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Comment soigner une obsession par le médium Divaldo Franco Pereira

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Divaldo Pereira Franco

Sauvéede la folie

L’obsession guérie par le spiritisme

Dicté par l’Esprit Manoel Philomeno de Miranda

L'obsession existe parce qu'il y a des dettes spirituellesqui demandent réparation. Le nombre de personnesobsédées sur Terre est beaucoup plus grand qu'on nesaurait l'imaginer. On les trouve seuls, en groupes, oudans des communautés... Nous vivons des temps cri-tiques et pour les individus et pour l'humanité entière.Le spiritisme a un travail énorme, celui de restaurerl'enseignement de Jésus dans chaque cœur, de clarifierla pensée philosophique humaine et d'aider la science,l'encourageant à chercher les causes des maladies dansles profondeurs de l'être spirituel, plutôt que lessymptômes.

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INTRODUCTION

Beaucoup de livres racontent une histoire à l'intérieur d'unehistoire et c'est le cas ici. En traitant d'un sujet aussi délicat avecun grand nombre d'implications, comme vous le verrez plus loin,beaucoup d'auteurs mettent des avertissements les déchargeantde toute responsabilité. Ils mentionnent clairement que tous lespersonnages et situations sont strictement fictifs et que toutesimilitude avec des personnes vivantes ou des situations réellesserait une pure coïncidence. Dans ce livre, l'auteur dit juste lecontraire et raconte une histoire vraie, avec des personnes vraies,les ressemblances ne sont pas de simples coïncidences. Seuls lesnoms ont été modifiés afin de préserver la vie privée.Ce livre a été dicté au médium brésilien, Divaldo Pereira

Franco par une entité spirituelle qui, dans sa dernière vie ter-restre, s'appelait Manoel Philomeno de Miranda.Ne vous attendez pas à une histoire conventionnelle, mais

plutôt à une histoire qui vous montre que Hamlet avait absolu-ment raison en disant à Horatio qu'il existe plus de choses dansle Ciel et sur la Terre dont notre philosophie n'a jamais rêvé. Enfait, nos sens sont des fenêtres étroites par lesquelles nous voyonsseulement une fraction de l'immense réalité qui nous entoure.Les aspects de ces réalités qui passent inaperçues ont cependantune influence sur nos motivations intérieures que bien peud'entre nous sont prêts à admettre.Prenons pour exemple cette histoire. Une belle jeune fille de

15 ans, avec toutes les espérances que la vie peut accorder à unejeune femme, est sur le point d'entrer officiellement dans le

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cercle de la haute société à laquelle appartiennent ses parents. Laréception vient à peine de commencer quand, tout d'un coup, ellese lève de son piano, crie des mots durs à son père et le frappedevant tous les hôtes. La fête s'interrompt bien sûr et la jeunefille est confiée à un hôpital psychiatrique. Dans la plupart descas, ceci serait la fin dramatique d'une histoire très triste. Mais icice n'est que le déroulement d'un processus très complexe, avecdes racines profondes dans le sol mystérieux des incarnationspassées et avec des conséquences dans le futur pour toutes lespersonnes concernées.La démence due à l’obsession apparait clairement parmi les

nombreux désordres qui tourmentent l'humanité de nos jours.Hantées par des troubles inconnus et intérieurs, les personnesobsédées ont été déplorablement oubliées par la plupart des psy-chanalystes et des psychologues qui, obstinément attachés à leurconception matérielle, ont dénié la présence des personnes désin-carnées comme cause de nombreux troubles mentaux.D'autre part, certains spirites éclairés par les enseignements

spirituels considèrent tous les malades mentaux comme des victimesd'obsession ayant besoin d'un traitement spirituel et négligentcomplètement les soins médicaux indispensables. Les deuxextrêmes sont faux et devraient être évités. Bien sûr, nous tous,Esprits en évolution, portons en nous les causes de nos troublesphysiques et mentaux. Puisque la douleur en elle-même est unmoyen spirituel d'élévation pour l’âme, nous certifions que lasouffrance provient de la mauvaise utilisation des ressourcesvitales accordées par la puissance supérieure qui dirige la vie. Detelles ressources devraient être utilisées positivement, comme desoutils pour aider à l’évolution.A sa création, l'Esprit est créé simple et se doit d’évoluer. Tout

obstacle qu'il apporte dans ce processus agit comme des chainesqui le retiennent. La loi divine établit que c'est seulement à tra-vers l'amour que nous trouvons la paix et le bonheur. Salutairedans son essence, l'amour est le fondement de la vie et la force

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qui nous conduit à nos accomplissements les plus nobles.Chaque fois que nous laissons nos passions inférieures dominer

notre volonté, notre sens de la proportion est aveuglé, l'amourdevient malsain et nous sommes prisonniers des forces desténèbres.C'est pourquoi, dans les soins des malades atteints mentalement,

l'amour devrait être parmi les thérapies les plus précieuses.Traitées avec amour, les personnes mentalement malades trou-vent souvent la guérison. Tandis que l'amour aide une personnemalade à guérir, la haine l'en empêche. La jalousie, la déception,la fierté, la convoitise et l'avarice, tous enfants de l’égoïsme,condamnent l’Esprit rebelle à la roue d'une inévitable souffrancerédemptrice.Il n'y a pas d'exceptions sur la Terre. Aucune excuse ne

l'emportera sur la loi de cause à effet. En toute personne quisouffre, nous trouvons toujours un Esprit coupable, luttant poursa propre rédemption. Ceci devrait nous conduire à la méditationsur les lois divines et nous entrainer vers le désir d'aider nosfrères, les humains.Parmi la multitude des gens qui souffrent de ce que la psy-

chiatrie moderne appelle la démence, il y en a beaucoupd'obsédées, expiant les erreurs commises dans des vies anté-rieures et des criminels qui ont trompé la justice humaine et évitéune réparation équitable. Il y a des meurtriers, des voleurs et desescrocs de toutes sortes qui reviennent liés à ceux qu'ils ont tués,volés, ou abandonnés, mais dont ils n'ont pu s'éloigner à jamaisen raison de l’infaillible loi naturelle de cause à effet. Ils sontmorts mais pas disparus. Ils ont changé leur apparence physiquemais spirituellement ils sont restés les mêmes individus. Les loisdivines les retrouvent et les maitrisent. La chaine de responsabilitéqu'ils ont forgée eux-mêmes dans un passé oublié consciemment,lie la victime au criminel, le débiteur au créditeur, dans le mêmeprocessus de rachat. Liés à leurs chaines karmiques, ils s'agitent,se débattent dans un effort continuel qui consume leur énergie et

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les rend fou, jusqu'à ce que la lumière de l'amour et du pardonréussisse à briser leurs chaines et à les libérer afin qu'ils puissents'aider l'un l'autre. Jusqu'à ce que l'amour soit plus fort que lahaine et que le pardon efface l'affront, ils continuent à se débattreet à se chasser les uns les autres, à se blesser dans un combat hor-rible où ils se maltraitent eux-mêmes, tombant dans la sauvage-rie la plus ignoble.Lorsque nous rencontrons l'obsession ou des titres possédés,

armons-nous d'amour pour réussir à briser les chaines qui leslient à la souffrance et les aider à poursuivre la recherche du bon-heur auquel ils aspirent.

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AGRESSION

C'était une chaude soirée d'été à Rio de Janeiro ; bien que le cielsoit rempli d'étoiles, l'air était étouffant. A l'intérieur d'un duplexsurplombant l'océan et la plage de Copacabana, tout était prêt pourune réception bien organisée. Des invitations avaient été envoyées àdes amis choisis dans la haute société et les meilleurs traiteursengagés pour que nourriture, boissons et service soient absolumentparfaits. Le chef des serveurs et quelques réceptionnistes en uni-forme se tenaient à l'entrée, dans un hall privé où l'ascenseurs'arrêtait. A quelques pas de là, l'hôtesse et son mari, élégammentvêtus, accueillaient leurs amis. De petits groupes commencèrent à seformer par-ci, par-là et leurs pas étaient étouffés par les tapis coûteuxorientaux recouvrant le sol. Les serviteurs circulaient parmi lesinvités avec boissons et hors-d’œuvre.Pour le colonel Medeiros de Santamaria et sa femme,

Constancio, c'était l'occasion rare et propice d'inviter des hôtessélectionnés pour les débuts dans la haute société de leur très bellefille âgée de 15 ans. Pour se préparer a cette grande fête, elle avaitsuivi des cours de maintien dans une école de mannequins profes-sionnels.A 9h 30, à la demande de sa femme, le colonel Santamaria

annonça la venue de sa fille. L'orchestre commença à jouer. La jeunefille vêtue d'une longue robe de soirée en mousseline et tulle entradans la pièce. Elle était svelte et enjouée avec un sourire radieux surles lèvres ; ses yeux d'un bleu transparent contrastaient avec ses jouesroses. Dans ses cheveux, coiffés artistiquement, était déposée unepetite couronne en diamants. Elle ressemblait à une fée sortie d'unpays de rêve. Les hôtes saluèrent son entrée avec joie, car sa beauté

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faisait grand effet sur eux. Ses parents étaient remplis de fierté etleur cœur inondé de cette joie terrestre si éphémère qui laisse der-rière elle une inexplicable sensation d'amertume.Le père invita sa fille pour la valse traditionnelle. Tandis que

l'orchestre jouait, le père et la fille étaient envahis par leurs émotionset souvenirs personnels. Pour le père, anciens souvenirs oubliés, desrêves de jeunesse, ses ambitions militaires, son premier amour, sonmariage, la guerre... ah oui, la guerre. Il essaya de se débarrasser decette pensée inopportune qui l'assaillait. La jeune fille n'avait pasautant de souvenirs, sa vie commençait tout juste et beaucoup derêves restaient à réaliser ; Esther souhaita pouvoir arrêter cet instantde bonheur afin qu'il dure éternellement.D'autres couples s'élancèrent sur la piste et la fête se poursuivit

parmi les rires, les boissons et les friandises. Au moment voulu, lemaitre d'hôtel annonça que le diner allait être servi sous peu. Enattendant, le colonel Santamaria suggéra que sa fille joue du piano.Sa proposition fut reçue par un très long applaudissement et lesinvités se groupèrent autour du grand Pleyel. Esther s'assit avecassurance et commença à jouer une pièce de Brahms, remplissantl'air d'une mélodie douce et tendre. Ses parents, resplendissants debonheur, étaient assis tranquillement, absorbés par le jeu de leurfille. Même la chaleur de la nuit semblait s'adoucir et une brisemarine légère rafraichissait l'air.Soudainement la scène changea. Esther montra un léger trouble ;

son corps délicat sembla se pencher en avant, comme sousl'impulsion d'un choc électrique. Puis, brusquement, elle se tournaet regarda son père avec des yeux grands ouverts. Elle paraissaittransfigurée, l'expression changée et le visage d'une pâleur mortelle.Des gouttes de sueur commencèrent à couler sur son front et sesjoues. Elle se leva rigide, comme prise par une folie soudaine eteffrayante. Pris par surprise, personne ne bougea. La jeune filles'avança vers son père stupéfait et sans avertissement lui frappadurement le visage. Alors qu'il se levait, la figure crispée, elle lefrappa à nouveau. Ce fut le scandale. Quelques femmes se mirent à

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crier et le colonel Santamaria se mit inconsciemment à rendre lesgifles. La jeune fille commença à crier furieusement et dut êtreemmenée de force dans sa chambre.Parmi les invités, il y avait un docteur qui accepta de l'examiner

et lui administra un sédatif qui resta sans effet. La fête finit dans latristesse et la famille se retira rapidement, plongée dans une douleurprofonde. Ce trouble subit prit rapidement des proportions alar-mantes. Gravement perturbée, Esther bombardait son père de motsgrossiers et brutaux qui sortaient de sa bouche d'une manièreincohérente. Apparemment, la présence de son père stimulait ce flotd'insultes et chaque fois qu'il apparaissait, elle perdait la raison. Ilsemblait qu'une haine longuement nourrie remontait du plus profondde son âme.Ce ne fut qu'à l'aube qu'elle tomba dans une certaine torpeur,

son corps secoué par des convulsions. Le docteur resta jusqu’à ceque le couple décida de se retirer, prostré et moralement abattu, necomprenant pas ce qui venait d'arriver. D'ordinaire de tels événe-ments invitent l'homme à réfléchir sérieusement sur le sens de la vieet le poussent à la recherche de valeurs spirituelles.

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FOLIE

Le jour suivant était lourd et chaud et un profond chagrin pesaitsur tous dans la maison du colonel Santamaria. Esther n'avait pasencore complètement repris connaissance. Les sédatifs l'avaientplongée dans une profonde prostration et elle en sortait dans un étatde crise permanente. La charmante jeune fille avait fait place à unêtre dément et irresponsable. Elle avait des gestes agressifs et desmots obscènes jaillissaient sans cesse de sa bouche. Parmi les cris,des rires bruyants rendaient sa voix vulgaire. Son visage était blêmeet des cercles bleus entouraient ses yeux. Sa bouche était sombre etses yeux avaient un regard dur et menaçant. Des convulsions spas-modiques secouaient son corps. Son visage tordu révélait la douleuratroce qu'elle ressentait. Par moment elle semblait revenir à laconscience et alors se plaignait que quelqu'un la fouettait sans pitiéet qu'elle ne pouvait pas lui échapper. Son visage rougissait alors etsi on la regardait de plus près, on pouvait voir des marques rougessur sa peau délicate. Puis elle retombait dans des accès de folie, desarcasmes et d'agressivité, comme si elle était habitée par des furies.Le médecin qui l'avait examinée le soir précédent avait conseillé,

au cas où les crises recommenceraient, de consulter un neurologue,parce que si les symptômes s'aggravaient, on pourrait penser à uncas d'hystérie, capable de déboucher sur une maladie chronique. Ilavait précisé que la jeune fille traversait une période de transitiondans la construction de sa personnalité durant laquelle les impul-sions sexuelles s'intensifiaient. En bon disciple de Freud, il avaitbien sûr fait un discours sur la libido et ses conséquences sur lesmécanismes de l'émotion. Les parents affolés ne savaient que faire.Le docteur de famille confirma le diagnostic : un cas d'hystérie avec

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possibilité de complications alarmantes. Il fallait donc consulter unpsychiatre le plus vite possible.Un psychiatre célèbre fut donc appelé au chevet de la jeune fille

et le traitement commença immédiatement. Au début, elle put resterà la maison, mais malheureusement sans aucune amélioration. Enfait, elle allait de pire en pire et sa résistance physique se dégradaitparce qu'elle refusait toute nourriture. Afin de conserver son équi-libre, elle fut nourrie artificiellement. Apres trois jours d'essaisinfructueux, en dépit des soins de la famille et des médecins, le docteurrecommanda l'hospitalisation afin qu'un traitement adéquat puisseêtre entrepris. Il pensait aussi qu'il était important d'isoler Estherdu cercle familial où, peut-être, se trouvaient les causes inconscientesde son traumatisme mental. Selon lui, l'environnement familialempêchait la guérison. Comme il n'y avait pas d'autre alternative,les parents acceptèrent. On donna à Esther une dose importante desédatif et elle fut transportée dans une clinique psychiatriqueconnue située dans un paysage magnifique, au bord de la mer, à Rio.Tous espéraient que le site contribuerait à sa guérison. En dépit desressources les plus modernes de la psychiatrie, la jeune patienten'échappait toujours pas à ses hallucinations. De nouveauxsymptômes se manifestaient jour après jour. Elle se référait sanscesse au besoin de venger un honneur outragé qui devait être lavédans le sang, à une justice attendue depuis longtemps et à une ven-geance personnelle.Après un mois, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Son

apparence physique s'était améliorée parce que le traitement médicall'avait aidé à préserver une apparente vitalité, mais elle était devenuecomplètement folle. Aucun traitement n'avait été négligé, pourtantelle ne recouvrait pas sa lucidité. Même les traitements de chocn'avaient plus aucun effet et la laissaient complètement insensible.Au début, on pensa que cet état était une amélioration, mais plustard il fut prouvé qu'il était simplement du à un blocage de ses réac-tions nerveuses amenant un contrôle temporaire de ses troubles.Les parents désespérés ne savaient plus à quel saint se vouer.

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Habitués à une religion traditionnelle, ils ne pouvaient que réciterdes prières conventionnelles sans y trouver aucun réconfort. Leurseul but était de guérir leur fille et ils priaient comme quelqu'un quipaie un tribut à Dieu afin d'être délivré d'un devoir désagréable. Ilsn'avaient jamais appris la méditation qui permet aux forces de vie età la paix d'emplir notre être, nous aidant à garder l'équilibre phy-sique. Ils revenaient généralement des services religieux l'âmedéprimée et le cœur revolté. Un ressentiment obstiné contre tout etchacun renforçait leur dépression intérieure. Ils se sentaient blessésdans leur orgueil et dans leur susceptibilité insensée, orgueil et sus-ceptibilité trop appréciés sur cette terre de futilités. Dans leurconfusion, ils éprouvaient des émotions contradictoires envers leurpropre fille : amour, honte, humiliation et colère.A mesure que le temps passait, une acceptation silencieuse et

morbide de la vérité transformait l'atmosphère de la maison et lesmédecins eurent la même attitude envers la jeune fille. L'intérêt initialse transforma bientôt en une acceptation implicite d'une réalité :elle ne guérira jamais. Et bientôt le diagnostic effrayant et irrévo-cable tomba : schizophrénie. Même aujourd'hui, ce simple motnous parait comme une menace effrayante.

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PENSEES AMERES

La folie d'Esther était une tragédie choquante pour le colonelSantamaria et sa femme. Après le traumatisme des incroyablespremiers jours, la logique revenue, ils devaient faire face à la réalitébrutale : Esther était folle et sa maladie offrait peu de chance deguérison. La famille désespérée était maintenant dans un état deprostration profonde. Le temps passait plein de douleur et de désespoir.Le spécialiste était lui-même déconcerté par ce cas peu ordinaire.Le pronostic clinique était décourageant et l'énergie physiqued'Esther se détériorait peu à peu. Elle refusait de manger et ondevait la nourrir de force. Soumise aux électrochocs, sa réaction futinattendue. Au lieu de la prostration qui suit normalement laconvulsion et à la surprise générale, elle tomba dans un nouvel accèsde délire furieux.Esther avait reçu une éducation soignée. Ses lèvres de jeune fille

innocente n'avaient jamais prononcé un mot grossier. Maintenant,en état de perte de contrôle, elle proférait des injures contre sonpère, comme si elle était dominée par une puissance intelligente etdégradante qui la manipulait à volonté.En consultant tous les livres spécialisés, le docteur n'avait pas

trouvé un cas semblable. L'état d'Esther variait périodiquementcomme si différentes personnalités se manifestaient à travers elle. Saréaction aux électrochocs étant tout à fait négative, on essaya la nar-cothérapie, sans aucun succès. Tous les traitements qui furentessayés pendant le premier mois se montrèrent inutiles et mêmedangereux. Le médecin, après avoir parlé de ce cas avec un de sescollègues les plus éminents, avoua son embarras au colonel. Le casétait déconcertant et semblait étrangement difficile, mais il

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n'admettait pas l’échec. Il expliqua que certains patients ne mon-traient d'amélioration qu'après un traitement long et continu. Cetteexplication tendait à diminuer l'angoisse grandissante des parents etleur attente anxieuse d'une guérison rapide qui, pour les médecins,était impensable.En fait, le cas d'Esther correspondait à un diagnostic tout à fait

différent, englobant la vie spirituelle, la survie et l’obsession.Malheureusement, la possibilité d'un tel diagnostic ne peutgénéralement pas être admise par un médecin traditionnel. Ainsi,en raison de la limitation des méthodes classiques et des préjugésacadémiques, Esther ne pouvait pas être aidée. Accablé par destourments de toutes sortes et abattu par l’incertitude de la guérisonde sa fille, le colonel devint triste et renfermé, submergé par le chagrin.Au fond de son cœur, il ne pouvait accepter la situation ; il analysaitle problème sous tous les angles et il lui paraissait complètementabsurde. Il avait toujours été un homme honnête. Sa vie était unexemple parfait de dévouement à son pays et, en particulier, àl’armée à laquelle il avait donné le meilleur de lui-même. Dans sajeunesse, à l'académie militaire, il avait acquis une personnalité forteet disciplinée. Amoureux de la vérité, il devint un champion de lalégalité, de la justice et de la loyauté. Marié deux fois, sa premièrefemme mourut soudainement et il resta seul et sans enfants. Laseconde lui avait donné, pour son bonheur, une fille et à 56 ans, il seconsidérait comme un homme heureux lorsqu’apparut l'étrangemaladie de sa fille Esther. Dona Margarida son épouse, femme trèsbelle et poétesse sensible, avait étudié dans l'un des meilleurscollèges de Rio et avait reçu une excellente éducation. Elle connaissaitparfaitement la langue et la littérature française et aimait parler deses auteurs français favoris. Après son mariage, elle invitait ses amischez elle et y organisait des concerts. La folie d'Esther l'avaitfrappée brutalement et plus elle y pensait moins elle pouvait expli-quer les causes de la maladie déroutante de sa fille bien-aimée.Aussi loin qu'elle pouvait se rappeler, personne dans sa famillen'avait souffert de maladie mentale. Son foyer était sain et équilibré

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et Esther n'avait jamais montré la moindre trace de dérangementmental, d'insécurité ou de névrose. Au contraire, elle avait toujoursmanifesté une intelligence brillante et vive ainsi qu'une nature gaie.A l'école, ses maitres et ses camarades l'aimaient et la considéraientcomme une étudiante responsable et consciencieuse. Pour sesparents, elle avait toujours été une source de joie. Alors pourquoi ?Lorsqu'elle essayait de comprendre, la mère s'abimait dans d'amèrespensées. Depuis le jour où sa fille avait été hospitalisée, DonaMargarida ne l'avait pas revue, le docteur ne lui donnant pas lapermission, mais elle insistait. Afin d'alléger sa souffrance, le docteur luipermit d'observer Esther, à distance, car il craignait que la jeune filleréagisse négativement à la vue de ses parents. Ce fut très doulou-reux. La jeune fille, profondément endormie sous l’influence desédatifs puissants, ressemblait à un animal en hibernation avec unvisage décoloré et grimaçant. La mère la regardait fixement, sanspouvoir retenir ses larmes.Le colonel, contrairement à sa femme, ne montrait pas son chagrin.

Il se renfermait sur lui-même, nourrissant sa révolte en silence. Il sesentait comme prisonnier d'un filet solide et étouffant. - Un cauchemar, pensait-il. Oui, un cauchemar intolérable. Il

allait en sortir bientôt et retrouver le bonheur dans sa maison. Ainsi, il essayait d'échapper à la réalité, se dupant lui-même par

de fausses illusions. Il ne pouvait pas se faire à l'idée que sa fille,cette joyeuse petite fée qui avait enchanté son jardin, était mainte-nant enfermée dans un asile psychiatrique. Oui, c'était vraiment unasile psychiatrique, en dépit de la qualité de l'environnement et dessoins. La folie, cette maladie dégradante, transformait l'être humainen animal et une chose si hideuse ne pouvait lui arriver à lui, ou pire,à sa fille bien-aimée, la source même de toutes ses joies. Et cet officiercourageux, qui avait combattu dans la seconde guerre mondiale sansjamais se laisser aller à ses émotions, se voyait maintenant pleureramèrement et sans espoir.Dans ces jours difficiles, le couple allait parfois se promener afin

d’alléger la souffrance. En arpentant l'avenue de Copacabana avec

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sa femme, l'esprit du Colonel était invariablement ramené à sonenfant. Il aurait donné n'importe quoi pour la sauver, n'importequoi... Se donnant le bras, ils marchaient solitaires, essayant detromper le temps. Le long des trottoirs de Copacabana, plein demonde, ils se sentaient abandonnés et prisonniers du destin. Detemps en temps, sortant de ses spéculations matérielles stériles, lecolonel murmurait : - Dieu n'existe pas.L'aspect le plus difficile du problème, qui aggravait sa dépression,

était qu'apparemment dans la pensée de sa fille, il apparaissaitcomme un monstre haïssable. Sa simple présence déclenchaitl'agressivité d'Esther. Comme sa femme l'avait fait auparavant, ilessaya de convaincre le médecin de le laisser voir sa fille, espérantainsi adoucir sa peine. Le médecin refusa. Le père fut très impres-sionné en apprenant, plus tard, que sa fille ayant senti ses intentions,s'était montrée en colère et encore plus perturbée.- Si elle meurt, se dit-il, je me tuerai.Cette pensée semblait le réconforter parce qu'il était convaincu

que la mort était la fin de la vie. Il croyait qu'une fois les cellulesépuisées, la pensée, le raisonnement et la conscience se désintégraientégalement. Le cœur du colonel ne pouvait trouver l'apaisement.Lorsqu'au malheur s'ajoute le ressentiment, l'homme vit dans les

ténèbres. Le rejet systématique des réalités simples de la vie faitosciller entre l'apathie et l'agressivité. La fierté, poussée à bout parla loi divine, réagit violemment ; elle empoisonne la réalité au pointqu'on est amené à envisager le suicide, non comme un acte lâche,mais comme la seule solution, ignorant qu'une fois accompli, il serévélera une réalité décevante dans l’au-delà, où le suicide est uncrime. Pour un homme, la seule manière de montrer sa force, sousla pression de la souffrance morale, est de se vaincre.Le colonel Santamaria et sa femme étaient habitués à la flatterie

et à la vie facile de la haute société. Ils n'avaient jamais envisagé lapossibilité de souffrir. Leurs croyances religieuses ne les avaientjamais avertis que leur vie n'était pas privilégiée et faite de joie seu-

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lement. Ils commençaient à comprendre que la peine et la tristessen'étaient pas réservées seulement au peuple. Jusqu'alors, ils avaientuniquement vécu pour eux-mêmes. Ils devaient maintenant sortirde leur profond égoïsme et considérer ces aspects importants de lavie qu'ils avaient ignorés auparavant.

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