire au déclenchement d’une guerre de prix dont l’issue est incertaine et peut entraîner l’éviction d’une ou plusieurs entreprises qui ont donc intérêt à l’éviter. À titre d’il-lustration, l’absence d’entente entre Airbus et Boeing dans le duopole de l’aéronautique, est à l’origine d’une guerre des prix larvée, notamment en fin d’exercice pour gagner le titre symbolique de premier avionneur mondial, à l’origine d’une compression des marges des deux entreprises.

2.

Prix d'une

boule de glace (€)

Nombre de boules de glaces achetées par les consommateurs

Recette totale du

monopoleur

Recette supplémentaire du monopoleur engendrée par les 50 derniers

cornets de glace

Coût total du

monopoleur

Coût supplémentaire

engendré par les 50 derniers

cornets de glace

Profit total du monopoleur

P Q RT = P ⋅ Q Rm CT Cm ∏ = RT – CT

3 50 150 150 160 10 –10

2,5 100 250 100 170 10 80

2 150 300 50 180 10 120

1,5 200 300 0 190 10 110

1 250 250 –50 200 10 50

0,5 300 150 –100 210 10 –60

• La recette totale est égale au nombre de cornets vendus multiplié par le prix unitaire du cornet. Il faut d’abord associer à chaque prix la quantité de cornets vendues. Il suffit d’ajouter 50 cornets de glaces pour chaque baisse de 50 centimes à partir des 50 cornets vendus pour des cornets à 3 €. Par exemple pour un prix de 2,5 € le cornet, le marchand de glaces vend 100 cornets, soit 250 € de recette totale.

• La recette marginale correspond à la variation de la recette totale suite à la vente d’une unité supplémentaire de glaces. Ici on raisonne sur des paquets de 50 cornets. Par exemple pour le deuxième paquet de 50 cornets, la recette totale passe de 150 à 250 € par jour, soit une variation de + 100 €

• Le coût total s’obtient en ajoutant pour chaque quantité de cornets de glace les coûts fixes (150 €) et les couts variables (0,2 x nombre de cornets).

• Le coût marginal correspond à la variation du coût total suite à la production d’un cornet supplémentaire. Ici il est constant et égal à 0,2 €. Dans le tableau, pour 50 cornets cela fait donc 10 €.

3. Le marchand de glaces, qui cherche à atteindre le profit le plus élevé, a intérêt à vendre des cornets tant que le supplément de recettes est supérieur au supplé-ment de coût. D’après le tableau, le dernier paquet de 50 cornets qui est encore rentable est le 3eme. Produire le quatrième paquet de 50 cornets, coûterait plus (10 €) qu’il ne rapporterait (0 €). Le marchand choisit donc de fixer son prix à 2 € le cornet et il en vend 150. Sa recette totale s’élève à 300 et son coût total à 180, ce qui lui laisse un profit de 120 € pour la journée.

En calculant le profit pour les autres paquets de 50 cornets, on vérifie bien que le profit est maximal pour 3 paquets de 50 cornets.

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PARTIE 2. Raisonnement appuyé sur un dossier documentaire

À l’aide de vos connaissances et du dossier documen-taire, vous montrerez que les sources de pouvoir de marché des firmes sont multiples.

3 IntroductionCes dernières années, la concentration croissante de certains secteurs de l’économie américaine est dénoncée par certains économistes qui y voient un risque pour la concurrence tant le pouvoir de marché de ces grandes entreprises est réel. Mais la situation des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) est-elle comparable à celle du secteur financier ? D’où provient la capacité de ces entreprises à influencer le prix du marché pour le fixer au-delà de son niveau de concurrence parfaite ? Si le pouvoir de marché des firmes peut en effet découler de pratiques anticoncurrentielles (partie 1), il peut également provenir de la nature même des activités en question du fait de l’existence de formes d’économies d’échelle (partie 2), ou encore être le résultat de la capa-cité d’innovation de certaines entreprises (partie 3).

3 Proposition de plan détaillé

I/ Le pouvoir de marché des firmes peut découler de certaines pratiques anticoncurrentielles comme les ententes (1.1), ou la mise en place de diverses barrières à l’entrée (1.2)

– Définition d’une entente. Capacité à faire les prix collectivement. Exemple du cartel sur les obligations en dollars (texte 1). Autres exemples célèbres (cartel des camions, des vitamines…).

– Définition d’une barrière à l’entrée. Origines diverses des barrières à l’entrée avec exemple (contrôle de la chaîne d’approvisionnement et de commercialisa-tion avec l’exemple de la De Beers, différenciation des produits et segmentation du marché avec l’exemple des céréales…).

II/ Le pouvoir de marché des firmes peut aussi résulter de la nature même de leurs activités du fait de l’exis-tence d’économies d’échelle (2.1) ou de réseau (2.2)

– Définition d’une économie d’échelle. Oligopoles et monopoles naturels. Exemple de la distribution du gaz, le transport ferroviaire…

– Définition d’une économie de réseau ou des « rende-ments croissants d’adoption ». Phénomène de « winner takes all ». Exemple des systèmes d’exploitation pour téléphones mobiles (complémentarités entre l’OS et les applications : plus l’OS est installé, plus les développeurs développent des applications pour cet OS…). Utilisation des données du graphique 2. Autres exemples possibles dans les nouvelles technologies (Facebook, Uber, Micro-soft…).

III/ Le pouvoir de marché peut enfin être le résultat de l’innovation des entreprises à l’origine d’un pouvoir de monopole temporaire (3.1) qui peut parfois perdurer (3.2)

– L’innovation à l’origine d’un monopole temporaire. Rôle des entrepreneurs à la recherche d’une rente d’in-novation (Schumpeter). Reprise de l’exemple de Google sur les systèmes d’exploitation pour mobiles. Autres exemples dans les nouvelles technologies (Apple, Amazon…).

– Ce pouvoir de marché temporaire peut perdurer : les rentes d’innovation peuvent être utilisées pour investir dans de nouvelles innovations ou des acquisitions stra-tégiques, voire pour ériger des barrières à l’entrée (exemple des GAFA).

3 ConclusionLes origines du pouvoir de marché des firmes sont donc diverses. Si certaines peuvent être illégitimes et méritent d’être condamnées par les autorités (pratiques anticoncurrentielles), d’autres sont plus légitimes et bénéfiques à la société et doivent donc être contrôlées avec pragmatisme.

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