s21 non dupes

200
LACAN 1

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Table des matires

LACAN

Les non-dupes errent

1973-74

Ce document de travail a pour sources principales:

Les non-dupes errent, fichiers mp3 des sances, sur le site de Patrick VALAS.

Les non-dupes errent, sur le site Espaces Lacan.

Les non-dupes errent, version rue Claude BERNARD. sur le site de Pascal GAONACH: Gaogoa.

Les non-dupes errent, stnotypie au format pdf sur le site de lE.L.P.

Le texte de ce sminaire ncessite la police de caractres spcifique, dite Lacan, disponible ici: http://fr.ffonts.net/LACAN.font.download (placer le fichier Lacan.ttf dans le rpertoire c:\windows\fonts)

Les rfrences bibliographiques privilgient les ditions les plus rcentes. Les schmas sont refaits.

N.B. Ce qui sinscrit entre crochets droits [ ] nest pas de Jacques LACAN.

Table des matires

111

Leon 1 13 Novembre 1973Leon 2 20 Novembre 1973Leon 3 11 Dcembre 1973 Leon 4 18 Dcembre 1973Leon 5 08 Janvier 1974Leon 6 15 Janvier 1974 Leon 7 12 Fvrier 1974Leon 8 19 Fvrier 1974Leon 9 12 Mars 1974Leon 10 19 Mars 1974Leon 11 09 Avril 1974Leon 12 23 Avril 1974Leon 13 14 Mai 1974Leon 14 21 Mai 1974Leon 15 11 Juin 1974

13 Novembre 1973 Table des matires

Je recommence! Je recommence, puisque j'avais cru pouvoir finir. Je recommence mme, parce que j'avais cru pouvoir finir.C'est ce que j'appelle ailleurs la passe : je croyais que c'tait pass. Seulement voil, cette crance: je croyais que c'tait pass cette crance m'a donn l'occasion de m'apercevoir de quelque chose. C'est mme comme a - ce que j'appelle la passe - a donne l'occasion tout d'un coup de voir un certain relief, un relief de ce que j'ai fait jusqu'ici.

Et c'est ce relief qu'exprime exactement mon titre de cette anne, celui que vous avez pu lire, j'espre, sur l'affiche, et qui s'crit: Les non-dupes errent. a sonne drlement, hein ? C'est un petit air de ma faon. Ou pour dire mieux les choses, une petite erre , e, deux r, e. Vous savez peut-tre ce que a veut dire, une erre ? C'est quelque chose comme la lance. La lance de quelque chose, quand s'arrte ce qui la propulse et continue de courir encore.

Il n'en reste pas moins que a sonne strictement de la mme faon que Les Noms du Pre, savoir ce dont j'ai promis de ne parler plus jamais. Voil! Ceci en fonction de certaines gens que j'ai pas plus qualifier, qui au nom de FREUD, m'ont justement fait suspendre ce que je projetais d'noncer des Noms du Pre. Ouais

videmment, c'est pour ne leur donner en aucun cas le rconfort de ce que j'aurais pu leur apporter certains de ces noms qu'ils ignorent parce qu'ils les refoulent. a aurait pu leur servir. Et c'est quoi je ne tenais pas prcisment. De toute faon, je sais qu'ils ne les trouveront pas tout seuls, qu'ils ne les trouveront pas, tels qu'ils sont partis sur l'erre - e, deux r, e - sur l'erre de FREUD, c'est--dire sur la faon dont sont constitues les socits psychanalytiques. Voil.

Alors, Les non-dupes errent et Les Noms du Pre consonent si bien, qui consonent d'autant mieux que contrairement, comme a, un penchant qu'ont les personnes qui se croient lettres faire des liaisons mme quand il s'agit d'un s , on ne dit pas les non-dupes z'errent , on ne dit pas non plus les cerises z'ont bon got , on dit : les cerises ont bon got et les non-dupes errent . a consonne.

a, c'est les richesses de la langue. Et j'irai mme plus loin: c'est une richesse que n'ont pas toutes les langues, mais c'est bien pour a qu'elles sont varies. Mais ce que j'avance de ces rencontres qu'on qualifie du mot d'esprit, peut-tre que j'arriverai avant la fin de cette anne vous faire sentir, vous faire sentir un peu mieux ce que c'est que le mot d'esprit.

Et je vais mme tout de suite en avancer quelque chose.Dans ces deux termes mis en mots, des Noms du Pre et des non-dupes qui errent, c'est le mme savoir. Dans les deux. C'est le mme savoir au sens o l'inconscient c'est un savoir dont le sujet peut se dchiffrer. C'est la dfinition du sujet, qu'ici je donne, du sujet tel que le constitue l'inconscient.

Il le dchiffre, celui qui d'tre parlant est en position de procder cette opration, qui y est mme jusqu' un certain point forc, jusqu' ce qu'il atteigne un sens. Et c'est l qu'il s'arrte, parce que parce qu'il faut bien s'arrter. On ne demande que a, mme ! On ne demande que a parce qu'on n'a pas le temps. Alors il s'arrte un sens, mais le sens auquel on doit s'arrter, dans les deux cas, quoique a soit le mme savoir, ce n'est pas le mme sens. Ce qui est curieux.

Et qui nous fait toucher du doigt tout de suite que ce n'est pas le mme sens, seulement pour des raisons d'orthographe. Ce qui nous laisse souponner quelque chose. Quelque chose dont vous pouvez voir, en fait, l'indication dans ce que j'ai, dans quelques-uns de mes sminaires prcdents, marqu des rapports de l'crit au langage.

Ne vous tonnez pas trop, enfin, qu'ici je laisse la chose l'tat d'nigme, puisque l' nigme, c'est le comble du sens. Et ne croyez pas mme, qu l'occasion, il ne reste pas l propos de ce rapprochement, de cette identit phonmatique, des Noms du Pre et des non-dupes errent ne croyez pas qu'il n'y ait pas d'nigme pour moi-mme, mais c'est bien de a qu'il s'agit. C'est bien de a qu'il s'agit, et de ceci : qu'il n'y a aucun inconvnient ce que j'imagine comprendre. a claire le sujet au sens o je l'ai dit tout l'heure, et a vous donne du travail. Faut bien le dire, pour moi, il n'y a rien de tuant comme de vous donner du travail mais enfin, c'est mon rle!

Le travail, tout le monde sait d'o a vient, dans la langue, dans la langue o je vous jaspine. Vous avez peut-tre entendu parler de a: a vient de tripalium, qui est un instrument de torture, et qui tait fait de trois pieux. Au Concile d'Auxerre on a dit qu'il ne convenait pas aux prtres ni aux diacres, d'tre ct de cet instrument au moyen de quoi torquentur rei, sont tourments les coupables. a ne convient pas que le prtre ni que le diacre soient l, a les ferait peut-tre bander.

Il est en effet bien clair que le travail - tel que nous le connaissons par l'inconscient - c'est ce qui fait des rapports, des rapports ce savoir dont nous sommes tourments, c'est ce qui fait de ces rapports la jouissance.Donc j'ai dit : pas d'objection ce que j'imagine. Je n'ai pas dit je m'imagine. C'est vous qui vous imaginez comprendre. C'est--dire que dans ce vous vous , vous imaginez que c'est vous qui comprenez, mais moi j'ai pas dit que c'tait moi, j'ai dit j'imagine. Quant ce que vous vous imaginiez, j'essaye de temprer la chose. Je fais tout ce que je peux, en tout cas, pour vous en empcher. Parce qu'il ne faut pas comprendre trop vite, comme je l'ai souvent soulign.

Ce que j'ai avanc, pourtant, avec ce j'imagine, propos du sens, c'est une remarque qui sera celle que j'avance cette anne: c'est que l'imaginairequoi que vous en ayez entendu, parce que vous vous imaginez comprendrec'est que l'imaginaire, c'est une dit-mansion - comme vous savez que je l'cris - aussi importante que les autres.

a se voit trs bien dans la science mathmatique. Je veux dire dans celle qui est enseignable parce qu'elle concerne le rel que vhicule le symbolique. Qui ne le vhicule d'ailleurs que de ce qui constitue le symbolique ce soit toujours chiffr.

L'imaginaire c'est ce qui arrte le dchiffrage, c'est le sens. Comme je vous l'ai dit, il faut bien s'arrter quelque part, et mme le plus tt qu'on peut. L'imaginaire, c'est toujours une intuition de ce qui est symboliser: comme je viens de le dire, quelque chose mcher, penser, comme on dit. Et pour tout dire, une vague jouissance.

Le branlage humain est plus vari qu'on ne croit, quoiqu'il soit limit par quelque chose qui tient au corps, au corps humain, savoir ce qui, dans l'tat actuel des choses - mais justement c'est pas fini, il peut peut-tre venir autre chose - dans l'tat actuel des choses, assure la dominance de l' [opsis][footnoteRef:1], dans le peu que nous en savons, de ce corps, c'est--dire l'anatomie. [1: Opsis: ce qui est visible, livr au regard, le visage, lapparence.]

Cette dominance de l' [opsis], c'est ce qui fait que c'est ce qui fait quand mme quil y a toujours de l'intuition dans ce dont part le mathmaticien. Je vous ferai peut-tre cette anne sentir le nud - c'est bien le cas de le dire - le nud de l'affaire, propos de ce qu'ils appellent - je parle des mathmaticiens, je n'en suis pas, je le regrette - de ce qu'ils appellent l'espace vectoriel .

C'est trs joli de voir comment cette affaire, qui est peut-tre, enfin certains d'entre vous doivent en avoir entendu vaguement parler, je peux leur affirmer en tout casque c'est vraiment le dernier grand pas de la mathmatique. a part comme a d'une intuition philosopharde l'Ausdehnungslehre : la math - Lehre c'est ce qui s'enseigne - la math de l'extension, qu'il appelle a, GRASSMANN.

Et puis il sort de l l'espace vectoriel et le calcul du mme nom, n'est-ce pas, c'est--dire quelque chose de tout fait mathmatiquement enseignable si je puis dire, de strictement symbolis, et qui, la limite, enfin, peut peut fonctionner dans par une machine, hein ? Elle, elle n'a rien y comprendre.

Pourquoi faut-il revenir comprendreon reparlera de l'espace vectoriel, laissez-moi simplement me contenter aujourd'hui d'une annoncepourquoi faut-il revenir comprendre, c'est--dire imaginer, pour savoir o appliquer l'appareil ?

More geometrico, la gomtrieenfin, la plus bte de la terre, celle qu'on vous a enseigne au lyce, celle qui procde du dcoupage la scie de l'espace : vous sciez l'espace en deux, puis aprs a l'ombre de sciage vous la coupez par une ligne, et aprs a vous marquez un point bon! C'est quand mme amusant que More geometrico ait paru comme a pendant des sicles tre le modle de la logique, je veux dire que c'est ce que SPINOZA crit en tte de l'thique. Ouais

Enfin, c'tait comme a avant que la logique en ait pris quand mme certaines leons, des leons telles qu'on en est quand mme arriv vider l'intuition - n'est-ce pas ? - et que, actuellement, c'est quand mme l'extrme dans un livre de mathmatiques, de ces mathmatiques modernes que l'on sait excrables, aux dires de certains, on peut se passer pendant beaucoup de chapitres de la moindre figure. Mais quand mme, et c'est bien l l'trange, on y vient, on finit toujours par y venir.

Alors j'avance ceci pour vous cette anne : on y vient toujours, ce n'est pas parce que la gomtrie se fait dans l'espace, l'intuitifn'est-ce pas, la gomtrie des Grecs, enfin, dont on peut dire que c'tait pas mal, mais enfin que a cassait pas les manivellesc'est pour une autre raison qu'on y vient.

Singulirement, je vous la dirai : c'est qu'il y a trois dimensions de l'espace habit par le parlant, et que ces trois dit-mansionstelles que je les criss'appellent le Symbolique, l'Imaginaire et le Rel. C'est pas tout fait comme les coordonnes cartsiennes!

C'est pas parce qu'il y en a troisne vous y trompez pas, les coordonnes cartsiennes relvent de la vieille gomtriec'est parce que c'est parce que c'est un espacele mien, tel que je le dfinis de ces trois dit-mansions c'est un espace dont les points se dterminent tout autrement.

Et c'est ce que j'ai essay - comme a dpassait peut-tre mes moyens, c'est peut-tre a qui m'a donn l'ide de laisser tomber la chose - c'est une gomtrie o les points - pour ceux qui taient l, j'espre, l'anne dernire - dont les points se dterminent du coinage de ce dont vous vous souvenez peut-tre, que j'ai appel mes ronds de ficelle.

Parce que il y a peut-tre un autre moyen de faire un point que de commencer par scier l'espace, puis ensuite dchirer la page, puis avec la ligne qui, on ne sait pas d'o, flotte entre les deux, casser cette ligne, et dire : c'est a le point, c'est--dire nulle part, c'est--dire rien.

C'est peut-tre s'apercevoir que rien qu' en prendre trois de ces ronds de ficelle, tel que je vous l'ai expliqu, quand ils sont trois, bien que si vous en coupiez un, les deux autres ne sont pas lis, ils peuvent, rien que d'tre troisavant ce trois les deux restant sparsrien que d'tre trois, se coincer de faon tre insparables. D'o le coinage, le coinage qui se dfinit quelque chose comme a :

savoir, que si vous tirez quelque part sur un quelconque de ces ronds de ficelle, vous voyez qu'il y a un point, un point qui est quelque part par l o les trois se coincent. C'est un petit peu diffrent de tout ce qu'on a lucubr jusqu'ici more geometrico, car a exige qu'il y ait trois ronds, trois ronds de ficellequelque chose d'autrement consistant que ce vide avec lequel on opre sur l'espaceil en faut trois, toujours, en tout cas, pour dterminer un point.

Je vous rexpliquerai a mieux encore, c'est--dire en long et en large, mais je vous fais remarquer que a part, a part cette notion, d'une autre faon d'en oprer avec l'espaceavec l'espace que nous habitons rellement, si l'inconscient existe je pars d'une autre faon de considrer l'espace, et qu'en qualifiant ces trois dimensionsen les pinglant des termes mmes que j'ai paru jusqu'ici fortement diffrencier des termes de Symbolique, d'Imaginaire et de Rel, ce que je suis en train d'avancer, c'est qu'on peut les faire strictement quivalents.

C'est une question que se pose FREUD la fin de La science des rves, l'avant-dernire page, il se pose la question de ce en quoi ce qu'il appelle et on voit bien qu'il ne l'appelle plus avec tellement de certitude, qu'il ne l'pingle plus de quelque chose qui la spareraitce qu'il appelle ralit, qu'il qualifie de psychique : qu'est-ce que a peut avoir faire avec le rel ?

Alors l, il vacille, il vacille encore un peu, et il s'accroche la ralit matrielle, mais qu'est-ce que a veut dire la ralit matrielle dans ses rapports avec la ralit psychique ?

Nous allons donc nous allons donc essayer de les distinguer, de garder encore une ombre de distinction entre ces trois catgories, tout en marquant ce que je mets l'ordre du jour, savoir de bien marquer que, comme dimensions de notre espace notre espace habit en tant qu'tres parlantsces trois catgories sont strictement quivalentes. On a dj pour a le truc - hein ? -: on les dsigne par des lettres. C'est l le frayage tout fait nouveau de l'algbre, et vous voyez l l'importance de l'crit.

Si j'cris: R.I.S., Rel, Imaginaire, Symbolique, ou mieux : Rel, Symbolique, Imaginairevous verrez tout l'heure pourquoi je corrigevous les crivez en lettres majuscules, vous ne pouvez pas faire autrement, et ils restent pour vous comme a, adhrant en quelque sorte la chose - simplement question d'criture - que c'est tout fait htrogne, vous allez continuer comme a parce que vous avez toujours compris - vous avez toujours compris, mais tort! - que le progrs, le pas en avant c'tait d'avoir marqu l'importance crasante du Symbolique au regard de ce malheureux Imaginaire par lequel j'ai commenc, j'ai commenc en tirant dessus balles, enfin, sous le prtexte du narcissisme.

Seulement figurez-vous que l'image du miroir, c'est tout fait rel qu'elle soit inverse. Et que mme avec un nud, surtout avec un nud, et malgr l'apparence, car vous vous imaginez peut-tre qu'il y a des nuds dont l'image dans le miroir peut tre superpose au nud lui-mme, il n'en est rien!

L'espace - j'entends l'espace, comme a, intuitif, gomtrique - est orientable. Il n'y a rien de plus spculaire qu'un nud.

Et c'est bien pour a que c'est tout autre chose si ce mme R.S.I. vous prenez le parti de les crire vous voyez l o gt l'astuce - de les crire a,b,c,. L tout le monde sent que, tout au moins a les rapproche - hein ? - un a vaut un b, un b vaut un c, et a tourne en rond, comme a. C'est mme l-dessus qu'est fonde la combinatoire.

C'est l-dessus qu'est fonde la combinatoire et c'est pour a que quand vous mettez les trois lettres la suite, eh ben, il n'y a pas plus de six faons de les ordonner. C'est--dire, selon la loi factorielle qui prside au truc, c'est 1 x 2 x 3 : a fait 6, hein ? Ds que vous en avez quatre, il y a vingt quatre faons de les ordonner.

Seulement, si pour vous soumettre une conception de l'espace o le point se dfinit de la faon que je viens de montrer, par le coinage - pardonnez-moi aujourd'hui de ne pas crire bien tout a, en figures, au tableau, je le ferai dans la suite -vous vous apercevez que c'est pas en raison, comme a, d'une scansion qui va du meilleur au pire, du Rel l'Imaginaire, en mettant au milieu le Symbolique, c'est pas en raison d'une prfrence quelconque, que vous devez vous apercevoir que, prendre les choses par le coinage, autrement dit par le nud borromen :

un rond de ficelle est le Rel,

un rond de ficelle est le Symbolique,

un rond de ficelle est l'Imaginaire,

eh ben ne croyez pas que toutes les faons de faire ce nud soient les mmes. Il y a un nud lvogyre et un nud dextrogyre.

Et ceci mme, mme si vous avez crit les trois dimensions de l'espace, que je dfinis comme tant l'espace par l'tre parlant habit, mme si vous n'avez dfini ces dimensions par des petites lettres, mme si ces dimensions vous les dfinissez par petit a,b,c, que vous n'y mettiez aucun accent de contenu diversement prfrentiel, vous vous apercevez que, si vous crivez a, b, c, il y a une premire srie, et malgr vous, vous la qualifierez de la bonne, la srie que j'appelle lvogyre, qui sera: a,b,c, puis b,c,a, puis c,a,b, c'est--dire qu'il y a la srie - la srie lvogyre - qui laisse toujours un certain ordre, qui est justement l'ordre a, b, c, c'est le mme qui est conserv dans b, c, a. Et que petit c vienne en tte n'a aucune importance.

Il vous est licite d'imaginer - puisque c'est le grand I que j'ai pingl du petit c - d'imaginer la ralit du Symbolique.Ce qu'il suffit, c'est que le Rel, lui, reste avant. Et ne croyez pas pour autant que cet avant du Rel par rapport au Symbolique, a soit soi tout seul une garantie quelconque de quoi que ce soit, parce que si vous retranscrivez le a, b, c de la premire formule, vous aurez R.S.I, savoir : ce qui ralise le Symbolique de l'Imaginaire.

Eh bien, ce qui ralise le Symbolique de l'Imaginaire, qu'est-ce que c'est d'autre que la religion ? Rata pour moi! Ce qui ralise, en termes propres, le Symbolique de l'Imaginaire, c'est bien ce qui fait que la religion n'est pas prs de finir.

Et a nous met, nous analystes, du mme ct, du ct lvogyre, par quoi imaginant ce qu'il s'agit de faire, imaginant le Rel du Symbolique, notre premier pas, fait depuis longtemps, c'est la mathmatique, et le dernier c'est ce quoi nous conduit la considration de l'inconscient, pour autant que c'est de l que se fraye - je le professe depuis toujours - c'est de l que se fraye la linguistique. C'est--dire que c'est tendre le procd mathmatique qui consiste s'apercevoir de ce qu'il y a de Rel dans le Symbolique, que c'est par l qu'est pour nous dessin un nouveau passage.

L'Imaginaire n'a donc pas tre plac un quelconque rang. C'est l'ordre qui importe, et dans l'autre ordre: dextrogyre, curieusement, vous avez la formule a, c, b, moyennant quoi c'est au second temps que c vient en tte, mais b est avant a, et au troisime temps, c'est b, a, c, c'est--dire trois termes dont nous verrons que, s'ils ne comptent pas pour peu dans le discours, a n'en est pas moins l d'o sortent quelques structurations distinctes, qui sont justement toutes celles dont se supportent d'autres discours, ceux seulement que les discours lvogyres permettent, de par l'espace qu'ils dterminent, de dmontrer, non pas certes comme nayant eu un temps leur efficacit, mais comme proprement parler mis en cause par les autres discours.

Et je ne fais preuve l d'aucune partialit, puisque je nous mets du mme ct o la religion fonctionne.

Je n'en dirai pas plus aujourd'hui. Mais ce que j'avance est ceci : si dans la langue, la structure, il faut l'imaginer, est-ce que ce n'est pas l ce que j'avance par la formule : les non-dupes errent ? Comme a n'est pas immdiatement accessible, je vais essayer de vous le montrer.

Il y a quelque chose dans l'ide de la duperie, c'est qu'elle a un support : c'est la dupe. Il y a quelque chose d'absolument magnifique dans cette histoire de la dupe, c'est que la dupe - si je puis et si vous me le permettez - la dupe est considre comme stupide.

On se demande vraiment pourquoi. Si la dupe est vraiment ce qu'on nous dit je parle tymologiquement, a n'a aucune importance si la dupe c'est cet oiseau qu'on appelle la huppela huppe parce qu'elle est huppe, naturellement rien ne justifie que huppe a se dise la huppe, il n'en reste pas moins que c'est comme a qu'elle est apprcie dans le dictionnaire la dupe, c'est l'oiseau, parat-il, qu'on prend au pige, justement de ce qu'elle soit stupide.

On ne voit absolument pas pourquoi une huppe serait plus stupide qu'un autre oiseau, mais la chose qui me parat remarquable, c'est l'accent que met le dictionnaire pour prciser qu'elle est du fminin: la dupe est la.

Il y a quelque part un machin que j'ai relev - que j'ai relev dans le Littr - que ce soit une faute, que LA FONTAINE ait fait la dupe masculin. Il a os crire quelque part[footnoteRef:2]: [2: La Fontaine (1621-1695), Fables, IX, 8: Le Fou qui vend la sagesse.]

Du fil et du soufflet pourtant embarrass, Un des dupes un jour alla trouver un sage.

Ceci est tout fait fautif, marque bien LITTR, on ne dit pas un dupe, pas plus qu'on ne peut dire un linotte pour qualifier un tourdi.

Voil une forte raison. L'intressant, c'est de savoir de quel genre est le non-dupe. Vous voyez ? Je dis tout de suite : le non-dupe. Est-ce que c'est parce que, ce qui est point du non, c'est neutre ? Je n'en trancherai pas. Mais il y a une chose en tout cas claire, c'est que le pluriel - d'tre non marqu - fait vaciller compltement cette rfrence fminine.

Et il y a quelque chose, enfin, qui est encore plus drle, que j'ai je ne peux pas dire que je l'ai trouv dans CHAMFORTje l'ai trouv aussi dans le dictionnaire, dans un autre, cette citation de CHAMFORT, parce que je passe pas mon temps lire CHAMFORT, mais c'est quand mme pas mal, enfin, que ce soit au mot dupe que j'ai relev ceci :

Une des meilleures raison - crit CHAMFORT - qu'on puisse avoir de ne se marier jamais - ah ! - c'est qu'on n'est pas tout fait la dupe d'une femme tant qu'elle n'est pas la vtre . La vtre ! Votre femme, ou votre dupe? [Rires]

a, c'est quelque chose tout de mme, qui parat, enfin, clairant, hein ? Le mariage comme duperie rciproque.C'est bien en quoi je pense que le mariage c'est l'amour : les sentiments sont toujours rciproques, ai-je dit.

Alors, si le mariage l'est ce point-l - c'est pas sr, hein ! - enfin, si je me laissais un peu aller la glissade, je dirais que c'est ce que veut dire CHAMFORT aussi, sans doute une femme ne se trompe jamais. Dans le mariage, en tout cas. C'est en quoi la fonction de l'pouse n'a rien d'humain. [Rires]Nous approfondirons a une autre fois. [Rires]

J'ai parl de non-dupe, et je semble l'avoir marqu, enfin, d'une irrmdiable faiblesse, en disant que a erre. Seulement, il faudrait bien savoir ce que a veut dire a erre. Je vous ai dj tout l'heure un petit peu indiqu querrer enfin, vous allez quand mme vous reporter au dictionnaire BLOCH et von WARTBURG, parce que je ne vais pas passer mon temps vous faire de l'tymologie, n'est-ce pas, sachez simplement que, il y a quelque chose que l'tymologie - ce qui veut dire simplement pointer l'usage au cours des temps - que l'tymologie rend parfaitement manifeste, n'est-ce pas, c'est que, exactement comme dans mon titre les Non-dupes errent et les Noms du pre, hein, c'est exactement la mme chose pour le mot erre, ou plus exactement pour le mot errererrer rsulte de la convergence de error: erreur, avec quelque chosequi n'a strictement rien faire, et qui est apparent cette erre dont je vous parlais tout l'heurequi est strictement le rapport avec le verbe iterare.

Iterare, en plus - car si c'tait que a, ce serait rien - est l uniquement pour iter ce qui veut dire voyage. C'est bien pour a que le chevalier errant est simplement un chevalier itinrant. Seulement, quand mme, errer vient de iterare, qui n'a rien faire avec un voyage, puisque a veut dire rpter, de iterum [re-iterum]. Nanmoins, on ne se sert de cet iterare que pour ce qu'il ne veut pas dire, c'est--dire itinerare, comme le dmontrent les dveloppements qu'on a donns ce verbe errer au sens d'errance, c'est--dire en faisant du chevalier errant un chevalier itinrant.

Eh bien c'est l la pointe de ce que j'ai vous dire, considrant la diffrence qui s'pingle de ce qu'il en est des non-dupes. Si les non-dupes sont ceux ou celles qui se refusent la capture de l'espace de l'tre parlant, si ce sont ceux qui en gardent, si je puis dire, leurs coudes franches, il y a quelque chose qu'il faut savoir imaginer, c'est l'absolue ncessit qui en rsulte, d'une - non pas errance - mais erreur. C'est savoir que pour tout ce qui est de la vie et du mme coup de la mort,il y a une imagination qui ne peut que supporter tous ceux qui de la structure se veulent non-dupes, c'est ceci : c'est que leur vie n'est qu'un voyage. La vie, c'est celle du viator, celui qui dans ce bas monde - comme ils disent - sont comme l'tranger.

La seule chose dont ils s'aperoivent pas c'est que: rien qu' faire surgir cette fonction de l'tranger, ils font resurgir du mme coup le tiers terme, la troisime dimension, celle grce quoi des rapports de cette vie, ils ne sortiront jamais, si ce n'est d'tre alors plus dupes encore que les autres, de ce lieu de l'Autre, pourtant, qu'avec leur imaginaire ils constituent comme tel.

L'ide de [gnesis], de dveloppement comme on dit, de ce qui serait je ne sais quelle norme, grce quoi un tre qui ne se spcifie que d'tre parlant, dans tout ce qu'il en est de ses affects justement, qui serait command par je ne sais quoi que quiconque est bien incapable de dfinir, qui s'appelle le dveloppement. Et c'est quoi, en voulant rduire l'analyse, on manque, on fait l'erreur complte, l'erreur radicale, quant ce qu'il en est de ce que dcouvre l'inconscient.

Sil y a quelque chose que nous dit FREUD, et l c'est sans ambigut: Und - c'est le dernier paragraphe de la Traumdeutung - der Wert des Traumes fr die Kenntnis der Zukunft .Et c'est l que c'est bien joli. Parce qu'on croit qu'en crivant ceci, FREUD fait allusion la fameuse valeur de divination des rves. Mais ne pouvons-nous pas le lire autrement ?

C'est--dire: nous dire...et la valeur du rve pour la connaissance de ce qui va en rsulter dans le monde, de la dcouverte de l'inconscient savoir, si par hasard un discours faisait que d'une faon de plus en plus rpandue, on sache - on sache ce que dit la fin du paragraphe de FREUD, c'est savoir que cet avenir tenu par le rveur pour prsent, est gestaltet, structur par l'indestructible demande en tant qu'elle est toujours la mme : zum Ebenbild. C'est savoir que, si vous voulez, je vais vous mettre quelque chose ici: Naissance ----Mort qui serait ce voyage, savoir ce dveloppement, comme a, ponctu, de la naissance la mort. Qu'est-ce que FREUD, de par le surgissement de l'inconscient, nous indique ?

C'est que, en quelque point qu'on soit de ce prtendu voyage, la structure - de quelque faon que je la crayonne ici, peu importe -la structure - c'est--dire le rapport un certain savoir - la structure - elle - n'en dmord pas. Et le dsir - comme on traduit improprement - est strictement, durant toute la vie, toujours le mme.

Simplement des rapports d'un tre particulier dans son surgissement, dans son surgissement dans un monde o dj c'est ce discours qui rgne, quil est parfaitement dtermin, quant son dsir, du dbut jusqu' la fin.

C'est bien en quoi ce n'est qu' ne plus se vouloir dupe de la structure, qu'on s'imagine de la faon la plus folle, que la vie est tisse de je ne sais quels contraires de pulsions de vie et de pulsions de mort, c'est dj quand mme un tout petit peu flotter plus haut, enfin, que la notion - la notion de toujours - du voyage.

Ceux qui ne sont pas dupes de l'inconscient, c'est--dire qui ne font pas tous leurs efforts pour y coller, n'est-ce pas, ne voient la vie que du point de vue du viator. C'est bien comme a d'ailleurs, que sont surgies, enfin, toute une tape de la logique, celle dont aprs-coup, bien sr, et avec je ne sais quelles consquences, sont apparues ces choses, dont on ne voit mme pas quel point c'est un paradoxe, n'est-ce pas : tous les hommes sont mortels.

C'est--dire que j'ai dit voyageurs, hein.

SOCRATE est un homme...

Et il est un homme, il est un homme si il veut bien - hein? - il est un homme si il s'y prcipite lui-mme, n'est-ce pas C'est bien d'ailleurs ce qu'il fait, et c'est bien en quoi d'ailleurs, le fait qu'il l'ait demande, la mort, il y a quand mme une toute petite diffrence, mais cette diffrence n'a pas empch la suite d'tre absolument fascinante. a n'a pas non plus t plus mauvais pour a. Avec son hystrie, il a permis une certaine ombre de science : celle qui justement se fonde sur cette logique catgorique. C'tait un trs mauvais exemple. Mais a doit s'entendre, hein.

En tout cas cette fonction imaginaire essentiellement du viator, doit nous mettre en garde contre toute mtaphore qui procde de la Voie. Je sais bien que la Voie - la Voie dont il s'agit: le Ta - elle s'imagine tre dans la structure. Mais est-ce bien sr qu'il y ait qu'une Voie ? Ou mme que la notion de la Voie, de la mthode, vaille quoi que ce soit ? Est-ce que a ne serait pas en nous forgeant une toute autre thique, une thique qui se fonderait sur le refus d'tre non-dupe, sur la faon d'tre toujours plus fortement dupe de ce savoir, de cet inconscient, qui en fin de compte est notre seul lot de savoir.

Je sais bien qu'il y a cette sacre question de la vrit, hein. Mais nous n'allons pas comme a, aprs ce que je vous en ai dit...et combien de fois, et y revenant et y retournantnous mettre y coller sans savoir que c'est un choix, puisqu'elle ne peut que se mi-dire.

Et qu'aprs tout ce que nous choisissons d'en dire, il y a toujours derrire un dsir, une intention, comme on dit.C'est l-dessus qu'est fonde, enfin, toute la phnomnologie, je parle de celle de HUSSERL. Selon, comme a, que vous variez comme a les bouts dire de la vrit, bien entendu, voir ce que a donne comme trucs : il y a des choses bien drles.

Je voudrais pas compromettre Dieu, trop, dans cette affairechacun sait que je considre que il est plutt de l'ordre du super-chri [Rires]alors pourquoi est-ce qu'il dirait toujours la vrit, alors que a va aussi bien s'il est totalement trompeur, hein ? En admettant qu'il ait fait le Rel, il y est d'autant plus soumis que justement, si c'est lui qui l'a fait, alors, pourquoi pas ?

Je crois que c'est en fin de compte comme a qu'il faut interprter la fameuse histoire de DESCARTES, n'est-ce pas, le malin gnie. Ben, le malin gnie c'est lui, et a marche comme a, plus il sera malin plus a ira. C'est mme pour a qu'il faut tre dupe.Il faut tre dupe, c'est--dire coller, coller la structure.

Bien, ben coutez, j'en ai ma claque. [Rires]

20 Novembre 1973 Table des matires

Il y a un petit livre, l que Je vais commencer comme a sur le ton de la confidence, hein, parce que, videmment je me demande, je me demande en repartant, n'est-ce pas : suis-je assez dupe - suis-je assez dupe, hein - pour ne pas errer ?Errer au sens o je vous l'ai prcis la dernire fois, ce qui veut dire est-ce que je colle assez au discours analytique, qui n'est quand mme pas sans comporter une certaine sorte d'horreur froide.

Est-ce que je colle assez pour ne pas pour m'en distraire, c'est--dire ne pas le suivre vraiment selon son fil, ou mme, pour employer un terme dont je me servirai plus tard, l o on m'attend, sur les espaces vectorielsje vous le dis tout de suite: enfin, j'aborderai pas a aujourd'huimais les espaces vectoriels a introduit une notion, comme a, un autre espace dans l'espace: on appelle a espace fibr.

Bon, enfin, ce discours analytique, faut quand mme pas oublier pour m'excuser si je n'y colle pas tout fait, c'est que je l'ai fond, je l'ai fond d'une laboration crite, celle qui s'crit le a et le S2 superposs gauche, et puis le S barr: S, et le S1 droite.

Quand il s'agit d'tre dupe, n'est-ce pas, il ne s'agit pas en l'occasion d'tre dupe de mes ides, parce que ces 4 petites lettres, a n'est pas des ides. C'est pas mme des ides du tout, la preuve: c'est que c'est trs, trs, trs difficile d'y donner un sens. C'est mme strictement fait pour que ce soit impossible d'y donner un sens. Ce qui ne veut pas dire qu'on ne puisse pas en faire quelque chose.

C'est ce qui s'inscrit d'une certaine laboration de ce que j'appelleraic'est la mme chose de dire que a s'inscrit que de dire ce que je vais dire maintenant, savoir la mathmatique de FREUD, ce qui est reprable la logique de son discours, son errance lui. C'est--dire la faon dont il essayait de le rendre - ce discours analytique - adquat au discours scientifique. C'tait a son erre. C'est ce qui l'a - je peux pas dire empch, enfin, d'en faire la mathmatique, puisque la mathmatique il la faisait comme a, il fallait un deuxime pas pour ensuite pouvoir l'inscrire.

Alors, pendant que je vous parlais la dernire fois, il m'est revenu, comme a, des bouffes de souvenirs, de quelque chose qui bien sr ne m'arrivait pas ici, mais qui m'avait tracass le matin en prparant ce que j'avais vous dire.Voil, a s'appelle - tout de suite, disons-le - a s'appelle Die Grenzen der Deutbarkeit.

C'est quelque chose qui a un rapport troit, avec l'inscription du discours analytique: c'est que si cette inscription est bien ce que j'en dis, savoir le dbut, le noyau-cl de sa mathmatique, il y a toutes les chances ce que a serve la mme chose que la mathmatique. C'est--dire que a porte en soi sa propre limite.

Je savais que j'avais lu a, parce que je l'avais dans un vieux machin que j'ai rachet comme a, d'occasion, dans les dbris de ce qui surnageait des choses de FREUD, aprs l'histoire nazie, alors j'ai eu ce dbris Et je me disais que quand mme a avait d tre recueilli quelque part, vue la date.

C'est vrai. a a t recueilli dans le tome III des Gesammelte Schriften. Mais Mais pas ailleurs, savoir l o a aurait d paratre, la 8me dition de la Traumdeutung tant dj dite en 1925, en fait tant mme dj paru, enfin, une premire fois si mon souvenir est bon dans... Eh ben non... c'est pas paru du tout avant a, que j'ai eu, donc. Alors c'tait donc: c'est sorti dans les Gesammelte Schriften [III] mais a n'a pas paru l o a devait paratre au moment o a sortait, c'est savoir dans la 8me dition de la Traumdeutung.

Et c'est pas paru parce que, dans ces notes additionnelles en question, il y a un troisime chapitre: le 1er tant constitu par ces Grenzen der Deutbarkeit, [Gesammelte Schriften 1925, III, p.172] le 2nd [Gesammelte Schriften III, 1925, p.176: Die sittliche Verantwortung fr den Inhalt der Trame] je vous le passe, je vous en reparlerai, le 3me signifie Die okkulte Bedeutung des Traumes [Gesammelte Schriften III, 1925, p.180], c'est--dire La signification occulte [des rves]. c'est pour a que ce n'est pas paru.

Ce qui me restait dans l'esprit, ce qui me tracassait c'tait Die Grenzen... Mais cest cause du fait que ces Grenzen... taient associes La signification occulte..., que a n'est pas sorti. JONES raconte a quelque part l'occulte enfin, il y a une objection, il y a une objection de la part du discours scientifique. Et en effet, tel que a se prsente maintenant, l'occulte a se dfinit trs prcisment en ceci, enfin : ce que le discours scientifique ne peut pas encaisser. C'est mme - on peut le dire - sa dfinition. Alors, c'est pas tonnant qu'il y fasse objection.

Cette objection elle est venue, comme a, par le vhicule de JONES, et a peut paratre une explication toute simple du fait que a ne soit pas paru l o a devait paratre, savoir dans la 8me dition.

FREUD, vous le savez, c'tait pas du tout neuf, enfin, qu'il se tracasst sur l'occulte. Il le faisait, comme a, par par erre. Par erre concernant le discours scientifique. Oui, parce qu'il s'imaginait que le discours scientifique a devait tenir compte de tous les faits.

C'tait une pure erre. Et erre plus grave encore : une erre pousse jusqu' l'erreur. a ne tient compte, le discours scientifique, que des faits qui ne collent pas avec sa structure, savoir l o il a commenc de s'avancer, son rapport avec sa propre mathmatique. Mais pour que a ne colle pas, encore faut-il que a vienne la porte de cette structure mathmatique.

De sorte qu'il tient compte de tous les faits qui font trou dans son...disons, je vais vite l, parce que c'est pas un mot qui vaut, mais qui font trou parce que c'est plus sensible, tout de suite, de la dire comme a...qui font trou dans son systme ! Mais ce qui n'est pas de son systme du tout, il ne veut rien en savoir.

Alors, en se tracassant, comme a, sur les phnomnes occultes - dits occultes - a ne veut pas dire du tout qu'ils sont occultes, qu'ils sont cachs, parce que ce qui est cach c'est ce qui est cach par la forme du discours lui-mme, mais ce qui n'a absolument rien faire avec la forme du discours, c'est pas cach, c'est ailleurs.

Vous l, tels que vous tes - comme a je fais appel votre sentiment, enfin - il y a rien de commun entre l'inconscient et l'occulte. En tout cas au niveau o vous tes l pour m'entendre, je pense que quand mme vous tes dj assez rompus cette ide que l'inconscient c'est du langage, hein.

Et si vous avez pu l'autre jour regarder ce que j'avais commenc de faire, comme a vaguement au tableau, avec la ligne dite du voyage, et puis que vous avez pu simplement admettre ce que je vous serine depuis vingt ans, enfin mme plus, savoir ce qui clt, ce qui termine la Traumdeutung : ce que j'ai rappel l'autre jour, savoir ce fameux dsir indestructiblequi se promne, qui...sur la ligne du voyage, ds lors que l'entre dans le champ du langage s'est produite...accompagne d'un bout l'autre - et Ebenbild : toujours le mme, sans variation - accompagne le sujet structurant son dsir.

Comme dit Freud: Ebenbild : l'imageon traduit l'image, mais c'est pas l'image: Ebenbild c'est une image fixe, toujours la mme l'image der Vergangenheit, c'est--dire ce qui, au regard de cet Ebenbild ne peut mme pas s'appeler du pass : c'est toujours la mme chose, il n'y a pas de pass partir du moment o il s'agit de cette fonction spatiale, le croisement de la ligne avec ce rseau de la structure, qui se dplace, elle, selon la ligne, mais en mme temps dont on peut dire qu'elle ne se dplace pas, puisque la ligne, elle, ne varie pas.

C'est par rapport la vie en tant que voyage qu'on peut dire qu'il y en a une partie qui est passe et puis une autre qui reste, comme a, consommer, qu'on appelle l'avenir. Ces inscriptions du dsir indestructible suivent la glissade. Mais en suivant la glissade, du mme coup elle l'arrte, elle la fige, n'est-ce pas, parce que tout mouvement est relatif, n'est-ce pas, et si la glissade l dedans n'est que glissade, elle ne constitue pas un repre, hein. Voil.

Alors la structure symbolique, n'est-ce pas, elle est la fin de cette Traumdeutung peut-tre encore dcouvrir. Mais c'est l-dessus que FREUD conclut sa notion dans cette dans cette conclusion qui vient l comme la pointe mme de tout ce que jamais dans la Traumdeutung il a nonc du rve : sa notion est l. C'est bien en a que ce qui en rtroagit, c'est que - c'est ce qu'il a expliqu propos du rve, n'est-ce pas - c'est que : il y a de l'inconscient, et que l'inconscient c'est a!

Qu'il a pu dire l'occasion que l'inconscient est irrationnel, mais que a veut simplement dire que sa rationalit est construire, que mme si le principe de contradiction, le oui et le non, n'y jouent pas le rle qu'on croit dans la logique classique - n'est-ce pas? - comme la logique classique est dpasse depuis longtemps, ce moment-l, ben, il faut en construire une autre. Ouais

Et moi, je souponne que si Die Grenzen der Deutbarkeit...Les limites de l'interprtation, c'est a que a veut dire ne sont pas sorties dans l'dition suivante de L'Interprtation des rves, c'est pas simplement parce que c'tait l'ombre de l'occulte, c'est parce que quand mme, l, a en remettait.

a dpassait un peu le truc de l'affirmation que le dsir est indestructible, a montrait dans cette structuration du dsir lui-mme quelque chose qui justement aurait permis d'en mathmatiser autrement la nature. C'est pour a que a vaut la peine, quand mme, que je vous en donne comme a il est vident que devant une pareille assistance il est pas possible que je commente vingt-cinq pages de FREUD, il n'y en a pas plus, il y en a mme moinsmais je pourrai quand mme aborder le premier paragraphe, a vous incitera aller le trouver. Parce que quand mme, a a fini par tre publi.

L'trange est que a n'ait t publi... comme me le fait remarquer ma chre amie Nicole SELS qu' la suite de la sance dernire j'ai lance sur ce truc. Je lui ai dit : Mais enfin o diable c'est, cette histoire ? , cette histoire qui pourtant dans les Gesammelte Schriften est indique tout de suite aprs cette pointe sur laquelle j'ai termin du dsir indestructible et invariant, car c'est de a qu'il s'agit.

Dans les Gesammelte Schriften, il y a tout de suite aprs, c'est mme pas une note, aprs le point, le dernier point, la dernire ligne, il y a crit: Zusatz Kapitel C, ce qui veut dire Appendice C peu prs, comme on traduit a. Et c'est pour le volume suivant, le volume 3, auquel bien naturellement on se reporte, mais il tait indiqu qu'il fallait, enfin que c'tait normal de le coller l, ce qu'on n'a pas fait sous le prtexte que je vous ai dit tout l'heure, dans la 8me dition, prcisment.

Alors, comme me le commente - a vaut la peine, n'est-ce pas - comme me le commente la chre Nicole, qui en connat un bout pour ce qui est de chercher l'dition d'un textequi en connat un bout et qui en fout un coup, enfin, c'est inimaginable ce que je la fais cavaler, je veux dire que, elle cavale, et qu'elle me rapporte le truc dans les deux heures, l elle a mis beaucoup plus de temps : elle a mis au moins trois joursoui, il ne figure ce chapitre supplmentaire, parce que je lui avais dit:

Quand mme, ce serait curieux que je le trouve pas dans les Gesammelte Werke. Et je le trouve pas ! .

Elle me rpond qu'il n'est dans cet ouvrage aucune place logique, ni au tome qui correspond de la Traumdeutunga bien sr, je m'en tais aperu, c'est mme ce qui m'avait rendu enragni dans le tome XIV qui correspond l'anne 1925.

Il a paru in extremis et - ajoute-t-elle -sournoisement dans le tome I, car ce tome a t le dernier paratre : en 1952

Et l elle me rapporte bien sr l'opinion de STRACHEY, qui lui-mme l'a traduit dans la Standard Edition, n'est-ce pas, mais au tome XIX, c'est--dire son anne normale, oui, c'est vrai Bon, mais il pense que ce sort est d aux mines que tout le monde a fait devant lokkulte Bedeutung des rves. C'est ce quen pense STRACHEY. Je ne sais pas ce qu'en pense Nicole SELS, mais c'est, au regard, simplement des faits qu'elle m'apporte, secondaire. Alors, je ne vous lis pas tout de suite la chose en allemand. a se dit comme a :

[ Die Frage, ob man von jedem Produkt des Traumlebens eine vollstndige und gesicherte bersetzung in die Ausdrucksweise des Wachlebens (Deutung) geben kann, soll nicht abstrakt behandelt werden, sondern unter Beziehung auf die Verhltnisse, unter denen man an der Traumdeutung arbeitet.(Gesammelte Schriften 1925, p.172)]

La question: si on peut donner de tout produit de la vie de rve une complte et assure traduction - vollstndige und gesicherte bersetzung - dj cet emploi de bersetzung, c'est pas mal, c'est trs lacanien, bon [Rires]in die Ausdrucksweise des Wachlebens : dans le mode de s'exprimer de la vie de veille... et entre parenthses : (Deutung), c'est--dire sens: Deutbarkeit a veut dire interprtation mais Deutung a veut dire sens, Traumdeutung a veut dire sens des rvesne peut pas tre traite abstraitement,mais sous la Beziehung (relation) avec : Verhltnisse - c'est un autre terme pour exprimer relations -avec les relations donc dsignes par un autre mot, c'est--dire poses autrement : Beziehung, c'est quelque chose, comme a d'approximatif. Verhltnisse, a peut tre pris dans le sens des relations qui s'crivent, je veux dire de ce qui est constitu proprement parler dans une articulation propre au sens du terme, n'est-ce pas, comme quelque chose qui peut arriver se poser lles relations - unter denen - sous le coup desquelles on travaille l'interprtation des rves : man an der Traumdeutung arbeitet .

Et c'est l que, on entre un peu plus avant.

[ Unsere geistigen Ttigkeiten streben entweder ein ntzliches Ziel an oder unmittelbaren Lustgewinn. (Gesammelte Schriften 1925, p.172)]

Nos activits - geistige - celles de l'esprit c'est comme a : Unsere geistigen Ttigkeiten. Pour FREUD, a veut dire ce qu'on pense . Les activits de l'esprit, c'est ce qui est gnralement dsign comme les pensesStreben Streben, c'est un mot qui a une toute autre rsonance - n'est-ce pas? - que ce par quoi on le traduit en anglais, savoir dans cette occasion, n'est-ce pas - c'est la traduction de STRACHEY - justement: pursue. a poursuit rien du tout. a poursuit rien du tout: Streben, quand on regarde bien ce que c'est, quand on voit l'toffe du mot - ce qui videmment se fait avec ses usages prcdents - c'est quelque chose qui est inscrire, quelque chose comme a : vous comprenez si vous avez une vote, comme a, quelque chose en bois : c'est les tirants. a a l'air de la supporter comme a si vous aviez la moindre notion d'architecture, vous sauriez que les tirants, dans une vote, eh ben, a tire. Je veux dire que a tire vers l'extrieur. Les tirants, a ne soutient pas. Enfin, qu'importe, sur le Strebence qu'ils tirent, ce qu'ils font tenir ensemble, c'est, ou bien: ein ntzliches Ziel et l vous retrouvez les fonctions essentiellement lacaniennes de l'utile et dujouir. Elles sont prcises comme telles, c'est l-dessus qu'au dpart j'ai fait entirement pivoter ce que j'ai dit de L'thique de la psychanalyseun but utile, c'est ou a qu'elles anstreben, qu'elles attirent ou bien oder unmittelbaren Lustgewinn savoir, savoir tout simplement mon plus-de-jouir.

Car qu'est-ce que a veut dire un Lustgewinn: un gain de Lust. Si l l'ambigut de ce terme Lust en allemand, n'est-ce pas, ne permet pas d'introduire dans le Lustprinzip - traduit principe du plaisir - justement cette formidable divergence qu'il y a entre la notion du plaisir telle qu'elle est commente par FREUD lui-mme selon la traduction antique, seule issue de la sagesse picurienne, ce qui voulait dire jouir le moins possible.

Parce que qu'est-ce que a nous emmerde, la jouissance ! C'est justement pour a qu'ils se faisaient traiter de pourceaux parce qu'en effet, les pourceaux, mon Dieu, a jouit pas tellement qu'on s'imagine, n'est-ce pas, a reste dans sa petite porcherie, bien tranquilles, enfin, a jouit au minimumc'est bien pour a qu'on les a traits de pourceaux, parce que tous les autres, enfin, ils taient vachement tracasss par la jouissance. Fallait, enfin, qu'ils en mettent un coup, enfin : ils taient esclaves de la jouissance.

C'est mme pour a, tiens - l je me laisse emporter, hein - c'est mme pour a qu'il y avait des esclaves, hein. La seule civilisation qui tait vraiment mordue par la jouissance, il fallait qu'elle ait des esclaves. Parce que ceux qui jouissaient, c'tait eux ! Sans les esclaves, pas de jouissance, hein. Vous, vous tes tous des employs. Enfin, vous faites ce que vous pouvez pour tre des employs. Vous n'tes pas tout fait arrivs, mais croyez-moi, vous y viendrez. Bon, je me suis un peu laiss emballer, l comme a. Rflchissez quand mme un peu a, enfin, n'est-ce pas, qu'il y a que les esclaves qui jouissent: c'est leur fonction.

Et c'est pour a qu'on les isole, que mme on n'a pas le moindre scrupule transformer des hommes libres en esclaves, puisque, en les faisant esclaves, on leur permet de ne plus se consacrer qu' jouir. Les hommes libres, ils n'aspirent qu' a. Et comme ils sont altruistes, ils font des esclaves. C'est arriv comme a dans l'histoire, dans notre histoire nous. videmment, il y avait des endroits o on tait beaucoup plus civiliss : il n'y avait pas d'esclavage en Chine. Mais le rsultat c'est que, malgr tout ce qu'on dit, ils sont pas arrivs faire la science, hein. Maintenant, ils ont t touchs par un petit peu de MARX, alors ils se rveillent.

Comme disait NAPOLON : les rveillez pas, surtout! Maintenant, ils sont rveills. Ils auront pas eu besoin de passer par le truc des esclaves. Ce qui prouve, quand mme, qu'il y a des greffes, n'est-ce pas, que c'est pas le pire qu'on peut viter: on peut viter le meilleur, et arriver quand mme. Bon, enfin...

[Im ersteren Falle sind es intellektuelle Entscheidungen, Vorbereitungen zu Handlungen oder Mitteilungen an andere ; im anderen Falle nennen wir sie Spielen und Phantasieren. Bekanntlich ist auch das Ntzliche nur ein Umweg zur lustvollen Befriedigung. Das Traumen ist nun eine Ttigkeit der zweiten Art, die ja entwicklungsgeschichtlich die ursprnglichere ist. Es ist irrefhrend, zu sagen, das Traumen bemhe sich um die bevorstehenden Aufgaben des Lebens oder suche Probleme der Tagesarbeit zu Ende zu fhren. Darum kmmert sich das vorbe wute Denken. Dem Trumen Liegt solche ntzliche Absicht ebenso ferne wie die der Vorbereitung einer Mitteilung an einen anderen. Wenn sich der Traum mit einer Aufgabe des Lebens beschftigt, lst er sie so, wie es einem irrationellen Wunsch, und nicht so, wie es einer verstndigen berlegung entspricht. Nur eine ntzliche Absicht, eine Funktion, mu man dem Traum zusprechen, er soll die Strung des Schlafes verhten. Der Traum kann beschrieben werden als ein Stck Phantasieren im Dienste der Erhaltung des Schlafes. (Gesammelte Schriften 1925, pp.172-173)]

...Unmittelbaren Lustgewinn, a veut dire un plus-de-jouir, l, immdiat . Dans le premier cas - hein, celui du but d'utilit - ce sont ces geistigen Ttigkeiten, ces oprations spirituelles ...ce sont des dcisions intellectuelles, des prparations la manipulation hein? - Handlungen, ou des communications, an andere, aux autres. . savoir que, on parle pour les - comme je viens de dire - pour les manipuler, comme vous dites.

Dans l'autre cas, nous appelons a - nennen wir sie - Sie, c'est savoir les geistigen Ttigkeiten - Spielen und Phantasieren: nous appelons a des jeux et le fait de fantasmer. Bien sr - qu'il dit - bekanntlich - n'est-ce pas? - l'utile, c'est simplement aussi quand mme un dtour, ein Umweg, pour une satisfaction de jouissance . Mais... c'est pas en soi qu'elle est vise, n'est-ce pas?

Le rver - il n'a pas dit le rve - le fait de rver est donc une activit de la seconde espce savoir ce qu'il a dfini par le unmittelbaren LustgewinnIl est une erreur, irrefhrend, de dire que le rver s'efforce ces devoirs pressants, toujours imminents de la vie commune, et cherche mener bonne fin le travail du jour, Tagesarbeit. De a se soucie le penser prconscient : das vorbewute Denken.

Pour le rve, cette utilisation, cette intention utile - n'est-ce pas - est tout fait aussi trangre que la mise en jeuen uvre, la prparation, le fignolage, n'est-ce pas d'une communication, einer Mitteilung, un autre, an einen anderen .

En quoi il a ceci de lacanien, notre cher FREUD, n'est-ce pas, quepuisque tout ce qu'il vient de dire autour du rve, c'est uniquement de la construction, du chiffragece chiffrage qui est la dimension du langage n'a rien faire avec la communication.

Le rapport de l'homme au langage, lequel ne peut simplement s'attaquer que sur la base de ceci : que le signifiant c'est un signe qui ne s'adresse qu' un autre signe, que le signifiant, c'est ce qui fait signe un signe, et que c'est pour a que c'est le signifiant.

a n'a rien faire avec la communication quelqu'un d'autre. a dtermine un sujet, a a pour effet un sujet. Et le sujet, c'est bien assez qu'il soit dtermin par a, en tant que sujet, savoir qu'il surgisse de quelque chose qui ne peut avoir sa justification qu'ailleurs.

ceci prs que dans le rve on la voit, savoir que l'opration du chiffrage, c'est fait pour la jouissance. savoir que les choses sont faites pour que dans le chiffrage on y gagne ce quelque chose qui est l'essentiel du processus primaire, savoir un Lustgewinn. C'est a qui est dit l.

Et puis a continue. Et non seulement a continue, mais a appuie. Et a montre bien en quoi, pour quoi, le rve fonctionne. c'est savoir qu'il est fait, et n'est fait en rien - et c'est pour a qu'il fonctionne comme a: il n'est fait en rien que pour - le sommeil - des Schlafes verhten - protger . Il protge le sommeil. Ce que FREUD n'a dit comme a, qu'incidemment dans divers points, l il insiste.

Je veux dire que la question qu'il introduit, c'est: en quoi prcisment ce qui du rve dpend de l'inconscient c'est--dire de la structure, de la structure du dsirce qui du rve pourrait bien incommoder le sommeil.

Sur le sommeil, il est clair que nous ne savons pas grand-chose. Nous savons pas grand-chose justement parce que, parce que ceux qui les tudient, comme a, comme faits, avec deux petits encphalographesencphalopodes, encphalo-tout-ce-que-vous-voudrezben, ils lient des choses ensemble, enfin, mais c'est quand mme curieux, n'est-ce pas, qu'une chose aussi rpandue dans la vie, l, comme on dit, que le sommeil, enfin je n'avance rien, l je constate que, on n'a jamais pos la question de ce que a avait faire avec la jouissance. Tout a parce que la jouissance, enfin, c'est faut bien dire qu'on n'en a pas fait un ressort tout fait majeur de la conception du monde, comme on s'exprime.

Qu'est-ce que le sommeil ?

C'est peut-tre l que la formule de FREUD pourrait videmment prendre son sens et rejoindre l'ide du plaisir : si j'ai parl des pourceaux tout l'heure, c'est parce qu'ils roupillent souvent, oui. Ils ont le moins de jouissance possible dans la mesure o plus a dort mieux a vaut.

En tout cas a collerait avec, si mon hypothse est bonne, savoir que c'est dans le chiffrage qu'est la jouissance. On peut voir aussi par l, enfin, quelque chose, c'est que en effet le chiffrage du rve, aprs tout, il est pas pouss si loin que a, si loin qu'on le dit.

Enfin, c'est - j'ai dj expliqu la condensation, le dplacement - enfin, c'est la mtaphore, c'est la mtonymie, et puis c'est toutes sortes de petites manipulations, comme a, qui tendent la chose dans l'Imaginaire. C'est dans cette direction-l, hein, qu'il faut voir la jouissance. On pourrait peut-tre s'lever, n'est-ce pas, une structure, comme a conforme, conforme l'histoire du chiffrage, c'est que si c'est dans le sens de ce quelque chose qui arrive - quoi ? - die Grenzen, les limites [Cf. Die Grenzen der Deutbarkeit].

L est l'erreur. Les limites der Deutbarkeit, si vous lisez bien ces quatre pages, car il y en a pas plus, vous vous apercevrez que ce qui la signale cette limite, c'est exactement le mme moment quand a arrive au sens. savoir que le sens il est en somme assez court. C'est pas trente-six sens qu'on dcouvre au bi-du-bout de l'inconscient : c'est le sens sexuel. C'est--dire trs prcisment le sens non-sens. Le sens o a foire la Verhltnis.

La Beziehung - elle - a lieu avec ceci : qu'il n'y a pas de sexuelles Verhltnisse, que a - la Verhltnis en tant qu'crite, en tant que a peut s'inscrire et que c'est mathme - a, a foire toujours. Et c'est bien pour a que, il y a un moment o le rve, a se dgonfle, c'est--dire qu'on cesse de rver et que le sommeil, il reste l'abri de la jouissance. C'est parce qu'en fin de compte on en voit le bout.

Mais l'important, l'important pour nous, s'il est vrai que ce sens sexuel il ne se dfinit que de ne pas pouvoir s'crire, c'est de voir justement ce qui dans le chiffrage - non pas dans le dchiffrage - ce qui dans le chiffrage ncessite die Grenzen, le mme mot - ici employ dans le titre - le mme mot sert ce qui, dans la mathmatique, se dsigne comme limite.

Comme limite d'une fonction, comme limite d'un nombre rel. a peut augmenter tant que a veut, la variable, la fonction ne dpassera pas une certaine limite. Et le langage, c'est fait comme a, c'est quelque chose qui - aussi loin que vous en poussiez le chiffrage - n'arrivera jamais lcher ce qu'il en est du sens, parce qu'il est l la place du sens, parce qu'il est l cette place o ce qui fait que le rapport sexuel ne peut pas s'crire, c'est justement ce trou-l, que bouche tout le langage en tant que tel, l'accs, l'accs de l'tre parlant quelque chose qui se prsente bien, comme en certain point touchant au Rel, l, dans ce point-l.

Dans ce point-l se justifie que le Rel je le dfinisse de l'impossible, parce que l, justement, il n'arrive pas, jamais - c'est la nature du langage - il n'arrive pas, jamais ce que le rapport sexuel puisse s'inscrire. Ouais...

Alors il reste nos histoires de FREUD avec son occulte.

L'histoire d'occulte, c'est trs curieux, n'est-ce pas ? Je vous ai parl de la 8me dition, mais pas de la 7me. La 7me, c'est impossible de mettre la main dessus, non pas cause des nazis cette fois, mais parce qu'elle est parue probablement en trs peu d'exemplaires, enfin, c'est sorti en 1919, vous vous rendez compte !

La chose fabuleuse, c'est que quand mme, grce une autre amie - vous voyez, je n'ai que des amis - Nanie BRIDGEMAN, Nanie BRIDGEMAN qui est la B.N. , a mis la main sur la 7me. Eh bien, a m'a soulag, hein. Parce que la faon dont FREUD est traduit! Il est vrai que a a surtout commenc avec Marie BONAPARTE, bon, mais avant, il y avait eu Isaac MEYERSON: j'avais t - je lui en demande pardon - jusqu' penser que pour lui, c'tait le mme truc, savoir qu'il crivait n'importe quoi. J'avais t jusque-l, et pourquoi ?

Parce queje l'ai pas apport l comme a, c'est malheureux mais je l'ai oubli, voil la vritil y a une petite phrase, il y a une petite phrase au moment o FREUD pose la questionc'est a qui culmine dans ce dernier paragraphe dont je vous ai parlau moment o FREUD pose la question de ce qu'il en est, quel est l'ordre de ralit de ce rve: il est forc d'appeler a psychique, mais en mme temps a le tracasse de l'appeler psychique, parce qu'il sent bien que l'me, enfin a colle pas cette histoire, enfin que l'me c'est quand mme pas diffrent du corps, bon.

Alors l, il voque la ralit matrielle, il a pas vu trs bien ce moment-l que le matriel, il l'avait l : c'tait tout son bouquin, tout simplement savoir la faon dont il avait trait le rve, en le traitant par la manipulation du dchiffrage, c'est--dire aprs tout avec simplement ce que le langage comporte dimension de chiffr.

Alors l, il s'engage dans ce qu'il en est, en fin de compte, de cette ralit, et il est saisi il est saisi uniquement l, c'est la seule dition o il y a une phrase comme a, une phrase o, tout d'un coup, il rpudie ce fait : un savant, un savant certes modeste, il le qualifie comme a, il y a quand mme deux trucs que de toute faon, enfin, il met l une barrire- il ne peut pas encaisser: c'est la subsistance de ce qui est mort, a, a vise l'immortalit de l'me. Et deuximement, le fait que tous les lments de l'avenir soient calculables.

Ce qui, videmment l, rejoint - n'est-ce pas - rejoint le sol solide d'ARISTOTE, hein. L'me dans ARISTOTE est dfinie de telle sorte qu'elle n'implique nullement son immortalit, et c'est d'ailleurs grce a qu'il peut y avoir un progrs de la science, c'est partir du moment o en effet on s'intresse au corps - et puis deuximement, deuximement ceci : c'est le maintien du contingent comme essentiel.

Et aprs tout, pourquoi le contingent, savoir ce qui va se passer demain, nous ne pouvons pas le prdire ? En beaucoup de choses nous pouvons le prdire. De quoi se sert ARISTOTE dans sa dfinition du contingent ? De savoir qui est-ce qui va demain avoir la victoire, de savoir si ds aujourd'hui, au nom de ceci, que demain une chose s'appellera Victoire de Mantine , est-ce que nous pouvons crire ds aujourd'hui : Victoire de Mantine ?

C'est uniquement de a qu'il s'agit dans l'argumentation d'ARISTOTE propos du contingent. C'est tout de mme une belle occasion de nous interroger sur ce pour quoi des vnements qui ne sont pas d'ailleurs n'importe lesquels, qui sont des vnements, disons, humains - je vois pas pourquoi je rpugnerais l l'noncer ainsi pourquoi est-ce que c'est a le contingent ? Parce qu'aprs tout, il y a quand mme des vnements humains qui sont d'autant plus prvisibles qu'ils sont constants. Par exemple : j'tais sr que vous seriez aussi nombreux aujourd'hui que la dernire fois - pour des raisons d'ailleurs aussi obscures - mais enfin, c'tait calculable. Pourquoi est-ce qu'une victoire n'est pas calculable ?Qui est-ce qui me rpond ? coutez : une victoire n'est pas calculable...

X dans la salle : Parce qu'il faut tre deux, ou trois !

Il y a de l'ide... Il y a de l'ide, c'est vident, enfin, c'est vrai, comme vous dites, il faut tre 2, et mme parfois un peu plus Mais en allant dans ce sens-l, vous voyez bien que, malgr tout, vous glissez tout doucement du ct, du ct o ce 2, o ce 2 foire : savoir du ct du rapport sexuel. C'est tout un truc, hein, d'tre deux. Oui.

Quand je pense que je n'aurai pas le temps aujourd'hui de vous raconter toutes les belles choses que j'avais prpares pour vous sur l'amour, eh ben, a me doit un peu, mais c'est parce que j'ai tran, et puis j'ai tran comme a parce que parce que j'ai voulu faire quand mme un chiffrage soign, c'est--dire ne pas trop errer, alors pour le reste, enfin, vous pourrez peut-tre un peu attendre.

Mais pour me rfrer quelque chose que j'ai dj avanc: je l'ai dit de mille faons, bien souvent, mais un jour je l'ai dit tout fait cru, comme a, en clair. J'ai ditque l'effet de l'interprtation pour me limiter ce quoi, n'est-ce pas, je dois rester coll: je dois rester dupe. Et plus encore: dupe sans me forcer, parce que si je suis dupe en me forant, eh ben j'crirai le Discours sur les passions de l'amour justement, cest--dire ce qu'a crit PASCAL, et qu'est-ce qu'on voit qu'il se force, hein ? Aprs a, naturellement a a lch, a a claqu, il n'a jamais pu y revenir, mais enfin, il est assez probable - j'en suis pas sr - qu'il s'est forc, quand il a crit a, quand mme. a donne des rsultats absolument stupfiants, n'est-ce pas. C'est absolument magnifique, enfin, en se forant, on arrive dire on arrive, on arrive vraiment ne pas errer. Lisez a, enfin, a colle, l'amour a se passe comme a. Absolument dconcertant, mais a se passe comme a. Bon.Qu'est-ce que a veut dire que l'interprtation est incalculable dans ses effets ?

a veut dire que son seul sens, c'est la jouissance. C'est la jouissance d'ailleurs, qui fait tout fait obstacle ce que le rapport sexuel ne puisse d'aucune faon s'inscrire, et qu'en somme, a permet d'tendre la jouissance cette formule: que l'effet de l'interprtation est incalculable. Si vous rflchissez bien, en effet, ce qui se passe la rencontre de ces deux troupeaux qui s'appellent armes, n'est-ce pas, et qui d'ailleurs sont des discours, des discours ambulants, enfin je veux dire que chacun ne tient que parce qu'on croit que le capitaine, c'est S1.

Bon Il est tout de mme tout fait clair que si la victoire d'une arme sur une autre est strictement imprvisible, c'est que du combattant on ne peut pas calculer la jouissance. Que tout est l, enfin : si il y en a qui jouissent de se faire tuer, ils ont l'avantage. Voil!

C'est un petit aperu concernant ce qui peut en tre du contingent, c'est--dire de ce qui ne se dfinit que de l'incalculable Alors maintenant quand mme, je ne vais tout de mme pas vous quitter sans vous dire, enfin quelques petits mots de ce qu'il en est tout l'oppos de la ligne, comme a, o nous nous sommes, enfin, exercs - ou bien je me suis exerc devant vous - mais o vous quand mme vous mavez quand mme - enfin il y a des chances, comme a - un peu suivi, au moins suivi par votre silence, hein?

L'occulte, a peut quand mme pas seulement se dfinir par le fait, enfin, que c'est rejet par la science. Parce que, comme je viens de vous dire, c'est fou tout ce que a rejette, la science hein ! En principe tout ce que nous venons de dire, et qui existe pourtant quand mme, savoir la guerre. Ils sont l, tous, les savants, se creuser la tte : Warum Krieg ? Oh ! oh ! Pourquoi la guerre [footnoteRef:3] ? [3: Sigmund Freud et Albert Einstein : Pourquoi la guerre?]

Ils arrivent pas comprendre a, les pauvres. Ouais Ils se mettent deux pour a: FREUD et EINSTEIN. C'est pas en leur faveur! [Rires]

Mais enfin l'occulte, c'est bel et bien srement a : cette absence du rapport. Et je vous en dirais bien mme un petit peu plus,enfin, s'il fallait pas tout de mme que je prcise bien comment a se prsentait du temps de FREUD. Parce que l c'est tout fait clair. Tout ce qu'il a crit, n'est-ce pas: Psychoanalyse und Telepathie, Traum und Telepathie, dont ont fait Dieu sait quel mauvais usage les gens qui ont isol a sous le nom de phnomne psy, c'est des escrocs, n'est-ce pas.

Il faut quand mme bien voir que FREUD, alors lisez ses textes, n'est-ce pas, ceux dont je viens de donner le titre, parce que quand mme, ceux-l, on les trouve, contrairement aux Grenzen der Deutbarkeit c'est tout fait clair : il dit que le rve et la tlpathie, par exemple, a n'a strictement rien faire.

C'est mme au point qu'il va jusqu' dire: mais la tlpathie, c'est quelque chose du mme ordre, enfin, je l'admets, pourquoi pas, c'est de l'ordre de la communication. Et dans le rve, c'est trait comme n'importe quelle autre savoir la premire partie de ce que je vous avais nonc tout l'heure, savoir etwas ntzliches, n'est-ce pas, quelque chose qui sert aux manigances de la journe et c'est repris de la mme faon dans le rve.

Non seulement il prfre admettre, mais trs prcisment il dmontre que dans tous les cas o il y a eu la tlpathie soi-disant rve, ce sont des cas o on peut admettre le fait direct qu'il y a eu message, savoir annonce par fil spcial si je puis m'exprimer ainsi, car c'est a la tlpathie, n'est-ce pas, c'est le fil spcial.

On peut il y a qu' traiter le cas, il y a qu' l'envisager, il y a qu' oprer avec lui, en pensant que, comme n'importe quel autre rsidu du jour, il y a eu avertissement tlpathique. Que ce soit tlpathique ou pas - autrement dit il s'en fout - la seule chose qui l'intresse c'est que c'est repris dans le rve, cecije ne peux pas vous faire la lecture parce qu'il est trop tard, n'est-ce pasceci est nonc dans FREUD : il faut considrer, pour concevoir quelque chose aux rapports de la tlpathie et du rve,que la tlpathie s'est produite comme un reste, rsidu, de la journe prcdente.

Il prfre admettre a - quoique bien sr, naturellement - il prfre admettre le phnomne tlpathique - c'est a lessence de sa position - que de le faire rentrer dans le rve. Et il souligne, il souligne, savoir il dit pourquoi : parce que le rve c'est fait- et il fait toute la liste - toute une srie de chiffrages et que ces chiffrages ne peuvent porter que sur un matriel qui est constitu par les restes diurnes. Il prfre mettre la tlpathie, la ranger dans les vnements courants, ceci : de la rattacher en rien aux mcanismes eux-mmes de l'inconscient.

C'est si facile confirmer, il suffit que vous vous reportiez bien sr naturellement en franais a n'a jamais t traduit mais quand mme, il y en a certains d'entre vous qui lisent l'anglais, mme - j'espre - beaucoup, et d'autre part un certain nombre qui lisent l'allemandreportez-vous aux textes de FREUD sur l'inconscient et la tlpathie : il n'y a jamais d'ambigut, il prfre tout savoir, en somme, non seulement ce qu'il met en doute, mais ce sur quoi ce dont il se lave les mains, ce dont il dit : je n'ai l-dessus aucune comptencemais il prfre admettre que la tlpathie existe, simplement la rapprocher de ce qu'il en est de l'inconscient.

Autrement dit, tout ce qu'il met, tout ce qu'il avance comme remarquable - considrant certains rves - tout ce qu'il avance comme remarquable consiste toujours dire : il n'y a rien eu d'autre que de rapport au rve en tant que chiffrage. Ou encore que de rapport de l'inconscient de l'occultiste ou du diseur de bonne fortune avec linconscient du sujet.

En d'autres termes il dnie tout phnomne tlpathique auprs de ceci, il dnie au regard de ceci : qu'il n'y a eu que reprage du dsir. Ce reprage du dsir, il le considre comme toujours possible, ce qui veut dire - ce qui veut dire par rapport mon inscription de l'autre jour de la vie comme voyage et de la structure qui se dplace en mme temps que le voyage dessin - dessin linairement.

La question peut se poser - et comment ne se poserait-elle pas? - si vraiment la structure est ponctue par le dsir de l'Autre, en tant que tel, si dj le sujet nat inclus dans le langage, inclus dans le langage et dj dtermin dans son inconscient par le dsir de l'Autre, pourquoi n'y aurait-il pas entre tout a une certaine solidarit ?

L'inconscient n'exclut pas - si l'inconscient est cette structure, cette structure de langage - l'inconscient n'exclut pas - et ce n'est que trop vident - l'inconscient n'exclut pas la reconnaissance du dsir de l'Autre comme tel. En d'autres termes le rseau, le rseau de structure dont le sujet est un dtermin particulier, il est concevable qu'il communique avec les autres structures : les structures des parents certainement, et pourquoi pas l'occasion avec ces structures qui sont celles d'un inconnu, pour peu - souligne FREUD - que son attention soit, comme a, un peu ailleurs.

Et le plus fort - ce qu'il souligne, n'est-ce pas - c'est que ce dtournement de l'attention, il est justement obtenu par la faon dont le diseur de bonne fortune se tracasse lui-mme avec toutes sortes d'objets mythiques. a dtourne assez son attention pour qu'il puisse apprhender quelque chose qui lui permette de faire la prdiction suivante une certaine jeune femme qui a enlev sa bague de mariage pour lui faire croire que enfin, pour rester anonyme. Il lui dit qu'elle va se marier et qu'elle aura deux enfants trente-deux ans. Il n'y a d'explication cette prdiction, qui d'ailleurs ne se ralise absolument pas, mais qui - malgr qu'elle ne se soit pas ralise - laisse le sujet qui en a t le destinataire, absolument dans l'enchantement.

Chaque fois que FREUD souligne un fait de tlpathie, c'est toujours un fait de cet ordre, savoir o la prdiction ne s'est nullement ralise, ne s'est nullement ralise mais qui par contre laisse le sujet dans un tat de satisfaction absolument panouie. On ne pouvait rien lui dire de mieux.

Et en effet, ce chiffre de trente-deux ans en l'occasion, tait inscrit dans son dsir. Si l'inconscient est ce que FREUD nous dit, si des chiffres choisis au hasard, n'est-ce pas, ne sont en ralit jamais choisis au hasard, c'est prcisment par le certain rapport avec le dsir du sujet: c'est ce qu'tale tout au long la Psychopathologie de la vie quotidienne.

L'intrt L'intrt est ceci que FREUD sait trs bien souligner ventuellement, n'est-ce pas, c'est que le seul point remarquable de ces faits dits d'occultisme, c'est qu'ils concernent toujours une personne qui on tient, pour qui on a de l'intrt, que l'on aime. Mais il est tout ce qu'il y a de plus concevable que d'une personne que l'on aime, on ait avec elle quelques rapports inconscients. Mais a n'est pas, a n'est pas en tant qu'on l'aime. Parce qu'en tant qu'on l'aime, c'est bien connu, n'est-ce pas: on la rate, on n'y arrive pas.

Alors il s'agit tout de mme de deux choses, dans ces prtendues informations tlpathiques: il y a le contenu de l'information, et puis il y a le fait de l'information.

Le fait de l'information, c'est trs proprement parler ce que FREUD repousse. Il veut bien l'admettre comme possible, mais dans un monde avec quoi il n'a strictement rien faire. Pour le contenu de l'information, il n'a rien faire avec la personne dont il s'agirait d'avoir une information. Il a affaire uniquement avec le dsir du sujet, en tant que l'amour, a ne comporte que trop cette part de dsir. a dsirerait tre possible.

Alors, ce que je veux simplement, en vous quittant, accentuer, c'est qu'il y a quand mme quelque chose qui se vhicule depuis le fin fond des temps, et qui s'appelle l'initiation. L' initiation c'est ce dont nous avons des dbris au titre de l'occultisme. a prouve simplement que c'est la seule chose qui, en fin de compte, nous intresse encore dans l' initiation. Je ne vois pas pourquoi je ne donnerais pas l' initiation, que l'Antiquit connaissait, enfin, un certain statut.

Tout ce que nous pouvons entrevoir des fameux Mystres, et tout ce qui peut nous en rester encore - dans des pays ethnologiquement situables - de quelque chose de l'ordre de l'initiation. C'est li ce que quelque part, quelqu'un comme MAUSS n'est-ce pas, avait appel Technique du corps[footnoteRef:4], je veux dire que ce que nous avons et qui nous concerne dans ce discours, [4: Marcel Mauss: Les techniques du corps, in Sociologie et anthropologie, P.U.F. Coll. Quadrige, 2004. ]

autant analytique que scientifique, voire universitaire, voire celui du Matre et tout ce que vous voudrez c'est que, elle se prsente elle-mme - l'initiation - quand on regarde la chose de prs, toujours comme ceci :

une approche, une approche qui ne se fait pas sans toutes sortes de dtours, de lenteurs,

une approche de quelque chose o ce qui est ouvert, rvl, c'est quelque chose qui, strictement, concerne la jouissance.

Je veux dire qu'il n'est pas impensable que le corps - le corps en tant que nous le croyons vivant - soit quelque chose de beaucoup plus cal que ce que connaissent les anatomo-physiologistes.

Il y a peut-tre une science de la jouissance, si on peut s'exprimer ainsi.

L'initiation en aucun cas ne peut se dfinir autrement.

Il n'y a qu'un malheur, c'est que de nos jours, il n'y a plus trace, absolument nulle part, d' initiation. Voil!

11 Dcembre 1973 Table des matires

Vous pouvez dire que c'est bien parce que vous tes l que je parle. Ne me fatiguez pas, hein, parce que sans a je m'en vais. Voil un petit machin que j'ai pris la peine de construire, pour vous le montrer.

C'est un nud borromen je vous avertis que, aujourd'hui, je ne parlerai que de a . Alors s'il y en a que a emmerde, qu'ils sortent, a me soulagera c'est un nud borromen. C'est--dire - alors enlevez-moi plutt celui-l, le bleu - vous voyez l, le bleu on l'enlve, le rsultat, c'est que les deux autres sont libres. Vous avez vu que je n'ai pas t forc de les dmonter pour qu'ils se librent. Voil!

L-dessus Gloria peut vous le remettre, le truc. Mais enfin, je pense que c'est dj suffisamment dmonstratif. a se fait avec des cubes l'occasion, a se fait avec des cubes et on s'aperoit que faut qu'il y en ait trois en largeur, cinq en longueur pour le nud borromen minimal. Bon.

L'ide, c'est videmment de faire quelque chose qui rponde trois plans. C'est--dire qui soit fabriqu comme les coordonnes cartsiennes. Quand vous voulez fabriquer a, vous vous apercevez, eh bien, que vous avez quand mme des difficults. Vous avez des difficults - non pas du tout relles - vous avez des difficults vous bien rendre compte tout de suite quoi a va aboutir, combien il va falloir que vous en mettiez dans un sens et puis dans l'autre. Essayez vous-mmes, n'est-ce pas.

Essayez surtout il y avait un autre truc que je ne vous ai pas apport, il y avait un autre truc, qui lui, rpondait non pas au nud borromen, qui a pour caractristique que chacun des deux ronds que a constitue - c'est pas rond, c'est tout comme des deux ronds que a constitue se libre si vous voulez, si vous en tranchez un. Vous avez aussi le systme bien connu que je ne vous reproduis pas au tableau parce que, enfin je l'ai l mais je suis fatigu, vous n'avez qu' repenser aux trois cercles qui servent d'emblme aux Olympiques.

L vous pouvez constater que c'est fait diffremment, savoir que non seulement deux de ces ronds sont nous, mais que le troisime se boucle, non pas avec un seul des deux - a ne fait pas trois qui fassent chane - mais avec les deux.

Eh bien, essayez - essayez de faire un montage, un montage de cubes tel que ce soit ainsi, savoir que la continuit du montage que vous aurez fait, comme a, vous le ferez, le jaune, le rouge et le bleu, que a se fasse, que a soit possible que vous montiez dans trois plans: l'assurance qu'il s'agit bien de plans est faite par la forme cubique, justement, vous tes forcs de les faire en trois plans - essayez a. Vous ne verrez srement pas tout de suite que dans ce cas-l, il faut que le ct, si je puis dire, le ct de ce qui va se monter, soit de quatre cubes au minimum. Mais que ces quatre cubes se retrouvent aussi dans l'autre dimension. C'est--dire au lieu d'avoir deux fois cinq plus deux, comme dans ce cas-l, ce qui fait douze, vous avez deux fois quatre, plus deux fois deux, ce qui fait galement douze, ce qui est curieux.

Mais la difficult que vous aurez mme faire cette petite construction vous sera une bonne exprience de ceci, par quoi je commence, c'est que vous vous apercevrez l quel point nous ne sentons pas le volume. Parce que vous vasouillerez! Vous vasouillerez comme j'ai fait moi-mme !

Parce que, partir par exemple, de 3 sries simples de 4, quand vous les avez agencs d'une faon telle que a puisse faire ces fameux 3 axes qui servent la construction cartsienne, quand vous n'en voyez que quatre, vous avez aussi bien, pendant un instant, le sentiment que a pourrait se boucler, que a pourrait se boucler, par exemple, comme ici, comme s'il y en avait seulement 4, et puis 3 seulement de largeur. Vous aurez ce sentiment. C'est une faon de vous faire exprimenter ceci: que nous n'avons pas le sens du volume, quel que soit ce que nous avons russi imaginer comme 3 dimensions de l'espace.

Le sens de la profondeur, de l'paisseur, est quelque chose qui nous manque, beaucoup plus loin que nous ne le croyons. Ceci pour avancer ce que je veux vous dire au dpart: c'est que nous sommes des tres - vous comme moi - deux dimensions, malgr l'apparence. Nous habitons le Flatland comme s'expriment des auteurs qui ont fait un petit volume sur ce sujet, qui semblent avoir beaucoup de mal, enfin, s'imaginer des tres deux dimensions. Il n'y a pas besoin de les chercher loin. C'est nous tous.

C'est tout au moins comme a, vraiment, que a se prsente. Le mieux que nous puissions arriver faire, c'est en fait quoi nous nous limitons, ce serait tout de mme tonnant que dans une assemble, l qui est en train de scribouiller, je ne puisse pas le faire sentir : scribouiller, c'est a, c'est le mieux que nous puissions faire.

Et c'est ce qui a t fort bien articul en ceci que, il s'est trouv, enfin, des gens pour proclamer - dans une autre aire, a.i.r.e que la ntre - que: l'encre des savants est trs suprieure au sang des martyrs[footnoteRef:5]. Il y a des gens qui ont os dire a ! Ils ont os dire cette vidence. Il faut bien le dire, ce dernier, le sang des martyrs, hein, qu'est-ce que nous en avons? Des sujets de tableaux. [5: Un Hadith du Prophte Mohamed annonce que Lencre des savants est plus sacre que le sang des martyrs.]

Ceci avec la structure obsessionnelle que FREUD a su reconnatre dans ce qui ne fait qu'un : la religion et l'art. Je m'excuse auprs des artistes - il y en a peut-tre quelques-uns, l, gars dans l'assistance, quoique je n'y croie gure je m'excuse auprs des artistes, si la chose leur parvient : ils ne valent pas mieux que la religion. C'est c'est pas beaucoup dire.

La connerie...dont ce n'est pas la premire fois qu'ici je l'voque, de sorte que, je l'espre, vous n'allez pas vous sentir viss...la connerie est notre essence, dont fait partie ceci que votre demandeje me suis longtemps cass la tte pour savoir pourquoi vous tiez si dmesurment nombreux. Enfin force de me la casser, un clair en estsorti justement votre demande, celle qui vous attroupe l, c'est comment - de la connerie - avoir une chance d'en sortir. C'est mme pour a que vous comptez sur moi.

ceci prs que cette demande, de la connerie en fait partie. Donc cette demande quoi je cde un jour de plus sachez que ce n'est pas parce que votre nombre est grand que justement je vais essayer de faire semblant. C'est parce que: non pas il est grand, mais il est nombre en quoi je me voue l'abjection, je dois dire, avec quoi dans cette place je me confonds.

Il y a une chose que j'ai appele la passe, qui se pratique dans mon cole, uniquement parce que j'ai voulu tenter d'en avoir le tmoignage. Il faut que j'en sois o j'en suis, savoir aujourd'hui, pour que je voie bien moi-mme ce que c'est : se vouer rpondre n'importe qui, n'importe quoi, mais rpondre quoi ?

Ce que rpond le discours analytique, c'est a: ce que vous faites, tout ce que vous faites est sa nature, si l'on peut dire, de sa structure, plus exactement, contrairement tout ce qui s'est pens jusqu' prsent, parmi les spcialistes - philosophes qu'ils s'appellent! - non pas ignorance, l'ignorance naturelle comme s'exprime PASCAL.

Je remercie quelqu'un qui - pendant que je travaillais dimanche dernier, enfin, a pris soin de m'appeler d'ailleurs parce que je l'en avais expressment charg c'tait comme a - je vous le redirai tout l'heure - sous la forme d'une petite suggestion qui m'tait venue de lui concernant PASCAL. Eh bien, je l'avais charg de regarder dans PASCAL tout cet chelonnement qui va de l'ignorance naturelle la vraie science, avec entre eux ce qu'il dsigne comme a, dans son scribouillage, des semi-habiles.

C'est la personne qui m'a rendu ce service - enfin, qui a un peu torchonn PASCAL, comme a, pour m'viter d'avoir le faire, parce que j'tais claqu - les semi-habiles il a cru pouvoir les identifier aux non-dupes. J'espre que j'arriverai, enfin dans cet effort, vous faire sentir que c'est pas du tout, du tout, du tout, ce que je veux dire. Non pas que les semi-habiles ne soient peut-tre pas en effet des non-dupes, moi je crois qu'ils sont aussi dupes que les autres, mais contrairement ce que vous pouvez imaginer, il ne suffit pas d'tre dupes pour ne pas errer !

J'ai dit : les non-dupes errent, encore faut-il n'tre pas dupes de n'importe quoi. Et mme faut-il tre dupes spcialement de quelque chose que je vais essayer - essayer! - que je veux essayer aujourd'hui de vous faire parvenir. Donc, ce que rpond le discours analytique, c'est ceci : ce que vous faites, bien loin d'tre le fait de l'ignorance, c'est toujours dtermin, dtermin dj par quelque chose qui est savoir et que nous appelons l'inconscient. Ce que vous faites, sait - sait : s.a.i.t. - sait ce que vous tes, sait vous.

Ce que vous ne sentez pas assez - enfin je peux pas le croire d'une assemble aussi nombreuse - c'est quel point cet nonc, c'est du nouveau. Jamais personne des des grands guignols qui se sont occups de la question du savoir et Dieu sait que ce n'est pas sans malaise que j'y range PASCAL aussi, qui est le plus grand de tous les grands guignols ! jamais personne n'avait os ce verdict, dont je vous fais remarquer ceci : la rponse de l'inconscient, c'est qu'elle implique, c'est qu'elle implique le sans pardon, et mme sans circonstances attnuantes.

Ce que vous faites est savoir, parfaitement dtermin. En quoi, en quoi le fait que ce soit dtermin d'une articulation supporte par la gnration d'avant, ne vous excuse en rien, puisque ce n'est, le dire, le dire de ce savoir, que le faire savoir plus endurci, si je puis dire, savoir de toujours, la limite.

J'ai dgag de FREUD ce sens, parce qu'il le dit. Il le dit de toute son uvre. Quand je vous prie de ne pas me comprendre, vous voyez qu'il y a de quoi ! Mais moi je ne puis faire que de l'entendre dans le dire de FREUD, parce qu'il n'y a rien, rien faire qu' en laisser aller les suites.

Une fois que c'est nonc, a fonde un nouveau discours, c'est--dire une articulation de structure qui se confirme tre tout ce qui existe de lien entre les tres parlants. Pas d'autres liens entre eux que le lien de discours. a veut pas dire, naturellement, qu'on n'imagine pas autre chose.

Je vous ai dit tout l'heure que, si nous n'avons pas le volume, nous sommes quand mme deux dimensions, hein. Alors, il y a, il y a le profil, la projection, la silhouette, enfin tout ce qu'on adore dans un tre aim. On n'adore jamais rien de plus. Et comme je suis parti de l, hein, propos de cette fameuse histoire du miroir, on s'imagine que j'ai dprci a. Je ne l'ai pas du tout dprci, hein, parce que, comme tout le monde, je m'en contente !

Du volume, de l'paisseur, le seul maniement de ce que je vous ai conseill tout l'heure, vous informera quel point nous sommes absents. Mais il y a tout de mme quelque chose d'autre hein? - que nous prenons pour le volume. Et justement, c'est le nud. On en fait des mtaphores, non infondes : les nuds de l'amiti, les nuds de l'amour

Eh ben, a tient ceci: enfin, c'est notre seule faon d'aborder le volume, quand nous serrons, comme a, quelqu'un contre nous. a m'arrive moi aussi. Ouais... Mais est-ce que ces nuds, nous en sommes si assurs ? Nous en restons pour l'adoration, n'est-ce pas ! Et ce que j'ai appel tout l'heure les deux dimensions, les deux dimensions jolies, jolies... il y a un auteur rcent, comme a, je m'excuse auprs de lui s'il est l, je n'ai pas encore eu le temps de le lire, il appelle a Le Singe d'or [footnoteRef:6]. [6: Guy Lardreau: Le Singe d'or, Mercure De France, 1973. Bas du formulaire]

Comme il m'a fait l'hommage de son livre, je pense que c'est peut-tre quand mme parce qu'il a quelques chos de ce que je raconte, et peut-tre mme - qui sait? - qu'il m'a lu, et qu'il et que pour en parler ainsi, enfin du singe d'or, il faut bien qu'il ait quelque cho de ce que je viens de pousser en avant, de ce qui nous attache l'image, l'image deux dimensions.Je suis loin de l'avoir dprci. Non seulement je suis loin de l'avoir dprci, mais ce serait tout fait absurde de le dire, parce que les signifiants eux-mmes, nous sommes forcs d'en passer par la mme image, l'image du flatland, l'image deux dimensions, hein, pour dmontrer qu'ils s'articulent.

Le nud borromen, je vous l'ai d'abord montr mis plat. Naturellement grce des artifices, il y a des endroits o vous voyez apparatre la cassure, ce qui ne peut se reprsenter que comme cassure, quoique ce soit un nud.Un nud justement que j'ai essay de mettre pour vous en volume, de faon ce que vous voyiez bien que c'est pas seulement plat qu'on peut l'aborder, outre que quand vous aurez vous-mmes mani ce volume, vous vous apercevrez que le volume, l, ralis en volume, a permet pas du tout de le distinguer, si je puis dire - ce nud - de son image spculaire. Il n'est pas plus lvogyre que dextrogyre, il est non seulement parfaitement symtrique mais il est sur trois axes, ce qui rend strictement impossible que son image spculaire en diffre.

L'criture, elle, ne se fait pas dans un espace moins spculaire que les autres. C'est mme